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MACHINE à FEUILLES Monsieur le Conteur, vous parlez comme un livre ! 17 18 4,50 Revue du livre et de la lecture en Limousin publiée par ALCOL - Centre régional du livre en Limousin

MACHINE à F E U I L L E S•Pour les enfants des écoles primaires, visites et ateliers proposés par Peuple et culture durant toute la semaine du 8 mars. Une séance sera ouverte

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Page 1: MACHINE à F E U I L L E S•Pour les enfants des écoles primaires, visites et ateliers proposés par Peuple et culture durant toute la semaine du 8 mars. Une séance sera ouverte

MACHINE à F E U I L L E S

“Monsieur le Conteur,vous parlez comme un livre !”

n°17•184,50

Revue du livre et de la lectureen Limousin publiée par

ALCOL -Centre régional du livre en Limousin

Page 2: MACHINE à F E U I L L E S•Pour les enfants des écoles primaires, visites et ateliers proposés par Peuple et culture durant toute la semaine du 8 mars. Une séance sera ouverte

ÉDITO

Nous constatons tous un développement et une effervescence du conte en France

et dans notre région. Les manifestations se multiplient, de plus en plus de conteurs

décident de passer professionnels, nombre d’éditeurs créent des collections…

Nous devons reconnaître que sa place a aussi évolué au fil des années dans la vie d’ALCOL.

Les premières éditions du festival Coquelicontes furent avant tout le moyen d’organiser,

avec les trois bibliothèques départementales de prêt du Limousin, une manifestation

commune de qualité pour un large public. Nous n’étions pas alors tous persuadés

du lien fondamental entre le conte et la littérature.

Aujourd’hui, nous sommes finalement étonnés d’être le seul centre régional du livre

à avoir intégré le conte dans ses activités. Deux de nos principes, l’itinérance

et la mutualisation des savoir-faire, se sont en effet nourris de cette expérience.

Le numéro double que nous vous proposons exceptionnellement,

ajouté à notre ambition de devenir centre de ressources, est le fruit

des paroles vivantes, des «fièvres», des pratiques, des réflexions liées

à cette discipline artistique où le conteur est « trois en un »1,

ainsi que de toutes les informations qui existent désormais.

Chaque numéro de Machine à feuilles bouclé, nous nous rendons compte

que la parole des professionnels l’emporte souvent sur celle des lecteurs,

ceux qui reçoivent l’art, l’histoire… Ici, la «magie» du conte opère :

l’écoute, la connivence sont les héroïnes de tous les témoignages

qui suivent, les artistes de la parole semblant avoir conscience

que ces valeurs fondatrices sont fragiles.

Là réside aussi, peut-être, le secret de leur succès.

À vous de découvrir.

Jean Moyen, président,Marie-Laure Guéraçague, directrice d’ALCOL- Centre régional du livre en Limousin

Machine à feuilles n°17-18décembre 2003

Publié par ALCOL - CRL en LimousinAssociation limousine

de coopération pour le livr e -Centre régional du livre

en Limousin34, rue Gustave-Nadaud

87000Limogestél. 05 55 77 47 49fax 05 55 10 92 31

e-mail [email protected]

Directeur de publication :Jean Moyen

Rédactrice en chef :Marie-Laure Guéraçague

Coordination:Franck Villemaud

Mise en page :François Prothée

Photograveur :Carbône, Limoges

Imprimeur :Lavauzelle graphic, Panazol

ISSN: 1286-9228Dépôt légal: décembre 2003

Ont participé à l’élaboration et à la rédaction de ce numéro :

•Pierre Bacle•Marie-Pascale Bonnal

•Jean-Louis Bordier•Jean-Claude Bray

•Arlette Calavia•Christophe Caron• Danielle Chauffier• Jennifer Dalrymple

• Colette Damour• Pierre Deschamps

•Yann Fastier•Agnès Gastou

•Émeline Gauber t•Marie-Laure Guéraçague

• Nordine Hassani• Salim Hatubou• Maria Jaliber t

• Didier Jean• Gilles Laplagne

•Geneviève Lavaud• Élisabeth Lemirre

•Catherine L’Hostis• Jean Moyen

• Thierry Pénicaud•Marie-Christine Plaignaud

•Arlette Pragout•Éric Prémel

•François Prothée•Guy Prunier

• Anne Rabany• Catherine Roche

• Pierre Rosat•Claire Sénamaud

•Oumar Sow•Cathy Sutca

•Olivier Thuillas•Lydie Valero

•Michèle Vergne• Maxime Vernon

• Franck Villemaud•Zad

Que soient remerciés :• Atao

• Philippe Aumettre•Bernard Blot

• Jacques Bourgarel• Jean-Marie Caunet

•Henri Cazaux• Jeanne Charmetant

•Nicole Dexet-Normand• Isabelle Grand

• Kamel Guennoun•Nathalie Joinet• Christine Kékré

•Sonia Koskas• Marie Leblanc

• Michelle Monthézin•Monique Pauzat

• Marie Peyrat•Julien Tauber• Magalí Urroz

• Jean-François Vignaudainsi que tous ceux qui ont fourni

les informations nécessaires à la rédaction de cette publication.

En couverture :Dessin original de © Yann Fastier pour Machine à feuilleset citation extraite du texte de © Pierre Rosat, Quand un conteur rencontre un écrivain… (publié page 46).

2 • Sommaire.

3 • Édito.

4 • Calendrier.

7 • Colloques / Formations.

10 • Marque-page d’ALCOL -Centre régional du livre en Limousin.

12 • Marque-page.

« Monsieur le Conteur, vous parlez comme un livre! »

15 • Avant-propos.

16 • Le conte, clef d’un autre monde.

20• Le conte et l’enfant.

« Une revanche sur le réel».

21 • Le «cercle magique» du conte.

Le conte comme outil d’apprentissage.

22 • Mythes et contes. Quand on revient aux récits fondateurs.

24 • Bibliographie sélective d’ouvrages de référence sur le conte

et de périodiques traitant de la littérature orale et du conte.

25• «Les contes existent, les livres existent,

mais les livres de contes n’existent pas».

26 • Le conteur et son rapport au texte écrit.

28• La Renarde, L’Homme pauvre, Amzal le malchanceux,

La Montagne aux trois questions. Un conte en quatre versions.

34• Le conte et les bibliothèques.

35• Des contes et des tartes à Saint-Yrieix-la-Perche.

36• Une personne qui conte… aux Portes-Ferrées.

37 • Un soir à Gioux.

Carte blanche à la création à la BFM de Limoges.

38• Festivals de conte en Limousin. Variété, identité, complémentarité.

41 • Des festivals de conte en Limousin.

42 • «Ma vieille conteuse s’en est allée…»

44 • «Le conte doit venir quand on ne l’attend pas trop, de l’intimité».

45 • Marcelle Delpastre : collecte et analyse ethnologique des contes

du Limousin et d’ailleurs.

46• Quand un conteur rencontre un écrivain…

49• La production éditoriale du conte en France.

52 • Conteurs et compagnies… en Limousin.

54 • les «maisons du conte». Programmation, formation, questions…

56 • Les festivals de conte. Quelques incontournables (parmi d’autres)…

58 • Quelques lieux de programmation en France

et quelques adresses de sites Internet.

60• Les illustrateurs de Machine à feuilles : biobibliographies.

62 • Feuilles reçues en Machine.

66 • Feuilles lues.

72 • Machin & machine.

1 Comme l’indique si justement Éric Prémel,

dans l’article «Le conte, clef d’un autre monde »

(de la page 16 à la page 19).

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CALENDRIERCALENDRIER

Jusqu’au 3 janvier, Médiathèque municipale, 36, avenue Alsace-Lorraine, Tulle (19).Exposition « L’objet doudou, objet transitionnel », avec la Compagnie Abricadabra.Proposé par la Médiathèque municipale de Tulle.Contact: 05 55 20 14 04.

Jusqu’au 31 janvier, Musée Labenche, 26, boulevard Jules-Ferry, Brive-la-Gaillarde (19),de 10h à 12h et de 13h 30 à 18h (sauf les mardis). « Jour de fête » : témoignage de diverses fêtes populaires en France au début du XXe siècle (exposition d’objets et de documents).Proposé par le Musée Labenche. Entrée libre.Contact: 05 55 24 19 05.

Le 18 janvier, Médiathèque municipale, 24, avenue Carnot, Ussel (19), 15h 30.Conférence « L’œuvre est une prise de possession de l’espace» : sculpturede l’éphémère/s c u l p t u re de l’invisible, autour des œuvres de Christo et Rachel Whitere a d(dans le cadre du cycle «Pour voir / tout voir»).Contact: Abbaye Saint-André, Centre d’art contemporain de Meymac, 05 55 95 23 30.

Le 18 janvier, Fonds régional d’art contemporain, «Les Coopérateurs», impasse des Chare n t e s ,Limoges (87), 18h 30. Conférence de Corinne Domer, dans le cadre du cycle de coursd’histoire de l’art, intitulé « La reproduction et l’œuvre d’art ». Les années 1960-1970,l ’ a rt conceptuel : Lawrence We i n e r, Sol Lewitt ; le Land art : Richard Long, Robert Smithson.Contact: 05 55 77 08 98.

Du 19 au 31 janvier, Médiathèque municipale, 36, avenue Alsace-Lorraine, Tulle (19).Exposition «F r a n c e - U R S S: 1945-1992. Histoire d’une grande association de connaissance,d’échanges et d’amitié ». Rencontre, vente-signature avec l’auteur Georges Martin, le samedi 31 janvier, à partir de 15h.Proposé par la Médiathèque municipale de Tulle et Amitié-Droujba.Contact: 05 55 20 14 04.

Le 23 janvier, Bibliothèque francophone multimédia, 2, rue Louis-Longequeue,Limoges (87), 20h 30. Un homme ordinaire pour quatre femmes particulières,de Slimane Benaïssa, en présence de l’auteur, par le théâtre de L’imprévu, avec Éric Cénat.Contact: 05 55 45 96 00.

Le 24 janvier, Médiathèque municipale, 24, avenue Carnot, Ussel (19), 18h.«Vernissage animé» de l’exposition «Autour du livre et du tout-petit ».Suite au reportage photographique sur le thème «Autour du livre et du tout-petit »de la photographe clermontoise Jodie Way, exposition des clichés sur les enfants de la Crèche familiale municipale.Proposé par la Médiathèque municipale d’Ussel.Contact: Stéphanie Rellier, 05 55 72 31 47.

Du 2 au 28 février, Médiathèque municipale, 24, avenue Carnot, Ussel (19). « On est tous des personnages» : durant un mois, les enfants pourront découvrir des œuvres plastiques et littéraires et participer à un jeu dont le résultat sera exposédurant la semaine du 23 février.P roposé par la Médiathèque municipale d’Ussel, en collaboration avec Peuple et culture ,relais Artothèque du Limousin, et le Théâtre de la Chélidoine.Contact: Stéphanie Rellier, 05 55 72 31 47.

Du 3 au 28 février, Médiathèque municipale, 36, avenue Alsace-Lorraine, Tulle (19).Exposition « Mémoires ouvrières en Limousin ».Proposé par la Médiathèque municipale de Tulle.Contact: 05 55 20 14 04.

Le 8 février, C e n t re de découverte du Moyen Âge (place du Marchadial), Égletons (19),15h 30. Conférence «Un travail de peinture où la photographie est nécessaire… » :trompe-l’œil / point de vue et perspectives autour des œuvres de Georges Rousse et Thomas Struth (dans le cadre du cycle «Pour voir / tout voir»).Contact: Abbaye Saint-André, Centre d’art contemporain de Meymac, 05 55 95 23 30.

Le 10 février, Théâtre municipal de Brive-la-Gaillarde (19), 20h 30. Ribamballes :spectacle autour du conte et du jonglage, avec Michel Hindenoch (conteur-musicien) et Jean-Marc Hovsepian (jongleur).Tout public, durée: 1h 30.Proposé par la Direction de la culture de Brive-la-Gaillarde.Contact: 05 55 92 38 78.

Pour toute annonce dans le prochain numéro de Machine à feuilles, merci de signaler vos animations (d’avril à juillet 2004)avant le 13 février prochain, à ALCOL-CRLL, 34, rue Gustave-Nadaud, 87000 Limoges, tél. 0 55 57 74 7 49, fax 0 55 51 09 23 1 .

Le 14 février, Médiathèque municipale, 36, avenue Alsace-Lorraine, Tulle (19), 15h 30.Dans le cadre des «Auteurs vivants ne sont pas tous morts», accueil de Pascale Lemée , auteur-metteur en scène.Proposé par la Médiathèque municipale de Tulle, en partenariat avec la Compagniedu Désordre et ALCOL-Centre régional du livre en Limousin.Contact: 05 55 20 14 04.

Le 19 février, Fonds régional d’art contemporain, «Les Coopérateurs», impasse des Charentes, Limoges (87), 18h 30. Conférence de Corinne Domer,dans le cadre du cycle de cours d’histoire de l’art, intitulé « La reproduction et l’œuvre d’ar t ». Les années 1980, appropriation, simulation, critique de la représentation: Elaine Sturtevant, Richard Pettibone, Sherrie Levine,Mike Bidlo.Contact: 05 55 77 08 98.

Du 2 au 24 mars, Médiathèque municipale, 36, avenue Alsace-Lorraine, Tulle (19).« Être, transparaître, disparaître » : exposition de Jacky Chevrier (images numériqueset textes).Vente-dédicace du recueil de poésie de Jacky Chevrier (le samedi 6 mars, à 15h 30).Proposé par la Médiathèque municipale de Tulle.Contact: 05 55 20 14 04.

Du 8 au 14 mars. 6e édition du Printemps des poètes, sur le thème de « L’espoir».Contact: Le printemps des poètes, 01 53 80 08 00.

Du 8 au 20 mars, Médiathèque municipale, 24, avenue Carnot, Ussel (19).•« Après-midi découverte » :- Présentation de la Médiathèque à destination des personnes du troisième âge

(sur réservation).- Exposition «La lecture retrouvée» sur les ouvrages en gros caractères.- Lecture-spectacle par le Théâtre de la Chélidoine.- Présentation d’ouvrages de la maison d’édition Chardon bleu, spécialiste

dans les romans en gros caractères.• Printemps des poètes :- Exposition d’affiches murales (de format abribus) de la maison d’édition

Le bleu du ciel.- « Écriture et peinture » : présentation d’œuvres de l’Artothèque du Limousin.• Pour les enfants des écoles primaires, visites et ateliers proposés par Peuple

et culture durant toute la semaine du 8 mars. Une séance sera ouverte au public(enfants de sept à douze ans) le samedi 13 mars, à 14h 30, dans la Salle Datheilde la Bibliothèque municipale (sur réservation). Durée d’une visite-atelier: 2 heures(animation gratuite).

Proposé par la Médiathèque municipale d’Ussel.Contact: Stéphanie Rellier, 05 55 72 31 47.

Du 9 au 27 mars, Bibliothèque municipale, place Charles-de-Gaulle, Brive-la-Gaillarde (19), du mardi au samedi, de 10h à 12h et de 13h 30 à 18 h(à 17h les samedis). Exposition «Camus: Du dernier mot au premier homme ».Entrée libre.Proposé par la Bibliothèque municipale de Brive-la-Gaillarde.Contact: 05 55 92 39 23.

Le 13 mars, Médiathèque municipale, 36, avenue Alsace-Lorraine, Tulle (19), 15h 30.Dans le cadre du Printemps des poètes, Accueil du Littératour : poésie et musiqueavec Bommenel et monsieur Orange.Proposé par la Médiathèque municipale de Tulle.Contact: 05 55 20 14 04.

Du 13 au 20 mars. 9e Semaine de la langue française et de la francophonie,sur le thème du «Français, une langue qui rapproche».Contact: DRAC du Limousin (Lydie Valero), 05 55 45 66 72.

Le 19 mars, Médiathèque municipale, 24, avenue Carnot, Ussel (19), 20h 30. « Fête de l’Internet: arts et multimédia » : présentation au public du CD réalisé à partir du fonds de cartes postales anciennes d’Ussel de la Médiathèque municipale, au cours d’ateliers multimédia.Proposé par la Médiathèque municipale d’Ussel.Contact: Stéphanie Rellier, 05 55 72 31 47.

Le 21 mars, Centre d’art contemporain, Meymac (19), 15h 30. Conférence «Ni tout à fait peinture, ni tout à fait sculpture, les deux à la fois…» : l’architectureà l’épreuve du dessin autour des œuvres de Sol Lewitt et Felice Varini (dans le cadre du cycle «Pour voir / tout voir»).Contact: Abbaye Saint-André, Centre d’art contemporain de Meymac, 05 55 95 23 30.

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COLLOQUES /FORMATIONSCALENDRIER

Le 25 mars, Fonds régional d’art contemporain, «Les Coopérateurs», impasse des Chare n t e s ,Limoges (87), 18h 30. Conférence de Corinne Domer, dans le cadre du cycle de cours d’histoire de l’art, intitulé « La reproduction et l’œuvre d’art ».Depuis les années 1990, pratiques de l’appropriation et du « remake» dans le cinémaet la vidéo: Douglas Gordon, Pierre Huygue, Jean-Luc Godard… (avec des projectionsd’extraits de vidéos).Contact: 05 55 77 08 98.

Le 27 mars, Médiathèque municipale, 36, avenue Alsace-Lorraine, Tulle (19), 15 h 30.Dans le cadre des « Auteurs vivants ne sont pas tous mort s », accueil de Richard Millet,écrivain.Proposé par la Médiathèque municipale de Tulle, en partenariat avec Les 7 collines, la Compagnie du Désordre et ALCOL-Centre régional du livre en Limousin.Contact: 05 55 20 14 04.

Sachez également que le calendrier 2004 des fêtes et salons du livre en Limousin sera très prochainement disponible auprès d’ALCOL -Centre régional du livre en Limousin. Vous pourrez vous le procurer en contactant Marie-Laure Guéraçague, au 05 55 77 49 77.

Les 12 et 13 janvier et les 2 et 3 février, Bibliothèque départementale de prêtde la Creuse, Guéret (23). Formation sur « La gestion d’une bibliothèque en milieu ru r a l»,animée par Michèle Plaze.Réservé en priorité aux bibliothécaires bénévoles et professionnels de Creuse.Proposé par la Bibliothèque départementale de prêt de la Creuse.Contact: 05 44 30 26 26.

Du 14 au 16 janvier, Jaunay-Clan (86). « Les aspects économiques et financiers» :la lecture des comptes (bilan, compte de résultat) et les indicateurs financiers (fonds de roulement, besoin en fonds de roulement, trésorerie).Niveau requis: cette session concerne plus particulièrement des administrateurs en poste ayant le souci d’approfondir leurs connaissances.Intervenant: Thierr y Lucas.Proposé par Premier’acte.Contact: 05 49 88 07 20.

Les 22 et 23 janvier, Bibliothèque départementale de prêt de la Corrèze, Tulle (19).Cycle acquisitions 1 : « La littérature S-F et fantasy », avec Stéphane Manfredo,conseiller littéraire.Destiné aux responsables salariés ou bénévoles du réseau de la BDP de la Corrèze.Proposé par l'Association des amis de la BDP de la Corrèze.Contact: Michèle Vergne, 05 55 29 96 40.

Les 23 et 24 janvier, Médiathèque municipale, Ussel (19), 15h 30. Formation « Autour du livre et du tout-petit » ; sensibilisation sur l’importance du livrechez les tout-petits, par Jocelyne Lassagne.Ouvert au public (le 23 janvier) et destiné aux assistantes maternelles municipales (le 24 janvier).Proposé par la Médiathèque municipale d’Ussel.Contact: Stéphanie Rellier, 05 55 72 31 47.

Les 24 et 25 janvier, Lyon (69). «É c r i re une nouvelle» : la nouvelle est une fiction brève,destinée à toucher le lecteur par la révélation d’un secret inaccessible et cependant visible,à la manière de La Lettre volée, d’Edgar Allan Poe. La diversité des émotions susceptiblesde l’engendrer est gage de liberté pour l’auteur. Mais comment passer de ce «g e rme émotif»à un objet composé pour le lecteur, comment se situer par rapport aux diff é rents typesde nouvelles? Au cours de ce stage, chaque participant écrit une nouvelle complète.Proposé par l’ALEPH.Contact: Fabienne Swialty, 04 78 71 01 04.

Le 25 janvier, Paris (75). « Journée découverte » : vous écrivez un journal, recourez occasionnellement à l’écriture pour vous délivrer d’un tourment ou inventerune fiction. Vous rêvez d’aller plus loin en rencontrant des personnes qui partagent le même goût de l’écriture que vous. Vous vous doutez bien que l’expérience de l’atelier est la seule façon de découvrir de l’intérieur ce qu’elle peut vous apporter,d’entrer dans la démarche et de vous situer. Et si vous essayiez?Proposé par l’ALEPH.Contacts: Claire Lecœur, 01 46 33 01 79, Laurence Soubrick, 01 46 34 24 27.

Les 30 et 31 janvier, dans la Loire (42). «É c r i t u re autour des vins de Loire et d’ailleurs» :écrire et déguster des mots et des vins au plus près des sensations. Le vin, pour y tremper sa plume et se souvenir de ceux que l’on a bus. Les mots, pour écrirecelui qu’on a en bouche, jouer au néophyte avec des paroles à boire. La complicitéd’un œnologue permettra d’expérimenter ces mots du vin.Proposé par l’ALEPH.Contacts: Claire Lecœur, 01 46 33 01 79, Laurence Soubrick, 01 46 34 24 27.

Les 31 janvier et 1e février, Paris (75). «Commencer la poésie ».Écrire — l’acte d’écrire la poésie —, ça commence où? Quand? Comment ?Est-ce que ça ne commence jamais? Ou est-ce que c’est sans fin? Cet atelier proposedes réponses pour aider à trouver un lieu et une formule poétique. Comment passerde l’expression de soi, de son rapport au monde et à la poésie, à une configuration de mots «finis», c'est-à-dire à une forme qui traduise l’infini du poème ?Proposé par l’ALEPH.Contacts: Claire Lecœur, 01 46 33 01 79, Laurence Soubrick, 01 46 34 24 27.

Du 4 au 6 février, Villeurbanne (69). «P r é p a rer et conduire un projet en bibliothèque(module 2) » : après un travail d’analyse des étapes parcourues et des complémentsd ’ i n f o rmation éventuels, le second séminaire permet aux stagiaires d’aborder d’une partla question de la gestion des situations imprévues, et d’autre part les modalités de suiviet de bilan du projet (la communication interpersonnelle, la gestion des situations de crise,les dispositifs de régulation et de pilotage, les diff é rents bilans : but, démarches, outil).Proposé par l’ENSSIB (formation continue).Contact: Joël Da Sylva, 04 50 09 70 62.

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COLLOQUES /FORMATIONS COLLOQUES/FORMATIONS

Pour en savoir plus sur…• Des annonces de formations et de concours: www.limousin.culture.gouv.fr.•Le plan régional de développement des formations: www.carif-limousin.net.• Les annonces de concours au Journal officiel : www.legifrance.gouv.fr.• Les calendriers des concours d’État, les conditions d’accès: www.fonction-publique.gouv.fr.• Les concours de la Fonction publique territoriale: www.cnfpt.fr.•Les concours, les organismes de formation, les formations: www.abf.asso.fr.

Signalons aussi…• Le calendrier des concours d’État des bibliothèques et des sessions de préparation est disponible

auprès du Centre interrégional des métiers du livre et de la documentation (CIRMLD) de l’Université de Poitiers (86).Contact: Élisabeth Deniau, 05 49 45 33 73.

• Un annuaire des formations Internet en Limousin est disponible auprès de l’Agence régionale de développement (ARD).Contact: 05 55 45 18 10 (site Internet: www.acti-limousin.net).

• Le calendrier des stages, formations sur «Les ateliers d’écriture » de l’ALEPH est disponible.Contact: ALEPH Atlantique, 05 46 67 36 06 (site Internet: www.aleph-ecriture.fr).

•À Clermont-Ferrand (63), signalons le diplôme «Métier des arts et de la culture et métiers du livre et multi-supports».Proposé par l’Université Blaise-Pascal, Institut universitaire professionnalisé.Contact: 04 73 40 64 38.

•Toujours à Clermont-Ferrand (63), a été créé un DESS «Création éditoriale».Proposé par l’Université Blaise-Pascal, Département des métiers du livre.Contact: 04 73 40 61 52.

Le 11 mars, Bibliothèque départementale de prêt de la Creuse, Guéret (23).Formation sur « La lecture à voix haute », animée par Daniel Fatous.Réservé en priorité aux bibliothécaires bénévoles et professionnels de Creuse, ainsi qu’aux documentalistes.Proposé par la Bibliothèque départementale de prêt de la Creuse.(Cette formation fait suite à un stage sur le même thème organisé par Lire en Creuse,ouvert aux adhérents de cette association et en priorité aux animateurs de maisonsde retraite).Contact: 05 44 30 26 26.

Le 18 mars (sous réserve), Bibliothèque départementale de prêt de la Creuse,Guéret (23). Rencontre avec les documentalistes et bibliothécaires et formation sur « La vidéo pour la jeunesse », animée par la Joie par les livres.Réservé en priorité aux bibliothécaires bénévoles et professionnels de Creuse.Proposé par la Bibliothèque départementale de prêt de la Creuse.Contact: 05 44 30 26 26.

Les 22 et 23 mars, Bibliothèque départementale de prêt de la Corrèze, Tulle (19).Cycle acquisitions 2 : « Les documentaire s», avec un intervenant du Cabinet Nicole-Lard e re t .Destiné aux responsables salariés ou bénévoles du réseau de la BDP de la Corrèze.Proposé par l'Association des amis de la BDP de la Corrèze.Contact: Michèle Vergne, 05 55 29 96 40.

Du 9 au 13 février, Jaunay-Clan (86). « Promotion et développement de projetsartistiques » : les participants sont invités à apporter l’ensemble de leurs supports de communication. Un travail personnalisé à partir de ces cas concrets permettra de structurer la semaine :• Connaissance des différents médias et leur fonctionnement.•Les règles de communication visuelle: la conception d’un cahier des charges

des supports de communication.•Promotion nationale et de proximité.• Définition des objectifs et mise en place du plan médias.• Évaluation de la durée de l’action.Intervenante: Catherine Champagne, responsable de communication de plusieurslabels (musique actuelle) et festivals internationaux, chargée de développement de carrières d’artistes.Proposé par Premier’acte.Contact: 05 49 88 07 20.

Le 10 février, Bibliothèque départementale de prêt de la Corrèze, Tulle (19).«Accueillir un auteur », avec Marie-Laure Guéraçague, directrice d’ALCOL-Centre régional du livre en Limousin.Destiné aux responsables salariés ou bénévoles du réseau de la BDP de la Corrèze.Proposé par l'Association des amis de la BDP de la Corrèze.Contact: Michèle Vergne, 05 55 29 96 40.

Du 16 au 18 février, Bordeaux (33). « Écrire en situation professionnelle » :ce module initial est ouvert à ceux qui souhaitent découvrir l’atelier d’écritureprofessionnelle, redynamiser leur rapport avec l’écriture, réactualiser leurs acquis,restituer aux situations d’écriture professionnelle leur richesse de sens et d’enjeux. Il permet à chacun de réfléchir à son rapport avec l’écriture et de reconnaîtreles principales dimensions de la communication écrite.La démarche articule implication, déblocage et appropriation des techniques de base.Proposé par l’ALEPH.Contact: Catherine Berthelard, 05 46 67 36 06.

Du 16 au 19 février, Paris (75). « Jeux d’écriture » : ce stage propose d’aborder le langage sans aucun esprit de sérieux. Chacun invente et produit pour le plaisir des formes, des sens, des phrases, des récits originaux, insolites, cocasses,poétiques…Proposé par l’ALEPH.Contacts: Claire Lecœur, 01 46 33 01 79, Laurence Soubrick, 01 46 34 24 27.

Du 16 au 20 février, Paris (75). «Autobiographies » : ateliers proposant de parcourir le chemin, essentiel à toute écriture, qui va de l’émotion brute à l’élaboration qui permet seule d’atteindre le lecteur. Qu’il s’agisse surtout de «chercher ce qui fait sens et nécessité pour chacun» de se perdre et de renaîtreen s’inspirant, grâce aux «rêveries» de Rousseau, des pratiques du «consolamentum»,ou encore de s’inter roger sur les raisons et les façons de garder traces et de transmettre «une vie singulière, la sienne ou celle d’un proche», nuances d’approche dont rend compte la présentation détaillée de chacun de ces stages (disponible sur simple demande).Proposé par l’ALEPH.Contacts: Claire Lecœur, 01 46 33 01 79, Laurence Soubrick, 01 46 34 24 27.

Du 16 au 20 février, Paris (75). «Écrire un recueil de contes ». D’abord transmit de bouche à oreille, le conte est aussi devenu une affaire de littérature : un récitspécifique. Au-delà du problème du destinataire enfant / adulte, la question posée au cours du stage est la suivante: de quels contes avons-nous besoin pour vivreaujourd’hui ?Le stage propose différentes ouvertures. Chacun commence à ouvrir un chantierpersonnel d’écriture de conte.Proposé par l’ALEPH.Contacts: Claire Lecœur, 01 46 33 01 79, Laurence Soubrick, 01 46 34 24 27.

Les 16 et 17 février et 24 et 25 mai, Bibliothèque départementale de prêt de la Creuse, Guéret (23). Formation sur « La mise en valeur des collections d’une bibliothèque », animée par Françoise Bovier-Lapier re.Réservé en priorité aux bibliothécaires bénévoles et professionnels de Creuse.Proposé par la Bibliothèque départementale de prêt de la Creuse.Contact: 05 44 30 26 26.

Les 21 et 22 février, Théâtre de la Grange, Brive-la-Gaillarde (19). Stage d’écriture.Proposé par le Théâtre de la Grange.Contact: 05 55 86 13 81.

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Soutien à l’édition: bilan 2003Pour l’année 2003, les commissions «S a v o i r s» et «C r é a t i o n» d’ALCOL-CRL en Limousinse sont réunies lors de deux sessions de printemps (mars) et d’automne (septembre ) .Elles ont examiné quarante-cinq manuscrits présentés par vingt-trois éditeursd i ff é rents. Trente-deux manuscrits ont reçu un avis favorable. À la suite de ces avis,le montant total des aides financières accordées en 2003 par la DRAC et le Conseil régional du Limousin est de 167601,00 .Voici les ouvrages et /ou les éditeurs ayant reçu un soutien de la DRAC ou du Conseil régional du Limousin :•« Savoirs».

-Arcana imperii (IVe-XIe siècle), d’Olivier Guillot, PULIM (Presses universitairesde Limoges) (à paraître).

- Revue Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin ( n °1 3 1 ) ,(à paraître).

-De Prométhée à la machine à vapeur, d’Aline Le Ber re, PULIM (Pressesuniversitaires de Limoges) (à paraître).

-D i c t i o n n a i re occitan-français, d’Yves Lavalade, Éditions Lucien-Souny, 20,00 .-Une histoire de Limoges / A history of Limoges, de Jean-Marc Fer rer et Philippe Grandcoing, Éditions Culture & Patrimoine en Limousin, 2003, 21,00 .

-Ardoises et ardoisières: Pays de Corrèze, photographies de Patrick Fabre,texte de Georges Chatain, Éditions Culture & Patrimoine en Limousin, 2003, 39,00 .

-Léon Jouhaux: Le Magicien de l’émail, 1874-1950, de Pascale Nourisson,Éditions Lucien-Souny, 2003, 40,00 .

- Revue Mémoires de la Société des sciences naturelles, archéologiques et historiques de la Creuse (tome 48), 2003, 22,00 .

-La Nature dans tous ses états : Uranium, nucléaire et radioactivité en Limousin,de Philippe Brunet, PULIM (Presses universitaires de Limoges) (à paraître).

-Negotium et otium des administrateurs «moyens» du Royaume de France(X Ve-X I Xe s i è c l e ), sous la direction de Michel Cassan, PULIM (Presses universitaire sde Limoges) (à paraître).

-Les Ordres religieux au Moyen Âge, Éditions Les Monédières (à paraître).-Les Relations entre la poésie hispano-arabe et celle des premiers tro u b a d o u r sd’Aquitaine, d’Alois Richard Nykl, traduit de l’anglais par Maïca Sanconie,Carrefour Ventadour (à paraître).

-La Sculpture romane en Bas-Limousin, d’Évelyne Proust, Éditions Picard (à paraître ) .- Revue Travaux d’archéologie limousine (tome 23), Association des antiquitéshistoriques du Limousin, 2003, 24,40 .

-Le Triomphe de l’Espagne catholique à la fin du Moyen Âge: Écrits et témoignages,de Béatrice Leroy, PULIM (Presses universitaires de Limoges) (à paraître).

-Le Turc et le chevalier, de Didier Delhoume, Éditions Culture & Patrimoineen Limousin (à paraître).

• «Création».- Bestiari lemosin, de Marcela Delpastre, Edicions dau Chamin de Sent-Jaume(à paraître).

- Revue Cahiers Robert - M a rg e r i t ( n °7), Association des amis de Robert Marg e r i t(à paraître).

-Dictionnaire des mythes du fantastique, sous la direction de Pierre Brunelet Juliette Vion-Dur y, PULIM (Presses universitaires de Limoges) (à paraître).

-É c r i re la fro n t i è re, sous la direction de Nathalie Mart i n i è re et Sophie Le Menahèze,PULIM (Presses universitaires de Limoges) (à paraître).

-Glanage, photographies de Dominique Kermène, et Le vieux maître, roman de Christian Viguié, Éditions Le bruit des autres et Galerie L’œil écoute, 2003, 15,00 .

- Revue F r i c h e s : Cahiers de poésie vert e ( n °83), 2003, 12,00 .-HERBES: Ou ces plantes dites «mauvaises », de Gilles Clément et Dom et Jean Paul Ruiz, édité par Jean Paul Ruiz, 2003, 490,00(13,00 pour l’édition en petit format).

- Jeu de pliage, de Ferdinand Cœur, Association des amis du Père Castor (à paraître ) .- Jos lo signe de Sent Frances, de Renat-Gabrieu Pujos, Edicions dau Chaminde Sent-Jaume (à paraître).

- Jules Sandeau: Le premier romancier académicien, de Brigitte Guinot,PULIM (Presses universitaires de Limoges) (à paraître).

- Revue L’Indicible frontière (n°6), L’indicible frontière (à paraître).-Reste dans mon épaule, de Kalouaz, Éditions Le bruit des autres et le Festival de la correspondance de Grignan, 2003, 10,00 .

- R i b a m b e l l e, de Nathalie Parain, Association des amis du Père Castor (à paraître ) .-Si un jour: Ou le livre des Reconnaissances, de Bernard Montini, Éditions Le bruit des autres, 2003, 7,50 .

-Tapis volant, de Bilibine, Association des amis du Père Castor (à paraître).-Univers comics: La Cote officielle des comics en français : Le Répert o i re 2003,Univers comics, 2003, 7,00 .

Coquelicontes 2004La 8e édition du festival itinérant du conte en Limousin, Coquelicontes,o rganisé par ALCOL-CRL en Limousin et les bibliothèques départementales de prêtde la région, se déroulera du 3 au 16 mai 2004. Au programme, les conteurset conteuses Gilles Bizouerne, Monica Burg, Victor Cova Correa, Nicole Dumez,Patricia Gaillard, Kamel Guennoun, Nordine Hassani, Salim Hatubou, Yannick Jaulin,Frédéric Naud, Christèle Pimenta, Marielle Rémy, Pierre Rosat et la Compagnie Le p’tit piano sans bretelles.Contact: ALCOL-CRLL, tél. 05 55 77 49 99.

Développement culturel en milieu carcéralMême si les actions menées sont peut-être moins visibles «de l’extérieur »que par le passé, le travail d’ALCOL-CRLL en direction des établissementspénitentiaires se poursuit bel et bien, la priorité de ces deux dernières annéesétant allée à un travail de fond, alliant réflexion, consultation et (re)mise en placede partenariats — l’objectif étant à terme l’élaboration de véritables projetsculturels d’établissement au sein de chacune des quatre prisons du Limousin(maisons d’arrêt de Guéret, Limoges et Tulle et Centre de détention d’Uzerc h e ) .Une vaste consultation des détenus, du personnel pénitentiaire et des acteursculturels concernés, menée par ALCOL-CRLL fin 2002, avait ainsi permis de mettre à jour les préoccupations, attentes et possibilités de chacun en matière de culture, le compte-rendu de cette enquête et des pistes de travailen découlant figurant dans un document de travail diffusé auprès des intére s s é sdébut 2003. Suite à cela, et ainsi que prévu par le protocole de coopérationsigné en 2001 par la DRAC du Limousin, la Direction régionale des servicespénitentiaires de Bordeaux et ALCOL-CRLL, la commission annuelle réunissantles part e n a i res susnommés a pu définir les axes de travail pour l’année en cours:remise à jour des conventions liant les établissements pénitentiaires aux bibliothèques de lecture publique dont ils dépendent ; continuation des actionsponctuelles de programmation culturelle (dans le cadre de Lire en fête, de Coquelicontes et en réponse à toute sollicitation des établissements dans ce domaine); travail à la mise en place d’ateliers de pratique culturelle ;mise en place de nouveaux partenariats et réflexion sur les actions à meneren direction du «milieu ouver t » (personnes non détenues mais placées sous main de justice).En l’état actuel des choses :•Toutes les conventions évoquées ont été revues (signées à Limoges et à Tu l l e;

en cours de signature à Guéret et à Uzerche).• Des spectacles ont eu lieu dans chaque prison pour Coquelicontes et Lire en fête

(à l’exception de la Maison d’arrêt de Limoges où un atelier BD, animé par Farid Boudjelal, a été proposé sur une semaine par la BFM de Limoges).La venue d’écrivains dans le cadre des «Auteurs vivants ne sont pas tous mort s»est par ailleurs prévue, de même que l’organisation d’un concert pour la fêtede Noël de la Maison d’arrêt de Tulle.

• Un atelier arts plastiques a débuté à Uzerche, animé par Chrystèle Lerisse ;un atelier théâtre, animé par Véronique Lafont, débutera en février au quartier hommes de la Maison d’arrêt de Limoges et un atelier d’écritureest en projet à la Maison d’arrêt de Tulle.

•L’extension de la convention liant l’Antenne Limousin du Printemps de Bourg e sà la Maison d’arrêt de Limoges pour la programmation musicale de l’établissement est à l’étude pour les trois autres prisons de la région.

•Après une première prise de contact cet été, une réunion devrait se tenird’ici à la fin de l’année afin d’informer les structures culturelles le désirant( t h é â t res, associations, festivals…) sur les modalités d’accueillir ponctuellementdes TIG (travailleurs d’intérêt général) dans leur équipe.

Avec qui et comment mettre en œuvre un projet culturel à l’hôpitalUne brochure Culture à l’hôpital vient d’être publiée en soutien à tous ceux qui désirent mettre en place un projet culturel en milieu hospitalier.Ce guide pratique est à votre disposition auprès d’ALCOL-CRLL, tél. 05 55 77 49 77.

Les acteurs du livre en Limousin: journée interprofessionnelleLe lundi 5 avril prochain, ALCOL-CRLL propose aux professionnels du livrede se retrouver pour débattre et aborder tous les enjeux du livre aujourd’hui.Éditeurs, bibliothécaires, documentalistes, libraires, part e n a i res institutionnels,j o u rnalistes, associations de lecteurs, organisateurs de salons… sont concern é spar cette rencontre qui sera la première de ce type organisée en Limousin.Contact et inscriptions: ALCOL-CRLL, tél. 05 55 77 47 49.

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Visite de trois nouvelles médiathèques en Haute-VienneLa Bibliothèque départementale de prêt (BDP) de la Haute-Vienne a organiséle 25 septembre dernier une journée consacrée à la visite des médiathèquesde Bussière-Galant, Saint-Laurent-sur-Gorre et Rochechouart. Une trentaine de participants a été chaleureusement accueillie par les responsables de ces tro i snouveaux équipements, en présence des maires de leur commune d’implantation.Le premier rendez-vous était fixé à la Médiathèque intercommunale de Bussière - G a l a n t ,où la visite a été conduite par sa responsable, Armelle Sauret, accompagnéede madame le Maire et du directeur de la Communauté de communes des Monts de Châlus. Cet équipement, d’une superficie de 346m2, a ouver tses portes en juillet 2003. Il offre, sur deux niveaux, pour tous les publics,8500 documents (livres, périodiques, documents sonores, audiovisuels et multimédia). Implanté dans un bâtiment ancien qui abritait la mairie et les écoles, cet espace privilégie la convivialité grâce à l’utilisationnotamment des essences de bois de la région. Si le projet de mise en placed’un réseau intercommunal de lecture sur la Communauté de communes des Monts de Châlus apparaît comme une priorité, la Médiathèque devrait par ailleurs proposer très prochainement un centre de documentation sur le châtaignier et mettre en place une animation d’heure du conte.La visite a ensuite conduit le groupe à la Médiathèque intercommunale de la Va l l é ede la Gorre où nous attendait sa responsable, Isabelle Cabane, en compagnied’un élu de la Municipalité. Ouverte en avril 2003, cette médiathèque, d’une superficie de 292 m2, organisée sur deux niveaux, a vocation à accueillirou desservir les 4400 habitants des six communes appartenant à la Communautéde communes. Une collection de 5800 documents (livres, périodiques, documentssonores, audiovisuels et multimédia) est proposée à un public déjà nombreux.Implantée dans une ancienne boulangerie, cette réhabilitation privilégie un cadreo u v e r t très lumineux, les usagers bénéficiant, grâce à une immense baie vitrée,d’une vue splendide sur la Gorre qui coule en contrebas. La Médiathèque s’ouvresur un petit jardin permettant d’offrir des animations en plein air aux beaux jours.Trois postes multimédia permettent la consultation gratuite de CD-ROM et l’accèsà Internet. La Médiathèque a pour projet la mise en place de cours du soird’initiation à l’informatique pour les adultes, et la bibliothécaire souhaiteproposer très bientôt des animations en direction des pensionnaires de la Maison de retraite.L’après-midi était réservée à la visite de la Médiathèque Antoine-de-Saint-Exupéryde Rochechouart. Elle a été conduite par sa responsable, Isabelle Auriac,accompagnée de monsieur le Maire. La Médiathèque, d’une superficie de 282m2

sur deux niveaux, a ouvert ses portes en septembre 2002 et re n c o n t re déjà un vifsuccès — plus de mille inscrits, soit près du tiers des habitants de la commune —,grâce notamment à une off re documentaire très diversifiée (livres, périodiques,documents sonores, audiovisuels et multimédia) qui devrait proposer à terme11000 documents. Implantée dans l’ancienne halle de la gare, son projetarchitectural a permis une réhabilitation associant la pierre, le bois et le verreet a su préserver toutes les caractéristiques du bâtiment d’origine. L’espacemultimédia, déjà labellisé «Espace public numérique» est un de ses points fort s .Son responsable, François Léger, a brossé un tableau des activités qui y sontproposées: initiation et perfectionnement à la bureautique, à l’utilisation des CD-ROM et d’Internet, séances de jeux en réseau… Des partenariats se sont déjà mis en place avec les associations de la commune, le Muséed é p a rtemental d’art contemporain et le Parc naturel régional. De nouveaux pro j e t ssont envisagés: développement de l’espace multimédia avec label «Point public multimédia», nombreuses animations et expositions.Fruit de la volonté des élus locaux de proposer des équipements implantés au plus près des habitants des communes rurales du département, ces médiathèques sont des exemples tout à fait remarquables d’offre de lecture publique. Outre leur exceptionnelle qualité architecturale,chacun a pu apprécier la diversité et l’excellence des services offerts au public, tant du point de vue de l’offre documentaire que des activités.

Musicociné: musique et cinéma dans les bibliothèques de CorrèzeLa Bibliothèque départementale de prêt (BDP) de Corrèze et l’Association des amis de la BDP ont décidé, à l’occasion de Lire en fête 2003, de décliner le thème «Musique et cinéma» afin de mettre en place une animation inédite dans la vie culturelle du département.Pour refléter la diversité de ce thème, elles ont proposé, du 4 au 27 novembre ,une multitude d’animations: expositions, ciné-concerts, projections,conférences, ateliers, avec de nombreux invités, notamment Philippe Rombi,f i g u re montante de la musique de film en France et Hakim Bentchouala-Golobitch,musicien, compositeur et interprète de musiques de films.

« 1, 2, 3… nous irons au bois: livres et petite enfance »Une expérience exemplaire de coopération entre bibliothèques municipalesDepuis longtemps, les bibliothèques ont été sensibilisées à l’importance du rôledu langage dans l’éveil des tout-petits grâce aux découvertes des linguistes et des psycholinguistes.L’association ACCES s’est fait le relais de ces travaux et se préoccupe depuis vingt ans de transmettre aux personnes en relation avec la petite enfance( b i b l i o t h é c a i res, PMI…) le résultat de leurs expérimentations, nouvelles pratiqueset réflexions.Peu à peu, le monde des bibliothécaires a donc intégré ces recherches à ses pratiques professionnelles et ouvert ses établissements aux bébés lecteurset à leurs parents.C’est dans cette perspective que huit bibliothèques municipales de la Haute-Vi e n n ese sont unies pour mettre en place une série d’animations communes et itinérantes s’intitulant «1, 2, 3… nous irons au bois : livres et petite enfance » .Afin d’aider parents, grands-parents, assistantes maternelles, enseignantsdans la découverte des livres pour les tout-petits, a été proposé un programme autour des comptines, formulettes et jeux de doigts sous la forme d’une exposition interactive réalisée par Élisabeth Devos, de l’Atelier 5: «Comptines et histoires pour les tout-petits».Cette mise en espace de livres, jeux et objets a circulé de mai à novembre 2003de Rochechouart à Saint-Méard en passant par Saint-Léonard-de-Noblat,Châteauneuf-la-Forêt, Ambazac, Saint-Yrieix-la-Perche, Le Palais-sur-Vienne ou Bussière-Galant.Une rencontre-débat s’adressant aussi bien aux professionnels qu’aux parentsétait également au programme. Dominique Rateau, chargée de mission Livres-Petite enfance au Centre régional des lettres d’Aquitaine, est intervenuesur le thème «Lire des livres aux tout-petits: pourquoi? Comment ?»Il reste à noter que ces animations ont pu se dérouler dans de bonnes conditionsgrâce à l’implication de la Municipalité de Saint-Léonard-de-Noblat qui a assuréla gestion financière de l’ensemble de l’opération sur le département. La Caisse d’allocations familiales de la Haute-Vienne, la DRAC du Limousin, la Direction régionale jeunesse et sports ainsi que l’ensemble des villes ont participé financièrement.Le Conseil général de la Haute-Vienne, à travers la Bibliothèque départ e m e n t a l ede prêt (BDP), a pour sa part assuré la mise en place et le financement d’un volet formation destiné aux professionnels des bibliothèques de son réseauet de la petite enfance du département.Ces animations ont connu un formidable succès auprès des tout-petits et de leurs parents.Mais les animations continuent… tout au long de l’année !

Tapage de plumes: re n c o n t res d’auteurs au bar-brasserie Le goussetVincent Gloeckler, qui dirige la Librairie Page et plume à Limoges, organise depuis plusieurs semaines des soirées littéraires se déroulant au bar-brasserie Le gousset (41, rue des Combes, à Limoges). Ces Tapages de plumes ont permis aux lecteurs et citoyens attentifs de re n c o n t re rRodrigo de Zayas en septembre, François Perche en octobre, Serge Joncour et Mathieu Belezi en novembre. À suivre dans les prochains mois: une soiréesur la littérature d’Amérique latine, une autre sur le renouveau de la jeune poésieféminine et des re n c o n t res avec François Bon, Pierre Bergounioux ou Claude Ponti.Contact: Vincent Gloeckler, Librairie Page et plume, 4, place de la Motte, 87000 Limoges, tél. 05 55 34 45 54.

Lire en fête en LimousinFranc et habituel succès pour Lire en fête en Limousin avec plus d’une centaine de manifestations, organisées souvent dans les bibliothèques(plus de trente d’entre elles ont participé) mais aussi dans les librairies, les établissements scolaires, hospitaliers et pénitentiaires…Lire en fête, c’est souvent l’occasion d’entendre des textes et de rencontrer des auteurs. Beaucoup de lectures en public ont été couronnées de succès,mais aussi des spectacles de conte ou de théâtre. À noter que la poésie d’aujourd ’ h u iétait bien mise en valeur cette année, avec le vingtième anniversairedes Éditions La main courante, dirigées par Pierre Courtaud à La Souterraine,une exposition des ouvrages des Éditions Rougerie à la Librairie Anecdotes, à Limoges, et des lectures publiques par des poètes: Christian Viguié à Limogeset Jean-Pierre Thuillat à Saint-Yrieix-la-Perche, parmi beaucoup d’autres.Ateliers de création, fêtes du livre (comme à Fursac), expositions ou cinémaont aussi participé de cette grande fête du livre nationale.

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Comme toujours et sans doute à jamais, le conte ne trouve pas de définition. Ça et là, au cœur du dossier qui suit, vous entendrez parler,associés ou se substituant au terme de conte, ceux de parole, de récits, d’arts du récit et/ ou de la Parole, d’oralité, de spectacle vivant. Et ça et là, de la même manière, on en profitera pour vous dire ce qu’est le conte et ce qu’il n’est pas,d’où il vient et ce qu’il est devenu, ce qu’il doit êtreou ne pas être (au fait : Shakespeare, Le Conte d’hiver,c’en est ou c’en n’est pas?). Une définition, quoi. Sauf que personne ne parvient à s’accorder sur celle-ci.D’accord, pas d’accord, chacun des rédacteurs de ce numéro possède sa (non-)définition du conte,qui se croise parfois avec celle d’un autre, qui s’opposesouvent à celle du voisin, pourtant tout aussi« spécialiste» que lui. Nous, nous n’en avons pas.Pire, nous n’en cherchons pas, jugeant que toutes les interprétations sont bonnes à direet à entendre — à l’instar de celles d’un conte, tiens.L’essentiel est évidemment que le conte existe, vive,dans toutes ses formes, langues et langages, au hasard d’une discussion au coin d’une ruejusqu’à une scène de théâtre, avec son régisseur et son metteur en scène. Et le conte vit, très bien,merci pour lui; il grandit même, se développe,s’émancipe, quel qu’il soit et où qu’il soit, d’un théâtre en Afrique ou au Québec jusqu’au coin de rue d’un village du Limousin. Il a une importance sociale ou politique ici, là pédagogique ou psychanalytique, culturelle ou de simple divertissement (c’est important, mine de rien, le divertissement), et ceci selon le lieuoù il est dit ou lu, le contexte historique ou géographique, selon surtout ce que vit, ce qu’est,intimement, la personne qui l’entend ou le lit.L i re — ça y est, le mot est lâché. Parce que c’est vrai,si nous n’en avons (cherchons) pas de définition,nous avons du moins une réelle légitimité, en tant que Centre régional du livre, à nous préoccuperdu conte, à participer entre autres à l’organisationd’un festival et à y consacrer un numéro si importantde Machine à feuilles. Légitimité d’abordpuisque quelques-uns de nos partenaires privilégiésdans le travail que nous menons à l’année sont les bibliothèques, et que quelque vingt ans en arrière, ce que l’on a coutume d’appeler « le renouveau du conte» s’est fait avec, et, en grande partie, grâce aux bibliothèques. Légitimité surtout parce que le conte, une parole,n’existent pas seulement pour être dits devant un public. Ils doivent être avant touttransmis, à l’enfant comme à l’adulte, au quidam comme à l’averti, dans le présent comme pour

l ’ a v e n i r. Et le livre est un vecteur incontournable de cette transmission, en tant que source inépuisabledu répertoire des conteurs d’aujourd’hui et demain,en tant que support «physique» d’un parent, d’un instituteur ou d’un bibliothécaire face aux ore i l l e ssans concession à qui l’histoire est donnée, en tant aussi qu’outil de diffusion d’une création.Car, qu’on se le dise, le conte est un genre littéraireà part entière. De plus en plus de maisons d’éditionouvrent une collection «conte», des individus ou des stru c t u res travaillent, via souvent le collectage,à préserver une mémoire en la figeant sur papier.Et beaucoup de conteurs ne se «contentent» pas de reprendre ou réécrire des histoires issues de la tradition populaire, ils en écrivent, les leurs, à leur manière et avec leur écriture, ils sont auteurs,tout simplement. Quand, chez le même éditeur ou dans la même collection, d’autres contes sont publiés, écrits par d’autres auteurs, qui, eux, ne les diront jamais. Mais rien de bien nouveau, pour tout dire — d’autres et des plus illustres l’ont fait avant ceux-là, et pas seulement les Grimm,Perrault ou Andersen. Citons pour exemple :Diderot, Voltaire, Daudet, Maupassant, Nerval, Sand,Balzac, Hoffmann, Poe, Wilde, Kipling, Dickens, Stoker,Fitzgerald, Conan Doyle…Maintenant, on peut toujours se demander si c’était biendu conte, tout ça. C’est vrai, ça reste à définir…

«On ne donne rien à personne qu’il n’a déjà en lui. »

Nacer Khemir,sur http://www.assodide.com,

site Internet d’Association d’idées.

Av a n t - p ro p o s

Par Franck Villemaud.

« MONSIEUR LE CONTEUR, VOUS PARLEZ COMME UN LIVRE ! »

La Renard e. «La Renarde était une fée qui demeurait loin, bien loin, de l’autre côté de la montagne.»Image: © Maria Jalibert.

Et puisqu’un livre de contes est souvent illustré, nous nous sommes dit que ce dossier gagnerait à l’être aussi. C’est pourquoi nous avons demandé à huit dessinateurs et / ou illustrateurs du Limousind ’ i l l u s t rer pour nous un passage du conte La Renard e,dont vous trouverez le texte intégral de la page28 à la page 32 de ce numéro. Et pour en savoir plus sur les auteurs de chaque dessin,rendez-vous aux pages 60 et 61.

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CLEF D’UN AUTRE MONDE

humaines, et avec elles, leurs langues. Un peupleperdant sa langue, perd son être. Comment raconterquand une langue ne parle plus, réduite au silence,faute de locuteurs? C’est ce que savait Thomas. Ce que vit Abakar. Être dans la vie. C’est sans doutece que ne doivent pas oublier les artistes du Nord.Rester dans la vie. Voilà une carte blanche qui commence par un deuil. Et c’est de mémoirequ’il s’agit. Mille saluts à toi, Thomas.

21 octobre. Du patrimoine immatériel.Voici ce qu’écrit Philippe Krumm, à propos de la musique traditionnelle sous le titre« Tradition en vente libre »1 : «Il y a une manièreassez simple de devenir un véritable compositeur,éditeur, membre de la SACEM ou de la SACD,“auteur” de splendides musiques. Il vous suffit de vous plonger dans quelques manuels de collectagedes siècles passés ou, encore plus agréable, de simplement voyager à travers le monde, le microen alerte. De retranscrire les morceaux ainsi repéréset d’en devenir l’arrangeur ou, pourquoi pas, le compositeur… Ces temps-ci, cela semble êtreun sport lucratif et favori de nombre de “musiciens”qui, grâce à quelques accords ou quelques apportsde sonorité d’instruments “modernes”, deviennentles créateurs et donc les propriétaires de mélodiestraditionnelles des peuples du monde… Car toutes les musiques issues des peuples du monde ne rapportent rien ni aux artistesautochtones qui les jouent et donc, ni aux organismes de perception… Les nouveaux propriétaires revendiquent — quand ils reconnaissent (rarement) leurs emprunts —que grâce à eux, lesdits morceaux vivent et prennentune dimension nouvelle… Le pillage va bon train,dans tous les pays. Chacun se drapant de probité…Aujourd’hui, on ne peut que reconnaître, impuissants,que la tradition appartient à celui qui la vend. »En lisant ce texte-édito de Mondomix, je m’interrogesur le parallèle à faire avec les récits et contestraditionnels. Ceux édités, déposés, protégés, créés,enregistrés, au sens où en parle Philippe Krumm.Quand l’actuel vice-président de la SACD, Jean-Claude Carrière (pour ne citer que lui, les autres, nombreux, se reconnaîtront), écrivait Le Cercle des menteurs 2, ouvrage présentantde nombreux textes (contes, récits, proverbes…

du monde entier) issus de ce patrimoine immatérielde l’humanité, je me souviens m’être demandé qui allait donc bénéficier de l’ensemble des recettes(ventes du livre, droits d’auteur, rémunérationsdiverses, royalties…). Les produits de ces ventes,les «droits d’auteurs en tous genres», étaient-ils déposés dans une caisse alternative,coopérative, mutualiste? Dans un fonds solidaire, et reversés aux peuples auxquels ils appartiennent ?Aux artistes autochtones dont parle Mondomix?Aux conteurs kanaks, indiens, amérindiens, béti,kabyles, de la Martinique, aux anonymes qui ont transporté récits et légendes durant plusieurs siècles? À des bibliothèques de village à Saint-Domingue, en Lituanie, dans les Aurès, à Madagascar? À tout projet freinant l’acculturation mondiale ?Pensons à leur (éditeurs de livres, cassettes, CD,conteurs qui écrivent, «auteurs») demander,la prochaine fois. Me suis-je dit.

23 octobre. Petit inventaire en vrac pour parler quand même du conte et d’autres choses.Faire un état des lieux du conte en France, même petit, nécessiterait beaucoup de place et de temps, mais surtout, de compétences.

Ce que je suis certain de ne pas posséder.Bon! Voyons cependant s’il est possible

de faire état de plusieurs petites choses,éventuelles pistes

de réflexion ou simples rappels :•Le CNRS, en 1991,éditait les actes

d’un importantcolloque réalisé en 1989 au Musée nationaldes arts et traditionspopulaires,

qui faisait le point sur ce qui s’appelait à l’époque

le renouveau du conte.Ateliers, conférences, interventions de chercheurs et de conteurs, traitaient d’une multitude d’aspectsque ce renouveau mettait en lumière en quatre grandsc h a p i t re s: «Quel était ce re n o u v e a u » (situation du conteà l’échelle internationale, associations et institutions…);« L’évolution de la Matière Conte» (style oral, relation écrit/oral, répertoire et transmission…) ;« La fonction sociale du conte» (aspects pédagogiques,psychiques, artistiques, traditionnels, relationnels) ;«La démarche du conteur» (fonction du conte, identité,spiritualité…). Nourri également par une abondante

Carte blanche à Éric Prémel, Directeur du Festival Paroles d’hiver de Dinan.

LE CONTE,

20 octobre 2003. Yaoundé, Afrique : une voix qui meurt .Là-bas n’est pas comme ici.Cette carte blanche pour écrire quelque chose de « l i b re»sur le conte m’a été demandée peu de temps avant que ne décède, le 20 octobre, un artistecamerounais, Thomas d’Acquin Amombo, à Yaoundé.Homme fin et pudique, musicien, d’une grandesensibilité, tout en douceur, Thomas était venu en 2002 à Paroles d’hiver, son mvet sous le bras,avec un désir ardent de raconter un peu de l’imaginairedu Cameroun, mêlant contes, proverbes et légendesde plusieurs cultures de chez lui. Thomas étaitégalement un homme d’action, ouvert aux questionscomme aux hommes, avide d’échanger, d’apprendre,de comparer, et préoccupé par la disparition du patrimoine oral dans son pays. La transmissionde l’héritage des ancêtres et des histoires séculairesaux jeunes générations en rupture avec l’espacesocial, était l’une de ses principales activités. Il nourrissait le projet d’ouvrir un centrepour les enfants des rues de Yaoundé, pour « renoueravec la parole et le dialogue à travers l’apprentissagedes contes», disait-il.Avec lui était venu Abakar Adam Abaye, de la même veine que Thomas, peut-être plus urbain,plus nomade, plus puissant dans son charisme,apatride à sa manière, habité par un insatiable désirde raconter partout, peu importe le cadre, les conditions, l’heure et l’assemblée. Tchadien installé au Burkina, Abakar l’urgent,termine ces jours-ci un long voyage qui l’a mené de Ouaga, Niamey, plusieurs régions françaisesjusqu’à Montréal en passant par les Îles de la Madeleine,au large du Québec. Abakar a le projet d’ouvrir un lieu de paroles à N’Djamena, de faire un événementautour du conte dans son village natal, de labourer le sol pour que les voix ne s’éteignent pas, que les récits anciens affluent à nouveau, traversés(habillés, interprétés, réalimentés) par des visions du monde contemporain, pour que le lien demeure,pour que les questions naissent, pour que la viecircule.Voilà, au passage, sans doute, quelques-unes des fièvres que charrie le conte. Quelques raisons d ’ ê t re.Il y a des endroits du monde où l’urgence et l’acte sont plus fondamentaux que dans d’autres.Les artistes et opérateurs des pays du Nordle savent-ils? Que font-ils des urg e n c e s? Sont-ils re p u s?Clairvoyants? Ou juste des professionnels de la chose «culture», attachés à un article dans Libé, Le Monde, Télérama,à quelques subventions nécessaires, et à leur public,cette petite foule consommatrice souvent nantie et bien-pensante.

Ce que sont et font Abakar et Thomas, d’autres le font aussi: Béno Sanvee au Togo, Sani Bouda au Niger, Binda N’Gazolo en Côte-d’Ivoire .H u b e rt Mahela en République démocratique du Congo,mais aussi à Luanda, à Cotonou, au Cap, à Bamako.Chacun à sa manière, dans des contextes où n’existent pas de politiques culturellesaillagonesques, de scènes nationales et autres centres dramatiques, de DRAC et de SACD.Dans toutes ces villes, le concept d’artiste, cher à l’Occident, n’existe pas, ou peu, et s’il existe c’est avec une tout autre dimension,dans un face-à-face toujours renouvelé d’un hommeavec une foule devant lui. Sans intermédiaire, dans le passage à l’acte. C’est également un conceptqui n’a pas besoin d’être énoncé, il est dans l’attitude,dans la démarche, dans le regard et dans le désir,dans l’élan et la fragilité permanente, dans le souciet la partie prenante des autres et de leur enviro n n e m e n t .Thomas, Béno, Abakar sont des conteurs, des hommes de Parole. Au cœur des drames et des folies, des faillites et des communautés, des fêtes et des réunions, dans la cité, au cœur des villages, avec les gamins des rues, sur les marchés, dans les maquis. Ils sont dans la vie.L’implosion planétaire fait disparaître les communautés

La Renarde. «Un jour, la veille de la fête, il alla trouver son frère aîné»…

Image: © Christophe Caron.

1 Dans la revue Mondomix papier: Toutes les musiques du monde, mai 2003.2 Le Cercle des menteurs: Contes philosophiques du monde entier,de Jean-Claude Carrière, Éditions Plon, 1998, 19,67 ,et Pocket, 1999, 6,00 .

La Renarde.«Maintenant,pauvre, je ne puis rien fair epour toi. »Image: © Yann Fastier.

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peu importe les appellations. Il y a cette foutue paro l e ,avec autour, un grand bordel sur le monde, des milliards de solitudes, des urgences ici, des pratiques ailleurs, des ambitions et des cro i s a d e s ,des parleurs purs ou durs, des paroles vraies et des fausses, des impostures et des merveilles, etc.Mettre en branle le plus grand nombre de paroles,dans le plus grand nombre de lieux possible pour le plus grand nombre de gens, connus ou inconnus. C’est de cette liberté, sans cesse souhaitée, que peuvent naîtreet se croiser le génie de quelqu’un et le génie de tous.C’est la clef d’un autre monde.

littérature en provenance des sciences humaines, ce colloque mettait en relief, pour la première fois et de manière très approfondie, le conte et ses acteurs.Je me dis que les curieux d’aujourd’hui trouverontdans les actes de ce colloque des réponses aux questions qu’ils se posent.• 2003, soit quatorze ans plus tard, la disciplines’est développée un peu partout, dans le mondecomme en France. Chez nous, les collectivitésfinancent (timidement) les manifestations. De manière inégale, les DRAC subventionnent(timidement) des projets événementiels ou des pro j e t sde conteurs, à condition (c’est le théâtre qui parle là,l’objet spectacle, l’obsession de la création)qu’il y ait une mise en scène , ou à défaut, un regard extérieur ! Quatorze ans plus tard, donc,les conteurs aff i rm e n t/ revendiquent être des art i s t e s:moins de complexes, sans doute; plus de désirs de tenter des variations, certainement. Moins de questions existentielles sur est-ce du conteou non ?, et plus d’aventures qui mélangent les origines, les formes et le fond, de l’écriture.Depuis ce renouveau des années 1980-1990, c’est maintenant, pourrait-on dire, qu’arrive une troisième génération de raconteurs. Plus libérée. Moins nombriliste, plus artisane,débrouillarde, décomplexée.• Voilà esquissés quelques mouvements d’un champ,comme disent les spécialistes en culture. C e rtes, l’État aimerait y voir plus clair, dans ce champ,des tentatives de coordination nationale se font jour,des associations régionales, un peu à la manièrede celles du cirque ou des arts de la rue. On tue le père aussi — ces vieux pairs, acteurs du renouveau de la première heure —, pour faireson chemin, ne pas toujours laisser les mêmesparler du conte au nom de tous, les censeurs ou les représentants qui ne représentent plus qu’eux-mêmes, pour pre n d re sa part de re s p o n s a b i l i t é .C e rtes, dans les réunions (Vendôme et Chevilly-Laru e ,cette année), quelques vieilles questions reviennenthanter la plupart des protagonistes et organisateursde la première heure : sur l’art, la tradition, la fonction, l’éthique. Certes, il n’y a toujours pas de lieux de fabrique, ou de création. Toujours très peu d’argent. Trop peu de lieux pharespour montrer le travail, réaliser des chantiers, inviter les professionnels, créer. Comme la poésie, à qui l’on fête le printemps en grande pompe et médiatisation, pour mieux vivre son enterrement le reste du temps, la discipline est fragile. Pas d’industrie (comme le livre, le cinéma, la musique)pour la soutenir. Pas perçu comme art majeur(comme le théâtre ou la danse), plus solitaire(pas de compagnies, de clans, de hordes, à lamanière des arts du cirque, du théâtre ou de la rue).Mais elle bouge. Elle est surtout traversée, cette discipline, par des expérimentations, des désirs, des personnalités, qui posent la parolecomme essentielle. Le Dire : ce qui comprend le contemais pas seulement, la poésie mais pas seulement,les récits de vie mais pas seulement, la littérature ditemais pas seulement, le slam mais pas seulement, etc.Faire, hors champ, hors cadre. Ce Dire me plaît dans sa sauvagerie.• Ailleurs: au Québec se multiplient les événements.De jeunes générations se prennent au jeu du conte,talentueuses dans la parole, on y est souventmusicien. Les Québécois n’apprécient pas trop la tendance théâtrale française du conte. Un côté show, disent-ils, «spectacularisé». En Belgique, les conteurs émergent. Ambitieux.

Avec talent. Des artistes d’ici (cher Jihad Darwiche!)vont participer au montage de manifestations au Liban,en Algérie, etc.

28 octobre. Quelques souvenirs.11 heures: Je dois rendre cette carte blanche noircie dans quelques heures. Je me souviens d’une conversation avec Philippe Raulet (immense écrivain, qui a travaillé avec Yannick Jaulin,Abbi Patrix, et d’autres) et Anne-Marie Marquès,conteuse — des artistes de la parole. Je me souviens leur avoir dit que je pensais qu’un conteur devait être trois en un : un auteur (au sens d’un écrivain ou d’un poète, pour l’écriture),un interprète (comme un acteur, un danseur,qui fait de son corps, de sa voix, de son visage un instrument, un lieu de travail, de passage, pour servir / être /porter le texte) et un musicien (au sens du blues, pour être dans l’immédiat,i m p rovisateur en phase avec le monde, les sentiments,les émotions, la pluie). Je me souviens avoir rajoutéque la plupart des spectacles de contes sont assezdivertissants. Gentils. Avec des ficelles, des trucs,pour faire marcher le public. Des récits plutôt corre c t s .Peu politiques. Un peu lisses. Du bon ouvrage en somme, un peu soporifique. Qui plaît. Peu de chose qui laisse K-O.18 heures: Je me souviens avoir observé que les conteurs d’ici ne sont pas des maîtres de la paro l e (tiens, revoilà la tradition, ou ces maître sdes Caraïbes, d’ailleurs) et que rares sont les improvisateurs, jouisseurs du langage, capteurs de gens. Plus le temps? Ou est-ce lié à ce que me disait un jour une comédienne, parmi les plus grandes que j’ai pu connaîtreen vingt-cinq ans: «les conteurs ne travaillent pas. Ils sont figés. »22 heures: Je me souviens d’Isabelle Lafon, dans I g i s h a n g a, qui dit les mots de femmes rw a n d a i s e sentendues et transcrites par Jean Hatzfeld. Les femmes ont parlé à l’écrivain qui a écrit leurs mots,qu’a lus Isabelle dans un livre, qu’elle s’est mise à diresur une scène! Il y a un flux. Des liens secrets et émouvants. Une continuité dans ce mouvementdes paroles, cette succession d’ententes et de relations, comme relater. Comme donner vie,g a rder la vie des mots. De la parole. Pas un spectacle,et un spectacle quand même. Le plus fort et beau vudepuis des années !23 heures: Je me souviens de Mike Burns, Irlandais,qui raconte (les yeux fermés) une légende de deux heures, sans préparation, qu’il n’a pas racontéedepuis douze ans, qui lui vient juste, à l’improviste,en tête, au moment où il ferme les yeux. Il ne voit passon auditoire et l’auditoire voit ce que sa voix raconte.Je me souviens de toutes les fois où j’ai vu des salles combles de gens, inconnus, venusentendre tard la nuit, quelqu’un, qu’on a dit conteur,que ces gens justement ne connaissent pas. Et ils ont écouté. Je me dis que c’est là que quelque chose de politique, de social, d’art i s t i q u e ,de psychologique, de solitaire et de collectif, arrive,en dehors des circuits de l’image, grande dominatriced’aujourd’hui, et de l’écriture, grande dominatrice du siècle dernier. Je me dis que les artistes n’en ont pas véritablement conscience, ni même les organisateurs, ni même ceux venusécouter.24 heures: Créateurs, conteurs, diseurs, raconteurs,improvisateurs, en provenance des livres ou de leur propre écriture, de la bouche de quelqu’un ou d’un songe sous hypnose,

La Renarde. «Baptiste se mit en route pour aller la trouver. »Image: © Didier Jean et Zad.

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Par Jean Moyen.

LE CONTEET L’ E N FA N T

Que nous dit la psychanalyse à propos du conte?Si l’on s’en tient ici à la psychologie de l’enfant, le rôledu conte — et plus généralement des histoiresracontées — est très important, sinon fondamental,par le contenu (ce qui est raconté), mais aussi par le contexte (qui raconte? Comment ? Avec qui ? ) …Le développement de l’enfant est le fruit de la maturationet de l’exercice, les deux entrant en interactionp e rmanente. Pour la petite enfance, disons jusqu’à tro i sou quatre ans, le réel et l’imaginaire ne sont pas distincts,et tout le développement va consister justement,pour l’enfant lui-même, à distinguer un domaine de l’autre. Les histoires, au même titre que le jeu,vont être l’occasion de s’exercer à cette distinction,en particulier parce que les histoires ont un début et une fin, bien sûr: au début, le bornage est perm é a b l e ,mais progressivement la séparation se fait. Il y a des moments où il y a des loups, des fées, et il y a d’autres moments où il n’y en a pas. Les données de la psychologie les plus récentes insistentsur la précocité des compétences que jusqu’ici on n’avait pas vues ou pas voulu voir. Le contenu des contesest particulièrement formateur sur le plan cognitifc a r, si l’on est dans le merveilleux, on y navigue toujoursavec rigueur: la causalité, la consécution, la logiquedu récit sont respectées, au besoin renforcées par ces suites répétées de façon lancinante, et ressemblant à des comptines dont l’enfant est friand— il peut se montrer un contrôleur vétilleux et rappelerle conteur à l’ord re en cas de modification même infime.Le conte a un contexte: cela se passe à un momentdonné, avec une personne donnée, c’est l’occasiond’une relation duelle, même quand cela se passeavec des frères et des sœurs ou de petits camarades.La personne qui raconte me raconte, elle prend

sur son temps, sur ses autres occupations, elle me donnede l’importance, me conforte dans mon identité. Ah! Si la maman de Marcel Proust avait su…Pour rester dans ce monde de l’enfance, il faut direun mot de la lecture : très souvent, les parents et les éducateurs lisent l’histoire, ce qui est une bonnemanière de familiariser avec l’objet livre. On se sert d’ailleurs de cette situation pour motiverl’enfant pour la lecture — encore que l’on ait pu entendre ,ici et là, des enfants dire : «Pourquoi apprendre à lirealors que tu me lis des histoires? » On sent bien icila tentation de la régression, qu’il faut combattre, cert e s ,mais qui est normale.Il conviendrait bien sûr d’interroger la psychanalyse,non seulement sur le conte lui-même, mais aussi sur la relation au conte de celui qui conte,qui a choisi ce qu’il conte. Les écrits sur le sujet de Bruno Bettelheim sont encore d’actualité, de même que ceux de Françoise Dolto.En tous les cas, l’enfant aime les histoires,l’adulte aussi — si, en plus du plaisir,elles sont utiles et formatrices,pourquoi s’en priver ?

« Une revanche sur le réel »

« Le conte a un but pédagogique, non pas une pédagogie au sens strict du mot, mais plutôt une manièrede faire comprendre l’existence humaine et de la transmettre. Il permet à l’enfant ou à l’adolescent de prendre une revanche sur le réel, de le plier à ses rêves, à ses désirs alors que sa condition l’oblige à s’en accommoder dans la vie courante. Il ouvre l’espace de la transgression, décrit avec force détails la scène interdite et donne ce temps de jubilation partagée par celui qui dit, autant que par celui qui écoute, tout en les couvrant d’un manteau d’invisibilité et d’impunité.Dans cette approche de l’écrit et cette quête du conte, l’élève va s’interroger sur notre humanité et tout ce qui la définit car c’est l’âge des découvertes essentielles, des grands mythes de l’amour et de la haine, de la souffrance et de la déception, du pouvoir et de la mort.Ces questions, les élèves se les posent et les posent à la vie, questions d’autant plus profondes que souvent,nous, les adultes, avons parfois renoncé à les poser ou avons différé leur expression…»

Henri Cazaux, dans De l’illettrisme aux pratiques culturelles: Actes du colloque des 22 & 23 novembre 1999à Limoges, coédition ALCOL, Bibliothèque départementale de prêt-Conseil général de la Haute-Vienne,AFPA /Espace ressources pédagogiques du Limousin, 2000, 18,30 .

Le «cercle magique» du conte

Il y a trois ans, Marie Leblanc est entrée dans ce qu’elle appelle un cercle magique :p a rtager avec des enfants le plaisir de lire des contes.Devenue une des lectrices de l’association Lire et faire lire1, chaque mercredi matin, pendant le temps scolaire mais hors des classes,elle se rend à l’École primaire de La Jonchèrepour lire des histoires aux enfants.Pour elle, le «Il était une fois» contient deux clefsmagiques, «imaginaire » et «distraire», qui séduisentenfants et adultes. Chaque fois qu’elle lit un conteaux enfants, elle a l’impression de «voir» se formerleurs images mentales par les émotions qu’ils expriment,se dessiner un voyage dans un univers d’hier et de demain au-delà de la réalité tangible.Nathalie Joinet, une des enseignantes qui accueillecette démarche, note l’importance de ce rendez-voushebdomadaire : «Lorsque les enfants reviennent de ces moments, leur grand plaisir, c’est de raconterce qu’ils ont pu entendre et comprendrede ce qui leur a été lu». Pour certains, c’est un déclic pour avoir envie d’apprendre à lire.Il est important de souligner que, si trente-deux écolesde Haute-Vienne participent à Lire et faire lire, seule l’École de La Jonchère (sa directrice et l’équipe enseignante) a intégré cette démarche au temps scolaire, convaincue que ce moment de plaisirdu conte permettait d’appréhender ces difficultés.Marie Leblanc et Nathalie Joinet présentent avec enthousiasme et de multiples exemples la complémentarité de leur rôle, leur concertation sur les contes choisis par l’une ou /et l’autre.Comme Marie Bonnafé, toutes deux pensent avant tout que la fin heureuse des contes permetaux enfants d’apprivoiser leurs peurs: Boucle d’ors’en sort bien, les petits cochons ne sont pas mangés,Cendrillon trouve quelqu’un qui l’aime, le loup subit quelques revers, et dans Le petit paradis2, d’Alan Mets, il y a encore des milliers de pâtisseries à manger !

Marie-Laure Guéraçague

Le conte comme outil d’apprentissage

« Mon activité de formateur consiste à favoriser,grâce au (ré)apprentissage des savoirs de base,l’insertion sociale et professionnelle des publics en difficulté avec la lecture-écriture. Aussi, lorsque nous accueillons en formation un gro u p e(toujours très hétéroclite) pendant quatre à six mois,il est toujours intéressant de le fédérer autour d’une activité “fil rouge” dans laquelle chaque part i c i p a n tse reconnaît, a son mot à dire, son expériencepersonnelle et culturelle à apporter.Cette démarche va également dans le sens de notre approche pédagogique qui tend à s’appuyersur les acquis et les réussites des personnes.Le conte présente à cet égard plusieurs avantages,par son caractère universel, sa dimension culturelleet éducative (si des jeunes participent aux ateliers,n o t re public est majoritairement composé de pare n t s ) ,ainsi que par son inscription dans le monde de l’oralité.Ce dernier élément est de première importance, car la parole demeure le mode de communicationprivilégié des personnes non alphabétisées ou en situation d’illettrisme.Le travail autour du conte peut pre n d re plusieurs form e s ,ceci en fonction du public accueilli, de la durée de la formation et des objectifs particuliers de chaque action :•Séances de lecture avec un seul ouvrage

qui circule (la Collection «Paroles de conteurs», aux Éditions Syros, est très intéressante pour cet exercice, car la forme des mots y épousele ton idéal de la narration).

• Travail autour d’un même thème (l’avarice ;les couples d’animaux : le loup et le re n a rd en Euro p e ,l’hyène et le lièvre en Afrique ; etc.), avec, en fonctiondes pays d’origine des participants, un regardsur les différentes versions d’un conte.

• Invention de la fin d’un conte ou recherche de sa morale.

•É c r i t u re d’un conte original (en s’appuyant notammentsur la structure du conte selon Vladimir Propp).

Les activités autour du conte sont généralement très bien accueillies par les stagiaires, la plupar tse sentant d’emblée en terrain de connaissance,même s’ils n’en lisent plus ou les ont oubliés — il reste chez tous des traces d’histoires entenduesou racontées. De plus, le fait d’y trouver largementmatière à travailler beaucoup d’éléments des savoirsde base, re n f o rce à leurs yeux l’intérêt et la crédibilitéde ce support. »

Oumar Sowformateur au FJT-Formations de Tulle

1 Association Lire et faire lire, Fédération des œuvres laïques (FOL) de la Haute-Vienne,44, cours Gay-Lussac, 87031 Limoges Cedex, tél. 05 55 77 73 35.2 Le petit paradis, d’Alan Mets, Éditions L’école des loisirs, 1999, 11,50 .

La Renarde. «Le figuier l’abrita comme il faut du froid, et au matin, lorsque Baptiste reprenait sa route,

l’arbrisseau lui demanda»…Image: © Yann Fastier.

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Par Élisabeth Lemirre, Directrice de la collection de contes «Le cabinet des fées», aux Éditions Philippe-Picquier.

MYTHES ET CONTESQuand on re v i e n t

Il arrive toujours un temps où se produit la séparation.Les dieux quittent les hommes par colère ou par désaveu,ou ils les abandonnent par négligence ou lassitude.Ce lieu, où hommes, dieux et bêtes se côtoyaient et copulaient pour donner naissance à des formeshybrides est désormais désert. Léda, désolée, y cherche le cygne neigeux qui lui avait fait l’amour.Les dieux sont re p a rtis là-bas, sur l’Olympe inatteignableou dans un jardin clos, laissant les hommes à leur désir de rejoindre ces bords où ils séjournentdorénavant entre eux, entre dieux.D’une séparation naissent toujours des images, car l’absence fait former des fantômes. Un vieux récitest là pour le dire. Celui de la première image. La fille du potier de Corinthe, Boutadès, entoure d’un traitl’ombre de son amant en partance pour la guerre.Puis elle prie son père de remplir de glaise l’intérieurde cette silhouette. Ce corps de terre lui tiendra lieude simulacre. Aux dieux partis, les hommes vont doncsubstituer des images. Ces images attesteront du fracas que causèrent ces temps de l’origine.Autour d’elles, la parole mettra en scène des histoire ssauvages et absurdes, premières tentatives d’une compréhension esthétique du monde. Cette parole gyrovague et divagante est celle des mythes et des contes, récits sur lesquels une communauté fonde son imaginaire.La pre m i è re caractéristique de ce type de récit est doncla présence d’images. Le mythe se construit autour d’une image violente, celle d’Actéon mis en piècespar ses chiens, celle du Minotaure tournant au fonddu labyrinthe, celle de Narcisse abîmé dans son re f l e t ,ou encore Lycaon, l’homme-loup hurlant sa rage, et Méduse, les yeux exorbités secouant sa chevelurede serpents. Images primordiales, c’est-à-direqui préexistent avant le récit qui les met en scène.Images furtives, c’est-à-dire qui flottent sur les eauxsouterraines de l’inconscient.Le conte, lui aussi, opère par images ;images récurrentes qui servent d’appui à la narr a t i o n .Bien qu’elles s’installent, comme celles du mythe,dans notre imaginaire, elles n’opèrent pas de la même façon. Elles n’en ont pas la violence.Elles s’imposent dans une sorte de brume rêveuse.Qui n’a pas été hanté par un garçon pas plus haut qu’un pouce jetant derrière lui des cailloux blancs,une belle dormant au bois, un chat chaussé de bottes?Elles remontent à l’enfance dont elles ont accompagnéles entrées dans la nuit et sont adoucies par le temps.Est-ce la raison pour laquelle, à la diff é rence des imagesmythiques, elles se prêtent à une réinterprétation?La publicité en abusera, mettant en scène le loup et une femme en manteau écarlate pour encapuchonnerde merveilleux un parfum. Le conte serait alors

comme la peau du monde sur laquelle s’imprimentdes scènes, des silhouettes, en qui chacun de nous peutà un moment donné se reconnaître. Le mythe, lui,procéderait d’une étoile morte, dont la lumière froideparvient encore mais dans une fixité rigoureuse.Thucydide, l’historien grec, n’aimait pas les mythes.Il les comparait à de folles cavales qui, possédéesd’un obscur désir inscrit au cœur de l’imaginaire,n’allaient qu’à l’incohérence, hors de tout sens. Le même jugement a été porté sur les contes ;F u re t i è re, au X V I Ie siècle, dira d’eux: «Discours de néantet qu’on méprise, ce sont des récits de vieilles dont on amuse les enfants, des récits à dormir debout,de peau d’âne, de la cigogne, de ma mère l’oye. »Ces fables déraisonnables, absurdes, qui n’obéissentqu’à l’imagination, cette «folle du logis» mettent en histoire ce que le concept ne permet pas de concevoir. C’est là leur seconde caractéristique.Mythes et contes, rongés du besoin de parler, témoignentde la volonté des hommes de savoir, de comprendrele réel. Le discours du mythe, qui fabrique d’innombrablesf i g u res de dieux et d’êtres monstrueux retissés à part i rde morceaux de corps d’hommes et de bêtes, tente de fournir une réponse à l’inintelligible du cosmos.P o u rquoi y a-t-il un monde plutôt que rien? D’où vient-il?Personne, sans doute, n’a mieux résumé le mode de fonctionnement du mythe que Lévi-Strauss :au pourquoi des philosophes, le mythe répond comment.Au pourquoi de la mort, le mythe substituera son comment? Comment la mort est arrivée aux hommes parce qu’ils avaient mangé de la viandequi était destinée aux dieux. Le mythe d’autre part,tout en donnant à rêver, sournoisement enjoint. Là où, dans les buissons du monde, l’homme se perd a i t ,le mythe lui fournit des balises, c’est-à-dire un sens.Le mythe en fait cloisonne les espèces et les terr i t o i re s ;malgré la folle errance de sa parole, il injecte du raisonnable. Ce faisant, le mythe sépare :du monstre primordial, imbrication de la copulationé t e rnelle, le mythe fait deux pièces, un ciel et une terre .Gaïa, se séparant d’Ouranos, fournit l’espace nécessaireoù pourront se déployer les hommes et leurs désirs.En racontant des histoires, le mythe établit des territoires pour déterminer des catégories. C’est à travers ces règnes qu’une société,reconnaissant certaines images, pourra trouver ce liantqui assurera la cohérence de ses membres. Ainsi la métamorphose permet au mythe d’entrer du raisonnable là où il n’y en a pas. Si l’on écarteces métamorphoses qu’adoptent les dieux pour séduireles mortelles, les métamorphoses mythiques justifientun état du réel. Si les peupliers sanglotent au vent,c’est que ce sont les sœurs de Phaéton changées en arbres qui pleurent la mort de leur frère aux rênes

aux récits fondateurs

du char du soleil. Si Narcisse embaume au borddes eaux dormantes, c’est que, fleur mélancolique, il peut enfin contempler à jamais son reflet parfumé.La métamorphose du mythe ne peut être que sans re t o u rpuisqu’elle part d’une fin pour remonter à la source.Si le mythe commence par de la confusion pour mettrede l’ord re et organiser l’univers, le conte, lui, commencepar de l’ord re pour installer sournoisement la confusionet mettre au jour une vérité, celle qui se trouve au boutde l’irréel et que le mythe avait en réalité déniée. En effet, quand le «Il était une fois» ouvre le conteavec ce curieux pronom «Il» qui ne renvoie à rien,sinon au temps du mémorable et qu’on appelle parf o i sle «pronom d’univers», tout est en ordre : la citrouilleest au potager, les souris dans la souricière, les ratsdans la ratière, les lézards au jardin et Cendrillon à ses cendres. Le conte ayant mis en place les élémentsordinaires de l’univers qu’on peut reconnaîtrecomme familiers, tout est désormais prêt pour l’extravagance : la citrouille peut devenir carro s s e ,les souris chevaux, le rat cocher, les lézards laquaiset Cendrillon chausser ses pantoufles de vair.Ce faisant, le conte reprend une topographie que le mythe avait soigneusement dessinée :d’un côté, la terre éprouvante d’après l’âge d’or,terre glaiseuse qu’il faut travailler et où les hommesont perdu le pouvoir de la parole dont jouissaient le serpent et les autres bêtes; de l’autre, cet indéfrichablet e rr i t o i re, celui des friches, des landes, des bois hantéspar les ogres, les fées et les nains, les terres de «L à - b a s»et de nulle par t ; entre les deux, une frontière, celle de l’eau ou du miroir qu’il faut traverser pour entrer dans le temps que marque l’horloge sans aiguille, puisqu’une seule nuit dure cent ans.Quand on l’a passée, on atteint cet endroit où le mondes’achève par une palissade de rondins. Là, le contedéfait les liens avec lesquels le récit mythique avait maintenu les catégories après avoir séparé les règnes. Là, la matière est poreuse, les espècestraversables pour un temps; là, l’homme chevaucheles nuages et les ruisseaux; là, s’entassent les formes déraisonnables en attente d’un héros qui les mettra au jour. Pour en sortir, il faudra que le héros s’héroïse, c’est-à-dire affronte épreuveset monstres, puis qu’il rebrousse chemin, remontel’eau ou le tain du miroir afin de rentrer dans le réel.De même qu’il retourne à la fluidité du monde, le conte délie la rigueur de la métamorphose. Celle-ci ne sera plus « sans re t o u r », comme elle l’étaitdans le mythe, elle ne sera qu’un état provisoire, un passage obligé pour que le héros assureson humanité. La Bête devra sous sa peau de bêteparvenir à séduire la Belle qui, elle-même, devra consentir à l’animal pour qu’enfin, redevenus

homme et femme, ils éprouvent l’amour. La biche au fond des bois prendra bien soin, la nuit venue, de se débichonner pour ne pas oublier sa conditionde femme, avant de redevenir bête à l’aube.Cette liberté que prend le conte avec l’ord re et la raisoninstallés par le mythe provient sans doute du fait que le conte est libéré de la fonction religieuseinhérente au mythe. Mû par de simples facteurssociaux, le conte peut se déployer à l’air libre, selon sa propre fantaisie et, par exemple, brouiller à nouveau les catégories.Cette liberté installe une différence de statut entre le mythe et le conte. Les récits folkloriquesn’ont pas entre eux de combinaisons latentes,susceptibles de donner naissance à une ordonnancede l’univers, c’est-à-dire à une cosmogonie. Ils ne se répondent pas les uns les autres, ils agissent comme des monades. Barques légères,au bord desquelles chacun d’entre nous montera, un soir ou un matin, pour aller au-delà des terresconfuses où les pères désirent les filles, et les fillesse risquent aux loups. C’est là une oppositionfondamentale avec les mythes auxquels on a longtempspensé que les contes succédaient. Les mythes se structurent les uns les autres en un tissu serré,qui constitue l’épopée d’une création, les mythèmesse combinant selon une opératoire propreà chaque société.

On a dit souvent que, sans rêve, l’homme ne pourraitvivre. On pourrait ajouter, ce qui est du même ordre,que, sans les mythes et les contes, une société seraitfrappée d’amnésie, tel l’enfant loup errant dans un mondesans repère. Il aurait peut-être fallu commencer par cette définition du Merveilleux que donne Leiris :« Le Merveilleux n’existe qu’intérieurement à l’homme,mais assez loin vers le centre de lui-même […]. Le Merveilleux est l’Inconnu dans l’homme, la lueurd’absolu qu’il tire de son essence et projette sur les ternes relations qui se font jour jusqu’à son esprit,par les pores de son corps. Il est l’attrait qu’exercel’inexplicable, l’obscur désir d’une connaissanceintégrale et directe qui fait que l’homme peut préférerla gratuité à toute espèce d’explication. Il est aussi la force primitive de l’esprit, la forme vive de pensée qui précéda l’apparition de l’étroit empirisme, et qui ne peut trouver son origine que dans les profondeurs de l’inconscienceou dans la nuit des temps.»1

1 Extrait d’Essai sur le merveilleux dans la littérature occidentale,dans La Règle du jeu , de Michel Leiris, publié sous la direction de Denis Hollier, Éditions Gallimard,Collection «Bibliothèque de la Pléiade», 2003, 79,00 .

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Livres

• Le Conte populaire français :Catalogue raisonné des versions de France,de Paul Delarue et Marie-Louise Ténèze (Éditions Maisonneuve et Larose, 2002, 63,00 ).

Cet ouvrage recense les nombreuses versions des contes populaires de France et des pays d’outre-mer de langue française. Les auteurs en définissent les caractères, en les comparant avec les contes allemands et celtiques.

•D i c t i o n n a i re des symboles : Mythes, rêves, coutumes,gestes, formes, figures, couleurs, nombres,de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant (Éditions Robert-Laffont, Collection «Bouquins»,2000, 19,95 ).

Classique des classiques concernant les symboles,ce dictionnaire se trouve dans la bibliographie de tous les auteurs qui publient des ouvrages sur la mythologie, les religions, les arts divinatoires,la symbolique qui se trouve dans la peinture, la littérature, et bien sûr les contes.

•Grammaire de l’imagination :Introduction à l’art d’inventer des histoires,de Gianni Rodari (traduction de Roger Salomon) (Éditions Rue du monde, Collection «Contre-allée»,1998, 17,60 ).

Écrivain italien, surtout connu en France comme auteurpour la jeunesse et «pédagogue de la créativité»,Gianni Rodari a regroupé ici idées et propositionsdestinées aux parents, enseignants, formateurs… et à tous ceux qui s’intéressent aux processus de l’imagination.

•Morphologie du conte, de Vladimir Propp (Éditions du Seuil, Collection «Points-essais», 1970, 7,50 ).

Ouvrage classique sur la « morphologie » du conte,les fonctions narratives et la répartition des actantsen adjuvants et en opposants. Les exemples sont prisdans le conte populaire russe.

• Petit Poucet deviendra grand: Soigner avec le conte,de Pierre Lafforgue (Éditions Payot, Collection «Petite bibliothèque Payot » ,2002, 10,40 ).

Thérapie utilisant le conte pour soigner les enfantspsychotiques et autistes, et aider les enfants en difficulté de maturation. Pierre Lafforgue expliquecomment il travaille, prodigue des conseils aux pare n t s ,m o n t re que les contes proposent un ord re des chosesqui n’est pas une vérité en soi, mais une profondesagesse commune à toutes les cultures.

• Psychanalyse des contes de fées, de Bruno Bettelheim (Éditions Pocket, réédition en 1999, 8,60 ).

Pour le célèbre éducateur nord-américain, le contede fées ne traumatise pas le jeune lecteur,mais répond de façon précise à son angoisse.

Périodiques

• La Maison du conte(Maison du Conte, Villa Lipsi, 6-8 rue Albert-Thuret,94550 Chevilly-Larue, tél. 01 49 08 50 85, site Internet: [email protected], gratuit).

Tout en étant une émanation directe des activités du Centre culturel de Chevilly-Laru e/La maison du conte,ce bimestriel traite de grands thèmes (le dernier«M y t h i q u e ! » à propos de la création de Muriel Bloch),ouvre sur des bibliographies intéressantes.

• Agenda trimestriel de la littérature orale(Centre méditerranéen de littérature orale, 4, boulevard Gambetta, 30100 Alès, tél. 04 66 56 67 69,site Internet: [email protected]).

Agenda des activités autour du conte, spectacles,formations, publications… D’une lecture éprouvante,cette revue est néanmoins une mine d’infos…

• La Parole(Le bonhomme sans tête, 1-13, rue de la Noue,Bâtiment 7 a, 93170 Bagnolet, tél. 01 42 87 68 51,site Internet: [email protected], saisonnier, abonnement: 20,00 ).

Des nouvelles des conteurs, des lieux, des festivals,une ouverture sur d’autres types de spectacles.Des vrais points de vue, un peu énervés quelquefois,mais ça fait du bien !

• Cahiers de littérature orale(Publication de Langues’O, INALCO, 2, rue de Lille,75343 Paris Cedex 07, tél. 01 49 26 42 74, site Internet: www.inalco.com, 2 numéros par an,15,00 le numéro).

LA revue ethno sur les traditions orales du mondeentier, des articles de fond très intéressants même si la forme est un peu austère.À noter tout part i c u l i è rement le n°51, «Récits de rêves» ,mettant en parallèle les rêves et les cauchemars et les narrations traditionnelles.

• Spirale(Site Intern e t : www.spiralemagazine.com, 7,50 $C A N ) .

Revue québecoise qui consacre son numéro 192,(de septembre-octobre 2003) au conte («Paroles contemporaines: le renouveau du conte»).On y croise tous ceux que l’on a découvertavec tant de plaisir en Limousin: Renée Robitaille,Fred Pellerin, Mike Burns…

• La Feuille de chou(Les oreilles de l’ogre, site Internet: [email protected],abonnement: 16,00 par courrier papier,9,00 par Internet).

Pour les Parisiens ou pour les touristes…Mensuel qui recense tout ce qui se passe en région parisienne et à Paris.

Bibliographie sélective d’ouvrages de référence sur le conte1

et de périodiques traitant de la littérature orale et du conte2

1 Bibliographie établie par Geneviève Lavaud et Marie-Christine Plaignaud. 2 Bibliographie établie par Cathy Sutca.

Avant d’être conteur, Pierre Deschamps a été libraireet bibliothécaire. Il était donc idéalement placé pour nous faire part de sa vision du conte dans son rapport au livre et à la lecture. En illustration de l’entretien qu’il nous a accordé,vous trouverez le texte d’une conférence qu’il a donnée sur le sujet en 2002.

Catherine Roche et Arlette Pragout pour Machine à feuilles:Parlez-nous de votre relation à la lecture, et plus précisément à la lecture des contes.

Pierre Deschamps: Je fais ce travail de conteurdepuis sept ans et demi, après avoir été libraireet bibliothécaire — donc les livres font vraimentpartie de mon univers. Comme je le dis dans ma conférence, ma mère ne me racontait pasd ’ h i s t o i res. Par contre je lisais, des romans, des contes…Mais j’ai senti très tôt que je n’aimais pas lire les contes,j’aurais voulu les raconter mais je ne le savais pas à l’époque. Pour moi, les contes existent, les livresexistent, mais les livres de contes n’existent pas.

MAF : Comment choisissez-vous vos histoires?

Pierre Deschamps: J’ai l’habitude de travailler sur les contes traditionnels et encore aujourd’hui, ce qui me fascine et ce qui m'intéresse pro f o n d é m e n tdans les histoires et surtout dans ce type de contes,c'est le moment du choix. Le héros est confronté à une situation épouvantable: quel choix va-t-il faire?Cette question nous renvoie tous à notre propre vie.Le héros ne se laisse pas faire par la vie, il prendune décision, bonne ou mauvaise, mais il agit. Dans toutes les histoires que je raconte, il y a ce momentcrucial du choix, le reste aussi m'intéresse, bien sûr,mais surtout je veux savoir si, à la fin, le personnagea réussi ou pas ce qu'il devait faire. C’est l’aspectinitiatique du conte qui me porte. Je crois beaucoupà la notion du for intérieur de tous les héros de livre s ,de contes, de films. Il y a aussi les paysages, les re n c o n t res marquantes, les ambiances, les parf u m sd’autres cultures. J’entretiens un dialogue intérieuravec cela et je me nourris de toutes ces images. Le charme d’une histoire va au-delà du sens,l'histoire n'arrivera à l'autre, ne touchera l'autreque si tu sais pourquoi tu la racontes et si tu tro u v e s ,dans cette histoire-là, la verbalisation de ce que, au creux de toi, tu penses profondément.Au début, quand on commence à raconter, on a du malà réaliser qu'à partir du moment où on raconte une histoire, celle-ci ne nous appartient plus, c'est fini.On n'est que le passeur, le médiateur pour une histoirequi nous fait du bien, mais on en fait don et tout

ce qui n'est pas donné est perdu. Au fond, tu croisvouloir t'approprier une histoire parce qu'elle te plaît,que tu la veux, et en fait c'est l'histoire qui te possède.Comme tu n'as pas la maîtrise de ton inconscient, tu peux penser que ce sont les personnages qui s'expriment à travers toi, mais c'est plus compliqué,parce que dans les histoires, il y a quelque chose qui nous dépasse, qui nous recouvre, quelque chose de magique beaucoup plus fortque n'importe quelle explication ethnologico-scientifique.Je dis qu'une histoire te recouvre : elle recouvreton intelligence, ton entendement, mais le jour où tu cro i ssavoir pourquoi l'histoire est là, possible, là ça devientdansant! Et c’est de l'or qui sort de ta bouche !Je dis aussi dans ma conférence, et c’est une choseque je répète souvent pendant les stages, qu’il faut accueillir une histoire comme une invitée.Parce que toute contrainte fera qu'elle va se refuser,alors que toute acceptation fera qu'elle va se donner— mais c'est un don commun, on est en amitié et en confiance. D'une certaine manière, devenir conteur,c'est une façon de partager son chemin de vie avec les autres. Le conteur se nourrit de toutes ses re n c o n t res, aussi bien professionnelles qu'amicales,et se nourrit de son quotidien, de sa famille, ses enfants,ses lectures, les paysages, les voyages, même immobiles.C’est pour les mêmes raisons que j’aime part i c u l i è re m e n tles romans, ceux de Yo u rc e n a r, Borges, Kafka, Camus,la littérature japonaise aussi.Alors en spectacle, quand je monte en scène, je mime le geste de tenir mes histoires par la main(j'en tiens une dans chaque main), et on y va ensemble.

MAF : Vous donnez-vous la possibilité de broder ou d'improviser ?

Pierre Deschamps: Non, parce que je suis le filfidèlement, je vais au but, mais ce n'est pas l'enviequi manque de bifurquer. Quand je m'engage dans l'histoire, je vois sa fin (dans les contes kabyles,on dit: «Que mon conte soit un long fil que rien ne coupe» ) ,mais à chaque fois je redécouvre la situation, je redécouvre le héros et j'ai envie parfois, quand je raconte une histoire depuis plusieurs années,de lui faire prendre un autre chemin, je me dis par exemple: «Allez, ce soir, il ne meurt pas». Et cela se passe pendant que je suis en train de raconter, avec, quelque part dans mon cœur,une petite voix qui te dit: «Allez, prends le chemin de droite»… Cela provoque hésitation, doute, enfin un trouble dont le public se rend peut-être compte.Mais mon travail c'est d'aller au but, les gensveulent savoir (la fin). Alors j’essaie de maîtriser le conte du début à la fin, mais je me donne

« Les contes existent, les livres existent, mais les livres de contes n’existent pas »

Entretien avec Pierre Deschamps, Conteur.

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vous indique que, bien que n’ayant jamais entendu votre histoire ,ils savent déjà ce qui va se passer, rien ne les étonne, ils vous précèdent, un flambeau à la main et certains de l’itinéraire, vous aident à trouver «les notes essentielles».Dans un livre, ce qui est écrit est écrit. Accompli. Le point finalest un butoir, marque l’impossibilité de re t o u c h e r, de transform e r.La langue écrite est contenue par le texte. Elle est définitive.É c r i re un conte c’est en faire un instantané forcément tre m b l a n t ,fragile. C’est comme si on épinglait un papillon. Le lecteurest son propre conteur. Il lit et choisit, à partir de l’évocationqui lui est proposée, de bâtir son « f i l m». On sait la fru s t r a t i o nqui résulte des œuvres portées à l’écran: «Je ne voyais pascela comme ça ». Une fois le film vu, la re l e c t u re est impossiblepuisque l’imaginaire est bloqué, par un visage, un paysage,une action. Le conteur tel que je l’envisage se moque des mots, ils ne sont que des coquilles à remplir,des «tiroirs improbables», chargés de souvenirs personnels.Mais comment les faire partager au plus grand nombre ?Comment accéder à l’humanité, à l’universel? Par le sens de la formule? Ou par le silence? En conte, un silence vaut mieux qu’une longue palabre, parce qu’il souligne,évoque et se substitue, il porte un sens bien plus for tque la plus juste des formules. Il est l’humilité du conteur.Ses silences parlent. L’entourent. Toujours à portée de mainpour accomplir le geste, ou trancher le fil de la parole.Le lecteur peut lever les yeux, revenir à la réalité, s’imposerun silence, freiner sa lecture quand elle est trop nourr i s s a n t e ,ou quand il ne veut pas arriver à la fin «tellement c’est bien».Le rythme de la phrase, le style sont les armes de l’écrivain,ils capturent le lecteur. Le conteur travaille en rythme, ses ru p t u res forgent son style, mais son auditeur, s’il est captivé, n’est jamais captif. Il peut s’évader à tout moment à conditionque le conteur ait respecté la «distance intime nécessaire ».C’est dans ces instants extrêmement fragiles qu’une «r é s o n a n c e» ,partagée avec le public, s’installe. Ainsi chaque mot (ou chaque inflexion) devient important, parce qu’il est charg éd’une teinte, d’une odeur ou d’une saveur, dans tous les casd’un rêve ou d’un souvenir forcément juste dans la bouchede celui qui le porte, généreux à l’oreille de celui qui l’entend.Bref, il sonne. Et contredit ce que je disais plus haut :on ne se moque pas des mots, puisqu’ils constituent la «p a ro l e» ,semblable à un ruisseau charriant mots, phrases, silences,inflexions et gestes dansés. L’espace devient poétique, drôle,il se construit. Le spectateur comme le lecteur se construit et construit son monde. Le lecteur reviendra à l’écrit, le spectateurà ses souvenirs, plus précisément à ce qu’il a inventé à partir de ce qu’il a entendu ou cru entendre.

Je ne connais pas les contes par ma mère, mais par les livre s .Pour moi, ils sont précieux, constructeurs. Néanmoins, les recueils de contes, les anthologies ne sont pas des livrescomme les autres. À la dernière page, ils vous laissent un goût étrange, une impression de frustration. À l’évidence,ces livres n’existent que pour être transformés, que pour être racontés. Les pages, les lignes, les mots ontquelque chose d’un peu décalé, de monstrueux; au résultat,le livre tout entier n’existe pas. Ce n’est qu’une fumée, qu’un nuage qui n’aboutit à rien tant que l’histoire n’est past r a n s f o rmée pour être inlassablement racontée. Le livre de contesp ropose une quête alchimique. Il faut choisir, intégre r, digére r,chauffer, distiller et s’élever jusqu’à pouvoir donner vie sans blasphémer, avec simplicité. En se sachant indispensable,puisque connaissant la fin, et forcément perfectible, puisque soumis à la loi des langages: mot, silence et geste.On distinguera, dans ce cadre (mais il existe bien d’autrescatégories, chaque conteur en constituant une à lui seul),deux sortes de conteurs: ceux qui ont reçu les contes d’un inform a t e u r, qui les ont lus dans les livres. Ceux-là ont dûse chercher une raison, un «pourquoi» pour s’orienter.Ils sont partis à la recherche d’une véritable raison. L’amour seul ne suffit pas, il faut savoir pourquoi l’on aime,qu’elle est « l ’ œ u v re - m i ro i r » de l’histoire, en quoi je me re c o n n a i s

en elle. Pourquoi celle-ci et pas une autre.Les autres sont ceux qui ont reçu les contes parce qu’ils ont jugéque le temps pour eux était venu de les recevoir.Comme dans cette histoire du conteur mexicain :quand il commence une histoire destinée aux adultes, il demandeaux enfants présents dans le public de partir lui faire une course,et les enfants lui obéissent. Plus tard, un jour, à tel ou tel âge,l’enfant (ou l’homme) décidera de rester écouter l’histoire,simplement parce que c’est le moment, qu’il l’a ressenticomme ça. On comprend ici ce que j’entends par « relationchaleureuse».

Un livre possède un auteur. Pour le conte traditionnel, le conteurest son « i n v e n t e u r », au même titre qu’un découvreur « i n v e n t e»un site en révélant au public ce qui est caché. Chaque conteurpossédera ainsi sa version du Petit chaperon rouge, nourriede ses souvenirs, de son «pourquoi-miroir».Mais à l’origine, qui a été le premier, celui qui a «inventé » ?Le conte serait une forme simplifiée des mythes, des légendes? Leur diffusion serait la résultante d’une «d i ffusion indo-euro p é e n n e», ou d’un «inconscient collectif»particulièrement fertile? J’ai longtemps cru que l’ethnologiepouvait tout expliquer, tout emboîter, faire remonter les contesau déluge, et même avant, puisqu’«au commencement étaitle verbe». Maintenant, parce que j’ai accepté bon an mal an,et avec difficulté, que les contes pouvaient me changer,je me suis dit que les contes étaient magiques, et portaientun pouvoir de mutation immense. En transmettant les contes,nous transmettons ce pouvoir. Qui le reçoit? Qu’en fait-on?Comment raisonne-t-il? À chacun de répondre.À partir du moment où il raconte un conte, le conteur saitqu’il ne lui appartient plus, et que «tout ce qui n’est pas donnéest perdu». Ainsi, celui qui a reçu le conte «de sa mère »a eu la chance de le recevoir au moment où il en avait besoin.C’est peut-être encore une similitude entre le conte et le livre .Car comment expliquer que certains ouvrages nous ontbouleversés, voire changés, du moins formés — on penseraau terme de « roman d’apprentissage», à Dickens, Kipling,Twain… —, et que d’autres ne nous ont pas atteints. Ou mieux encore, pourquoi certains nous ont tant plu à une époque donnée, et nous tombent des mains maintenant…Dans ma relation au «conte écrit», il me faut disséquer.Ouvrir l’histoire, et m’ouvrir à elle en lui faisant de la placecomme quand on accueille un invité. Je dois m’enfouir dans le texte, le visiter pour en extraire la «substantifique moelle» ,« l ’ o s s a t u re», c’est-à-dire la «s t ru c t u re». Ce qui fait la part i c u l a r i t édu conte traditionnel, sa sûreté (coupe-lui la tête il marche encore ) ,c’est la qualité de ses enchaînements, tout y est à sa place.À ce stade, le langage écrit n’existe plus, il est fracturé,digéré pour perm e t t re «une vision». À cet instant, il s’agit d’écrireavec la langue et le corps, de voir la situation en se mettantà la place de chaque personnage, de chaque objet composantle décor. On pense à R a s h ô m o n2, où chaque personnage va venirexpliquer sa version des faits. À cette étape, je vais raconterl’histoire de tous les points de vue possible. En donnant la parole à chaque personnage, à chaque objet :je suis le caillou et ce matin j’ai vu une petite fille…

La littérature fixe, horizontale, se sépare de sa pesanteur,de sa gangue d’encre et de papier pour devenir chair, os et sang.Le conte va vivre l’instant de la parole et sera rigoure u s e m e n tvrai le temps qu’on le racontera. Pendant tout ce travail il y aura un va-et-vient entre l’écrit et l’oral.C’est là que se situe la tension, caractéristique de l’aspectboiteux du conteur: il marche, un pied dans l’écrit, un autre dans la parole, il est la jonction possible, se nourr i s s a n tde l’un et de l’autre pour nourrir à son tour.

la liberté de douter, de changer. C’est un rappor tp resque charnel quand je raconte, je suis dans le corpsde l’histoire, dans le cœur aussi.

MAF : Tout seul et en petite équipe, comment s’approprie-t-on une histoire ?

Pierre Deschamps: Il faut du temps pour apprivoiserune histoire, parfois ça ne marche pas, tu t'es tro m p équelque part mais tu ne sais pas bien où et quand,alors c'est douloureux et c’est là qu’il est importantde ne pas être seul, de travailler avec quelqu’un.Pour m’aider à l'écriture, il y a Cathy Sutca, mon agent,et Jean-Claude Botton. Ils sont aussi les premiersauditeurs. Cathy est apparue dès le début comme une personne de confiance, je peux m'appuyersur elle, elle aplanit le chemin, et Jean-Claude, qui est lui-même conteur, met mes spectacles en scènedepuis sept ans. Aider à trouver ce qui est juste,c'est à cela que sert un metteur en scène!Je travaille dans l'urgence et j'ai l'impression de tout faireau dernier moment, alors qu’en même temps je suis très lent, il me faut du temps. J'ai l'impre s s i o nde ne jamais m'arrêter, de travailler beaucoup, même quand je ne fais rien. Par contre, lorsque tu travailles en résidence, tu es dans une bulle,tu es là pour travailler sans te laisser divertir ou détourn e rde ce pour quoi tu es invité et tu ne peux plus re p o u s s e rl'entrée dans le choix du conte, dans le conte et dans la création. Je suis plus détendu, j’ai la sensation d’avancer.

MAF : Dans quelle direction allez-vous aujourd’hui ?

Pierre Deschamps: Depuis deux ans, je rechercheplus une authenticité chez les personnages racontés,je cherche «l’humain de chez humain » !Et je travaille aussi beaucoup sur le collectage. Je pense que les collectages de récits de vie vont me perm e t t re d'enrichir la personnalité des personnagesdes contes que je vais choisir. Pour mon spectacleLe Vin des noces, une ethnologue a participé en faisantun collectage sur les rites de mariage en Brière et,au fur et à mesure qu'elle me donnait des inform a t i o n s ,j'essayais de voir quelles histoires cela appelait, ou vers quel type de recherche je devais me diriger.

MAF : Est-ce que vous avez des maîtres?

Pierre Deschamps: J’aime beaucoup les universnordiques, le Moyen-Orient, et il y a deux auteurs qui sont des maîtres pour moi: Kemal et Kadaré.Dans le milieu des conteurs, qui demeure malgré touttrès fermé, ceux qui ont compté et qui comptent pour moi c’est d’abord Yannick Jaulin, qui m’a apprisque le conteur a tous les droits, le droit de tout direet aussi de se tromper; c’est Jean-Claude Botton, qui m'a initié à la recherche sur l'humanité ;il y a aussi Michèle Nguyen, Didier Kowarsky,Catherine Zarcate…

MAF : Pourquoi selon vous faut-il de l’humilité dans ce métier ?

Pierre Deschamps: Parce que c’est un long cheminmais que ce n'est pas un métier indispensable — je ne suis ni urgentiste, ni pilote, et je n'ai pas la viedes gens entre mes mains. C'est peut-être une illusionde croire que c'est ma route, mais la questionfondamentale qui fait que je continue, c'est simplement: est-ce que je peux m'en passer ?

Le conteur et son rapport au texte écrit1

Le conte procède de la parole. La littérature est son opposé :l ’ é c r i t u re est immobile, la parole mobile, vivante, souple. Il existepourtant une relation entre littérature et «littérature orale»,terme inventé par l’ethnologue Paul Sébillot pour caractériserce qui se «transmet de bouche à oreille». Cette relation se caractérise par un ressenti partagé. Lorsque nous écoutons,lorsque nous lisons, nous produisons des représentationsmentales, nous imaginons au premier sens du terme, nous créons des images.B runo de La Salle dit: «Conter c’est faire apparaître des images » .Le conteur agit en effet comme un cinéaste, il choisit décorset acteurs, puis transforme l’écriture en récit actif, il dessineun story-board, ses yeux sont des caméras qui enregistrentles scènes selon les angles et les lumières qu’il a choisis,pour pouvoir les projeter sur un écran virtuel situé entre le publicet lui-même. On a coutume de dire que le conteur fait la moitiédu chemin, le public accomplissant l’autre moitié, chacun s’approchant de la mince paroi de « l ’ é c r a n». Cette marc h es’accomplit dans le respect de l’autre, dans la compréhensionde ses «distances intimes nécessaires». Idem en littérature,à la différence que l’objet livre se substitue à «l’écran», et plus précisément à une rencontre humaine, chaleureuse,vivante.En poursuivant cette idée, on comprendra que l’art de la lectureà haute voix est fondamentalement diff é rent de l’art du conte.La lecture en public re q u i e rt un comédien capable de se coulerdans la peau de l’auteur, en re t rouvant les intentions de celui-cipour pouvoir les interpréter. Il devra devenir les personnages,endosser leur peau, les jouer. Le conteur, lui, n’est jamaisdifférent de ce qu’il est. Lorsqu’il raconte, il est strictementlui-même, avec ses doutes, ses incertitudes, il avance sur le chemin du conte et tente d’en explorer les méandres,sans trop se perd re. Pour le lecteur, comme pour le comédien,c’est l’auteur qui a accompli cette exploration, c’est lui qui dictemot à mot. C’est donc parce que le conteur voit que le publicvoit. Là réside sa conviction, son enthousiasme, son amourprofond pour un art qu’il ne maîtrise pas. Dont il ne peut, et c’est essentiel, connaître les limites, puisque chaquespectateur va constru i re son pro p re « f i l m » à partir de très peude matériau: un mot, un geste, un regard. Pour le conteur,tout est question de mesure. Le danger est permanent :outre sa nudité, il peut tomber du «fil» de son conte à toutmoment, seule sa légèreté peut le sauver, il ne fait qu’eff l e u re rla conscience de son auditoire, rien de péremptoireni de définitif («Leur savoir remédiera à tes imperfections»,disait Rudyard Kipling). Il doit être aussi méfiant dans l’interprétationdes «contes de sagesse», de leur dernière phrase qui ne doit pas tomber comme un couperet, un anathème.

Le conte est un spectacle vivant, sujet à d’infinies variationset modifications en fonction du temps, du lieu, et du public.Chaque fois qu’il prend la parole, le conteur sait que tout seradifférent, même si, et c’est quasiment impossible, ce sontles mêmes mots à la virgule près qui vont se présenter,comme des génies bien disciplinés au service de leur maître.Le conte est semblable à un motif de jazz sans cesse re n o u v e l é ,transformé. Au fil du temps, le conte devient plus efficace,plus précis. À la centième racontée, il s’est débarrassé de l’inutile pour aller à l’essentiel. Miles Davis disait qu’il ne jouait que les notes essentielles, le public constru i s a n tla mélodie dans sa tête.Quand ils écoutent une histoire, les enfants ont des attitudestrès différentes, allant de l’acceptation béate, en passant par une «pétillance», une malice, une vigilance qui n’attendqu’un mot pour se manifester. Très peu ont une autre attitude:le corps est relâché, les bras écartés, on les sent confort a b l e m e n tinstallés, un sourire flotte sur leur visage, et leur re g a rd lumineux

1 Texte de la conférence de Pierre Deschamps dans le cadre de Nantes-livres jeunes, en 2002.

2 Rashômon, d’Akutagawa Ryûnosuke, traduit du japonais par Arimasa Mori, Éditions Gallimard, 1965 à 2003, de 2,00 à 8,90 .

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L’Homme pauvre, Amzal le malchanceux, La Montagne aux trois questions

en quatre versions

La Renarde 1

Il était une fois deux frères qui venaient de se partager le bien que leur avait laissé leur père : l’aîné, Joseph, avait gardé la métairie et tout ce qui en dépendait; le cadet, Baptiste, n’eut qu’une poignée d’argent, et comme il avait cinq enfants et peu de chose pour les nourrir, il se trouva dans la misère.Un jour, la veille de la fête, il alla trouver son frère aîné et lui dit :— Demain c’est la fête; ne pourrais-tu me prêter un peu d’argentpour confectionner un gâteau aux enfants afin qu’ils se régalentune fois ?— De l’argent je n’en ai pas en ce moment, dit l’autre. Tout ce que je peux faire pour toi, le voici: tu vois qu’il pleut en ce moment; tu vas aller te placer sous le jet de la toiture, tout nu, et lorsque tu seras bien trempé, tu iras te rouler sur mon tas de blé, au grenier. Tout le grain qui restera collé à ta peau sera à toi.Le pauvre Baptiste fit ainsi, mais tout le blé qui demeura collé à sa peau n’aurait pas fait assez de farine pour confectionner une moitié de gâteau. Et puis, comme il l’avait placé sur le rebordde la fenêtre afin de le faire sécher, un coup de vent l’éparpilla au dehors. Alors il va re t rouver son frère et lui conte sa mésaventure .— Maintenant, pauvre, je ne puis rien faire pour toi. Mais tu n’asqu’à aller trouver la Renarde: peut-être qu’elle t’indiquera quelque moyen pour te dépêtrer de la misère.La Renarde était une fée qui demeurait loin, bien loin, de l’autrecôté de la montagne. Baptiste se mit en route pour aller la trouver.Il chemina d’abord pendant une journée entière. À la tombée de la nuit il s’arrêta au pied d’un figuier pour dormir. Le figuierl’abrita comme il faut du froid, et au matin, lorsque Baptiste re p re n a i tsa route, l’arbrisseau lui demanda :— Et où vas-tu ainsi ?— Je vais chez la Renarde.— Lorsque tu l’auras trouvée, tu lui demanderas pourquoi tous les autres figuiers portent des figues et non pas moi.— Je ferai ta commission, dit Baptiste.Et il partit. Il chemina encore toute une journée. Au soir, il re n c o n t r aun aigle qui se traînait à terre sans pouvoir voler.— Tu veux m’abriter sous ton aile pour dormir? lui demanda-t-il— Certainement oui, fit l’aigle.Baptiste dormit sous l’aile de l’oiseau, et le lendemain matin

Avec les contributions des conteurs Pierre Deschamps, Nordine Hassani et Guy Pru n i e r.

LA RENARDE,Un conte

L’Homme pauvre 2

Y’avait une fois ça fait longtemps, un homme qui était très pauvre.À la vérité, il était né pauvre. C’est comme ça! Certains naissentavec la bosse des maths, lui, il était né pauvre. Il était si maigrequ’il avait la peau du ventre collée à la peau du dos !

Un jour, il s’est dit que ce n’était pas juste. Pourquoi il était si pauvre ?

S’est dit qu’il allait voir Dieu pour lui demander.

Il a pris son bâton, son chapeau, son manteau, et il est parti droit devant lui. Mais il a réfléchi: pour aller voir Dieu, il faut éleverson corps et son âme. C’est comme ça qu’il a pris le chemin de la montagne.

Il est entré dans la forêt.Comme il avait beaucoup marché, comme il était fatigué, il s’est assis.Et c’est là que le loup est arrivé. Il a attrapé l’homme. Mais l’homme lui a dit :— Attend, attend! Tu peux pas me manger !— Pourquoi ?— Je vais voir Dieu! Je suis un pèlerin… On n’attaque pas les pèlerins. Je vais lui demander pourquoi je suis si pauvre.— Alors, si tu vas voir Dieu, tu vas lui demander pourquoi j’ai toujours cette faim de loup qui me serre le ventre ! Dégage !

L’homme est parti en courant. Il a traversé la forêt.Il a commencé de monter.Mais à force de marcher, il a eu soif. De tant de poussièreet de fatigue…Et c’est là qu’il a vu deux ruisseaux exactement parallèles qui plombaient la poussière du chemin.Il s’est penché, et de la pointe du doigt, il a goûté: c’était salé !C’était de l’eau salée !Comme il continuait sa route, il a vu que les deux petits ruisseauxdevenaient bondissants, jaillissants comme des torrents.Et c’est là qu’il a vu…Alors forcément, il a compris…Sur le bord du chemin, il y avait une cabane de pierres sèches, et entre la porte et le sol, il y avait un écart… C’est par là que les ruisseaux s’échappaient… Des ruisseaux d’eau salée…

La Montagne aux trois questions 4

Il était une fois un jeune étudiant très malheureux. Rien qu'en re g a rd a n tsa figure, on devinait pourquoi: il était Laid.Aucune jeune fille n'en voulait pour époux, aucun garçon n’en voulaitpour ami.Et lorsqu'il se présenta aux concours d'État, l'huissier lui interditd'en franchir la porte.— Pas question de devenir fonctionnaire avec une tête pareille !Les gens en perd ront tout respect pour les mandarins ! Même le ro i ,que le Ciel le protège, en serait ridiculisé !« C'est trop injuste! pense l'étudiant en s'en allant, tête basse. Je ne l'ai quand même pas choisie, ma figure ! »Et puis il se rappelle une berceuse que lui chantait sa mère,lorsqu'il était tout petit.

Au pays de l'ouest/au pays des orages/ il y a une montagne /qui touche les nuages. / La Terre y rencontre / le Ciel étoilé, /trois génies, toutes réponses… /Mais comment y aller ?

« Je dois trouver cette montagne. Je l'escaladerai et demanderaiaux génies pourquoi j'ai été affligé d'une figure aussi disgracieuse!»se dit l'étudiant. Et il part vers l'ouest.Il marche longtemps.Au début, il dort dans les champs. Il craint les moqueries qui l'accueilleraient dans les auberges. Mais au fur et à mesurequ'il avance, la route devient un sentier étroit qui commence à grimper. Parfois, lorsqu'il fait clair, on voit une montagneentourée de brumes flotter au-dessus de l'horizon.« Je suis sur le bon chemin», se dit l’étudiant.Un soir, un orage terrible se déchaîne. Le tonnerre gronde, les éclairsdéchirent le ciel. L'étudiant est trempé jusqu'à l'os. En voyant une ferme isolée, il prend courage et frappe à la porte.Un vieil homme aux yeux tristes lui ouvre. Il ne semble pasremarquer la laideur de son hôte. Il l'accueille, le nourrit, l'invite à se réchauffer auprès du foyer, comme si l'étudiant était un visiteur de marque. Ce n'est que le lendemain qu'il demande :— Que faites-vous, un étudiant, dans ce pays perdu, si loin des écoles?— Je cherche la Montagne où le Ciel rencontre la Terre. On dit qu'on y trouve réponse à toute question… et je voudraissavoir pourquoi je suis si laid…— Chaque homme porte un malheur, dit-il. Moi, j'ai une fille uniqueque j'aime par-dessus tout, mais la pauvre est muette. Voilà pourq u o ij'habite si loin de tout village: pour que ma fille ne sache pas qu'elle estdifférente des autres… S'il vous plaît, lorsque vous aurez atteintla Montagne, pourriez-vous y demander pourquoi ma fille est muette?— Je vous apporterai la réponse à mon retour! promet l'étudianten continuant son voyage.

Suite page 30.

Amzal le malchanceux 3

Amzal était malheureux, Le père de Amzal était malheureux. Son grand-père était malheureux. Toute la famille de Amzal étaitm a l h e u reuse. Depuis des générations et des générations, le malheurétait sur eux. Un jour, Amzal décide que cela suffit. Il veut êtreheureux, il veut savoir où est sa chance.Alors il va voir sa vieille tante et lui demande :— Dis-moi ma tante, où est ma chance? J’ai envie d’être heureux.Je ne veux plus être malheureux.Sa vieille tante lui répond :— Écoute, si je savais seulement où est ma chance à moi, je pourr a i ste dire où est la tienne, mais tu vois bien comment le malheur estsur moi, alors laisse-moi avec tes questions stupides, j’ai du travail.Amzal est allé voir son ami Aziz :— Aziz, toi qui as un peu de chance, tu saurais me dire où est la mienne ?— Ta chance? Déjà, que moi, j’en n’ai pas beaucoup, de chance, ta chance à toi alors…Et Amzal s’en est allé. Il est allé voir ses amis, ses cousins, maispersonne ne connaissait la réponse. À la fin de la journée, découragé,il est passé devant la maison de son grand père, sage d’entre les sages.— Dis-moi, grand-père. Depuis des générations et des générations,c’est le malheur sur toute la famille, j’ai décidé que cela devait cesser.Je voudrais savoir où est ma chance pour être enfin plus heureux.Le vieux, après un temps, dit :— La réponse que tu cherches, seul Dieu peut te la fournir !— Dieu, mais où il est? demande Amzal.— Tu n’as qu’à marcher.Et Amzal a marché, marché, marché. Il a marché longtemps, longtemps,et puis il est arrivé dans une grande ville et dans cette grande ville,il y avait un grand parc et dans ce grand parc, il y avait un loup.Mais ce loup n’était pas un loup comme les autres. Il avait les oreilles baissées et le regard d’une tristesse incroyable.— Qu’est-ce que tu as? demande Amzal.— J’ai pas de chance, j’ai pas de chance, j’ai perdu l’appétit!!! Et perd re l’appétit pour un loup, c’est grave, c’est vraiment pas de chance.Amzal lui dit :— Écoute, moi je vais voir Dieu pour lui demander où est ma chance,je peux lui demander où est la tienne.— Ah bon, tu peux faire ça pour moi ?— Mais bien sûr. À bientôt.Et Amzal a marché, marché, marché…Il a traversé un désert, un océan, une forêt, un autre désert, un autre océan, une autre forêt et au troisième désert, il est arrivédans une oasis. Fatigué d’avoir beaucoup marché, Amzal s’est assissous un arbre pour se reposer un peu. À peine était-il assis qu’un fruit tout pourri lui est tombé sur la tête.Amzal se retourne :— Ça va pas, non ?

Un conte, La Renarde, pioché dans l’ouvrage Le Conte populaire français: Catalogue raisonné des versionsde France, de Paul Delarue et Marie-Louise Ténèze, et off e rt en pâture à plusieurs conteurs avec cette question:connaissez-vous ce conte et en avez-vous une version à votre répertoire ? Ou comment une histoire voyageet se transforme au gré des univers de trois conteurs: Pierre Deschamps, Nordine Hassani et Guy Prunier…

4 Extraits de La Montagne aux trois questions (d’après un conte populairevietnamien), de Béatrice Tanaka, Éditions Albin-Michel jeunesse, 1998, 6,90 .Version rapportée par Guy Prunier.3 Version rapportée par Nordine Hassani.

Suite page 31.

Suite page 31.1 Version ariégoise du conte-type 460B (Le Voyage pour chercher fortune),dans Le Conte populaire français: Catalogue raisonné des versions de France, de Paul Delarue et Marie-Louise Ténèze, Éditions Maisonneuve et Larose, 2002, 63,00 .

Suite page 30.

2 Version rapportée par Pierre Deschamps.

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celui-ci lui demanda :— Et où vas-tu ainsi ?— Je vais chez la Renarde.— Lorsque tu l’auras trouvée, tu lui demanderas pourquoi tous les autres oiseaux peuvent voler et non pas moi.— Je ferai ta commission, dit Baptiste.

Et il partit. Peu avant d’arriver chez la Renarde, il eut à traverserun ruisseau. Il lui demanda la permission de le franchir, et sitôt fait,celui-ci lui demanda :— Et où vas-tu ainsi ?— Je vais chez la Renarde.— Lorsque tu l’auras trouvée, tu lui demanderas pourquoi tous les ruisseaux ont des poissons, et non pas moi.— La commission sera faite, dit Baptiste.Et il reprit son chemin. Bientôt il arriva devant la maison de la Renarde.— Bonjour, Renarde; je suis bien aise d’être arrivé. Je viens pour vous demander si vous voulez bien me rendre un service ;mais auparavant je vais vous faire trois commissions dont on m’a chargé en route: le ruisseau que je viens de traverservous fait demander pourquoi les autres ruisseaux ont des poissonset non pas lui; l’aigle que j’ai rencontré et qui m’a laissé dormirsous son aile, vous fait demander pourquoi il ne peut pas voler,pendant que tous les autres oiseaux gambadent en l’air à leur volonté; le figuier qui m’abrita l’autre nuit voudrait savoirpourquoi il ne porte aucun fruit, alors que les autres figuiers en sont chargés ?— Tu vas le savoir tout de suite. En repartant, lorsque tu auraspassé le ruisseau, tu te sauveras sur un monticule et tu lui crieras de loin: la Renarde te fait dire que tu auras des poissons lorsque tu auras englouti un homme. Puis tu t’abriteras une nuit encore sous l’aile de l’aigle et le matin tu lui enlèveras une pierre qu’il a sous l’aisselle et qui l’empêche de voler. La nuit suivante tu t’abriteras de nouveau sous le figuier et le matin tu gratteras à son pied :tu y trouveras deux pots remplis de noix et tu les emporteras ;ce sont ces pots qui empêchent ses racines de pénétrer vers la terre fertile.— Merci bien, dit Baptiste. Et maintenant que pouvez-vous faire,brave Renarde, pour moi qui suis vaillant, mais pauvrecomme un rat d’église? J’ai plusieurs enfants et je ne sais quoileur donner pour apaiser leur faim.— Tiens, je te donne cette faucille d’or ; c’est un outil qui te port e r abonheur.Baptiste reprend le chemin de la maison, et en route il exécutetout comme le lui avait recommandé la fée. Le ruisseau voulaitl’avaler pour avoir des poissons, mais lui s’était sauvé assez loinde son bord. L’aigle le laissa dormir une nuit sous son aile, mais la pier re qu’il lui ôta de dessous l’aisselle avec la faucilled’or fut aussitôt changée en diamant. Le figuier l’abrita de nouveau, mais les deux pots qu’il trouva en grattant à son piedavec la faucille d’or étaient pleins de pièces d’or au lieu de noix.Et le brave garçon arriva chez lui avec une fortune. Il se fit bâtir

Et l’arbre lui répond :— Excuse-moi mais je ne t’avais pas vu. Depuis que je suis né, je faisdes fruits pourris, j’ai pas de chance. Même quand j’étais petit,les enfants mangeaient mes fruits et les recrachaient aussitôt.Amzal lui dit :— Écoute, moi je vais voir Dieu pour lui demander où est ma chance,je peux lui demander où est la tienne.— Ah bon, tu peux faire ça pour moi ?— Mais bien sûr. À bientôt.Et Amzal a marché, marché… Et des déserts, il en a vu, des océans,il en a traversé, et puis il est arrivé au bord d’une rivière, et sur un ro c h e rà dix mètres surplombant la rivière, il voit une jeune fille prête à se jeterdans le vide. Amzal court pour sauver la jeune fille, il l’attrape à temps:— Laisse-moi, je veux mourir, laisse-moi, je t’en prie, dit-elle.— Mais pourquoi veux-tu mourir? demande Amzal.— Depuis que je suis toute petite, les gens disent que je suis belle,que je vais faire un heureux mariage, que celui qui me prendrapour femme sera le plus heureux des hommes, et pourtant je viensd’avoir vingt ans et je n’ai pas de chance, personne ne m’aime, je suis seule. À quoi me sert de vivre?— Écoute, moi je vais voir Dieu pour lui demander où est ma chance,je peux lui demander où est la tienne.— Ah bon, tu peux faire ça pour moi ?— Mais bien sûr. À bientôt.Et Amzal a traversé la rivière et il a marché, marché. Puis il est arr i v éau pied d’une montagne, il a gravi cette montagne, arrivé au sommet,il a trouvé un petit arbre, s’est approché de lui et soudain les branchesde l’arbre se sont enroulées autour de ses jambes, de ses bras, et Amzal a été transporté dans les airs. Les branches de l’arbregrandissaient et entraînaient Amzal vers les nuages. Amzal a dépasséles nuages, il est arrivé dans la couche d’ozone, il a traversé la couched’ozone, il a dépassé l’atmosphère et s’est re t rouvé dans l’espace.Et là, au milieu du cosmos, Amzal est arrivé devant un grand immeuble.Au pied de cet immeuble, un homme était assis sur les marchesde la cage d’escalier.— Monsieur, s’il vous plaît, est-ce que vous savez où Dieu habite?demande Amzal— Troisième étage, porte gauche, répond l’homme.Amzal prend l’ascenseur, arrive au troisième, et sur la porte gauche,il est inscrit «Dieu».Amzal frappe à la porte, pas de réponse, une deuxième fois, personne,à la troisième fois, la porte s’ouvre toute seule, Amzal hésite puis doucement, il entre dans l’appartement. Et là, face à lui, le dos d’un canapé très tendance, devant le canapé, une télévisiong e n re 16/9, et Amzal se rapproche du canapé et il aperçoit un hommeassis, la télécommande à la main qui est en train de zapper.— Alors Amzal, c’est à cette heure-ci que tu arr i v e s? demande l’homme.Amzal se frotte les yeux et dit :— C’n’est pas toi Dieu ?— Qui veux-tu que ce soit? Tu n’as pas lu sur la porte ce qui est écrit?répond l’homme.— Alors ça, si je m’attendais à un truc pareil… Tu regardes la télé, tu es habillé en pyjama! Mais tu sais, en bas, les gens ne t’imaginent pas du tout comme ça. Tu as une grande barbeblanche et puis tu parles comme ça: OOOHHHH DIEUUUU… Et en plus tu es noir! Alors ça!!!— Je sais, les gens ont beaucoup d’imagination. Mais bon, tu n’es pasvenu pour me parler de mon allure, alors c’est quoi ton problème?— Voilà, Dieu. Depuis que je suis tout petit, je n’ai pas de chance,il n’y a que du malheur dans ma vie, j’en ai marre, je voudraissavoir où est ma chance.Dieu réfléchit un instant et dit :— Amzal, ta chance est devant toi, voilà.— Pardon? Ma chance est devant moi? répond Amzal.— C’est ça, ta chance est devant toi, c’est aussi simple que ça.— Alors là, Dieu, tu es fort, ah non, tu es très fort ! Depuis des années,je me pose la question de savoir où est ma chance et toi tu arr i v e set tu me réponds que ma chance est devant moi. Alors ça, c’est très très fort ! Merci beaucoup Dieu, je me sens tellement mieuxmaintenant, je sais que ma chance est devant moi. Mais dis-moi, si ce n’est pas trop te demander, pour la jeune fille que j’ai re n c o n t r é e

Comme il s’approchait, il a entendu…Quelqu’un qui pleurait…La voix d’une jeune fille…Les ruisseaux d’eau salée, c’était ses larmes !Il s’est avancé. Il a regardé par la fenêtre. Il l’a vue, elle étaitvraiment très belle. Alors il lui a demandé :— Ô! Belle entre les belles, pourquoi tu pleure s? Quand on est bellecomme toi, on n’a pas le droit de pleurer !— Chais pas! C’est comme ça, je pleure.— Ô! Belle, je vais voir Dieu, si tu veux bien, je vais lui demanderpourquoi tu pleures. Je peux passer la nuit ici?— Oui mais dehors.

Le lendemain matin, ce n’est pas le froid de l’aube qui a réveillél’homme, ce n’est pas non plus le chant des oiseaux. C’est la fillequi commençait à pleurer !

Alors il a mis la question du loup à côté de la question de la fille,et de sa propre question… Il a repris sa route.C’est comme ça qu’il est arrivé au sommet de la montagne.Mais juste avant d’atteindre le sommet, il a fait une pause.Sur le côté, un arbre poussait, l’homme s’y est appuyé.L’écorce a vibré, l’arbre a parlé :— Hé l’homme où vas-tu ?— Je vais voir Dieu, je vais lui demander pourquoi je suis si pauvre .— Alors tu vas lui demander pourquoi j’ai un côté qui porte fleurs,feuilles, fruits, et pourquoi j’ai un côté qui est mort.— D’accord, a dit l’homme.

Il a pris la question de l’arbre, l’a mise à côté de la question du loup, de la jeune femme et de sa propre question.

Voilà. Ça y est. Maintenant, il est au sommet. Il a la place justepour ses deux pieds.Voilà.

Il fait un pas…

Il n’est pas tombé !Parce que lui… il avait la foi !Il a traversé les champs célestes. Les portes du Paradis se sontouvertes devant lui.Il est arrivé devant la face resplendissante. Devant Dieu !

Je sais pas si ça vous est déjà arrivé, mais quand même, la première fois, ça fait un choc.Dieu s’est penché et lui a dit :— Mon fils je sais pourquoi tu es là.Ce qui n’a rien de surprenant, puisque Dieu sait tout.L’homme a retiré son chapeau, s’est incliné, et il a posé ses questions :— Seigneur! Je voudrais savoir pourquoi le loup… ?Et Dieu a donné sa réponse.— Ah bon? Et pourquoi la fille… ?Et Dieu a donné sa réponse.— Ah…? Et pourquoi l’arbre… ?Et Dieu a donné sa réponse.

À ce point du récit, cher lecteur, tu te demandes peut-êtresi tu n’as pas loupé un épisode? Ou peut-être pas? À la vérité tu veux savoir comment cette histoire va finir? Ou peut-être pas ?Je comprends, tu es pressé. Alors les réponses ce sera pour une autre fois…

L’homme a re m e rcié, a remis son chapeau, et juste comme il s’en allait,il s’est souvenu !— Et moi Seigneur, pourquoi je suis si pauvre?— C’est comme ça mon fils. Mais allez va cours, galope, dépêche-toi: ton bonheur t’attend !

L’homme a couru, couru, couru, il a traversé le Paradis, les portes

Le sentier passe à travers une forêt sombre et épaisse. Des oiseauxétranges sifflent. Des serpents silencieux glissent le long des arbre s .À la tombée de la nuit, l'étudiant débouche soudain dans une clairière ,devant une petite hutte entourée d'un jardin merveilleux.Encouragé par l'accueil amical de la veille, il frappe à la porte.— Sois le bienvenu ! C'est bien la pre m i è re fois que j'ai un visiteur,s'écrie joyeusement l'ermite qui ouvre. Que se passe-t-il, pourqu'un étudiant se mette à parcourir cette forêt du bout du monde ?— Je cherche la Montagne où le Ciel re n c o n t re la Te rre, pour demanderpourquoi je suis si laid…— À chaque homme son malheur! soupire l'ermite. Même moi, qui vis retiré, je ne puis vivre complètement heureux. Ma grande joie,c'est mon jardin, et en son milieu, il y a trois orangers. Je les soignetous trois avec autant d'amour, mais un arbre seulement portedes fleurs et des fruits, et les deux autres restent secs. Si tu arrives au sommet de la Montagne, pourrais-tu demanderpourquoi deux de mes arbres chéris ne fleurissent jamais ?— Je vous apporterai la réponse à mon retour! dit l'étudiant, en quittant l'ermite le lendemain à l'aube.La Montagne semble toute proche, mais il sait que la route sera longue.La forêt finit. Le sentier a disparu. L'étudiant grimpe parmi des ro c h e r snoirs et escarpés. Des traînées de brouillard flottent dans l'airsilencieux. Il n'y a plus d'oiseaux. Et puis un torrent bouillonnanta rrête l'avance du jeune homme. Les eaux sont profondes, rapides,tourbillonnantes. Impossible de les traverser à gué ou à la nage.Et il n'y a ni barque, ni pont, ni tronc d'arbre en vue.Devoir rebrousser chemin, Si près du but…— Tiens, tiens, il y a trois siècles que je vis ici, et voici le premierhomme à parvenir si haut! dit une voix étrange.L'étudiant regarde tout autour de lui mais ne voit personne, à part une vieille carpe gigantesque aux yeux écarquillés.— Je me demande ce que tu cherches dans ce désert, dit la voix,tandis que la carpe fait des bulles d'air, une pour chaque mot.Et bien que ce soit contraire à tout ce qu'il a appris sur les poissons,l'étudiant doit bien admettre que c'est elle qui parle.— J'essaie d'atteindre le sommet de la Montagne pour poser une question, dit-il.— Pourrais-tu en poser une aussi de ma part ?— Volontiers.— Alors, monte sur mon dos! dit la carpe. Et, tout en nageant,elle ajoute: toute carpe âgée de plus de cent ans peut devenir un dragon. Il suffit qu'elle saute par-dessus le pont qui se trouveen aval, et qu'on appelle le Pont-aux-Dragons. Tous mes amis l'ontdéjà franchi, moi seule n'y arrive pas…— J'en demanderai la raison, je le pro m e t s ! dit l'étudiant en sautantà terre.— Bonne chance ! Je t'attendrai ici ! fait la carpe, en agitant sa queueen signe d'adieu.Le jeune homme disparaît dans le bro u i l l a rd. Il grimpe en cherc h a n tà tâtons son chemin parmi les rochers. Il atteint le sommet. Trois vieillards souriants semblent y monter la garde.— Puisque tu as entrepris ce voyage difficile, ta question doit êtretrès importante, dit le pre m i e r, et sa voix ressemble au vent du matindans les bambous.— Le Ciel nous a envoyés à ta rencontre, comme récompensepour ton courage et ta persévérance, dit le deuxième, et sa voixest comme le bruissement des cocotiers à midi.— Nous te dirons ce que nous savons, dit le troisième, et sa voixest comme la brise du soir sur la mer.« Si la carpe ne m'avait pas aidé à traverser le torrent, je ne seraisjamais parvenu jusqu'ici», pense l’étudiant, et il demande :— Pourquoi mon amie la carpe, qui désire tant devenir dragon,n'arrive-t-elle pas à sauter par-dessus le Pont-aux-Dragons ?— Parce qu'elle avala une émeraude lorsqu'elle était jeune. C'est ce joyau qui l'attache à la Terre, dit le premier génie.L'étudiant s'incline pour le remercier et va poser sa question,lorsqu'il se rappelle l'ermite jardinier. «S'il ne m'avait hébergé, je serais peut-être mort », pense-t-il, et il demande:— Pourquoi deux des orangers de mon ami l’ermite ne portent-ilsni fleurs ni fruits, alors qu’il les soigne autant que l’oranger qui en port e?— Ton ami se retira du monde, dit le deuxième génie, pensant que,

Suite page 33.Suite page 32.Suite page 32. Suite page 33.

La Renarde, suite de la page 28. L’Homme pauvre, suite de la page 28. Amzal le malchanceux, suite de la page 29. La Montagne aux trois questions, suite de la page 29.

La Renarde. «Baptiste dormit sous l’aile de l’oiseau»…Image: © Christophe Caron.

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une magnifique maison, acheta des bois, des champs et des prairies,et ses enfants eurent un gâteau chaque jour.Son frère Joseph, lorsqu’il apprit cela, vint le trouver et lui demandacomment avait-il fait pour devenir plus riche que lui. L’ a u t re lui contatout ce qui lui était arrivé en chemin.Alors ce jaloux de Joseph voulut faire comme son frère et se miten route pour aller chez la Renarde. Il trouva le figuier qui étaitrempli de figues, puis l’aigle qui volait bien haut dans le ciel,ensuite le ruisseau qu’il voulut franchir sans lui demander la permission; alors l’eau grossit tout à coup et engloutit le pauvre Joseph.Et depuis ce jour, le ruisseau est plein de poissons.

se sont fermées derrière lui. Il a traversé les champs célestes, a sauté sur le sommet de la montagne, est passé devant l’arbrequi l’a appelé :— Hé l’homme t’as ma réponse ?— Oui! pour toi, c’est pas compliqué: si tu as un côté mort, c’est parce que, à peine à quelques centimètres du sol un grosc o ff re rempli d’or et de pierres précieuses s’appuie sur tes racineset empêche la sève de passer. Il suffit qu’il y ait un homme qui passe, qui donne un coup de pied dans la poussière, qui retire le trésor et de nouveau la sève circulera dans ton corps,et tu porteras fleurs, feuilles, fruits pour la gloire de Dieu !— Qu’est-ce que t’attends! Déterre !— Ah non, moi je ne peux pas! Dieu m’a dit: vas-y cours, galope,dépêche-toi: ton bonheur t’attend! Alors je cours.L’homme a couru.Et quand il est passé devant la maison de la fille, elle l’a arrêté :— Hé! L’homme, t’as ma réponse ?— Oui. Enfin… non… Parce que même pour Dieu, les filles, c’est trop compliqué! Mais il a dit que si tu trouvais un hommegentil, que tu te maries avec lui, t’arrêterais de pleurer.C’est alors que la très belle jeune fille a regardé l’homme d’une façon bizar re :— Dis donc toi, t’a l’air gentil, tu voudrais pas que toi et moi…L’homme a répondu :— Ben non, moi j’peux pas! Dieu m’a dit: vas-y cours, galope, ton bonheur t’attend! Alors, je cours.Il a dévalé la montagne. Il est entré dans la forêt.Le loup l’attendait. L’a attrapé :— T’as ma réponse ?— Pour toi, c’est pas compliqué. Dieu a dit que c’était comme ça.T’auras toujours cette faim de loup qui te serrera le ventre…Et il a ajouté que pour calmer ta faim, t’avais qu’à manger le premier imbécile venu!

Et le loup l’a mangé.

loin des villes, les hommes sont plus près du bonheur, que c’esten terre vierge que poussent les plus belles fleurs. Mais il ne sait pasqu’il y a très longtemps un brigand enterra un trésor dans sa clairière .L’or tue la vie, aussi bien dans les villes que dans les jardins.C’est l’or sous leurs racines qui empêche les deux orangers de fleurir.— Il ne te reste qu’une question. Réfléchis bien avant de la poser,murmure le troisième génie.L’étudiant s’apprête à poser la question, mais le sourire du génielui rappelle le vieillard triste qui l’avait accueilli pendant l’orage,père d’une fille muette…— P o u rquoi… Pourquoi la fille du vieillard est-elle muette? demande-t-il.Et sa voix tremble juste un tout petit peu.— P a rce que l’homme juste et lettré, l’époux dont elle rêve en silence,n’a pas encore surgi dans sa vie, dit le troisième génie.Et tous trois disparaissent dans les nuages.L’étudiant frissonne. Il remarque soudain combien il fait froid sur ce pic balayé par les vents. Lentement, il commence sa descente.Lorsqu’il arrive au bord du torrent, la carpe l’attend.— Il paraît que tu as avalé une émeraude jadis, et que c’est ellequi t’empêche de sauter assez haut! lui crie-t-il.— Mais oui, je l’avais complètement oublié! rit la carpe.Et lorsqu’ils ont atteint l’autre rive, elle crache le joyau aux piedsdu jeune homme.— Garde-la en souvenir de moi; elle te portera bonheur! dit-elle.Et puis, bondissant et frétillant de joie, elle entreprend son voyagede dragon. Le cœur serré, l’étudiant la suit, puis ramasse son cadeau et continue sa route.Il fait déjà nuit lorsqu’il atteint la hutte de l’erm i t e; mais en entendantla réponse des génies, le vieil homme ne tient plus en place. Il se hâte vers les orangers, bêchant à la lumière de la lampe que lui tient l’étudiant.Et, pour sûr, voici le trésor parmi les racines !— Pour moi, les fruits de mes orangers sont les plus merveilleuxt r é s o r s ! dit-il. Que veux-tu qu’un vieil ermite fasse de tous ces bijoux?S’il te plaît, offre-les de ma part à celle qui sera ton épouse !« Avec ma figure, je n’en aurai jamais», pense l’étudiant.Mais il ne veut pas gâcher la joie du jardinier par ces pensées lugubre s ,et le vieil homme insiste tellement qu’il ne peut refuser.C’est ainsi que le lendemain matin il quitte la hutte avec toutesles bénédictions de l’ermite, un paquet de bijoux dans une main et dans l’autre quelques rameaux des orangers fleuris pendant la nuit.Il traverse la forêt et, à la tombée du jour, arrive à la ferme isoléede son premier hôte. Dans la cour, une jeune fille vêtue d’une robe de soie fanée distribue du grain aux poulets.«C’est probablement la fille muette, elle a l’air si triste», pense l’étudiant.Il imagine la joie du père en apprenant que sa fille recouvrera la parole et épousera un grand lettré, et soudain il ne se sent plussi malheureux de n’avoir pas reçu de réponse à sa pro p re question.Il presse le pas et frappe au portillon.La jeune fille lève les yeux, les ouvre tout grands d’étonnement,elle laisse tomber son panier et s’approche du portillon.Et l’étudiant a l’impression qu’elle ne marche pas, mais glissedans l’air comme un papillon, que son sourire aussi est différentde tous les sourires qu’il a jamais vus, chaud et doux comme une lampe au crépuscule.— Soyez le bienvenu, seigneur… Nous vous attendions, dit-ellelentement.Sa voix est comme une clochette d’argent toute neuve, et ellerougit comme une pivoine.Et puis? demanderez-vous.Et puis le père dansa de joie en entendant sa fille parler, et ladonna en mariage à l’étudiant enfin heureux. Et puis le regardplein d’amour de sa jeune femme persuada notre héros qu’iln’était pas si laid, après tout; ce qui lui valut un air si joyeux et unsourire si radieux que bientôt tout le monde le jugea une personnefort agréable, bien que ni son nez, ni ses cheveux, ni quoi que cesoit d’autre ait changé. Il n’était pas question d’écarter un hommesi calme et si gai d’un concours ou d’une charge importante. Etplus tard, personne ne put jalouser ou flatter quelqu’un doté d’unetête si gentiment comique et si comiquement gentille…Même pas lorsqu’il devint Premier ministre !

L’Homme pauvre, suite de la page 30. Amzal le malchanceux , suite de la page 31. La Montagne aux trois questions, suite de la page 31.

sur le rocher et qui veut mourir, où est sa chance?— Tu diras à cette jeune fille que le premier homme qu’elle re n c o n t re ,elle l’épouse, elle a des enfants, voilà sa chance.— Et pour l’arbre dans l’oasis, qu’est-ce que je dois lui dire ?— Tu lui diras qu’il y a une caisse remplie de pièces d’or sous ses racines, c’est ça qui l’empêche de trouver la force pour avoir des fruits bien mûrs. Il suffit de déterrer la caisse pour qu’il puisse trouver la vigueur, voilà sa chance.— Dieu, comment tu es intelligent! Et pour le loup dans le parcqui a perdu l’appétit ?— Pour le loup, tu lui diras que le premier idiot qu’il rencontre, il le mange, et il retrouvera l’appétit.— Oh! Merci du fond du cœur, Dieu, mais maintenant, je vais te laisser car ma chance est devant, je ne veux pas t’embêter pluslongtemps. Encore merci et à bientôt !Amzal sert la main de Dieu et re p rend l’ascenseur et Dieu rallume la télé.Amzal sort de l’immeuble et, heureux comme un pape, il hurle à tue-tête: «Ma chance est devant moi, c’est Dieu qui me l’a dit, ma chance est devant moi.» Il arrive devant l’arbre, s’accroche à ces branches et refait le chemin à l’envers, le cosmos, la couched’ozone, l’atmosphère, le sommet de la montagne et chante de plus belle «Ma chance est devant moi, ma chance est devant moi» .Amzal arrive au pied du rocher et il dit à la jeune fille :— Tu sais ce que Dieu m’a dit, ma chance est devant moi, tu ne trouves pas ça fantastique ?— Et pour moi, qu’est-ce que Dieu t’a dit? demande la jeune fille.— Ah oui, pour toi, il a dit que le premier homme que tu re n c o n t re s ,tu l’épouses, tu as des enfants, voilà ta chance.La jeune fille tourne autour de Amzal et après un temps lui dit.— Tu es le premier homme que je rencontre, épouse-moi, ayons des enfants, c’est merveilleux.— Attends, Dieu m’a dit que ma chance était devant moi et tu cro i sque je vais perdre mon temps à t’épouser et te faire des enfants.Non, tu n’entends pas, c’est Dieu lui-même qui m’a dit que ma chanceétait devant moi, tu ne comprends pas. Excuse-moi, je dois part i r …Et Amzal est parti en laissant la jeune fille seule sur son rocher,mais en se re t o u rnant Amzal a pu voir une larme qui glissait le longde sa joue et l’on dit que cette larme est allée directement éteindrela flamme de son cœur à tout jamais.«Ma chance est devant moi, ma chance est devant moi», et Amzal a continué son chemin et est arrivé devant l’arbre.— Tu sais ce que Dieu m’a dit, ma chance est devant moi, tu ne trouves pas ça merveilleux ?— Et pour moi, qu’est-ce qu’il a dit? demande l’arbre.— Pour toi, il a dit qu’il y a une caisse remplie de pièces d’or sous tes racines, c’est ça qui t’empêche de trouver la force pour avoirdes fruits bien mûrs, il suffit de déterrer la caisse pour que tu puissest rouver la vigueur pour avoir des fruits extraord i n a i res, voilà ta chance.— Mais vas-y, déterre la caisse et prends tout l’or qu’il y a dedans.Aide-moi à trouver ma force…— Oh, ça ne va pas, Dieu m’a dit que ma chance était devant moiet tu veux que je perde mon temps à déterrer une vieille caisse. Tu n’as pas compris ce que je viens de te dire? C’est Dieu lui-même,en personne, qui m’a parlé, et tu voudrais que je ne l’écoute pas !Mais pour qui tu te prends? Allez, je ne veux pas perdre de temps,au revoir.Si un jour vous passez par cette oasis, faites attention sous quel arbrevous vous asseyez. Il paraît que l’arbre est toujours là et fait toujoursdes fruits pourris.« Ma chance est devant moi, ma chance est devant moi.» Et Amzal a continué son chemin et est arrivé dans le parc. Là, le loup l’attendait.— Tu sais ce que Dieu m’a dit, ma chance est devant moi, tu ne trouves pas ça incroyable?— Et pour moi, qu’est-ce que Dieu t’a dit? demanda le loup.— Ah oui, pour toi, c’est un peu compliqué. Dieu a dit que le pre m i e ridiot que tu rencontres, tu le manges, et tu retrouves l’appétit. Le problème, c’est que j’en vois pas par ici!!!Et l’histoire dit que le loup a retrouvé l’appétit.Et l’histoire dit aussi que, quand ta chance est à tes pieds, ce n’est pas la peine d’aller la chercher plus loin, ramasse-la,mets-la sur ton cœur et envole-toi…

Autres versions du conte La Renarde (liste non exhaustive)

•À la recherche des plumes d’or, dans Contes de Pologne, Éditions Gründ.•Amandier-en-fleur (partiel), dans Contes populaires italiens (vol.III) : Italie des Apennins, présenté par Italo Calvino,

Éditions Denoël, 1982.• Le Diable et le boiteux.• Le Diable et ses trois cheveux d’or, de Jacob et Wilhelm Grimm (n°29).• La Fille du savetier, dans Contes de Birmanie, Éditions Gründ.• L’Oiseau-griffon (partiel), de Jacob et Wilhelm Grimm (n°165).•L’Ogre à plumes , dans Contes populaires italiens (vol.II) : Italie centrale, présenté par Italo Calvino,

Éditions Denoël, 1981.•Le Soleil rouge, raconté par Bruno de La Salle, Éditions Casterman, 1987.• Les trois cheveux d’or de Bouddha, dans Contes chinois, Éditions Gründ.•Le vaillant petit gars, dans Il était plusieurs fois…: Contes palestiniens, Arc a n t è re éditions et Éditions UNESCO, 1997.

La Renarde, suite de la page 30.

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Par Lydie Valero, Conseiller pour le livre, la lecture, le patrimoine écrit et les archives à la Direction régionale des aff a i res culturelles (DRAC) du Limousin.

Des contes et des tartes à Saint-Yrieix-la-Perche

Coquelicontes à Saint-Yrieix-la-Perche,c’est la cerise sur le gâteau de lecteurs de la Bibliothèque déjà bien gâtés tout au long de l’année: accueil de classes en semaine, de jeunes lecteurs aux oreilles grandes ouvertes le mercredi après-midi, Michelle Monthézin (responsable de la section jeunesse) conte et raconte chaque semaine pour le plus grand bonheur des petits. Depuis la création du festival Coquelicontes, la Bibliothèque participe avec des séances «jeune public »et des séances scolaires. Toute l’année, les enfants en redemandent et Coquelicontes,c’est l’occasion de rencontrer un conteur «pour de vrai». En 2002, Nicole Dexet-Normand, la directrice de la Bibliothèque, décide de programmer aussi une veillée contée, ouverte aux adultes et non plus seulementaux plus jeunes. Du conte pour les adultes ?Pas facile de faire croire ça en Pays arédien. Participer à une veillée?«Mais ça fait longtemps qu’on ne fait plus ça ! »Qu’à cela ne tienne, un mois avant la venue de Jeanne Ferron à la Bibliothèque, on affiche et on tracte, on répète à qui veut l’entendre :veillée contée pour grands et petits, que de bouche à oreille se débouchent les ore i l l e s; amenez un gâteau,et vous aurez une histoire !Et le fameux soir venu, plus de cent personnes sont làpour écouter Jeanne Ferron. Il faut rajouter des chaiseset les petits s’assoient devant. «Ce qui m’a frappé,dit Nicole Dexet-Normand, c’est qu’à la parole de la conteuse a succédé un flot de paroles du public. Les enfants comme les adultes ont besoinde s’exprimer après une veillée contée, de fairepartager leur enthousiasme. Il faut croire que l’oralappelle l’oral». En 2003, c’est Achille Grimaud qui est venu conter devant un public toujours aussinombreux. Cette fois-ci, on avait poussé les meubles et tout le monde avait une chaise. « La veillée, c’est aussi un moment de partage,

a ff i rment nos deux bibliothécaires. Au partage des motssuccède le partage des tartes, des gâteaux, du cidreque le public amène en guise de prix d’entrée. Ce moment de convivialité est essentiel pour pro l o n g e rle spectacle. »Du conte pour les petits, mais aussi pour les grands,à Saint-Yrieix-la-Perche, pays de la madeleine, c’était pas de la tarte de faire avaler ça aux lecteurs de la Bibliothèque. Mais maintenantqu’ils y ont pris goût, les bibliothécaires ont peur,pour 2004, de crouler sous les gâteaux et de devoirpousser les murs pour trouver une place à chacun.

Olivier Thuillas

LE CONTEET LES BIBLIOTHÈQUES

La Renarde. «Il eut à traverser un ruisseau. Il lui demanda la permission de le franchir»…

Image: © Catherine L’Hostis.

« Ne cherchez pas midi à votre porte, il ne s’y trouve pas.Mais en regardant par la fenêtre de vos voisins, peut-être le trouverez-vous.»

Depuis quelques années déjà, il est difficile en Franced’imaginer l’ouverture d’une nouvelle bibliothèque ou médiathèque, sans trouver à proximité de l’espacejeunesse un lieu consacré au conte, appelé la plupart du temps « L’heure du conte». En effet, aujourd’hui, la présence du conte en bibliothèque est inséparable des bibliothèquesjeunesse, même si depuis quelque temps le conteest aussi utilisé vis-à-vis d’autres publics, comme les personnes âgées ou en grande difficultéde lecture.Cette évidence au XXIe siècle ne l’était pas au débutdu XXe.En effet, c’est dans le cadre de la reconstruction de la France après les dévastations causées par la Première Guer re mondiale, que le Comitéaméricain pour les régions dévastées (CARD) inclut dans ses programmes la fourniture de livrespour la constitution de bibliothèques pour la jeunesse,alors que les bibliothèques françaises de cette époquerefusaient les enfants. La première salle de lecturepour enfants s’ouvre en 1919 à Vic-sur-Aisne, dans les locaux du Comité. L’heure du conte y est organisée pour la première fois.Jessie Carson, détachée des bibliothèques enfantinesde New York dirige le programme et ouvre rapidementcinq bibliothèques dans cette région, ouvertes aux adultes et aux enfants et offrant des collectionsspécifiques. Puis Paris, en 1921, ouvre à Bellevilleune section réservée à la jeunesse.Enfin, sur le modèle bruxellois, s’installe une bibliothèque de L’heure joyeuse, rue Boutebrie, à Paris, qui est inaugurée le 12 novembre 1924,première bibliothèque en France entièrementconsacrée aux enfants et dirigée par des bibliothécaire s .Cette immense entreprise dans la reconstruction de la France, pour garantir la paix des peuples,s’attache à créer des «enfants lecteurs »pour «habituer les jeunes gens, les enfants à considérer le livre comme inséparable de leur vie :l’essentiel du problème est là. »1

L’heure joyeuse pratique et diffuse l’incitation à la lecture, procédé utilisé pour donner le goût de lireaux enfants; elle leur fait découvrir des œuvres lors d’heures du conte comme cela se pratique déjà aux États-Unis. D’autres techniques serontdéveloppées avec l’aide des nouveaux pédagogues

de l’époque, parmi lesquels Montessori, Bakulé, dont les propositions seront adaptées par des éditeurscomme Paul Faucher, le fondateur du Père Castor,Jean de Brunhoff, Calmann Lévy ou Georges Rageot.Puis, c’est en 1963 qu’à l’initiative d’un mécèneprivé, Anne Gruner-Schlumberger, se créel’association La joie par les livres. Elle confiera à trois bibliothécaires, formées à L’heure joyeuse et aux États-Unis, l’ouverture à Clamart, dans un quartier populaire de la banlieue parisienne, d’une bibliothèque destinée aux enfants dans un cadre architectural conçu pour elle. Lieu privilégié de l’expérimentation, cette bibliothèquedonne une place très importante à l’animation sous toutes ses formes. C’est autour de ces expériencesde Clamart qu’ont été explorées les multiplesstratégies d’accès à la lecture qui constituent encore aujourd’hui la complexité et la richesse de La joie par les livres.Depuis lors, les bibliothèques jeunesse et l’utilisationdu conte comme « incitation à la lecture » apparaissentcomme une évidence dans les pratiques des bibliothécaires qui en font un usage nombreux.Les festivals du conte fleurissent et l’ADBDP(Association des bibliothèques départementales de prêt) en a fait récemment l’inventaire au cours de ses journées consacrées à l’action culturelle en BDP (voir page56).Cette pratique commune aux bibliothèques d’aujourd ’ h u i ,comme cherchait à le montrer ce rapide survol de l’histoire des bibliothèques emprunté à L’Histoire des bibliothèques françaises 2,est arrivée en France grâce à des collègues étrangers.En ces temps de repli identitaire face à la mondialisation« sauvage», il est utile de rappeler que l’évolution, le progrès, ne peuvent venir que de la rencontreavec l’autre. Le conte, avec ses inspirationsinternationales et ses morales universelles, est pour les enfants comme pour les adultes une magnifique fenêtre à travers laquelle découvrirson voisin, et prendre à jamais le goût de lire.

1 Extrait de Les Livres, les enfants et les hommes,de Paul Hazard, Éditions Flammarion, 1932 (épuisé).

2 L’Histoire des bibliothèques françaises (4 volumes),Éditions du Cercle de la librairie, 1988, 1989, 1991, 1992.

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Un soir à Gioux

M a rdi 20 mai 2003. Deuxième semaine de Coquelicontes.Florence Férin doit donner un spectacle, son premierdu festival, à Gioux, en Creuse. Gioux? De mémoirede Coquelicontes, c’est la pre m i è re fois qu’un spectacledoit y avoir lieu, alors sortir un plan de route sur Intern e t ,et en route, donc. Une heure quarante de trajet plus loin,sous les giboulées, bloqués par une bétaillèresur un mauvais chemin et les quinze derniers kilomètre s ,sur le bon chemin cette fois, à trente à l’heuredans des virages à angle droit ou rangés sur le bas-côtépour laisser passer la voiture d’en face… À l’arrivée,un tout petit village, une pluie battante, la salle polyvalenteapparemment fermée et bien sûr le portable qui ne passe pas. Florence découvre le festival, nous découvrons tous les deux Gioux. Cinq minutesplus tard, Isabelle Grand sort de la salle polyvalenteet vient à notre rencontre. Bénévole à la Bibliothèquede Felletin et résidante de Gioux, elle a pris en charg el ’ o rganisation du spectacle de ce soir depuis le début,aidée en cela par la Mairie, le Foyer des jeunes et bien sûrla Bibliothèque départementale de prêt de la Creuse :choix du conteur, communication (affichage et sensibilisation auprès des écoles, contact avec le correspondant local de la presse régionale),aménagement de la salle, déclaration de droits d’auteur,billetterie, etc. De son propre aveu, sa préoccupationde départ n’était pas de proposer spécifiquement du conte aux habitants de sa commune, elle voulaitavant tout que quelque chose s’y produise en termede culture, peu importait le genre. Quelque six moisplus tôt, le catalogue de propositions de spectaclesdu festival est arrivé en mairie, elle l’a vu, alors pourquoi pas? Et puis le conte, elle connaissaitquand même un peu, pour avoir assisté les annéesprécédentes aux veillées organisées par la Bibliothèquede Felletin. Michel Faubert, Luigi Rignanese, c’était bien tout ça, alors pourquoi pas? Nous pénétro n sdans la salle polyvalente, aménagée pour l’occasion.Et si une boule à facettes au plafond, souvenir de quelque soirée d’association locale, nous rappelleque ce n’est pas là a priori une salle de spectacle,pour le reste on s’y tromperait: une petite estrade a été disposée, derr i è re elle un rideau en fond de scènedécoré avec goût, deux projecteurs en fixe, chaisesen arc de cercle, tables pour le pot d’après-spectacleet un paravent en guise de loge. Dans le hall d’accueilaussi, une chaise, une table, et sur la table une petite caisse et trois souches de billetterie, une par tarif d’entrée, tamponnées tout comme il faut.Pleinement rassuré, je laisse une tout aussi rassuréeFlorence aux mains bienveillantes d’Isabelle Grand,pour m’en aller «c o u v r i r » la veillée de Jan dau Melhauà Saint-Junien. Plus qu’une seule inquiétude en part a n t ,partagée par Isabelle Grand: le nombrede spectateurs à venir ce soir — une première fois,dans une petite commune, en semaine, à une heureinhabituelle (18heures), par un temps pareil…Quinze, vingt, trente personnes peut-être, là s’arrêtel’optimisme d’Isabelle Grand. Mais bon, inch’allah,comme dirait l’autre. Et en route vers Melhau.Mercredi 21 mai 2003. Je retrouve Florence Férin à Limoges, réacheminée par la BDP de la Creuse et en partance pour Saint-Yrieix-la-Perche avec la BDPde la Haute-Vienne (Coquelicontes, quoi…). Et j’appre n d s ,étonné, que près de soixante-dix personnes ont assistéà son spectacle de la veille, enfants, adultes,personnes âgées, de Gioux et des communes alentour(Felletin, Gentioux, La Nouaille…), que les gens sont re s t é slongtemps après la veillée pour parler avec elle,qu’elle n’a pas pu manger du coup, il ne restait plus

assez de toasts et petits-fours quand elle a enfin pus’approcher du buffet, bémol anecdotique et rigolo à cette soirée en tout point formidable. Étonné? Pas plus que ça en fait. Isabelle Grand,aidée de ses partenaires de l’organisation, avait tout fait pour que ça se passe comme ça. Ça s’est passé comme ça, et Florence en re d e m a n d e ,et les gens de Gioux — qui en parlent encorede temps en temps aujourd’hui — aussi, du conte,ou de la musique, du théâtre… Bref, de la culture.Ou comment un soir, une conteuse, grâce à son talentet à celui d’une bénévole, a fait naître l’envie d’un village. Un village où on reviendra avec plaisir —on connaît la route.

Franck Villemaud

Une personne qui conte… aux Portes-Ferrées

Si ce récit était un conte, il pourrait commencer ainsi :« Il était une fois, au cœur d’une grande cité… »Ou alors: «C’est l’histoire d’une fée qui aimait tellementles mots et les bébés que…»Ou encore: «Tout là-haut, au-delà de la rivière, se tro u v a i tun endroit magique rempli de livres… »Mais enfin, cette histoire n’est pas un conte, elle est réalité.Le lieu est bien déterminé: Limoges, quartier des Portes-Ferrées.L’époque est elle aussi bien déterminée: en 1989, le Développement social des quartiers est mis en place.L’association Vivre aux Portes-Ferrées, soutenue par des subventions (Ville de Limoges, DRDJS…) y joue un rôle essentiel. Sous l’impulsion de bénévoless’ouvre en 1991 une bibliothèque associative puis,en 1994, la Bibliothèque bébés1.Le personnage de cette histoire vraie en est la bibliothécaire.Christine Kékré, forte de sa passion, de sa ténacité,de sa générosité, a su familiariser au livreun public de milieu socioculturel dit défavorisé,en majorité d’origine étrangère, et a su fairee n t e n d re que « les livres, c’est bon pour les bébés»2.La bibliothèque accueille aujourd’hui 50%de résidants de cette cité contre une petite dizaineles pre m i è res années, et le public extérieur au quart i e rn’a jamais faibli. Quant aux écoles du secteur,elles fréquentent le lieu dès la première heure. Cet accès à la lecture avait été initié en amont par le mouvement ATD-Quart-monde toujours actif.La bibliothèque se situe en rez-de-jardin, dans un appartement aménagé à cet effet ;dans cette atmosphère intime et rassurante qui convient bien à un accueil de jeunes enfants (de quelques mois à six ans), chacun peut trouverson bonheur: la bibliothèque sélectionnesoigneusement une grande variété de bons livresqu’elle propose en prêt gratuit. De plus, le publicpeut profiter des animations proposées :une des plus attendues est L’heure du conte.« Cric-crac » : c’est par ces mots que Christine Kékrédébute et finit la séance de conte. Qu’elle ait le livreentre les mains ou seulement sa mémoire pour outil,prononcer cette formule est un rituel qui permet de rompre avec la réalité pour entrer dans le mondedu conte, là où tout est possible, rêve, imaginaire,fantaisie… De la comptine au conte traditionnel,Christine raconte en s’appuyant fidèlement sur le texte, ou conte plus librement selon le publicprésent et selon son inspiration, car, dit-elle, « dire sans le support du livre demande beaucoupd ’ é n e rgie, une préparation est nécessaire mais surt o u t ,il faut un public réceptif, or certains enfants manquentde concentration et montrent une certaine inquiétudeface au narrateur qui est là, devant eux, sans texte écrit,sans image, avec sa seule voix, sa seule présence ;L’heure du conte étant un moment de plaisir partagé,il faut aussi que tout le monde y trouve son compte. »« Pour des enfants très habitués de télévision, de Game boy et autre Playstation, il est plus rassurantde suivre une histoire illustrée ! », ajoute Christine. Ce besoin d’être rassuré passe aussi par la demande

sans cesse renouvelée d’entendre les mêmes contes— comme on le sait: «réentendre encore et encorene réduit pas le plaisir, cela va au contrairele multiplier… »3. Son répertoire comporte les incontournables Trois petits cochons ,Boucle d’or et les trois ours ou Le petit chaperon ro u g e,mais les contes et comptines d’Afrique du Nord,d’Afrique noire, du Moyen-Orient et d’Europe centralesont aussi à l’honneur, dans un esprit d’ouvertureet d’intégration4. De plus, Christine demande volontiersaux parents accompagnateurs, en majorité des mamans,de partager leur propre tradition orale.On le voit, intégration et partage ne sont pas de vains mots pour cette animatrice qui, en dehors des heures d’ouverture de la bibliothèque,va au-devant des gens dans les halls, les couloirsd’immeubles et chez eux.Depuis bientôt dix ans, Christine Kékré conte et raconte ainsi plusieurs fois par semaine

et le résultat est probant, car cette «maison des livrespour bébés» ne désemplit pas :petites et grandes oreillesviennent, sans montrer patte blanche, sans bourse

délier, du mardi au samedi.

Arlette Pragout

La Renarde. «La Renarde était une fée. »Image: © Yann Fastier.

1 Bibliothèque bébés, Centre d’animation des Port e s - F e rr é e s ,15, rue des Port e s - F e rrées, 87000 Limoges, tél. 05 55 31 88 26.2 D’après le titre de l’ouvrage de Marie Bonnafé, Les Livres, c’est bon pour les bébés,Éditions Calmann-Lévy, 1993, 1997, 2001, 15,00 ,et Éditions Hachette-littératures, 2003, 6,20 .

3 Dominique Rateau, dans Lire des livres à des bébés,Éditions Érès, 1998, 6,30 .4 Christine Kékré a suivi un stage à Toulouse intitulé «Conte et interc u l t u r a l i t é», sous la direction de Laurence Caradec.À lire sur ce thème: La Vache des orphelins: Conte et immigration,de Nadine Decourt, Presses universitaires de Lyon, 1992 (épuisé).

C a rte blanche à la création à la BFM de Limoges

« Il semble que depuis que l’Homme parle, il raconte…»

Des arts, «c o n t e r » est certainement un des plus aboutiscar il conjugue parole et geste, oral et écrit, imaginationet imaginaire, rêve et mythe. Il se donne alors des airsde voyage et porte le conteur, homme de la «P a ro l e» ,à la re n c o n t re de l’autre, des autres, monde bru i s s a n td’oreilles diverses et sensibles, tous enchantésd’apprendre à écouter, «d’écouter», afin de redonneret de transmettre cette parole…Avec des thèmes, des genres et une structuresouvent identiques qui se croisent et se mélangent,les contes, porteurs des origines et du passé,restent le trait d’union qui garantit le passé au présent,le présent au futur, trait d’union essentiel et fondateurqui rappelle à chacun et à tous l’universalité de la quête identitaire.Pour la Bibliothèque francophone multimédia (BFM)de Limoges, participer au Festival Coquelicontes était une évidence et cela depuis le début de sa mise en place. Elle se devait d’inscriredans sa programmation culturelle une action fédératriceautour du conte, qui soit complémentaire du festivalquant à l’offre des spectacles donnés à voir pendant cette période (reconduite chaque année en collaboration avec ALCOL-CRLL), une action qui accorde à la création une part majeure :ce qui fut fait. Et de balade contée en créationrenouvelée, la BFM off re une veillée « c o n t e » originale,une «première », pour une carte blanche à la créationqui encourage le talent des conteurs contemporains.B runo de La Salle, Gigi Bigot, Lucie Catsu, Pascal Quéréet Pépito Matéo se sont déjà prêtés au jeu pour le plaisirdes spectateurs, le temps d’un spectacle de conterevisité ou d’une création pleine de promesses. Et pour la cuvée 2004? Surprise ! Mais d’ores et déjà,cochez bien cette date sur votre agenda: 14 mai 2004,à partir de 18h. Rendez-vous à la BFM pour une soiréeconviviale avec balade contée et nouvelle créationassurées.

Arlette CalaviaConservatrice et responsable du Réseau jeunesse et des bibliothèques antennes de la BFM de Limoges

Outre les créations dans le cadre de Coquelicontes,signalons l’important travail à l’année du Réseau de la BFMde Limoges, en terme de programmation de conteurs et d’ateliers de pratique du conte.

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EN LIMOUSINidentité, complémentarité

P a roles de conteurs : Le public du festival est nationalet international, composé pour la plupart de touristeset de «festivaliers». On note cependant depuis quelque temps une nette augmentation de la présence aux spectacles d’un public plus local,voire régional. Quant aux lieux: le cœur du Festivalbat dans l’île de Vassivière et se balade dans les petits villages du tour du Lac.

M A F: Quels sont vos critères dans le choix des conteurs?

Les sortilèges de la pleine lune: Une bonne voix, une bonne présence, l’aptitude à la balade contéen o c t u rne et à ses contraintes, l’envie surtout d’investircette forme-là. Et bien sûr, le répertoire : les loups, le bestiaire.

Coquelicontes: Ils sont choisis d’abordpour leurs qualités artistiques, avec une volontéaffichée d’ouverture sur des cultures différentes,mais aussi pour leurs qualités humaines. Il leur fautposséder la capacité à s'intégrer dans un festivalétalé sur la durée et sur une grande zone géographique,à s’adapter au milieu rural et à tous les types de salles proposés. Bonne humeur et adaptabilitésont donc souhaitées.

P a roles de conteurs: La programmation est exclusivementcomposée de conteurs professionnels, la préoccupationrestant de proposer la plus grande variété possiblede répert o i res et de genres oraux (contes merv e i l l e u x ,mythes et mythologie, contes de mensonges, contesd’enseignement, légendes, récits de vie, épopée,nouvelles…). C’est l’aspect interculturel de la parolequi est avant tout privilégié.

MAF : Votre festival a-t-il connu des évolutions depuis sa création ?

Les sortilèges de la pleine lune: Spectacles de contes,conte théâtralisé et balades contées étaient les trois axes de la première édition des Sortilèges.Depuis plusieurs années, le festival s’est orientéuniquement vers la balade.

Coquelicontes: On note depuis deux ou trois ans une hausse sensible du public, allant de paireavec une certaine fidélisation. Coquelicontes possèdemême maintenant ses « f e s t i v a l i e r s», que l’on re t ro u v ede spectacle en spectacle et de festival en festival.La programmation hors zone rurale s’est par ailleursdéveloppée, d’où une certaine «urbanisation »du festival, dans le sens d’un équilibre plus marquéqu’avant entre petites et «grosses» communes.

Et puis la demande émane maintenant des communeset des conteurs souhaitant participer au festival,alors qu’au début, il fallait plus aller les «chercher».Sur le plan de l’organisation sinon, depuis 2002, le choix artistique des conteurs se fait directementpar les trois BDP et ALCOL, grâce en particulier à l’apport représenté par la journée professionnelledu Festival de Vassivière.

P a roles de conteurs : En neuf ans, le festival est passéd’un simple lieu de diffusion à un lieu tout à la foisde diffusion, création, formation et d’aide et pro m o t i o nde la profession — via l’organisation annuelle des journ é e sprofessionnelles, où l’on note la présence soutenued’organisateurs d’autres festivals (de quatre-vingts à cent selon les éditions), de France et d’ailleurs…

MAF : Quelle est sa place dans la vie culturelle et littéraire environnante ?

Les sortilèges de la pleine lune: Le festival est un des points forts de la vie culturelle estivale en Creuse et nous re g rettons que la plupart des acteursde la culture du département continuent de l’ignorer— mais n’est-ce pas le lot des festivals d’été?

Coquelicontes: Coquelicontes est devenu un momentf o rt de la vie culturelle des départements et de la région,même si tous les publics et toutes les communes ne sont pas encore touchés, ceci pour différentesraisons. Mais si, par exemple, sa place demeure modesteen Creuse, on note un élargissement constant des communes participantes — et donc un véritableé l a rgissement des publics. D’où notre re g ret, à nous aussi,que l’importance acquise par Coquelicontes ne soit pasreconnue de la même manière par les institutionsd é p a rt e m e n t a l e s; certaines nous aident plus que d’autre s ,quand ce n’est pourtant pas dans leur départementque se déroulent le plus de spectacles… Pour le re s t e ,le festival n’est peut-être pas (encore) suffisammentassocié à la vie littéraire, en dépit de son rapporté t roit avec les bibliothèques. Peut-être faudrait-il penserà des résidences de création, à plus de signatures(une idée comme ça en passant…).

Paroles de conteurs: De par sa spécificité, P a roles de conteurs a plus acquis une place import a n t edans la vie culturelle nationale que pro p rement régionale,en tout cas en ce qui concerne le conte et les artsdu récit. Mais le festival demeure, pour les lieux de la région intéressés au domaine (associations,centres culturels, bibliothèques, autres festivals…),un centre de ressources spécialisé auquel on peutfaire appel. Il n’est par ailleurs pas directement lié

E n t retien avec Thierry Pénicaud, Jean-Claude Bray, Michèle Ve rgne, Marie-Pascale Bonnal,Geneviève Lavaud, Marie-Christine Plaignaud, Franck Villemaud et Jean-Louis Bord i e r.

F E S T I VALS DE CONTEVa r i é t é ,

En dehors du travail mené à l’année par les bibliothèques et autres lieux de diffusion culturelle, le conte en Limousin trouve un écho important au travers de trois moments forts, trois festivals qui, au fil des ans, ont fait leur place dans la viec u l t u relle régionale, voire nationale et intern a t i o n a l e:Les sortilèges de la pleine lune (Guéret),Coquelicontes (itinérant sur tout le Limousin) et Paroles de conteurs (Vassivière et communesalentour).Entretien croisé avec leurs organisateurs :Thierry Pénicaud (directeur de l’Office de tourismedes Monts de Guéret) et Jean-Claude Bray (conteur et conseiller pour le festival) pour Les sortilèges de la pleine lune, Michèle Vergne (BDP de la Corrèze), Marie-Pascale Bonnal (BDP de la Creuse),Geneviève Lavaud et Marie-Christine Plaignaud(BDP de la Haute-Vienne) et Franck Villemaud(ALCOL-CRLL) pour Coquelicontes, Jean-Louis Bordier (Fédération des œuvres laïquesde la Creuse) pour Paroles de conteurs.

Marie-Laure Guéraçague pour Machine à feuilles :Quand est né votre festival? À l’initiative de qui ?

Les sortilèges de la pleine lune: Le festival est né en 1995. Mais il s’inscrit dans une démarche bien plus ancienne, ses racines étant à chercherdans « Les nuits de la pleine lune», organisées à la findes années 80 sur le Puy de Gaudy. Le festival est à l’initiative de deux conteurs, Bernard Blot et Jean-Claude Bray, et de l’Office de tourisme des Monts de Guéret, et notamment Thierry Pénicaud.

Coquelicontes: Dès 1996, ALCOL souhaitait mettreen place un festival itinérant du conte en Limousin.Les trois bibliothèques départementales de prêt (BDP)du Limousin, depuis plusieurs années, organisaientséparément des formations et des animations autour du conte, persuadées déjà que le conte et les conteurs pouvaient rapprocher en un mêmespectacle tous les âges et toutes les cultures. Elles adhérèrent à l’idée d’ALCOL (impulsée par Pierre Deschamps et Cathy Sutca — conseillère artistique —, qui souhaitaientimplanter un festival de conte en Limousin) et amenèrent leur réseau de petites bibliothèques en milieu rural.

P a roles de conteurs : La pre m i è re édition s’est déro u l é een août 1995, à l’initiative de la Maison du tourismede Vassivière, dont j’étais à l’époque le directeur.

MAF : Pourquoi et dans quel but ?

Les sortilèges de la pleine lune: L’objectif de l’Officede tourisme des Monts de Guéret était de créer à la foisune animation et un événement sur toute la durée de la saison estivale, en s’appuyant sur le patrimoineoral et le conte. Des sites comme le Puy de Gaudy et Chabrières, avec les pierres à légendes, tout comme le parc animalier avec les loups s’y prêtentà merveille. C’est aussi un moyen de les découvrir.

Coquelicontes: Il s’agissait d’abord de créer un moment fort dans la région autour du conte, grâce à un partenariat permettant de fédérer des initiatives jusque-là isolées visant à développerl’accès à la langue du récit, à la pratique de l’écoutedu conte, à l’exercice de l’oralité. Au-delà, l’objectifétait de perm e t t re l’accès en milieu rural à des spectaclesculturels de qualité, permettant un rapport direct et connivent avec le public. Tout cela par une aidefinancière mais aussi technique, pour que, à terme,les communes rurales prennent directement en charg el’accueil de spectacles également hors période de Coquelicontes.

P a roles de conteurs: À sa création, le but était de créerun «o u t i l » permettant de développer la fin de la saisontouristique de Vassivière. Le tourisme culturel m’est apparu comme une voie part i c u l i è rement pert i n e n t eafin de répondre à cet objectif, et Paroles de conteursest né. Depuis sa reprise par la Fédération des œuvre slaïques de la Creuse, au but premier s’ajoutent et vont se développer diverses missions d’éducationpopulaire autour de la thématique du conte.

M A F : Quel public, quels lieux (terr i t o i res) privilégiez-vous?

Les sortilèges de la pleine lune: Le public ciblé est touristique et familial. Le festival se dérouledepuis trois ans sur un même site, le parc animalierdes Monts de Guéret: Les loups de Chabrières. Par le passé, il a investi des sites privilégiés :Puy de Gaudy, Chabrières, vallée de la Gartempe,Saint-Victor-en-Marche, Savennes, Guéret… P e u t - ê t re y re t o u rnera-t-il lors des prochaines éditions…

C o q u e l i c o n t e s : Tous les publics et toutes les communes,même si essentiellement rurales, sur le territoiredu Limousin — au début, Coquelicontes était le seulspectacle culturel de l'année dans ces petites communes.Les spectacles investissent sinon toutes sortes de lieux(bibliothèques bien sûr, mais aussi salles polyvalentes,théâtres, musées, bars, lieux en extérieur, etc.). Bref, tous les lieux possibles de convivialité.

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à la vie littéraire, même si une librairie du conte y a chaque année sa place.

M A F: Y a-t-il des univers artistiques que vous privilégiez?

Les sortilèges de la pleine lune: Nous recherchonsune authenticité du conteur. Il doit être de quelque part(région, pays) mais surtout être à l’intérieur de ses histoires, au service de ses histoires. La dérision, voire la performance pure, pourraitparaître ici — au milieu du parc à loups — décalée.

Coquelicontes: Pas d’univers artistique privilégié,plutôt une recherche de variété de répertoires et d’équilibre hommes-femmes, d’origines diverses,pour contribuer à « l’aération des racines culture l l e s » !

Paroles de conteurs: Oui, tous !

MAF : Comme en littérature écrite, y a-t-il des contesrégionalistes et quelle place leur donnez-vous?

Les sortilèges de la pleine lune: Contes et conteursrégionaux occupent chaque année une place de choixdans le festival, mais le conte se définit comme une parole vivante non figée dans l’espace et le temps,ce qui l’oppose par essence au courant régionaliste.

Coquelicontes: Il n’existe pas de contes purementrégionalistes ou alors ce sont des récits et non des contes, auxquels on essaie malgré tout de faireune petite place dans Coquelicontes. Il peut y avoirun répertoire plus ou moins ancré dans un territoiremais, quelle que soit la langue proposée, occitan ou français pour le Limousin, un conte n’a d’intérêtque par sa portée universelle. Les contes ont tellementvoyagé que bien malin qui peut dire l’origine d’un conte!

Paroles de conteurs: Oui. Quand les conteurs qui les transmettent sont bons, ils ont la place qui leur revient: la première…

MAF : Donnez-vous une place à des spectacles qui ne sont plus tout à fait des contes?

Les sortilèges de la pleine lune: Conférences et conférences-contées ont une (petite) place dans la programmation, mais les contes — traditionnels — constituent l’arm a t u re du répert o i redes conteurs invités. Lorsque les conteurs utilisentd’autres formes de récit (nouvelle, roman, création),c’est en conteurs qu’ils le font.

Coquelicontes: Oui, récits de vie, nouvelles,adaptations littéraires. C’est une évolution que l’on constate sur d’autres festivals, signe que la parole est vivante et qu’elle évolue sans arrêt.Même s’il y a d’autres lieux pour ça, le festival estsouvent l’unique spectacle culturel du village qui organise une veillée, aussi ne faut-il pascomplètement empêcher l’accès au récit de vie ou éventuellement à des adaptations de nouvelles,du moment que le spectacle n’est pas tropthéâtralisé et reste dans la logique du conteur,sans artifices face au public.

P a roles de conteurs : Oui. Comme je l’ai dit plus haut,tous les genres oraux ont leur place. À titre d’exemple,nous avons accueilli lors de la dernière édition les SLAM Session, qui proposent une forme de «poésie orale urbaine». Ce n’est peut-être pas du conte, encore que, mais c’est certainement de l’oralité.

MAF : Quelle est la spécificité de votre festival ?

Les sortilèges de la pleine lune: Spécificité dans la form e:balade contée nocturne hebdomadaire sur deux mois,donc une forme fixe, non extensive et renouvelable.Et spécificité dans la thématique: les loups, le bestiaire— une contrainte peut-être, mais un critère de choiximportant.

C o q u e l i c o n t e s : L’itinérance sur les trois départ e m e n t sdu Limousin et l’organisation commune qu’elle impose,une réflexion professionnelle peut-être un peu pluspoussée ainsi à plusieurs que tout seul, et un cert a i ndépassement de la simple programmation: le faitd’associer une formation à l’accueil d’un spectaclepermet de garantir aux conteurs une qualité d’accueilsur les communes dont généralement ils se souviennent.Elle permet de plus aux différents sites de se sentirp a rtie prenante du festival, en mobilisant les bénévolessur cet aspect primordial pour la bonne réussite de l’ambiance générale. C’est aussi le seul exempleen France de festival coordonné par un centre régionaldu livre.

Paroles de conteurs: Comme beaucoup d’autres,l’aspect festif et convivial qu’on encourage au maximum.Et s’il faut chercher une spécificité, elle serait plus dueau travail en direction des autres professionnels du conte, en France et à l’étranger, avec les journéesp rofessionnelles, mais aussi en termes de part e n a r i a tet d’échange.

MAF : Quels rapports entretenez-vous avec d’autresfestivals (en Limousin, dans le reste de la France, à l’étranger) ?

Les sortilèges de la pleine lune: En Limousin, nous avons de très bons rapports avec Coqueliconteset Paroles de conteurs. Nous parlons ensemble de nos programmations respectives, échangeonsr é g u l i è rement nos points de vue, notamment sur la placedu conte dans notre région. Au-delà du monde du conte,nous avons des contacts avec Voix d’été et sommessensibles aux Francophonies et à bien d’autres.Nous nous tenons par ailleurs informés de ce qui se passe en France et à l’étranger,notamment en terme de programmation et d’org a n i s a t i o n .

Coquelicontes: De très bons rapports se sont établisavec les autres organisateurs de festivals, en Creuseprincipalement, mais aussi sur Marseille avec La baleinequi dit «Va g u e s » et tous les autres festivals org a n i s é spar les BDP de toute la France, qui nous envoientleur programmation et à qui nous pouvons nous adre s s e rpour avoir des renseignements sur les conteursqu’elles ont programmés. Pas de prospection dans les festivals extérieurs pour l’instant,principalement par manque de temps et aussi car ce travail est fait, très bien, par Jean-Louis Bord i e r,du Festival de Vassivière, qui nous fait partager ses découvertes dans les journées professionnelleset dans sa programmation générale.

Paroles de conteurs: Paroles de Conteurs fait partiedu FIAP (Forum international des arts de la parole,voir page57) et entretient des relations privilégiéesavec plusieurs festivals en France (Dinan, Mythos à Rennes, Grenoble) et à l’étranger (Chiny en Belgique,Montréal au Québec, Bobo-Dioulasso au Burkina-Faso).Je suis aussi la programmation de Coquelicontes et des Sortilèges de la pleine lune, avec lesquelsj’échange régulièrement informations et conseils.

La Renarde. «Et maintenant que pouvez-vous faire, brave Renarde, pour moi qui suis vaillant, mais pauvre comme un rat d’église? »

Image: © Jennifer Dalrymple.

Des festivals de conte en Limousin

•Les sortilèges de la pleine lunePériode: juillet-aoûtContact: Office de tourisme des Monts de GuéretAvenue Charles-de-Gaulle23000 GuéretTél. 05 55 52 14 29E-mail [email protected]

•Coquelicontes (Festival itinérant du conte en Limousin)Période: maiContact: ALCOL - Centre régional du livre en Limousin34, rue Gustave-Nadaud87000 LimogesTél. 05 55 77 49 99Fax 05 55 10 92 31E-mail [email protected]

•Paroles de conteurs(Festival interc u l t u rel du conte de Va s s i v i è re - e n - L i m o u s i n )Période: fin août (neuf jours durant, à partir du premier samedi après le 15 août)Contact: Fédération des œuvres laïques de la Creuse1, rue Marc-Purat, BP34323007 Guéret CedexTél. 05 55 61 44 10, 05 55 52 09 74E-mail [email protected] Internet: http://www.paroles-conteurs.org/

D’autres importants festivals en Limousin, axés a priori sur d’autres formes de spectacles, c o n s a c rent pourtant une partie de leur programmation au conte,preuve supplémentaire de l’émergence du genredans la culture régionale :

• Festival de SédièresJuillet-août, à SédièresTél. 05 55 93 74 42

•Festival de La LuzègePremière quinzaine d’août, à Lapleau Tél. 05 55 27 54 27

•Les nuits de nacreTroisième semaine de septembre, à Tulle Tél. 05 55 20 28 28

• Les francophonies en LimousinSeptembre-octobre, à Limoges et en Limousin Tél. 05 55 10 90 10

•Scènes pour la marmailleNovembre-décembre tous les deux ans, à Limoges et en Haute-Vienne Tél. 05 55 30 70 32

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Par Salim Hatubou, Conteur et écrivain.

Août 2003, je reviens à Milépvani,petit village coincé entre misèreet soleil sur les hauts plateaux des Comores. Pour une fois, je ne reviens pas ici le cœur gaillard,les oreilles tendues prêtes à écoutercontes et légendes. Non, je viens me recueillir sur la tombe d’une femme qui a changé ma vie :ma grand-mère maternelle, Mariama Madi.Enfant, je venais la rejoindredans son village. Là-bas, dans sa petite case en feuilles de cocotier où elle exerçaitson art de conteuse généreuse. Elle donnait vie à Madi l’idiot voyageur,à Ibnassiya le sage, à Chifchif le malingre ,à Zolo le gourmand, à Dimkou le diable,au sultan acrimonieux, à la princessedésirée par tous les hommes… Bref à tous ces personnages qui peuplent le conte comorien,carrefour du conte africain et du conte oriental.Plus tard, dans une cité marseillaise,arraché à ma terre natale, piqué par la nostalgie de ces veilléesinoubliables, je tirai sur un fil et la pelote de contes se dérouladans mon esprit. Ainsi naquit mon premier recueil intitulén a t u rellement Contes de ma grand-mère.Par la suite, je me rendis souvent aux Comores. À Milépvani, ma vieilleconteuse reprenait la force du verbeet la magie des mots. Elle était la gardienne de la Mémoire,une Mémoire qui s’étiolait au fil des générations et elle s’en plaignait. Muni d’un petit magnéto,j’enregistrais tout. Ensuite, j’écoutais chaque contecomme s’il était unique, me l’appropriais et le re c r é a i s .Je dis volontairement recréer parce que ce conte qui m’était dit dans sa langue d’origine (le comorien)avec sa poésie et ses codes propres devait retrouverson sens dans une autre langue (le français). Toute la difficulté était là: respecter le conte initialtout en lui donnant la dimension qu’il perdait lors de son voyage linguistique, car, à mon sens, me contenter d’une simple traduction était trahirl’impact de l’histoire dont se souciait énormémentma grand-mère.Les contes dits dans ce petit village comorien ne cessent donc de connaître de multiples voyages.

D’abord linguistique: du comorien au français, de l’oralité à l’écrit, de l’oralité (comorienne) à l’oralité (française) et depuis quelque temps de l’écrit à l’oralité puisque des conteurs les adaptentpour leurs spectacles. Voyage ensuite spatial :mes recueils et CD sont distribués et je parcours la France pour transmettre l’héritage de ma grand-mère .On me demande souvent si ma grand-mère faisaitdes contes à tiroirs comme je le fais sur scène. Vers la fin de sa vie, elle en faisait effectivementmais sans s’en rendre compte. Elle commençait un conte et enchaînait sur un autre au beau milieude l’histoire. Aussi fallait-il l’interpeller pour lui faireremarquer que le premier n’était pas fini. Il lui arrivait également de mélanger les personnages,ce qui donnait des contes nouveaux. Ses histoires

g a rdaient toutefois toujours la saveur de mon enfance.Le conte, dit-on, a pour vocation d’éduquer.C e rtes, mais très souvent, ma grand-mère s’en serv a i tpour remercier son public ou régler ses comptesavec quelqu’un. Elle maniait tellement bien la langue,maîtrisait avec une telle perfection les rouages de ses histoires qu’il était difficile de savoir à quel moment chacun était concerné.Je me souviens d’un jour où elle me racontait des histoires. Sa sœur (qui vient d’ailleurs de décéder)lui a demandé «Que fais-tu? » Elle a répondu :« Je transmets ce que nous sommes à cet enfant »(en parlant de moi). Et sa sœur a rétorqué:«N’as-tu rien d’autre à faire que de raconter des futilités?»Elle a souri et continué son histoire. Et sa sœurs’est assise pour l’écouter et a oublié de se rendreau champ. Elle était ainsi, la vieille conteuse. Elle savait captiver par les mots, même le dernierdes indifférents.À ma connaissance, Mariama Madi était la dernièreconteuse de Milépvani. Nous nous étions donnérendez-vous au mois d’août 2003 pour d’autres contes,d’autres voyages, mais celle qui m’attendait toujoursà l’entrée du village pour me surpre n d re par ses histoire s ,n’a pas tenu parole pour la seule et unique fois :elle ne m’a pas attendu, mais je ne lui en veux pasp a rce qu’elle m’a tellement donné, elle a tant contribuéà la sauvegarde du patrimoine comorien, un patrimoineaujourd’hui universel.Août 2003, j’ai demandé à mon oncle si on pouvaitmettre une épitaphe sur sa tombe, il m’a réponduque notre croyance l’interdit. Alors, moi qu’elle appelaittendrement «mon petit mari», je ne peux que graverces mots sur les pages du vent: «La vieille conteuseme donna les graines de l’arbre à palabre. Je les semai aux quatre coins du monde. Un matin de mai, la vieille conteuse s’en alla, mais les graines de l’arbre à palabre poussent encore .Et l’humanité s’abritera sous ses feuillages. Ma vieille conteuse dort non loin d’un arbre, là-bas à Milépvani. Fille de Madi et Trouliza, les enfants de nos enfants diront encore tes motspour d’autres enfants et l’harmattan déposera à tes pieds nos reconnaissances éternelles. »La gardienne de la Mémoire s’en est allée un jour de mai, mais qui transmettra la Mémoire désormais?Une chose est sûre : nos enfants ne doivent jamaisêtre orphelins de Mémoire et d’Histoire.

« Ma vieille conteuse s’en est allée… »

La Renarde. « Tiens, je te donne cette faucille d’or ;c’est un outil qui te portera bonheur. »

Image: © Gilles Laplagne.

Bibliographie sélective de Salim Hatubou

Né le 20 juin 1972 aux Comores, ayant grandi à Marseille,Salim Hatubou publie des romans et des contes.

Ses recueils de contes :

• Contes et légendes des Comore s: Genèse d’un pays bantu,Éditions Flies (à paraître).

• Chifchif et la reine des diables, Éditions L’harmattan(bilingue français-comorien) (à paraître).

•Sagesses et malices de Madi: L’Idiot voyageur,Éditions Albin-Michel (à paraître).

• Sur le chemin de Milépvani, je m’en allais…,Éditions L’harmattan, 2001.

• Contes de ma grand-mère (contes comoriens), Éditions L’harmattan, 1994.

• Genèse d’un pays bantu (volumes 1 et 2) (deux CD audio).

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Entretien avec Jean-Marie Caunet, Magalí Urroz et Jean-François Vignaud, de l’Institut d’études occitanes (IEO) du Limousin1.

« Le conte doit venirquand on ne l’attend pas tro p , de l’intimité »

Marie-Laure Guéraçague, pour Machine à feuilles :En quoi le collectage fait partie intégrante de votre pro j e t?

IEO: Lorsque l’association a repris ses activités,nous avons souhaité inscrire un volet «enquêtes et sauvegarde de la mémoire ». Il s’agissait de sauvegarder, par la langue occitane, chansons,contes, proverbes, mais aussi la mémoire d’un terr i t o i re ,des biographies, des rites religieux ou saisonniersqui rythmaient la vie traditionnelle: processions, activitésdu jardin, soin des bêtes, noms qui leur étaient donnés,tous ces détails qui forment un terr i t o i re et une culture .Nous avons cette urgence car nous sommes les derniers témoins d’une société paysanne disparu e .Les grands-parents, en Limousin, transmettent encorebeaucoup de choses. Une personne par exemple,âgée de vingt-cinq ans lorsqu’elle a été interrogée il y a plus de vingt ans, savait au moins vingt contesen occitan. Mais ceux qui savent les grands contestraditionnels deviennent rares.

MAF : Le choix de la méthodologie a-t-il été difficile?

IEO: Tout à fait, mais nous avons rencontré Christian-Pierre Bedel, responsable de la Collection«Al canton», au Service départemental de la culturede l’Aveyron. Il a fait un gros travail d’enquêtes et d’édition sur le territoire départemental, soit quarante-deux ouvrages sur quarante-deux cantons.Nous nous sommes inspirés de sa méthode de travail.Notre trame d’enquête reprend les grands rites du calendrier, les contes, les comptines, les prièreset les dictons. Plus les éléments qui se rapportent à telle fête, comme la cuisine, etc. Chaque enquête se faiten trois heures, l’objectif étant de sauvegarder l’essentiel.

MAF : Quel territoire avez-vous choisi ?

IEO: Nous avons choisi le Limousin administratif,avec une petite incursion en Charente occitane.Ayant aussi répondu à un programme FEDER (Fonds européen de développement régional) autour du conte et des littératures orales, nous avons pu financer une partie du temps de travailpour faire les enquêtes. Nous avons pour l’instant

travaillé sur douze communes de la Corrèze ayantune maison de retraite. Dans un premier temps,nous faisons des ateliers dans les maisons de re t r a i t ecomplétés par des entretiens personnels, puis des enquêtes communales. L’information se faitpar le bulletin municipal ou par courr i e r. Le secrétariatde mairie nous indique les personnes parlant occitan,nos enquêtes se conduisant entièrement dans cette langue. Nous avons ainsi réuni plus de quarante heures d’enre g i s t rement, et nous poursuivonsce même travail en Haute-Vienne et en Creuse.

MAF : Avez-vous fait des découvertes particulières ?

IEO: Non, nous arrivons un peu tard pour recueillirdes contes inédits; ce sont souvent des bribes. Mais certains livrent leurs propres enquêtes, des cassettes enregistrées — nous avons ainsire t rouvé Le Conte de la barq u e, que nous connaissions,mais avec d’autres variations, d’autres localisations.Même chose pour des bribes de chansons que nous arriverons peut-être à reconstituer.On se rend compte qu’une population ayant un faibleaccès à la lecture a pu s’approprier des textes par l’oralet que certaines personnes les savent encore. Sont aussi intéressants les témoignages de vie. Par exemple, à Roussac, nous avons des témoignagesde la présence du loup avec des dates, des anecdotes,les circonstances, etc. Cette partie de la Haute-Vi e n n eest en effet la dern i è re région de France avec une présencedu loup, sa dernière apparition semblant remonter à 1955 ou 19562. Les personnes inter rogées sont d’abord surprises, car on ne leur a jamais riendemandé sur ce qu’elles pouvaient savoir,et elles ne savaient d’ailleurs pas qu’elles savaient.La génération des cinquante-soixante ans commence

à paniquer car elle se rend compte qu’elle n’a plus rienà transmettre puisqu’il n’y a plus d’héritage.

M A F : Quelle forme prendra la diffusion de votre travail?

I E O: Cela prendra la forme de documents thématiques,par exemple sur les rites religieux, la fête de la Saint-Jean,d ’ a u t res fêtes comme Pâques. Il y aura aussi des CDpour rendre le résultat plus vivant. Nous avons sinonun projet de film avec Télé-Millevaches, dans le cadredu programme FEDER, sur le conte dans la tradition.Q u a t re conteurs conteront en occitan (un de l’Av e y ro n ,un du Lot et deux du Limousin). Ces contes seront suivisd’une analyse sur le conte hier et aujourd’hui, par Jan dau Melhau, qui depuis longtemps réfléchitsur le sujet.

MAF : Quel est votre approche du conte?

Jean-Marie Caunet: Il y a vingt ans, le festivalRapatonadas, à Aurillac, un des premiers en France,ne montrait que du conte. Aujourd’hui beaucoup de conteurs semblent venir du théâtre. Ce sont deux genres diff é rents. J’ai vu au Festival de Va s s i v i è redes spectacles intéressants mais qui ne sont pas du conte. Le conte s’inscrit dans une tradition et dans des rites par une communauté précise. J’ai vudes conteurs africains qui ne sont pas allés dans leur paysd’origine depuis vingt ou trente ans — ils peuvent êtredans une communauté d’adoption, comme les Auverg n a t sà Paris, mais ils sont coupés de leurs racines. Le conteest un élément de quelque chose, il ne peut être isolé.

Jean-François Vi g n a u d: Le conte peut être un événementde tous les jours, tout est dans la manièredont on le raconte selon un cadre précis. Comme dans Un soir d’orage, raconté Jan dau Melhau:quelqu’un vient frapper à la porte, personne ne le reconnaît dans la maison… En fait c’est le Bon Dieu.Pour moi le festival tue le conte et sa transmission.Le conte doit venir quand on ne l’attend pas trop, de l’intimité. Il n’y a rien de pire que lorsque, à la find’une émission de radio, le journaliste vous dit :« Vous allez bien nous en raconter un ! » Il devientspectacle. Nous sommes passés d’une sociététraditionnelle où le conte était là à tous les momentsde la vie, à une société où on n’a le temps de rienet où le conte arrive à un moment très déterminé —il n’y a plus de surprise.

Magalí Urro z: Dans une société traditionnelle, il n’y a pasde statut de conteur, le mot conteur n’existe pas en occitan. Il y a néanmoins ceux qui savent mieuxraconter, imiter le voisin, s’en moquer…

2 Cf. Le Loup en Limousin: Petite histoire d’une grande disparition,de Jean-Michel Teulière, Éditions Lucien-Souny et Limousin nature environnement, 2002, 10,00 .

1 Institut d’études occitanes (IEO) du Limousin, 2, chemin de la Couderche, 19510 Masseret, tél. 05 55 98 28 90, fax 05 55 98 85 13, e-mail [email protected] en savoir plus sur les missions, actions et projets de l’IEO du Limousin, vous pouvez vous reporter à l’articlequi leur est consacré dans Machine à feuilles n°14, pages 40 et 41.

Marcelle Delpastre :collecte et analyse ethnologique des contes du Limousin et d’ailleurs

On connaissait de Marcelle Delpastre ses récits de vie,notamment D e rr i è re les murs1, et son œuvre poétiqueparu en dix-huit tomes aux Edicions dau Chamin de Sent-Jaume2. Il faut aussi redécouvrir son immense travail d’ethnologue «indigène», dans le sens où elle vivait au sein même de l’objetde ses études: le monde paysan et ses mythes. Le Tombeau des ancêtre s3 et Le Bourgeois et le paysan:Les Contes du feu 4 sont ainsi le fruit d’une réflexiontout au long de sa vie sur les contes populairesqu’elle a recueillis et analysés.Dans Le Bourgeois et le paysan, elle décortiquenotre rapport au feu à partir des contes (notamment le très bel Enfant-oiseau), des dictons et des pratiques traditionnelles liées au feu:sauter par-dessus le feu de la Saint-Jean, tisonner,utiliser les cendres, etc. Basant ses analyses sur l’ambiguïté permanente entre les bienfaits(préparer le repas, chauffer la maison, éclairer…) et les dangers du feu, elle nous replonge aussi dans les mythes fondateurs de nos civilisations,en s’appuyant souvent sur des éléments très simplesdes pratiques populaires du Limousin.À l’heure du four à micro-ondes et de la «chaleurtournante», Delpastre nous explique notre propre fascination pour le feu et les flammes,en même temps qu’elle redonne vie à des contes à relire cet hiver, au chaud, près de la cheminée.

Olivier Thuillas

1 Derrière les murs: Les Années de pension,Éditions Payot & Rivages, 1994, 20,58 .2 Edicions dau Chamin de Sent-Jaume, Royer, 87380 Meuzac,tél. 05 55 09 96 61 (éditions dirigées par Jan dau Melhau).3 Le Tombeau des ancêtres: Coutumes et croyances autour des fêtes chrétiennes et des cultes locaux,Éditions Payot & Rivages, 1997, 22,71 .4 Le Bourgeois et le paysan: Les Contes du feu,Éditions Payot & Rivages, 2000, 19,06 .

La Renarde.« Le ruisseau voulait l’avaler

pour avoir des poissons,mais lui

s’était sauvéassez loin

de son bord. »Image: © Yann Fastier.

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Par Pierre Rosat, Conteur.

Monsieur Georges est écrivain. Pierre Rosat est conteur1.Monsieur Georges écrit les gens qu’il croise au café.Pierre Rosat a croisé Monsieur Georges au café et Monsieur Georges est devenu le personnagecentral du dernier spectacle de Pierre Rosat,Monsieur Georges ne pouvait pas dormir.Histoire d’une rencontre… autour des histoires… et de quelques ver res.

Un café, le matin. C’est peut-être tôt le matin. Seuls quelques employés vont, l’œil encore incertain,vers leur avenir laborieux. Dans le café. P resque personne. De temps à autre, un client pre s s équi boit, trop vite, son café trop chaud.À une table, un homme. Âgé. Bien droit, appuyécontre la banquette, il regarde autour de lui. Ses yeux légèrement plissés derrière ses lunettesépaisses. Il a des airs de hibou. Il regarde, il médite.Il pense. C’est sa manière à lui de terminer sa nuitd’insomnie.Monsieur Georges est écrivain. Il dort peu. Il observe beaucoup. Il écrit aussi. Des histoires et des portraits de gens de bistrot. Sur son cahier,il a écrit: « L’ordre habituel des choses est inversé.Cette salle, remplie ordinairement de voix, de conversations, de cris est devenue le lieu mêmedu recueillement. Comme une église laïque. De sorte qu’un petit café, à la campagne, par une chaude après-midi d’été est semblable à un coquillage où, en lieu et place de la mer,on entend murmurer la vie même du village…»Monsieur Georges relève la tête.— Monsieur Georges ?Un homme se trouve en face de lui. Il a l’air empru n t é .Monsieur Georges n’aime pas qu’on le dérange. Son premier réflexe est de chasser l’intrus. Il s’aperçoitque l’homme tient deux verres de vin rouge à la main.Malgré l’heure matinale, un verre de vin c’est, pour l’amoureux des cafés, le sésame qui donne accèsà la chaise la plus proche. Geste de Monsieur Georg e squi invite à s’asseoir.— Merci, Monsieur Georges.La voix de l’homme est douce, respectueuse, sans excès.L’un et l’autre lèvent leur verre et boivent une gorgéeen silence.— J’ai beaucoup de plaisir à vous lire, Monsieur Georg e s .— Merci !— Vous avez un style si particulier…

Silence… puis, soupçonneux :— Vous êtes critique littéraire?— Non… je suis conteur…— Ah!!!Silence. Gorgée de vin…— Conteur… Comme moi, en somme!!!— Vo u s! Ah non, je ne crois pas, vous, vous êtes écrivain,pas conteur…— Ti e n s? Moi qui ai toujours cru que ce que j’écrivais,c’était des histoires…— Oui, Monsieur Georges, pour le contenu, c’est évidentvous écrivez des histoires, nous pourrions même avoirle même genre d’histoires, mais la forme n’est pasla même. Ici s’arrête la ressemblance. Mes mots à moi ne sont pas fixés. Ils changent parfois, les vôtres non. Ils demeurent. Et puis, il y a surtoutle style, le rythme que vous donnez à votre écriture.Nos paroles à nous sont plus légères, elles ne sont pasfaites pour rester.— Et cela vous empêche d’y mettre la forme?— Non, bien sûr, mais elle a moins d’importance ou plus exactement, pas la même. Notre parole doitrester simple, immédiate, le public doit comprendretout de suite. Il doit pouvoir suivre l’histoire.— Sous-entendriez-vous que j’écris pour une élite et que les écrivains ne tiennent pas compte de leurs lecteurs ?— Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire, mais re c o n n a i s s e zque vous touchez moins de monde…— Une personne à la fois, en principe, mais cela tientau choix que j’ai fait d’écrire, pas à mon style.— Peut-être, mais tout de même l’oral ce n’est pasl’écrit!!!Monsieur Georges ne dit plus rien. Il vide son verre.Il se remet à écrire après avoir réajusté ses lunettes.En face de lui, le Conteur ne sait pas que faire. Il a peut-être choqué son interlocuteur.Pourtant il n’arrive pas à s’en aller. Un long momentpasse ainsi en silence.Monsieur Georges pose sa plume et regarde son interlocuteur en souriant :— D’après vous, ce long silence-ci, il était oral ou écrit?Le conteur se sent rougir.— Vous vous moquez…!!!Le sourire de Monsieur Georges se fait plus doux etchaleureux.— Non pas, monsieur. Que voulez-vous, c’est l’âge !— L’âge ?— Oui, l’âge… Mon âge, un âge au passé sûr et à l’avenir incertain. J’ai plus que vous, mais sans mérite, accumulé les années… Les réflexions aussi, les souvenirs, les pensées. Et si je souris et vous pique quelque peu, c’est que vos questions, vos aff i rmations, vos doutes,

je les ai eus, il y a bien des années.— Vous étiez conteur ?— Non, mais comme écrivain, j’ai eu les mêmesquestions. Le style, le public, l’importance de l’histoire .J’avais, au début, beaucoup de certitudes. Je pouvais dire : écrire, ça implique cela. Le style, c’est ceci…, etc. J’avais, de mon activité et sur la manière dont elle devait être réalisée, une assurance totale, qui me procurait beaucoup de tranquillité. J’appliquais les règles d’écritureque mes maîtres m’avaient enseignées. Et puis, il y a bien des années de cela, j’ai, invité par des amis, entendu un de vos collègues

conteurs. Sa manière de raconter était telle que j’ai été subjugué. Je me suis laissécomplètement aller à son rythme, sa voix, sa manière si particulière de dire les mots. Et quels mots!!! Je connaissais l’histoireet pourtant, elle m’apparaissait totalement nouvelle.Et ce style, si précis, si imagé, si… écrit!!! J’en suis ressorti plein d’interrogations :ainsi on pouvait parler comme on écrit ou vice versa, et…— Excusez-moi de vous interrompremais ce que vous me dites est si étonnant. Vous allez voir… Moi aussi j’avais des certitudes,beaucoup plus que maintenant, croyez-moi. Comme vous je savais que pour raconter, il ne faut pasutiliser le passé simple, que si on raconte, seule l’histoirecompte, etc. Et un jour, par désœuvrement je l’avoue,je me suis mis à la lecture de nouvelles de Charles-Ferdinand Ramuz. La lecture parfoisn’était pas aisée. Presque désagréable tant le français

ne me paraissait pas correct. J’ai mis cela sur le compte d’un style, un style d’écrivain!!! Mais sans trop savoir lequel. Puis un jour, j’ai lu un texte à haute voix, simplement en respectant la ponctuation, et du coup, les mots coulaient,devenaient simples. Très «parlés». Imaginez ma surprise… Plus tard, parmi ses écrits, j’ai lu une lettre qu’il avait écrite à Bern a rd Grasset, éditeur.Il tentait d’expliquer sa démarche d’écrivain. Quelle ne fut pas ma surprise en lisant que toute sa re c h e rche littéraire n’avait eu d’autre préoccupationque de « re d o n n e r » le parler des gens de chez lui. Et…— N’en dites pas plus. Je sens que c’est le momentpropice à boire un autre verre de vin rouge.D’un simple geste, il fait un signe à Angeline, la patronne, et deux verres d’un vin plus corsé, plus sérieux que le premier sont posés devant les deux hommes.Ils boivent la première gorgée en silence. En un tel moment, seul le vin peut parler… au corps et à l’âme. Il faut l’écouter.— Où en étions-nous, Compère conteur ?— Je ne sais plus très bien… Je crois qu’on cherc h a i tles différences entre nos deux métiers.— Ah pardon, vous cherchiez les différences!!!— Vous avez raison, mais maintenant, je crois que si nous continuons dans cette voie, nous finironspar un inventaire à la Prévert qui n’amènerait pasbien loin.— Je le crains, mon ami. Surtout que je ne vois pas bienpourquoi cette recherche des différences.— Peut-être pour mieux définir notre spécificité, nos territoires ?— P o u rq u o i? Pour qui ? Personnellement, je n’ai jamaisc ru à ce genre de combat. J’écris parce que j’aime çaet parce que des gens me font l’honneur de penserque je peux les intéresser; je me fous complètementde savoir si je suis écrivain ou diseur ou même plâtrier.Et si j’écris toujours c’est parce j’ai quelques petiteschoses à dire. Alors, mon ami, ne boudez pas votre plaisir, parlez, contez et surtout…— Attendez… j’ai une idée… Faisons un spectacleensemble et vous diriez des textes à vous et moi je raconterais mes histoires.— Moi, monter sur scène? Jamais!!! Mais si vous le voulez,vous, lisez ou dites un de mes textes. C’est avec plaisirque je vous écouterai.La conversation se déroule, le temps passe, les verres de vin se succèdent. Il est maintenantpresque midi. Angeline, très naturellement, a posédevant les deux hommes deux couverts. Puis viennentle plat du jour (saucisse à rôtir, rœsti2 et salade)

RENCONTRE UN ÉCRIVAIN…QUAND UN CONTEUR

La Renarde.« L’aigle le laissa dormir une nuit sous son aile»…Image: © Yann Fastier.

2 Helvétisme: mets à base de pommes de terre.

1 Pierre Rosat a participé à la journée professionnelle du dernier festival Paroles de conteurs, de Vassivière. Il sera en mai prochain au programme de la 8e édition de Coquelicontes avec, entre autres, le spectacle Monsieur Georges ne pouvait pas dormir.

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et un pot de Gamay de Dardagny.Dehors, il fait un peu frais, dans le café, par contre,il fait bon. Celsius et Bacchus, ensemble, œuvrentpour le bien-être des deux hommes qui continuentleur bavardage. Ils évoquent maintenant des souvenirs d’écrivains et de conteurs et parfois,au détour d’une histoire, reviennent à leur sujet de conversation du début.C’est au moment du café arrosé d’un petit marcdu pays que le Conteur, les yeux brillants et le visageempourpré (d’enthousiasme, cela va de soi),s’exclame d’une voix de Conteur :— Monsieur Georges, je vous le dis: nous sommesvous et moi des fils de La Parole. Et ce qui compteavant tout, c’est qu’il y ait toujours des hommes et des femmes pour la transmettre à d’autres qui l’écouteront ou la liront…— Monsieur le Conteur, vous parlez comme un livre !Santé !La conversation ne s’est bien sûr pas arrêtée là. À minuit passé, les hommes bavardaient encoresur le trottoir devant le café de La Rosière. Angeline était montée se coucher.Il n’est pas impossible que, demain, à l’ouverture…

Voilà. Bien sûr tout ceci n’a été qu’un bavardage de gens de bistrot.Pourtant, et ce n’est pas là la moindre des choses,ces paroles, dites par ces deux personnages, ont,pour les besoins du présent article, été écrites.

La Renarde. «La pierre qu’il lui ôta de dessous l’aisselle

avec la faucille d’or»…Image: © Gilles Laplagne.

Pour regarder l’édition dans un genrecomme le conte, quelques distinctions peuvent être faites entre le conte issu de la tradition orale, le conte littéraire, le conte moderne. Des classifications établiesselon les contenus montrent l’extrême richessede cette offre qui devient pléthorique :contes d’animaux, contes d’objets personnifiés,contes merveilleux, contes romanesques,contes explicatifs, contes sans fin, contes religieux, contes à rire ou facétieux. Les éléments constitutifs du récit servent de repères, de comparaisons, et de ce fait à organiser des patrimoines, des collections, à partir: des héros (êtres surnaturels, animaux, humains), des lieux, des aventures ou encore des valeurs.À une publication d’auteurs classiquess’ajoutent les contes recueillis et transcritsrécemment. Des auteurs écrivent à la manièretraditionnelle ou en détournant, caviardant un récit de référence.Entre nouveautés, rééditions, relookages en changeant les couvertures et les formats, ce qui reste difficile c’est le respect de la form eet de la langue tout en étant compréhensiblepar un enfant. De nombreux éditeurs ont tentéde résoudre ces difficultés, mais ont aussi cherc h éà bien distinguer des récits qui s’adresseraientà des jeunes et ceux qui sont destinés à des médiateurs, et même à des conteursprofessionnels.Les éditeurs proposent aux lecteurs des contesfolkloriques et les contes d’auteurs classiquescomme les frères Grimm, Andersen, Perrault.C’est sans doute un éditeur comme Nathan qui offrele plus de classiques. La Collection «Contes et légendes»a un fonds riche et se décline maintenant dans un classement par «Lune» («Demi-lune»,«Première lune», «Pleine lune»). Elle existe depuis des décennies, se décline selon l’axe régional,l’axe historique, l’axe thématique. Parmi cette dernière catégorie, des livres originauxfont penser à d’autres genres comme la science-fictionavec les Contes et récits de la conquête du ciel et de l’espace1, de Christian Grenier, ou l’histoireavec les Contes et légendes de l’Europe médiévale2,de Gilles Massardier.Nous trouvons ces mêmes axes chez Castor-poche,

« Contes, légendes et récits», qui valorise les contesde Grimm, les contes de pays, de régions, de peuples,les thématiques. Hachette et Gründ utilisent aussices caractéristiques pour leurs ouvrages. Magnard a sa Collection «Que d’histoires». D’autres éditeurs n’ont pas vraiment de collectionsidentifiées mais publient des contes (Gallimard en «F o l i o» ,L’école des loisirs).Bien connues sont les collections «Contes nomades »et «Paroles de conteurs» chez Syros. Cette dernièrea la particularité de jouer avec les graphies pour traduire l’oralité. Elles affirment clairement le nom des auteurs et leur volonté de justesseethnographique.Il existe des éditions de poche pour les classiquesdans des ensembles regroupant l’intégralité des contes en vers et en prose: Hachette-jeunesse(«Le livre de poche-jeunesse») et Gallimard-jeunesse(«Folio-junior»).À cette production s’ajoutent toutes les comptines,jeux de doigts, virelangues réunis dans des ouvrages,mais aussi présentés en textes isolés dans des albums illustrés. Actes-Sud, Albin-Michel,Bilboquet, Didier-jeunesse, ont largement puisé dans ce capital qui met l’accent sur le rythme

Par Anne Rabany,Inspectrice d’académie - Inspectrice pédagogique régionale (IA-IPR) et Chargée de cours à l’IUP Métiers du livre (Paris-X).

LA PRODUCTION ÉDITORIALE DU CONTE EN FRANCE

La Renarde. «Le figuier l’abrita de nouveau»…Image: © Catherine L’Hostis.

1 Contes et récits de la conquête du ciel et de l’espace,de Christian Grenier, Éditions Nathan, 1996.2 Contes et légendes de l’Europe médiévale,de Gilles Massardier, Éditions Nathan, 1998.

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et l’expressivité de la langue.Aux grands éditeurs il faut en ajouter bien d’autres,moins connus: Flies avec «La caravane des contes »et «Aux origines du monde», Calligram avec «Il étaitune fois». Épigones a sa «Petite bibliothèque»,quand les Éditions du Bastberg ont pris une entréeinternationale avec «Bottes de 7 lieues »et une entrée régionale avec «Contes de nos régions» .Les Éditions du Jasmin ont ouvert «Contes d’Orientet d’Occident», «Premiers contes», et Nord-Sud « Un livre d’images Nord-Sud». Des musées

comme Dapper et l’Institut du monde arabe éditent à leur tour.Les contes sont souvent largement illustrés, et sont pour les enfants l’occasion de retrouver des illustrateurs qu’ils connaissent à travers les albums.Casterman a un beau format à l’italienne pour mettreen valeur les dessins de Jean-Marc Rochette pour Le petit Poucet3.Grasset s’adresse aux bons lecteurs avec «Grands lecteurs», dans laquelle on trouve des titres comme Les Contes de Perrault 4,l i v re illustré par Danièle Bour. Grasset «Monsieur chat »avec «Il était une fois», collection conçue par Étienne Delessert, rassemble des artistescomme Innocenti ou Sarah Moon, photographe.Bilboquet, avec «Les incontournables»,

nous propose Le petit chaperon ro u g e5 sous les crayonsd’Éric Battut.Kaléidoscope publie les frères Grimm, un texte françaisd’Élisabeth Duval, avec les dessins d’Anthony Bro w n epour Hansel et Gretel6. Être éditions présente, en version grand format à l’italienne, Jeanne-Marie Leprince de Beaumont et Nicole Clavelouxpour La Belle et la bête7.Gustave Doré (illustrateur de C o n t e s8, de Charles Perr a u l t ,Hachette-jeunesse), qui reste une référence, nous permet aussi de voir comment les classiques

sont repris, revisités,illustrés. Chez Didier-jeunesse,Jean-Pierre Kerloc’h a adapté Peau d’âne9,Éric Battut en traitantla représentation des personnages dans une ambiancevénitienne, et Nathalie Noviillustre Dame Hiver1 0,des frères Grimm, en donnantplastiquement sa visionplutôt fantastique du texte.Des collections sontpar ailleurs destinéesaux conteurs qui diffusent aussi leur propre répertoire.Ces ouvrages sont plus particulièrement édités chez L’arbre,Esprit ouvert, Geste éditions, Flies France «Aux origines du monde» ,L’ h a rmattan «La légendedes mondes»,Grancher «Contes et légendes»,LGF «Le livre de poche» ,Maisonneuve et Laro s e«Références», PAF 1 1,Le Seuil, Philippe-Picquier.Cette dernière maison,qui s’adresse

aux bons lecteurs et à ceux qui racontent, a réunides textes écrits et racontés par Yveline Féray :Contes d’une grand-mère chinoise1 2.

Des conteurs composent des ouvrages pour les médiateurs et les enfants, enregistrent et font des spectacles — citons parmi bien d’autres :Gigi Bigot, Mimi Barthélemy, Anne Quésemand,Muriel Bloch, Catherine Zarcate, Henri Gougaud,Praline Gay-Para, etc. Ainsi Vents d’ailleurs publie la Collection «Les petits contes de Mimi Barthélemy »(par exemple, Mini Lune1 3, de Jean-Paul Berthet).Bayard, qui reste célèbre avec «Les contes de Pomme d’api» (Histoires d’éléphanteaux,grenouilles, souris et compagnie14)et «Les belles histoires des tout-petits», a également sollicité des conteurs (Gigi Bigot pour Grand-mère Sucre, grand-père Chocolat15,illustré par Josse Goffin).De même, Didier-jeunesse s’adresse aux petits avec sa Collection «À petits petons», où l’on retrouve des artistes comme Praline Gay-Paraet Jean-Louis Le Craver (Roulé le loup !16,La toute petite, petite, bonne femme17). Dans le catalogue Didier-jeunesse, pour présenter la Collection «À petits petons », on peut d’ailleurs lire :«Écrits par des conteurs professionnels, les textessont conçus pour être lus à haute voix. La musicalitédu texte et la mise en page dynamique facilitent la mise en bouche au lecteur».Ailleurs, des collecteurs poursuivent leur travail de sauvegarde et de diffusion en étant eux-mêmesconteurs et en publiant. C’est le cas par exemple de Nora Aceval au Seuil, pour un corpus de contesgrivois collectés en Algérie.La variété «moderne» propose des contes écrits par des auteurs contemporains, à la manièretraditionnelle ou en modifiant le genreau point de former des anti-contes. Albin-Michel offre ainsi des versions séparées, des contes dépoussiérés, revisités ou mis en BD —par exemple Les Contes du grand méchant loup18,des frères Grimm, adapté et raconté en images par Rotraut Susanne Berner.Le conte joue avec la forme même en se rapprochantde l’histoire courte à connotation fantastique ou de la plaisanterie gag. Dans cette tendance, la recette de base consiste à réemployer les stéréotypes traditionnels en y ajoutant une dosede fantaisie. L’humour ne consiste pas uniquement à exploiter des vieilles figures, il aide à en créerd’autres, comme des cuisinières par exemple. Dans ces récits, la langue contribue beaucoup à faire sourire les lecteurs. C’est le cas avec des auteurscomme Yak Rivais avec la série Les Contes du cimetière(chez Nathan), Grégoire Solotare ff pour Contes d’hiver1 9,à L’école des loisirs. On remarquera aussi

chez cet éditeur les créations de Gail Carson Levinedans la Collection «Médium». À côté de son œuvreElla l’ensorcelée20, l’auteur réécrit des contes :Sandrillé et la colline de verre21, Sonora, la princesseau long sommeil22, Le Concours de princesses23.Le mixage et le principe du genre sont plus ou moinsp rononcés. Citons encore Christian Oster, qui détourn edes histoires (La Princesse enrhumée 24) et s’affirmeaussi comme un écrivain du conte contemporain.Des tendances de l’édition font que le conte devientun texte à jouer, un texte pour philosopher.Agnès Desarthe, avec Le Monde d’à côté25,Philippe Dorin, avec Dans ma maison de papier,j’ai des poèmes sur le feu2 6, ou encore Nathalie Papinpublient dans la Collection «T h é â t re» à L’école des loisirs.Le conte est aussi là pour faire réfléchir aux pro b l è m e sde l’environnement, aux problèmes existentiels.Mohamed Rouabhi signe Jérémy Fisher27

chez Actes-Sud-Papiers, un conte moderne sur la différence et la tolérance. Ce même éditeurpossède une Collection «Petits contes philosophiques » .Albin-Michel, à côté de «Paroles de sagesse», publie la série Sagesses et malices de Nasreddine28,(du conteur et auteur Jihad Darwiche, dans la Collection« Sagesses et malices»), sur le personnage le plus connu du monde arabo-musulman, dit aussi l’Idiot, le Simplet ou même le Fou sage.Ces récits font sourire et sont en même tempsexpression d’une sagesse qui revient en force.Dans l’édition comme ailleurs, on remarque ainsi que le mot «conte» devient bien ambigu. La distinction légende, conte, mythe s’estompe et, à côté de la tradition, se multiplient des productionsoriginales.Les relations du conte, dans son oralité, et celle du livreg a rdien d’écriture ou encore de l’enre g i s t rement sonore ,montrent finalement que la caution de l’éditeurparticipe à la notoriété de l’auteur de contes, qui de passeur de récits devient un créateur.

La Renarde. «Alors l’eau grossit tout à coup et engloutit le pauvre Joseph.»Image: © Maria Jalibert.

3 Le petit Poucet , de Charles Perrault, illustrations de Jean-Marc Rochette, Éditions Casterman,2001, 12,00 .4 Les Contes de Perrault , illustrations de Danièle Bour,Éditions Grasset, 1984, 22,90 .

5 Le petit chaperon rouge , de Charles Perrault, illustrations d’Éric Battut, Éditions Bilboquet, 1998, 13,00 .6 Hansel et Gretel, de Jacob et Wilhelm Grimm, illustrations d’Anthony Browne, Éditions Kaléidoscope,2001, 12,50 .7 La Belle et la bête, par Jeanne-Marie Leprince de Beaumontet Nicole Claveloux, Être éditions, 2001, 23,00 .8 Contes, de Charles Perrault, illustrations de Gustave Doré,Éditions Hachette-jeunesse, 2002 (nouvelle présentation), 4,80 .9 Peau d’âne, par Jean-Pierre Kerloc’h, d’après Charles Perr a u l t ,illustrations d’Éric Battut, Éditions Didier-jeunesse, 2000,12,90 .10 Dame Hiver, de Jacob et Wilhelm Grimm, traduction de François Mathieu, illustrations de Nathalie Novi,Éditions Didier-jeunesse, 2002, 12,90 .11Association pour l’analyse du folklore (et des langues).12 Contes d’une grand-mère chinoise , d’Yveline Féray,Éditions Philippe-Picquier, 2001, 12,00 .

13Mini Lune, de Jean-Paul Berthet, illustrations de Dominique Pineau, Éditions Vents d’ailleurs,2001, 7,00 .14 H i s t o i res d’éléphanteaux, grenouilles, souris et compagnie,ouvrage collectif, Éditions Bayard-jeunesse, 1999, 13,00 .15 Grand-mère Sucre, grand-père Chocolat, de Gigi Bigot,illustrations de Josse Goffin, Éditions Bayard-jeunesse, 2001.16 Roulé le loup!, de Praline Gay-Para, illustrations d’Hélène Micou,Éditions Didier-jeunesse, 1999, 10,50 .17 La toute petite, petite, bonne femme, de Jean-Louis Le Craver,illustrations de Delphine Grenier, Éditions Didier-jeunesse,1998, 10,50 .18 Les Contes du grand méchant loup,par Rotraut Susanne Bern e r, d’après Jacob et Wilhelm Grimm,traduction de Dominique Autrand, Éditions Albin-Michel, 2001,13,60 .19 Contes d’hiver, de Grégoire Solotareff, Éditions L’école des loisirs, 2001, 10,50 .

20 Ella l’ensorcelée, de Gail Carson Levine, Éditions L’école des loisirs, 1999, 9,90 .21 Sandrillé et la colline de verre, de Gail Carson Levine,Éditions L’école des loisirs, 2001, 8,00 .22 Sonora, la princesse au long sommeil, de Gail Carson Levine,Éditions L’école des loisirs, 2001, 8,00 .23 Le Concours de princesses, de Gail Carson Levine,Éditions L’école des loisirs, 2002, 8,20 .24 La Princesse enrhumée: Et autres histoires,de Christian Oster, illustrations de Gilles Rapaport, Éditions L’école des loisirs, 2002, 8,50 .25 Le Monde d’à côté , d’Agnès Desarthe, illustrations d’Anaïs Vaugelade, Éditions L’école des loisirs, 2002, 6,50 .26 Dans ma maison de papier, j’ai des poèmes sur le feu,de Philippe Dorin, Éditions L’école des loisirs, 2002, 6,50 .27 Jérémy Fisher, de Mohamed Rouabhi, Éditions Actes-Sud-Papiers, 2002, 6,00 .28 Sagesses et malices de Nasreddine, le fou qui était sage,de Jihad Darwiche, illustrations de David B. (volume1), et de Pierre-Olivier Leclercq (volume 2), Éditions Albin-Michel,2000 et 2003, 12,50 (chaque volume).

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Conteurs

•Bernard BlotContact: 05 55 52 39 51.

B e rn a rd Blot est écrivain, poète et conteur. il a publiéune quinzaine de recueils, des ouvrages de pédagogie,des livres pour enfants, des pièces de théâtre. Dans les années 80, il a créé Les rendez-vous de la pleine lune, sur le Puy de Gaudy, en Creuse, où fut accueillie la fine fleur des conteurs d’aujourd ’ h u iavant de devenir Les sortilèges de la pleine lune(voir les pages 38 à 41). Si son activité de conteur s’est quelque peu re s t reinte ces dern i è res années, il continuede se préoccuper de l’évolution du conte via l’associationConte en Creuse (voir page ci-contre) et de tournerçà et là des spectacles dans son département, la plupart du temps avec son fils Alex, musicien. En tous les cas, un personnage incontournable du conte en Limousin.

• Jean-Claude BrayContact: 05 55 80 52 95.

Sincère, passionné, drôle et émouvant, Jean-Claude Bray vous charme dès le premier instant.Il sait attirer puis captiver les corps, séduire puis envoûterles esprits. Ni érudit, ni compilateur, il est plutôtscénariste, très habile à camper des personnagesincroyables, et un conteur fascinant, qui parvient à vous entraîner dans son monde fait d’aventuresimaginaires et d’intrigues mouvementées, d’histoiresfantastiques et d’êtres surnaturels. Quels que soientles lieux et les publics, toujours égal, et toujours un régal.

•Lucie Catsu (Compagnie Le chat perplexe)Contact: 05 55 66 81 94.

Contes traditionnels ou de création, extraits de ro m a n sou de nouvelles, poèmes ou chansons, c’est pour le plaisir des mots que Lucie Catsu flirteavec les genres. Paisiblement, elle installe son univers,mais les mots s’emballent, se heurtent à la musique,et mots et notes s’enlacent pour mieux s’engouffrerdans les failles de la réalité, pour mieux nous parler« des passionnés du quotidien, de la vie et de ce court instant où la nuit est partie mais où le jour n’est pas encore présent». Elle a fondé en 2001 la Compagnie Le chat perplexe,où cohabitent et se croisent parfois conteurs, musicienset comédiens. Un (joli) monde à elle, à eux, pour tous.

• Jeanne Charmetant Contact: 05 55 79 01 09 (voir aussi Les passeurs d’histoires, page ci-contre).

D'après un livre d'Agnès Berthonnet (paru aux Éditions La Regondie) et sur des musiquesd'Olivier Payrat, Jeanne Charmetant s’est associée à l’auteur le temps d’un spectacle à deux voix, Le grand voyage : «Un jour, on ne sait trop pourquoi,les enfants du vent sont partis. Ils ont marché sur les routes longtemps, longtemps, longtemps…P a r-delà les mers, les terres, les déserts, ils sont allés.Infatigables ils ont continué et ne s'arr ê t e ront jamais.Le grand voyage p a rc o u rt leur histoire, leurs histoire s . »À découvrir lors de la scène (déc)ouverte de Coquelicontes 2004.

•Jan dau MelhauContact: 05 55 09 96 61.

La définition pre m i è re de Jan dau Melhau, c’est la fidélitéà la tradition populaire. Fidélité lorsqu’il la restitue,fidélité de sa création qui en est à la fois nourrie et légitimée. Musicien, chanteur et diseur de la tradition et de sa pro p re création, il a ainsi animédepuis trente ans des centaines de veillées, bals et noces, tous ces moments forts de la vie populaireoù musique, chant, danse, conte deviennent l’expre s s i o nprivilégiée de la communauté, et son miroir.Au long de ces années de pratique professionnelle,le patrimoine transmis par la famille et le villages’est enrichi d’autant de collectes, tant par la fréquentationdes gens du pays que par celle des documents d’arc h i v e sc o n c e rnant le dire populaire: contes, proverbes, devinettes,prières, chansons… et son geste: danse, rituels…

•Pierre Deschamps (Compagnie La grande ourse)C o n t a c t: Cathy Sutca (agent artistique), 02 51 31 88 75.

P i e rre Deschamps est conteur professionnel depuis 1996.Il conte aux enfants (Jean des Pois vert s, M é t a m o r p h o s e s,Faim de loup) comme aux adultes (Un cœur de tigre,Drôle de village, Le Vin des noces), et transmet son amourdu conte à travers des stages de formation et des pro j e t sd’envergure comme Coquelicontes, dont il fut l’un des initiateurs. Il conte sur la scène des théâtre s ,des festivals, dans des lieux insolites, en plein air,dans les bibliothèques… avec l’envie intacte de fairepartager au public, de sa région et d’ailleurs, son attachement de toujours pour le conte populaire.Ça tombe bien, l’envie réciproque est tout aussi intacte.

•Nico GotroContact: 05 55 66 81 94.

Membre de la bande du Chat perplexe, musicien de Lucie Catsu et avec son groupe Suerte, Nico Gotrovient de créer à Aubusson son premier spectaclejeune public : Embarquez ! À suivre (de très près).

•Laurette LemoineContact: 05 55 23 24 33.

Ancienne bibliothécaire à Brive-la-Gaillarde, Laurette Lemoine s’est lancée depuis trois ans dans la carr i è re de conteuse professionnelle. Elle pro p o s edes spectacles pour tous les âges et tous les publics.

•Joëlle PascalContact: 05 55 36 49 79.

M e m b re actif des Passeurs d’histoires (voir page ci-contre ) ,Joëlle Pascal mène parallèlement sa barque de conteuseen solo. Au pro g r a m m e : spectacles pour tous publicset formations en écoles. Une valeur de plus en plus sûre.

•Sandro PécoutContact: 05 55 50 12 99.

Poète, écrivain et comédien, Sandro Pécout se lancedans le conte. Il présentera un extrait de son pre m i e rspectacle lors de la prochaine édition de Coquelicontes.Je ne sais pas vous, mais nous qui connaissons un peu le bonhomme, on a hâte de voir ça.

Compagnies

• 1001 sourcesContact: Philippe Aumettre, 05 55 85 59 94.

1001 sources est une association Loi de 1901créée en juin 2002. Son but est de développer et promouvoir le conte en Corrèze. Elle mène plusieurs activités: un atelier conte à Tulle(bimensuel), un atelier conte à Sérilhac (bimensuel)et, en préparation, un atelier conte à Chamboulive.En collaboration avec le festival Les nuits de nacre (Tu l l e ) ,elle programme chaque année un spectacle conte et musique. L'an passé, c'était Armelle et Jean Audiganequi avaient enchanté les festivaliers sous la thématique« Tzigane». Cette année fut celtique et Patrick Ewena embarqué le public, venu en nombre, dans un délireentièrement partagé. Toujours dans le cadredes Nuits de nacre, à la Médiathèque de Tulle, un après-midi celte corrézien était proposé au publicavec Vi rginie Blais, Ginette Collangeli, Laurette Lemoineet Philippe Aumettre. 1001 sources organise égalementdes balades contées, en partenariat avec Les artset salamandre (association basée à Lapleau) :la prochaine en date aura lieu le 6 mars 2004,débutera dans l'après-midi et, après un repas en commun, se déroulera par cette nuit de pleine lunedans le magnifique site des gorges de la Luzège.L’association cherche par ailleurs à organiser une mini-tournée dans la région pour Colette Migné,vue au Festival de Va s s i v i è re, et réfléchit à des pro j e t sde collectages, formations, et à d’autres part e n a r i a t s …

• Conte en Creuse (Association pour le développement du conte en Creuse)Contact: 05 55 52 39 51.

Créé en 1995, Conte en Creuse se propose de définir l’originalité d’une culture creusoise, à partir de la littérature orale et du conte en particulier, et de faire connaître cette culturedans le département et au-delà. Dans ce but, une série d’actions a été initiée :- Collectage de contes et compilation sous la formed’une banque de données à la disposition des conteurs professionnels ou amateurs, des enseignants souhaitant nourrir leurs projetspédagogiques et, plus généralement, de toute association et de tout individu intéresséspar ce type de récits, soit à des fins de recherche,soit à des fins de création ou d’animation. À ce jour, Conte en Creuse dispose d’une «moisson» de plus de cent cinquante contes.

- Animation de manifestations consacrées au conte(balades, excursions, spectacles…) :chaque année, Conte en Creuse assure une vingtained ’ i n t e rventions pour des bibliothèques/m é d i a t h è q u e s ,des centres de loisirs, des offices de tourisme, le Centrepermanent d’initiatives pour l’environnement (CPIE)des Pays creusois (avec lequel un programmethématique est réalisé chaque année), etc.

- Animation d’ateliers d’écriture, dans le cadrede projets pédagogiques dans les écoles élémentaire set les collèges: trois à cinq établissements scolaire s ,creusois ou de départements voisins, font appel à Conte en Creuse pour une action s’étalant sur plusieurs mois, voire sur toute l’année scolaire.

- Formation de conteurs amateurs: une petite équipede cinq conteurs s’est ainsi constituée, qui se produit régulièrement sur le département.

- Création de spectacles «plus lourd s», à partir de conteset de légendes locales, proposés à des structuresréalisant un programme d’animations estivalesimportant. C’est ainsi qu’en août dernier,à la demande de la Communauté de communes du pays de Guéret, le parc animalier de Chabrièresa bénéficié, dans le cadre d’une résidence-création,de la mise en scène d’un conte musical, Celle qui pêchait les étoiles, lequel a donné lieu à la gravure d’un CD.

•Les passeurs d’histoiresContact: 05 55 79 01 09.

Présidée par Jeanne Charmetant, l’association de conteurs amateurs Les passeurs d’histoirestourne autour d’une équipe de sept permanents. Elle propose au public trois week-ends de stage par ananimés par des conteurs et artistes professionnels,ainsi qu’une séance mensuelle d’atelier de pratiquedu conte, animée au CCM Jean-le-Bail (Limoges) par Joëlle Pascal. La compagnie propose aussi des spectacles à la demande et organise des soirées selon la formule «veillée au chapeau»,toujours au CCM Jean-le-Bail (prochaine en date :10 janvier 2004).

Conteu rs e t co mpagn ies… en L imo usin

Page 28: MACHINE à F E U I L L E S•Pour les enfants des écoles primaires, visites et ateliers proposés par Peuple et culture durant toute la semaine du 8 mars. Une séance sera ouverte

•La maison du conte8, rue Albert-Thuret94550 Chevilly-LarueTél. 01 41 80 69 60E-mail [email protected] Internet: www.lamaisonduconte.comDepuis 1980, le Centre culturel de Chevilly-Larue mène une politique artistique active dans le domaine du conte. Avec son festival, il a été l’un des acteurs institutionnelsprincipaux du renouveau du conte. Aujourd’hui de nombreuxfestivals et manifestations ponctuelles permettent aux conteursd’exprimer leur art. Ils se produisent sur toutes les scènes et l’art du conte rayonne de mille paroles multiples, du conteurépique au conteur humoriste, du chant narratif au rap urbain.L’ouverture des locaux de La maison du conte à la Villa Lipsi,en 1999, permet désormais à l’ensemble du projet en faveurde l’ar t du Conte à Chevilly-Larue de se développer pleinement.Avec ses nouveaux locaux, La maison du conte poursuit son rôled’animateur, de soutien… Résidences d’artistes, créations,d i ffusions, ateliers de re c h e rche, actions artistiques et culture l l e s ,formations continuent de rythmer son travail à l’année. Avec une nouvelle ambition, créer une école innovante pour les conteurs, et pour tous les artistes qui s’intéressentde près à cette pratique. La maison du conte est avant toutun lieu pour la tradition orale contemporaine.Les missions de La maison du conte :• La diffusion et l'aide à la création des spectacles

des conteurs, en relation étroite avec le Centre culturel de Chevilly-Larue. Cette mission est effective dans le cadrede l’association La maison du conte depuis sa création en 1993.Elle se développe sous trois formes principales :

-Résidence d’artiste pouvant comporter une aide à la création.- Production ou coproduction de spectacles.- Diffusion et soutien à la diffusion dans le cadrede la saison annuelle du Centre culturel de Chevilly-Laru eet d’une programmation à La maison du conte, un mardi et un dimanche par mois actuellement.

•La sensibilisation, l’éducation artistique et la formation des amateurs et des médiateurs.

Le souci premier des responsables de La maison du conte est l’ouverture des activités de formation, d’apprentissage à tous les publics intéressés par le conte. Cette orientation se traduit par une grande diversité d’actions: programmed’interventions pour la petite enfance, atelier de pratiqueartistique dans le premier et second degré avec jumelagecollèges-La maison du conte, atelier à l’année, sessions de sensibilisation, formations pour les personnes utilisant le conte dans leur profession telles que les enseignants, les bibliothécaires, les personnels de la petite enfance. Toute cette activité se nourrit également des re n c o n t re s - d é b a t set des conférences ouvertes à tous organisées au cours de l’année.(Source: http://www.ac-creteil.fr/)

Et à venir prochainement :

•La terrasse du conte30440 SumèneTél. 06 87 70 55 58 (Kamel Guennoun)Initié par le conteur Kamel Guennoun et l’association Les amisdu conte, le projet de La terrasse du conte est de créer sur le Grand Sud un lieu de recherche, d’expérimentation et de création sur les aspects artistiques du conte, mise en bouche et mise en scène. Le lieu, qui devrait ouvrir fin 2004, devrait ainsi proposerquatre modes d’intervention: résidences de conteurs et de compagnies; actions de programmation (Fête du contede Sumène); actions de formation; éducation artistique et sensibilisation (en direction particulièrement du milieuscolaire).

Un projet commun: Mondoral

Le projet Mondoral est un ensemble d’actions concertées :il a pour objectif d’être l’outil de la promotion et du développementdes arts de la parole. Il doit petit à petit générer un courant de sympathie autour de lui, qui permettra de structurer la discipline, de soutenir les pratiques et les acteurs de son développement et d’aider à l'émergence tant de nouvelles œuvres, de nouveaux artistes que de nouveaux acteurs culturels. Il se veut «lieu ressource »pour tous ceux qui en France ou à l’étranger s’engagent dans des actions et des recherches autour du conte, du récit ou de la littérature orale. Il est mis en œuvreconjointement par trois structures engagées autour de cet ar t(CLIO, Centre des arts du récit et Maison du conte) et il s’articule autour de deux grands axes: l'animation de réseaux dans une dimension nationale autour des arts de la parole et la mise en œuvre d'un accompagnement des artistes émergents.(Source: http://perso.wanadoo.fr/centredesartsdurecit/)

• Centre des arts du récitCouvent des MinimesRue du Docteur-Lamaze38400 Saint-Martin-d'HèresTél. 04 76 51 21 82Fax 04 76 51 71 23E-mail [email protected] Intern e t : http://perso.wanadoo.fr/centre d e s a rt s d u re c i t /Le Centre des arts du récit, reconnu comme lieu de médiation,est un outil de développement au service de la population. Il structure et anime une multiplicité de réseaux d'artistes,d'acteurs culturels, socioculturels, d'enseignants, de conteursamateurs ou professionnels, tout en offrant des moyens pour la réalisation de projets artistiques, du plus modeste au plus ambitieux. Cet ancrage dans les milieux artistiques,culturels et sociaux, permet au Centre de multiplier ses projets et d'élargir son champ d'action.Le Centre des arts du récit en Isère est un lieu de médiationqui met en lien artistes et structures d’accueil. En quinze ans,un réseau important de partenaires s’est mis en place sur toute la région Rhône-Alpes, permettant la généralisationd’une politique de l’offre et de la demande. Le Centre a passédes contrats avec plusieurs part e n a i res pour mettre en perspectivedes actions de création, des résidences d’ar tistes ou des actionsde diffusion spécifiques…Le Centre propose deux types de programmation :• Les Rendez-vous du récit (programmation mensuelle constru i t e

en lien avec plusieurs lieux de diffusion) :-Des cycles thématiques (ex : cycle de mythologie gre c q u e ,proposé par Claudie Obin).

-Des rendez-vous événements (Paroles croisées au Théâtre 145, Nuits du conte au Musée dauphinois,opération Toc Toc Toc monsieur Pouce pour la petite enfance).

• Le Festival des arts du récit au mois de mai.Prisons, hôpitaux, centres médicaux pédagogiques,foyers de travailleurs immigrés, quartiers dits difficiles…Les interventions des conteurs dans ce type de lieuxp e rmettent de libérer la parole, d'appre n d re à la maîtriseret surtout de la faire entendre. À travers des ateliers,des formations ou des spectacles, le Centre proposedonc une approche concrète de l'oralité (comme la maîtrisedu récit de sa vie…) La parole permet de construiredu lien social, là où on croyait qu’il n’y en avait plus !Le Centre des arts du récit met régulièrement en œuvredes projets artistiques, ainsi que des actions de form a t i o net d'animation en direction des établissements scolaire s ,de la maternelle à l'université. Ces actions passent par la formation des enseignants, mais surtout par la mise en place de classes à PAC (Projets ar t i s t i q u e set culturels), menées avec la complicité des dix-sept art i s t e sconteurs de la région Rhône-Alpes.La pratique amateur du conte étant de plus en plusimportante, le Centre a par ailleurs constitué un groupede réflexion autour de la place et de l’évolution de cette pratique par rapport au milieu professionnel.L’intergroupe conteurs amateurs est alors le moyend ’ é c h a n g e r, de réfléchir sur un statut, une re c o n n a i s s a n c e …Depuis plusieurs années, les conteurs amateurs se re t ro u v e n tpendant une journée au cours du Festival des arts du récit.Ils sont une centaine à se retrouver face au public, dans un événement où la parole est le fil conducteur qui relie chacun dans le même plaisir de l’histoire,histoire que l’on raconte, histoire que l’on écoute.(Source: http://perso.wanadoo.fr/centredesartsdurecit/)

•CLIO (Centre de littérature orale)Quartier Rochambeau41100 VendômeTél. 02 54 72 26 76Fax 02 54 72 25 30E-mail [email protected] Internet: www.clio.orgCréé en 1981, le CLIO (Centre de littérature orale) a pour mission principale de promouvoir et développer la connaissance et les pratiques artistiques de l'oralité en France. Installé à Vendôme, en région Centre, depuis octobre 1994, il offre une activité régulièreautour du récit dans le Vendômois, dans son département et dans sa région. Compagnie dramatique hors commission et centre de recherche, le CLIO mène des travaux d'études et de création spectaculaire à partir de l'oralité et du récit.Par ailleurs, il dispose d'un fonds documentaire imprimé et audiovisuel qu'il élargit régulièrement depuis son installationà Vendôme et qu'il met à la disposition du public.Le CLIO propose également, tout au long de l'année, une quinzaine de stages et séminaires de formation à la littérature orale, dont l’atelier Fahrenheit 451, créé en 1991 par Bruno de La Salle, qui est un collège de conteurs confirmés ou débutants, désireux de partagerleurs expériences et leurs questionnements. Tout au long de l'année, l'atelier accomplit un travail régulierde recherche et de perfectionnement. Par ailleurs, des intervenants extérieurs se joignent régulièrement aux travaux du groupe Fahrenheit afin de transmettreles techniques de l’art du conteur ou d’éclairer les textes du répertoire.Tous les deux ans, un nouveau thème du répert o i re est pro p o s é ,il oriente les travaux de documentation et d'écriture, puis les créations de spectacles. De 1999 à 2000, c’est autour des récits des Mille et une nuitsque se réunissait l’atelier. En 2001 et 2002, le thème fut élarg iau Moyen Âge, qu’il soit oriental ou occidental. En 2003, un nouveau cycle a été consacré au genre de l’épopée.Les spectacles créés sont donnés à entendre au Perce oreille,c a b a ret conte du CLIO à Vendôme, et lors d’autres manifestationsdu CLIO. Le CLIO se charge également de les diffuser.(Source: www.clio.org)

Les « ma isons du cont e »P rog rammat ion , fo rmat ion, q uest ions…

La Renarde. «Et depuis ce jour,le ruisseau est plein de poissons. »

Image: © Didier Jean et Zad.

Page 29: MACHINE à F E U I L L E S•Pour les enfants des écoles primaires, visites et ateliers proposés par Peuple et culture durant toute la semaine du 8 mars. Une séance sera ouverte

•Paroles d’hiver (Côtes-d’Armor et Dinan)Période: novembre-décembreContact: Paroles d’hiverODDC2bis, place Saint-Michel22000 Saint-BrieucE-mail [email protected] Internet: www.oddc22.comSur fond d’arbres et de palabres, depuis quatorze ans, les Côtes-d’Armor et Dinan consacrent plusieurs semainesd’automne à la parole. Ou plutôt aux paroles, celles qui dans le monde entier décrivent le quotidien des hommes, la réalité de l’humanité. Les re n c o n t res pro v o q u é e sentre Africains, Basques, Bretons et autres conteurs, venus de tous les coins de la planète, n’ont qu’un objectif :faire entendre aux «vrais gens» leurs vraies histoires…Concrètement, c’est une importante programmation pour jeunes publics, des lieux insolites, une vaste décentralisationparticipative /active véhémente, des détournements sociaux,des stages de non-acculturation… On y pratique l’explorationde cinématographies essentielles, on y convie des photographes,des plasticiens, des palabreurs… Bref, c’est avant tout un festivaldes marges et des résistances, des solitudes, des errances,des tentatives et des explorations décapantes !

•Les nuits kaadou (Paris)Période: décembreLieu: La folie en tête33, rue de la Butte-aux-Cailles75013 Paris (Métro Place d’Italie)Tél. 01 45 80 65 99Contact organisation: Nordine Hassani, 06 85 54 78 20Organisé par Nordine Hassani, Les nuits kaadou a pour but de récolter des fonds pour l’organisation du carnaval des enfantsde Bobo-Dioulasso (Burkina-Faso). À La folie en tête, café-musiquedu 13e arrondissement de Paris, les conteurs se produisentgratuitement, souvent sur leur chemin du retour du festival de Dinan.La recette est intégralement investie dans l’organisation du carn a v a l .

Une pre m i è re re n c o n t re professionnelle autour du Forum intern a t i o n a ldes arts de la parole s’est tenue le 14 décembre 2002 au Théâtre des Jacobins, à Dinan, dans le cadre du 13e f e s t i v a lP a roles d’hiver. Elle avait pour but de fédérer des pro f e s s i o n n e l s ,programmateurs, producteurs, mais également institutions,o rganismes privés ou publics, médias, qui ont en commun d’agirdans le champ des arts de la parole, du conte et du récit.Extrait de l’éditorial introduisant le livret du forum :«F é d é re r? À condition de savoir pourquoi et dans quel contexte !Le conte, disons-le une bonne fois pour toutes, est une disciplinea rtistique. Un art. Un peu partout il s’est développé en empru n t a n tautant de voies qu’il y a d’artistes. En France, au Canada, en Belgique, en Afrique, au Moyen-Orient, etc. Cependant ce développement, diff é rent selon les régions du monde,s’est effectué dans une économie marginale le plus souvent,sans industrie culturelle pour le relayer (comme le livre, le cinéma,la musique, le théâtre…), avec un handicap singulier :sa difficile compréhension (ou sa difficile identification,p e rception, de ce qui s’y produit et s’y joue) par les institutionsculturelles, locales, régionales, nationales, par les médias, et par les autres disciplines artistiques! Ici et ailleurs.Si en France quelques rares directions régionales des affairesc u l t u relles (dont celle de Bretagne) ont franchi le pas en intégrantl’art du conte dans les dispositifs de soutien de l’État, et si Mondoral [voir page 55], dont il faut encore définir avec précisionc e rtains aspects du projet, laisse à penser que la situation bougeun peu, il reste d’énormes chantiers à monter pour consoliderl’économie du conte, et des paroles qui s’y rattachent :de la production à la diffusion, de la fabrication à la pro m o t i o n ,de la formation à l’écriture en passant par l’expérimentation.Où sont les lieux de fabrique? Quelles aides à la création ?Comment intégrer la spécificité d’artistes qui ne sont pas en compagnie?Si ailleurs l’expérience du festival Yeleen, au Burkina-Faso, est un modèle d’intelligence économique et mutualiste, solidaireet dynamique, il n’en demeure pas moins que de très nombre u s e s

initiatives artistiques d’Afrique, le plus souvent privées, peinentà se développer. Quelques raisons en vrac: le passage obligéde financements européens (sur quels critères? En fonctionde quelles stratégies diplomatiques?) qui le plus souventparviennent aux acteurs dix fois trop tard, l’impossibilité de dégager des trésoreries suffisantes, la difficulté des déplacements des programmateurs comme des artistes,une offre trop restreinte faute de lieux et de moyens de production, etc.Question: comment dégager des axes mutualistes pour lancerune offensive capable de contourner les contraintes, de dégagerdes moyens de production émancipés ?En Afrique, beaucoup de conteurs (s’)engagent (sur) des pro j e t sdenses, essentiels, qui peuvent réunir de nombreuses énerg i e s .Au Québec, une vaste marée d’opérateurs (festivals, lieuxalternatifs, cabarets, éditeurs…) débarque dans le paysageculturel. L’idée de réseau est débattue. Et là comme ailleurs, il y a urgence à faire re c o n n a î t re la spécificité de cette discipline.Une véritable dynamique s’installe en vue de coordonner les initiatives, les projets, en gardant intacte, bien entendu,les libertés de chacun. Derrière cette coordination en cours,se profilent des perspectives nouvelles: accueil d’artistesétrangers en tournée, créations, coproductions, lobbying en dire c t i o ndes institutions. Le concept de coopérative n’est pas loin !Derrière cette présentation schématique, succincte, seules les questions doivent trouver leurs réponses : comment fédére rdes initiatives? Comment créer un dynamique mutualiste,interactive entre manifestations et artistes, d’un pays à un autre ,d’un continent à un autre? Comment favoriser la créationd’économies alternatives, qui puissent relayer les financementsnationaux quand ceux-ci font défaut? Comment développer d e sp ro j e t s? Et surt o u t: faire circuler les œuvres et les hommes etmultiplier tous les moyens de production nécessaires. Voilà la raison d’être de ce réseau. Comment fonctionnera-t-il ?Comment l’animer? De quels moyens le doter ?C’est ce que nous vous proposons de définir ensemble. »

• Paroles plurielles (Blois)Période: mars-avrilContact: À portée de voix8, place de Grasse41000 BloisTél., fax 02 54 45 34 32E-mail [email protected] rendez-vous d’histoires, celles qui s’échangent, celles qui se chantent, celles qui s’engagent, celles qui enivre n t ,celles qui racontent ces vies d’hommes, de femmes, d’enfants,celles qui parlent d’amour, celles qui prennent la rue, toutes ces paroles d’hommes. Il y a aussi ces paroles échangéesà la Ferme de Brisebarre, autour d’un ver re, lors d’un repas,ou dans le calme de l’après-midi… Conteurs, spectacles, cinéma,musique, peinture réunissent leurs histoires. Autant de re g a rd s ,autant de sensibilité pour approcher le monde qui nous entoure …(Source: Paroles plurielles, programme 2003)

• Mythos (Rennes)Période: avrilContact: Festival Mythos4-6, rue Baudrairie35000 RennesTél. 02 99 79 00 05Fax 02 99 79 26 07E-mail [email protected] Internet: www.festival-mythos.comDepuis six ans, Mythos arpente en tous sens ce champ incert a i n ,aventureux et jubilatoire de la parole: les paroles qu'on y ditpeuvent bien venir de la nuit des temps ou de l'actualité la plus proche, de la banlieue ou de l'autre bord des océansou des cultures, toujours ceux qui les portent ont l'œil vif, la langue agile, le cœur ouvert et l'âme universelle. Pendant une semaine, la capitale bretonne vit au rythme de l'oralité sous toutes ses formes. Sous la voûte de pierredu Théâtre du Vieux-Saint-Étienne, dans la chaleur convivialed'un grand Magic mir ror installé au cœur de la ville, sur la place du Parlement-de-Bretagne, dans les bibliothèques,les théâtres, les universités et, bien entendu, dans les bars,la parole file en toute liberté jusqu'au bout de la nuit.(Source: www.festival-mythos.com)

• Paroles en festival (Lyon et Rhône-Alpes)Période: maiContact: AMAC250, rue Garibaldi69003 LyonTél. 04 78 62 74 90Fax 04 78 62 29 01E-mail [email protected] Internet: www.amac-parole.comPorté par l’AMAC (Antenne mobile d’action culturelle —association lyonnaise où évoluent toute l’année les conteusesMartine Caillat, Agnès Chavanon et Chloé Gabrielli pour des spectacles, rencontres et actions de formation),Paroles en festival est un des plus anciens festivals de conte en France (il a fêté ses dix-huit ans en 2003). Au menu de deux semaines de festival: créations, nuit du conte,promenades contées, événements, spectacles jeune et tout public, événements culinaires, soit une soixantaine de spectacles proposés par une trentaine de conteurs dans près de quarante sites en région Rhône-Alpes.

•Paroles et musiques (Saint-Jean-de-Braye)Période: septembreContact: Mairie de Saint-Jean-de-Braye45bis, rue de la MairieBP9000945801 Saint-Jean-de-BrayeTél. 02 38 52 41 46Fax 02 38 52 41 15E-mail [email protected]Émanation du défunt (et regretté) festival Rendez-vous conte!,Paroles et musiques reste néanmoins fidèle à la volonté de proposer des spectacles de qualité autour de la parole. Un festival « relooké», donc, qui associe depuis sa dernièreédition des concerts aux veillées et balades contées, le tout dans un lieu magique et convivial, le Palais des glaces,magnifique chapiteau installé sur l’esplanade de la Salle des fêtes.

•Les allumés du verbe (Bordeaux et Gironde)Période: octobre-novembreContact: Association Gustave60, rue Saint-For t33000 BordeauxTél. 05 56 44 80 47, 05 56 51 16 09Fax 05 56 51 14 52E-mail [email protected] Internet: www.les-allumes-du-verbe.org«Le festival Les allumés du verbe est fier de sa devise qui claqueau vent des mots comme une bannière : “Bienheureux les fous,parce qu’ils sont fêlés, ils laissent passer la lumière”. Depuis cinq ans, les Allumés explorent la planète Conte, sur la piste de paroles fortes, singulières, subtiles ou turbulentes.Ils cherchent, inventent et répandent un désordre salutairedans l’espoir que rien ne demeure comme avant. Chaque année, plus de vingt allumeurs de haut vol orc h e s t re n tle grand tapage des histoires. Beaux parleurs en solitaireou associations de chahuteurs patentés, ils promènent le public au théâtre ou à la bibliothèque, au cimetièreou chez l’habitant. Ils délivrent le temps et soufflent sur les esprits. Spectacles, créations en avant-premièreou en rodage, visites guidées, nuit du conte, défilé de paroles à la mode, apéro-contes, histoires à domicile,formation, librairie, soit près de quarante rendez-vous dans une quinzaine de communes de Gironde. »(Marie-José Germain, directrice artistique du festival)

Les f es t i va l s de conteQue lq ues inco ntournables (parmi d ’ autr e s 1) …

Les BDP font leurs festivals…

Outre les quelques in«conte»ournables cités dans ces pages,on n’oubliera pas que, un peu partout en France, les bibliothèquesdépartementales de prêt organisent des festivals de conte de plus ou moins grande envergure. C’est notamment le casdans les départements suivants: Aisne (Le printemps des conteurs),Alpes-Maritimes (Festival du conte des Alpes-Maritimes), Côte-d'Or (Coup de contes en Côte-d'Or), Finistère (Il était une foisle conte en Finistère), Gard (Contes en balade), Loir-et-Cher (Amies voix), Lot-et-Garonne (Soirées contées en Lot-et-Garonne), Manche (Le conte rêve en Manche), Nièvre, Oise (Contes d'automne), Bas-Rhin (Paroles d'hiver),Saône-et-Loire (À moi, contes…), Sarthe (Mots d'hiver), Tarn (Contes en balade), Tarn-et-Garonne (Alors raconte!),Touraine (Conteurs en Touraine), Territoire de Belfor t(Festival du conte du Territoire de Belfort) et bien sûr Corrèze, Creuse et Haute-Vienne (Coquelicontes).

Plein d’autres lieux de conte…

P a rtout où vous êtes, où vous passez, il y a forcément des histoire sau coin d’une rue, d’un café, d’un théâtre ou d’une bibliothèque.Alors renseignez-vous !Citons, entre autres, Contenbus (en région parisienne),Éperluette (à Chantonnay), Contes givrés (en Bourgogne),Conteurs en campagne (en région Nord-Pas-de-Calais),Rapatonadas (à Aurillac) et d’autres encore à Cannes, à Capbreton, à Nice, à Strasbourg, à Paris, à Marseille, etc.

Un projet commun: Forum international des arts de la parole

1 Pour les festivals en Limousin, voir page41.

Page 30: MACHINE à F E U I L L E S•Pour les enfants des écoles primaires, visites et ateliers proposés par Peuple et culture durant toute la semaine du 8 mars. Une séance sera ouverte

Sites Internet d’organismes et manifestations

•http://www.bretagnenet.com/apc/apc.htmSite de l'Association pour la promotion du conte La filois.

•http://artonautes.com/haricot/Site du Haricot magique, association formée par des conteursdes Alpes-Maritimes.

•http://www.festival-conte.qc.ca/Site du Festival interculturel du conte du Québec, fondé en 1993 par Marc Laberge.

•http://www.contes.cjb.net/Tout sur le festival de Beaumont. Contes et complaintes au Québec.

• http://contesgivres.free.fr/Renaissant chaque année au temps des bro u i l l a rds et des frimas,la fête de Contes Givrés fait écho à celle de Lire en fête pour donner aux mots les arts de la parole.

•http://www.conteurouestlyon.freesurf.fr/Site des conteurs de l'Ouest lyonnais, association pour la promotion de la culture orale à travers les contes. Ses membres viennent d'horizons différents: professeurs,bibliothécaires, formateurs, animateurs, retraités…

•http://www.krakemanto.gf/kamalakulimato.htmlSite du Festival pour la promotion de l'oralité en Guyane.

• http://www.conte.ladssus.free.fr/Site de l’association Conte là-d'ssus. Tout sur le Festival de conte de Salency.

Les contes en ligne

•http://www.contes.net/Plus de mille contes, fables, légendes, lettres et autres textes courts pour les petits.

•http://www.geocities.com/EnchantedForest/7156Contes et histoires fantastiques: repères biographiques et textes.

•http://www.dl.ulis.ac.jp/oldtales/fr-index.htmlDes contes japonais dans plein de langues.

• http://www.crossline.com/pavlik/contes.htmLes contes de Pavlik, en russe et en français.

• http://recitoire.org/Fantasy, contes régionaux, 1 001 nuits, contes africains et japonais.

•http://www.kabyle.comPoésies, chansons et contes kabyles.

•http://cilf.org/pub/59-contb.fr.htmlLe CILF (Conseil international de la langue française) présente des contes et textes bilingues de Djibouti.

•http://members.aol.com/lagaphe/legendes/Contes et légendes des Monts d'Arrée.

•http://www.mythofrancaise.asso.frLa Société de mythologie française, fondée en 1950 par Henri Dontenville, propose contes et légendes, bulletin et congrès.

•http://newlithium.free.fr/Un vivier de contes en ligne. Un site sur les mondesimaginaires.

• http://www.lardons.comContes, histoires et poèmes dans ce site pour enfants,juniors, parents et enseignants.

•http://www.webmagyk.comContes scandinaves…

• http://www.contes-irlandais.com/Contes irlandais. Bienvenue dans le cercle de pierres…

• http://membres.lycos.fr/contesyemen/Photos, musique et contes originaux du Yémen. Les Contes de la main gauche.

•http://www.mythes-et-legendes.net/Mythes et légendes. De l'Atlantide de Platon et des utopiesaux vampires de Bram Stocker et de ses exégètes.

•http://www.ygora.net/Des millénaires de contes, de l'Égypte ancienne à Henri Gougaud.

•http://www.1001contes.com/Pour écouter mille et une histoires en famille… Ouvrez grand vos oreilles et laissez-vous porter par cette voixqui vous emmène tout droit au pays merveilleux des contesen vous offrant chaque semaine un nouveau texte à écouter !

Sites Internet d’actualités culturelles locales

•http://lapluiedoiseaux.asso.frFestival de contes et peinturlures en Nord-Pas-de-Calais.

• http://www.apple-paille.com/Apple-paille, Agenda du conte en région PACA.Association de conteurs sur Marseille et un agenda du conteen ligne pour la région.

• http://television.telerama.fr/Le magazine Télérama présente l'actualité du conte à la télévision, au cinéma, dans la musique, les livres, les spectacles.

•http://www.rendezvousconte.fr.stAu Bistrot de la scène, à Dijon, des spectacles chaque moiset l'annuelle Fête de la parole conteuse.

•http://www.loreilledanslherbe.fr.fmL'Oreille dans l'herbe : l'émission de radio qui raconte des histoires…

• http://www.autourdevous.orgAutour de vous: association pour la promotion du spectaclevivant basée à Montreuil.

•http://yennenga.free.frAgenda sur Toulouse et sa région, liens et interviews de conteurs.

Et surtout, pour trouver tout et le reste…

•http://www.conteur.com/LE portail du conte en France. Une mine, et accessoirement,la source principale et largement plagiée de ce listing de sites Internet.

Lieux de programmation

•La baleine qui dit « Vagues» (Marseille)48, rue Barbaroux13001 MarseilleTél. 04 91 48 95 60Fax 04 91 47 94 22E-mail [email protected] Intern e t: http://perso.wanadoo.fr/labaleinequiditvagues/Selon les traditions amérindiennes, la baleine est la mémoiredu monde… La baleine qui dit «Va g u e s» donne un por t d’attacheà toutes les histoires, les contes, les légendes et les mythesqui ont tissé et tissent encore cette mémoire. Ce théâtre du contepropose chaque semaine un(e) conteur(se) différent(e) pour tout public, mais aussi des programmes pour les plus jeunes,des créations de spectacles, des événements (Salon du livrede conte, Nuit du conte…) et des formations. Basée à Marseille,La baleine qui dit «Va g u e s» se déplace aussi au gré de ses pro j e t s ,de vos projets, au fil des histoires à raconter, à écouter.(Source: http://perso.wanadoo.fr/labaleinequiditvagues/)

•La maroquinerie (Paris)23, rue Boyer75020 Paris (Métro Gambetta)Tél. 01 40 33 30 60Site Internet: www.conteur.comLa maroquinerie laissait de temps en temps une soirée contese positionner dans sa très riche programmation, souvent autourdes ateliers menés dans ses murs par Henri Gougaud. Mais le lieuchange de main et c'est Olivier Poubelle, d'Astérios pro d u c t i o n ,qui en est le re p re n e u r. L'agent d’Henri Gougaud et Yannick Jaulincontinue évidemment la programmation de conteurs. La form u l e ,confiée à Maël Le Goff, de Mythos, à Rennes, diffuseur de plusieurs conteurs à travers Ici même production, est simplecomme une formule simple: un conteur différent chaque lundià 19h, dans le café littéraire, pour une séance d'une heure.(Source: http://laparole.free.fr)

•L’ogre de Barbarie (Paris)13, rue Claude Tillier75012 Paris (Métro Reuilly ou Diderot)Tél. 01 43 70 57 92Site Internet: www.ogredebarbarie.comRestaurant des conteurs, L’ogre de Barbarie organise dessoirées conte chaque semaine, du mercredi au samedi soir.

•CDN (Centre dramatique du nombril) (Pougne-Hérisson)Le beau monde? — Compagnie Yannick-Jaulin79130 Pougne-HérissonTél. 05 49 70 26 57E-mail [email protected] Internet: http://www.nombril.com/Fondé par Yannick Jaulin et sa bande (la Compagnie Le beaumonde?), le Centre dramatique du nombril (un Américainparachuté là par er reur en 1944 aurait apporté les «preuvesi n c o n t e s t a b l e s» que Pougne-Hérisson est le nombril du monde…),est un lieu de programmation (Festival de Pougne-Hérisson et programmation à l’année), de résidence et de formation, le projet artistique de la compagnie se basant autour de la quêteperpétuelle de nouvelles formes d’oralité. On y mène ainsi de fro n tla création de spectacles et la mise en place de projets de développement, de formation autour du conte et de la paro l e .À noter l’ouverture en mai prochain du Jardin du nombril, où se répondront botanique, sculptures et parcours conté.

Sites Internet sur les arts du récit

•http://membres.lycos.fr/conteur/conseils.htmSite pour construire de meilleurs contes…

•http://cgjung.netLe psychanalyste C.G. Jung propose des clés de notre mondeintérieur et du conte.

•http://asp.ricochet-jeunes.orgSite du Centre national d'études en littérature de jeunesse,installé dans les Ardennes.

•http://www.france5.fr/A rticles sur les Contes de l'univers et Petits contes économiques,autour de la série «Mythologies» et bibliographie.

•http://www.livrjeun.tm.frBase de données gratuite qui comprend seize mille analysesd'ouvrages issus de la production éditoriale francophone pour la jeunesse.

•http://fr.groups.yahoo.com/group/amisduconteListe d'échange entre les amis du conte et de l'imaginaire.

•http://monsite.wanadoo.fr/formulettesdeconteur/Pour ceux que la littérature orale intéresse, un nouveau site a vu le jour : c'est un recueil collectif, un collectage de form u l e t t e sde conteurs, dans les contes populaires du monde.

Sites Internet de conteurs

•http://www.assodide.comSite d’Association d'idées. Toutes les infos sur Pierre Deschamps,Michèle Nguyen, Nacer Khemir, Eugène Guignon, Lucie Catsu…

•http://www.zanzibart.com/sites.phpToutes les infos sur Karyn, Sonia Koskas, Sylvain Mouquet,Ralph Nataf, François Vincent…

•http://artonautes.com/bourgajac/index.htmlSite où vous pouvez retrouver Jacques Bourgarel.

•http://monsite.wanadoo.fr/ConteuseCastelliSite où vous pouvez retrouver Caroline Castelli.

•http://site.voila.fr/cazaux-henriSite où vous pouvez retrouver Henri Cazaux.

•http://monsite.wanadoo.fr/PAROLE_AILEE/Site où vous pouvez retrouver Victor Cova Correa.

•http://perso.club-internet.fr/gilcrpn/Site de Gilles Crépin.

•http://www.artistes.net/jihad/Site où vous pouvez retrouver Jihad Darwiche.

•http://www.millepattes.com/Francais/faubert/bref.htmlSite où vous pouvez retrouver Michel Faubert.

•http://veroniquegirard.free.fr/Site de Véronique Girard.

•http://videanthrop.qc.ca/Site où vous pouvez retrouver Marc Laberge.

•http://www.perigord.com/daniel.lhomond/Site où vous pouvez retrouver Daniel L'Homond.

•http://veronique.pedrero.free.fr/Site de Véronique Pedrero.

•http://www.horanet.fr/jybaudry/GerardPotier.htmSite où vous pouvez retrouver Gérard Potier.

•http://henripourrat.free.fr/Site consacré à Henri Pourrat.

•http://www.musictradgard.com/quere/Site où vous pouvez retrouver Pascal Quéré.

•http://site.voila.fr/raillon-armelleSite où vous pouvez retrouver Armelle Raillon.

•http://www.diablevert.qc.ca/renee.htmlSite où vous pouvez retrouver Renée Robitaille.

Que lques l i eux d e pr ogrammat ion en F rance et q ue lqu es adr esses de s i t es In ter n e t

Page 31: MACHINE à F E U I L L E S•Pour les enfants des écoles primaires, visites et ateliers proposés par Peuple et culture durant toute la semaine du 8 mars. Une séance sera ouverte

•Christophe CaronContact: 05 55 84 06 70.

Christophe Caron a suivi les cours de Claude Lapointeà l’École des arts décoratifs de Strasbourg. Il a travaillé pour la presse enfantine, l’édition et l’édition scolaire. Professeur d’arts plastiques en collège depuis plusieurs années, il a décidé cette année de se consacrer à plein temps à l’illustration.NDLR: ses publications étant un peu anciennes,Christophe Caron a préféré ne pas nous soumettrede bibliographie. Il travaille actuellement à de nouveaux ouvrages à paraître prochainement.

•Jennifer DalrympleContact: 05 55 64 35 36.

« Née en 1966 à San Francisco, d’un père Américainet d’une mère Française, j’ai cependant vécu toute mon enfance, adolescence et pre m i è res annéesd’immaturité en France. Puis j’ai vécu dix ans en Italie,à Rome, que j’ai délaissée pour un grand voyage en merqui m’a ramenée en France où je vis maintenantavec mon compagnon néerlandais et notre fils terr i e nde la Creuse. Je suis militante écologiste, utopiste,optimiste-pessimiste (selon les vents), auteur- i l l u s t r a t r i c eet éveilleuse d’histoires et d’inspiration chez les plus jeunes. J’aime aussi beaucoup les pru n e s .»

Parmi les derniers ouvrages parus :- La Fête de l’accolade, Bayard presse, 2003.- Atchoum Tcha, Bayard presse, 2003.- L’Ami sauvage, Bayard presse, 2003.- Pépin et l’oiseau, Éditions L’École des loisirs, 2003.- Joyeux anniversaire, Bayard presse, 2002.- La Nuit des muscardins, Éditions L’École des loisirs(à paraître, 2004).

- La Promesse de Mirto, Éditions L’École des loisirs (à paraître, 2004).

- Bolbek, Bayard presse (à paraître, 2004).- Tcha se perd, Bayard presse (à paraître, 2004).

•Yann FastierContact: 05 55 31 88 90.

Né en 1965 à Saint-Jean-d’Angély, Yann Fastier est diplômé de l’École nationale d’arts décoratifs de Limoges, ville où il réside et travaille actuellement,en tant que bibliothécaire jeunesse à la Bibliothèquedépartementale de prêt de la Haute-Vienne.

Parmi les derniers ouvrages parus :- Dédé la bricole, L’atelier du poisson soluble, 2002.- Gradé dans la marine anglaise, Flblb, 2002.- Bonsaïs ou les petits métiers (avec la collaborationde Fabienne Séguy), L’atelier du poisson soluble, 2002.

- L’Album à la gomme (texte de Fabienne Séguy),Éditions du Rouergue, 2002.

- Du gouda et des hommes, Flblb, 2002.- Bla bla bla (texte de Fabienne Séguy), Mijade, 2002.

•Maria JalibertContact: 05 55 85 45 15.

Maria Jalibert est née à Castres en 1970. Elle vit et travaille à Brive-la-Gaillarde. Elle aime par-dessus toutmélanger les techniques, gratter et cuisiner ses œuvre s .Dans son premier album Yack’à lire de A à Zèbre,chaque animal a bénéficié d’un traitement spécialfait de subtils mélanges et d’associations de matières liés à l’inspiration du moment. Son talentne s’arrête pas là car à travers la photographie, le travailen volume, la peinture, Maria Jalibert façonne ses mondesi m a g i n a i res comme autant de manières d’être au mondeet d’exprimer d’autres réalités. Pour Les Voyagesd’Hyppolite Podilarius, elle a confectionné des décorsà l’intérieur de coquilles de noix. Un travail de miniaturisation extraordinaire qui accompagnedes récits de voyages livrés sous forme de correspondances à la fois poétiques, drôles et parfois surprenants.

Bibliographie :-Monsieur Pourquoi-ci? Pourquoi-ça ?(texte de Régis Delpeuch), Éditions Sédra, 2003.

- Les Voyages d’Hyppolite Podilarius,Éditions Points de suspension, 2003.

- Yack’à lire de A à Zèbre (texte de Claire Benedetti),Éditions Points de suspension, 1999.

•Didier Jean et ZadContact: 05 55 28 49 98,site Internet: www.didierjean-zad.com.

À pre m i è re vue, on pourrait cro i re que Didier Jean et Zadsont trois bons copains qui se retrouvent de temps en temps pour se raconter des histoires.Mais il n’en est rien! Ils sont deux, et ça suffit bien.Un jour, voici déjà dix ans, Zad vint tirer par la mancheson compagnon de jeux, Didier Jean, alors très occupéà martyriser son piano: «S’il te plaît, lui dit-elle,inventons une histoire… que je puisse la dessiner ! »Et voilà, le mal était fait! Le bougre saisit la balle au bond, entamant alors avec sa compagne une part i ede ping-pong verbal qui n’est toujours pas terminée.Dans ce jeu, pas de gagnant, pas de perdant, mais deux olibrius qui, tantôt illustrant, tantôt écrivant,cultivent leur imaginaire comme on élève des orc h i d é e s .Leur méthode de travail tient de la gourmandise :tandis que Didier prépare une savoureuse crème au chocolat, un coulis à la framboise ou encoreune chantilly, Zad s’en empare et les pose sur sa palette pour donner des couleurs à leurs dessins.Cela explique peut-être pourquoi les lecteurs ont tendance à dévorer leurs livres…

Parmi les derniers ouvrages parus :- L’Agneau qui ne voulait pas être un mouton (album),Éditions Syros, 2003.

-Sweet home (roman), Éditions Syros, 2003.- Parcours santé (album), Éditions Casterman, 2001.- Z’en ai marre (album), Éditions Casterman, 2001.-Deux mains pour le dire (roman), 1999.

Les i l l ust ra teurs de Mach ine à feu i l l es : b i o b i b l i o g r a p h i e s

• Catherine L’HostisContact: 05 55 98 78 85.

Illustratrice pour enfants résidant en Corrèze. Après quelques années d’enseignement en artsappliqués, elle se lance dans l’aventure des livrespour enfants en illustrant les premières histoiresécrites par Philippe L’Hostis, son mari, avec qui elle crée en 2000 les Éditions Mille graines.Elle aime avant tout la couleur et sa technique a évolué des crayons vers la peinture, avec ces dernières années un plaisir intense à y intégrer des collages de papiers de toutes sort e s .

Bibliographie :- Le Monde de la coiff u re, Éditions Mille graines, 2002.-Le Monde de la cuisine, Éditions Mille graines (à paraître).

•Gilles LaplagneContact: 05 55 60 23 13.

Dessinateur-illustrateur résidant à Bellac. Après des études secondaires en histoire de l’art, il collabore à plusieurs fanzines (F u n - e n - b u l l e s, H o u b a,Pulsar, Sensationnel) avant de créer le sien propre,puis une maison d’édition, Espace Contre-jour (cf. le site Internet www.espacecontrejour.com). Tout en continuant de travailler avec divers magazines,dont Le Monde de l’aviation , il publie régulièrementdes albums, principalement de science-fiction, chez divers éditeurs en France.

Parmi les derniers ouvrages parus :- La Stratégie des sentinelles (tome 2) : Le Message,Zéphyr éditions et Carabas, 2002.

- La Stratégie des sentinelles (tome 1) : La Prophétie,Zéphyr éditions, 2002.

-Réminiscences, Espace Contre-jour, 1999.- Les Carnets de l’étrange ( n °1 à 4), Espace Contre - j o u r,de 1997 à 1999.

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Livres, chez les éditeurs du Limousin

À pierre vue, La Cheirade, 4, Le Pays des Eaux-Vives, 23290 Saint-Étienne-de-Fursac

• L’Interview,de Gérard Laplace et Garance Vovelle

« La thésarde qui parle travaille en 2001 sur la ruralité et son inventivité.

En vacances dans la Montagne limousine où elle a parentèle, elle rencontre

l’été de cette année-là un “facteur de lavoirs”, à Saint-Martin-Château précisément,

qui propose une communication, on dit, croit-elle, “intervention”, à moins

que ce ne soit “per f o rmance”, dont le titre s’annonce sur un grand cartel bleu :

“le purg a t o i re, l’enfer, le paradis”. L’ a rtiste, flanqué de son musée imaginaire

(on pense à un colporteur et son fourbi) fait parler les objets d’un passé récent

qui, selon son mot, “rendent le présent plus problématique, plus complexe”.»

29,5 x 21 cm, 16p., 2003.

• Première affabulation: Gravures de Loïc Touzet« Première affabulation est paru suite à la résidence

d’auteur de Loïc Touzet d’août à octobre 2002

à La Cheirade, en Creuse. […] Ouvrage composé

originellement en soixante-seize gravures,

travail réalisé en taille d’épargne. »

14 x9 cm, 56p., 2003.

Artothèque du Limousin, Conseil régional du Limousin, 27, boulevard de la Corderie, 87031 Limoges CedexCentre culturel municipal Jean-Gagnant-Ville de Limoges, 7, avenue Jean-Gagnant, 87000 Limoges

• Pas plus qu’aujourd’hui la terre n’était certaine, absente du jour à la nuit dérobée ,photographies de Chrystèle Lerisse

« Cet ouvrage, publié à l’occasion de l’exposition consacrée à la photographe

C h rystèle Lerisse, est à l’image du travail de l’ar t i s t e: abstrait, sobre et discre t

au premier abord, il revêt suffisamment de mystère pour nous donner envie

d’y revenir encore et encore, jusqu’à y mettre notre propre regard,

nos propres mots. Car pour découvrir les images de Chystèle Lerisse,

il faut s’approcher, tendre le cou, écarquiller les yeux, puis s’approcher

encore. Ses images ne sont pas petites, mais non, c’est simplement

notre regard qui balaye trop large. »

18x16cm, 87p., 2003.

Centre des livres d’artistes / Pays-paysage, 17, rue Jules-Ferry,87500 Saint-Yrieix-la-Perche

• Bernard Villers. Remorqueur éd.,textes d’Anne Mœglin-Delcroix, Maxime Longrée et Didier Mathieu,photographies de Joachim Fliegner, Philippe de Gobert, Daniel Locuset Taric de Villers

«Ouvrage publié à l’occasion de l’exposition “Day light”, consacrée au travail

de Bernard Villers.

“Nombre de livres de Bernard Villers privilégient dans le livre non le véhicule

d’informations mais le support à travailler pour ses possibilités singulières

d’expression.” (Anne Mœglin-Delcroix)

“Pour un regardeur distrait, presque tous les livres de Bernard Villers

se ressemblent (un est vu, tous sont compris). Semblables, dissemblables.

À peine de différence, mais cet à peine, pour qui veut voir, est un écart,

un pas de côté ou un grand écart. Et de certains de ces livres on gardera

en mémoire la joyeuse et vivace sensualité.” (Didier Mathieu) »

25x17,5cm, 101p., ISBN 2-9512638-1-3, 2003.

Culture & Patrimoine en Limousin, 6, rue François-Chénieux, 87000 Limoges

• Ardoises et ardoisières: Pays de Corrèze,photographies de Patrick Fabre, texte de Georges Chatain

« Abrupts et sauvages, les pans des ardoisières de Travassac, sur la commune de Donzenac en Corrèze, offrent un paysageétonnant et mystérieux qui ouvre les portes de notre imaginairesur la vision puissante de terres insoupçonnées.Patrick Fabre pose un re g a rd sensible et singulier sur ce lieu magique,berceau d’un savoir-faire ancestral. Son talent de photographe et sa passion pour ce site magnifient la matière et les hommesqui la travaillent. Il nous invite à la suivre dans ce voyageinitiatique au cœur de l’ardoise. »(Voir également la rubrique «Feuilles lues», page 67).

24,8 x24,8 cm, 159p., ISBN 2-911167-37-X, 2003, 39,00 .

Éditions Le bruit des autres, 42, rue Victor-Thuillat, 87100 LimogesGalerie L’œil écoute, 25, rue des Petites-Maisons, 87000 Limoges

• Glanage,photographies de Dominique Kermène

• Le vieux maître,roman de Christian Viguié

«La Galerie L’œil écoute réunit pour la troisième fois

un auteur et une photographe autour d’un sujet

commun. Cette fois-ci les deux artistes ont dû

“vagabonder et glaner” à Limoges

et dans ses environs.

Comme lors des deux expériences précédentes,

Yves Lapeyre, directeur artistique de la galerie,

a laissé libres la photographe et l’auteur,

l’un n’illustrant pas l’autre, le thème seul

étant commun.

Le résultat, édité par les Éditions Le bruit

des autres, est surprenant et réussi.

Surprise de découvrir des images photographiques

qui ne sont pas des photographies, mais des tirages numériques d’objets

épars ramassés et scannés (feuilles, branches, lambeaux de tissus).

Belle réussite que ce deuxième roman de Christian Viguié, dissolvant

sans vergogne un peintre du XVIIesiècle dans une solitude limougeaude. »

21,5 x13,9cm, 183p., ISBN 2-914461-33-X, 2003, 15,00 .

Éditions Le petit Marchois, La Vergne, 87290 Saint-Sornin-Leulac

• Paulhac village d’art et d’histoire : L’Église Saint-Jean-Baptiste de la commanderie des Templiers (XIIIe s.),de Louis Chedemois

« Paulhac, ce site limousin encore trop discret mérite d’être connu et re c o n n u .

Y sont illustrés des événements, des idées, des symboles, mais aussi évoqués

des rapports sociaux et des relations internationales datés d’une époque

qui nous est lointaine, celle des Templiers au XIIIe siècle.

Refusant les légendes qui ont abusivement accompagné leur mémoire,

allant au contraire au plus profond de leur aventure héroïque et tragique,

c’est la spiritualité même de ces moines chevaliers qui nous est ici révélée.

La grande fresque de l’église de la commanderie en est à ce jour

“l’expression la plus aboutie”. »

21x15cm, 27p., 2003, 5,00 .

EN M A C H I N EÉditions Lucien-Souny, Le Puy-Fraud, 87260 Saint-PaulCercle Gramsci, 31, rue du Clos-Sainte-Marie, 87000 Limoges

• Georges Guingouin: Chemin de Résistances,de Jean-Jacques Fouché, Francis Juchereau et Gérard Monédiaire

« Dans un entretien avec Francis Juchereau, Georges Guingouin évoque

différents militants du mouvement d’émancipation de l’homme par les

travailleurs associés, dont Antonio Gramsci, fondateur du Parti communiste

italien, revient sur tout ce qui a construit son système de valeurs,

sa philosophie morale, et livre au final une sorte de testament politique.

Dans un essai éclairé par la pensée d’Hannah Arendt, de René Girard

et de Fernand Braudel, Gérard Monédiaire interroge les rapports entre liber t é

individuelle et immersion dans le siècle.

Pour ce faire et en ne s’appuyant

que sur des faits attestés, il replace

la figure de Georges Guingouin,

souvent salie par l’iniquité, dans l’histoire

de l’humanité à l’ère moderne.

Dans un texte non dénué d’un certain

lyrisme, Jean-Jacques Fouché présente

Le Cyclope, l’immense peinture sur bois

que Paul Rebeyrolle a sous-titrée :

Hommage à Georges Guingouin .

Exposée à Eymoutiers, elle représente

un géant sortant d’un cratère où tonne

la raison — en fait le résistant qui se lève

pour aff ronter l’adversité — et prêt à piétiner les immondes défroques des infâmes.»

24x16cm, 91p., ISBN 2-84886-009-X, 2003, 8,50 .

Éditions du Pont Saint-Martial, «Villa Clio», 87260 Vicq-sur-Breuilh

• Le Chemin des Indigotiers (Fragments de Port-Louis),de Laurent Bourdelas

« Il s’agit de fragments ouvrant sur l’Ailleurs, du Limousin et la Bretagne au littoral

indien et tahitien, dans le souvenir des voyages de la Compagnie des Indes —

un “exotisme revisité”, pour reprendre l’expression de Joseph Rouffanche. »

21x14,5cm, 84p., ISBN 2-9516447-5-2, 2003, 10,00 .

Espace Paul-Rebeyrolle, route de Nedde, 87120 Eymoutiers

• A l g é r i e: Cinq art i s t e s: Exposition du 28 septembre au 16 novembre 2003, préface de Solange Brand

« À l’occasion de l’Année de l’Algérie, l’Espace Paul-Rebeyrolle a proposé

une exposition de cinq artistes algériens, photographes, poètes, peintres,

plasticiens, vidéastes représentatifs d’une avant-garde artistique surpre n a n t e

dans un pays où créer est un véritable acte militant. Souffrance, déchirure,

ironie, distance et tendresse caractérisent les œuvres de Nadia Benbouta,

Bruno Boudjelal, Tarik Mesli, Hamid Tibouchi et Kamel Yahiaoui. »

30x22cm, 23p., ISBN 2-911195-10-8, 2003, 9,00 .

Fédération départementale des groupes d’études et de développementagricoles de la Haute-Vienne (FDGEDA), Maison de l’agriculture, 32, avenue du Général-Leclerc, 87065 Limoges Cedex

• De l’encre dans la prairie: Atelier d’écriture dans les coulisses du métier d’agricultrice

«On le sait, les campagnes se vident, mais que se passe-t-il

dans les coulisses du paysage campagnard, façonné

par la main de l’homme, la main du paysan?

Que sait-on des métiers de la terre, métiers difficiles,

souvent décriés, mal-aimés? Une poignée d’agricultrices

raconte à sa manière l’amour de la terre et la passion

de leur métier. Celles-ci s’interrogent, disent leur quotidien;

entre craintes et espoirs, elles témoignent.

Elles sont entrées en écriture pour vous faire part a g e r

leurs tourments et leurs espérances dans ce Limousin

où elles ont choisi de vivre. L’association

Princesse Camion les a accompagnées dans ce travail de mise en mots».

19x 10,1cm, 127p., ISBN 2-9520483-0-4, 2003, 7,00 .

IEO dau Lemosin, 2, chamin de la Codercha, 19510 Mas SerenIEO edicions, BP6, ZA Sent-Martin, 81700 Puèglaurenç

•Lo pitit bateu que voliá veire la mar,d’Estela Urroz

« Premier livre pour enfant

d’Estela Urroz, Lo pitit bateu

que voliá veire la mar

(en français : Le petit bateau

qui voulait voir la mer )

nous conte les pérégrinations

d’un petit bateau en papier

p o rté par le vent, de flaque en étang,

et qui finit par voguer enfin

sur la mer.»

17,9 x17,9cm, 31p., ISBN 2-85910-325-2, 2003, 8,00 .

PULIM (Presses universitaires de Limoges), 39e, rue Camille-Guérin,87036 Limoges Cedex

• Dieu et le ro i : La Répression du blasphème et de l’injure au roi à la findu Moyen Âge («Cahiers de l’Institut d’anthropologie juridique», n°8), de Jacqueline Hoareau-Dodinau

«Avant d’être re g roupés à la fin du Moyen Âge dans une même incrimination,

la lèse-majesté divine et humaine, blasphème et injures au roi ont fait l’objet

d’une répression séparée. […] Ce n’est que progressivement que la justice

royale va parvenir à incriminer les paroles injurieuses. »

24x16cm, 360p., ISBN 2-84287-255-X, 2002, 25,00 .

•Sony Labou Tansi: Témoin de son temps(Collection «Francophonies»), sous la direction de Gérard Dago Lezou et Pierre N’Da

«Né en 1947 à Kinshasa, Sony Labou Tansi s’est éteint le 14 juin 1995

à Brazzaville. Professeur d’anglais, ro m a n c i e r, dramaturge et poète, il a touché

à tous les genres et a été la principale révélation des littératures africaines

francophones des années 1980. »

24x16cm, 314p., ISBN 2-84257-269-X, 2003, 16,00 .

• Sémiotique et esthétique,sous la direction de Françoise Parouty-David et Claude Zilberberg

«Cette production collective se signale d’abord par la très grande diversité

des œuvres abord é e s ; cette diversité est tantôt celle du plan de l’expre s s i o n ,

tantôt celle du plan du contenu, qu’il s’agisse de littérature, de spectacle,

de cinéma, de dessin, de sculpture, de peinture ou de phrasé

(dans le cas du rap)…

Par ailleurs la voie suivie est la même: l’analyse invente son objet

à mesure qu’elle progresse. La sémiotique, depuis les années 1990,

intègre la phénoménologie, recentre sa démarche sur l’énonciation

et la perception qui articule sensible et sémantique. Quand elle s’intéresse

à l’esthétique, c’est pour explorer l’expérience des œuvres afin de rendre

compte de l’acte perceptif complexe qui construit l’esthésie. »

«Ouvrage vendu avec un CD-ROM permettant la consultation du corpus visuel

et des actes du Congrès de l’Association française de sémiotique qui s’est tenu

à Limoges en avril 2001 sur le thème “Des théories aux problématiques”».

24x16cm, 515p., ISBN 2-84287-267-3, 2003, 30,00 .

• Sémiotiques non verbales et modèles de spatialité,textes recueillis par Guy Barrier et Nicole Pignier,préface de Jacques Cosnier

«Outre l’espace abstrait et logique de la science, il y a la spatialité

dans laquelle nous faisons l’expérience des choses et des êtres,

celle qui donne lieu à une reconstruction mentale et affective.

Comment le non-verbal implique-t-il le verbal et, réciproquement,

comment les mots ont-ils un impératif besoin de multimodalité pour faire sens?

De la communication au quotidien à l’art architectural, littéraire en passant

par les chansons enfantines, par l’ergonomie, on ne peut échapper au fait

que le langage ancré dans l’espace, voire dans le temps, est le seul capable

de donner une épaisseur, un corps, une vie au mental. Ainsi, loin de privilégier

d’un côté le signe linguistique, de l’autre les signes non verbaux, cet ouvrage

questionne les rapports entre les mots, la multimodalité et le sens. »

24x16cm, 251p., ISBN 2-84287-260-6, 2003, 30,00 .

FEUILLES REÇUES

Page 33: MACHINE à F E U I L L E S•Pour les enfants des écoles primaires, visites et ateliers proposés par Peuple et culture durant toute la semaine du 8 mars. Une séance sera ouverte

• Culture et identité autrichiennes au XXe et au début du XXIe siècles(Collection «Espaces humains»), sous la direction de Gérard Grelle

«L’Autriche moderne n’est plus celle du Congrès de Vienne et de ses valses ;

ce n’est plus cet empire multinational dont le rayonnement culturel,

grâce à ces grands noms tels que Klimt, Schnitzler ou Freud, enchanta

l’Europe et le monde. L’Autriche d’après 1918 fut d’abord “ce qui reste”,

pour reprendre les propos de Georges Clémenceau.

Comment, dans de telles conditions, les Autrichiens pouvaient-ils

réellement se forger une identité? Le chemin fut long,

tant pour une démocratie chrétienne longtemps en proie à la tentation

du corporatisme que pour une social-démocratie qui rêvait d’une révolution

tant sociale que culturelle.

Autant d’interrogations auxquelles les auteurs du présent volume

essaient de trouver des réponses. »

24 x16cm, 178p., ISBN 2-84287-268-1, 2003, 20,00 .

• Aux avant-postes du progrès: Essai sur l’œuvre de J.M. Coetzee(Collection «Espaces humains»), de Jean-Paul Engeliber t

«Cet essai sur le Prix Nobel de littérature 2003 permet de mieux connaître

l’auteur sud-africain, un des romanciers les plus importants du monde

anglophone depuis près de trente ans. En France, son œuvre est mal connue

et malheureusement souvent envisagée sous le prisme des études

post-coloniales. »

« Ce livre soutient la thèse du Coetzee moderne, non au sens de l’opposition

m o d e rn e/p o s t m o d e rne, mais en celui d’une vocation critique de la littérature .

Vocation qui se traduit sur le plan esthétique par la réécriture des maîtres,

de Defoe à Kafka en passant par Dostoïevski, sur le plan éthique

par le scepticisme, l’expression du doute, le privilège des faits

sur les idées, des ruses et des tours de fiction sur la loi de la fable

et les certitudes de l’esprit. Il voudrait conduire le lecteur à (re)lire

un Coetzee moins sud-africain que cosmopolite, moins post-colonial

que réaliste, moins postmoderne que contemporain. »

24 x16cm, 155p., ISBN 2-84287-270-3, 2003, 20,00 .

Secours populaire français, Fédération de la Haute-Vienne, 6-8, rue Fulton, 87280 Limoges

• M e rc redi rue Séverine: «Nous les démunis, nous allons vous raconter…»« On est dans la solitude, dans la pauvreté, dans le malheur :

comment s’en sortir? Peut-on seulement imaginer qu’une autre existence

soit possible? Le Secours populaire de la Haute-Vienne a fait ce pari,

avec l’aide des services sociaux du Conseil général, qu’une issue pouvait

se trouver dans une pratique culturelle: l’écriture.

Écrire pour dire sa souffrance, mais aussi ses joies,

ses découvertes, ses désirs. Trouver des mots

pour parler de soi et du monde, c’est déjà agir

— sur soi, sur le monde. C’est refuser l’enfermement

dans la fatalité. C’est changer sa vie.

Dans une cité de Limoges, une dizaine de part i c i p a n t s ,

au fil d’un atelier d’écriture animé

par Princesse Camion, se sont ainsi colletés

avec les mots et ont retrouvé espoir,

confiance en eux, raison de vivre. »

18,7 x 9,9cm, 126p., ISBN 2-9520749-0-9, 2003, 5,00 .

Publications, chez les éditeurs hors région

Centre régional des lettres du Languedoc-Roussillon, Château de Castries, 34160 Castries

• Hôtel du Grand Miro i r: Photographes et écrivains : Archives Fata Morg a n a« Longtemps méfiantes à l’égard de l’image photographique,

les Éditions Fata Morgana ont résolument ouvert le champ

de leur investigation des rapports entre texte et image,

au point de disposer désormais d’un fonds photographique considérable,

et de collections prestigieuses où figurent les noms les plus illustres

de cet art du regard. »

24 x16cm, 39p., 2003.

COMELLIA, Association pour la coopération des métiers de la lecture,du livre et de l’audiovisuel en Haute-Normandie, 4, rue du Contrat-Social,76000 Rouen

• Le Monde des percussions par les discothécaires haut-normands« Faire un tour d’horizon mondial des différentes sortes d’instruments

à percussion. […] Nous avons […] essayé, à partir de nos fonds respectifs,

de donner une idée de ce que peuvent représenter les percussions

dans le monde, jusque dans les cultures les plus reculées. »

21x14,5cm, 66p., 2002, 5,00 (port compris).

Éditions Crater, 2, rue Marius-Jauffret, 13008 Marseille

• Tu meurs(Collection «Théâtre en Coulisses»), de Franck Villemaud

«Cinq hommes incarcérés au sein d’un quartier de prison réservé

aux criminels sexuels — ils se racontent. Certains assument, d’autres pas ;

certains sont forts, d’autres pas; tous jouent et chantent parfois,

souffrent toujours. Un sixième, surveillant, vient ponctuer chaque scène

de l’un des trois seuls mots qu’il semble connaître. Autour, les murs, le temps,

un rat. Des paroles de chacun naît d’abord une réflexion sur la faute,

la responsabilité, l’acte et l’homme, la prison. Au bout, cette question:

chacun est-il bien à sa place, les bonnes gens chez eux et les monstres en cage?»

20,3 x14,9cm, 65p., ISBN 2-911574-52-4, ISSN 1260-0598, 2003,10,00 .

Éditions REPAS (Réseau d’échanges et de pratiques alternatives et solidaires), 07190 Saint-Pier reville

• Scions… travaillait autrement ? : Ambiance Bois, l’aventured’un collectif autogéré(Collection «Pratiques utopiques»), de Michel Lulek, préface de Serge Latouche

« À vingt ans, à défaut de changer

le monde, ils décident de changer

leurs vies et de créer ensemble

une entreprise pour y expérimenter

d’autres formes d’organisation du travail.

Ce sera une scierie, Ambiance Bois,

qui s’installera en 1988

sur le Plateau de Millevaches, en Limousin.

De fil en aiguille, ce ne sont pas seulement

les modalités classiques de la production

qui seront remises en cause, mais la place

que cette dernière occupe dans nos vies.

Ainsi, les associés d’Ambiance Bois découvriront que “travailler autrement”,

c’est consommer, agir, décider et finalement “vivre autrement”.

Ce livre raconte le chemin parcouru, entre l’idée lancée un jour

(Et si on faisait une scierie?) jusqu’à sa réalisation. »

21x15cm, 164p., ISBN 2-9520180-2-2, 2003, 14,00 .

Ministère de la Culture et de la Communication, Direction du livre et de la lecture, 180, rue de Rivoli, 75001 Paris

• Adresses des bibliothèques publiques: Bibliothèques départementalesde prêt, bibliothèques municipales

« La 22e édition de ce répertoire recense, classées par département,

4 199 bibliothèques publiques situées en France et dans les départements

et territoires d’outre-mer . »

29,5x 21cm, 200p., 2003.

• Patrimoine des bibliothèques: Acquisitions précieuses aidées par le ministère de la Culture et de la Communication, 2001

« Quinzième bilan annuel des acquisitions réalisées par les collectivités

territoriales avec le soutien de l’État pour l’enrichissement des collections

patrimoniales de près de quatre-vingts bibliothèques municipales. »

30x21cm, 44p., 2003.

Presses universitaires de Bordeaux, Université Michel-de-Montaigne-Bordeaux3, Domaine universitaire, 33607 Pessac Cedex

•Fiction familiale: Approche anthropolinguistique de l’ord i n a i re d’une famille(Collection «Études culturelles»), d’Éric Chauvier

« Docteur en anthropologie, Éric Chauvier est chargé de cours à l’Université

Victor-Segalen-Bordeaux2. En choisissant d’enquêter sur sa propre famille,

il démontre la fécondité de l’implication du chercheur avec son objet d’étude.

Par les connivences qu’elle autorise et les informations qu’elle fournit,

cette démarche permet d’accéder aux plus profondes réalités.

Ainsi, l’anthropologie montre sa capacité à étudier les multiples pratiques

quotidiennes des sociétés occidentales contemporaines.

Pour accéder avec la plus grande rigueur à ces intimités, l’auteur s’appuie

sur toutes les re s s o u rces que proposent la micro - o b s e r vation, l’herm é n e u t i q u e

et la pragmatique du langage. Il donne ainsi une description précise,

subtile et surtout authentique d’une famille puisqu’il a nécessairement

accès aux relations et aux informations les plus occultes. »

23,1 x15cm, 254p., ISBN 2-86781-319-0, 2003, 26,50 .

Périodiques publiés en Limousin

À pierre vue, La Cheirade, 4, Le Pays des Eaux-Vives, 23290 Saint-Étienne-de-Fursac

• À pierre vue: Cahiers (n°8): La Retraite, le clafoutis21x15cm, 19p., 2003.

Association des antiquités historiques du Limousin, 22, rue Jules-Massenet, 87000 Limoges

• Travaux d’archéologie limousine (tome 23)29,7 x21cm, 135p., ISSN 0750-1099, 2003, 24,40 .

Cahiers de poésie verte, Le Gravier, 87500 Glandon

•Friches: Cahiers de poésie verte (n°83)21,5 x14cm, 108p., ISSN 0294-0914, 2003, 12,00 .

Centre de recherche artistique et culturelle, Seauve, 23700 Arfeuille-Chatain

• La Lettre du CRAC (n°29 et 30)29,7 x21cm, 12p., 2003.

IPNS, 23340 Faux-la-Montagne

• I P N S: Journal d’information et de débat du Plateau de Millevaches ( n °5 )42x30cm, 16p., ISSN 1635-0278, 2003, 3,00 .

Lemouzi, 13, place Municipale, 19000 Tulle

• Lemouzi: Bulletin de la Société savante du Bas-Limousin et revue félibréenne et régionaliste du Limousin ( 6e série, n°167 et 168)23,5x16cm, 159p., ISSN 0024-0761, 2003, 15,00 .

Point d’encrage, 114, avenue Baudin, 87000 Limoges

• Point d’encrage (n°13) : Milan: Est-ce que je reviendrai un jour ? :Un reportage réalisé par les stagiaires de l’École Féret-du-Longbois

« Milan est le carnet de route sensible et artistique, fruit d’un voyage

de stagiaires de l’École Féret-du-Longbois (Limoges) à Milan en 2001.

Cette édition est également le résultat d’un partenariat entre Point d’encrage

et l’École Féret-du-Longbois.

42x30cm, 20p., ISSN 1285-1817, 2001, 4,00 .

• Point d’encrage (n°14) : Résidents«Point d’encrage se fait partenaire du projet LAC (Limousin Afrique création,

38, rue Armand-Barbès, 87000 Limoges). Ce numéro spécial «écrivains

en résidence» célébre à sa manière les 20 e Francophonies en Limousin

par l’édition de textes, témoignages de cinq auteurs africains sur leur vécu

à Limoges.»

20x25cm, 16p., ISSN 1285-1817, 2003, 5,00 .

PULIM (Presses universitaires de Limoges), 39e, rue Camille-Guérin,87036 Limoges Cedex

• Nouveaux actes sémiotiques (n°86-87) : Polysensorialité et systèmessensori-moteurs. À propos de quelques «Sans Ti t re » de Gérard Garo u s t e, de William Fiers, avant-propos de Denis Bertrand2 4x1 6cm, 73p., ISSN 1146-7673, ISBN 2-84287-265-7, 2003, 15,00 .

•Nouveaux actes sémiotiques (n°88) : Dialogisme et narrativité :La Production de sens dans Les Fées de Charles Perrault ,de Bertrand Verine et Catherine Détrie, avant-propos de Jacques Fontanille2 4 x1 6cm, 47p., ISSN 1146-7673, ISBN 2-84287-271-1, 2003, 7,00 .

Société des sciences naturelles, archéologiques et historiques de la Cre u s e ,24, avenue de la Sénatorerie, 23000 Guéret

• Mémoires de la Société des sciences naturelles, archéologiques et historiques de la Creuse (tome quarante-huitième)2 4 , 5x1 6cm, 308p., ISSN 0249-664X, ISBN 2-903661-29-4, 2003, 22,00 .

La vache qui lit, 8, rue Galliéni, 87100 Limoges

•La Vache qui lit (n°50, 51 et 52)21x15cm, 12p., 2003, 10,00 (pour un abonnement d’un an).

Périodiques publiés hors région

ADPF, Association pour la diffusion de la pensée française, m i n i s t è re des Aff a i res étrangères, 6, rue Ferrus, 75683 Paris Cedex 14

• Notre librairie: Revue des littératures du Sud (n°150)2 4 , 5x1 6cm, 159 p.,1 CD-ROM, ISSN 0755-3854, ISBN 2-914043-69-4,2003, 10,50 .

COMELLIA, Association pour la coopération des métiers de la lecture,du livre et de l’audiovisuel en Haute-Normandie, 4, rue du Contrat-Social,76000 Rouen

• Développement culturel dans les établissements pénitentiaires de Haute-Normandie (supplément à Com’médias)29,5 x21cm, 8p., ISSN 1262-2249, 2003.

Traces, c / o Michel-François Lavaur, Sanguèze, 44330 Le Pallet

• Traces: Cahiers trimestriels de lettres et d’arts (n° 150 et 151)21x14,5cm, 40p., 2003, 5,34 .

Page 34: MACHINE à F E U I L L E S•Pour les enfants des écoles primaires, visites et ateliers proposés par Peuple et culture durant toute la semaine du 8 mars. Une séance sera ouverte

Comme au jour accompli 1,de Didier Ayres

Hors des sentiers battus de l’actualité littéraire, il arrive que le lecteur soit récompensé de son insatiable curiosité par le plaisir d’une belle découverte…

Poésie, c’est voyage.Pour preuve, et à moins de la complicitéd’un bon libraire,c’est en Alsacequ’il faut allerglaner ces feuilletslimousins, dans l’élégantecollection des «Cahiersd’Arfuyen».Il faut savoir que Didier Ayres,qui signe là

son second livre, a traversé de nombreuses contrées— la Grèce, l’Égypte, les Antilles, le Brésil — avant de choisir finalement «la solitude de la Corrèzepour se consacrer entièrement à l’écriture ». Dans une brève — mais non moins digne d’intérêt —postface à ce recueil, Jean-Yves Masson déclareavoir trouvé dans ces textes «une attention extrêmeau monde». Il est vrai que «la chose simple», « la nature » sont au cœur de ces pages, tant en proses qu’en vers libres. Les mots, ici, ne servent à rien de plus sinon nommer,comme nous fait remarquer le critique. « Je traverse les routes. Je quitte la notion de l’esprit» ,propose quant à lui le poète.Il va de soi que cette «connaissance du monde »n’évite pas — à l’instar d’illustres prédécesseurs —le passage «par les gouffres» dans lesquels pour autant «tout n’est pas nuit». C’est dire si une amicale clairvoyance — plus exactement qu’une mesure d’optimisme —semble accompagner Didier Ayres où qu’il se rende,« comme au jour accompli». Gageons que cette œuvre naissante saura, à la longue et avec lui, nous y conduire aussi.

Pierre Bacle

Fresque peinte sur un mur obscur2,de Jean-Pierre Siméon

Ouvrir un livre de chez Cheyne éditeur (celui de Jean-Pierre Siméon, par exemple) est peut-être déjà le commencement d’une expériencepoétique, dans un monde voué à l’uniformisation. Le poids des mots, du caractère porté sur la pageblanche, ainsi que la liseuse en son ingénieux papier vert gaufré sont autant d’attentions délicates,de préambules sensitifs aux plaisirs de la lecture…Si l’on sait que la forme n’est, après tout, jamais moins que le fond remontant à la surface, on ne s’étonnera guère que la poésie consignéedans ce volume tende vers la même lisibilité que l’avance sa couvert u re: à la fois généreuse et sobre .D’un premier abord qui peut sembler difficile, cette« fresque peinte sur un mur obscur» s’avère être,somme toute, accessible pour qui veut bien tenterd’y chercher la lumière. La condition sine qua nonétant bien entendu, comme pour toute œuvre littérairequi se respecte, la participation active de son lecteur.« La poésie doit être faite par tous, non par un»,comme le voulait Lautréamont…Cette suite, remarquablement bien construite, évoluedonc des «poèmes du matin» à celui, au singulier,« du soir ». L’éveil à la sensualité des pre m i è res pagescédant rapidement le pas «insomniaque »à une savante mise en abyme qui nous emmène« jusqu’aux conséquences du poème», le plus souventavec une richesse d’évocation digne des maîtres du haïkaï japonais: «appartenir ce n’est rien / […] ou bien appart e n i r/comme un passant dans la maison/laissant de lui la mémoire/dans ce couteau sur la table» .

On aura finalementcompris combien cette poésie, sans paraîtretout à fait militante (ce qui serait en soiun reniement), tâche d’exprimer,avec le plus d’humilitépossible, sa profonde nécessité :«parcourons encorecontre l’usage /et contre ceux qui dorment /

sous un ciel trop éteint /cherchons l’autre patrie».Puisse la participation de Jean-Pierre Siméon à la programmation itinérante régionale des «Auteurs vivants [qui] ne sont pas tous morts »lui avoir permis de partager cet espoir et cette ambition,qui dépassent le cadre strictement artistique, avec le plus grand nombre.

Pierre Bacle

FEUILLES LUESFEUILLES LUES

2 Fresque peinte sur un mur obscur,de Jean-Pierre Siméon, Cheyne éditeur, 2002, 13,50 .

1 Comme au jour accompli ,de Didier Ayres, Éditions Arfuyen, Collection «Les cahiers d’Arfuyen», 2003, 13,50 .

Hommage à Maurice Rollinat: Poète-musicien,1846-1903: Choix de poésies illustrées3

Si l’on peut regretter le parti pris de faire illustrer au sens propre les textes de Maurice Rollinat plutôt que d’établir un dialogue plus risqué entre les art s ,peinture et poésie, à la manière surréaliste (les peintres devenant pour le coup «alliés substantiels»de l’auteur), il convient quand même de saluer une démarche originaleà plus d’un titre.La commémoration du centenairede la mort de l’écrivainet musicien ne sauraitpasser tout à faitinaperçue auprès de quiconque se passionne pour notre patrimoinelittéraire comme pour celui qui le découvreen des temps qui,malheureusement,cultivent plus facilement l’amnésie et l’éphémère…Est-il nécessaire de rappeler que Rollinat, lassé par la vie parisienne, choisit en 1883 le village creusois de Fresselines pour y passer le restant de ses jours? Vingt ans pendant lesquelsil n’aura de cesse d’approfondir sa recherchepoétique tout en partageant la vie des petites gens,et d’inviter nombre d’artistes — Claude Monet, ou sa marraine et voisine George Sand — à chanter louanges et donner à voir ces paysages et cette terre profonde. La suite, l’École de Crozantqui se perpétue aujourd’hui avec les peintres de la Vallée de la Creuse, appartient désormais à l’histoire4.On se plongera donc, avant tout par curiosité, et non sans plaisir toutefois, dans ce catalogue de l’exposition qui re p roduit, outre les tableaux réalisésà cette occasion, une bonne quarantaine de poèmesde Rollinat. Une bibliographie et quelques articles de presse de l’époque complètent merveilleusementbien le tout et sont à même de susciter quelque passionqu’il conviendra d’entretenir auprès du bouquiniste le plus proche… À moins que l’occasion ne se présented ’ é c o u t e r, sur les planches, le conteur Jean-Claude Brayqui est encore le meilleur ambassadeur de cet œuvre .

Pierre Bacle

Ardoises et ardoisières: Pays de Corrèze5,photographies de Patrick Fabre, texte de Georges Chatain

Après Émail Limousin, Doisneau en Limousin,Des funérailles de porcelaine et Le Siècle d’or des châteaux, la Collection «Regards »des Éditions Culture & Patrimoine en Limousin nous off re à nouveau un ouvrage d’une grande qualité.Cette collection s’affirme comme une sourceirréprochable de beaux livres sur le patrimoine en région. Pour cet ouvrage sur les ardoisières de Travassac, situées sur la commune de Donzenac(en Corrèze), la plus grande place est donnée aux magnifiques photographies de Patrick Fabre, un texte liminaire de Georges Chatain présentantsimplement le contexte géographique, historique et patrimonial de ces carr i è res. Les images en couleursont regroupées autour de cinq thèmes :fragments d’ardoises, pans d’ardoise, des ardoiseset des hommes, couleur ardoise et villages d’ard o i s e .On trouve bien sûr de très beaux paysages bleutés et des images impressionnantes des pans d’ardoisesnotamment; mais les photographies regroupées dans le thème «couleur ardoise» prennent une dimensionpicturalesurprenante, à tel pointqu’on prendcertainesimages pour desreproductionsd’œuvrespeintes, avec des tonsde ver tbouteille, de rouille, de gris bleuté striés de fractures, de cicatrices.

Olivier Thuillas

3 Hommage à Maurice Rollinat: Poète-musicien, 1846-1903:Choix de poésies illustrées,Édition du Centenaire, Fresselines, 2003, 20,00 .4 Sur le sujet, on pourra lire L’École de Crozant :Les Peintres de la Creuse et de Gargilesse, 1850-1950,de Rameix, Éditions Lucien-Souny, 1991 et 2002, 45,00 .

5 Ardoises et ardoisières: Pays de Corrèze,photographies de Patrick Fabre, texte de Georges Chatain, Éditions Culture & Patrimoine en Limousin, 2003, 39,00 .

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On a marché sur la Méridienne :De la Mer du Nord aux Pyrénées6,d’Emmanuel de RouxChemin faisant…: 1000 kilomètres à pied à travers la France d’aujourd’hui7,de Jacques LacarrièreVoyages avec un âne dans les Cévennes8,de Robert-Louis Stevenson

On se souvient qu’à l’occasion de l’an 2000, des milliersd ’ a r b res avaient été plantés pour matérialiser le méridienpassant par Paris. Emmanuel de Roux a voulu marc h e rdu nord au sud pour suivre cette méridienne. Les étapessont de vingt-cinq à trente kilomètres, un minimumd ’ o rganisation prévoit des hôtels ou des chambres d’hôtes,des rendez-vous ont été pris avec des personnalitéslocales. Le livre raconte les péripéties du voyage, les paysages mais aussi les rencontres; il s’agit d’un récit-reportage, le ton est agréable, c’est celuid’un journaliste qui sait manier l’anecdote, le dialoguecomme la réflexion. Le choix des chambres d’hôtes amènel’auteur à rencontrer bon nombre de néo-ruraux: celadonne ce que les sociologues appellent «un biais»,mais il ne s’agit pas, après tout, de dresser un port r a i tde la France d’aujourd’hui. J’ai pris du plaisir à cette lectureet cela m’a donné envie de relire Chemin faisant…,de Jacques Lacarrière, dont le principe est le même:aller du nord au sud, par étapes; mais la différencevient du fait qu’aucune logistique ne vient assurer le gîteet le couvert. Cela donne d’emblée un côté plus aventure u xet par conséquent plus piquant au récit. On peut ajouterque, comme dans ses autres livres, Lacarrière écrittrès bien et l’on sent le souffle discret mais bien présentde la culture classique. Une lecture en amenant une autre ,pourquoi ne pas relire Voyages avec un âne dans les Cévennes, de Robert-Louis Stevenson. Quel régalde retrouver les péripéties de ce voyage, les démêlésde l’auteur avec Modestine, la bien nommée ânesse,mais aussi les réflexions d’un protestant au paysdes Camisards. C’est l’occasion de la rencontred’un Écossais au caractère entier avec les art i s a n s ,les aubergistes des Cévennes — cela permet de prendre concience des changements au planéconomique, mais aussi sociologique, notammentdans les rapports entre les gens. Notons que l’éditionp roposée par les Éditions du Rouergue est illustréede photographies prises en suivant l’itinérairede Stevenson. Dans la foulée, si je puis dire, on peutl i re le très agréable ouvrage de Jan dau Melhau oùil relate son voyage à Saint-Jacques-de-Compostelle9.Après de telles lectures, personne ne pourra dire quevous manquez d’exerc i c e: marcher est bon pour la santé.

Jean Moyen

C o l e t t e: Baronne en Corrèze, citoyenne au Palais Royal1 0, d’Alain Galan

Alain Galan mêle ses talents de journaliste et d’écrivain,pour nous offrir un portrait contrasté de Colette en Corrèze où «elle fit ses guerres».C’est en baronne qu’elle vient à Varetz entre 1911 et 1923, après avoir épousé Henri de Jouvenel ;c’est en réfugiée âgée mais célèbre qu’elle vient

à Curemonte, chez Bel-Gazou,en juin 1940. Deux périodes de sa vie,deux Limousin traversés11.Si tant de biographes ont multiplié les inexactitudessur Colette en Corrèze,c’est qu’elle-même s’est employée à brouillerles pistes. Alain Galan multiplie, avec humour, exemples et témoignages :dans un premier temps,Colette s’extasie des violettes parfumées

de décembre, des joues de sa fille, vernisséescomme des pommes limousines… Vingt-neuf ansplus tard, tout lui paraît sinistre, elle n’a qu’une hâte :fuir. De Corrèze, elle ramène au Palais Royal Pauline,qui l’accompagne partout jusqu’à son dernier souffle.Le 3 août 1954, la mort de Colette prend plus de place dans la presse que l’indépendance de l’Indochine, survenue à la même période. Le journaliste de La Montagne, d’Ambert, en conclut :« Il faut cro i re que le style est une bien grande magie » .

Marie-Laure Guéraçague

10 Colette: Baronne en Corrèze, citoyenne au Palais Royal,d’Alain Galan, Éditions Lucien-Souny, 2003, 13,50 .11 Cf. l’article «Colette à Va re t z: “Les figuiers au parfum de lait”» ,dans Machine à feuilles n°15, page 31.

6 On a marché sur la Méridienne: De la Mer du Nord aux Pyrénées, d’Emmanuel de Roux, Éditions Fayard, 2001, 15,00 .7 Chemin faisant…: 1000 kilomètres à pied à travers la France d’aujourd’hui, suivi de La Mémoire des routes,de Jacques Lacarrière, Éditions Fayard, 1977, 1997, 20,00 .8 Voyages avec un âne dans les Cévennes,de Robert-Louis Stevenson, Union générale d’éditions, 1978, 1997, Éditions du Rouergue (photographies de Nils Wa rolin), 1998, Éditions de Borée, 2001, 2002, 30,00 .9 Journal d’un pèlerin vielleux et mendiant sur le chemin de Compostelle,de Jan dau Melhau, Edicions dau chamin de Sent-Jaume, 1990, Éditions Fédérop, 2003, 16,00 .

Abbés12,de Pierre Michon

Dans ce titre si laconique, la consonance des commencements, des balbutiements d’un débutd’alphabet, A, B… Car nous sommes bien dans les commencements, ceux de la Chrétientés’avançant aux bords du monde païen, au temps où des hommes ivres de Dieu, de sexe et de chasse,de gloire et de silence viennent bâtir leurs monastère sdans la fange des marais vendéens. L’eau et la terrene sont pas encore bien séparées, les habitants sententle poisson et prient encore auprès des dolmens.C’est la règle de Cluny qu’Èble, ancien évêque de Limoges, veut imposer ici, avec l’aide des quelques frères lais…Michon nous donne trois brefs récits (Trois contes ?)inspirés par d’anciennes chroniques vendéennes qu’il transfigure, transcende, pour en faire trois légendestraversées de piété et de violence, de douceur et de brutalité. De miracles et de matière.Des histoires d’abbés, direz-vous, de ces obscurs Xe, X Ies i è c l e s? Et en quoi pourraient-elles nous concern e r?En ceci qu’elles nous disent un monde —

qui peut être le nôtre,ici et maintenant —où il faut se méfierdes signes. Rien n’est immuable.Chaque fait, chaque événementpeut se retourner en son contraire :un sanglier gris peut être l’incarn a t i o nd’un envoyé céleste,mais aussi bien celle du diable (pour avoir mal lu ce signe, Emma, la comtesse de Blois,

t rouvera la mort ) ; une dent volée sur un vieux squeletteque l’on dit être celui du Baptiste sera vénéréecomme une relique, puis jetée dans la vase du paludquand la supercherie sera découverte; une filletteblonde, fruit d’un adultère, pourrait bien être l’imagedu pardon… La fausseté n’est pas bien éloignée de ce que l’on croit être le vrai, le désastre côtoie la gloire, la grâce est réversible, la parole brillante du prêcheur est toute proche du silence irrémédiable.Et puis, Michon peut bien nous parler de l’an mil ou de sa mère, du facteur ou de Faulkner,c’est toujours pur plaisir du texte, ce sens de la pro s o d i e ,cette énergie concentrée, ces phrases toujours en tension…Les trois récits, à la manière des anciennes paraboles,i l l u s t rent une admirable phrase en filigrane, que l'auteurdit avoir recopiée un jour, sans son nom d’auteur :

«Toutes choses sont muables et proches de l’incert a i n .»

L’immense talent de Michon, c’est d’avoir inventé un mode d’écriture qui épouse le mode de pensée de ce temps-là, où, en analogie avec les histoires si peu réalistes de l’imagerie médiévale, les faits, les épisodes s’enchaînent, se culbutent sans hiérarc h i eet sans appel aux relations causales, dans des phrasesnominales sans subordonnées. On est dans l’aplat

du vitrail, «C’est le Moyen Âge, n’est-ce pas», ironise l’auteur, viendra plus tard l’âge des raisons et des compréhensions des causes. Michon n’explique rien, il montre, il juxtaposehorizontalement et on pense souvent au Flaubertde La Légende de saint Julien l’Hospitalier…Et ces tableaux enluminés sont parc o u rus d’une étrangecouleur bleue: bleu est le feu du désir charnel, bleu le gel des nuits de chasse, bleus les chiens de Syrie, et parfois aussi le nimbe au-dessus de la têted’un moine…Lisez ce pur joyau d’écriture. Appréciez la pertinenced’une impertinente virgule qui unit dans une même phrasedeux temps disjoints mais une même fougue, le désir de la chair et l’impatience de l’esprit :

«Elle [la femme] crie comme une mouette, la foudre bleue les lie, Èble sous le capuchonretourne à la bibliothèque. »

Souriez aux multiples citations :Michon a beaucoup lu et pratique le collage anachro n i q u e— une «intertextualité» doucement ironique —, de Jaufré Rudel (Lorsque les jours sont longs en mai)à Rimbaud (l’anneau violet)…Émerveillez-vous de la fulgurance de la syntaxe, cette façon de contracter le temps :

«Guillaume a pris Angoulême. Il va venir avec ses peauxde loup, c’est la fin de l’été, il est là. »

É p rouvez la mélancolie de ces hautes figures d’abbés— des hommes bien fraternels, bien humains, pétrisde contradictions, retournant au bout de leur tempsau désert et au silence. Pas si loin de nous que ça.Ça n’en finit pas, et là-bas,

«Écoutez, la mer pleure comme un petit enfant. »

Claire Sénamaud

12 Abbés,de Pierre Michon, Éditions Verdier, 2002, 8,00 .

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Conditions d’adhésion à ALCOL - Centre régional du livre en Limousin, incluant l’abonnement à Machine à feuilles (pour l’année civile en cours)

• Premier collège: 46,00(organismes et personnes relevant du droit privé: associations, éditeurs, libraires…).

• Deuxième collège: 46,00(collectivités territoriales et établissements publics au titre des bibliothèques, archives, musées, centres de documentation…).

•Troisième collège: 15,00(personnes physiques — adhérents individuels — qui ont des activités ou projets liés à la promotion du livre, de la lecture et du patrimoine audiovisuel).

Règlement à l’ordre d’ALCOL.

Certains numéros précédents de Machine à feuilles sont encore disponibles.

Il vous est donc possible de vous les procurer auprès d’ALCOL - CRL en Limousin

(34, rue Gustave-Nadaud, 87000 Limoges, tél. 05 55 77 47 49, fax 05 55 10 92 31)

au prix de 4,50 l’exemplaire (franco de port).

Voici un rappel des thématiques développées

dans les derniers numéros :

• «Histoire et mémoireen Limousin» (n°12).

• «Livre & ar t » (n°13).

•« Littérature occitane en Limousin» (n°14).

• «Limousin traversé» (n°15).

•« Images d’hier,regards d’aujourd’hui» (n°16).

Intermittence des voix 13,d’Emmanuel Flory

Des corps qui se déplient comme des cartes,exhalant de vieux parfums de terre, d’herbe et d’eau,des «particules qui vagabondent dans la lumière»,des voix coupées de leur locuteur, monologue ou dialogue: la parole qui surgit d’«ici» ou «là »trouve sa stricte résonance dans l’intimité du papieroù elle a choisi de se lover comme dans « l ’ a l c o o l l ’ a l c o v ed’[une] chevelure».

Il est question de voyages, d’arpents de chair et de sable,d’une identité qui se perdet se re t rouve — parfois —« au-delà des traits ».Mais Emmanuel Flor yvoyage surtout sur les «chemin[s]inemprunté[s] »de la langue. Et c’est ainsi que de la paroleamoureuse au jeu de mots mystérieux

la passerelle a été, par le poète, doucement élevée.Dès lors peut-on se surprendre à lire :

« moi ton amante religieuseJe te décœurtique te dés-heurticule de l’intérieur »

Le lecteur se demande alors à l’écoute de cette poésiesi singulière — sa propre voix résonnant à présentau chœur de l’«intermittence des voix» — « “Combien de feuillets compte le palimpseste de mon visage?” »

Colette Damour

Autour du Grand Plateau14,de Vincent Pélissier

Autour du grand plateau, Vincent Pélissier écoute le bruit du monde tel qu’il a été filtré à travers l’écriturede cinq écrivains: Pierre Bergounioux, Alain Lercher,Jean-Paul Michel, Pierre Michon, Richard Millet.À travers ce recueil de lectures, l’auteur nous invite à parcourir la géographie singulière de ce mondetrouble et mal défini dont il déchiffre attentivementles cartes, des cartes qui reconstituent un Limousinimmémorial où s’efface au moment même où il apparaîtle royaume souvent dévasté des origines.Des soldats de plomb tombés d’une valise, le dosd’un père à peine deviné, la grande caserne de Tulle,de minuscules «images pieuses, images saintes »où se dressent là un père, ici une petite sœur qui a vite choisi de «faire l’ange», les couloirs d’airagités par les fantômes d’Oradour, la «minérale,intangible, pure et encore peu musicale figured’une mère», tels sont les points d’ancrage que l’observateur a débusqués aux carrefours étrangesdes mots. Il est dommage cependant que les textesici réunis n’offrent pas tous le même panorama que celui qui ouvre sur les paysages de l’œuvrede Bergounioux, auquel l’auteur consacre non seulementdeux articles entiers mais surtout une attentionpresque amoureuse, envisageant l’œuvredans son ensemble,pointant ainsi plusprécisément les enjeux du questionnement qui est le moteur de cette identitéparticulière.Se dévoilent malgré tout à travers les lectures de Vincent Pélissier des écritures en exil en leur propre intimité,des écritures dont on peut tenterd’appréhender sur les traces du critique, le mythe fondateur qui fit leur auteur sacrifier leur vie à cet ultimesacerdoce qu’est le «sentiment de la langue»,sacerdoce voué au même éternel questionnement,car «sur quoi écrit-on jamais sinon sur l’opacité des origines ?»

Colette Damour

14Autour du Grand Plateau ,de Vincent Pélissier,Éditions Mille sources, 2002, 10,00 .

13 Intermittence des voix,d’Emmanuel Flor y,Rougerie éditeur, 2002, 10,98 .

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M A C H I N & M A C H I N E

A L C O L-C e n t re régional du livre en Limousin reçoit le soutien de l’État — ministère de la Cultureet de la Communication —, D i rection régionale des aff a i res culturelles du Limousin, et du Conseil régional du Limousin.

Direction régionaledes affaires culturelles

Limousin

P i e rre Campagne pourrait tout à faitjouer le rôle du bibliothécaireprincipal dans Le Nom de la rose,d’Umberto Eco: son éruditionencyclopédique s’apparente à celle des savants du Moyen Âge,il est même possible de l’imaginerprotéger des regards vulgaires Le Rire, d’Aristote, le poison en moins… C’est dans cet esprit que nous souhaitions l’inter rogersur les documents qui lui sont

particulièrement chers, en tant que conservateur du Fonds Limousin et Patrimoinede la Bibliothèque francophonemultimédia de Limoges. Mais Pierre Campagne ne souhaitesurtout pas dissocier son travailde celui de l’ensemble de l’équipedu Fonds Limousin, et ne voit pasnon plus l’intérêt de mettre en avantses goûts personnels.L’écouter retracer l’installation

de ce pôle au sein des nouveauxbâtiments (cinq années déjà),permet en effet à une personne,non familière à la force d’une région (une Parisienne!),d’en comprendre l’intérêt.Le Fonds Limousin se trouve au premier étage du bâtimentanciennement occupé par l’Hôpital général de Limoges,avec des espaces pour les livresen libre accès, la consultation sur place et les documents

audiovisuels. Outre l’archéologie,l’histoire, l’ethnologie,d’autres disciplinesse retrouvent sur les rayonnagescomme les sciencessociales, l’économie,la littératureet la langue occitane.Ce cloisonnementphysique n’empêche pas les relations entre le local et l’universel /le général, car des ouvragesd’auteurs limousinsde grande audiencese retrouvent dans d’autres pôles.Pour les recherchessur le Limousin, ce fonds est une mine :il semble pourtantque les travauxuniversitaires ne se soient pasmultipliés, ou peut-êtren’ont-ils pas étéencore déposés à la Bibliothèque ?

Les fonds anciens et raresfigurent aussi sur le catalogueinformatisé de la Bibliothèque, et dans le cadre de sa vocationrégionale, sur le Catalogue collectifde France en ligne sur le site de la Bibliothèque de France1.Des expositions régulières, dont «Les trésors de la BFM», ont été l’occasion de découvrir

des documents remarquables au sein du fonds, qui s’enrichissentde nouvelles acquisitionsanciennes et contemporaines.Deux exemples : Descente aux enfers2, de Marcel Jouhandeau,illustré de lithographies originalesde Georges Braque, et les manuscrits des œuvrespubliées de Marcelle Delpastre,remis à la Bibliothèque par Jan dau Melhau.Le Fonds Limousin s’est aussiouvert aux supports autres que le livre : CD, cassettes vidéofont découvrir interprètes,musiciens, compositeurs, cinéastes.Se rencontre pourtant la difficultéde «limousiner» des œuvres :certaines cassettes vidéo, par exemple, ont comme seulecaractéristique limousine celle d’avoir été tournées en Limousin…Parmi les nombreux chantiers mis en route par la Bibliothèque,deux nouvelles étapes s’annoncent:le catalogage de sites limousinssur Internet, avec mise à dispositionde signets; mais aussi l’accès à des CD-ROM de contenusrégionaux. Charge à ALCOL-CRLL,à l’Université, aux sociétés savanteset aux auteurs d’alimenter ces sources d’information.Autre objectif de choix :la numérisation des fonds, à l’exemple des bibliothèques de Troyes et de Lyon.

Marie-Laure Guéraçague

Un espace grandit pour le plaisir des lecteurs : le Fonds Limousin et Patrimoine de la Bibliothèque francophone multimédia (BFM) de la Ville de Limoges.

Un spécimen des ouvrages précieux que recèle le Fonds Limousin et Patrimoine de la Bibliothèque francophone multimédia de Limoges.Photo: Mairie de Limoges.

2 Descente aux enfers,de Marcel Jouhandeau, lithographies de Georges Braque,Nouveau cercle parisien du livre, 1961,cent soixante-dix exemplaires numéro t é set signés par Marcel Jouhandeau et Georges Braque. L’ e x e m p l a i re de la BFM a le numéro 20.1h t t p : / / w w w. c c f r. b n f . f r / a c c d i s / a c c d i s . h t m .