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Centre d'Histoire des Sciences

MAG JS2 désert

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Page 1: MAG JS2 désert

Centre d'Histoire des Sciences

Page 2: MAG JS2 désert

S O M M

Remerciements

U N E

UNE RÉALITÉ ENVIRONNEMENTALE

UNE RÉALITÉ PHYSIQUE

le scorpion Hector

plus vif que mort

Page 7

Le barrage

vert, pas si vert

que çaPage 9

Un milieu

vulnérable aux

changements

climatiquesPage 6

El Oued, se

débarrasse de ses

eaux indésirables

Page 8

Urbanisation

des villes

sahariennes

Page 10

Les valeurs de

l’architecture du

saharaPage 11

Plouf... dans le mirage !

Rose des sablesPage 14

Les dunes

rampent!

Page 13Plus de vers

dans les papiers !

Page 23

Lac de Temacine à Touggourt

Désert caillouteux à Téfedest

INTRODUCTION

Le sablier :

un jouet et un outil

complexePage 12

Un pays appuyé

sur son désertPage 4

Le désert : l’eau,

la vie et le sable en

mouvementPage 4 et 5

Page 3: MAG JS2 désert

A I R E

R É A L I T É C U L T U R E L L E

UNE RÉALITÉ ÉCONOMIQUEL’héritage risque

de morceler

les palmeraies

Un palmier pour

deuxPage 15

Le Sahara :

sous-exploré,

sous-exploité

Page 20

Dihé : une galette

aux algues bleues

Page 21

Le dattier,

symbôle de la

civilisation

méditerranéennePage 16 & 17

Fermes du désert :

Le nouvel EldoradoPage 18

Pomme de terre :

la bonne affairePage 19

Le méhari :

cheval du désert

Page 22

Sous un ciel

étoilé, l’imzad

transmet un

message

Page 24

Nouvelles

lumières sur l’art

rupestre

Page 25

L’inspiration des

poètes et des

écrivains

Page 26

Citations et

proverbes

Page 27

Recettes

aux dattes

Page 28

Désert de dunes à Tamanrasset

Page 4: MAG JS2 désert

Des airs

4

accroissement de la popula-tion a vu, ces dernières an-nées, une diversification desactivités socio-économiques.

L’expansion du tissu urbain et la mul-tiplication des zones de culture ontgrandement influencé la dynamiqueéolienne dans le Sahara. Ceci a poureffet d’amplifier les phénomènes dedépôt de sable. « Chaque fois qu’onconstruit dans le désert, on crée unobstacle qui aura un impact sur la dy-namique éolienne » affirme le PrB.Remini. L’oasien continue de dresser des bar-rières un peu partout. Les procédéstraditionnels ne donnent des résultatsqu’à l’échelle locale.La lutte mécanique et biologiques’avère comme étant plus un palliatifqu’une solution de longue durée. Lesmoyens de lutte restent dérisoires, età défaut d’une stratégie globale, ladésertification est le résultat inélucta-ble. La contribution des outils spa-

Le desert : l’eau, la vie INTRODUCTION

elon la définition d'Action 21,au chapitre 12, la désertificationest la dégradation des sols en

région aride, semi-aride ou subhumidesèche à cause de diversfacteurs comme leschangements clima-tiques et l'activité hu-maine. Elle se produit lorsque les sols sontfragilisés, le couvert végétal amenuiséet le climat particulièrement impitoya-ble. L’ensablement résulte de l’intensi-fication de la dynamique éolienne quimenace les ressources biologiques etinfrastructures socio-économiques.Certains parlent, plus volontiers, de dé-gradation des sols que de désertifica-tion, jugeant que ce dernier termeévoque les déserts et la dévastation to-tale.Par sol, on sous-entend ici la terre etl'eau, la surface du sol, mais aussi lacouverture végétale naturelle ou lescultures qu'elle soutient. L’appauvris-

sement progressif de son potentiel phy-sique, biologique et économique etdonc la dégradation des sols vient sé-rieusement menacer la productivité

globale et,par consé-quent, lasubsistance

de la population. Elle réduit la diversitéde la vie végétale et animale.L'humanité détruit les ressourcesmêmes dont dépend sa survie. On dé-finit aujourd'hui la désertificationcomme un phénomène surtout socio-économique où les ressources natu-relles se dégradent par les pressionsdémographiques et des pratiques d'oc-cupation du sol présentant un caractèrenon durable. C'est là un processus deformation de nouvelles régions déser-tiques où la diversité se trouve détruite.« Le Sahara est le plus grand et le plusbeau désert du monde » dit BoualemRemini

Le terme « désertification » est souvent associé, pour le commundes mortels, à l'avancée du désert, aux dunes de sableenvahissant lentement des régions fertiles. Ceci est totalementfaux. L’ensablement est l’une des manifestations de ladésertification

SL’

L'homme détruit les ressourcesmêmes dont dépend sa survie

Le désert, ce n’est pas le vide. Cette vérité estparticulièrement vraie en Algérie. Quatre cin-quièmes du plus grand pays méditerranéen sontconstitués de regs, d'ergs et d'oasis. Cet im-mense territoire demeure relativement mysté-rieux. Il y a encore beaucoup à découvrir pourcomprendre comment fonctionnent ces étenduesde sable et de pierres, ces obstacles naturels surlesquels viennent s’échouer les vents de sable.Le désert n’est pas unique. Chaque paysage,chaque détour a une vie propre, une faune, uneflore, un sous-sol, un climat. Le désert est ensuite une terre de civilisation an-cienne, qui s’est adaptée aux rigueurs qui luisont spécifiques. Les femmes et les hommes ontappris à utiliser à leur profit l’eau qui se glissaitentre les roches, qui leur permettait de vivre en

autosubsistance. Le désert est enfin un espace de conquête, quidepuis fort longtemps déchaîne les rêves et par-fois les projets les plus fous.Parce que le désert est surtout un milieu fragile,qu’on a longtemps cru infini, inépuisable. Au-jourd’hui, la science nous montre chaque jourque l’homme est susceptible de rendre la vie surterre insupportable. Chaque grain de sable,chaque pousse de pourpier porte la mémoiredes agressions que nous lui avons portées et quipeuvent un jour être fatales à nos enfants. Toutes ces raisons nous ont paru faire du désertun plat de choix pour des journalistes attentifsaux enjeux de la vie sur cette belle planète.Nous espérons que vous partagerez nos interro-gations, mais aussi notre enthousiasme.

Désertification ou ensablement Nouvelles stratégiescontre l’ensablement

Un pays appuyé sur son désert

Page 5: MAG JS2 désert

De désert

5

INTRODUCTION

et le sable en mouvement

es ambitions "pharaoniques"de l'Algérie sont au rendez-vous. Le projet qui vise à ali-

menter Tamanrasset à partir des eauxsouterraines de la daïra de Ain Salah,mise sur un transfert de 50.000 m3 parjour. Il nécessitela mise en placede 1.250 km deconduites, 24forages et six stations de pompage.L'enveloppe attribuée à ces travaux fa-ramineux, avoisine la somme de 1,3milliards de dollars. La réalisation des24 forages est attribuée à une entre-prise chinoise. Pour les stations depompage et les canalisations, des of-fres chinoises, espagnoles, portugaises,russes et françaises, ont été réception-nées.Estimée à 60.000 milliards de m3, lanappe du Continental Intercalaire prèsde Ain Salah, constitue l'un des plus

grands aquifères fossiles au monde.Celui-ci s'étend sur 600.000 km2 entrel'Algérie, la Tunisie, et la Libye. Afind'éviter certains problèmes soulevéspar les scientifiques, l'Algérie recom-mande de nouvelles simulations, dont

l'objectif serait d'identifier de nouvelleszones de prélèvements. Les critères demaintien des puits artésiens, des exu-toires et des foggaras sont pris enconsidération. Il en est de même pourle respect des hauteurs de pompage ad-missibles, la préservation de la qualitéde l'eau à proximité des chotts et la ré-duction des interférences entre paysvoisins.Si l'Etat projette de tels travaux, c'esten vue de développer les villes du Sud.Bon signe pour l'avenir de l'Algérie.

“Sur 750 km de distance, un grand débit d'eau sera acheminé parrefoulement jusqu'à Tam. qui n'aura plus soif “ indique leprofesseur Boualem Remini, enseignant-chercheur à l’USDB.

Les images satellitaires ont permisde porter un nouveau regard sur ladynamique éolienne dans le désert.

L

Le chott : un obstacle de taille pour le sable

Sous forme de dépressions salines, les chotts peuvent contribuer à la luttecontre l’ensablement. Tel est le résultat des travaux de recherche sur la dy-namique éolienne et l’ensablement des espaces oasiens obtenus par lesprofesseurs M. Mainguet et B. Remini. L’idée revient au Pr. B. Remini en collaboration avec le Pr. Mainguet,qui ont constaté que les chotts, les sebkhas et même les lacs endoréiques(fermés), ne sont pas ensablés. L’imagerie satellitaire et les constatations du terrain, montrent que cesmachines évaporatoires dévient les flux éoliens transporteurs de sable.Dans le désert, le chott apparaît sous forme de lac envahi par les oiseauxmigrateurs en période humide. Il est sec et parait couvert d’un film decouleur blanche en période sèche. Ceci est dû à la remontée des sels parcapillarité lors de l’évaporation des sols.A l’échelle synoptique, le chott peut rentrer dans une stratégie globale delutte contre l’ensablement. Il représente un relief qui permet de dévierle sable.

Un méga projet rare et courageux

Les critères de maintien des puits artésiens, des exu-toires et des foggaras sont pris en considération

tiaux par l’analyse des images satelli-taires offre une nouvelle approchepour mieux contrer ce fléau. Désor-mais, ce phénomène revêt une dimen-sion régionale. L’analyse des imagessatellitaires a permis de mettre en évi-dence des zones de déflation (dénue-ment), des zones de transfert et deszones de dépôt. « Il faut lutter au ni-veau de la zone de déflation, et non

pas au niveau des zones de dépôts »ajoute notre interlocuteur. D’éminentsspécialistes, notamment le Pr M.Mainguet et le Pr B. Remini, travail-lent depuis l’année 2000 dans le dé-sert algérien. Les études des imagessatellitaires sont toujours en cours, afinde proposer des outils globaux de luttepour l’ensemble des pays touchés parce fléau. Le désert ne reconnait pas lesfrontières tracées par l’homme.

Il faut lutter au niveau de la zonede déflation

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Des airs

6

u mois de juin, les régions duSud et des Hauts Plateaux dupays ont subi une vague dechaleur exceptionnelle. Le

mercure s'est dilaté, en avance pourla saison enregistrant des tempéra-tures allant de 42 à 52 degrés, selondes informations données par l'Of-fice national de météorologie(ONM) à l'APS. Des vents de Sud-Est très chauds et secs ont affecté lesrégions sahariennes et celles de l’in-térieur provoquant des canicules ex-ceptionnelles. Cette année encore,l’hiver a pris du retard en Algérie etprobablement partout dans lemonde. Les experts du GIEC(groupe intergouvernemental d’ex-

perts sur l’évolution du climat)estiment que ces bouleversementsmétéorologiques sont partiellementdûs à l’activité humaine et particu-lièrement aux émissions des gaz àeffet deserre. Aujourd’hui,les désertsde la planètesont sérieusement menacés par leschangements climatiques. Selon leProgramme des Nations Unies pourl’Environnement (PNUE), 500 mil-lions de personnes, soit 8 % de lapopulation mondiale vivant dans lesrégions désertiques du globe, sontmenacées par les bouleversements

climatiques.Les déserts occupent un quart desterres de la planète soit 33.7 millionsde kilomètres carrés entre les lati-tudes 25 à 35 Nord. Le climat déser-tique est sec et très chaud rendantdifficile la vie des hommes, des ani-maux et des végétaux.Il n’y a pasque ce phénomène naturel. Les ex-perts du PNUE affirment qu’entre1976 et 2000, les températures desrégions désertiques ont augmenté de

2°C, soit bienplus que sur lereste de la pla-nète (+0,8°C).Dans le dernier

quart du siècle, plusieurs déserts ontvu leurs précipitations diminuer de5 à 10%, voire même de 15%, avecune vulnérabilité particulière pourles déserts situés dans les latitudesinferieures.Dans les pays limitrophes du Sahara,le plus grand désert du monde, leschangements climatiques ont desconséquences immédiates etfatales : précipitations irrégulières etsécheresses récurrentes. L’Algérien’est pas en reste, le Sahara occu-pant 80% de sa surface. Selon unrapport récent de l’ONU, si les ten-dances actuelles se poursuivent, 60millions de personnes auront quitté,avant 2020, les régions désertiquesde l’Afrique subsaharienne pourmigrer vers l’Afrique du Nord etl’Europe. Dans le monde, 135 mil-lions de personnes sont, peut-être,sur le point d’être déracinées deleurs terroirs. Le climat a fait plus derefugiés que les guerres. Des me-sures importantes doivent êtreprises à l’échelle mondiale.

’Algérie n’est pas en reste, le Sahara oc-cupant 80% de sa surface

UNE RÉALITÉ ENVIRONNEMENTALE

Photo satellite d’une tempête de sable allantdu Sahara vers l’Atlatique

Au mois de mars dernier, une tempête de sable a frappé lesrégions du sud algérien. A Naâma, de nombreuses victimes sontà déplorer, les murs de plusieurs habitations se sont effondrés. Un cheptel de 5000 têtes d’ovins a été décimé. A El-Bayadh, à Djelfa, à Laghouat, les intempéries ont fait des dégâtsconsidérables…

A

Un milieu vulnérable aux changements climatiques

Page 7: MAG JS2 désert

ouad, huit ans, est un petitchasseur de scorpions. Il aappris, comme tous sesfrères, «ce métier » auprès

de son père. Il a pour armes unepince, une paire de gants, une pairede bottes, une barre pour déplacerles pierres et une lampe torchelorsqu’il sort de nuit. Le soir, aprèsl’école, il va à la chasse. C’est aussison passe-temps durant lesvacances. Le père Lazhar, 51 ans, agriculteurde son état, est présidentde l’association decollecte des scorpionsqu’il a créée en 1994. Ilassure aussi la réception de scor-pions récoltés par les chasseurs dela région. Il les livre ensuite àl’Institut Pasteur d’Alger (I.P.A). Cedernier n’accepte que les scorpionsvivants et de grande taille qu’il paieà 30 DA pièce.L’IPA fabrique, à partir de leurvenin, le sérum antiscorpioniquevérifié (S.A.S) qui sera distribué auxdirections de la santé et de lapopulation (DSP) des wilayatestouchées par « l’envenimation scor-pionique ».D’après l’IPA, au cours de l’année2005, son service des sérums théra-peutiques a acquis et traité 30000scorpions. 20 grammes de veninsont été ainsi récoltés permettantainsi une production de 60900doses de SAS. En 2006, seulement20249 scorpions provenant tousd’El Oued ont été récoltés assurantainsi 10 g de venin.En 2006, sur un total de 48465

piqués, 62 personnes sont décédéesdont 12 à El Oued. Cette wilaya est

classée deuxième en nombre depersonnes piquées (6915) aprèsBiskra (7754) et première ennombre de décès. La DSP d’El Ouedn’a reçu que 5000 doses, chiffrebien en deçà des besoins.

Une personne piquée peut nécessiterbien plus d’une injection.En ce mois de juin, Lazhar a livréplus de 3000 scorpions à l’IPA maisil n’est payé que pour 2300 têtessuite aux critères de sélections del’IPA. Lazhar et les autres collec-teurs se plaignent de cet état et duprix, jugé dérisoire, fixé par l’IPA. Ilcollecte les scorpions en attendantl’appel de l’IPA pour livrer car cedernier fixe des quotas parwilayates. Les années précédentes,les services de la wilaya leurpayaient les scorpions récoltés etnon livrés à Alger. Il réclame queson association soit reconnued’intérêt public et qu’elle bénéficied’une aide de l’Etat.L’Androctonus australis Hector, cescorpion bien de chez nous, est untueur d’hommes. Sa trace est trou-vée dans 35 wilayates dont treizemarquées par des décès. Pour seprotéger, les habitants élèvent autourde la maison des gallinacés, poulets,dindes, pintades qui sont desennemis naturels du scorpion. Lehérisson est aussi domestiqué dansce but.

De désert

7

UNE RÉALIRÉ ENVIRONNEMENTALE

Le scorpion Hectorplus vif que mort

La région d’El Oued, comme tantd’autres du sud algérien et deshauts plateaux, pullule descorpions. C’est un danger quivous guette à tout moment et entout lieu.

F

L’Androctonus australis Hector, ce scorpionbien de chez nous, est un tueur d’hommes

Les jouets de Fouad.

Insensible aux radiations ionisantesLe scorpion est capable de vivre dans des milieux extrêmes. Il peut vivre trois ans sans nourri-ture, mais pas sans eau. Il peut supporter des variations de plus de 50°C ou même des radia-tions ionisantes. Il possède une grande faculté d’adaptation qui lui a permis de s’installer surtous les continents, dans tous les biotopes et de 800 m de profondeur à 5 500 m d’altitude. Laplus forte concentration de scorpions se trouve dans l’hémisphère Sud, surtout dans les régionschaudes. Le scorpion habite dans les régions sableuses, principalement dans les oueds et en bordure desergs, mais également dans les régions arides et rocheuses. Il n’hésite pas à s’approcher des ha-bitations.Son activité est essentiellement nocturne et crépusculaire. Il se cache toute la journée pour nesortir manger que le soir. Il se sert de ses pinces pour capturer les petites proies comme les in-sectes et autres. Mais il se servira de son venin paralysant pour les plus grosses proies. Les scorpions sont vivipares ou ovovivipares et donnent naissance à chaque portée selon les es-pèces entre trois et plus d’une centaine de petits appelés pullus que la femelle porte sur son dos.

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Des airs

8

es Chinois ont déjàréalisé 58 forages, d’uneprofondeur moyenne detrente et un mètres »

affirme Benmia Mohamed,spécialiste en systèmes de drainage.Le champ de forage va être connectéà un système de drainage. « On vapouvoir drainertoutes les eauxqui posentproblème auniveau de la ville d’El Oued, et de18 autres communes limitrophes,vers Chott Melghir, à quelques 100km plus au Nord »indique notre interlocuteur. 10km dedrain sont déjà réalisés. Il fautattendre la réhabilitation par leschinois de la STEP (STationd’ÉPuration) en sortie de la villed’El Oued. Les eaux usées issues duréseau d’assainissement y serontacheminées, avant de rejoindre leseaux de drainage.Tristement constaté dans la régiond’Ouargla, Touggourt etTimimoune, le phénomène de laremontée des eaux prend desproportions préjudiciables danstoute la région d’El Oued. Dans lesghotes, zones de dépression,aménagées pour les cultures, lasituation est critique : asphyxie despalmiers, sur-salinisation des sols.Parfois l’eau dépasse les 150centimètres au dessus du sol. Lequartier de Sidi Mestour, en estl’exemple typique. La majorité de lapopulation a été évacuée en 2006,suite à l’état de délabrement avancé

des constructions. Deux directeursde l’Office national del’assainissement, ont perdu leurspostes à cause des remous liés à ceproblème.En 2003, le gouvernement a entre-pris une opération de bouchaged’environ 200 ghouts, mais cette

opération étaitvouée à l’échec.L’eau sous lapression des mil-

liers de tonnes de terre va inélucta-blement, soit se déplacer versd’autres endroits, ce qui s’est réelle-ment passé, soit remonter par capil-larité et réoccuper tôt ou tard lasurface du sol. L’espoir pour sauver la ville d’ElOued et ses environs réside dans laréalisation du grand projet pour le-quel une enveloppe de 26 milliardsde dinars est débloquée. Il s’agitd’une véritable toile d’araignée, ex-

plique le directeur de projet côtéONA : « 700km de conduite, endeux tranches de travaux. Des sys-tèmes de drainage, d’assainissementet des STEP seront interconnec-tés ». Pour la première fois en Al-gérie, des canalisations en PRV(matière résistante aux actions cor-rosives des sols salés), vont être uti-lisées dans le réseaud’assainissement, et dans le systèmede drainage. Une conduite en PRVde six mètres de longueur, et de 800mm de diamètre, coûte 18 millionsde centimes.A El Oued, 40 000 fosses septiques,sont toujours opérationnelles, d’oùle risque de pollution de la deuxièmenappe, qui connaît toujours un forttaux d’épuisement de ses eaux. En1993, la dotation pouvait même at-teindre les 700 l/hab/j.Pour drainer les eaux d’El Oued, unprojet d’une telle importance estcertes suffisant. Mais aucune solu-tion ne peut restaurer une natureabusée, surexploitée, épuisée, si cen’est un changement d’habitudes.

Depuis huit mois, les habitants de Sidi Aoun, une communed’El Oued, s’habituent aux bruits des engins de tout gabarit. Le projet de drainage des eaux de la remontée commence.

«L

L’espoir réside dans la réalisation du grand projet de drainage

Plan de situation généralLe projet de drainage des eaux d’El Oued vers chott Melghir

El Oued, se débarrassede ses eaux indésirables

UNE RÉALITÉ ENVIRONNEMENTALE

Page 9: MAG JS2 désert

De désert

9

n projet gigantesque : troismillions d’hectares à boiser,une muraille verte longue de

plus de 1000 kilomètres et large detrente. Vingt mille jeunes militairess’y attellent.A environ 23 kilomètres au Sud-Estde Djelfa, sur la route de Moujebara,longeant le barrage vert, s’étend, sur4 hectares, l’exploitation de sonneveu Mohamed. Il a bénéficié decette concession depuis 5 ans. Il cul-tive du blé et de l’orge. Sa récoltesera bonne, au vu des précipitationsde cette année. Il disposeaussi d’un verger. Les arbres fruitiers ont étémis à sa disposition par ladirection générale des forêts. Cesderniers ont assuré, au début, la miseen valeur de la parcelle, la plantationdes arbres et même les deuxpremiers arrosages. Cette opérationvise l’optimisation de l’exploitationdes surfaces agricoles utilisées parl’accroissement des capacités deproduction de fruits et, bien sûr, lacontribution à la lutte contre ladésertification.Au nombre des objectifs de ce bar-rage vert, nous trouvons la protec-tion et l’amélioration du patrimoinevégétal existant, la reconstitutiondes peuplements forestiers disparus,le reboisement des terres à vocationforestière, la mise en valeur des

terres pastorales et agricoles, la luttecontre l’ensablement et la fixationdes dunes.Dans un deuxième temps, le barragevise la résorption du chômage, sanscesse, croissant en ces lieux. Mais Djilali est triste de voir que sile barrage a donné du travail àl’homme, ce dernier ne le lui rendpas. L’homme est l’un des princi-paux artisans de cette désertifica-tion. Il en est outré. Il voit ‘son petit’

dépérir. Il rejoint alors, en son forintérieur, l’expert de l’aménagementdu territoire qui dit « le désertavance, l’Algérien recule ».Le surpâturage se traduit par unappauvrissement des ressourcesvégétales qui ne se régénèrent plusassez. L’accroissement du cheptelest incontrôlé et son engraissementse fait aux dépens de lacouverture végétale.Les céréales, après l’élevage, sont lacause du défrichement. Ce dernierest accentué par le développementde la mécanisation. Les labours sontréalisés à l’aide de tracteurs équipésde charrues à disques sur des solstrès sensibles à l’érosion.

Djilali se dit que beaucoup dechoses doivent être faites pourredonner un sens au barrage vert.Il faut lutter contre le déboisement,le défrichement en assurant laprotection contre les incendies et lesmaladies, réglementer les pâturageset la construction.Il faut lutter contre l’érosion enreplantant les arbres, en restaurantles pâturages, en développantl’arboriculture fruitière et en mettantdes ‘zones en défens’ le tempsnécessaire pour reconstituer la forêt.Il faut mettre en place des systèmesd’exploitation permettant unerégénération de la flore pastorale etla constitution de réserves fourra-gères. Il faut protéger les bassins versants,les ressources hydriques etaméliorer l’accès à l’eau. Il faut encourager les plantationspastorales ainsi que les cultures horssol, telles que l'apiculture etl’aviculture.Ce n’est qu’à ce prix que pourra êtreentendu l’appel de Cherif Rahmani,lancé en 2006, année internationaledes déserts, « N’abandonnez pas leszones arides ! »

Djilali, ingénieur agronome, un ancien conscrit du servicenational, revient trente et un ansaprès à Moujebara. Il y a passédix huit mois en qualité d’officierde réserve. Il supervisait près de 100soldats du contingent. Leurtravail consistait à planter desarbres. C’est la naissance dubarrage vert.

U

UNE RÉALITÉ ENVIRONNEMENTALE

Le désert avance, l’Algérien recule

Le barrage vert pas si vert que ça

Exploitation agricole prés du barrage vert

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Des airs

10

ans les années soixante, laplupart de ses deux millionsd’habitants cherchent à lefuir. Depuis, le Sahara a attiré

beaucoup de monde, 6 millionsd’habitants aujourd’hui. Le Saharaa-t-il disparu du fait de ce triplementde la population ? Il y a l’apport desfonctionnaires et l’attrait des zonesd’emploi. Les bassinspétrolifères, en parti-culier, ont attiré unemain d’œuvre decadres du Nord du pays venus avecleurs familles. Ils migrent pour ga-gner de l’argent, remplaçant les mi-grations d’autrefois vers la France.Il y a aussi des populations venuesdes oasis reculées. Ces derniers tra-vaillent, en fait quelque temps,comme manœuvres dans le bâti-ment.Une fois rentrés chez eux, ilsréinvestissent leur argent dansl’achat d’une motopompe, ce quifixe donc cette population dans lesoasis. Voilà comment l’exploitationdu pétrole permet de maintenir unepopulation dans le Sahara. A celas’ajoute une série d’infrastructures,telles que des hôpitaux, lescasernes... La présence desemployés entraîne l’apparition decommerces. La conséquence en estle développement d’une économiede marché. C’est là, une nouvelledonne fondamentale.De ce fait, les villes ont grandi. En1966, il n’y avait que deux villes deplus de 50 000 habitants ; Biskra etGhardaïa. Aujourd’hui, on comptetrente villes de plus de 100 000habitants. Quant aux pasteurs, leurrayon est plus réduit dans la zone

saharo-sahélienne. On assiste à uneconcentration dans les villes, à unediminution complète du nomadismeet à un pastoralisme qui est lié à ladésertification. Les oasis, un milieupeu propice à l’agriculture, attirentde moins en moins de mondeaujourd’hui. Une agriculture surpivot est, par ailleurs, développée.

Le but recherché, par ce moyen, estl’indépendance alimentaire, mais lescontraintes sont là .Le sol étant dusable, il faut apporter des engrais dunord. Le Sahara est, en effet, devenuun grand producteur de primeursgrâce à des routes excellentes et à lafacilité de circulation. Les primeurs

constituent une solution, parexemple, à Biskra qui bénéficie enplus de l’eau non fossile. Grâce à laroute, la livraison de légumesd’arrière saison est rapide surConstantine ou Alger. Les nappesfossiles peuvent permettre de tenirencore longtemps, mais quel seraalors le prix du pompage ? L’Algériedispose, en outre, d’une réserve depétrole pour cinquante ans. Le désertdevient donc un monde minéral avecdes points de vie de plus en plusconcentrés. Le développement desvilles du désert algérien contribue àla fixation de la population.

Le Sahara est un espace peuplé, urbanisé, riche et convoité.La présence de l’homme au Sahara remonte en effet à lapréhistoire. Ce n’est pas un espace occupé uniquement par lepastoralisme, il est aussi parcouru par des migrations, notammentcommerciales entre le Maghreb et l’Afrique Noire.

D

80000 personnes doivent être délogées de chezelles! La décision est prise en haut lieu. Hassi Mes-saoud, la ville, sera délocalisée. Elle est bâtie sur

le plus grand champ pétrolier d’Algérie. Motif invoqué : le risque d’un accident majeur. On com-mencera par déplacer la population vivant dans les bidonvilles et les constructions précaires quise sont mis à pulluler autour de la base. Avant les années 1980, ces lieux n'étaient fréquentésque par les employés de Sonatrach. Une zone industrielle, pas de commune, seulement un centrede santé et une école. Le véritable rush vers Hassi Messaoud a commencé avec le terrorisme,après 1992. Fuyant la violence, à la recherche d'un travail introu-vable ailleurs, les Algériens ontcommencé à y déferler par mil-liers. En 1994, la zone est décré-tée d'exclusion et n'y accèdentque les detenteurs de laissez-passer. Aujourd’hui Hassi Mes-saoud a grossi comme un abcès.L’heure est venue de le crever.

Ils migrent pour gagner de l’argent, remplaçantles migrations d’autrefois vers la France.

La ville de Hassi Messaoud sera rendue à Sonatrach

Urbanisation des villes sahariennes

UNE RÉALITÉ ENVIRONNEMENTALE

Au marché de Tam

Menace sur Hassi

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De désert

11

‘architecture des cités duM’zab est frappante par lefait qu’elle utilise des maté-

riaux locaux, laissés à l’état brut oubadigeonné, qu’elle tire tout le pro-fit possible du palmier. Elle est sur-tout, un exemple d’habitatbioclimatique par plusieurs aspects:l’adoption de murs épais qui, parleur inertie thermique, stockent lachaleur quotidienne pour l’évacuerla nuit ; l’organisation desespaces pour permettre unecirculation de l’air parconvection à travers le chebek quidomine le patio central ; le choix depetites fentes du genre meurtrièresur les murs extérieurs, empêchantla chaleur de pénétrer. La traditiondu sommeil sur la terrasse corres-

pond à une réalité scientifique. Lesmurets, qui bordent les terrasses,forment avec elle une quasi para-bole, orientant le rayonnementsolaire vers le ciel. Il conduit, de cefait, à un abaissement de plusieursdegrés par rapport à la températureambiante et celle de l’intérieur de

l’habitation. Dans la maison moza-bite, en allant du rez-de-chaussée àla terrasse, les différents espacesconstituent des climats variés,utilisés selon le moment de la jour-

née et de l’année. La largeur desruelles est réglée à l’échelle hu-maine. Les trajectoires brisées despassages et des rues produisent del’ombre. Elles jouent aussi un rôled’obstacle au passage du vent, decréation de zones fraîches, donnantainsi à la cité, comme ensemble, lesmêmes caractéristiques bioclima-tiques que les habitations qui lacomposent.L’architecture de la vallée du M’zabselon l’architecte André Ravéreau« était déjà écologiste et de dévelop-pement durable avant que cesconcepts ne fleurissent ».

L

UNE RÉALITÉ ENVIRONNEMENTALE

Elle est, un exemple d’habitat bioclimatique

Les moustiquesconquièrent lesforts du Mzab La vallée du Mzab était protégée des mous-tiques et on pouvait dormir en été sur lesterrasses. Mais aujourd’hui, on a tellementrejeté les eaux usées à l’air libre que lesmoustiques envahissent la vallée. Il n y aplus moyen de dormir au clair de lune. Leshabitants doivent installer des climatiseursdans leur maison. L’environnement s’est tantdégradé qu’il devient difficile de construireencore avec des solutions séculaires.

Les valeurs de l’architecture du Sahara

La vallée du M’zab, est situéeaux portes du Sahara à 600 kmau Sud d’Alger. Elle déploie lescinq cités du M’zab : Ghardaia,Mélika, Beni-Isguen, Bounoura,et El Atteuf, entourées de lacélèbre palmeraie où l’on ainventé, il y a plusieurs siècles,le développement durable.

La vallée du M'Zab a été classée par l’UNESCOau patrimoine mondial il y a25 ans

Les tentacules de la vallée du M’zab

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Des airs

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UNE RÉALITÉ PHYSIQUE

a petite Fati ne sait pas que cequ’elle a entre les mains, estun appareil de mesure du

temps très élaboré. Le sablier quiconsiste en une ampoule de verreconstituée de deux compartiments,semble être apparu en Chine. Lesable s'écoule d'une chambre à l'au-tre. L'orifice séparant les deuxchambres a une ouverture d'environdix diamètres de grains. L’écoule-ment du sable, beaucoup plus com-pliqué que celui de l’eau, mesure destemps bien précis.Les sabliers ont peu à peu remplacéles horloges à eau (clepsydres).Lorsque l’on fait couler un filetd’eau par un petit orifice, son débitvarie avec la hauteur d’eau au-dessus de l’orifice. Or, dans un

sablier, le débit reste constant,quasiment jusqu’au moment où lerécipient supérieur est vide. Le sables’auto-organise à l’entrée du goulot :les grains forment alors une voûte,appuyée sur les parois, soutenantainsi l’ensemble du sable. Endessous de cette voûte, se trouventd’autres grains pratiquement libres.Ceux-ci ne supportent pas les poidsde tous les grains qui les surmontent.L’air qui s’infiltre entre les grainspeut faire s’écrouler la voûte,immédiatement remplacée par unenouvelle. A l’échelle de la seconde,ces effondrements successifs sontparfaitement réguliers.Ce principe peut-être identifié à unesituation de catastrophe à la sortie desecours d’une salle, si un incendie se

déclare. Le débit des gensqui s’échappent ne dépendpas totalement du nombrede personnes dans leslieux. Il dépendra de la ca-pacité des gens à se déga-ger de l’agglomération quise forme au niveau de l’is-sue. Des recherches sur lesmatériaux granulaires(sable, blé…), pourraientdonc trouver des applica-

tions, dans la régulation de la circu-lation et le problème des embouteil-lages.A défaut de sable assez fin, les sa-bliers peuvent renfermer de la pou-dre de coquilles d’œufs et demarbre, qui ont une régularitéd’écoulement similaire.Jadis, les marins utilisaient des sa-bliers de 28 secondes pour mesurerleur vitesse en « nœuds ». Ils lancentun morceau de bois attaché à unecorde présentant des noeuds à inter-valles réguliers. Ils retournent le sa-blier et la corde se déroule. Lavitesse du navire est alors donnéepar le nombre de noeuds à la surfacede l'eau.Dans son tableau des « vanités »,Philippe de Champaigne utilise lesablier. Il essaye de montrer la fini-tude de la vie. Ainsi, il symbolise lafragilité et la brièveté de la vie, lamort, et le temps qui passe (la vanitédans ce contexte étant celle de croireà l'éternité des choses du monde).Des utilisations du sablier, il enexiste tant... Bébé Fati voudra-t-elletoujours le prendre pour un jouet ?

Ensemble, les grains de sable prennent la forme d’un récipient et se comportent comme un liquide. Un grain de sable tout seul est unsolide. Tel est le curieux phénomène qui donne toute leur puissanceaux systèmes mi-solides mi-liquides. Le sable en fait, ne s’écoule pascomme un fluide usuel. La simplicité apparente cache une complexitéredoutable.

L

Le sablier : un jouet,et un outil complexe

Marco Polo et Bagnold ont tous deux été intri-gués par le fameux « chant des dunes ». C’estun chant de basse fréquence, parfois entendu à10 km lorsqu’une avalanche de sable se dé-

clenche. Pour que ce phénomène envoûtant seproduise, il faut que le vent ait façonné unedune d’environ 35° de pente (pour du sablesec). La dune est alors instable. Le mouvementsynchronisé des grains provoque la vibration dusol sableux. Celui-ci se comporte comme lamembrane d'un haut parleur qui, vibrant à fai-

ble amplitude, émet un son d’environ 110 dB(équivalent au son émis par le décollage d'unavion). Il n’y a qu’une cinquantaine de « duneschantantes » recensées dans le monde, princi-palement en Chine et en Amérique. A quand lechant au Sahara ?

Le sable chante…

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De désert

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UNE RÉALITÉ PHYSIQUE

Les dunesrampent !

nformé par ses bergers qu’unetempête de sable, a enseveli ungrand nombre de moutons de soncheptel, Fettah est allé constater

les dégâts sur place. Contraint à passer lanuit en plein désert (Atlas saharien, entreLaghouat et Ghardaïa), il remarque ensortant le matin de sa Khaïma (tente), unpaysage différent de celui du jour précé-dent. A-t-il rêvé ? A-t-il été déplacé du-rant son sommeil ?Le changement remarqué par Fettah, estdû à un vent de sable nocturne, qui a faitavancer les dunes. C’est un phénomènetrès courant dans les déserts. Les dunespeuvent même traverser des villages.Les photographies des mers de sables sa-hariennes et celles des rides éoliennes,qui s'étendent perpendiculairement auvent, révèlent la capacité du vent à façon-ner des reliefs réguliers. Ces formes(rides ou dunes) germent, se dévelop-pent, se propagent et se transformentavec le vent. L'écoulement d'un milieu granulaire im-plique le réarrangement des grains lesuns par rapport aux autres. Il suffit dequelques blocs posés sur le sable pouramorcer la formation d’une dune.

Le relief une fois amorcé, les grains rou-lent les uns sur les autres, forment dansleur ascension une pente dont l’angle esttoujours constant. Cette partie exposéediminue fortement la vitesse locale duvent. Le sable se dépose, forme unecongère qui, lorsqu’elle est trop impor-tante, se relaxe et s’effondre dans la facearrière, abritée. C’est la face d’avalanche,qui forme toujours un autre angle, carac-téristique. Le front avant d’une dune est

beaucoup plus compact que la zone ar-rière protégée des vents dominants. Les dunes en croissant, connues sous lenom de « barchanes », sont les plus sim-ples à étudier. Ce sont des dunes éo-liennes, qui se développent dans lesdéserts. Elles peuvent atteindre jusqu'à100 mètres de longueur. Cette longueurrésulterait d'une interaction entre le ventet les grains du sable.Fettah n’a pas rêvé et n’a pas été trans-porté pendant son sommeil par un magi-cien facétieux!

Les dunes de sable sont fréquentesdans les paysages des déserts. L’étude de l'écoulement et laconnaissance des propriétés de sable, relève de la physique des milieux granulaires. Celle-ci tente decomprendre la formation et le comportement des dunes.

I

Prix Nobel de Physique en 1991 (formes complexes de la matière : cris-taux liquides et polymères), Pierre–Gilles de Gennes est né le 24 octobre1932 à Paris. « Isaac Newton de notre temps », c’est ainsi que l’acadé-mie suédoise le qualifie. Ces derniers temps, il s’est beaucoup intéresséau sable des dunes et à différents grains tels que ceux stockés dans lessilos (l’écoulement dans le modèle de de Gennes). Ce chercheur polyva-lent, est aussi le premier physicien à avoir réalisé des travaux sur lesphénomènes d’ordre dans les milieux complexes : les gels, les cristaux li-quides et autres polymères. Ses recherches ont conduit notamment à la

fabrication des écrans plats de téléviseursou d’ordinateurs… . Très modeste, trèsbon communicateur et extrêmement cu-rieux dans la science, il a beaucoup œuvrépour la diffusion de la physique auprèsdes jeunes. Il entreprit une série de conférences dans les collèges et lycéesen France, visitant près de 200 entre 1992 et 1994. Son ouvrage “ ThePhysics of liquid ”, publié en 1974 demeure une référence. Pierre–Gillesde Gennes est décédé le 24 mai 2007.

Les apports d’un très grand physicien

Seule une fine couche de sable coule en surface,alors que la partie inférieure du tas reste immobile

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e phénomène optique estbien connu. Contrairement àune idée reçue, les mirages

ne sont pas propres aux déserts. Onpeut en admirer partout, et sont uneillusion produite dans des conditionsbien particulières. Dans le désert :un sol chauffé par le soleil, un arbretrès loin devant vous, invisible nor-malement. Le dégagement de cha-leur entraîne la formation d'unecouche d'air très chaud piégée par del'air plus froid au-dessus. Ces diffé-rences de température entraînent desdifférences d'indices de réfraction.Les rayons lumineux renvoyés parl’arbre ne se déplacent plus en lignedroite, mais se courbent en raison dela variation del’indice. Commenous voyons tou-jours en lignedroite, l’arbrepeut apparaitre bien plus près que nel'est le "vrai arbre". L’image sur le

sol de cet arbre ou d'un bout du cielnous laisseimaginer unpoint d'eau…Selon la super-position des

couches (couches plus chaudes sousles couches plus froides, le contraire

ou encore couches chaudes etfroides en alternance), on obtient desmirages inférieurs, supérieurs ou lesFata Morgana et Bromosa. Ouf, Dupont et Dupond plongent,mais l’eau est bien plus loin, ilss’écrasent sur le sable chaud.

UNE RÉALITÉ PHYSIQUE

Les lecteurs de Tintin, se rappellent des aventures des deux détectives Dupont et Dupond dans ledésert brûlant de « Tintin au pays de l’or noir ». Nos deux voyageurs, toujours coiffés de leurchapeau noir, voyaient des oasis partout. Ils avaient raison, mais l’eau n’est pas forcément là où ils

le croyaient…

C

Plouf…dans le mirage !

Mirage Inférieur

Contrairement à une idée reçue, les mirages ne sont pas propres auxdéserts. On peut en admirer partout.

Les roses des sables sont des cristallisations de gypse dont la disposi-tion rappelle les pétales de roses. On rencontre ces cristallisations dansdes terrains tendres (sable, argile), principalement dans les déserts.Dans un marais salant, lorsque l’eau s’évapore, au-delà du point de sa-turation, le sel cristallise. Il en va de même pour le sulfate de calcium(Ca SO4) : une eau séléniteuse qui s’évapore dépose du sulfate de cal-cium hydraté. C’est le minéral appelé « gypse ». L’eau que l’on pourrait atteindre en creusant un puits (d’où le nom denappe phréatique) est quelquefois riche en sulfate de calcium. Par capil-larité, elle imbibe le sable. Le soleil, la chaleur et le vent, provoquentune évaporation intense : l’eau migre vers la surface. Entre la nappe etla surface, le gypse commence à cristalliser. Les cristaux, de forme lenti-culaire, sont d’abord de petite taille. Au fur et à mesure de l’apport desulfate de calcium, ils grandissent en englobant un peu du sable danslequel ils croissent. Ces cristaux peuvent être enchevêtrés et associés :c’est la rose des sables. Dans la cassure d’un « pétale » de rose des sables, on peut distinguerles étapes successives de la croissance ainsi que les grains de sable em-prisonnés par le cristal. La couleur de la rose des sables provient decelle du sable.

Genèse de la rose des sables

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es descendants de MonsieurT.M. ont hérité d’une par-celle de palmeraie selon les

préceptes de l’Islam : chaque foisqu’un garçon reçoit deux palmiers,une fille en reçoit un. Chaque enfanta hérité d’une dizaine de palmiersdattiers dans la localité de Toug-gourt. Diplômés des grandes écoleset autres universités, ils préfèrentmieux exercer dans leurs domainesde prédilection que d’entretenir leurspalmiers.Cette palmeraie faisait vivre lesparents avec leurs enfants, à unniveau de vie relativement aisé. Lapalmeraie est complètementabandonnée depuis queT.M. est décédé. Aucundes héritiers ne veut s’enoccuper. Faute d’êtreirrigués, les palmiers souffrent et nedonnent presque plus de récolte.

S’ils n’entreprennent aucune actionpour sauver leur palmeraie, ce petitparadis ne sera plus qu’un vieuxsouvenir. Les initiatives de remembrement etde rachat de cette parcelle ont étévaines. Ni un membre de la fratrie,ni une tierce personne étrangère à lafamille n’a réussi à convaincre

l’ensemble des héritiers. L’Etat seretrouve dans l’incapacité

d’entreprendre la moindre actionpour sauver cette palmeraie puisquela parcelle relève du domaine privé. La loi du 18 novembre 1990 portantorientation foncière, interdit latransformation des terres agricolesen surfaces bâties. La seuleexception pour un agriculteur est deconstruire un logement pour usagepersonnel avec des restrictions desurfaces. Il est également possibledans le cadre de l’exploitation debâtir un hangar pour le stockage, unfrigo, une bergerie, un poulailler, ….Ces constructions sont conditionnéespar l’acceptation d’une commissioninterministérielle qui doit sedéplacer pour faire une enquête etstatuer.La direction des forêts interditformellement de découper lemoindre palmier même s’il se trouvedans un terrain privé. Unedérogation peut être attribuée pourla réhabilitation du patrimoine par laplantation de jeunes arbres enremplacement de ceux qui sontcoupés.Cette opération est d’ailleurssoutenue par l’Etat dans le cadredu programme national dudéveloppement agricole (PNDA).Ne serait-il pas plus opportun decombler ce vide juridique poursauvegarder ce joyau ?

Le problème de morcellement dufoncier est l’une des raisonsmajeures de la dégradation des oasis. La division des terresfamiliales engendre souvent des conflits d’intérêts entre leshéritiers. Ceci mène souvent àl’abandon de ces parcelles.

L

UNE RÉALITÉ ÉCONOMIQUE

Les initiatives de remembrement et de rachat decette parcelle ont été vaines.

L’héritage risque de morcelerles palmeraies

Palmiers abîmés car abandonnéspar leur propriétaires

Un palmier pour deuxBelmehdi Djemoui et son frère el Aaiche ont hérité de leur père Ali d’un seul et unique palmier dat-tier (Variété deglet nour) dans la localité de Béni-Essouède à Touggourt. Ils se partagent la récolte annuelle qui varie entre 1,2 et 1,5 quintal, à raison de soixante-dix dinars le kilogrammeen moyenne. Djemoui travaille actuellement comme gardien de nuit. Il a utilisé ses économies dutemps où il travaillait à la compagnie des chemins de fer pour acheter seize palmiers à proximité decelui dont il a hérité de son père. En parallèle, Djemoui pratique une culture vivrière entre les lignes de ses palmiers. Quelques to-mates par ci, des courges par là et beaucoup de pourpiers pour sa propre consommation. A présent, Djemoui partage ses journées entre son travail et sa petite exploitation en pleine expansion.

Djemoui devant son palmier :une valeur plus affective

qu’économique

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’arbre aux fruits défendus,dans l’histoire d’Adam etEve, est représenté par un

palmier dattier dans les gravuressumériennes. Le palmier dattier estl’une des plantes les plus ancienne-ment cultivées, 5 600 avant l’hégire(environ 5000 ans avant J.C). La diffusion du pal-mier dattier aurait étéprogressive à partir dela vallée du Nil ou de laMésopotamie. Les représentationshiérographiques et les monnaiescarthaginoises, qui portent desfigures de dattier, l’attestent.La culture du palmier dattier aprogressé de l’Egypte vers la Libye.Par la suite, elle rayonne versl’Algérie pour se développer dans le

Souf, l’Oued Rhir, le Tidikelt et laSaoura. Elle s’est propagée enmême temps que les techniqueshydrauliques : puits profondsmaçonnés et irrigation. Cestechniques et la culture du dattiersont des éléments de lacivilisation paléo-méditerranéenne,

ou civilisation des Syrtes, qui estpropagée par les berbèrespréislamiques. La mise en valeur despalmeraies débute au Sahara, dansles derniers siècles avant notre ère etatteint son apogée au Vème - VIème

siècle, avec les Zénètes, lorsquel’usage du dromadaire se généralise.

Les Romains ont

trouvé, en Tunisie et en Libye, desoasis telles qu’on les connaît encoreaujourd’hui. Par la suite, dans lesrégions désertiques, on peut dire quela culture du palmier dattier aaccompagné et illustré l’expansionde l’Islam dans une continuité decivilisation arabo-berbère, devenantainsi l’apanage historique etgéographique du Maghreb-Machreck. Le palmier dattier est letémoin de la civilisationmaghrébine. La chronologie desroutes commerciales arabo-berbères,entre le VIIème et le XIVème siècle,démontre que le palmier dattier et ledromadaire constituent l’armeindispensable à l’installation desoasis.

Le palmier se rencontre en plusieursgroupes d’Oasis sur tout le Sud dupays, il présente une culture domi-nante dans les Zibans, autour de Bis-kra et Tolga, aux Aurès, dans OuedRhir. Dans une zone où l’agricultureest mixte (Oued Souf et Ouargla).Elle est aussi pratiquée à Ghardaïaet Tidikelt, El-goléa, Gourara, Adrar.

Le palmier dattier est un arbre ancestral. Il est introduit enAfrique méditerranéenne par les Phéniciens, puis plus tard, parles caravaniers arabes qui sillonnent le Sahara. Les faits sociaux et historiques, ainsi que la transmission dusavoir-faire de la culture de cette espèce productrice de dattes, ontbeaucoup contribué à sa propagation. Les palmiers (nekhla)représentent le symbole de la civilisation musulmane. Ilsconstituent la base de l’agriculture saharienne.

L

Lait de palmier, jus et vin Quelle est la meilleure façon d’appréhender une longue journée delabeur pour un oasien ? …. Prendre un verre de « lagmi/legmi »bien frais !!! Cette boisson blanchâtre, veloutée, onctueuse, vitami-née, sucrée et très rafraîchissante n’est autre que la sève de palmier.Les vieux palmiers qui ne donnent plus de récolte représentent uneaubaine pour les amateurs de ce breuvage euphorisant. Ils commen-cent par enlever les palmes puis le cœur du palmier. Le liquide estcollecté dans un récipient à travers des rigoles et des tuyaux.Âmes sensibles s’abstenir !! Le liquide peut également être trans-formé en boisson enivrante.La chaleur et les insectes aidant, le lagmi fermente et donne du vinde palmier. On l’appelle lagmi meyet (mort). Un litre de cette bois-son est cédé à 70 dinars Algériens, alcoolisée ou non.

Le palmier dattier et le dromadaire constituentl’arme indispensable à l’installation des oasis.

La chaleur, les fourmis, mouches, abeilles, bourdons et autres cafards aident le lagmi à fermenter

Le dattier, symbole de la civilisation méditerranéenne.

UNE RÉALITÉ ÉCONOMIQUE

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UNE RÉALITÉ ÉCONOMIQUE

Le fruit typiquede l’oasisChaque année, les palmeraies algériennes pro-duisent jusqu’à 30% de dattes non consomma-bles qui constituent un déchet à ne pas négliger.Leur richesse en sucres, offre une possibilité deles valoriser pour la fabrication de produitsdérivés.Certains sont fermentés comme le vin de dattes,l’alcool de dattes, le vinaigre, la vitamine B12, lalevure de boulangerie, ou encore la levure ali-mentaire. D’autres ne sont pas fermentés, commela farine, la pate « Gherss », le miel, le jus, lesirop, et même le sucre. Cette spécialisation fruitière peut apporter unappoint très substantiel et contribuer ainsi à lalutte contre la malnutrition.

Les éléments essentiels d’un fruit énergétique et riche

Le palmier dattier : une véritable galerie d’approvisionnement Les dérivés du dattier.Chaque année, jusqu’à 30% de la production dattière est non consom-mable et constitue un déchet à ne pas négliger. Vu leur richesse en sucres, les dattes offrent une possibilité de les valoriserpour la fabrication de produits dérivés tels que:

Les produits non fermentés : o La farine de dattes o La pâte de dattes o Le miel de dattes o Le jus de dattes o Le sirop de datteso Le sucre de dattes

Les produits fermentés : o Le vin de dattes o L’alcool de dattes o L’acide citrique o La vitamine B12 o Le vinaigre

o La levure de boulangerieet la levure alimentaire.Cette spécialisation fruitière peutapporter un appoint très substantielà la mise en valeur des régionsarides chaudes du globe etcontribue ainsi à la lutte contre lamalnutrition qui sévit dans les paysdéshérités en raison de leursconditions climatiques. Plus dedatte pour plus d’énergie.

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Fermes du désert :le nouvel Eldorado

UNE RÉALITÉ ÉCONOMIQUE

es150 ouvriers permanents etles 60 saisonniers assurentles activités quotidiennes de

la plantation. Six cadres, sous lahoulette du gérant, président, collé-gialement, à la gestion de cetteferme. Sa production est destinéequasi entièrement au marché inter-national.23 000 palmierssont plantés sur200 hectares. La production de dattes est assuréepar 13 000 plants, âgés de plus de7 ans. Le patrimoine variétal dedattes est composé de “ DegletNour “, “ Degla beïda”, de la pâte“ Ghars “. Leur conditionnement sefait sur site dans l’unité ultramoderne de transformation desproduits agricoles. Cette dernièreoccupe une superficie de deuxhectares et emploie 350 ouvriersdont 150 permanents.

L’exportation portait, les annéesprécédentes, seulement sur lapremière variété. 150 tonnes ont étéainsi exportées en 2005 vers laFrance, l’Espagne, le Maroc… Cetteannée, 80 tonnes de la « Degla Beida» qualifiée de variété de deuxièmeclasse sera aussi exportée vers

l’Europe. Les contractants euro-péens suivent, de près et de visu,leurs fruits. Ils supervisent le gros-sissement, le jaunissement et la ma-turité du produit. Le domaine Daouia a été le premierà introduire l’olivier au Sud. Ilcompte, actuellement, 13000 arbresrepartis sur 40 hectares. Cette super-ficie est en continuelle expansion.L’huile recueillie a un taux d’aciditéde 0,7 (la normale est de 0,8). Lesplants, encore jeunes, n’ont pas at-

teint leurs capacités maximales deproduction. La récolte des dattes et des olives estponctuelle. Afin de meubler lestemps morts entre deux récoltes etréduire le coût des charges, descultures maraichères sont réaliséessous 40 serres. Tomates, poivrons,piments sont ainsi cueillis.L’irrigation est assurée grâce à huitforages sur la deuxième nappeassurant ainsi de 30 à 35 l/s àl’hectare. Les arbres ainsi que lesasperges sont irrigués selon la tech-nique dite ‘goutte à goutte’. Un pal-mier reçoit 0,67 l/s alors qu’unolivier en reçoit 0,45. Pour contrerl’évapotranspiration, un paillage estinstallé sous l’arbre. Ses racinesseront ainsi mieux arrosées. Uneautre technique consiste à creuser,autour de l’arbre, un sillon où sontplantés différents plants maraîchers.L’eau y est versée en abondance.Elle assurera ainsi une culturesupplémentaire.L’élevage est l’une des autresfacettes de cette exploitation. Unmillier d’ovins paissent sur les pâtu-rages de la ferme. Ce cheptelatteindra 3000 têtes vers 2010. Lesnoyaux de dattes, d’olives et lesbranchettes de dattes, à forte valeurnutritive, sont broyés et ajoutés àl’alimentation du bétail pour sonengraissement. Trois bergeries sontimplantées dans la plantation.Cette ferme est un exemple ducombat difficile et journalier quelivre l’homme contre la naturequ’est le désert.

Daouia est une ferme modèle d’une superficie agricole utile de612 hectares dont 270 sont exploités. Créée en 1988 et située à 10 km d’El Oued, sur la route de Touggourt, elle est la plus

importante exploitation du sud algérien. Chaque année, desdunes de sables sont excavées pour donner place à des terrescultivables.

Le palmier et l’olivier unis pour le meilleur et pour le pire

L

80 tonnes de la « Degla Beida » qualifiée de variété dedeuxième classe sera aussi exportée vers l’Europe

Culture sous palmiers

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UNE RÉALITÉ ÉCONOMIQUE

La pomme de terre :une bonne affaire

ouer une parcelle d’unhectare, acheter la semence,enrichir le sol par des déchets

de volailles, assurer l’irrigationquotidienne et, en dernier, payer lafacture d’électricité de la pompe etdu pivot sont les différentes étapesde l’investissement. Ce dernierrevient environ à 500.000 DA.Il y a deux campagnes par an : lasaison d’hiver, où l’ensemencementse fait en février et la récolte en juinet l’arrière saison en août et janvierrespectivement. Le rendement peutatteindre les quatre cent quintaux àl’hectare. L’agriculteur double alorsson investissement.La culture de la pomme de terre aété introduite à El Oued, en 1997,par un agriculteur de la communed’El Mnaguer. L’Etat a instauré lesoutien àcette cultureen 2000 afinde la déve-lopper et inciter les jeunes à s’inves-tir dans ce domaine. Dans le cadre

du plan national de développementagricole, les jeunes diplômés univer-sitaires ont bénéficié de concessionde terres, de matériel agricole, depivots d’irrigation et de bassins.

En 2006, laproduction dela wilaya atteintles 175.000tonnes alors

que la consommation départemen-tale n’est que de 40.000 tonnes.

Le surplus est envoyé vers les diffé-rentes wilayates du pays. Un essairéussi d’exportation de 20 tonnesvers l’Italie a été effectué.

Un accord cadre entre des produc-teurs de pomme de terre et ungroupe italien a été signé, le 20janvier 2007, sous l’égide de lachambre d’agriculture.Cette année, les récoltes de pommede terre des régions du Nord ont ététouchées par une maladie le mildiou.Aussi, la récolte d’El Oued estvenue à point pour parer à ce déficitet assurer la régulation du marché.

Bonne note pour l’aspergeUn hectare de la plantation Daouia est réservé à la culture d’asperges blanches etvertes. C’est l’unique expérience en Algérie. L’asperge n’entre pas dans la culture cu-linaire algérienne. Aussi, toute la production est destinée à l’exportation. Les pa-pilles des dégustateurs lui décernent une très bonne note pour son gout et sa saveur.Suite à cet essai concluant, la superficie plantée passera à 10 hectares l’année pro-chaine. Cette culture stratégique est demandée sur le marché mondial. L’asperge al-gérienne est disponible sur le marché européen 40 et 25 jours avant celles provenantde l’Amérique latine et du Maroc respectivement.

Le Sud au secours du Nord

Réalité ou mirage

Ali, 26 ans, licencié en sciences financières, reconverti en chauffeurde taxi, qualifie de drogue « Hallal » la culture de la pomme deterre à El Oued. D’après son expérience, il suffit de peu pourgagner beaucoup.

L

Le rendement peut atteindre les quatrecent quintaux à l’hectare.

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es capacités de productiondevraient passer de 1,4million de barils/jour en

2005 à deux millions de barils/jouren 2010.Les ressources enhydrocarbures dupays restent tout demême sous-exploitées. On prévoit leforage de 60 puits d’exploration en2007. Mais ce chiffre est trop éloi-gné de la moyenne internationale :100 puits par 10.000 kilomètrescarrés. Il y a 90.000 km carrés enexploration.Le potentiel hydrocarbure du paysest ainsi important. Les zones pro-metteuses sont le pourtour de HassiMessaoud pour le pétrole, Illizipour le brut et le gaz, Reggane,Gourara et Timimoun pour le gaz.On assimile Hassi Berkine à unezone à fort potentiel gazier. La plusimportante découverte de l'Algérie,probablement du continent, a étéréalisée par Anadarko en1990. Lesdonnées sismiques sont difficiles àanalyser au Sahara à cause desdunes de sables. Pourtant cette com-pagnie a effectué la plus grandeacquisition et analyse sismiquetridimensionnelle du monde surterre ferme. Le résultat a été ladécouverte d’un énorme gisement àHassi Berkine sur le bassin de Gha-dames. Anadarko a estimé le mon-tant des réserves prouvées à plus de11 milliards de barils. Les nouveaux gisements mis en ex-ploitation sont de plus en plus éloi-gnés de Hassi Messaoud, le grandpôle de l'industrie pétrolière algé-

rienne. D’autres infrastructurespétrolières se développent partout auSahara, ce qui augmente la rentabi-lité des gisements. Le taux de récu-pération devrait s'élever grâce à de

nouveaux plans de forage et àl'introduction de nouvelles tech-niques d’extraction. Au rythme actuel de production,

selon les experts, la durée de vie del'exploitation pétrolière a été portéeà trente cinq ans, contre vingt ansseulement en 1993. Le principal

atout énergétique de l'Algérie restele gaz naturel. Avec des réserves de4.500 milliards de mètres cubes, ceschiffres devraient augmenter aucours des prochaines années avec lamise en exploitation de nouveauxgisements.Mais ne nous trompons nous pas ?La demande locale est tellementforte qu’elle exercera des pressionssur les réserves au cours des deuxprochaines décennies. La recherched’autres sources d’énergie alterna-tives au pétrole est désormais inévi-table. L'Algérie a besoind'investissements colossaux. Elledoit accélérer la libéralisation dusecteur et multiplier les partenariatsentre Sonatrach et les compagniesétrangères. Elle doit aussi, très vite,songer à l'après-pétrole ets'employer à développer d’autressources d’énergie.

Sonatrach, en partenariat avec de grandes compagniesinternationales a enregistré 12 nouvelles découvertes enhydrocarbures pour le premier semestre de l’année 2007. La Sonatrach a enregistré en 2006 la découverte de 250 millionsde tonnes équivalent pétrole. C’est le résultat de l’intensificationdes travaux d’exploration.

S

L’énergie renouvelable une premièreAvec un potentiel de réserve en hydrocarbures qui décline, l’Algérie a besoin de développerd’autres sources d’énergie. Son exposition, aux portes du Sahara un soleil régulier et puissantlui confère d’indéniables avantages énergétiques. C’est dans ce contexte que vient d’être officia-lisé le lancement d’une centrale hybride solaire/gaz de 150 MW, dont 25 MW en solaire. Ellesera en production dés 2009 et sera implanté à Hassi R’mel. Elle utilisera le gaz du gisementet aussi l’énergie solaire qui permettrait de l’avis du promoteur, la société Neal, d’économiser38000m3 de gaz tous les ans. Le projet va être réalisé avec la compagnie espagnole AbenerEnergia, spécialiste dans le domaine.

Le résultat a été la découverte d’un énorme gise-ment à Hassi Berkine sur le bassin de Ghadames.

Le Sahara :sous exploré - sous exploité

UNE RÉALITÉ ÉCONOMIQUE

En quête de pétrole, toujours plus loinLes dernières gouttes

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De désert

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UNE RÉALITÉ ÉCONOMIQUE

"Dihé" : une galetteaux algues bleues

es galettes traditionnellessont préparées au Tchad sousle nom de Dihé. Elles sont

faites à partir d’une algue bleue,appelée la Spiruline. Cette algue ades propriétés nutritives très utilespour l’homme. Elle est très riche envitamines (une douzaine), en parti-culier la provitamine A (béta-caro-tène), la vitamine E, la vitamineB12. De nombreux minéraux sontégalement présentscomme le magné-sium, le zinc, le cal-cium, le potassium, lesodium ou encore le fer, dont la trèshaute teneur est absolument remar-quable. Ainsi la spiruline est au-jourd'hui utilisée pour la lutte contrel'anémie, le cholestérol, le diabète etbien entendu pour combattre la mal-nutrition.

L’ethnologue cinéaste Brandily si-

gnale, que la population du nord duTchad se nourrit d'algues depuis lestemps les plus anciens. Il s'agit desKanembous. On a également décou-vert la spiruline dans la ration ali-mentaire des Aztèques du Mexique.Encore utilisée de nos jours, cesalgues qui s'accumulent à la surfacedes mares sont recueillies dans despaniers de vannerie puis séchées surle sable au soleil.

Elles servent ensuite à la fabricationde galettes de "Dihé", faciles àconserver et sont vendues en parti-culier aux Touaregs voisins. En Algérie la spiruline n’est qu’austade expérimental.

La principale caractéristique de laspiruline est de vivre dans des eauxsaumâtres, ensoleillées et tièdes. Onvoit la surface d'un bassin de spiru-line mousser. Il s'agit en fait desbulles d’oxygène qui se dégage parphotosynthèse de la spiruline.La spiruline fait partie des micro-or-

ganismes, comme les levures. C'estune cyanobactérie, cyano " couleurbleue", et bactérie parce qu'elleappartenant au groupe des êtresunicellulaires à structure simple,mobiles, se reproduisant par scis-sion.

Les algues bleues auraient été un despremiers êtres vivants sur terre.Elles se rencontrent dans les lacs,étangs, marécages. Elles auraientcontribué à l'apparition de l'oxygènedans l'atmosphère terrestre.

L'Algérie fait partie des rarespays dans le monde où l’on cultive de la spiruline.C’est dans la région deTamanrasset qu’on vient delancer la production de cetteespèce d'algue. Une autreespèce de spiruline, localiséedans un lac de la région d'ElGoléa fait l’objet d’un projet derecherche, l’objectif étantd'obtenir une production del'énergie biohydrogène

La spiruline est aujourd'hui utilisée pour la luttecontre l'anémie, le cholestérol, le diabète et bien en-

tendu pour combattre la malnutrition.

La spiruline : le ” steak de la mer” La spiruline est une micro algue, qui a des propriétés nutritionnelles surprenantes. Elle est utili-sée sous forme de poudre à ajouter aux préparations alimentaires salées. Elle existe aussi sousforme de gélules à prendre au moment des repas,... ou déjà incluse dans certains plats. Le tauxd'assimilation de ses protéines est 60% plus facile que celles de la viande. Composée à environ65 % de protéine, et d'une forte concentration de fer, la spiruline ne comprend ni graisse ni cho-lestérol.

D

Séchage

Récolte

Culture artisanale

Conditionnements

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Des airs

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UNE RÉALITÉ ÉCONOMIQUE

Le méhari : cheval du désert.

n général, le galop ne s'ob-tient qu'après de longs ef-forts, beaucoup de coups et

de cris, qui affolent l'animal. Cetteallure, chez le chameau, est désor-donnée, spasmodique, absurde, ondirait une quinte de toux, quelquechose d’anormal et de maladif. Unexcellent méhari peut dépasser unpeu six kilomètres à l'heure, à condi-tion de l'exciter incessamment parun mouvement machinal et ininter-rompu du pied ou de la cravache. Le méhari est l'animal du nomadepar excellence. Grâce à lui, le targuiparcourt des kilomè-tres dans le désert, à larecherche de pâturageset de l’eau pour lesbêtes. Le Méhari est noble, par sacouleur, son allure, sa morphologielongiligne. C'est un animal adapté àla course et aux razzias dans le dé-sert saharien. On le trouve danstoute la zone centrale du Sahara,dans divers pays où il porte diffé-rents noms, mais son berceau d'ori-gine reste le centre et le sud del'Algérie. Comme tous les chameaux, la rationdu méhari est très épicée et à saveurâcre et salée. Elle est composée

essentiellement de boules ou de ra-meaux épais succulents et aroma-tiques. La nourriture est sous formede tiges minces, coriaces et cou-pantes appelées localement " diss ".Ajouter à cela de petits arbustes dé-sertiques, comme le " hâd ", lesfeuilles de mimosas et de gommiers,

ainsi que les épines dures, acéréescomme des pointes d'acier. Le cha-meau les cueille négligemment avecses longues lèvres de cuir, ce qui pa-raît un record d'avaleur d'épingles.Chez les touaregs, le chameau neconstitue pas un simple capital.L’élevage nomade est éxigeant. Lachamelle permet la production lai-tière la plus importante de tous lesanimaux domestiques. Le lait, augoût salé, est toujours consommé etjamais commercialisé. Ce dernier est

bénéfique pour le foie. Il donne unjoli teint aux femmes. La viande dechameau est très prisée. C’est lareine du steak haché. Elle est recon-nue pour ses qualités nutritionnelleset thérapeutiques. En plus du lait etde la viande, le chameau peut pro-duire de 4 à 12 kilogrammes de lainepar an, utilisée dans le tissage d’ha-bits traditionnels tels que le burnous.Cet animal de selle, que tout hommeadulte souhaite posséder est préféréavec une robe unie, claire. Chaquejeune homme proclame qu'il pos-sède la monture la plus belle et laplus rapide. Il défie tous les autres àla course et dans des concours, oùchacun veut prouver que son cha-meau est le mieux dressé. Pour sa démarche rapide, le méhariest souvent utilisé dans les caravanestouristiques. Le méhari est auxTouaregs du Sud, ce qu’est le chevalaux habitants du Nord. Il est choisipour ses allures et ses promessesd'avenir.

Que la cadence nonchalante dudromadaire ne vous leurre pas.Le méhari, une race cameline,peut atteindre les troiskilomètres et demi à l'heure.C’est un chameau bien doué etbien dressé, suite à desentraînements progressifsdepuis son enfance. La taille del'animal et la longueur de sesjambes le rendent cependantsuffisamment rapide

EMehari, animal de course

Pour sa démarche rapide le méhari est souventutilisé dans les caravanes touristiques

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De désert

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UNE RÉALITÉ CULTURELLE

partir des poèmes d’IbrahimRIAHI, des exégètes ontconclu que la mosquée de

Tamelaht à Temacine (Touggourt) aété reconstruite bien avant l’an 1348de l’hégire. La préservation dumanuscrit contenant ces poèmes apermis de faire d’intéressantesdécouvertes. Les bibliothèques du désert, commecelle de Temacine contiennent nonseulement des livres du Coran maiségalement des traités d’histoire, depoésie et autres livres scientifiques :astronomie, mathématiques, méde-cine, grammaire, géographie, …cequi dénote de la richesse de leurcontenu. L’abondance de livres duCoran s’explique par le rassemble-ment des pèlerins de ce secteur enpartance vers la Mecque. Cet inestimable patrimoine se trouveen danger permanent. En plus desinsectes, de l’acidité, de la chaleur,le sable agit comme abrasif aucontact du papier. Les maisonstraditionnelles, constituées enlabyrinthe de couloirs sombres etbas, débouchent sur des caves. Leclimat étant sec, les caves sontl’endroit idéal pour éviter de grandsécarts de température. Le papier est fabriqué en différentesépaisseurs à base de vieux chiffons.Pour le préserver des insectes, unprocédé traditionnel a été utilisé,surtout en période de grandeschaleurs. Certaines colles végétaleset organiques étant particulièrementattirantes pour ces petites bestioles,des feuilles de lauriers, répulsifnaturel contre les insectes furententreposées à l’intérieur des livres.

Cette tradition ancestrale s’estavérée très efficace. Elle a étéétendue à la préservation desvêtements et couvertures. La formule de fabrication de l’encreest un autre aspect de laconservation. L’encre de carbone estcomposée d’un mélange de lainebrûlée et d’eau sucrée, ce quiaugmente sa stabilité dans le temps.D’autres la fabriquent à partir d’unamalgame de cendres de palmes etde lagmi (voir page 16).

Ces deux formules sont trèsefficaces pour la préservation desmanuscrits, puisqu’elles necontiennent qu’une quantité infimed’acide. Ce dernier provoquerait des

réactions chimiques détériorant lepapier en le rendant cassant. Quand les fabricants et lespropriétaires de ces manuscritsrespectent ces précautions, onremarque que ceux-ci demeurentintacts. A la zaouïa Tidjania deGuemar (El Oued), un livre dehadith (paroles du prophèteMohamed QSSSL) vieux de 719 ansest en très bon état. Il a été transcritpar Abbas Chihab-Eddine AhmedBen Mohamed Ibn Abi Bakr ElKastalani. Les usages de préservation n’étantpas généralisés, plusieurs détenteursde manuscrits n’ont pu que constaterl’étendue des dégâts.Le recensement et le catalogage de

ce patrimoinesont en cours.L’ultime étapesera de scannerce trésor et de le

mettre sous format électronique,notamment en fichiers PDF. Il seraalors à la disposition de toutchercheur ou personneintéressée…mais, qui verra lerésultat de ce travail colossal.

“Les makhtoutates ‘’, qui constituent la mémoire des hommes, ontété transcrits par plusieurs générations de scribes. Une grandepartie de ces manuscrits est jalousement conservée dans desbibliothèques familiales. Le reste est soigneusement gardé dansles zaouïas (écoles coraniques).

A

Cet inestimable patrimoine se trouve en danger per-manent. En plus des insectes, de l’acidité, de la cha-

leur, le sable agit comme abrasif au contact du papier.

Des manuscrits qui ont traversé les âges

Plus de vers dans les papiers !

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Des airs

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Imzad est posé sur les ge-noux des femmes, il esttenu sur les cuisses, un peucomme un nourrisson (la

demi calebasse inclinée de 3/4).Lamusique accompagne une poésie quirévèle la profondeur de l'âme tar-guie. La joueuse d'Imzad est de rangnoble. Elle exécute dans la perfec-tion et l'élégance, les partitions oules airs.Son jeu attendrit les hommesau plus profond de leur âme.Ces femmes terguies, sont soigneu-sement embellies, les bras cerclésd'argent, les nattes de leurs cheveuxhuilés encadrant leurs sombresvoiles. Elles transmettent pendantdes heures, les récits qui représen-tent des messages aux personnes

adorées. L’Imzad raconte leurculture, leur amour du beau, leur vie;ce sentiment grandiose de liberté etde poésie. L'Imzad valorise la femme qui restesans conteste, le pilier central de la

communauté vers lequel tous les re-gards convergent. C'est une musiquepopulaire à transmission orale auxintonations linguistiques du dialectedu Tamacheq ,du temps de la reinemystique du Ahaggar Tinhinan.

UNE RÉALITÉ CULTURELLE

Sous un ciel étoilé, l’Imzad transmet un message

Luth et imzad

L’

Les Terguiates, aux mainslongues et fines jouent àl’Imzad dans les « qaâda », ou veillées conviviales.

Parade nuptialeDans la tradition du Souf, l’homme ne pouvait rencontrer sa future épouseque lors de fêtes appelées « Mehfel » organisées le soir, au clair de lune. Les jeunes femmes sont prises en charge par de vieilles dames pour leurmaquillage, l’habillement, parfums et bijoux traditionnels en argent (Lesnomades ne portent pas d’or). Les demoiselles arrivent, sous la conduited'une vieille femme, le visage couvert d'un voile fin pour entamer ladanse du ‘nakh’ ou ‘noukh’.Elles s'accroupissent devant les chanteurs qui entonnent des chantsappropriés, souvent improvisés. C'est à ce moment que la vieille dame quidirige la danse dévoile, une à une, les jeunes filles, découvrant ainsi leurabondante chevelure, rejetée sur le dos. Le torse bombé, la tête inclinéevers l'arrière, elles suivent le rythme des chants et des applaudissements.Les danseuses impriment à leurs cheveux des mouvements d’ondulations,combinés à une rotation de la nuque. Seules les chevelures et la nuquesont en mouvement, grâce à la souplesse du cou. Le "Noukh" est propre au Souf. Aujourd’hui disparu, il n'était pratiquédans aucune autre région d'Algérie ou du monde, à l'exception de la tribudes Soulaïbia, en Syrie. Le nakh, une tradition perdue

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UNE RÉALITÉ CULTURELLE

Les âges des peintures et gravures pariétales

es hommes, d’après le PrS.Hachi, directeur du centrenational des études et re-

cherches préhistoriques, anthropolo-giques et historiques (CNRPAH),auraient vécu, il y a plus de 20 000ou 30 000 ans. Du coup, l’art pariétal dans la région du Hoggar serait-il,le plus vieux du monde ? A Tin Tarabine, une des troisprincipales stations de l’expéditiond’avril 2007, une dalle de plusieursmètres carrés témoigne del’existence d’une activité humainedans le Hoggar : des attelages debovidés, des girafes, des rhinocérossont représentés avec art et minutie.D’autres rupestres illustrent desscènes de personnes s’adonnant àdes rituels religieux, de magie ou àdes activités quotidiennes,

probablement la chasse oul’agriculture. Ces scènes rendentbien compte de l’aspect«communautaire » des peuplades duHoggar. L'examen de la faune représentée

permet d’affirmer qu’à l’époque leclimat était plus humide. Leshommes, vers 10000 ans, ont en-tamé un processus civilisateur, donttémoignent encore les rupestres dansla région de l’Immidir, de Tin Tara-bine et de Tefedest, à quelques400km au nord de Tamanrasset. Depuis 2005, de nouvelles tech-niques d’infographie ont donné desrésultats très concluants. Les relevés systématiques sont dés-

ormais réalisés par la combinaisonde plusieurs logiciels. « Sans tou-cher à l’authenticité des peintures,les nouvelles techniques nous ontpermis de mieux faire paraître lestraits, la texture même de la roche,s’agissant du granite, du grès outoute autre fond . Ainsi, nous avonspu obtenir des contrastes et dégagerde nouveaux éléments, invisibles ily a seulement quelques années », ex-

plique Yacine Moussaoui, chargéd’études au CNRPAH.De l'avis des chercheurs, les plusanciennes gravures sont la mani-

festation du Néolithique saharien,même s’il demeure difficile d’établirune datation précise. Le désert, ber-ceau du monothéisme, serait-il aussile berceau de l’humanité toute en-tière. La région du Hoggar (500.000km2) est un territoire en friche. Lesprochaines investigations, à partir dumois d’octobre 2007 apporteront,peut être, les réponses nécessaires.

Des ossements humains vieux de près de 30000 ans viennentd’être découverts dans le Hoggar. Si l’on parvient à établir le lienavec les restes d’art rupestre découverts dans la région,ils témoignent d’une des plus vielles civilisations du monde.

CLe désert, berceau du monothéisme, serait-ilaussi le berceau de l’humanité toute entière ?

Nouvelles lumièressur l’art rupestre

La science préhistorique des œuvres rupestres est subdivisée en quatregrandes périodes a) Les "têtes rondes" : 10 000 ans d'âge. L’homme est représenté d’unemanière anonyme, sans traits de visage, tête en forme de cercle. Le mondeanimal est peu évoqué. Il y a présence de motifs religieux.b) Le bovidien :8000 ans à 4000 ans. Apparition des animaux à cornes.Elégance des formes, maîtrise des couleurs et de la perspective. Les gra-vures représentent des réalités tangibles : des objets, des êtres mis en

scène. Des cérémonies et des rituels de magie sont aussi présents. c)Les phases caballine et cameline : moins de 4000 ans d'âge : on voit ap-paraître le chameau et le cheval. Le dessin, plus dépouillé, est réduit à sestraits essentiels pour exprimer, à l'inverse de la phase précédente, desréalités moins nombreuses, moins diversifiées et, à première vue, plus tri-viales.En dehors de l’art rupestre, le Néolithique se dit de l’époque de lapierre polie (environ -11000 ans de la date actuelle)

CNRPAH07 Tédefest - parc national de l’Ahaggar. Photo Y.MoussaouiUn bovidé, couleur et perspective maîtrisées Personnages et bovidés Scène de chasse

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Des airs

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es Arabes sont des gens duverbe. Ils sont dans leurmajorité des habitants desdéserts, en particulier de la

péninsule arabe ; d’où le lien dela littérature arabe à la vie dudésert. Cette littérature est presqueexclusivement poétique, adoptantnotamment la qasida, ode préisla-mique qui incarne la perfectionabsolue dans lapoésie arabe. Elle présente troismouvements : la déploration du poète devant lecamp abandonné par la femmeaimée et par sa tribu, la descriptionde la monture du poète, et leslouanges de la communauté ou lasatire des tribus ennemies. Unecentaine de ces poèmes, composésenviron un siècle avant la venue duProphète Mohammed (Qsssl), ontété préservés. Ils sont un précieuxtémoignage de la vie des bédouins,de leurs amours et de leurs haines,de leurs ambitions, de leurs voyagesà travers les déserts, ou encore deleurs batailles et de leurs rivalités.Les poètes les plusadmirés de

cette époque pré-musulmane sontAmr ibn Kulthum et Imru al-Qays,prince, guerrier et poète. Les plusbelles odes de ces poètes font partiedes sept chefs-d’œuvre poétiquesréunis sous le nom de Muallaqat. Ilsfurent écrits en or sur des parche-mins suspendus dans la Kaaba, dansla grande mosquée de la Mecque. La littérature arabe continua long-

temps à s’inspirer du désert. Sous lecalifat des Abbassides, dont lacapitale était la prestigieuse Bagdad,le plus grand poète fut Al Mutanabbi(915 - 965). Sa Qasida dans laquelleil évoque les chevaux et le désert estconnue de tous. Les déserts où sont nées les troisreligions monothéistes, ont aussiexercé leur fascination sur lesmystiques, les aventuriers, lesécrivains, les poètes occidentaux:Hérodote, Marco Polo, RenéCaillié, Isabelle Eberhardt, AndréGide, Lawrence d’Arabie,Saint-Exupéry, le pèrede Foucault,

Théodore Monod… Certains l’ont même donné commetitre de leurs œuvres comme Jean-Marie Gustave Le Clézio, Désert(1992 ). Saint-Exupéry, ce pilote amoureuxdu Sahara écrivit un conte trèscélèbre « Le petit prince » publié en1943. Son texte transforme le déserten métaphore de l’existencehumaine. Pour sa part, Mohamed Dib revientau désert après un long exil dans lespaysages enneigés du grand Nord. Ilpublie successivement quatreouvrages abordant le thèmedésertique : Le désert sans détour(1992), L’Infante Maure (1994),L’aube Ismaël (1997) et L’arbre àdires (1998). La littérature relative au désert estaussi diversifiée que le sont lespaysages désertiques de notreplanète. Car si le désert estsynonyme de sécheresse, famine,pauvreté, c’est aussi la beauté, lamultitude, le rêve, le silence...

Mohamed Dib revient au désert après un long exildans les paysages enneigés du grand Nord.

UNE RÉALITÉ CULTURELLE

« J'ai toujours aimé le désert. On s'assoit sur une dune de sable.On ne voit rien. On n'entend rien. Et cependant quelque choserayonne en silence. »

Antoine de Saint-Exupéry (Le petit prince)

L

L’inspiration despoètes et des écrivains

Isabelle EBERHARDT

Saint-Exupery

Mohamed DIB

J-M Gustave Le Clézio

Illustrations : Nabila AKLI

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s

De désert

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UNE RÉALITÉ CULTURELLE

Proverbes et citations

Dans le désert, on peut toujours tomber sur une oasis Fatou Diome

Le ventre de l’Atlantique

Que l’on parle bien quand onparle dans le désert.

André Gide Les cahiers de la petite dame

On s’ennuie tellementAlors la nuit quand je dors

Je pars avec ThéodoreDehors, dehors, dehors, dehors

Marcher dans le désertMarcher dans les pierres

Marcher des journées entièresMarcher dans le désert

Dormir dehorsCoucher sur le sable d’or

Les satellites et les météoresDormir dehorsAlain SouchonLa vie Théodore

Parler du désert, ne serait-ce pas,d'abord, se taire,

comme lui, et lui rendre hommage

non de nos vainsbavardages mais de notre silence?Théodore Monod

Ce qui embellit ledésert, dit le petitprince, c'est qu'il

cache un puitsquelque part...

Antoine de Saint-Exupéry

Le Petit Prince

Le désert est la seule chose qui ne puisseêtre détruite que par construction.

Boris Vian

"Les secrets du désert, si tu les connaissais, tuserais de mon avis; mais tu les ignores,

et l'ignorance engendre le mal. Si tu t'étais unefois éveillé au milieu du Sahara, si tu avais ef-fleuré de tes pieds ce tapis de sable parsemé

de fleurs semblables à des perles, tu aurais ap-précié notre végétation, l'étrange variété de

ses couleurs, sa grâce et son parfum; tu auraisrespiré cette brise parfumée qui nous fait vivredeux fois, car ce souffle-là ne passe pas sur les

villes impures."Emir Abd el-Kader

Les Chevaux du Sahara, 1855

"Souvent, le désert,c'est l'idée que l'ons'en fait. On le rêve,on l'espère, on l'em-

bellit, et un jour on ledécouvre et on ne sait

pas que penser ouque dire. Il nous inti-

mide et nouscontraint au silence.Les mots glissent surle sable. On observele soleil couchant, onest émerveillé par lasubtilité des couleurs.Et puis on retourne àsoi, à ses pensées, àla durée intérieure.

Mais le désert n'a desens que si l'on prendle temps d'y séjour-ner. Sinon, il ne se

livre pas, il ne donnerien. Il reste une cartepostale, l'image d'un

souvenir qui s'en-nuie."

Tahar Ben JellounL'Express du 16 mars 2000

La différence entre un jardin et un désert,ce n'est pas l'eau, c'est l'homme.

Proverbe touareg

Si tu chantes la beauté mêmedans la solitude du désert, tutrouveras une oreille attentive

Khallil Gibran Le sable et l’écume

Il n'y a pas de plus grandeémotion que d'entrer dans le

désert.J.M.G. le Clézio

Gens des nuages

Il n’y a que le désert qui guérisse le désespoir: on peut y pleurer sanscrainte de faire déborder un fleuve

Ahmadou Kourouma En attendant le vote des bêtes sauvages

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R’fiss.Mettre la semoule dans une poêle. Dorer au feu doux .La mélanger dans une terrine, aux

dattes lavées et dénoyautées. Ajouter au fur et à mesure le beurre fondu. Puis raffermir et

former des petites boules.

Couscous avec la sauce aux dattes Dans une marmite, mettez trois bons morceaux de viande d’agneau, deux oignions épluchés finement. Laissez

mijoter à petit feu pendant 15mn. Ajoutez 250g de citrouille avec des carottes, de la pomme de terre et de la cour-

gette coupés en dés. Couvrez avec de l’eau. Laissez cuire pendant 40 mn. En parallèle nettoyez les dattes (250g),

faites-les cuire pendant 15 à 20mn. Passez-les à la moulinette. Ajoutez la sauce de dattes obtenue dans la mar-

mite laissez cuire. Enlevez du feu une fois la sauce est moyennement consistante. Utilisez accompagnée du cous-

cous.

Makrout ettmar

Dans une terrine, mettre trois mesures de semoule moyenne en fon-

taine, ajouter une pincée de sel, verser successivement une mesure de

smen, tout en travaillant la pate. Ajouter au fur et à mesure de l’eau

(une mesure) mélangé au “mazhar” jusqu’à l’obtention d’une pâte ho-

mogène. Faites des bandes de 05 cm d’épaisseur. Creusez un tunnel au

milieu que vous remplissez de dattes de gherss. Former des losanges

avec l’emporte pièce makrout et garnir d’un clou de girofle au milieu.

Mettre ensuite au four préchauffé à 200°C. Mielez une fois refroidis.

Sbiaat laroussa

La pate se prépare avec 3 mesures de farine mélangées dans une terrine à une mesure de sucre

glace, une pincée de sel, puis une mesure de beurre fondu. Verser successivement une mesure d’eau

de fleur d’oranger. Bien travailler l’ensemble jusqu'à l’obtention d’une pâte ferme. Puis préparer une

farce avec 500g de pate de dattes (gherss), du zeste de citron, des grains de sésame grillés, et

quelques clous de girofle pilés. Reprendre la première pâte, en former des lanières, les ramollir au

rouleau jusqu'à 0.4 cm, puis les modeler avec le moule de griwèche. Et dans chaque pièce formée,

déposer la farce en forme de cigare de bout en bout, et en diagonale, puis la rouler de sorte à avoir

l’aspect d’un doigt. Procéder de la même manière pour le reste de la pâte. Metter au four à feu

moyen. Une fois refroidis, badigeonner -les de miel, et saupoudrer de grains de sésame.

L’homme Targui se taguelmouste la tête.Le " Taguelmoust", est un chèche, ou un turban d'environ 4 à 5 mètres de long qui s'enroule sur la tête pour se protéger du soleil, du vent, de la pluie, dusable, du froid. Traditionnellement, ce turban constitue la pièce maîtresse du vêtement masculin. Selon Charles de Foucauld, « Le voile de front et debouche ainsi que le pantalon sont les vêtements distinctifs de l'homme ». Un homme jeune, devant une personne âgée, ne découvre son visage que parune fente où brillent deux yeux et introduit le verre à thé sous le voile sans découvrir sa bouche. Souvent indigo, le chèche est fait à partir de lin avec untissage complexe. Il est porté les jours de fête et pendant le froid, car il est plus chaud que le chèche en coton. Symbole de bravoure, la couleur bleue chezles Touaregs est associée à la noblesse de leur attitude et à la crainte que nourrissent les populations sédentaires à leur égard.

C’est une teinture qui tend à déteindre sur la peau, donnant au targui le surnom d'homme bleu.