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france-catholique.fr france-catholique.fr FRANCE Catholique MANIF POUR TOUS La bataille des chiffres ISSN 0015-9506 89 e année - Hebdomadaire 3336 - 18 janvier 2013 3

MANIF POUR TOUS La bataille des chiffres - France Catholique · 2014. 12. 2. · le retour à la semaine de quatre jours et demi. E: Selon le Conseil de la sécurité rou-3700 personnes

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MANIF POUR TOUS

La bataille des chiffres

ISSN

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89e année - Hebdomadaire n° 3336 - 18 janvier 2013 3 €

Page 2: MANIF POUR TOUS La bataille des chiffres - France Catholique · 2014. 12. 2. · le retour à la semaine de quatre jours et demi. E: Selon le Conseil de la sécurité rou-3700 personnes

BRÈVESFRANCECoNSENSuS :  La  plupart des  responsables  politiques à  l'exception  de  Jean-Luc Mélenchon  et  Noël  Mamère ont apporté le 11 janvier leur soutien à la décision du pré-sident  Hollande  d'intervenir militairement au Mali.PolitiquE :  Le  président Hollande a souhaité le 7 jan-vier opérer une réforme de la Constitution  qui  supprime-rait la qualité de membre de droit du Conseil constitution-nel aux anciens présidents de la République ; il a également confirmé  son  intention  de réformer  le  statut  pénal  du chef de l'État. En revanche, la promesse  électorale  concer-nant le non-cumul des man-dats fait toujours des vagues au sein du PS.CultuRE :  L'opération « Marseille  Provence  2013 », capitale  européenne  de  la culture,  a  été  lancée  le  12 janvier.BudgEt :  Le  ministre  du Budget  a  annoncé  le  6  jan-vier  que  2  milliards  supplé-mentaires  seraient  affectés au  plan  gouvernemental  de lutte  contre  le  chômage ;  il proposera un nouveau projet de  taxe  sur  les  hauts  reve-nus  qui  pourrait  s'appliquer durant  tout  le  quinquennat. SANté :  Les  ventes  de  ciga-rettes  ont  baissé  de  5 %  en 2012 ;  le  recul  s'est accéléré après  la  hausse  de  7 %  des tarifs intervenue en octobre ; la  ministre  de  la  Santé  a annoncé une nouvelle hausse en juillet prochain.La  ministre  a  annoncé  le  11 janvier  la  mise  en  place  de mesures  destinées  à  limiter la  prescription  de  pilules  de la 3e et de la 4e génération.ACtiVité :  La  ministre  de l'Écologie,  Delphine  Batho, 

a  présenté  le  7  janvier  des mesures  d'urgence  pour relancer  une  filière  photo-voltaïque en France.Le  gouvernement  a  lancé  le 8  janvier  un  appel  d'offres pour  deux  parcs  éoliens  de 1 000 mégawatts au large du Tréport et de Noirmoutier.Un haut-fourneau d'Arcelor-Mittal,  arrêté  l'été  dernier par  manque  de  commandes, va  redémarrer  prochaine-ment à Dunkerque.JuStiCE :  L'ouverture  d'une enquête  préliminaire  par le  parquet  de  Paris  visant Jérôme Cahuzac pour « blan-chiment  de  fraude  fiscale » devrait permettre au ministre du Budget de démontrer son innocence,  mais  fragilise néanmoins le gouvernement.Nicolas  Sarkozy  et  Brice Hortefeux  sont  depuis  le  9 janvier sous la menace d'une mise  en  examen  dans  une enquête  ouverte  en  marge de  l'affaire  Karachi,  suite  à une  plainte  des  familles  des victimes de l'attentat.ViolENCES :  Après  l'exécu-tion  le  10  janvier  à  Paris  de trois  militantes  de  la  cause kurde,  Turcs  et  Kurdes  se renvoient  la  responsabilité des  assassinats  alors  qu'un dialogue  avait  débuté  entre Ankara et le PKK.éColE :  Le  Conseil  supé-rieur  de  l'éducation  a  mas-sivement  rejeté  le  8  janvier le  projet  de  décret  sur  les rythmes scolaires qui prévoit le  retour  à  la  semaine  de quatre jours et demi.RoutE :  Selon  le  Conseil national  de  la  sécurité  rou-tière,  3 700  personnes  ont été  tuées  sur  la  route  en 2012,  300  de  moins  qu'en 2011,  en  raison  notamment de la baisse du trafic due aux prix du carburant.L'appel  à  la  grève  des  taxis 

de  France  contre  les  déci-sions  visant  le  transport des malades  et  la  concurrence déloyale  de  certains  véhi-cules  a  engendré  de  fortes perturbations sur tout le ter-ritoire le 10 janvier.BANquES :  Le  ministre  de l'Économie  a  confirmé  le  11 janvier  que  le  taux du  livret A serait ramené à 1,75 % au 1er février.En 2011, 2,5 % des ménages (soit 650 000 foyers) ont été victimes  de  débits  fraudu-leux de leurs cartes bancaires dont la moitié sur Internet.

MoNdEMAli :  Le  président  Traoré a  demandé  le  10  janvier l'aide  militaire  de  la  France pour  repousser  une  offen-sive  des  groupes  islamistes ; la  France  a  répondu  positi-vement  « dans  le  cadre  des résolutions  du  Conseil  de sécurité »  par  une  interven-tion  aérienne  qui  a  permis de  libérer  la  ville  de Konna ; un  pilote  d'hélicoptère  a été  tué  au  cours  de  l'opé-ration ;  les  États-Unis  et  la Grande-Bretagne  apportent un  appui  logistique  et  l'Al-gérie  a autorisé  le  survol  de son  territoire  par  les  Rafale français.  La  vie  des  otages et même celle des  ressortis-sants français dans le monde musulman est menacée ; une opération commando menée le  12  janvier  dans  le  sud de  la  Somalie  pour  tenter de  libérer  Denis  Allex,  un agent  des  services  secrets fran çais détenu depuis juillet 2009, a échoué ; deux soldats français  ont  été  tués  et  on ignore  le  sort  de  l'otage.  En France,  le  plan  Vigipirate  a été renforcé.iRlANdE :  Des  violences  ont 

éclaté depuis  le 7  janvier en Irlande  du  Nord  suite  à  la décision du conseil municipal de  Belfast  de  ne  plus  faire flotter  l'Union  Jack  sur  la mairie.ChiNE :  Un  communiqué  de l'agence  Chine  nouvelle  a annoncé  le  7  janvier  que le  projet  de  suppression  des camps de « rééducation par le travail » pourrait être adopté en mars prochain.AFghANiStAN : à la veille de la venue du président Karzaï à  Washington,  l'administra-tion  américaine  n'excluait plus  un  retrait  complet  de ses forces après 2014.AuStRAliE :  Des  tempé-ratures  de  54°C  ont  été atteintes  début  janvier  en Australie ;  le  précédent re cord  (50,7°C)  avait  été enregistré en 1960.SuiSSE :  Au  Palais  des congrès  de  Zürich,  Lionel Messi, attaquant du F.C. Bar-celone,  est  devenu  le 8  jan-vier  le  premier  footballeur de  l'histoire  à  remporter  le Ballon  d'or  pour  la  4e  fois consécutive.BElgiquE :  Le  parquet  de Bruxelles  a  rejeté  le 10  jan-vier  la  demande  de  natura-lisation  de  Bernard  Arnault et confirmé l'ouverture d'une enquête  sur  les  sociétés créées  en  Belgique  par  l'in-téressé.ESPACE :  Selon  une  estima-tion  publiée  le  7  janvier,  17 milliards  de  planètes  d'une taille  proche  de  celle  de  la terre se trouveraient dans  la Voie Lactée.CENtRAFRiquE : Le président Bozizé a signé le 11 janvier à Libreville un accord de sortie de crise avec le représentant de  la  rébellion en  renonçant à une partie de ses pouvoirs.

J.-L.

2 FRANCECatholique n°3336 18 janvier 2013

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CE N’EST PAS RIEN que de devenir président de la République, chef de l’État et donc chef des armées. Aurait-on pu imaginer, il y a quelques mois, le pai-sible François Hollande en homme de guerre, lui que l’on décrivait à l’envi comme un homme d’appareil,

rétif à tout affrontement et habile aux motions de synthèse ainsi qu’aux solutions de compromis ? On peut penser, toutefois, que sa culture poli-tique l’avait rendu familier des classiques, de Machiavel à Charles de Gaulle, pour pressentir quelles mutations lui imposerait son élection à la magistrature suprême. La France n’est pas un pays neutre, à l’abri des conflits du monde. Elle demeure, en raison de son histoire et de ses liens avec l’Afrique, garante de l’équilibre de toute une région stratégique. Les velléités de se tenir éloigné de tout théâtre des opérations militaires n’ont pas résisté aux graves menaces qui pesaient sur un Mali en grand péril d’être submergé par les forces islamistes. François Hollande a donc pris les mesures d’urgence qu’imposait la situation, approuvé par la quasi-tota-lité de la classe politique.

La supériorité militaire, qui a permis de vaincre l’adversaire lors des premiers combats, ne peut faire oublier le risque d’une prolongation du conflit, faute de solutions politiques à Bamako et à cause de la fragilité du pays. Là encore, le Président devra apprendre ce qu’il en coûte de mener une guerre aux rebon-dissements inattendus qui risque de s’installer dans la durée. D’ores et déjà, on peut supputer que le changement de dimen-sion, qui est le sien, aura des conséquences sur sa façon de diri-ger le pays. Paradoxalement, l’intervention au Mali l’a empêché de recevoir en pleine face l’énorme pavé de la manifestation du 13 janvier. S’il n’avait pas revêtu son costume militaire, il aurait été assailli directement par cet élan populaire qu’il n’avait pas prévu, et avec lequel il va devoir désormais compter. Car il ne doit se faire aucune illusion. Les dirigeants de la mobilisation contre « le mariage pour tous » ne démobiliseront pas. Ils en sont déjà a envisager un autre rassemblement de masse qu’am-plifierait encore le réveil du pays dans ses profondeurs. François Hollande, chef de guerre, ira-t-il au bout du bras de fer engagé, en brisant les obstacles, au risque d’une crise durable, ou saura-t-il trouver une solution politique qui sauvegarderait une paix civile si précieuse en période périlleuse ? ■

SOMMAIRE

ACTUALITÉ 4 MARCHÉ DU TRAVAIL Dialogue et stagnation

5 AFRIQUE Guerriers fantômes

DOSSIER 6 MANIF POUR TOUS La bataille des chiffres 16 Mots codés et fausses questions

ESPRIT 20 RND Chroniques de Gérard Leclerc

21 ECCLÉSIA Discours du Pape au monde

22 LECTURES 2e semaine du temps ordinaire

24 MYSTIQUES Thérèse d'Avila et Jean de la Croix, patrimoine mondial

25 LIVRES Sélection Spiritualité

MAGAZINE 26 RUSSIE La dignité des vaincus

28 MUSIQUES Ozanam en chantant

29 CINÉMA « Django unchained », « Un prince (presque) charmant », « Lullaby to my father », « Aujourd'hui »

30 BEAUX LIVRES Les stucs, chefs-d'œuvre méconnus

32 EXPOSITIONS Art du jeu, jeu dans l'art. De Babylone à l'Occident médiéval

34 THÉÂTRE « Le repas des fauves », « Roméo et Juliette, la version interdite »

35 TÉLÉVISION « Le mystère des jumeaux », « La face cachée de Hiroshima », « Rouge Brésil », « Erin Brockovich »

36 TÉLÉVISION Votre début de soirée

38 BLOC-NOTES Vie associative et d'Église

Couverture : © Pascal Lambot

Le Président enchef de guerre

ÉDITORIAL

FRANCECatholique N°3336 18 JANVIER 2013 3

stratégique. Les velléités de se tenir éloigné de tout théâtre

par Gérard LECLERC

Écoutez la chronique de Gérard Leclerc,du lundi au jeudi.

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ACTUALITÉ

4 FRANCECatholique n°3336 18 janvier 2013

MARCHÉ DU TRAVAIL

I l y a récession quand le Produit intérieur brut (PIB) est néga­tif pendant deux tri ­mestres consécutifs. Or

notre PIB a reculé de 0,1 % aux troisième et quatrième trimestres 2012. Faible recul, qui indique plutôt une économie stagnante.

Contraints de mainte­nir la politique de ri gueur par le traité européen qu’ils ont signé, les socia­listes doivent poursuivre leur effort de réduction des dépenses publiques comme le leur demande Didier Migaud, lui­même socialiste et président de la Cour des comptes. Mais cet effort va aggraver la réces­sion qui s’esquisse et les restrictions risquent d’af­fecter les dépenses sociales.

Du coup, la désaffection des classes moyennes et populaires pour les socia­listes est particulièrement nette chez les ouvriers. Un chercheur proche du Parti socialiste, Jean­Philippe Huelin, vient d’en adminis­trer la preuve dans une note de la Fondation Jean­Jaurès : les ouvriers, qui forment les gros bataillons de l’absten­tionnisme (30 % ne sont pas allés voter en 2012) ont plus

voté pour Marine Le Pen que pour François Hollande. Élu Président, ce dernier a cepen­dant bénéficié d’une forte confiance dans les milieux populaires : les deux têtes du pouvoir exécutif bénéfi­ciaient de 67 % d’opinions

ouvrières favorables en juin. Mais Jean­Philippe Huelin fait remarquer (Le Monde du 10 janvier) que « la situation est très inquiétante et même catastrophique pour le chef de l’État [qui] en décembre, a encore perdu trois points de confiance chez les ouvriers et n’est plus qu’à 28 % de satis-faction. Du jamais-vu pour un président après huit mois de mandat ».

Les causes de ce divorce ?

La perte d’influence du Parti communiste et de la CGT, tentés du coup par la radica­lisation, mais aussi le fait que les socialistes ne répondent pas aux attentes des ouvriers quant à la répartition des richesses et à la protection de

l’économie française face à la concurrence. Le vote négatif lors des référendums sur le traité de Maastricht et sur le Traité constitutionnel euro­péen démontrent cette hosti­lité ancienne et croissante.

En attendant un retour­nement économique venu de l'extérieur, la « relance du dialogue social » est la grande idée de François Hollande, qui est censée apaiser le ressenti­ment des milieux populaires,

débrider l'attentisme patro­nal et donc favoriser l’emploi. Signé in extremis au soir du 11 janvier, le projet d’accord sur la « sécurisation de l’em-ploi » n'est pas à mépriser. Les organisations patronales, la Confédération générale des cadres, la CFTC et la CFDT sont arrivées à trouver un compro­mis, même si la CGT et Force ouvrière ont rejeté un texte jugé trop complexe et qui,

affirme FO, « renforce la précarité ».

Il comporte pour­tant de bonnes choses, comme la généralisation des complémentaires santé, la l imitation des temps partiels, des CDI saisonniers ou les droits rechargeables à l'assurance­chômage… mais il faudra que le Parlement intègre cet accord dans une loi, ce qui provoquera sans doute de nouvel les réactions hostiles dans

l’électorat de gauche. Et aussi des incertitudes juridiques qui continueront à bloquer, du côté patronal, les initia­tives économiques…

On peut prévo i r de nouveaux conflits sociaux dont on peut redouter la violence en raison de la dégradation des conditions générales de vie. Et comme les conflits « sociétaux » ne sont pas près de s’apaiser, le président de la République et le Premier ministre ne se sont pas laissé beaucoup de marges de manœuvre. n

L’accord sur la « flexisécurité » entre le patronat et les syndicats (CFDT, CFTC, et CFE-CGC, mais ni FO ni CGT) arrive bien tard pour doper l'initiative économique.

Dialogue et stagnationpar Alice TULLE

Les socialistes ne répondent pas aux attentesdes ouvriers quant à la protection de l'économie(

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FRANCECatholique n°3336 18 janvier 2013 5

AFRIQUE

Le schéma dont nous avons été témoins au Mali s’est repro­duit en Centrafrique. à chaque fois, une

colonne lé gère s’enfonce comme dans du beurre pour être arrêtée juste à la lisière de la capitale. Pourquoi ? Parce que la plupart des pays africains sont sous­encadrés, sous­administrés, sous­sécu­risés, si ce n’est au centre du pouvoir. La vérité exige aussi de dire que peu de peuples sub­sahariens possèdent une tradi­tion militaire. La plupart du temps, les premiers présidents côté francophone ont été des an ciens combattants de l’ar­mée française, passant en une journée du grade d’adjudant ou de sergent à celui de géné­ral (Bokassa en Centrafrique, Eyadema au Togo, Lamizana en Haute­Volta, Lansana Conté en Guinée­Conakry, Moussa Traoré au Mali ou, pour les Belges, Mobutu à Kinshasa). Les choses ne se sont pas arrangées quand on voit l’actuel prési­dent centrafricain, lui­même ex­général Bozizé, nommer son fils ministre de la Défense qui fut caporal­chef à la Légion étrangère. Il dut le démettre aussi sec. Idem les lieutenants ou capitaines à Conakry et aujourd’hui à Bamako.

La coopération militaire française a pourtant déployé au long des années des trésors

d’ingéniosité pour créer des écoles de formation régionale, notamment au Mali, et accor­der des places dans toutes ses écoles de guerre. Quelques présidents ou chefs d’état­major sont ainsi sortis de Saint­Cyr ou équivalent (par exemple

le président Blaise Compaoré au Burkina Faso). Les États­Unis et beaucoup d’autres puissances font de même, y compris sur le continent le Maroc, l’Égypte, le Soudan.

Rappelons auss i que cer tains présidents se sont systématiquement protégés contre le risque de coup d’État en ne développant pas d’ar­mée digne de ce nom, comme

Houphouët­Boigny en Côte d’Ivoire. On a vu le résultat après sa mort.

Les exceptions sont hono­rables : l’armée rwandaise d’aujourd’hui capitalise sur les traditions ancestrales du royaume tutsi, l’armée tcha­

dienne n’existe que par les ascétiques Goranes venus du Nord, l’armée burkinabé a recueilli l’héritage des tirail­leurs sénégalais, en majorité d’ethnie mossie. Elles sont minoritaires, même au sein de leurs propres armées. Qui dit armée nationale implique « brassage » (terme en honneur dans l’ex­Congo belge) des groupes ethniques et intégra­

tion à répétition des milices des guerres civiles successives, ce qui désorganise profondément l’institution.

à côté de cela, certaines armées anglophones font figure de mastodontes, comme le Nigeria, le Ghana, l’Afrique du Sud, l’Éthiopie qui a mené une guerre fratricide atroce avec l’Érythrée, ou encore le lusophone Angola en raison de son expérience de trente années de guerre civile. Difficile cependant de les faire inter­venir parmi des populations francophones. L’Afrique du Sud a pourtant su jouer sa part au Burundi et a envoyé 400 hommes à Bangui (où elle a des intérêts miniers).

La religion ne semble pas être un facteur. On connaît de brillants militaires afri­cains chrétiens autant que musulmans. C’était un géné­ral chrétien qui était à la tête de l’armée fédérale nigériane lorsqu’elle a réduit la séces­sion du Biafra essentiellement chrétien. Ce sont surtout des militaires chrétiens, ougan­dais et burundais, éthiopiens et kenyans, qui constituent la force de paix en Somalie (Amisom) contre les shebab islamistes. On pourrait inverser l’adage (Cedant Arma Togae) et dire dans ce cas : « Que la robe le cède à l’uniforme ». Mieux aurait valu que ce ne soit pas l'uniforme français, mais les Maliens ne nous ont pas laissé le choix… n

Sortie de nulle part, comment une rébellion peut-elle s’emparer en trois semaines des deux tiers d’un pays plus grand que la France sans rencontrer de résistance ?

Guerriers fantômespar Yves LA MARCK

La coopération militaire française a pourtant déployé des trésors d'ingéniosité )

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6 FRANCECatholique n°3336 18 janvier 2013

DOSSIER

Paris a donc vécu, le dimanche 13 février, une de ces grandes journées qui restent dans les mémoires. La foule, d'évidence, était considérable. L'Élysée l'a reconnu en parlant de « manifestation consistante ». Les trois cortèges, qui ont convergé vers le Champs-de-Mars, ont donné à la France entière l'image d'un peuple déterminé, où toutes les générations étaient représentées. On a justement souligné le caractère joyeux, festif, familial d'un événement dont il est impossible de contester l'importance. L'Élysée, pourtant, affirme sa résolution de mener à bien son projet de « mariage pour tous ». Son communiqué stipule que la volonté du gouvernement est d'avoir un débat au Parlement. Faut-il comprendre que le 13 janvier 2013 aurait absolument compté pour rien ? Personnellement, je ne le crois pas du tout. Je note que le même communiqué élyséen tient à reconnaître que la sensibilité qui s'est exprimée hier doit être respectée.Mais comment respecter cette sensibilité, si l'on refuse obstinément de répondre à ses requêtes et notamment celle qui vise l'organisation d'États généraux de la famille, afin de faire participer le pays à une consultation d'ensemble et à des échanges

approfondis sur ce que Mme Taubira appelle elle-même « une question de civilisation ? » Il est vrai que François Hollande et son gouvernement ont la stricte possibilité de faire voter la loi par la majorité parlementaire en pleine légalité. Mais ce serait au prix d'une profonde déchirure morale. Une déchirure semblable à celle que François Mitterrand avait décidé d'épargner

au pays en 1984. Par ailleurs, le Président devrait être attentif à un fait majeur. Grâce à la détermination des adversaires de sa loi, le pays est en train de changer. L'approbation du mariage dit « pour tous » s'effrite dans les sondages, tandis que l'adoption par les couples de même sexe est désormais refusée par une majorité de personnes interrogées. Et puis, lorsqu'il est question de procréation

médicalement assistée, le Parti socialiste lui-même se divise. On perçoit alors toutes les dimensions d'une affaire dont la gravité est extrême. Non, décidément, le président de la République ne passera en force qu'au détriment de la paix civile. Une paix si précieuse en nos temps difficiles et à l'heure où la France engage son armée sur un terrain d'opérations de guerre.

« LA MANIF pOuR tOuS »

La bataille des chif fres©

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Quand on incarne le bien et la vertu, ceux qui se trouvent en face ne peuvent être que des moins que rien. Quatre jours avant la manifestation, le président de l’Assemblée nationale, claude Bartolone, n’avait pas craint de

déclarer à leur propos : « Manifester  à  côté  de ce qu’il y a de plus ringard,  je  leur souhaite bien du  plaisir ! »  De même, dans un clip vidéo de quatre minutes, divers parlementaires socia-listes, essentiellement de la base, avaient voulu démonter les « contre-vérités » proférées par les opposants, affirmant notamment : « la  société est  prête »,  « le  législateur  prend  en  compte  la société » ou « la République est assez forte pour reconnaître  l’homoparentalité ». De son côté, la porte-parole du gouvernement et ministre des Droits des femmes, najat Vallaud- Belkacem, a lancé sur Tweeter : « Stop aux outrances ! »

D’autres ont tenté de minimiser l’événement et, sûrs de l’avenir, ont cru pouvoir affirmer qu’il n’en sera pas tenu compte. le ministre du Travail, Michel Sapin, après avoir reconnu qu’il s’agissait d’« une manifestation  importante dont on doit respecter les motifs », a annoncé la cou-leur : « Est-ce que pour autant cela  fait changer le  cours  des  choses ?  La  réponse  est  non. » De son côté, Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales, a lu dans les pensées : « Il  y  a  sans doute moins de manifestants dans la rue que ne l’espéraient les organisateurs. »

le député socialiste de Paris Jean-chris-tophe cambadélis, lui, a finement reproché à l’archevêque de Paris, le cardinal André Vingt-Trois, de mener « un  combat  douteux  contre l’amour ». reprenant la vieille antienne qui confine l’Église à s’occuper « du religieux et non pas du civil », ce proche de Dominique Strauss-Kahn a dénoncé « une  offensive  incompréhen-

FRANCECatholique n°3336 18 janvier 2013 7

L'amour durable et

fidèle entre un homme et une femme

reste un idéal

La bataille des chif fres par Gérard LECLERC,Jean-Gabriel DELaCouR

et Frédéric aIMaRD

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sible contre cet acte d’amour et d’égalité », appe-lant du coup à ce que, « un jour, l’Église […] fasse un compromis historique avec la gauche ».

Du côté de l’Élysée on s’est contenté d’un prudent communiqué : « La manifestation […] est consistante,  elle exprime  une sensibilité qui doit être respectée mais elle ne modifie pas la volonté du gouvernement d’avoir un débat au Parlement pour permettre le vote de la loi. »

c’est justement l’appel que, au nom de tous les organisateurs, Frigide Barjot a lancé au chef de l’État sur un ton très « hollandiste » :  « Vous, président  de  la  République,  ne  pouvez  ignorer cette  foule  considérable  et  diverse  qui  se  lève spontanément  et  pacifiquement  […].  Vous,  pré-sident de la République, ne pouvez rester sourd à la parole de toutes ces personnes homosexuelles qui  veulent  promouvoir  le  bien  commun  sans se  laisser  dicter  leur  opinion  par  leurs  préfé-rences  sexuelles  ou  sous  la  pression  de  lobbies 

ultra-minoritaires.  […]  Vous,  président  de  la République,  serez-vous  celui  qui  décrétera  que l’on  peut  naître  sans  homme  ou  sans  femme ? […] Vous, président de la République, serez-vous celui  qui  fondera  juridiquement  l’abolition  de  la parité père-mère dans l’éducation d’un enfant ? »

Au lendemain de cette manifestation nous avons décidé de limiter notre commentaire aux quelques lignes ci-dessus. car chacun d'entre nous a déjà beaucoup lu, vu et entendu et il y aura encore beaucoup à commenter dans les semaines et mois à venir. nous reprendrons simplement ici la querelle des chiffres car, c'est en quelque sorte une bataille perdue, du moins médiatiquement, sur laquelle il convient de réfléchir.

la presse, surtout audiovisuelle, a repris en boucle des chiffres pour le moins frus-trants pour ceux qui aiment savoir la vérité :

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« Vous ne pouvez

ignorer cette foule

considérable et diversequi se lève

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Laurent Wauquiez.

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« 350 000  selon  la  police,  800 000  selon  les organisateurs »,  Le  Figaro coupant la poire en deux à 650 000. Alors qu'en vérité les organisa-teurs revendiquent plus de 1 million et que des sources « autorisées » mais non officielles (gen-darmerie, r.G.) portent l'estimation à 1 million 300 000. comment expliquer un tel écart qui ridiculise nos moyens d'information voire notre pays ?

le général Bruno Dary, ancien gouverneur de la place de Paris, et que l'on peut difficile-ment traiter d'exagérateur voire de menteur, a expliqué en détail, lundi matin sur radio notre-Dame, les différentes méthodes de comptage et pourquoi on ne pouvait pas estimer à moins de 800 000 le nombre des participants à la mani-festation dont il avait justement la responsabi-lité opérationnelle de superviser les flux. nous invitons nos lecteurs à le réécouter sur le site internet de radio notre-Dame.

certes la division en trois cortèges avec des parcours d'inégales longueurs ne facilitait pas les choses. les organisateurs avaient dû les négocier avec la Préfecture qui avait des idées bien précises sur la chose, mais se fondant sur des estimations tellement réduites (150 000 ou 200 000 personnes) que le déroulement de la manifestation n'en a pas été facilité par la suite.

la police était équipée de drones. et les moyens scientifiques de compter n'ont-ils pas fait des progrès énormes ? Sans doute, mais d'aucuns affirment que la grande panne d'élec-tricité de l'ouest parisien qui a frappé plusieurs quartiers au moment même de la manifestation a exaspéré les fonctionnaires de police, obligés de reprendre des méthodes anciennes et de les collationner avec d'autres résultats obtenus différemment. Si bien qu'à l'heure du commu-niqué, il était bien improbable que le comptage et encore plus sa totalisation aient pu être faits

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Des chiffres pour le moins

frustrants pour ceux qui aiment savoir la

vérité

Patrick Ollier.

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complètement. ensuite, si la police en est restée à son chiffre très faible, est-ce par consigne de la hiérarchie, ou par démission sur le terrain à partir d'une certaine heure ? un jour sans doute, on en saura plus…

Mais tout n'est pas à mettre sur le compte de l'administration. ceux qui étaient présents à la manifestation, et surtout ceux qui ont pu en discuter le lendemain avec d'autres manifes-tants en les rencontrant ou par téléphone, ont bien compris les difficultés du comptage.

Par exemple, ceux qui avaient rendez-vous à Denfert-rochereau pour 13 heures et qui sont arrivés en avance, ont vu le cortège démar-rer dès 11 h 30. Mais il y a des personnes qui sont restées stockées à Denfert jusque vers 18 heures. Beaucoup ont attendu 1 h 30 ou plus avenue de Suffren juste avant un point de comptage (au 140) où il était recommandé de ne pas arriver trop serrés (1 m2 par manifes-

tant). ce qui était rigoureusement impossible quand les camions sono continuaient à avan-cer, à compresser la foule, comme si de rien n'était. Si bien qu'une partie hyper-compressée de la foule redémarrant comme un bouchon de champagne était quasi insaisissable tandis que juste derrière un grand trou se formait et que beaucoup avaient décidé de passer par les trot-toirs ou les rues adjacentes…

il en était de même pour le cortège parti de la place d'italie également avec beaucoup d'avance. Bernadette nous dit, en accompa-gnement d'une photo : « à  un  moment,  à  la demande des organisateurs, le cortège se dispose autrement  pour  le  comptage  officiel,  initiative étrange, qui ne se comprend que pour le cliquage réalisé  par  les  organisateurs  bien  plus  loin  dans le  cortège.  Derrière  ça  bouchonne,  ça  casse  le rythme et on ne sait plus repartir. Le groupe que je photographie est peu dense, et devant il y a un 

Tout n'estpas à mettre

sur lecompte de l'adminis-

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grand trou… » Partis de la Porte Maillot certains étaient déjà sur le champ-de-Mars vers 15 h, tandis que d'autres, partis de la Porte Dauphine, n'arrivèrent sur le pont de l'Alma que vers 18 h ou encore après.

la première question que posaient les mani-festants contactés le lendemain était « Est-ce que  vous  avez  pu  arriver  jusqu'au  Champs-de-Mars » car vraiment beaucoup n'y sont jamais arrivés, étant par exemple encore à 18 h 30 au niveau de Montparnasse et ayant rebrous-sé chemin vers 19 h. André, qui a décidé de rentrer chez lui à partir de 18 h par le métro aérien, voyait encore la foule arriver le long de l'avenue de Suffren… Demandez à vos amis, surtout parisiens, quand ils sont rentrés chez eux ? certains étaient déjà revenus devant leur télé ou leur ordinateur dès 16 h !

la grande foule qui arriva autour de 17 h au champ-de-Mars, croisait des groupes immenses,

surtout composés de mères de famille avec petits enfants, qui rentraient déjà chez eux après avoir passé deux heures dans le froid et l'humidité. Après 17 h 20, l'annonce par les organisateurs d'un chiffre de manifestants (800 000), a été ressentie par beaucoup comme le signe de la débandade. il faut dire qu'il y eut à ce moment trois gouttes de pluie. Sur les quais de la Seine derrière la tour eiffel, des milliers de manifes-tants provinciaux recherchaient déjà leurs cars qui devaient partir vers 19 h ou 19 h 30 pour ceux qui avaient 4 heures de trajet à faire, mais beaucoup plus tôt pour d'autres qui rentraient à nice ou à Bordeaux, tandis que sur le Pont de l'Alma on en était encore à faire la quête auprès d'une queue de cortège très fournie.

Arrêtons là, car il ne s'agit pas de dire que la manifestation fut mal organisée. Au contraire, tout le monde a été frappé par le calme, la dis-cipline, l'encadrement attentif et chaleureux.

« Est-ce que vous avez pu arriver jusqu'au Champ-

de-Mars ? »

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Trois points de comptage avaient été prévus, annoncés d'avance, c'était clair et sans bavure en principe. Mais ce que l'on n'avait pas prévu c'est que le champ-de-Mars ne serait qu'un point d'arrivée aussi vite quitté qu'il se rem-plissait. c'est pourquoi certaines photos ou des films pris à certains moments le montrent avec des trous dans la foule ou du moins sur les côtés, alors que d'autres prises de vue plus tôt ou plus tard le montrent bien plus plein. c'est donc une erreur, voire une malhonnêteté, que de vouloir totaliser les manifestants sur le point d'arrivée, alors que tous ne sont pas arrivés jus-tement parce que cette manifestation fut pro-bablement la plus importante jamais organisée à Paris depuis trente ans.

Pourtant, on ne peut pas croire que les ser-vices de police n'ont pas informé le Président du nombre exact des gens venus ce jour-là et que les médias ne sont pas assez observateurs ou

intelligents pour comprendre ce qui s'est réelle-ment passé. il y a de la désinformation massive dans l'air — et notamment sur les radios de ser-vice public. un de nos abonnés nous écrivait : «  En  informations  "sociétales",  il  faut  se  méfier de tout ce qui commence par "France"  : France-info, France-inter, France-Presse...  sauf France catholique bien sûr... » 

il faut en tout cas, pour constater qu'il ne s'agit pas seulement d'une aimable plaisante-rie, conseiller à chacun d'écouter l'émission un rien « musclée » où Pascale clack reçoit Tugdual Derville et où celui-ci ne se laisse entraîner dans aucune de ses provocations qui sont d'ailleurs sous forme de slogans plus que de questions. on retiendra ici certaines réponses choc de Tugdual, qui devront resservir, car la bataille des idées et des mots ne fait que commencer :

« Le mariage pour tous, c’est la filiation, c’est l’adoption.

C'est une erreur quede vouloir

totaliser les manifestants sur le point d'arrivée

Christine Boutin.

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[…]  Nous  constatons  que  cette  complémen-tarité  père-mère  en  éducation  est  une  des  réa-lités  qui  manque  le  plus  aujourd’hui  dans  la société. Il ne s’agit pas de stigmatiser les enfants ou  les  familles  qui  vivent  des  situations  diffi-ciles mais de ne pas provoquer délibérément ces situations, c’est toute la différence.

Ne  pas  stigmatiser  les  familles  existantes, c’est  une  chose,  mais  délibérément  casser  les repères de la filiation, c’en est une autre.

[…]  Je  crois  qu’il  ne  vous  aura  pas  échappé que  notre  mobilisation  est  une  mobilisation  qui ne défend aucun  intérêt personnel  justement et c’est la grande surprise. Et c’est pour cela que le Gouvernement  et  peut-être  vous-même  et  cer-tains  observateurs  ont  été  surpris  qu’autant  de Français se mobilisent.

[…]  La  démocratie  ce  serait  peut-être  que le  Président  de  la  République  s'abstienne  sur un  sujet  qui  est  au  fond  de  la  métapolitique, 

c’est un sujet anthropologique, c’est un sujet qui concerne l’avenir de notre société.

Et moi je crois qu’aujourd’hui est en train de se lever une génération nouvelle sur un sujet de société sur lequel il y a un certain mépris que je note chez  les observateurs, comme  il y avait un mépris  il  y  a  quelques  dizaines  d’années  quand l’écologie a émergé.

[….] Et bien aujourd’hui se  lève une écologie humaine,  qui  simplement  est  en  train  de  dire : “Nous  avons  tous  bénéficié  des  repères  anthro-pologiques  qui  viennent  de  la  nuit  des  temps, tous nés d’un homme et d’une femme, et de quel droit  notre  société  décréterait-elle  de  manière artificielle  que  des  enfants  ne  naîtraient  plus d’un homme et d’une femme ? »  n

www.franceinter.fr/player/reecouter?play=540515

La bataille des idées et des mots ne

fait que commencer

Philippe de Villiers.

Tugdual Derville.FrigideBarjot.

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Caroline Roux et Xavier Mirabel.

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DOSSIER

Le 7 novembre 2012, jour de la pré-sentation au Conseil des ministres du projet de loi visant à ouvrir le mariage et l’adoption aux couples de même sexe, dans une interview à Ouest-France, Christiane Taubira, garde des Sceaux, reconnaissait :

« C’est une réforme de société, et on peut même dire  une  réforme  de  civilisation.  Nous  n’avons pas l’intention de faire comme si nous ne retou-chions que trois ou quatre virgules dans le Code civil. » Une réforme de société ? Une réforme de

civilisation ? La question posée par le projet de loi est donc éminemment sérieuse !

Pour légitimer ce projet de loi , Christiane Taubira a aussi argué que la majorité des Français y est favorable, puisque la proposition figurait dans le pro-gramme du candidat élu François Hollande. Il s’agit évidemment d’une erreur de raison-nement, ce qui est grave pour un garde des Sceaux, et surtout quand il s’agit de réfor-mer la civilisation et la société françaises : tous les électeurs de François Hollande n’approuvaient pas toutes ses propositions. Plusieurs ont publiquement exprimé qu’ils avaient voté pour lui malgré la proposition n° 31 qu’ils désapprouvaient, persuadés

qu’elle ferait l’objet d’un débat (tout ceci étant d’autant plus vrai que le Président n’a été élu qu’avec une faible majorité).

DROItS fOnDamEntauxREcOnnuS aux cItOyEnS fRançaIS

- concernant le mariage

L’article 16.1 de la Déclaration universelle des droits de l’homme du 10 décembre 1948 énonce : « À partir de  l'âge nubile,  l'homme et la femme, sans  aucune  restriction  quant  à  la race,  la  nationalité  ou  la  religion,  ont  le  droit de  se  marier  et  de  fonder  une  famille.  Ils  ont 

Odile Macchi, Membre de l'Académie des sciences dans la section « Sciences mécaniques et informatiques » déplore le préjugé dominant qui rend le sujet du mariage entre personnes du même sexe tabou, sous peine d'être désigné comme homophobe ou ringard. Ce tabou a cours dans tous les milieux qu’elle côtoie, académiques ou non. C'est pourquoi elle a rédigé pour ses amis et connaissances le texte qu'on va lire où elle s'attache à montrer les risques pour la société contenus dans le projet de loi Taubira. Cette loi institutionnaliserait une situation artificielle et confuse pour tous, même pour les familles naturelles, pour lesquelles le sexe des parents géniteurs serait masqué,contre toute évidence, sous les étiquettes de « parent 1 » (ou A) et « parent 2 » (ou B) et, pour les couples de même sexe, en gommant délibérément pour l’enfant à naître l’identité d’un de ses géniteurs biologiques.

« maRIagE pOuR tOuS »

mots codés et fausses questions

Odile Macchi, veuve, mère de quatre enfants précocement orphelins de père, grand-mère de quatorze petits-enfants et Membre de l’Académie des sciences.

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des droits égaux au regard du mariage, durant le mariage et lors de sa dissolution. »

Cette déclaration n’est pas ambiguë : il s’agit du « mariage  naturel » entre un homme et une femme (1). Certes, le mariage a subi depuis lors une crise profonde, de plus en plus de couples vivant une union douloureuse doivent y mettre un terme. Mais l’amour durable et fidèle entre un homme et une femme reste un idéal pour une très grande majorité de Français. Si, après l’épreuve du divorce ou de la séparation, beau-coup restent seuls, souvent avec la responsabi-lité d'élever un ou plusieurs enfants, beaucoup d’autres vivent un deuxième mariage « naturel » et fondent une nouvelle famille qui leur apporte du bonheur.

- concernant l’enfant

La convention internationale des droits de l’enfant du 20 novembre 1989 (ONU) énonce :

Article 3.1  Dans  toutes  les  décisions  qui concernent les enfants, qu'elles soient le fait des institutions  publiques  ou  privées  de  protection sociale, des tribunaux, des autorités administra-tives  ou  des  organes  législatifs,  l'intérêt supé-rieur de l'enfant  doit  être  une  considération primordiale.

Article 7.1  L'enfant  est  enregistré  aussitôt sa naissance et a dès celle-ci  le droit à un nom, le  droit  d'acquérir  une  nationalité  et,  dans  la mesure  du  possible,  le  droit  de  connaître  ses parents et être élevé par eux.

En concordance avec cette déclaration, les décisions inscrites dans le projet de loi devraient concourir au bien supérieur de l’enfant, de tous les enfants, ceux qui vivent au sein d’une famille naturelle avec leur père et mère (ou seulement avec l'un des deux — ainsi, peut-être, que son nouveau compagnon hétérosexuel — suite à un accident de la vie, séparation, divorce ou décès), comme ceux qui vivent dans une famille homo-sexuelle. Or il n’en est pas ainsi.

mOtS cODéS

On le sait, le projet de loi prévoit de jeter aux antiquités les mots de père et mère, pour les remplacer par la notion asexuée et beaucoup plus vague de parent 1 et parent 2. Tout de suite se pose dans plusieurs contextes la question de savoir qui sera le parent 1 et qui sera le parent 2. Par exemple sur les fiches d’identité de la famille à l’école, quel nom va inscrire l’enfant sur la fiche du parent 1 ? Le nombre 1 vient avant le nombre 2, et, par simple dénomination, il y a préséance du parent 1 sur le parent 2. C’est une discrimina-tion subtile. Si la loi préférait la désignation de parent A et parent B, la question resterait iden-tique puisque A vient avant B.

Pour un mariage naturel, alors qu’il n’y a ni ordre ni préséance dans le binôme homme/femme, paradoxalement, la loi elle-même obli-gerait à en instaurer une. Et qui en déciderait ? Chacun des couples déciderait-il à la naissance d’un premier enfant ? La femme aurait la nature avec elle pour dire : « J’ai  porté  l’enfant,  je  suis le  parent  1. » Mais l’homme aurait la tradition séculaire pour dire : « De  tout  temps  l’homme  a été le chef de famille, c’est moi le parent 1. » D’où un sujet potentiel de discorde. Faudrait-il alors demander au maire de s’immiscer dans la rela-tion du couple, ou bien tirer au sort entre père et mère, pour décider de l’étiquette ? Ce ne serait pas un progrès !

Certes un simple codage changeant la lettre A en M et la lettre B en P ferait sortir de ce dilemme. À partir de la grande section de mater-nelle chaque enfant comprendrait que, dans le langage de l’école, Maman se dit parent M et Papa se dit parent P, et il pourrait, sans trop de trouble, remplir sa fiche. Mais il est probable que le projet de loi ne soit pas conçu comme un simple codage automatique de mots ! Le choix entre père et mère pour remplir la fiche du parent 1 (ou A) risque donc de revenir à l’en-fant lui-même, obligé d’arbitrer entre deux êtres qu’il aime probablement autant l’un que l’autre, quoique différemment, dont il dépend pour sa

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L'amour durable et

fidèle entre un homme et une femme

reste un idéal pour une

très grande majorité de

Français

mots codés et fausses questions par Odile MACCHI, Membre de l'Académie des sciences

(1) Compte tenu des ambiguïtés de vocabulaire que le projet de loi crée en appelant « mariage » une réalité différente d e l a s i gn i f i c a t i o n commune de ce mot, et conformément à l’article 16 .3 de cet te même Déclaration qui cite la famille comme élément « naturel » de la société, le texte qui suit précise « mariage naturel » quand il s’agit d’un homme et d ’une femme. De même pour les termes de « couple naturel » et « famille naturelle ».

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survie, et à l’autorité desquels il est soumis. C’est un recul pour la famille naturelle, avec, de facto, un tort porté à l’enfant. Oui, l’introduction des mots asexués de parents  1 et 2 prévue dans le projet de loi apporte une confusion et une ambi-guïté préjudiciables pour les familles naturelles.

QuELS SERaIEnt LES avantagESDu pROjEt pOuR LES cOupLES hOmOSExuELS avEc EnfantS ?

- cas d’un couple homosexuel élevant un (ou des) enfant(s) issus des membres du couple

Il faut rappeler qu’actuellement la grande majorité des enfants qui vivent auprès d’un couple homosexuel ne sont pas les enfants de ce couple. Imaginons le cas du petit André, né du mariage naturel antérieur de Marie avec Paul. Paul, le père d’André, continue de l’aimer et de prendre part à son éducation. Même si l’enfant vit maintenant avec le couple de Marie et de sa compagne Patricia, un éventuel « mariage » ultérieur entre les deux femmes ne rendrait pas Patricia parent 1 ou 2 d’André : il a père et mère, et, pour lui non plus la dénomination de parent 1 et parent 2 n’apporte aucun bienfait, mais plutôt de la confusion.

- cas de deux personnes de même sexequi désirent un enfant (cas où la loi serait votée)

Marie et Patricia se sont « mariées » et dési-rent maintenant un enfant qui soit à elles deux. Elles savent les institutions réticentes à confier des enfants à un couple homosexuel, et sont d’abord tentées de faire une demande au seul nom de Patricia qui n’a pas encore d’enfant, mais, finalement, elles optent pour la loyauté et font en leurs deux noms les démarches d’adoption. Qui serait le parent 1 ? Patricia le souhaite car Marie a déjà André. Marie le souhaite aussi mais elle acquiesce au désir de Patricia car les deux femmes s’entendent bien.

- cas où un amendement autoriserait la procréation médicalement assistée

Marie et Patricia n’ont pas pu adopter un enfant car peu sont adoptables et il y a beaucoup de couples hétérosexuels devant elles sur la liste

d’attente. Leur désir d’enfant restant fort, elles sont prêtes à tenter la procréation médicalement assistée, malgré l’embarras et les longues discus-sions afin de choisir celle qui portera l’enfant. Elles se décident pour Patricia. Patricia devient la mère d’une petite Brigitte et reçoit l’étiquette de parent 1. Elle se plaît à nourrir sa fille et l’inéga-lité entre les deux femmes se creuse, car le lien affectif entre Patricia et Brigitte est plus fort que le lien entre Marie et Brigitte. Plus tard, si la relation entre les deux conjointes se dégradait, cette inégalité initiale sur la naissance de Brigitte risquerait d’envenimer la situation.

Plus grave, sans doute, que ces inégalités entre les deux femmes, il y a le refus délibéré de Marie et Patricia que Brigitte ait un père et puisse vivre avec lui. Le don de sperme est anonyme selon la loi française, ce père res-tera toujours caché, Brigitte ne pourra jamais le connaître. La nouvelle loi a donc tranché en faveur du désir d’enfant des deux femmes, sans égard au droit et au besoin de l’enfant à connaître son père biologique, vivre avec lui et en recevoir une éducation. Cette situation est injuste envers la personne la plus faible qui est l’enfant. Elle est contraire à la Convention internationale des droits de l’enfant qui a « le droit de connaître ses  parents  et  d’être  élevé  par  eux ». Le jour où Brigitte en prendra conscience, elle risque de penser, et peut-être osera-t-elle dire : pourquoi, moi, je n’ai pas eu droit à partager la vie de mon père contrairement à tous les autres enfants ? Et que dire de l’instrumentalisation du donneur de sperme ? Ne devient-il pas un simple fournisseur ? Sans compter la question de sa rémunération, certes interdite en France, mais pas dans tous les pays.

Le cas de deux hommes obtenant un enfant par procréation médicalement assistée est ana-logue à celui de deux femmes : il y a la disparité entre celui qui donne son sperme et celui qui ne le donne pas, ainsi que la privation délibérée d’une mère pour éduquer l’enfant, deux choses déjà graves en elles-mêmes. Mais ici l’instrumen-talisation de la femme qui prête son ventre est encore bien plus évidente que pour l’homme qui donne son sperme. L’enfant porté et la femme porteuse, tous deux apparaissent comme des objets pour satisfaire les désirs de deux autres personnes. Sans compter la question de la rému-nération de cette femme : trouverait-on faci-lement des femmes pour porter neuf mois un bébé, le mettre au monde, puis l’abandonner au profit de deux hommes ? Il faudrait probablement qu’elle soit très pauvre et bien rémunérée ! Quand

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Le don de sperme est anonyme

selon la loi française,ce pèrerestera

toujours caché

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cet enfant grandira et se rendra compte des transactions commerciales qui ont préludé à sa naissance, que ressentira-t-il ?

fauSSES QuEStIOnS

Contrairement au projet de loi qui fait l’amal-game entre les rôles des deux parents, la nature, elle, distingue sans confusion et sans division le père et la mère. Dans sa famille, l’enfant vit natu-rellement la relation avec les parents des deux sexes, Papa et Maman. Comment vivrait-il l’hia-tus avec une société où on lui parlerait de son parent 1 et de son parent 2 ? Accorderait-il pré-férentiellement sa confiance à sa famille, ce lieu où il expérimente qu’il est aimé sans condition ; ou bien à l’école, cette vénérable institution de la République à qui il est confié durant la moitié de son temps ?

Clairement toutes ces questions posées par le projet de loi sont de fausses questions. Le concept de parent asexué est artificiel, sans prise sur la réalité. Père et mère, ces deux petits mots de quatre lettres dont seule la première diffère, traduisent bien à la fois la différence de sexe entre les deux parents, leur égale dignité et leur complémentarité dans l’accueil de l’enfant, des qualités profondes que la nature a établies et que notre Code civil, à la suite de toutes les civilisations, a reconnues. Ces deux mots réson-nent comme les premières syllabes émises par le bébé et traduisent parfaitement l’égalité homme/femme chèrement acquise au long des siècles et gravée dans le marbre par la déclaration univer-selle des droits de l’homme.

Des droits des femmes,de la diversité et de la parité

Notre société porte actuellement une attention particulière aux droits des femmes. Ne serait-il pas tout d’abord judicieux de leur conserver le droit de porter le beau titre de ‘mère’ plutôt que parent 1 ou parent 2 ?

Notre société attache aussi de l’importance à l'égalité des chances entre hommes et femmes, elle insiste sur les bienfaits de la parité : il faut se réjouir que progresse la juste place des femmes dans la société non seulement car elles le méri-tent et car c’est justice, mais aussi car la société a besoin de la diversité pour progresser. C’est un point qui fait maintenant consensus, même au sein des entreprises à but lucratif, preuve que la diversité des sexes, comme les autres diversités,

est un facteur favorable non seulement pour l’atmosphère de travail, mais jusque sur le plan économique. Une société qui prône la parité à tous les échelons, sauf à sa base fondamentale c’est-à-dire au sein du couple et de la famille, là où les enfants sont naturellement procréés et éduqués, une telle société ne fait-elle pas preuve d’incohérence ? On ne peut faire fi des données de la nature qui veut que tout enfant naisse d’un père et d’une mère. Dire à un enfant qu’il a deux papas ou deux mamans est un véritable men-songe, ce serait pourtant le message implicite d’un Code civil qui supprimerait les notions de père et de mère.

priorité aux enfants

Dans le mariage, la relation affective qui noue l’union entre époux importe moins à la socié-té que le fait que cette union est le berceau de futurs citoyens. Car toute société tient ses enfants pour le bien le plus précieux et instaure une solidarité préférentielle envers eux. L’article 16.3 de la Déclaration universelle des droits de l’homme mentionne encore que « la  famille  est l'élément  naturel  et  fondamental  de  la  société  et a  droit  à  la  protection  de  la  société  et  de  l'État ». Cette protection est tout particulièrement dans l’intérêt de l’enfant, cet être fragile en formation. Pour construire son identité, il s’appuie norma-lement à la fois sur un modèle féminin et sur un modèle masculin. Quand les accidents de la vie le privent de sa mère ou de son père (décès, sépa-ration, divorce…) il subit une blessure psycho-logique profonde. Ce fut le cas pour mes quatre enfants qui perdirent précocement leur père. Pour les élever, j’ai moi-même essayé de pallier un peu à ce vide en fréquentant régulièrement des familles proches comportant à la fois père et mère. Réussir l’éducation d’un enfant est une tâche si difficile qu’il ne faut pas la compliquer en se mettant volontairement dans des conditions où manque un parent.

En conclusion, ce projet de loi jette le trouble dans les familles naturelles en niant l’évidence du caractère hétérosexuel du couple. Il institue ainsi une sorte de mensonge légal au sein du Code civil, ce qui augure mal de l’avenir de notre civi-lisation. De plus pour satisfaire le désir d’enfant de certains adultes, il prive l’enfant soit d’un père soit d’une mère. Enfin, s’il allait jusqu’à la pro-création médicalement assistée, il serait contraire à l’éthique en instrumentalisant la personne don-neuse de gamètes. C’est un projet de loi dange-reux pour la société. n

FRANCECatholique n°3336 18 janvier 2013 19

Le concept de parent asexué est artificiel, sans prise

sur laréalité

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CHRONIQUES

20 FRANCECatholique n°3336 18 janvier 2013

Vincent Peillon et la morale

Je suis au moins d’accord sur un point avec notre ministre de l’Éducation nationale : la neutralité de l’État doit

s’appliquer dans les établissements d’en-seignement sous contrat comme dans les établissements du service public. Si Vincent Peillon entend par là que les établissements scolaires ne doivent pas être partie prenante des joutes politiques, qu’ils doivent être un espace préservé pour un savoir objectif, loin des querelles qui affectent la société et la sphère politique, on ne peut qu’acquiescer. Le problème c’est que dans la pratique une telle neutralité s’avère très difficile. Depuis toujours, les enseignants se sont fait l’écho des débats de la place publique. Beaucoup d’entre eux, très engagés idéologiquement, ne se sont pas fait faute de répercuter leurs opinions dans leurs cours. D’une certaine façon, pourquoi pas, dès lors qu’ils respec-taient la conscience de leurs élèves ?

Autre problème. Vincent Peillon, avant même qu’il ne devienne ministre, s’est montré partisan d’une certaine conception de la République, proche des pionniers de la IIIe République. Il s’est réclamé ainsi de l’héritage de Ferdinand Buisson, théoricien de l’école publique, qui entendait trans-mettre aux enfants de France une certaine conception de la morale. C’est pourquoi je n’ai pas été étonné que le ministre Vincent Peillon ait manifesté son intention de réta-blir l’enseignement de la morale à l’école, et d’une certaine façon je m’en suis féli-cité. Apprendre aux enfants les notions élémentaires du bien et du mal, apprendre le respect de l’autre, celui du bien commun, se disposer à l’entraide, à la solidarité. Oui, mais voilà : si la morale a été abandonnée autour de 1968 dans le monde scolaire, c’est qu’il n’y avait plus de consensus sur ce qu’on appelle les valeurs. Comment le ministre compte-t-il réanimer un tel consensus ?

Le cardinal André Vingt-Trois en formu-lant sa crainte d’une police de la pensée a bien désigné ce qui était en cause. Car cette formule, de l’écrivain George Orwell, renvoie à une idéologie d’État, qui s’appuie sur la contrainte pour formater les consciences, alors que le romancier de 1984 pensait que ce qu’il fallait aux hommes libres, c’était ce qu’il appelait la commune décence. Vincent Peillon se trouve sur quelle ligne ? La police de la pensée ou la commune décence ?

Radio Notre-Dame, le 7 janvier

Et maintenant la cathophobie…

Je ne suis vraiment pas fanatique de la croisade des phobies et de chasse aux « phobes ». Certes, l’usage du

mot phobie peut se justifier dans tout un contexte psychologique, voire même pathologique. Pierre-André Taguieff a ainsi publié de gros livres, fruits d’une enquête extrêmement sérieuse, sur les ravages contemporains de la judéophobie. Ce terme remplace celui d’antisémitisme, connoté par toute une culture passée. C’est pourquoi il convient de se référer à un concept qui se rapporte à des phénomènes tout à fait actuels. Le mot homophobie a sans doute été créé un peu sur ce modèle. Il est omniprésent dans les échanges quoti-diens, avec une charge polémique d’une particulière virulence. Traiter quelqu’un d’homophobe, c’est quasiment le tuer moralement. Il y aurait beaucoup à dire de l’ambiguïté foncière d’un qualificatif que l’on sert pour atteindre l’adversaire, avant même qu’il ait pu formuler le fond de sa pensée. Pour beaucoup, être contre le mariage gay c’est être homophobe. Pas besoin de procès, la condamnation est prononcée sur le champ.

Pour faire bonne mesure, voilà mainte-nant la cathophobie qui s’énonce de plus en plus souvent et qui est sans doute, comme on dit, la réponse du berger à la bergère. C’est de bonne guerre, pensera-t-on. Sans doute, mais attention ! L’échange de noms d’oiseaux ne vaut pas argumentation et sereine explication, y compris dans un contexte polémique. Je comprends que l’on soit exaspéré – et je le suis moi-même – par des attaques à répétition, des insinuations malveillantes. Il est vrai que l’anticlérica-lisme et l’antichristianisme sont réapparus en France à une date assez récente. J’en sais quelque chose, pour m’être souvent trouvé au cœur de la tourmente. Et puis ces derniers jours, nous sommes servis ! Le Monde dénonçait récemment un établis-sement catholique de Saint-Lô qui avait adressé à des parents d’élèves une lettre contre le mariage gay jointe au bulletin de notes. Vous jugez du scandale ! Il faudrait donc interdire à une association de parents d’élèves son droit à la libre expression dans un courrier adressé à des parents (et non à des élèves). Mais, surtout, gardons notre calme, car ça risque de s’amplifier.

Radio Notre-Dame, le 9 janvier

Une école catholique ?

La polémique ouverte à propos de l’en-seignement catholique n’est pas près de se refermer. Peut-on s’intituler

sérieusement enseignement catholique, si cela ne correspond pas à une réelle diffé-rence ? L’épiscopat s’en préoccupe au point de provoquer l’inquiétude de ceux qui crai-gnent une reprise en main. Le Monde, encore lui, s’est signalé, par une mise en garde qui m’a fait à la fois sourire et réfléchir. Sourire : on conviendra qu’il est un peu cocasse de reprocher à une institution catholique de se vouloir catholique. Je lis, en effet, dans un article signé Bruno Poucet : « La loi Debré a tenté de construire un vivre ensemble. C’est sa force et sa richesse, dans le cadre d’une Église qui avait décidé – le concile n’était pas loin – d’épouser son époque et de ne plus la combattre. » Les formules sont astucieuse-ment tournées mais très équivoques. Que signifie épouser son époque ? Est-ce renon-cer au christianisme ? Le concile Vatican II aurait-il préconisé une déchristianisation des institutions ecclésiales ?

Voilà qui donne aussi à réfléchir. Qu’est-ce que le caractère propre reconnu à l’enseignement catholique par la loi Debré ? Quelles sont les contraintes qu’im-pose à l’institution l’ouverture à tous ? Je me risquerai à deux remarques. Avant la loi Debré et même Vatican II, l’école chrétienne n’était pas forcément la forteresse décrite à l’envi. Par exemple en Afrique du Nord, elle accueillait souvent des musulmans, garçons et filles, qui en ont gardé un excellent souvenir. L’ouverture n’est pas renonce-ment à ce qu’on appelle sommairement son identité. Par ailleurs, de quoi a-t-on peur ? Que l’école catholique fasse du prosély-tisme ? Comme si c’était si simple de faire des chrétiens ! D’ailleurs on ne fabrique pas des chrétiens. La foi est une très curieuse aventure, où ce qui se joue d’abord c’est la découverte personnelle du Christ. C’est donc l’intériorité la plus intime, la liberté la plus intérieure qui sont à l’origine d’une décision que personne ne saurait forcer, ni même solliciter indiscrètement. Ce que l’école catholique peut apporter, c’est la culture chrétienne, une mémoire vivante qui s’est souvent éteinte ailleurs. Je ne vois pas pourquoi on refuserait à des jeunes la chance d’une connaissance plus approfon-die de ce champ de la pensée et de la vie.

Radio Notre-Dame, le 10 janvier

GÉRARD LECLERC SUR RADIO NOTRE-DAME

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FRANCECatholique n°3336­18­janvier 2013­21

IsraëlUn mémorial dédié au cardinal Jean-Marie Aron Lustiger sera inauguré sur le site du monastère bénédictin d’Abu Gosh, à l’initiative du Conseil représentatif des Institutions juives de France (CRIF), le 14 mars prochain. (Zenit 10/01/2013)

latran

« Par  respect  des  traditions », François Hollande, a accepté le titre de premier et unique chanoine d’honneur du chapitre de la basilique Saint-Jean-du-Latran à Rome, a annoncé Radio-Vatican le 8 janvier. Il ne se rendra pas sur place pour prendre possession de la stalle : tous les présidents français ne l’ont pas fait. (Zenit 08/01/2013)

égypte

Un Français, Mgr Jean-Paul Gobel, a été nommé par Benoît XVI nonce apostolique auprès de la République arabe d'Égypte et Délégué du Saint-Siège auprès de l'Organisation de la Ligue des États arabes. Il était, depuis 2007, nonce apostolique en Iran.

(Zenit 05/01/2013)

vIetnam

Commencés au mois de mai 2011 et interrompus un certain temps, les travaux de destruction des bâtiments du Carmel de Hanoï ont repris le 3 janvier 2013. L’archevêque de Hanoï, Mgr Pierre Nguyên Van Nhon, fait remarquer que c’est la cinquième fois qu’il s’adresse au gouvernement depuis le début de l’affaire et qu’aucune réponse n’a été donnée à sa dernière lettre datant du 21 octobre 2012. Il énumère les raisons pour lesquelles l’archidiocèse s’oppose à la destruction des bâtiments du couvent des carmélites. En particulier, il met en valeur l’intérêt que sainte Thérèse de l’Enfant Jésus portait à ce couvent dans lequel elle avait souhaité mener sa vie religieuse.

(Églises d'Asie 11/01/2013)

syrIe

Environ 1 000 fchrétiens grecs orthodoxes et catholiques latins du village entière-ment chrétien de Yaakoubieh, au nord d’Alep sont privés de nourriture et d'électricité. Ils se trouvent au milieu d’intenses combats entre les forces loyalistes et des groupes d’opposition. Ils sont dans l’impossibilité de quitter le village et  « se  trouvent  dans  des conditions désastreuses, dans lesquelles ils risquent l’extinction ». (Fides 10/01/2013)

france

Début décembre, à l'initiative des députés Véronique Besse et Lionnel Luca, 136

parlementaires français ont lancé un appel pour la protection des chrétiens d'Orient. L'objectif de celui-ci est de « demander  au  Gouvernement  d'agir avec  fermeté et détermination auprès des instances  internationales  afin  de  protéger les chrétiens d’Orient ».

(Œuvre d'Orient 10/01/2013)

13janvIer

BFM-TV a montré Simone Weil, 85 ans, ancienne ministre de V. Giscard d'Estaing, défilant le 13 janvier, au bras de son mari et tenant à la main un drapeau de la manifestation contre le mariage homosexuel. Une présence qui a surpris aussi bien les féministes que les opposants à l'avortement.

Discoursaumonde

Il n’est pas vraiquel’attentiondel’églisecatholique,etnotammentdupape,estunique-mentcentréesurcequ’onappellelessujetssociétaux.lereprocheémaneassezsouventdechrétiensquiseveulentcritiquesà l’égardde l’institutionetquiregrettentqueson

engagementpourlesquestionséconomiquesetsociales,lesinjustices,lamisère,soitmoinsimportantqueceluiàproposdumariagehomosexuel.Unesimpleétudedesdocumentspro-duits,del’activitédusaint-siègeetdelamissionpermanentedesorganismescaritatifs,suffitàdémentirpareilleallégation.ets’ilnefallaitqu’unexemple,ilsuffiraitd’inviterlesmécon-tentsàliresoigneusementlediscoursqueBenoîtXvIaadresséhieraucorpsdiplomatique.

Ilestdéjàassezremarquablequelesaint-siègeentretiennedesrelationspermanentesavec179étatsdans lemonde.l’églisecatholique,aveccette singularitéuniquede lapri-mautédel’évêquederome,vitaurythmedelaplanète,neméconnaissantaucuncontinent,aucunterritoire.toutremonteàrome,àcaused’unéchangecontinuelavectoutesleséglisesparticulières, mais aussi avec toutes les instances internationales, nationales, non-gouver-nementales.etlepapesuitdeprèslasituationéconomiquedanslaconjonctureactuelle.Ilnemanquepasd’enparler,éventuellementd’unefaçontrèsincisive,commeleremarquelecorrespondantdeLa Croixauvatican.

ainsiBenoîtXvIn’apasmanquédedénoncerlesdifférencescroissantesentrerichesetpauvres.Undesfacteursdelacriseactuelle,a-t-ilaffirmé,tientàcequeleprofitaététropsouventabsolutiséaudétrimentdutravail.Dénonçantuneexcessivefinanciarisationaudé-trimentdel’économieréelle,lepapeademandéplusdesolidarité.c’estàunrééquilibragequ’ilappelle,commeil l’avaitdéjà faitdanssonencycliquesociale,notammenten faveurdubien-êtredetousquinedépendpasseulementdestauxfinanciers.etpuisilyaaussilesconditionsgénéralesdelaconcordepublique,oùlalibertéreligieusejouesonrôleetoùlali-bertédespersonnesestgarantieparledroitàl’objectiondeconscience.Queléchoauradansnosmédiascediscoursauxnationsdumonde?c’estuntestintéressantqued’enprendrelamesure,pourétablirl’objectivitédel’informationàl’égarddel’engagementdescatholiquesdanslemonded’aujourd’hui.n

gérardleclercsurradionotre-Dame,le8janvier2013

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Le mystère de l’epiphanie ne s’ar-rête pas au 6 janvier (ou au di-manche le plus proche), on sait qu’il inspire aussi la fête du Baptême du Seigneur, qui est

une autre "manifestation" de la gloire du Christ, mais voilà qu’il rebondit encore jusqu’à ce dimanche, où on a pourtant quitté le temps de la Nativité, mais où l’Église, avant de commencer la série des évangiles pris à la suite dans saint Luc, nous gratifie de la lec-ture du récit johannique des noces de Cana. Réjouissons-nous. Même s’il y a d’autres occasions d’entendre ce texte (les messes de mariage ou celles de la Sainte Vierge en fournissent souvent l’opportunité), nous sommes heureux de le recevoir dans la suite de ces se-maines vouées à nous dire la splendeur du mystère du Christ : « il manifesta sa Gloire et ses disciples crurent en lui ».

à force de nous dire l’incognito de Dieu, son effacement, son silence, on finirait par prendre l’habitude de considérer que Dieu n’a pas à se mon-trer dans notre monde, qu’il doit rester caché dans notre intérieur et qu’il n’a rien à dire, ni rien à faire, sur la place publique. Or voilà que Jésus commence son ministère public en intervenant dans un grand rassemblement de gens venus à une noce villageoise. Si la rencontre avec les Mages s’est dérou-lée dans une certaine discrétion, si la manifestation de Dieu au Jourdain n’a peut-être pas été la scène à grand spec-tacle qu’on imagine (seul Jean Baptiste peut-être a "vu" ce qui arrivait), on ne peut en dire autant du miracle de Cana

qui a eu un certain nombre de témoins et qui remué le cœur des disciples.

Il y a eu des apparitions de la Vierge Marie qui n’ont eu qu’un seul témoin (Bernadette à Lourdes), il y en a eu d’autres qui ont touché des foules (comme à Fatima). Le Seigneur ne s’interdit pas d’apparaître quand et comme il veut. S’il est constant qu’il veut d’abord des cœurs réceptifs et qu’il n’agit pas dans le sensationnel, il n’en reste pas moins vrai qu’il sait bousculer notre peur et se montrer parfois, à point nommé, au milieu de l’agitation du monde, là où vivent les hommes. C’est que nous ne sommes pas des êtres coupés de tout milieu, sans attache dans ce monde, et qu’il n’y a pas de religion si pure qui ne doive se mêler à la vie de la cité.

C’est une grande illusion de croire que la plupart des hommes peuvent garder longtemps leur foi si celle-ci est totalement absente de la vie concrète de leurs contemporains. Peut-être quelques héros peuvent-ils vivre ainsi, attachés au Christ seul sans aucun support social. Mais même les ermites avaient besoin d’un milieu porteur et les stylites, du haut de leur colonne, participaient à la vie d’une commu-nauté visible installée à proximité qui les encourageaient et les soutenaient.

On a trop cru que la société pourrait se laïciser et se paganiser sans que cela touche en rien les convictions et la mo-ralité des croyants. Nous voyons bien qu’il n’en est rien. Bien sûr, il ne nous appartient pas de régenter la société, mais nous devons au moins veiller à

conserver les traces de foi et de prière qui y restent inscrits : rites, rassemble-ments, symboles présents encore dans la géographie de nos villes et de nos campagnes. Mais nous devons surtout appeler de nos vœux l’intervention du Christ dans les affaires de ce monde. Il est libre bien sûr de nous répondre ou non, mais il n’est pas inconvenant de lui demander son aide pour faire face au marasme dans lequel nous nous trouvons. La prière du rosaire a obtenu de lui la victoire de Lépante, pourquoi d’autres victoires aussi nécessaires ne viendraient pas en réponse à notre sup-plication ardente ?

« Ils n’ont plus de vin » a dit ce jour la sainte Vierge. Elle aurait peut-être d’autres manques aussi graves à signa-ler aujourd’hui… n

2e dimanche ordinairePremière Lecture : Isaïe 62.1-5Psaume 96.1-3, 7-10Deuxième Lecture : 1·Corinthiens 12.4-11Évangile : Jean 2.1-11.

Lectures

22 FRANCECatholique n°3336 18 janvier 2013

2e semaine du temps ordinaire

Dimanche 20 janvier :IIe dimanche du Temps Ordinaire1. Jésus qui veut mettre en nous sa joie (Isaïe 62, 1-5).➤ Adorons l’Époux parti conquérir le cœur de celle qu’il aime.Point spi : sachons traduire la joie des amis de l’époux.2. Jésus qui partage largement ses dons avec ses amis (1 Corinthiens 12, 4-11).➤ Adorons le Maître qui donne à cha-cun ce qui lui est nécessaire.Point spi : trouvons notre place dans l’église, même si elle n’est pas la plus brillante.3. Jésus qui vient nous révéler la source d’eau vive que nous portons (Jean 2, 1-12).➤ Adorons le divin Sourcier qui repère en nous les sources cachées.Point spi : laissons-nous aborder par Jé-sus, ne nous défendons pas.

par le Père Michel Gitton

Le premier signe : les noces de Cana2. 1 Le troisième jour il y eut une noce à Cana en Galilée, et la mère de Jésus y était. 2 Jésus aussi fut invité à la noce avec ses disciples. 3 Et voilà que le vin de la noce arrive à sa fin : ils n’avaient plus de vin. La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont plus de vin. » 4 Jésus lui répond : « Femme, vas-tu te mettre dans mes affaires ? Mon heure n’est pas encore venue. » 5 Mais sa mère dit aux servants : « Faites tout ce qu’il vous dira. » [...]

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dimanche 20 janvier (année c)

épiphanie iiiSemaine de la « grâce de la paix »

par le Père Michel Gitton

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FRANCECatholique n°3336 18 janvier 2013 23

2e semaine du temps ordinaireLundi 21 janvier :L’époux et le jeûne (Marc 2, 18-22) + Sainte Agnès1. Jésus qui défend ses disciples, qui les protège de la surenchère ascétique des groupes installés.➤ Adorons le Maître qui a pris soin des siens et ne les abandonne pas, qui veille sur eux.Point spi : ne nous laissons pas troubler par des comparaisons inutiles (chez n, on fait ainsi).2. Jésus qui revendique le rôle d’ « époux », qui vient apporter aux siens la joie eschatologique des noces.➤ Adorons Celui qui est bien plus qu’un maître, un chef, un patron : l’Époux !Point spi : ne nous conduisons pas avec Jésus comme s’il nous demandait seule-ment des résultats.3. Jésus qui veut que notre vie de prière et de pénitence soit liée à sa vie parmi nous, à son rythme à lui.➤ Adorons Celui autour duquel s’or-donnent nos jours, nos semaines, notre année liturgique, chef de chœur, chef de ballet qui nous entraîne.Point spi : vivifions ce qui risquerait de n’être que des habitudes de piété.

Mardi 22 janvier :Le Fils de l’homme etles épis froissés (Marc 2, 23-28)1. Jésus qui entraîne des hommes à sa suite, qui ne leur propose pas une vie facile, qui leur fait éprouver la faim.➤ Adorons Celui qui marche en tête de sa petite troupe à travers le désert de ce monde.Point spi : ne murmurons pas quand c’est trop dur.2. Jésus qui dispose pour eux des se-cours exceptionnels, qui leur vient en aide en réinterprétant la règle du sab-bat.➤ Adorons Celui qui dispose souverai-nement de tout, qui est le « maître du sabbat ».Point spi : acceptons les ménagements qui nous sont offerts.3. Jésus qui accepte d’être mal jugé par solidarité avec ses disciples, et qui comme David, se trouve marginalisé.

➤ Adorons le Fils de l’Homme que les hommes rejettent mais que Dieu glo-rifiera.Point spi : assumons les jugements du monde contre les chrétiens.

Mercredi 23 janvier :Le Défenseur de l’homme(Marc 3, 1-6)1. Jésus qui n’esquive pas l’affron-tement, qui demande au paralysé de s’avancer devant tout le monde, qui met ses interlocuteurs au pied du mur.➤ Adorons le Juge devant qui nos calculs, nos incohérences apparaissent au grand jour.Point spi : sachons nous indigner devant l’hypocrisie, la lâcheté, la méchanceté.2. Jésus qui guérit, qui se marque en faveur de l’homme handicapé, qui va jusqu’au bout pour lui.➤ Adorons le Christ qui agit par avance avec la puissance de la Résurrection.Point spi : n’ayons pas peur de nous marquer, ne craignons pas l’opinion des autres.3. Jésus que l’on commence à vouloir perdre, Jésus que l’on accuse bêtement.➤ Adorons l’Innocent dont on médit, dont on travestit les intentionsPoint spi : ne pactisons pas avec les ru-meurs et les on-dit.

Jeudi 24 janvier : La retraiteet la foule (Marc 3, 7-12)1. Jésus qui se retire et qui est suivi, Jé-sus qui ne se dérobe pas devant la foule qui l’assiège.➤ Adorons le Sauveur venu au milieu de son peuple.Point spi : ne nous dérobons pas à notre semblable, accueillons sa misère.2. Jésus sur qui on se « précipite », Jé-sus que l’on saisit, que l’on enveloppe, que l’on touche.➤ Adorons le Médecin des cœurs et des âmes, tellement disponible à toutes nos misères.Point spi : répercutons cette ouverture en étant, nous-même, très accessibles.3. Jésus qui reçoit la reconnaissance sarcastique des démons, qui subit leur violence et leur dérision.➤ Adorons le Saint et le Juste dont le Démon ne peut supporter la présence.

Point spi : ne nous laissons pas troubler par les discours réducteurs et blasphé-matoires que nous entendons.

Vendredi 25 janvier : Fêtede la conversion de Saint Paul1. Jésus qui se choisit des apôtres bien loin du cercle des disciples fidèles.➤ Adorons Celui qui avec une totale liberté, appelle à Lui qui Il veut.Point spi : ne murmurons pas devant certains choix ou certaines promotions.2. Jésus qui retourne les cœurs, blesse les êtres sûrs d’eux, ouvre les yeux des aveugles.➤ Adorons Celui qui peut remuer ciel et terre, secouer les montagnes et ou-vrir les sources.Point spi : implorons Dieu pour notre conversion.3. Jésus qui ne convertit pas sans confier aussitôt une mission, qui en-gage en même temps qu’il libère.➤ Adorons Celui qui enrôle sous sa bannière des êtres de tous les horizons.Point spi : laissons-nous engager par Jésus, acceptons de servir.

Samedi 26 janvier : Fêtedes Saints Tite et Timothée1. Jésus qui confie une vraie paternité à ses disciples, qui leur permet de sus-citer une suite effective.➤ Adorons Celui qui s’efface pour per-mettre à ses amis de parler en son Nom.Point spi : assumons notre généalogie spirituelle.2. Jésus qui veille sur le développement de son Église, qui reste le noyau secret de sa croissance.➤ Adorons Celui qui reste le centre vi-vant de l’Église, comme au premier jour.Point spi : voyons derrière nos chefs le Christ qui agit.3. Jésus qui fait de son Église le concert de toutes les vocations, qui organise en elle la complémentarité des charismes.➤ Adorons Celui autour duquel s’orga-nisent le Sénat des Apôtres, l’assemblée des Docteurs, le chœur des vierges, l’ar-mée des Martyrs.Point spi : situons-nous au cœur de l’église, notre Mère. n

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Ce livre est un événement et un symbole. Un événement parce que Jean Canavaggio offre une belle traduction des principales œuvres de Thérèse

d’Avila et de Jean de la Croix, et surtout parce qu’il introduit ces textes par une longue préface subtile sur les rapports entre l’écriture poétique et la mystique. C’est un symbole car après les volumes de saint Augustin et de Jacques de Voragine – La Légende dorée – la pres-tigieuse collection de La Bibliothèque de la Pléiade, qui a pour vocation de réunir les grands textes de la littérature mondiale dans des éditions critiques de référence, accueille entre Aragon et Fitzgerald le trésor de la mystique et de la pensée chrétienne. Comme si les cloisonnements entre la poésie profane et la poésie sacrée, entre les officines universitaires et les laboratoires monas-tiques devenaient perméables.

On s’en réjouit. La livrée de la Pléiade peut apprivoiser des lecteurs qui redou-tent de se hasarder dans la littérature religieuse. Elle donne aussi ses lettres de noblesse à un genre trop dédaigné par ignorance. Il y a cependant une certaine ambiguïté : ces publications traduisent en même temps une certaine banalisa-tion. Les textes des mystiques seraient lus comme des œuvres dont l’intérêt enfin reconnu ne serait que purement

littéraire. La respectueuse préface de Jean Canavaggio n’ignore pas ce risque. « L’expérience mystique est foncière-ment une expérience de langage. Mais tout poème, qu’il soit ou non traversé et constitué d’une expérience mystique, s’il semble appelé à dire l’être du monde, ne peut prétendre à s’approprier la teneur vive de l’être. Il tente seulement de la rendre proche, parce que la "propriété" du langage n’est p o i n t v e r t u d’ "appropria-tion" mais d’ac-cueil. Façon de revendiquer ici, contre l ’ idée d’une alchimie du verbe, une o n t o l o g i e poétique. » Jean de la Croix ne titi l le pas la muse. Sa poésie est for te et bouleversante parce qu’il dit quelque chose de mystérieux et de crucial sur l’amour, sur l’espérance, sur l’homme à la recherche de la lumière.

Il est vrai qu’à propos notamment de Jean de la Croix, les juges avisés ont reconnu depuis toujours dans le moine mystique et Docteur de l’Église un des plus grands poètes de l’Occident. Paul Valéry, peu enclin à apprécier la littérature pieuse, jugeait la traduction

du Cantique spirituel du père Cyprien de la Nativité comme l’une des plus parfaites, même si on peut la trouver aujourd’hui un peu précieuse. Elle date de 1941. La traduction de Mère Marie du Saint-Sacrement, reprise aux Éditions du Cerf, est moins fidèle au texte espagnol que la nouvelle traduction de Jacques

Ancet dans ce volume de la Pléiade. Pour Thérèse d’Avila, la traduction des carmélites de Clamart, publiée par le Cerf, reste un texte de réfé-rence, même si certaines phrases bien senties de la Madre sont rendues avec plus de force dans la nouvelle traduction de Jean Canavaggio. Mais en vérité la nouvelle traduction diffère peu de cette précédente.

Il reste que cette édition superbe peut faire découvrir à des lecteurs curieux les trésors d’un chemin spirituel excep-tionnel, à la fois d’une

montée vers le ciel et d’une descente dans les profondeurs abyssales de l’âme.

On attend avec impatience qu’une nouvelle édition d’un choix de sermons de Bossuet soit accueillie en Pléiade, ainsi que des textes de Newman, de Lacordaire – le Père Carré avait travaillé à un volume pour la Pléiade en 1990 –, de Léon Bloy... Et pourquoi pas de saint Anselme, saint Bernard et Thomas d’Aquin ? n

livres

Elle donne aussi ses lettres de noblesse à un genre trop dédaigné par ignorance

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Thérèse d’Avila & Jean de la Croix, Œuvres, publiées sous la direction de Jean Canavaggio, « Bibliothèque de la Pléiade », 1090 p., 45 e, prix de lancement jusqu’au 28 février 2013.

mystiques

thérèse d’Avila et Jean de la Croix,

patrimoine mondialpar le Père Philippe VerdIn

La « Pléiade » accueille une nouvelle traduction des chefs-d’œuvre de la mystique espagnole.

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livres■ Spiritualitéd’enbaS AnselmGrünetMeinradDufner, ÉditionsParoleetSilence, 127p.,12e.

Le prolixe Anselm Grün, moine allemand qu’on ne présente plus, diagnostique dans ce nouvel ouvrage un fossé qui s’est creusé aujourd’hui entre le langage de l’Église et celui qui attire les hommes contemporains vers les spiritualités orientales, à savoir les termes «transcendance,paixintérieure,sérénité…». Pour rejoindre ces contemporains, il propose la «spiritualitéd’enbas», telle que vécue notamment dans le mona-chisme.

Cette spiritualité, c’est celle qui pense que Dieu parle à travers le corps de l’homme et ce qu’il est. Il s’agit donc de pratiquer la connaissance de soi la plus sincère possible. Cette spiritualité se distingue de la «spiritualitéd’enhaut», qui fixe des idéaux à atteindre. Tout l’enjeu de cet ouvrage est d’expliquer ce qu’est la spiritualité d’en bas, en évitant les deux écueils : soit tomber dans l’ésotérisme, soit écarter la spiritualité d’en haut, en évacuant la «sainetension» qui existe entre les deux dans la vie chrétienne. Anselm Grün donne des exemples tirés de l’Écriture, fait une analyse tirée de la psychologie, et pose des balises pour l’épanouissement de cette spiritualité, dans l’humilité et l’humour.

■ Marie,téMoindedieu Louis-MarieBoivineau, ÉditionsLethielleux, 149p.,11€.

«Marie,encetteAnnéedelafoi,peutnousaideràêtreplusfortssinousrecouronsplusàElle» : telle est la conviction de Louis-Marie Boivineau, laïc animateur de groupes de prière et d’adoration eucharistique. Il publie donc en son honneur des méditations – dont 62 qu’il a composées lui-même, la plupart sous forme de poèmes, à l’occasion des fêtes mariales de ces quinze dernières années.

Entre litanies, contemplation, supplication, chaque extrait est l’expression d’une dévotion mariale aux accents contagieux : «ÔfilleduFolAmour!GraciéeduPurAmour!Auroreavantlejour!Portedudivinséjour!ChambreduRoi!»

Le livre se referme sur la vie exceptionnelle d’une enfant vendéenne du début du XXe siècle, Marie-Thérèse Rouffineau. Un seul mot pour qualifier ce récit : édifiant.

■ l’hoMMe,àquelprix? CardinalRogerEtchegaray, ÉditionsdelaMartinière, 123p.,12€.

«Absorbezcespagesparpetitesgorgéesendégustantlesucévangéliquequej’aicherchéàydéposer», peut-on lire dans le premier chapitre de ce petit ouvrage. Le cardinal français Roger Etchegaray, au service de la diplomatie vaticane durant plus de 20 ans, livre ici des perles de son immense expérience, à travers de courts chapitres de réflexion. On rencontre une pensée libre, riche de voyages innombrables, d’une connaissance appro-fondie de l’humanité et d’une conscience aiguë des défis actuels sur toute la surface du globe.

L’ouvrage dans son ensemble est très personnel, comme ce chapitre où le Cardinal répond à la question de Ponce Pilate : «Qu’est-cequelavérité?» Europe, écologie, armes, islam, paix, migrations, unité de l’Église, de nombreux sujets sont abordés. Malgré les ombres au tableau, celui qui avait pour devise d’ordination «C’estlebeautempspourêtreprêtre» ne se départit pas de l’espérance, énumérant autant de « chances » pour l’Église que de tentations… rassurant.

■ queStionSdevieSpirituelle MaxHuotdeLongchamp, ÉditionsCentreSaint-Jean-de-la-Croix, 313p.,19€.

Dans un style d’écriture sobre, le P. Max Huot de Longchamp, de la Société Saint-Jean-de-la-Croix, docteur en théologie, répond à une foulti-tude de questions sur la vie spirituelle, regroupées en quatre partie : la première sur la contemplation, et son lien avec la sainteté, la perfection, la voca-tion, le rôle du corps, le psychique... La deuxième se concentre autour du Carmel, même si l’esprit carmélitain parcourt le livre en son entier. La troi-sième partie traite du péché, des anges et démons, de la confession. Enfin, la dernière partie expose les tenants et aboutissants de l’oraison.

Le tout couvre des thèmes très divers – dont la vie spirituelle du couple, l’organisation de la vie carmélitaine, la direction spirituelle – et se trouve largement consolidé par des écrits de saints (saint Augustin, saint François de Sales, saint Jean Eudes…). Entre les lignes, le P. Max Huot de Longchamp ne laisse pas de témoigner de la loi de gradualité. Le message est clair : tout baptisé, où qu’il en soit, est concerné par la vie spirituelle. ■

SéleCtion

SpiritualitéAnne KURIAN

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Nous sommes à Leningrad, l’an-cienne capitale débaptisée au sens strict du terme. Après la révolution et la guerre civile, après la mort du camarade

Lénine, le temps de l’édification du socia-lisme est venu sous l’égide du camarade Staline. Les événements sont connus, bien des aspects de l’immense tragédie ont été révélés par les historiens et les écri-vains dissidents mais, en France du moins, aucune attention n’a été portée au sort des membres de l’ancienne société russe qui ont choisi ou qui ont été forcés de demeurer dans leur patrie. Ces bourgeois, ces nobles, ces prêtres sont rangés dans la masse indistincte des Blancs, des contre-révolutionnaires, des « ci-devant » qui semblaient de toute manière condamnés par le mouvement de l’histoire.

Il fallut à Irina Golovkina (1904-1989) un singulier courage pour écrire ce livre et le diffuser clandestinement dans les années soixante. Petite-fille de Rimski-Korsakov, pétersbourgeoise, elle fut entravée dans ses études et sa carrière sans connaître la répression physique parce que la mémoire de son grand-père en imposait aux autorités soviétiques. Mais elle a intensément vécu avec son mari l’époque où l’élimination de l’an-cienne classe dirigeante par le parti du

prolétariat était passée de l’affirmation idéologique à la mise en œuvre pratique.

Son roman n’est pas politique au sens étroit du terme car ses personnages n’ont pas ou n’ont plus d’activité mili-tante ou militaire mais leur existence est entièrement soumise à la politique stali-nienne et aux « organes » qui en sont le bras armé. Tous tentent de survivre sans aucun espoir de libération car la machine soviétique a détruit ou est en train de détruire toutes les oppositions et semble désormais assurée de faire prévaloir, pour les siècles des siècles, sa conception des choses et des hommes. Natalia Pavlovna Bologovskaïa, veuve d’un général de la suite du tsar, est l’une de ces survivantes, comme sa petite-fille Assia, comme Oleg, ancien officier blanc déporté aux Solovki et qui cache sous une identité banale qu’il fut, dans l’ancien temps, le prince Dachkov, lieutenant de la Garde. Elles et eux, qui avaient vécu dans le confort ou le luxe, dans l’insouciance de la vie pétersbourgeoise avant la guerre ou dans le service à tous égards gratifiant du Tsar, vont connaître les appartements collec-tifs, les travaux humbles ou humiliants, la pauvreté ou la misère, le mépris ou la haine des vainqueurs dans un climat de suspi-cion permanente. La nouvelle politique, la nouvelle société et la nouvelle morale,

prolétariennes, en font des réprouvés qui n’ont d’autre perspective qu’une convo-cation à la Guépéou, la police politique d’État qui a succédé à la tcheka.

Dans le roman, la superbe ville bâtie par Pierre le Grand est comme effacée par les administrations, les hôpitaux, les appartements dégradés et les rues boueuses ou enneigées de l’interminable nuit hivernale. Mais il reste l’esprit de l’ancienne capitale, que cultivent celles et ceux de l’ancien temps, qui en faisaient le charme ou la gloire. Les survivants n’ont pas été réduits à l’état d’individus agis-sant selon les strictes nécessités d’une existence minimale comme une espèce nuisible vouée à l’extinction.

Malgré leurs immenses moyens, dans l’ordre du contrôle, de la reléga-tion et de l’oppression, les Soviétiques ne parviennent pas à priver les vaincus de leur dignité singulière et de leurs manières d’être collectives. Qu’ils soient employés dans un hôpital ou dans une administration, les « ci-devant » conser-vent la courtoisie et les formules d’au-trefois, émaillées de phrases en français, essayant autant que possible de cacher ces habitudes qui contredisent totale-ment la rudesse prolétarienne qui est de mise pour l’homo sovieticus. Et quand ils se retrouvent entre eux, dans la modeste chambre d’un appartement collectif, c’est pour bien se tenir et enseigner aux plus jeunes selon les anciens usages, autour des quelques objets sauvés de la catas-trophe. Ce qui paraissait formel dans la politesse, et qui l’était parfois, et tout ce qui n’était qu’accessoires plus ou moins futiles deviennent essentiels à la vie — comme la brindille à laquelle on se retient pour ne pas glisser en bas de la pente.

Comme toujours lors des grands effondrements politiques et sociaux, les plus fragiles, les moins armés contre

lettres

Avec un seul ouvrage consacré au destin presque toujours tragique des membres de l’ancienne société russe après la révolution d’Octobre, Irina Golovkina, qui a vécu les événements du côté des vaincus, a pris sa place parmi les grands écrivains russes. Son roman révèle comment tout un monde condamné à disparaître a réussi à transmettre à la nouvelle Russie ce qu’il portait en lui d’essentiel.

La nouvelle société et la nouvelle morale prolétariennes en font des réprouvés)

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rUssIe

par Claudine UZERCHE

la dignité des vaincus

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l’adversité font preuve de capacités de résistance inattendues. Natalia Pavlovna Bologovskaïa est le symbole de ces veuves héroïques et plusieurs autres femmes du roman sont admirables d’humble courage et de dévouement aux autres — quels qu’ils soient. La force de ces femmes, ce n’est pas seulement la cérémonie du thé et l’éducation stricte des jeunes filles face à ce qui leur paraît être le débraillé sovié-tique. Les bonnes manières ancestrales ne sont que les signes manifestes d’une culture intensément vécue : la littérature et la poésie russes, l’usage courant de la langue française et l’amour de la musique composent ce capital immatériel que les soviétiques sont incapables de détruire et qui accompagnent les émotions amou-reuses de jeunes gens qui se tiennent loin des nouvelles mœurs soviétiques.

Et puis, plus intense que tout, il y a la foi orthodoxe dont on voit bien au fil des pages qu’elle est constitutive de leur être et d’une espérance qui n’est plus dans l’histoire humaine. Malgré l’athéisme officiellement proclamé, malgré la persécution qui frappe les moines et les prêtres, on trouve encore, à Leningrad,

des lieux où il est possible d’entendre la messe, on peut trouver des livres de Soloviev et prier le Seigneur longuement, secrètement. Existait ainsi une sorte de Kitège, la ville de la légende russe que, par ses prières, la demoiselle Fevronia avait rendue invisible pour qu’elle échappe aux envahisseurs tatars et dont Rimski-Korsakov fit un opéra, créé au théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg en 1907, si peu de temps avant les catastrophes.

Hélas, la Kitège postrévolutionnaire n’avait pas la pure transparence de la légende chrétienne. Le Parti, la Guépéou, l’administration et les délateurs parvien-nent à surprendre des secrets et à mani-puler les consciences ou, plus simplement, à absorber sans y prendre garde un rejeton de l’ancienne société qui deviendra un fonctionnaire zélé. Quand Assia rencontre son cousin Micha à Moscou, elle s’aperçoit que le fils d’émigré ne veut pas revenir dans la famille de Natalia Pavlovna parce qu’il est devenu un citoyen soviétique exem-plaire qui peut faire une belle carrière s’il oublie sa famille contre-révolutionnaire.

Pour celles et ceux qui restent fidèles à eux-mêmes, il n’y a plus qu’à parcourir un

long chemin vers les salles de tortures de la Guépéou, les camps ou le peloton d’exécu-tion. Il y aura malgré tout des survivants, qui répondront tous à l’appel de la patrie lorsque les Allemands attaqueront l’Union soviétique. Irina Golovkina travaillera dans un hôpital militaire de Leningrad au péril de sa vie et son mari sera tué sur le front près de Moscou. Par leur foi, par leur culture et leurs usages, les réprouvés étaient restés pleinement Russes et c’est en Russes qu’ils combattirent dans l’Armée rouge. Tous partagent une gloire moins visible : celle d’avoir transmis, malgré la terreur et pendant la guerre, l’essentiel d’une tradition intellectuelle et spirituelle qui s’est réaffirmée après le stalinisme et qui est pleinement réapparue dans la Russie post-soviétique. Telle est la gloire des vaincus. n

Irina Golovkina,Les Vaincus,roman traduit du russe par Xénia Yagello, Éditions des Syrtes, 1094 pages, 45 e.

la dignité des vaincus

Irina Golovkina.

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MUSIQUES

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COMÉDIE MUSICALE

Rond de traits et pétulant d’esprit, le P. Jean-Marie-Luc présente le travail d’une soixantaine de jeunes venus l ’été 2012 au sanctuaire de Cotignac (Var) suivre un

stage de comédie musicale. La crypte de Notre-Dame de Grâce de Passy est une ruche en proie à l'effervescence des aficionados autour de celui qui a fondé le festival St-Jean des jeunes et Campus Révélateur pour faire de la comédie musicale un outil d’évangélisation des jeunes par les jeunes.

à Cotignac, les premiers à subir les affres du casting, ce sont les saints qui doivent faire preuve d’une « sain-teté exemplaire » pour être choisis ! Cette année, « the Voice », c’est Frédéric Ozanam que Jean-Paul II a béatifié lors des Journées mondiales de la jeunesse de 1997. « Frédéric, un laïc, y a un hic… et donc alors faisant "la chose" très cer-tainement… tout comme nous » chante la troupe en ouverture… Le « la » est donné !

Né le 23 Avril 1813 dans une famille lyon-naise décimée par les décès prématurés, Fréderic acquiert la conviction qu’il lui faut « conqué-rir par l’amour le droit de donner ». Son époque est entachée par un libéralisme intransigeant. Qu’on pense aux Misérables de Hugo et l’on aura la mesure du désarroi populaire qui va pous-ser Frédéric, à peine âgé de 20 ans, à fonder la Société de Saint-Vincent de Paul, devenue aujourd’hui une ONG forte de 700 000 bénévoles agissant sur les cinq continents.

Alors qu’il tâtonne à la recherche de sa voca-tion, attiré par la philosophie mais persuadé qu’elle n’est pas antinomique de la foi, Ozanam tombe amoureux d’Amélie Soulacroix (ça ne s’in-vente pas !). Ils auront une fille, Marie, et for-meront le modèle des époux chrétiens, très unis et irradiant la charité. Bonheur de courte durée puisque Frédéric meurt à 40 ans.

Dans les temps troublés que nous vivons, où le mariage subit une attaque visant à le vider de sa substance pour l’ouvrir « à tous », un tel modèle conjugal est plus que bien venu. Mais, si judi-cieuse que soit l’intention, la comédie musicale est un genre exigeant. Mieux vaut arriver à ce spectacle disposé à l’indulgence et prêt à se lais-

ser porter par la ferveur communicative.Les moyens en son et lumière ne peu-

vent évidemment pas rivaliser avec ceux des grandes comédies musicales à l’affiche. Et si la musique répond bien aux canons actuels — avec quelques trouvailles — et si les voix sont agréables, le livret, écrit par Michel-Olivier Michel (qui collabore depuis 2002 avec la compagnie du Caillou Blanc créée par le philosophe dramaturge Fabrice Hadjadj) verse parfois dans des excès argumentatifs (la leçon de philosophie sur croyance et raison) induisant un déséquilibre avec les parties chantées (six titres dont on peut écouter des extraits sur le site Internet du spectacle). Quant à la mise en scène, vouloir évoquer une barricade avec quelques chaises et un sofa renversé, c’est prendre un risque, eu égard à l’illusion théâtrale. Difficile aussi sur scène de rendre la misère la plus noire quand on est si bien portant…

Mais ce qui emporte l’adhésion, cependant, c’est l’évocation finale de la rencontre de Frédéric et Amélie. Quelque chose d’ineffable advient alors qui touche au mystère de l’union de l’homme et de la femme comme icône de l’amour de Dieu envers sa créature. Et tandis qu’ils chantent tous deux leur foi en Dieu et leur amour réciproque, toute la troupe vient peu à peu les entourer comme sur ces vieux clichés de noces villageoises.

On se prend alors à répéter avec eux « Je reconnais/comment la divine bonté/ne pouvant ici-bas se montrer davantage/a voulu me donner sa ressemblante image/en te mettant à mon coté/ dans ma vie ».

Une initiative qui mérite d’être soutenue en réservant en famille pour les représentations des 23 et 24 mars. Ce spectacle a le charme authen-tique du « fait maison », de la jeunesse et des idées positives. Ce n'est déjà pas si mal. n

Pour saluer le bicentenaire de la naissance de Frédéric Ozanam en 2013, Révélateur Productiona concocté un spectacle musical au goût du jour.

par Aymeric NOLLE

Ozanam en chantant

Ozanam,samedi 23 mars à 16h

et à 20h30 et dimanche 24 mars à 14h30.

Théâtre Notre-Damede Grâce de Passy,

10 rue de l'Annonciation75016 Paris.

Tarifs : 11, 19 et 30 e.www.ozanam-lespectacle.fr

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Le docteur King Schultz, chasseur de primes allemand, libère Django, un esclave qui pourrait l’aider à trou-

ver les meurtriers qu’il recherche. Django, lui, n’a qu’un seul véritable but : retrouver la femme qu’il aime, Broom hilda. Nous sommes en 1859 dans le sud des États-Unis… Pour la première fois, Quentin Tarantino sort de ses décors intérieurs pour sillonner les grands espaces avec enthousiasme. Dans ce film, on retrouve toutes les audaces du cinéaste, avec une narration moins déstructurée que d’habitude et un sens du rythme tou -jours aussi singulier.

Tarantino, en effet, préfère inventer son rythme, en s’autorisant de très longues plages de dialogues (le plus souvent hilarants), entrecoupées de scènes d’action, de chevauchées ou de

pure contemplation. Au-delà des auto-citations habituelles, le film rend moins hommage aux westerns spaghettis qu’aux westerns de Clint Eastwood.

Petite nouveauté en forme de pied de nez au manque de fond souvent reproché au cinéaste, le film s’autorise également des considérations savou-reuses sur la lutte des classes : sitôt affranchi, le héros affiche une arro-gance calquée sur celle de ses anciens maîtres blancs. Connu pour ses dialo-gues politiquement incorrects (blagues racistes, antisémites, misogynes), Ta ran tino affiche pourtant cette fois une plus grande sobriété.

Django unchained, épopée gran-diose portée par un casting impérial, annonce une très bonne nouvelle : Quentin Tarantino est de retour aux affaires.] La violence cartoonesque du film est tellement exagérée qu’elle en devient presque inoffensive. ■Western américain (2012) de Quentin Tarantino, avec Jamie Foxx (Django), Christoph Waltz (le docteur King Schultz), Leonardo DiCaprio (Calvin Candie), Kerry Washington (Broomhilda), Samuel L. Jackson (Stephen) (2h44). (Grands adolescents) Sortie le 16 janvier 2013.

Lullaby to my fatherLe cinéaste israélien Amos Gitaï rend un bel hommage à son père, Munio, né en Silésie, qui fut formé par les architectes du Bauhaus, avant de fuir les nazis pour se réfugier en Israël.] Pour cet hommage, le cinéaste a choisi une forme documentaire originale qu’il définit ainsi : « Le film entrelace événements historiques et souvenirs intimes. J’observe la façon dont l’architec-ture représente les transformations de la société et ceux qui donnent forme à cette architecture ». Le résultat est un beau film, original et parfaitement maîtrisé, qui mêle témoignages, lettres, voix off et scènes reconstituées. Mais il risque d’être peu accessible pour le grand public. Bien que parfois trop distancié, cet hommage à un père et à un mouvement artistique est émouvant.

M.-C. R.A.

Documentaire israélo-fran-co-suisse (2012) de Amos Gitaï, avec Yaël Abecassis (Efratia), Ran Danker (Munio), et dans leur propre rôle Ben Gitaï, Keren Gitaï, Asi Dayan,

Rivka Gitaï, Amos Gitaï, et avec les voix de Jeanne Moreau, Jérôme Koenig, Samuel Fuller (1h30). (Grands adolescents) Sortie le 16 janvier 2013.

Aujourd’huiÀ Dakar, Satché, qui a été « choisi » par les esprits pour mourir, vit sa dernière journée. Original et poétique, ce film d’Alain Gomis est une étrange balade à travers la dernière journée d’un jeune homme. On ne saura jamais pourquoi il a été « choisi », mais qu’importe ! on suit son parcours à travers la vie (premier amour, amis, épouse, etc.). C’est beau, mais hermétique. Ce film original met chacun face à sa propre mort et permet de regarder sa vie passée avec détachement... à condition de parvenir à entrer dans cette belle œuvre.

M.-C. R.A.

Comédie dramatique franco-séné-galaise (2012) de Alain Gomis, avec Saul Williams (Satché), Aïsa Maïga (Nella), Djolof Mbengue (Sélé), Anisia Uzeyman (Rama) (1h28). (Grands adolescents) Sortie le 9 janvier 2013.

CINÉMA

Quentin Tarantino revisiteavec brio le western spaghetti.

Un superbe westernpar Alexandre LAngLADe

Une épopée grandiose portée par un casting impérial

(

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DjANgo UNChAINeD

Un prince (presque) charmantToujours pressé et arrogant, Jean-Marc n’a jamais eu le temps de s’occuper de sa fille Marie. Mais celle-ci va se marier, et il doit se rendre dans le Midi.] Ce road-movie, qui voit un héros odieux se trans-former au contact d’une ravissante jeune femme dont il tombe amoureux, n’est pas très original. Mais ce qui devait être une comédie sans surprise se révèle une œuvre

charmante, surtout grâce à son interprétation. Vincent Perez est épatant en cynique surpris par l’amour, et Vahina Giocante remplit son rôle de révélateur à la perfection. ] Il y a, dans cette comédie sympathique et bon enfant, quelques réflexions intéres-santes sur les conséquences dramatiques d’un divorce sur les enfants.Comédie française (2012) de Philippe Lellouche, avec Vincent Perez (Jean-Marc), Vahina Giocante (Marie), Jacques Weber (Charles Lavantin), Jérôme Kircher (Bertrand) (1h28). (Grands adolescents) Sortie le 9 janvier 2013.

Marie-Christine RenAud d’AndRé

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Comme art appliqué, le stuc a été beau-coup moins étudié que la peinture, la sculpture ou l’architecture. L’ouvrage édité par le Seuil, le premier à présenter une histoire quasi exhaustive du stuc

en Europe, vient à point nommé. à partir d’un texte d’Alessandra Zamperini, traduit de l’ita-lien par Jérôme Nicolas, et de photos de Lucas

Sassi, le lecteur découvre que le stuc voit le jour dans l’égypte ancienne. Pour la technique, il s’agit d’un enduit teinté dans la masse, à base de chaux, utilisé pour recouvrir murs et plafonds, à l’intérieur comme à l’extérieur. Dès l’Antiquité, il fit l’objet de phases importantes d’ex-pression polychrome. La

découverte de la Domus aurea à Rome, au XVIe siècle, fit son succès à la Renaissance, notamment dans les Loges du Vatican de Raphaël, ou au châ-teau de Fontainebleau, sous François Ier.

Alessandra Zamperini, historienne de l’art, est professeur à l’université de Vérone, en charge des thématiques relatives à l’art antique, à la Renaissance et au XVIIe siècle. Son texte, qui entre parfois dans la technique avec une grande préci-sion, reste accessible à tous. Il constitue surtout une belle leçon d’histoire de l’art. Lucas Sassi, photographe et éditeur d’ouvrages d’art, nous livre des photographies qui permettent d’admirer des détails difficilement accessibles. Elles sont si belles qu'on est d'ailleurs parfois déçus quand on a la chance d'aller sur certains des lieux évoqués...

L’origine du mot « stuc » est incertaine. Il ne vient ni du grec, ni du latin, mais probablement d’une racine lombarde « stukki » qui renvoie à des notions comme « croûte, revêtement et enduit ». En dialecte vénitien, le verbe « stucar » signifie

« presser, serrer ». Sa première application qui consiste à revêtir, avec une sorte d’enduit, des surfaces irrégulières a ensuite évolué vers des notions ornementales, d’abord élémentaires, puis de plus en plus complexes.

En égypte, sous l’Ancien Empire, à partir de la IIIe dynastie (2650–2600 av. J.-C.), les chambres funéraires des pyramides et des mastabas présen-tent des enduits en stuc de plâtre servant de base pour les peintures. Le royaume des pharaons n’est pas le seul à se montrer réceptif à la dimension ornementale du stuc : on en a découvert dans le palais royal de Cnossos. Vitruve mentionne le stuc dans son De Architectura (29–33 av. J.-C.) et Pline l’Ancien l’évoque dans sa Naturalis Historia (interrompue en 79 ap. J.-C., lors de l’éruption du Vésuve). La fonction de revêtement est cou-rante dans le monde antique. Selon l’historien Tite live (59 av.–17 ap. J.-C.) le consul Marcus Emilius Lépide fait enduire de stuc le temple de Jupiter Capitolin à Rome. Après l’Antiquité, c’est à

LIVRES

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hIStoIRE dE L’aRt

Les stucs,chefs d’œuvre méconnus

Les éditions du Seuil proposent un extraordinaire album sur un sujet peu étudié : les stucs.

Une belle leçon d’histoire de l’art

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Ravenne qu’il faut aller pour observer le lien que le stuc entretient avec l’architecture, la peinture, les mosaïques et les marbres. La décoration du stuc interagit avec d’autres médiums. De l’autre côté de l’Adriatique, on le retrouve dans la basi-lique euphrasienne de Porec (du nom de l’évêque Euphrasius) ou à Pula, dans l’actuelle Croatie, dans la basilique Santa Maria Formosa. Le stuc est particulièrement employé dans le mobilier des églises. Le ciborium de Saint-Ambroise à Milan en est un exemple éloquent. Certains auteurs en attribuent la construction à la commande de Gottfried, évêque de 974 à 979.

Au Quattrocento, le stuc n’est plus seulement considéré comme un matériau de substitution de la terre cuite ou de la pierre, mais comme l’un des signes de la renaissance d’une technique ancienne et de la redécouverte de l’art classique. Raphaël, dans les Loges du Vatican, utilise les stucs sur les colonnes et les cadres entre les scènes bibliques des voûtes. à Fontainebleau, la galerie François Ier inaugure pour le stuc une orientation distincte de la tradition romaine. Primatice réalise en stuc des sculptures en ronde-bosse et des bas-reliefs. Le XVIIe siècle privilégie l’aspect spectaculaire des stucs en jouant sur leur interaction avec l’archi-tecture, la sculpture en bronze et en marbre, la peinture à fresque ou sur bois.

Après le baroque, le lexique rocaille s’im-pose : coquilles, fleurs, courbes… appartiennent à ce nouveau langage. Une simplification ouvre ensuite la voie au néo-classicisme. La sinuo-sité s’efface au profit d’une linéarité inspirée par la culture classique. Cette dernière est remise au goût du jour par une série de découvertes archéologiques : Herculanum en 1738 et Pompéi en 1748. Au XIXe siècle, avec le développement industriel, le stuc perd du terrain. Il déserte les bâtiments publics, mais trouve un emploi dans des contextes privés, par exemple pour orner des façades d’immeubles souvent standardisés. Si on le retrouve dans les décorations de la Gare d’Or-say, à Paris, c’est parce que celle-ci est réservée aux locomotives électriques qui ne risquent pas d’endommager les ornementations… n

par Alain solAri

Les stucs, chefs d’œuvre méconnus de l’histoire de l’art, par Alessandra Zamperini, traduit de l’italien par Jérôme Nicolas. éditions du Seuil, 2012, collection « Beaux livres ». Relié sous jaquette, 352 pages, 100 e.

Les stucs,chefs d’œuvre méconnus

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«Si la place singulière des jeux de parcours et de hasard dans les mondes antique et médiéval est bien connue dans la littérature, la question de leurs origines et

de leurs modes de diffusion est restée relati-vement inédite dans le champ des expositions. C’est pourquoi le musée de Cluny se propose, pour la première fois à Paris, d’évoquer certains de ces jeux parmi les plus pres-tigieux, depuis leur invention à la plus haute Antiquité jusqu’à l’entrée dans les temps modernes »*. Réunissant plus de 250 pièces, le musée présente dans le frigida-rium des thermes de Lutèce un ensemble d’objets précieux issus de grandes collec-tions internationales : jeux du serpent, du palmier, senet, trictrac, échecs, tarots, dés et osselets – deux éléments clefs des jeux de parcours – côtoient des représentations de joueurs sur des pièces archéologiques et sur des manuscrits.

La pratique des jeux de parcours, qui com-portent de nombreuses variantes, est l’une des plus anciennes de l’humanité. On suppose, sans

certitude, que l’origine des jeux de plateaux se situe dans le Croissant fertile, au VIIIe millénaire avant notre ère. En égypte, dès les premières dynasties, le mehen, un jeu de poursuite dit « du serpent », naît à l’époque pré-dynastique (IVe mil-lénaire av. J.-C.). Il côtoie le jeu de senet, compo-sé de 30 cases. Ce dernier était peut-être encore pratiqué à l’époque romaine. Le plateau de mehen en calcaire (3100–2700 av. J.-C.) exposé au musée de Cluny provient du British Museum, tandis qu’une boîte de jeu de senet au nom d’Aménophis III (vers 1750 av. J.-C.) a fait l’objet d’un prêt du Brooklyn Museum de New York. Le jeu royal d’Ur (Irak, 2600 – 2400 av. J.-C.) également présenté se compose de bois, de coquillages, de lapis-lazuli et de calcaire. C’est un jeu de 20 cases, apparu simultanément au Seistan (Iran) et en Mésopotamie. Probablement importé de la vallée de l’Indus, il fut diffusé jusqu’à celle du Nil. Unique exemplaire retrouvé avec ses 10 fiches, le jeu du chien et du cha-cal, ainsi nommé à cause de ses fiches de jeu zoomorphes (Thèbes, Moyen Empire, vers 1800 avant J.-C.), est un jeu de 58 trous provenant du Metropolitan Museum. Apparu en égypte à la fin du troisième millénaire, ce jeu connut un vif

succès au Moyen et au Nouvel Empire avant de disparaître.

Alors qu’en égypte et au Proche-Orient le hasard préside au déplacement des pions, Grecs et Romains pré-fèrent les jeux de stratégie, comme celui dit des 12 signes dont dérive le jeu

des tables. à par-tir de 1500, une des

variantes du jeu des tables prend le nom de trictrac, peut-être en raison du

bruit des dés jetés sur le plateau de bois. Le trictrac se mue

en backgammon au XIXe siècle.

expoSitionS

par Alain solAri

MuSée de Cluny

Art du jeu, jeu dans l’artde Babylone à l’occident médiéval

Le musée de Cluny présente une exposition consacrée aux jeux de hasard et de stratégie, de l’Antiquité au Moyen Âge.

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Plateau de mehen,égypte,

3100-2700 av. J.-C.Calcaire.

Jeu du chien et du chacal.Thèbes (égypte),

1810 – 1700 avant J.-C.Ivoire, ébène.

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Quant au jeu d’échecs, né en Inde aux Ve-VIe siècles, il évoquait à l’origine les différents corps d’une armée commandée par un prince. De la Perse, il passe aux Arabes avant de parvenir en Europe vers la fin du Xe siècle. Présenté au musée de Cluny, le précieux échiquier dit de Saint-Louis (cristal de roche, argent, bronze…) était présent dans les inventaires des collections de Gabrielle d’Estrées et de Louis XIV. Il a été réalisé au XVe siècle, en Allemagne pour le plateau et en france pour les pièces. Modifié au fil des siècles, la tradition selon laquelle il aurait appartenu à Saint Louis est certainement erronée. Dès le Moyen Âge, la part du jeu dans les loisirs des princes est attestée par les inventaires des bibliothèques royales. Dernier arrivé en Europe, le jeu de cartes connaît un succès rapide à la fin du XIVe siècle. Le premier texte qui le mentionne, en Brabant, date de 1379.

Sur un missel exécuté pour Clé-ment VII, on peut observer les soldats pariant le vêtement du Christ. Cette ico-nographie condamne la pratique des jeux de hasard. Au Moyen Âge, ils sont assimilés à des pratiques débauchées. Vers 1315, le moine dominicain Jacques de Cessole rédige le pre-mier traité en latin de règles d’échec établies sans recours aux dés. Au début du XIIIe siècle, Innocent III édicte une règle interdisant l’usage des jeux dans les églises puis aux clercs. En 1254, Saint Louis prohibe l’usage et la fabrica-tion des dés. En 1369, Charles V renouvelle l’in-terdiction des jeux de dés et de table. En 1423, à Bologne, Bernardin de Sienne invite les fidèles à brûler leurs cartes à jouer. Ces interdits furent très largement transgressés, puisqu’ils furent régulièrement renouvelés… «  si  l’on  consi-dère  que  le  jeu  est  une  activité  humaine fondamentale,  il  est  probable  que  celle-ci remonte  au  moment  où  l’homme  est  deve-nu  homme  »**. Les jeux se répandent dans toutes les cultures, par-delà les langues, les lois et les religions. à quel besoin fondamental cette activité enracinée chez l’homme répond-elle ? n

* Isabelle Bardiès-Fronty, conser-vateur en chef au musée de Cluny, et Anne-Elizabeth Dunn-Vaturi, Metropolitan museum of Art de New York, commissaires de l’ex-position.** Irving Finkel.

« Art du jeu, jeu dans l’art – De Babylone à l’Occident médiéval », au Musée de Cluny, musée national du Moyen-Âge, 6, place Paul Pain-levé, 75005 Paris. Jusqu’au 4 mars, tous les jours (9h15-17h45), sauf le mardi. Tél. : 01.53.73.78.16. www.musee-moyenage.fr

Art du jeu, jeu dans l’artde Babylone à l’occident médiéval

Huit pièces d’échecsde l’île de Lewis,

Scandinavie, milieu du xIIe siècle.Ivoire de morse et dents de baleine.

Amphoreattribuée au Peintre de Lysippidès,

Athènes, vers 530 av. J.-C.Terre cuite.

Boîte de jeu de senet au nom d'Aménophis III,

égypte, vers 1750 av. J.-C.Ossature en bois, placage en faïence.

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théâtre « Le repas des fauves »

dans la France occupée, un couple pari-sien invite cinq amis à l'anniversaire de la maîtresse de maison. Pour la circonstance, chacun s'est procuré au marché noir de quoi festoyer. La fête

bat son plein, émaillée de petites remarques aigres-douces, lorsqu'au pied de l'immeuble deux soldats allemands sont abattus. Les SS arrivent et prennent deux otages par apparte-ment. Comme le chef de l'expédition punitive se fournit en littérature dans la librairie du maître des lieux et qu'il s'agit d'une fête, il offre aux convives de finir tranquillement leur repas et de désigner eux-mêmes les otages qui lui seront livrés.

Une des richesses de cette pièce réside dans le fait qu'on n'y trouve nul manichéisme. Car les psychologies sont fouillées et réalistes. Au point de rappeler la réflexion d'un hôtelier vichys-sois, enfant lors de l'Occupation et qui disait qu'à l'époque la société ressemblait au « chau-dron  du  diable », l'établissement de son oncle accueillant alors la Milice au premier étage – avec une chambre réservée à un parent résistant – les Allemands au second et des Juifs sous les toits. Dans la pièce aussi, chacun fait tour à tour montre de lâcheté et de courage, d'illusion et de lucidité, de langue de bois et de franchise. Même celui qui interprète le rôle d’une authentique ordure révèle à l'occasion son désir éperdu de relation humaine et d'amitié. Quant à l'officier allemand, il est décrit comme un dialecticien fin et intelligent, mais mettant ses qualités au service d'une cruauté mentale (le rapprochement est-il permis avec le général Aussaresses citant Cicéron dans le texte lors de son procès ?).

Chacun cherche d'abord à trouver une solu-tion qui les sauve collectivement. On assiste à un mélange de compromission acceptée avec l'ennemi et de dévouement. Mais ces plans échouent. Le combat devient alors de plus en plus individuel, sans toutefois que chacun devienne un pur égoïste. Amour et trahison viennent à se mélanger. Les limites de chaque personnage se révèlent. Et même si on devine à mi-pièce qui seront les otages désignés, le sus-pense est parfaitement entretenu et un rebon-dissement final rend caduques les prévisions qu'on avait pu faire.

Les projections de dessins animés en noir et blanc ne ternissent aucunement un décor d'une fidélité parfaite à l'époque. n

Le résultat du « Repas des fauves » serala mort de plusieurs amitiés. Car il aura misà nu des personnalités finalement assezdifférentes. Ce moment de vérité est magistralement mis en scène et interprété.

par Pierre François

amitiésdissolues

Le Repas des fauves, — reprise d'un spec-tacle qui a obtenu trois Molières en 2011 (meilleure pièce du théâtre privé, mise en scène et adaptation) — d'après l'œuvre de Vané Katcha. Avec Cyril Aubin, Olivier Bouana, Jacques Bouanich ou Pascal Casanova, Stéphanie Hédin… au Théâtre Michel, 38, rue des Mathurins, 75008 Paris. Tél. : 01.42.65.35.02.

Shakespeare revisitéRoméo et Juliette, la version interdite est une adaptation humoristique du chef-d’œuvre de Shakespeare. Elle a le mérite de se suffire à elle-même. Cette pièce ne procède pas par allusions à sa source d'inspiration, elle en reprend la trame et en déforme le pro-pos pour le rendre conforme à l'esprit des Monthy Python. Ceux qui se souviennent de 5 filles couleur pêche, qui a connu le succès à Avignon deux années durant et a fait une longue tournée verront d'emblée la parenté qu'il y a entre ce triomphe et l'actuelle

pièce de la troupe.Les carambolages sont permanents : costumes d'époque et vocabulaire contemporain, renvoi à l'image d’Épinal pour mieux la trahir, allusions à des œuvres célèbres – comme La Belle au bois dormant – mais sans rapport avec l'histoire. C'est un franc divertissement ! Juliette est capable de passer

d'une attitude extatique au sadisme d'une sorcière entre le début et la fin de sa descrip-tion du mari idéal. Quant à Roméo, il n'est pas capable de grand-chose à part avoir peur de tout et recevoir la flèche de Cupidon dans le fondement. Tous sont perpétuellement au bord de la crise de nerf. Logique : l'intention des auteurs est de prêter aux person-nages de Shakespeare la psychologie et les névroses de nos contemporains. n

Roméo et Juliette, la version interdite, de et mis en scène par Hubert Benhamdine d'après Shakespeare. Avec Hubert Benhamdine ou Charles Templon, Delphine Hermann ou Angèle Humeau, Julien Cigana ou Nicolas Fantoli, Nicolas Devort ou Teddy Melis, Laure Sardinou Clotilde Daniault. Au Point virgule, 7, rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie, 75004 Paris.Tél. : 01.42.78.67.03, les samedis et dimanches (16h) jusqu'à fin mars.

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Depuis quelque temps France 3 se spécialise dans les documentaires historiques, de société ou, tout

simplement, profondément humains. C’est le cas avec cette œuvre remar-quable qui étudie la gémellité.

Depuis toujours, les jumeaux fasci-nent car ils entretiennent, l’un avec l’autre, un lien mystérieux qui passionne les médecins, les chercheurs et les psy–chologues. Nils Tavernier, à qui l’on doit la superbe Odyssée de la vie, a utilisé la même approche, mê lant habilement images en 3D, réalisées sous la direction scientifique d’Axel Kahn, et té moignages de ju meaux de toutes générations. « La fabuleuse machine de la vie se met en marche... », tel est le com men taire introduisant les images

superbes, qui reconstituent en 3D les premiers instants de la vie intra-utérine de jumeaux. Et l’on ne se lasse pas de voir évoluer ces deux fœtus, qui sem blent danser tendrement dans le ventre de leur mère. Puis, on suit la grossesse de Sarah, qui découvre avec nous ce que sont des jumeaux. Enfin, de nombreux jumeaux, de tous les âges et de toutes les conditions, parlent de ce qu’est leur vie avec leur « clone ».

C’est très émouvant d’entendre les uns et les autres dire qu’ils ne savent pas ce qu’est la solitude et affirmer « être nous, avant d’être je ». Et même s’il y a souvent un dominant et un

dominé, tous clament leur bonheur de vivre à deux (ou le malheur affreux d’avoir perdu son alter ego). Comme le dit le commentaire, les vrais jumeaux détiennent une part de la réponse sur le débat entre inné et acquis. ■

Documentaire français (2009) de Nils Tavernier, Marie-Noëlle Imbert et Jésus Castro Ortega, sous la direction scientifique d’Axel Kahn et avec les conseillers scienti-fiques : les docteurs Jean-Marc Levaillant, Bénédicte Gérard et Marie-Victoire Senat (1h35). Diffusion le lundi 21 janvier, sur France 3, à 20h45.

Rouge Brésil

Au XVIe siècle, Just et Colombe, qui se fait passer pour un garçon, s’embarquent pour le Brésil, lors d’une expédition qui doit permettre à la France d’y créer une colonie.] Il en fallait de l’audace pour produire cette adaptation du beau roman de Jean-Christophe Rufin, en faisant travailler autant de gens de nationalités différentes. Si les paysages sont magnifiques, cette belle histoire manque un peu de rythme et de souffle. Mais l’interprétation est excellente.] La belle figure de l’amiral est un peu écornée dans la seconde partie. Mais la foi profonde de ces colons est bien soulignée. Des violences et une tentative de viol. Téléfilm franco-brésilo-canadien (2012) de Sylvain Archam bault, d’après Jean-Christophe Rufin, avec Stellan Skar sgard (Villega-gnon), Joaquim de Almeida (João da Silva), Théo Frilet (Just), Juliette Lamboley (Colombe/Colin) (1h28 et 1h41) 2. Diffusion les mardi 22 et mercredi 23 janvier, sur France 2, à 20h45.

Erin Brockovich Divorcée, Erin Brockovich élève seule ses enfants. Avec cette histoire authentique, Steven Soderbergh offrait un rôle en or à Julia Roberts, et la caméra ne la quitte pas une minute, comme amoureuse de cette comé-dienne ravissante, énergique et drôle. L’histoire est classique, voire invraisemblable, même si elle est authentique, mais la présence de Julia Roberts lui confère une sorte d’électricité qui fait que le spectateur, magnétisé, la suit dans ses combats. Les dialogues sont brillants (et orduriers) et d’une drôlerie irrésistible.] Quel beau personnage de femme ! Elle n’a jamais eu de chance en amour, mais cela ne l’empêche pas d’élever, avec abné-gation, ses enfants et de s’accrocher à son travail. Seul point noir au tableau : elle jure comme un charretier. Mais elle est si drôle !Comédie dramatique (2000) de Steven Soderbergh, avec Julia Roberts (Erin Brockovich), Albert Finney (Ed Masry), Aaron Eckhart (George) (2h06). Diffusion le dimanche 20 janvier, sur France 2, à 20h45.

TÉLÉVISION

La face cachée de HiroshimaPour réussir à mettre au point la bombe atomique, les Américains ont eu besoin de l’al-liance des scientifiques, des politiques, des militaires, mais aussi des médecins. ] Ce documentaire passionnant et très bien fait étudie, en différents chapitres, l’histoire cachée de la bombe atomique, depuis les années précédant la guerre, jusqu’après le largage de la bombe sur Hiroshima. Ce réquisi-

toire, sans contrepartie, est parfois un peu exagéré, et l’argument politique (assurer la suprématie américaine sur le monde) n’exclut pas l’argument militaire jusque-là avancé (la bombe a été lancée sur le Japon pour forcer celui-ci à capituler). Mais les expériences sur des cobayes humains (human product) qui ont suivi sont choquantes, tout comme l’est la désinformation sur les effets dévastateurs de la bombe.Documentaire français (2011) de Kenichi Watnabe (1h30). Diffusion le lundi 21 janvier, sur France 3, à 22h50.

Sarah et Olivier, déjà parents de deux enfants, rêvent d’un petit troisième. Ils apprennent qu’ils en attendent deux d’un coup.

Le mystère des jumeauxpar Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ

Entendre les uns et les autres dire qu’ils ne savent pas ce qu’est la solitude(

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TF120.50 Samedi soir, on chante Goldman. Divertissement présenté par Estelle Denis, avec Jean-Jacques Goldman, Alizée, Chimène Badi, Amel Bent, Corneille, Sofia Essaïdi, Lorie, Mickael Miro, Emmanuel Moire, Florent Mothe, M. Pokora, Shym, Natacha St Pier, Johnny Hallyday, Jenifer, Patricia Kaas, Pascal Obispo, Florent Pagny, Kha-led, Hélène Ségara, etc.23.25 Les experts. Série avec Marg Helgenberger 2.France 220.45 …à la française ! Théâtre de et avec Édouard Baer, et avec Alka Balbir, Leïla Bekhti, Patrick Boshart, Lionel Abelanski (2h). En direct du Théâtre Marigny.22.50 On n’est pas couché. Magazine présenté par Laurent Ruquier.France 320.45 Commissaire Magellan «Le manoir maudit» GA. Téléfilm avec Jacques Spiesser, Moon Dailly, Lud-mila Mikaël, Mélanie Maudran. __] Pas mal, mais inégal.22.20 Bienvenue à Bouchon GA. Téléfilm avec Francis Perrin, Yvan Le Bolloc’h, Élodie Frenck. _] Consternant de bêtise.00.20 Appassionata «Le tour d’écrou». Opéra de B. Britten.Arte20.45 L’aventure humaine «Münch-hausen : Le baron du mensonge» J. __ Intéressant et plein de fantaisie.21.40 L’aventure humaine «La ruée vers l’os». Documentaire.22.35 The Nomi song. M620.50 Once upon a time : «La pro-messe de Pinocchio», «La pomme empoisonnée», «Le véritable amour», «Le cœur du chasseur». Série avec Jennifer Morrison 2.Canal +

20.55 Sécurité rapprochée GA. Thriller (2012) de Daniel Espinosa, avec Denzel Washington, Ryan Reynolds (1h50) 3. __] Excel-lent, mais assez violent.KTO20.40 VIP «Alexandre Romanes». 21.45 Q.C.M. «Quiz du chrétien en marche». Divertissement.22.15 Concert «Mozart, grande messe en ut mineur».

TF120.50 Le jour d’après J. Science-fiction (2004) de Roland Emme-rich, avec Dennis Quaid, Jake Gyl-lenhaal (1h59) 2. ___ Des images stupéfiantes et poétiques.23.05 Les experts, Manhattan 2.France 2

20.45 Erin Brockovich GA. Comé-die (2000) de S. Soderbergh, avec Julia Roberts, Albert Finney (2h06). (voir notre analyse page 35)22.55 Non élucidé «L’affaire Picard-Creton». Magazine.France 320.45 Jackson Brodie, détective privé (1 et 2/6) «La souris bleue» A/Ø. Série avec Jason Isaacs 3. __]] Efficace et bien mené, mais affreux et avec des scènes érotiques.22.55 Inspecteur Gently «Un lieu de perdition» GA. Série avec Mar-tin Shaw 2. __] C’est prenant, mais les défenseurs de la vie ne sont pas gâtés.00.25 La banque Nemo. Comédie en NB (1935) de Marguerite Viel, avec Victor Boucher (1h20).Arte20.45 Témoin à charge GA. Poli-cier en NB (1957) de Billy Wilder, avec Charles Laughton, Tyrone Power, Marlene Dietrich (1h55). ___ Très brillant.22.40 Un amour impossible «Mar–lene Dietrich et Jean Gabin» GA. __] Émouvant, mais amoral.23.35 Broadway, l’exil et le secret. Documentaire.M620.50 Capital «La crise ? Eux, ils l’adorent !». Magazine.23.00 Enquête exclusive «Polices municipales : Les nouvelles forces de l’ordre». Magazine.00.20 Zemmour et Naulleau. Canal +21.00 Football «Bordeaux/PSG».KTO20.40 La foi prise au mot «L’uni-té», avec le père Richard Escudier et le pasteur F. Fleinert-Jensen.21.40 Haïti «Le pays du dehors». 22.35 Les Mardis des Bernardins.

TF120.50 Doc Martin (1 et 2/6) : «L’amour dans l’œuf», «La grande épidémie». Série avec Thierry Lher-mitte, Natalia Dontcheva, Doudi.22.35 New York, unité spéciale. Série avec Christopher Meloni 3.01.00 Au Field de la nuit. Maga-

zine de Michel Field, avec David Foenkinos, Catherine Locandro, P. Besson, Emma-nuelle Devos, Idit Cebula.France 220.45 Castle : «47

secondes», «Un homme en colère», «Quitte ou double». Série avec Nathan Fillion, Stana Katic. __ Excellent et amusant.22.55 Mots croisés. Magazine présenté par Yves Calvi.France 320.45 Le mystère des jumeaux J. (voir notre analyse page 35)22.50 La face cachée de Hiroshi-ma J. (voir notre analyse page 35)Arte

20.50 La vie des autres A/Ø. Drame en VO (2006) de F. Henckel von Donnersmarck, avec Ulrich Mühe (2h08). ___]] Un film magnifique et poignant, mais des images peu discrètes.23.00 Bonjour tristesse GA. Dra–me en NB et VO (1957) de O. Pre-minger, d’après Françoise Sagan, avec Deborah Kerr, David Niven, Jean Seberg (1h33). ___ Une superbe adaptation, mais des per-sonnages amoraux.M620.50 Sister act J. Comédie (1992) de Emile Ardolino, avec Whoopi Goldberg, Maggie Smith (1h36). __] Une comédie pleine d’en-train, mais un peu lourde.22.40 Sister act 2 J. Comédie (1993) de Bill Duke, avec Whoopi Goldberg (1h43). _ Une comédie mineure, mais pleine de gentillesse.Canal +20.55 Le vol des cigognes (1/2) A/Ø. Téléfilm d’après J.-C. Grangé, avec Harry Treadaway (1h32) 3. _]] Moyen, avec une scène érotique et une autre pénible.KTO20.40 Frère Sylvestre, saint et sorcier. Documentaire.21.45 Un cœur qui écoute «Franco Gedda».22.30 Terra Santa news.

TF120.50 Dr. House : «De confessions en confessions», «Les papas flin-gueurs 2», «Comme dans un livre» GA. Série avec Hugh Laurie, Robert Sean Leonard. __ Amusant et bien mené.23.20 24 heures aux urgences (2/6) «Accidents en série». France 220.45 Rouge Brésil (1/2) GA. Télé-film d’après Jean-Christophe Rufin, avec Théo Frilet, Juliette Lamboley, Stellan Skarsgard (1h28) 2. (voir notre analyse page 35)22.15 Infrarouge : «Parloirs», «Années 80 : Les cabossées». Docu-mentaires.00.55 Gueule d’amour GA. Drame en NB (1937) de Jean Gremillon, avec Jean Gabin, Mireille Balin (1h30). __] Pas mal, mais le film est désespéré et il a vieilli.France 320.45 Après vous… GA. Comédie (2003) de Pierre Salvadori, avec Daniel Auteuil, José Garcia, San-drine Kiberlain, Marilyne Canto (1h46). __] Une comédie légère, grave et subtile, mais un contexte de licence des mœurs.23.00 Ce soir (ou jamais). Maga-zine présenté par Frédéric Taddeï.ArteJournée spéciale traité de l’Élysée

21.05 De Gaulle et Adenauer «Une amitié franco-allemande» J. (voir notre analyse ci-contre)22.00 Le long chemin vers l’ami-tié «En route vers le traité de l’Ély-sée». Documentaire.23.10 Élysée 63, le show. Théâtre de Die Redner, avec Oliver Strauch, Florian Penner et Claas Willeke.M620.50 Recherche appartement ou maison. Magazine présenté par Stéphane Plaza.Canal +20.55 The lady GA. Biographie (2011) de Luc Besson, avec Michelle Yeoh, David Thewlis (2h07) 2. __ Un beau portrait d’Aung San Suu Kyi.KTO20.40 Les Mardis des Bernardins. 21.45 L’orthodoxie, ici et mainte-nant. Magazine de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France.22.25 VIP «Alexandre Romanes».

Samedi 19 janvier Dimanche 20 janvier Lundi 21 janvier Mardi 22 janvier

téLéviSion

36 FRANCECatholique n°3336 18 janvier 2013

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08h30 Émissions religieuses : «Sagesses bouddhistes», «Islam», «Judaïca» - 10h30 Matinée œcuménique : «Orthodoxie», «Chrétiens orientaux», «Présence pro-testante», «Le jour du Seigneur» - 10h45 Célébration œcuménique en l’abbatiale Saint-Victor, à Marseille.

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sur ArteMardi 22 janvier à 21h05De Gaulle et Adenauer JComment deux hommes que tout séparait ont-il pu se comprendre jusqu’à signer le traité de l’Élysée ?__ Il s’agit plus de la biographie rapide des deux hommes que de l’amitié franco-allemande. Le réa-lisateur montre dans quel contex te de haine ils sont nés, comment ils ont été marqués par les deux guerres. Néanmoins, malgré leurs divergences, la même foi (catho-lique), la même origine sociale (la bourgeoisie), le même amour des lettres leur ont permis de s’estimer. Magnifique !

TF120.50 Unforgettable : «Voix de femme», «Démasqués», «Jeu de construction». Série avec Poppy Montgomery, Dylan Walsh 2.23.10 Chase. Série avec Kelli Gid-dish 2.France 220.45 Rouge Brésil (2/2) GA. Télé-film d’après Jean-Christophe Rufin, avec Théo Frilet, Juliette Lamboley, Stellan Skarsgard, Joaquim de Almeida, S. Stévenin (1h41) 2. (voir notre analyse page 35)22.30 La parenthèse inattendue. Magazine présenté par Frédéric Lopez, avec Danièle Évenou, Kev Adams, Franck Provost.France 320.45 Football «Coupe de France : PSG/Toulouse (16e de finale)».23.25 L’ombre d’un doute «Robes-pierre : Bourreau de la Vendée ?». Magazine présenté par Franck Ferrand 2.Arte

20.50 Il y a longtemps que je t’aime GA. Drame (2007) de Phi-lippe Claudel, avec Kristin Scott Thomas, Elsa Zylberstein, Serge Hazanavicius, Laurent Grevill, Fré-déric Pierrot (1h52). ___ Cette œuvre, au sujet difficile, séduit par la subtilité des dialogues, des situations et par le jeu des acteurs.22.45 Walter Benjamin «Des his-toires d’amitié». Documentaire.23.40 Ma réincarnation. Docu-mentaire.M620.50 Cauchemar en cuisine «Corte». Magazine présenté par Philippe Etchebest.22.25 Cauchemar en cuisine «Que sont-ils devenus ? (1/2)». Magazine.Canal +20.55 Et si on vivait tous ensemble ? A/Ø. Comédie (2011) de Stéphane Robelin, avec Guy Bedos, Jane Fonda, Geraldine Cha-plin, Pierre Richard, Claude Rich (1h32) 2. _]] Une comédie laborieuse, avec des dialogues crus et des images complaisantes.KTO20.40 Taizé, l’impensable récon-ciliation. Documentaire sur le par-cours de frère Roger.21.45 Églises du monde «Inde». 22.25 Audience générale.

TF120.50 Koh-Lanta. Divertissement présenté par Denis Brogniart.22.40 En musique, tout est per-mis. Divertissement présenté par Arthur, avec Pascal Obispo, Shy’m, Alice Taglioni, Anthony Kavanagh, Nikos Aliagas, Virginie Hocq, Arnaud Ducret.France 2

20.50 Dame de pique GA. Téléfilm avec Thierry Godard, Muriel Com-beau, Charley Fouquet, Micky Sebastian, Clara Ponsot, Valérie Decobert Koretzky, Jean-Toussaint Bernard, Sophie-Charlotte Husson (1h43) 2. __] Cet épisode est prenant, mais pas toujours vrai-semblable.22.30 Concert unique «Laurent Voulzy». Concert en l’église Saint-Eustache.France 320.45 Faut pas rêver «Le grand sud américain». Magazine présenté par Tania Young.23.05 Enquêtes de régions. Magazine.Arte20.50 Harcèlement A/Ø. Téléfilm avec Susanne Wolff, Tobias Moret-ti, Andreas Lust, Bettina Mitten-dorfer (1h29). _]] Il y a beau-coup trop de longueurs dans ce téléfilm, ainsi qu’une scène très suggestive.22.20 Elle ne pleure pas, elle chante A. Téléfilm avec Erika Sainte, Laurent Capelluto, Marijke Pinoy (1h18). __] Ce face-à-face entre une fille et son père incestueux plongé dans le coma est poignant, mais affreux. Cepen-dant, il y a plusieurs scènes très émouvantes.23.40 Court-Circuit.M620.50 NCIS, enquêtes spéciales : «Le chemin de la guérison», «Haute trahison», «Agent embarqué», «Semper Fi». Série avec Mark Har-mon 2.Canal +20.55 Rugby «Toulouse/Biarritz».KTO20.40 L’esprit des lettres. Maga-zine.22.25 La vie des diocèses «Mgr François Garnier - Cambrai».22.50 Frère Sylvestre, saint et sorcier. Documentaire.

TF120.50 RIS police scientifique : «Le revenant», «Le temps qu’il nous reste», «Boomerang». Série avec Michel Voïta, Anne-Charlotte Pon-tabry, Stéphane Metzger 2.23.30 New York, section crimi-nelle. Série avec V. D’Onofrio 2.France 220.45 Des paroles et des actes «Arnaud Montebourg». Magazine présenté par David Pujadas.23.05 Grand public. Magazine.France 3

20.45 Le déshonneur d’Elizabeth Campbell A. Policier (1999) de S. West, avec John Travolta, Made-leine Stowe (1h56) 3. __] Pre-nant, mais il y a des personnages contestables.23.15 Payback A. Thriller (1998) de Brian Helgeland, avec Mel Gib-son, Gregg Henry (1h40) 4. __] Prenant, mais très violent.Arte20.50 Retour à Whitechapel (5 et 6/6) GA. Série en VO avec Rupert Penry-Jones, Phil Davis. __ Excellent et bien mené.22.25 Du bébé au baiser (2/2) «De l’adolescent à l’adulte». 23.10 Une place au soleil «Les minutes de nos vies». M620.50 Millénium 3 «La reine dans le palais des courants d’air» A/Ø. Policier (2010) de Daniel Alfredson, d’après Stieg Larsson, avec Michael Nyqvist, Noomi Rapace (2h25) 3. __]] Nerveuse, crépusculaire et glaçante, cette histoire tient en haleine. Mais certaines scènes sont très dures et pénibles.23.20 Instincts meurtriers A/Ø. Policier (2003) de Philip Kaufman, avec Ashley Judd, Samuel L. Jack-son (1h33) 3. __]] Classique et bien mené, mais avec des scènes érotiques ou pénibles.Canal +20.55 Game of thrones (5 et 6/10) A/Ø. Série 3. __]] Excellent, mais affreux ou érotique.KTO20.40 Face aux chrétiens. Forum des médias chrétiens.21.45 À la source.22.30 Paraboles d’un curé de campagne «Pharisaïsme».22.45 Concert «Mozart, grande messe en ut mineur».

Mercredi 23 janvier Jeudi 24 janvier vendredi 25 janvier

T : ToutpublicJ : AdolescentsGA: GrandsadolescentsA : AdultesØ : Œuvre(ouscène)nocive_: Elémentpositif]: Elémentnégatif

Repères

téLéviSion

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RaDioSRadio Notre-DameLundi 21 au jeudi 24 janvier6h03, 7h03, 8h03, 17h57 et 21h : Écoutez la chronique de Gérard Leclerc.RCFSamedi 19 janvier16h Repères «Comment parler de Dieu aux enfants ?», avec Gene-viève de Taisne (psychanalyste).19h30 «Vatican II et la liturgie», avec Frédérique Poulet, Mgr Gérard Defois (archevêque émérite de Lille).23h Halte spirituelle, l’intégrale «Marie Noël, l’ardeur de la foi dans la poésie», avec Jeanne-Marie Baude (essayiste, universitaire).Dimanche 20 janvier19h30 Visages «Anne Sylvestre», (chanteuse).Lundi 21 janvier12h45 Halte spirituelle «Retrouver l’émerveillement», avec Bertrand Vergely (Philosophe). (1/5, tous les jours, à 12h45, 15h15 et 20h45.)16h «Le sens du service selon saint Ignace» (dans le cadre de l’année Dia-conia 2013), avec Sabine Laplane (Sœur de la Communauté Saint François-Xavier). (Également vend. 25, à 22h.)22h Repères «La méditation est-elle une mode ?», avec Fabrice Midal (écrivain, philosophe). (1/2) (Également jeudi 25, à 13h30.)Mardi 22 janvier22h Dialogue «Peut-on faire de sa vie une œuvre d’art ?», avec Jean-Noël Dumont (agrégé de philoso-phie). (Également jeudi 24, à 16h.)France CultureDimanche 20 janvier10h Messe «2e dimanche du temps ordinaire», depuis l’église Notre-Dame, 84 av. du Général de Gaulle, 94160 St-Mandé. Pré-dicateur : Père Jean-Luc Védrine.

Marie BIZIEN

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Paris✔ Une exposition-reportage « Birmanie ambiguë » [paysages et portraits sereins pour les pho-tos, observations et interroga-tions pour le texte. La Birmanie s'ouvre-t-elle réellement ? Les moines, boulets pour une socié-té déjà pauvre ou providence d'un peuple laissé sans instruc-tion ? Tentatives de réponses...], par Pierre François, a lieu jusqu'au 20 février, tous les jours (14h-18h), à l'Aktéon-théâtre, 11, rue du Général Blaise, 75011 Paris, ✆ 01.43.38.74.62. Entrée libre. www.akteon.fr.✔ Un cycle de 5 lundis (20h30-22h30) de formation bioéthique, est organisé, par l'Alliance VITA (BP 10267, 75424 Paris Cedex 9) les 28 janvier, 4, 11, 18 et 25 fé-vrier, pour tous, « Pour  com-prendre  les  enjeux  de  la  bioé-

thique  et  agir  au  service  de  la vie ».  Procréation  artificielle, recherche  sur  l’embryon,  avor-tement,  dépendance  et  f in de  vie,  euthanasie,  mariage et  adoption  entre  personnes de  même  sexe.  Intervenants : Docteur Xavier Mirabel, Tugdual Derville, Caroline Roux, Ségo-lène du Closel, Henri de Soos. à l'ASIEM, 6 rue Albert de Lappa rent, 75007 Paris. Tarifs : le cycle : 25 e, (10 e, étudiants). Rens./inscriptions (obligatoire) : ✆ 01.45.23.08.29 / [email protected]✔ La Communauté des Béati-tudes, Domaine de Burtin, 41600 Nouan-Le-Fuzelier, ✆ 02. 54.88.77.33 (mardi au samedi, 9h30-12h et 13h30-17h30), fax 02. 54.88.67.81, [email protected], propose du 1er au 3 février, un « parcours discerne-ment  jeunes », avec la commu-nauté, premier sur 4 week-ends : les suivants 8-10 mars, 19-21 avril, 24-26 mai. Faire  un  choix 

important,  discerner  une  voca-tion. Accompagnement  person-nalisé avec un frère ou une sœur ; et une récollection du 8 (19h) au 10 février (16h), avec le Père Tanguy-Marie Pouliquen, « Dieu seul  rend  libre ! »  Blessures  et besoin d'aimer.Morbihan✔ Au Centre Spirituel de Pen-boc’h, 20, chemin de Pen-boc'h, 56610 Arradon, ✆ 02. 97.44.00.19 (du lundi au samedi, 9h-12h30 et 14h30-18h), [email protected], des retraites initiation sont propo-sées, soit du 11 (18h30) au 15 février (9h), ou du 18 (18h30) au 22 mars (9h) : «Découvrir ou redécouvrir la prière ». En faisant l'expérience,  à  partir  de  l'Écri-ture, d'une  rencontre avec Dieu au  cœur  de  ma  vie.  À  l'école de  saint  Ignace  de  Loyola,  par l'enseignement, par la prière per-sonnelle,  le  partage,  une  initia-tion aux Exercices spirituels, sous la coordination de Paul-Noël Dujarier s.j.

Saône-et-Loire✔ Les Sanctuaires de Paray-le-Monial, Place du Cardinal Perraud, 71600 Paray-le-Monial, proposent, du 18 au 22 février, une retraite sur « Les  Chemins de  la  Prière », avec Béatrice Dufour (mère de 6 enfants (dont 3 adoptés) membre de la Communauté Emmanuel depuis 32 ans), et le Père Arnaud Adrien (diocèse de Toulon, supérieur du Séminaire de La Castille à Toulon, vice-président des "cellules paroissiales d’évangéli-sation", http://cellules-evangelisa-tion.org), pour ceux qui veulent grandir dans l’union à Dieu en découvrant la source à laquelle ont puisé les témoins du Carmel (Thérèse de l’Enfant Jésus, le Père Marie-Eugène, Thérèse d’Avila, Jean de la Croix). Un temps, en silence, pour être renouvelés dans sa vie de prière et progres-ser dans l’union à Dieu qui est la source de toute fécondité et de toute vie pastorale. Rens. : ✆ 03.85.81.62.22 / [email protected]

BLOC-NOTES

(*) France métropolitaine et DoM uniquement - (**) pour les personnes n’ayant jamais été abonnées. (***) Dans la limite des stocks disponibles. (****) le pré-ciser dans un courrier séparé. (*****) France métropolitaine uniquement. cnil n° 678405 - loi informatique & liberté du 6/01/78 : vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux informations vous concernant. par notre intermédiaire, vous pouvez être amenés à recevoir des propositions d’autres entrepri-ses. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement.

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Office Chrétiendes Personnes Handicapées✔ L'OCH (Office Chrétien des Personnes Handicapées), 90 av. de Suffren, 75738 Paris Cedex 15, en partenariat avec le Cler Amour et famille (www.cler.net) , propose une retrai te, qui s'adresse aux parents d'un enfant malade ou handicapé, « Et  nous  deux  dans  tout  ça ? ». Pour chaque couple, une occa-sion unique de se resituer dans une dynamique de vie, de retrouver l’élan initial, d’ac-cueillir l’aujourd’hui, de se pro-jeter dans l’avenir. Du 9 (10h30) au 10 février (17h), à l'accueil Anne-Marie Javouhey, 57 rue du faubourg St Jacques, 75014 Paris. Rens. ✆ 01.53.69.44.30/[email protected]. également une veillée de prière est orga-nisée le 27 février « Prier avec les personnes handicapées », suivie d'un temps de parole de Marie-Hélène Mathieu (fondatrice de l'OCH et des communautés Foi et Lumière). "« Elle  me  regardait comme une personne qui parle à une  autre  personne », Bernadette Soubirous". Messe à 18h15 pour ceux qui le souhaitent, veillée à partir de 19h30, à l'église Notre-Dame-des-Champs, 91 bd Montparnasse, 75006 Paris. Libre participation aux frais. Traduction LSF. Salle accessible aux per-sonnes en fauteuil roulant. Boucle magnétique. Soirée organisée en lien avec l'Association des Brancardiers et Infirmiers d'Ile-de-France. Rens. ✆ 01.53.69.44.30, [email protected]. Communauté Aïn Karem✔ « Avez-vous  pensé  à  faire  une  retraite  en  carême ? » La proposition de la communauté Aïn Karem est particulièrement adaptée à ceux dont la vie est surchargée et qui veulent néan-moins garder un contact fort avec Jésus, qu’ils ne se résignent pas à saluer seulement de loin en loin. Le Père Michel Gitton, qui prêche ce genre de retraite depuis plus de trente ans, est à la dispo-sition des retraitants, avec plu-sieurs consacrées de la commu-nauté. Du 23 (14h) au 24 février (17h), avec des instructions, des temps de silence et des liturgies, sur le thème « Frappez, on vous ouvrira ! », au Foyer de Charité de Baye, 4, Grande Rue, 51270 Baye, ✆ 03 26 52 80 80. Rens. /inscriptions : ✆ [email protected]

Voyages culturels✔ à la rencontre des gréco-catholiques et des orthodoxes, Marie-Gabrielle Leblanc, his-torienne d'art et journaliste, conduira 2 voyages culturels et pèlerinages œcuméniques en Roumanie, du 17 au 26 juin, et du 30 septembre au 9 octobre : « La Roumanie de Bucarest aux Carpates (Valachie, Transylvanie, M a ra m u r e s , B u c ov i n e e t Molda vie) ». églises en bois du Maramures, villes baroques de Transylvanie, célèbres monas-tères peints de Bucovine et de Moldavie, paysages des Carpates, découverte de l'art sacré ortho-doxe actuel, liturgies ortho-doxes et gréco-catholiques, ren-contres d'artistes et d'artisans (avec Georgeta Iuga, orthodoxe, archéologue et peintre d'icônes). un grand classique incontour-nable au succès jamais démenti depuis 15 ans. 1349 € au départ de Paris. Rens. : ✆ 01.48.07.05. 84, fax 01.48.07.03.09, courriel : [email protected]✔ Du 1er au 6 juillet, un voyage culturel chrétien est organisé : «la Slovaquie  en  vert  et  or », avec Marie-Gabrielle Leblanc (histo-rienne d'art et journaliste). En Slovaquie,  la  nature  et  l’art  sont omniprésents. Un pays en vert et or :  vert  des  magnifiques  forêts, or  des  retables  gothiques  des églises,  les  plus  beaux  d’Europe. On  retient  aussi  les  places  aux maisons multicolores et  les mon-tagnes  des  Tatras  et  des  Fatras, "la  plus  petite  haute  montagne d’Europe". Bratislava baroque et Art Nouveau. La Slovaquie occidentale : Trnava la « Rome slovaque », Banska Bystrica et sa place baroque. Le sommet est la Slovaquie orientale et la route des retables gothiques en bois sculpté, Spisska Kapitula, Spissky Svrtok, Spisska Sobota, Levoca et Bardejov avec les retables de Maître Paul (XVe siècle). Kezmarok et son église luthérienne en bois de style baroque populaire. Tout à l’est, les églises sont orthodoxes : plus de retables, des iconos-tases et des icônes. 1492 e au départ de Paris. Rens. : ✆ 01.48. 07.05.84, fax 01.48.07.03.09/ [email protected]

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