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This article was downloaded by: [University of Auckland Library]On: 08 October 2014, At: 15:58Publisher: RoutledgeInforma Ltd Registered in England and Wales Registered Number:1072954 Registered office: Mortimer House, 37-41 Mortimer Street,London W1T 3JH, UK

Studia NeophilologicaPublication details, including instructions forauthors and subscription information:http://www.tandfonline.com/loi/snec20

Maître AliboronGunnar TilanderPublished online: 21 Jul 2008.

To cite this article: Gunnar Tilander (1946) Maître Aliboron, Studia Neophilologica,19:1, 169-183, DOI: 10.1080/00393274608586987

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Maître Aliboron.

Grâce aux Fables de La Fontaine, l'expression maître Ali-boron est devenue familière à tout le monde. Tout écolier enFrance sait que maître Aliboron signifie l'âne:

Pour un âne enlevé deux voleurs se battaient. . .Arrive un troisième larronQui saisit maître Aliboron,

La Fontaine, Fables, I, 13.

L'origine et l'évolution du sens de l'expression ont été cepen-dant vivement discutées. Dans un bel et spirituel article1, A.Thomas en offre de nombreux exemples des XVe et XVIe siècles.Dans tous les exemples signalés par lui, maistre Aliboron s'ap-plique à un homme. La définition et le sens de l'expression sontfournis par un des exemples cités. C'est un fameux monologuecomposé peu de temps après la bataille de Fornoue en 1495.On y voit dépeint le vantard qui croit tout savoir sans venir àbout de rien: Les Ditz de Maistre Aliborum qui de tout se mësleet scait faire tous mestiers et de tout rien. Ce monologué futimprimé au commencement du XVIe siècle dans trois éditionsgothiques, qui en attestent la popularité et le succès. E. Picotdate ces éditions de 1510 environ.2 Les derniers mots du titreet scait faire tous mestiers et de tout rien manquent dans une destrois éditions gothiques que E. Picot caractérise comme « trèsincorrecte».3

La première édition du Dictionnaire de Γ Académie française,publiée en 1694, définit ainsi Maistre aliboron: 'un homme quiveut se mesler de tout, qui fait le connoisseur de tout'. Thomas

1 Institut de France, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, MaîtreAliboron, Étude étymologique par M. Antoine Thomas, Séance du 25 octobre1919, 26 pages. (La dernière page erronément marquée 24 au lieu de 26.)

2 Romania, XVI, 500.3 Thomas, p. 24, note 20, dit par mégarde que et de tout rien se trouve

seulement dans une des trois éditions gothiques. Voir l'article précité dePicot, Romania, XVI, 500.

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rappelle que ce n'est qu'à partir de la quatrième édition que leDictionnaire de Γ Académie française ajoute à la définition destrois éditions antérieures 'et qui ne se connoît en rien', maisnous avons vu que le plein sens péjoratif est attesté beaucoupplus tôt dans deux des éditions des Ditz de Maistre Aliborumqui de tout se mesle et scait faire tous mestiers et de tout rienvers 1510. Le sens péjoratif a survécu, car, à partir de la sixièmeédition (1835), le Dictionnaire de l'Académie française définitbrièvement maître Aliboron 'homme ignorant, stupide, ridicule'(art. Aliboron), ajoutant à l'art. Maître 'qui ne se connaît enrien'. La dernière édition de 1931 dit tout court: 'personnageou animal ignorant, stupide, ridicule', caractérisant l'expressionde familière. Le sens 'ignorant, stupide, sot' est de vieille date.Cotgrave le donne.1 Deux exemples du XVe siècle cités parThomas disent, l'un directement, l'autre indirectement, que maîtreAliboron signifie un ignorant, un sot:

II est advis à ces très vaillans hostes,A maistre Pierre, à maistre AliboronQue ce soit d'eulx Tulles ou Aristotes,Et ils ne sont que ignorans ydiottesQui ne sceurent oncq entendre liçon,

Pierre Michault, Doctrinal, de 1466(Thomas, p. 11).

Tu es bien maistre Aliborum ('bien sot')Si tu ne crois qu'il se puist faire,

Martin le Franc, Cha7tipion des Dames(Thomas, p. 10).

Comme maître Aliboron signifie 'sot, nigaud' et que l'âne estcensé sot, il n'y a rien d'étonnant à ce que maître baudet" aitété appelé maître Aliboron par La Fontaine.

Thomas fait remarquer que La Fontaine n'a pas été le pre-mier à appeler l'âne maître Aliboron. « L'auteur des Fables*, ditThomas (p. 4), « s'est inspiré directement du Testament de Goulu,poème badin de Jean-François Sarasin3, mort en 1654, où l'âne

1 Voir Godefroy, Suppl., art. Aliboron: Ά polypragmon medley; busiebody; one that hath his hand in every dish, an oare in every boat; also,one that pretends skill in all things, and indeed knowes nothing.'

2 Ainsi dans La Fontaine, Fables, V, 14.3 Les œuvres de Monsieur Sarasin, Paris, 1656, II, p. 60.

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paraît.» Sarasin fait un jeu de mots sur sotane et sot âne, c.-à-d.maître Aliboron, auquel il lègue sa sotane:

Ma sotane est pour Maistre Aliboron,Car la sotane à sot Asne appartient.Tant eut de coups d'épingle et d'esperon,Que je ne say comme elle se soustient.Fil noir et blanc les morceaux en retient,Et entretient en amitié parfaite,Car cet habit plus de pieces contientQu'un Capucin n'en côut à sa jaquette.

Thomas appuie à juste titre l'étymologie proposée en premierlieu par Anatole de Montaiglon dans sa réédition de l'ouvrageprécité les Dits de Maistre Aliborum qui de tout se mesle et scaitaire tous mestiers et de tout rien? Dans cette réimpression

(p. 34—35, note), Montaiglon rattache aliboron au nom de planteHel leborum. Cette étymologie a été reprise par Eug. Rolland2

et appuyée par Spitzer3. Mais comment expliquer la transitionde sens He l l ebo rum 'ellébore' > maître Aliboron?

Thomas est persuadé d'avoir trouvé la clef de l'énigme dansun texte latin du IXe siècle passé inaperçu.

Martianus Capella, né dans la seconde moitié du Ve siècle,dit dans ses Noces de Mercure et de la Philologie, à propos duphilosophe grec Carnéade, qu'il se purgeait avec de l'elléborequand il devait soutenir une lutte oratoire avec Chrysippe. Valère-Maxime raconte que c'était une habitude particulière de Carnéade.Après avoir parlé de Chrysippe, Martianus Capella dit de sonrival Carnéade:

Carneadesque parem vim gerat elleboro,vers que Thomas traduit ainsi (p. i8): «Et Carnéade, aussi fortque Chrysippe grâce à l'ellébore.»

Dans son commentaire sur Martianus Capella, l'érudit irlandaisJean Scot, qui vécut au IXe siècle, a mal interprété ce vers, ayantcompris: « Elléboron était un philosophe grec de la même secte{parem vim) que Carnéade.» «Cette erreur monstrueuse », dit

1 Recueil de poésies françoisês des XVe et XVIe siècles, I, Paris, 1855.2 Flore populaire, I, p. 77, note 4.3 Zeitschrift für rom. Phil., XLI, 167.

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Thomas (p. 19), « ne tarda pas à porter ses fruits. Dès la géné-ration suivante, un autre commentateur de Martianus Capella,Remi d'Ausserre, fondateur de la première école d'enseignementsupérieur qui ait fleuri à Paris, emboîta résolument le pas, et,avec une imperturbable confiance, il écrivit: « En dialectique, lesphilosophes qui obtinrent le premier rang sont Aristote, Chrysippe,Carnéade et Elléboron.»1

De cette façon « Elléboron », comme dit M. Mario Roquesdans son compte rendu de l'article de Thomas2, « s'est trouvéinscrit dans la liste des maîtres de la dialectique avec Aristote,Chrysippe et Carnéade. Resterait à savoir comment il a étéchoisi comme type de l'homme universel ou soi-disant tel; M.A. Thomas propose une explication: «N'étant rien, il pouvaitêtre tout »; je crains qu'ici l'on ne cesse d'être convaincu.»

En effet, Thomas ne nous a pas dit et on comprend difficile-ment comment un prétendu philosophe Elléboron, cité erroné-ment à côté d'autres dialecticiens, en serait venu à désigner letype du sot, du nigaud. Il faut évidemment avoir recours àd'autres explications pour résoudre le problème.

D'après le Dictionnaire de médecine de E. Littré et Ch. Robin,l'ellébore est un violent drastique et un puissant diurétique. Dansson Dictionnaire de la langue française, Littré rappelle que, dansla médecine des anciens, l'ellébore était très usité comme cathar-tique et qu'il passait pour guérir la folie. E. Rolland3 constateque l'ellébore « était la panacée par excellence, préconisée parles charlatans». Aussi le Livre des simples médecines* recom-mande-t-il l'ellébore pour un très grand nombre de maladies.L'ellébore guérit la paralysie (§ 1067), la podagre, les douleursarthritiques (§ 484, 1067), la fièvre quarte et la fièvre quotidienne(S 484), le pityriasis (§ 487) et toutes espèces de goutte (§ 485) etétait recommandé contre les poux (§ 487). La poudre d'ellébore

1 Traduction du manuscrit latin 8786 de la Bibl. nat. de Paris, fol.40V° (voir Thomas, p. 19 et 26, note 46).

2 Rumania, XLVI, 160.3 Flore pplaire, I, 77, note 4.4 Traduction française du Liber de simplici medicina dietus Circa instans-

de Platearius, édition Paul Dorveaux, Paris, 1913.

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est bonne pour les hémorroïdes (§ 21), la léthargie, l'épilepsie(§ 489) et la gale invétérée (§ 488, 1067), elle « mainjue malvaisechar» (§ 486) et tue les souris (§ 489) et les vers des oreilles1

(§ 486). Le même traité de médecine, qui jouissait d'une immensepopularité au moyen âge, constate que l'ellébore purge (§ 482—3)et qu'on le donne « a ceuz qui vochent volentiers » (§ 483).2

D'après un vieux livre de médecine suédois du moyen âge3,l'ellébore fait éternuer, et l'éternuement délivre de maladies de latête. Il est employé comme onguent pour les yeux. La poudretue les souris, et la poudre mise dans du lait doux tue lesmouches. Il fait vomir et enlève les mucosités et les grandesmaladies invétérées. Il est bon pour la folie causée par dumauvais sang, pour l'épilepsie, l'hydropsie et de telles maladies,les maladies des pieds, les fièvres intermittentes, les gravesmaladies de l'estomac, les maladies des cuisses, les toux invété-rées, la fièvre quarte, la paralysie, les paroxysmes et les enflureset gonflements causés par l'hydropsie. L'ellébore étanche leflux des femmes et fait avorter. Mis pendant deux jours dansl'oreille, il guérit la surdité.

Les nombreux emplois recommandés par le célèbre traitémédical Hortus Sanitatis* rendent évident que l'ellébore était aumoyen âge «la panacée par excellence», comme disait Eug.Rolland:

Elleborus albus flegma et omnes humores vomitu purgat.Colliriis nobilibus miscetur, caliginem oculorum purgat, super-positus aborsum facit. Infantem in utero occidit, sternutamentaprovocat, polente mixtus molli sorices necat... et collirium factumet ano suppositum nauseam prohibet. Elleborus uterque tam albusquam niger . . . morfeis5 et empetiginibus et scabiebus et lepris

1 Expliqué par Dorveaux 'larves de mouches'.2 Dorveaux traduit vocher « expectorer, cracher, vomir ». Cf. vouchier,

voucheison dans mes Glanures lexicographiques, verbe qui est à distinguerde vonchier, dont des exemples sont donnés par M. A. Långfors dans laRomania, LIX (1933), 484-6, et par moi-même dans mon Lexique du Romande Renari (1924), art. voucher.

3 Läke- och örteböcker frdn Sveriges medeltid utgifna af G. E. Klem-ming, Stockholm, 1883-6, p. 118-19.

4 Je cite ici l'édition de 1517, en modifiant en quelques endroits laponctuation capricieuse de l'original.

5 Cf. morfèa 'malattia cutánea', P. Petròcchi, Nòvo dizionàrio universaledelia lingua italiana; morphea 'infirmitas, cum color in alium mutatur', duCange, qui ajoute: « Italis Morfea, est species scabici.»

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conveniunt quinetiam ñstulas mortificant duobus aut tribus diebus,similiter dentium doloribus cum aceto conferunt . . . est enim[Elleborus albus] prefocativus' . . . acquirere facit iuvenescentibuset incolumitatem et mores laudabiles et complexionem bonam . . .mundificat corpus totum a superfluitatibus materierum corrupta-rum, et solutione educit cum facilitate coleram permixtam etgrossum flegma et coleram nigram cum virtute et sine molestia, etmundificat sanguinem et attrahit a venis superfluitates admixtassanguini, immo toto corpore, et a concavitatibus membrorumet partibus remotis acute et ex rebus solemnibus, et mundificandocerebrum et caput totum in instrumenta sensuum et nervos etvesicam. Et confert iuvamentum magnum egritudinibus earumsicut est soda2 proprie et emigranea et mania et melancolía etvertigo et epilentia et parálisis et aque que descendunt ad oculum,et confert egritudinibus juncturarum et duriciei et aparatibusearum et scrofulis, et est sicut tyriaca et medicine antonomaticead lepram et cancrum et species herpetis et bothor3 que secomedunt . . . Albus autem fortiter et difficulter vomere facitcum accidentibus timorum, et confricatus ex eo ad egritudinescutis confert cum virtute, et curât scabiem et empetiginem etlentigines, et confert uterque elleborus fistulis et viceribus fraudu-lentis, Tractatus de Herbis, Caput CLXIIII.

Radix ellebori nigri accepta coleram et flegma per ventrempurgat . . . Multi cum viscellis earn coquunt, multi cum lenticula,nam sic accepta ventrem purgat. Purgado illa melancolicis,arteticis et paraliticis medicatur. Superposita menstruis imperat,aborsum facit, fistulas purgat imposita. Reddit auditum posttriduum eiecta, scabiem purgat mixta libanotidi, cere et piciliquide et oleo citrino aceto addito, sola ut cathaplasma impositamaculas omnes corporis tollit, lepras omnes et zernas4 limpidat,scabies curât in aceto cocta, et gargarismo accepta seu adhibitadolorem dentium mitigat, et miscetur stipticis medicamin[i]busmixta vino et polline ordei, et ut cathaplasma adhibita ydropicis

1 Praefocativus 'qui fait suffoquer (prœfocare)', pas dans du Cange.2 Sur soda, voir Acta philologica scandinavica, XIV, 101.3 Sur bothor, voir Moamin et Ghatrif, éd. Håkan Tjerneld, Stockholm,

1945, gloss.4 Du Cange offre un seul exemple de zernœ 'impetigines, feræ, quas

etiam lichenes appellantur'.

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prestat effectum. Et si lino fuerit inserta et vino mersa, vinumcatarticumT reddet, aqua in qua fusa fuerit, si domui aspergatur,muscas et pulices necat . . . Elleborus niger confert linitus supermorfeam cum aceto similiter super loca in quibus sunt sordes,et similiter super albam morfeam et eradicat verrucas . . . Con-fectio pillularum . . . iuvamentum est ultimum ad melancólicasegritudines et cancrum et lepram et morfeam nigram difficilem,ib., Caput CLXV.

Deux passages du Roman de Renart attestent aussi la popu-larité de l'ellébore. Renart procède à la guérison du roi Noble,qui souffre d'une grave maladie:

Et herbes i trova asesDont li rois sera repassez.

1345 Aliboron* i a troveQue plusors genz ont esprove,Qui est bone por escauferEt por fevres de cors oster,

X, 1343—8·

II guérit en effet Noble le lion d'une fièvre en lui administrantun onguent à base d'ellébore:

« Sire », dist il, « je vos garraiEt ceste fevre vos toudrai . . . »Renārs le fist cocher adenz,Puis li a mis el nes dedenz

1645 Aliboron que il avoit,Qui si fort oignement estoit.Si le prist si a escauferEt il conmenca a enfler.3

A démener se conmenca1650 Del cul un gros pet li vola,

II esternue et se demeine.Molt estoit li rois en grant peine,Enfles fu3, mes il esternue,Et la pel du dos li tressue.

1 'purgatif'. Cf. catarticum 'potio medica' = 'purge', un exemple, du Cange.2 De cette forme on a rapproché déjà des noms dialectaux de l'ellébore:

aliboro, alibor, aliborgne, alibouroun, etc. Voir Eug. Rolland, Flore populaire,I, 77-78, Schuchardt, Zeitschrift für rom. Phil, XIII, 532-3 .

3 Rolland, op. cit., I, 84, cite un emploi de l'ellébore dans la médecinevétérinaire populaire pour produire des engorgements.

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165s Ce dit Nobles « molt sui enfles ».τ

Et Renart dist «ne vos tames!Gam's estes, n'i aves garde.»Et cil de poire ne se tarde,Car la poison le detreinnoit

1660 Et les boiax li escaufoit,X, 1637—60, composé entre 1180—90.2

L'emploi de l'ellébore dans le Roman de Renart, une desœuvres les plus populaires de la littérature moyenâgeuse, mani-feste la faveur dont jouissait l'ellébore parmi le peuple (voirsurtout le vers 1346). Les vers du Roman de Renāri rappellentcertains passages du fameux Hortus sanitatis que je viens de citer.

Cette liste d'emplois, qu'il serait facile d'allonger, atteste lagrande réputation curative de l'ellébore au moyen âge. Il estévident qu'un remède qui est très efficace dans certains cas etpour certaines maladies ne peut manquer de ne produire aucuneffet quand il est employé pour des maladies et des cures dis-parates. Il partage nécessairement le sort de toutes les panacées:elles sont employées pour tout et, le plus souvent, ne serventà rien.

Il y a un parallélisme frappant entre les panacées, employéespour tout et ne servant souvent à rien, et l'expression maîtreAliboron se rapportant à l'homme qui, voulant tout savoir etcroyant pouvoir tout faire, se mêle de tout sans venir à boutde rien.

Rolland3 semble avoir remarqué ce parallélisme, car il dit:« A une certaine époque, Xhelleborum, corrompu en aliboron,était la panacée par excellence, préconisée par les charlatans.Par suite on a pu appeler Maître Aliboron, un charlatan, unmauvais médecin, un ignorant, un âne (au figuré d'abord etfinalement au propre).»

Thomas juge cependant sévèrement et dédaigneusementl'explication de Rolland, laquelle, dit-il (p. 16), est « contestable

1 Voir la note 3, p. 175.2 Voir Lucien Foulet, Le Roman de Renard, Paris, 1914, p. 118.3 Flore populaire, I, 77, note 4.

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au point de vue des lois de l'esprit humain », ajoutant qu'elle«perd toute raison d'être en présence de la réalité historique ».Aux yeux de Thomas, la réalité historique est constituée parla mauvaise interprétation, due à Jean Scot et à Remi d'Auxerre,de elleboro du vers cité de Martianus Capella, mais ce vers, nousl'avons vu, n'offre pas la clef de l'énigme de l'expression maîtreAliboron et ne convainc pas, pour citer le jugement de MarioRoques. Ébloui par sa prétendue trouvaille, Thomas juge tropsévèrement la modeste remarque de l'humble et consciencieuxtravailleur qu'était Eugène Rolland, et Thomas paraît ne pasavoir remarqué que dans un des exemples qu'il cite lui-mêmemaître Aliboron se rapporte à un apothicaire et dans deux autresà un médecin.

L'expression maître Aliboron est appliquée à un apothicaireignorant nommé maître Pierre par Noël du Fail:

L'vn de nos compagnons appelle Gringalet, voulut vn iour des-courir plus au long l'impudence de ce galant, comme les bons espritsfont perpétuelle guerre à l'ignorance, et à la gloire sa compagne :et passant . . . vis à vis sa boutique, ce maistre aliboron ne faillitincontinent . . . à tirasser Gringalet par la manche de son manteau,D'un apothicaire a*Angers, conte XXIV, éd. princeps (1585), p. 130(Thomas, p. 23, note 13).

Qu'il vienne de delà les monts quelque messer, ou bien de quel-que autre contrée, qui se vante d'estre un maistre aliboran (sic) entout, et guérir de toutes maladies, et plusieurs autres, comme nousparlons vulguerement, ne diriez vous pas, à voir l'estime en laquelleon le tient, que c'est quelque chose plus que naturelle? BénignePoissenot, L'Esté, Paris, 1583, fol. 110 v° (Thomas, p. 23, note 14).

Dans une quittance du 25 mai 1487, on apprend que le futurroi Louis XII avait à son service, comme chirurgien, un maistreAlibormn, qui toucha soixante-quinze sous tournois pour avoir« pencé et habillé deux hommes d'armes prisonniers, lesquelzestoient bleciez», ms. français de la Bibl. nat. de Paris, nouv;acq. 3643, pièce n:o 942 (Thomas, p. 7, p. 24, note 22).

Dans le Testament de Pathelin1, maître Aliboron se rapporteaussi à un apothicaire:

1 Maistre Pierre Pathelin suivi du Nouveau Pathelin et du Testamentde Pathelin, farces du quinzième siècle, nouvelle édition par P. L. Jacob, Paris,1859, p. 193-4.

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L'apoticaire.Que faictes-vous, hau, maistre Pierre?Comment se porte la santé?

Pathelin.Je ne sçay, par ma loyauté:Je me vouloye laisser mourir.

L'apoticaire.Et je viens pour vous secourir.Où vous tient vostre maladie?

Pathelin.Hal devant que je vous le die,Donnez-moy à boire un horion,(Oyez-vous, maistre Aliborumf)Avant que ma femme reviengne?

L'apoticaire.Jesus, en bon propos, vous tienne,Mon amyl Vous estes fort bas.

Dans l'exemple suivant1, il y a aussi une allusion claire à unapothicaire:

II luy est loisible [au pape] d'ordonner, changer, rechanger,mesnager, virevouter, et culebuter c'en dessus dessoubs tout ce quiconcerne la foy, et l'interprétation des escritures. Bref, il est un vraymaistre Aliborum, qui se mesle de toutes drogues. Il est le fac totumet le brouille-mesnage, Philippe de Marnix de Sainte-Aldegonde,Differ, de la Relig., I, 2, 8.

Thomas n'a pas vu que la remarque sèche et laconique deRolland indique la bonne direction dans laquelle il faut s'ache-miner pour trouver la solution du problème maître Aliboron,quoiqu'il ne soit évidemment pas nécessaire de supposer, commele fait Rolland et comme pourraient le faire croire les exemplescités en dernier lieu, que maître Aliboron ait désigné en premierlieu un charlatan ou un mauvais médecin. L'emploi métapho-rique d'une panacée qu'on emploie pour tout et qui ne sert àrien peut s'appliquer à tout homme de n'importe quel métierou de n'importe quelle profession qui se mêle de tout sans rien

1 Cité par E. Huguet, Dict, de la langue fr. du seizième siècle, art.aliboron.

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faire d'utile, comme le montrent, dans d'autres langues, des usagesanalogues que nous allons citer à la fin de cet article.

On sait que dans le bon vieux temps et les savants et lesartisans aimaient à être appelés maître* C'est donc un titre bienà propos pour maître Aliboron qui croit tout savoir et pouvoirtout faire. Maître peut aussi avoir un sens dépréciatif.2

Littré3 et Thomas sont très embarrassés sur la valeur pri-mitive de l'expression maître Aliboron. « Qui devons-nous croireen définitive, ceux qui l'élèvent [qui fait tout] ou ceux qui l'abais-sent [et de tout rien]?», se demande Thomas (p. n ) . Commel'expression se fonde sur une comparaison avec l'ellébore, lapanacée qui est employée à tout et ne sert à rien, les senspositif et négatif adhèrent à maître Aliboron dès la création del'emploi figuré de l'expression avec rapport à l'homme.

Quand on tient compte du sens de l'expression, on ne s'étonnepas non plus de voir maître Aliboron se rapporter au diable, quise mêle de tout sans rien faire d'utile, et à Lucifer.4

J'entends mes lecteurs dire: pour nous convaincre, il fautciter des métaphores analogues. En effet, loin d'être contre les loisde l'esprit humain, comme proclame Thomas un peu dédaigneu-sement et sans mûre réflexion (p. 16), cette métaphore est fré-quente, et des cas analogues s'observent dans d'autres langues.

Un onguent, appelé unguentum album, jouait un très grandrôle dans les pharmacopées d'autrefois et jouissait d'une grandepopularité. La recette de cet onguent, appelé en français onguentblanc, au moyen âge oignement blanc, est donnée par le LuminareMajus, dont je cite l'édition imprimée à Venise en 1556:

Olei rosati, cerse albse, cerussœ quantum sufficit ad incorporandumet in fine addantur duo albúmina ovi, p. 80c.

La recette de Y'Antidotaire Nicolas diffère assez:

1 Voir Littré, art. maître.2 Voir Littré, maître 16.3 Art. aliboron, Etym.4 Voir les exemples tirés du procès-verbal de l'instruction de Giles, de

Rais, le malheureux maréchal de France, et du Livre de la Deableric d'Éloid'Amerval, cités par Thomas, p. 11, p. 6 et 23, note 18.

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Pren: ceruse, once II; litargire, once I; encens, dragme III; mastic,dragme II. Chescune espices soit triblee par soi, et la poudre deceruse soit destempree ou un poi d'eule, puis i soit mis litargire etmastic et encens ou eve rose; et, com il commencera à espoiser,soit i mis eule et l'eve rosé, et soit lessé jusque il soit ne trop espèsne trop cler, L'Antidotaire Nicolas, deux traductions françaises deΤAntidotarium Nicolai, éd. Paul Dorveaux, Paris, 1896, p. 34, § 79(du XIVe siècle).

L'onguent blanc, qu'on appelait aussi blanchet ou blanquet,était même employé par les dames comme fard1, ce qui montreson innocuité. (Dignement le roy*, autre dénomination qui trahitle haut prix et la grande réputation dont jouissait cet onguentau moyen âge, peut être une déformation, due à une étymologiepopulaire, du nom officiel onguent blanc de Rhazès, appelé encorepar le peuple blanc-rhasis et blanc raisin1·.

En suédois, Xonguent blanc porte également le nom de vitaplàstret. Ce qui est digne de notre attention et de notre intérêt,c'est le fait que vita plàstret, étant, comme le dit E. Hellquist4,un remède qui ne fait ni de bien ni de mal, s'emploie souventdans un sens figuré pour désigner une personne faible, tropconciliante, niaise. Olof Ostergren5 fait mention de cet emploide vita plàstret se rapportant à une personne ignorante.

En Allemagne, l'usage de l'onguent blanc, appelé de mêmeweisse Salbe, a aussi été très répandu, et on y observe le mêmeemploi figuré qu'en suédois. « Weisze salbe*, dit le DeutschesWörterbuch de Grimm, « ist sprichwörtlich geworden wegen ihrerwirkungslosigkeit ». R. M. Meyer6 cite pour montrer combienl'usage de Xonguent blanc était général en Allemagne et combienil est inutile les vers suivants de Heine:

Weisse Salbe weder heilet noch verschlimmert irgend Schäden,Weisse Salbe findest jetzo du in allen Bücherläden7.1 Voir Modus, I, p. 354-5, note à 102, 7, le gloss, de Modus, art.

ongnement blanc.2 Voir mes Glanures lexicographiques, Lund, 1932, p. 186.3 Voir E. Littré et Ch. Robin, Dict, de médecine, art. onguent. Rhazès

était un médecin arabe qui vécut de 850 à 923, voir ib., art. Rhazès.4 Svensk etymologisk ordbok, art. vit.5 Nusvensk ordbok, V, art. piaster.6 Vierhundert Schlagworte, Leipzig, 1901, p. 79.7 L'ouvrage cité fut d'abord publié sous le titre de Das Alter einiger

Schlagworte, Neue Jahrbücher für das klassische Altertum, Geschichte und

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D'après une obligeante communication du prof. Ernst Alkerde l'université de Fribourg (Suisse), ces vers se trouvent dansDie Nordsee, œuvre en prose de Heine de 1826, qui s'y moqued'un ecclésiastique allemand du nom de Fr. Strauss (1786—1863)et de ses œuvres.

En espagnol, Xonguent blanc est appelé ungüento blanco. Cer-vantes en fait mention dans Don Quijote. Le chevalier de laTriste Figure sort victorieux mais dans un piteux état du combatavec le Biscayen. Sancho Panza voit qu'il a besoin de se soigner,et il lui dit au début du chapitre X:

Lo que le ruego a vuestra merced es que se cure, que le va muchasangre de esa oreja; que aquí traigo hilas y un poco de ungüentoblanco en las alforjas.

En espagnol, on observe le même emploi figure de ungüentoblanco se rapportant à une personne que nous avons constatépour suédois vita plastret, allemand weisse Salbe et pour françaisellébore dans l'expression maître Aliboron. On cherche en vaincet emploi dans les dictionnaires espagnols, mais j'ai pu le con-stater sur place. En octobre 1933, pendant un voyage d'étudedans l'Espagne septentrionale, je passai quelques jours à Huesca.Me promenant un jour dans les rues de cette ville pittoresque,j'entrai en conversation avec un pauvre réparateur de parapluies,un drôle de personnage qui éveilla ma curiosité. Bientôt sejoignit à nous un bourgeois de la ville, boucher de son métier,si mes souvenirs sont exacts, qui lui adressa la parole sur un tonraillant et un peu moqueur, et j'entendis le boucher me dire envantant ironiquement le réparateur de parapluies de tout ce qu'ilétait capable de faire : « Él es como el ungüento blanco que seusa para todo y no sirve para nada.»

C'est exactement le même emploi figuré d'une panacée quenous venons de constater en suédois et en allemand et qui se.retrouve en français maître Aliboron. En espagnol, on peut con-stater dans cet emploi figuré de ungüento blanco le même ordred'idée (qui s'emploie pour tout et ne sert à rien) que dans la

deutsche Litteratur, 1900, où Meyer se hasarda à la supposition que l'emploifiguré de weisse Salbe avec rapport à une personne serait de date récente.Dans la réédition remaniée et augmentée Vierhundert Schlagworte, p. 79,Meyer reconnaît son erreur.

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définition de maître Aliboron 'qui de tout se mesle et scait fairetous mestiers et de tout rien*.

M. José de Landecho, ministre d'Espagne à Stockholm, origi-naire du Nord de l'Espagne, a eu l'amabilité de me confirmerque cette expression est courante en espagnol dans le Nord dupays.1 Il m'a fait remarquer en outre que, avec rapport à unepersonne, < las mismas cualidades de inocuidad y uso generalse aplican en el lenguaje vulgar al ungüento amarillo ».2

Ungüento amarillo est une confection « cuyo principio medi-cinal es la colofonia »3 et qui était très en vogue au moyen âgeà côté de Xunguentum album. Sa dénomination latine était ungu-entum fuscum.* En voici la recette d'après XAntidotaire Nicolas:

Ungucntum fuscum. Unguent brun vaut à plaie: il atret et mundefieen atreant. Pren: eule, livre une et demie; cire, once IIII; colofonie,once II; poiz naval colee, gomme arabic, serapin, ana once I. Il soitisi comfeit: l'eule soit mis en I pot boillir, et puis la cire, et, celeremise, soit i mise colofonie et puis la poiz, et puis gomme arabicet terbentine, et à dereiner mastic et encens. Toutes cetes chosessoient triblees, fors poiz et terbentine, et soit totdis meu jusque ilsoit cuit, puis soit mis fraidir et estoié, Traduction française, éd. PaulDorveaux précitée, p. 34 (du XIVe siècle).

Dorveaux fait rappeler en note que unguentum fuscum - esttoujours employé en pharmacie sous le nom à!emplâtre brun ouonguent de la mire Tlùcle.

Il est donc évident que le problème offert par l'expressionmaître Aliboron se laisse résoudre sans qu'on ait recours à lamauvaise interprétation de elleboro chez Martianus Capella, due

1 L'emploi en espagnol de blanco tout court au sens de 'cobarde' {.Dicci-onario de la Academia Española, blanco 10) n'a rien à faire avec l'expressionfigurée ungüento blanco. M. de Landecho me fait là-dessus cette remarquefine et judicieuse dans une lettre du 30 mars 1946: « Creo que es muy modernaesta acepción. Desde luego no es característica del Norte de España. Meparece recordar que es argot madrileño, y tengo idea de que se basa enla palidez que ocasiona el miedo.»

Je profite de cette occasion pour exprimer à M. de Landecho ma vivereconnaissance de sa grande amabilité et de l'intérêt qu'il a manifesté endiscutant avec moi cette question.

2 Lettre du 23 février 1946.3 Diccionario de la Academia Española, art. ungüento.4 Cf. Modus, I, p. 354, note à 102, 7.

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aux commentateurs Jean Scot et Remi d'Auxerre et qui n'éclairciten aucune façon le problème, car on ne comprend pas pourquoiet comment ce prétendu dialecticien Elleborus serait devenu letype de l'homme « qui de tout se mesle et scait faire tousmestiers et de tout rien ». Tout ce qu'on peut dire de cettemauvaise interprétation, c'est qu'elle a pu contribuer à rendreHelleborus plus connu parmi les dialecticiens, auxquels cettepanacée célèbre et d'un emploi général au moyen âge était cepen-dant sans cela assez connue. Le parallélisme des langues française,espagnole, allemande et suédoise suffit à lui seul à démontrerl'évolution de sens de maître Aliboron, car il montre de quellefaçon une panacée comme l'ellébore peut « être fait homme »pour citer les propres paroles de Thomas (p. 16).

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