6
35 N°65 - mars 2015 L S S I NTRODUCTION Les maladies parodontales sont définies comme des maladies inflammatoires multifactorielles, d’origine infectieuse, spécifiques d’un site et d’un individu, sous la dépendance du système immuni- taire. Celles-ci sont des lésions innées ou acquises du tissu de sou- tien de la dent. Selon Armittage et collaborateurs en 1999, les maladies parodontales sont classées en 8 catégories. Les gingivites sont des réactions inflammatoires réversibles du parodonte superfi- ciel, caractérisées par une gencive rouge, lisse et œdématiée. A l’inverse, les parodontites sont des infections irréversibles du paro- donte profond qui entraînent une destruction des tissus conjonctif et osseux. Elles constituent la cause majeure de perte dentaire chez l’adulte (Flemming et coll. 1999). Le but de cet article sera de com- prendre comment remplacer de façon pérenne par des implants dentaires les dents manquantes chez un patient ayant une paro- dontite. CHRONOLOGIE DU PLAN DE TRAITEMENT Il sera le suivant : • Examen clinique è diagnostic et pronostic • Evaluation et contrôle des facteurs de risques Tabac, Diabète, HTA, obésité…• Prophylaxie Enseignement à l’hygiène, détartrage Elimination des caries et des restaurations iatrogènes, extractions • Phase non chirurgicale (curetage radiculaire) • Réévaluation à 2 mois • +/- une phase chirurgicale parodontale correctrice • Réévaluation à 2 mois • Phase implantaire • Maintenance Chez des patients ayant des lésions parodontales en phase active, les implants sont rapidement colonisés par des agents pathogènes. L’élimination de ces lésions et le suivi des patients sur du long terme en amont de la mise en place d’im- plants est un facteur décisif du succès du traitement. PRONOSTIC IMPLANTAIRE Dans la population générale, on compte 5% de perte d’implant à 5 (...) implantologie Maladies parodontales et implantologie : Gestion du plan de traitement Mots clefs : Dental implant, periodontal disease, bone loss, complications, osseointegration, pathology, peri-implantiti. Dr Ammanou Terence Chirurgien-dentiste DFCDP DU d’Implantologie de l’Université d’Evry Attaché à l’hôpital de Gonesse CES de parodontologie Lauréat de l’académie de chirurgie dentaire Master en parodontologie Master 1 en recherche mention BCPP Dr Ammanou Yvon Chirurgien-dentiste DFCDP Post Graduate of New York University Diplômé d’études supérieures en odonto- logie chirurgicale Diplôme universitaire d’implantologie orale et maxillo-faciale Diplômé de parondontologie Photo 2

Maladies parodontales et implantologie gestion du plan de traitement

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Parution LS 65 - Mars 2015

Citation preview

  • 35N65 - mars 2015LLSS

    INTRODUCTIONLes maladies parodontales sont dfinies comme des maladiesinflammatoires multifactorielles, dorigine infectieuse, spcifiquesdun site et dun individu, sous la dpendance du systme immuni-taire. Celles-ci sont des lsions innes ou acquises du tissu de sou-tien de la dent. Selon Armittage et collaborateurs en 1999, lesmaladies parodontales sont classes en 8 catgories. Les gingivitessont des ractions inflammatoires rversibles du parodonte superfi-ciel, caractrises par une gencive rouge, lisse et dmatie. Alinverse, les parodontites sont des infections irrversibles du paro-donte profond qui entranent une destruction des tissus conjonctif etosseux. Elles constituent la cause majeure de perte dentaire chezladulte (Flemming et coll. 1999). Le but de cet article sera de com-prendre comment remplacer de faon prenne par des implantsdentaires les dents manquantes chez un patient ayant une paro-dontite.

    CHRONOLOGIE DU PLAN DE TRAITEMENTIl sera le suivant :

    Examen clinique diagnostic et pronostic

    Evaluation et contrle des facteurs de risquesTabac, Diabte, HTA, obsit ProphylaxieEnseignement lhygine, dtartrageElimination des caries et des restaurations iatrognes, extractions

    Phase non chirurgicale (curetage radiculaire) Rvaluation 2 mois +/- une phase chirurgicale parodontale correctrice Rvaluation 2 mois Phase implantaire Maintenance

    Chez des patients ayant des lsions parodontales en phase active,les implants sont rapidement coloniss par des agents pathognes.Llimination de ces lsions et le suivi des patients surdu long terme en amont de la mise en place dim-plants est un facteur dcisif du succs du traitement.

    PRONOSTIC IMPLANTAIREDans la population gnrale, on compte 5% de perte dimplant 5

    (...)

    implantologie

    Maladies parodontales et

    implantologie :

    Gestion du plan de traitement

    Mots clefs :

    Dental implant, periodontal disease, bone loss, complications,

    osseointegration, pathology, peri-implantiti. Dr Ammanou TerenceChirurgien-dentiste DFCDPDU dImplantologie de lUniversit dEvryAttach lhpital de GonesseCES de parodontologieLaurat de lacadmie de chirurgie dentaireMaster en parodontologieMaster 1 en recherche mention BCPP

    Dr Ammanou YvonChirurgien-dentiste DFCDPPost Graduate of New York UniversityDiplm dtudes suprieures en odonto-logie chirurgicaleDiplme universitaire dimplantologieorale et maxillo-facialeDiplm de parondontologie

    Photo 2

    P35-40_LSN65_mars15_n65P35-40-amanou.qxd 20/03/15 10:22 Page35

  • ans (Revue de Berglundh et Coll 2002). Chez les patients ayant unATCD de maladies parodontales, on observe 3 fois plus de risquede perte dimplants (OR =3,02, 95% CI 1,12-8,15) et une pertemoyenne dos peri implantaire plus importante par rapport despatients sains (moyenne = 0,61 mm, 95% CI 0,14-1,09) Mta ana-lyse de Syarida H et Coll 2009. De plus, il y a neuf fois plus derisque de peri implantite chez des patients prsentant un ATCD demaladie parodontale par rapport des patients sains (RR=9 95%CI 3,94-20,57) (Karoussis et Coll, 2003 : tude sur 10 ans). Cerisque est diminu de 20% lorsque des implants col lisse sont utili-ss par rapport des implants col rugueux (Revue CochranedEsposito et Coll 2007) Cependant 5 ans, il ny a pas de diff-rence statistiquement significative au niveau de la perte de la suprastructure implantaire entre des patients prsentant un ATCD demaladie parodontale et des patients sains (Hardt et Coll 2002).

    CAS CLINIQUE 1- Patient prsentant une parodontite modre, localement svre (laprofondeur des poches est annote sur la photo 1).

    - Absence de 14

    - Ancien fumeur

    - Adress par son dentiste pour un avis parodontal, car le patientse plaint de douleurs gingivales

    Aprs la thrapeutique initiale (photo2, vues cliniques en

    tte darticle) on observe :

    La persistance dune poche de 6 mm entre 16 et 17 associe undfaut de point de contact

    Une poche de 7 mm sur 26 et 27 associe une lsion de furca-tion de classe 3 sur 26 et 27

    Un traitement parodontal chirurgical sera donc entreprisafin de neutraliser les poches parodontales rsiduelles. Au niveaudu secteur 1 une couronne provisoire a t mise en place afin derestaurer le point de contact et un lambeau dassainissement a tralis (photo 3).26 et 27 ont t extraites (photo 4).

    (...)36N65 - mars 2015LLSS

    implantologie

    Photo 1 : Bilan long cne et vues cliniques initiales

    Photo 3 : vue clinique secteur 1 Photo 4 : vue clinique secteur 4

    aprs extraction

    P35-40_LSN65_mars15_n65P35-40-amanou.qxd 20/03/15 10:22 Page36

  • VOTRE SOLUTION ANTISEPTIQUE

    Un bain defcacit*

    Remb. Sec. Soc. 15 % (Flacon 300 ml)

    Sans

    alcool

    * DANS LE TRAITEMENT DAPPOINT DES INFECTIONS BUCCALES

    ET DES SOINS POST-OPRATOIRES EN STOMATOLOGIE

    alcool

    Sans Sa

    oS.ceS.bmeRRe

    alcool

    )lm003nocalF(%51.co

    q e

    cnbtropparudeunitnocecnallievrusenuemetiartedtubdneeugnalalederulrbed

    fnisedtnioppadtnemetiarTr:seuqp itueparhtygyppqy

    g

    alcdtnasedslennoisseforpseL.tnemacidmudeuqsir/eubesueuqumalednoitamauqsedtnemellennoisaccOtne

    olotamotsneseriotarpo-tsopsniossedteselaccubsnoitce

    .

    lanoitanemtsyselaivtcepsuselbarisdniteffetuottneradaL:stcepsusselbarisdnisteffesednoitaralcD.elacc

    eigg

    macidmudtirucsedelanoitanecnegA:noitaralcdedoitasirotuasrpastcepsusselbarisdnisteffesednoitaralc

    s

    u aesrte)msnA(tnasedstiudorpsedtetnet emrepellE.etnatropmitsetnemacidmudno

    noitacidnI

    q

    ecnarFelotanAeur36/55ecnarFRATTASNUS55365390043nMMA.ruesodtedogceva003ednoca:1714644390043nMMASIROTUADSORMUN.)e)nlyporpyloP(ruesoduobceva)ee)nlyhtdetalathprtyloP(snocarilucitrapsnoituacrP.)epmopcevalm0005seuqp itnicocamrahpp stirporP.)ee)msilobatmudalteseigolosopselretcepseR.)noisufnocetsvirdsedtneitnoctilaicpsettec,ertuoecnaligivocamrahPedxuanoigRsertneCsed

    g

    q

    7-P.S.C:MMALEDTNATAIOLPXE.terreP-siollaveL00329-SNOITIDNOC.esuesodepmopcevalm0005ednoca:941elaicoStirucStnemesruobmeR(ruesodtedogcevalm4644390043nMMA:HCRAMELRUSESIMEDNOITAATSlm003,lm001.)E)P(epacte)enlyporpyloP(POTSIVnohcumacidmec,nocauderutrevuosrpA:noitavresnocedserernoN:euqp inilcrptirucsedsennoD.ngiesnernoN:sOLOCAMRAHPSTIRPORP.sesinocrptnemetiartuderueselressiabatnevuepiuq,stneipicxeuqtnatne,seuqinpredsacnE:egasodruS.rf.etnas.msna.www:tenretnietiS-e

    RA

    I

    MEDETAATD.engrevuAdnonruoC00836-idiMudeuneva,67osnontnemacidM:ECNARVILDEDTETNOITPIRCSERPED

    94,031,0:JTJC-`72,3:xirP-stivitcelloCrgA-%5oca:8134346390043nMMA.lm05ednoca:300cuobceva)ee)nlyhtdetalathprtyloP(snocanelm005te

    uoj09(mumixamsruoj03tnadnepvresnocerttueptnemesnocederuD:SEUQITUECAMRAHPSES

    qNNOD.ngiesn

    mrahpessalC:seuqy imanyp docamrahpp stirporP:SEUQIGOdiccased,sevissecxesesod,reniartneteengotpelipliuetnostnaviussteffesel,enidixehrolhcaledelaronoitsegni

    T

    RA/

    .5102reivnaJ:ETXETUDRUOJESIM:MMALLEDERIALUTIT.elacidmnoitpircserpsimuol m005ednoca:2324644390043nMMA.)`).)ss)tivitctelloCrgA(ruesodtedogcevalm001ednot edogceva)E)P(epacte)enlyporpyloP(POTSIVnohc

    dunetnocteerutaN.)epmopcevalm0005tamrofelruopsrrutrevuosrpA-sna3:nocauderutrevuotnavAAv:noitavrALACOLTNEMETIART/EIGOLOTAATMOTS:euqitueparht-ocate)ss)noisluvnocedepyt(tnafnelzehcseuqigoloruenstnedesenneigahposeosnoisl,euqihportaetirtsag:stroppart

    g n elm0005telm05:rueirtxeegallabmeledt amrofelruopsruoj09(sruoj03:nocaudet efitsegidlierappa:A(EUQITPESITNAESIVAe dtenoitatigadepyt(sgstejusselzehctn E.sevelsrtsesodedsacneseuqitaphte

    P35-40_LSN65_mars15_n65P35-40-amanou.qxd 20/03/15 10:22 Page37

  • A la rvaluation (2 mois aprs la thrapeutique chirurgicale)aucune poche parodontale ne persiste. A ce moment l et pasavant , il peut tre envisag de poser des implants en place de 1426 et 27 (photo 5 et 6).

    Au niveau du secteur 2, un sinus lift avec 2 implants 26 et 27 est prvoir (photo 6).

    CAS CLINIQUE 2Patiente prsentant une parodontite svre gnralise (photos 7)

    Prvoir extraction de 14

    Une thrapeutique non chirurgicale a t entreprise. Aprs rva-luation, on note :

    (...)38N65 - mars 2015LLSS

    implantologie

    PhotoPhoto 5 5 :: Scanner Scanner pre pre implantaire implantaire et et vues vues

    cliniquescliniques pendant pendant la la mise mise en en place place de de 14 14

    etet aprs aprs cicatrisation cicatrisation

    Photo 6 : Retro alvolaire et vue clinique du secteur 2, 3 mois aprsextraction de 26 et 27

    Photos 7 : Vues cliniques et radiologiques initiales

    Photos 8 : Vues cliniques aprs

    rvaluation

    P35-40_LSN65_mars15_n65P35-40-amanou.qxd 20/03/15 10:22 Page38

  • - une persistance de poches parodontales sur (16, 17 et 18) et(26,27) (photo 8)

    - une mobilit type 3 du bloc incisivocanin mandibulaire. Unecontention fibre est ralise (photo 9).

    Un traitement chirurgical a t dcid au niveau des secteursmolaires 1 et 2 afin dliminer les poches rsiduelles. Un lambeaudplac apicalement avec ostoplastie a t ralis (photo 10).

    2 mois plus tard, la rvaluation aucune poche parodontale nestobserve. A ce moment et pas avant un traitement implantaire peuttre envisag. 14 est remplac par un implant en technique deSummers (photo 11).

    Aprs ostointregration de limplant, la couronne dfinitive de 14 at pose. Une thrapeutique parodontale de soutien tous les 6mois a t mise en place afin de maintenir les rsultats et dassurerla prennit implantaire. 4 ans aprs le dbut du traitement, onpourra noter la bonne sant des tissus parodontaux (photo 11).

    CONCLUSIONSUn traitement implantaire est possible chez des patients ayant ouayant eu des problmes parodontaux. Cependant, un traitementparodontal devra tre ralis avant le traitement implantaire. Dansle cas contraire, des agents pathognes pourront contaminer la

    39N65 - mars 2015LLSS

    implantologie

    (...)

    Photo 9 : Les phases cliniques de la mise en place dune contention colle avec un composite fibr.

    Photo 11 : vue clinique et radio retro alvolaire le jour de la pose delimplant au niveau de 14

    Photo 10 : vues cliniques aprs dgranulation et ostoplastie

    Photo 11 : Panoramique dentaire et vues clinique J+4 ans

    P35-40_LSN65_mars15_n65P35-40-amanou.qxd 20/03/15 10:22 Page39

  • 5. Hardt, C. R. E., Grndahl, K., Lekholm, U. & Wennstrm, J. L.Outcome of implant therapy in relation to experienced loss of per-iodontal bone support: a retrospective 5- year study. Clin OralImplants Res 13, 488494 (2002).

    6. Karoussis, I. K. et al. Long-term implant prognosis in patientswith and without a history of chronic periodontitis: a 10-year pros-pective cohort study of the ITI Dental Implant System. Clin OralImplants Res 14, 329339 (2003).

    7. Safii, S. H., Palmer, R. M. & Wilson, R. F. Risk of implant failureand marginal bone loss in subjects with a history of periodontitis: asystematic review and meta-analysis. Clin Implant Dent Relat Res12, 165174 (2010).

    surface implantaire lorigine de peri implantite. De plus, lespatients ayant un antcdent de maladie parodontale devront treinforms des risques dchec et de pri implantite augments parrapport des patients sains. Enfin, ces patients devront avoir unsuivi implantaire et parodontal plus rgulier afin dassurer la pren-nit de leurs traitements.

    BIBLIOGRAPHIE:1. Armitage, G. C. Development of a classification system for per-iodontal diseases and conditions. Ann. Periodontol. 4, 16 (1999).

    2. Berglundh, T., Persson, L. & Klinge, B. A systematic review of theincidence of biological and technical complications in implant den-tistry reported in prospective longitudinal studies of at least 5 years.J. Clin. Periodontol. 29 Suppl 3, 197212; discussion 232233(2002).

    3. Esposito, M., Ardebili, Y. & Worthington, H. V. Interventions forreplacing missing teeth: different types of dental implants.Cochrane Database Syst Rev 7, CD003815 (2014).

    4. Flemmig, T. F. Periodontitis. Ann. Periodontol. 4, 3238 (1999).

    40N65 - mars 2015LLSS

    implantologie

    C O T I S E Z !

    Taux Plein. . . . . . . . . . . . 200

    Salaris . . . . . . . . . . . . . 120

    Internes et CCA. . . . . . . gratuit

    Soutien. . . . . . . . . . . . . . 275

    Retrait . . . . . . . . . . . . . . 100

    Cette cotisation est entirement dductible

    Jadhre lUMSC et je verse la somme de ......................................... en rglement de ma cotisation syndicale pour lanne 2015

    lUnion des Mdecins Spcialistes en Stomatologie et Chirurgie Maxillo-Faciale

    Nom : ...................................................................................................Prnom : .............................................................................

    Adresse professionnelle : ...................................................................................................................................................................

    Tl. :...................................................................................................... Fax : ..................................................................................

    E.mail...............................................................................................................................................................................................

    N(e) le : ............................................................................................... : .....................................................................................

    Anne de :.............................................................................................Anne dinstallation : ...........................................................

    Secteur conventionnel : 1 2 Non conventionn

    Autre discipline ne donnant pas droit au cs : .......................................................................................................................................Rglement par chque et rponse retourner :

    U.M.S.C. - GOMED - 79, rue de Tocqueville 75017 PARIS - Tl. 01 44 29 01 23

    A D H E R E Z !

    Nous sommes l pour dfendre

    vos conditions dexercice.

    Si vous connaissez des difficults

    relationnelles avec votre CPAM pensez

    nous en parler et nous vous dfendrons !

    P35-40_LSN65_mars15_n65P35-40-amanou.qxd 20/03/15 10:22 Page40