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Au milieu des plaintes, des causeries, des discussions théoriques, un acte de révolte, individuel ou collectif, se produit, résumant les aspirations dominantes (Kropotkine) A Grèce: Faut-il copier la conjuration des Cellules de feu ? L à où l’Organisation révolution- naire du 17 novembre (anti- Otan) , Lutte Révolutionnaire et les Noyaux révolutionaires n’avaient pas réussi malgré les vrais morts et les vrais attentats qui ont toujours ponctué la vie politique grecque -la plus chaude d’Europe-, la Conspiration des Cellules de feu a at- teint son objectif : la Grèce sociale-dé- mocrate, avant son effacement, aura réveillé les tribunaux d’exception pour juger deux jeunes Grecs de 23 ans, principaux accusés du procès du groupe anarchiste grec «Conspiration des cellules de feu». Haralambos Hatzimihélakis et Pa- nayotis Argyros ont même été condam- nés à 37 ans de prison, après avoir été reconnus coupables de «constitution et participation à une organisation crimi- nelle» et pour «instigation morale» à des attentats à l’engin explosif en 2009, qui n’ont pas fait de victimes, contre les domiciles de l’ex-secrétaire d’Etat à l’Intérieur Panayotis Hinofotis et de l’ex-ministre socialiste Louka Katséli à Athènes, ainsi que contre le ministère de Macédoine-Thrace à Salonique... Georges Karayannides, 31 ans, a été condamné à 20 ans de prison ferme pour «participation à une organisation criminelle» et pour «complicité» dans l’attentat contre Mme Katséli. En général, en Grèce, les peines pur- gées ne dépassent guère 25 ans. Trois autres, Panayotis Massouras et Alexandros Mitroussias, âgés tous deux de 22 ans, et Konstantina Karakatsani, la seule femme, âgée de 20 ans, se sont vus infliger des peines de 11 ans et demi de prison chacun «pour apparte- nance à une organisation criminelle» et pour «complicité» dans l’attentat contre Mme Katsélis. Pourtant, la Conspiration des Cel- lules de feu n’a jamais signé d’actions meurtrières. Elle a, certes, revendiqué des dizaines d’attentats en Grèce de- puis 2008, mais ceux-ci ne sont pas d’une dimension différente que la fa- meuse Cellule 34 qui se limitait à un homme seul et exalté à Hérépian dans les hauts cantons de l’Hérault. Toute- fois, le plus retentissant fut l’envoi en novembre 2010 d’une série de colis piégés à des ambassades étrangères et à des dirigeants européens tels que Silvio Berlusconi, Angela Merkel ou Nicolas Sarkozy. Les Cellules ont une histoire ré- cente. «L’envoi de cette vague de colis piégés ne montre pas une volonté de tuer, mais plutôt d’internationaliser leur présence et la question de la "ré- volution" telle qu’ils l’entendent, ainsi que de mobiliser ceux qui ont des idées similaires en Grèce ou à l’étranger», expliquait pourtant, à notre confrère Li- bération, Marie Bossi, professeur de re- lations internationales à l’Université du Pirée, qui a consacré une thèse au «ter- rorisme» de son pays. De toute évidence, la Conspiration des Cellules de feu, nouvelle généra- tion apprentie de la lutte armée, s’est forgée dans les émeutes de décembre 2008, après le meurtre du lycéen Alexandros Grigoropoulos par un poli- cier. Ils sont habitués aux formes mo- dernes de la communication (Internet, Facebook, Twitter, etc.), ce qui leur permet de se retrouver en dehors du quartier d’Exarcheia, lieu traditionnel de la contestation athénienne. Une gé- nération bien moins idéologique aussi que les anciennes organisations de l’après-dictature comme le 17-Novem- bre, qui, dans les années 70-80, s’en prenaient aux représentants de la junte ou de «l’impérialisme» avec des assas- sinats de tortionnaires, de membres de la CIA et de députés «réactionnaires». «Dans toutes leurs déclarations, ce qui frappe c’est le flou des intentions, le recours à des notions totalement abs- traites et l’incohérence qui les pousse à des divergences y compris entre eux», relève Marie Bossi, soulignant que même «leurs références à l’anarchie, qui n’a aucune racine historique en Grèce à la différence de l’Espagne, la France, l’Italie ou la Russie, se limitent à des bribes d’idées prises de-ci de-là». En tout cas, la Conspiration des Cel- lules de feu est encore perfectible. En effet, Haralambos Hatzimihélakis et Panayotis Argyros avaient été appré- hendés à un arrêt de bus peu après avoir déposé un premier paquet piégé dans une société de coursiers du quartier de Pangrati, dans le centre d’Athènes. Argyros, étudiant en chimie de 22 ans, était entré seul. Sa perruque mal ajustée intrigua l’employée. Elle jeta le colis à terre, et celui-ci se mit à fumer. La police arriva rapidement. Les descriptions des deux suspects, portant des gilets pare-balles selon des témoins, permirent alors d’arrêter les deux camarades non loin de là. Ils por- taient sur eux deux autres enveloppes, destinées à Nicolas Sarkozy et à l’am- bassade de Belgique, deux pistolets Glock et des cartouches. Toutefois, un colis était déjà arrivé à la chancellerie allemande à Berlin. «Nous sommes fiers de notre action (...). Même dans les conditions difficiles de notre empri- sonnement, nous n'allons pas nous ar- rêter de rendre publiques nos positions en faveur de la violence armée et de la révolution», ont expliqué Panayotis Ar- gyros, et Gérassimos Tsakalos, âgé de 24 ans, dans une lettre commune. Les paquets contenaient des livres ou des dossiers évidés, apparemment rem- plis de poudre explosive. La majorité d'entre-eux avaient été trouvés à Athènes dans une société de message- rie express, où un des colis avait ex- plosé sans faire de victime, mais aussi à l'aéroport. Outre la missive parvenue à Berlin, une autre, destinée au diri- geant italien Silvio Berlusconi, est ar- rivée jusqu'à l'aéroport de Bologne, en Italie. (Suite page 2) Grèce : Tout casser et après ? Lysnoir Cellules anarchos royalistes Samizdat des Dans le cahier central deux tracts à distribuer gratuit Périodique gratuit à 37 000 exemplaires - 15 décembre 2011 - [email protected] - Mobile : 06 98 05 97 83

Lys noir g r a t u i t · la seule femme, âgée de 20 ans, se sont ... ou de «l[impérialisme» avec des assas - ... aura toujours un jeune prince -ou un vieux- qui incarnera à

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Au milieu des plaintes, des causeries, des discussions théoriques, un acte de révolte, individuel ou collectif, se produit, résumant les aspirations dominantes (Kropotkine)

A

Grèce:

Faut-il copier la conjurationdes Cellules de feu ?L

à où l’Organisation révolution-naire du 17 novembre (anti-Otan), Lutte Révolutionnaireet les Noyaux révolutionairesn’avaient pas réussi malgré

les vrais morts et les vrais attentats quiont toujours ponctué la vie politiquegrecque -la plus chaude d’Europe-, laConspiration des Cellules de feu a at-teint son objectif : la Grèce sociale-dé-mocrate, avant son effacement, auraréveillé les tribunaux d’exception pourjuger deux jeunes Grecs de 23 ans,principaux accusés du procès dugroupe anarchiste grec «Conspirationdes cellules de feu».

Haralambos Hatzimihélakis et Pa-nayotis Argyros ont même été condam-nés à 37 ans de prison, après avoir étéreconnus coupables de «constitution etparticipation à une organisation crimi-nelle» et pour «instigation morale» àdes attentats à l’engin explosif en 2009,qui n’ont pas fait de victimes, contre lesdomiciles de l’ex-secrétaire d’Etat àl’Intérieur Panayotis Hinofotis et del’ex-ministre socialiste Louka Katséli àAthènes, ainsi que contre le ministèrede Macédoine-Thrace à Salonique...

Georges Karayannides, 31 ans, a étécondamné à 20 ans de prison fermepour «participation à une organisationcriminelle» et pour «complicité» dansl’attentat contre Mme Katséli.

En général, en Grèce, les peines pur-gées ne dépassent guère 25 ans.

Trois autres, Panayotis Massouras etAlexandros Mitroussias, âgés tous deuxde 22 ans, et Konstantina Karakatsani,la seule femme, âgée de 20 ans, se sontvus infliger des peines de 11 ans etdemi de prison chacun «pour apparte-nance à une organisation criminelle»et pour «complicité» dans l’attentatcontre Mme Katsélis.

Pourtant, la Conspiration des Cel-lules de feu n’a jamais signé d’actionsmeurtrières. Elle a, certes, revendiquédes dizaines d’attentats en Grèce de-puis 2008, mais ceux-ci ne sont pasd’une dimension différente que la fa-meuse Cellule 34 qui se limitait à unhomme seul et exalté à Hérépian dansles hauts cantons de l’Hérault. Toute-fois, le plus retentissant fut l’envoi ennovembre 2010 d’une série de colispiégés à des ambassades étrangères et àdes dirigeants européens tels que SilvioBerlusconi, Angela Merkel ou NicolasSarkozy.

Les Cellules ont une histoire ré-cente. «L’envoi de cette vague de colispiégés ne montre pas une volonté detuer, mais plutôt d’internationaliserleur présence et la question de la "ré-volution" telle qu’ils l’entendent, ainsique de mobiliser ceux qui ont des idéessimilaires en Grèce ou à l’étranger»,expliquait pourtant, à notre confrère Li-bération, Marie Bossi, professeur de re-lations internationales à l’Université duPirée, qui a consacré une thèse au «ter-

rorisme» de son pays. De toute évidence, la Conspiration

des Cellules de feu, nouvelle généra-tion apprentie de la lutte armée, s’estforgée dans les émeutes de décembre2008, après le meurtre du lycéenAlexandros Grigoropoulos par un poli-cier. Ils sont habitués aux formes mo-dernes de la communication (Internet,Facebook, Twitter, etc.), ce qui leurpermet de se retrouver en dehors duquartier d’Exarcheia, lieu traditionnelde la contestation athénienne. Une gé-nération bien moins idéologique aussique les anciennes organisations del’après-dictature comme le 17-Novem-bre, qui, dans les années 70-80, s’enprenaient aux représentants de la junteou de «l’impérialisme» avec des assas-sinats de tortionnaires, de membres dela CIA et de députés «réactionnaires».

«Dans toutes leurs déclarations, cequi frappe c’est le flou des intentions,le recours à des notions totalement abs-traites et l’incohérence qui les pousseà des divergences y compris entre eux»,relève Marie Bossi, soulignant quemême «leurs références à l’anarchie,qui n’a aucune racine historique enGrèce à la différence de l’Espagne, laFrance, l’Italie ou la Russie, se limitentà des bribes d’idées prises de-ci de-là».

En tout cas, la Conspiration des Cel-lules de feu est encore perfectible. Eneffet, Haralambos Hatzimihélakis etPanayotis Argyros avaient été appré-

hendés à un arrêt de bus peu après avoirdéposé un premier paquet piégé dansune société de coursiers du quartier dePangrati, dans le centre d’Athènes.

Argyros, étudiant en chimie de 22ans, était entré seul. Sa perruque malajustée intrigua l’employée. Elle jetale colis à terre, et celui-ci se mit àfumer. La police arriva rapidement.

Les descriptions des deux suspects,portant des gilets pare-balles selon destémoins, permirent alors d’arrêter lesdeux camarades non loin de là. Ils por-taient sur eux deux autres enveloppes,destinées à Nicolas Sarkozy et à l’am-bassade de Belgique, deux pistoletsGlock et des cartouches. Toutefois, uncolis était déjà arrivé à la chancellerieallemande à Berlin. «Nous sommesfiers de notre action (...). Même dansles conditions difficiles de notre empri-sonnement, nous n'allons pas nous ar-

rêter de rendre publiques nos positionsen faveur de la violence armée et de larévolution», ont expliqué Panayotis Ar-gyros, et Gérassimos Tsakalos, âgé de24 ans, dans une lettre commune.

Les paquets contenaient des livres oudes dossiers évidés, apparemment rem-plis de poudre explosive. La majoritéd'entre-eux avaient été trouvés àAthènes dans une société de message-rie express, où un des colis avait ex-plosé sans faire de victime, mais aussià l'aéroport. Outre la missive parvenueà Berlin, une autre, destinée au diri-geant italien Silvio Berlusconi, est ar-rivée jusqu'à l'aéroport de Bologne, enItalie.

(Suite page 2)

Grèce :Tout casser et après ?

Lysnoir Cellulesanarchosroyalistes

Samizdat des

Dans le cahier central

deux tracts à distribuer

gratuit

Périodique gratuit à 37 000 exemplaires - 15 décembre 2011 - [email protected] - Mobile : 06 98 05 97 83

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Comme tous les anarchistes, nous sommesanti-capitalistes, anti-staliniens, liber-taires, fédéralistes, cantonalistes, auto-

gestionnaires, mutualistes, favorables à ladécroissance, hostiles à toute forme decontrainte, d’esclavage ou d’oppression despeuples par l’exploitation...

Comme tous les anarchistes, nous sommesanti-impérialistes, ligués contre la terreur quele patronat exerce sur la classe ouvrière (parexemple à travers l’immigration), nous sommesbien évidemment laïcs, adeptes de la libertéd’expression, humanistes, intéressés par une al-liance avec les chrétiens anti-systèmes, hostilesau flicage généralisé, favorables à la démocra-tie directe, et convaincus que le système ne peutêtre abattu que par la violence parce que lescombats parlementaires conduits à l’intérieurdu système sont une ineptie et que la démocra-tie formelle est un piège... Cela étant dit,comme peu d’anarchistes, nous sommes roya-listes.

Pour nous, aucune alternative politique, pasmême l’anarchie -et surtout pas l’anarchie !- nepeut faire l’impasse sur le sentiment partagéd’appartenance et d’histoire commune ; au-cune tentative de refondation sociale ne peut,selon nous, se priver du secours d’un symbolevivant d’unité populaire et de continuité natio-nale...

Tant que le fait national demeurera en Francele principal cadre d’expression politique, il yaura toujours un jeune prince -ou un vieux- quiincarnera à lui seul notre trajectoire collective.Loin des fantasmes nourris par quelques «régi-phobes» tirant orgueil de leur crasse ignorance,de leur sans-culottisme débile et de leur peu desentiments, il ne faut qu’un peu de pureté d’in-tentions pour comprendre qu’un prince n’estrien d’autre aujourd’hui que l’histoire que l’onpeut toucher du doigt et qui, en retour, vousserre la main...

Tiens ! Par exemple. Dans ce premier nu-méro de notre Lys noir, nous nous penchonssur le remarquable activisme des anarchistesgrecs.

La plupart de ceux qui fournissent depuisplus de trois ans les premières lignes de la ré-volution qui couve sont de jeunes autonomespeu formés, qui n’ont pas lu Proudhon, ni Ba-kounine, et ne connaissent rien de Makhno etde Durutti, sinon que ceux-là sont peut-être desgroupes de rock alternatif... Ces jeunes mili-tants grecs sont seuls. Tout le système peuts’abattre sur eux et les condamner à de lourdespeines comme le prouve les 35 ans qui viennentde tomber sur deux apprentis des Cellules deFeu. Ils ne sont pas seulement seuls politique-ment et physiquement, ils sont moralementseuls.

Pire : ils sont historiquement seuls. L’histoirene marche pas à leur côté et ils ne peuvent doncpas vaincre...

Alors que, s’ils avaient un jeune prince dansleurs rangs, ou si surtout le vieux Roi Constan-tin II prenait leur tête comme il est bien fou dene pas le faire, parce que ce sont toujours lesconservateurs et leurs amis américains qui l’ontbaisé (en commençant par le déposer), il en iraitbien différemment pour les uns comme pourl’autre... Les policiers tireraient moins, si seu-lement les jeunes athéniens brandissaient ledrapeau de leur monarchie abolie en 1973 parles colonels réactionnaires grecs...

Le prince Paul, à moins d’une révélation mi-raculeuse, ne viendra pas au secours de laconjuration des cellules de feu. L’exil en a faitun américain qui a épousé la fille d’un million-naire yankee ; alors le pauvre diadoque Pauln’est plus qu’un «trader» parmi d’autres spé-culant à travers son Ivory Capital Group...

Mais si une pareille situation survenait enFrance ? Aurions-nous un prince à nos côtés ?Oui, les princes Sixte et Jean seraient avecnous! Mais qu’est-ce qui me fait dire cela ?

Rien. Je le dis, voilà tout.

Netchaev

EditorialC’est à ce type de contestation

certes violente, mais peu structurée,de plus en plus jeune, mais aussi deplus en plus nombreuse, que l’Etatgrec est confronté depuis le 6 dé-cembre 2008, quand AlexandrosGrigoropoulos, un jeune anarchistede 15 ans, fut assassiné par un po-licer dans le quartier Exarcheia àAthènes. Il s'en suivit une vingtainede jours et de nuits d'émeutes etd'attaques sur les bâtiments de lapolice, de l'État et du capitalismedans une athmosphère insurrec-tionnelle qui ne s’est jamais éteintevraiment.

Cela étant dit, la Conspirationdes Cellules de feu, si elle nemanque pas de courage, n’était tou-jours pas au point en décembre2010. En effet, formé de jeunes debonnes familles âgés de moins de30 ans, provenant de quartiers hup-pés, le groupe semblait avoir étédémantelé après la descente de po-lice un an avant dans une maison deChalandri, près d’Athènes, consi-dérée comme une cache de l’orga-nisation, et plusieurs arrestations enseptembre 2009. En fait, les actionsjusqu’alors plutôt bénignes de cetteorganisation et la jeunesse de sesmembres avaient conduit les poli-ciers à les considérer comme des«bébés terroristes» dénués d’inté-rêt.

Certes, le groupe trotskysteLutte révolutionnaire, considérécomme le plus dangereux et inscritsur la liste des organisations terro-ristes par l'Union européenne, aprèshuit attentats à Athènes (dont l'un àla roquette contre l'ambassade desÉtats-Unis en janvier 2007), a biententé de détourner le mouvement etde se moderniser au passage sous lenom de Secte des révolutionnaires

pour revendiquer une série d’assas-sinats comme celui du journalisteSokratis Golias ou des fusilladescontre des policiers. Rien n’y a faitpour autant : la tension en Grècereste relativement circonscrite etsous contrôle de la police, mêmequand le chef de la sécurité du mi-nistre de l’Intérieur est à son tourabattu par la Secte des Révolution-naires dont la moyenne d’âge doitêtre au moins du double de celledes Cellules de Feu.

Les 2 à 3000 autonomes grecsrestent donc sur leur faim. Ils nepeuvent plus ne pas y aller... et nepeuvent pas cependant espérer lavictoire dans la rue, même si leurrapidité de réaction a beaucoupgagné avec Internet et les télé-phones portables et que, cette fois,depuis les émeutes de 2008, il y aune vraie rencontre de l’anarchieautonome avec une colère sponta-née de la jeunesse. En Grèce, lajeunessei reste extrêmement politi-sée et la méfiance envers les flics yreste forte, car héritée d'une histoiremarquée par la dictature des colo-nels (1967-74) après que le roiConstantin ait par deux fois tentésde putscher les putschistes.

Les flics se sont ainsi vu refuserle droit d'utiliser quelque 300 ca-méras de surveillance mises enplace pour les Jeux olympiquesd'Athènes en 2004, mais dédiées,depuis, au seul contrôle de la circu-lation automobile. Par ailleurs, ledroit d'asile universitaire, qui sub-site là-bas et ne permet à la policede franchir l'entrée d'une facultéqu'à l'issue d'une procédure excep-tionnelle, offre aussi des sanc-tuaires très utiles en pleincentre-ville, à Athènes comme àSalonique.

Il y a cependant fort à parierque, maintenant que ce sont claire-ment les américains qui nommentle chef du gouvernement grec, lessympathiques «anarchistes» auto-nomes grecs ont mangé leur painblanc... Ils sont enfermés dans lemême rôle que tinrent en 1968 lesquelques dizaines de Katangaiscampant à la Sorbonne. Ils sont dé-pendants de l’arrière et de sesmasses hésitantes.

De plus, le procès d’exceptionqui s’est achevé en août dernier, apermis à tous les journaux du paysde faire, durant des semaines, leurUne sur «les enfants de la porte d’àcôté, passés de la messe et du pianoau banc des accusés» (QuotidienTo Vima), alors qu’en page inté-rieure leurs parents témoignaient deleur incompréhension...

(Suite page ci-contre)

Grèce : tout casser,

Après l’éclatement de la crise, le lobby mi-litaro-industriel appuyé par les gouver-nements allemand, français et par la

Commission européenne a réussi à obtenir quele budget de la défense soit à peine écorné alorsque dans le même temps, le gouvernement duPASOK a entrepris de tailler dans les dépensessociales (voir encadré sur les mesures d’austé-rité). Pourtant, en pleine crise grecque au début2010, Recep Tayyip Erdogan, le premier minis-tre turc, pays qui entretient des relations tenduesavec son voisin grec, s’est rendu à Athènes et aproposé une réduction de 20% du budget mili-taire des deux pays. Le gouvernement grec n’apas saisi la perche qui lui était tendue. Il a étémis sous pression par les autorités françaises etallemandes qui voulaient garantir leurs exporta-tions d’armes. Proportionnellement, la Grèce dé-pense en armement beaucoup plus que les autrespays de l’Union européenne. Les dépenses mili-taires grecques représentent 4% du PIB contre2,4% pour la France, 2,7% pour la Grande Bre-tagne, 2,0 % pour le Portugal, 1,4% pour l’Alle-magne, 1,3% pour l’Espagne, 1,1% pour laBelgique . En 2010, la Grèce a acheté à laFrance six frégates de guerre (2,5 milliards d’eu-ros) et des hélicoptères de combat (400 millionsd’euros).

A l’Allemagne, la Grèce a acheté 6 sous ma-rins pour 5 milliards d’euros. La Grèce a été l’undes cinq plus importants importateurs d’armesen Europe entre 2005 et 2009. L’achat d’avionsde combat représente à lui seul 38% du volumede ses importations, avec notamment l’achat de26 F-16 (Etats-Unis) et de 25 Mirages 2000(France), ce dernier contrat portant sur une va-leur de 1,6 milliard d’euros. La liste des équipe-ments français vendus à la Grèce ne s’arrête paslà : on compte également des véhicules blindés(70 VBL), des hélicoptères NH90, des missilesMICA, Exocet, Scalp et des drones Sperwer. Lesachats de la Grèce en ont fait le troisième clientde l’industrie de défense française au cours dela décennie écoulée

Atteintes aux droits sociaux et autres me-sures néolibérales en Grèce à partir de 2010

Réduction des salaires du secteur public de 20à 30%. Réduction des salaires nominaux quipourrait atteindre 20%, 13e et 14e mois rempla-cés par un versement unique dont le montantvarie en fonction du salaire. Salaires gelés surles 3 prochaines années. 4 départs à la retraitesur 5 dans la fonction publique ne seront pasremplacés. Réduction massive des salaires dusecteur privé allant jusqu’à 25%.

Les allocations chômage ont été réduites et unsystème d’aide aux pauvres mis en place en2009 a été suspendu. Réduction drastique des al-locations pour familles nombreuses.

Plans pour supprimer les conventions collec-tives et les remplacer par des contrats indivi-dualisés. La pratique des stages très longs nonou très peu payés a acquis force de loi. Le sec-teur public est désormais autorisé à recourir àl’intérim.

EmploiCoupes drastiques des subventions aux mai-

ries et communes ce qui entraîne des licencie-ments massifs des travailleurs municipaux.Licenciement des 10.000 travailleurs CDD dusecteur public. Fermeture des entreprises pu-bliques déficitaires.

TaxesAugmentation des impôts indirects (TVA pas-

sée de 19% à 23% et introduction de taxes spé-ciales sur les combustibles, l’alcool et le tabac).Augmentation de 11% à 13% du taux inférieurde la TVA (ceci concerne les biens de grandeconsommation quotidienne, l’électricité, l’eau,etc.). Augmentation de l’impôt sur le revenupour les tranches moyennes. En revanche, ré-duction des impôts sur les sociétés.

PrivatisationsVolonté de privatiser les ports, les aéroports,

les chemins de fer, la distribution d’eau etd’électricité, le secteur financier et les terres ap-

partenant à l’Etat grec.

Systèmes de retraitesLes pensions doivent être réduites puis gelées.

L’âge légal de départ à la retraite est augmenté,le nombre d’annuités pour avoir droit à une re-traite pleine sera porté de 37 ans à 40 ans en2015 et son montant calculé sur le salaire moyende la totalité des années travaillées et non plussur le dernier salaire. Il faut ajouter l’abolitiondes 13ème et 14ème mois de pension pour lesretraités du secteur privé. Imposition d’un pla-fond des dépenses consacrées aux retraites, les-quelles ne doivent plus dépasser l’équivalent de2,5% du PNB.

Tarifs des transports publicsAugmentation de 30% des billets de tous les

transports publics. Voulons-nous la même chose ?

Grèce : choc ultra-libéral en chiffres

Dossier

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En Grèce comme ailleurs, pour qu’unedémocratie parlementaire occidentalese couche, il faudra l’aider, la bercer,

lui parler doucement à l’oreille, lui raconterune histoire de roi et de princesses... Car cesera la première fois. En effet, depuis la finde la seconde guerre mondiale et l’appari-tion du modèle de démocratie atlantiste quenous connaissons désormais sur tout lecontinent, il n’ y a pas d’exemple de dispa-rition de l’une de ces démocraties : l’enjeuen grèce est donc énorme. Vital pour la sy-narchie européenne.Pour s’en rendrecompte, il suffit de cesouvenir comment lasimple idée d’un réfé-rendum en Grèce a pudétourner tout un G20de son ordre du jour...

Nous, anarcho-roya-listes français nouspensons que lesprinces de France doi-vent immédiatementpasser dans les rangsde la contestation anti-capitaliste et anti-sys-tème. Ils n’ont plusrien à espérer des com-promis que les républi-cains occidentaux neleur proposent mêmeplus parce qu’ils ontsimplement oubliéjusqu’à l’existence desanciennes dynastiesnationales...

En Grèce, en re-vanche, la Républiqueest encore faite depeinture fraiche. Le roi couronné en 1964est toujours vivant : il s’appelle ConstantinII et il vit en exil à Londres après avoirpassé quelques années à Rome losrqu’ilpensait encore que les conservateurs allaientle rappeler d’un moment à l’autre, selon latradition historique souvent vérifiée quiveut que «les rois de Grèce reviennent tou-jours» d’exil.

Après tout, dans un pays où le parti so-cialiste (PASOK) se transmet depuis troisgéénrations de père en fils chez les millar-daires Papandreou, et oùla droite passed’oncle en neveu chez les Caramanlis,l’idée de dynastie n’est pas très originale.

Alors il ne fait aucun doute qu’à Londres,cela s’agite actuellement autour de Constan-

tin II, mais comme cela s’agita un peu au-tour du fils du Roi Idriss de Libye, lorsqueles atlantistes préparaient leur intervention.

Il y a 45 ans que le vieux roi attend sonretour sans s’exprimer beaucoup. Récupe-rer une partie de son patrimoine immobilier,enterrer sa mère dans sa terrre natale, et or-ganiser le mariage de l’un de ses fils sur lesol grec, ont été jusqu’à présent les seulesoccasions de confrontatoion avec le régimerépublicain installé par référendum sous ladictature et confirmé par un second réfé-

rendum truqué en1974 (68% pourla ré-publique).

Pas plus quel’église catholique,les dynasties euro-péennes n’ont jamaisvraiment compris leurinstrumentalisationpar la modernité capi-taliste. Au point queles plus idiots des an-ticapitalistes sontdonc tristement anti-catholiques et an-mo-narchistes.

Pourtant, l’antica-pitalisme chrétienexiste, y compris etsurtout chez les tradi-tionnalistes, (nouspouvons en témoignercar quelques-uns sontchez nous !); commel’ant i-capi tal ismeexiste aussi parfoischez les princes, parexemple dans le casde la branche des Or-

léans Bragance qui perdit son empire auBrésil pour avoir voulu abolir l’esclavagecontre l’avis des latifundistes qui appelèrentun maréchal pour proclamer la République.

Notre conviction est que les dynasties eu-ropéennes sont perdues et que le système lesabatardit «volontairement» avec des jour-nalistes de JT, des nageuses ou des manne-quins. Au mieux, les dynasties subirontencore un peu le sort de la femme à barbe,ou du cheval à deux têtes. On les regarderapour cela uniquement dans quelques jour-naux, mais elles seront perdues.

Nous, anarcho-royalistes, nous leur pro-posons de passer dans les rangs de l’insur-rection qui vient.

Juste cela. Et pas moins. Netchaev

Ainsi, en Grèce, où les clandes-tins communistes s’épuisent de-puis soixante ans contre le systèmeà coup d’assassinats épisodiquesassez lâches, la Conjuration descellules de feu, tout comme les au-tonomes de rue vite regroupés dansles escouades de l’émeute, ne par-viennent toujours pas à faire autrechose que secouer le cocotier et àse faire immédiatement écraser parles noix de coco qui tombent... Carun système comme l’Etat grec,petit pays soutenu par les USA etintégré à l’UE et à l’OTAN à unpetit rang, ne peut pas se prendredans la rue.

Il faut dire que sur le plan acti-viste, les anarchistes vivent dansl’erreur depuis l‘origine de l’anar-chie en tant que doctrine. L’assas-sinat d’une impératrice d’Autrichemélancolique, le banditisme, lesfort Chabrol derrière des matelascriblés de balles de la police, mar-quèrent l’anarchie jusqu’à la pre-mière guerre mondiale et un peujusqu’à la seconde. Ensuite, le sa-crifice personnel fut abandonnépour en venir à l’émeute étudianteà partir des années 1960... L’échecfracassant de l’émeute en 1968,renvoya quelques intellectuels per-dus, soit à la stratégie de la tension(billard à huit bandes devant forcerl’etat policier à devenir dictatureafin de l’abattre) ou tout simple-ment à une guerre solitaire contrele capitalisme, les QHS et Israël.Cette contestation brouillonne nedonna évidemment rien.

Aujourd’hui, en Grèce, ce sonttoutes ces stratégies qui sontconduites dans le même temps :La Conjuration des Cellule de feujoue la tension médiatique à peu defrais, l’organisation révolution-naire du 17 novembre joue l’assas-sinat, le réseau d’Albert Bonanojoue sur le banditisme pour récolterdes fonds, et, enfin, près de 3000

autonomes de rue se réserventl’animation de centre ville...

Cette seule conjonction suffit aupassage à démontrer que la situa-tion de l’Etat grec n’est pas facile.Mais il tiendra car on ne renversepas un état avec une faction, fut-elle énergique, courageuse, etjouant son va-tout. En tout cas, onne renverse un régime que lorsquecelui-ci a déjà cédé nerveusementdevant une majorité d’opinion. Cequi n’est évidemment pas le cas enGrece, où l’opinion ne peut imagi-ner voir sortir un gouvernementconstitué des rangs de l’émeutepermanente.

Les soi-disantes révolutionsarabes, alimentées par le Qatar, lesUSA, les Frères Musulmans et AlJezeera, ne peuvent constituer unmotif d’espérer quand même pourles autonomes grecs. En effet, ces«Jasmin» et «place Tahrir» sontdes événements aussi importantsque lorsque le président Obamachange de chaussettes puisque lesrévolutions arabes sont certes gran-dement émeutières, mais avant toutun phénomème de pure alternancegénérationnelle : elles sont même

ultra libérales, pressées de passerau capitalisme général et à la jouis-sance du way of life américainavec lequel les frères Musulmanssont d’accords, pourrvu qu’on leurlaisse Allah... En un mot, celui quiviendrait parler de décroissancePlace Tahrir se ferait proprementégorger!

Pour nous, anarcho-royalistes,l’expérience n’est pas la même :Notre tradition originelle, c’est laCagoule, l’OAS, bref, le coup deforce compris comme une prise decontrôle de la situation non pasCONTRE la police, mais AU-DESSUS de la police.

Même libérés de nos obligationsmaurassiennes parce que Prou-dhon, Bernanos, Latouche et Mur-ray nous suffisent, nous en restonsau coup de force. Dans certainesconditions, comme celles qui sontactuellement réunies en Grèce, lecoup de force est possible. C’estmême la solution la plus simple.

Mais pour cela, pour s’assurerun lendemain de coup paisible, ilfaudrait que le roi Constantin IImarche... Et ça; ce n’est pas dit.

Netchaev

La plupart de ceux qui se prétendent aujourd’hui anarchistes, pour n’être au fond que des«antifas» de base, se sont dispensé de lecture pour en arriver là. Ils se dispensent aussi vo-lontiers de curiosité et de subtilité, mais pas d’idées bien arrêtées sur les uns et les autres.

Pour eux, un royaliste habite toujours le trottoir d’en face. Et s’il leurs vient aux oreilles qu’un type est entré sur un forum anar avec un pseudo tel que

«Anarcho-royaliste» ou «Monarcho-libertaire», c’est la mobilisation immédiate du rire et du ver-dicte : Anarchiste et royaliste à la fois, ce n’est pas possible, il y a plaisanterie sous roche, et demauvais gout ! Un tel paradoxe ne peut exister chez les gens sérieux. Pensez-donc ! C’est commesi un grand pays communiste se mettait à pratiquer un capitalisme totalement sauvage : ce n’estpas possible et la Chine n’existe pas, c’est bien connu !

On ne les calmera pas en rappelant l’existence du Cercle Proudhon associant royalistes d’AFet anarcho-syndicalistes soréliens quelques années avant 1914. On ne les rassurera pas davantageavec Proudhon lui-même car, depuis que Zev Sternhell en fit l‘ancêtre involontaire du fascisme,le théoricien trop français n’est plus en cour chez les «antifas» qui ne le lisent plus. Il faut dire que«l’antifa» vigilant est généralement un insondable crétin qui préfèrera toujours se faire enfiler parcent racailles en gang bang, plutôt que de compromettre l’impeccabilité de sa levrette antiracisteen bougeant d’un seul cil son regard vissé en direction du péril fasciste qui monte, là-bas, au loin...

On pourrait aussi leur apprendre que depuis 40 ans Bertrand Renouvin est parvenu à installersolidement chez les chroniqueurs politiques le concept de «royaliste de gauche» qui fit sourire audébut, mais qui est désormais entré dans les catégorories acceptées. A la même époque, en Es-pagne, le mouvement carliste, de tradition pourtant éminemment réactionnaire à son origine, par-vint, sous la direction de son génial prétendant, Carlos-Hugo de Bourbon-Parme, à effectuer unagiornamento idéologique total, s’emparant au passage de l’autogestion afin de positionner enfinle carlisme révolutionnaire parmi les «inclassables», bien au-dessus de la FAI et de la CNT...

C’est ce à quoi, nous, anarcho-royalistes, qui ne sommes plus d’extrème-droite mais ne serontjamais d’extrème gauche pour autant, nous aspirons également : être enfin inclassables en conti-nuant à lire Bernanos contre les robots et Murray contre les connards de la vigilance !

Ainsi, de l’anarchie doctrine et de Proudhon, nous prenons presque tout, de Bakounine qui étaitpanslaviste, nous retirons quelques sourires amicaux, et nous y ajoutons du Bernanos et l’appel àun prince d’Orléans enfin concrètement révolutionnaire, puisque c’est de toute façon le reprocheque lui feront toujours les réacs. Bref, notre projet n’est pas de nous fondre dans l’extrème gaucheanti-fasciste et de hurler avec les antifas ulcérés contre leur «Marine la nazi». Notre projet est deleur prendre l’anarchie, mamie violentée qui vaut mieux qu’eux, et de nous barrer en courant!Nous ne serons pas une nuance de la grande famille autonome, nous allons juste péter leur vitrine!

Nous ne pouvions d’ailleurs pas faire autrement. Et si nous en sommes arrivés à prendre le dra-peau noir, c’est que nous n’y tenions plus : les conférences étaient trop longues et les galettes desRois trop chiantes ! En plus, il y avait de moins en moins de monde. Fallait que ça cesse !

Depuis le 29 septembre 2011, les militants pri-sonniers de « La Voix de l’Amate » ; les Solidairesde « la Voix de l’Amate» ainsi que les militantsdits «de l’Autre Campagne de Mitzitón», ainsiqu’un militant des Voix Innocentes, tous incarcé-rés dans le Centre Étatique pour la RéinsertionSociale des Condamnés (CERSS) No.5 de SanCristóbal de Las Casas, se sont déclarés engrève de la faim pour exiger leur libération immé-diate. Certains prisonniers purgent des condam-nations qui vont jusqu’à 45 et 60 ans.

Cela dit, le 20 octobre à 2h30 du matin, le Di-recteur de la prison N. 5 de San Cristobal de LasCasas au Chiapas accompagné du chef des ma-tons et de sept autres matons sont venu chercherAlberto Patishtan, prisonnier qui est avec d’autresen grève de la faim.

Alberto a été transféré dans une prison fédérale de haute sécurité à Guasave,dans l’État de Sinaloa qui se trouve à 2000 kilomètres du Chiapas. Ily recevra uneseul visite autorisée tous les 3 mois, pas de droits à la correspondance.

Alberto est défenseur et porte-parole d’autres prisonniers. Il a déjà passé onzeans en prison, accusé d’avoir massacré des policiers dans la communauté d ‘« ElBosque » en 2000.

En 2007, la grève de la faim des prisonniers politiques, organisée pendant plusde quarante jours dans plusieurs prisons chiapanèques et convoquée par la « Voixde l’Amate » réunissant des bases d’appui de l’EZLN et des groupes catholiquesproches du diocèse de San Cristóbal,avait permis la libération d’une cinquantainede prisonniers

Mais seul Patishtán était resté en prison

Solidarité avec Patishtan

Humeur : Les «antifas» sont des crétins

et après ? Ah, si Constantin II était anti-capitaliste !

Constantin II deGrèce en 1964,

sportif accompli, ilvenait d’offrirqua-

tre ans plus tôtune médaille d’orolympique à son

pays.

Le jeune roi étaittrès populairemais les clans

Caramanlis et Pa-nadréou se faisait

déjà une guerreau couteau qui

rendait la Greceingouvernable.

Dossier

Un texte de Bonanno pour se donner une petite idée à propos de

l’influence dont il jouit en Grece, Italie et Croatie.

Alberto Bonanno,On ne com

prend rien à ce qu

i passe actuellement en Grèce et d

ans les milieux aut

onomes de ce

pays, si on passe à

côté d’Alfredo M

aria Bonanno. En e

ffet, ce camarade an

archiste italien de

73

ans est aux autono

mes grecs ce que St

éphanne Hessel est

aux indignés espa

gnols. Mais là où le

livre de Hessel est

vide, mal écrit, dégoulinan

t de guimauve cons

ensuelle et stupid

e à force de dé-

foncer des portes

ouvertes, ceux d’A

lfredo Bonanno son

t des objets révolu

tionnaires brûlant

s qui

ont de quoi enthou

siasmer les militants de rue, ca

r ce ne sont pas d

es livres de balanc

e mythomane

comme l’ouvrage d’Hessel don

t la biographie rée

lle est extrèmement acrob

atique...

Ainsi, pour son pam

phlet "La Joie Armée", Bona

nno fut emprisonné

18 mois par le gouvern

ement

italien. Bonanno est

aussi l’auteur de

La Tension anarchi

ste ou Le Projet in

surrectionnel.

éditeur reconnu d

es Edizioni Anarchismo, pour le

squelles il réalise

des travaux de tra

duction d'au-

teurs anarchistes.

Si ses travaux sont

très peu traduits

en français en ra

ison de la faiblesse

du

mouvement anarchiste insu

rrectionnaliste en

France, ils sont pa

r contre traduits

et connus des mou-

vements anarchistes in

surrectionnalistes

anglais, américain, c

roates, hispanopho

nes, etc.

Lorsque les forces

de sécurité italien

nes raflèrent les h

abitations collectiv

es et particulières

d'une

très grande partie

du mouvement anarchiste insu

rrectionnaliste à t

ravers l'Italie, Bon

anno fut

parmi les centaines d'a

narchistes italiens

arrêtés la nuit du

19 juin 1997. Ces

arrestations massives

faisaient suite à l'a

ttentat du Palazzo

Marino à Milan du 2

5 avril 1997. Le 2

février 2003 Bonan

no,

chef présumé de l’ O

.R.A.I. (Organisation Révolutionn

aire Anarchiste Insurrec

tionnaliste) dont r

ien

ne dit qu’elle n‘a

pas été nommée par la

police italienne, el

le-même sera condamné à six

années de

prison ferme et à 30

00 € d'amende pour des bra

quages.

Le 2 octobre 2009, en co

mpagnie de l'anarch

iste grec Christos

Stratigopoulos, B

onanno est arrêté

par la police antit

erroriste à Trikala

(en Thessalie) apr

ès un braquage de

banque à main armée dont

le butin est estimé par la

police à 47 000 euros.

Un an plus tard, il

est condamné à 4

ans de prison puis

libéré pour raison

de santé.

Un des projets que le capitaltend à réaliser est la réduc-tion du langage. Par le mot

langage, nous entendons ici toutesles formes d’expression, particuliè-rement celles qui nous permettentd’articuler des concepts complexessur les choses et les sentiments.

Le pouvoir a besoin de cette ré-duction parce qu’elle supplante larépression directe par le contrôle,dans lequel le consensus joue unrôle fondamental. Et le consensusuniforme est impossible en la pré-sence d’une créativité protéiforme.

Le vieux problème révolutionnairede la propagande a aussi considé-rablement changé ces dernièresannées, démasquant les limitationsd’un réalisme qui a prétendu mon-trer les altérations du monde auxexploités de façon claire, les met-tant dans la situation d’une prise deconscience de leur condition.

Dans la sphère historique de l’anar-chisme, nous avons l’exemple toutà fait exceptionnel de la capacité lit-téraire d’un Malatesta, basée surune langue simplifiée à un degrémaximal, constituant un modèleunique pour son temps. Errico Ma-latesta n’a pas utilisé de rhétoriqueou d’effets de choc. Il a utilisé la lo-gique déductive élémentaire, com-mençant par des points de départsimples basés sur le bon sens etterminant avec de complexesconclusions, facilement comprisespar le lecteur.

Luigi Galleani, lui, travaillait à un ni-veau linguistique totalement diffé-

rent. Il utilisait de vastes construc-tions rhétoriques, attachant beau-coup d’importance à la musicalitéde l’expression et à l’utilisation demots anciens, choisis pour créerune atmosphère qui à son avisamènerait les consciences versl’action.

Aucun des exemples sus-mention-nés ne peut être proposé commedes modèles d’un langage révolu-tionnaire qui conviendrait auxtemps présent. Malatesta, parcequ’il y a bien moins de choses à dé-montrer aujourd’hui et Galleani,parce qu’il y a de moins en moinsde consciences à amener vers l’ac-tion.

Un éventail bien plus large de litté-rature révolutionnaire peut êtretrouvé en France, en raison de lagrande tradition de ce pays qui n’aaucune équivalence en Italie, enEspagne ou en Grande-Bretagne,et en raison de la relation particu-lière en France avec la langue et laculture. À peu prés au même mo-ment que les exemples italiensmentionnés ci-dessus, nous avonsSébastien Faure, Jean Grave etÉmile Armand pour la clarté de l’ex-position, tandis que pour la re-cherche et les aspects plusrhétoriques, il y avait Albert Liber-tad et Zo d’Axa.

Nous ne devons pas oublier que laFrance avait déjà l’exemple deProudhon dont le style avait mêmeétonné l’Académie, Faure étaitconsidéré, lui, comme la suite lo-gique de cette grande école, sansoublier Grave, son style métho-dique, asphyxiant. Autodidacte, ilétait un élève enthousiaste de Kro-potkine dont le français était d’ail-leurs très bon, précisément parceque, comme Bakounine, c’était lefrançais d’un russe.

On pourrait continuer longtemps,des expériences linguistiques, litté-raires et journalistiques de Liber-

tad, Zo d’Axa et d’autres, jusqu’àleur prédécesseur Ernest Cœurde-roy. Mais bien qu’ils représententcertains des meilleurs exemples de« journalisme » révolutionnaire,aucun de ces modèles n’est vala-ble aujourd’hui.

Le fait est que la réalité a changé,alors que les révolutionnaires, eux,continuent de produire du langagede la même façon, ou plutôt d’unefaçon plus mauvaise encore. Pourle voir il suffirait de comparer unefeuille de chou comme l’En-dehorsde Zo d’Axa à certains des jour-naux lapidaires que nous produi-sons aujourd’hui - en regardantnotre propre situation - comme parexemple celui que nous avons faità l’occasion de la rencontre avecles compagnons d’Europe de l’Està Trieste.

Mais le problème est parti bien plusloin que ça. Non seulement nos in-terlocuteurs privilégiés perdent leurlangue, mais nous aussi nous per-dons la nôtre. Et parce que nousdevons nécessairement nous réu-nir sur des terrains commun sinous voulons communiquer, cetteperte s’avère être grave, et irréver-sible.

Ce processus d’aplatissement ré-pandu frappe toutes les langues,rabaissant l’hétérogénéité des ex-pressions à l’uniformité desmoyens. Le mécanisme est plus oumoins le suivant, et pourrait êtrecomparé à la télévision. L’augmen-tation quantitative de nouveaux si-gnifiés, réduit le temps disponiblepour la transmission de chacund’entre eux. Cela mène à une sé-lection progressive et spontanéed’images et de mots, d’une part ceséléments sont essentialisés, tandisque de l’autre la quantité de don-nées transmissibles augmente.

La si désirable clarté déplorée partant de générations de révolution-naires désireux d’expliquer la réa-

lité aux gens, a finalement été at-teinte de la seule façon possible :en ne rendant pas claire la réalité(chose de toute façon impossible),mais en rendant réelle la clarté,c’est-à-dire l’exposition de la réalitéconstruite par la technologie.

Cela arrive à toute l’expression lin-guistique, en incluant les tentativesdésespérées de sauver l’activitéhumaine par l’art, qui laisse ausside moins en moins de possibilités.De plus, cet effort se retrouve à de-voir lutter sur deux fronts : d’abord,pour ne pas être avalé par l’appau-vrissement qui transforme la créati-vité en uniformité et ensuite, contrele problème opposé mais demêmes racines, celui du marché.

Mes vieilles thèses à propos de l’artpauvre et de l’art comme destruc-tion sont toujours proches dansmon cœur.Donnons un exemple : toutelangue, en ce qu’elle est un instru-ment, peut être utilisée de beau-coup de façons. Elle peut êtreutilisée pour transmettre un codevisant à entretenir ou perfectionnerle consensus, elle peut aussi êtreutilisée pour stimuler la transgres-sion. La musique n’est pas une ex-ception ici, bien qu’à cause de sescaractéristiques particulières laroute vers la transgression lui estencore plus difficile. Bien qu’ellesemble plus directe, elle est en réa-lité plus difficilement accessible. LeRock est une musique de récupé-ration et a contribué à l’extinctionde beaucoup d’énergie révolution-naire dans les années soixante-dix.Selon l’intuition de Nietzsche, lamême chose arriva à son époqueavec l’innovation de la musiqueWagnérienne. Pensez aux grandesdifférences thématiques et cultu-relles qui existent entre ces deuxsortes de production musicale.Wagner a dû construire un édificeculturel énorme et décomposercomplètement l’instrument linguis-tique pour captiver la jeunesse ré-

volutionnaire de son temps. Au-jourd’hui, le Rock a fait la mêmechose à une échelle beaucoup pluslarge mais avec un effort culturel ri-dicule qu’il vaudrait mieux ne pascomparer à celui de Wagner. Lamassification de la musique a favo-risé le travail de récupération.

Nous pourrions dire que l’action ré-volutionnaire fonctionne de deuxfaçons, d’abord selon l’instrument,qui subit un processus de simplifi-cation et de déshabillement, en-suite dans le sens de sonutilisation, devenu peu à peu stan-dardisée, produisant des effets quine peuvent pas toujours êtres ré-duits à un dénominateur communacceptable pour tous ou presquetous. Cela arrive dans la prétenduelittérature (poésie, récit, théâtre,etc.) aussi bien que dans le micro-cosme restreint des révolution-naires avec l’examination desproblèmes sociaux. Si cela prend laforme d’articles dans des journauxanarchistes, ou des tracts, des bro-chures, des livres, etc, les risquessont assez semblables. Le révolu-tionnaire est un produit de sontemps, il utilise donc les instru-ments et les occasions que sontemps produit.

Les chances de pouvoir lire à pro-pos des conditions actuelles de lasociété et de la production ont étéréduites, parce qu’il y a beaucoupmoins de choses à apporter à lasurface et parce que les instru-ments interprétatifs ont subi une ré-cession. Dans une société qui a étépolarisée en deux classes claire-ment opposées, la tâche de lacontre-information était d’apporterla réalité de l’exploitation que lesstructures du pouvoir avait intérêt àdissimuler, de les exhiber au grandair. Les mécanismes d’extractionde la valeur en surplus, les strata-gèmes répressifs, les régressionsautoritaires de l’État.

(Suite page ci-contre)

La perte du langage par Alberto Maria BONANNO

4 Dosssier

Maintenant, dans une société quise déplace de plus en plus versune forme démocratique de gestionde la production basée sur les tech-nologies de l’information, le capitaldevient de plus en plus compré-hensible.

Aujourd’hui nous devons interpré-ter la société avec des instrumentsculturels qui ne sont tout simple-ment pas capables d’interpréter lesfaits qui sont inconnus ou traitéssuperficiellement. Nous devonsaussi identifier une conflictualité in-consciente qui est loin du vieuxconflit de classe extrêmement visi-ble, nous devons aussi éviterd’êtres entraînés dans un refussimpliste incapable d’évaluer lesmécanismes de récupération, leconsensus et la mondialisation.Plus que la documentation, nousavons besoin de la participation ac-tive des compagnons, y comprispar l’écriture, dans ce qui doit êtreun projet précis. Nous ne pouvonspas nous limiter à la dénonciationde l’exploitation, nous devons ap-porter nos analyses dans un projetplus large qui devienne compré-hensible au cours de l’analyse elle-même. La contre-informationdocumentée et la dénonciation nedoivent plus suffire. Nous avonsbesoin de quelque chose en plus,tant que nous avons toujours deslangues pour parler, tant qu’ils nenous les couperont pas toutes.

C’est cette nouvelle interactionentre la façon de s’exprimer et leprojet que l’on exprime qui est laforce de cette utilisation des instru-ments linguistiques, mais c’est elleaussi qui mène à la découverte deses limitations. Si l’on permet à lalangue de s’appauvrir, si l’ons’adapte à la tendance à sa réduc-tion permanente qui a été étudiéeet appliquée par le pouvoir, alorsc’est inévitable.

Je me suis toujours battu contrecette sorte d’objectivité détachée

par écrit, regardant les questionsrévolutionnaires. Précisémentparce que c’est un instrument, l’ex-pression linguistique a toujours unedimension sociale qui se résume àson style. Ce n’est pas juste «l’homme » comme disait Buffon,mais « l’homme dans une sociétédonnée ». Et c’est le style qui ré-sout le problème, certainement dif-ficile, de fournir les prétendus actesde l’événement avec le contenu in-dispensable, leur insertion dans unprojet. Si ce projet est vivant et àjour sur les conditions du conflit, lestyle pourrait être égayé, tandisque si ce dernier n’est pas appro-prié ou perdu dans l’illusion de l’ob-jectivité, même le meilleur projetcourra le risque de se perdre lui-même dans une forêt fantomatiqued’impressions.

Notre langage doit donc prendreune forme capable de soutenirnotre contenu révolutionnaire etposséder des poussées de provo-cation capables de violer et de ren-verser les moyens normaux decommunication. Il doit être capablede représenter la réalité que nousressentons dans nos cœurs sanspour autant nous envelopper nous-même dans un linceul de logique etn’être compris que par nous-mêmes. Le projet et la langue utili-sées pour l’illustrer doivent serencontrer et se reconnaître dansle style employé. Sans vouloirpousser les choses à l’extrême lo-gique de cette thèse bien usée,nous savons aujourd’hui que l’ins-trument constitue une partie consi-dérable du message.

Nous devons rechercher ces pro-cessus, ne pas laisser une nouvelleidéologie du pragmatisme noussubmerger dans des expressionsjetables où il n’y a aucune relationentre le projet et la façon d’en par-ler.

Ainsi, l’appauvrissement linguis-tique en plein accroissement est

aussi reflété dans les instrumentsde communication qu’utilisent lesrévolutionnaires. Tout d’abordparce que nous sommes deshommes et des femmes de notretemps, participants aux processusculturels réducteurs qui les carac-térisent. Nous perdons peu à peules instruments comme n’importequi d’autre. C’est normal. Maisnous devons faire plus qu’un effortpour obtenir de meilleurs résultatset acquérir la capacité à résister àce projet d’appauvrissement dulangage.

Cette réduction de la capacité sty-listique est une conséquence de labaisse de contenu. Elle est aussicapable de produire un nouvel ap-pauvrissement, menant à l’incapa-cité d’exprimer la partie essentiellede notre projectualité, qui néces-sairement reste liée aux moyensd’expression. Ce n’est pas doncpas le genre qui sauve le contenu,mais par dessus tout la façon qu’àce contenu de prendre forme.Quelques personnes font desschémas et ne réussissent jamaisà s’en libérer. Ils filtrent tout cequ’ils viennent à savoir par ceschéma, en le croyant être « leurfaçon naturelle de s’exprimer ».Mais ce n’est pas comme ça quecela se passe. Il faut se libérer decette prison tôt ou tard, si l’on veutfaire de ce que l’on communique, lavivante réalité.

Il y a ceux qui choisissent l’ironiepour transmettre l’urgence qu’ilsressentent, par exemple. Très bien,mais l’ironie a ses propres particu-larités, c’est agréable, léger, unedanse, une plaisanterie, une méta-phore allusive. Cela ne peut pasdevenir un système sans devenirrépétitif ou pathétique comme lesencarts satiriques des quotidiens,ou les bandes dessinées où noussavons à l’avance comment va seterminer l’histoire sans quoi nousne serions pas capables de la com-prendre, comme des plaisanteries

de caserne. De la même façon,mais pour des raisons opposées, latentative de rendre la réalité visibleet palpable par la communication,en partant de la supposition qu’il nepeut y avoir aucune réalisation im-médiate de quoi que ce soit qui nesemble pas réel - finit par devenirennuyeuse, et irréalisable. Nousnous perdons dans le besoinconstant d’insister, perdant laconceptualité qui est à la base dela vraie communication.

Une des expressions rebattue dansle musée de la stupidité quoti-dienne est que nous ne savons pascomment dire quelque chose, alorsque le problème est vraiment quenous ne savons pas que dire. Cen’est pas nécessairement vrai. Leflux de communication n’est pasunidimensionnel, mais multidimen-sionnel : nous ne faisons pas quecommuniquer, nous recevons aussides communications. Et nousavons les mêmes problèmes avecla communication, qu’avec la ré-ception de la communication. Il y aaussi un problème de style à pro-pos de la réception. Difficultés iden-tiques, illusions identiques. Denouveau, nous limitant au langageécrit, nous constatons que quandnous lisons des articles de lapresse, nous pouvons reconstruirela faon dont l’auteur de l’article re-çoit ses communications de l’exté-rieur. Le style est le même, nouspouvons le voir dans les mêmes ar-ticles, les mêmes erreurs, lesmêmes raccourcis. Et c’est parceque ces incidents et limites ne sontpas juste des questions de style,mais sont les composants essen-tiels du projet de l’auteur, de sa viemême.

Nous pouvons voir que plus faibleest la capacité du révolutionnaire àsaisir la signification d’une commu-nication entrante, même lorsqu’ellenous atteint directement par lesévénements, plus pauvre et plusrépétitive est son interprétation,

dans les mots et malheureusementdans les actes, l’approximation, l’in-certitude, un bas niveau d’idées quine fait justice en rien aux complexi-tés des capacités de l’ennemi ; ouà nos propres intentions révolution-naires.

Si les choses étaient autrement, leréalisme socialiste par exemple,avec sa bonne classe ouvrière tou-jours prête à se mobiliser, aurait étéla seule solution possible. La der-nière aberration dictée par une telleignorance et le refus de considérerla réalité différemment était l’inter-vention des bons mineurs rou-mains pour rétablir le nouvel ordred’Illiescu.

Les tentatives du Pouvoir de géné-raliser l’appauvrissement de l’ex-pression linguistique sont l’une descomposantes essentielles du murinsurmontable qui se construitentre l’inclus et l’exclu. Si nousavons identifié l’attaque directe etimmédiate comme un instrumentdans la lutte, parallèlement à cela,nous devons aussi développer uneutilisation optimale de l’instrumentlinguistique et prendre, peu importele prix, ce que nous ne possédonspas. Les deux sont inséparables.

doctrinaire braqueurIl y a un an, le 23 décembre 2010, pendant

que son théoricien était en prison en Grèce,la Fédération anarchiste informelle (FAI),

groupe anarchiste italien revendiquait deuxattentats au colis piégé contre les ambas-sades de Suisse et du Chili à Rome. Immé-diatement, la police italienne indiquait queces attaques avaient en lien avec des «épi-sodes similaires qui se sont produits enGrèce», où quatorze paquets piégés avaientété envoyés à des ambassades et deshommes politiques européens un mois plustôt.

Le message de revendication était signé«Fédération anarchiste informelle, cellule ré-volutionnaire Lambros Fountas», du nomd’un militant grec abattu en mars lors d’un af-frontement avec la police. Biologiste, fils d’unmédecin militaire, soit une famille bourgeoise,Lambros Fountas militait plutôt dans la mou-vance marxiste, notamment à Lutte révolu-tionnaire.

Pour Dimitri Deliolanes, journaliste et écri-vain grec installé en Italie et qui fait figure despécialiste des structures révolutionnairesdans les deux pays : «Lambros Fountasn’était même pas anarchiste. Son groupe ad’ailleurs été démantelé après sa mort. Si lesmembres de la Fédération anarchiste infor-melle (FAI) se réfèrent à lui, c’est avant toutparce qu’ils sont extrêmement pauvres dupoint de vue de l’élaboration idéologique.

Le nouveau terrorisme a peu de capacitéd’analyse et doit jouer sur des symboles,comme celui de Lambros Fountas. Il joueégalement sur les assonances, puisque lesigle du FAI se réfert au groupe anarchistehistorique, la Fédération des anarchistes ita-liens. Jusqu’ici, la Fédération anarchiste in-formelle s’était fait connaître en revendiquantdes attentats manqués. Dans le cas du Chili,

la FAI a voulu rendre hommage à MauricioMorales, un Chilien tué par la bombe qu’iltransportait à Santiago en 2009»

Dimitri Deliolanes est trop dur...

Quoi qu’il en soit, les contacts entre lesanarchistes des deux pays remontent aux an-nées 1990 quand Bonanno, italien du Sud,de Catane exactement, effectua plusieurs vi-sites en Grèce. Les groupes anarcho-insur-rectionnels grecs se réfèrent ainsi à AlfredoMaria Bonanno, très peu connu en Italie,mais dont les livres ont été traduits en Grèceoù ils sont devenus «cultes»..

D’autant plus «cultes» depuis que Bo-nanno a payé de sa personne en improvisanten 2009 un braquage à Thessalonnique afinde trouver des fonds de façon urgente pouralimenter les autonomes. Alfredo Maria Bo-nanno est donc le «maître à penser» incon-testé de la mouvance insurrectionnelle.

Le problème de Bonanno, d’un très bon ni-veau intellectuel, c’est qu’il s’adresse à desmilitants d’un niveau idéologique extrème-ment bas, pratiquant souvent «la révolte pourla révolte», ne préconisant pas la révolutionsociale réelle, n’appellant pas au change-ment de société, ne se préoccupant surtoutpas de la classe ouvrière, mais agissant, di-sons-le ainsi, pour des raisons existentielles.

En réalité, les autonomes de Grèce commeceux d’ici et de partout, squatter marginauxnourris par un anarchisme de reader digestou de pochette surprise, SDF à chiensjaunes, ne sont souvent animés que par la fu-reur de vivre et de détruire, mais n’ont au-cune idée d’un monde nouveau àreconstruire. C’est de ce «vide» et de cette«pauvreté» idéologique dont Bonanno parledans le texte que nous publions ci-dessous

En Italie, toutefois, la camarade Bonannopeut compter sur une implantattion plus an-cienne de l’anarchisme classique qu’il connaitparfaitement et cite abondamment à traversces auteurs, notamment français comme Sé-bastien Faure, Jean Grave et Émile Ar-mand... auxquels il voue un culte au nom dela «clarté» que cet italien aperçoit comme lacaractéristique principale des penseurs fran-çais puisqu’ils pensent dans une langueclaire...

C’est à la fin des années 1980 qu’AlfredoMaria Bonanno crée la Fédération anarchisteinformelle (FAI).

Sans revendications précise, la FAI s'op-pose au marxisme et à l'ordre européen ac-tuel, incarnations de l'oppression de l'Etat, eten cible les symboles. La mouvance rassem-ble plusieurs groupuscules anarchistes. Trèsautonomes, ils communiquent beaucoup parInternet. La FAI est composée de la brigadedu 20 juillet, de solidarité internationale, descinq C, et de la coopérative artisanale feu etcompagnie. La mouvance, composée dequelques dizaines de membres, s'oppose au-tant au marxisme qu’à l'ordre européen.

Quoi qu’il en soit, la mouvance estobser-vée à la loupe par les flics italiens. Ainsi,puisque toutes les actions des insurrection-nels se déroulent toujours bers Noël, l'Unioneuropéenne, qualifiée de «clone boiteux desEtats-Unis», fut en 2003 la cible de l'opéra-tion «Santa Claus» dont l’ambition était degacher l’avant-Noël, ce moment d’hystérieconsumériste intense.

C'est cette première action d’envergure quiallait faire connaître le mouvement. Le siglede la FAI est ainsi mentionné pour la pre-mière fois le 21 décembre 2003. L'organisa-tion revendique l'explosion de deux poubellesà Bologne, proches du domicile de Romano

Prodi, alors prési-dent de la Commis-sion européenne.

La FAI envoie,quelques jours plustard, des paquetspiégés à Romano Prodi, au président de laBanque centrale européenne, Jean-ClaudeTrichet, à des dirigeants du Parlement euro-péen et aux sièges d'Europol et d'Eurojust àLa Haye.

Dans les années qui suivent, la FAI conti-nue ses attaques, sans faire de victimes,principalement contre les membres desforces de l'ordre. Entre l'hiver 2003 et l'au-tomne 2007, la FAI commet 34 actions. Unelettre de menaces contenant deux balles depistolet est envoyée à la présidente de la ré-gion Ombrie et une série de petits attentatsfrappe la région de Spolète. Pour ces actes,cinq hommes sont arrêtés en octobre 2007.«Nous sommes en train d'imprimer une ac-célération à la guerre écologiste», affirmentles membres de la cellule, d'après desécoutes téléphoniques. La FAI devient pourles carabiniers «la formation subversive laplus dangereuse» du pays. En décembre2009, (encore Noël!) la FAI dépose des en-gins explosifs dans un tunnel situé sous l'uni-versité Bocconi de Milan et contre un centrede rétention pour immigrés, qu'elle compareà de «nouveaux camps de concentration».En mars dernier, un colis piégé de la FAI ex-plose dans un centre de tri postal à Milan.L'organisation est aussi soupçonnée d'êtrederrière un courrier de menaces, contenantune balle, adressé à Silvio Berlusconi, pro-mettant au président du Conseil italien de«mourir comme un rat»..

Les Fai de Bonanno sont très amusantes...Netchaev

Libye : la cote

du Guide remonteAlors que les mercenaires du CNTse contente de ceinturerla ville ka-dhafiste de Bani Walkid où la tribudes Warfallah exige des rebelles deZaouia qu’ils rendentles butins prisdans la ville, à Tahrouna, à 60 kmde Tripoli, la rue commerçante a étérebaptisée cette semaine : «Avenuedu Martyr-Muammar-Kadhafi.»D’après certains ovbsevateurs, lespro-kadahafi s’apprêteraient à pas-ser à nouveau à l’offensive contrele CNT désormais nu, sans l’OTAN.

5Dossier

6 Aujourd’hui en FranceSarkozy,

homme d’état mutant

ABourg-Madame et dans toute laCerdagne française, un secretbien gardé circule entre vrais

amis, quand on est bien entre soi etque l’heure se prête vraiment à la confi-dence..

D’après ce secret, la prospérité dequelques familles cerdanes, subite-ment devenues riches dans les annéesquarante, s’explique à coup sûr par le“Camion d’Or”...

En effet, selon le “secret”, un groupede trois jeunes gens de la vallée fitmain basse en février-mars 1939 surun important stock d’or de la Répu-blique espagnole...

En ce temps-là, c’était la débâcle (la“retirade”) des républicains et anar-chistes devant l’avancée des troupesnationalistes de Franco...

La FAI (Fédération anarchiste Ibé-rique) qui s’était fanatiquement battue,notamment au sein de la sanglante“Colonne Durrutti”, refluait également...anarchiquement, bien sûr, et en s’ac-crochant à Puigcerdà.Seulement, enCrdagne, leur réputation n’était pasbonne dans les environs de la Cer-dagne française:ils faisaient peur.

Dans les fourgons de la troupe anar-chiste repliée désormais après trois ansde guerre civile contre les franquistes,les témoins cerdans d’alors virent uncamion d’or... Ou bien était-ce unwagon d’or ?.. On ne sait plus trop... Etpuis était-ce vraiment les anarchistesou bien les soldats réguliers, ou bienseulement des voyous qui venaient de

braquer une banque ?Toujours est-il que le stock d’or arriva

entre Palau et Bourg-Madame. Là, aumilieu de la débandade générale, il futlaissé sans surveillance par les espa-gnols... Alors, devant un tel gâchis,quelques jeunes gars de Cerdagne,probablement au nombre de troispuisque ce sont toujours les troismêmes noms qui circulent, n’écoutantque leur audace, firent ni une ni deux... Et hop ! L’or fut à eux...

Certaines versions de la légendeparlent d’un vol téméraire, mais d’au-tres aussi, plus noirs dans leur récit ho-mérique, mentionnent l’assassinat de lagarde anarchiste qui aurait veillé le Ca-mion d’Or... Cette version sanglante,souvent relayée, expliquerait donc àelle seule, la rigueur initiale du secret :la peur que les anarchistes reviennentun jour pour demander leur camion d’ormais aussi régler les comptes...

Aujourd’hui, une riche famille deBourg-Madame vit tous les jours aveccette légende collée aux basques.. .Chaque fois que le fils ou le petit-fils del’audacieux vient sortir ses gros billetsdans une boutique, on le regardecomme un voleur... Chaque fois qu’ils’achète une villa, chaque fois qu’ilchange de rutilant 4x’4, chaque foisqu’il revient du casino, chaque fois qu’ilachète son pain, aussi, c’est la mêmechose... C’est la suspicion générale...L’envie...

Cela dit, il existe des témoignagesde poids.

Ainsi, Jérôme Privat, homme de foiet bijoutier sur la place centrale dePrades, est finalement devenu diacrecatholique alors, à l’étage de sa bijou-terie spécialisé dans le grenat catalan,il a dressé un autel avec de larges bou-gies entourant les portraits de la viergeMarie et de Benoit XVI...

C’’est pourtant chez ce saint homme,ou plutôt dans la mémoire familialedont il est aujourd’hui le dernier dépo-sitaire, qu’il faut voir le plus gros de l’ori-gine de la terrible légende du Camiond’Or de Bourg-Madame qui poursuit lafamille Blanc dans ses luxueuses bi-jouteries de Bourg-Madame, FontRomeu et Argelès-sur-Mer...

En effet, Jérôme Privat se souvientde tout...

(Suite page ci-contre)

Le secret du Camion d’Or anarchiste occupe encore tous les esprits en Cerdagne.D’après certains Cerdans, en cela guère différents des superstitieux Papous, c’estmême cet événement qui expliquerait la bonne fortune inexplicable de quelques fa-milles pauvres au tournant des années 40... Alors, attention... Sujet hyper sensible...Omerta à fond la caisse ! Nous publions donc ici une longue enquête en Cerdagneafin de savoir précisément le fond de cette histoire du “camion d’or” .

Rumeur : Un camion d’or des

Jérôme Privat

Jadis en Europe, il n’y a guère plus dequelques années, lorsqu’un chefd’Etat ou de gouvernement quittait lepouvoir, il devenait mémorialiste, etparfois un excellent écrivain comme

De Gaulle ou Churchill. Aujourd’hui, aprèsavoir abandonné son pouvoir, le politicienentre dans les affaires et rejoint ses amisdans les conseils d’administration. Il peutenfin toucher aux choses sérieuses. Com-ment en sommes-nous arrivés là ? La gaul-liste Marie-France Garaud, ancienne égériedu pompidolisme, a sa petite idée : «Nosgouvernants occupent le pouvoir mais nel’exercent pas. Nul n’en doute, d’ailleurs,hors d’une classe politique absorbée par sesconcurrences internes alors que l’Etat faitnaufrage, impuissant à agir, discrédité parles scandales de tous ordres, réduit au si-mulacre de son ancienne grandeur.

Nous glissons de l’Etat à la société, de lasouveraineté à l’identité et du gouvernementà la gestion, refusant de comprendre ce quece dérapage comporte d’imposture, révèled’inconsistance et engendre de dangers».

Pour comprendre ce que veut dire Marie-Fance Garaud, il n’avait pas fallu attendre2007 et le dîner de victoire de Nicolas Sar-kozy au Fouquet’s, suivi du voyage sur leyacht de Bolloré.

Dans l’Espagne voisine, dès sa défaite de2004, José María Aznar avait mis immédia-tement à profit ses réseaux et amitiés poli-tiques pour entamer une lucrative carrière deconseiller auprès d'entreprises multinatio-nales privées, notamment auprès du fond deplacement Centaurus Capital, mais aussi deDoheny Global Group (produits pétroliers etgaziers), et encore dans l’immobilier, viaJER Partners, gros investisseur en Amériquedu Sud.

Dès 2006, Aznar entrait égalementcomme administrateur de la société NewsCorp, dirigée par le milliardaire Rupert Mur-doch. Ce seul poste lui assurait un salaire an-nuel de 148 000 €. Naturellement, Aznarémargea aux Etats-Unis à travers un postede professeur-associé à la Georgetown Uni-versity de Washington. Et puis, à la façon deson modèle Clinton, il occupait le tempslibre laissé par ses nombreuses activités ca-pitalistes à donner de nombreuses confé-rences autour du globe (27 000 € de cacheten sus des frais), dans lesquelles il expliquesa vision politique du monde, mettant sespas dans ceux de Margaret Thatcher, RonaldReagan, ou George W. Bush.

En Allemagne, l’exemple le plus achevéde ce nouveau cynisme général, c’est l’af-faire Schroeder, du nom du chancelier so-cial-démocrate au pouvoir à Berlin entre1997 et 2005.

Comme Aznar, sitôt sa défaite électoraleopportune, l'ancien chancelier deviendraconseiller du plus important groupe depresse suisse Ringier, qui édite notammentle Blick.

Conseiller du groupe pour les questionsde politique internationale pour un «tempsde travail indéterminé» explique MichaelRingier, Gerhard Schroeder bénéficia im-médiatement d’une manne en francs suisseset d’un bureau au siège du groupe à Zurich,non loin du lac et de l'opéra devant aider à ceque «son champ d'activité se dessine avec letemps»...

Comme Aznar, Schroeder se reconvertitlui aussi dans le secteur énergétique, maisrusse. Mieux, il n’attendra pas sa retraite po-litique pour préparer sa reconversion avecses connexions russes : juste avant dequitter le pouvoir en 2005, le gouvernementde l'ex-chancelier avait accepté de se portergarant d'un prêt proposé par deux banques àGazprom, la société gazière russe qui ,quelques semaines plus tard, le nommait àla tête du conseil de surveillance del'entreprise chargée de construire ungazoduc sous la Baltique ; avec un «salaire»de 250 000 euros par an à la clé.

En effet, le 24 octobre 2005, après lesélections législatives perdues par la coalitionde Schröder, mais avant l'accession à lachancellerie d'Angela Merkel, un comitéinterministériel avait approuvé le principe de

cette garantie d'Etat. Elle couvrait 900millions d'euros, plus les intérêts. La sommeétait supposée financer le tronçon dugazoduc allant du gisement sibérien jusqu’àSaint-Pétersbourg.

Dans le même temps, Schroeder devintconseiller de Goldman Sachs, puis de labanque Rotschild, avant de «progresser»dans ses activités pétrolières en rejoignant,en janvier 2009, le directoire du grouperusso-britannique TNK-BP, fonction pourlaquelle il touchait une rémunération de 200000 euros par an.

Bush, Thatcher, Aznar, Schroeder... Ni-colas Sarkozy ne pouvait donc pas être enreste. Surtout quand on connait son intérêtrelatif pour la littérature et La Princesse deClèves. Lui aussi prépara sa retraite par ca-pitalisation. Cependant, contrairement àAznar qui fit confiance pendant ses dix an-nées d’exercice du pouvoir en Espagne aupotentiel de son réseau tissé chez les néo-conservateurs américains, Nicolas Sarkozysuivit la méthode plus calculée du Chance-lier Schroeder. A savoir : préparer sa sortieavant même de sortir et, pour cela, planifiersa retraite dès son premier jour de pouvoir.

Le choix de Nicolas Sarkozy se portadonc sur le pays notoirement le plus réactifqui soit en matière de finances faciles : leQatar. C’est ainsi que l'émir Hamad BinKhalifa Al-Thani, souverain de ce petit étatpétrolier grand comme deux départementsfrançais, fut le premier reçu à l’Elysée aulendemain de l’élection du nouveau prési-dent français en 2007. Un mois et demi plustard, le 14 juillet 2007, l’émir assistait audéfilé sur les Champs-Elysées au côté duPrésident de la République, son ami déjà siprometteur lorsqu’il n’était que ministre del'Intérieur mais faisait former les forces del'ordre qataries par la police française.

Organiser sa rétribution future a un prixlorsque l’on ne fait encore que de la poli-tique dans un vieux pays doté de quelquesbeaux restes tels que des avions, un porte-avion nucléaire et des Forces spéciales effi-caces.

L’investissement stratégique, exigé de Ni-colas Sarkozy par le Qatar, fut de prêter lamain le plus efficacement possible à l’ac-cord global passé sans discrétion inutile, viale Qatar et sa chaine de télévision Al Ja-zeera, entre la diplomatie étatsunienne et lesFrères Musulmans, choisis pour contrecar-rer l’islamisme radical d’Al Qaida avec«l’islamo-conservatisme» ou « l’islamismemodéré». Ces concepts sont utilisés désor-mais par les chancelleries européennes etaméricaines afin de couvrir la manoeuvrequi consiste à remplacer un dingo par unloup, un tigre par un lion...

La mort de Mouammar Kadhafi (commedorénavant la destruction du régime laïc sy-rien), anachronisme politique depuis la finde la guerre froide et ennemi juré des frèresmusulmans, faisait naturellement partie del’accord initial. C’est l’histoire de ce«contrat» qu’il fallait écrire en même tempsque l’histoire d’une année pendant laquelleun vieux pays prêta sa diplomatie à l’avenirfinancier de celui qui parlait en son nom.

C’est ce que vient de faire notre celluleNetchaev en publiant «Histoire d’uncontrat», aux éditions de l’Aspirant.

Il y a tout juste trois ans, le 11 no-vembre 2008, dix jeunes gens rési-dant à Tarnac, petit village deCorrèze, furent spectaculairementinterpellés et accusés de sabotagescontre plusieurs caténaires SNCFqui entraînèrent le retard de cer-tains TGV sur la ligne Paris-Lille.

L'opération policière baptisée«opération Taïga» fut menée d'unemanière musclée et à grands ren-forts médiatiques, par 150 policierscagoulés, hélicoptères dans le ciel,fusils d'assaut et portes défoncées.Au même moment, des perquisi-tions eurent lieu simultanément àRouen, Paris, Limoges, et Metz...

Pour la police et la Justice, lesjeunes gens arrêtés à Tarnac fai-saient partie du «noyau dur d'unecellule qui avait pour objet la luttearmée». L'accusation prétenditavoir découvert les «armes du ter-rorisme» à Tarnac : l'ouvrage de-venu célèbre, l'Insurrection quivient, un horaire de la SNCF, uneéchelle et la présence de cinq sus-pects près des lignes sabotées.

Aussitôt après l'interpellation desjeunes gens de Tarnac, la ministrede l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, apointé du doigt «l'ultra-gauche» etla «mouvance anarcho-autonome»,et «anarcho-libertaire ». Les autori-tés policières et judiciaires présen-tent les jeunes gens de Tarnaccomme des « activistes politiques »qui «tiennent des discours très ra-dicaux», qui entretiennent «desliens avec des groupes étrangers»et qui «participaient de façon régu-lière à des manifestations poli-tiques» notamment «aux cortègescontre le fichier Edwige et contre lerenforcement des mesures sur l'im-

migration». Leur habitat est décritcomme un «lieu de rassemblement,d'endoctrinement, une base arrièrepour les actions violentes».

L’affaire de Tarnac fut peut-êtreune affaire sécuritaire pour la Ré-publique Française et son Etat flic.Pour nous, elle ne fut que l’occa-sion de vérifier la pertinence de nosdictionnaires. En effet, l’affaire deTarnac déclencha un flot d’impréci-sions ; chaque mot étant censévouloir dire la même chose quecelui d’à côté. Ultra-gauche, auto-nomes, anarchistes, libertaires... Lamixture devenant naturellement«légitime» quand on a un groupede «terroristes» sous la main...

Si le terme ultra-gauche est uti-lisé habituellement pour désignerdes groupes situés à la gauche del'extrême gauche, cette ultra-gauche rassemble tous ceux qui nerefusent le jeu des élections et desinstitutions existantes. Parmi cesgroupes, il y a effectivement lesanarchistes et les autonomes. Maisles anarchistes ne sont pas des au-tonomes bien qu'ils les rejoignentsur certains thèmes.

Contrairement aux autonomes,les anarchistes ont une longue his-toire qui remonte au XIXème siècleet dont les pères fondateurs s'ap-pelaient Max Stirner, Joseph Prou-dhon et Michel Bakounine.

Quant aux autonomes, beaucoupmoins politiquement enracinés, ilsappartiennent à un mouvement po-litique apparu en Italie au début desannées 1970 portant le nom d' "Au-tonomia opereria" (autonomie ou-vrière) avec pour but de lutter enfaveur de l'autonomie du prolétariat

par rapport à l'Etat, au capitalisme,aux syndicats et aux partis poli-tiques traditionnels.

Bien que l'anarchisme et le mou-vement autonome soient donc deuxcourants de pensée distincts, ilspartagent des points communscomme le refus des normes poli-tiques existantes, l'État, les partispolitiques et l'autonomie dans lafaçon de penser et de faire.

Le mouvement autonome naît enFrance derrière Yann Moulier-Bou-tang, ami et disciple de Toni Négrimais aussi le fils du doctrinaireroyaliste Pierre Boutang. En1974, Yann Boutang fondera larevue «Camarades» et la mou-vance parisienne d’Autonomie Ou-vrière qui allait avec...

Cependant, à la différence desanarchistes, certains courants dumouvement autonome français,inspirés par Boutang bien qu'hos-tiles aux partis et aux syndicats, nesont pas opposés à l'idée d'un Étatfort pourvu qu'il défende les acquisde l'autonomie. C'est également laquestion de l'État qui différencie lescourants anarchistes des mou-vances marxistes...

Malgré cela, la confusion peu in-nocente opérée désormais par lapolice entre anarchistes et auto-nomes sera mortelle pour l’anar-chisme doctrinal. Obéissant à unestratégie délibérée visant à accré-diter l'existence d'un très largemouvement fourre-tout de conspi-ration -la mouvance anarcho-auto-nome-, la police changea lagéographie des idées : Tarnacsonna donc la mort de l’anarchismedoctrinal ouvrier, passé au mixeurdes bréviaires de police !

Tarnac, trois ans après..

Cela dit, il existe des témoignagesde poids.Ainsi, Jérôme Privat, hommede foi et bijoutier sur la place centralede Prades, est finalement devenu dia-cre catholique alors, à l’étage de sa bi-jouterie spécialisé dans le grenatcatalan, il a dressé un autel avec delarges bougies entourant les portraitsde la vierge Marie et de Benoit XVI...

C’’est pourtant chez ce saint homme,ou plutôt dans la mémoire familiale dontil est aujourd’hui le dernier dépositaire,qu’il faut voir le plus gros de l’origine dela terrible légende du Camion d’Or deBourg-Madame qui poursuit la familleBlanc dans ses luxueuses bijouteriesde Bourg-Madame, Font Romeu et Ar-gelès-sur-Mer...

En effet, Jérôme Privat se souvientde tout...

Son père, de Villefranche deRouergue, était arrivé avant-guerre enCerdagne, poussé par sa maladie depoitrine. Il avait fini par s’installer et ou-vrir un petit commerce de réparation debijoux.

Après-guerre, il chercha même uneboutique à Bourg-Madame... Cela tom-bait bien puisque, au commencementde la rue principale de Bourg-Madame,le père Blanc, une figure littéralementhaïe dans le pays, possédait un boutd’ancienne ferme...

Le père Blanc était alors boucher etdéjà, la rumeur l’accusait d’aller déter-rer des vaches mortes pour en reven-dre la viande le lendemain sur sesétals...

Le père de Jérôme Privat, acheteur,fit donc venir un géomètre pour le tracéet le présenta à Blanc qui, maintenantque le bijoutier demandait à ce qu’unepetite cour attenante et son puits soitcompris dans le lot vendu, refusa devendre... «Mais mon père avait déjàvendu son échoppe, alors il menaçaBlanc d’un procès coûteux.. qui finit parcéder puisque le puits resterait de toutemanière mitoyen»...

«Ensuite, au fil des années, le pèreBlanc ne manquait jamais une occasionde nous demander d’accéder à la cou-rette désormais fermée, prétextant tou-jours un problème d’eau... Et puisquand nous partions en vacances,nous nous apercevions toujours quequelque chose avait bougé, quequelqu’un était venu patrouiller dans lacour... Or, il n’y avait que Blanc qui pou-vait le faire...», confie Jérôme Privat.

Pendant ce temps, le commerce debijouterie des Privat prospéra tout aulong de la vraie période d’or de Bourg-Madame, celle qui s’écoule entre an-nées cinquante et soixante-dix, quand,avant de devenir un «couloir de la mortdu petit commerce», l’Avenue Porte deFrance brillait de tous ses feux...

Heureusement, le père Blanc neconnut pas cette décadence puisqu’ilse suicida quelques jours avant la dif-fusion à la télé du premier reportage ja-mais réalisé sur le Camion d’Or... Cequi ne fit qu’encourager la rumeur qui,bien sûr, ne se demanda pas si ellen’était pas simplement, à elle seule, àl’origine de ce suicide...

Finalement, le père de Jérôme Pri-vat décéda et il fallut bien continuer lecommerce... Et puis, en 1976, Jérômese décida à vendre la bijouterie... res-tait ce problème de mitoyenneté de lacourette à régler avec le fils Blanc.«Alors j’ai téléphoné au fils Blanc quivenait de fermer son épicerie qui nemarchait plus... Je suis allé le voir pourl’apéritif et je lui ai parlé de la couretteet du puits qui gênaient la vente... je luiproposai de lui racheter sa part de lacourette... Mais quelle ne fut pas masurprise quand Blanc me demanda car-rément combien je voulais de ma bijou-terie... Je lui répondis qu’i devaitd’abord voir les comptes chez notrecomptable commun... Deux heuresplus tard, je reçus un coup de fil ducomptable... Blanc était dans son bu-reau et me demandait monprix.. Je mis la barre trèshaut, me disant que c’estainsi que l’on commenceune négociation... MaisBlanc ne discuta rien, àpeine, pour le principe... Ilacheta rubis sur l’ongle...»se souvient Jérôme Privat.

Le bijoutier diacre se sou-vient ainsi de sa première vi-site, après la vente, dansson ancienne bijouterie : «Lefils Blanc tint à me montrerles premiers travaux réali-sés dans la bijouterie... Aupremier coup d’oeil, je n’envis aucun... Sauf la courettedont le sol pourtant solideavait été totalement refait..on voyait même une nettetrace autour de ce qui avaitété jadis le puits»...

Jérôme Privat se souvient égalementd’un vieil original habitant Prades quivendait des billets de loterie... Le vieuxfou était évidemment un convaincu dela légende et ne cessait de dire à tousles passants et clients qu’en cas degain, les Blanc de Bourg-Madame ra-chetaient les billets gagnants... Selon levieux fou : «les Blanc sciaient leur lin-gots comme du saucisson, selon le be-soin du moment...» poursuit JérômePrivat.

Cela dit, le bijoutier qui ne peut êtreaccusé de jalousie puisque sa bou-tique tourne visiblement très bien, est lepremier à admettre que le comporte-ment du fils Blanc qu’il met en avantpourrait tout aussi bien s’expliquer parle fait, en rien étonnant dans un pareilcontexte, que le fils Blanc aurait pu êtrele premier à donner un peu de crédit àla rumeur qui le persécutait mais quiplaçait aussi un fabuleux trésor dansson puits... Et si c’était vrai ? hein...

Ainsi, à part quelques anecdotes au-tour d’un puits mitoyen, quelques sou-venirs des divagations d’un vieuxmarchand de billets de loterie, il n’y arien pour étayer sérieusement la lé-gende... Jérôme Privat est évidemmentle premier à en convenir... Mais lui estun homme cultivé et charitable... Ce quin‘est certes pas le cas de tout le mondepuisque la calomnie du riche est unluxe que tous les pauvres peuvent s’of-frir à pas cher...

Antonio Soto, anarchiste espagnolde 86 ans, était, vers 2009, retraité àPrade-le-Lez un village des environs deMontpellier. Lui, il croit à la réalité du ca-mion d’Or parce qu’il l’a vu de ses pro-pres yeux et qu’il en conserve unsouvenir très précis. En effet, au mo-ment de la «retirade» (la débâcle desrépublicains et anarchistes espagnols),Antonio Soto n’était pas un gamin, ilavait presque 19 ans et s’était enrôlédans l’armée républicaine espagnole.

«C’était en 1939, dans la nuit du 7 au8 février. J’appartenais à la compagniedu château de Figueres commandéepar le Capitaine Molinéro ... Vers16h30, nous avons vu arriver DEUXcamions bâchés, des GMC améri-cains... Il y avait deux chauffeurs et uncapitaine. Celui-ci a parlé avec notrecapitaine qui est sorti de l’entretien endésignant deux sentinelles de gardespécialement chargés de la surveil-lance des deux GMC qui venaient d’ar-river de Barcelonne.

Avec moi, il y avait mon copain Anto-nio Perez qui, plus tard, est retourné enEspagne et a été exécuté. Nous avonssurveillé le camion jusqu’à quatreheures du matin avec la plus grande at-tention car, avant de nous quitter et d’al-ler se reposer, un des deux chauffeursnous avait dit de bien faire notre boulotcar les deux GMC transportaient unepartie du Trésor espagnol.

Cela nous a naturellement intriguéset quand nous avons soulevé la bâche,nous avons vu des caisses métalliquescadenassées assez luxueuses et quisemblaient neuves...

Au petit matin, Les deux capitaineset les deux chauffeurs sont venus noussurprendre et ont immédiatement ins-pecté le chargement pour voir si nousn’avions pas dérangé quelque chose...

Ensuite, nous ne les avons jamaisrevu, ni les capitaines, ni les chauf-feurs... Pour ma part, je pense qu’ils ontdû se diriger vers Port Bou, mais ilsavaient aussi la possibilité de passerpar la Cerdagne plus lointaine mais oùles convois étaient moins repérés...

Toujours selon Antonio Soto, lesdeux camions en question auraient étéchargé de lingots d’or, bien sûr, maisaussi de pièces de monnaie et d’autresobjets de valeur. «Dans notre esprit, lesdeux camions devaient se rendre versla plus proche banque de France car iln’y a que là qu’ils pouvaient se rendre»,concluait Antonio qui n’a plus jamaisentendu parler des camions d’or«sinon, quand j’étais au camp d’Ar-geles, d’autres camarades m’ont ditque les gendarmes avaient trouvé deslingots d’Or dans le sable»...

Sauvé de l’internement en Espagneparce que l’une de ses tantes était déjàrésidente en France, Antonio Soto a en-suite connu le parcours classique desréfugiés anarchistes : il a été berger, va-cher, terrassier pour les chemins de fer,journalier dans les vignobles ou encoreemployé à faire du charbon de bois enforêt... Fianlement, Antonio a eu cinqenfants dont Mercedes Soto qui nous acontacté afin que son père apporte sontémoignage important.

Netchaev

7Aujourd’hui en France

Le père Jubal, à Enveitg:

“Moi, bien sûr, j’en ai entendu parler... Mais voussavez, cela s’est passé à Bourg-Madame, donc pasdans mon village.. Alors je n’en sais presque rien...En revanche, il y aurait beaucoup à dire sur l’ar-rivée des anarchistes... Heureusement que l’arméefrançaise envoya ici 1500 hommes pour protégerla population locale... il y avait eu des crimes àPuigcerda...”, déclarait prudemment, en 2006,lepère Jubal de Enveitg... L’homme fait d’ailleurs desyeux hallucinés quand ce n’est pas un cerdan ducru qui lui parle du Camion d’Or... Quelqu’un a donctrahi le secret...

Car en réalité, le père Jubal connaissait tout del’histoire... Tout le monde en Cerdagne le sait... Al’époque, il était âgé d’une quinzaine d’années... Etdepuis, il s’était toujours passionné pour cette pé-riode de l’histoire de la vallée... “Le Camion d’Or”c’est même son grand dada avec les histoires san-glantes qui courent dans le pays sur le dos desanarchistes ...

Pourtant, le père Jubal se taisait... Méthodique-ment. Fidèle en cela à l’esprit même de ses mon-tagnes.... Dommage...

En attendant, le père Jubal menait à distanceavec l’ancien instituteur Blanchon, une controversehistorique locale acharnée à propos du rôle desanarchistes en Cerdagne..

Monsieur Blanchon, ancien instituteur retiré à Palau de Cerdagne:

“J’en ai entendu parler souvent... Mais vous savez, moi, j’ai beau être arrivéici en 1962, je ne suis pas né en Cerdagne... Cela dit, dans les confidences quim’ont été faîtes, ce sont toujours les trois mêmes noms qui reviennent .. natu-rellement, je ne vous les dirais pas...” , confiait l’ancien insituteur Blanchon qui estcomme un modèle de ce que furent auparavant les instituteurs de la République... érudit.. humaniste... et pas en odeur de sainteté avec les gros paysans dont ilsavaient à élever les enfants...

L’instituteur a rédigé une thèse sur le sujet. Il étudia aussi en profondeur lerôle des anarchistes en Cerdagne et à Puigcerda. Quant au camion d’or, “Il n’étaitpas,” selon l’instituteur, le fruit d’une vol, mais d’une “volonté farouche de conti-nuer la guerre contre Franco...”. Car l’instituteur ne peut cacher longtemps sasympathie pour les anarchistes de la guerre civile... “Quand ils ont tué,effective-ment trente-trois personnes et pas quarante, c’était au début de leur installationquand quelques excités se mêlèrent de la chose.. mais sinon, pendant les sixmois suivant de leur gouvernement sur Puigcerda, il n’y eut plus rien.. Ensuite,ce sont les communistes staliniens qui ont repris le contrôle de Puigcerda... et là,ce fut bien pire...”

Mais revenons au Camion d’Or... L’élégant instituteur évoque, comme un lienpossible avec l’affaire, une ferme de Palau qui brûla en 1970... “Entre 1944 et1946, la ferme était bourrée d’anarchistes espagnols prêts à reprendre laguerre... Quand l’incendie vint à bout de ce magnifique bâtiment du 18ème siè-cle, tous ceux qui étaient là entendirent nettement les stocks de munitions cachésdans les granges qui explosaient...”

Oui mais le camion d’Or c’est en 1939... avant la seconde guerre...

Aimé Gros, à Bourg-Madame

“J’en ai entendu parler... mais je ne veux rien en dire... Surtoutaucun nom... Ce sont des simples on-dit... Mais ce bijoutierBlanc quetout le monde accuse aujourd’hui , il m’a dit que, de toute façon, celafait plus de cinquante ans que c’est arrivé et que plus personne nepeut plus rien y faire... Et puis je crois qu’il y a de toute façon desjournaux qui en ont déjà parlé... Je ne sais plus trop lequel... Ce sontdes vieilles histoires... Ah couché!, voyez-vous, ca c’est une petitechienne qui m’est déjà très attachée...” , faisait Aimé Blanc, en 2006,dans son bâtiment de ferme proche de la Douane française... Lui,qui pouvait aller en Espagne en tirant une simple corde à linge sur leruisseau, ce qu’il tenait à dire par dessus tout c’est que : “la contre-bande, c’était une nécessité...”

L’instituteur Blanchon estaussi historien local...

anarchistes espagnols obsède nos montagnards

Si vous souhaitez recevoir le Lys Noir directement chez vous,téléphonez, on s’arrangera...

8 Idées

Début novembre, Aïcha Kadhafi,la fille du colonel Mouammar Ka-dhafi a appelé le peuple libyen àvenger son père qu’elle a qualifiéde «martyr» qui a fait «agenouiller»le colonisateur devant le fils deOmar El Mokhtar. «Mouammar Ka-dhafi le martyr ne vous a jamaisdéçu et ne vous a jamais laissétombé. Il vous a promis et il a tenusa promesse. Il vous a donné lesmartyrs au courage de lions Moua-tassim BiAllah, Khamis, Seïf ElArab et le moudjahid (combattant)Seïf El Islam. En plus de cela il asacrifié sa vie pour la terre de sesancêtres et il a défendu jusqu’à sondernier souffle son pays et son peu-ple », a déclaré Aïcha Kadhafi àl’occasion du 40ème jour de la mortde son père dans un enregistre-ment diffusé par la chaîne satelli-taire qui émet à partir de la capitalesyrienne Damas. S’adressant au Li-byens femmes et hommes, elle adéclaré : « Vous, héros et libres dela Libye qu’allez-vous faire pour luique le monde puisse voir, les fils etles filles du cheikh des martyrsqu’allez-vous faire.»

D’autre part, la fille unique deMouammar Kadhafi a appelé lepeuple libyen à venger la mort deson père. « Vengez votre martyr,soulevez-vous contre la mascaradedu nouveau gouvernement qui estvenu à bord d’un avion de l’Otan ets’est établi sur les crânes des mar-tyrs », a-t-elle lancé. S’adressantaux rebelles libyens, elle a déclaré«Quant à vous traîtres, il viendra lejour où vous paierez très cher », a-t-elle dit. À la fin de son messagesonore, Aïcha Kadhafi lance unappel à ceux et celles qualifiés res-pectivement de combattants et decombattantes «de ne pas oublier letestament de votre père (Mouam-mar Kadhafi) de continuer de com-battre même si vous n’entendezpas ma voix ». Enfin, elle a qualifiéson frère Mouatassim BiAllah Ka-dhafi qui a été tué le même jour queson père de Che Guevara desarabes. La sortie de Aïcha Kadhafiintervient quelques mois aprèsl’avertissement qu’ont adressé lesautorités algériennes à la familleKadhafi réfugiée en Algérie aprèsque la fille de Mouammar Kadhafiait appelé les pro-Kadhafi à conti-nuer de combattre. A ce moment, leministre des Affaires étrangères,Mourad Medelci a qualifié d’«inac-ceptables» les propos tenus parAïcha Kadhafi.

H.C

Aïcha Kadhafi

veut venger

son père

Chacun sait que l'imprégnation chré-tienne a laissé des traces et queplus de mille ans de christianisme aupouvoir formatent les consciencesde sorte que, non-croyants, agnos-

tiques, athées, mais aussi antichrétiens, libres-penseurs, militants rationalistes restenttributaires de schémas de pensée hérités decette religion. Il en va de même avec deux siè-cles de marxisme qui ont enfumé la pensée etimprègnent souvent les analyses politiquescontemporaines.

Le marxisme a dominé depuis que la Ire In-ternationale a permis à Marx d'évincer partous les moyens, y compris les moins hon-nêtes, les représentants d'un socialisme liber-taire, autrement dit, le socialisme deBakounine et de Proudhon. La Commune nefut pas marxiste et Marx n'a pas compris laCommune. Mais les Versaillais ont tué 20 000communards. De sorte que Thiers et les siensont décapité le socialisme libertaire en France: ruse de la raison, Thiers ne savait pasqu'ainsi il ouvrait un boulevard à Marx et auxmarxistes...

Jeu dangereux La Révolution russe de 1917 a marqué le

triomphe de Marx sur le terrain européen. Lesmodalités de son communisme ont bel et bienété réalisées, quoi qu'en disent les marxistesidéalistes qui pérorent encore aujourd'hui. Iln'y a que dans le cerveau d'un vieux normalienqu'on peut parler, en platonicien, du sublimed'un "communisme transcendantal" qui n'auraitabsolument rien à voir avec ce que fut la réa-lité soviétique et des blocs de l'Est de 1917 à1989...

Des manigances et des perfidies de Marxlors de la Ire Internationale (1864) à la publica-tion d'un collectif intitulé L'idée du commu-nisme (2009), qui rassemble les interventionsde Badiou, Negri, Rancière, Zizek et autresidéalistes communistes, en passant par Lé-nine, Staline, Mao, Castro et quelques autresbeautés communistes transcendantales, Marxa eu le temps de montrer combien sa dictaturedu prolétariat fut plus soucieuse de dictatureque de prolétariat. On peut toujours croire quece qui se fit au nom de Marx n'a rien à voiravec lui pour justifier qu'on continue ce qu'iljustifia en son temps, mais à ce jeu dangereuxon risque de rouvrir des camps plutôt qued'élargir des libertés.

Gauche tocquevillienneNe pas vouloir de Marx et du marxisme ne

saurait renvoyer dans les bras de ceux qui fontdu libéralisme l'horizon indépassable de notreépoque. L'alternative à la droite n'est pas legoulag ou la gauche de droite. Du moins, ellene devrait pas.

La parution d'un Dictionnaire Proudhon (1)arrive fort opportunément pour montrer qu'ilexiste une gauche libertaire n'ayant rien à voiravec la gauche autoritaire des marxistes nour-rie de nostalgie bolchevique ou la gauche toc-quevillienne qui peint la façade de sonlibéralisme en rose bonbon. On doit ce fort vo-lume à Chantal Gaillard et à Georges Navetqui ont conduit une équipe de dix-neuf per-sonnes dans la rédaction de ce beau livre.

"Anarchie positive"Le premier mérite de cet ouvrage consiste à

montrer que l'anarchisme est autre chose quece que la vulgate affirme habituellement (2).Certes, le dénigrement de ce beau mot est fa-cile : il suffit de renvoyer à ceux qui s'en sontréclamés pour justifier les attentats aveugles

de la Belle Époque, les meurtres de la bande àBonnot, afin d'associer ce terme à la violence,à la brutalité, au sang versé.

Or, il existe un courant méconnu de la pen-sée anarchiste française qui a proposé ce queProudhon lui-même nomme une "anarchie po-sitive" : construire ici et maintenant une révolu-tion qui n'a pas besoin de tuer, massacrer,piller, pour se réaliser. Cette anarchie-là n'arien à voir avec la gauche de ressentiment quiest pour tout ce qui est contre et contre tout cequi est pour. Les tenants de cette gauche sibien analysée par Nietzsche en son tempsveulent avant tout détruire. Et après ? Aprèstriomphe un schéma religieux : bonté, bon-heur, prospérité, etc. Disparition de l'exploita-tion, des guerres, de la phallocratie, de lamisère... Ce schéma reste hégélien, idéaliste,religieux - et pour tout dire : chrétien.

Révolution sans fanfareLes défenseurs de l'anarchie positive, dont

Proudhon, changent les choses ici et mainte-nant. Au contraire de ceux qui ne changentrien tout de suite parce qu'ils vont tout changerdemain, demain n'arrivant jamais, ils défen-dent une micropolitique concrète et efficace.Les instruments de cette révolution sans fan-fare ? La Ruche, l'école alternative de Sébas-tien Faure (3), l'Université populaire deGeorges Deherme, les Milieux libres (4) deGeorges Butaud et Sophia Zaïkowska, lesBourses du travail de Pelloutier, la "camarade-rie amoureuse" d'E. Armand (5) et tant d'autresexpériences libertaires concrètes, dont cellesde Jean-Marc Raynaud, le créateur des Édi-tions libertaires, auquel on doit une crèche li-bertaire, L'île aux enfants, sur l'île d'Oléron,une colonie libertaire Bakounine, une école li-bertaire Bonaventure, ainsi qu'un projet demaison de retraite.

Proudhon a philosophé en dehors des ca-dres. Fils de pauvre, pauvre lui-même, autodi-dacte, il n'a aucun des tics des anarchistes quipuisent leur science du monde dans les biblio-thèques, avec le risque de nourrir l'idéalismeet de ne jamais obtenir un seul progrèsconcret. S'il pense, ça n'est pas dans la pers-pective de l'art pour l'art : il veut changer lemonde réellement, concrètement, positive-ment, tout de suite, de façon pragmatique.

État libertaireDès lors, ses productions livresques sont

toujours des textes de combat. L'universitairey trouvera des contradictions qui se volatilisentquand on procède à des contextualisations.Une fois, il est pour l'abolition de l'État, uneautre, il défend l'État ? Certes, mais, dans lepremier cas, celui de "Qu'est-ce que la pro-priété ?", il fustige l'État capitaliste complice del'"aubaine", autrement dit, de l'exploitation desouvriers par les capitalistes, qui ne rétribuentpas la force de travail collective ; dans le se-cond cas, celui de Théorie de la propriété, ilmontre combien la fédération, la coopération,la mutualisation supprimeront le gouvernementvenu d'en haut par ce gouvernement contrac-tuel, certes, mais qu'il faut une instance qui ré-gule cette fédération - l'État. Un État libertaire,autrement dit : un État qui garantisse l'"anar-chie", que définit l'absence de gouvernementvenu d'en haut.

Même remarque : en 1841, Proudhon auraitété contre la propriété, puis, à la fin de sacourte vie, il aurait été pour. En vertu desmêmes principes, Proudhon veut l'abolition dela propriété capitaliste au profit d'une propriétéanarchiste, celle qu'il nomme la "possession"et qui exclut sa constitution par l'exploitationsalariée. La propriété est donc à abolir quand

elle est capitaliste ; à promouvoir quand elleest anarchiste, elle se nomme alors posses-sion.

"Démopédie"Proudhon ne pense pas le réel à partir de

catégories philosophiques idéales, mais à par-tir du réel le plus concret. Marqué par l'hégé-lianisme, l'anarchisme russe de Bakounine etKropotkine demeure prisonnier des schémaschrétiens : la rédemption du péché (la pro-priété) par la conversion à la religion (la révo-lution) qui réalise la parousie (lecommunisme).

Le proudhonisme est un pragmatisme, au-trement dit, le contraire d'un idéalisme. D'oùses propositions concrètes et détaillées : la fé-dération, la mutualisation, la coopérationcomme autant de leviers pour réaliser la révo-lution ici et maintenant, sans qu'une seulegoutte de sang soit versée ; la banque du peu-ple et le crédit organisé pour les classes né-cessiteuses par ces mêmes classes dans unelogique qu'on dirait aujourd'hui de microcrédit ;une théorie de l'impôt capable de réaliser lajustice sociale ici et maintenant ; une défensede la propriété anarchiste, comme assurancede la liberté individuelle menacée par le ré-gime communiste ; la construction d'un État li-bertaire qui garantisse la mécaniqueanarchiste ; une théorie critique de la pressequi est une machine à promouvoir l'idéal desbanquiers qui la financent ; une pensée dudroit d'auteur ; une analyse de la fonction so-ciale et politique de l'art qui s'oppose à l'artpour l'art et aux jeux d'esthètes ; un investisse-ment dans ce qu'il nomme la "démopédie" etqui suppose qu'on augmente plus sûrement leprogrès de la révolution par l'instruction libreque par l'insurrection paramilitaire - et mille au-tres instruments d'une boîte à outils dans la-quelle le socialisme n'a pas encore puisé...

Références intellectuellesCertes, il existe une face noire à Proudhon :

sa misogynie que Daniel Guérin, dans un an-cien Proudhon oui - non" (6), mettait en rela-tion avec une homosexualité brutalementrefoulée ; la phallocratie qui l'accompagne etqui inscrit le philosophe bisontin dans l'ances-trale tradition pitoyable des penseurs qui pas-sent à côté de la moitié de l'humanité - dePlaton à Freud, en passant par Rousseau,Kant, Schopenhauer et Nietzsche ; d'indéfen-dables propos antisémites consignés dans sesCarnets - l'excellent Robert Misrahi analysecette question dans son Marx et la questionjuive (7) et rappelle les modalités de l'antisémi-tisme de Marx ; sa défense de la guerrecomme hygiène de la force - une constellationde fautes qui conduisit quelques vichystes àembrigader Proudhon parmi leurs référencesintellectuelles...

Ce droit d'inventaire effectué, et il est terri-ble, mais nécessaire, reste un philosopheayant pensé un socialisme libertaire que Marxet les siens ont critiqué, moqué, ridiculisé (son-geons à Misère de la philosophie d'un Marxqui répond à la Philosophie de la misère deProudhon et met les rieurs de son côté, maisau détriment des idées du philosophe françaisrecouvertes par le sarcasme marxiste).

À l'heure de l'effondrement du système ma-cropolitique mondial, cette philosophie micro-politique anarchiste concrète ouvre de grandesperspectives. Dans De la justice dans la Révo-lution et dans l'Église, Proudhon écrivait : "Lepeuple n'a jamais fait autre chose que prier etpayer : nous croyons que le moment est venude le faire philosopher." Avec les auteurs de ceDictionnaire Proudhon, je le crois également.

Comme le montre l’article de Michel Onfray, publié dans l’hebdoma-daire Le Point le 03/11/2011 sous le titre : le temps de Proudhon, Mi-chel Onfray est de plus en plus souvent lancé sur les traces d’unanarchisme différent, résolument anti-marxiste.

Dans le même temps, à la télévision, Michel Onfray, hérissé contreles simplifications et la provocation subventionnée, était récemment laseule voix médiatique à se dresser pour défendre les jeunes manifes-tants chrétiens protestant devant le théâtre de la Ville contre la pièce«Sur le concept du visage du fils de Dieu».

Soucieux de lutter plus efficacement contre ceux qui considèrent quele conformisme vigilant et le libéralisme constituent l’horizon indépas-

sable de notre monde, Michel Onfray profite de l'occasion de la paru-tion du "Dictionnaire Proudhon" (Aden) pour préciser sa pensée à pro-pos de l'anarchisme positive qu’il aperçoit dans Proudhon...

Mais plutôt que de vous l’asséner comme cela, nous avons choisi dereproduire ici l’article de Michel Onfray, car le philosophe françaiscontemporain le plus lu y va ici de sa reconnaissance pour le pragma-tisme de Proudhon, le même proudhonisme que beaucoup de «post-anarchistes», véritables squatters «marginalistes» d’une doctrinepolitique dont ils ignorent tout, ont malheureusement choisi d’ignorerau nom de leurs fantasmes et de leur seul attrait pour la violence dontl’anarchie serait seulement l’autre nom...

Quand Michel Onfray

choisit Proudhon contre Marx

Mouvementdu 6mai2012Aujourd’hui, pour la première fois dans

l’histoire électorale de notre pays, uneforce anti-système entrevoit une réelle

chance de l’emporter devant les électeurs.Cette possibilité doit toutefois être modérée

par une solide certitude : le système capita-liste mondialisé et trilatéraliste utilisera tous lesartifices imaginables pour refuser les consé-quences légales d’une éventuelle victoire deMarine Le Pen au second tour de l’électionprésidentielle le 6 mai 2012.La manipulation des résultats d’une élection

décisive n’est pas un privilège des paysd’Afrique. Il suffit, en France, de se souvenirde l’élection «démocratique» qui installa la pre-mière secrétaire du Parti Socialiste.

Pourquoi le régime accepterait-il son éven-tuelle défaite, surtout que celle-ci sera forcé-ment courte ? Pourquoi ne jouerait-il pascyniquement la carte de la «résistance» et dusauvetage d’une «démocratie en danger» ?Les anti-systèmes doivent donc se préparer

à un lendemain d’élection pour le moins diffi-cile. La proclamation de l’état d’urgence et ladissolution du FN sont des perspectives pro-bables. En tout cas, il faut s’attendre à lacontestation immédiate des résultats de l’élec-tion devant le Conseil constitutionnel où lesamis du FN sont peu présents...

C’est pourquoi, parce que nous prévoyonsque la victoire de Marine Le Pen est possi-ble mais qu’elle lui sera immédiatementconfisquée, nous constituons le M6M : Mou-vement du 6 mai.

Le régime ne respectera jamais la victoire démocratique de Marine au second tour de la présidentielle...

Ils ne lui donneront pas les clefs de l’Elysée !

Tu méprises le FN, mais tu

souhaites sa victoire !

A

Si tu méprises le FN,B

Le n’est pas un parti !

Le M6M n’est pas un nouveau parti politique. Notre mou-

vement ne chasse sur les terres de personne, il ne pra-

tique aucune exclusive et tolère la double appartenance

avec des mouvements politiques constitués car il n’en

n’est justement pas un.

Ainsi, le Comité d’organisation, direction collégiale du M6M

composée de 21 membres, ne peut comporter plus de deux

membres d’un même courant révolutionnaire. Dans cet esprit

de rassemblement circonstanciel, et de «confédération pour

un scénario», le M6M appelle donc tous les militants anti-sys-

tème à venir le rejoindre pour mettre le plus de mains autour

d’une remarquable opportunité révolutionnaire.

Le n’est pas

une annexe FN

Le M6M n’est ni une annexe, ni

une officine du Front National. Nos

dirigeants n’ont jamais fait partie

du mouvement frontiste et n’ap-

partiennent pas forcément à sa

mouvance.

Au contraire, le mouvement, large-

ment constitué d’autonomes, est

composé dans sa direction de per-

sonnalités révolutionnaires ayant eu

jadis «maille à partir» avec Marine

Le Pen ou le FN.

Le milite pour une

candidature unitaire

Le M6M déplore par avance toute candidature

concurrente à l’élection présidentielle qui ne s’arrêterait

pas d’elle-même à l’issue d’une pré-campagne propice

à la publicité gratuite et à l’agitation-propagande.

En effet, il est du premier intérêt qu’aucune voix anti-

système ne manque à Marine Le Pen lors du premier

tour de l’élection présidentielle.

Le mouvement est hostile à toute candidature de

diversion comme celles de Jean-Luc Mélenchon

(FG), Jean-Pierre Chevenement (MRC) et Nicolas

Dupont-Aignan (Gaulliste de gauche).

...Même si le est un mouvement anti-électoraliste

Vis-à-vis du Front National, le M6M applique un invariable principe d’action révolutionnaire : notre mouvement ne se mé-

lange pas au parti électoraliste mais peut agir sur celui-ci. En effet, nous n’ignorons rien des faiblesses de ce syndicat

de boulistes, mignons, dames pipi, et chaisières que constitue aujourd’hui, sociologiquement, le parti de Marine Le Pen.

Nous savons que dans la plupart des cas, les quelques cadres rassemblés autour de la présidente du FN sont encore mar-

qués par une forte idéologie d’extrême-droite réactionnaire et que Marine Le Pen, animée seulement d’intuitions, est prati-

quement seule en son parti sur sa ligne anti-capitaliste.

Cela dit, loin des conflits stériles entre électoralistes, le principe d’action du M6M c’est la prise du pouvoir par «pichenette

finale» après un succès électoral, puis l’instauration d’une nouvelle démocratie directe et référendaire placée sous la sur-

veillance d’un appareil révolutionnaire armé et permanent dont les militants n’assument aucun mandat électif, aucune res-

ponsabilité politique, mais exercent une pression permanente sur la société civile et politique.

Pour y parvenir avec réalisme, le M6M écarte donc la «prise du palais d’hiver» romantique lancée depuis quelques caves

contre un système constitué. Le coup de force tel que nous l’imaginons ne vient qu’après une victoire politique majeure, l’élec-

tion de Marine Le Pen à l’Elysée, par exemple. Ainsi, doctrinalement, le M6M ne confond pas l’électoralisme condamnable

et l’utilisation révolutionnaire d’un résultat électoral opportun constituant évidemment une position licite.

C’est pourquoi le M6M regarde le FN de Marine Le Pen comme un parti régimiste pourtant objectivement révolu-

tionnaire, même si le FN ne se voit pas lui-même ainsi.

Le mise sur la victoire

de Marine au second tour

Le M6M fait aujourd’hui le calcul que le vote FN, ne pouvant pas

être cette fois victime d’une captation telle que celle réussie en 2007

par Sarkozy, s’étalonnera probablement autour des 25%, peut-être

même davantage, si la crise touche à son paroxisme début 2012.

Avec un tel score, la présence au second tour est pratique-

ment assurée et les chances seraient alors réelles de voir la

candidate FN affronter un candidat de gauche en faisant, au

passage, exploser la droite... Cette sale droite sarkozienne.

En revanche, si un élément catalyseur surprise (déferlement in-

contrôlé de vagues d’immigration africaine, attentat opportun de

l’Aqmi à quelques jours du scrutin...) venait à bouleverser la donne,

tout deviendrait possible au second tour pour le FN.

La défaite finale de Marine au second tour est assez proba-

ble, mais elle n’est pas absolument sûre... En tout cas, le FN se

comptera très haut, et les forces anti-système avec lui.

Anti-c

apital

istes,

décro

issant

s, auto

nomes,

anarch

o-roya

listes,

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.

en souhaitant sa victoire!Le croit à un «coup décisif»

Le lendemain du premier tour, si Marine Le Penest la seule à le franchir avec le candidat petit-bour-geois socialiste, une nouvelle ligne de fracture sedessinera dans le paysage poiltique français.

L’insurrection des bandes manipulées, qui n’at-tendent plus qu’un prétexte «en or» pour basculerdans l’émeute politique généralisée, sera immé-diate et rejointe par la bien-pensance au nom dede la «mobilisation citoyenne» et de «défense dela République en danger». Si le régime peut néanmoins organiser le secondtour dans un tel climat, la victoire de Marine (quipourrait être rendue davantage possible par cetteinsurrection libérale, allant de la racaille jusqu’àLaurence Parisot...) débouchera inévitablement surla proclamation de l’Etat d’Urgence par l’article 16,l’annulation de l’élection, et la dissolution du FN.

C’est dans cette perspective extrême que nousnous préparons à notre seul point de programme :organiser, dès la proclamation des résultats,une action non armée mais résolue en directiondes centres de pouvoir de l’Etat afin de ne paslaisser le régime se remettre de son «K.O».

Le prépare une structurerévolutionnaire parallèleAu lendemain de l’action décisive que nous préconisons, notre

mouvement instituera une verticale révolutionnaire parallèle àla pyramide démocratique pour ne pas se mélanger aveccelle-ci. Le M6M croit à une légitimité double, c’est-à-dire à unevraie démocratie ordinaire couplée à un appareil révolutionnaireextra-étatique formant, après sa réussite, une sorte d’Etat bis.

Dans ce système révolutionnaire de démocratie tutorisée, le mi-litant, soldat de l’Idéal, vaut davantage que le député ou le mi-nistre, agents du nécessaire compromis avec la réalité. Le M6Mretient donc pour lui le même schéma constitutionnel tenté par laChine de Mao et réussi par la Jamahiriya Libyenne et la Répu-blique Islamique iranienne où le Guide de la Révolution et les Pas-darans ne sont pas l’Etat et ses institutions, mais ont, sur lui, uneautorité puissante avec le soutien de l’opinion.

Notre comité d’organisation offrira à un prince de France auprofil anti-capitaliste d’incarner notre idéal, car la meilleure ma-nière de coiffer définitivement une démocratie directe et fédéra-liste est encore de préparer le retour d’une monarchie enracinée,protectrice des pauvres et symbolisant la lutte du peuple contreles féodalités qui l’oppriment aujourd’hui mille fois plus que sousl’Ancien Régime.

Le sait que Marine Le Penn’est pas révolutionnaire...Aujourd’hui, en France, les conditions révolutionnaires que

nous recherchons depuis 1968 sont pratiquement toutes réu-nies : une importante déprime collective durablement installée,une crise économique qui se tend, une crise d’identité à vif, etun personnel politique universellement honni, de la gauche àla droite. Il ne manque même pas le double catalyseur néces-saire, clairement constitué par le «vote FN» mais aussi par sonpendant automatique : la coalition de la social-démocratie et dela racaille anti-sociale pressée de basculer dans l’émeutecontre les classes populaires française en cas de succès du FNau premier tour. Car le M6M considère que si le Front National est toutsauf un parti révolutionnaire, le vote pour le Front Nationalest, lui, intrinsèquement révolutionnaire dans ses effetsanti-système.

A l’égard de Marine Le Pen, le M6M préfère plutôt parler d’in-térêt que de confiance. Nous connaissons tous l’origine doctri-nale de la «fille du chef», mais pour autant, nous refusons dedonner à son cas une dimension de contentieux.

Nous reconnaissons, au contraire, que Marine est la meilleurevoix qui soit, au service de ce «Vote Le Pen» dont nous atten-dons des effets révolutionnaires au service du peuple. Que celaplaise ou non à la gauche bling bling : la révolution anti-sys-tème a bel et bien choisi Marine Le Pen !Ainsi, les conservatismes maintenus dans le dicours de Ma-

rine Le Pen ne nous gênent pas dans la mesure où ce sont jus-tement ces «facilités» qui rendent son action plus efficace dansl’opinion, dans les médias et dans les urnes. Même si certainsaccès anti-capitalistes sont neufs chez Marine Le Pen, nous nelui contestons pas sa sincèrité de convertie. Nous ne lui dé-nions pas non plus un certain talent dans l’expression politiquetélévisuelle.

En revanche, sur le plan de l’action et de la prise du pouvoirqui nous intéressent plus que tout autre aspect, nous savonsque Marine Le Pen est entourée de tafioles patentées quine se calment de leurs abandons que devant des païens déli-rants...

Cependant, une victoire électorale majeure du Front Na-tional créerait mécaniquement une situation révolution-naire sans que personne ne puisse s’y opposer, pas mêmela direction du FN.C’est pourquoi, fille à son papa ou fausse héritière de sonpère, anti-capitaliste sincère ou pas, ne sont même pas lesquestions que se pose notre mouvement. Bref, nous considérons que Marine Le Pen est réellement ré-volutionnaire à son corps défendant.Compte tenu de l’imminence de l’élection présidentielle de2012, la tension en gestation se manifestera principalementdans le cadre d’une campagne électorale qui a d’ailleurs déjàcommencé à plein. Plus le temps de ressasser !Le M6M soutient le vote Le Pen, rien que le vote le Pen. Et

ses militants ne sont pas obligés d’entretenir des relations par-ticulières avec ce qui tient encore lieu d’appareil et d’encadre-ment militant à la «marque Le Pen».

C

7 . La nature du véritable révolutionnaire ne laisse pas de place pour le romantisme,le sentimentalisme, l'extase ou l'enthousiasme. Elle ne laisse pas davantage de place

à la haine personnelle ou à la vengeance. La passion révolutionnaire, qui doit de-venir pour lui le mode de pensée courant, doit à tout moment être combinée au plus

froid calcul. En tout instant et endroit, il ne doit pas être ce que lui dictent ses incli-nations personnelles, mais ce que l'intérêt général de la révolution commande.

8 . Le révolutionnaire respecte ses amis mais ne chérit que celui qui s'est montré dansles faits comme aussi révolutionnaire que lui. L'étendue de cette amitié, de cette dévo-tion et d'autres obligations envers son camarade n'est déterminée que par leur degréd'utilité au travail pratique de complète destruction révolutionnaire.

9 . La nécessité de la solidarité entre révolutionnaires est évidente. Elle est consti-tutive de la vigueur du travail révolutionnaire. Les camarades révolutionnaires ayant lemême degré de compréhension révolutionnaire et de passion devraient, autant que pos-sible, discuter ensemble des choses importantes et prendre des décisions unanimes. Maismême en mettant au point un plan échafaudé de la sorte, chaque homme doit autant quepossible ne compter que sur lui-même. En accomplissant une série d'actes de des-

truction, chaque homme doit agir par lui-même et ne recourir aux conseils et à l'aide deses camarades que si cela est nécessaire à l'accomplissement du plan.

10. Chaque camarade devrait avoir sous ses ordres plusieurs révolutionnaires des

deuxième et troisième catégories, c'est-à-dire des camarades qui ne sont pas complè-

tement initiés. Il doit les regarder comme des portions d'un fonds commun du capital ré-volutionnaire placées à sa disposition. Il doit dépenser ses portions du capital avecparcimonie, tentant à chaque fois d'en tirer le maximum de bénéfice. Il doit se regarder lui-même comme un capital consacré au triomphe de la cause révolutionnaire ; mais comme uncapital dont il ne peut disposer librement sans le consentement de la compagnie entière descamarades initiés.

L’organisation du

Le M6M, organisation non déclarée et

volatile, est constitué en cellules de base

informelles regroupées en colonnes.

La direction du mouvement est assurée par :

q Le Comité d’organisation composé de

21 membres cooptés collégialement.

q Le Secrétariat à l’Organisation des cellules.

q Le Secrétariat au Financesment logistique.

q Le Commandant opérationel (clandestin).

q Les Chefs de cellules (clandestins).

Le M6M n’est pas un parti mais une communauté militante qui se vit comme telle. Elle est ouverte à tous sauf aux «païens».

Le M6M n’estpas un parti mais une communauté militante qui se vit comme telle.

Le Mouvement du 6 Mai milite pour l’organisation d’une manifestation d’apparence «spontanée», au caractère fatalement illégale

comme tous les «accès de joie collective» que connaît Paris de l’Homo Festivus...

Le rendez-vous est fixé à 19h00, place de la Concorde.

De là, la manifestation pourra ainsi converger ultérieurement vers le Palais Bourbon ou le Palais de l’Elysée, voisins de la

place, distants de quelques dizaines de mètres. A 20h00, à l’annonce du résultat par les grandes chaînes de télévision, la mani-

festation du M6M sera fixée sur la réalité de ses objectifs et sur l’intensité des moyens à utiliser.

Si Marine Le Pen l’a emportée (et ce sera forcément d’un cheveu blond !), la manifestation «pacifique mais résolue» du M6M ne sera

plus une provocation, mais un rassemblement légitime... Beaucoup de choses lui seront alors rendues sécuritairement possibles.

A cet instant, il sera hautement probable que les forces de sécurité étant, elles aussi, «au courant» du résultat, leur capacité d’op-

position sera alors à son minimum, inhibées dans une ambiance de liesse et de «laissez passer», de même catégorie nerveuse que

ces «Vopos» qui, un jour de 1989, levèrent les barrières devant les citoyens sur lesquels, la veille, ils auraient tiré et laché les

chiens...

Sur le plan organisationnel, le M6M règle les questions pratiques liées à la convergence des militants.

Quelques temps avant la manifestation, le Comité d’organisation entrera dans une relative clandestinité. Son positionnement

à Paris ne sera connu que du Commandant opérationnel et des chefs de groupe abrités dans la foule.

L’idéal organisationnel du M6M est inspiré des grandes manifestations populaires à cortèges. Sans prétendre pouvoir rassembler

un million de personnes, notre organisation affirme qu’avec 2 à 3000 militants, le compte serait bon...

Politiquement, au soir du 6 mai 2012, notre manifestation se présentera comme une prise d’accompte sur le pouvoir, celui-ci étant

simplement contraint par notre action à un dépot immobilier de garantie, inévitable quand la confiance ne règne pas...

Bref, le 6 mai, il existera une «fenêtre de tir» révolutionnaire qui ne se représentera pas de sitôt...

Le révolutionnaire exècre les doctrines et a rejeté les sciences ordinaires, les laissant aux générations futures. Il ne connaît qu'une seule science, la science de la destruction.D

Le , une organisation kleenex, un seul jour, une seule fois

Contact [email protected]

Netchaiev

D’ores et déjà, Inscris-toi

à notre manifestation du

dimanche 6 mai,à Paris Concorde

jour du résultat du second tour

*Un an avant l’élection, les dates du premier et du second tour ne sont pas encore fixées par décret... Mais le 6 mai est la date probable.

S’il s’agissait cependant du 13, nous deviendrions «Mouvement du 13 Mai»

Extraits du cathéchisme de Netchaiev

Mouvementdu 6mai2012Aujourd’hui, pour la première fois dans

l’histoire électorale de notre pays, uneforce anti-système entrevoit une réelle

chance de l’emporter devant les électeurs.Cette possibilité doit toutefois être modérée

par une solide certitude : le système capita-liste mondialisé et trilatéraliste utilisera tous lesartifices imaginables pour refuser les consé-quences légales d’une éventuelle victoire deMarine Le Pen au second tour de l’électionprésidentielle le 6 mai 2012.La manipulation des résultats d’une élection

décisive n’est pas un privilège des paysd’Afrique. Il suffit, en France, de se souvenirde l’élection «démocratique» qui installa la pre-mière secrétaire du Parti Socialiste.

Pourquoi le régime accepterait-il son éven-tuelle défaite, surtout que celle-ci sera forcé-ment courte ? Pourquoi ne jouerait-il pascyniquement la carte de la «résistance» et dusauvetage d’une «démocratie en danger» ?Les anti-systèmes doivent donc se préparer

à un lendemain d’élection pour le moins diffi-cile. La proclamation de l’état d’urgence et ladissolution du FN sont des perspectives pro-bables. En tout cas, il faut s’attendre à lacontestation immédiate des résultats de l’élec-tion devant le Conseil constitutionnel où lesamis du FN sont peu présents...

C’est pourquoi, parce que nous prévoyonsque la victoire de Marine Le Pen est possi-ble mais qu’elle lui sera immédiatementconfisquée, nous constituons le M6M : Mou-vement du 6 mai.

Le régime ne respectera jamais la victoire démocratique de Marine au second tour de la présidentielle...

Ils ne lui donneront pas les clefs de l’Elysée !

Tu méprises le FN, mais tu

souhaites sa victoire !

A

Si tu méprises le FN,B

Le n’est pas un parti !

Le M6M n’est pas un nouveau parti politique. Notre mou-

vement ne chasse sur les terres de personne, il ne pra-

tique aucune exclusive et tolère la double appartenance

avec des mouvements politiques constitués car il n’en

n’est justement pas un.

Ainsi, le Comité d’organisation, direction collégiale du M6M

composée de 21 membres, ne peut comporter plus de deux

membres d’un même courant révolutionnaire. Dans cet esprit

de rassemblement circonstanciel, et de «confédération pour

un scénario», le M6M appelle donc tous les militants anti-sys-

tème à venir le rejoindre pour mettre le plus de mains autour

d’une remarquable opportunité révolutionnaire.

Le n’est pas

une annexe FN

Le M6M n’est ni une annexe, ni

une officine du Front National. Nos

dirigeants n’ont jamais fait partie

du mouvement frontiste et n’ap-

partiennent pas forcément à sa

mouvance.

Au contraire, le mouvement, large-

ment constitué d’autonomes, est

composé dans sa direction de per-

sonnalités révolutionnaires ayant eu

jadis «maille à partir» avec Marine

Le Pen ou le FN.

Le milite pour une

candidature unitaire

Le M6M déplore par avance toute candidature

concurrente à l’élection présidentielle qui ne s’arrêterait

pas d’elle-même à l’issue d’une pré-campagne propice

à la publicité gratuite et à l’agitation-propagande.

En effet, il est du premier intérêt qu’aucune voix anti-

système ne manque à Marine Le Pen lors du premier

tour de l’élection présidentielle.

Le mouvement est hostile à toute candidature de

diversion comme celles de Jean-Luc Mélenchon

(FG), Jean-Pierre Chevenement (MRC) et Nicolas

Dupont-Aignan (Gaulliste de gauche).

...Même si le est un mouvement anti-électoraliste

Vis-à-vis du Front National, le M6M applique un invariable principe d’action révolutionnaire : notre mouvement ne se mé-

lange pas au parti électoraliste mais peut agir sur celui-ci. En effet, nous n’ignorons rien des faiblesses de ce syndicat

de boulistes, mignons, dames pipi, et chaisières que constitue aujourd’hui, sociologiquement, le parti de Marine Le Pen.

Nous savons que dans la plupart des cas, les quelques cadres rassemblés autour de la présidente du FN sont encore mar-

qués par une forte idéologie d’extrême-droite réactionnaire et que Marine Le Pen, animée seulement d’intuitions, est prati-

quement seule en son parti sur sa ligne anti-capitaliste.

Cela dit, loin des conflits stériles entre électoralistes, le principe d’action du M6M c’est la prise du pouvoir par «pichenette

finale» après un succès électoral, puis l’instauration d’une nouvelle démocratie directe et référendaire placée sous la sur-

veillance d’un appareil révolutionnaire armé et permanent dont les militants n’assument aucun mandat électif, aucune res-

ponsabilité politique, mais exercent une pression permanente sur la société civile et politique.

Pour y parvenir avec réalisme, le M6M écarte donc la «prise du palais d’hiver» romantique lancée depuis quelques caves

contre un système constitué. Le coup de force tel que nous l’imaginons ne vient qu’après une victoire politique majeure, l’élec-

tion de Marine Le Pen à l’Elysée, par exemple. Ainsi, doctrinalement, le M6M ne confond pas l’électoralisme condamnable

et l’utilisation révolutionnaire d’un résultat électoral opportun constituant évidemment une position licite.

C’est pourquoi le M6M regarde le FN de Marine Le Pen comme un parti régimiste pourtant objectivement révolu-

tionnaire, même si le FN ne se voit pas lui-même ainsi.

Le mise sur la victoire

de Marine au second tour

Le M6M fait aujourd’hui le calcul que le vote FN, ne pouvant pas

être cette fois victime d’une captation telle que celle réussie en 2007

par Sarkozy, s’étalonnera probablement autour des 25%, peut-être

même davantage, si la crise touche à son paroxisme début 2012.

Avec un tel score, la présence au second tour est pratique-

ment assurée et les chances seraient alors réelles de voir la

candidate FN affronter un candidat de gauche en faisant, au

passage, exploser la droite... Cette sale droite sarkozienne.

En revanche, si un élément catalyseur surprise (déferlement in-

contrôlé de vagues d’immigration africaine, attentat opportun de

l’Aqmi à quelques jours du scrutin...) venait à bouleverser la donne,

tout deviendrait possible au second tour pour le FN.

La défaite finale de Marine au second tour est assez proba-

ble, mais elle n’est pas absolument sûre... En tout cas, le FN se

comptera très haut, et les forces anti-système avec lui.

Anti-c

apital

istes,

décro

issant

s, auto

nomes,

anarch

o-roya

listes,

identi

taires

, NR..

.

en souhaitant sa victoire!Le croit à un «coup décisif»

Le lendemain du premier tour, si Marine Le Penest la seule à le franchir avec le candidat petit-bour-geois socialiste, une nouvelle ligne de fracture sedessinera dans le paysage poiltique français.

L’insurrection des bandes manipulées, qui n’at-tendent plus qu’un prétexte «en or» pour basculerdans l’émeute politique généralisée, sera immé-diate et rejointe par la bien-pensance au nom dede la «mobilisation citoyenne» et de «défense dela République en danger». Si le régime peut néanmoins organiser le secondtour dans un tel climat, la victoire de Marine (quipourrait être rendue davantage possible par cetteinsurrection libérale, allant de la racaille jusqu’àLaurence Parisot...) débouchera inévitablement surla proclamation de l’Etat d’Urgence par l’article 16,l’annulation de l’élection, et la dissolution du FN.

C’est dans cette perspective extrême que nousnous préparons à notre seul point de programme :organiser, dès la proclamation des résultats,une action non armée mais résolue en directiondes centres de pouvoir de l’Etat afin de ne paslaisser le régime se remettre de son «K.O».

Le prépare une structurerévolutionnaire parallèleAu lendemain de l’action décisive que nous préconisons, notre

mouvement instituera une verticale révolutionnaire parallèle àla pyramide démocratique pour ne pas se mélanger aveccelle-ci. Le M6M croit à une légitimité double, c’est-à-dire à unevraie démocratie ordinaire couplée à un appareil révolutionnaireextra-étatique formant, après sa réussite, une sorte d’Etat bis.

Dans ce système révolutionnaire de démocratie tutorisée, le mi-litant, soldat de l’Idéal, vaut davantage que le député ou le mi-nistre, agents du nécessaire compromis avec la réalité. Le M6Mretient donc pour lui le même schéma constitutionnel tenté par laChine de Mao et réussi par la Jamahiriya Libyenne et la Répu-blique Islamique iranienne où le Guide de la Révolution et les Pas-darans ne sont pas l’Etat et ses institutions, mais ont, sur lui, uneautorité puissante avec le soutien de l’opinion.

Notre comité d’organisation offrira à un prince de France auprofil anti-capitaliste d’incarner notre idéal, car la meilleure ma-nière de coiffer définitivement une démocratie directe et fédéra-liste est encore de préparer le retour d’une monarchie enracinée,protectrice des pauvres et symbolisant la lutte du peuple contreles féodalités qui l’oppriment aujourd’hui mille fois plus que sousl’Ancien Régime.

Le sait que Marine Le Penn’est pas révolutionnaire...Aujourd’hui, en France, les conditions révolutionnaires que

nous recherchons depuis 1968 sont pratiquement toutes réu-nies : une importante déprime collective durablement installée,une crise économique qui se tend, une crise d’identité à vif, etun personnel politique universellement honni, de la gauche àla droite. Il ne manque même pas le double catalyseur néces-saire, clairement constitué par le «vote FN» mais aussi par sonpendant automatique : la coalition de la social-démocratie et dela racaille anti-sociale pressée de basculer dans l’émeutecontre les classes populaires française en cas de succès du FNau premier tour. Car le M6M considère que si le Front National est toutsauf un parti révolutionnaire, le vote pour le Front Nationalest, lui, intrinsèquement révolutionnaire dans ses effetsanti-système.

A l’égard de Marine Le Pen, le M6M préfère plutôt parler d’in-térêt que de confiance. Nous connaissons tous l’origine doctri-nale de la «fille du chef», mais pour autant, nous refusons dedonner à son cas une dimension de contentieux.

Nous reconnaissons, au contraire, que Marine est la meilleurevoix qui soit, au service de ce «Vote Le Pen» dont nous atten-dons des effets révolutionnaires au service du peuple. Que celaplaise ou non à la gauche bling bling : la révolution anti-sys-tème a bel et bien choisi Marine Le Pen !Ainsi, les conservatismes maintenus dans le dicours de Ma-

rine Le Pen ne nous gênent pas dans la mesure où ce sont jus-tement ces «facilités» qui rendent son action plus efficace dansl’opinion, dans les médias et dans les urnes. Même si certainsaccès anti-capitalistes sont neufs chez Marine Le Pen, nous nelui contestons pas sa sincèrité de convertie. Nous ne lui dé-nions pas non plus un certain talent dans l’expression politiquetélévisuelle.

En revanche, sur le plan de l’action et de la prise du pouvoirqui nous intéressent plus que tout autre aspect, nous savonsque Marine Le Pen est entourée de tafioles patentées quine se calment de leurs abandons que devant des païens déli-rants...

Cependant, une victoire électorale majeure du Front Na-tional créerait mécaniquement une situation révolution-naire sans que personne ne puisse s’y opposer, pas mêmela direction du FN.C’est pourquoi, fille à son papa ou fausse héritière de sonpère, anti-capitaliste sincère ou pas, ne sont même pas lesquestions que se pose notre mouvement. Bref, nous considérons que Marine Le Pen est réellement ré-volutionnaire à son corps défendant.Compte tenu de l’imminence de l’élection présidentielle de2012, la tension en gestation se manifestera principalementdans le cadre d’une campagne électorale qui a d’ailleurs déjàcommencé à plein. Plus le temps de ressasser !Le M6M soutient le vote Le Pen, rien que le vote le Pen. Et

ses militants ne sont pas obligés d’entretenir des relations par-ticulières avec ce qui tient encore lieu d’appareil et d’encadre-ment militant à la «marque Le Pen».

C

7. La nature du véritable révolutionnaire ne laisse pas de place pour le romantisme,le sentimentalisme, l'extase ou l'enthousiasme. Elle ne laisse pas davantage de place

à la haine personnelle ou à la vengeance. La passion révolutionnaire, qui doit de-venir pour lui le mode de pensée courant, doit à tout moment être combinée au plus

froid calcul. En tout instant et endroit, il ne doit pas être ce que lui dictent ses incli-nations personnelles, mais ce que l'intérêt général de la révolution commande.

8. Le révolutionnaire respecte ses amis mais ne chérit que celui qui s'est montré dansles faits comme aussi révolutionnaire que lui. L'étendue de cette amitié, de cette dévo-tion et d'autres obligations envers son camarade n'est déterminée que par leur degréd'utilité au travail pratique de complète destruction révolutionnaire.

9. La nécessité de la solidarité entre révolutionnaires est évidente. Elle est consti-tutive de la vigueur du travail révolutionnaire. Les camarades révolutionnaires ayant lemême degré de compréhension révolutionnaire et de passion devraient, autant que pos-sible, discuter ensemble des choses importantes et prendre des décisions unanimes. Maismême en mettant au point un plan échafaudé de la sorte, chaque homme doit autant quepossible ne compter que sur lui-même. En accomplissant une série d'actes de des-

truction, chaque homme doit agir par lui-même et ne recourir aux conseils et à l'aide deses camarades que si cela est nécessaire à l'accomplissement du plan.

10. Chaque camarade devrait avoir sous ses ordres plusieurs révolutionnaires des

deuxième et troisième catégories, c'est-à-dire des camarades qui ne sont pas complè-

tement initiés. Il doit les regarder comme des portions d'un fonds commun du capital ré-volutionnaire placées à sa disposition. Il doit dépenser ses portions du capital avecparcimonie, tentant à chaque fois d'en tirer le maximum de bénéfice. Il doit se regarder lui-même comme un capital consacré au triomphe de la cause révolutionnaire ; mais comme uncapital dont il ne peut disposer librement sans le consentement de la compagnie entière descamarades initiés.

L’organisation du

Le M6M, organisation non déclarée et

volatile, est constitué en cellules de base

informelles regroupées en colonnes.

La direction du mouvement est assurée par :

q Le Comité d’organisation composé de

21 membres cooptés collégialement.

q Le Secrétariat à l’Organisation des cellules.

q Le Secrétariat au Financesment logistique.

q Le Commandant opérationel (clandestin).

q Les Chefs de cellules (clandestins).

Le M6M n’est pas un parti mais une communauté militante qui se vit comme telle. Elle est ouverte à tous sauf aux «païens».

Le M6M n’estpas un parti mais une communauté militante qui se vit comme telle.

Le Mouvement du 6 Mai milite pour l’organisation d’une manifestation d’apparence «spontanée», au caractère fatalement illégale

comme tous les «accès de joie collective» que connaît Paris de l’Homo Festivus...

Le rendez-vous est fixé à 19h00, place de la Concorde.

De là, la manifestation pourra ainsi converger ultérieurement vers le Palais Bourbon ou le Palais de l’Elysée, voisins de la

place, distants de quelques dizaines de mètres. A 20h00, à l’annonce du résultat par les grandes chaînes de télévision, la mani-

festation du M6M sera fixée sur la réalité de ses objectifs et sur l’intensité des moyens à utiliser.

Si Marine Le Pen l’a emportée (et ce sera forcément d’un cheveu blond !), la manifestation «pacifique mais résolue» du M6M ne sera

plus une provocation, mais un rassemblement légitime... Beaucoup de choses lui seront alors rendues sécuritairement possibles.

A cet instant, il sera hautement probable que les forces de sécurité étant, elles aussi, «au courant» du résultat, leur capacité d’op-

position sera alors à son minimum, inhibées dans une ambiance de liesse et de «laissez passer», de même catégorie nerveuse que

ces «Vopos» qui, un jour de 1989, levèrent les barrières devant les citoyens sur lesquels, la veille, ils auraient tiré et laché les

chiens...

Sur le plan organisationnel, le M6M règle les questions pratiques liées à la convergence des militants.

Quelques temps avant la manifestation, le Comité d’organisation entrera dans une relative clandestinité. Son positionnement

à Paris ne sera connu que du Commandant opérationnel et des chefs de groupe abrités dans la foule.

L’idéal organisationnel du M6M est inspiré des grandes manifestations populaires à cortèges. Sans prétendre pouvoir rassembler

un million de personnes, notre organisation affirme qu’avec 2 à 3000 militants, le compte serait bon...

Politiquement, au soir du 6 mai 2012, notre manifestation se présentera comme une prise d’accompte sur le pouvoir, celui-ci étant

simplement contraint par notre action à un dépot immobilier de garantie, inévitable quand la confiance ne règne pas...

Bref, le 6 mai, il existera une «fenêtre de tir» révolutionnaire qui ne se représentera pas de sitôt...

Le révolutionnaire exècre les doctrines et a rejeté les sciences ordinaires, les laissant aux générations futures. Il ne connaît qu'une seule science, la science de la destruction.D

Le , une organisation kleenex, un seul jour, une seule fois

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dimanche 6 mai,à Paris Concorde

jour du résultat du second tour

*Un an avant l’élection, les dates du premier et du second tour ne sont pas encore fixées par décret... Mais le 6 mai est la date probable.

S’il s’agissait cependant du 13, nous deviendrions «Mouvement du 13 Mai»

Extraits du cathéchisme de Netchaiev