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Lutter contre le galinsoga en maraîchage biologique Le galinsoga est devenu ces dernières années la principale préoccupation de bon nombre de maraîchers biologiques du Nord de la France. En effet, le développement de cette plante adventice peut prendre des proportions considérables et la maîtrise de l’enherbement à l’aide des techniques habituelles s’avère peu efficace. Le galinsoga constitue un problème y compris en production conventionnelle car peu d’herbicides le contrôlent efficacement. Après avoir rapidement décrit la plante, quelques éléments de biologie et de nuisibilité seront précisés avant d’étudier les principaux moyens de lutte utilisables en production biologique. Floraison : de mai-juin à fin octobre, pollinisation entomogame (pollen véhiculé par les insectes) ou autogame (la fécondation peut s’effectuer sans recours au pollen par d’autres individus). Caractères biologiques : Le galinsoga apprécie : - les milieux dont le sol a été perturbé, - les espaces où il n’y a pas de compétition pour la lumière, - les terres fertiles, riches en azote, bien irriguées et souvent travaillées. Il ne tolère pas l’ombre. Les graines possèdent une faible capacité de dormance. Il prolifère ainsi dans les cultures maraîchères, particulièrement celles à croissance lente (chou, carotte ou oignon, …), à rangs espacés et à croissance basse (haricots, chou et poireau) ainsi qu’en horticulture ornementale et dans les rangées de céréales peu compétitives. Il est au contraire très peu rencontré en prairies établies. Deux espèces sont identifiables. Le galinsoga cilié (Galinsoga ciliata ou Galinsoga quadriradiata) est la principale espèce rencontrée, mais le galinsoga à petites fleurs (Galinsoga parviflora) peut aussi être observé. Les deux espèces sont des annuelles estivales, appartenant à la famille des astéracées. Le galinsoga à petites fleurs est très semblable au Galinsoga cilié si ce n’est qu’il ne présente pas ou peu de pilosité. Fédération Régionale de Défense contre les Organismes Nuisibles Siège administratif et technique : 265, rue Becquerel - B.P. 74 - 62750 Loos-en-Gohelle Tél. : 03.21.08.62.90. - Fax : 03.21.08.64.95 - Courriel : [email protected] - www.fredon-npdc.com Mieux connaître le galinsoga Eléments de biologie Fiche technique 2009/12 Crédit photographique et prises de vue : FREDON Nord Pas-de-Calais, Mickaël LEGRAND. Toute reproduction même partielle est soumise à notre autorisation. Galinsoga cilié. Plante entière - tige droite, très ramifiée, feuilles opposées, larges, ovales à triangulaires, dentées, dotées d’un long pétiole. - fleurs, très petites (7 mm de diamètre environ) nombreuses et disposées en capitules, portant 5 à 6 petites pétales blanches à trois dents et un disque de fleurs jaunes. - 20 à 80 cm de hauteur. Description :

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Lutter contre le galinsogaen maraîchage biologique

Le galinsoga est devenu ces dernières années la principale préoccupation de bon nombre de maraîchers biologiques du Nord de la France. En effet, le développement de cette plante adventice peut prendre des proportions considérables et la maîtrise de l’enherbement à l’aide des techniques habituelles s’avère peu efficace. Le galinsoga constitue un problème y compris en production conventionnelle car peu d’herbicides le contrôlent efficacement. Après avoir rapidement décrit la plante, quelques éléments de biologie et de nuisibilité seront précisés avant d’étudier les principaux moyens de lutte utilisables en production biologique.

Floraison : de mai-juin à fin octobre, pollinisation entomogame (pollen véhiculé par les insectes) ou autogame (la fécondation peut s’effectuer sans recours au pollen par d’autres individus).

Caractères biologiques : Le galinsoga apprécie :- les milieux dont le sol a été perturbé,- les espaces où il n’y a pas de compétition pour la lumière,- les terres fertiles, riches en azote, bien irriguées et souvent travaillées.

Il ne tolère pas l’ombre. Les graines possèdent une faible capacité de dormance.

Il prolifère ainsi dans les cultures maraîchères, particulièrement celles à croissance lente (chou, carotte ou oignon, …), à rangs espacés et à croissance basse (haricots, chou et poireau) ainsi qu’en horticulture ornementale et dans les rangées de céréales peu compétitives. Il est au contraire très peu rencontré en prairies établies.

Deux espèces sont identifiables. Le galinsoga cilié (Galinsoga ciliata ou Galinsoga quadriradiata) est la principale espèce rencontrée, mais le galinsoga à petites fleurs (Galinsoga parviflora) peut aussi être observé. Les deux espèces sont des annuelles estivales, appartenant à la famille des astéracées. Le galinsoga à petites fleurs est très semblable au Galinsoga cilié si ce n’est qu’il ne présente pas ou peu de pilosité.

Fédération Régionale de Défense contre les Organismes NuisiblesSiège administratif et technique : 265, rue Becquerel - B.P. 74 - 62750 Loos-en-Gohelle

Tél. : 03.21.08.62.90. - Fax : 03.21.08.64.95 - Courriel : [email protected] - www.fredon-npdc.com

Mieux connaître le galinsoga

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Fiche technique 2009/12

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Galinsoga cilié. Plante entière

- tige droite, très ramifiée, feuilles opposées, larges, ovales à triangulaires, dentées, dotées d’un long pétiole.- fleurs, très petites (7 mm de diamètre environ) nombreuses et disposées en capitules, portant 5 à 6 petites pétales blanches à trois dents et un disque de fleurs jaunes.- 20 à 80 cm de hauteur.

Description :

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Les semences de 1ère génération ne présentent aucune dormance et germent immédiatement dès qu’elles tombent sur un sol chaud (à partir de 10° C, optimum à 24° C) et humide. Les graines enfouies dans un sol non travaillé ne germent pas du tout et perdront rapidement leur viabilité (la durée pendant laquelle les semences sont viables est estimée à 2 ans).

Trois ou quatre générations peuvent être produites à partir d’une seule semence en une année (Reinhardt et al. 2003). Les plants disparaissent vite dès les premiers froids de l’automne.

Le galinsoga est difficile à éliminer en tant qu’adventice car après le désherbage, les plantes laissées par terre peuvent faire des racines à partir d’une section de tige coupée et parce que les graines non développées continuent à mûrir même lorsqu’il fait sec.

Le galinsoga peut constituer un réservoir pour certains virus comme par exemple le virus de la mosaïque du concombre (Cucumber mosaïc virus, CMV) ou encore le virus de la mosaïque du navet (Turnip mosaïc virus, TuMV). Il peut abriter aussi de nombreux insectes (cicadelles et pucerons particulièrement) et des nématodes ravageurs des racines. Les jeunes plants de galinsoga seraient aussi un lieu de ponte privilégié de certaines noctuelles. Cependant, il est aussi très attractif pour les syrphes, qui sont bénéfiques.

Cycle biologique du galinsoga :

12 à 14 joursDispersion par le vent, l’eau, les animaux et l’activité humaine

Production de semences (7500 à 10000 graines/plante)

Floraison à partir de fin juin Germination à partir de mai-juin et tout au long de la saison si le

sol est perturbé

40 à 60 jours

Nuisibilité

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En résumé, la plante est redoutable par sa capacité à former de grandes colonies en peu de temps, les champs pouvant rapidement être recouverts par le galinsoga. Il peut former des colonies très denses sans se nuire à lui-même mais le nombre de graines produites diminue alors.

Quelques mesures prophylactiques permettent d’éviter ou de retarder la propagation du galinsoga : n prélever, détruire ou exporter hors de la parcelle les 1ères plantes repérées dans une parcelle,n repérer les foyers tant qu’ils n’ont pas été détruits, limiter les passages dans ces foyers ou effectuer tout travail en commençant par le reste de la parcelle avant de terminer par ces foyers,n s’assurer de nettoyer les équipements de travail du sol et autres en passant d’un champ à un autre pour éviter de propager les semences.

Ces mesures sont efficaces et peuvent être mises en application sans trop de difficultés tant qu’il n’existe que quelques foyers. Etant donné les difficultés de lutte en cas de prolifération, il est fondamental d’insister sur ce point.

Les mesures de lutte physique ne présentent qu’une efficacité partielle face au galinsoga. Elles suffisent en cas de présence faible à modérée de l’adventice. Au-delà, il est impératif de recourir à d’autres mesures complémentaires.

Mesures préventives :

Mesures de lutte physique :

Techniques de lutte utilisables

Colonie de galinsoga

Technique de lutte

Objectifs Avantages/Limites

Sarclage mécanique ou manuel

Contrôler les niveaux d’infestation faibles à modérés

- Doit être pratiqué régulièrement- Peut être un facteur aggravant en cas d’efficacité partielle (sur niveaux de présence élevée) du fait de re-semis

Travail du sol

Contrôler au maximum la 1ère génération puis réduire au minimum nécessaire (en fréquence d’intervention et en profondeur) le travail du sol

Evite la germination de nouvelles graines

Désherbage thermique

Destruction des adventices à un stade jeuneEfficace si les populations ne sont pas trop importantes et si les interventions ne sont pas trop tardives

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Conclusion

Edition décembre 2009Prix : 2 E

Conclusion et perspectives

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Fiche réalisée avec la participation financière du Conseil Régional Nord Pas-de-Calais (2008-2009) et du FEDER (2008).

Le galinsoga possède une capacité de reproduction très rapide qui en fait une plante adventice redoutable particulièrement dans les cultures sarclées sur sols riches, ce qui correspond à bon nombre de productions maraîchères. La faible capacité de dormance de ses graines et sa relative intolérance à l’ombre constituent ses deux points faibles sur lesquelles doivent s’appuyer les techniques de lutte.

Références bibliographiques : sur demande

FEDER

Méthodes culturales :

Technique de lutte Objectifs Avantages/Limites

Labour Enterrer un grand nombre de graines

- Efficace sur une infestation récente- Effet temporaire en cas de labours fréquents (lesquels ramènent les graines en surface)

Faux semis

Favoriser les 1ères germinations pour détruire mécaniquement ou thermiquement les jeunes plantulesLe dernier passage doit être aussi superficiel que possible pour éviter les re-semis

Le galinsoga germe tardivement (à partir de mai) : avant cette date les faux semis ont peu d’intérêt par rapport au galinsoga

Paillis noirs (en plastiques ou biodégradables)

En absence de lumière, le galinsoga ne peut germer

Problèmes de repousses dans les inters-rangs et les trous de plantation

Paillis de seigle en inter-rangs

La bibliographie indique qu’un paillis de seigle de 3 à 4 cm supprimerait le galinsoga grâce à ses propriétés allopathiques

Difficultés de mise en oeuvre

Augmentation des densités de semis ou de plantation

Concurrencer plus efficacement le galinsoga

Risque d’augmenter le niveau d’hygrométrie au niveau du feuillage et voir ainsi se développer certaines maladies aériennes (mildiou, rouille, …)

Implantation d’une culture tardive couvre-sol en post-récolte

Après récolte, travailler le sol et le rouler pour encourager la germination du galinsoga puis passer superficiellement une herse à disques ou un vibroculteur pour détruire le galinsogaEn août, implanter un engrais vert (sorgho et seigle sont recommandés pour leurs propriétés allopathiques)

- Nécessite des surfaces et du temps disponibles.- Possible uniquement sur des cultures précoces

Introduction d’une prairie temporaire dans la rotation pendant au moins 3 ans

Implanter des cultures à fort pouvoir de recouvrement sur une durée supérieure à la capacité de dormances des graines

Technique d’autant plus efficace que la durée de prairie est longue.Nécessite des surfaces disponibles et un minimum d’entretien de la prairie.