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ÉVALUATION DE L'APPUI AU SECTEUR PRIVÉ PAR LA COOPÉRATION BELGE AU DÉVELOPPEMENT
Mai 2018
© SPF Affaires étrangères, Commerce extérieur et Coopération au Développement
Mai 2018
Impression
: Service Imprimerie SPF
Copyrights des photos de couverture (de haut en bas) : 1. Tanzanie : Enabel - projet d’apiculture dans la région de Kigoma2. Rwanda : SES - coopérative de travail du cuir au Rwanda3. Pérou : ADE - association de femmes et leurs produits �nis en matière de cacao
Dépôt légal : 0218/2018/017
Ce document est disponible en format PDF en néerlandais et en français sur le site https://diplomatie.belgium.be/fr/politique/cooperation_au_developpement/nos_methodes_de_travail/service_evaluation_speciale/rapports, ou auprès du Service de l’Évaluation spéciale.
Le rapport sera cité comme suit :
SES (2018), Évaluation de l’appui au secteur privé par la coopération belge au développement, SPF Affaires étrangères, Commerce extérieuret Coopération au Développement, Bruxelles.
Service public fédéral Affaires étrangères, Commerce extérieur et Coopération au Développement
Service de l’Évaluation spéciale
de la Coopération belge au Développement
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au
développement
Rapport final
Volume I
Mai 2018
La présente évaluation est réalisée par ADE (www.ade.eu).
Les opinions exprimées dans ce document représentent les points de vue des auteurs et
ne reflètent pas nécessairement celles du SPF Affaires étrangères, Commerce extérieur
et Coopération au Développement.
Rue de Clairvaux 40, Bte 101
1348 Louvain-la-Neuve (Belgique)
+32 10 45 45 10
www.ade.eu
Evaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
Table des matières
Table des matières ............................................................................... 3
Acronymes ........................................................................................... 7
Résumé................................................................................................ 8
Introduction......................................................................................8
1. Introduction ............................................................................... 1
1.1 Sujet, objectifs et champ.............................................................1
1.2 Contexte ..................................................................................2
1.3 Méthodologie.............................................................................2
2. Cartographie basée sur PRISMA .................................................. 9
3. Réponses aux Questions d’évaluation .........................................15
3.1 Q1 Stratégie ........................................................................... 16
3.2 Q2 Modèle opérationnel............................................................. 29
3.3 Q3 Pertinence des interventions .................................................. 38
3.4 Q4 Coordination et complémentarité............................................ 47
3.5 Q5 Résultats ........................................................................... 52
4. Conclusions ...............................................................................67
4.1 Définition des politiques ............................................................ 68
4.2 Traduction de la politique en stratégies ........................................ 68
4.3 Opérationnalisation des stratégies............................................... 69
4.4 Suivi & Évaluation .................................................................... 71
4.5 Réflexion ................................................................................ 73
5. Recommandations .....................................................................75
R5 Créer une unité interdépartementale PSD-PS4D ............................... 79
Table des matières
Evaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
Liste des figures
Figure 1: Sujet, objectifs et champ ................................................................... 1
Figure 2: Processus d’évaluation ....................................................................... 3
Figure 3: Appui en matière de PSD par acteur belge (2013-2016)........................ 10
Figure 4: Appui en matière de PSD par secteur (2013-2016) .............................. 11
Figure 5: Vue d'ensemble de la participation des acteurs par catégorie de la typologie
(dépenses, 2013-2016).................................................................... 12
Figure 6: Ambassades et bureaux de la CTB avec une approche stratégique PSD .... 21
Figure 7: Le cycle des politiques ..................................................................... 67
Figure 8: Liste des recommandations .............................................................. 75
Liste des tableaux
Tableau 1: Interventions sélectionnées ................................................................ 6
Tableau 2: Soutien au développement des institutions financières locales,
2013-2016 .................................................................................... 13
Tableau 3: Aide au développement de la chaîne de valeur et au développement
économique local ............................................................................ 14
Tableau 4: Les 5 premiers bénéficiaires de l'aide à la formation professionnelle ......... 14
Tableau 5: Aperçu des questions d’évaluation ..................................................... 15
Tableau 6: Réponses à l’enquête sur une approche stratégique en PSD
au niveau pays ............................................................................... 28
Tableau 7: Cohérence des 15 interventions sélectionnées avec les priorités
stratégiques de la loi de 2013 .......................................................... 39
Tableau 8: Cohérence des 15 interventions sélectionnées avec les priorités
opérationnelles et sectorielles de la Note stratégique PSD de 2014 .......... 40
Tableau 9: Cohérence des 15 interventions sélectionnées avec les autres éléments de
stratégie définis depuis la Note stratégique PSD de 2014 ....................... 41
Tableau 10: Cohérence des 15 interventions sélectionnées avec les huit critères
d’intervention de la Note stratégique PSD de 2014 ................................ 42
Tableau 11: Cohérence des 15 interventions sélectionnées avec les autres critères
(politiques nationales, réponse aux besoins, conception et transparence) . 46
Tableau 12: Complémentarités et synergies pour les 15 projets sélectionnés .............. 51
Tableau 13: Aperçu des emplois prévus et réalisés par acteur pour les 15 interventions
sélectionnées ................................................................................. 54
Tableau 14: Aperçu des effets prévus et réalisés en termes de productivité et de revenus
par acteur pour les 15 interventions sélectionnées ................................ 58
Table des matières
Evaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
Liste des encadrés
Encadré 1: Concepts de Secteur privé, PSD et PS4D .............................................. 5
Encadré 2: PS4D avec un acteur de l’économie sociale - Ten Senses Africa (noix de
macadamia) ................................................................................... 24
Encadré 3: Salon(s) du cacao et du chocolat........................................................ 26
Encadré 4: Collaboration entre VECO et Colruyt ................................................... 33
Encadré 5: Collaboration entre SOLID et des entreprises et acteurs belges ............... 33
Encadré 6: Appuis à l’ONG péruvienne DRIS ........................................................ 35
Encadré 7: LINK : collaboration de VECO avec des acteurs péruviens, internationaux
et belges ....................................................................................... 36
Encadré 8 : Facteurs favorisant l’atteinte des résultats ........................................... 62
Encadré 9: Exemples d’appui à des coopératives .................................................. 66
Liste des annexes (dans le Volume II)
Annexe 1: Cahier des charges
Annexe 2: Revue de littérature
Annexe 3: Cartographie (méthodologie et liste de projets) et sélection d’interventions
Annexe 4a: Note pays Pérou
Annexe 4b: Note pays Tanzanie
Annexe 4c: Note pays Rwanda
Annexe 5: Enquête en ligne auprès de la DGD et de la CTB
Annexe 6: Enquête en temps réel auprès des bénéficiaires
Annexe 7a: Q1 – Informations complémentaires
Annexe 7b: Q2 – Informations complémentaires
Annexe 7c: Q3 – Informations complémentaires
Annexe 7d: Q4 – Informations complémentaires
Annexe 7e: Q5 – Informations complémentaires
Annexe 8: Bibliographie
Annexe 9: Liste des personnes rencontrées
Evaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
Acronymes
ACNG Acteur de la coopération non gouvernementale
AFIF Facilité d’investissement pour l’Afrique
AI Acteur institutionnel
APD Aide publique au développement
APEFE Association pour la Promotion de l'Education et de la Formation à
l'Etranger
ARES Académie de recherche et d’enseignement supérieur
AT Assistance technique
AWEX Agence wallonne des exportations et des investissements étrangers
B2B Business to business
BIO Société belge d’Investissement pour les pays en Développement
C Conclusion
CDDE Comité des donateurs pour le développement de l’entreprise
CGIAR Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale
CSC Cadre stratégique commun
CTB Coopération technique belge
DCED Donor Committee on Enterprise Development
DFID Department for International Development (United Kingdom)
DGD Direction-Générale Coopération au Développement et Aide humanitaire
DGOS Directie-generaal voor ontwikkelingssamenwerking
EM UE Etat Membre de l'Union Européenne
FAO Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture
FIDA Fonds international de développement agricole
FIT Flanders Investment & Trade
ICT Information and communication technologies
IFI International Financial Institution / Institution financière internationale
M4P Markets for the poor (or Market Systems Development)
MIC Middle-Income Country
MPME Micro-, petites et moyennes entreprises
ODD Objectifs de développement durable
OCDE Organisation de coopération et de développement économiques
OIT Organisation internationale du travail
ONG Organisation non gouvernementale
OSC Organisation de la société civile
PMA Pays moins avancé
PME Petite et moyenne entreprise
PS4D Private Sector for Development (Engagement du secteur privé dans le
développement)
PSD Private Sector Development (Développement du secteur privé)
QE Question d'évaluation
R Recommandation
R/C/P Régions, communes et provinces
RDC République démocratique du Congo
S&E Suivi et Evaluation
SBI Société belge d’Investissement international
SES Service de l’Evaluation spéciale de la Coopération belge au
développement
SFP Service public fédéral
TDC Trade for Development Center
UE Union européenne
Résumé
Introduction
Cette évaluation étudie l’appui au secteur privé au sein de la coopération belge au
développement. Il s’agit d’une évaluation stratégique, portant sur la stratégie dans son
ensemble (et pas les entités ou les programmes individuellement). Elle couvre l’appui au
développement du secteur privé local (PSD) et l’engagement du secteur privé – belge,
international ou local - pour le développement (PS4D). L’évaluation vise en particulier à
identifier l’appui qu’a apporté la coopération belge au développement du secteur privé
(cartographie), à apprécier la pertinence de la stratégie, sa mise en œuvre et les
résultats atteints, ainsi qu’à tirer des leçons pour les réflexions en cours sur la stratégie.
Cette étude a été commanditée par le Service de l’Evaluation spéciale de la Coopération
belge au développement. Elle couvre les acteurs belges suivants en matière d’appui au
secteur privé : Agricord, BIO, la CTB et son Trade for Development Centre (TDC),
Exchange vzw et Exchange-Expertise asbl, Finexpo et les acteurs de la coopération non
gouvernementale (ACNG).
L’évaluation porte sur la période de 2013 à mai 2017. Elle s’est déroulée dans un
contexte de changements institutionnels (p.ex. la réforme de la CTB devenue « Enabel »
en janvier 2018) et de renouvellement des conventions de certains acteurs, dont le TDC,
Agricord, Exchange vzw et Ex-Change-Expertise asbl. Par ailleurs, des réflexions sur le
rôle des acteurs belges en matière de développement du secteur privé étaient également
en cours pendant la mise en œuvre de l’évaluation, qui ont résulté dans le lancement
récent d’une série d’initiatives. Ces développements après mai 2017 ne sont pas
couverts par la présente évaluation.
Méthodologie
Le processus d’évaluation était structuré en trois phases (étude documentaire, missions
de terrain et synthèse). La phase d’étude documentaire fut centrée sur les aspects
stratégiques au niveau du siège (pertinence et cohérence). Elle fut complétée par une
phase de terrain dans trois pays (Pérou, Rwanda et Tanzanie), ainsi que deux enquêtes
(l’une auprès des ambassades et de représentants de la CTB dans les pays partenaires,
l’autre auprès des bénéficiaires des programmes visités) ; ces visites et enquêtes
portaient davantage sur les résultats et les synergies et complémentarités au niveau des
interventions.
Conclusions
Appréciation générale
La coopération belge a adapté ses politiques et stratégies au c ours des années à
l’évolution du paradigme international vers davantage d’appui au développement du
secteur privé local et d’engagement du secteur privé dans le développement. Elle a par
ailleurs lancé une série d’initiatives intéressantes comme les obligations à impact sur le
développement / humanitaire et la Charte du développement durable. Au niveau des
interventions sur le terrain, les projets examinés étaient généralement pertinents et bien
conçus et ont permis d’atteindre des résultats de développement, surtout en matière d’augmentation de la production, de la productivité et des revenus, et dans une moindre mesure de l’emploi.
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
Résumé
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
Cependant, la Belgique s’est adaptée à ce nouveau paradigme moins rapidement et
fortement que de nombreux autres pays. Elle n’a que peu cherché de bénéfices mutuels
entre la coopération et les intérêts économiques et géopolitiques du pays. La coopération
est globalement déconnectée du secteur privé belge et reste assez cloisonnée entre
acteurs du PSD (BIO, CTB, TDC, OSC, universités, etc.). Il y a eu peu d’approches
stratégiques permettant de capitaliser sur les forces des différents acteurs pour créer
une réelle valeur ajoutée belge dans certains domaines ou pays et mener à des résultats
d’envergure.
Les conclusions de l’étude sont regroupées selon les étapes du cycle d’élaboration des
politiques :
Définition des politiques
La Belgique a progressivement adapté sa politique de coopération au changement du
paradigme international concernant le PSD et le PS4D, bien que plus tard que d'autres
partenaires au développement (C1). De plus, pour ce qui est de ses relations extérieures,
la politique belge considère dans une large mesure la coopération au développement en
matière de PSD et PS4D isolément de la diplomatie économique, de la promotion du
commerce et des considérations géopolitiques (C2).
Traduction en stratégies
La politique belge a été définie plus amplement dans des notes stratégiques, dans la
révision du mandat de BIO et dans le lancement de quelques initiatives innovatrices ,
mais il n'y a pas de cadre stratégique global actualisé. Des orientations stratégiques
manquent sur des aspects clés tels que le PSD dans les pays en situation de fragilité et
dans les pays d’exit et le PS4D (C3).
Opérationnalisation des stratégies
En termes d’opérationnalisation des stratégies, peu de mesures ont été prises pour
surmonter la difficulté de mettre en œuvre une stratégie PSD transversale dans la
structure institutionnelle particulière de la coopération en Belgique (C4).
L'absence d'une approche stratégique combinant différents acteurs et instruments, au
niveau du siège et des pays, ainsi que le manque de mécanismes de coordination parmi
les acteurs du PSD, résultent en un soutien fragmenté (C5).
L'engagement des acteurs du secteur privé (commercial) dans le développement (PS4D)
est encore à un stade initial (C6). La Belgique a par exemple développé et utilisé des
mécanismes et instruments pour l'engagement direct d'acteurs du secteur privé dans le
processus de développement. Ceux-ci étaient néanmoins trop modestes en taille ou en
ambition pour mener à des changements significatifs à grande échelle.
Enfin, Il n'y a pas de « triangle d'or » en matière de PSD reliant le secteur public, le
secteur privé et les centres de connaissances (C7). L’étude a notamment montré que Le
secteur public belge, stimulant la coopération gouvernementale et finançant les
programmes de coopération non gouvernementale, a établi peu de liens directs avec le
secteur privé en Belgique et dans les pays partenaires.
Suivi-évaluation/résultats
Le manque de mécanismes pour identifier les interventions PSD et consolider leurs
résultats entrave une vision claire de la contribution globale de la Belgique au
développement du secteur privé (C8). Il n'a par exemple pas été formulé d'indicateurs de
Résumé
Evaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
performance (quantitatifs ou qualitatifs) pour évaluer les résultats des acteurs dans la
mise en œuvre de la stratégie. Il n'y a pas non plus de mécanisme pour identifier les
interventions PSD. Les activités individuelles dans le domaine du PSD ne sont pas
indiquées ou enregistrées en tant que telles dans PRISMA.
Les interventions examinées sont souvent bien conçues, répondent aux besoins du
secteur privé et atteignent un certain niveau de résultats. Mais elles sont toutes basées
sur une approche projet/programme et relatives à un acteur particulier, avec un potentiel
limité pour des effets multiplicateurs importants au niveau d'un secteur, d'un pays ou
d’une région (C9). Il est notamment ressorti de l’évaluation que la plupart des
interventions examinées étaient bien conçues et pertinentes pour les besoins du secteur
privé, malgré l'absence d'une théorie du changement solide. Elles étaient aussi
cohérentes avec les objectifs établis dans la Note stratégique PSD de 2014 et avec ceux
fixés dans la Note Agriculture et Sécurité alimentaire de 2017.
Les principaux résultats fréquemment observés étaient des augmentations de
production, de productivité et de revenus. La génération d'emploi a été plus grande pour
les interventions dans l'économie sociale (CTB, TDC, OSC) que pour celles avec des
sociétés commerciales (BIO, Exchange). (C10).
Réflexion
La coopération belge a une expertise interne globalement limitée en ce qui concerne les
questions de PSD et de PS4D, et a peu fait usage de l'expertise disponible en Belgique et
à l'échelle internationale (C11). La Belgique ne fait par exemple souvent pas partie des
forums et mécanismes de coordination PSD au niveau des pays. Elle n'est pas non plus
membre de, ni active dans certaines plateformes d'échange de connaissances PSD clés à
l'échelle internationale.
Recommandations
Les recommandations de cette étude découlent des constats et conclusions relatifs à la
période sous revue (2013 à mai 2017). Comme indiqué ci-dessus, la coopération belge,
bien consciente de l’importance de développer son approche en matière de PSD et PS4D,
a continué de mener une série de réflexions et décisions en parallèle et parfois en
interaction avec ce processus d’évaluation; ces nouveaux éléments ne sont pas repris en
tant que tels dans la présente analyse. Les recommandations principales de l’évaluation
sont reprises ci-dessous.
Il est recommandé au gouvernement belge d’élaborer une vision stratégique sur les
interrelations entre la politique de développement international, la politique
étrangère et la promotion du commerce extérieur (R1). Il s’agit notamment de
clarifier les objectifs communs, la stratégie pour les atteindre, les spécificités
contextuelles, le rôle des différents types d’acteurs et les limites et garde-fous pour gérer
les divergences d’intérêts. Le rôle de l’aide au développement devrait ce faisant rester
centré sur son objectif général qui est le développement humain durable.
Les administrations en charge de la coopération au développement, des affaires
étrangères et du commerce extérieur devraient définir des approches pour des
domaines stratégiques spécifiques (R2). Ceci concerne des domaines dans lesquels il
existe une expertise voire un avantage comparatif (réel ou potentiel) en Belgique par
rapport à d’autres pays, auprès d’acteurs du secteur public, privé, non-gouvernemental
(OSC/AI) et de centres de connaissance.
Il est également recommandé à ces administrations de définir des approches
spécifiques, notamment pour les pays en situation de fragilité (qui représentent
plus de la moitié des pays partenaires de la coopération gouvernemental), les pays exit
et les pays à revenus moyens, typiquement davantage propices au développement de
et à l’engagement du secteur privé. (R3).
Résumé
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
En lien avec la définition des politiques et la traduction en stratégies, il est recommandé
de définir une approche solide pour le PS4D (R4), qui passe notamment par une
clarification des objectifs en la matière et des moyens pour y parvenir.
La création d’une unité interdépartementale pour le développement de et
l’engagement du secteur privé (PSD et PS4D) est également recommandée. (R5)
Cette unité serait à cheval sur les domaines de la coopération au développement, des
affaires étrangères et du commerce extérieur.
L’évaluation recommande en outre d’établir des partenariats publics-privés (R6),
dans un nombre limité de domaines. Ces domaines seraient idéalement ceux qui utilisent
au mieux l’expertise belge et qui présentent un intérêt stratégique mutuel pour la
Belgique et les pays partenaires du point de vue du PSD et du PS4D.
Dans le processus d’opérationnalisation de la stratégie il est recommandé d’envisager la
création d'un Fonds de développement des entreprises et du commerce qui
pourrait soutenir les activités de PSD et de PS4D dans les pays à faibles et
moyens revenus (R7).
Dans un contexte d’évolution rapide du secteur du financement du développement et des
besoins en financement des pays en voie de développement, il est recommandé de
développer davantage le financement du développement (R8). Ceci inclut l’accès
de BIO aux mécanismes de blending de l’UE et éventuellement la création d’enveloppes
de subventions belges dédiées à des pays ou secteurs clés.
En matière de suivi et évaluation des résultats, il est recommandé d’adapter les
systèmes de gestion pour identifier les interventions PSD-PS4D et avoir une vue
informée sur leurs résultats (R9). Ceci concerne la base de données PRISMA de la
DGD et les systèmes de suivi-évaluation des acteurs et de rapportage à la DGD.
Enfin, en lien avec les réflexions sur la stratégie, il est recommandé d’accéder à de
l’expertise de pointe et aux réseaux clés en matière de PSD et PS4D (R10). Il
conviendrait en particulier de disposer d’expertise approfondie du secteur privé et de
participer activement aux plateformes d’échange et de coordination, tant en Belgique
qu’à l’international, positionnant la Belgique comme un acteur dans ce domaine.
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 1
1. Introduction
Cette évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
a été commanditée par la Service de l’Evaluation spéciale de la Coopération
internationale belge (SES) et a été conduite de façon indépendante par ADE. Elle a été
suivie par un Comité d’accompagnement composé de représentants du Cabinet du
Ministre de la Coopération au développement, de la DGD, de BIO, de la CTB, du TDC, de
Finexpo, de 11.11.11 et du CNCD-11.11.11.
Le présent document est le rapport final de cette étude. Ce rapport présente les
réponses aux Questions d’évaluation, ainsi que les conclusions et recommandations de
l’étude.
1.1 Sujet, objectifs et champ
La figure ci-dessous présente les éléments principaux caractérisant cette étude, qui a
trait à la période de 2013 à mai 2017. Une série de réflexions et décisions ont eu lieu au
sein de la coopération belge depuis lors, en parallèle à ce processus d’évaluation; ceux-ci
ne font pas partie du champ de cette évaluation.
Figure 1: Sujet, objectifs et champ
Sujet• Evaluation stratégique thématique
• Stratégie dans son ensemble (pas les entités ou programmes individuellement)
• PSD et PS4D
Objectifs• Comprendre l’appui au secteur privé (cartographie)
• Redevabilité: sur la stratégie, sa mise en œuvre et les résultats
• Apprentissage: tirer des leçons pour les réflexions en cours sur la stratégie
Champ• 2013 à mai 2017
• Note stratégique 2014 et stratégie de fait
• Organisations concernées par l’évaluation: CTB, TDC, BIO, Agricord, Ex-change vzw et asbl, ACNG, Finexpo
• Cartographie: idem, Credendo, acteurs multilatéraux
Source: ADE sur base du Cahier des charges et des réunions du Comité d’accompagnement
Introduction
2 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
1.2 Contexte
L’appui au secteur privé au sein de la coopération belge au développement a
reçu une nouvelle dynamique depuis 2013 – avec la loi du 19 Mars 2013 qui donne
une place prépondérante au secteur privé dans la coopération – et en particulier depuis
la Note stratégique Coopération belge au développement et secteur privé local: un appui
au service du développement humain durable de 2014, qui donne une vision générale
pour la coopération belge en matière d’appui au secteur privé local. Cette dynamique est
lié au Cadre Stratégique Commun (2012) de l’Union Européenne pour assurer la
coordination, la cohérence et la concordance des politiques économiques des États
membres et de l’Union. Depuis lors, d’autres initiatives ont été prises (voir la question
d’évaluation Q1 sur la pertinence de la stratégie).
Les acteurs belges en matière d’appui au secteur privé sont BIO, la CTB et son Trade
for Development Centre (TDC), des OSC et autres acteurs de la coopération non-
gouvernementale (p.ex. Agricord, les universités et les syndicats), et quelques
organisations spécialisées en appui au secteur privé (notamment Exchange vzw, Ex-
Change-Expertise asbl1 et The Shift). Finexpo est également un acteur non négligeable,
mais plus centré sur les exportations que sur le développement du secteur privé en soi.
En outre, la Belgique finance de l’appui au secteur privé au travers de la coopération
multilatérale et, dans une moindre mesure, des Etats membres de l’Union européenne.
L’articulation entre ces différents acteurs est abordée dans la présente étude (voir la
question d’évaluation Q2).
Selon la cartographie réalisée à partir de la base de données PRISMA de la DGD, l’appui
au secteur privé représente pratiquement 200M€/an sur la période en
moyenne, soit près de 800M€ entre 2013 et 2016 (appui à travers les acteurs belges).
Si l’on ajoute à cela l’appui à travers les acteurs multilatéraux et les Etats membres de
l’Union européenne, le total s’élève à près de 250M€/an ou 1 milliard € sur la période.
Les principaux acteurs belges de mise en œuvre ont été BIO (486M€, soit 49% de
l’appui), la CTB (11%, 105M€) et les OSC (10%, 100M€). Une part significative a
également été mise en œuvre à travers la coopération multilatérale (195M€, soit 19%).
La cartographie sur base de PRISMA est détaillée dans la section 2 ci-dessous.
Des réflexions sont actuellement en cours sur le rôle des acteurs belges en matière
de développement du secteur privé. Ces réflexions ont donné lieu à une série d’initiatives
ces dernières années et même ces derniers mois. L’évaluation se déroule également
dans un contexte de changements institutionnels (p.ex. la réforme de la CTB devenue
« Enabel » en janvier 2018) et de renouvellement des conventions de certains acteurs,
dont le TDC, Agricord, Exchange vzw et Exchange-Expertise asbl. Notre étude, comme
indiqué ci-dessus, porte sur la période de 2013 à mai 2017, soit juste avant le
démarrage de l’évaluation et donc avant les changements les plus récents.
1.3 Méthodologie
Ce chapitre présente la méthodologie générale utilisée pour cette évaluation. Il décrit en
particulier (i) le processus d’évaluation, (ii) les questions d’évaluation, (iii) l’objectif de la
revue de littérature et (iv) les défis et limites de l’exercice.
1 Le terme Exchange est utilisé dans ce rapport quand il est fait référence indistinctement à Exchange vzw et
Ex-Change-Expertise asbl.
Introduction
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 3
1.3.1 Processus d’évaluation
Cette évaluation est structurée en trois phases (étude documentaire, missions de terra in
et synthèse), avec un ou plusieurs livrable(s) pour chacune des phases. La phase d’étude
documentaire fut centrée sur les aspects stratégiques au niveau du siège (pertinence et
cohérence). Elle fut complétée par une phase de terrain dans trois pays, ainsi que deux
enquêtes, portant davantage sur les résultats et les aspects de synergies et
complémentarités observés in situ. L’évaluation se clôture par l’actuelle phase de
synthèse.
Chaque phase inclut des activités clés, des livrables et des réunions avec le Comité
d’accompagnement, tel que prévu par le Cahier spécial des charges (voir figure ci-
dessous). Le présent rapport est le principal livrable de la phase de synthèse. Il sera
discuté avec le Comité d’accompagnement lors d’une réunion début mars 2018.
Figure 2: Processus d’évaluation
1.3.2 Revue de littérature
Nous avons conduit une revue de littérature en début de processus afin de clarifier les
concepts utilisés dans cette évaluation, de déterminer une typologie pour l’appui au
secteur privé utilisé tout au long de l’évaluation et de présenter une série de pratiques
intéressantes au niveau international. Nous avons conduit cette revue de littérature en
collaboration avec un membre du Donor Committee on Enterprise Development (DCED)
qui fait partie de l’équipe d’évaluation. La revue de littérature est présentée en Annexe
2.
Activités
•Revue littéraire
•Entretiensexploratoires
•Matriced’évaluation
•Approche méthodologique détaillée et calendrier
•Cartographie
•Entretiens ‘stratégie’
•Analyse documentaire ‘stratégie’
•Logique d’intervention
•Constats préliminaires, hypothèses et manques
•Sélection des 3 pays à visiter
•Approche terrain
•Sélection 15 projets
•Collecte docs et analyse 15 projets
• Cartogr. ‘pays’
•Entretiens ‘pays’ au siège
•Missions: Pérou, Rwanda, Tanzanie
•Enquêtes DGD, CTB, bénéficiaires
•Enquête (analyse)
•Constats
•Conclusions
•Recommandations (approche participative)
Livrables
• Note de cadrage (PPT)
• Rapport d’étude
documentaire
• Notes de mission
•Débriefings pays et au siège
• Rapport final
• Séminaires de
restitution
R
Etude documentaire Terrain Synthèse
CA
Source: ADE. CA: comité d’accompagnement. R: Atelier de restitution
CA RCA CACA
Introduction
4 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
La revue de littérature est structurée comme suit:
définition et typologie du secteur privé, du développement du secteur privé (PSD)
et de l’engagement du secteur privé dans le développement (PS4D);
implication de la combinaison du PSD et du PS4D et typologie des approches;
enjeux du PSD et du PS4D dans les pays en situation de fragilité et les moins
avancés;
changements institutionnels en lien avec l’at tention accrue des bailleurs au rôle
du secteur privé;
évolutions récentes du débat sur l’aide liée et déliée.
L’encadré ci-dessous présente ce qui est typiquement entendu dans cette étude par les
termes de secteur privé, de développement du secteur privé (PSD) et d’implication du
secteur privé dans le développement (PS4D). Ceci correspond globalement à l’utilisation
des termes dans les politiques belges.2 Des détails sur les concepts et les définitions sont
fournis dans la Revue de littérature en Annexe 2.
2 Tant la loi de 2013 relative à la coopération au développement que les diverses Notes stratégiques
soumises à la présente revue appliquent une définition du secteur privé qui comprend les organisations et
coopératives intermédiaires.
Introduction
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 5
Encadré 1: Concepts de Secteur privé, PSD et PS4D
Secteur privé : nous entendons par là, dans la présente étude, les « entreprises
(activités) commerciales allant des petites entreprises informelles, y compris celles
actives dans le domaine de l'agriculture, à de grandes corporations multinationales »
(DFAT 2015). Nous incluons dans le concept les institutions financières privées et
intermédiaires, les petits producteurs, les coopératives, ainsi que les autres acteurs de
l'économie sociale ; nous n'incluons pas les acteurs sans but lucratif.
Le Développement du Secteur privé (Private Sector Development, PSD)3 :
Dans le contexte de la coopération au développement, le PSD renvoie à la croissance
des entreprises privées locales telle que cette croissance fournit des opportunités
économiques durables pour les femmes et les hommes pauvres. Il s'agit de « créer les
conditions pour permettre à des personnes dans les marchés en développement et
émergents de développer et d'étendre des act ivités et, de ce fait, de créer des
emplois, de satisfaire des besoins pour des marchandises et des services, de
surmonter la pauvreté et l'insécurité alimentaire et d'élever les standards de vie »
(Commission européenne, 2016). Le terme PSD est un terme général pour une variété
de différents instruments et approches pour promouvoir les opportunités économiques
stimulées par le secteur privé.
Le « Private Sector for Development » (PS4D) : le « Private Sector for
Development », ou l'engagement du secteur privé pour le développement, renvoie à
une « activité visant à engager [directement] le secteur privé pour des résultats en
matière de développement, et implique la participation active du secteur privé »
(OCDE, 2016). Comme tel, le PS4D est un moyen ou une manière de travailler
transversal(e) pour atteindre des résultats de développement à travers les objectifs de
développement durable. La compréhension internationale du PS4D évolue toujours,
mais une différence clé entre le PS4D et les approches « traditionnelles » du
développement du secteur privé (PSD) est l'accent relativement plus fort mis sur
l'engagement dans des activités commerciales internationales et dans le financement
pour le développement, plutôt que de travailler principalement avec les
gouvernements du pays et de se consacrer principalement au développement
commercial domestique (ECDPM, 2012) Elle peut dès lors renvoyer à l'engagement
tant avec le secteur privé belge (ou international) qu'avec le secteur privé
national/régional.
Note. Des détails sont fournis dans la Revue de littérature figurant à l'Annexe 2.
Source : ADE
1.3.3 Questions d’évaluation
Le questionnement évaluatif a été structuré autour de cinq questions d’évaluation (QE)
couvrant les critères d’évaluation de pertinence, efficacité et durabilité, ainsi que les
aspects de cohérence/coordination/complémentarité. Ces questions ont été définies sur
base des questions d’évaluation proposées dans le cahier spécial des charges, ainsi que
d’entretiens et de réunions avec les membres du Comité d’accompagnement. Chacune de
ces questions est structurée en sous-questions. L’ensemble de questions d’évaluation est
présenté en introduction au chapitre 3.
3 Nous entendons, dans la présente étude, le « PSD » comme étant l'appui au PSD, c.-à-d. une intervention
externe visant à renforcer le processus de développement du secteur privé. Il fournit les moyens et outils
aux acteurs privés (locaux) pour soit se développer eux-mêmes, soit améliorer leur environnement
commercial direct ou indirect.
Introduction
6 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
1.3.4 Sélection des pays et des interventions
La sélection des trois pays à visiter et des 15 interventions à examiner de façon
approfondie a été faite en concertation avec les principales parties prenantes à cette
étude. Les critères de sélection des pays furent principalement la variété en termes de
régions, de niveaux de revenus des pays, d’acteurs belges actifs, de secteurs et types
d’appui et de volumes financiers, ainsi que la demande de couvrir deux pays partenaires
et un pays d’exit. Il en a résulté la sélection de la Tanzanie, du Rwanda et du Pérou.
Les critères de sélection pour les interventions dans ces trois pays furent principalement
la variété en termes d’acteurs belges, de secteurs (avec une attention particulière à
l’agriculture), de taille des interventions et d’évaluabilité (interventions suffisamment
avancées que pour permettre l’observation de résultats), ainsi que la faisabilité de visites
de terrain lors des missions de deux semaines dans le pays. Les interventions
sélectionnées sont celles présentées dans le tableau ci-dessous.4 Les détails sur la
sélection des trois pays et celle des interventions sont présentés en Annexe 3.
Tableau 1: Interventions sélectionnées
Acteur Titre Période Budget (EUR)
Pérou
CTB Développement économique durable et gestion
stratégique des ressources naturelles dans les
régions d'Apurimac, Ayacucho, Huancavelica,
Junín et Pasco (PRODERN 2)
01/2012 –
12/2018
13 000 000
TDC Amélioration du niveau socio-économique et
environnemental de la chaîne de valeur du cacao
créole avec la certification solidaire biologique
chez les petits agriculteurs de la coopérative de
Pangoa (dans la région de Junín)
2014-2015 et
2016-2017
198 816
Autre Terre Renforcement de capacités et appui pour la
création d’activités économiques durables à
finalités sociales et pour le développement local
au Pérou
01/2014 -
12/2016
829 770
VECO Investir dans l'agriculture paysanne: des
conditions de vie meilleures pour les petits
agriculteurs (h/f) à travers le développement des
filières agricoles durables au Pérou
2014-2016 900 000
BIO Financement en monnaie locale des institutions de
microfinance en Amérique latine et dans les
Caraïbes (Local Currency Fund II ou LocFund II
18/12/2012 –
en cours
5 000 000
Tanzanie
Agricord Projet de liaison horticole à Zanzibar 1/11/2013 –
31/12/2017
2 450 000
BIO Entreprise Chai Bora (dans laquelle BIO a investi
par l'intermédiaire du Fonds catalyseur I LLC, un
fonds de capital-investissement qui investit dans
2011 – en
cours
3 800 000
4 Un total de 16 projets ont été sélectionnés, dont deux projets du TDC au Rwanda considérés conjointement
sous « TDC » dans le rapport pays, portant le total à 15 dans les tableaux de synthèse, notamment sous la
Q3. L’analyse réfère de la sorte généralement à un total de 15 projets.
Introduction
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 7
les PME en Afrique orientale).
CTB Projet de soutien de l'apiculture dans la région de
Kigoma
8/12/2011 –
8/12/2017
2 700 000
VECO Investir dans l'agriculture paysanne: des
conditions de vie meilleures pour les petits
paysans (h/f) à travers le développement des
filières agricoles durables en Tanzanie
2014-2016 2 000 000
Ex-Change
vzw
Company International Dairy Products (IDP) 2016 1 909,57
Rwanda
Ex-Change
vzw
Expertise pour la croissance économique inclusive
et durable - La qualité grandit par son partage
2015-2017 675 000
Agricord Imbaraga. Project Amélioration de la rentabilité
des filières agricoles (Gestion des Exploitations
Agricoles) (2013-2017); Musanze, Rwanda
2013-2017 30 000
TDC Soutien en matière de commercialisation offert à
la coopérative de café Koakaka Coffee
Cooperative
2016-2017 15 000
CTB Le programme de soutien à la décentralisation du
Rwanda (Rwanda Decentralisation Support
Programme, RDSP), un programme national
visant à assister la décentralisation - Le
programme comprend deux éléments : le
développement économique local (financé à
travers des financements communs incluant la
CTB) et le dispositif local de compétitivité (une
intervention financée exclusivement par la
Belgique).
2015-2020 10 850 000
BIO Rwanda Mountain Tea (RMT), centrale hydro-
électrique Giciye (le prêt de BIO a été utilisé pour
financer l'équipement d'usine ainsi que la
plantation de thé pour l'unité de thé Nyabihu).
2011-en
cours
2 000 000
TDC Établissement d'un commerce équitable et d'une
chaîne logistique de macadamia organique au
Rwanda
2015-2017 124 922
Source: A DE
1.3.5 Défis et limites
Cette évaluation est confrontée à un certain nombre de défis. Ceux-ci sont dus en
particulier : (i) à l’absence d’une stratégie globale en matière de PSD, constante sur
toute la période examinée, (ii) à la difficulté à délimiter l’appui au secteur privé, (iii) au
calendrier et au budget de l’évaluation, et (iv) aux limites de l’approche méthodologique.
Absence d’une stratégie globale couvrant la période sous revue
La DGD a produit en avril 2014 sa Note stratégique relative à l’appui au secteur privé
local. La Belgique a toutefois vu un nouveau gouvernement fédéral s’installer en octobre
2014. Celui-ci a depuis lors développé des visions et lancé des initiatives avec des
Introduction
8 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
accents différents ou complémentaires, en lien par exemple avec l’implication du secteur
privé belge dans l’atteinte des objectifs de développement durable. L’absence de
stratégie globale cohérente a constitué un défi pour la présente évaluation. Il était ainsi
difficile de s’appuyer dans cette étude sur une théorie du changement solide. 5 La
question du cadre stratégique fait ainsi l’objet d’une première question d’évaluation (Q1).
Les questions suivantes abordent entre autres les conséquences sur la guidance
opérationnelle (Q2), la pertinence des interventions (Q3) et leur cohérence et
coordination (Q4).
Délimitation de l’appui au secteur privé
La difficulté à délimiter le champ couvert par la notion d’appui au secteur privé est due
notamment à l’absence de définition standard et au caractère "transsectoriel" du secteur
privé. L’absence d’un marqueur spécifique dans la base de données PRISMA de la DGD
complexifie en outre l’établissement d’une cartographie des appuis au secteur privé. Pour
établir cette dernière, nous avons élaboré et suivi une approche en cinq étapes, décrite
dans l’Annexe 3.
Calendrier et budget
Le calendrier et le budget de cette étude se sont révélés très contraignants. Le calendrier
défini dans le cahier des charges imposait des délais courts pour chacune des étapes de
cette évaluation thématique complexe. Le commanditaire de l’évaluation a cependant fait
preuve de flexibilité durant la phase de synthèse, ce qui a permis à l’équipe d’évaluation
de mener de nouveaux entretiens durant la préparation du rapport final. Le budget a
notamment contraint l’exercice à un maximum de 3 missions de terrain et à une enquête
en ligne auprès du personnel de la DGD et de la CTB dans les pays partenaires
uniquement. Au vu du défi du calendrier et du budget, l’étude s’est concentrée sur les
questions clés pour cette évaluation à travers un nombre de questions d’évaluation limité
à cinq, permettant de se centrer sur l’essentiel et d’éviter de disperser la collecte et
l’analyse de données sur une ensemble trop vaste d’information qui serait exigeant en
temps et en ressources.
Limites de l’approche méthodologique
L’approche méthodologique adoptée pour cette évaluation comporte une série de limites,
en particulier : un centrage sur les résultats constatés dans les 3 pays dans lesquels les
missions de terrain ont eu lieu, une enquête réalisée uniquement auprès du personnel de
la DGD et de la CTB dans les pays partenaires, et une autre enquête en temps réel
auprès des bénéficiaires peu rigoureuse mais destinée à donner une vision
impressionniste. L’analyse a été enrichie par des informations provenant de sources
additionnelles (entretiens, analyses documentaires) permettant une vision plus large sur
les différentes questions abordées.
Par ailleurs, il s’agit d’une évaluation de l’appui au secteur privé partant du point de vue
de la coopération au développement et se centrant donc sur les acteurs et actions de la
coopération au développement. D’autres perspectives auraient été possibles dans un
autre exercice, notamment axées davantage sur l’implication du secteur privé belge dans
le développement ou sur la diplomatie économique, avec par exemple une attention
accrue aux agences commerciales régionales, à FINEXPO et à d’autres instruments
d’appui aux entreprises belges, et à ces mêmes entreprises belges.
5 Une théorie du changement pour la Note stratégique Secteur privé de 2014 est fournie dans l’Annexe 7a,
comme élément dans la réflexion sur le cadre stratégique relatif au PSD, objet de la Question d’évaluation
Q1. Cette théorie du changement fut toutefois très rapidement obsolète, comme expliqué sous la Q1.
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 9
2. Cartographie basée sur PRISMA
Cette section présente l'analyse de l'inventaire des projets de la coopération belge
appuyant le développement du secteur privé pour la période 2013-2016.
Les données proviennent de la base de données PRISMA de la DGD, fournies par l'unité
D4.2 de la DGD.
L'annexe 3 présente l'approche méthodologique que nous avons adoptée pour élaborer
cette cartographie et fournit la liste des projets PSD examinés.
Vue d'ensemble et évolution
La cartographie est constituée des montants versés entre 2013 et 2016 pour des projets
liés au développement du secteur privé (PSD) et au secteur privé pour le développement
(PS4D)6. Les données présentées se basent sur des informations extraites de PRISMA, en
juin 2017.
Globalement, comme indiqué ci-dessus, l'appui de la coopération belge au PSD, par le
biais d'acteurs belges, totalisait 800 M€ sur la période 2013-2016, soit 200 M€ par an en
moyenne. Si l'on ajoute également l'appui apporté par le biais d'acteurs multilatéraux,
des États membres de l'UE et des pays partenaires, ce total s'élève à près de 1 milliard
d'euros sur la période 2013-2016, soit 250 M€ par an en moyenne.
Répartition par acteur
Dans l'ensemble, plus de 90 % de l'appui de la coopération belge en matière de PSD a
été mis en œuvre à travers quatre grandes catégories d'acteurs, à savoir BIO (49 %)7, la
coopération multilatérale (19 %), la CTB (11 %) et les OSC (ONG) (10 %).
La coopération multilatérale représentait plus de 95 % des fonds provenant d'acteurs
non belges. L'appui des États membres de l'UE (5 %) et des pays partenaires (<1 %)
était bien moins important. Les principales organisations multilatérales soutenues par la
coopération belge sont la Banque mondiale, l'Union européenne et les Nations Unies.
Si l'on se concentre sur les ac teurs belges (voir illustration ci-dessous), l'inventaire
montre que BIO représentait près des deux tiers du financement (61 %). Suivent la CTB
(13 %), les ONG (13 %) et Finexpo (7%). Le financement d'autres acteurs tels que TDC,
Agricord, Ex-change (vzw et asbl) était bien moins important en termes relatifs.
6 Le total n'inclut donc pas les remboursements reçus par BIO sur la période considérée. Le volet PS4D est
restreint, puisqu'il n'est fait référence qu'à un seul financement de 60 000 € alloué à l'A.S.B.L. Shift pour un
projet de développement dans le cadre du développement durable (dotation pour la période 2016-2017).
Nous parlerons donc de PSD dans le reste de l'inventaire pour couvrir aussi bien la partie PSD que PS4D. 7 Sur la période 2013-2016, BIO a reçu un financement de la DGD sous la forme de deux allocations de
base : 148 M€ de contribution au capital (54 44 815143), dont les décaissements ne sont pas considérés
comme APD, et le Fonds d'Expertise (54 44 356046), les décaissements étant considérés ici comme APD.
Les 486 M€ correspondent aux décaissements effectués par BIO sur la période 2013-2016 : 484 M€ de
l'allocation « contribution au capital » (qui se base sur le total de 731 M€ reçu par BIO depuis 2001 dans
cette tranche, en raison du caractère renouvelable des activités de BIO) et 2,5 M€ du Fonds d'Expertise.
Cartographie basée sur Prisma
10 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
Figure 3: Appui en matière de PSD par acteur belge (2013-2016)
Répartition par source de financement
L'essentiel du appui au PSD apporté par les acteurs belges a été financé par la DGD
(91 % soit 722 M€). Les 9% restants ont été financés par le SPF Affaires étrangères (en
dehors de la DGD) pour un soutien via Finexpo (7 %), et par les régions, les villes et les
provinces (2 %).
Répartition par secteur
Les banques/services financiers, l'agriculture, l'énergie et l'industrie sont les principaux
secteurs d'intervention concernant l'appui belge au PSD8, avec respectivement 206 M€
(26 %) ; 135 M€ (17 %) ; 95 M€ (12 %) ; et 93 M€ (12 %). L'importance de
l'agriculture dans l'ensemble de l'appui est cohérente avec « l'Exposé d'orientation
politique, Coopération au développement » de novembre 2014, mentionnant l'agriculture
comme un thème important en matière d'appui au PSD pour une croissance économique
durable.
Les autres secteurs comprennent notamment l'éducation, les communications et les
transports.
8 Répartition fournie sur la base du secteur spécifique (code CAD) indiqué dans PRISMA pour chaque projet.
Cartographie basée sur Prisma
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 11
Figure 4: Appui en matière de PSD par secteur (2013-2016)
Répartition par typologie
Dans cette section, nous présentons une répartition selon les principaux t ypes d’appui au
PSD, sur la base de la typologie qui ressort de l'examen de la documentation (voir
Annexe 2).
Les acteurs belges ont été surtout actifs dans les première, deuxième et quatrième
catégories de la typologie9. La création des bases de l'invest issement privé dans les pays
en développement (première catégorie) a été soutenue principalement par des
financements de BIO et de la coopération multilatérale. Les projets des deuxième et
quatrième catégories (programmes nationaux, initiatives visant à promouvoir des
structures et des systèmes économiques compétitifs, et un soutien ciblé pour le
développement des entreprises locales) impliquent un plus grand nombre d'acteurs ; la
CTB, les OSC et BIO étant les principaux acteurs. L'engagement autour des
investissements productifs des entreprises individuelles (troisième catégorie) est passé
principalement par Finexpo et BIO10.
9 C'est-à-dire jeter les bases des investissements privés dans les pays en développement, promouvoir des
systèmes économiques compétitifs et cibler le soutien au développement des entreprises locales. 10 BIO fournit des capitaux propres aux MPME en investissant notamment dans des fonds de capital -
investissement. En 2016, les fonds propres représentaient 81 % (soit 78 M€) de l'appui apporté par BIO via
des fonds (BIO, Rapport annuel 2016). Cependant, pour la typologie, nous avons considéré, dans la mesure
du possible, la finalité des fonds (par exemple, le soutien apporté aux fonds finançant les IMF locales a été
classé dans la première catégorie de la typologie et le soutien apporté aux fonds finançant les MPME locales
a été classé sous la quatrième catégorie de la typologie).
Cartographie basée sur Prisma
12 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
Figure 5: Vue d'ensemble de la participation des acteurs par catégorie de la
typologie (dépenses, 2013-2016)
Répartition géographique
Près de la moitié de l'appui belge au PSD a été décaissé en Afrique subsaharienne
(46 %)11. L'Amérique latine et les Caraïbes ont été la deuxième région bénéficiaire de
l'appui en matière de PSD, avec un total de 154 M€ (19 %). Les autres régions
bénéficiaires sont l'Asie du Sud (13 %), l'Asie de l'Est et le Pacifique (9 %) et le Moyen-
Orient et l'Afrique du Nord (5 %). Les projets mondiaux (selon la classification PRISMA)
représentent 8 % de l'appui PSD (60 M€).
L'appui en matière de PSD s'est concentré sur un certain nombre de pays clés : l’appui
aux 10 plus grands pays bénéficiaires12 représente près de la moitié (44 %) du soutien
total fourni par les acteurs belges dans le monde (351 M€ entre 2013 et 2016).
61 % de l’appui au PSD des acteurs belges a été orienté vers les pays à revenu
intermédiaire (supérieur et inférieur) et 30 % vers les pays à faible revenu. Le reste
concerne des projets régionaux et mondiaux.
L’appui visant à jeter les bases de l'investissement privé dans les pays en développement
(première catégorie), en particulier le développement des institutions financières locales,
est principalement orienté vers les économies à revenu intermédiaire et les États non
11 Soutien global au PSD par le biais d'acteurs belges (les données de PSD par pays ne sont pas disponibles
pour le soutien apporté par l'intermédiaire des acteurs multilatéraux). 12 Inde, RDC, Burundi, Côte d'Ivoire, Équateur, Bénin, Paraguay, Honduras, Rwanda, Maroc.
Source: ADE, sur base notamment de OCDE, DCED, ECDPM, et PRISMA
Creating the foundations for private investments in
Developing countries
Promoting competitive economic systems
Engaging the international private sector
Targeted support to local business development
228 M€
62M€
223M€
486M€
0 M€
1 M€
2 M€
5 M€
6 M€
16 M€
25 M€
38 M€
135 M€
4 M€
58 M€
-1
1 M€
4 M€
6 M€
8 M€
18 M€
43 M€
62 M€
80 M€
6 M€
6 M€
169 M€
305 M€
Autres (Privé, Pays part., Coop. EM UE)
Ex-change
Régions, provinces et communautés belges
Agricord
Coopération multilatérale
ACNG: autre
BTC
ACNG: ONG
BIO
BIO
FINEXPO
Autres (Pays partenaire, R/P/C)
Ex-change
Coopération Etats Membres UE
ACNG: autre
TDC
Coopération multilatérale
BIO
ACNG: ONG
BTC
Autres (BTC, ACNG, R/P/C, Privé)
Coopération pays européen
Coopération multilatérale
BIO
0 M€
Cartographie basée sur Prisma
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 13
fragiles13. Cela est principalement dû au soutien au développement des institutions
financières locales, qui représente 39 % du total de l’appui au PSD aux États non
fragiles, contre 21 % pour les États fragiles. En termes de classification des revenus, cela
représente plus de la moitié du soutien aux pays à revenu intermédiaire supérieur
(52 %) contre 30 % pour les pays à revenu intermédiaire inférieur et 15 % pour les pays
à faible revenu.
Tableau 2: Soutien au développement des institutions financières locales,
2013-2016
% du total
des
dépenses
PSD
% du total
des contrats
PSD
Aide aux États non fragiles 39 % 38 %
Aide aux États fragiles (BM) 21 % 24 %
Aide aux pays à revenu élevé 0 % 0 %
Aide aux pays à revenu intermédiaire
supérieur 52 % 46 %
Aide aux pays à revenu intermédiaire
inférieur 30 % 40 %
Aide aux pays à faible revenu 15 % 22 %
Source : ADE, basé sur PRISMA
Les initiatives et les programmes nationaux visant à promouvoir des structures et des
systèmes économiques compétitifs (deuxième catégorie), tels que le développement de
la chaîne de valeur et le développement économique local, sont orientés vers les PRI et
les PFR, mais nettement plus vers ces derniers. L’appui au développement de la chaîne
de valeur et l’appui au développement économique local représentent respectivement
10 % et 25 % de l'ensemble de l'appui PSD aux PFR (contre 6 % et 3 % pour les pays à
revenu intermédiaire inférieur).
13 Les États fragiles tels que définis dans la dernière liste de la Banque mondiale : Afghanistan ;
Birmanie/Myanmar ; Burundi ; République centrafricaine ; Tchad ; Comores ; République Démocratique du
Congo ; Djibouti ; Érythrée ; Gambie ; Guinée-Bissau ; Haïti ; Irak ; Côte d'Ivoire ; Kosovo ; Liban ;
Liberia ; Libye ; Madagascar ; Mali ; Papouasie Nouvelle-Guinée ; Sierra Leone ; Somalie ; Sud-Soudan ;
Soudan ; Syrie ; Togo ; Yémen ; et Zimbabwe.
Cartographie basée sur Prisma
14 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
Tableau 3: Aide au développement de la chaîne de valeur et au développement
économique local
% du total
des dépenses
PSD 2013-16
% du
total
des
contrats
PSD
% du total des
dépenses PSD
2013-16
% du
total des
contrats
PSD
Développement de la
chaîne de valeur
Développement économique local
États non fragiles 7 % 9 % 8 % 4 %
États fragiles (BM) 5 % 12 % 18 % 11 %
Revenu élevé 0 % 0 % 0 % 0 %
Revenu intermédiaire supérieur 5 % 9 % 9 % 4 %
Revenu intermédiaire inférieur 6 % 4 % 3 % 3 %
Faible revenu 10 % 16 % 25 % 10 %
#N/A 5 % 8 % 4 % 4 %
Source : ADE, basé sur PRISMA
L’appui ciblé au développement des entreprises locales (quatrième catégorie), tel que la
formation professionnelle, est essentiellement orienté vers les pays à faible revenu et les
États fragiles. Cela s'explique en partie par les vastes programmes d'aide à la formation
professionnelle en République démocratique du Congo.
Tableau 4: Les 5 premiers bénéficiaires de l'aide à la formation professionnelle
Top 5 des bénéficiaires Dépenses 2013-16 # Contrats % Dépenses
Total de l'aide 67 332 689 € 93 100 %
République démocratique du
Congo 17 969 939 € 12 27 %
Burundi 8 719 484 € 6 13 %
Haïti 5 001 123 € 4 7 %
Mozambique 4 571 652 € 5 7 %
Guatemala 3 796 743 € 5 6 %
Source : ADE, basé sur PRISMA
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 15
3. Réponses aux Questions d’évaluation
Ce chapitre présente les constats de l’évaluation sous forme de réponse aux questions
d’évaluation. Ils sont structurés sur base du cadre d’analyse global défini pour
l’évaluation, qui consiste en cinq questions d’évaluation (Q). Celles-ci se composent
chacune de sous-questions.
Un aperçu des questions d’évaluation est présenté dans le tableau ci-dessous. La réponse
à chacune de ces questions est présentée par la suite.
Tableau 5: Aperçu des questions d’évaluation
Q1 Stratégie et
pertinence
Dans quelle mesure y avait- il une stratégie solide d’appui au
secteur privé, répondant aux besoins prioritaires du secteur privé?
Q2 Modèle
opérationnel
Dans quelle mesure le modèle opérationnel permet-il de
mettre en œuvre la stratégie?
Q3 Pertinence des
interventions
Dans quelle mesure les interventions appuyées sont-elles en
ligne avec la stratégie et les objectifs de la coopération belge?
Q4 Coordination et
complémentarité
Dans quelle mesure les acteurs de la coopération belge et
les autres bailleurs ont-ils collaboré pour leur appui au secteur privé?
Q5 Efficacité et
durabilité
Dans quelle mesure les interventions appuyées ont -elles
contribué à des résultats de développement dans les secteurs visés?
Source : ADE
Réponses aux questions d’évaluation
16 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
3.1 Q1 Stratégie
Dans quelle mesure y avait-il une stratégie solide d’appui au secteur privé,
répondant aux besoins prioritaires du secteur privé ?
Cette question est structurée comme suit : vision et choix stratégiques ; valeur ajoutée
potentielle ; correspondance avec les bonnes pratiques (y compris celles pour
l'engagement du secteur privé) ; genre, climat, travail décent et approche fondée sur les
droits ; réponse aux priorités et besoins du secteur privé ; et différentiation par pays.
Q1 – Stratégie et Pertinence
Les objectifs et la politique de l’appui au développement du secteur privé (PSD) sont
établis dans la loi de 2013 relative à la coopération au développement. L’appui au
développement du secteur privé (local) est perçu comme un moyen d'atteindre
l'objectif global d'éradiquer la pauvreté et de surmonter l'exclusion et l'inégalité. Ce
n'est pas un objectif en tant que tel.
La Note stratégique PSD de 2014 est assez générale. La Note stratégique Numérisation
pour le Développement de 2016 (Digital for Development, D4D) se concentre sur un
aspect particulier. La Note stratégique Agriculture et Sécurité alimentaire de 2017 a
trait à un secteur particulier, en exprimant une vision plus entrepreneuriale. La Note
de politique générale sur le développement international de 2017 insiste sur la
croissance économique comme axe central de la politique, reflétant une réponse aux
Objectifs de développement durable (ODD) et à l'Agenda 2030. Ni les trois notes
stratégiques, ni la note de politique générale ne disposent d’une théorie du
changement explicite ou d’une logique d'intervention. Elles ne constituent pas un cadre
stratégique global.
L'opérationnalisation de ces Notes se fait largement à la discrétion des acteurs, chacun
avec ses propres caractéristiques. Ces agences sont structurées verticalement (de la
Belgique aux pays partenaires), ce qui conduit à la compartimentation dans la mise en
œuvre. Les efforts visant à parvenir à une implémentation coordonnée
horizontalement au niveau des pays sont relativement récents (2016-2017) et sont
largement limités aux OSC/AI ; ils ne comprenant pas des acteurs clés du PSD comme
BIO, la CTB, le TDC ou Exchange.
Tandis que la loi de 2013 se concentre principalement sur les acteurs de l'économie
sociale et sur leurs organisations partenaires, la Note stratégique PSD de 2014
comprend - outre ce groupe cible - des petites et moyennes entreprises commerciales,
principalement par le biais de BIO. L’amélioration de l'environnement des affaires est
largement laissée aux organisations multilatérales et aux centres de recherche
académique, sauf pour l'octroi de financement (BIO). La Note stratégique n'est pas
restrictive dans le choix des secteurs, bien que l'agriculture, la sécurité alimentaire et
l'infrastructure rurale sont des priorités. Les agences belges opèrent principalement au
niveau intermédiaire et micro (voir le point 3.1.1). La satisfaction des besoins du
secteur privé à l'échelon national est plutôt indirecte. Les acteurs belges ont acquis des
connaissances des, et de l'expérience avec les chaînes de production (agricoles), y
compris le commerce équitable. Ce dernier peut être considéré comme un avantage
comparatif prouvé.
L'approche belge depuis 2013 ne peut être caractérisée comme une approche « de
pointe ». La stratégie PSD de 2014 ne fournit pas de vision globale sur les liens entre
la coopération au développement, le développement du secteur privé et la promotion
économique et commerciale. Les intentions de 2016 et de 2017 de promouvoir
l’engagement direct du secteur privé dans le développement (PS4D) sont restées
plutôt déconnectées des autres interventions PSD.
Ceci est particulièrement frappant pour les pays d’exit, où il y a un manque de vision
globale et d'instruments pour la transition en douceur de la coopération au
développement vers l'établissement de relations davantage économiques et
Réponses aux questions d’évaluation
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 17
commerciales.
Réponses aux questions d’évaluation
18 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
3.1.1 Vision et choix stratégiques
La Note politique de 2008 élaborée par le ministre de la Coopération au développement
était alignée sur le Consensus européen sur le développement de 2005 renvoyant à la
bonne gouvernance, à la complémentarité et à l'approche sectorielle. Bien que l'accent
principal de cette note était mis sur le secteur public, elle renvoyait à l'amélioration du
climat des affaires et à l'octroi d'incitants pour le secteur privé, au moyen de la
promotion du commerce (accords de partenariat économique). Elle a également
augmenté les moyens acccordés à BIO pour l'octroi de crédits.14 Dans le contexte d'un
nouveau paradigme international émergent en matière de coopération au
développement, l'appui au développement du secteur privé est devenu un
élément plus explicite de la loi de 2013 relative à la coopération au
développement (et de la modification de cette loi en 2016). La loi (chapitre 2, art. 6)
précise quatre domaines d'intervention (également dénommées « axes ») : (i) les
programmes visant l'amélioration du climat d'investissement ; (ii) la mise à disposition
de crédits et le renforcement des capacités des micros-entreprises et des petites et
moyennes entreprises ; (iii) l'appui au commerce équitable et durable ; et (iv) la
promotion de la participation au commerce international (voir Annexe 7a). La loi de 2013
a été alignée sur le Cadre stratégique commun de l'Union européenne. 15
Pour mettre en pratique cette politique, des « notes stratégiques » ont été
élaborées et publiées.16 Ceci concerne en particulier la Note stratégique Coopération
belge au développement et secteur privé local (2014) ; la Note de politique stratégique
Numérisation pour le Développement (D4D) pour la Coopération belge au
développement (2016) ; et la Note stratégique Agriculture et Sécurité alimentaire pour la
coopération belge au développement - De la subsistance à l’entrepreneuriat (2017).17 La
Note de politique générale sur le Développement international de 2017, présentée au
Parlement belge en octobre 201618, réitère l'importance du PS4D, concluant qu'« en
raison d'une interprétation erronée du concept d'« aide déliée » un mur avait été érigé
entre la politique du développement et le secteur privé » (p. 5) et mentionnant que « Le
gouvernement belge met résolument l’accent sur le rôle central du secteur privé en tant
que moteur de développement.[…] Il entend tout d’abord soutenir le secteur privé dans
les pays partenaires […] mais aussi l’impliquer davantage dans la politique de
développement » (p. 6-7).
La Note de politique générale de 2017 sous-tend que les stratégies susmentionnées ne
sont pas statiques, mais dynamiques. Sont l'expression de ce dynamisme, la
modernisation de la stratégie des investissements de BIO (2016) et le lancement d'une
série d'initiatives PSD et PS4D au cours de ces dernières années, telles que les
14 Chambre des Représentants de Belgique. Note de Politique Générale du ministre de la Coopération au
Développement, 21 avril 2008 15 Le Cadre Stratégique Commun 2014-2020 de l’UE visait à déterminer les domaines clés de soutien, les défis
territoriaux à relever, les objectifs stratégiques, les domaines prioritaires en matière d’activités de
coopération, les mécanismes permettant d’assurer la coordination, la cohérence et la concordance des
politiques économiques des États membres et de l’Union (source : site Internet de la Commission
européenne). 16 Le site Internet du Service public fédéral Affaires étrangères, Commerce extérieur et Coopération au
Développement explique le concept de « note stratégique » comme suit : « L’objectif d’une note stratégique
est de définir et de justifier une vision et des priorités communes autour d’un thème, d’un secteur ou d’une
approche de la coopération belge. Elle est élaborée par la DGD qui élabore les politiques de développement
au niveau fédéral. » 17 Une note sur le cadre et les stratégies PSD a été élaborée plus amplement et acceptée par le ministre de la
Coopération au développement fin 2017, c.-à-d. après le champ temporel de l'évaluation. 18 Chambre des Représentants de Belgique. Note de Politique Générale Développement International 2017, 28
octobre 2016
Réponses aux questions d’évaluation
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 19
obligations à impact sur le développement / humanitaires19, la plateforme « The Shift »,
l'initiative Acropolis et la Charte du développement durable20. En outre, des discussions
ont été menées sur la base des recommandations de l'examen par les pairs de l'OCDE
(2015).21
La Note stratégique PSD de 2014 est claire dans la compréhension que le
développement du secteur privé n'est pas un objectif en soi, mais un moyen
d'éradiquer la pauvreté et de réduire l'inégalité et l'exclusion. En pratique, cela implique
que des considérations soit de génération de revenus en général, soit d'appui à des
organisations productives (coopératives) sont les motivations dominantes pour des
interventions liées au secteur privé, et non un soutien pour développer le secteur privé
en tant que tel (par exemple par des programmes visant le développement des petites et
moyennes entreprises). Elle promeut également le PS4D, précisant un rôle pour les
entreprises, notamment par le biais de l'entrepreneuriat durable et de la responsabilité
sociétale (p. 13-14). Ces notes stratégiques et de politique n'étaient pas
soutenues par une théorie du changement explicite, ni par une logique
d'intervention (voir Annexe 7a). La Note stratégique PSD de 2014 est plutôt courte
dans son analyse du sujet du développement du secteur privé et ignore les contraintes
spécifiques qui peuvent empêcher le secteur privé de prospérer. La Note ne contient ni
des moyens ou indicateurs de processus (p.ex. un calendrier), ni des indicateurs de
performance (outputs, outcomes).
La Note stratégique Agriculture et Sécurité alimentaire de 2017 donne la primauté aux
pays les moins avancés (PMA) en Afrique (dont des États en situation de fragilité) sur les
pays à revenu moyen. Puisque les activités bilatérales (coopération de gouvernement à
gouvernement) sont limitées aux pays partenaires (18 puis 14 pays depuis 2015), les
notes stratégiques se concentrent sur un sous-ensemble de la population des pays
éligibles pour des interventions dans le domaine du PSD : les interventions menées par
FINEXPO et par BIO peuvent être mises en œuvre dans les pays énumérés dans la liste
CAD de l'OCDE pour l'assistance officielle au développement 22. Il peut même s'agir de
pays à revenu moyen supérieur. En pratique, FINEXPO a mené des activités dans 52
pays, BIO dans 38. Pour les OSC/AI, il y a une liste de quelque 30 pays éligibles, bien
que certaines organisations comme Agricord ont des programmes dans nombre d'autres
pays.
La Note stratégique PSD de 2014 distingue les approches pour les PMA de celles
pour les pays à revenu moyen. Ceci a trait à l'amélioration du climat des affaires, au
19 Les obligations à impact sur le développement (development impact bonds) et les obligations à impact
humanitaires (humanitarian impact bonds) sont fondées sur les principes des obligations à impact sociales,
dans lesquels des investisseurs privés et des gouvernements unissent leurs efforts pour atteindre des
« profits » sociétaux. Le principe est d’attirer des capitaux privés pour lancer des projets innovants à mettre
en œuvre par une organisation (non publique). Il est déterminé avec le Gouvernement quelles cibles
mesurables devraient être atteintes. Le Comité international de la Croix-Rouge et la Belgique (par le biais
de la société d'investissement KOIS Invest) ont pris l'initiative d'une toute première obligation à impact
humanitaire (revalidation) et d'une obligation à impact sur le développement concernant l'amélioration des
moyens d'existence dans les camps de réfugiés syriens. 20 The Shift est le réseau belge de référence pour la durabilité, qui rassemble plus de 370 entreprises, OSC et
autres organisations dans le but d'établir des partenariats pour le développement durable. The Shift fut un
partenaire important pour l'élaboration de la Charte du développement durable. Voir Q4.
21 Belgique - Examen par les pairs CAD de la Coopération au développement, 2015. Voir aussi : Chambre des
Représentants de Belgique. Note de Politique générale Développement International de 2017, 28 octobre
2016, p. 4. 22 Service public fédéral Affaires étrangères, Commerce extérieur et Coopération au développement. Arrêté
royal établissant la liste des pays partenaires des acteurs de la coopération non gouvernementale. 10 avril
2014.
Réponses aux questions d’évaluation
20 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
soutien direct aux PME et aux organisations d'économie sociale.23 La plupart des pays
partenaires de la coopération gouvernementale belge sont des PMA situés dans la région
de l'Afrique centrale et occidentale. Parmi eux figurent six États en situation de fragilité. 24
Les pays en situation de fragilité ne sont pas caractérisés par un secteur privé
dynamique, et l'environnement propice aux activités commerciales est entravé par
diverses contraintes. La Note stratégique PSD de 2014 indiquait que, dans ces pays, « il
faudrait soutenir l'agriculture familiale » et que « les entreprises agricoles privées
émergentes dans l'économie sociale ont la priorité ». Dans les pays à revenu moyen
(MIC), « il sera donné la priorité au développement d'activités économiques durables
(climat des affaires25, partenariats parmi des organisations du secteur privé, accès à la
finance)”26 en particulier avec le et par le biais du secteur privé.
Les notes stratégiques n’abordent pas les liens potentiels existant entre la
coopération au développement et les relations économiques. Les PMA ou pays en
situation de fragilité ne sont pas les premières cibles pour BIO et Finexpo. Pour BIO, il
serait difficile de travailler seulement dans les PMA, puisque ce sont de petites
économies et qu'elles ne sont pas très attractives pour les investissements extérieurs (et
même domestiques), spécialement lorsque l'accent est mis sur des régions éloignées
dans ces pays. Il n'est pas envisagé non plus de liens spécifiques pour les pays à
revenu moyen, incluant les 6 pays d’exit27, malgré le potentiel pour des relations
économiques renforcées, et ce également dans la perspective de la diplomatie
économique et de la promotion du commerce. Il n'y a en fait pas de stratégie spécifique
pour les pays d’exit, définissant comment aborder le glissement de la coopération au
développement vers des relations davantage économiques.
Il n'y a pas d'approche générale pour « traduire » les stratégies générales
relatives au PSD en stratégies pour soutenir le PSD au niveau des pays. Bien que
les notes stratégiques relatives au PSD ne requéraient pas une « traduction » dans un
cadre ou une approche PSD spécifique par pays, une compréhension commune par les
23 Ni la loi de 2013, ni les diverses notes de politique générale ne sont explicites dans l'utilisation du concept
d'‘économie sociale’. L'Économie sociale met « les personnes avant les profits ». (L. Brown, MSVU, 2008).
Elle est « enracinée dans des communautés locales et indépendante du gouvernement ; les organisations
d'économie sociale sont démocratiques et/ou participatives, rassemblent de nombreux types de ressources
dans une entité possédée socialement, et donnent la primauté aux objectifs sociaux et aux valeurs sociales.
Tandis qu'elles peuvent avoir l'intention de réaliser un profit, elles le font dans un contexte qui voit le profit
comme un moyen de réaliser des buts sociaux, et non principalement comme un moyen de créer de la
richesse individuelle. Elles peuvent compter sur le travail bénévole ainsi que sur des employés rémunérés,
ou bien au lieu d'employés rémunérés. L'économie sociale est caractérisée par des initiatives d'entraide
mutuelle, et par des initiatives visant à rencontrer les besoins des membres défavorisés de la société. » Les
frontières entre le secteur privé-public et le secteur de l'économie sociale sont souvent floues. 24 Selon le rapport de l'OCDE de 2015 intitulé « Situations de fragilité ». 25 Le « climat des affaires » et l'« environnement des affaires » sont des concepts fréquemment utilisés, mais
ceux-ci ne sont pas utilisés de façon uniforme. Le CDDE (DCED en anglais) distingue entre, d'une part, le
« climat d'investissement » plus large, où des éléments comme les mauvaises infrastructures, les faibles
'institutions et la corruption jouent un rôle, et, d'autre part, l'« environnement commercial » (perçu comme
un « sous-ensemble du climat d'investissement »), y compris les mécanismes d'administration et
d'exécution établis pour mettre en œuvre la politique gouvernementale ainsi que les accords institutionnels
(par ex. les agences gouvernementales, les autorités réglementaires, les associations commerciales, etc.) »
(CDDE, 2008). Un terme plus limité est l'« environnement favorable aux activités commerciales », composé
de questions telles que la taxation, la concurrence loyale, la voix des milieux d'affaires et un environnement
politique stable. 26 Note stratégique PSD de 2014, 5.2, p. 12. 27 Les « pays d’exit » renvoient aux six pays que la Belgique ne considère plus, depuis 2015, comme des pays
partenaires pour la coopération gouvernementale. D'autres types de coopération peuvent néanmoins être
poursuivis dans ces pays (par ex. par le biais de la coopération non gouvernementale, de la coopération
multilatérale, de BIO ou de Finexpo). Ces six pays sont l'Algérie, l'Afrique du Sud, le Vie tnam, la Bolivie,
l’Équateur et le Pérou. L'OCDE les considère maintenant tous comme des pays à revenu moyen.
Réponses aux questions d’évaluation
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 21
acteurs clés du PSD (et du PS4D) aurait probablement pu renforcer l'opérationnalisation
de la stratégie et aurait pu générer des synergies.28 Des visites de terrain au Pérou, en
Tanzanie et au Rwanda ont indiqué qu'aucune approche au niveau des pays n'avait été
élaborée pour le PSD en tant que telle, que ce soit par l'ambassade correspondante, par
le bureau de la CTB ou par la plupart des autres acteurs (Exchange vzw élabore une
sorte de plans des pays). Les acteurs de la coopération non gouvernementale (OSC/AI)
harmonisent des activités depuis 2016 dans le contexte du cadre stratégique commun de
planification (Cadre de l’analyse contextuelle commune – ACC - et Cadre stratégique
commun - CSC). Cela n'implique pas que le PSD n'était pas une composante du
programme indicatif (existant) du pays ou que les ambassades ne soutenaient pas les
initiatives PSD et PS4D ad hoc (par ex. au Pérou). Mais il n'y avait pas de vision ni
d'approche stratégique globale concernant la question de savoir comment mobiliser au
mieux les acteurs PSD clés dans ces pays (BIO, la CTB, le TDC, Exchange, Agricord,
etc.).
L’enquête réalisée auprès des ambassades et représentants de la CTB suggère
qu'ailleurs le développement d'une stratégie PSD explicite n'était pas inhabituel, et ce
pas nécessairement à l’échelon national. Parmi les 18 ambassades et les 16 bureaux de
la CTB qui ont répondu aux questions correspondantes, cinq ambassades et 9 bureaux
de la CTB ont indiqué avoir développé une stratégie PSD (soit au niveau national, soit à
l'échelon régional). Cela inclut les pays dans lesquels le développement de ces
stratégies a été commencé fin 2017, soit après le champ temporel de l’évaluation.29
Voir la figure 6 ci-dessus.
Figure 6: Ambassades et bureaux de la CTB avec une approche stratégique
PSD
En pratique, tant les ambassades que les bureaux de la CTB sont actifs dans la
coordination d'activités liées au PSD. Au Pérou l'ambassade assume un rôle plus
proactif en établissant des contacts entre les acteurs PSD et le développement
d'initiatives de diplomatie économique. Au Pérou plus qu'en Tanzanie ou au Rwanda,
puisque ce pays est plus exposé aux mouvements commerciaux internationaux mais
aussi grâce au fait que l'ambassade est particulièrement proactive dans l'établissement
de tels contacts.
Les stratégies belges en PSD ne sont pas restrictives dans le choix des
secteurs, bien que tant la Note stratégique PSD de 2014 que la Note stratégique
Agriculture et Sécurité alimentaire de 2017 renvoient aux secteurs prioritaires de la
coopération belge. La Note stratégique Numérisation pour le Développement de 2016
renvoie à toutes les activités sociales et économiques dans lesquelles la numérisation
28 Une hypothèse formulée par l'équipe d'évaluation sur la base des visites de pays. 29 Burundi, Équateur, Guinée, Maroc et Sénégal. Ces stratégies PSD nationales n'ont pas été analysées dans
cette évaluation.
Réponses aux questions d’évaluation
22 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
peut être utilisée. Les secteurs prioritaires sont (d’après la loi de 2013) 1° les soins de
santé; 2° l'enseignement et la formation; 3° l'agriculture et la sécurité alimentaire; et 4°
l'infrastructure de base (considérés dans la Note stratégique Secteur privé de 2014
comme les énergies renouvelables et le tourisme durable). Pour le secteur prioritaire
n°3, la coopération met l’accent sur l’entrepreneuriat dans la Note stratégique
Agriculture et Sécurité alimentaire (2017). Pour le n° 4, il est dévolu un rôle notamment
à BIO (et FINEXPO) pour impliquer le secteur privé dans les infrastructures. Pour les n°
1 et n° 2, il n’est toutefois pas clair si et comment la coopération belge vise à donner un
rôle au secteur privé.
En pratique, les secteurs principaux ont été la banque et les services financiers (26 %,
en particulier par BIO, pouvant avoir trait à d’autres secteurs), l’agriculture (17 %),
l’énergie et les infrastructures (toutes deux 12 %) – voir cartographie. L’enquête montre
cette orientation sectorielle également dans les pays partenaires de la Belgique : les
activités PSD sont liées à l'agriculture (12 ambassades sur 16, 14 bureaux de la CTB sur
15) et à l'infrastructure (7 ambassades sur 16 ; 9 bureaux de la CTB sur 15) (voir
Annexe 5). Il ressort également des missions de terrain en Tanzanie et au Pérou (et
dans une moindre mesure au Rwanda) que l’agriculture y est un secteur clé (c.-à-d.
l’organisation des coopératives, les petites infrastructures agricoles, la production, la
certification, la commercialisation, etc.). Le TDC se concentre sur le commerce équitable
(y compris l'exploitation minière artisanale et le tourisme durable). L’éducation technique
et professionnelle a également été importante dans certains pays, comme en RDC.
Au-delà du champ strict des programmes de développement, d’autres parties
belges actives en matière de développement sont – dans un éventail d’activités
différentes - actives dans le PSD. Ceci se fait directement ou indirectement et à
l'échelon national ou au niveau des entreprises, tout en ne les considérant pas
nécessairement comme du PSD. Les rapports pays fournissent quelques exemples (par
ex. au Pérou : soutien fourni par l’ambassade au Salón del Cacao y Chocolate à Lima ;
au Rwanda : la Belgique est membre du Conseil de la Banque Rwandaise de
Développement).
3.1.2 Potentiel pour la valeur ajoutée de la coopération belge
En ce moment, les divers acteurs belges impliqués dans le PSD couvrent chacun
une « niche » ou un ou plusieurs domaines de spécialisation. Par rapport aux
quatre objectifs mentionnés dans la loi de 2013, la plus grande attention est donnée à
deux objectifs seulement, à savoir l'appui direct au secteur privé loc al (tant les
organisations et entrepreneurs locaux que l'octroi d'un financement) et le commerce
inclusif et durable à travers la promotion et l’appui actif au commerce via la certification.
Les caractéristiques distinctives de la coopération belge au développement
dans le PSD sont sa connaissance et son expérience (des organisations) de
l'économie sociale et l'accent mis sur le commerce équitable. Parmi les
partenaires au développement international, la coopération belge n'est pas connue par
un quelconque profil distinctif pour ce qui est du PSD, mais en pratique il s’agit surtout
du fait qu'elle a travaillé avec des acteurs de l'économie sociale pendant des décennies
et qu'elle a généré une large connaissance en cette matière. Cela ne s'applique pas à
BIO ni à Exchange. Le secteur productif belge consistant principalement dans des petites
et moyennes entreprises, ceci est fréquemment mentionné comme un atout pour
soutenir les petites entreprises dans les pays en développement. Dans les faits, ces
connaissances sont sont insuffisamment exploitées car utilisées pratiquement
uniquement par Ex-Change-Expertise asbl et par Exchange vzw . Le mandat de BIO a
été modifié et étendu en 2016 ; elle a obtenu un mandat plus large. L’accent principal
est mis sur les entreprises et institutions financières de taille moyenne, bien qu'elle peut
Réponses aux questions d’évaluation
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 23
aussi fournir des prêts à des entreprises d'économie sociale également.30 Le commerce
équitable est devenu, en particulier au cours des dernières années, une caractéristique
distinctive également : 80 % des interventions sélectionnées pour la présente analyse
envisageaient le commerce équitable comme une priorité ou comme une des activités du
projet ou programme (voir Q3).
L'appui aux chaînes de production (agricoles) est un autre domaine de
connaissance particulier de la coopération belge (tel que mis en évidence au Pérou,
en Tanzanie et, dans une moindre mesure, au Rwanda). Deux chaînes agricoles
reviennent fréquemment: le cacao et le café. Néanmoins, cela n'a pas été entièrement
exploré et développé plus amplement par une approche intégrée des acteurs tels que
BIO, le TDC, Exchange, Agricord, les OSC, les instituts de recherche et les entreprises
locales et belges, en termes d'opportunités de financement, d'études de marché, de
programmes d'échange, de financement pour la participation à des foires commerciales,
etc.
Les domaines potentiels pour l’engagement du secteur privé dans le développement
(PS4D) mentionnés par les interviewés sont - outre l'industrie agro-alimentaire - la
biotechnologie, les produits pharmaceutiques et le développement des ports. Les parties
prenantes ont également renvoyé à l'accent mis sur le travail décent comme
caractéristique de l'approche belge dans le PSD. Durant les visites de terrain, il n'y avait
toutefois pas d'évidence claire que ceux-ci pourraient être considérés comme une valeur
ajoutée dans les trois pays examinés.
3.1.3 Correspondance avec les approches de pointe
La vision belge concernant le développement du secteur privé est guidée par
l'évolution des visions internationales concernant la coopération au
développement. La dynamique belge répond à des accords internationaux et à une
vision internationale, fondés sur les objectifs de développement durable (ODD, 2015),
l'Agenda 2030, l'Accord de Paris sur le climat (2016), le Consensus européen (2017) et
autres.31 Les observations et recommandations formulées par l'examen par les pairs de
l'OCDE (2015) ont été influents également. Cette évolution s’exprime - notamment - par
la Note stratégique Numérisation pour le développement de 2016 et par la Note
stratégique Agriculture et Sécurité alimentaire de 2017, laquelle, dans son titre, reflète
une orientation du secteur privé (« De la subsistance à l’entrepreneuriat »). La Note de
politique générale de 2017 mentionne à nouveau, avec insistance, l’importance de
l’engagement du secteur privé pour le développement (PS4D).
La stratégie belge pour le développement du secteur privé ne peut être
considérée comme « de pointe » pour ce qui est de l'engagement direct des
acteurs privés (PS4D). En 2017, cet engagement était à un stade initial. Au
cours des 20 dernières années, la Belgique a à peine développé de mécanismes pour
un engagement direct d’acteurs externes du secteur privé dans le processus de
développement.32 Il n'y pas eu d'approche stratégique pour identifier des opportunités
et/ou pour impliquer le secteur privé belge dans le processus du développement. La
Note de politique générale de 2017 a même conclu qu'« en raison d'une interprétation
erronée du concept d'« aide déliée » un mur a été érigé entre la politique du
30 L'exemple du Rwanda, à savoir la Rwanda Mountain Tea peut - du moins en théorie - être qualifié
d'entreprise d'économie sociale. 31 Source : Chambre des Représentants de Belgique. Note de Politique Générale Développement International
2017, 28 octobre 2016, p.3. 32 Source: 1428/005 DOC 54. 2015 Chambre 3e Session de la 54e Législature. 2016. The Minister for
Development Cooperation: “Ces vingt dernières années, la politique belge de développement a
malheureusement perdu le contact avec le monde des entreprises belges. [..] »
Réponses aux questions d’évaluation
24 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
développement et le secteur privé »33 et promeut un changement : « Le gouvernement
belge met résolument l’accent sur le rôle central du secteur privé en tant que moteur
de développement.[…] Il entend tout d’abord soutenir le secteur privé dans les pays
partenaires […] mais aussi l’impliquer davantage dans la politique de
développement ».34
Toutes les ambassades et tous les bureaux de la CTB ayant répondu à l’enquête (17
ambassades et 16 bureaux de la CTB) signalent qu'il n'y a pas eu d'initiatives concrètes
visant à identifier des opportunités « gagnant-gagnant » pour les entreprises belges et
pour les objectifs de développement du pays partenaire, tandis qu'environ la moitié des
ambassades ont pu identifier des domaines de potentiel pour l'implication du secteur
privé belge (voir Annexe 7A). Les visites de terrain ont indiqué divers exemples de
type d'activités PS4D au Pérou,35 mais dans une moindre mesure au Rwanda et en
Tanzanie. En Tanzanie, il n'y a pas d'approche spécifique en ce qui concerne
l'implication d'entreprises belges dans le développement, mais la promotion d'activités
économiques (par des acteurs hors coopération) existait, par exemple l'organisation de
missions économiques. Au Rwanda, l'ambassade possède une vaste connaissance du
pays et de nombreuses organisations belges sont présentes, mais la présence
commerciale belge est petite.
La coopération belge est plutôt séparée de la diplomatie économique et de la
promotion du commerce. Résultant de la définition de l’Assistance officielle au
développement (AOD) ainsi que des différents mandats institutionnels (la promotion
des relations économiques internationales étant une compétence des Agences
régionales : FIT, AWEX et Brussels Invest & Export), la coopération au développement
est généralement perçue comme étant séparée des relations économiques, et non
comme un continuum dans le contexte plus large des relations extérieures. Il y a des
‘nuances’ et relations transversales à cet égard, telles qu'exprimées par les activités de
FINEXPO ; l’appui de BIO pour les institutions financières dans les pays avec lesquels
elle travaille ; la promotion du commerce international de quelques chaînes de
production soutenues par la coopération au développement (le cacao, le café) ; et les
portefeuilles de développement des agences régionales. Tandis que le manque de liens
ne constitue probablement pas un manquement pour la plupart des PMA, il peut mettre
en danger une transition en douceur de la coopération au développement vers des
relations économiques dans les nombreux pays évoluant d'un niveau de revenu
inférieur à moyen, comme les pays d’exit.
Encadré 2: PS4D avec un acteur de l’économie sociale - Ten Senses Africa
(noix de macadamia)
Le TDC soutient une coopérative rwandaise de producteurs de noix de macadamia. La
coopérative fournit les noix à une sdociété kenyane expérimentée : Ten Senses Africa.
Cette société explore les opportunités de production et de marché pour les noix
certifiées de qualité supérieure du Rwanda. La société fournit les connaissances en
matière de culture aux producteurs rwandais ; fournit des semis devant être multipliés
dans les pépinières rwandaises ; fournit des agronomes pour une production de haute
technologie et forme les agents de vulgarisation rwandais ; possède une usine de
traitement ; et a ses propres facilités de commercialisation et de vente. Une
application téléphonique mobile de haute technologie permet à chaque producteur
rwandais individuel de suivre (en temps réel) la commercialisation de ses produits et
les prix obtenus. Ten Senses Africa est une entreprise étrangère, régionale et sociale
qui a montré l'exemple. Le TDC fournit une assistance technique dans la certification
33 Source : Chambre des Représentants de Belgique. Note de Politique Générale Développement International
2017, 28 octobre 2016, p.5. 34 Source : Chambre des Représentants de Belgique. Note de Politique Générale Développement International
2017, 28 octobre 2016, p.6,7. 35 Voir la Q1 dans l'Annexe 4a de la Note pays Pérou.
Réponses aux questions d’évaluation
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 25
et la commercialisation. Le nombre de producteurs rwandais s'est multiplié et la
coopérative rwandaise envisage d'établir sa propre usine de transformation. Ceci est
une illustration de la manière dont une société privée, en combinaison avec dde l’appui
technique (fourni par le TDC), peut renforcer la production / la capacité d’exportation
locale et régionale et augmenter le revenu de petits producteurs organisés dans une
coopérative. Il s'agit d'une activité PS4D régionale.
Source : ADE
Réponses aux questions d’évaluation
26 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
Encadré 3: Salon(s) du cacao et du chocolat
L’ambassade à Lima a appuyé l’organisation du Salón del Cacao y Chocolate Perú,
auquel ont également participé des ONG et organisations péruviennes appuyées par la
coopération belge, l’entreprise belge Puratos ou des chocolatiers belges. Il ressort
toutefois d’entretiens que ceci ne résulte pas réellement d’une concertation entre
acteurs belges, même si des contacts ont pu y être établis. Une des activités du projet
du TDC était ceci dit de promouvoir la participation de la Coopérative de Pangoa à ce
Salon du cacao et du chocolat de Lima.
Un responsable de VECO-Pangoa a par ailleurs participé deux fois au Salon du chocolat
à Paris. Il n’y a toutefois pas eu de participation au Salon du chocolat de Bruxelles, qui
a déjà connu 3 éditions à l’heure d’écrire ces lignes (2015, 2016 et 2017). Certains
mentionnent le fait que le Salon du chocolat de Bruxelles est d’avantage un
événement orienté vers le consommateur (B2C vs. B2B). Il n’empêche que ceci
semble une occasion manquée en termes tant de PSD que de PS4D. Cela aurait par
exemple peut-être pu permettre de renforcer les liens des producteurs péruviens
appuyés par la coopération belge avec les acteurs du chocolat belges, tout en
renforçant la place belge comme plaque tournante incontournable en matière de
chocolat.
Ce cas particulier illustre 1/ le fait que de nombreux acteurs belges travaillent dans les
mêmes filières agricoles, notamment celle du cacao/chocolat, dans laquelle la Belgique
dispose d’un réel savoir et savoir-faire, 2/ l’intérêt de développer une approche
stratégique par filière pour les divers acteurs belges dans une optique PSD et PS4D; et
3/ le manque de liens forts entre les acteurs de la coopération belge et ceux du
secteur privé belge.
Source: ADE
3.1.4 Genre, climat, travail décent, approche fondée sur les droits
Les diverses notes stratégiques ne précisent pas si les « dimensions
prioritaires » (droits de l'homme, y compris les droits des enfants, et travail
décent) et les questions transversales (genre, protection de l'environnement et
ressources naturelles) devraient être considérées comme normatives ou
comme une pré-condition pour une implication de la coopéeration. Les visites de
terrain indiquent que l'adhésion à ces dimensions prioritaires n'était pas une pré-
condition pour une implication et que les aspects tels que le genre, l'approche fondée sur
les droits, l'environnement ou le travail décent ont été pris en considération, mais n'ont
pas été d'une influence décisive en ce qui concerne le PSD. 36
Le principe de base de l'approche fondée sur les droits est de « ne pas nuire » et « faites
un maximum de bien ». Dans le cas du PSD, cela ne peut pas toujours être
convenablement évalué au préalable.
3.1.5 Alignment sur les priorités et besoins du secteur privé et des pays partenaires
L'alignement des programmes mis en œuvre a été évalué par rapport a) aux besoins
prioritaires à l'échelon national (pertinence de la politique du bénéficiaire / partenaire)
; b) aux besoins à l'échelon sous-national / régional (« pertinence locale ») ; et c) aux
besoins à l'échelle des entreprises. La question de savoir si les programmes mis en
36 Voir Q5 pour les résultats des interventions examinées, en termes de genre, de climat et d'environnement.
Réponses aux questions d’évaluation
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 27
œuvre par les divers acteurs ont été pertinents pour la politique belge (pertinence
politique du bailleur) est élaborée plus amplement dans la Question d'évaluation 3
(Q3).
Les programmes abordaient (dans certains cas indirectement) les besoins
prioritaires tels qu'identifiés dans les politiques nationales du pays partenaire .
Cela pourrait être soit le résultat d'une planification délibérée (la CTB par exemple, et
dans une moindre mesure BIO) ou simplement du fait que tant les besoins que les
stratégies sont formulés en des termes plutôt généraux. Cela n'implique pas que les
programmes ou interventions sont directement alignés sur les politiques nationales, mais
ces interventions ne contredisent pas non plus les politiques.
Le point de départ est l'analyse faite par le gouvernement des principaux besoins et
contraintes. Fréquemment, les analyses d’un gouvernement ne sont pas très précises
dans l'identification des (principales) contraintes.37 Par exemple, le ministère du
Commerce et de l'Industrie du Rwanda38 a identifié diverses contraintes (voir Annexe 4c
rapport pays Rwanda), mais ne renvoie pas à la présence dominante de l'Etat, ni aux
facteurs d'économie politique.
Au Pérou, les stratégies nationales pour le secteur agricole promeuvent fortement le
développement de chaînes de valeur dans quelques produits agricoles. Diverses parties
prenantes de la coopération belge alignent leurs activités sur le développement de
chaînes de valeur et sont actives dans les mêmes sous-secteurs agricoles, tels que le
café et le cacao. Au Rwanda, les programmes mis en œuvre avec une composante PSD
ont tous été alignés sur les politiques publiques (programme de la CTB), ou du moins ne
les contredisaient pas (Exchange, etc.). En Tanzanie, l’appui au PSD était aligné sur les
secteurs prioritaires de la stratégie de développement de la Tanzanie, principalement
l'agriculture, celle-ci étant stratégique en termes de lutte contre la pauvreté. Le
développement du secteur privé est considéré comme un levier pour atteindre la
croissance favorable aux pauvres dans l'agriculture. L'ASDP 2006-2013 se concentre sur
trois stratégies principales, y compris « la promotion du secteur privé / secteur public et
le traitement / la conclusion de partenariats avec les producteurs en encourageant des
relations commerciales durables pour assurer l'accès aux marchés, aux inputs et à la
technologie pour les produits princ ipaux et pour les transformateurs de matières
premières ».39 Les interventions belges ont aussi été liées, dans une certaine mesure, à
l'industrialisation40, laquelle est l'un des piliers du programme de développement de la
Tanzanie.
Les répondants à l’enquête auprès des ambassades et des bureaux de la CTB dans les 20
pays partenaires (y compris ceux d’exit) ont indiqué que les stratégies PSD sont fondées
sur une analyse approfondie des besoins du secteur (4 ambassades sur 5 et 5 bureaux
de la CTB sur 9), tandis que tous ont indiqué que la stratégie répond aux principaux
besoins du secteur privé. Dans 3 des ambassades et dans 8 bureaux de la CTB sur 9, le
secteur privé local a été activement impliqué dans l'élaboration de la stratégie (à travers
des réunions, des groupes cibles ou l'implication de la Chambre de Commerce) (Voir
Annexe 7a et questions 9 à 12 de l’enquête à l'Annexe 5).
37 Byiers et Rosengren, 2012. Les contraintes sont spécifiques au contexte (spécifiques au pays), comme en
matière d'économie politique (avec une concentration des pouvoirs politiques et économiques entre les
mains de quelques-uns), des institutions déficientes avec des ressources humaines insuffisamment
qualifiées ; des institutions financières déficientes ou défaillantes ; un manque de protection juridique des
entrepreneurs ; ou des infrastructures publiques pauvres et une corruption généralisé e. 38 Ministre du Commerce et de l'Industrie. Plan stratégique sectoriel 2018-2024. PSDS2. Septembre 2017. 39 Programme de coopération au développement (Development Cooperation Programme, DCP) Belgique -
Tanzanie 2014-2015 40 Divers équipements (par ex. des machines) pour le développement d'une chaîne de valeur.
Réponses aux questions d’évaluation
28 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
Tableau 6: Réponses à l’enquête sur une approche stratégique en PSD
au niveau pays
Résultats de l'enquête Ambassades (5) Bureaux de la
CTB (9)
Alignement sur les politiques
nationales
4 9
Élaborée avec le Gouvernement 3 8
Analyse des besoins PSD 4 5
Implication directe du secteur
privé
3 8
Source : ADE
En général, les programmes répondaient également aux besoins régionaux et
locaux. Dans le cas du Rwanda, les besoins prioritaires au niveau régional sont
précisément connus, fondés sur une étude de consultance (2016), tandis que le
programme d’appui à la décentralisation du Rwanda (Rwanda Decentralisation Support
Programme, RDSP), appuyé par la Belgique, a financé et soutenu l'élaboration de plans
de développement de district, comprenant l'analyse du secteur privé, et a l'intention de
renforcer sa présence.
Au Pérou, les disparités géographiques entre les régions sont énormes. La plupart des
programmes belges de développement ont lieu dans les zones économiquement moins
développées (les Andes et les régions amazoniennes).
Des acteurs tels que BIO et Ex-Change-Expertise asbl et Exchange vzw
s'occupent des besoins directs des entreprises locales, chacune avec leurs propres
groupes cibles. Dans une (ébauche de) stratégie plus récente, Exchange vzw accorde
plus d'attention aux problèmes spécifiques liés au processus de changement et à la
transition (manque d'innovation, processus de changement organisationnels,
amélioration organisationnelle).
Les acteurs se concentrent principalement sur les acteurs de l'économie sociale, à
l'exception de BIO et d'Exchange vzw qui ont soutenu des PME « plus grandes » ou des
sociétés plus grandes dans les processus de transition (Ex-Change-Expertise asbl a
fourni un appui au secteur hospitalier). Dans les trois pays visités, BIO a fourni un appui
à des banques d'investissement (Bank of Africa Group ; Ecobank Transnational), à des
fonds d'investissement (AfricInvest, Grofin, LocFund II), à des entreprises commerciales
(KivuWatt) et à une coopérative (Rwanda Mountain Tea).
Quelques différences d'approche ont été observées entre les PMA et les MIC,
mais pas beaucoup. La cartographie (voir chapitre 2) montre que les différences sont
principalement le fait que l'appui à des pays fragiles et à d'autres PMA a été
proportionnellement plus axé sur la formation professionnelle, sur le développement de
chaînes de valeur et sur le développement de l'économie locale, et dans une moindre
mesure sur le développement des institutions financières locales. Les missions de terrain
en Tanzanie et au Rwanda (des PMA) et au Pérou (un MIC) ont montré que les
approches (et instruments et groupes c ibles) dans des domaines tels que le
développement de chaînes de valeur, le développement économique local, ainsi que le
développement des institutions financières locales, sont en fait plutôt similaires. Des
approches et instruments plus appropriés pour les MIC ont rarement été vus au Pérou
(ou signalés dans d'autres MIC), comme le renforcement de systèmes d'innovation
industrielle, l'engagement du secteur privé autour d'investissements productifs ou le
développement direct de l'entrepreneuriat.
Réponses aux questions d’évaluation
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 29
3.2 Q2 Modèle opérationnel
Dans quelle mesure le modèle opérationnel permet-il de mettre en œuvre la
stratégie ?
Cette question d'évaluation renvoie à l'architecture des diverses entités impliquées dans
la mise en œuvre de la stratégie, à leurs mandats et aux éventuels trous ou
chevauchements ; ainsi qu'à l'existence de guidance, de règles et de procédures pour la
mise en œuvre de la stratégie.
Q2 – Modèle opérationnel
La coopération belge au développement, y compris sa composante PSD, est mise en
œuvre par des agences, organisations et institutions publiques et non
gouvernementales, organisées verticalement. Les allocations budgétaires ne sont pas
attribuées à des stratégies spécifiques (comme le PSD), ni à de larges programmes,
mais par acteur. Le budget pour chaque acteur peut toutefois contenir des
composantes affectées à des programmes spécifiques. Les allocations budgétaires ne
sont pas directement liées aux résultats (ou à la performance) dans la mise en œuvre
des stratégies PSD.
Au niveau global, les mandats des divers acteurs belges sont distincts ; ceux-ci sont
généralement conçus et perçus comme des organisations « spécialisées » ou de
« niche ». Cela a abouti à une compartimentation institutionnelle, organisée avec des
structures verticales (« fonctionnement en silos »). L'appui direct aux entreprises
dans les pays en développement est l'activité principale tant de BIO que d'Exchange
vzw et d'Ex-Change-Expertise asbl, tandis que la CTB, le TDC et la plupart des OSC
travaillent principalement avec des acteurs de l'économie sociale (notamment des
coopératives).
Les interventions sont essentiellement réalisées en deux « séries » de pays éligibles :
la liste CAD de l'OCDE (pays éligibles pour FINEXPO et BIO ; et une sous-série de 32
- plus un thème - pour les OSC/AI) et un groupe de 14 pays partenaires (20 en
compenant les pays d’exit). Les activités menées dans le domaine du PSD font partie
d’interventions individuelles, qui sont généralement planifiées séparément et ne sont
pas forcément complémentaires l'une avec l'autre. Puisque la CTB, le TDC et la
plupart des OSC/AI opèrent avec le même type de clients et au sein des mêmes
secteurs prioritaires (chaînes de valeur agricoles), un chevauchement a lieu, mais
celui-ci n'est pas fréquent. La DGD ne canalise pas directement des ressources
financières vers les organisations situées dans les pays éligibles pour l'appui au PSD
selon son mandat.
Dans les stratégies belges et dans l'organisation du secteur public, la coopération au
développement et la diplomatie économique sont assez strictement séparées. Dans la
politique étrangère belge, les deux sujets ne sont typiquement pas considérés
comme un continuum.
Les stratégies et programmes PSD sont mis en œuvre en l'absence de lignes
directrices spécifiques (sauf à partir de « priorités opérationnelles » chez quelques
acteurs). Chaque acteur définit ses propres instruments et procédures. Les
instruments spécifiques pour l'amélioration de certaines composantes du climat des
affaires ou pour le PS4D sont rares ou non existants.
Plus récemment, la structure organisationnelle et les instruments pour l'engagement
du secteur privé (PS4D) émergent en tant que composante d'un processus de
modernisation de la coopération belge.
Réponses aux questions d’évaluation
30 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
3.2.1 Architecture institutionnelle belge
Le Service public fédéral Affaires étrangères, Commerce extérieur et
Coopération au Développement est dirigé par deux ministres et par un
secrétaire d’État. Ensemble, ils sont politiquement responsables de la politique
étrangère belge. La coopération au développement relève de la responsabilité du
ministre de la Coopération au développement (qui est aussi le ministre en charge de
l'Agenda numérique, des Télécommunications et de la Poste) ; la politique économique
extérieure et le commerce sont de la responsabilité du Secrétaire d’État pour le
Commerce extérieur (et même principalement des Régions); les affaires étrangères
relèvent de la responsabilité du ministre des Affaires étrangères et des Affaires
européennes.
Pour la coopération au développement, la DGD est la direction « générale » chargée de
concevoir les stratégies pour la mise en œuvre des politiques, d'organiser
l’implémentation et de mesurer ses résultats.41 Pour la mise en œuvre de la coopération
au développement, la DGD dispose d'un budget ; elle n'est toutefois pas l'unique
détenteur du budget. Les agences importantes de développement, telles que la CTB, BIO
et le TDC, disposent de budgets publics indépendants. La DGD est en charge de la
coopération multilatérale et, par conséquent, entretient des contacts avec des
organisations internationales, y compris l'Union européenne, les Nations Unies (et ses
organisations et programmes spécialisés tels que la FAO, le FIDA, le PAM et le CGIAR) et
l'OCDE. Un autre mandat de la DGD est d'allouer des budgets à des OSC/AI pour la mise
en oeuvre de programmes et elle a aussi pour mandat d'innover et de développer des
activités avec de nouveaux acteurs.42
Il n'y a pas de relation directe entre les stratégies de la DGD, les allocations budgétaires
aux agences et la mise en œuvre de ces stratégies. L'allocation budgétaire est fondée
sur la classification administrative dans laquelle des ressources sont allouées à une
agence ou organisation. Cette allocation est tant pour le financement principal (pas pour
toutes les organisations) que pour la mise en œuvre de programmes et de projets. Au
sein de chaque contrat, il peut y avoir une affectation pour des programmes spécifiques
(« engagements »). Une ligne budgétaire spécifique fut créée pour permettre un
financement (relativement limité) d’acteurs spécialisés en PSD/PS4D tels qu'Agricord,
Exchange et The Shift, lesquels ne sont pas financés par le biais du programme de
coopération non gouvernementale (pour les OSC/AI).43 Mais, dans l'ensemble, il n'y a pas
d'allocation programmatique de budget (tel qu’un budget général « développement du
secteur privé »). La Note de politique générale de 2017 regrette ce qu'elle appelle une
« approche verticale ». 44
La performance de la mise en œuvre des stratégies PSD n'est pas directement
mesurable. Les acteurs jouissent d'un degré d'autonomie, et par conséquence de liberté,
dans la mise en œuvre des stratégies (ou directions stratégiques) fédérales. Bien que les
résultats globaux des acteurs sont pris en compte (c.-à-d. par l'enregistrement dans
PRISMA, même si - en l'absence d'un marqueur - cela ne s'applique pas au PSD), leur
performance relative à la mise en œuvre d'une certaine stratégie n'est pas décisive pour
l'allocation de ressources.45 La Note de politique générale de 2017 a annoncé une
modification dans le cas des OSC/AI, pour lesquels le nombre de modalités de
41 Direction générale de la Coopération au Développement et de l’Aide humanitaire. Note stratégique «
Résultats de développement ». 2015. 42 Un exemple est la relation développée avec The Shift. 43 Ligne budgétaire « Entreprendre pour le développement », récemment réorganisée en tant que «
Entrepreneuriat local - Commerce équitable et durable » 44 « Un fonctionnement en silo: les différents instruments et acteurs coexistaient sans coordination) »,
Chambre des Repésentants de Belgique. Note de Politique Générale Développement International 2017, 28
octobre 2016, p4 45 DGD Strategienota Ontwikkelingsresultaten, 2014.
Réponses aux questions d’évaluation
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 31
financement sera réduit à une seule, à savoir le financement de programmes (avec un
seuil minimal de subvention afin de réduire les frais de transaction pour le ministère).
Il n'y a pas d'allocation directe de ressources à des organisations dans les pays
éligibles pour un appui au PSD, ne fût-ce que par exemple pour les Chambres
(locales) de Commerce, les conseils de promotion des exportations ou les organisations
non gouvernementales. Seules les organisations belges et multilatérales sont éligibles
pour l'appui belge au développement du secteur privé.
La structure de financement pour l'appui au secteur privé à travers les diverses entités
belges a été résumée dans l'encadré 1 à l'Annexe 7b.
La note stratégique PSD de 2014 précise que sa mise en œuvre relève de la
responsabilité des entités et partenaires existants et qu'il ne serait pas établi
de nouveaux instruments ou organisations. Les rôles de certains acteurs (comme
les OSC/AI) ne sont en fait pas clairement définis. Les entités d'exécution principales
sont :46
La CTB, responsable de la mise en œuvre des programmes bilatéraux de
développement en collaboration avec les gouvernements bénéficiaires des pays.
BIO, la Société belge d'investissement pour les pays en développement, fournit
un soutien financier direct à travers des prêts à des entreprises (et entités dans
l'économie sociale) locales (principalement) moyennes dans les secteurs de
l'agriculture et de l'énergie, ainsi qu'à des projets en matière de climat et à des
services de base tels que l'alimentation en eau, l'éducation, le logement, la santé
et les services financiers. L’appui de BIO apporté à des institutions financières
vise à renforcer l'accès des PME au capital, tandis que BIO fournit aussi une
assistance technique et peut offrir un soutien à l'élaboration d'études de
faisabilité.47
Le TDC en tant que centre de connaissances (au sein de CTB) a pour tâche
d'identifier les besoins financiers et techniques des organisat ions de petits
producteurs (coopératives, sociétés et associations, entreprises) impliquées dans
des projets commerciaux équitables et durables. Un mandat collatéral est la
sensibilisation, au sein de la coopération belge, pour une meilleure intégration du
soutien à la commercialisation et au commerce équitable et durable dans des
programmes et projets.
Les OSC/AI et d’autres acteurs non gouvernementaux tels que Ex-Change-
Expertise asbl et Exchange vzw, Agricord et les « organisations faîtières » (tel que
11.11.11). Le groupe cible d'Exchange vzw est ce qu'on appelle les « hipos »
(high potential small and medium enterprises - petites et moyennes entreprises à
fort potentiel de croissance). En Afrique, on trouve difficilement celles-ci dans le
secteur agricole (des exemples au Rwanda sont le spectacle et la mode).
Les entités liées, telles que Finexpo, Credendo/Ducroire, et les agences
régionales. Ces organisations ne soutiennent pas directement le secteur privé
dans les pays en développement (Finexpo dispose d'une composante assistance
technique).
Les entreprises, notamment par le biais de l'entrepreneuriat durable et de la
responsabilité sociétale.
46 Note stratégique de 2014, p 13-16. 47 En juillet 2016, la Chambre belge des Représentants a approuvé une loi modernisant BIO et étendant ses
fonctions. Parmi les caractéristiques du nouveau mandat figure l'ouverture à des investisseurs privés qui
ciblent non seulement le rendement financier, mais aussi l'impact social et environnemental de leur
investissement (aucun investisseur privé n'est encore entré dans le capital de BIO, 100 % relève toujours
de l’État belge à ce jour).
Réponses aux questions d’évaluation
32 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
Les divers acteurs opèrent sous différentes conditions juridiques et ont chacun leur
mandat spécifique. Un résumé de ces mandats concernant le PSD est présenté dans le
tableau 1 contenu dans l'Annexe 7b.
Néanmoins, la note stratégique PSD de 2014 mentionne que la DGD allait
identifier « de nouveaux types de coopération »48. Elle précise également qu’il
convenait d’analyser ou de renforcer de nouvelles approches (combinaison de
subventions et de prêts – « blending », partenariats public-privé, etc.).49 La DGD a par
exemple créé et utilisé la ligne budgétaire spécifique « Entreprendre pour le
Développement » à cet égard (par ex. pour les contrats conclus avec le TDC, Exchange,
Agricord et The Shift). Mais il n'y a pas eu grand-chose en termes de blending, de PPP ou
d'autres « nouveaux types de coopération ».
La prévalence pour le secteur agricole dans de nombreux programmes est
apparente (cf. Q1). Les entités ne se concentrent pas toutes sur le secteur agricole
(BIO, Finexpo, Exchange). Dans le cas de BIO, une attention spéciale est accordée au
secteur de l'énergie (énergie renouvelable) et au changement climatique (adaptation
climatique). En ce qui concerne les pays éligibles pour un appui au PSD, la gamme la
plus large est ouverte à Finexpo (liste CAD de l'OCDE), tandis que la plupart des
activités sont développées dans 52 (BIO), 33 (le TDC, les OSC/AI) ou 14 (la
CTB) pays éligibles. Exchange vzw - de sa propre initiative - se trouve actuellement
dans un processus de réduction du nombre des pays éligibles à 7 pour ses activités
d'assistance technique. La pratique est toutefois plus complexe : les acteurs ne
développent pas nécessairement des activités dans tous les pays « éligibles », soit parce
qu'il n'y a pas eu de demande de services ou de prêts (Finexpo, BIO) ou parce qu'il n'y a
pas d'expertise sur le terrain (CTB, TDC). En pratique, la CTB et le TDC conduisent des
activités essentiellement dans 20 pays (les pays partenaires actuels et antérieurs), avec
un accent fort mis sur les pays de l'Afrique centrale. Les OSC/AI ou organisations
bénéficiaires (y compris Agricord) sont tenues par arrêté royal (en 2017, 32 pays e t le
thème central de « travail décent ») pour les programmes cofinancés par l'État belge,
mais évidemment libres - en tant qu'acteurs non-gouvernementaux - de développer des
activités ailleurs s'il n'est pas fait usage d’argent public belge.50
Au niveau du terrain, la CTB, le TDC et la plupart des OSC maintiennent une
distance par rapport aux sociétés commerciales et ces sociétés sont peu
impliquées dans la mise en œuvre des interventions relatives au PSD. Sauf BIO,
Ex-Change-Expertise asbl et Exchange vzw, la plupart des acteurs travaillent sur le PSD
avec des acteurs d'économie sociale (c.-à-d. des coopératives essentiellement). Tandis
que BIO possède des instruments financiers pour soutenir des entreprises dans les pays
en développement, d'autres agences telles que la CTB et le TDC ne sont pas autorisées à
soutenir directement des acteurs privés (sauf dans des cas spécifiques tels que les
acteurs de l'économie sociale ou par le biais d'appels d'offres). En conséquence, la
coopération belge possède peu d'expérience en matière de programmes traitant
directement avec des PME et il y a peu de relations avec les acteurs du secteur privé.
Pour la planification et la mise en œuvre d'interventions liées au PSD, le secteur privé
n'est guère impliqué (en contraste à cette remarque : diverses ambassades et bureaux
de la CTB ont indiqué qu'ils impliquaient des acteurs du secteur privé dans des ateliers et
groupes cibles, voir Annexe 7a). Nous n'avons pas rencontré d'interventions PSD belges
soutenues visant à établir et à renforcer les relations et l'engagement du secteur privé
(B2B). Quelques relations ad hoc existent, comme l'exemple intéressant de VECO et
Colruyt (voir encadré ci-dessous). SOLID est un autre cas intéressant (voir encadré ci-
dessous), même s’il s’agit en l'occurrence d'une sorte de contre-exemple dans le sens où
48 “Il appartiendra à la DG D, à l’écoute de ses pays partenaires, d’identifier de nouveaux types de
coopération qui correspondent au mieux aux besoins de développement d’un secteur privé durable et
équitable. » Note stratégique PSD 2014, p 12 49 "De nouvelles approches devront être analysées ou renforcées (mixage dons-prêts, projets partenariat
public-privé, …)." Ibid. 50 Sur la base des informations disponibles à la mi-août 2017, au total 84 pays (y compris les pays Finexpo).
Réponses aux questions d’évaluation
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 33
cette organisation belge n'est pas soutenue par la coopération belge, mais prouve qu'il
est possible d'établir des relations avec des sociétés privées belges.51 Ces cas ne sont
toutefois par le produit d'efforts stratégiques délibérés de la coopération belge, ou ces
relations ont émergé dans une perspective différente (tel que les « dons en nature » à
des micro-entreprises dans le programme d’appui à la décentralisation au Rwanda, voir
rapport pays Rwanda à l'Annexe 4c).
Cela semble être particulièrement le cas pour la Belgique, par rapport à d'autres pays.
Selon plusieurs interlocuteurs, il y a moins de malentendus ou de méfiance mutuelle
entre les acteurs de coopération et les acteurs du secteur privé par exemple au
Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en Espagne ou en France, où il y a plus d'initiatives ou de
projets impliquant les deux types d'acteurs. Des interviewés ont même indiqué que des
pays comme les Pays-Bas et l'Espagne encouragent ou même conditionnent leur
financement de programmes d’ONG à des liens avec respectivement des acteurs
néerlandais et espagnols du secteur privé.
Encadré 4: Collaboration entre VECO et Colruyt
VECO et Colruyt collaborent depuis 2002 sur des pratiques de développement durables
de produits proposés en grande surface, menant à une réflexion approfondie sur les
chaines de valeur bénéfiques aux petits producteurs du Sud. Après une collaboration
sur du riz provenant du Bénin, VECO et Colruyt ont travaillé dans le cadre de leur
programme précédent sur des asperges en bocal provenant du Pérou. Celles-ci étaient
produites par une organisation de petits producteurs et importées par une société
transformatrice belge, Scana Noliko.
D’après VECO, cette initiative n’a hélas pas perduré, dû essentiellement à la difficulté
de renforcer les capacités de l’association de petits producteurs. Ils nous ont dit avoir
beaucoup appris de cet exercice, notamment sur la réflexion à mener sur la demande
et le marché. VECO a développé des initiatives similaires avec d’autres entreprises et
désirerait se centrer sur les chaines de valeur qu’elle maitrise le mieux (p.ex. café et
cacao). Elle dit toutefois rencontrer des difficultés sur le plan du financement de telles
activités innovantes, notamment auprès de la DGD.
VECO a capitalisé sur les leçons de cette initiative dans une étude de cas qu’elle a
publiée en 2013.52
Source: ADE
Encadré 5: Collaboration entre SOLID et des entreprises et acteurs belges
SOLID Perú est une organisation philanthropique créée et appuyée par des membres
de la famille du groupe industriel flamand Verelst. Elle est active notamment dans
l’agriculture durable et l’artisanat, dans la région d’Ayacucho. Elle se targue d’une
philosophie et d’une approche entrepreneuriale, poursuivant des objectifs tant sociaux
que d’autofinancement au maximum. Elle ne reçoit pas de financement de la
coopération belge, ni n’en recherche. Elle a établi des liens avec des sociétés privées
51 Au Rwanda, l'implication du secteur privé manquait dans la conception des centres industriels soutenus par
le programme RDSP. Il manquant dans la conception un éventail de détails qui auraient plus que
probablement été inclus si les acteurs du secteur privé avaient été impliqués (et pas seulement des
fonctionnaires), tels que les flux « premier entré – premier sorti », la séparation des activités « sales » des
activités « propres », les mesures de sécurité de base et la gestion des eaux de surface. 52 Îles de Paix / VECO, Apprendre des leçons pour des modèles économiques inclusifs avec Colruyt. Une étude
de cas sur les asperges vertes en conserve en provenance de petits exploitants au Pérou, 2013
(https://d2vmpwbfz8sj1e.cloudfront.net/sites/default/files/paragraph/attachments/asperge_case_long_lowr
es_0.pdf)
Réponses aux questions d’évaluation
34 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
belges comme débouchés pour ses produits. La quinoa est par exemple utilisée par
l’entreprise belge Rabbit53 pour ses salades et autres plats préparés. Les tissus sont
eux utilisés par A.S. Adventure, un groupe belge spécialisé dans la vente de vêtements
et de matériel de sport et de loisir. SOLID a par ailleurs fait appel à Exchange vzw
pour obtenir l’assistance d’une experte en production de fromages.
Ce cas particulier illustre 1/ l’existence de débouchés sur le marché belge de produits
appuyés par la coopération belge et 2/ le potentiel de relations gagnant-gagnant pour
les acteurs péruviens et belges, liant le PSD et le PS4D.
Source: ADE
3.2.2 Trous et chevauchements dans l'architecture belge
Les risques de chevauchement entre activités soutenues par la CTB, le TDC et
les OSC/AI d'un côté et par BIO et Exchange de l'autre sont mineurs.
Formellement, les mandats et la couverture géographique des diverses agences de mise
en œuvre sont bien démarqués et chaque organisation occupe sa propre « niche ». La
CTB, le TDC et les OSC fournissent un soutien aux organisations de l'économie sociale,
telles que les coopératives, tandis que BIO et Exchange fournissent un soutien direct aux
PME. BIO se concentre sur le type moyen d'entreprises, Exchange vzw sur les PME « à
potentiel élevé ». La coordination entre BIO et des acteurs tels que la CTB, le TDC et
Exchange était ceci dit minime (voir Q4).
Avec un certain degré de variation, la CTB, le TDC et les OSC (spécialisées) se
concentrent sur les mêmes groupes cibles : la population rurale active dans
l'agriculture (de petits producteurs et leurs organisations, comme les coopératives), tant
dans les activités de sécurité alimentaire que dans la production pour le marché. L ’appui
est fourni à travers le développement de chaînes de valeur (input, production,
commercialisation) et l'organisation de celles-ci. Un soutien est également fourni pour les
petites facilités de crédit, mais il n'y a pas de financement direct pour les petits
entrepreneurs.
En pratique, tant des chevauchements que des trous sont observés. Au niveau du
pays (ou niveau local), les activités se rejoignent, même si les acteurs n'en sont pas
toujours conscients. Le modèle opérationnel centralisé, combiné à un grand nombre de
pays éligibles pour un soutien, a impliqué que d'importants acteurs PSD tels que BIO et
le TDC n'ont pas de représentants locaux. Tandis que la CTB (et certains OSC/AI) ont
une représentation locale, cela mène à des obstacles en termes de coordination à
l'échelle nationale (voir Q4) et à des différences dans le niveau de connaissances
spécifiques du pays. Le mandat de BIO, ses restrictions en termes de risque et sa
stratégie d'investissement, avec l'absence d'un mécanisme de blending, l'empêchent de
financer certains projets qui sont intéressants dans une perspective développementale et
financièrement ou économiquement viables.
Un exemple de différents acteurs impliqués dans le même type d'activités est le secteur
du cacao au Pérou (la CTB, le TDC et plusieurs OSC sont actifs dans la même chaîne de
valeur et, dans une large mesure, avec les mêmes parties prenantes locales - voir la
note pays Pérou à l'Annexe 4a et l'encadré ci-dessous). Des exemples d’appui fourni aux
mêmes groupes cibles ont également été observés en Tanzanie (où tant Agricord que
Trias soutiennent la même organisation TAHA ; voir rapport pays de la Tanzanie à
l'Annexe 4b). En partie, ceci est aussi un produit de la structure institutionnelle et
politique de la Belgique, caractérisée par une approche verticale et par l'obligation de
canaliser l’appui fourni à des ONG locales à travers des acteurs belges. Dans ce contexte,
53 www.rabbit.be
Réponses aux questions d’évaluation
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 35
des exemples de financement des mêmes organisations locales par différents acteurs
belges reflètent aussi parfois une coordination fructueuse entre eux (comme pour DRIS).
Encadré 6: Appuis à l’ONG péruvienne DRIS
L’ONG péruvienne DRIS reçoit du financement pour ses activités dans la région
d’Iscozacín de trois acteurs belges : la CTB, la DGD et le Fonds flamand pour les forêts
tropicales. DRIS est appuyée par la CTB dans le cadre du grand projet PRODERN 2.
DRIS est ensuite appuyée par l’OSC belge BOS+, qui reçoit pour cela des fonds de la
DGD (programme ONG) et de la région flamande (au travers du Vlaams Fonds
Tropisch Bos - VFTB).
L’ONG péruvienne DRIS gère comme un seul projet les apports de la CTB (PRODERN
2), du programme ONG de BOS+ et du VFBT. DRIS distingue pour cela les familles
bénéficiaires au sein des communautés appuyées pour chacun de ces trois types de
ressources financières : 55 familles pour la CTB, 59 familles pour BOS+/DGD et 32
familles pour BOS+/VFTB (pour un total de 146 familles). DRIS rapporte pour cela de
façon spécifique aux besoins de chaque contributeur. La CTB (PRODERN 2) a ses
exigences particulières ; pour le financement via BOS+ les exigences sont très
similaires pour les fonds provenant de la DGD et de la région flamande.
L’ONG péruvienne DRIS a par ailleurs organisé dans le cadre du financement par
PRODERN 2 et BOS+ un voyage d’études d’un groupe d’une communauté de la région
de Pasco dans une communauté de la région de Junin qui est appuyée par VECO (et
est également appuyée par le TDC même si sans concertation préalable).
Source: ADE
Les cadres stratégiques communs (CSC) pour les OSC/AI comprennent à peine
l'appui au développement du secteur privé. La concentration des activités est
encouragée par la réduction du nombre de pays éligibles, non seulement pour la
coopération gouvernementale, mais aussi pour les OSC/AI. Depuis 2017, les OSC/AI
doivent concentrer 90 % des ressources sur 32 pays et 1 thème central : le travail
décent (au lieu des 52 pays précédemment). En outre, au niveau des pays les OSC/AI
doivent renforcer leur coordination à travers le développement d'un cadre stratégique
commun. Il ressort des trois pays examinés en profondeur que ces CSC ont en effet été
élaborés, mais qu'ils ne s'appliquaient guère aux activités du secteur privé et/ou au
thème central de « travail décent », ou du moins pas avec une perspective stratégique
globale.
Dans l'architecture institutionnelle belge pour le PSD, trois lacunes
apparaissent : (i) le manque de précision concernant les instruments (sauf le
financement) à appliquer pour l'amélioration du climat des affaires ; (ii) l'engagement
direct des acteurs du secteur privé et les centres de connaissance pour le
développement ; et (iii) l'absence de lien entre les instruments pour la coopération au
développement et ceux pour la diplomatie économique et la promotion du commerce.
Les stratégies antérieures et actuelles54 considèrent l'établissement des fondations pour
l'investissement privé dans les pays en développement comme étant essentiel, mais les
mécanismes d’appui ne sont pas clairement déterminés. La sécurisation des fondements
pour l'investissement privé, comme les conditions légales, réglementaires et
institutionnelles, est mentionnée dans les stratégies comme étant essentielle et est
(principalement) attribuée à la coopération multilatérale (ce qui a du sens) ; néanmoins,
on n'a pas utilisé stratégiquement d'organisation ou d'instrument belge spécialisé(e)
dans l’un ou l’autre domaine (sauf le financement par le biais de BIO). Au niveau du
pays, l’appui fourni pour établir les fondements de l'investissement privé est fourni « au
54 Cf. Politique générale pour la Coopération au développement, 2017.
Réponses aux questions d’évaluation
36 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
cas par cas » (par ex. assistance technique ou amélioration des TIC) et a lieu de façon
isolée par rapport à d'autres activités PSD belges (et de la coopération multilatérale). Un
exemple de la visite de terrain en Tanzanie est l’appui fourni par l'ambassade pour
l'amélioration des marchés publics à l'échelon national, tandis que la CTB était active au
niveau local pour des arrêtés relatifs au marché de l'apiculture. Aucune des organisations
belges n'est particulièrement équipée pour des interventions dans le domaine de
l'amélioration du climat des affaires, excepté le développement d'institutions financières
locales qui est considéré comme étant dans le mandat de BIO. Les activités menées par
des centres de recherche académiques, auxquelles il est renvoyé dans la note
stratégique PSD de 2014, sont mineures et pas ou peu en interaction avec d’autres
acteurs.
Il y a des lacunes institutionnelles pour ce qui est de l'engagement des acteurs
du secteur privé et de leurs organisations (PS4D). En pratique, les activités soi-
disant au bénéfice du secteur privé sont financées et mises en œuvre par des acteurs du
secteur public ou de la société civile et par le biais de l'assistance technique dans une
perspective développementale, mais à peine par des acteurs du secteur privé (voir le
rapport pays Rwanda sur le RDSP à l'Annexe 4c) ou dans une perspective globale du
secteur privé. Il y a des exceptions, telles que les conventions de prêt conclues par BIO
avec des banques d'investissement, l’assistance technique fournie par Exchange vzw et
par Ex-Change-Expertise asbl et des projets spécifiques. Mais il n'y a pas d'organisations
spécifiques pour - et il n'y a guère de connaissances concernant – l'engagement du
secteur privé (belge et local) dans les initiatives pour le développement. The Shift a
presque été la seule initiative, avec une ambition et un succès limités à ce jour (voir Q4).
Les instruments potentiels, tels qu'utilisés par d'autres partenaires au développement,
sont à peine appliqués (de l'incubation et du soutien d'activités aux créations
d'entreprise, des systèmes d'accompagnement aux entreprises pour rendre leurs projets
bancables55, des activités de partage de connaissances pour entreprises, etc.).
Les centres de connaissances ne sont pas très impliqués dans le PSD. Tandis
que, dans la littérature, on renvoie au « triangle d'or » composé du secteur privé, du
secteur public et de centres de savoirs en tant que partenaires, on établit peu de liens,
en Belgique, entre les trois. Bien que divers centres de connaissances reçoivent un
financement pour leurs activités dans des pays en développement, peu sont liés au PSD.
Nous avons observé un cas intéressant durant la visite au Pérou (cas que nous avons
souligné dans l'encadré ci-dessous), qui était à l'initiative d'une ONG belge. À part cela,
toutefois, nous n'avons pas observé beaucoup d'autres cas de partage des
connaissances, ni de capitalisation des connaissances, ni encore de recherche contractée
entre des universités belges, des acteurs du secteur privé et des acteurs de
développement.
Encadré 7: LINK : collaboration de VECO avec des acteurs péruviens,
internationaux et belges56
L’OSC belge VECO a développé une initiative intéressante avec l’Universidad del
Pacífico de Lima et l’Agence Péruvienne de Coopération Internationale (APCI). Il s’agit
d’un Fonds (« fondo concursable ») pour promouvoir un model inclusif d’entreprenariat
dans le secteur agroindustriel. L’initiative se base sur la méthodologie « LINK »,
développée par le Groupe consultatif pour la recherche agric ole internationale
(GCRAI/CGIAR). Un cas pratique fut un projet dans le domaine de la chaîne de
bananes avec la participation active des représentants d’une association de
producteurs/trices (CENBANOR) et d’une entreprise (Grupo Hualtaco SAC). Une série
d’autres acteurs locaux ont en outre été impliqués dans le programme, tels que des
55 BIO a indiqué travailler sur l’appui aux entreprises pour rendre leurs projets plus « bancables »
(finançables). 56 Sources : Entretiens avec VECO et l’Universidad del Pacífico et Note interne par l’ambassade sur l’atelier de
formation du 9 au 12 février 2016.
Réponses aux questions d’évaluation
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 37
étudiants d’autres universités de l’intérieur du pays (p.ex. Piura, Junín et San Martin).
Ce programme de VECO a reçu l’appui d’acteurs belges tels que l’ambassade au Pérou
et Colruyt. L’Universidad del Pacífico de Lima, une institution réputée pour sa
formation économique et commerciale, compte par ailleurs des programmes d’échange
d’étudiants avec des écoles de commerce belges comme Solvay et l’ICHEC.
Source: ADE
Il n'y a pas de liaisons structurelles entre les programmes de PSD dans la
coopération au développement d'une part et la diplomatie économique et la
promotion du commerce d'autre part. Historiquement, il y a une stricte séparation
entre ces domaines en Belgique. Différentes administrations et différents ministres sont
en charge (voir ci-dessus) et les responsabilités sont même à différents niveaux, avec la
promotion des exportations et la diplomatie économique relevant principalement du
mandat des Régions (Flandre, Wallonie et Bruxelles-Capitale). Au niveau international, la
ligne entre la coopération au développement et les intérêts économiques peut être
mince, voire floue. Un éventail d'instruments ont été explorés et développés, allant des
compacts volontaires pour la responsabilité sociale des entreprises, du travail décent ou
du commerce équitable à l'ingénierie financière pour fournir des garanties à la fois aux
fournisseurs et aux acheteurs ; mise en correspondance et jumelage d'entreprises ;
financement de projets de démonstration et participation à des foires commerciales ;
financement de recherches documentées pour les exportateurs de pays partenaires ; et
autres instruments.57 Tous ceux-ci ne servent pas seulement les intérêts du secteur privé
dans le pays partenaire, mais parfois aussi les intérêts du partenaire du développement
lui-même. Ils visent à identifier des situations gagnant-gagnant, compte tenu de
l'avantage comparatif des pays donateurs et des pays récipiendaires. Une section
spécifique de la Revue de littérature traite des évolutions récentes dans le débat sur
l'aide liée/déliée et des nuances de gris entre les deux (voir Annexe 2, section 5). En
Belgique, « en raison d'une interprétation erronée du concept d'« aide déliée » un mur
avait été érigé entre la politique de développement et le secteur privé »58. La Note de
politique générale de 2017 insiste pour changer cela, comme mentionné dans la Q1 ci-
dessus. Néanmoins, nous n'avons pas encore observé une redéfinition approfondie de la
position belge dans ce paradigme international changeant et ce que cela comporte dans
une perspective stratégique et opérationnelle.
3.2.3 Lignes directrices et procédures pour la mise en œuvre de la
stratégie
Il n'y a pas de lignes directrices générales pour le PSD fondées sur les
stratégies existantes. La DGD a élaboré des « priorités opérationnelles » pour la mise
en œuvre de la Stratégie PSD de 2014, mais aucune des organisations n'a élaboré
d'autres lignes directrices.59 Délibérément, la CTB n'a pas élaboré d'autres lignes
directrices opérationnelles avec l'argument de fournir un maximum de flexibilité aux
acteurs et aux projets de la CTB. Il n'y a pas non plus de lignes directrices pour
l'engagement du secteur privé (PS4D). Dans le cas de contrats de gestion spécifiques (p.
ex. pour le TDC et BIO), les priorités opérationnelles de la DGD ont été prises comme
point de départ. Par agence, des procédures opérationnelles spécifiques ont été
élaborées, comme, dans le cas de BIO par exemple, le contrat de gestion, avec
l’obligation de mise en place d’un système de suivi-évaluation, le rapportage, la stratégie
57 Voir, pour plus d'exemples ou instruments, le site Internet du Comité des donateurs pour le développement
de l'entreprise (CDDE/DCED) 58 Source : Chambre des Représentants de Belgique. Note de Politique Générale Développement International
2017, 28 octobre 2016, p.5. 59 Des lignes directrices sont entendues comme un ensemble cohérent de procédures suivant le cycle des
opérations.
Réponses aux questions d’évaluation
38 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
d’investissement, l'adoption de stratégies plus sectorielles et les lignes directrices pour le
Fonds d’appui MPME.
Au niveau du terrain, l'absence de lignes directrices a à peine été remarquée.
Même les stratégies elles-mêmes n'étaient pas toujours connues. Au Rwanda, ni
la Note stratégique PSD de 2014, ni la Note stratégique Numérisation pour le
Développement n'étaient connues en détail ou du moins n'étaient appliquées, puisque le
programme indicatif du pays 2011-2014 était toujours mis en œuvre. De même, ces
notes stratégiques étaient peu connues en Tanzanie. Dans les trois pays, la note
stratégique Agriculture et Sécurité alimentaire de 2017 était mieux connue pour deux
raisons: (i) la note était plus récente et (ii) elle était directement liée aux activités de la
plupart des acteurs et les organisations faîtières non gouvernementales avaient été
consultées dans sa formulation.
Au Pérou, l’ambassade a saisi l’occasion de la Note stratégique PSD de 2014 pour
organiser une séance d'information, qui a mené à un débat sur le rôle du secteur privé
dans le développement. Bien que des opinions opposées demeurent, cela a permis
d’inscire le sujet à l’agenda des OSC.
3.3 Q3 Pertinence des interventions
Dans quelle mesure les interventions appuyées sont-elles en ligne avec la
stratégie et les objectifs de la coopération belge et les politiques nationales et
besoins prioritaires du secteur privé ?
Cette question d’évaluation vise à examiner dans quelle mesure les interventions
financées par la coopération belge sont en ligne avec les priorités stratégiques, ont été
sélectionnées au regard des huit critères d’intervention de 2014 et ont été formulées en
ligne avec les politiques nationales, en réponse aux besoins prioritaires du secteur privé
dans les pays.
La plupart des interventions sélectionnées ont été conçues avant la Note stratégique PSD
de 2014, voire avant la loi de 2013.60 Néanmoins, l’intérêt d’examiner celles-ci pour cette
question Q3 sur la pertinence est de vérifier dans quelle mesure des interventions en
cours ou récemment finalisées sont en cohérence avec les priorités politiques actuelles.
Pour les sous-questions Q3.1 et Q3.2 il s’agira donc de constats plus que d’un jugement,
qui serait anachronique.
Q3 – Pertinence des interventions
Toutes les interventions examinées sont globalement en ligne avec les priorités
stratégiques de la coopération belge définies dans la loi de 2013 et la Note stratégique
PSD de 2014, ces priorités étant définies de manière très générale (cf. Q1). Les
interventions ont trait en particulier au renforcement des capacités des entrepreneurs
et à des approches basées sur l’économie sociale. L’accès au financement n’a été pris
en compte ou considéré comme prioritaire que dans la moitié des cas.
Les priorités postérieures à la Note stratégique Secteur privé de 2014 ont été prises en
compte de façon plus limitée. Très peu d’attention a par exemple été accordée à
l’implication d’entreprises belges (PS4D). Les interventions examinées dans le secteur
agricole ont néanmoins été en ligne avec un ou plusieurs des trois domaines de la Note
stratégique Agriculture et Sécurité alimentaire de 2017.
60 Interventions examinées au Pérou: CTB 2012-2018 ; BIO 2012-~2021 ; Autre Terre 2014-2016 ; VECO
2014-2016 ; TDC 2016-2017 ; en Tanzanie : Exchange 2016; VECO 2014-2016; CTB 2011-2016; BIO 2011
(signature) ; Agricord 2013-2017 ; au Rwanda : Exchange 2015-2017; Agricord 2013-2017 ; TDC 2016;
CTB 2015-2020; BIO 2011 (signature)
Réponses aux questions d’évaluation
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 39
Le caractère relativement général de la Note stratégique Secteur privé de 2014
explique également qu’aucun cas d’incohérence par rapport aux huit critères de
sélection de cette note n’ait été identifié parmi les interventions examinées. Dans de
rares cas l’on observe néanmoins que les questions du genre ou de respect des normes
sociales et environnementales n’ont pas été spécifiquement prises en compte.
Globalement les interventions ont été formulées en ligne avec les priorités nationales
et les besoins du secteur privé ; aucun cas d’incohérence n’a été identifié. Pour des
acteurs non gouvernementaux les interventions n’ont pas été déterminées par les
priorités nationales. En général les interventions ont été bien conçues, même si
relativement peu d’entre elles ne disposent de véritables théories du changement. La
transparence est également globalement bonne, à l’exception de quelques cas pour
lesquels les informations notamment sur les résultats et les impacts ne sont pas
disponibles ou accessibles.
3.3.1 Cohérence avec les priorités stratégiques
Les interventions financées par la coopération belge étaient globalement en
ligne avec les priorités stratégiques de la Belgique, en particulier la loi de 2013,
les priorités stratégiques et opérationnelles de la Note stratégique Secteur
privé de 2014 et la Note stratégique Agriculture et Sécurité alimentaire de
2017. La prise en compte des autres éléments de stratégie postérieurs à la Note
de 2014 a été plus limitée.
Priorités stratégiques de la loi de 2013
Toutes les 15 interventions examinées étaient alignées sur au moins une des
quatre priorités stratégiques de la loi de 2013. Il ressort notamment de l’analyse
que :
Dans 80% des 15 cas, le commerce équitable et durable a été un objectif pris en
compte (40%) ou prioritaire (40%) des interventions.
Dans deux tiers des cas, le commerce international était une dimension du
projet.
Chacune de ces priorités stratégiques était majoritairement prise en compte voire
prioritaire, à l’exception du climat des investissements (les interventions de la
Belgique en la matière étant essentiellement faites via la coopération
multilatérale).
Toutes les interventions sélectionnées ont accordé une attention particulière au
développement du secteur privé local (mais ceci découle entre autres du fait
que la sélection d’interventions s’est basée en particulier sur leur dimension
« développement du secteur privé »).
L’Annexe 7c détaille l’analyse basée sur les notes pays. Le tableau ci-dessous synthétise
cette analyse.
Tableau 7: Cohérence des 15 interventions sélectionnées avec les priorités
stratégiques de la loi de 2013
Pas un
objectif
Pris en
compte Priorité N/A
Climat d'investissement 6 40% 3 20% 1 7% 5 33%
Développement secteur privé
local
3 20% 12 80%
Réponses aux questions d’évaluation
40 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
Commerce équitable et durable 2 13% 6 40% 6 40% 1 7%
Commerce international 5 33% 7 47% 3 20%
Source : ADE
Priorités opérationnelles et sectorielles de la Note stratégique PSD de 2014
Chacune des interventions répond à au moins une des priorités de la note . Ceci
s’explique notamment par le caractère relativement général de celle-ci (cf. Q1). En
particulier, l’ensemble des interventions examinées accorde une attention au
renforcement des capacités des entrepreneurs. L’essentiel des interventions
analysées (73%) a eu une approche basée sur l’économie sociale qui vise à
concilier activité économique et équité sociale. Cependant, l’accès au financement n’a
été pris en compte ou considéré comme prioritaire que dans 44% des cas ,
essentiellement à travers les interventions de BIO. Ceci est étonnant vu l’importance de
l’accès au financement pour le secteur privé (en Tanzanie par exemple, l’accès au
financement est perçu comme un besoin essentiel du secteur privé). Le tableau ci-
dessous synthétise l’analyse sur base des notes pays, qui est détaillée dans l’Annexe 7c.
Tableau 8: Cohérence des 15 interventions sélectionnées avec les priorités
opérationnelles et sectorielles de la Note stratégique PSD de 2014
Pas un
objectif
Pris en
compte Priorité N/A
Renforcement des capacités
institutionnelles publiques 4 27% 3 20% 5 33% 3 20%
Accès au financement 7 47% 4 27% 4 27%
Renforcement des capacités des
entrepreneurs
1 7% 14 93%
Aide au commerce 4 27% 5 33% 6 40%
Economie sociale 3 20%
11 73% 1 7%
Source : ADE
Autres éléments de stratégie définis depuis la Note stratégique PSD de 2014
L’analyse des interventions au regard des éléments de stratégie définis depuis la Note
stratégique Secteur privé de 2014 révèle les éléments suivants, détaillés en Annexe 4 et
synthétisés dans le tableau ci-dessous.
Des entreprises belges ont été parties prenantes dans un seul des quinze
projets examinés dans cette évaluation. Il s’agit du projet Exchange au Rwanda.61
Dans les autres cas, l’implication d’entreprises belges n’était pas une priorité pour les
interventions (tous acteurs confondus) ou celle-ci n’était pas envisageable comme
objectif (par exemple dans le cas des investissements de BIO dans le Fonds Catalyst).
Très peu d’initiatives ont par ailleurs été prises par les ambassades ou les bureaux
locaux de la CTB dans les 20 pays partenaires pour identifier des situations gagnant -
gagnant avec des entreprises belges (cf. Q1). Dans la mesure où l’implication des
entreprises belges a été limitée dans les interventions sélectionnées, la question du
respect des ODD par les entreprises belges62 n’a pas été abordée dans la majorité des
61 Nous avons également observé au Pérou une collaboration intéressante de VECO avec Colruyt, décrite dans
l’encadré 4 sous la Q2 ci-dessus, mais celle-ci ne faisait pas partie des 15 interventions sélectionnées. 62 Ce qui est l’objectif poursuivi par l’appui de la Coopération belge à The Shift.
Réponses aux questions d’évaluation
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 41
cas examinés. Néanmoins, les entreprises belges rencontrées durant la mission de
terrain en Tanzanie ont mentionné comme objectifs prioritaires les ODD63.
Bien que la digitalisation soit une priorité récente (2016) de la coopération
belge, la moitié des interventions examinées (53%) lui accorde une attention
particulière dans ses objectifs. Dans le cas d’un investissement de BIO au Rwanda
par exemple, la digitalisation était une priorité. Elle a également été prise en compte
dans des projets de BIO, de la CTB, d’Agricord et d’OSC dans les 3 pays couverts par
l’évaluation.
Tableau 9: Cohérence des 15 interventions sélectionnées avec les autres
éléments de stratégie définis depuis la Note stratégique PSD de 2014
Pas un
objectif
Pris en
compte Priorité N/A
Implication entreprises belges 13 86% 1 7% 1 7%
ODD entreprises belges 1 7% 14 93%
Digitalisation 6 40% 6 40% 2 13% 1 7%
Source : ADE
Note stratégique Agriculture et Sécurité alimentaire (2017)
Toutes les interventions sélectionnées ayant trait au secteur agricole (8
projets) étaient en ligne avec un ou plusieurs des trois domaines de la Note
stratégique Agriculture et Sécurité alimentaire de 2017 bien que celle-ci n’existait
pas encore au moment de leur élaboration.
Les trois domaines d’intervention principaux mis en évidence dans la Note de 2017 sont
i) la promotion de la participation des agriculteurs aux marchés et aux chaînes de valeur,
ii) la contribution à la bonne gouvernance et iii) l’appui à la recherche et l’innovation.
Dans le cas du Pérou, quatre interventions examinées avaient trait à l’agriculture
et notamment à l’appui à des organisations de producteurs et à des chaines de
valeur agricoles. Les projets examinés, de la CTB, du TDC et de deux OSC
répondaient globalement bien aux priorités liées au 1er et 2ème domaine
d’intervention. Pour le 3ème domaine, l’innovation est prise en compte dans deux
des quatre projets. Une autre observation en termes de cohérence avec la
nouvelle Note de 2017 est que certains projets (p.ex. de la CTB) visaient des
organisations de producteurs en zones isolées, alors que la Note de 2017 semble
promouvoir un centrage sur les « zones intermédiaires ».64
En Tanzanie les projets Agricord, CTB et VECO étaient en ligne avec le 1er
domaine d’intervention de la Note de 2017. De plus, ces projets portent sur
l’agriculture durable et sont attentifs à la question du genre, soit des thèmes
transversaux de la Note stratégique.
Au Rwanda le projet d’Agricord est considéré comme étant en ligne avec la Note
de 2017. Le projet Imbaraga forme et accompagne les agriculteurs dans la
capacité à combiner la culture de rente et les récoltes permettant d’assurer la
sécurité alimentaire des ménages.
63 Deux entreprises belges opérant en Tanzanie ont été rencontrées durant la mission de terrain. L’une est
active dans les énergies renouvelables (ODD 7), et l’autre dans la gestion de la chaîne du froid de produits
alimentaires (avec une attention particulière aux questions environnementales notamment). 64 Le texte de la Note de 2017 n’est pas entièrement clair à ce propos.
Réponses aux questions d’évaluation
42 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
3.3.2 Cohérence dans la sélection de l’intervention
La grande majorité des interventions examinées étaient cohérentes par rapport
à chacun des huit critères d’intervention de la Note stratégique PSD de 2014.
Ceci ressort de l’analyse de l’analyse synthétisée dans le tableau ci-dessous et détaillé
dans les rapports pays en Annexe 4.
Tableau 10: Cohérence des 15 interventions sélectionnées avec les huit critères
d’intervention de la Note stratégique PSD de 2014
Pas pris en
compte
Peu pris en
compte
Pris en
compte Priorité
1. Additionnalité65 8 50% 8 50%
2. Effet catalyseur66 1 7% 8 53% 6 40%
3. Impact de
développement 4 27% 11 73%
4. Respect des normes
sociales et
environnementales 1 7% 1 7% 9 60% 4 27%
5. Intégrité67 2 13% 7 47% 6 40%
6. Création d'emploi et
innovation 1 7% 7 47% 7 47%
7. Genre 1 7% 2 13% 6 40% 6 40%
8. Déliement de l'aide 15 100%
Source : ADE
1. Additionnalité : pour l’ensemble des interventions analysées, le caractère
"additionnel" des appuis belges a été une priorité ou a été largement pris en
compte dans la conception des interventions. Ceci est particulièrement le cas pour les
interventions de BIO qui répondaient souvent à un manque de ressources financières
dans les secteurs ou pour les acteurs ciblés (additionnalité financière).
2. Effet catalyseur : dans 93% des cas les appuis des acteurs belges ont eu une
dimension de « catalyseur » recherchée prioritairement ou prise en compte dans la
conception du projet. Cette dimension consistait en l’attraction d’autres partenaires (par
ex. dans le cas des investissements de BIO) et en une participation financière du
bénéficiaire lui-même (par ex. Exchange, VECO).
3. Impact de développement : l’ensemble des projets vise clairement un impact
de développement. La CTB et les OSC ont un ensemble d’indicateurs de
65 Additionnalité : « pour les investissements (en facilitant la mobilisation d’autres capitaux et en diminuant
ainsi le risque qu’un investisseur privé seul ne voudrait pas assumer) mais aussi sur le plan de la politique
de développement durable et de la lutte contre la pauvreté, les inégalités et l’exclusion. » 66 Rôle de catalyseur : « permettre d’attirer d’autres partenaires et prévoir autant que faire se peut la
participation financière du bénéficiaire lui-même » 67 « L’intégrité doit être la valeur clef de la culture des entreprises et associations partenaires: transparence,
bonne gouvernance, lutte contre la corruption et redevabilité auprès des citoyens et des bailleurs, paiement
des impôts locaux, non accaparement de terres ou autres ressources naturelles sont des défis
permanents. »
Réponses aux questions d’évaluation
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 43
développement détaillé dans les logiques d’intervention de leurs projets. Agricord fournit
également une liste d’indicateurs de développement pour ses interventions. Les
investissements de BIO examinés ont également des exigences en matière de
développement à l’endroit des bénéficiaires. Enfin, les entreprises bénéficiaires des
services d’Exchange doivent mentionner les opportunités en matière de développement
qui peuvent découler d’un appui de cette association.
4. Respect des normes sociales et environnementales : pour près de 80% des
interventions examinées, le respect des normes sociétales et
environnementales a été une priorité ou a été largement pris en compte dans la
conception des projets. Dans le cas des interventions de BIO via des fonds
d’investissement par exemple, ces fonds et les entreprises dans lesquelles ils
investissent doivent respecter des exigences spécifiques en matière de normes
environnementales et sociales. BIO évalue les conditions de travail de ses clients à
travers une évaluation (due diligence) de la dimension sociale. La question de savoir si
ces évaluations ex ante de BIO prennent suffisamment en compte tous les aspects ne
peut être jugée sans une analyse plus poussée (cf. annexe 4c du rapport du Rwanda
concernant l'industrie du thé).
A l’inverse, Exchange n’a pas d’exigences spécifiques en la matière. Dans le cas de la
CTB, la priorité de ces normes n’est pas toujours évidente (cf . annexe 4c concernant les
centres indutriels du RDSP).
5. Intégrité : l’intégrité, qui fait notamment référence à la bonne gouvernance,
la lutte contre la corruption ou encore le paiement des impôts locaux, a
largement été prise en compte dans les interventions des acteurs de la
coopération belge. Tous les acteurs belges accordent une attention particulière aux
questions de bonne gouvernance et d’intégrité de manière générale. Le contrat liant BIO
au fonds d’investissement LocFund par exemple contient une série de règles concernant
des principes de protection des consommateurs ou encore le blanchiment d’argent. Les
investisseurs du Fonds Catalyst, y inclus BIO, ont également des exigences spécifiques
en matière de bonne gouvernance. Pour bénéficier des appuis d’Exchange et de certaines
OSC, les bénéficiaires doivent être enregistrés (et donc notamment payer des impôts).
Les cas de prise en compte plus limitée font référence notamment à une implication
limitée des acteurs belges sur les questions managériales des entreprises bénéficiaires.
6. Création d’emploi et innovation : toutes les interventions examinées
accordent une attention particulière à la création d’emploi et/ou à l’innovation.
Le maintien ou la création d’emplois est une priorité ou un aspect essentiel de
l’ensemble des interventions. L’approche par les chaines de valeur adoptée par la CTB et
nombre d’OSC privilégie la création d’emplois (même s’il s’agit essentiellement d’emplois
temporaires) telle que détaillé dans la question 5 sur les résultats. Dans le cas
d’Exchange en Tanzanie, la création d’emplois n’a pas été prise en compte parmi les
critères d’éligibilité du projet, mais l’appui a néanmoins eu un impact sur la qualité des
emplois au sein de l’entreprise bénéficiaire (plus que sur le la quantité). En matière
d’innovation, les investissements en fonds propres (par ex. BIO via le Fonds Catalyst)
favorisent l’innovation (modernisation des équipements, développement de nouvelles
techniques pour améliorer le rendement, etc.). L’innovation a également été partie
prenante des interventions de la CTB et des OSC via l’introduction de nouvelles
techniques de production auprès des agriculteurs bénéficiaires.
7. Genre : la majorité des interventions (80%) ont pris en compte de manière
spécifique voire prioritaire la question du genre. Dans le cas de certaines des
interventions d’Agricord, de BIO et de la CTB par exemple, le genre a été clairement pris
en compte dans les priorités des projets (objectifs chiffrés à atteindre, exigences
spécifiques dictées par les investisseurs, changements de mentalités en matière
d’implication des femmes, etc.). Les appuis aux femmes ont été faits de manière directe
ou indirecte, par exemple via la collaboration avec des comités de femmes. Dans
quelques cas (Agricord, BIO et Exchange au Rwanda), la question du genre n’a pas été
Réponses aux questions d’évaluation
44 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
prise en compte spécifiquement, ou les projets n’ont pas eu d’effets positifs sur les
femmes.
8. Déliement de l’aide : dans aucune des interventions examinées il n’y a eu de
cas d’aide liée. Ce constat est cohérent avec la position très stricte de la Belgique sur le
déliement de l’aide dans sa coopération au développement (cf. Q2).
Réponses aux questions d’évaluation
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 45
3.3.3 Alignement, conception et réponse aux besoins
Alignement sur les politiques nationales
L’essentiel des interventions était aligné sur les politiques nationales dans les 3
pays visités, tous acteurs confondus. En particulier, les projets dans le domaine
agricole étaient en ligne avec la Stratégie nationale d’Agriculture familiale 2015-2021 au
Pérou et les différents documents stratégiques relatifs au secteur en Tanzanie. 68
L’essentiel des interventions répondait également aux besoins aux niveaux régional et
local69. Au Rwanda, les interventions n’étaient pas nécessairement alignées aux politiques
et stratégies nationales soit parce que celles-ci étaient inconnues, soit parce qu’elles
n’étaient pas pertinentes pour les interventions mises en œuvre. Les politiques et
stratégies nationales ont néanmoins servies de cadre. Par ailleurs les interventions
n’étaient pas non plus en contradiction avec les politiques nationales. L’alignement était
plus direct avec les plans régionaux ou plus décentralisés.70
Les processus d’élaboration des interventions de la CTB et des OSC se réfèrent
spécifiquement aux stratégies nationales des pays partenaires. Ceci n’est pas le
cas de tous les acteurs. Les interventions d’Exchange en particulier ne sont pas
guidées par les priorités stratégiques du pays mais par les projets identifiés par leurs
représentants locaux ; les interventions de BIO notamment à travers les fonds
d’investissement ne sont pas non plus guidées par les priorités politiques des pays où
ces fonds ont investi. Cela n’a cependant pas abouti à des cas de non-alignement
aux politiques nationales existantes.
Réponse aux besoins du secteur privé
L’ensemble des interventions a répondu totalement ou partiellement aux
besoins des bénéficiaires en matière de développement du secteur privé . Il est
ressorti des visites et interviews sur le terrain que les différentes interventions
répondaient à des demandes claires de la part des bénéficiaires en matière de
renforcement des capacités, d’innovation ou encore d’accès à de nouveaux marchés ou à
un certain type de financement. Dans certains cas cependant, par exemple le projet CTB
en Tanzanie, la réponse apportée par l’intervention a été perçue comme partielle (la
dimension « accès au financement » n’a été que très peu traitée dans le projet alors
qu’elle est essentielle à la durabilité des résultats).
La réponse souvent adéquate aux besoins du secteur privé est confirmée par
les résultats de l’enquête auprès des bénéficiaires, même si de façon moins
unanime: les bénéficiaires des projets de la CTB et OSC en Tanzanie considèrent que
l’intervention a répondu largement ou entièrement à leurs principaux besoins
(respectivement 71% des 32 répondants et 60% des 14 répondants). Les 8 répondants à
l’enquête au Pérou (projets CTB, TDC et OSC) confirment tous l’alignement aux besoins.
Par ailleurs, les résultats de l’enquête auprès du personnel de la CTB sont
positifs quant à la pertinence des interventions : dans 12 pays sur 16 le personnel
de la CTB considère que les interventions répondent aux besoins prioritaires du secteur
privé.
68 Notamment la National Agriculture Policy, 2013 et la Draft Agricultural Sector Development Strategy 2,
2015 69 Cf. Q1 (3.1.5). De plus, en Tanzanie le projet de la CTB a été mis en œuvre dans la région de Kigoma, une
des régions du pays les moins développées économiquement et par ailleurs peut couverte par d’autres
partenaires de développement. 70 Les activités supportées par BIO dans RMT sont alignées aux politiques sectorielles (« A Revised Tea Sector
Strategy for Rwanda – Transforming Rwanda’s Tea Industry »).
Réponses aux questions d’évaluation
46 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
Conception et théorie du changement de qualité
Globalement, les interventions des différents acteurs ont été bien conçues, avec
une bonne identification des besoins des bénéficiaires et des différentes parties
prenantes à considérer. La conception des interventions a plus souvent reposé sur des
cadres logiques que sur des théories du changement véritables élaborées.
Dans le cas de BIO, le rationnel de sa participation aux différents fonds (LocFund,
Catalyst) est bien documenté et argumenté (contexte, risque, rôle, etc.). Il n’y a
cependant pas de théorie du changement ou de cadre logique en tant que tels, ni
d’équivalent pour les interventions examinées. Cependant, depuis 2015 et l’introduction
d’un nouveau cadre d’évaluation (Development assessment framework), la théorie du
changement est prise en considération pour chacun des investissements de BIO. Il n’y a
pas non plus de théorie du changement pour les interventions d’Exchange.
Transparence
De manière générale, la transparence est considérée comme bonne pour les
interventions de la CTB, des OSC et du TDC, et relativement bonne pour
Agricord (complexité de la structure). Les différents documents de programme et de
suivi destinés à la DGD fournissent des informations sur les projets (montants,
bénéficiaires, logique d’intervention, etc.) et sur le suivi des indicateurs. La plupart de
ces informations sont publiques.
Les informations sur les interventions, les résultats atteints et sur les impacts pour les
bénéficiaires sont moins accessibles pour les investissements de BIO (en partie
sont invoquées des raisons de confidentialité71) et d’Exchange (non publiques/non
disponibles).
Le tableau ci-dessous synthétise l’analyse de la cohérence des interventions examinées
avec les politiques nationales, les besoins du secteur privé. Il inclut également la
synthèse relative à la qualité de la conception des interventions ainsi que la
transparence.
Tableau 11: Cohérence des 15 interventions sélectionnées avec les autres
critères (politiques nationales, réponse aux besoins, conception et
transparence)
Pas du tout Peu Largement Entièrement
Alignement aux
politiques nationales 2 13% 1 7% 12 80%
Réponse aux besoins du
secteur privé 2 13% 13 87%
Conception et théorie du
changement 5 33% 1 7% 9 60%
Transparence 1 7% 5 33% 1 7% 8 53%
Source : ADE
71 Les nouveaux Principes de l’OCDE sur la transparence des opérations de « blended finance » (janvier 2018)
promeuvent toutefois davantage de transparence sur la performance, en termes de redevabilité mais
également pour attirer du financement additionnel.
Réponses aux questions d’évaluation
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 47
3.4 Q4 Coordination et complémentarité
Dans quelle mesure les acteurs de la coopération belge et les autres bailleurs
ont-ils collaboré pour leur appui au secteur privé?
Cette question vise tout d’abord à déterminer les rôles et mécanismes en place pour la
coordination au niveau du siège et des pays partenaires. Elle porte ensuite sur la mesure
dans laquelle il y a eu au niveau des interventions une recherche de complémentarités et
de synergies, entre entités belges et avec les autres bailleurs, tant en Belgique que sur
le terrain. Elle vise enfin à vérifier si ceci a débouché sur des complémentarités et des
synergies concrètes.
Q4 - Coordination et complémentarité
Le cadre législatif et politique belge encourage de façon croissante et explicite la
recherche de synergies, la coordination et les complémentarités entre les différents
acteurs belges.
Il n’existe pas de mécanisme en place pour la coordination au niveau du siège et des
pays partenaires de tous les acteurs belges appuyant le secteur privé dans les pays
partenaires de la coopération. Au niveau du siège quelques initiatives ont bien été
prises pour favoriser la recherche de synergies, la coordination et les complémentarités
entre acteurs belges, mais aucune de ces plateformes ne regroupent l’ensemble de ces
acteurs. Au niveau des pays partenaires, les cadres stratégiques communs, introduits
par la Loi de 2016, se limitent aux ONG et autres OSC/AI. Ils n’incluent pas des
acteurs belges clés en matière de PSD que sont BIO, la CTB, le TDC, Exchange et
Agricord. Le modèle centralisé de BIO et du TDC pose problème à cet égard. Certaines
ambassades ont néanmoins joué un rôle proactif en matière de coordination. Les
acteurs belges ne sont par ailleurs pas associés dans les trois pays visités aux
mécanismes de coordination internationaux dédiés au PSD. La Belgique n’est ainsi pas
perçue comme un acteur actif en PSD.
Peu de recherches actives de complémentarités et de synergies ont été relevées entre
acteurs belges au niveau du siège, ce qui questionne l’utilité des plateformes
existantes. Au niveau des pays partenaires, l’échange d’information et la connaissance
des activités mises en œuvre, prélude à une recherche de complémentarité et de
synergie, est globalement limitée entre acteurs belges du PSD, excepté entre OSC/AI.
Le développement de projets communs reste exceptionnel.
Il existe pourtant un potentiel de synergies pour les projets examinés. Ce potentiel
s’est matérialisé dans de nombreux cas, en particulier entre OSC, avec la CTB et avec
d’autres bailleurs. Une série de synergies potentielles n’ont cependant pas été
matérialisées, notamment avec les acteurs spécialisés en PSD que sont BIO, le TDC et
Exchange, et avec des acteurs du secteur privé belge.
3.4.1 Rôles et mécanismes pour la coordination
Mécanismes de coordination
Le cadre législatif et politique belge encourage de façon croissante et explicite
la recherche de synergies, la coordination et les complémentarités entre les
différents acteurs belges. Ceci vise notamment à pallier le fait que la coopération
belge fonctionne en silos (cf. Q2).
Réponses aux questions d’évaluation
48 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
Des exigences spécifiques ou une définition de rôles pour la coordination des
différents acteurs de la coopération belge en matière d’appui au secteur privé,
au niveau du siège ou des pays, n’ont toutefois pas été définis.
Au niveau du siège, quelques initiatives ont néanmoins été prises pour
favoriser la recherche de synergies, la coordination et les complémentarités
entre acteurs belges. Il s'agit notamment des suivantes :
Plateforme Entreprendre pour le développement, animée par la DGD pour une
sélection d’acteurs pour favoriser la cohérence des politiques à un niveau
opérationnel. Ses membres comprennent diverses OSC/AI, ainsi qu’Ex-Change-
Expertise asbl et l’AWEX.
Plateformes de la société civile : La coupole du mouvement Nord/Sud flamand,
11.11.11, a créé une plateforme Secteur Privé, incluant actuellement une
quinzaine d’organisations, y compris deux syndicats. Il n’y a pas d’équivalent en
tant que tel du côté de la coupole francophone CNCD-11.11.11. Néanmoins, la
question du secteur privé est abordée dans d’autres plateformes telles que la
Coalition contre la faim et la Plateforme Justice climatique (cogérées par les
coupoles flamande et francophone). Les deux coupoles cherchent par ailleurs à
trouver des positions communes à leurs membres au niveau de certaines
politiques en lien avec le secteur privé, souvent en lien avec des initiatives au
niveau européen ou international.72
The Shift, le point de rencontre du développement durable en Belgique créé en
2015, rassemble environ 350 entreprises, OSC et autres organisations « en vue
de stimuler des partenariats et de contribuer à la co-création de modèles
opérationnels durables ».73 La plateforme regroupe notamment la CTB, BIO et
Exchange vzw. La DGD est partenaire.
Au niveau des pays partenaires, il n’existe pas de mécanisme de coordination
regroupant tous les acteurs belges spécifiques au secteur privé :
Les « Cadres stratégiques communs » (CSC) ont été introduits par la Loi de 2016.
Ils devraient « servir de référence pour l’élaboration des programmes de ces
organisations [belges accréditées], en ce compris l’identification et la mise en
œuvre des synergies et complémentarités entre elles ». Peu de ces CSC sont à un
stade avancé à l’heure actuelle et leur utilité est perçue différemment selon les
acteurs et les pays (cf. Notes pays en Annexe 7).
Les CSC n’incluent que les OSC et AI (ONG, universités, syndicats, etc.). Les
autres acteurs clés du PSD comme BIO, la CTB, le TDC, Exchange et autres ( la
diplomatie économique, les trois agences régionales à l’exportation, le secteur
privé, etc.) ne sont pas intégrés aux CSC. Par ailleurs, les CSC se limitent aux
acteurs belges, ce que plusieurs acteurs rencontrés regrettent car cela
n’encourage ni ne valorise la collaboration avec d’autres acteurs, par exemple
nationaux ou internationaux.
La CTB et les OSC sont associés à des mécanismes de coordination
internationaux dans les pays d’intervention, mais pas à ceux dédiés au PSD. En
particulier :
72 Des exemples en sont le suivi du nouveau Consensus européen sur le développement (UE, juin 2017) qui
encourage une implication plus forte du secteur privé et l’avis sur le « blending » (Conseil consultatif sur la
cohérence des politiques en faveur du développement, juillet 2017). 73 https://theshift.be. The Shift est une plate-forme ayant pour objectif d’être le point de rencontre du
développement durable en Belgique. Elle a été fondée en juin 2015 par les anciens réseaux de
développement durable KAURI et Business & Society Belgium. La même année, ARGUS – l’ancienne
plateforme de concertation sur les questions environnementales des banques KBC et Cera – et le Global
Compact Network Belgium (GCNB) – le point de contact national pour l’UN Global Compact – ont également
rejoint le réseau.
Réponses aux questions d’évaluation
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 49
Les répondants à l’enquête indiquent que la CTB dispose d’autres mécanismes
formels ou informels de coordination dans pratiquement tous les pays partenaires
(16 sur 17 réponses), mais ceux-ci ne sont pas spécifiques au PSD. Ceci est
également le cas pour les OSC, comme l’ont montré les missions pays (p.ex.
COEESI au Pérou, DPCG au Rwanda).
En Tanzanie, la Belgique ne fait pas partie du groupe de travail sectoriel relatif au
PSD. Il s’agit du Groupe de partenaires au développement pour le PSD et le
Commerce. La Belgique participe néanmoins au Groupe d’affaires de l’UE, lorsque
les ambassadeurs ou attachés des Etats membres de l’UE sont invités aux
réunions de cette initiative privée du et pour le secteur privé. Par ailleurs, une
plateforme regroupe les OSC (Joint Strategic Framework), ce qui a mené à des
expériences de programmation conjointe (Connect4Impact).
Au Rwanda, la Belgique ne fait pas non plus partie du Groupe de travail sectoriel
PSD, raison pour laquelle le gouvernement et les autres partenaires de
développement ne considèrent pas la Belgique comme un pays actif en matière
d’appui au secteur privé. La Belgique a cependant délégué sa représentation à la
coopération britannique74.
Au Pérou, l’organe gouvernemental de coordination des bailleurs (APCI) fait des
efforts particuliers en matière de PSD pour encourager les Associations publiques-
privées pour le Développement (APPD). Elle a reçu pour cela l’appui d’ONG,
notamment espagnoles, et de plusieurs bailleurs, y compris la Belgique. Le rôle
de cette dernière y est toutefois limité.
Rôle des acteurs dans la coordination
Au niveau du siège il apparaît que les acteurs PSD hors OSC/AI ont eu un rôle limité
dans les mécanismes de coordination existants. Le manque de proactivité de la DGD a
par ailleurs été souligné par des acteurs privés participants à l’initiative The Shift, qui
espéraient pouvoir bénéficier de l’expertise et de l’expérience de la DGD en pays tiers.
Au niveau des pays partenaires :
De nombreuses ambassades ont joué un rôle dans la création ou la gestion de
mécanismes de coordination, que ce soit un rôle moteur (dans 8 pays sur 17
d’après l’enquête auprès de celles-ci), un rôle actif partagé (4 pays) ou comme
participant (1 pays). Dans certains cas cependant, les ambassades ont indiqué
que des mécanismes de coordination n’étaient pas présents (ou avaient lieu au
niveau des programmes, pas du pays) et que cela n’entrait pas dans leur
mandat75. Une image contrastée ressort aussi des missions pays, où nous avons
pu observer la grande proactivité de l’ambassade au Pérou pour mettre en
contact les différents types d’acteurs,76 et le peu d’appétit en la matière dans les
deux autres pays. Il n’est en tout cas pas ressorti de l’évaluation de façon claire
quels sont le mandat et le rôle précis des ambassades à ce propos.
Le personnel de la CTB indique avoir joué un rôle restreint dans la création ou la
gestion de mécanismes de coordination. L’enquête révèle ainsi que la CTB n’a
74 La Belgique a délégué sa représentation dans ce groupe de travail à la coopération britannique (DfID) dans
le cadre du cofinancement par la Belgique du programme TradeMark East Africa qui vise à lever les
barrières non-tarifaires dans le Corridor Nord. La Belgique est active dans le Groupe de travail technique
sur le développement économique local (au sein du Groupe de travail sectoriel sur la Décentralisation). 75 Il ressort néanmoins de l’enquête que les ambassades ont globalement une bonne connaissance des projets
de la CTB, des ONG, de BIO et du TDC. Ceci est moins le cas pour les projets et activités d’Exchange et
d’Agricord. De plus, dans la plupart des cas (16 pays/19) les ambassades indiquent avoir une bonne
connaissance et des échanges réguliers avec les entreprises belges, ou au moins une bonne idée de leurs
activités. 76 Voir par exemple la série d’activités entreprises par l’ambassade au Pérou sous la Q1 de la Note pays Pérou
(Annexe 4a).
Réponses aux questions d’évaluation
50 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
joué de rôle moteur dans aucun des 16 pays participants. Dans la moitié des cas
(56%), la CTB a eu un simple rôle de participant aux mécanismes de coordination
existants.
3.4.2 Recherche de complémentarités et de synergies au niveau des interventions
Peu de recherche active de complémentarités et de synergies ont été relevées
entre acteurs belges au niveau du siège. Plusieurs plateformes ont été créées, mais
leur utilité est questionnée. The Shift, qui regroupe entreprises, OSC et autres acteurs
du PSD, connait des difficultés pour dépasser le stade de la consultation entre acteurs et
mener à des collaborations effectives. Les acteurs du PSD démontrent peu de contacts
avec le secteur privé belge, à l’exception de BIO et d’Exchange (cf. Q2).
Au niveau des pays, des divergences sont observées en termes d’échange
d’informations entre acteurs:
Le personnel de la CTB dans les 20 pays partenaires (actuels et anciens) n’a
globalement, selon l’enquête en ligne, que très rarement une « bonne
connaissance et des échanges réguliers » sur les projets PSD des autres acteurs
belges (2 pays sur les 19 répondant à l’enquête). Les résultats indiquent une
meilleure connaissance des projets des OSC par rapport à ceux des autres
acteurs (BIO, TDC, Agricord et Exchange)77.
Concrètement, au Pérou, la CTB, l’ambassade et les OSC sont en contact régulier
tandis que la coordination de BIO et du TDC avec les autres acteurs de
coopération est minimale (l’ambassade est cependant consultée par BIO et le
TDC, tout comme au Rwanda).
Le modèle centralisé de BIO et du TDC pose problème pour la coordination au
niveau des pays.
La complexité et la fragmentation du système institutionnel belge ainsi que
l’absence dans le pays de représentants des trois agences régionales à
l’exportation (FIT, AWEX et Brussels Invest & Export) ont compliqué les échanges
avec elles (p.ex. au Pérou avant avril 2017 et au Rwanda).
Seuls quelques rares cas de chevauchement ont été constatés (au Pérou
notamment, voir Q2). Le manque de recherche de coordination a toutefois
globalement empêché d’avoir une approche plus stratégique (cf. Q1) et de
matérialiser une série de synergies potentielles (voir ci-dessous).
3.4.3 Complémentarités et synergies matérialisées au niveau des
interventions
Au niveau du siège, peu de synergies ont été observées . Les exceptions
concernent quelques OSC fusionnées ou groupées. Le message reçu principalement est
celui de la difficulté de matérialiser des synergies sur le terrain, dû aux mandats, zones
d’intervention, secteurs ou groupes cibles très différents entre projets ou acteurs. Une
étude externe commanditée par BIO relative à l'agriculture et aux agro-industries
(2017)78 conclut également que la complémentarité était souhaitable, mais peu faisable
dans les faits, vu les différences importantes entre les mandats et les interventions des
divers acteurs.
77 Le personnel de la CTB a « une bonne idée mais sans connaître les détails » des projets des ONG belges
(15/19). Pour les autres acteurs, plus de la moitié des réponses de la CTB indiquent ne pas ou peu
connaître les acteurs ou leurs projets (BIO, universités, TDC, Exchange, Agricord, syndicats, etc.). 78 Enclude, Case study evaluation of five BIO investments in agriculture, 2017
Réponses aux questions d’évaluation
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 51
Au niveau des pays:
Selon les résultats de l’enquête, la coordination a apporté des synergies concrètes
entre actions de PSD des acteurs belges dans un tiers des pays (6/17 selon les
ambassades et 5/16 selon le personnel de la CTB).
Il ressort des trois missions de terrain un constat nettement plus positif
sur la matérialisation de synergies et davantage encore sur l’existence de
synergies potentielles (non [encore] matérialisées). Le tableau ci-dessous
synthétise l’analyse de l’existence et de la matérialisation de synergies
potentielles des 15 interventions examinées avec des projets d’autres acteurs. Il
en ressort que :
1. Il y a eu une série de synergies matérialisées, en particulier entre OSC, avec
la CTB et avec d’autres bailleurs;
2. Une série de synergies potentielles additionnelles existent, mais n’ont pas été
matérialisées, notamment avec la CTB et les acteurs spécialisés en PSD que
sont BIO, le TDC et Exchange, et avec des acteurs du secteur privé belge ;
3. Le potentiel de synergies n’est pas tout à fait clair dans une série de cas, mais
mériterait d’être exploré davantage – ceci concerne notamment des synergies
avec BIO et d’autres acteurs.
4. Il n’apparait dans quasiment aucune intervention qu’il n’y a aucune synergie
potentielle avec les autres acteurs.
Tableau 12: Complémentarités et synergies pour les 15 projets sélectionnés79
Complémentarités
et synergies
Pas de
synergies
potentielles
Potentiel de
synergies pas
clairement
établi
Synergies
potentielles
non
exploitées
Synergies
potentielles
matérialisées
Synergies avec CTB
Synergies avec BIO
Synergies avec TDC,
Exchange80, Agricord
Synergies avec OSC
et AI belges
Synergies avec
autres bailleurs
Implication d’acteurs
privés belges
Source: ADE
Des exemples de synergies sont fournis dans différents encadrés dans les
Questions d’évaluation ci-dessus. Des détails sont par ailleurs fournis pour les 15
interventions dans les notes pays (Annexes 4a, 4b et 4c).
Les possibilités de complémentarités et synergies identifiées dans les pays visités
(mais non encore exploitées) comprennent notamment une approche par les
chaînes de valeur dans les même produits agricoles ou régions, même si pas
nécessairement dans les deux à la fois. Par exemple, au Rwanda dans le cadre de
la stratégie nationale PSD, les chaînes de valeur au niveau des districts vont être
79 Ce tableau vise à donner une indication du potentiel de synergies des interventions examinées avec les
autres acteurs de la Coopération belge en particulier. 80 Exchange n’est pas présent au Pérou.
Réponses aux questions d’évaluation
52 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
développées sur base d’une « lead company ». BIO apporte le financement à ces
entreprises, en complémentarité avec la CTB qui agit au niveau du
développement régional, et du TDC dans une moindre mesure.
3.5 Q5 Résultats
Dans quelle mesure les interventions appuyées ont-elles contribué à des
résultats de développement dans les secteurs visés?
Cette question vise tout d’abord à déterminer si des rapports de suivi et évaluation des
résultats des interventions sélectionnées sont disponibles et si l’information disponible
est suffisamment complète et désagrégée par type d’acteurs pour apprécier les résultats
au niveau du secteur privé et des bénéficiaires. Elle vise ensuite à évaluer la contribution
de l’appui à l’atteinte de résultats en matière de développement économique et de travail
décent ainsi qu’aux thèmes transversaux du climat, de l’environnement et du genre.
Enfin, cette question Q5 vise à vérifier si l’aspect durabilité a été pris en compte lors de
la conception et de la mise en œuvre des interventions appuyées.
Q5 - Résultats
Il n’y a pas de vue générale sur les résultats des appuis de la coopération belge en
matière de PSD (pas d’évaluations thématiques PSD précédentes, pas de cadre
commun de suivi des résultats entre acteurs, pas de cartographie). De plus, il existe
peu d’analyses rigoureuses mesurant les résultats atteints par ces appuis au niveau
des différents acteurs. Il y a également une disparité entre les systèmes de suivi-
évaluation des acteurs. Globalement, ceux de la CTB et des OSC dont nous avons
examiné les projets fournissent des informations relativement solides sur les résultats,
ce qui est moins le cas pour les autres acteurs.
Des constats intéressants ressortent néanmoins de l’analyse, sur base du recoupement
des rapports de suivi-évaluation existants, des observations de terrain et des réponses
à l’enquête auprès du personnel de la CTB dans les pays partenaires et à celle auprès
des bénéficiaires finaux dans les trois pays visités.
Les interventions sélectionnées peuvent être regroupées selon deux approches : une
approche de type économie sociale, basée notamment sur les chaînes de valeur
agricoles et c iblant un certain type d’organisations (essentiellement les coopératives),
et une approche ciblant des entreprises commerciales dont le modèle économique ne
repose pas sur l’économie sociale, via par ex. des investissements en capital ou des
appuis techniques directs aux PME. Agricord, la CTB, les OSC et le TDC ont privilégié la
1ère approche. La seconde concerne essentiellement les interventions de BIO (même si
certaines opérations de BIO se classent également dans la catégorie précédente) et
d’Exchange vzw.
Pour les interventions sélectionnées de type économie sociale de l’échantillon, l’on
constate globalement des effets positifs en termes d’emploi et d’augmentation de la
productivité et des revenus (essentiellement grâce à l’introduction de nouvelles
pratiques, l’acquisition de nouvelles compétences, l’accès à de nouveaux marchés et
l’augmentation de la production qui en découle). Ces interventions ont également porté
une attention particulière aux questions de genre (avec des effets constatés en termes
d’emploi des femmes) et d’environnement (promotion de l’agriculture durable
notamment). Il y a peu d’indications concernant la question du travail décent, mais des
problèmes ont été constatés au Rwanda. Globalement ces interventions ont pris en
compte l’aspect durabilité, en particulier la durabilité sociale mais dans une certaine
mesure la durabilité financière également. Cependant, la viabilité des coopératives
elles-mêmes (sur lequel l’approche par chaîne de valeur repose en grande partie) est à
Réponses aux questions d’évaluation
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 53
risque, ce qui peut donc mettre en péril la durabilité des résultats engrangés par les
interventions.
Les interventions ciblant les entreprises commerciales (hors économie sociale) ont eu
des effets globalement plus mitigés sur la création d’emplois et des effets positifs sur la
productivité des entreprises bénéficiaires et l’augmentation des revenus. La question
du genre n’a pas été particulièrement prise en compte dans les interventions
d’Exchange mais davantage dans celles de BIO (indirectement, via les exigences aux
fonds d’investissement). Il n’y a pas d’information sur les effets de ces interventions en
matière d’environnement. Les informations disponibles sur les questions du travail
décent indiquent une prise en compte de cet aspect en particulier par BIO.
3.5.1 Disponibilité d’informations sur l’atteinte des résultats
Il n’y a pas de mécanisme permettant d’avoir aisément une vue générale sur les
résultats de la coopération belge en matière de PSD. La présente évaluation est en
effet la première analyse thématique portant sur les résultats en termes de PSD de la
coopération belge. De plus, la Belgique ne dispose pas d’un cadre commun permettant
de faire un suivi des résultats des interventions mises en œuvre par les différents
acteurs de la coopération en matière de PSD. La Belgique ne dispose pas non plus
mécanismes adéquats pour cartographier aisément ses interventions en matière de
PSD81.
Il existe peu d’analyses rigoureuses (p.ex. avec contrefactuel et sélection
aléatoire) mesurant les résultats atteints par les appuis de la coopération belge
en matière de PSD. Un acteur (l’OSC VECO) disposait de méthodes d’évaluation
d’impact rigoureuses parmi les 15 interventions sélectionnées. Cela fournit ainsi peu de
preuves tangibles de la contribution des acteurs belges au développement du secteur
privé dans les pays partenaires.
Enfin, il existe une disparité entre acteurs en termes de production de rapports
sur les résultats de développement (outcomes et impact) atteints par les
interventions. Globalement, l’examen des 15 interventions montre que la CTB et les
OSC ont mis en place un système de suivi-évaluation relativement solide, incluant des
rapports de suivi des résultats, même si pas « rigoureux » en termes par exemple
d’utilisation de contrefactuel et de sélection aléatoire. BIO dispose également d’un
système d’évaluation permettant un suivi et une évaluation des résultats de
développement, mais celui n’a été introduit qu’en 201582 et ne s’applique donc pas aux
interventions sélectionnées dans le cadre de cette évaluation, qui sont antérieures.
Différents types de rapports sont disponibles pour les projets TDC, comme des rapports
de Formation et du Coaching et compris des rapports d’évaluation. Enfin, il n’y a pas de
rapports permettant un suivi des résultats et des impacts pour les projets d’Agricord et
d’Exchange vzw. Les rapports disponibles fournissent des informations principalement au
niveau des réalisations (outputs). L’analyse détaillée de la disponibilité d’informations sur
les résultats de développement des 15 projets est fournie en Annexe 7e.
81 Cf. Annexe 3. 82 A la demande du Legislateur, via le contrat de gestion (mai 2014).
Réponses aux questions d’évaluation
54 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
3.5.2 Contribution à des résultats de développement socio-économique
Cette section présente l’analyse des principaux résultats atteints par rapport aux
objectifs clés définis dans la Note stratégique Secteur privé de 2014 que sont (i)
l’emploi ; (ii) l’augmentation de la productivité et des revenus ; et (iii) le travail décent.83
Emploi
Bien que la création d’emploi soit un des critères d’intervention de la Note
stratégique Secteur privé de 2014, ce critère n’était pas un objectif direct des
projets PSD dans la majorité des cas identifiés par le personnel de la CTB dans
les pays partenaires. En effet, dans seuls 5 pays sur 16 le personnel de la CTB
considère que la création d’emploi a été un objectif direct des projets PSD mis en œuvre
par les acteurs belges dans le pays partenaire84. Des effets positifs sur l’emploi ont
néanmoins été constatés dans certaines interventions examinées .
Le tableau ci-dessous synthétise l’information disponible relative aux résultats en termes
d’emploi par acteur, pour les interventions examinées.
Tableau 13: Aperçu des emplois prévus et réalisés par acteur pour les 15
interventions sélectionnées
Acteur Pays Prévu Réalisé Commentaires
Agricord Rwanda Aucune indication/information disponible
sur les objectifs et les réalisations en
termes d’emploi
Tanzanie Aucune indication/information disponible
sur les objectifs et les réalisations en
termes d’emploi
BIO Pérou Créer ou
maintenir
115000
emplois
Pas d’information sur les réalisations en
termes d’emploi
Rwanda 600 emplois de
femmes
Peu (pas) de creation d’emploi ;
reconversion
Tanzanie 106 emplois
détruits
Modernisation de l’entreprise ; néanmoins
45 emplois de femmes en plus
CTB Pérou n.a. Objectif de création d’opportunités
économiques (durables) pour maintenir
l’emploi en zones rurales.
Rwanda “Création
d’emplois”
Délocalisation et maintien d’emplois
existants. Pas d’information sur les
réalisations en termes d’emploi.
Tanzanie 3133 emplois Aucune indication/information disponible
83 Il est trop tôt pour examiner des résultats par rapport aux objectifs de la Note stratégique Digital for
Development de 2016 ou de la Note stratégique Agriculture et Sécurité alimentaire de 2017. 84 Il s’agit des projets ayant une forte composante PSD, mis en œuvre par les acteurs belges et pour lesquels
les répondants disposent d’une bonne connaissance. Cf. Annexe 5 (Enquête générale auprès des
représentants de la coopération belge).
Réponses aux questions d’évaluation
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 55
Acteur Pays Prévu Réalisé Commentaires
créés sur les objectifs en termes d’emploi.
Exchange
vzw
Rwanda Créer 100
emplois
Pas d’information sur les réalisations en
termes d’emploi
Tanzanie Aucune indication/information disponible
sur les objectifs et les réalisations en
termes d’emploi
TDC Pérou Aucune indication/information disponible
sur les objectifs et les réalisations en
termes d’emploi
Rwanda Emplois temporaires additionnels
(augmentaiton de 42% durant la période
2015-2017 pour le café Koakaka) ;
Macadamia : emplois additionnels en
transformation (au Kenya, chiffres
inconnus), sans toutefois d’objectifs en
matière de création d’emploi.
VECO Pérou Aucune indication/information disponible
sur les objectifs et les réalisations en
termes d’emploi
Tanzanie 2708 agriculteurs
ont bénéficiés
d’un
renforcement des
capacités pour se
lancer dans les
activités
appuyées par
VECO.
Aucune indication/information disponible
sur les objectifs en termes d’emploi.
Autre
terre
Pérou Maintien d’emplois existants (constat de
terrain). Aucune indication/information
disponible sur les objectifs et les
réalisations en termes d’emploi
Source : ADE, sur base des documents de projets
Les interventions examinées de la CTB ont contribué à la création, à la
transformation ou au maintien de l’emploi d’après les constats de terrain. En
Tanzanie, le rapport final du projet indique une augmentation de 91% du nombre
d’apiculteurs85. Au Pérou, les producteurs de cacao rencontrés ont indiqué que le
projet de la CTB avait contribué à générer du travail temporaire durant les
récoltes et à créer quelques fonctions nouvelles dans la chaine de valeur. Au
Rwanda, le RSDP indique des emplois additionnels suite à la création de zones
industrielles dans les districts. Cependant, il s’agit essentiellement de petites
entreprises qui étaient initialement actives à d’autres endroits.
Les interventions examinées de BIO se sont soldées par des effets contrastés sur
l’emploi: reconversions, pertes d’emplois et création éventuelle. Il n’y pas de
données chiffrées sur la création d’emplois. Au moins 600 emplois auraient été
créés au Rwanda par Rwanda Mountain Tea (RMT), bénéficiaire du financement
85 De 3411 (situation initiale) à 6524 apiculteurs (fin du projet).
Réponses aux questions d’évaluation
56 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
de BIO. Cependant, il s’agirait plus d’une reconversion que de la création de
nouveaux emplois dans la mesure où les parcelles des petits exploitants ont été
converties en cultures de thé. Au Pérou, il n’y a pas d’information disponible sur
la création d’emploi suite à l’intervention de BIO, même si le maintien ou la
création de 115.000 emplois est un objectif clé du projet. Enfin, on constate une
diminution de 34% du nombre d’emplois permanent chez Chai Bora (Tanzanie)
entre juin 2016 et juin 2017 (de 310 à 204 emplois), suite à la modernisation de
l’entreprise. Cependant, les nouveaux investissements (nouvelle usine) devraient
aboutir à des créations d’emplois directs et indirects.
Les effets sur l’emploi des interventions des OSC ne sont pas documentés.
D’après les constats de terrain et les résultats de l’enquête auprès des
bénéficiaires ces effets ont été positifs mais limités. Par exemple, dans le cadre
des projets d’appui aux filières agricoles durables, en Tanzanie les bénéficiaires
considèrent que l’intervention de l’OSC belge a contribué à la création d’emploi
tandis qu’au Pérou l’intervention a permis de maintenir l’emploi des agriculteurs
existants (et plus globalement de revitaliser les communautés), mais pas
réellement de créer de nouveaux emplois stables.
Dans le cas du TDC, les projets visent davantage à augmenter le taux de
participation aux organisations de producteurs qu’à créer de l’emploi. Le rapport
d’évaluation (DRIS, 2017) se concentre plus sur les résultats atteints au niveau
des organisations de producteurs qu’au niveau des bénéficiaires finaux (membres
de ces organisations), notamment pour mesurer les effets de l’appui fourni par le
TDC aux producteurs du Sud. Des effets positifs ont néanmoins été constatés en
termes de création d’emplois (surtout temporaires) au Rwanda (coopérative de
café Koakaka et Ten Senses Africa).
Augmentation des revenus et de la productivité
Globalement les résultats en matière d’amélioration de la productivité sont
positifs. Cette amélioration s’explique essentiellement par l’introduction de
nouvelles pratiques ou par le renforcement des capacités des bénéficiaires. Ces
résultats ne sont cependant pas documentés de manière exhaustive pour tous
les acteurs ni pour toutes les interventions examinées.
Les résultats de plusieurs interventions examinées ont été positifs, suite aux
bonnes pratiques agricoles et aux infrastructures de base transmises:
o Dans le cadre du projet CTB au Pérou, les agriculteurs ont enregistrés une
augmentation de la productivité de la culture du cacao et de la pisciculture 86.
En Tanzanie, la productivité des ruches d’abeilles a globalement doublé grâce
à une meilleure connaissance et maitrise des techniques de production et de
récolte du miel acquise à travers les formations de la CTB87.
o Des résultats similaires ont également été constatés pour les interventions
d’Agricord et de VECO en Tanzanie tel que détaillé dans la note pays en
Annexe 4b, ainsi que pour les projets TDC relatifs aux producteurs de café et
noix de macadamia au Rwanda.
o Le support d’Exchange à International Dairy Products (IDP) en Tanzanie a
permis d’améliorer les normes de qualité d’IDP tout en rendant le processus
de fabrication du fromage de l’entreprise plus efficient.
86 Pour le projet à Iscozacín, la productivité a augmenté de 42,5% par rapport à la base de référence (qui
était de 208 kg/ha/an de cacao). Augmentation totale à 362 kg/ha/an (57.5 %) dont il convient de déduire
l’augmentation normale en 2e et 3e année qui est en moyenne de 15%. 87 Par exemple, la productivité des ruches modernes (production/nombre de ruches) est passée de 11,6
(baseline) à 23 (end value), soit une augmentation de 198%. La productivité des ruches traditionnelles a
également augmentée grâce à un meilleur suivi et aux meilleures techniques de récoltes.
Réponses aux questions d’évaluation
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 57
o Ces résultats positifs sont corroborés par les résultats de la consultation en
temps réel auprès des bénéficiaires finaux utilisé lors de la visite de terrain
(cf. Annexe 6).
Il n’y a pas d’information disponible pour les interventions examinées de BIO en
termes d’effets sur la productivité. Il n’est pas non plus possible de conclure que
les appuis d’Agricord à Imbaraga au Rwanda ont effectivement contribué à une
amélioration de la productivité au niveau des fermes.
Les résultats en matière d’augmentation des revenus sont positifs. Ceci
s’explique notamment par une augmentation de la productivité et de la
production, ainsi qu’un meilleur accès des bénéficiaires aux marchés (de
spécialité). Ces résultats ne sont cependant pas toujours quantifiables .
L’augmentation des revenus a été un objectif (direct ou indirect) pour la majorité
des projets PSD identifiés par la CTB dans les pays partenaires et mis en œuvre
entre 2013 et 2017, selon l’enquête auprès du personnel de la CTB. Au Pérou, les
producteurs de cacao rencontrés ont confirmé que le projet PRODERN 2 avait déjà
contribué à augmenter leurs revenus. En Tanzanie, les apiculteurs ont augmenté
leurs revenus grâce à l’amélioration de la production et le renforcement de
capacités en matière de marketing et de gestion. La majorité des bénéficiaires
finaux de projets CTB enquêtés pendant les missions de terrain (23 des 32
répondants) ont mentionné que l’intervention de la CTB leur avait permis
d’améliorer leur activité commerciale et d’augmenter leurs revenus.
De manière générale, les interventions du TDC visent à un meilleur accès et à une
pénétration accrue des marchés (souvent un marché de spécialité, une niche
payant un prix plus élevé). La génération de revenus figurait parmi les objectifs
généraux du soutien à la coopérative de café Koakaka au Rwanda ; le nombre de
producteurs et la production y ont augmenté (avec volatilité ; mais aussi avec le
maintien de la plus haute qualité possible). Dans le cas du Café au Rwanda la
stratégie "qualité" a permis de décrocher de nouveaux contrats. Dans le cas des
producteurs de macadamia au Rwanda, le rendement par arbre est passé de 50 à
70 kg / an, les prix ont augmenté et, par conséquent, les revenus des
producteurs. L’augmentation des revenus n’est pas un indicateur du projet au
Pérou et n’est ainsi pas rapporté dans les documents de suivi. Le bref rapport
d’évaluation à mi-parcours note néanmoins que les familles membres de la
coopérative « ont déjà augmenté leurs revenus grâce à la vente de cacao à des
prix spéciaux ».
Grâce à de meilleures pratiques agricoles, à une productivité accrue et à des
produits de meilleure qualité, les agriculteurs des projets Agricord et VECO ont vu
leurs chiffres de production grimper et ceci est soutenu par des chiffres de
revenus observés. L’appui fourni par Agricord en Tanzanie par exemple a permis
un meilleur positionnement des organisations de producteurs dans la chaine de
valeur agro-alimentaire (en termes de marketing et d’influence sur les politiques
notamment). Néanmoins, les résultats n’ont pas été atteints dans les
coopératives appuyées par VECO au Pérou, dû essentiellement à des facteurs
externes (prix internationaux et rouille du caféier).
Le rapport d’activités de 3e année du projet d’Autre Terre au Pérou indique une
amélioration des revenus et mentionne que « Début 2014, les principaux produits
du programme88 avaient une faible présence dans le marché, par manque de
volume et certification. En 2016, les produits principaux augmentent en
production et en productivité, disposent de certification bio et se positionnent
dans les marchés exclusifs avec de meilleurs revenus pour les producteurs. (…) ».
L’effet des interventions de BIO sur les revenus des bénéficiaires finaux est peu
documenté. Au Rwanda, les prêts pour l'approvisionnement en électricité
88 Quinoa, miel, avocat, figues de barbarie
Réponses aux questions d’évaluation
58 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
réduisent les coûts énergétiques (et produisent un surplus d'énergie) qui
contribuent à l'efficacité financière de la production de thé noir ; les revenus de la
RMT ont augmenté. En Tanzanie, le bénéficiaire répondant au questionnaire
durant la mission de terrain a indiqué une réelle augmentation des revenus de
l’entreprise suite à l’investissement en capital du Fonds Catalyst. Enfin, nous ne
disposons pas d’information sur l’augmentation des revenus des clients des
institutions de microfinance appuyées (ni de ceux des IMF elles-mêmes) au Pérou
via le fonds LocFund II.89
L’appui d’Exchange à IDP a rendu efficace le processus global de fabrication du
fromage de l'entreprise et a permis d'améliorer la qualité des produits. En termes
de développement de l’entreprise, les normes de qualités développées par IDP
ont permis d’élargir sa gamme de produits et d’améliorer son positionnement sur
le marché. Les effets en termes de revenus ne sont pas encore chiffrés.
Le tableau ci-dessous synthétise l’information disponible sur les résultats attendus et
réalisés en termes de productivité et de revenus par acteur (pour les interventions
examinées).
Tableau 14: Aperçu des effets prévus et réalisés en termes de productivité et
de revenus par acteur pour les 15 interventions sélectionnées
Acteur Pays Prévu Réalisé Commentaires
Agricord Rwanda “Améliorer la
productivité et
compétitivité des
agriculteurs”
Période de l’intervention:
2013-2017. Pas de données
chiffrées sur l’amélioration de
la productivité
Tanzanie Période de l’intervention:
2013-2017. Augmentation
des revenus constatée suite à
une augmentation de la
productivité (pas d’estimation
globale moyenne). Pas de
données chiffrées sur
l’augmentation des revenus
et l’amélioration de la
productivité des bénéficiaires
finaux
BIO Pérou Période de l’intervention:
2012-en cours. Données non
disponibles sur
l’augmentation des revenus
(productivité : pas
d’application)
Rwanda Période de l’intervention:
2011-en cours. Pas de
données chiffrées sur
l’augmentation des revenus
et l’amélioration de la
productivité des bénéficiaires
finaux
89 Il n’a pas été possible de rencontrer les bénéficiaires finaux des IMF appuyées durant la mission au Pérou
pour recueillir leur avis sur la question.
Réponses aux questions d’évaluation
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 59
Acteur Pays Prévu Réalisé Commentaires
Tanzanie Période de l’intervention:
2011-en cours. Pas de
données chiffrées sur
l’augmentation des revenus
et l’amélioration de la
productivité des bénéficiaires
finaux
CTB Pérou Augmentation d’au
moins 30% des
revenus annuels nets
pour 50% des
bénéficiaires
+42,5% de
productivité par
rapport à la
baseline (selon
OSC DRIS)
Période de l’intervention:
2012-2018. Pas de données
chiffrées sur l’augmentation
des revenus des producteurs
Rwanda Période de l’intervention:
2015-2020. Pas de données
chiffrées sur l’augmentation
des revenus et l’amélioration
de la productivité des
bénéficiaires finaux
Tanzanie “Amélioration du
revenu des
bénéficiaires”
Période de l’intervention:
2011-2017. Augmentation
des revenus constatée par les
évaluateurs auprès des
bénéficiaires (pas
d’estimation globale
moyenne)
Exchange
vzw
Rwanda Amélioration de la
production
Période de l’intervention:
2015-2017. Pas de données
chiffrées sur l’augmentation
des revenus et l’amélioration
de la productivité des
bénéficiaires finaux
Tanzanie Période de l’intervention:
2016. Amélioration de la
qualité des produits et
meilleur positionnement sur
le marché constatés par les
évaluateurs auprès du
bénéficiaire
TDC Pérou Passer d’une
production de cacao de
500 kg/Ha à 800 kg/Ha
Période de l’intervention:
2014 -2015 et 2016-2017.
Pas de données chiffrées sur
l’augmentation des revenus
des producteurs ni sur
l’augmentation de la
production
Rwanda Koakaka project (1) -
Au moins 5000kg à
90% d’excellence
vendus à 7 USD free of
tax ; 1200 kg de
2015-2017:
croissance
modeste des
volumes de
production des
1) Augmentation de la
qualité des produits.
Augmentation des revenus
des producteurs 2014-2017 :
16% en valeur nominale;
Réponses aux questions d’évaluation
60 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
Acteur Pays Prévu Réalisé Commentaires
premium vendus à 10
USD / kg fot.
Macadamia project (2)-
Améliorer les revenus
de 500 petits
producteurs
cerises
(1043MT),
niveau stable
des exportations
(93MT); mais
augmentation du
commerce
équitable (de
43% à 70%) et
26% de
croissance
nominale du prix
des haricots
verts.
2) Augmentation du
rendement par arbre de 50 à
70 kg/an
Période de l’intervention:
2016-2017.
VECO Pérou Revenu annuel : entre
1550 et 10900 USD
Période de l’intervention:
2014-2016. Résultats non
atteints, dû essentiellement à
des facteurs externes (prix
internationaux et rouille du
caféier)
Tanzanie “Augmentation de la
productivité”
12%
augmentation du
revenu moyen
Période de l’intervention:
2014-2016. Augmentation
des revenus liée à une
augmentation de la
productivité. Pas de données
chiffrées sur l’amélioration de
la productivité des
bénéficiaires finaux
Autre
terre
Pérou Le bénéfice par
kg est plus élevé
pour le quinoa
bio (de 2 à 6
soles/kg) que
pour le
conventionnel.
Période de l’intervention:
2014-2016. « Les produits
principaux augmentent en
production et en productivité
(…) avec de meilleurs revenus
pour les producteurs ».
(rapport d’activité année 3)
Source : ADE
Travail décent90
90 « « Le travail décent » : la possibilité pour chaque femme et chaque homme d’accéder à un travail productif
dans des conditions de liberté, d’équité, de sécurité et de dignité. Il regroupe divers éléments : la possibilité
d’exercer un travail productif et convenablement rémunéré; la sécurité au travail et la protection sociale
pour les travailleurs et leur famille; l’amélioration des perspectives de développement personnel et
d’intégration sociale; la liberté pour les êtres humains d’exprimer leurs préoccupations, de s’organiser et de
participer à la prise de décisions qui influent sur leur vie; l’égalité de chances et de traitement pour
l’ensemble des femmes et des hommes. » (Chambre des représantants de Belgique, Loi du 19 mars 2013
relative à la Coopération au Développement, 2013). Il existe un Cadre stratégique commun sur le travail
décent (avril 2016). Ce CSC réfère aux CSC pays (cf. EQ4) dans lesquels les OSC belges engagées dans le
CSC Travail Décent pensent intervenir via leurs programmes 2017-2021 (hors du champ de l’évaluation).
Réponses aux questions d’évaluation
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 61
Nous n’avons que peu d’informations sur cet aspect qui n’a par ailleurs pas été
explicitement pris en compte par la majorité des acteurs. Les résultats
disponibles sont mitigés.
La question du travail décent n’est pas explicitement abordée dans les
interventions de la CTB. Les nouvelles techniques introduites améliorent toutefois
le travail des bénéficiaires (par ex. méthodes moins nocives pour collecter le
miel). Cependant, au Rwanda, dans les nouveaux centres industriels des districts
(projet RDSP), plusieurs carences ont été constatées (mauvaises conditions de
travail, sécurité sur le lieu de travail, absence de vêtements de protection,
équipement incendie, sécurité électrique, etc.). De plus, il semble que le
déplacement des artisans de leurs emplacements initiaux vers les nouveaux
centres industriels ait été fait possiblement sous la contrainte (en l’absence
d’autorisation de continuer à utiliser les emplacements initiaux).
Les standards fixés par les co-investisseurs de BIO dans le Fonds Catalyst
incluent le respect des employés, la diversité et une meilleure rémunération.
Concernant l’intervention de BIO au Rwanda, il apparaît que les petits
producteurs aient été forcés de renoncer à l’agriculture de subsistance pour
cultiver le thé.
Concernant Exchange, IDP a mentionné une attention particulière au bien-être
des employés (peu nombreux mais bien traités, par exemple en termes de
salaires, de conditions d’hygiène et de sécurité optimales, de salle de repos,
etc.) ; ceci n’est cependant pas le fait de l’appui d’Exchange.
Les interventions du TDC visent notamment à améliorer les conditions
environnementales et socio-économiques des chaines de valeur appuyées avec
certification. Le commerce durable accorde en effet une attention particulière aux
conditions de travail des agriculteurs, les différentes certifications garantissant
des conditions de travail décentes91. Il n’y a toutefois pas d’information
documentée sur la dimension travail décent.
Il n’y a pas d’information documentée concernant les projets d’Agricord et d’OSC
faisant partie de la sélection de cette évaluation. La coopération belge a
néanmoins appuyé certaines interventions visant explicitement le travail décent,
comme des projets de coopération syndicale.
91 CTB (2010), « Commerces équitable et durable : tant de labels et de systèmes de garanties…que
choisir pour ma production? »
Réponses aux questions d’évaluation
62 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
Encadré 8 : Facteurs favorisant l’atteinte des résultats
Les facteurs clés favorisant l’atteinte des résultats, tels qu’observés dans les cas
examinés, sont en particulier les suivants:
la conception du projet, tenant compte par exemple du contexte, des
dynamiques existantes, de la culture, de la dimension institutionnelle, de la
durabilité et d’un partenaire de mise en œuvre de qualité (typiquement les
projets CTB et OSC, cf. Q3) ;
le choix des chaînes de valeur, des marchés et des localisations
géographiques, dans le cadre de l’approche économie sociale privilégiée par les
acteurs belges. Dans le cas de VECO en Tanzanie par exemple, le choix du riz
était stratégique car considéré comme une culture à haute valeur ajoutée. Il y
avait également une complémentarité avec d'autres régions de VECO telles que
l'Indonésie et l'Afrique de l'Ouest, permettant un apprentissage croisé ;
la qualité de gestion des organisations paysannes, avec des exemples tant
positifs que négatifs (voir encadré 9). Le fonctionnement organisationnel, la
confiance des membres et des partenaires, le leadership du management, la
capacité de coordination des actions et la capacité d’utiliser de manière adéquate
les outils, les formations et conseils dispensés, furent des facteurs déterminants ;
le contexte et globalement les facteurs externes, par exemple la
détérioration des conditions économiques d’une certaine région au Pérou sur les
performances des institutions de microfinance appuyées par BIO au Pérou, la
chute des prix du café sur les marchés internationaux et la maladie des caféiers.
Source: ADE
3.5.3 Contribution à des résultats en matière de genre, de climat et d’environnement
Genre
La question du genre a été prise en compte dans la majorité des projets PSD
mis en œuvre entre 2013 et 2017. Cependant, peu d’information précise est
disponible en termes d’atteinte des résultats en matière de genre.
Selon l’enquête auprès du personnel de la CTB dans les pays partenaires, la question du
genre a fait l’objet d’une attention particulière pour les projets PSD identifiés par la CTB
et mis en œuvre dans 9 pays sur les 16 couverts par les résultats de l’enquête.
Cependant, seules 2 interventions sélectionnées ont un objectif chiffré précis en termes
de genre. Pour ces 2 interventions, l’objectif est globalement atteint à ce jour92. Par
ailleurs, la prise en compte du genre au niveau de la conception ne s’est pas toujours
traduite par des actions concrètes dans la mise en œuvre des interventions93.
92 Le projet TDC au Pérou vise à atteindre 30% de femmes. L’objectif est pratiquement atteint en seconde
année du projet avec 29% des 200 bénéficiaires (chiffre inconnu pour la 1ère année). Concernant BIO, le
LocFund II vise un taux de 60% de femmes parmi les clientes des IMF appuyées. Au Pérou, la moyenne
pondérée pour les 4 IMF appuyées dans ce pays est de 44% de femmes en juin 2017: l’objectif n’est dès
lors pas encore atteint dans ce pays. Ceci dit, le taux pour l’ensemble du portefeu ille était de 63% (objectif
global atteint). 93 Au Rwanda par exemple, la prise en compte du genre dans le volet LCF du projet CTB a davantage consisté
en un comptage du nombre de femmes ayant accès au crédit qu’en une réelle approche transversale
concernant le genre.
Réponses aux questions d’évaluation
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 63
Pour plusieurs interventions la question du genre n’a pas fait l’objet d’objectifs
chiffrés. Dans la plupart de ces cas, des effets positifs ont été constatés :
Agricord considère explicitement la diversité des genres et l'emploi des jeunes
comme des priorités, avec près d'un tiers du personnel de TAHA en Tanzanie
composé de femmes (contre 10% initialement).
Les co-investisseurs de BIO dans le Fonds Catalyst ont accordé une attention
particulière aux questions de genre et ont formulé des demandes spécifiques à
cet égard. Depuis 2015, BIO a des objectifs en matière de genre.
La CTB a eu un impact significatif sur la diversité des genres en impliquant les
femmes (et les jeunes) dans les programmes de formation. En outre, la
participation des femmes aux postes de décision dans les groupes ou associations
de producteurs a été explicitement soulignée. La participation des femmes à
l'apiculture en Tanzanie est maintenant plus élevée qu'auparavant (environ 26%
des bénéficiaires du programme CTB dans le pays sont des femmes).
Le TDC a pris en compte la question du genre, avec l’application de dispositions
particulières pour les femmes productrices de café (Koakaka, Rwanda), y compris
un prix spécial. Néanmoins, la croissance des productrices dans le cadre de ce
projet est modeste (de 21 à 26% des producteurs sur une période de 4 ans).
Dans certains cas, les effets positifs n’étaient pas nécessairement attribuables
aux interventions des acteurs belges. L’évaluation d’impact externe du projet
VECO au Pérou indique par exemple que la question du genre a progressé dans
les coopératives appuyées, mais pas nécessairement grâce au programme de
VECO.
Les effets observés dans les interventions restent pour la plupart limités à la
mise à l’emploi des femmes ; l'impact sur leur autonomisation économique et
sociale reste peu mesuré. Quelques indications en la matière ont néanmoins été
relevées au niveau des OSC:
L'étude d'évaluation d'impact de l’intervention de VECO au Pérou a révélé des
progrès intéressants en ce qui concerne le leadership des femmes à travers
l'égalité de la prise de décision et l'accès à des avantages tels que le crédit. Selon
l'étude, 56,3% des personnes interrogées ont indiqué que les femmes sont
activement engagées dans le processus de prise de décision et 77% des membres
des organisations paysannes pensent que les opinions des femmes sont
respectées.
Le rapport d’activités de 3e année à la DGD par Autre Terre indique que la
coopérative à Ayacucho (Frutos del Ande) promeut le rôle de la femme et sa
participation à différents niveaux. Elles occupent des postes de trésorières,
responsables de commercialisation et vendeuses sur les foires régionales et
nationales.
Environnement et climat
Des résultats globalement positifs ont été constatés, bien que non mesurés
avec précision.
Selon l’enquête auprès du personnel de la CTB dans les pays partenaires,
l’environnement a fait l’objet d’une attention particulière pour les projets
PSD identifiés dans 10 pays sur les 16 couverts par les résultats de l’enquête.
Les aspects de changement climatique et de durabilité environnementale ont été
incorporés dans la plupart des interventions examinées, voire même en
constituaient une raison d’être, en particulier via la promotion de pratiques
agricoles durables. En particulier:
Réponses aux questions d’évaluation
64 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
o Les méthodes de culture avec une utilisation minimale des pesticides et une
utilisation efficace de l'eau sont encouragées et des pratiques culturales
modernes et intelligentes ont été adoptées (Agricord, OSC, TDC, Autre Terre).
o Les différentes certifications (Rainforest, Fair Trade, Production écologique,
etc.) impliquent que les pratiques de culture promues (TDC, le cas échéant
CTB) sont aussi naturelles que possible dans les circonstances locales
(utilisation minimale des pesticides, utilisation efficace de l'eau, pratiques
agricoles respectueuses de l'environnement, mesures de protection de
l'environnement et conservation des sols).
o La production de ruches modernes introduite par le projet CTB en Tanzanie
implique une réduction de la quantité d'arbres détruits par rapport aux ruches
traditionnelles. De plus, la technique utilisée pour récolter le miel est
également meilleure pour l'environnement et pour les abeilles (elles sont
endormies alors qu'elles étaient auparavant asphyxiées et mourraient).
Cependant la majorité des apiculteurs utilisent encore les techniques de
récolte et les ruches traditionnelles (évolution en cours).
o Le rapport d’évaluation à mi-parcours du projet TDC au Pérou souligne les
effets positifs sur l’environnement d’une production biologique, de la
protection des sources et de l’introduction d’arbres et arbustes dans les
plantations.
o La protection de l'environnement est également une perspective d'Exchange
vzw qui soutient au Rwanda une entreprise qui collecte des ordures, en
recycle une partie et a l'intention de produire de l'énergie à partir des restes.
o Les centrales hydrauliques au Rwanda (appuis BIO) visaient à réduire
l’utilisation de bois de chauffe et la production de CO2.
Réponses aux questions d’évaluation
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 65
3.5.4 Prise en compte de la durabilité dans la conception et la mise en œuvre des interventions
Une réelle attention est portée à la durabilité dans la conception de la plupart
des interventions examinées.
La prise en compte de la durabilité dans la mise en œuvre des interventions se
manifeste notamment au travers de la mise en place de formations, du
renforcement des capacités des coopératives, de l’achat de matériel, de
l’accès à des certifications ou de l’appropriation du projet par les
différentes parties prenantes. La certification se retrouve notamment dans les
appuis du TDC, d’Agricord et des OSC. La CTB et les OSC notamment ont réalisé
beaucoup de renforcement des capacités des coopératives et d’engagement de
plusieurs parties prenantes. Ces acteurs ont également inclus des stratégies de
sortie dans leurs programmes. Concernant BIO, la performance sociale visée par
LocFund II inclut la durabilité sociale94 des services des IMF appuyées. Cette
dimension est incluse dans sa Social Scorecard.
Par ailleurs, selon l’enquête auprès du personnel de la CTB dans les pays
partenaires, la durabilité a été un élément central ou relativement
important pour les projets PSD identifiés (dans 13 pays sur 16).
Globalement, les interventions sont durables et perçues comme telles par les
bénéficiaires :
Les bénéficiaires sont en général peu enclins à revenir aux pratiques précédentes,
soit parce que les compétences acquises à travers l’intervention reposent sur des
infrastructures nouvellement investies, soit parce qu'ils ont vu leur niveau de vie
s'améliorer, parfois considérablement, grâce aux résultats obtenus en termes de
productivité et de revenus (cf. section précédente).
Les résultats de l’enquête auprès des bénéficiaires des projets de la CTB et d’OSC
confirment une perception positive de la durabilité des interventions: les
répondants au questionnaire au Pérou ont indiqué que la durabilité attendue des
effets des programmes était globalement bonne, voire très bonne (5 répondants
sur 8). En Tanzanie, les 16 répondants du projet VECO et plus de 90% des 32
répondants du projet CTB considèrent que les effets de ces interventions
perdureront dans le long terme. Pour 64% des répondants du projet VECO, la
durabilité est déjà observable.
La durabilité des effects des interventions du TDC en el cas du café pose une
question notamment au Rwanda. La coopérative de café doit encore faire ses
preuves au fil du temps car elle est un petit acteur dans un marché complexe sur
lequel elle occupe un créneau étroit. Une partie de ses clients achète des volumes
extrêmement réduits (quelques centaines de kilos seulement) pour entretenir
l’exclusivité. Although prices obtained have increased over time, transaction
costs remain high compared to the volume of sales, expressed by small profits.
While producers did obtain higher prices for cherries in nominal terms, the
increase in real terms is minor only. There are promising prospects as well, for
example through obtaining economies of scale by further integration with five
small cooperatives in the same area within the umbrella trading cooperative.95
94 La durabilité sociale concerne l’accès aux ressources et leur répartition dans l’espace (niveau
intragénérationnel) et dans le temps (niveau intergénérationnel) ; sa finalité est d’assurer l’équité entre les
générations dans la distribution des dotations disponibles ; Sylvie Ferrari, Éthique environnementale et
développement durable : Réflexions sur le Principe Responsabilité de Hans Jonas, Lectures hétérodoxes du
développement durable vol. 1, n° 3, Décembre 2010. 95 La La coopératiLa coopérative Rwashoscco est une société commerciale coupole comprenant six
coopératives, dont Koakaka.
Réponses aux questions d’évaluation
66 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
Concernant BIO, certaines parties prenantes au Rwanda ont exprimé leur
inquiétude concernant l’expansion des plantations de Rwanda Mountain Tea
(planteurs individuels sous-traitants) car celle-ci prend place dans des zones
moins propices à la culture du thé. Les petits agriculteurs seraient ainsi contraints
de renoncer à leur sécurité alimentaire pour une culture de rente incertaine.
La viabilité de l’appui à des coopératives, en particulier à des coopératives
encore relativement récentes ou de taille modeste, reste toutefois un pari
risqué. La coopération belge a financé de nombreux programmes visant à renforcer des
coopératives de petits producteurs agricoles (cf. supra). La viabilité des coopératives est
souvent problématique. Ceci est lié notamment à des raisons internes (p.ex. capacités
organisationnelles), au niveau de vulnérabilité à des facteurs externes (p.ex. prix des
denrées alimentaires, maladies), au niveau de dépendance de financements et d’appuis
techniques externes temporaires (p.ex. par des acteurs de la coopération au
développement) et à la question d’échelle (p.ex. si la production est suffisamment
grande et stable pour intéresser une société transformatrice ou exportatrice). De
nombreux projets ont visé à surmonter les problèmes internes. Il n’en reste pas moins
que le risque global est élevé.
Encadré 9: Exemples d’appui à des coopératives96
En Tanzanie, la durabilité des résultats au niveau de l'appui à des chaînes de valeur
(CTB, VECO) est soumise à des incertitudes sur le marché et sur l’accès au capital. Ces
risques ont été dans une certaine mesure pris en compte lors de la mise en œuvre
mais n'ont pas été atténués. Dans le cas de la CTB, les organisations et coopératives
d'apiculteurs soutenues n'ont pas de contrats sécurisés avec des acheteurs, en
Tanzanie ou à l'étranger, ce qui a un impact sur leurs revenus et peut affecter la
durabilité de l’ensemble de la chaîne. En raison de l’accès limité aux capitaux, les
coopératives ne sont pas en mesure d'acheter (et de payer intégralement à l'avance)
la production de leurs membres, ce qui réduit l'incitation des apiculteurs à devenir
membres de coopératives. Le rôle des coopératives dans l’approche de la CTB est
cependant important, puisqu'elles sont en charge de la gestion des centres de collecte
et de traitement du miel et seront désormais le seul intermédiaire entre les
producteurs et les courtiers. Les gestionnaires de coopératives ont d’ailleurs fait part
de leur inquiétude quant à leur capacité (financière et de gestion) à faire face à cette
situation à venir.
Au Pérou, l’appui de VECO aux petits producteurs s’est concentré sur le renforcement
des capacités des coopératives. Cet appui a connu des résultats très différents selon
les structures appuyées, comme les coopératives de Pangoa et de Satipo. Pour la
première, la mise en œuvre et les résultats sont globalement bons. Elle dispose en
effet d’une organisation stable, d’une leader forte et de la confiance des membres. La
structure a capitalisé sur l’appui fourni par VECO (et indépendamment par le TDC) et
l’amélioration de la gestion organisationnelle de la coopérative. La mise en place d’un
système d’information intégré est citée comme un succès clé de l’intervention. Pour la
seconde au contraire, la coopérative de Satipo, celle-ci souffrait de
dysfonctionnements organisationnels tels qu’une crise financière, un manque de
transparence et un changement dans les positions de direction. Ceci a affecté la
confiance des membres et des partenaires et la capacité de coordination des actions.
Ceci a, à son tour, limité la capacité d’utiliser de façon appropriée les outils, les
formations et les conseils dispensés par VECO.
Source: ADE
96 Voir les notes pays pour davantage de détails, notamment l’Annexe 4a (Pérou) et l’Annexe 4b (Tanzanie).
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 67
4. Conclusions
Appréciation générale
La coopération belge a adapté ses politiques et stratégies au cours des années à
l’évolution du paradigme international vers davantage d’appui au développement du
secteur privé local (PSD) et d’engagement du secteur privé – notamment international
- dans le développement (PS4D). Elle a lancé une série d’initiatives intéressantes
comme les obligations à impact sur le développement / humanitaire et la Charte du
développement durable. Au niveau des interventions sur le terrain, les projets
examinés étaient généralement pertinents et bien conçus et ont permis d’atteindre des
résultats de développement, surtout en matière d’augmentation de la production, de la
productivité et des revenus, et dans une moindre mesure de l’emploi.
Cependant, la Belgique s’est adaptée à ce nouveau paradigme moins rapidement et
fortement que de nombreux autres pays. Elle n’a que peu cherché de bénéfices
mutuels entre la coopération et les intérêts économiques et géopolitiques du pays. La
coopération est globalement déconnectée du secteur privé belge (commercial) et reste
assez cloisonnée entre acteurs du PSD (BIO, CTB, TDC, OSC, universités, etc.). Il y a
eu peu d’approches stratégiques permettant de capitaliser sur les forces des différents
acteurs pour créer une réelle valeur ajoutée belge dans certains domaines ou pays et
mener à des résultats d’envergure.
Les conclusions sont groupées selon les étapes dans le cycle politique. Pour chacune
d'elles, les résultats clés sur lesquels elles sont fondées sont spécifiés, de même que la
(les) Question(s) d'évaluation et le chapitre dans lesquels on peut trouver des détails.
Figure 7: Le cycle des politiques
Définition des pol itiques
Traduction en stratégies
Opérationnalisation des stratégies Suivi & Évaluation
Réflexion et Revue
Conclusions
68 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
4.1 Définition des politiques
C1 : La Belgique a progressivement adapté sa politique de coopération au
changement du paradigme international concernant le PSD et le PS4D, bien que
plus tard que d'autres partenaires au développement.
La Belgique a peu à peu (re-)formulé sa politique de développement pour le
développement du secteur privé en ligne avec le paradigme international évoluant
rapidement sur le rôle croissant du secteur privé dans le développement (comme
présenté dans les objectifs de développement durable en 2015, dans l'Agenda
2030 et dans le Consensus européen pour le développement en 2017). (Q1)
La Belgique a fait ceci moins rapidement et moins fortement que nombre de pays
voisins et d’organisations multilatérales. (Q1 et Revue de littérature)
C2 : Pour ce qui est de ses relations extérieures, la politique belge considère
dans une large mesure la coopération au développement en matière de PSD et
PS4D isolément de la diplomatie économique, de la promotion du commerce et
des considérations géopolitiques.
Le paradigme international évolue en faveur de bénéfices mutuels pour les pays
en développement et les partenaires au développement. La Belgique n'a pas de
stratégie globale et garde une séparation relativement forte entre sa coopération
au développement et ses intérêts économiques et géopolitiques, contrairement à
de nombreux autres partenaires au développement. Peu de réflexion étayée a été
observée en Belgique en la matière. (Q1 et Revue de littérature)
4.2 Traduction de la politique en stratégies
C3 : La politique belge a été définie plus amplement dans des notes
stratégiques, dans la révision du mandat de BIO et dans le lancement de
quelques initiatives innovatrices, mais il n'y a pas de cadre stratégique global
actualisé. Des orientations stratégiques manquent sur des aspects clés tels que
le PSD dans les pays en situation de fragilité et dans les pays d’exit et le PS4D.
La « traduction » de la politique en matière de PSD s’est faite principalement dans
trois notes stratégiques : la Note stratégique Coopération belge au
développement et secteur privé local (2014), la Note stratégique Numérisation
pour le développement (D4D, 2016) et la Note stratégique Agriculture et Sécurité
alimentaire pour la coopération belge au développement - De la subsistance à
l’entrepreneuriat (2017), qui est sectorielle par nature et exprime une vision plus
entrepreneuriale. Pour établir un mandat plus large, les fonctions de BIO ont été
revues (2016). Quelques initiatives innovatrices ont été en outre lancées, telles
que les obligations à impact sur le développement / humanitaires, la plateforme
The Shift et la Charte du développement durable. (Q1)
La Note stratégique PSD émise en avril 2014 était relativement générale. Il
manquait également une théorie du changement explicite. Elle est en outre
devenue obsolète avec l'arrivée d'un nouveau gouvernement en octobre 2014 qui
mettait des accents différents en matière de PSD et de PS4D, et avec les
tendances évoluant rapidement à l'échelon international sur ces matières. Il n'a
toutefois pas été défini de nouvelle stratégie PSD ou PS4D globale depuis lors,
bien que la Note de politique générale de 2017 fournit quelques orientations
stratégiques. (Q1)
La Note stratégique PSD de 2014 (et les notes consécutives) n'opérait pas de
choix clairs concernant certaines considérations stratégiques. L'une d'elles est une
approche différenciée par type de pays. La Note stratégique PSD de 2014
distingue entre les approches générales pour les PMA et les MIC, mais les
approches instrumentales appliquées pour les deux sont largement identiques.
Conclusions
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 69
Elle est loin des approches actuelles à la pointe en la matière. (Q1, Revue de
littérature)
Il n'y a par ailleurs pas de stratégie spécifique pour les pays d’exit, pour définir
comment capitaliser sur des décennies de coopération au développement pour
des relations économiques et diplomatiques plus fortes. (Q1, Annexe 4a Pérou)
Les trois notes stratégiques sont aussi silencieuses au sujet des liaisons entre la
coopération au développement d'une part et des intérêts économiques et
géopolitiques d'autre part. (C1)
Les stratégies belges sont plutôt isolées du contexte plus large des programmes
et zones prioritaires d'autres partenaires au développement et d’institutions
financières internationales. Les avantages comparatifs de la Belgique n'ont pas
été examinés et utilisés en profondeur (sauf pour l'économie sociale97). La
manière dont la coopération belge s'adapte (ou devrait être intégrée) dans l'appui
international au PSD n'a pas été précisée. Les opportunités pour des approches et
alliances stratégiques communes, ainsi que pour la division du travail, ont été
relativement peu exploitées. (Q1, Q4, Revue de littérature)
4.3 Opérationnalisation des stratégies
C4 : Peu de mesures ont été prises pour surmonter la difficulté de mettre en
œuvre une stratégie PSD transversale dans la structure institutionnelle
particulière de la coopération en Belgique.
La structure institutionnelle, financière et politique de la coopération belge est
particulière. Les allocations budgétaires ne sont pas directement liées aux
stratégies belges de coopération pour leur mise en œuvre. Des ressources
budgétaires sont allouées à un « détenteur du budget », qui est une agence
publique ou un acteur non gouvernemental, et non à des programmes, tels qu'un
programme PSD global. Il n'y a ni allocations spécifiques à des PMA ou MIC, ni à
des approches instrumentales (développement d'une chaîne de valeur,
développement économique local, formation professionnelle, etc.), comme c'est le
cas pour de nombreux autres partenaires au développement. (Q1, Q2).
Le PSD en tant que composante de la coopération au développement est mis en
œuvre par des acteurs publics et non gouvernementaux belges, lesquels sont
organisés verticalement. Les stratégies et programmes PSD sont mis en œuvre en
l'absence de lignes directrices spécifiques (sauf à partir de “priorités
opérationnelles” et de procédures spécifiques formalisées contractuellement,
comme dans le cas de BIO). Chaque acteur définit ses propres instruments,
procédures et programmes. Cela a abouti à une compartimentation
institutionnelle ou « fonctionnement en silo » tant au niveau de la stratégie
générale qu'au niveau des pays. (Q2, Q4)
Il n'y a pas de grand acteur belge du développement possédant une expertise et
une expérience étendues dans divers domaines du PSD et du PS4D, ni une solide
compréhension du et de solides réseaux dans le secteur privé belge et local. Les
acteurs belges du développement possèdent surtout de l'expérience dans le
financement du développement (BIO) ou dans l'économie sociale (la CTB, le TDC,
les OSC, Agricord) ou sont de taille modeste (Exchange, The Shift). (Q2)
Une ligne budgétaire spécifique avait été créée pour permettre le financement des
acteurs spécifiques PSD/PS4D tels que le TDC, Exchange, Agricord et The Shift,
mais les moyens étaient relativement limités et leur potentiel n'a pas été
entièrement exploité.98 Peu d'autres mesures ont été prises pour redéfinir la
97 Voir, pour le concept d'« économie sociale », la note de bas de page 22 98 Ligne budgétaire « Entreprendre pour le développement », récemment réorganisée comme «
Entrepreneuriat local - Commerce équitable et durable »
Conclusions
70 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
structure institutionnelle belge ou pour surmonter les difficultés associées à celle-
ci. (Q2)
C5 : L'absence d'une approche stratégique combinant différents acteurs et
instruments, au niveau du siège et des pays, ainsi que le manque de
mécanismes de coordination parmi les acteurs du PSD, ont résulté en un
soutien fragmenté.
Les mandats des différents types d'acteurs belges soutenant le PSD sont assez
distincts dans l'ensemble, bien qu'il a été observé quelques cas dans lesquels
certains d'entre eux (CTB, TDC et OSC) financent les mêmes acteurs locaux de
l'économie sociale. Dans l'architecture globale, il n'est pas très clair quels
instruments sont destinés à appuyer l'amélioration du climat des affaires
(principalement laissée aux organisations multilatérales). (Q2)
Il n'y a pas de mécanismes en place au niveau du siège ou du pays pour
coordonner les divers acteurs PSD belges, tels que BIO, la CTB, le TDC, Exchange
et Agricord, en ce qui concerne les stratégies et interventions PSD. Ces acteurs
ne font pas partie des cadres stratégiques communs (CSC) récemment introduits,
lesquels sont limités aux acteurs de la coopération non gouvernementale
(OSC/AI). Les acteurs PSD belges clés ont largement agi isolément l'un de l'autre,
que ce soit en termes d'approches stratégiques, d'étude de pays, d'instruments,
de programmes ou d'actions. (Q4)
Il y a du potentiel pour des synergies dans les trois pays visités. Des synergies se
sont matérialisées dans de nombreux cas, en particulier entre les OSC, la CTB et
d'autres donateurs. Il y a toutefois un potentiel inexploité, notamment pour des
synergies avec des acteurs spécifiques au PSD, tels que BIO, le TDC, Exchange,
et le secteur privé belge. (Q4)
Par conséquent, l'appui de la Belgique au PSD reste fragmenté. (Q2, Q4)
C6 : L'engagement des acteurs du secteur privé (commercial) dans le
développement (PS4D) est encore à un stade initial.
La compréhension internationale du PS4D évolue toujours, mais une différence
clé entre le PS4D et les approches « traditionnelles » du PSD est l'accent
relativement plus fort mis sur l'engagement dans des activités commerciales
internationales et dans le financement pour le développement, plutôt que de
travailler principalement avec les gouvernements du pays et avec les
organisations de développement commercial domestique et de la société civile.
(Q1)
La Belgique a développé et utilisé des mécanismes et instruments pour
l'engagement direct d'acteurs du secteur privé dans le processus de
développement, comme Exchange, The Shift, la Charte du développement
durable, ou la création d'obligations à impact sur le développement /
humanitaires. Ceux-ci sont néanmoins trop modestes en taille ou en ambition
pour mener à des changements significatifs à grande échelle. (Q1)
Cependant, les interventions dans le domaine du PSD ont rarement trait à un
menu d'options avec des opportunités de PS4D (p. ex. plateformes B2B, jumelage
inter-entreprises, partenariats public-privé, triangles d'or public-privé-recherche
et autres). Il y a par ailleurs peu d’instruments spécifiques au PS4D - il n’y a par
exemple pas ou peu de programmes de matching, de projets de démonstration,
de subsides pour des études de faisabilité, d’appui aux importations en
provenance de pays en développement, etc. Il n'y a pas ou peu de relation
directe entre la coopération au développement d'une part et les intérêts
économiques et commerciaux belges d'autre part. (Q2) Les connaissances
spécifiques du secteur privé belge (par ex. les chaînes de production agricoles, y
compris le commerce équitable) qui peuvent être considérées comme un
avantage comparatif, n'ont guère été rendues instrumentales pour la coopération
Conclusions
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 71
au développement. Cela découle également de l'absence de politiques, de
guidance et d'incitants belges à cet égard. (Q1)
L’articulation de l’objectif de PS4D avec les quatre secteurs prioritaires de la
coopération belge n’est pas claire. Ceci est en particulier le cas pour les soins de
santé (1°) et l'enseignement et la formation (2°), à savoir si la coopération belge
promeut ou appuie l’engagement du secteur privé dans ces secteurs-là ou non.
(Q1)
C7 : Il n'y a pas eu de « triangle d'or » en matière de PSD reliant le secteur
public, le secteur privé et les centres de connaissances.
Les interrelations entre le secteur public, le secteur privé et les centres de
connaissances sont considérées, à l'échelle internationale, comme une bonne
pratique pour l'appui au PSD. Les instituts ou centres de c onnaissance peuvent
être - entre autres - des universités, des instituts de recherches techniques et
agricoles (publics, semi-publics et commerciaux) ou des groupes de
connaissances spécifiques au secteur ou spécifiques à la branche.
Le secteur public belge, stimulant la coopération gouvernementale et finançant
les programmes de coopération non gouvernementale, a établi peu de liens
directs avec le secteur privé en Belgique et dans les pays partenaires. Malgré
quelques efforts, p. ex. The Shift, la consultation et l'implication ont été faibles.
(Q1, Q4)
La coopération belge s'est abstenue tant d'un appui direct au secteur privé (sauf
BIO et Exchange)99 et d'un engagement direct du secteur privé dans ses efforts
en matière de développement (PS4D). C'est quelque peu paradoxal avec la
nature d'un objectif de développement du secteur privé. Les modalités combinant
le secteur public et le secteur privé, telles que le blended finance et les
partenariats public-privé (tous les deux promus dans la Note stratégique PSD de
2014) n'ont pas - ou que peu - été introduites. BIO a depuis peu la possibilité
d’avoir une partie de son capital provenant du secteur privé, mais ceci n’est pas
encore le cas à l'heure actuelle. (Q1, Q2, Q4)
Les centres de connaissances ont été largement absents dans le processus de
rédaction de la Note stratégique PSD de 2014. Ils étaient toutefois plus associés
dans la Note stratégique D4D de 2016 et dans la Note stratégique Agriculture et
Sécurité alimentaire de 2017. Au niveau stratégique, les centres de
connaissances ont contribué au processus actuel d'apprentissage (examen et
apprentissage par les pairs de l'OCDE), mais ils ne jouent qu'un rôle modeste au
niveau des interventions directes. Bien qu'il existe des relations entre la CTB et
quelques instituts belges de connaissances et organisations multilatérales (telles
que CGIAR), cela n'est en fait pas - ou que peu - dans une perspective
PSD/PS4D. Dans les pays visités, quelques exemples ont été observés de
fertilisation croisée entre les projets PSD et les centres de connaissances
soutenus (notamment des universités et le TDC). (Q2)
4.4 Suivi & Évaluation
C8 : Le manque de mécanismes pour identifier les interventions PSD et
consolider leurs résultats a entravé une vision claire de la contribution globale
de la Belgique au développement du secteur privé.
Il n'a pas été formulé d'indicateurs de performance (quantitatifs ou qualitatifs)
pour évaluer les résultats des acteurs dans la mise en œuvre de la stratégie. Bien
que les résultats globaux des acteurs sont pris en compte, leur performance
99 Le TDC peut s'engager avec des acteurs du secteur privé, mais uniquement des acteurs de l'économie
sociale.
Conclusions
72 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
relative à la mise en œuvre d'une certaine stratégie thématique n'est pas décisive
pour l'allocation de ressources. (Q2)
Il y a une disparité substantielle parmi les acteurs pour ce qui est du suivi des
activités et de la mesure des résultats. En général, la CTB et les OSC ont plus
d'informations d'évaluation dans une perspective développementale. BIO suit ses
activités principalement dans une perspective financière pour les opérations
signées avant 2016, lorsqu'elle a introduit un système pour suivre les résultats de
développement pour de nouveaux investissements. Il n'y a pas de données
disponibles sur les résultats (outcomes) pour Exchange vzw, qui recueille
principalement le degré de satisfaction des clients sur les services rendus. De
plus, le suivi des acteurs est au niveau du projet individuel ou de l'intervention
individuelle. Globalement, la mesure des résultats ou de l'impact des
interventions PSD - s'ils sont disponibles - est principalement fondée sur des
données et perceptions qualitatives, en raison d'un manque de baselines et
d'études d'impact rigoureuses. (Q5)
Les acteurs conduisent relativement peu de propres analyses de l'efficacité des
approches instrumentales qu'elles appliquent en rapport avec les objectifs
globaux, comme la génération d'emploi ou les façons de surmonter les
contraintes pour le développement du secteur privé. Les acteurs ont des exercices
de réflexion concernant ces approches instrumentales, mais peu sur la base
d'évaluations. (Q5)
Il n'y a pas de mécanismes en place pour consolider les données sur les résultats
des interventions PSD. Il n'y a en fait pas non plus de mécanisme pour identifier
les interventions PSD. Les activités individuelles dans le domaine du PSD ne sont
pas indiquées ou enregistrées en tant que telles dans PRISMA.
C9 : Les interventions examinées sont souvent bien conçues, répondent aux
besoins du secteur privé et atteignent un certain niveau de résultats. Mais elles
sont toutes basées sur une approche projet/programme et relatives à un acteur
particulier, avec un potentiel limité pour des effets multiplicateurs importants
au niveau d'un secteur, d'un pays ou d’une région.
La plupart des interventions examinées sont bien conçues et pertinentes pour les
besoins du secteur privé, malgré l'absence d'une théorie du changement solide.
Elles sont aussi cohérentes avec les objectifs établis dans la Note stratégique PSD
de 2014 et avec ceux fixés dans la Note Agriculture et Sécurité alimentaire de
2017. (Q3) La présente étude apprend qu'elles atteignent aussi relativement bien
les résultats attendus (voir C10 ci-dessous).
L'appui de la Belgique au PSD reste fragmenté parmi les acteurs au niveau du
siège et des pays (voir C5 ci-dessus).
Les interventions examinées dans le domaine du PSD sont toutes basées sur une
approche projet/programme. Peu d'initiatives abordent des questions PSD à un
échelon global, régional ou national, sauf pour soutenir des organisations
multilatérales. Quelques-unes poursuivent néanmoins un effet de démonstration.
(Q3, Q5)
Les stratégies générales relatives au PSD n’ont pas (ou peu) été converties en
stratégies ou programmes d'action PSD spécifiques au pays dans les trois pays
examinés en plus de détail. Il ressort de l’enquête que ceci pourrait néanmoins
être le cas dans certains autres pays partenaires. (Q1)
Les résultats sont essentiellement la somme des parties, avec peu d'effet
multiplicateur parmi les acteurs belges. Il n'a pas été observé ni signalé de cas
d'impact de nature à changer la donne sur le secteur privé d'un pays ou d'une
région.
Conclusions
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 73
C10 : Les principaux résultats fréquemment observés sont des augmentations
de production, de productivité et de revenus. La génération d'emploi est plus
grande pour les interventions dans l'économie sociale (CTB, TDC, OSC) que
pour celles avec des sociétés commerciales (BIO, Exchange).
Il ressort de sources secondaires et d’observations de terrain que les
interventions de l’échantillon avec les acteurs de l'économie sociale (par la CTB, le
TDC et les OSC) ont souvent été effectives en termes de génération d'emploi,
d'augmentation de production et de productivité, ainsi que de génération de
revenus (Q5). Elles l'ont été principalement à travers l'introduction de nouvelles
pratiques, l'acquisition de nouvelles aptitudes, l'accès à de nouveaux marchés et
l'augmentation de production qui en a découlé. (Q5)
Ces interventions de l'économie sociale ont aussi accordé une attention
particulière aux problèmes de genre (avec des effets observés en termes d'emploi
des femmes) et à l'environnement (en particulier la promotion de l'agriculture
durable). Il y a peu d’indications d'un effet sur la question du travail décent. Dans
l'ensemble, ces interventions ont pris en compte l'aspect de la durabilité, en
particulier la durabilité sociale et environnementale, mais aussi, dans une certaine
mesure, la durabilité financière. Néanmoins, la viabilité des coopératives elles-
mêmes - sur lesquelles l’appui aux chaînes de valeur est largement fondée - est
un pari risqué, ce qui peut mettre en péril la durabilité des résultats atteints par
les interventions. (Q5)
Les interventions dans l’échantillon ciblant davantage les entreprises
commerciales (BIO, Exchange), ont eu des effets positifs sur la productivité des
entreprises bénéficiaires et sur la croissance des revenus, mais des effets mitigés
sur la création d'emplois, sur base des informations disponibles. Dans ces
interventions, la question du genre n'a pas été particulièrement prise en compte
par les interventions d'Exchange, mais davantage dans celles de BIO
(indirectement, par le biais de conditions pour les fonds d'investissement). Il n'y a
pas d'information sur les effets de ces interventions sur l'environnement. Les
informations disponibles sur les questions relatives au travail décent indiquent
que cet aspect est pris en compte par BIO en particulier. La durabilité est un
problème dans certaines de ces interventions. (Q5)
4.5 Réflexion
C11 : La coopération belge a une expertise interne globalement limitée en ce
qui concerne les questions de PSD et de PS4D, et a peu fait usage de l'expertise
disponible en Belgique et à l'échelle internationale.
Il y a, dans l'ensemble, peu d'expertise interne de pointe dans la coopération
belge en matière de PSD et de PS4D. (Q1-Q5)
La Belgique ne fait souvent pas partie des forums et mécanismes de coordination
PSD au niveau des pays. (Q4) Elle n'est pas non plus membre de, ni active dans
certaines plateformes d'échange de connaissances PSD clés à l'échelle
internationale (voir Revue de littérature).
La coopération belge ne mobilise pas activement le secteur privé belge et les
universités sur les questions de PSD, malgré leur expertise internationalement
renommée dans plusieurs domaines. (Q1, Q2)
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 75
Source: ADE
• R1 Définir interrelations entre politiques(dév., étrangère, commerce)
• R2 Définir domaines stratégiques
• R3 Définir approches fragilité, exit, MIC
• R4 Définir approche PS4D
Définition des politiques et stratégies
• R5 Crée unité interdépartementale PSD-PS4D
• R6 Etablir partenariats public-privé
• R7 Etablir Fonds pour les pays LIC et MIC
• R8 Renforcer financement du development
Opérationalisation des stratégies
• R9 Adapter systèmes de gestion
Suivi-Evaluation / Résultats
• R10 Accéder à l’expertise et aux réseaux
Réflexion
Conclusions Recommandations
• C1 Adaptation progressive
• C2 Coopération pure
Définition des politiques
• C3 Pas de stratégie d’ensemble
Traduction en stratégies
• C4 Système institutionnel maintenu
• C5 Appui fragmenté
• C6 PS4D naissant
• C7 Pas de Triangle d’or
Opérationalisation des stratégies
• C8 Vue générale manquante
• C9 Pertinent, sans changer la donne
• C10 Prodo, Prodé, Revenus, (Emploi)
Suivi-Evaluation / Résultats
• C11 Accès limité à l’expertise
Réflexion
5. Recommandations
Les recommandations de cette étude découlent des constats et conclusions relatifs à la
période sous revue (2013 à mai 2017).
Comme indiqué dans l’introduction, la coopération belge, bien consciente de l’importance
de réviser son approche en matière de PSD et PS4D, a continué de mener une série de
réflexions et décisions en parallèle et parfois en interaction avec ce processus
d’évaluation; ces nouveaux éléments ne sont pas repris en tant que tels dans la présente
analyse.
La liste des recommandations est présentée dans la figure ci-dessous. Chaque
recommandation est détaillée par la suite, avec indication du niveau d’importance, du
niveau d’aisance estimé pour sa prise en compte et des acteurs à qui elle est adressée.
Figure 8: Liste des recommandations
Recommandations
76 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
R1 Elaborer une vision stratégique sur les interrelations entre la politique de
développement international, la politique étrangère et la promotion du
commerce extérieur
Importance Haute Adressée à
Ministres et administrations en charge de la
coopération au développement, des affaires
étrangères et du commerce extérieur
Aisance Moyenne Basée sur Conclusions C1, C2, Revue de littérature
Contexte : Le gouvernement a explicité récemment qu’il vise à « inscrire la
politique belge de développement dans le cadre plus large de la politique
étrangère pour réaliser les conditions nécessaires au développement durable
dans nos pays partenaires »100. Par ailleurs, « la politique belge en matière de
développement met résolument le cap sur une croissance économique durable et
inclusive. Une grande partie des moyens et de l’expertise nécessaires pour
réaliser les Objectifs de Développement durable (ODD) doit venir du secteur
privé. »101 Ceci reflète l’évolution du paradigme international de ces dernières
années. Il n’est toutefois pas encore clair comment ceci se traduit en Belgique en
termes de liens entre la politique de développement international et la politique
étrangère, et avec les politiques régionales (flamande, wallonne et bruxelloise) de
promotion du commerce extérieur. A l’inverse, de nombreux partenaires de
développement, y compris les pays voisins, ont défini des politiques explicites et
des initiatives ambitieuses.102
R1a. Il est ainsi recommandé au gouvernement belge et aux administrations
d’examiner quelles interrelations seraient souhaitables entre ces trois
types de politiques (développement international, affaires étrangères et
commerce extérieur), notamment en termes d’intérêts stratégiques communs et
de bénéfices mutuels.103 Il s’agit notamment de clarifier les objectifs communs, la
stratégie pour les atteindre, les spécificités contextuelles, le rôle des différents
types d’acteurs et les limites et garde-fous pour gérer les divergences d’intérêts.
Le rôle de l’aide au développement doit rester centré sur son objectif général qui
est le développement humain durable104.
R1b. Il convient de centrer les efforts en particulier sur les domaines
d’expertise particuliers de la Belgique. Il faudrait pour cela identifier
quelques domaines clés pour lesquels il existe des pratiques de pointe et un
intérêt de diverses parties (voir R2).
R1c. Il convient également pour ce faire de s’inspirer des bonnes pratiques
observées sur cette question chez d’autres partenaires de développement, tout en
tirant les leçons et en ne s’engageant pas sur les pratiques moins
recommandables également observées.
R1d. Il est recommandé de consulter et sensibiliser activement les différents
acteurs impliqués par rapport au changement de paradigme et aux nouvelles
politiques et stratégies à définir, de façon générale. Ceci concerne les acteurs du
développement international, ceux des affaires étrangères et ceux des affaires
économiques (au niveau fédéral et des régions et du secteur privé).
100 Note de politique générale « Développement international », 17 octobre 2017. Voir également la Note
Stratégique « Approche Globale » de juillet 2017. 101 Ibidem 102 Exemples : le Plan Marshall pour l'Afrique (D), develoPPP (D), TradeMark Africa (UK), ElectriFi (UE) gérée
par FMO (NL), KfW (D) et AFD (F) comme acteurs majeurs des mécanismes de blending de l’UE,
Finnpartnership (FIN), Business Partnerships (A). 103 Ceci peut concerner par exemple des intérêts diplomatiques, économiques et académiques, la position
concurrentielle par rapport à des pays comme la Chine, la définition de normes et standards au niveau
international, la migration irrégulière, l’accès aux ressources naturelles, etc. 104 Loi relative à la Coopération au Développement, 2013
Recommandations
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 77
R2 Définir des approches pour des domaines stratégiques
Importance Haute Adressée à
Administrations en charge de la coopération
au développement, des affaires étrangères et
du commerce extérieur
Aisance Moyenne/
Graduelle Basée sur
Conclusions C4, C5, C6, C7, Revue de
littérature
R2a. Définir des approches multi-acteurs dans des domaines stratégiques.
Ceci concerne des domaines dans lesquels il existe une expertise voire un
avantage comparatif (réel ou potentiel) en Belgique par rapport à d’autres pays,
auprès d’acteurs du secteur public, privé, non-gouvernemental (OSC/AI) et de
centres de connaissance.105 Ceci pourrait concerner, à titre d’exemples:
o le commerce équitable, des chaines de valeur spécifiques (durables) dans
certains pays ou régions (p.ex. cacao, café, pomme de terre, huile de palme)
et/ou d’autres produits de l’économie sociale;
o des corridors de transport, des zones d’échanges économiques et/ou des
bassins industriels (p.ex. autour du Corridor Nord en Afrique de l’Est ou du
Corridor africain central)106 ;
o la digitalisation (D4D), les énergies renouvelables, les biotechnologies, voire
les secteurs pharmaceutique, portuaire et d’autres.
R2b. Ces domaines devraient être identifiés et sélectionnés en concertation
étroite avec les acteurs clés, en ce compris le secteur privé. Il conviendrait alors
de se concerter et se coordonner activement pour chacun de ces domaines
avec ceux parmi les acteurs qui disposent d’expertise ou d’avantage comparatif.
Ceci pourrait par exemple concerner des acteurs de la coopération (BIO, Enabel,
TDC, Exchange, Agricord, les OSC/AI...), d’autres acteurs institutionnels (SPF
Affaires étrangères, ambassades, Finexpo, Ducroire, SBI, FIT/AWEX/Brussels
Invest & Expert…) et le secteur privé, tant via leurs représentants (FEB, VOKA,
UWE, CBL-ACP…) que des entreprises directement, notamment celles signataires
de la Belgian SDG Charter.
R2c. Il est recommandé également d’impliquer activement les centres de
connaissance (universités, centres de recherche sectoriels, etc.), afin de favoriser
la création d’un « triangle d’or » public-privé-centres de connaissances. Les
universités et centres belges disposent en effet d’expertise du plus haut niveau
dans certains domaines et de réseaux dans de nombreux pays en voie de
développement. Cela serait intéressant pour tous les partenaires impliqués : pour
le secteur public en engageant les acteurs privés et la recherche dans l'effort de
développement; pour le secteur privé en ouvrant de nouvelles opportunités et en
supprimant les contraintes existantes (innovation, risques pays, etc.); et pour les
chercheurs grâce aux opportunités en matière de recherche appliquée, d'accès
aux données du secteur privé et de travail dans les pays en développement tout
en diffusant les connaissances (voir la revue de littérature et la note pays Pérou).
105 L’approche des Pays-Bas est un cas intéressant (topsectorenbeleid) – voir la Revue de littérature. 106 Corridor nord : reliant le Burundi, le Rwanda, l’Ouganda, le Kenya et l’Océan Indien. Corridor africain
central : reliant le Burundi, la RDC, le Rwanda, l’Ouganda, la Tanzanie et l’Océan Indien.
Recommandations
78 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
R3 Définir des approches spécifiques, notamment pour les pays en situation de
fragilité, les pays d’exit et les pays à revenus moyens
Importance Haute Adressée à
Administrations en charge de la coopération
au développement, des affaires étrangères et
du commerce extérieur
Aisance Moyenne Basée sur Conclusions C3, Revue de littérature
R3a. Définir une approche stratégique pour le PSD et PS4D dans les pays en
situation de fragilité. Ceci concerne entre autres plus de la moitié des pays
partenaires de la coopération gouvernementale (8 sur 14). La majorité de ces
pays partenaires sont par ailleurs dans la région des Grands Lacs et en Afrique de
l’Ouest. Il conviendrait ainsi de définir des approches pertinentes dans ces
contextes particuliers. Ceci pourrait se faire au travers d’instruments ou d’acteurs
belges, régionaux ou internationaux, en veillant dans ces deux derniers cas à
utiliser le capital politique de la Belgique dans certains de ces pays. Des exemples
de telles approches sont fournis dans la Revue de littérature 107 ainsi que dans la
Note Rwanda (Trademark East Africa). Il convient par ailleurs de tenir compte des
principes d’engagement dans les États fragiles (OCDE, 2011), promouvant par
exemple les analyses de fragilité et une coordination étroite entre partenaires de
développement.
R3b. Définir une approche stratégique pour les pays d’exit et les pays à
moyens revenus. Les pays à moyens revenus sont typiquement davantage
propices au développement et à l’engagement du secteur privé. Certains outils et
instruments sont plus spécifiquement utiles dans ces contextes-là (voir la Revue
de littérature)108; ils mériteraient d’être examinés ou étendus. Ceci est le cas aussi
des interactions avec la diplomatie économique.109 Pour les pays d’exit, il serait
utile de clarifier comment organiser la transition de relations principalement liées
à la coopération au développement vers des relations davantage politiques et
commerciales (ainsi que culturelles, académiques, etc.). Les décennies de
coopération peuvent à cet égard amener un réel avantage, notamment en termes
de connaissance du pays et de capital sympathie (goodwill).
R4 Définir une approche solide pour le PS4D
Importance Haute Adressée à Administrations en charge de la coopération
au développement et du commerce extérieur
Aisance Moyenne Basée sur Conclusions C3, C6, Revue de littérature
R4a. Clarifier les objectifs de la Belgique en matière d’engagement du secteur
privé dans le développement international:
o Définir une vision claire sur l’implication du secteur privé, p.ex. de façon
transversale (mainstreaming) ou via des initiatives spécifiques (tels
qu’actuellement la Belgian SDG Charter et les development/ humanitarian
impact bonds). Clarifier ce faisant les priorités et la théorie du changement
pour celles-ci, tant pour l’engagement du secteur privé belge que du secteur
privé international et local. Préserver le dynamisme au vu des évolutions
rapides.
107 Ceci inclut l’amélioration du climat des affaires et l’appui au développement à de ce rtains secteurs
économiques ou chaînes de valeur à moyen/long terme, mais également des mesures de reprise
économique à court terme. Des outils financiers permettant de couvrir des risqué élevés s’avèrent en outre
utiles pour promouvoir l’engagement du secteur privé (PS4D). 108 Exemples : matchmaking (comme pour Ten Senses Africa, voir l’encadré 2 supra), promotion de la
responsabilité sociale des entreprises (s’appuyant sur la Belgian SDG Charter), guichets thématiques de
financement (p. ex. en agriculture durable, digitalisation, énergies renouvelables). 109 La Note Pérou montre par exemple des activités intéressantes conduites par l’ambassade belge (cf.
annexe 4a).
Recommandations
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 79
o Clarifier les attentes et approches pour le PS4D (et le PSD) dans les secteurs
prioritaires de la coopération belge, en particulier si et comment la
coopération belge vise à donner un rôle au secteur privé dans les secteurs 1°
des soins de santé et 2° de l'enseignement et de la formation. La position
gagnerait à être clarifiée, que la coopération belge compte ou non s’engager
dans cette voie.
o Identifier avec le secteur privé et les centres de connaissances si les quatre
secteurs prioritaires de la coopération belge offrent suffisamment
d'opportunités pour l'engagement du secteur privé ou si d'autres secteurs
seraient plus pertinents (cf. R2).
o Identifier conjointement avec le secteur privé et les centres de connaissance
si les quatre secteurs prioritaires de la coopération belge au développement
offrent suffisamment de défis et d'opportunités pour l'engagement du secteur
privé ou si (un nombre limité) d'autres secteurs offriraient de meilleures
alternatives (cf.R2).
o Clarifier également le niveau d’ambition, en termes d’impulsion, de budget
et d’incitants.
R4b. Définir une approche opérationnelle pour le PS4D:
o Identifier les acteurs ou mécanismes les plus à même de porter l’approche
PS4D, en étroite concertation avec le secteur privé lui-même et en s’inspirant
des pratiques d’autres bailleurs (voir la Revue de Littérature);
o Identifier et mettre en place des outils et approches spécifiques au PS4D
(voir la Revue de littérature110), à sélectionner en fonction des objectifs
prioritaires, des domaines (R2) et des approches spécifiques (R3) à définir.
R5 Créer une unité interdépartementale PSD-PS4D
Importance Moyenne Adressée à
Administrations en charge de la coopération
au développement, des affaires étrangères et
du commerce extérieur
Aisance Moyenne Basée sur Conclusions C6, C7, Revue de littérature
Considérer la création d’une unité interdépartementale pour le
développement et l’engagement du secteur privé (PSD et PS4D). Cette unité
serait à cheval sur les domaines de la coopération au développement, des affaires
étrangères et du commerce extérieur. Ces domaines forment en effet d’une
certaine façon un continuum en matière d’appui au secteur privé, comme peuvent
l’être le commerce équitable ou l’aide au commerce (aid for trade) - voir la Revue
de littérature. Cette unité serait en charge de la définition des stratégies, de leur
suivi et de la coordination et d’activités de mise en contac t des nombreux acteurs
concernés (connecting people). Elle serait ainsi une sorte de guichet unique (one-
stop-shop).111 Elle ne serait pas directement en charge de la mise en œuvre de
programmes.
Si une telle unité n’est pas faisable, une alternative serait par exemple de créer
une ou plusieurs task forces, avec les moyens de leurs ambitions.112 Voir
également la R8 sur l’accès à l’expertise.
110 Exemples: Equity for impact investment funds, guarantees to banks, knowledge sharing (e .g. facilitating
B2B partnerships), policy dialogue (e.g. through sectoral/ commodity -focused platforms, advocacy
initiatives) or co-funding of feasibility studies or pilot projects 111 À l’instar, toute proportions gardées, de BMZ en Allemagne ou de RVO aux Pays-Bas (Rijksdienst voor
Ondernemend Nederland). 112 Lors d’un atelier un intervenant a mentionné comme exemple de ceci au sein de la coopération belge, avant
la période d’évaluation, une Task Force « Aid for Trade ». Celle-ci se centrait apparemment sur trois pays
prioritaires (Rwanda, Tanzanie et Burundi), concernait quatre acteurs de la coopération (CTB, TDC, BIO et
Recommandations
80 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
R6 Etablir des partenariats publics-privés
Importance Haute Adressée à
Administrations en charge de la coopération
au développement, des affaires étrangères et
du commerce extérieur
Aisance Approche
graduelle Basée sur Conclusions C7, Revue de littérature
Il est recommandé d'établir quelques partenariats public -privé dans un nombre
limité de domaines. Ces domaines seraient idéalement ceux qui présentent un
intérêt stratégique mutuel pour la Belgique et les pays partenaires du point de
vue du PSD et du PS4D (voir R2). Plus largement, ceux-ci se situeraient
également dans les secteurs prioritaires de la coopération belge, à savoir la
santé, l'éducation et la formation, l'agriculture et l'horticulture, et les
infrastructures. Ces partenariats inclueraient des acteurs du secteur public, du
secteur privé et des centres de connaissance (voir ci-dessus).
L'unité interdépartementale mentionnée ci-dessus (R5) pourrait promouvoir,
guider et/ou soutenir la mise en place de ces partenariats public -privé. Les
organisations participantes pourraient élaborer chaque année un programme
d'action. 113
R7 Etablir un Fonds pour les pays à faibles et moyens revenus
Importance Haute Adressée à Administrations en charge de la coopération
au développement et du commerce extérieur
Aisance Moyenne Basée sur Conclusions C7, Revue de littérature
Envisager la création d'un Fonds de développement des entreprises et du
commerce qui pourrait soutenir les activités de PSD et de PS4D dans les pays à
faibles et moyens revenus. Les pays ou régions prioritaires seraient définis,
notamment en fonction des pays partenaires, des pays d’exit et d'autres pays
appartenant aux quelques domaines stratégiques (à définir selon R2). Le Fonds
se concentrerait sur l’appui d'initiatives présentant une forte additionalité
developmentale, et en particulier celles pour lesquelles un financement par
subvention est nécessaire, telles que les opérations à haut risque (p.ex.
l'innovation). Il peut également contribuer financièrement (non à 100 %) à des
initiatives telles que la mise en place de partenariats public -privé.
DGD) et disposait d’un système de marqueurs et d’une (petite) ligne budgétaire dédiée. Il y avait
apparemment aussi une task force spécifique pour le cacao (avec de grandes entreprises comme Mondelez
et Barry-Callebaut, la fédération Choprabisco, des syndicats, des ONG, etc.) et des task forces par pays
(p.ex. pour le Sénégal). 113 À titre d'exemple, cela peut consister dans des projets innovants ou créateurs d'emploi, de la recherche
(technique ou organisationnelle), des études sur des nouveaux marchés, des projets de démonstration, des
bourses d'étude pour des étudiants étrangers - spécifiques à la branche, l'ouverture d'opportunités pour les
importations en provenance de ces pays, l'établissement de partenariats bilatéraux pour l'amélioration du
climat des affaires (par exemple dans le cadre réglementaire), etc.
Recommandations
Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement 81
R8 Renforcer le financement du développement
Importance Haute Adressée à DGD, BIO
Aisance Moyenne Basée sur Conclusions C4, C7, Revue de littérature
Contexte : Le secteur du financement du développement évolue très vite ces
dernières années. Les besoins en financement des pays en voie de
développement augmentent très fort. Des initiatives majeures ont été lancées
durant la dernière décennie, comme au niveau de l’Union européenne avec la
création d’une série de facilités d’investissement régionales (FIV, AfIF, etc.) et
thématiques (GEEREF, AgriFi, ElectriFi) bénéficiant de subventions européennes
(blending) accessibles aux banques de développement des Etats membres de l’UE
(les EDFI). L’ambitieux Plan d’investissement extérieur de l’Union Européenne a
par ailleurs été lancé en 2017. De nombreux pays voisins ont fait évoluer leur
banque de développement ou ses activités ces dernières années pour tenir
compte de ces évolutions. Il s’agit là également d’enjeux et d’opportunités
majeurs relatifs à la position de leur pays dans les relations internationales.
Il est ainsi recommandé de renforcer et d’adapter le mandat, la stratégie et
les procédures de BIO dans ce contexte. Ceci inclut l’accès de BIO aux
mécanismes de blending de l’UE et éventuellement la création d’enveloppes de
subventions belges dédiées à des pays ou secteurs clés (cf. les « domaines
stratégiques » sous la R2). Ceci devrait permettre à la Belgique de plus et mieux
contribuer au financement d’infrastructures cruciales dans les pays appuyés.
R9 Adapter les systèmes de gestion pour identifier les interventions PSD-PS4D
et avoir une vue informée sur leurs résultats
Importance Moyenne Adressée à DGD et acteurs de la coopération
Aisance Aisée/
Moyenne Basée sur Conclusions C8, C9, C10, Revue de littérature
R9a. Cartographie: Permettre une identification aisée et dynamique de
l’ensemble des interventions des différents acteurs relatives au PSD et au PS4D.
Ceci a trait en particulier à des améliorations à effectuer à la base de données
PRISMA de la DGD. Des pistes à examiner à ce propos sont (i) l’introduction d’un
marquer PSD et/ou PS4D, voire d’éléments additionnels de la typologie
développée dans le cadre cette évaluation, (ii) la définition adéquate d’un
« projet » (ce qui devrait entre autres mener à décomposer par projet les
allocations générales à certains acteurs) et (iii) une prise en compte adéquate des
flux financiers des investissements de BIO (en ce compris les remboursements
par les débiteurs et les intermédiaires financiers).
R9b. Suivi-évaluation : (i) Promouvoir une théorie du changement (précise et
dynamique) au niveau des interventions, avec des définitions et indicateurs
solides pour des objectifs clés (p.ex. en matière d’emploi ou de genre), (ii)
Promouvoir des évaluations transversales (p.ex. de thématiques ou d’approches
multi-acteurs) afin de tirer des leçons stratégiques; (iii) Promouvoir des
évaluations d’impact rigoureuses, notamment pour les approches innovantes; (iv)
Promouvoir des systèmes de suivi-évaluation basés sur les bonnes pratiques
internationales pour les éventuels nouvelles approches (blending, partenariats
publics-privés, etc.), favorisant également autant que possible la transparence; et
(v) Renforcer les systèmes de suivi-évaluation de certains acteurs (p.ex.
Exchange vzw) pour s’assurer notamment d’avoir une vue sur l’atteinte des
résultats (outcomes).
R9c. Consolidation: Examiner comment (i) intégrer les informations sur
l’atteinte des résultats en matière de PSD/PS4D dans le système de rapportage
sur les résultats de la DGD ; et (ii) partager les leçons des évaluations avec les
différents acteurs concernés.
Recommandations
82 Évaluation de l’appui au secteur privé par la Coopération belge au développement
R10 Accéder à l’expertise et aux réseaux
Importance Haute Adressée à DGD et acteurs de la coopération
Aisance Moyenne Basée sur Conclusions C11, Revue de littérature
R10a. Augmenter le niveau d’expertise sur le PSD/PS4D au sein de la
coopération belge. Il conviendrait en particulier de:
o S’entourer d’experts avec une connaissance approfondie du secteur privé,
notamment dans des fonctions managériales. Des options pour ce faire
incluent le recrutement de nouveau personnel, l’appui ponctuel de consultants
ou des contrats d’assistance technique pluriannuels avec des acteurs privés 114;
o Examiner la possibilité de détachements d’autres acteurs (institutionnels),
comme les agences régionales de promotion du commerce, des universités ou
les organismes représentant le secteur privé ;
o Former et sensibiliser le personnel actuel aux enjeux du PSD et PS4D ;
o Renforcer également l’accès à de l’expertise PSD/PS4D (et de diplomatie
économique) au niveau des pays. Ceci serait particulièrement utile pour des
pays clés comme des pays partenaires ou d’exit ou avec des besoins et
opportunités de PSD et PS4D importants pour la Belgique et les pays en
question (cf. R2 sur les domaines particuliers). L’expertise viendrait
idéalement de personnes basées sur place, tel qu’un attaché économique à
l’ambassade qui serait en contact permanent avec les acteurs belges, locaux,
régionaux et internationaux du secteur privé, de la coopération et des centres
de connaissances. A défaut, une telle personne pourrait être basée dans la
région et couvrir plusieurs pays, voire a minima faire partie d’une unité
spécialisée au siège (par exemple l’unité interdépartementale PSD-PS4D
recommandée à la R5).
R10b. Participer activement aux plateformes d’échange et de coordination
sur le PSD-PS4D, positionnant la Belgique comme un acteur dans ce domaine:
o Considérer la participation aux mécanismes de coordination en matière de
PSD dans les pays où la Belgique entend appuyer et impliquer activement le
secteur privé;
o Considérer la participation aux mécanismes de coordination dans des
« domaines stratégiques » clés pour la Blegique (cf. R2)115 ;
o Rejoindre et participer activement à des plateformes d’échange en matière de
PSD (voir des exemples dans la Revue de littérature), pour s’inspirer des
bonnes pratiques internationales et partager les positions de la Belgique dans
ses propres domaines d’expertise ;
o Communiquer en Belgique et dans les pays partenaires sur l’approche belge,
ses domaines d’expertise et ses actions.
114 Voir par exemple l’assistance technique qu’a contractée la Commission européenne pour 3 ans en matière
d’appui en expertise PSD (EuropeAid/137462/DH/SER/Multi) 115 Par exemple une participation (active) à l’Organisation internationale du cacao (ICCO) et aux Conférences
mondiales sur le cacao.