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TémoignagesJOURNAL FONDÉ LE 5 MAI 1944 PAR LE DOCTEUR RAYMOND VERGÈS
MARDI 22 AOÛT 2017 WWW.TEMOIGNAGES.RE
N° 18784 - 73EME ANNÉE
Gisement d’emplois
L’aide à la personne un secteur d’avenir
L es services à la personne sontun gisement d’emplois. Mêmedans un pays comme la
France, où la démographie est bienmoins dynamique qu’en France, cesecteur est prometteur. Les organisations patronales avancent doncdes propositions.« Innover pour redonner du pouvoird’achat aux 4,5 millions de Françaisfaisant appel chaque année aux services à la personne, relancerait l’activité du secteur etcréerait environ 200.000 emplois »,écrivent le président du MedefPierre Gattaz, celui de la Fédérationdu Service aux Particuliers MaximeAiach, MarieAnne BarbatLayani, ladirectricegénérale de la FédérationBancaire Française, Sophie de Menthon, présidente du mouvement patronal ETHIC et LéonidasKalogeropoulos, porteparole desChantiers de l’Entreprenalisme,dans cette tribune parue dansle Journal du Dimanche, dimanchedernier.
200.000 emploispossibles
Ils demandent de « trouver une solution au problème de trésorerie desménages lié au décalage dans letemps du remboursement du créditd’impôt auquel ils ont droit, avancélors de leur consommation de services à la personne ». Ils proposentde « changer la loi pour permettre
aux banques de pouvoir mobiliserdes créances fiscales d’un ménage avec la même facilité qu’ellesavancent le montant de factures enattente de règlement d’une entreprise grâce au bordereau Dailly »Les organisations patronalesestiment que « ce mécanismepermettrait la création de plusieursdizaines de milliers d’emplois endouze mois (jusqu’à 200.000,estimentils), dont plusieurs milliersdès les premiers mois, et des rentrées de cotisations fiscales et sociales dans les comptes publics del’ordre de 1 milliard d’euros »,précise « La Tribune ».
Pour des emploisd’intérêt public
La proposition des patrons reconnaît l’importance de considérer lesecteur de l’aide à la personnecomme un levier important pour lacréation d’emplois. Là où l’analysediffère de celle du PCR, c’est au sujet du champ et des moyens. Les organisations patronales ciblent lesaides de l’État versées aux « ménages » au titre de l’emploi de salariés à domicile. Les employeurs dece type de contrats aidés reçoiventen contrepartie de l’embauche uncrédit d’impôt. Cela veut donc direqu’il faut être suffisamment richepour payer des impôts sur le revenuà un niveau tel qu’embaucherpermet de transformer une partie
de sa dette envers la société en unsalaire versé à une ou plusieurs personnes.Le PCR propose une autre approche, en insistant sur l’intérêt public. La démographie de La Réunionentraîne des besoins dans les domaines de l’accueil de la petite enfance, et du soutien aux personnesâgées. L’objectif est de pérennisertous les emplois aidés afin qu’ils répondent à des besoins permanentset soient formés dans ce but. C’estainsi que le secteur de l’aide à lapersonne peut être un des deuxgrands services d’intérêt public capable de créer de nombreux emplois, l’autre domaine étantl’environnement.
Implication des banques
La proposition des patrons impliquenotamment les banquiers. Ces derniers se disent donc prêts à avancerde l’argent pour accélérer le recrutement d’emplois à domicile. Cecisouligne donc que des banquespeuvent jouer un rôle importantdans un projet de création demilliers d’emplois. C’est un pointimportant, gageons que les banquespuissent témoigner de la même volonté pour accompagner la créationà La Réunion des deux grands services d’intérêt public dans l’environnement et l’aide à la personne.
M.M.
Depuis de nombreuses années, le PCR revendique la structuration de deuxgrands services d’intérêt public dans l’environnement et l’aide à la per-sonne pour pérenniser les emplois aidés. Dans ce dernier secteur, plu-sieurs organisations patronales font des propositions pour créer 200.000emplois en France. Compte-tenu de l’orientation idéologique du MEDEF etautres syndicats de patrons, des divergences existent avec la propositiondu PCR. Néanmoins, le projet patronal propose l’implication des banquespour accélérer les créations d’emploi. C’est une piste intéressante pour lesdeux grands services d’intérêt public proposés par le PCR.
2 - TÉMOIGNAGES DU MARDI 22 AOÛT 2017LA UNE
« A la suite du préavis de grève illimité déposépar la section SAFPTR le 10 août 2017, le Maireaccompagné de la Direction Générale des Ser
vices et de la DRH a reçu le jeudi 17 août 2017 à 11heures les représentants de ce syndicat.Au cours de cette réunion qui a duré 2 heures les demandes formulées ont été passées en revue.
1. Sur la mise en place du RIFSEEP
ll a été confirmé aux représentants syndicaux l’extension du RIFSEEP aux catégories B et C avant la fin del’année 2017 ;
2. Sur le plan de titularisation
Celuici étant fortement conditionné aux possibilitésbudgétaires de la collectivité, un nouveau plan pluriannuel sera mis à l’étude au second semestre 2017 pourune mise en œuvre à partir de 2018 et pour les annéessuivantes ;
3. Sur les avantages et avancées sociales réclamés
Un local syndical commun sera mis en place au seinde l’ancien Centre Technique Municipal à l’usage detous les syndicats représentés au sein de la Commune ; Un parking à destination des agents travaillant enCentreVille sera organisé sur l’exmarché forain enFront de Mer ; Sur la revalorisation des tickets restaurant : lescontraintes budgétaires interdisent pour l’instant uneaugmentation du nombre de ticket et une augmentationde la valeur de ceuxci ;
4. Vendredi après-midi libéré
Dans le cadre de la réorganisation du temps de travaildes agents municipaux, les vendredis aprèsmidi serontlibérés, avec la mise en place d’un contrôle automatisédu temps de travail.Les agents effectueront donc leurs 35 heures sur 4,5
jours. Pour assurer une régularité de cette organisationdu temps de travail, une badgeuse sera installée danstous les services fonctionnant avec des horaires réguliers.
5. Equité dans les services
Une réorganisation du temps de travail dans les services des écoles sera définie et mise en place au second semestre 2017. Désormais tous les personnelsquelque soit leur statut et quelque soit leur fonctionintervenant dans le milieu scolaire auront le mêmetemps de congé soit 25 jours actuellement.Un nouveau règlement d’emploi sera établi à cette finpermettant un traitement équitable entre tous les personnels concernés ;
6. Agent victime des risques psycho-sociaux (RPS)
Une cellule référente sera mise en place au sein de laDRH dans un premier temps avec un agent dédié etspécifiquement formé à ces risques psychosociaux.Par la suite un conventionnement spécifique sera étudié avec le Centre de Gestion pour développer l'accompagnement des agents en fragilité.
7. Demande des agents
Toute demande écrite des agents municipaux aura uneréponse écrite formulée par la DRH dans un temps raisonnable.
Ayant répondu point par point aux revendicationsformulées par le SAFPTR, je déplore que le dialoguesocial n’ait pu permettre d’aboutir positivement. Cecialors que le contexte budgétaire dans lequel évoluela collectivité est fortement dégradé depuis 3 ans, cequi nous amène à une vigilance accrue sur la maî-trise de nos dépenses de fonctionnement.
Un syndicat lance une grève dans une seule commune lejour de la rentrée
La Mairie de Sainte-Suzanne a répondupoint par point aux demandes du SAFPTRDans un communiqué diffusé hier, Maurice Gironcel rappelle les efforts dela mairie de Sainte-Suzanne en faveur de la résorption de la précarité dupersonnel communal et de l’amélioration des conditions de travail desagents de la collectivité. Cette mise au point est importante au moment oùun syndicat appelle à la grève uniquement à Sainte-Suzanne à l'occasionde la rentrée scolaire.
In kozman pou la rout
« Evite jir lo shien in moun si ou i sava son kaz mèm si i aboye aou »
Zot i koné lo shienla, isi La Rényon, sa i gingn kozman toultan. In soular i jir son momon si li la aboyé.Marmaye zot tour i fé mèm z’afèr pétète i lans ali in valval. Mèm lo mètr si li la gingn in kou d’kongn dan lazourné lé kapab di son shien la fote… A park’sa, kozman ano la i vé dir i fo ni mète anou bien avèk lapèrsone ni sava rann vizite mèm avèk son shien si sé pou domann in n’afèrdonk sa sé pou fé pass aou pouin moun bien an arivan. Dézyèm z’afèr, ou la pa pou rès la, donk prépar out sorti : in mové kou d’dan lé vitearivé. Troizyèm z’afèr, pétète ou va arvni oir lo moun donk antansyon son rankine épi sète son shien. Alé ! Milèss azot kass z’ot tète la dsi é ni artrouv pli d’van sipétadyé.
- 3
D ans son édition de dimanche, le « JIR »donne un coup de projecteur sur letravail de Patrick Bartet qui répertorieles traces du chemin de fer à La
Réunion. Il existe encore en effet dans notre îledes traces de cet ouvrage majeur. Malheureusement, elles sont en voie de disparition, recouvertes de végétation ou détruites par laconstruction d’autres équipements.
Une des conséquences de la décision de laFrance d’imposer la monoculture de la canne àsucre à La Réunion a transformé une île essentiellement agricole en un pays industrialisé. Il estvite apparu que le développement de cetteindustrie nécessitait la construction d’infrastructures adaptées. Les dirigeants réunionnaisde l’époque ont alors pris l’initiative de creuserun port en eaux profondes et de le relier auxusines par un chemin de fer. Quarante ans aprèsl’abolition de l’esclavage, il n’a fallu quequelques années pour construire un réseau ferréde 120 kilomètres avec d’impressionnants ouvrages d’art et de nombreuses gares. C’était unexploit considérable comptetenu des moyens del’époque. Cela plaçait La Réunion parmi les paysavancés dans le domaine de l’industrie. Le traina ensuite été la colonne vertébrale de la mobilitédes Réunionnais à La Réunion pendant 70 ans. Lechemin de fer était également le premier employeur du pays.
Quand le gouvernement français et ses alliés àLa Réunion ont décidé de construire la route dulittoral, cela s’est accompagné par la destructiondu chemin de fer. Le résultat est la disparition
des traces de cette manifestation concrète dugénie réunionnais. Cela s’apparente à une campagne d’oubli de cette part importante del’histoire des Réunionnais. Combien sont en effetnos compatriotes à avoir conscience que leursancêtres ont construit de leur propre initiativeune industrie et un chemin de fer ?
Si cette connaissance avait été valorisée par lapréservation des traces de ce riche passé, nuldoute que les Réunionnais auraient un autrepoint de vue sur la capacité de leur pays à se développer, car les anciens avaient montré que cela était possible. Ce travail de mémoire avait étéinitié quand Paul Vergès était à la présidence dela Région Réunion. Cela se traduit par laconstruction d’un monument à la Grande Chaloupe, rendant hommage au travail des cheminots réunionnais. Malheureusement, cettepolitique n’a pas été poursuivie ce qui contribueà faire croire aux Réunionnais qu’ils n’ont pasd’histoire en dehors de celle de la France.L’exemple du train est caractéristique de l’oubliorganisé de l’histoire des Réunionnais. Or,comme n’importe quel peuple, le peupleréunionnais a une histoire.
J.B.
Edito
L’oubli organisé de l’histoire desRéunionnais : exemple du train
Fondé le 5 mai 1944 par le Dr Raymond Vergés71e annéeDirecteurs de publication :1944-1947 : Roger Bourdageau ; 1947 - 1957 : RaymondVergés ; 1957 - 1964 : Paul Vergés ; 1964 - 1974 : BrunyPayet ; 1974 - 1977 : Jean Simon MounoussanyAmourdom ; 1977 - 1991 : Jacques Sarpédon ;1991- 2008 : Jean-Marcel Courteaud2008 - 2015 : Jean-Max Hoarau2015 : Ginette Sinapin
6 rue du général Émile RollandB.P. 1016 97828 Le Port CEDEXRédactionTÉL. : 0262 55 21 21 - FAX: 0262 55 21 29E-mail : [email protected] web : www.temoignages.reAdministrationTÉL. : 0262 55 21 21 - FAX: 0262 55 21 23E-mail Avis, Abonnement :[email protected] Publicité : [email protected] : 0916Y92433
Témoignages
POLITIQUETÉMOIGNAGES DU MARDI 22 AOÛT 2017
4 - TÉMOIGNAGES DU MARDI 22 AOÛT 2017HOMMAGE
D ans un ‘’courrier des lecteurs’’ publié par la presseréunionnaise en juin dernier,
j’ai signalé que MarieThérèse deChateauvieux, ex maire de SaintLeu, n’a pas été la première, mais la5e femme à siéger au Conseil Général de La Réunion. En fait, elle a étéla 6e femme à exercer un tel mandatdepuis octobre 1945.Cette annéelà, les femmes sont devenues pour la première foisélectrices et éligibles à tous lesscrutins politiques. C’est donc parerreur que je n’ai pas mentionnédans la liste nominative d’élues cantonales le nom de Marie Gamel, àqui je me propose de rendre hommage à l’occasion du 27e anniversaire de son décès.Fille de l’adjudant de gendarmerieÉdouard Guyot et de MarieAngelinaManès, Marie Gamel est née à SaintAndré le 25 juillet 1896. Elle est scolarisée dans des conditions relativement bonnes. Ce qui constitue unprivilège pour les filles de son âge àune époque où la plupart de cellesci n’ont pas d’autre choix que de sepréparer à être de bonnes femmesde ménage.Le 7 septembre 1922, l’unique filledes époux Guyot se marie à GabrielAndré Gamel, un gendarme originaire du département du Gard (Sudde la France), avec qui elle aura unfils et deux petits enfants, qu’ellecomblera d’affection. Le couples’installe alors au bord de la rivièreSaintJean à SaintAndré, sur unepropriété de quelque 3.000 m2, quise couvre rapidement de canne àsucre cultivée par des journaliersagricoles.Agricultrice, c’est au demeurant laprofession qu’exerce officiellementMarie Gamel, qui passe beaucoupde temps dans son jardin potager etson jardin d’agrément. Son époux seconsacre pour sa part à sa profession de gendarme ; une professionqui, dans La Réunion coloniale,s’apparente à celle de l’assistancesociale d’aujourd’hui.Tout naturellement, Marie Gameléprouve le besoin et aussi le plaisirde compléter bénévolement le travail de son mari en devenantécrivaine publique. Sollicitée quotidiennement par une populationpresque totalement analphabète,elle acquiert rapidement l’estimedes SaintAndréens. Ce qui consti
tuera pour elle un précieux tremplinpour se lancer en politique.
Un début remarqué enpolitique
À ce sujet, il est bon de rappelerque la violence, une violence extrême, est la caractéristique essentielle de la vie politique à l’époquecoloniale et que le jeu politique,dont les acteurs sont exclusivementdes hommes, est souvent faussé pardes fraudes grossières, rarementsanctionnées pénalement. Lesfemmes qui s’y aventurent ont doncun immense mérite. C’est le cas deMarie Gamel.Après avoir été cofondatrice du Comité Républicain d’Action Démocratique et Sociale (CRADS) le 11 mars1945 à SaintDenis — Comité dont larevendication phare est la transformation de La Réunion colonie en département —, elle est candidate àSaintAndré le 27 mai 1945 sur laliste du CRADS conduite par le notaire Hervé Grondin et devient sonadjointe. C’est un poste qu’elleconservera jusqu’en août 1957, datede la dissolution arbitraire duConseil municipal de SaintAndrépar le Préfet Jean PerreauPradier.Son assiduité à la mairie est d’autant plus remarquée que son maridécède brutalement le 28 décembre1945. Les compétences et la disponibilité de Marie Gamel la conduiront à faire fonction de maire peuavant le décès du maire, le docteurRaymond Vergès, survenu à son domicile de SaintAndré le 2 juillet1957.C’est alors, à bord d’un car ‘’courant d’air’’, qu’elle se rend quotidiennement à la mairie distante desa maison de quelque 4 km, effectuant souvent le trajet inverse àpied, l’unique véhicule de fonctionde la commune n’étant pas toujoursdisponible. Candidate à sa réélection aux municipales partielles du15 septembre 1957, elle est victimede la fraude organisée ouvertementpar la Préfecture.Conseillère municipale de SaintAndré pendant 12 ans, Marie Gamel aété aussi conseillère générale du 2ecanton de cette commune du 13 novembre 1949 au 3 juin 1961. Sa première élection au Conseil général aeu lieu dans des circonstances qui
méritent d’être sommairement rappelées.Le premier renouvellement total del’aprèsguerre du Conseil général deLa Réunion s’est déroulé les 2 et 9octobre 1949. Dans le 2e canton deSaintAndré, le candidat communiste André Hoarau, père de 9enfants — dont MichelCharles etClaude, bien connus des Réunionnais — élu dès le premier tour, estvictime dans la soirée du 2 octobred’une pneumonie, qui finira par leterrasser 19 jours plus tard.
Une Réunionnaise trèsengagée
Une élection partielle, à laquelle seprésente Marie Gamel, a donc lieu le13 novembre 1949. La popularité decette dernière est telle que le candidat de droite au premier tour, AristeWelmant, se retire purement et simplement. Seule à se présenter auscrutin du 13 novembre, Marie Gamel améliore le score d’André Hoarau de 185 voix.Au cours de ses 2 mandats deconseillère générale, Marie Gamelparticipe à des débats relatifs à desdossiers extrêmement importantspour l’avenir du pays. Arrêtonsnous à un seul de ces dossiers : lafermeture du chemin de fer de LaRéunion.Devant la forte probabilité d’unefermeture prochaine du chemin defer, les 1.600 agents du CPR (Cheminde fer et Port de La Réunion), dont350 seulement sont titulaires de leurposte, se mettent en grève du 2 octobre au 3 novembre 1950. Au coursde cette période, l’arrêt de travailest également total chez les quelque1.500 dockers du port de La Pointedes Galets.Les grévistes d’octobre 1950 ne setrompent pas : le 27 décembre 1950,un décret signé du Président duConseil des Ministres, René Pléven,dissout le CPR à compter du 31décembre 1950, prétextant qu’ils’agit là d’une des conséquences dela loi du 19 mars 1946, f aisant de LaRéunion un département français.La réalité est toute autre.Le président du Conseil général, Roger Payet, avait en effet déclarédeux mois plus tôt, le 26 octobre1950 : « Nous ne pouvons garder unorganisme où l’esprit de revendica
Une page de l’histoire de La Réunion
Hommage à Marie Gamel, ancienne maireet conseillère générale de Saint-André
- 5HOMMAGETÉMOIGNAGES DU MARDI 22 AOÛT 2017
tion est devenu chronique ». Déclaration faite sans consultation préalable des conseillers généraux.Il est bon de préciser que la dissolution du CPR signifie son morcellement. Les branches rentables(ateliers, matériel naval, docks)sont concédées aux entreprises privées. Le chemin de fer, déficitaire,reste à la charge du Conseil général,qui se hâtera de s’en débarrasserpour lui substituer la route, sourcede profit pour le privé. D’où lanécessité de construire d’urgence la« route en corniche ».
Des débats truqués
Le dossier « chemin de fer et routeen corniche » vient en « débat » auConseil général en décembre 1953,avril 1954 et juin 1958. À vrai dire, ilne s’agit que de pseudodébats. Ilfaut savoir en effet que, d’octobre1949 à septembre 1988, les éluscommunistes et apparentés sont exclus des commissions et des missions. En séance plénière, ils sontinformés des décisions prises parfois par Paris, où la majoritédispose de puissants relais, parfoispar la Préfecture ; des décisions quine souffrent d’aucun amendement.Pour étayer mon affirmation, il suffitde se reporter aux procèsverbauxdes séances de l’époque.Ainsi, le 2 décembre 1953, il est faitétat de la volonté de la majorité duConseil général de construire aupied du Cap Bernard une « route encorniche » préalablement à la suppression du chemin de fer. Legroupe communiste, dont fait partieMarie Gamel, condamne sans appelce monstrueux projet et en donneles raisons. Ce qui laisse de marbrela majorité. La « route en corniche »sera construite. Dangereuse et ruineuse, elle ne restera ouverte quependant 13 ans (19631976).Le 21 avril 1954, un nouveau débattruqué. Le président Roger Payetdonne d’abord lecture des décisionsprises par le préfet Pierre Philipperelatives aux différentes étapes de lafermeture du chemin de fer. Puis —ce qui n’était pas prévu à l’ordre dujour — le président lit le texte d’unemotion qui se termine ainsi : « LeConseil général (…) renvoie la décision à l’autorité de tutelle ».Sans le moindre débat, la motion —dont on ignore le nom du rédacteur— est mise aux voix. Aux protestations indignées du groupe communiste, le président réplique d’unton ferme : « Votez, vous prendrez laparole après ». « Vous commettezune lâcheté », lui crie le conseillerHenri Lapierre, pour qui s’en remettre au ministère, alors qu’il
s’agit de la liquidation du chemin defer, c’est apporter sa caution au« véritable crime qui se prépare ».Malgré les vives protestations del’opposition, la séance est levéeaprès le vote de la motion (16 voixpour, 10 contre).Le 17 avril 1958, le Conseil généralest appelé enfin à donner son avissur le mode de financement de la« route en corniche ». « Une routelarge et moderne », nous avait assuré le préfet Pierre Philippe, qui enavait posé la première pierre le 16février 1954. Et le préfet Jean PerreauPradier, présent à cette séancede 1958, d’en remettre une couche :« L’ouvrage sera peu vulnérable auxcyclones et aux razdemarée ».Quant au mode de financement, quiconsiste à affecter à la « route encorniche » 50 % du fonds routier(alimenté par la taxe sur les carburants payée majoritairement par lesplus pauvres), il « nous prive desmoyens de moderniser l’ensembledu réseau routier de l’île », fait observer le groupe communiste. Unréseau routier en bien piteux état(426 km bitumés sur 1.632 km).Précisons que, d’un coût initial de 1million 600.000 francs CFA, cetteroute coûtera finalement presque 2fois plus cher. Estil besoin de redirequ’il n’a été tenu aucun compte desobservations du groupe communiste ?
Nombreux engagements
Parallèlement à son engagementdans les collectivités locales, MarieGamel s’est aussi investie remarquablement dans les organisationssyndicales, politiques et associatives de La Réunion.Ainsi, lorsque se crée, le 30 novembre 1947, la fédération réunionnaise du Parti CommunisteFrançais, elle y prend place au premier rang. La remarque vaut aussilors de la transformation de cettefédération en Parti CommunisteRéunionnais, les 17 et 18 mai 1959.Par ailleurs, avec notamment l’employée de banque Isnelle Amelin etles sagesfemmes Alicia Mazaka etAlice Peverelly, elle est cofondatrice, le 8 novembre 1946, de la section réunionnaise de l’Union desFemmes Françaises (UFF) ; une organisation féministe fondée enFrance le 21 décembre 1944 par Eugénie Cotton, première femme française à obtenir en 1904 l’agrégationde physique.L’UFF se donne pour but de réduireles inégalités entre hommes etfemmes. Dans ce domaine, tout està faire à La Réunion, où les femmesn’ont pratiquement pas accès à
l’espace public et où, pour la plupart d’entre elles, la vie n’est qu’unelongue souffrance. Marie Gamel préside l’UFF de La Réunion jusqu’au 14septembre 1958, date à laquellel’UFF devient l’Union des Femmesde La Réunion (l’UFR), dont elle restera une des dirigeantes.Marie Gamel milite également ausein des syndicats de planteurs.C’est à ce titre qu’elle participe en1955 aux côtés de Paul Vergès à lagrande bataille visant à empêcher lafermeture de l’usine sucrière deQuartierFrançais. Lorsque seconstitue le 23 décembre 1956, sousla présidence de Bruny Payet, la Fédération des Syndicats de Planteursde La Réunion, la viceprésidencede cette fédération lui est confiée.Marie Gamel a évidemment été présente dans toutes les luttes visant àobtenir l’application à La Réunionde l’égalité des droits sociaux avecla France, comme prévu par la loiVergès de Lépervanche du 19 mars1946. Des luttes qui ont duré un demi siècle et n’ont abouti qu’aprèsson décès pour ce qui concernel’alignement à La Réunion sur laFrance des allocations familiales (31juillet 1991) et du SMIC (1er janvier1996).Ajoutons que les combats auxquelsa participé Marie Gamel pour la défense des libertés lui a assurémentapporté une immense satisfactionpuisqu’ils ont débouché notammentsur un considérable assainissementdu climat électoral à La Réunion. Onpeut citer aussi l’abrogation parl’Assemblée nationale unanime le 10octobre 1972 de l’ordonnance Debrédu 15 octobre 1960 faisant des fonctionnaires réunionnais des citoyensmineurs, victimes d’une ignoble répression.
« Exemple pour tous »
Après une longue maladie, MarieGamel s’est éteinte à son domicilede SaintAndré, à l’âge de 94 ans, lesamedi 25 août 1990 à 17 heures.Une foule d’amis et de camaradesl’ont accompagnée au cimetière dela ville. Les dirigeants du PCRétaient presque tous là. On notaitaussi la présence d’une délégationde la Gendarmerie Nationale.L’éloge funèbre, prononcé par l’élusaintandréen Yvon Virapin,s’achève par ces mots : « que l’engouement de celle qui symbolisait lavieille génération des lutteurs fidèles jusqu’à la dernière minute soitun exemple pour nous tous ».
Eugène Rousse
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In poin inportan pou nou : la lite poukass la shène lo kolonyalis épi lo néoMoin la fine di plizyèr foi, isi la Rényon, sanm pou moin nout parti l’apré aminndé libérasyon an mèm tan. Inn sé lo libérasyon sosyal é ladan mi pans nou lékanifyé. Akoz, mi di sa ? Pars nout pèp, dann son l’istoir, la konète l’ésklavaz, lakonète ankor l’angazis, épi la dominasyon dann sistèm kolonyal, épi zordil’ésploitasyon kapitalis… Nout l’istoir lé kourt, sa lé vré ! Mé èl la donn anoul’éspèryans dann la lite kont la dominasyonn klass épi l’ésploitasyon. Ni pé dir,pou nou, sa sé in dézyèm natir pou nou.
Nou la pa pèr amenn la lite dsi so fronla, pars konm i di, ladan, nou lé konmpoisson dann lo, vi ké lo pèp rényoné li lé pou l’égalité sanpour san . Mon papatéi rakont amoin lo bann manifèstasyon l’ané lo fron popilèr kan bann dokèr, épibann zanploiyé shominn fèr, plis ankor bann z’ouvriyé l’izine té i mont, poin lové,dann la ri d’Paris…i paré sa lété kékshoz a oir. Aprésa, ni souvien koman la loi19 mars 1946 la pass konm in lète a la post é nout tout nana dann nout souvnirlo bann bataye pou l’égalité sosyal tozourla. Sa sé l’onèr nout parti an avoiramenn konbala.
Mé san bord la lite kont lo kolonyalis épi lo néokolonyalis, pars i fo pa ni obliysa sé nout kontradiksyo prinsipal : rant la konpagni dé z’inn épi nou, rant lo roila frans é nou, rant La Répiblik é nout péi é nout pèp. Pars, sak i karsèr nout pèpzordi la pa lo mank la libèrté, ni lo mank l’égalité, mé sé lo mank larésponsabilité : in moiyin pou nou trap nout dévlopman ékonomik, in moiyin poudévlop nout kiltir, nout l’ansègnman, in fason konm désèrtin i di pou trap noutl’émansipasyon
Nou na lo droi an avoir sa nou ? San pour san, pars konm nou sé in pèp avèk sontéritoir, son l’istoir, son lang kréol rényoné, son kiltir, son l’anplasman dannl’oséan indien nou nana in vokasyon okip nou mèm nout prop z’afèr é lé z’afèrnout péi épi nout pèp. Konm in dalon i di : kisa i diriz nout péi ?
Nb ; Astèr i fo kant mèm ni parl in gran danzé pou l’imanité lo réshofmanklimatik mé nou va arparl de sa san tardé pars nout parti la zoué épi va zoué ingran rol ladan.
Justin
OtéKRÉOL TÉMOIGNAGES DU MARDI 22 AOÛT 2017