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dossier sommaire 1 L’AVIS DES CONCESSIONNAIRES 2 L’AVIS DES CONSTRUCTEURS MAIN-D’ŒUVRE EN ATELIER UN QUESTIONNEMENT RÉCURRENT Quel poids le prix de la main-d’œuvre facturé par l’atelier conserve-t-il dans le métier de la réparation ? Est-il calculé au plus juste à une époque de vaches maigres ? Constructeurs et assureurs, de leur côté, jouent-ils le jeu lorsqu’il s’agit de régler une facture de réparation à un professionnel ? Le point de la situation en ce printemps 2015. 30 L’Officiel 3837 - avril 2015

MAIN-D’ŒUVRE EN ATELIER UN … · mais˜aussi de l’interdiction de fausser la concurrence, la marge de˜manœuvre˜se révèle étroite pour les pros. 1 LES TAUX VU PAR LES CONCESSIONNAIRES

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dossier

sommaire1 L’AVIS DES CONCESSIONNAIRES

2 L’AVIS DES CONSTRUCTEURS

MAIN-D’ŒUVRE EN ATELIER

UN QUESTIONNEMENT

RÉCURRENTQuel poids le prix de la main-d’œuvre facturé par l’atelier conserve-t-il dans le métier de la réparation ? Est-il calculé au plus juste à une époque de vaches maigres ? Constructeurs et assureurs, de leur côté, jouent-ils le jeu lorsqu’il s’agit de régler une facture de réparation à un professionnel ? Le point de la situation en ce printemps 2015.

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par François Blanc, photos constructeurs et SLG

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PRIX EN LIBERTÉ...SURVEILLÉELe tarif horaire de l’atelier, pour les commerces du secteur 2/3-RM, fait partie des paramètres susceptibles de concourir à la rentabilisation d’un magasin. En vertu du principe de la liberté des prix, mais aussi de l’interdiction de fausser la concurrence, la marge de manœuvre se révèle étroite pour les pros.

LES TAUX VU PAR LES CONCESSIONNAIRES1

Il n’est qu’à se référer à l’article L. 420-1 du Code du Commerce pour se remettre en mémoire la définition de l’entente anticoncurrentielle en matière commerciale. Pour gagner

du temps, une visite sur le site du ministère de l’Économie, et plus précisément de la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF), permet de se réapproprier les notions sur lesquelles s’appuient les pouvoirs publics pour détecter d’éventuelles ententes, proscrites par définition. « L’entente anticoncurrentielle est un accord ou une action concertée qui a pour objet ou peut avoir pour effet d’empêcher, de restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence sur un marché de produits ou de services déterminé. » Suite logique du principe de la liberté des prix (en vigueur en France depuis 1986), cette définition renvoie bien sûr à n’importe quel secteur où se déploie une activité commerciale. Mais si un bien acheté, puis revendu, se révèle malgré tout assez simple à tarifer (comme chacun sait, le fournisseur ne peut pas imposer un prix à ses distributeurs), le calcul du coût de la main d’œuvre (MO) en atelier procède, lui, d’une formule a priori plus complexe.

Exercice d’équilibristeLes professionnels du commerce du deux-trois roues motorisé (2/3-RM) le savent bien qui fixent librement le tarif de MO à partir duquel ils établiront leurs factures. Mais sont-ils aussi libres que cela, lorsqu’ils sont invités à la fois à estimer le coût de revient réel du fonctionnement de leur atelier et à veiller à rester dans une fourchette de prix cohérente compte tenu des tarifs de MO affichés par leurs confrères dans une zone géographique donnée ? Car en deçà de l’entente sur les prix, il leur faut éviter toute pratique jugée anticoncurrentielle par l’autorité de surveillance française. Cet exercice d’équilibriste, en fin de compte, donne lieu à un compromis acceptable plus qu’à une solution idéale.À Paris, dans un quartier plutôt huppé de la capitale – l’avenue de la Grande-Armée, qui relie la Porte Maillot à l’Arc de Triomphe – la concession Honda Japauto (moto) ne fait pas partie des établissements les mieux lotis en termes de charges immobilières. Certes, l’emplacement reste un des meilleurs qui soient en matière de flux de clientèle ; d’autant que l’avenue accueille un grand

nombre d’autres structures commerciales dévolues au 2/3-RM. Mais la rentabilisation de l’atelier, ici comme ailleurs, nécessite de veiller au rendement de chaque mètre carré et à la productivité de chaque technicien salarié. Comment rester dans la juste frange de tarif horaire et amortir quotidiennement le poids des charges ? « Nos tarifs de main-d’œuvre d’atelier s’établissent à 50 € TTC pour les véhicules de 50 à 125 cm3, et à 76 € TTC pour les plus de 125 cm3 », indique Nathalie Rigal, directrice des magasins Japauto moto et Dainese (D-Store Paris, situé lui aussi sur l’avenue précitée). Un niveau de prix certes plus élevé que dans les commerces de même surface situés en dehors des grandes villes, mais un affinage par catégorie de véhicule bien vécu par la clientèle. « Oui, nos clients se montrent sensibles au tarif horaire de la main-d’œuvre. Beaucoup, au départ, s’attendent à un taux élevé, compte tenu de notre lieu d’implantation. Les mieux renseignés constatent alors que nous sommes à un niveau de prix cohérent par rapport à nos confrères parisiens ou de la proche banlieue. Et ils apprécient que nous ne considérions pas un 50 cm3 ou une 125 cm3 au même niveau de technicité qu’une grosse cylindrée. », explique Nathalie Rigal.

D’infranchissables limites…Toujours en Île-de-France, mais à 25 km de là en direction du Nord-Est, l’établissement

UN QUESTIONNEMENT

RÉCURRENTQuel poids le prix de la main-d’œuvre facturé par l’atelier conserve-t-il dans le métier de la réparation ? Est-il calculé au plus juste à une époque de vaches maigres ? Constructeurs et assureurs, de leur côté, jouent-ils le jeu lorsqu’il s’agit de régler une facture de réparation à un professionnel ? Le point de la situation en ce printemps 2015.

« Nos clients apprécient que nos tarifs ne soient pas les mêmes pour un 50 ou une 125 que pour une grosse cylindrée. »

Nathalie Rigal Directrice des magasins

Japauto Moto et Dainese

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Bien entendu, les tarifs de réparation doivent être af� chés sur les devantures des magasins, en évidence pour que le consommateur sache où il met les pieds...

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Dossier multimarque Paris Nord Moto affiche, lui, un

tarif horaire d’atelier unique à 67 € TTC. Ajusté pour la dernière fois voilà dix-huit mois, ce taux n’inspire qu’un seul commentaire à Robert Doron, le maître des lieux : « À ce prix-là, on n’est pas bons. Compte tenu de la surface au sol, de la qualité de service exigée, du métier de mécanicien moto, de l’investissement en outillage et de ce que coûte un bon technicien, nous devrions facturer plus cher. » Comme Japauto ? « Dans un sens, ils ont raison : à mon avis, leur tarif pour les plus de 125 cm3 tient éloignés les véhicules “à problème” – j’entends par là les machines de plus de dix ans, voire quinze ans d’âge », estime-t-il. Car même si une proportion normale de VN et de machines récentes sort chaque année de l’atelier de Paris Nord Moto, « nous avons de plus en plus de remises en route à faire sur des motos relativement âgées – l’un des effets de la chute du pouvoir d’achat des ménages, sans doute. Or, ces opérations coûtent facilement un peu cher. Et les clients ne comprendraient pas que nous augmentions notre tarif d’atelier. », précise Robert Doron.

Pertes de temps incalculablesCap au Sud. Michel Salaris, gérant de Planète JMS Moto (concession Kawasaki, Ducati et Kymco) à Avignon, annonce à son tour deux tarifs en atelier : 49 € TTC pour les petites cylindrées (Kymco, donc). Pour les deux autres marques, le taux est fixé à 65 € TTC. Peu d’écart avec celui d’un Paris Nord Moto. Non seulement les mêmes causes produisent apparemment les mêmes effets dans cette affaire, mais encore Michel Salaris souligne-t-il que « les pertes de temps, en atelier, ne sont pas calculables. Additionnées les unes aux autres, elles pèsent immanquablement sur le chiffre d’affaires ». Baisser le niveau de facturation au client final serait donc dangereux, même en période de moindre activité. Mais en réalité, « nous devrions facturer à un niveau un peu supérieur », estime le gérant. Mais il est difficile d’y consentir, tant qu’un certain rebond économique n’aura pas eu lieu…À Oulmes, commune vendéenne située à moins de 20 km de Niort (79) et à une quinzaine de kilomètres de Fontenay-le-Comte (85), la concession exclusive Moto Guzzi JMB Concept Moto est représentative de nombre de magasins qui maillent le territoire national. Son tarif horaire à l’atelier : 47,40 € TTC. À cela faut-il ajouter un second barème, à 38,40 € TTC, dévolu à la création d’accessoires sur mesure et à la personnalisation de motos.

Bernard Simonnet, gérant associé de JMB Concept Moto : « Notre tarif horaire de MO est inchangé depuis 2012. Pour le définir, nous avons travaillé avec notre comptable et pris en compte nos charges fixes, mais aussi une petite part de temps non facturé et le niveau de tarification de la région », explique-t-il. Quant à savoir si les clients se montrent sensibles au prix affiché, Bernard répond que « ce qu’ils veulent savoir en général, c’est le montant final de telle ou telle intervention. À la limite, ils s’intéressent plus au prix du litre d’huile, ou au montant d’un forfait, qu’au taux de main-d’œuvre, notamment parce qu’ils le

Certains professionnels ont deux tarifs à proposer au client. Le premier pour le travail classique de mécanique en atelier, le second pour l’accessoirisation ou la préparation de leur machine.

« Il est injuste de vendre son savoir-faire au même prix »

NADINE ANNELOT

LA À…PAROLE

u Sur les remboursements d’intervention sous garantie, les politiques des constructeurs sont variables. Certains remboursent au taux appliqué par le professionnel, et d’autres décident d’imposer leur barème. C’est surtout le temps remboursé qui est une escroquerie. Ces temps de remplacement ou d’intervention sont sous-estimés et impossibles à réaliser. Par conséquent, les interventions sous garantie deviennent une charge supplémentaire pour les entreprises. Les accessoiristes aussi tirent vers le bas les tarifs de forfait vidange/réglage pour toujours être les mieux placés. Il en résulte que les bagarres de tari�cation tirent les salaires vers le bas.

Quel est votre commentaire sur la

politique des marques de 2-RM en matière

de remboursement de factures après

réparation sous garantie ?

Sur quels critères les réparateurs professionnels

fondent-ils le calcul de leur tarif de main-d’œuvre

applicable en atelier ?

u La règle comptable de calcul est semblable à celle de tous les corps de métiers de l’artisanat. Mais dans notre secteur d’activité, d’autres critères in�uencent le coût sans pouvoir vraiment la maîtriser, ni même la respecter. En l’occurrence, nous prenons donc en compte le tarif horaire du mécanicien + les charges sociales + les primes accordées + les frais �xes et techniques + les charges d’exploitation d’entreprise. Les facteurs à in�uence variable restent la saisonnalité – certaines entreprises ont une activité très faible durant la période hivernale. Vient ensuite la localisation. Gardons à l’esprit que le coût immobilier dans certaines villes est extrêmement élevé. Intervient aussi le degré de l’outillage : certains ateliers sont équipés de banc de puissance, d’outils de diagnostic et d’autres non. La performance des techniciens est aussi un facteur dont la mesure exacte ne va pas de soi. En�n, les marques distribuées peuvent constituer en soi une variable aléatoire au gré des années, des périodes. Là, c’est la règle de la concurrence qui joue. Chaque professionnel doit donc mettre en avant ses compétences et son savoir pour argumenter la qualité de son service et de son savoir-faire. Il est régulièrement mis en place des taux de MO différents, comme les forfaits diagnostic qui peuvent permettre un taux plus élevé et en relation avec le vrai coût de la MO.

u Il est assez rare que les professionnels utilisent le levier du tarif MO pour attirer de nouveaux clients. Ce sont plutôt les fabricants qui utilisent ce levier pour attirer les clients à la marque. Ainsi, certaines marques imposent des taux et des forfaits de révision à l’ensemble de leur réseau pour harmoniser leur communication nationale sur des coûts maîtrisés d’entretien au client �nal. Cela se fait sans trop respecter les charges et les niveaux du savoir des entreprises. Lors des stages techniques, on voit bien les différences de niveau de savoir, et il est injuste de vendre son savoir au même prix. L’objectif est évidemment d’atteindre le même degré de compétence.

Ce tarif horaire constitue-t-il un levier

sur lequel jouer pour attirer une clientèle,

et pourquoi ?

u L’émergence de ces nouveaux ateliers n’est pas vraiment nouvelle. C’est plutôt le régime �scal qui crée le problème. Ne pas dépasser un certain chiffre d’affaires encourage l’activité sous-terraine et entraîne une concurrence déloyale pour le commerce traditionnel.

Les petits ateliers indépendants

pratiquent-ils selon vous des taux de MO

“au rabais” ?

Nadine Annelot, présidente de la Fédération Nationale du Commerce et de la Réparation du Cycle et du Motocycle (FNCRM), con�e à L’Of�ciel son point de vue sur les pratiques courantes du réseau en matière de calcul de tarifs horaires. Elle revient sur l’attitude des importateurs, s’agissant des remboursements dus aux professionnels.

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Beaucoup de professionnels estiment qu’ils devraient

augmenter leur tarif d’atelier

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Bernard Simonnet, gérant associé de JMB Concept Moto : « Notre tarif horaire de MO est inchangé depuis 2012. Pour le définir, nous avons travaillé avec notre comptable et pris en compte nos charges fixes, mais aussi une petite part de temps non facturé et le niveau de tarification de la région », explique-t-il. Quant à savoir si les clients se montrent sensibles au prix affiché, Bernard répond que « ce qu’ils veulent savoir en général, c’est le montant final de telle ou telle intervention. À la limite, ils s’intéressent plus au prix du litre d’huile, ou au montant d’un forfait, qu’au taux de main-d’œuvre, notamment parce qu’ils le

L’atelier est une ressource importante dans le CA d’une concession. Savoir le gérer �nement est un vrai plus pour un pro.

savent bien placé. » Le cas de Positive Mega Store, concession Ducati et Yamaha située sur la zone industrielle de Jarry (commune de Baie-Mahault), en Guadeloupe, se présente opportunément dans la discussion. Dans un département d’outre-mer géographiquement très éloigné des centres d’approvisionnement hexagonaux habituels, la donne est-elle vraiment la même ? « Nous ne sommes pas une concession rattachée aux structures d’importation de la métropole. En fait, nous importons les véhicules – ils nous sont livrés directement depuis les usines des constructeurs – et nous élaborons notre propre politique commerciale, à partir de celle des marques », rapporte Jean-Michel Pierron, directeur de l’établissement. Chez Positive Mega Store, trois tarifs horaires d’atelier sont pratiqués. « Les interventions techniques sur les scooters 50 cm3 sont facturées 45 € TTC. Le taux passe à 55 € pour les machines de 125 à 500 cm3, et plafonne à 60 € TTC pour les plus de 500 cm3 » confie-t-il. Ce menu diffère peu de celui que connaissent les magasins situés à bonne distance des grandes agglomérations dans l’Hexagone.

Éviter une hausse Là encore, les paramètres pris en compte conduisent à des résultats comparables, tous calculs faits. « Ces tarifs sont ajustés au plus près de notre clientèle, note Jean-Michel Pierron. Les utilisateurs de 50 cm3 (presque toujours des 2-temps) sont soit des jeunes, soit des salariés aux revenus modestes qui se rendent à leur travail à deux-roues. Techniquement, le 4-temps exige un peu plus de travail, même sur une petite cylindrée. Enfin, la troisième tranche de prix renvoie à la mise en œuvre d’un outillage spécifique, de moyens de contrôles électroniques et, d’une manière générale, aura exigé des formations spécifiques dédiées au personnel technique. » Le tarif exposé plus haut a cours depuis le mois de septembre 2013. Est-il appelé à bouger ? « Il est révisé par cycles. Mais lorsque le marché est bas, il faut bien sûr éviter une hausse… », commente Jean-Michel.Bon an, mal an, le barème utilisé par les professionnels du secteur du 2 et 3-roues motorisé est donc censé participer à la rentabilisation de l’entreprise, même lorsqu’il est à ce point contraint. L’autre question est de savoir si, dans le cadre de réparations couvertes par la garantie d’un véhicule, ou réalisées après une expertise post-accident, les tarifs “libres” sont pris en compte par les constructeurs et les assureurs… ¢

Axa Club 14, FMA, la Macif et l’Assurance mutuelle des motards (AMDM), consultés dans le cadre de ce dossier, apportent des réponses de principe comparables à la question du tarif de la main-d’œuvre remboursé dans le cadre de réparations post-accident. Celles-ci établissent que les taux de MO des concessionnaires sont acceptés dans la mesure où le temps d’intervention, lui, se fonde sur le travail d’un expert. « La Macif prend naturellement en compte la facturation selon les éléments constatés du sinistre et sur la base des postes éventuellement négociés entre les parties », déclare ainsi le premier assureur de 2-RM de France. Jean-Pierre Lamure, de la direction des achats assurantiels et des prestataires extérieurs d’Axa, résume la position de l’assureur par ces termes : « Il est du rôle de l’expert de déterminer la méthode et le coût des réparations sur la base des meilleures conditions économiques locales en respectant le

principe de liberté des prix établi par la réglementation en vigueur. » Lapidaire, mais ef�cace… En�n pour l’AMDM, Laurent Santucci, responsable accidentologie, activité technique, gestion spéci�que et assistance administrative sinistre, relève que « Le problème est qu’une partie de la réparation demeure opaque pour nous, dans la mesure où chaque constructeur publie un tarif public conseillé pour ses pièces détachées. Mais le prix réellement appliqué par le réparateur ne nous est pas connu. Or l’expérience montre que les écarts de prix pour une même pièce sont parfois signi�catifs ». Il ne fait donc aucun doute que les experts mandatés par la célèbre mutuelle ont été sensibilisés au problème. « Nous ne pouvons pas in�uer sur le prix des pièces et nous ne négocions pas les taux de MO appliqués par le réparateurs. Mais l’examen contradictoire mené par l’expert et le chef d’atelier doit être de grande qualité », conclut Laurent Santucci.

L’ASSUREUR COMPTE SUR L’EXPERT

« Compte tenu de nos investissements, nous devrions facturer plus cher notre heure de MO »Robert Doron Directeur

de Paris Nord Moto

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« En Guadeloupe, nous ne sommes pas rattachés aux importateurs, on élabore notre propre politique tarifaire en atelier »

Jean_Michel Pierron Directeur Mega Store,

concession Ducati et Yamaha

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Beaucoup de professionnels estiment qu’ils devraient

augmenter leur tarif d’atelier

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Dossier

LE BASTION CONTOURNÉ ?Au moment de la facturation d’une réparation sous garantie, il arrive que le taux de MO soit contesté de facto par certains importateurs. Mais le plus souvent, à défaut de le remettre en cause, les constructeurs jouent la carte du temps facturable pour contourner l’obstacle. De manière moins systématique, les assureurs usent de ce recours… par expert interposé.

LES TAUX VUS PAR LES CONSTRUCTEURS2

Frédéric Garraud, responsable du SAV de BMW Motorrad France, se sent à l’aise pour répondre à la question. Les taux de main-d’œuvre établis par les

concessionnaires du réseau sont-ils discutés lorsqu’il s’agit de créditer le compte d’un réparateur à la suite d’une réparation sous garantie ? « Nous prenons effectivement en compte le taux fixé par le concessionnaire, parce qu’il n’est pas question qu’il perde de la rentabilité à cause d’une garantie constructeur. J’ajoute que nous réglons ces factures-là le plus rapidement possible, afin de ne pénaliser ni le concessionnaire, ni son client. Cependant, BMW garde un œil sur les taux pratiqués. Mais notre rôle, dans quelques cas, sera simplement d’attirer l’attention du professionnel sur le fait que son tarif horaire doit toujours être pleinement justifié ». Sébastien Hanss, responsable du commerce et du marketing après-vente chez Honda France, rappelle pour sa part que : « Tous les ans à la même période, nous interrogeons nos concessionnaires sur les taux de MO qu’ils appliquent. Nous enregistrons ces taux et les utilisons ensuite lorsqu’il s’agit de créditer leur compte à la suite d’une intervention sur un véhicule sous garantie. »

Aplanir les différencesMarc Travert, directeur technique de Suzuki France, indique que « Suzuki rembourse la concession à son propre taux horaire de main-d’œuvre, révisable tous les ans, sur justificatifs. Cela dit, les travaux de garantie sont remboursés selon un barème constructeur officiel (le Flat Rate Manual) dont les temps “barèmés” sont calculés à partir du travail d’un mécanicien confirmé (cinq ans d’expérience) avec tout l’outillage standard et outils spéciaux préconisés. » Ce en quoi la méthode ne diffère guère de celle des acteurs cités plus haut. Et chez Yamaha ? « Les concessionnaires Yamaha et MBK sont remboursés à leur propre taux de main-d’œuvre et selon les barèmes de temps constructeur pour les opérations effectuées au titre de la garantie », confirme-t-on du côté de Saint-Ouen-l’Aumône. Si des poids lourds de la construction adoptent les mêmes procédés, d’autres ont résolu de traiter le dossier différemment. Gilles Becker, directeur technique chez Kymco Lux, déclare ainsi que « nous

appliquons chez Kymco un tarif unique, fixé par le constructeur ». Conscient que cette disposition « revient régulièrement dans le débat » avec les concessionnaires français (270 points de vente aujourd’hui), le directeur technique rappelle que jusqu’à une date récente, « le réseau était historiquement hétérogène. Il se professionnalise et s’uniformise de plus en plus. Mais le choix du constructeur d’imposer un taux de MO identique à tous les concessionnaires visait à aplanir les différences. Aujourd’hui, une réflexion est en cours à ce sujet, car nous sommes ouverts à la discussion. »

L’usine à dit…Patrick Fura, responsable qualité chez KTM France, dévoile une méthode similaire quand il annonce que « notre tarif de remboursement de main-d’œuvre est fixé par l’usine, en Autriche. Il se fonde sur un calcul de moyenne des taux par pays. Le barème horaire est lui aussi communiqué par le constructeur pour les interventions réalisées sous garantie.

Ce barème est réajusté vers le haut lorsque la défaillance technique est due à une erreur de l’usine elle-même. » Une troisième façon de faire, mise en œuvre par le groupe Piaggio, se fonde sur l’évaluation (régulièrement mise à jour) du niveau du concessionnaire à partir d’une cinquantaine de critères. Laurent Vidémont, directeur du marketing de la structure française de Piaggio : « Le tarif plancher est fixé à 30 € HT de l’heure. L’objectif n’est pas de créditer le moins possible le compte de nos clients. Il s’agit de faire monter en qualité le niveau de prestation de notre réseau. Notre souhait, c’est de rembourser au taux du concessionnaire – ce qui advient lorsque celui-ci a atteint le nombre de points nécessaires lors de son évaluation. Plus il renforce sa compétence, plus il s’équipe, plus il se fournit en pièces chez Piaggio, plus son niveau d’évaluation monte et tend à lui valoir des remboursements de MO à son propre taux ». Une posture plus nettement incitative et a priori moins rigide que celle décrite plus haut. ¢

« Notre tarif de remboursement de main-d’œuvre réalisée sous garantie est fixé par l’usine, en Autriche ».

Patrick Fura Responsable qualité

chez KTM France

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Des marques comme Honda interrogent tous les ans leurs concessionnaires sur les taux

de MO qu’ils appliquent. 

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