Madagascar - Pour Un Dialogue Sur Les Enjeux de Developpement (Banque Mondiale - 2013)

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    MADAGASCAR : Pour un dialogue surles enjeux de dveloppemen

    Juin 2013

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    P h o t o

    d e

    c o u v e r t

    u r e : P o r t E h o a l a F o r t D a u p h i n

    R

    i o T i n t o

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    BAnque MOndiAleLes enjeux de developpement Madagascar | 3

    Introducon

    Contexte

    Croissance conomique, craon

    demplois & gouvernance

    Geson des ressources naturelleset dveloppement durable

    Dveloppement ducapital humain

    Annexes

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    La pauvret nest pas un accident.

    Comme lesclavage et lapartheid, elle

    a t faite par lhomme et peut tresupprime par des acons communes

    de lhumanit.

    Nelson MANDELA

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    A | Pourquoi un guide dinformaon sur le dveloppement ?

    Madagascar est un pays fortpotenel humain et naturel :ses ressources minires et halieuques,

    sa diversit environnementaleexceponnelle et la beaut de ses

    paysages qui sont autant datouts pour

    lindustrie tourisque; ses terres ferles

    et son climat favorable lagriculture ;

    ainsi que sa main duvre compve,

    qui a dj fait ses preuves dans des

    secteurs manufacturiers tels que le

    texle ; ne sont que quelques ingrdients

    dune possible croissance.

    Malgr ces avantages comparafs,

    les indicateurs socio-conomiquesconcernant Madagascar sonten dclin,et cela depuis plusieurs dcennies.

    La crise qui perdure depuis 2009 na fait

    quaggraver une pauvret dj profonde

    avant cee date : aujourdhui 90% de la

    populaon malgache vit avec moins de 2$

    PPP par jour. Ces quatre dernires annes

    sont des annes de dveloppementsocio-conomique perdues, qui auraient

    pu contribuer amliorer les condions

    de vies des millions de personnes qui

    vivent dans la prcarit. Au lieu de cela, le

    pays a sombr peu peu dans un tat de

    fragilit croissante, qui le mainent dans

    une spirale de pauvret et dinstabilit

    polique dont il peinera se dfaire.

    Derrire les indicateurs macro-conomiques, ce sont des vies dtres

    humains qui sont aeintes. Des

    entreprises qui ferment, des hommes et

    des femmes qui perdent leur travail, des

    familles qui ne mangent plus leur faim,

    des enfants qui ne peuvent plus aller

    lcole, des bbs qui accusent un retard

    de croissance aux eets irrversibles.

    Ce sont des millions de personnes qui

    plongent dans une pauvret laquelle

    il leur sera dicile dchapper, et qu

    prsentent le risque de la transmere en

    hritage leurs propres enfants.

    Il existe pourtant des soluons

    concrtes pour amliore

    la performance conomique de

    Madagascar et le quodien de

    sa populaon. Au-del des discussions

    sur la conjoncture polique et limpasse

    de la crise actuelle, il sagit aujourdhu

    dengager un dialogue sur lavenir que

    les Malgaches souhaitent orir leursenfants et de construire une vision dupossible, plutt que ce qui aurait pu trePour cela, la Banque mondiale souhaite

    encourager tous les acteurs de la vie

    conomique et polique parciper au

    dialogue sur le dveloppement. Ce livret

    prsente une synthse, non exhausve

    des enjeux, ds et donnes importantes

    pour comprendre quelques secteurs

    cl, avec pour objecf de contribuer auxrexions et denrichir le dialogue public

    sur le prsent et lavenir du pays.

    Bien que ces dernires annes ne

    soient pas vraiment porteuses despoir

    cest aujourdhui que toutes les pares

    prenantes au dveloppement doivent

    se mobiliser pour prparer laprs crise

    et rchir un projet de socit la

    hauteur du potenel du pays. Les aairespubliques sont laaire de tous, et cest en

    construisant un consensus autour de la

    voie suivre quil sera possible davancer

    Jespre que ce livret sera ule tous

    ceux qui souhaitent voir Madagascar

    emprunter le chemin du dveloppement

    et quils sen serviront pour formuler des

    soluons innovantes et prennes.

    Haleh BridiCountry Directorpour MadagascarBanque mondiale

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    Le terme dveloppement est vaste, et englobe

    plusieurs noons direntes, et qui de plus est, sont

    en voluon perptuelle, mais qui se rencontrent

    dans lide centrale de progrs . Bien quil sagisse chacun, selon sa culture et ses valeurs, de dnir ce

    quil entend par progrs, pour pouvoir valuer cee

    voluon, celle ci doit tre mesurable.

    Le dveloppement a longtemps t mesur en

    termes de croissance conomique, avec le Produit

    Intrieur Brut (PIB) ou PIB par habitant comme

    indicateur de suivi. Le PIB reprsente la valeur de la

    producon nale de biens et services assure au

    cours dune anne sur le territoire dun pays. Pour

    juger du niveau de dveloppement conomique, ilfaut diviser le PIB par son nombre dhabitants. Le PIB

    par habitant rete le volume approximaf de biens

    et services que chaque individu serait en mesure de

    se procurer au cours dune anne dans un pays si les

    revenus taient rpars de manire gale, et permet

    de donner une meilleure approximaon du niveau

    de qualit de vie. En gnral, un pays est considr

    comme dvelopp lorsquil dpasse les 20 000

    dollars US de PIB par habitant.

    Cependant, ces indicateurs de richesse neennent compte que du volume global de ressources

    conomiques dont dispose une socit, mais pas

    leur distribuon au sein de la populaon, ni de leur

    allocaon divers secteurs de dveloppement. De

    ce fait, la qualit de vie ou des infrastructures peut

    savrer trs dirente dans des pays ayant des

    revenus similaires. Par exemple, malgr un niveau

    conomique comparable, il y a Madagascar 9 fois

    moins de routes par km2 quen Ouganda, et 12 fois

    moins de producon nergque quau Mozambique.LIndice de Dveloppement Humain (IDH),

    conu en 1990 par le Programme des Naons Unies

    pour le Dveloppement (PNUD), est un agrgat

    de composantes qui se fonde sur trois critres

    majeurs : lesprance de vie la naissance, le niveau

    dducaon, et le niveau de vie. Il permet de mesurer

    indirectement la sasfacon des besoins matriels

    essenels tels que laccs une alimentaon saine,

    leau potable, un logement dcent, une bonne

    B | Quest ce que le dveloppement ?

    hygine et aux soins mdicaux, la dure moyenne de

    scolarisaon pour les adultes de plus de 25 ans, la

    dure aendue de scolarisaon pour les enfants dge

    scolaire, la capacit parciper aux prises de dcisionsdans la socit et dautres lments de la qualit de vie

    tels que la mobilit ou laccs la culture. LIDH se base

    sur la vision du PNUD, tel que publi dans son Rapport

    mondial sur le dveloppement humain en 1996, selon

    laquelle le dveloppement humain est une n dont

    la croissance conomique est le moyen .

    La noon de dveloppement durable ajoute

    une dimension supplmentaire car elle concilie les

    besoins conomiques, sociaux et environnementauxpour favoriser une augmentaon durable du bien-tre

    social. Selon le Rapport Brundtland Le dveloppemen

    durable est un mode de dveloppement qui rpond aux

    besoins du prsent sans compromere la capacit des

    gnraons futures de rpondre aux leurs .

    Dautres indicateurs frquemment employs pour

    mesurer les progrs en mare de dveloppement

    sont les Objecfs du Millnaire pour le Dveloppement

    (OMD). Madagascar est parmi les 113 pays ayant

    adopt la Dclaraon du Millnaire le 8 septembre2000, se xant huit objecfs de dveloppement

    raliser dici 2015, ainsi que des cibles prcises (annexe

    C). Aujourdhui, bien quune progression iniale ait

    t enregistre, peu de ces OMD seront aeints

    Madagascar dici 2015.

    Ces noons sont lies et la croissance conomique

    tout comme un environnement sain sont ncessaires au

    dveloppement humain, et inversement.

    Le dveloppement humain, en tantqu'approche, repose sur ce que je ens pour

    tre l'ide fondamentale du dveloppement :

    savoir, faire progresser la richesse de la vie

    humaine, plutt que la richesse de l'conomie

    dans laquelle les tres humains vivent, ce qui

    n'en reprsente qu'une pare Prof. Amartya Sen

    Professeur d'conomie, Universit HarvardLaurat du prix Nobel d'conomie, 1998

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    C | Prsentaon du guide et comment luliser

    Les mots en bleu sont dnis en annexes, qui prsentent galement des chires pernents et ules.

    Thmaques principales Sous thmaques

    I. Croissance conomique,craon demplois& gouvernance

    A. Croissance conomique ................................................................22

    B. Tirer avantage de la main duvre locale ......................................24

    C. Le renouveau des instuons et de la gouvernance ......................26

    D. Finances publiques.........................................................................28

    E. Fiscalit. .........................................................................................30

    F. Dcentralisaon ..............................................................................32

    G. Connecvit et carences en infrastructure. ...................................34

    H. Redevabilit sociale. ......................................................................36

    II. Geson des ressourcesnaturelles etdveloppement durable

    A.LEnvironnement : un atout prserver, des enjeux maitriser.... 42

    B.Changement Climaque, geson des risques et des catastrophes 43

    C.Secteur minier : un moteur de croissance potenel .......................45

    D.Le secteur lectrique : un potenel de dveloppement exploiter ...47

    E.Transformer lagriculture de subsistance en agriculture commerciale .49

    III. Dveloppement socialet humain

    A. Educaon .......................................................................................56

    B. Sant ..............................................................................................58

    C. Protecon sociale pour les mnages vulnrables ......................... 60

    Le contenu a t spar en trois thmaques principales, avec les sous thmaques suivantes :

    Ce guide nest ni une revue exhausve ni une analyse en profondeur de la situaon socio-conomique

    Madagascar, mais ambionne plutt de prsenter un tat des lieux de quelques domaines cls qui constuent

    des ds, contraintes ou opportunits pour le pays. La mise en place du contexte et la liste des points forts et

    points faibles exposs dans ce survol doivent tre perus comme des pistes qui peuvent orienter et smuler larexion de la part des autorits malgaches et toutes les pares prenantes au dveloppement Madagascar.

    Les prsentaons se basent sur plusieurs tudes eectues par la Banque mondiale, dont les notes de

    poliques sectorielles parues en 2010 (Madagascar : Vers un agenda de relance conomique), la revue des

    dpenses publiques de septembre 2011 (Madagascar : polique budgtaire et invesssement public en priode

    dinstabilit polique), lanalyse sur la protecon sociale Madagascar (Evaluaon de la vulnrabilit et des

    poliques sociales et des perspecves davenir, mai 2012), lanalyse environnementale davril 2013 (Rapport sur

    lEnvironnement - Country Environmental Assessment) et une toute rcente tude sur limpact de la crise sur

    le secteur ducaon (LEducaon Primaire en temps de crise, juin 2013). Des liens vers ces tudes ainsi que des

    sources dinformaons complmentaires se trouvent en annexe.

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    Les enjeux de developpement Madagascar | 8Notes

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    II. Contexte

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    A | Performance conomique : un constat dsolant

    La performance conomique de

    Madagascar le place juste derrire le Libria et

    la Rpublique Dmocraque du Congo (RDC)

    Ces deux pays, la dirence de Madagascar

    ont sombr dans une priode prolongede conit violent, mais ont malgr tout

    redcouvert la croissance rcemment (plus de

    30 pourcent pour le premier, plus de 15 pour

    le second depuis 5 ans). Pour Madagascar

    au contraire, le revenu par habitant en 2012

    a chut pour aeindre son niveau de 2003

    Cee situaon fait de Madagascar le pays lemoins performant parmi tous les pays dumonde qui sont en paix.

    Madagascar ache une performance conomique

    dcevante depuis au moins cinq dcennies. La croissance

    conomique reste trop faible et, quand elle a lieu

    insusamment partage pour donner lieu une rduconsignicave de la pauvret.

    Or la croissance nest plus un phnomne rare dansle monde: cest le dclin qui lest devenu. Sur les 155 payspour lesquels une mesure est disponible, seulement 19

    dont Madagascar, ont connu une rgression conomiquecumulave pendant les vingt dernires annes (mesurepar le PIB par tte en termes rels). Les 136 autres pays ont

    connu au moins une croissance posive : 80 dentre eux

    ont connu une croissance de plus de 50% du PIB par tteen 30 ans, et 35 ont au moins doubl leur PIB par tte.

    11 pays couplent dclin et pauvret

    (PIB par tte en dessous de PP$2000), dontMadagasar, le Libria, et la RDC

    Nombre de pays (sur un total de 155 pour lesquels une mesure est disponible)

    Croissance positive: 136 pays

    0 20 40 60 80 100 120 140 160

    Rgression conomique

    cumutative 19 pays

    Evolution du PIB par tte dans le mondeen termes rels entre 1980 et 2010

    1980

    0

    0,2

    0,4

    0,6

    0,8

    11,2

    1,4

    1,.6

    1,3

    PIBparhabitant

    1990-1

    Croissance 2% par an

    Crise polique1991-92

    Madagascar (2%) Madagascar

    Crise polique2002

    Crise polique

    20093,4% entre 2003et 2008

    Le revenu par habitant chute depuis 19802

    1980

    1980

    1980

    1980

    1980

    1980

    1980

    1980

    1980

    1980

    1980

    1980

    1980

    1980

    Le PIB par habitant

    Madagascar est de 465$

    pour 2011, compar 8.000$

    en Afrique du Sud et plus de

    8.700$ Maurice.

    Croissante de plus

    de 50% du PIB par tte

    PIB par tte

    a doubl

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    B | Pauvret gnralise, profonde et sans tendance au changement

    Il y a quatre fois

    plus de pauvres en 2013

    Madagascar quil ny avait

    de Malgaches en 1960

    Selon tous les critres quantafs

    populariss par les agences internaonales de

    dveloppement, Madagascar apparat comme

    lun des pays les plus pauvres de la plante. Lerevenu par habitant se situe juste au-dessus de

    400 US$, plus de 92 % de sa populaon vit sous leseuil de pauvret de 2 dollarsPPP, et le niveau dedveloppement humain drisoire du pays place

    celui-ci au 143me rang mondial de lIndice de

    Dveloppement Humain (UNDP).

    Non seulement la plupart des mnages sont

    aujourdhui en moyenne plus pauvres quen

    1960, mais, avec la croissance de la populaonle nombre de pauvres est en augmentaon

    permanente : la faible croissance conomique

    tant insusante pour rduire le nombre absolude pauvres dans le pays.

    Clairement, la pauvret perdure car les faibles gains obtenus aprschaque priode de croissance sont neutraliss par lmergence dunecrise polique, notamment dans les villes, et par la faible parcipaon la croissance des zones rurales, contraintes notamment par les

    faibles rendements du secteur agricole et le manque de capacit de lacroissance crer des emplois rmunrateurs.

    Malgr son caractre gnralis, les mnages malgaches ne sont pas gaux face la pauvret. Il existe desdirences agrantes :

    Entre

    rgions

    Photo 1: Chef de village Mikea

    Entrezones ruraleset urbaines

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    La pauvret et les

    ingalits ont aussi volu

    diffremment entre lesvilles et les campagnes. En

    extrapolant les analyses qui

    avaient t faites jusquen

    2005 et en tenant compte

    des caractristiques de la

    croissance pendant ces

    dernires annes, il est

    probable que le nombre

    de pauvres sest surtout

    amplifi en milieu urbainen partie cause des

    migrations internes qui se

    sont acclres, expliquant

    les tensions sociales grandissantes dues aux dsquilibres

    dans les opportunits et laccs aux services sociaux.

    Dans les campagnes, la pauvret reste endmique, lie

    aux rcoltes qui, elles-mmes, se trouvent fortement

    dpendantes des conditions climatiques.

    Photo2: Les ingalits sont plus importantes dans les zones urbaines : Lcart de revenus entre les mnagesriches et pauvres est signicaf dans les villes, mais plus homogne dans les campagnes : lindice de Gini estplus lev denviron 20% dans les villes par rapport aux zones rurales en 2005

    Lvoluon direncie de la

    pauvret et des ingalits entre

    les zones urbaines et rurales

    devrait tre mieux comprise car

    elle est perue comme un des

    facteurs explicafs des crises

    poliques malgaches (y compris

    celle de 2009)

    Photo 3 : Les mnages dont le chef de famille est une femmeseule sont plus pauvres que les autres.

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    D | Gouvernance favorisant les intrts de parculiers

    Si une explicaon doit tre retenue pour comprendre la faible performance conomique de Madagascar au

    cours de ces dernire dcennies, force est de mere en avant le manque de gouvernance, favorisant ainsi les

    intrts de parculiers, au dtriment de lintrt gnral du pays, travers :

    Poids grandissant de laPrsidence et de lExcufdans le budget et les prises

    de dcisions conomiques

    Dconcentraon poliquefreine par le pouvoircentral

    Consolidaon du pouvoirconomique autour dellite nancire du pays,nombreux obstacles

    linvesssement priv

    (y compris tranger),

    et ltablissement de

    nouvelles entreprises Conits dintrts et

    ententes entre le pouvoir

    polique et conomique

    Commerce illicite de pierresprcieuses (Madagascar

    compterait pour environ

    15% et 10%, respecvement,

    de la producon mondialede saphirs et de rubis, alors

    que le montant total de

    la redevance minire ne

    dpassait pas 125 000 dollars

    US en 2007), le trac de boisprcieux, plantes et la pche,reprsentent des pertes

    importantes pour le budget

    de lEtat

    Tentaon de laide aaiblitles incitaons recourir auxressources domesques,

    notamment en mare de

    scalit

    Absence de garde-fous lampleur de lacorrupon

    Dysfonconnements au

    sein de lappareil judiciairequi lempchent dejuger et sanconner les

    ventuels abus

    Manque de contrlesinternes et externes de lageson des fonds publics,mainen de la culture

    de limpunit au sein de

    ladministraon publique

    et parmi les dcideurspoliques

    La concentrationdu pouvoir politique

    et conomique

    Le dtournement desressources naturelleset dpendance laide

    publique au dveloppement

    Le manque deresponsabilisation desdirigeants politiques

    Ces problmes sont constants et non

    conjoncturels, et contribuent non seulement la

    rpon des crises poliques mais aussi au dclin

    conomique.

    Si Madagascar saaque correctement ces

    problmes profonds de gouvernance, le pays

    devrait parvenir inverser la tendance la baisse

    de son conomie et crotre au moins autant que

    certains pays avoisinants, comme le Sri Lanka ou

    le Cap Vert, dont le PIB par habitant, comparable

    celui de Madagascar en 1960, est aujourdhui six et

    dix fois suprieur, respecvement. Photo 5: Palais de Justice d' Ambovombe

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    III. Croissance conomique, cration demplois & gouvernance

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    La queson nest plus de revenir sur

    la modeste performance conomique de

    Madagascar, mais plutt de comprendre

    pourquoi son dcollage conomique na puencore se raliser, et den rer les leons ande proposer un agenda de relance.

    La thorie conomique a iden laquant et la qualit du capital physique ethumain, ainsi que le degr de dveloppementtechnologique dun pays, comme lesprincipaux facteurs dclencheurs de lacroissance conomique. Il ais de constater les

    retards quexhibe Madagascar en la mare: son indice de dveloppement humain est parmi les plus faibles(145 sur 185), son rseau rouer des moins dvelopp au monde, et son taux dulisaon de linternet slve

    pniblement 6 par 1000 habitants. Mais inverser ces tendances ne sut pas. Linstauraon des principes de

    bonne gouvernance, et en parculier le renforcement des instuons, sont des condions requises pour que

    cee croissance puisse aussi tre prenne .

    Ainsi, pour tre ecace, un agenda de relance de lconomie doit se focaliser sur les points faibles structurelsdu pays qui lenferment dans le pige du sous-dveloppement et se baser sur ses atouts, tout en assurant lamise en place dun contexte adquat la croissance:

    Des instuons quiassurent une bonne

    reprsentavit, le respect

    des droits de proprit et

    une ulisaon opmale

    et transparente desressources du pays (bonne

    gouvernance)

    Louverture conomiquevers lextrieur, qui

    encourage la concurrence

    et les transferts

    technologiques et de

    comptences

    La diversitenvironnementale,un atout pour le

    dveloppement dacvits

    connexes haute valeur

    ajoute comme le tourisme Les gisements miniers Lagriculture, le d tant

    damliorer la producvit

    et la queson de laccs

    la terre et la scurisaon

    foncire

    La main doeuvre locale

    Lisolement et le manque

    de connecvit Le retard en mare de

    dveloppement humain Les dcits en mare

    dnergie et de geson deleau

    Lexposion parculire

    aux risques naturels

    Mettre en place

    les conditionsExploiter

    les points forts

    Travailler

    les points faibles

    III. Croissance conomique, craon demplois & gouvernance

    Photo 6 : Port dEhoala

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    BAnque MOndiAleLes enjeux de developpement Madagascar | 22

    Leregain conomique observ pendant la priode 2003-2008, avec un taux de croissance par habitant de 3,4%, sestrepos en grande pare sur :

    A | Croissance conomique

    une polique budgtaire gnreuse, avec des invesssements dans les infrastructures physiques et le

    capital humain en parculier, une augmentaon de laide extrieure, passe de moins de 2% du PIB au dbut des annes 2000 environ 9% du PIB en 2007-8.

    Ces apports devaient permere de provoquer une transion vers une croissance auto-entrenue par lesecteur priv, approche poursuivie avec succs par plusieurs pays dAsie du Sud-est et dAmrique Lane. Apremire vue, il pourrait mme tre avanc que Madagascar tait en passe de russir cee transion dans la

    mesure o linvesssement priv (domesque et tranger), avait augment de 14% du PIB en 2003 18% en2006 et environ 34% en 2008.

    Or, cee hausse de linvesssement priv tait caractrise par :

    une concentraon sectorielle : 5 secteurs2

    sur plus dune vingtaineont compt pour presque 80% de la croissance du PIB entre 2003 et

    2007. La contribuon de lagriculture provenait de son poids dans

    lconomie malgache et non de sa croissance, qui restait infrieure

    la moyenne de lconomie, tandis que lapport de la construcon

    reposait sur les invesssements publics ainsi que le lancement de

    deux grands projets miniers.

    une concentraon gographique de la croissance, qui correspondaitau choix stratgique de favoriser la craon dentreprises et demplois

    autour de ples de croissance, caractriss par une forte densit

    de populaon, gnratrice dconomies dchelle au niveau de laproducon et de la distribuon ;une proximit aux projets denvergure,

    qui peuvent servir de locomove ; et un accs aux marchs domesques

    et internaonaux. Ainsi, les acvits de construcon et de commerce

    ont surtout pris place dans lagglomraon dAntananarivo et dans les

    rgions autour de Tamatave et de Fort Dauphin. Cee approche doit

    tre bien maitrise pour ne pas se traduire par une marginalisaon

    de rgions isoles, o vivent la majorit des mnages en situaon de pauvret extrme. Or ces tensions se

    sont trouves exacerbes Madagascar par la quasi-absence de polique de prquaon nancire de lEtat

    et par les dicults migratoires causes

    par lisolement de certaines rgions.

    Ces facteurs ont contribu la faible

    rducon de la pauvret et lmergence

    dingalits, qui ne posent pas uniquement

    un problme dquit sociale mais

    contribuent aussi ralenr la croissanceconomique et maintenir le pays dans unespirale de la pauvret.

    Ralentissement de lacroissance conomique Pauvret

    Accroissement limitde la demande

    globale, ofre globalerduite

    Contraintebudgtaire demnages et mde capacit h

    Spirale

    de la pauvret

    2 Les services (hors commerciaux et nanciers) ; le transport de marchandises, le

    commerce, lagriculture, et la construction (BTP)

    80 % du commerceinternaonal Madagascar

    transite par le corridor

    entre Tamatave et

    Antananarivo / Andasibe

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    Louverture commerciale de Madagascar, qui est passe de 45% dans les

    annes 90 praquement 80% pendant la priode 2005-2008, correspond

    une polique volontariste de lEtat malgache, marque par une rformedes tarifs et lliminaon de nombreuses barrires non-tarifaires, ainsi quladhsion des traits commerciaux internaonaux et sous-rgionaux(SADC, COMESA, AGOA).

    Malgr ces progrs, cee ouverture nest pas encore opmale, et

    les marchs exploits sont encore peu diversis. En 2008, lUnion

    Europenne et les Etats-Unis restaient les desnataires de plus de 2/3 desexportaons malgaches, alors que les marchs asiaques et rgionaux

    apparaissaient marginaux en dpit de leur proximit gographique. Malgr

    la rude concurrence rgionale, la marge de progression reste grande pour Madagascar : ses changes avec lAfrique

    du sud et lInde ne dpassent pas 5,3 % de son commerce internaonal, alors que le PIB de ces deux pays est

    respecvement 50 et 160 fois suprieur celui de Madagascar.

    Il en est de mme pour la concentraon manifeste des exportaons malgaches: sur 875 catgoriesdexportaons, les 3 premiers produits (le texle, les crevees et la vanille) constuaient 44 % du total dexportaon

    en valeur et les 10 premiers produits dexportaon reprsentaient 71 % du total en 2008. Le dveloppement des

    grands projets miniers va modier ce panorama, mais cee double concentraon des exportaons autour dequelques produits sur peu de marchs souligne la vulnrabilit des exportaons malgaches aux chocs externes.

    Louverture conomique et la promoon des exportaons exigent un eort simultan et consquent sur la

    qualit du climat des aaires, an de permere aux entreprises implantes Madagascar de devenir compvesau niveau internaonal. La rducon des cots logisques, lis au transport domesque, aux procdures

    douanires, et aux acvits de transitaires, permerait de faciliter laccs aux marchs internaonaux. De plus, tant

    donn la part importante des produits alimentaires dans lexportaon malgache, il savre primordial dencourager

    la diusion et ladopon de normes de qualit et dhygine. Ltablissement dune Agence de promoon des

    exportaons permerait galement daider les entreprises locales amliorer leur accs linformaon sur les

    marchs internaonaux et de dvelopper leurs rseaux dacheteurs.

    Photo 7: Le pouvoir d'achat de la majorit de la

    population demeure trs faible

    Une piste majeure pour une

    expansion conomique russie,

    telle quillustre au Chili, lIle

    Maurice ou en Ouganda, rside

    dans une polique de croissance

    tourne vers lexportaon. Eneet,celle-ci permerait decompenser le pouvoir dachat limit de la populaon locale, tout en

    crant des emplois. A terme, cee stratgie permerait daugmenter

    le pouvoir dachat local, conduisant ainsi un largissement du march

    intrieur et une croissance soutenue.

    Crationdemplois

    Promotion del'exportation

    Augmentation dupouvoir dachat et de laconsommation locale

    Elargissement dumarch intrieur

    Si Madagascar captait

    1% de chacun des marchs

    sud-africains et indiens,

    ses exportaons totales

    pourraient semulplier

    respecvement par 2

    et par 6

    Comment assurer une croissance

    durable et inclusive, qui

    permee de sorr Madagascar

    de la spirale de la pauvret ?

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    B | Tirer avantage de la main duvre locale

    Madagascar dispose dune main duvre locale disponible, et compve au niveau des salaires, quconstue un lment cl pour lessor des acvits industrielles et des services, notamment les technologiessimples qui ont servi de base lindustrialisaon russie de plusieurs pays asiaques.

    Lexemple du texle (une acvit fortement intense entravail) montre que Madagascar peut arer de nouveaux

    invessseurs en provenance de tous horizons (plus de 400

    entreprises et prs de 100 000 emplois directs).

    Plus de 300.000 jeunes arrivent chaque

    anne sur le march de lemploi

    Cependant, il nexiste pas encorede stratgie de lemploi inclusive Madagascar, les autorits ragissant

    ponctuellement aux pressions

    sociales et conomiques, avecpar exemple des eets dannonce

    concernant les travaux publics

    haute intensit de main duvre.

    Cee dfaillance nuit lmergence

    dun emploi dcent, et contribue

    lmergence de tensions entre une

    minorit de privilgis (qui ont un

    travail dcent et rmunrateur) et

    tous les autres.

    Les enqutes auprs des mnages

    rappellent que le mainen du pouvoir dachat par un emploi stable et rmunrateur demeure leur premire

    priorit, bien avant les aides publiques ou laccs des biens sociaux. Pour un mnage dmuni, laccs

    lducaon na de sens que si celui-ci lui permet de mieux vivre, cest--dire dobtenir un meilleur emploi et un

    salaire plus intressant.

    Pour rer avantage de cee main duvre, il importe damliorer le climat des aaires an darer desinvessseurs. Une polique volontariste et ambieuse, qui se traduirait par un bond en avant dans le classement

    de Doing Business et chercherait faciliter laccs aux crdits et linformaon pour les PME, pourrait se

    traduire par la craon demplois.

    Construcon0.0

    5.0

    10.0

    15.0

    20.0

    25.0

    %c

    roissanceparan(200

    4-07) 23.4

    8.76.6

    5.33.4

    Zonesfranches(Texle)

    Tourisme PIB Agriculture

    Graphique I : Les moteurs de croissance sont les secteursintensifs en main doeuvre

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    Des programmes de formaon professionnelle adaptsaux caractrisques des jeunes et aux besoins des entreprises,

    permeraient damliorer la producvit de travailleurs,

    daugmenter leur capacit et leur permere de sous tendre

    lexpansion du secteur priv et de lconomie. En eet,si les salaires praqus Madagascar sont compfs, le

    cout par unit produit par les travailleurs malgaches est

    comparavement lev : plus de 40% plus cher quau Sngal

    ou au Brsil, 80% plus lev quen Inde et 152% de plus en

    moyenne quau Mali.Cee faible producvit est dabord lie

    au dcit chronique de qualicaon de la main duvre. Le manque dinvesssement des mnages pauvres

    dans lducaon de leurs enfants nest pas uniquement li au cout de lcolage, mais galement au manque de

    rentabilit de lducaon secondaire. En eet, il est esm que la dirence salariale entre les employs ayant

    qui lcole la n du primaire et ceux ayant termin leur ducaon secondaire est d peine plus de 15%.

    Ces chires, certes non ngligeables, ne constuent pas une movaon susante pour poursuivre les tudes,puisque lducaon au del du primaire nest plus gratuite.

    Par ailleurs, la rglementaon du travail est excessive, et impose des condions trs favorables uneminorit de privilgis ayant russi obtenir un emploi formel au dtriment de la majorit de travailleurs qu

    sont encore la recherche dun emploi formel. Le cot lentre, plus lev que les normes internaonales,

    dcourage lembauche de la part des entreprises dynamiques et provoque mme la rcence de certains

    travailleurs passer dans le formel car les cots du passage dpassent les gains quils peuvent en esprer (les

    prlvements sociaux sont suprieurs aux prestaons futures).

    Le climat des aaires nest gure propiceau dynamisme du secteur priv, comme lerappelle la place de Madagascar au 143e rang

    du classement Doing Business, qui mesure la

    facilit de faire des aaires (voir annexe B).

    A tre dexemple, Maurice est au 19e rang,

    lAfrique du Sud au 39e rang, et le Vietnam

    occupe la 99

    e

    place.

    La majorit des entreprises Madagascar

    ne sont pas concurrenelles ou survivent

    grce des barrires lentre qui nuisent

    lexpansion du secteur et la craon

    demplois. Plusieurs dysfonconnements se

    sont aggravs la suite de la crise polique,

    aectant la conance des invessseurs,

    certains vont mme jusqu annuler leurs

    projet ou encore prfrent se tourner vers

    ltranger.

    Les obstacles majeurs incluent : les

    contraintes rglementaires et instuonnelles

    de lenvironnement des aaires ; les

    infrastructures peu dveloppes ; les dicults

    daccs au foncier et au nancement ;linstabilit macroconomique et les problmes

    de gouvernance. Il importe en priorit de

    rtablir la conance des invessseurs, par desacons comme la stabilisaon du cadre lgal et

    rglementaire, qui nexigent pas des ressources

    nancires massives, mais plutt une volont

    polique de rduire les conits dintrts et

    de promouvoir la concurrence dans plusieurs

    secteurs stratgiques du pays.

    Climat des affaires

    La promoon de lemploi prsente

    un double enjeu :

    Economique : le travail est le moteur decroissance de lconomie

    Social : lemploi constue le meilleurmoyen pour les mnages davoir un re-

    venu

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    C | Le renouveau des instuons et de la gouvernance

    Les exemples ne manquent pas pour illustrer les

    dviances en mare de gouvernance Madagascar au

    cours de ces dernires dcennies.

    Plusieurs iniaves ont t mises en place entre 2002

    et 2008 pour luer contre la corrupon, mais dont les

    rsultats demeurent migs :

    Malgr quelques progrs raliss concernant la

    rforme de la geson nancire, des faiblessesmajeures persistent, y compris la mesure de

    lexcuon budgtaire sur base des engagements

    et non sur base des dcaissements. La Cour des

    comptes, pourtant opraonnelle depuis 2004, napas encore t en mesure de vrier les comptes de

    geson de lAdministraon centrale. La geson des

    ressources humaines est opaque et peu ecace

    la abilit des eecfs de la foncon publique est

    douteuse car les systmes ne sont pas mis jour, et

    lensemble des gains montaires et non-montaires

    des employs de la foncon publique ne sont pas

    apparents dans les budgets.

    Une lue an-corrupon base sur les moyens plutt que lesrsultats, avec la craon de plusieurs agences, notamment leBIANCO raach la Prsidence, mais aussi lAgence de Rgulaon

    des Marchs Publics (ARMP), le Service des Renseignements

    Financiers (SAMFIN) pour luer

    contre la fraude nancire et le

    blanchiment dargent, ainsi que

    la restructuraon du Conseil

    Suprieur pour la Magistrature,

    qui a pour objecf de superviser

    le fonconnement de lappareiljudiciaire. Mais ces agences ont

    surtout port leurs invesgaons

    sur la corrupon pete chelle

    plutt que sur les cas qui pourraient

    impliquer de hautes personnalits

    poliques.

    Les carences du systme judiciaire incluent le manque de formaon

    des juges, la lenteur et la complexit des procdures, la corrupon

    gnralise, et les interacons avec le pouvoir polique et nancier.

    Dviances dans presque tous lessecteurs de lconomie:

    Geson des derniers publics

    Conits entre les intrts privs et

    publics dans le monde des aaires

    Barrires lentre et favorisme

    envers certains oprateurs, qui

    nuisent lmergence de la libre-

    concurrence et au dynamisme dun

    secteur priv pourvoyeur demploi etde progrs technologique

    Dtournement des ressources

    naturelles et siphonage des revenus

    Au cur du d se pose

    la queson de comment

    viter une gouvernance qui

    favorise les intrts parculiers

    au dtriment de lintrt gnral

    du pays

    Le BIANCO a reu de

    nombreuses plaintes (environ

    7000 en 2007) portant surtout

    sur la police, les douanes, etladministraon foncire et

    foresre. Mais les personnes

    ou entreprises sanconnes

    pour des mofs de corrupon

    restent peu nombreuses,

    notamment en raison du

    manque de liens entre ces

    agences et le systme pnal

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    Dconcentraon du pouvoir polique et nancier (de jure etde facto) car elle favorise la minimisaon des ententes entre les

    dcideurs poliques et llite nancire, souvent au dtriment

    de la majorit de la populaon

    Opmisaon de lulisaon des ressources naturelles, de la

    scalit et de laide ocielle

    Redevabilit sociale : mise en place de garde-fous lacorrupon travers des mcanismes parcipafs et

    de contrles sur plusieurs niveaux ; la fois au sein des

    instuons de lEtat, de la socit civile et des mdias; et des

    partenaires au dveloppement (bailleurs et ONG)

    Les eorts entrepris dans le pass nont pas modi

    la culture dimpunit et ont certainement contribu

    renforcer le senment dingalit de traitements parm

    la populaon malgache. La corrupon et le non-respect

    des cadres lgislafs et instuonnels portent prjudice

    la dlivrance des services publics car mme quandlargent est disponible, il est dtourn et ne parvient quemarginalement aux bnciaires, comme le rappellent denombreux exemples dans les domaines de la sant ou de

    lducaon. Les malades ou les lves ne sont que le dernier

    lment dune longue chane administrave, orant ains

    aux nombreux intermdiaires la possibilit de dtourner

    largent public.

    Lamlioraon de la gouvernance se doit

    dtre la priorit des dcideurs poliquesmalgaches, mme si cet eort parat plus vitedit que fait. Lexprience montre que lacon

    doit tre intgre, adapte aux condionsnaonales et sinscrire dans la dure. Elle doitse montrer susamment ambieuse pour

    provoquer le changement et la mise en place

    de mcanismes endognes de movaon, de

    responsabilisaon et de contrles.

    Lenqute sur la corrupon conduite en 2006rappelle que limpunit des dirigeants poliques est

    encore relavement bien accepte par la populaon

    malgache car pour 40% des sonds il est normal que

    les membres de lAssemble protent de leur posion

    pour en rer un avantage nancier

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    Les nances publiques pourraient tre un instrument majeur auservice de la polique de rducon de la pauvret Madagascar.

    Depuis lmergence de la crisepolique en 2009, les receespubliques de lEtat malgache ontdiminu denviron 20% en termesrels. Le dcit des nances publiques

    est rest sous contrle principalement

    grce un ajustement des dpenses,

    se traduisant parun dcit ampli

    en programmes sociaux et en

    infrastructure.

    Le budget engag

    dvie fortement de celui

    qui est vot en raison des

    ramnagements entre lign

    budgtaires et des capacit

    dabsorpon variables entr

    ministres (de 20 90%)

    D | Finances publiques

    La couverture du budget omet presque

    tous les tablissements et entreprises

    publics

    La classicaon des dpenses prsente

    parfois des amalgames entre catgories

    conomiques (salaires, dpenses defonconnement hors salaire et dpenses

    dinvesssement)

    Il nexiste pas dinformaons publiques

    sur les paiements eectus par

    Ministre : les services nanciers

    reportent seulement les lignes de

    dpenses engages, sans donner de

    prcisions sur les montants liquids,

    mandats et pays

    Les comptes de correspondants au Trsor

    concentrent prs de 10% des dpenses

    publiques en 2010, alors que les transacons et

    ux mouvementant les soldes de ces comptes

    chappent aux contrles budgtaires

    La geson des ressources humaines resteobscure, non-eciente et ralent les progrs

    qui pourraient tre esprs la suite de

    lintroducon de systmes informass

    Malgr la profusion dorganes de contrle,

    cee foncon a t depuis longtemps nglige,

    li en grande pare labsence dun systme

    dincitaon et de sancons et un manque

    daccs linformaon

    Un suivi des dpenses incomplet Une gestion financire inefficace

    Au-del de laspect temporaire et conjoncturel de ces dveloppements, la polique budgtaire connue

    de sourir des problmes structurels qui lont caractrise au cours de la dernire dcennie, et bien avant une faible scalisaon, une dpendance aux nancements externes, un manque de transparence et de suivi

    budgtaires et une couverture incomplte des opraons de lEtat.

    Laugmentaon de la capacit nancire de lEtat malgache doit saccompagner par une amlioraon dela geson des dpenses publiques, qui ne doit pas seulement dterminer quoi sont alloues les dpensesmais aussi vrier si lexcuon du budget y est conforme. LEtat doit dpenser plus mais surtout mieux, cequi implique quil sache comment les dpenses sont alloues et quil puisse valuer si cee venlaon est

    conforme aux priorits du pays. Or, aujourdhui, ni lune ni lautre de ces condions ne sont pleinement runies

    Photo 8: La Banque Centrale

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    Le d considrable des

    autorits pour le long

    terme, est de sorr

    le pays du cercle vicieux

    o, les services publics

    ne rpondant quetrs peu aux aentes

    des citoyens, ceux-ci,

    en retour, rduisent

    leurs aentes et

    ne cherchent plus

    remplir leurs devoirs,

    comme celui de payer

    leurs impts.

    Le budget dinvesssement est faible, et nest pas toujours alloude faon maximiser son impact sur la croissance conomique. Lesinvesssements dans des quipements collecfs par exemple, tels que

    des stades, ont certainement une valeur polique mais ont peu dimpactau niveau conomique. Cee allocaon soppose celle observe dans

    les pays mergents qui, dans la premire phase de leur transion, avaient

    favoris les projets dinfrastructure de base.

    Par ailleurs, le budget dinvesssement doit tre gr ecacement

    an de mieux contrler les fuites et dtournements, notamment

    travers les contrles au niveau de la passaon des marchs publics et

    les revues a posteriori des projets dinvesssements. Linformaon

    publie par lAgence de Rgulaon des Marchs Publics rvle parfois

    des incohrences, qui doivent tre vries. Les organes de lEtat pour le contrle a posteriori des projetsdinvesssements sont nombreux mais nassurent pas vraiment leurs responsabilits cause en pare de

    moyens limits et du manque de volont polique. Pourtant, il est bien tabli que le suivi et les contrles ex

    post sont des instruments puissants pour dcourager la corrupon et ainsi amliorer lecacit de la polique

    dinvesssement.

    Il importe aujourdhui de mere en uvre des rformes innovantes pour provoquer les changements de

    comportements suscepbles de remere en cause lquilibre insasfaisant dans lequel semble stre installla geson des nances publiques Madagascar. La perte de conance en la performance des services publicsest quasi-gnralise depuis une longue priode et beaucoup des citoyens malgaches ont appris vivre en

    labsence de lEtat. Une rforme en profondeur de la geson publique, Madagascar, ne pourra pas voir le jour

    sans la constuon dune coalion dintrts favorables la rforme, qui soit susamment puissante pour fairecontrepoids aux intrts acquis.

    Baisser les taux de limpt sur le revenu comme lment de rforme

    comprhensive du systme des impts.

    Introduire une loterie pour inciter les consommateurs rclamer leurs

    factures.

    Apporter la lumire sur les comptes de correspondants par lesquels

    passent plus de 100 millions de dollars dargent public chaque anne.

    Introduire une classicaon fonconnelle et gographique du budget

    dinvesssement dans la Loi de Finances et les rapports dexcuon

    budgtaire pour que le Gouvernement informe et sinforme vers quels

    secteurs et dans quelles rgions vont ses invesssements.

    Crer une plateforme de coordinaon entre les bailleurs et le Ministre

    des Finances pour procder aux arbitrages intersectoriels.

    Exemples de rformes possibles

    Le budget

    dinvesssement de lEtat

    malgache est lun des plusfaibles au monde, environ

    20 dollars par 1000 habitant

    par an, ou moins de 5% de

    son PIB. De plus, ce budget

    a chut de plus de la moi

    en termes rels entre 2008 et

    2010.

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    la collecte des impts est fortement ingale Madagascar, car concentre autour de quelques

    acvits.

    Les secteurs qui contribuent le plus sont par ordre

    dcroissant : (i) tabacs et alcools (16.7%) ; (ii) prestaon

    de services (15.2%) ; (iii) industries (8.9%) et (iv) et

    communicaons (7.1%). Ces quatre secteurs comptent

    ensemble pour presque la moi des recees scales

    intrieures. En revanche, les secteurs des mines,

    du tourisme et de lagriculture qui sont considrs

    comme les vecteurs de croissance de lconomie

    malgache apparaissent comme des contribuables

    peu importants. Par exemple, les entreprises miniresne comptaient que pour 2.6% des recees totales

    collectes par la Direcon Gnrale des Imports (DGI)

    en 2010.

    Les carences des rgies scales, dont :Les ressources humaines insusantes : le nombre

    dinspecteurs ntaient que de 200 au sein de la DGI

    et 150 au sein de la DGD (Direcon Gnral des

    Douanes).

    Les incitaons ne sont pas susantes pour

    mover les inspecteurs et, surtout, les sancons ne

    sont pas connues et gure appliques pour minimise

    la tentaon de la corrupon. Seul 8 des 64 plaintes

    reues par le Bureau Indpendant An-corrupon(BIANCO) concernant les impts, la douane et le Trsor

    avaient fait lobjet dune enqute et t transmis aux

    juridicons comptentes la n 2010.

    Bien que des eorts aient pris place au

    cours des dernires annes, ces administraons

    restent rcentes partager linformaon su

    leur performance interne. Par exemple, lquipe

    de la Banque mondiale na pas pu recueillir des

    informaons rcentes sur le nombre daudits conduitset les pnalits payes suite des redressements

    scaux.

    Les contribuables nont gure dincitaons remplir leur devoir de citoyens

    Les risques de sancons demeurent extrmement

    faibles ; le poids relavement lev de la scalit

    (notamment de la TVA avec un taux de 20%) inciteaussi les entreprises vader le systme ; et la faible

    ore de services et infrastructures publics nencourage

    pas le civisme scal.

    Lidencaon des causes derrire la faible

    performance scale Madagascar ouvre un certain

    nombre de pistes pour des rformes concrtes.

    Photo 9: Une grande partie de l'conomie reste informelle

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    Une stratgie de dcentralisaon doit inclure :

    La dnion du partage des responsabilits doit faire lobjet

    dun dbat, qui, Madagascar, na pas encore vraiment eu lieu

    et sest surtout conn au niveau de la dcentralisaon polique

    avec les refontes successives de constuons.

    Les dcisions stratgiques au niveau budgtaire doivent

    non seulement accompagner le processus polique mais aussi

    sinscrire dans un cadre lgislaf et rgulateur susamment

    exhausf pour assurer le mainen dun consensus naonal au

    cours du temps et ainsi viter les risques dinstabilit (mme sune certaine exibilit doit exister en praque).

    Les eorts en faveur de la dcentralisaon budgtaire

    doivent prendre place simultanment tous les niveaux

    de lEtat, y compris lAdministraon centrale, les services

    dconcentrs et les gouvernements locaux. Cet eort doit

    aussi correspondre un projet de socit pour le moyen terme Madagascar; dans lequel les processus de dcentralisaonpolique et budgtaire se renforcent mutuellement.

    Les degrs de responsabilits dvolus La nature des comptences transfres . Bien qu'amorce, celle-ci reste incomplte

    (voir annexe E, guide indicaf sur le partage des responsabilits des dpenses entre le

    Gouvernement central et les responsables locaux)

    Le niveau de dcentralisaon (entre les rgions et communes par exemple).

    (1) la dcentralisaon des responsabilits en mare de polique et de recouvrement

    dimpts

    (2) les transferts nanciers en faveur des autorits locales: permeent une prquaon

    interrgionale selon les besoins et capacits locales

    (3) la dcentralisaon de lexcuon du budget dinvesssement (et de fonconnement),la mise en oeuvre au niveau local en laissant la responsabilit de la planicaon

    lAdministraon centrale, tenant compte ainsi des carences techniques de gouvernements

    locaux

    La planicaon doit prendre en compte l'absence d'un socle minimal de comptences

    ncessaires au niveau local pour mener une polique de proximit ecace, y compris la

    maitrise des ouls de geson de ressources budgtaires et humaines

    L'dentification des ressources et moyens disponibles

    La dfinition du partage des responsabilit

    Dfinir la vitesse de mise en oeuvre

    Lasymtrie qui existe aujourdhui entre

    la dcentralisaon budgtaire et polique

    constue un lment dstabilisateur

    qui a beaucoup nui au dveloppement

    harmonieux et soutenable du pays au

    cours de ces dernires annes.

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    BAnque MOndiAleLes enjeux de developpement Madagascar | 34

    Une norme faiblesse du

    pays consiste en son manque deconnecvit, aussi bien interne

    quexterne.

    La connecvit externe nest

    pas un obstacle infranchissable

    comme lont montr plusieurs

    pays dont la gographie paraissai

    dsavantageuse, et qui ont

    compens leur loignement

    par une logisque de transport

    (aroportuaire et portuaire) et

    de communicaon moderne etecace.

    La connecvit doit surtout se dvelopper sur le territoire naonal. Aujourdhui Madagascar, de

    nombreuses zones demeurent enclaves, laccs aux coles et aux centres de sant de base savre souvent

    dicile, le secteur agricole se voit pnalis par les dicults dans lacheminement des intrants et la sore des

    producons, et les cots de transport rodent le pouvoir dachat des mnages et la compvit des produits

    malgaches sur les marchs internaonaux. La rducon des cots et

    des dlais entre la sore de lusine et lembarquement contribuerait

    fortement lamlioraon de la compvit du pays, mais aussi au

    dveloppement du march naonal.

    Madagascar accumule un retard non seulement cause dun

    rseau naonal de transport dsuet et mal entretenu nuisant audveloppement des changes (de produits et de personnes) entre les

    rgions, mais aussi en raison des marges excessives des transporteursdomesques et des transitaires, en parculier sur le corridor Tamatave-Antananarivo. Les principaux problmes sur ce corridor, en plus de

    lexistence probable dune rupture de la concurrence des transporteurs

    et dune gographie physique dsavantageuse (inadquaon des

    caractrisques gomtriques dune RN2 tant troite que sinueuse) sontlis aux faiblesses de la mise en uvre des poliques publiques: non-

    respect de la charge lessieu ; polique dentreen rouer dciente;

    lourdeur des procdures administraves associes aux nombreux

    contrles et paiements de taxes locales sur le trajet.

    Cee situaon de rente peut tre remise en queson par lmergence

    du chemin de fer, qui, si bien gr, orirait des prix la tonne-km

    sensiblement infrieurs ceux de la route, et dont la rhabilitaon

    contribuerait assainir la concurrence entre modes de transports.

    G | Connecvit et carences en infrastructure

    La densit de routes

    revtues Madagascar est

    de 9,7 km par millier de

    km2 (compar 31km en

    moyenne en Afrique Sub-

    saharienne)

    44 % des routes naonales

    sont juges en mauvais

    tat

    Lile dispose dun seulport, Toamasina, aisment

    accessible et capable

    daccueillir des navires de

    gros tonnage de par son

    rant deau

    Le rseau ferr na connu

    aucune extension au cours

    des 70 dernires annes.

    Quelques chiffres

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    Linstallaon rcente de cbles opques permet opportunment de

    rduire les cots et le temps, ainsi que damliorer la qualit des connexions

    avec lextrieur et de promouvoir le secteur des Communicaons, ycompris les calls centers . Le ds pour ce secteur aujourdhui est de

    clarier louverture des marchs de capacit internaonale, naonale,

    dautoriser tous les oprateurs orir des services de data, et de mere

    en place lagence de rgulaon (ARTEC) avec une capacit adquate.

    Lexprience internaonale a largement dmontr que la concurrenceconstue le moteur de croissance du secteur des tlcommunicaonset que les privilges nuisent terme aux ulisateurs, qui se trouvent alors

    confronts des services de qualit moindre et/ou des prix levs.

    Le rle du Gouvernement devient alors de grer cee concurrence et

    dviter des situaons dabus de posion dominante, par le respect desrgles et la cohrence dune stratgie de dveloppement dans le longterme.

    Laccent pour Madagascar doit donc tre mis sur les connecons, tantroures que ferroviaires, marimes et ariennes, mais aussi sur lesrseaux de communicaon car la distance est de plus en plus rduite pardes changes virtuels. Mme au niveau global, il est de moins en moins

    ncessaire de se dplacer physiquement car les changes dinformaon

    se font par les cbles, notamment dans les industries de nouvelles

    technologies et de services (centres dappels).

    Le d pour ce secteur des TIC

    est de clarier louverture

    des marchs de capacit

    internaonale, naonale,

    dautoriser tous les oprateurs

    orir des services de data, et

    de mere en place lagence de

    rgulaon avec une capacitadquate.

    Le secteur des Technologiesde lInformaon et dela Communicaon (TIC)

    revt galement un aspectparculirement important pour

    lconomie malgache, et cela

    plusieurs niveaux. Ce secteur

    producteur pse dun poids non-

    ngligeable sur le revenu naonal,

    joue un rle essenel dans la miseen place dun climat des aairespropice lessor du secteur priv,et ore un oul de communicaon

    pour un pourcentage croissantdentreprises et de mnages. Il

    contribue aux recees de lEtat,

    puisque ses taxes et contribuons

    reprsentaient environ 8% des

    revenus totaux du secteur public

    en 2009.

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    H | Redevabilit socialeLes pauvres et leurs instuons

    doivent devenir les vritables

    interlocuteurs des pouvoirs

    publics et du secteur priv

    Il importe de renforcer la vue du bas , souvent nglige alors

    que les pauvres et les instuons qui les reprsentent doivent devenir

    les vritables interlocuteurs des pouvoirs publics et du secteur priv.

    Aujourdhui, les 90 pourcent de la populaon malgache vivant en dessous

    du seuil de pauvret reprsentent plus une majorit non-coute quunemajorit silencieuse.Les populaons pauvres sont confrontes :

    Un secteur public hyper-centralis, aaibli par le clientlisme, le patronage, et sans mcanismes de

    redevabilit sociale, ce qui gnre de limpunit

    Un secteur priv peu intress par le business au pied de la pyramide car trop peu organis et

    comportant trop de risques et des couts de transacon levs.

    Une redistribuon souvent inquitable venant den haut.

    Lenjeu est daider les

    communauts sorganiser elles-mmes pour quelles acquirent la voix(polique) et la taille (conomique)susantes pour leur permere de

    crer, dune part, les condions deredevabilit sociale vis--vis desdcideurs publics et poliques, etde se transformer, dautre part, en un

    march aracf et rentable pour les

    oprateurs privs.

    Au-del de servir construire un contrepoids aux instuons du haut , une croissance conomiquepartage doit aussi pouvoir tre gnre la base an de palier une redistribuon souvent inquitable. Eneet, es ingalits conomiques, surtout lorsque la concentraon du pouvoir saccentue de plus en plus et que les

    systmes de recours nexistent pas, conduisent aux ruptures brutales qui caractrisent la vie polique Madagascar

    Ces ruptures se manifestent parfois travers des coups dEtat, parfois via la rsistance civile. Dans tous les cas, elle

    prcipite le pays dans une grave crise conomique, avec une hausse de la pauvret et de la vulnrabilit sociale.

    De plus, labsence de garde-fous aux excs de la corrupon ou aux dviances de la bonne gouvernancepeut tre mise en vidence plusieurs niveaux dans le cas de Madagascar. Premirement, la socit civile et

    les mdias devraient pouvoir collecter, analyser et divulguer linformaon sur les praques de gouvernance tant

    dans ladministraon publique que dans le secteur priv. Aujourdhui, ils ne sont pas encore en mesure de jouer

    pleinement ce rle. Deuximement, les dysfonconnements au sein de lappareil judiciaire lempchent de jugeret sanconner les ventuels abus. Troisimement, les contrles internes et externes de la geson des fonds publics

    (ainsi que labsence de vricaon du service fait et labsence de sancons), sourent de carences qui contribuent

    maintenir la culture de limpunit au sein de ladministraon publique et parmi les dcideurs poliques.

    La mise en place de garde-fous prend du temps et requiert des avances simultanes au niveau polique et

    au niveau des valeurs dmocraques ainsi que culturelles. Lapproche doit impliquer la responsabilisaon des

    dcideurs poliques par une acon simultane plusieurs niveaux: (i) les lecteurs, la socit civile et les mdias

    (ii) les instuons et agences de lEtat, y compris du pouvoir lgislaf et judiciaire et (iii) les acteurs externes comme

    les bailleurs de fonds et les organisaons non-gouvernementales. Ces acons doivent inclure une combinaison

    dincitaons et de sancons.

    Photo 11 : Assemble nationalePhoto 10 : Runion associativeAmbatondrazaka

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    Les enjeux de developpement Madagascar | 37Notes

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    Les enjeux de developpement Madagascar | 38Notes

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    IV. Gestion des ressources naturelleset dveloppement durable

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    Lorigine de ce au repose

    sur plusieurs explicaons

    conomiques et poliques :

    Lasur-dpendancedelconomieauxexportationsderessourcesnaturelles(ressourcesminralesetptroleenparticulier)setraduisantparuneplusgrande

    vulnrabilitauxrisquesdechangeetlavolatilitdesprixdescommodits

    Laventedesmatirespremirescreunedynamiquedecaptationdesrentes,donnantlieudesluttesinternesdstabilisantes(parexemple:lesrentesgnres

    parlaventedeboisprcieuxgnredelacorruptionetfinancentdesactivitsillicites)

    Lesyndromehollandais:lapprciationdelamonnaielocalesuitelentremassivededevises,nuisantainsilacomptitivitdesautressecteursdexportation.

    Le capital naturel de

    Madagascar, qui comprend

    les forts, aires protges,

    terres agricoles, ressourceshalieuques et minire,

    reprsente pour linstant

    lessenel de la richesse dupays (plus de 50 pourcentsans mme tenir compte

    des ressources minires)3. En

    eet, les infrastructures sont

    dcientes (le pays a une des plus faibles densits au monde de routes

    par nombre dhabitants), mal entretenues, et la main duvre, bien que

    reprsentant un potenel important, est pour le moment relavementpeu qualie.

    De plus, Madagascar dispose de sources deau potable et dunpotenel hydrolectrique majeur. Or ces atouts sont mal grs, et lesdcits en mare dnergie et daccs leau potable et lassainissement

    sont criants. Il parat dicile de projeter le dveloppement conomique

    et social harmonieux dun pays sans accs des sources dnergie et une

    bonne geson des ressources aquaques (y compris lassainissement).

    Les ressources minrales, bien quencore mal connues, constuentun autre point fort non ngligeable. Linstallaon de deux grands

    projets miniers est sur le point de modier le panorama du secteur(QMM et Sherri reprsentent eux seuls plus de 3 milliards US$

    dinvesssement soit lquivalent de presque la moi du revenu

    naonal). Les potenels dexploitaon existent, notamment dans

    le secteur ptrolier, o de nombreuses compagnies internaonales

    sont en phase dexploraon et de prospecon. Le gouvernement doit

    cependant rester vigilant de manire sassurer que les revenus gnrs

    par ces acvits ne deviennent pas une tentaon pour les oprateurs et

    les policiens, aggravant les risques de dtournement et de mauvaise

    ulisaon.

    Le dveloppement de Madagascar repose pour le moment sur lageson ecace et prudente du capital naturel dont il dispose, anquil puisse tre ecacement transform en capital producf ethumain et appuyer un dveloppement durable.

    Lecacit de cee transformaon dpendde la bonne gouvernancedes ressources naturelles. Madagascar doit viter en parculier la maldicon des ressources naturelles , un paradoxe caractris par

    une plus faible croissance conomique et une plus forte propension auxconits dans les pays riches en ressources naturelles, compar aux pays

    o celles-ci sont moins abondantes.

    La maldiction des

    ressources naturelles

    3Rsultat de ltude sur le capital naturel

    IV. Geson des ressources naturelles et dveloppement durable

    Photo 6: Parc National de Masoala: o la foret

    rencontre la mer

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    A | LEnvironnement : un atout prserver, des enjeux maitriser

    Madagascar est dot dune richesse environnementale exceponnelle qui ore des opportunits de

    dveloppement considrables. Sa mga-diversit biologique de renomme mondiale (Madagascar dentplus de 5% de la biodiversit mondiale avec un taux dendmicit avoisinant 90%), contribue promouvoir le

    tourisme, la 2e source de devises avant la crise (USD 400 million en 2008), et constue un potenel majeur entermes de bio-prospecon. Ses ressources foresres et halieuques incluent 10 millions dha de forts et5000km de lioral compos de mangroves et de rcifs coralliens qui produisent un excdent biologique de plus

    de 300,000 tonnes par an (poissons, crabes, crevees, concombres de mer, hutres).

    Cet acf ore aussi une vitrine sur le monde qui permet au pays de

    solliciter et dintresser de nombreux partenaires (gouvernementaux et

    non-gouvernementaux) car la prservaon et la richesse de lenvironnement

    constuent des biens publics mondiaux . A lheure o la desnaon

    Madagascar, tant pour les touristes que pour les invessseurs potenelspeut et doit devenir un des fers de lance de la polique de dveloppement

    conomique, il ne sagit pas de dilapider cet atout.

    Lenvironnement reprsente la

    fois un d de prservaon et

    un atout pour le dveloppement

    dacvits connexes haute

    valeur ajoute, comme le

    tourisme.

    Malgr des progrs notables en mare de protecon de

    lenvironnement (la vitesse de dforestaon a diminu par quatre en

    vingt ans, et le rseau daires protg a tripl en dix ans, pour couvrir 11%

    du territoire naonal), Madagascar fait face des ds majeurs :

    Des sommes consquentes sont inveses dans la conservaon de

    la biodiversit, alors que le pillage despces prises fait perdreau pays des revenus considrables et ternit son image de paradistourisque : lexploitaon illgale de bois de rose, dont le chire

    daaires est esm environ USD220 millions en 2009, na

    produit que USD30 millions de recees scales.

    La polluon de lair lintrieur des foyers, qui entrainerait40% des infecons respiratoires: 10,000 dcs par an chez les

    enfants de moins de 5 ans et 1,400 dcs des suites de bronchites

    chroniques chez les femmes de plus de 30 ans

    La surexploitaon des ressources halieuques, qui sest traduite,

    entre autres, par une chute de plus de 30% de la valeur delexportaon de crevees entre 2003 et 2008 : une perte de prs

    de USD20 millions

    Le dfrichement agricole et llevage intensif empchent largnraon de la ferlit des sols et cotent au pays 2,5% du PIB

    et la dforestaon augmente la sdimentaon des rivires, desrcifs coralliens et des primtres irrigus

    Les polluons dorigine industrielle, en parculier minire avec

    des grands projets dilmnite, de nickel ou de fer qui ont vu le jour

    ces dernires annes

    Ladgradationdelenvironnementcoteaupaysentre450-500millionsde$paran,soit910%

    duPIB

    Lechiffredaffairedelindustrietouristique,quireposeengrandepartiesurlarenommemondialedelabiodiversitmalgache,slveUSD0.5milliard:unsecteurclentermesd'investissementsetdecrationd'emploisdirectsetindirects

    Prsde12,000dcsparansontattribusdesinfectionsrespiratoiresprovoquesparlinhalationdelairpolludesmnages.

    Quelques chiffres

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    BAnque MOndiAleLes enjeux de developpement Madagascar | 43

    B | Changement Climaque, geson des risques et des catastrophes

    Madagascar est lun des pays les plus vulnrables au monde aux vnements climaques extrmes dufait de sa posion gographique et dune pauvret leve qui entrane une faible capacit dadaptaon, en

    parculier cause dune ulisaon non raonnelle des terres. A chaque cyclone mais aussi chaque scheresse

    des populaons dj trs pauvres perdent leur oul de travail et leurs moyens de subsistance.

    CyclonesMadagascar se classe parmi les 10 premiers

    pays possdant le plus haut indice de risques

    de mortalit associs aux cyclones

    Les cyclones causent 30-100 dcs par an

    en moyenne, et touchent les secteurs de

    lhabitat, de lagriculture, du commerce,

    tourisme et transport, entranant des cotsdirects et indirects, qui peuvent peserconsidrablement sur les rgions agricoles

    (rizicoles et de vanille en parculier).

    InondationsExacerbes par la mauvaise geson des

    bassins versants et la mauvaise planicaon de

    lamnagement du territoire en milieu rural etla mauvaise geson des rseaux de drainage en

    milieu urbain

    Scheresses

    Aectent parculirement les 3 rgionsarides du grand Sud, qui sourent

    dinscurit alimentaire

    Les tempratures leves, faibles

    prcipitaons et vents violents se sont

    intensis dans le grand Sud, aggravant les

    mauvaises rcoltes

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    Les risques associs la dforestaon et au

    changement climaque pourraient exacerberlincidence de ces catastrophes. Les modles dveloppsprvoient en eet une augmentaon de la variabilit

    de la prcipitaon, entrainant une augmentaon de

    lintensit des inondaons et des scheresses, ainsiquune augmentaon de la frquence et de lintensit

    des cyclones. Or le pays ne dispose pas encore de

    polique dadaptaon digne de ce nom, et connue

    intervenir sur le mode de lurgence aprs les cycloneset les scheresses. Il ny a pas non plus dinstuons

    avec les capacits et les ressources ncessaires pour

    prparer et mere en uvre les programmes ni

    dailleurs une prise de conscience du public sur les

    enjeux du changement climaque pour le pays. Cest

    paradoxal si lon compare avec ce qui se passe dans laplupart des pays africains qui invesssent dores et dj

    des centaines de millions de dollars dans ladaptaon au changement climaque dans des secteurs tels que

    lagriculture, les infrastructures, ou encore la protecon des villes cres, alors que Madagascar est parmi les

    pays les plus vulnrables aux catastrophes naturelles en Afrique, en parculier en qui concerne les cyclones.

    Une stratgie adapte doit surtout adopter un caractre prvenfmais aussi rparateur pour les groupes etles rgions les plus vulnrables, travers notamment le renforcement du systme dalerte prcoce, lidencaon

    de zones non-construcbles ou impropres la praque de lagriculture du fait des dangers associs lrosion

    et linondaon, ladopon de normes ancycloniques dans la construcon dinfrastructures cls, et la

    dcentralisaon de fonds pour lentreen, la construcon des ouvrages de prvenon de pete envergure etles mesures durgence.

    Un quart de la populaon malgache vit

    dans des zones risque de catastrophesnaturelles

    Les cyclones de 2008 ont engendr des

    pertes conomiques slevant 5% du

    PIB

    En 2010, prs de 80% de la populaon du

    Grand Sud de Madagascar a t touche

    par linscurit alimentaire due aux

    scheresses

    Les ds principaux de la geson des risques et des catastrophes :

    Les cots de rparaons post-catastophe tant

    presque exclusivement supports par les bailleurs, les

    autorits ont peu dincitaon mere en place une

    stratgie de prvenon, qui est pourtant bien moins

    onreuse et permerait de protger les populaons

    vulnrables

    La geson des risques de catastrophes

    requiert laccs rapide aux sources

    de nancement, qui jusquici ont t

    mobilises ex-post, en racon aux

    vnements et au coup par coup

    Le systme dalerte prcose est

    fragilis par le manque de capacits au

    niveau local et rgional et les donnes

    insusantes pour le suivi eecf des

    prvisions mtorologiques.

    La geson des risques et des catastophe doit reposer

    sur un fort leadership et de la coordinaon et cee

    capacit sest vue entame par la crise polique

    Quelques chifres

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    C | Secteur minier : un moteur de croissance potenel

    Production artisanale Production industrielle

    Pierres prcieuses et semi-

    prcieuses : 1 saphir sur 7

    dans le monde provient de

    Madagascar, et 1 rubis sur 10

    Or

    Pierres ornementales

    Minraux industriels(quartz

    pour llectronique)

    Matriaux de construcon

    Ilmnite : minerai de tane exploit Fort Dauphin par la

    socit QMM, une joint-venture entre Rio Tinto et lEtat

    (reprsent par lOMNIS) ;

    Nickel-cobalt : Projet Ambatovy dans la rgion de

    Moramanga, qui inclue une usine de traitement et de

    transformaon du nickel

    Autres projets potenels : charbon de Sakoa ; lor de

    Betsiaka, Maevatanana et Dabolava ; fer de Soalala ; bauxite

    de Manantenina ; ptrole de Bemolanga (rserve de grs

    bitumineux en carrire)

    Un des principaux pourvoyeurs

    demplois Madagascar :jusqu 500,000 travailleurs

    Exploitaon conne dans

    linformel et donc faiblementgnratrice de revenus pour

    lEtat : avant QMM et Sherri,

    les redevances minires

    ntaient que de 125,000 US$

    Se traduit par un accroissement des recees scales de lEtat

    Conduit laugmentaon des invesssements : plus de USD 5milliards pour QMM et Ambatovy, soit 65% du PIB de 2008

    Un apport en devises : les exportaons de QMM et Sherritpourrait reprsenter 30-60% des exportaons totales

    malgaches en 2013

    Craon demplois directs et indirects : environ 5000 emplois

    directs permanents, et retombes induites sur lemploi, le

    commerce ou la producon de biens et services, qui pourraient

    gnrer un eet mulplicateur conomique de lordre de 2 5

    Le potenel minier de Madagascar est aujourdhumal connu, mais probablement trs important. Ces

    richesses constuent un capital non renouvelable que

    le Gouvernement ne pourra valoriser qu laide dunegeson ecace et prudente.

    Mais contrairement aux ides reues, lconomie

    du pays ne repose pas actuellement sur lexploitaon

    de ces mares premires : le poids du secteur dans le

    PIB reste trs faible.

    Le secteur minier malgache se caractrise

    aujourdhui par une transion vers un dbutdindustrialisaon de la producon, jusque-lenrement arsanale. Les nouvelles mines industrielles

    bouleversent le paysage conomique du pays, apportant plus dopportunits, mais aussi plus de risqueslis en parculier la maldicon des ressources , aux menaces sur lenvironnement, linaon et aubouleversement des habitudes des populaons voisines.

  • 7/30/2019 Madagascar - Pour Un Dialogue Sur Les Enjeux de Developpement (Banque Mondiale - 2013)

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    La maldicon des ressources rete surtout la dicultde gouverner le secteur des mines. Il existe des failles dansle cadre lgal et instuonnel malgache qui ouvrent la

    porte la corrupon, une mauvaise geson, ou un mauvaispartage des recees publiques issues du secteur minier (voir

    encadr sur la redevance minire). Au-del de la dicult

    lie au degr de technicit ncessaire pour rtablir un cadre

    de geson favorable, juste et ecace, le secteur minier

    are aussi des convoises et provoque des tentaonsdappropriaon de la rente.

    La rvision des contrats miniers est un exemple ole secteur est vicme dune geson impulsive desne

    gnrer un maximum de bnces immdiats au dtrimentdu bien public et/ou du long terme. Bien quil est normal

    quun Gouvernement puisse chercher ajuster le rgime

    scal pour les projets futurs, il est crucial de ne pas fragiliserles projets en cours de dveloppement qui entrent peineen producon et nont pas encore gnr de prots. De

    telles acons ne seraient que prjuger dun succs quine peut tre acquis avant plusieurs annes, et pourraitengendrer des consquences catastrophiques sur le climatdes invesssements et sur la stabilit juridique.

    Dans le mme temps, le Gouvernement doit faire

    face aux aentes croissantes de la populaon vis--vis

    des retombes du secteur des mines. Les uns voient

    dans le dveloppement des grands projets miniers une

    opportunit tant pour lemploi que pour les aaires, les

    autres une menace sur lenvironnement ou linaon. Les

    populaons voisines, en majorit pauvres et rurales, se

    sentent dshrites et rclament naturellement leur

    part des bnces. Pour rsister lopportunisme dans la

    geson des ressources minrales, il faut une ferme volontpolique, un engagement fort de la part des autorits et unrenforcement de la redevabilit sociale.

    Lenjeu principal du secteur minier consiste

    maximiser sa contribuon relle

    lconomie et au dveloppementen

    amliorant le niveau de collecte des recees

    scales, ainsi quen assurant leur ulisaon

    opmale et la bonne gouvernance du secteur

    La redevance minire est calculesur la base dun pourcentage de la valeur

    de la producon, ce qui revient, dans les

    pays dont le march intrieur reste limit,

    un pourcentage des exportaons. A

    long terme, la redevance minire pourrait

    reprsenter environ 40% des recees

    scales provenant de projets miniers

    industriels Madagascar.

    La redevance minire reprsentele mode de taxaon le plus visible par

    lopinion publique, et son recouvrement et

    son emploi sont des thmes criques pour

    la gouvernance du secteur.

    Le Code Minier a t conu pour le cas

    de la mine pete et arsanale, et prvoit

    que la majeure pare de la redevance

    minire revienne la municipalit o les

    ressources sont extraites, qui demeureambigu : linterprtaon la lere de

    la loi allouerait la ristourne la commune

    dextracon, et une interprtaon plus

    large, plus conforme lexprience

    internaonale, comprendrait lensemble

    des communes aectes par le projet

    minier, le terme aectes devant alors

    son tour tre soigneusement dni.

    Pour les mines industrielles, cesmontants dpassent la capacit

    dabsorpon des communes dune part,

    mais dautre part la zone dimpact du projet

    peut dpasser les fronres administraves

    de la commune dextracon. Un accord ad

    hoc a t trouv pour QMM. Cependant,

    cee soluon discrdite le Code Minier et

    ouvre la porte des contestaons.

    La redevance minire

  • 7/30/2019 Madagascar - Pour Un Dialogue Sur Les Enjeux de Developpement (Banque Mondiale - 2013)

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    Le secteur lectrique malgache est peru comme en tat de crisemarqu par des hausses tarifaires de 2005 2008, des dlestages rpts et

    le raonnement des nouvelles connexions depuis 2004. La grande majorit

    des foyers malgache vit encore sans lectricit, le taux daccs au niveaunaonal tant esm aujourdhui 15%. La faible fourniture en lectricit

    constue un goulot dtranglement pour le dveloppement conomique etsocial du pays.

    Cependant, Madagascar dispose datouts majeurs dans le secteur lectrique: Un potenel de producon hydrolectrique considrable. Lhydrolectricit constue une

    ressource naturelle en nergie renouvelable dont lintrt conomique et le potenel de croissance

    sont avrs. De trs nombreux sites potenels, bien rpars sur le territoire et diversis par leur

    taille (depuis la micro-hydraulique aux sites de plusieurs centaines de MW) ont t idens, y

    compris des sites candidats de taille signicave (suprieure 100 MW) proximit des principauxcentres de populaon du pays (Antananarivo, Antsirabe, Toamasina, Fianarantsoa).

    Les comptences techniques de la JIRAMA : la JIRAMA bncie globalement dun personnel dotde comptences techniques indniables, qui pourrait tre mieux ulis.

    Des cadres instuonnel et rglementaire adquats sur papier pour une bonne gouvernance dusecteur.

    Le nombre dabonns de JIRAMA est rest quasiment stable entre 2004 et 2008, alors que la populaon

    malgache crot denviron 2,5 % par an. Le taux daccs de Madagascar na donc pas progress sur la priode. Ence qui concerne la producon de JIRAMA, elle a cr de 4,2 % par an en moyenne entre 2004 et 2008, ce qui se

    montre infrieur la progression du PIB en volume.

    Aujourdhui, les ds majeurs qui doivent tre relevs pour le dveloppement du secteur sont:

    Renforcer et crdibiliser la geson de la JIRAMALa JIRAMA prsente une faible producvit de travail (mesure

    parr du nombre dabonns par employ) et des dciences en mare

    de geson nancire. Les dicults de trsorerie lont conduit ngliger la

    planicaon des invesssements et sacrier les acvits de maintenance.

    Il convient galement de grer le vieillissement des cadres et le risque deperte de certaines comptences cls, et de moderniser et amliorer les

    praques de travail, qui ont souert de la situaon de crise connue par

    lentreprise.

    Amliorer la gouvernance du secteurLa mise en uvre praque de la nouvelle rglementaon sectorielle sest avre trs insusante. Les

    ajustements tarifaires rguliers prvus nont pas t respects ; de 2001 au printemps 2005, aucun ajustement

    tarifaire na eu lieu, alors mme que le prix du ptrole augmentait rgulirement et que la valeur de la monnaie

    naonale stait fortement dprcie, se traduisant par la dgradaon de la situaon nancire de JIRAMA

    D | Le secteur lectrique : un potenel de dveloppement exploiter

    Il est essenel de sorr la

    JIRAMA de la geson de crise

    et de remere en place des

    poliques et des procduresde maintenance sinscrivant

    dans la dure

    Le nombre dabonns

    la JIRAMA na pasaugment depuis 2004

  • 7/30/2019 Madagascar - Pour Un Dialogue Sur Les Enjeux de Developpement (Banque Mondiale - 2013)

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    Laenon des autorits a t largement concentre sur la rsoluon des problmes de dlestage. En revanche,

    les dossiers de long terme comme celui de la planicaon des invesssements ont t fortement ngligs.

    Par ailleurs, la relaon entre la tutelle et JIRAMA est parculirement problmaque, et lEtat doit tre en

    mesure de remplir eecvement son rle de contrle sur lentreprise publique. La tutelle doit sassurer que

    les principes de transparence et de contrle interne sont respects par la JIRAMA, notamment en exigeant un

    reporng appropri et rgulier. Par ailleurs, il parat essenel que la tutelle respecte lautonomie de geson delentreprise, et lui donne les moyens daeindre un quilibre nancier.

    Llectricaon ruraleCelle-ci est contrainte par la pauvret des

    populaons rurales et la faible densit de

    populaon du pays. Le taux daccs llectricit

    en zone rurale est esm aux alentours de 5 %.

    La geson travers lAgence dElectricaon

    Rurale (ADER) a lintrt de permere de

    promouvoir des ores de services adaptes aucontexte rural sur le plan de la technique, du

    mode de geson et des tarifs. Cependant, les

    moyens nanciers dont lagence dispose pour

    raliser de nouveaux projets demeurent trs

    limits.

    En ce qui concerne la planicaon et la slecon des invesssements sur le plus long terme, il existe un

    certain ou depuis plusieurs annes concernant la rparon des responsabilits des dirents acteursdu secteur, avec pour rsultat une paralysie des prises de dcision, et une porte ouverte des porteurs de

    projets opportunistes proposant des invesssements loigns de lopmum conomique, alors que des projetsintressants demeurent bloqus.

    Laribuon et la ngociaon des projets de producon ncessitent galement plus de transparence, deformalisaon des critres et des procdures. En complment, il devrait tre envisag de rendre publiquesde manire systmaque, les informaons (tudes techniques, hydrologiques, concessions et autorisaons

    accordes) de nature renforcer la transparence des dcisions et faciliter lentre de nouveaux acteurs

    Enn, les ngociaons de projet devraient tre conduites avec lassistance technique ncessaire et intgrer les

    principales pares concernes, et en parculier la JIRAMA. Dans le pass, la JIRAMA ntait pas associe la

    ngociao