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Marlène Agro

Master 2 Ingénierie et Management des Organisations Sportives

Tuteur universitaire : Alain Fabaron Tuteur en structure d’accueil : Ludovic Darrigan!

Le paradoxe équestre

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Marlène Agro

Master 2 Ingénierie et Management des Organisations Sportives

Tuteur universitaire : Alain Fabaron Tuteur en structure d’accueil : Ludovic Darrigan!

Le paradoxe équestre

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Remerciements

Je tiens à remercier Monsieur Fabaron pour sa grande disponibilité et son soutien tout

au long de mon stage. Ses conseils et son aide m’ont permis d’approfondir mes réflexions

pour la rédaction de ce mémoire.

Mes remerciements s’adressent aussi à mon tuteur de stage, Monsieur Darrigan pour la

confiance qu’il a placé en moi durant ce stage.

Je remercie particulièrement les professionnels de l’équitation, rencontrés au cours de

ma vie de cavalière. Les discussions que nous avons eues m’ont permis de me forger une

opinion sur de nombreuses questions.

Je remercie également les professionnels du sport que j’ai contacté durant mon stage et

qui ont répondu à mes questions.

Je n’oublie pas mes parents et mes sœurs pour leur soutien moral et intellectuel durant

toutes mes années d’études, ni mes amis pour leurs encouragements.

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Avertissement

L’IAE de Toulouse n’entend donner aucune approbation, ni improbation dans les

mémoires de master. Ces opinions doivent être considérées comme propres à leur auteur.

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Sommaire

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Introduction

L’équitation connaît depuis une trentaine d’années une forte expansion. Sport réservé

aux personnes d’un rang social élevé, il était, jusqu’aux années 1970 le symbole de la réussite.

La monte à cheval était également le symbole de la virilité : jusqu’en 1930 les femmes ne

pouvaient porter de pantalons pour monter à cheval (ou sur une bicyclette) et devaient se

contenter de la monte en amazone (en jupe, avec les deux jambes du même côté). Le milieu

équestre était donc masculin et fréquenté par des personnes aisées.

Aujourd’hui, les centres équestres sont pourtant plus fréquentés par des jeunes dont les

parents exercent un métier de cadre, de profession libérale ou sont mêmes employés. Le

cheval n’est plus réservé à l’aristocratie et à la bourgeoisie. On peut expliquer cette évolution

par l’histoire des rapports entre le cheval et l’homme, eux-mêmes soumis aux changements de

la société et aux bouleversements de l’économie.

Le cheval a toujours bénéficié d’un statut à part parmi les animaux. Au contraire des

animaux domestiques, le cheval a été domestiqué pour les services qu’il pouvait rendre à

l’Homme. Très tôt, celui-ci s’est rendu compte que la vitesse du cheval, son physique, son

caractère pourraient lui être utiles. Et en effet, le cheval est présent aux côtés de l’Homme

depuis sa domestication, plus de 4000 ans avant notre ère. Pour sa viande, sa capacité à porter

l’Homme, pour sa force motrice, le cheval a toujours bénéficié d’une place privilégiée.

L’anthropomorphisme dont il est l’objet en est la preuve : le cheval n’a pas de « gueule » mais

une « bouche », et des « jambes » à la place des « pieds ».

Cet animal est pourtant fragile, et nécessite une attention quotidienne de la part de son

propriétaire. Il existe ainsi une réelle culture équestre qui va au-delà des savoirs techniques

nécessaires pour monter à cheval. Un homme de cheval est celui qui, jour après jour, s’occupe

de son cheval, le monte avec parcimonie pour conserver ses capacités le plus longtemps

possible. Le dicton « qui veut voyager loin, ménage sa monture » signifie bien que le cavalier

qui souhaite atteindre ses objectifs, qu’ils soient militaires, agricoles ou sportifs doit prendre

soin de lui sous peine de le voir tomber malade et être fragilisé.

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En ce qui concerne la monte à cheval en elle-même, les cavaliers ont bien compris

(après plusieurs centaines d’années de lutte acharnée avec leurs chevaux), que celui-ci

réagissait mieux lorsqu’il était sollicité calmement et avec tact qu’à grand renfort de coups de

cravache et d’éperons. L’équitation française se démarquait par la notion de « légèreté » des

aides (ce sont les différents moyens qu’utilisent le cavalier pour communiquer avec son

cheval : mains, jambes, poids du corps, cravache, éperons, voix...). Ainsi, le cavalier montant

depuis de très nombreuses années arrivait à communiquer avec sa monture sans qu’on le

perçoive de l’extérieur. Le prix à payer pour cette équitation légère étant de nombreuses

années de pratique à cheval, mais aussi autour de lui pour apprendre à le connaître

parfaitement.

L’ouverture de la pratique de l’équitation au plus grand nombre a engendré une perte

de la culture équestre, une perte de technicité et l’apparition de pratiques nouvelles. Perte de

la culture équestre car aujourd’hui les cavaliers montent pour se faire plaisir, et montent

généralement une heure par semaine, dans leur centre équestre, où leurs montures sont

soignées par une personne du club. Baisse de niveau, car ces pratiques de loisir sont peu

compatibles avec l’exigence et la rigueur que demande l’équitation. Enfin, de nouvelles

disciplines plus axées sur le jeu que sur la performance sportive ont émergé durant ces vingt

dernières années, faisant concurrence aux disciplines sportives traditionnelles que sont le saut

d’obstacle, le dressage et le concours complet (saut d’obstacle, dressage et cross). Autrefois

emblème de la puissance, le cheval est aujourd’hui symbole d’une liberté retrouvée et d’un

retour à la nature, à travers les activités de loisir.

L’équitation est un sport en transition, entre la tradition et la modernité, la recherche

de performance et le plaisir hédoniste. Le paradoxe équestre existe à cause -ou grâce- à la

place particulière que tient le cheval dans l’économie : il fait partie de la filière sportive mais

avant tout de la filière équine, dont les acteurs sont très nombreux. Dans une première partie,

sont développés les éléments composants ce paradoxe. La seconde partie expose une réflexion

sur l’avenir du cheval en France.

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I. Les centres équestres aujourd’hui

1.1. Spécificité du fonctionnement des établissements équestres

A. L’organisation de la filière équine

La filière équine est partagée entre plusieurs segments : les courses, la viande

chevaline, les sports équestres et l’élevage. Les centres équestres font partis du segment des

sports équestres. Bien que leurs activités soient différentes de celles des autres segments, le

cheval en lui-même appartient à plusieurs « catégories » : né chez un éleveur, il sera vendu

pour le sport, les courses ou les loisirs pour éventuellement finir à la boucherie. Ainsi, les

instances représentatives de chaque segment sont liées entre elles par les étapes que va

traverser le cheval dans sa vie.

L’Institut Français du Cheval et de l’Equitation (IFCE), créé en 2010 a pour mission la

promotion de l’élevage des chevaux et de ses activités liées ainsi que le rayonnement de

l’équitation et de l’art équestre. Il est placé sous la tutelle du ministère des Sports, de la

Jeunesse, de la Vie Associative et de la Cohésion Sociale et du ministère de l’Agriculture et

de l’Agroalimentaire. Avec l’IFCE, d’autres organisations transversales soutiennent la filière

équine. Au niveau des instances régionales collectives, les Conseils des Chevaux représentent

l’ensemble de la filière auprès des collectivités locales. La Fédération nationale du Conseil

des Chevaux (FCC) représente la filière auprès des instances nationales et européennes. Afin

de coordonner les actions de tous les segments de la filière, et développer les différentes

structures, le Groupement des Entreprises du Secteur Cheval en Agriculture (GESCA)

intervient notamment dans l’adaptation du droit et dans les propositions de réforme. Enfin, au

sein de la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FNSEA) existe la

Fédération Nationale du Cheval (FNE) qui représente pour une grande partie les éleveurs

d’équidés.

Chaque segment dispose ensuite de son propre fonctionnement. Le segment course est

organisé sous une fédération nationale unique, qui organise et développe l’activité des courses

par le biais de deux sociétés mère (France Galop pour les courses de galop et la Société du

Cheval Français pour les courses de trot). La fédération s’occupe aussi de la question du

dopage et de la gestion du fonds EPERON (Encouragement aux Projets Equestres Régionaux

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Ou Nationaux), dont l’utilité est détaillée plus loin. En ce qui concerne le segment de la

viande chevaline, l’Association Nationale Interprofessionnelle Interbev équin fédère les

différents maillons de la production à la distribution de la viande chevaline. L’association

France Trait, regroupe les 9 races de chevaux de trait et est l’interlocuteur unique des éleveurs

pour la consommation de viande chevaline. Des organisations de producteurs reconnus

commercialisent les produits issus de ces élevages.

Le segment de l’équitation sportive, de loisir et de travail fut placé de 1997 à 2008

sous l’égide de la Fédération interprofessionnelle du cheval de sport, de loisir et de travail.

Rassemblant les professionnels de l’amont (élevage) et de l’aval (centres équestres et

marchands de chevaux), elle fut dissoute en 2008 car elle ne répondait pas aux besoins des

différents maillons. La Fédération Française d’Equitation crée en 1987 regroupe les

professionnels des centres équestres, du tourisme équestre et gère le haut niveau. La Société

Hippique Française (SHF) crée en 1865, est devenue en 2011 la société mère du cheval et du

poney de sport, rassemblant les professionnels de l’élevage et de la commercialisation des

chevaux de sports. Une autre société intervient depuis 2012 crée par France Trait, la Société

Française des Equidés de Travail, pour promouvoir l’utilisation des chevaux de trait, des ânes

et des mulets. Des structures professionnelles dans tous les domaines complètent ces

structures collectives.

Certaines instances ont des missions similaires, et il est difficile pour les

professionnels de la filière de voir clair dans les politiques menées. Toutes revendiquent la

promotion de l’équitation et de l’élevage de chevaux, mais leurs actions ne sont pas forcément

coordonnées, ce qui entraîne des disfonctionnements dans le suivi des missions.

B. Financements de la filière

Historiquement, le ministère de l’Agriculture a toujours eu pour ambition de satisfaire

le besoin en chevaux (de toutes races, pour les champs, pour la guerre ou pour le sport) de la

France. Les Haras ont pendant plusieurs siècles assurés cette fonction, et la France est

devenue un pays riche de dizaines de races. Au fil du temps, les Haras ont évolué pour

répondre tour à tour aux besoins des militaires, des agriculteurs, des éleveurs amateurs ou

professionnels, des cavaliers, des associations de races ou encore des collectivités territoriales.

C’est ainsi qu’en 2000 les Haras deviennent Haras Nationaux (service des Haras devenu

établissement public) regroupés en 2010 avec l’Ecole Nationale d’Equitation (ENE) au sein

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de l’Institut Français du Cheval et de l’Equitation. Les activités d’étalonnage et

d’identification, au départ missions des Haras Nationaux, ont été confiées à France Haras.

France Haras, créée en 2011 est un groupement d’intérêt public, dont la vocation est d’être

privatisé dans les années à venir. L’IFCE sous la tutelle conjointe du ministère de

l’Agriculture et du ministère des Sports, est chargé d’accompagner la professionnalisation de

la filière.

Le retrait de l’Etat de la filière équine se fait progressivement. Le ministère de

l’Agriculture doit contribuer au développement des activités économiques sur l’ensemble du

territoire. Pour que la baisse des financements de l’Etat ne compromette pas cette mission et

mette en danger la filière toute entière, la professionnalisation de l’ensemble des acteurs est

une étape importante. La création de l’IFCE, avec ses deux composantes les Haras Nationaux

et ENE, s’est fait en parallèle de réductions budgétaires pour tous les segments ainsi que

d’une séparation des instances publiques, entre aspect politique et technique. Le ministère de

l’Agriculture a donc du reprendre la politique de développement de la filière équine en France

et un certain nombre de textes réglementaires a été édité. Le recul de l’Etat Français dans le

soutien de la filière équine est similaire à celui des autres Etats membres de l’Union

Européenne, recul encouragé par la Commission Européenne. La baisse des financements de

la filière équine a commencé en 2002. Jusque là, les courses hippiques finançaient une partie

du budget des Haras Nationaux par les prélèvements faits sur les paris. En 2002, la loi sur la

Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP) impose plus de clarté et d’efficacité pour

les dépenses publiques. Cela se traduit par le fait que les prélèvements sur les paris des

courses hippiques sont directement octroyés au budget de l’Etat, qui ensuite attribue une

enveloppe au ministère de l’Agriculture et au ministère des Sports, qui ventile en fonction des

besoins de leurs activités. Une partie du financement de la filière se fait par des prélèvements

sur les enjeux des courses. Le Fonds EPERON, prélevé sur le segment course permet le

financement de projets équestres, équipements ou services, au niveau national ou régional. Ils

doivent avoir un caractère innovant et peuvent concerner des projets de matériels ou

immatériels (recherche, formation...). Chaque projet est analysé par la commission du Fonds

EPERON et doit être financé au minimum à 50% par d’autres types de ressources

(cofinancement public et privé par exemple). Les prélèvements sur les courses hippiques pour

le Fonds EPERON, qui sont de l’ordre de 10 millions d’euros, compensent un peu cette baisse

des financements par des subventions pour certains projets en accord avec les objectifs de la

filière (développement à l’international, structuration de la filière...).

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Les politiques européennes et nationales sont une composante essentielle de la filière

équine et donc des centres équestres. La baisse des subventions de l’Etat est à la fois une

inquiétude pour l’ensemble des acteurs de la filière mais aussi l’occasion d’une plus grande

indépendance. La réglementation des paris hippiques, notamment ceux des courses, dont une

partie est prélevée pour le Fonds EPERON constitue encore aujourd’hui un point

d’interrogation quand au futur, avec l’ouverture à la concurrence sur l’organisation de paris

hippiques. Même si chaque segment, viande chevaline, course, sport-loisir-travail a son

propre fonctionnement et ses organismes référents, les modalités de financement de la filière

équine contribuent à les lier entre eux.

Les différentes aides de la filière équine et leur évolution

1. Les aides nationales

L’IFCE reçoit deux types de subventions, une du ministère de l’Agriculture et une du

ministère des Sports. En 2012, leurs montants étaient respectivement de 38,8 millions d’euros

(en baisse de 15% par rapport à l’an 2000) et de 7,1 millions d’euros. L’avancement de la

privatisation de la filière sera pris en compte pour l’octroi des aides jusqu’en 2015. Au-delà

de cette date, les aides de l’IFCE dépendront des missions qui lui seront confiées et des

politiques publiques (structuration de la filière et animation territoriale, culturelle et sportive

sont deux missions récemment confirmées par la RGPP).

Les autres aides de la filière concernent le soutien à l’élevage, et proviennent du

ministère de l’Agriculture. Elles sont destinées en général au financement des concours

d’élevage et à l’attribution de primes aux naisseurs de chevaux ayant obtenu des résultats en

concours. Les organisateurs de concours, les associations de races agréées et les associations

ayant une mission d’intérêt général (equi-handi par exemple) reçoivent également des

subventions. Ces aides ont fortement baissé durant la dernière décennie, de l’ordre de 4,5

millions d’euros en 2012 au lieu de 9 millions en 2010. Dans ce cas aussi, pour compenser la

baisse des aides et amener vers un professionnalisme de la filière, un fonds de 3 millions

d’euros a été crée en 2011, géré par la Société Hippique Française (SHF) en faveur des

associations de races de chevaux de trait, et de chevaux et poneys de sport. Ce fonds est

prélevé sur le Fonds Eperon.

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2. Les aides des collectivités territoriales

Cinq régions (la Bourgogne, les Pays de la Loire, la Lorraine, la Champagne-Ardenne

et la Basse-Normandie) ont mis en place un contrat avec l’Etat pour l’octroi de crédits à la

filière équine. Ces contrats ont permis aux acteurs de la filière de ces régions de bénéficier de

subventions. Entre 2007 et aujourd’hui, le montant donné par l’Etat est de 6 millions d’euros,

montant très inférieur à ce que donnent les régions. En général, ces subventions données par

les régions se font dans le cadre d’un projet donnant droit à plusieurs types de subventions :

Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural (FEADER), projet rentrant dans le

cadre des missions de l’IFCE... Les collectivités territoriales sont également très présentes sur

les thématiques de la formation, du développement de l’offre sportive sur leurs territoires,

l’aide à l’agriculture et le tourisme.

3. Les aides européennes

En tant que ressource pour le développement durable, le cheval bénéficie d’une

reconnaissance au sein des instances de l’Union Européenne et son avenir dépend des

politiques menées dans les années à venir. Les acteurs de la filière équine appartenant au

secteur agricole (selon la définition européenne et non celle donnée par les Etats membres)

peuvent donc prétendre à certaines aides : Fonds Européen Agricole de Garantie (FEAGA),

FEADER, Fonds Européen de Développement Régional (FEDER). Le développement

durable, la prise en compte de l’impact écologique et plus généralement la volonté de

préserver notre environnement font que le cheval devrait bénéficier de réformes favorables

dans les années à venir.

C. L’organisation des paris hippiques et ses répercussions sur la filière équine

Historiquement, les paris sur les courses hippiques ont toujours été régulés par le

ministère de l’Agriculture. Ils sont autorisés lorsqu’ils permettent la valorisation des produits

d’élevage. Dès le début des courses en 1891, des prélèvements par l’Etat sont effectués sur le

montant des paris pour financer l’élevage mais aussi des œuvres de bienfaisance. Après la 1ère

Guerre Mondiale, les sommes prélevées sur les enjeux servent à la reconstruction

d’institutions publiques (hôpitaux, écoles...). Jusqu’en 1930, les paris ne pouvaient se faire

que lors des courses, dans les hippodromes. A partir de cette date, les sociétés parisiennes

reçoivent le droit d’organiser des paris en dehors des hippodromes. Le succès des paris sur les

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courses hippiques est grandissant, les citoyens étant plus intéressés par le spectacle donné que

par le sport en lui-même. De nouveaux prélèvements sont mis en places, directement alloués

au ministère de l’Agriculture et au ministère des Sports, sans passer par le budget de l’Etat.

Les société parisiennes sont alors regroupées en un groupement nommés Paris Mutuel Urbain

(PMU).

En 1941 les montants prélevés représentent 12% des enjeux joués. Depuis ils n’ont

cessé d’augmenter : 1,7 millions en 1999, 2,2 millions en 2005, 2,38 millions en 20101. Ces

prélèvements sont reversés de manière pratiquement égale entre l’Etat et les sociétés de

courses (y compris pour le PMU). Jusqu’en 2010, le PMU avait le monopole des paris sur les

courses hippiques (comme la Française des Jeux pour les jeux de hasards). La loi du 12 mai

2010 est venue perturber ce fonctionnement en autorisant l’ouverture à la concurrence sur les

jeux de hasard et les jeux d’argent en ligne. Cette loi fait suite à la demande de l’Union

Européenne de libéraliser les services et d’augmenter la concurrence sur le secteur des jeux,

étant donné que la plupart des Etats membres avaient le monopôle sur l’organisation des jeux

de hasard.

Certains Etats membres (dont la France), ont tenté de limiter la concurrence sur ce

secteur en obligeant les opérateurs privés à obtenir un agrément (ou une licence) pour les jeux

de hasard et les jeux d’argent. Par ailleurs, la loi du 12 mai 2010 met certaines conditions sur

les paris des courses hippiques : le taux de retour maximum aux joueurs est de 85%, et les

sommes pariées ont une fiscalité directe de 7%. La France a mis en place une redevance de

8% au profit des sociétés de courses, au titre de la mission de service public d'amélioration de

l'espèce équine et de la promotion de l'élevage qui leur est confiée. Cependant cette mesure

n’est pas compatible avec le droit européen et la France risque d’être condamnée. Malgré

l’ouverture à la concurrence, le PMU, organisateur de paris historique reconnu en Europe,

reste le premier opérateur de paris sur les courses hippiques. Le financement de la filière

équine est néanmoins menacé dans la mesure où les prélèvements pour le financement des

sociétés de course, le soutien à l’élevage et le Fonds EPERON, risquent d’être annulés par la

Commission Européenne. Si le Fonds EPERON est dans la ligne directe de

1 Source : www.ifce.fr

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professionnalisation de la filière, son avenir est incertain en raison de l’ouverture à la

concurrence sur les paris sportifs.

D. La situation des centres équestres

Le statut agricole des centres équestres les fait bénéficier d’un taux de TVA réduit de

5,5%. Il est en opposition avec la décision de la Commission Européenne. Pour elle, « on

entend par « activité agricole », la production, l'élevage ou la culture de produits agricoles, y

compris la récolte, la traite, l'élevage et la détention d'animaux à des fins agricoles ou le

maintien des terres dans de bonnes conditions agricoles et environnementales. »2 La loi

française est moins restrictive puisque depuis 2005, les activités d’entrainement et de

préparation des équidés domestiques, à l’exception des activités de spectacle, sont réputées

agricoles. Cet assouplissement est intervenu après la prise de conscience d’un manque de

clarté fiscale, juridique et sociale des centres équestres. En effet, avant 2005 les centres

équestres sous forme d’entreprise étaient soumis à un régime de TVA à 19,5%, alors que les

associations proposant la même activité étaient exonérées de TVA. Il en était de même pour

les associations d’éleveurs et les élevages ayant un statut d’entreprise.

Ce régime de TVA à deux vitesses établissait une entrave à la libre concurrence, les

entreprises étaient soumises à la TVA alors que les associations ne l’étaient pas, et a entrainé

l’harmonisation du statut des entreprises et associations équestres. Le code rural a donc

intégré les activités des centres équestres et des éleveurs sous le régime agricole. Les

conséquences ont donc été un taux unique réduit de TVA, mais aussi l’accès à des aides et au

foncier jusqu’à là réservés aux activités agricoles. Indirectement, cela a permis à une grande

majorité de centres équestres d’améliorer leurs infrastructures et d’employer du personnel

qualifié.

La Commission Européenne a publié en 2006 une directive stipulant que « seules les

prestations relatives aux denrées alimentaires destinées à la consommation humaine et

animale ainsi que les animaux vivants, les graines, les plantes et les ingrédients normalement

destinés à être utilisés dans la préparation de denrées alimentaires et les intrants agricoles

2 Source : Ministère de l’Agriculture, « Guide des aides européennes pour la filière équine ».

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peuvent faire l’objet d’une TVA réduite »3. En 2011, dans le cadre de la loi des finances, la

France a relevé le taux de TVA à 7% pour les denrées qui ne sont pas directement

consommées par l’Homme. En 2012, la Cour de Justice de l’Union Européenne a condamné

la France pour ne pas avoir harmoniser le taux de TVA à 19,6% comme il a été décidé en

2006 pour les activités de préparation et d’entrainement des équidés.

Les instances représentatives des centres équestres ont organisé un collectif pour faire

pression contre la hausse de la TVA, avec un passage à 19,6% qui aurait des répercussions en

termes d’emplois et de pérennité de la filière. « L’Equitation en péril »4regroupe ainsi la FFE,

le Groupement Hippique National (GHN, syndicat des entrepreneurs du cheval), la Fédération

Nationale du Cheval (FNC) et la Chambre syndicale du commerce des chevaux de France. Ce

collectif a ainsi fait signer la pétition contre la hausse de la TVA à plus de 43 000 directeurs

de centres équestres, salariés ou simples cavaliers. Cependant, malgré cette mobilisation,

l’avenir de la filière semble menacé. Les conséquences d’une hausse de la TVA sont lourdes

pour les cavaliers comme pour les centres équestres. Le collectif « L’Equitation en péril »

estime à plus d’un million la perte du pouvoir d’achat pour les dépenses dans les activités

équestres. Alors que l’équitation connaît un succès grandissant depuis plusieurs années,

concrétisé par l’augmentation du nombre de licenciés, l’augmentation du taux de TVA sera un

frein à la libéralisation de cette activité. En effet les particuliers ne récupèrent pas la TVA

pour leurs achats. Les centres équestres quand à eux, verront leur activité diminuer, ce qui

entrainera la fermeture des centres les plus fragiles et de nombreux licenciements. Alors que

depuis quelques années le secteur équestre crée 1 000 emplois par an, la hausse de la TVA

entrainerait directement 6 000 suppressions d’emplois.

L’harmonisation européenne du taux de TVA est en cours. C’est un des outils de

l’Union Européenne pour faire face à la crise budgétaire et à la dégradation des finances

publiques. La Commission Européenne doit examiner les taux de TVA des différentes

activités de chaque Etat membre, d’ici la fin 2013. C’est à cette occasion que sera décidé

l’avenir des centres équestres.

3 Source : Ministère de l’Agriculture, « Guide des aides européennes ».

4 Source : www.lequitationenperil.org

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1.2. Particularisme du marché de l’équitation

Les deux tiers des centres équestres sont des sociétés privées. Ceci constitue une

exception dans le milieu sportif puisque la majorité des clubs de proximité, ouverts à tous est

gérée sous forme associative. A l’instar des associations sportives, les centres équestres sont à

la recherche de subventions pour les aider dans leur gestion et dans leur projet de

développement. Leur forme juridique (sociétés privées) ne leur permet pas de prétendre aux

subventions locales qui sont attribuées aux associations sportives.

Les entreprises du secteur agricole peuvent prétendre à certaines aides, notamment

européennes, concernant en particulier le développement des activités agricoles en milieu

rural. Cependant, le fait que selon l’Etat français les centres équestres relèvent du régime

agricole alors que la définition européenne est plus restrictive rend difficile l’accès aux

subventions. Pour avoir des aides, notamment celles du Fond Européen Agricole pour le

Développement Rural (FEADER), les centres équestres ont tout intérêt à mettre en place des

activités complémentaires telles que élevage, protection de l’environnement, accès à

l’équitation aux personnes en situation de handicap... Ces actions sont susceptibles d’être

subventionnées par le programme FEADER. Cependant, très peu de dirigeants d’entreprises

ont connaissance de ce programme, et des moyens d’y accéder (relation avec la mairie, le

conseil régional...). Cette complexité juridique des centres équestres rend difficile l’accès aux

aides. Ni association, ni structure relevant du champ de l’agriculture, les centres équestres

doivent trouver d’autres voies pour leur développement (tarifs des reprises, activités

secondaires...).

A. Caractéristiques du marché de l’équitation au niveau national

Le marché de l’équitation est en pleine expansion depuis 10 ans, avec une croissance à

deux chiffres. Les centres équestres se multiplient (on en compte 8 400 affiliés à la FFE en

2012), et emploient plus de 15 000 salariés. Ils sont le premier employeur du secteur sportif,

avec plus de 15 000 salariés actifs (et plus 7 000 entrepreneurs).5

5 Source : Fédération Française d’Equitation, « La FFE en chiffres, 2012 ».

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L’offre est variée, on dénombre 30 disciplines équestres (dont trois olympiques, le

saut d’obstacle, le dressage et le concours complet d’équitation), et les formes de pratique

sont également diverses : équitation sur poney, cheval, en carrière, manège ou bien en

extérieur. Les centres équestres sont donc susceptibles de proposer de nombreuses activités

pour tous les âges (baby-poney à partir de trois ans), de loisir ou de compétition. Cependant,

tous les centres équestres ne proposent pas les mêmes activités, et il convient de distinguer le

poney club du centre équestre.

Le poney club propose avant tout de l’équitation sur poney, pour les plus jeunes. Son

cœur de cible est donc les 3-18 ans (à partir de 18 ans, il est courant de passer à de

l’équitation sur cheval, et les compétitions officielles « poneys » sont interdites au plus de 18

ans). Le poney club peut s’orienter vers la pratique de la compétition sur poneys ou non. Il

peut également proposer de la location d’équidés (en général sur au moins une saison, pour

permettre à des cavaliers d’un certain niveau de monter le même poney et de former un

couple, sans être obliger d’acheter une monture). Les poneys clubs peuvent également

proposer d’héberger les équidés de propriétaires. Sa cavalerie se compose de poney shetlands,

petit poney de dépassant pas 1,07m au garrot et de poneys de toutes races (les poneys de races

Connemara, Welsh et poneys Français de Selle sont les plus courants dans les poneys clubs, à

cause de leur grande polyvalence). Les poneys ne doivent pas dépasser 1,48m au garrot, au-

delà ils sont considérés comme des chevaux pour les compétitions officielles.

Généralement de taille plus importante que le poney club, le centre équestre propose

de l’équitation sur poney et sur cheval. Des sorties en compétition sont généralement

organisées pour les cavaliers qui le souhaitent. Les centres équestres sont généralement

orientés sur une discipline olympique (saut d’obstacle, dressage ou concours complet

d’équitation) ou sur l’équitation d’extérieur. Ils proposent souvent de la location d’équidés

pour les cavaliers souhaitant évoluer avec une monture et de l’hébergement d’équidés.

Certains centres équestres ont un nom commercial différent : écuries, haras, club hippique

mais leur activité principale reste l’enseignement de l’équitation. Les activités que peuvent

proposer les centres équestres et poneys clubs vont des plus classiques (obstacle, dressage,

balades...) au plus originales (pony-games, horse-ball ou encore foot-poney, la dernière

discipline née en 2011). Cette diversité de l’offre peut expliquer en partie le rang de troisième

fédération française qu’occupe la FFE. Au-niveau de l’organisation des activités, la plupart

des centres équestres proposent des cours d’une heure hebdomadaire (appelés reprises), et des

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stages à la demi-journée, journée ou semaine durant les vacances, qui permettent aux

cavaliers de se perfectionner, de découvrir d’autres activités à cheval ou autour du cheval ou

de passer les diplômes fédéraux (appelés Galop, de 1 à 9).

En ce qui concerne la fréquentation des centres équestres et poneys clubs, le nombre

de licenciés a augmenté de 62% entre 2001 et 2011, passant de 432 498 licenciés à 705 7836.

Pour autant, certaines pratiques à cheval ont le vent en poupe, alors que d’autres bénéficient

moins de cet engouement pour le cheval. Si l’on revient aux motivations qui poussent les

novices à faire du cheval, c’est surtout à cause de l’image que représente le cheval : liberté et

contact avec la nature. Et les chiffres le prouvent, le nombre de licences tourisme délivrées

chaque année est en augmentation, avec 85 111 licences en 2011 (la FFE délivre trois types

de licences : poney, cheval et tourisme, chacune pouvant être classée « pratiquant » ou

« compétition »). Le nombre d’établissements de tourisme équestre (organisateurs de

randonnées) est de 2 500 répartis sur toute la France, en augmentation de 25% entre 2002 et

20057. Les centres équestres sont de plus en plus nombreux à proposer balades et randonnées

pour répondre à la demande d’une clientèle désireuse de vacances sportives en plein air.

D’ailleurs, le nombre de centres équestres à demander la labellisation délivrée par la FFE

« Centre de Tourisme Equestre » ou « Cheval Etape » est lui aussi en augmentation.

La France est la première nation de tourisme équestre8. Le Comité National de

Tourisme Equestre estimait en 2011 à 1 180 000 le nombre de pratiquants de tourisme

équestre (licenciés et non licenciés). Les activités de loisirs en extérieur telles que les balades,

randonnées, tourisme équestre (à cheval mais aussi autour du cheval comme en roulotte par

exemple) attirent de plus en plus de clients, mais ce sont surtout des cavaliers occasionnels

qui les pratiqueront pendant leurs vacances, clientèle difficile à fidéliser et très indépendante.

En ce qui concerne la demande, il s’agit de distinguer la demande actuelle de la

demande potentielle. La demande actuelle concerne 2,2 millions de pratiquants, dont plus de

700 000 licenciés. Ces chiffres sont à nuancer entre les pratiquants réguliers (30% environ),

6 Source : www.ffe.com/Statistiques.

7 Source : Fédération Française d’Equitation « Le livre vert de la FFE ».

8 Source : Comité Régional d’Equitation Midi-Pyrénées, « Etude de la filière tourisme équestre en Midi-Pyrénées », 2012.

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c’est à dire qui montent une fois par mois ou une fois par semaine, des pratiquants

occasionnels qui vont monter à cheval une ou plusieurs fois par an. Les attentes de cette

clientèle déjà initiée sont de pratiquer une activité de plein air et de créer un lien avec le

cheval. 77% d’entre eux aimeraient pratiquer d’avantage leur activité équestre, et les

principaux freins sont le coût de la pratique et le manque de temps. L’équitation est le

quatrième sport préféré des parents, parmi une liste de 30 sports. L’équitation est ainsi perçue

comme un sport permettant la transmission des valeurs éducatives comme le respect des

autres ou encore la responsabilisation de l’enfant. Chez les adultes cavaliers, l’équitation

arrive en première place des sports préférés pour leurs enfants.

Le profil type de la clientèle existante régulière est un jeune entre 11 et 17 ans, fidèle à

son club et aux activités qu’il pratique. Il souhaite apprendre et bénéficier d’une instruction de

qualité. L’équitation est en général sa passion, et il participe souvent à plusieurs activités du

club (reprise hebdomadaire, stage pendant les vacances, balades ou concours...). Le manque

de temps est le principal frein. Le pratiquant occasionnel est plus jeune, âgé entre 6 et 10 ans,

il découvre l’équitation. Pratiquant plusieurs activités, il préférera des activités de loisir, sans

objectif de performance, en général des balades. Pour ces deux profils, il convient de noter

que la perception du cheval par les parents, leur attachement à ce sport et leurs revenus

peuvent également contribuer dans la fréquence de la pratique et le choix des activités suivies

par leurs enfants. Enfin, l’équitation est le premier sport féminin, 80% des licenciés étant de

sexe féminin.

La demande potentielle concerne douze millions de français qui aimeraient pratiquer

l’équitation, de manière régulière ou occasionnelle. Sur ces douze millions, 800 000 sont

susceptibles de s’inscrire dans un centre équestre d’ici deux ans, et constituent le cœur de

cible des centres équestres (et donc de la FFE). Les deux tiers aimeraient faire des balades ou

des randonnées, c’est à dire des activités proches de la nature, synonymes d’un retour aux

sources. Pour eux la pratique de l’équitation a une image familiale mais ce n’est pas un sport

ouvert aux non initiés. Il leur semble difficile d’entrer dans « la grande famille du cheval », et

c’est là un des principaux freins à leur inscription dans un centre équestre ou à des activités de

tourisme équestre.

Il existe deux profils de la clientèle potentielle. Le premier est le profil des

renonciateurs, des personnes entre 18 et 35 ans qui ont pratiqué l’équitation de manière

régulière ou occasionnelle étant plus jeunes, et qui souhaitent renouer avec le cheval, le plus

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souvent en couple ou accompagné. Leur objectif est de se détendre, de renouer avec le cheval

et ils sont prêts à s’inscrire à des activités équestres plusieurs fois par an ou même par mois.

Le deuxième profil est une clientèle jamais initiée aux pratiques équestres, très attentive à la

sécurité et ne cherchant pas les sensations fortes. Cette clientèle est généralement âgée de plus

de 35 ans et pratiquera des activités autour du cheval, telles que l’attelage ou les randonnées à

roulotte ou alors montera à l’occasion de balades et randonnées tranquilles. Cette clientèle

non initiée garde une image militaire du cheval, et ses motivations sont la pratique d’une

activité de plein air avec la proximité du cheval. Le prix des activités équestres est une

composante principale du choix, étant donné que ces personnes ont très souvent d’autres

centres d’intérêts9.

B. Le marché en Midi-Pyrénées

Le marché de l’enseignement de l’équitation est très concurrentiel en Midi-Pyrénées,

avec en moyenne un centre équestre pour 4 344 habitants, la moyenne nationale étant d’un

centre équestre pour 5 569 habitants. En moyenne, il y a 52 licenciés par centre équestre en

Midi-Pyrénées contre 62 licenciés par centre équestre sur la moyenne nationale. Cette

moyenne est à nuancer puisque des départements comme l’Ariège, l’Aveyron et le Gers ont

plus de centre équestre par licenciés que la moyenne nationale, alors qu’en Haute-Garonne il

y a plus de licenciés par centre équestre.

L’offre peut être segmentée par :

- de gros centres équestres, avec plus de 200 adhérents offrant un large panel de

prestations (baby poney, reprise classique, sortie en compétition...).

- des centres équestres de taille moyenne (entre 100 et 200 adhérents) qui proposent

moins de prestations et élargiront leur offre en fonction de leur développement.

- des petits centres équestres, à taille humaine, offrant des prestations personnalisées.

Qualitativement, les centres équestres de la région sont majoritairement orientés vers

le saut d’obstacle, et on trouve peu de centres équestres proposant l’enseignement du dressage

ou du concours complet par des professionnels (des cavaliers sortant à un niveau

9 Source : Comité Régional d’Equitation Midi-Pyrénées, « Etude de la filière tourisme équestre en Midi-Pyrénées », 2012.

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professionnel). 18% des centres équestres en Midi-Pyrénées ont ouvert après 2005, ce qui

correspond à l’augmentation du nombre de licenciés observée depuis 10 ans (le nombre de

licenciés a augmenté de 55% entre 2002 et 2012). 60% des structures équestres ont été créées

entre 1985 et 2004, les plus vieux (22%) ont été mis en service avant 198510.

Au niveau des profils des licenciés, 80% sont de sexe féminin. Comparativement à la

moyenne nationale, il faut noter que le nombre de licences compétitions féminines est

supérieur (+3%). Au niveau du type de licences (fléchage poney, cheval ou tourisme), les

licences tourismes ont augmenté de 72%, ce qui confirme la tendance nationale pour le

tourisme équestre et les sports de pleine nature. Midi-Pyrénées est une région riche de

paysages verdoyants er préservés de l’homme, et la demande en balades et randonnées

équestres est forte durant la saison estivale. Les moins de 12 ans représentent 39% des

licenciés, les 13-17 ans 23% et les plus de 17 ans 38% (dont 10% de 17-21 ans).

La fidélité des cavaliers en Midi-Pyrénées est une composante essentielle du

développement des centres équestres régionaux. Le taux d’abandon est fort, 55% des cavaliers

qui ont pris leur première licence en 2011 ne l’ont pas renouvelée en 2012. Le taux d’abandon

global est de 40%, en région comme sur la France entière11. Ce taux d’abandon important est

supérieur à celui d’autres sports. Par exemple, le taux d’abandon en judo est de 41%, 45%

pour les 6-8 ans. En tennis, le taux d’abandon se situe autour des 34%.

C. Hypothèse sur l’équitation en France

Depuis une dizaine d’années, les centres équestres se démocratisent et voient leur

nombre global de licenciés augmenter. Sur la France entière, l’offre est très hétérogène

puisque 30 disciplines sont répertoriées au sein de la FFE. Il est difficile d’analyser

l’évolution de la demande dans le temps, mais le fort potentiel d’attractivité de l’équitation

permet d’émettre des hypothèses. Ainsi, le fait que les centres équestres ouvrent massivement

depuis les années 70 (en particulier avec l’émergence des poneys clubs et du tourisme

équestre), a certainement permis la création d’une demande, par la connaissance du milieu

équestre qui jusqu’à là était réservée aux militaires et aux secteur agricole (jusqu’à la fin de la

10 Source : Conseil Général, « Présentation nationale et régionale des centre équestre »

11 Source : Fédération Française d’Equitation, « Dossier fidélité des licenciés 2012 Midi-Pyrénées »

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première guerre mondiale) puis à une certaine catégorie élitiste de personnes pratiquant une

équitation axée sur la performance et les résultats en compétition. Jusque dans les années 50

avec l’ouverture des premiers centres équestres et surtout les années 70 où les premiers

poneys clubs ouvrent leurs portes, inspirés par la tendance anglo-saxonne, l’équitation de

loisir n’existe pas. En matière d’équitation, la demande est fonction de l’offre, de la capacité

des centres équestres à se faire connaître et bien sur des tarifs pratiqués.

Le taux d’abandon précoce très fort peut s’expliquer par la nouvelle image de

l’équitation (image donnée en grande partie par la FFE). En effet, les instructeurs

d’aujourd’hui forment les cavaliers de demain. Le problème est que les instructeurs ont été

formés à une certaine école, basée sur la compréhension du cheval et des années de pratiques

à cheval et autour pour devenir un « homme de cheval ». L’expression homme de cheval

s’applique « aux personnes qui s'occupent exclusivement du cheval, pour l'élever, le dresser,

le conduire ou l'utiliser 12 ». L’art équestre français s’est construit sur un modèle de

performances, militaires ou sportives. Or la clientèle actuelle est majoritairement une clientèle

de loisirs (72% des cavaliers ne souhaitent pas faire de la compétition), cherchant avant tout à

se faire plaisir. Ainsi, l’offre proposée par les centres équestres, avec beaucoup d’activités de

sauts d’obstacles, l’apprentissage de techniques difficiles, ne correspond qu’à une partie des

besoins des cavaliers. Une des raisons de l’abandon précoce peut ainsi être une fausse image

de l’équitation véhiculée par des clips télévisuels, ou des séries, où monter à cheval semble

facile alors que faire réellement fonctionner sa monture demande des années d’efforts.

Les centres équestres et les poneys clubs essaient de s’adapter en proposant des cours

ludiques, en particulier pour les plus jeunes. Mais il s’agit de se demander si la forme de

l’activité, à savoir une demi-heure de préparation, peu souvent encadrée par un moniteur, et

une heure de cours convient réellement aux attentes de la clientèle. La question est de savoir

ce que veut le client : comprendre un animal peu présent dans son environnement familier,

apprendre à s’en occuper, le soigner, le monter, appréhender de nouvelles sensations, en faire

un compagnon de balade ou encore qu’il l’amène jusqu’aux victoires en compétitions ?

Pour satisfaire la demande croissante d’équitation de loisir, les centres équestres sont

de plus en plus nombreux à proposer balades et randonnées, mais encore faut-il qu’ils le

12 Source : Pellier J., « mes italiques », 1900.

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puissent, avec un cadre agréable et des sentiers de randonnées équestres qui partent du club.

En effet rien de pire pour un cavalier rêvant de galop en pleine nature de se retrouver au pas

sur du bitume. D’autres disciplines sont apparues récemment comme l’équitation éthologique,

qui consiste à adopter une approche naturelle du cheval et à communiquer avec lui par des

signaux propres à son espèce. Cette discipline est fortement controversée au sein du

mouvement équestre, considérée par certains comme une tromperie visant à toucher un public

de néophytes. Néanmoins, les centres équestres sont de plus en plus nombreux à proposer

cette discipline, et des « Savoirs éthologiques », diplômes fédéraux ont même été instaurés

par la FFE. Quelque soit l’approbation des professionnels, l’équitation éthologique fédère de

nombreux cavaliers.

On peut émettre l’hypothèse que si le tourisme équestre et l’équitation éthologique

rencontrent autant de succès, c’est parce qu’ils proposent une approche réellement différente

du cheval, basée sur le contact avec l’animal. L’image que la clientèle a de l’équitation de

manège est encore une image militaire, académique, et pas du tout ludique, même si dans la

réalité les reprises, en particulier celles pour les plus jeunes, sont adaptées à leur âge et très

pédagogiques. Les centres équestres ont pour la plupart une offre variée, mais c’est surtout

l’image de l’équitation de manège qui reste un frein pour passer la porte d’un centre équestre.

Un autre frein à la pratique de l’équitation est l’image d’un cercle fermé de cavaliers, qu’il est

difficile de pénétrer. Il y a là aussi un paradoxe, l’équitation est perçue comme un sport

familial, ayant de forte valeur éducative, et pourtant faire partie de ce mouvement sportif

semble n’être possible que pour certaines catégories de personnes : les cavaliers initiés et ceux

qui connaissent le monde du cheval.

Les divergences d’intérêt entre toutes les instances représentatives du cheval, entre la

FFE qui promeut « l’équitation pour tous » et les instructeurs représentants de l’art équestre

français, se retrouvent dans la gestion des centres équestres. Le dirigeant est souvent seul pour

définir le plan de développement de sa structure et monter un plan de financement. Comment

faire pour fidéliser sa clientèle, attirer de nouveaux clients et pourtant enseigner une

équitation de qualité sont aujourd’hui les préoccupations principales de nombreux dirigeants

de centres équestres.

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1.3. Originalité de la gestion des centres équestres

A. Les difficultés pour positionner son centre équestre

L’offre en matière d’enseignement d’équitation est donc hétérogène. Les activités

proposées sont souvent le reflet de la volonté du dirigeant, qui proposera en priorité des

activités équestres qu’il a lui-même pratiquées ou qui ont un certain attrait pour lui. Selon son

degré d’entreprenariat, le gérant pourra mettre en place des activités sur une saison qu’il ne

reconduira pas si elles ne rencontrent pas le succès escompté. Il est difficile de savoir à

l’avance quelles activités vont plaire, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, la motivation

première des novices qui s’inscrivent et de « faire du cheval », c’est à dire de monter dessus

mais aussi de s’en occuper et d’apprendre à le connaître, le soigner. Très peu de cavaliers

imaginent être un jour un grand champion, à la différence d’autres disciplines sportives dont

les performances des athlètes font rêver petits et grands. Cependant, la notion de progression

est importante pour la majorité des cavaliers, même pour ceux qui ne souhaitent pas sortir en

compétition et qui sont plutôt tournés vers une équitation de loisir. Le succès des activités

mises en place va aussi dépendre de la capacité du moniteur à communiquer, à susciter l’envie

et créer un certain dynamisme dans le groupe. Il dépend aussi du degré de connaissance de la

clientèle qu’a le dirigeant du centre équestre, qui proposera des activités correspondant à un

réel besoin (par exemple proposer des balades parents-enfants dans un centre équestre

familial). Le choix de la cavalerie, le niveau de dressage des chevaux et poneys est bien sur

déterminant dans le succès des activités, surtout en compétition. Cependant, le dicton bien

connu « il n’y a pas de mauvais cheval, seulement de mauvais cavaliers » est vrai, et

généralement les cavaliers rigoureux et déterminés obtiennent des résultats avec beaucoup de

travail.

Le cheval en tant qu’animal présente un attrait indéniable pour des millions de

personnes. Paradoxalement, les centres équestres ne bénéficient pas forcément de cette image.

Pour de nombreux français, les centres équestres sont un endroit fermé, inaccessible pour le

citoyen lambda et où ils n’ont pas leur place. Pourtant, peu sont les centres équestres à avoir

adopté un positionnement élitiste, la grande majorité étant des clubs familiaux avec une bonne

ambiance. La notoriété des centres équestres peut être faible, même dans leur commune de

résidence s’ils ne prennent pas des mesures pour se faire connaître. Il y a un paradoxe entre la

communauté équestre, plutôt restreinte et où les cavaliers vont tous se connaître (au moins de

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nom) et les prospects potentiels non initiés au monde du cheval, qui ne trouvent pas forcément

la porte d’entrée du monde du cheval.

La question de cible marketing est pertinente pour les centres équestres. Animés d’une

même passion, celle du cheval, les dirigeants doivent bien comprendre que les cavaliers et

potentiels cavaliers ne viennent pas pour les mêmes raisons. Alors que certains sont animés

par la volonté de progresser, d’autres le seront par le désir de passer un moment agréable en

pleine nature, ou encore pour s’occuper de cet être fascinant qu’est le cheval. Il est alors

primordial pour les centres équestres de clarifier leur offre pour que le client sache ce qu’il

peut faire.

A cause du manque de clarté dans l’offre des centres équestres, la plupart des cavaliers

potentiels ne savent pas ce qu’ils vont faire une fois inscrit au centre équestre et un malaise

peut s’en faire ressentir. Par exemple, le cavalier novice qui va pour la première fois dans le

centre équestre proche de chez lui (la proximité étant le premier facteur de choix d’un centre

équestre), peut se sentir déboussolé s’il arrive dans une écurie où la majeure partie des

cavaliers fait de la compétition et travaille en ce sens. Surtout, s’il avait l’intention de

s’inscrire pour faire des balades et se détendre en compagnie de cavaliers ayant les mêmes

motivations. Le problème est que tous les centres équestres proposent des cours « du débutant

à la compétition », et qu’on ne va pas dire à ce cavalier qu’il serait bien mieux dans un autre

centre équestre où la motivation première des cavaliers n’est pas la compétition mais bien de

passer un moment convivial avec son cheval et les autres cavaliers. Il est ainsi fort probable

qu’au bout de quelques séances (voir une saison pour les plus tenaces), ce cavalier abandonne,

n’ont pas à cause de la qualité des cours mais parce qu’en dehors des reprises il n’aura pas eu

satisfaction à son autre source de motivation : rencontrer des gens partageant les mêmes

envies.

Les petits centres équestres (moins de 100 cavaliers) et les gros centres équestres (plus

de 300 adhérents) arrivent à se positionner sur plusieurs segments de clientèle, pour plusieurs

raisons. Dans les petits centres équestres, l’ambiance est familiale, les cavaliers présents

depuis plusieurs années, les gens se connaissent et s’apprécient. Il n’y a souvent qu’un seul

moniteur, qui connaît bien sa clientèle et propose des activités en fonction de leurs envies.

Dans les gros centres équestres, le club peut se diversifier et proposer des activités pour les

férus de compétitions autant que pour la clientèle plutôt « loisir ». Plusieurs moniteurs

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travaillent au centre, chacun ayant généralement « sa » clientèle. Le plus souvent, la clientèle

« loisir » ne côtoie que rarement les cavaliers de compétition.

Le marché de l’équitation est un marché complexe. Les centres équestres sont le fruit

de la passion de cavaliers confirmés, souvent spécialistes d’une activités (obstacle, dressage,

concours complet, pleine nature). Ils ont souvent à cœur de développer en priorité leurs

pratiques équestres favorites. Poussé par la nécessité, ils mettent en place une offre

diversifiée, afin de satisfaire leurs clients mais sans réelle logique. La plupart du temps les

futurs cavaliers ne savent pas vraiment dans quoi ils s’engagent lorsqu’ils mettent les pieds

dans un centre équestre, et quand ils ne trouvent pas ce qu’ils étaient venus chercher, ils

quittent le milieu de l’équitation en pensant que c’est partout pareil. Beaucoup de cavaliers

interrogés, qui ont fait plusieurs centres équestres reconnaissent souvent qu’il y a différents

types de centres équestres : « dans celui-là, les moniteurs ne s’occupaient que de ceux qui font

de la compétition », « dans ce centre équestre, on ne faisait que de l’obstacle »... Pourtant ce

positionnement des centres est rarement visible, seul le critère « prix » permet en général de

faire un choix entre les centres équestres, pour les futurs cavaliers qui ne choisissent pas le

plus proche de chez eux.

Comme pour toute entreprise, il est essentiel que les centres équestres analysent leurs

forces et faiblesses. Une analyse SWOT13 -Strengths, Weaknesses, Opportunites, Threats que

l’on peut traduire par Forces, Faiblesses, Opportunités et Menaces,-est particulièrement

adaptée pour positionner son entreprise sur le marché. Les centres équestres doivent

apprendre à mieux connaître leur clientèle existante et potentielle, leurs concurrents pour se

positionner sur un ou plusieurs segments du marché.

B. De l’homme de cheval à l’homme gestionnaire

Le cheval est un animal vivant, nécessitant de nombreux soins quotidiens. Gérer un

centre équestre signifie entretenir une cavalerie (plus ou moins nombreuses), mettre en place

des activités équestres, gérer la relation avec les clients et bien sûr s’occuper des chevaux.

Dans les petits centres équestres, il n’est pas rare que le dirigeant soit seul pour nourrir les

chevaux, faire les box, assurer les reprises, s’occuper des tâches administratives et répondre

13 Source : Le dictionnaire du marketing.

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aux besoins des clients. Il n’y a actuellement pas de diplôme demandé pour gérer un centre

équestre, en dehors du Brevet Professionnel de la Jeunesse, de l’Education Populaire et du

Sport, (BPJEPS) mention ‘équitation’ pour donner des cours. S’il est un cavalier aguerri et un

homme de cheval, le gérant de centre équestre n’est ainsi pas ou peu préparé pour les autres

tâches qu’il doit accomplir.

L’équitation est un secteur précurseur dans le milieu sportif. La convention collective

des personnels de centres équestres fût la première convention collective du milieu sportif,

éditée le 11 juillet 1975. Un grand nombre d’acteurs interviennent dans sa conception, acteurs

du sport, de l’agriculture et de l’élevage, tous concernés.

- L’Etat est représenté par l’intermédiaire de Jeunesse et Sports (qui relève du ministère

des Sports) et des Haras Nationaux (sous l’autorité du ministère de l’agriculture)

- Le Groupement Hippique National (GHN), défendant les intérêts des gérant de centres

équestres

- La Fédération Française des Sports Equestres (ancienne FFE), défendant les sports

équestres de haut niveau.

- Les salariés, représentés par des syndicats.

Cette configuration triangulaire (sport, agriculture et élevage) et les nombreux acteurs

rendent difficiles les relations, chacun cherchant à défendre ses intérêts. Ainsi, la Fédération

Française des Sports Equestres cherche le rayonnement des sports équestres français à

l’international, alors que les Haras Nationaux défendent les chevaux de haut niveau français,

octroyant des primes aux cavaliers français qui ont des résultats en concours avec des chevaux

français. Ce qui conduit les cavaliers de haut niveau à choisir des chevaux français, quand

bien même ils pourraient monter des chevaux étrangers plus performants. La Délégation

Nationale d’Equitation sur Poneys (DNET) et l’Association Nationale de Tourisme Equestre

(ANTE) ajoutent à la confusion en revendiquant leurs droits de promouvoir l’équitation de

loisir, jusque là peu présente et reconnue. Aujourd’hui, la FFE regroupe les activités

d’équitation sur cheval et poney ainsi que le tourisme équestre.

A l’inverse de la majorité des associations sportives, les centres équestres emploient

leurs personnels: palefreniers, soigneurs, moniteurs et des fois une secrétaire. Manager une

équipe de salariés peut s’avérer complexe pour le gérant habitué à travailler seul. Comment

les motiver ? Comment les amener à donner le meilleur d’eux-mêmes, et donner envie aux

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cavaliers de s’investir dans le club ? Les moniteurs d’équitation sont soumis à la convention

collective des centres équestres, et à ce titre leur employeur peut leur demander de travailler

les jours fériés, et ils ont souvent des horaires peu compatibles avec une vie de famille. Le

régime des 35 heures s’applique bien sûr, mais il est rare qu’il soit totalement respecté, et les

heures supplémentaires ne sont que rarement payées, faute de moyen (voire de volonté de la

part de certains employeurs). Manager ces moniteurs est difficile, ces hommes et ces femmes

ont souvent choisi ce métier par passion du cheval et leurs conditions de travail ne sont pas

toujours faciles : travail en extérieur, heures décalées, contact avec les clients... Le turn-over

est fort dans les centres équestres.

Les centres équestres sont donc particuliers car leurs activités relèvent du domaine

sportif (enseignement de l’équitation) mais également du champ de l’agriculture (les salariés

et exploitants des centres équestres sont affiliés à la Mutualité Sociale Agricole, MSA,

organisme de protection sociale du secteur agricole). Deux ministères se partagent la tutelle

de la FFE (ministère des Sports et ministère de l’Agriculture), et défendent des intérêts

différents. De plus, les centres équestres sont majoritairement des entreprises privées et non

des associations, comme ce qui est ordinaire dans le secteur du sport.

C. L’équitation, une exception

Les centres équestres sont donc des exceptions dans le milieu sportif. Structures

privées, les centres équestres ont leurs propres interlocuteurs pour les conseiller. Les instances

représentatives des sports équestres et du sport en général sont nombreuses. FFE, Comité

Régional ou Départemental, Direction Départementale de la Jeunesse, des Sports et de la

Cohésion Sociale, ... les interlocuteurs sont nombreux mais la coordination faible entre eux.

De ce fait les dirigeants de centres équestres sont souvent amenés à trouver des réponses eux-

mêmes, et à imaginer leurs solutions. Milieu à part, l’équitation est le seul sport qui fait

intervenir un animal, et c’est également le seul sport mixte en compétition. Par son histoire,

l’équitation garde une image d’un milieu fermé, réservé à une certaine catégorie de la

population. Malgré un fort potentiel de sympathie et d’attrait pour le cheval, les dirigeants de

centres équestres ont parfois du mal à faire changer les états d’esprit, et cela nuit à leur

notoriété. L’heure de cours poney varie entre 12! et 16! selon les clubs, alors que les

associations sportives proposent en général des tarifs bien moins chers pour la saison. La

France est cependant en avance sur ses voisins européens, et les efforts faits pour la

démocratisation de ce sport sont visibles. L’Angleterre par exemple avait pour objectif

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d’atteindre les 400 000 licenciés en 2013, alors que la France compte plus de 700 000

licenciés. Les tarifs des leçons sont également plus chers, puisqu’en général il faut compter

20£ (environ 23!) pour une heure de leçon. Pourtant, l’Angleterre est la terre du cheval par

excellence, et il est courant de posséder son cheval ou son poney, même pour les non

cavaliers, le cheval étant presque considéré comme un animal de compagnie. La FFE a adopté

une politique fédérale d’équitation pour tous, et les centres équestres relaient cette volonté en

proposant des cours à un moindre coût, comme pourrait le faire les associations. Cependant

cette massification de l’équitation, avec des techniques d’apprentissages ludiques et rapides a

un coût : la perte de techniques de dressage qui font que l’équitation française est reconnue

dans le monde entier. En effet, l’équitation de tradition française est inscrite au patrimoine

mondial de l’UNESCO. Elle est définie comme « un art de monter à cheval ayant comme

caractéristique de mettre en relief une harmonie des relations entre l’homme et le cheval. Les

principes et processus fondamentaux de l’éducation du cheval sont l’absence d’effets de force

et de contraintes ainsi que des demandes harmonieuses de l’homme respectant le corps et

l’humeur du cheval. La connaissance de l’animal (physiologie, psychologie et anatomie) et de

la nature humaine (émotions et corps) est complétée par un état d’esprit alliant compétence et

respect du cheval. La fluidité des mouvements et la flexibilité des articulations assurent que le

cheval participe volontairement aux exercices.14 ».

14 Source : www.unesco.org, L’équitation de tradition française.

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II. L’avenir du cheval en France

2.1. Les composantes déterminantes pour l’avenir de la filière

A. Contexte économique et phénomènes sociétaux

La domestication du cheval et ses différents usages sont depuis toujours en relation

avec son environnement extérieur. L’abandon du cheval utilisé à des fins militaires avec

l’apparition d’engins motorisés en est un exemple. Les évolutions économiques et sociétales

que l’on peut prévoir dans les décennies à venir devraient être prises en compte pour les

perspectives de la filière équine.

Les perspectives économiques sont les plus difficiles à prévoir. La crise économique

qui sévit depuis 2008 ne touche pas les pays de la même façon. En France, la pratique de

l’équitation, même si elle se développe, concerne majoritairement les classes moyennes

supérieures et les classes supérieures. Le secteur équestre est particulièrement dépendant du

pouvoir d’achat des français. Comme tout secteur de loisir, c’est une dépense que les

consommateurs supprimeront s’ils n’en ont plus les moyens. Le profil des clients est tel que si

la crise touche durablement les classes moyennes de la société, l’augmentation annuelle du

nombre de licenciés pourrait être perturbée. A l’opposé de ce scénario, le retour à la

croissance favorisera les classes moyennes et les centres équestres verraient certainement leur

nombre d’adhérents augmenter d’année en année.

Le contexte sociétal prend en compte les modes de vie des français, leurs besoins et

les répercussions sur la filière équine. Le 21ème siècle est caractérisé par l’allongement de la

durée de vie, une mobilité accrue mais également un certain appauvrissement des classes

moyennes. En 2000, il y avait 17% des personnes de plus de 65 ans, et les estimations sont de

23% en 2030. Cette augmentation du nombre de personnes âgées peut être une opportunité

pour la filière équine avec l’apparition de services « nouveaux loisirs », prenant en compte les

caractéristiques de cette population (promenade en calèche) mais aussi des services « santé »

comme la rééducation par le cheval.

Internet, les réseaux sociaux et les modes de transport de plus en plus qualitatifs et

rapides, ont permis le développement du temps libre. Mieux informés, plus rapides dans leurs

déplacements, les français ont acquis une mobilité accrue et surtout un niveau d’exigence

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renforcé. Les activités de loisir dépendent de moins en moins du lieu de vie et du lieu de

travail. Les français sont donc moins liés à un territoire, n’hésitant pas à faire des kilomètres

pour trouver l’activité de leurs rêves. Les secteurs de services et de loisirs se doivent d’être le

plus concurrentiel possible. Cette nouvelle mobilité des français peut être une opportunité

pour le secteur du tourisme équestre, pour peu que son offre soit attractive et qualitative.

Les modes de vie de plus en plus individualistes, marqués par un désengagement de la

vie politique et syndicale, la hausse des incivilités et de la délinquance affaiblissent les

rapports entres les Hommes, que ce soit les liens familiaux ou amicaux. Cet individualisme

poussé est la conclusion d’une « course au temps », le citoyen moderne n’ayant plus le temps

pour les autres, mais aussi d’un fort désir de liberté. Les français veulent être libres, et

choisissent leur groupe d’appartenance en fonction de leurs envies. Des réseaux se mettent en

place, en fonction des centres d’intérêts, et l’utilisation d’Internet facilite les échanges.

L’appartenance à un réseau est un symbole fort aujourd’hui, les français préférant se référer et

aider des membres de leur réseau plutôt que de se référer aux voies institutionnelles. Les

pratiques individualistes peuvent alors conduire à l’émergence d’une nouvelle forme de

solidarité favorisée par la recherche d’intérêt collectif. Ce nouveau mode de vie peut donner

naissance à de nouveaux usages du cheval : organisation de randonnées par des particuliers,

adoption de cheval en commun...

Le rapport entre l’Homme et l’animal est aussi une composante sociétale à prendre en

compte pour l’évolution de la filière équine. La nature et les animaux sont perçus

différemment qu’il y a quelques décennies. Alors que le contact avec la nature et les animaux

était la règle à une certaine époque, il est aujourd’hui l’exception. De nouveaux

rapprochements existent entre l’Homme et les animaux, mais plus réglementés. Le tourisme

vert, les sports de nature, sont autant de moyens de s’évader du paysage urbain. La mobilité

accrue des français permet d’accéder facilement à cette nature. La prise en compte de la

condition animale et le rejet des souffrances qui peuvent leur être faites, conduisent certains

groupes à assimiler le cheval à l’homme par transposition des besoins.

B. Les préoccupation et attentes des français

Une des attentes des français concerne le bien-être animal. Le statut du cheval a

changé selon les époques. Au moyen-âge, le cheval était utilisé comme outil agricole ou pour

la guerre. Aujourd’hui, il est instrument de sport ou de loisir, et sa condition a beaucoup

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évolué. Cependant, de nombreux cas de maltraitances sont encore recensés par les

associations de protection animales (SPA, fondation Brigitte Bardot...). Une proposition de loi

visant à faire passer le cheval en tant qu’animal de compagnie et non comme animal de rente,

comme c’est le cas aujourd’hui, est en cours. Les conséquences seraient certainement une

interdiction de consommation de la viande chevaline, mais aussi de nouvelles règles en ce qui

concerne la possession et l’utilisation des chevaux. En effet, si les chevaux ne sont plus

victimes de la guerre ou de l’exploitation agricole forcée, leur bien-être n’est pourtant pas

forcément assuré. Posséder un cheval n’est pas soumis à une réglementation particulière. Si

les professionnels (centre équestre, élevage...) vont généralement tout faire pour que leurs

chevaux vivent de manière décente, les particuliers peuvent ne pas avoir les connaissances

nécessaires sur la manière d’élever un cheval. S’il va de soi qu’un cheval a besoin d’espace, il

nécessite de nombreux soins qu’il ne faut pas négliger. Mêmes chez les professionnels, des

dérives existent. Le coût d’un cheval augmente régulièrement, en fonction du prix des

céréales mais aussi d’autres composantes (charges salariales, frais vétérinaires...) et certains

n’hésitent plus à faire quelques économies au détriment du bien être animal (nombreux

chevaux dans le même paddock, chevaux mal nourris...). Certaines pratiques équestres sont

également à dénoncer : nombreux coups de cravaches aux courses ou encore techniques de

dressage dures pour les chevaux de sport. Poussée à l’extrême, la cause du droit des animaux

ne pourrait-elle pas interdire la monte des chevaux, sous prétexte qu’il n’est pas naturel pour

un cheval d’être monté ?

Une autre préoccupation de ce 21ème siècle est la protection de l’environnement.

Depuis l’industrialisation massive des outils agricoles, le cheval a disparu des campagnes

françaises. Cependant, certaines villes n’hésitent pas à recourir à ses services pour des

activités telles que le tri des déchets, les balades en calèche... Le cheval est un agent

économique « propre », et qui va mettre en avant la politique écologique de la ville. Outre cet

aspect politique et environnemental du cheval, il peut être l’emblème de la ville et valoriser le

territoire. A titre d’exemple, le Camarguais, le petit cheval de Camargue, fait partie de

l’histoire de cette région et est un attrait touristique de la région Provence Alpes Côtes d’Azur

et Languedoc-Roussillon. Dans les territoires fragiles, le cheval peut être utilisé pour d’autres

travaux (débardage, sylviculture...), car son impact sur l’écosystème est limité. De même, le

cheval peut être utilisé pour l’ouverture de milieux et la préservation de la biodiversité. En

montagne ou dans les territoires partiellement abandonnés il entretien les chemins. Même si

ce n’est pas encore d’actualité, l’attelage et les déplacements en calèche pourrait se

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développer dans les années à venir, son utilisation étant considérée comme énergie

renouvelable, un des axes de développement de l’Etat français dans les années à venir.

Aujourd’hui, les français se tournent de plus en plus vers les sports de nature. Ceux-ci

regroupent des sports terrestres (marche à pied, VTT...), nautique (canoë-kayak, nautisme...)

et aérien (parapente, parachute). L’équitation est un sport de nature terrestre, mais il convient

de différencier l’équitation de manège de l’équitation d’extérieur, où le cavalier évolue dans

un cadre naturel (bois ou forêt en général), et non pas dans un endroit clos. Les français font

bien le distinguo entre équitation d’extérieur et équitation de manège. En effet, entre 2001 et

2005, les fédérations de sports de nature ont vu leurs nombres de licenciés augmenter de 9%,

alors que la FFE (licenciés chevaux, poneys et tourismes équestres confondus) enregistrait

une croissance de 3% seulement. L’équitation au contraire de certains sports de nature, peut

se pratiquer toute l’année, même si en été d’autres sports de nature peuvent lui être préféré

(comme la randonnée pédestre, plus abordable financièrement). Ainsi, les attentes sportives

des français sont clairement portées sur les pratiques de pleine nature, en particulier terrestre.

L’offre d’équitation d’extérieur existe, mais doit encore se développer pour satisfaire la

demande croissante. L’accessibilité (tous les centres équestres ne proposent pas

l’enseignement de l’équitation d’extérieur), le niveau de pratique (partir en extérieur peut

nécessité des compétences différentes de l’équitation traditionnelle), les lieux de pratique (de

nombreuses régions ne disposent pas de chemins correctement balisés) sont autant de

challenges pour le développement de l’équitation d’extérieure.

Les préoccupations des professionnels

La filière équine s’est construite sans réelle structuration, par réponse aux évolutions

des besoins des hommes. Le cheval est source d’emplois (en 2008, la filière équine comptait

75 000 emplois équivalent temps plein, dont 50% sur le segment course 15 ). Les

préoccupations des acteurs de la filière équine sont nombreuses, pour cet animal qui fait le

lien entre la tradition et la modernité, la ville et la campagne, les loisirs et les performances

sportives.

15Source : Avis et rapports du Conseil Economique, Social et Environnemental « Les enjeux et les perspectives de la filière équine en France », 2010.

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En ce qui concerne l’emploi, la passion du cheval conduit généralement les jeunes à

s’orienter vers un métier de la filière équine. Les conditions d’exercice du métier (travail en

général à l’extérieur, horaires peu compatibles avec une vie de famille, salaires peu élevés...)

font qu’il y a un fort turn-over des salariés dans la filière, 48% d’entre eux quittant leur

métier un an après leur entrée dans cette voie. Ce changement d’orientation peut également

s’expliquer par un certain désenchantement entre l’expérience de cavalier de loisir ou amateur

et les conditions d’exercice du métier. En effet, le contact avec les chevaux est ce qui motive

les jeunes à choisir un métier dans la filière équine, or pour beaucoup le contact avec le cheval

à tendance à se perdre lorsque l’on devient professionnel. Les entreprises sont amenées à

employer de nouveaux salariés pour faire face aux départs, ce qui présente un coût important.

Les conséquences sont un frein à la professionnalisation puisque pratiquement la moitié des

salariés quitte le métier très tôt (un an), et donc un manque de spécialistes. La baisse de la

TVA en 2005 a permis l’embauche de nouveaux salariés, mais 56% des salariés sont encore

en contrat précaire, et la hausse de la TVA suite à l’application des décisions européennes

risquent d’accentuer cet état de fait. Les amateurs et bénévoles représentent un effectif

important des hommes de la filière équine, comparativement au poids des professionnels

(dont le statut est toujours peu clair), ce qui conduit à un manque de formation d’une grande

partie des acteurs. Les formations professionnelles dans le milieu du cheval manque de clarté

et certains métiers n’ont pas de formation spécifique.

Le professionnalisme de certains segments de la filière est un débat pour les acteurs

concernés. Les éleveurs vivant de leur activité se définissent comme « professionnel »

accusent les éleveurs exerçant cette activité à titre secondaire de concurrence déloyale et

d’être surreprésentés dans les associations professionnelles. Cependant, la filière « élevage »

fonctionne en grande partie grâce aux actions des éleveurs « amateurs », et il semble difficile

d’interdire les aides pour ceux-ci. Pour le segment « élevage », le retrait progressif de l’Etat (à

travers les Haras Nationaux) de la filière équine s’accompagne d’une diminution des aides

publiques, et une régression du nombre des éleveurs. Pour les acteurs de la filière toute

entière, la passion du cheval peut mener les entrepreneurs à poursuivre leur activité, même en

cas d’échec, en puisant dans des Fonds privés. La régulation du marché est donc compromise,

et les résultats économiques très variables en fonction des profils des entrepreneurs.

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En ce qui concerne les centres équestres, nombreux sont les dirigeants de centres

équestres et cavaliers professionnels à s’inquiéter de l’avenir de leur sport. Les principaux

sujets d’inquiétude concerne le niveau de formation des enseignants (le BPJEPS Equitation

étant plus un diplôme d’animation que d’enseignement), l’organisation des compétitions et

l’incompréhension de la politique menée par la FFE. Certains se sont regroupés sous le nom

des « Indignés de la politique fédérale », et animent un groupe Facebook. Même si leurs

actions sont encore peu concrètes, une association a tout de même vu le jour en avril 2013,

dont le président est Hervé Godignon, cavalier professionnel ayant tourné au plus haut niveau

en compétition de sauts d’obstacles. L’objet de cette association est d’amener à une nouvelle

forme de gérance et des formes de pratiques différentes de l’équitation. Le projet est

également de proposer un nouveau mode d’enseignement et de formation, où l’équitation

traditionnelle est préservée tout en maintenant l’accessibilité à ce sport. Le groupe Facebook

compte pratiquement 7 000 adhérents16, mais le nombre d’adhérents de l’association n’a pas

encore été dévoilé. Les « Indignés », soulèvent de nombreuses questions en ce qui concerne

l’intégrité de la FFE, leur incompréhension de la politique fédérale et le manque de

reconnaissance envers eux. C’est pourquoi les décisions politiques que va prendre la FFE, et

les actions plus ou moins incisives des « Indignés » peuvent dans l’avenir influencer

l’équitation et ses pratiquants.

2.2. Préconisations

Contrairement à de nombreux autres animaux, le cheval n’est pas un symbole en

particulier (rusé comme le renard, malin comme une singe...). Le cheval symbolise de

nombreuses valeurs, selon la perception des gens : liberté, retour à la nature, force, vitesse,

sensibilité animale... Les français accordent une place particulière au cheval, et c’est d’ailleurs

leur troisième animal préféré. Bien que le cheval ne soit plus utilisé pour les travaux

agricoles, il reste présent à de nombreuses occasions : baptêmes à poney lors de fêtes ou

foires, spectacles équestres, mais aussi figurines pour enfants ou nombreux sites internet de

jeu d’élevage de chevaux. Cependant, l’attrait pour cet animal, s’il existe bien, ne saurait

suffire à une démocratisation plus large qu’elle n’existe déjà. Les évolutions économiques,

sociétales et les politiques choisies par les instances représentatives sont déterminantes pour

16 Source : www.facebook.com/groups/317856031654389/?hc_location=stream

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l’avenir de la filière équine. Pour que le cheval garde cette place forte au sein de la société

française, des mesures doivent êtres prises pour que les emplois crées soient pérennisés et que

les nouvelles utilisations du cheval, en particulier celles en faveur de l’environnement, se

développent.

A. Des actions pour préserver la filière équine

1. Restructurer la filière équine

Au sein de la filière équine, de nombreux acteurs interviennent pour défendre leurs

intérêts. Que ce soit pour l’élevage, les courses, les sports et loisirs équestres, ou encore la

viande chevaline, chacun cherche à pérenniser sa situation, sans prendre en compte les

intérêts des autres acteurs. Pour que l’ensemble de la filière puisse se développer, et que

chaque segment soit viable économiquement, il convient de mettre en place certains

dispositifs. Par exemple, les deux interprofessions du cheval Interbev (concernant la viande

chevaline) et la FIVAL (concernant les sports et les loisirs) jouent leur rôle dans leur segment,

sans qu’aucun dispositif de coordination entre elles ne soit mis en place. Des questions

concernant l’avenir des chevaux réformés de courses, la communication vers le grand public,

les objectifs d’élevage mériteraient une coordination entre ces organismes pour plus

d’efficacité.

Pour que la France reste une « terre de cheval », tous les acteurs doivent se concerter

et adopter une vision commune quand à l’avenir du cheval. Au niveau des territoires, les

actions mises en places sont très différentes d’une région à une autre. En Basse-Normandie

par exemple, le Pôle de Compétitivité Equin anime l’ensemble de la région, et attire des

cavaliers de tous les pays grâce à la qualité de ses infrastructures et de ses formations

équestres. Certaines régions au contraire de la Basse-Normandie, sont pauvres

d’infrastructures et de formations équestres, créant des inégalités d’accès.

La France accueille les jeux équestres mondiaux en 2014. Il s’agit du plus gros

événement équestre, avec près de 1 000 compétiteurs et 500 000 visiteurs attendus17,

provenant de multiples pays. La restructuration de la filière équine est un enjeu important

pour que les retombées économiques et sociales de cet événement puissent bénéficier à tous

17 Source : www.jemfeialltech2014-normandie.fr/

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les acteurs. De même, afin de défendre ses droits auprès de la Commission européenne, la

filière a tout intérêt à s’unir et à adopter une vision commune de l’avenir du cheval.

2. Le cheval : animal de rente

Les préoccupations sur le bien-être animal sont nombreuses aujourd’hui. De

nombreuses associations militent contre l’hippophagie. Malgré une baisse de la

consommation en France de viande chevaline, elle est le premier exportateur en Europe, en

augmentation chaque année. Les pays voisins (l’Italie étant le premier pays consommateur de

viande de cheval en Europe18) n’ont pas la même approche du cheval et de sa consommation.

L’interdiction de consommation de viande chevaline aurait de graves conséquences en termes

d’emplois que ce soit pour l’équarrissage, l’abattage ou la distribution de la viande chevaline.

Plus que cela, certaines races de chevaux de trait élevées spécialement pour leur viande

verraient leurs effectifs diminuer jusqu’à la disparition de la race.

Dans un autre registre mais toujours en ce qui concerne le bien être animal, des

associations militent pour la reconnaissance du statut d’animal domestique pour le cheval. Ce

changement, en plus d’interdire la consommation de viande chevaline (puisqu’en France il est

interdit de consommer des animaux domestiques) poserait la question du traitement des

chevaux de sports et de courses et de leurs conditions de vie. Les excès existent, dans tous les

domaines. La plupart des cavaliers de sports équestres dénoncent les conditions de vie des

chevaux de courses, qui d’ailleurs ont de très courtes carrières tant cette activité fait appel à

leur ressources. Dans les sports équestres des dérives existent aussi (harnachement trop dur,

chevaux montés trop jeunes...).

Dans les centres équestres, les dérives existent aussi. Avec l’engouement de

l’équitation de ces dernières années, des centres équestres ont ouvert, dirigés par des hommes

ou des femmes sans formation, ni grande expérience du cheval. S’ils sont obligés d’employer

un moniteur diplômé pour assurer les reprises, le manque de connaissance du cheval ou le

désir de faire des économies conduisent souvent à des négligences sur les conditions de vie

des chevaux : pas d’abris dans les près, paddock surpeuplé de chevaux, matériel de monte en

mauvais état... Bien sûr les cavaliers aguerris ou les novices attentifs aux bien être du cheval

18 Source : Haras Nationaux, « Les chiffres de la filière équine en 2012 ».

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ne se laisseront pas tenter par ce genre d’endroit, mais les jeunes arrivants, ne connaissant pas

le monde du cheval sont souvent tentés par ces centres équestres, souvent parce que les prix

pratiqués sont moins chers que chez les concurrents. Le mauvais traitement de chevaux en

club contribue à donner une image négative de toute l’équitation de club, alors que des centres

équestres sont très attentifs au bien être de leurs équidés. Des contrôles poussés sur les

conditions de détentions, sur les formations suivies par le dirigeant pourraient contribuer à

améliorer la vie des chevaux de club.

S’il faut condamner les dérives en ce qui concerne l’utilisation de chevaux, quelque

qu’elle soit (course, sport et même loisir où le bien être des chevaux peut ne pas être pris en

compte), interdire de les monter tuerait la filière équine (le paroxysme serait de ne plus

monter les chevaux car cela ne leur est pas naturel). Pour empêcher que les chevaux ne

servent que d’outils pour atteindre des objectifs sportifs ou économiques, certaines mesures

pourraient être mises en place. Par exemple en Suisse, pour posséder plus de 5 chevaux, le

détendeur doit souscrire certaines conditions notamment en ce qui concerne la surface des

pâturages, les dimensions des box et avoir passé une formation d’une journée19. La France

pourrait s’inspirer de certaines pratiques, et mettre en place des contrôles plus poussés sur les

conditions de détention des chevaux, qu’ils soient dans des élevages ou dans des écuries de

course ou de sports équestres, tous niveaux confondus.

3. L’ouverture à la concurrence des courses hippiques

L’ouverture à la concurrence des paris sur les courses hippiques, jusque là réservés

aux PMU pose la question du financement de la filière, puisqu’une partie des montants pariés

étaient prélevés pour le financement des sociétés de courses et pour le Fonds EPERON.

Certains pays ont déjà souffert de l’ouverture à la concurrence, comme l’Allemagne, l’Italie

ou la Belgique, suite à l’apparition d’un trop grand nombre d’opérateurs privés. Aujourd’hui,

il est difficile de savoir comment seront mis en œuvre les prélèvements pour le financement

de la filière. Néanmoins, l’ouverture à la concurrence des opérations de paris sur les courses

hippiques pose la question du contrôle de l’offre, de la prévention contre l’addiction aux jeux

et du blanchiment d’argent.

19 Source : www.vsp-fsec.ch/boxalino/files/BXMediaOne49file.pdf

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En France, l’Autorité de Régulation des Jeux en Ligne (ARJEL) est l’autorité

administrative servant à la régulation des jeux de hasard. Son rôle consiste à la protection des

consommateurs, à l’encadrement des paris grâce à l’octroi d’un agrément pour les

organisateurs de jeux, et le contrôle de la fiscalité, notamment les prélèvements à redistribuer

aux secteurs des courses et des sports équestres20. Son rôle dans les années à venir sera

déterminant pour le maintien des jeux de hasards que ce soit les paris hippiques où les autres

formes de jeux. En effet, les paris hippiques représentent plus de 10 000 milliards d’euros

joués chaque année21, et le contrôle des opérateurs et des modalités de jeux est primordial afin

d’éviter toutes dérives, pouvant conduire à l’abandon de cette activité par les joueurs s’ils

estiment qu’elle n’est pas assez sûre.

4. Le statut d’éleveur professionnel

La France est riche d’élevages de qualité, produisant des chevaux de haut niveau que

ce soit dans les courses hippiques ou dans les sports équestres (en particulier en saut

d’obstacle). La concurrence qui existe entre les éleveurs professionnels et les éleveurs

particuliers, met à mal l’élevage français. En effet, les éleveurs professionnels doivent vivre

de cette activité, tandis que les éleveurs particuliers ont une activité professionnelle en plus de

l’élevage. La loi de 2005 donne les mêmes dispositions (juridiques et fiscales) aux éleveurs,

qu’ils soient professionnels ou particuliers, en leur donnant le statut agricole. Recadrer les

conditions d’élevage donnant accès à ces dispositions (par exemple montant minimal de

chiffres d’affaires, nombres de reproducteurs ou de poulinières à posséder...) permettrait de

favoriser l’élevage professionnel. De plus, le marché de l’élevage serait d’avantage contrôlé et

permettrait de mettre en place des actions à long terme en terme de reproduction.

Aujourd’hui, les éleveurs professionnels ne représentent que 20% des éleveurs et les

associations d’éleveurs regroupent majoritairement des particuliers. La clarification du statut

d’éleveur professionnel amènerait un nouveau professionnalisme sur cette activité, et des

emplois à plus long terme.

20 Source : www.arjel.fr/-Role-et-missions-.html.

21 Source : Haras Nationaux, « Les chiffres de la filière équine en 2012 ».

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5. La valorisation des sous-produits du cheval

Le cheval est générateur de nombreux sous-produits. Le premier, le crottin peut être

source d’utilisation multiple. Historiquement, les agriculteurs s’en servent pour fertiliser leurs

champs, et sa qualité n’est plus à démontrer. Aujourd’hui, de nombreux foyers français

possèdent leurs propres jardins et s’adonnent à la pratique du jardinage, comme un loisir. 89%

des français disposent ainsi d’un jardin, du balcon aménagé au grand jardin22. Le fumier de

crottin peut être utilisé par les particuliers, et être distribué aux ménages qui le désire. Une

autre utilisation du fumier consiste à la méthanisation du fumier. La méthanisation « est un

procédé biologique permettant de valoriser des matières organiques en produisant du biogaz

qui est source d’énergie renouvelable et un digestat utilisé comme fertilisant. »23. Très utilisé

dans des pays comme l’Allemagne et la Hollande, ce procédé n’est pas encore très reconnu en

France.

Les atouts de la méthanisation sont nombreux. Elle permet de diversifier les sources

de revenu pour les exploitations agricoles, qui peuvent revendre le surplus d’énergie qu’ils ne

consomment pas à des entreprises d’électricité. Face à la montée des prix de l’énergie

(électricité, gaz), elle permet à l’exploitant d’être indépendant et de moins subir les hausses de

prix des énergies. Les exploitants agricoles sont tous confrontés au stockage du fumier, la

méthanisation permet de valoriser cette ressource. Seulement une dizaine d’exploitations

équestres ont aujourd’hui recours à ce procédé. La mise en place de la méthanisation donne

accès à des aides de l’Etat, cependant une meilleure communication permettrait à plus

d’exploitants agricoles d’avoir recours à ce procédé. Au niveau des collectivités, la

méthanisation permet la création d’emplois et augmente l’autonomie d’un territoire en

matière d’énergie et permet d’adopter un comportement « écologique », en phase avec le

développement des villes.

22 Source : www.planetoscope.com/tourisme-loisirs/Jardinage.

23 Source : www.biogaz-energie-renouvelable.info/methanisation_definition.html.

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B. Des actions pour la professionnalisation de la filière

Les métiers du cheval sont nombreux, du palefrenier d’écuries à l’entraineur de

chevaux de concours. Cependant, la plupart de ces métiers s’apprennent avec l’expérience, et

beaucoup n’ont pas de formation donnant accès à un diplôme. Les perspectives d’évolution

sont minces et le turn-over fort. La professionnalisation de la filière passe donc par la création

de formations diplômantes et de perspectives de carrière.

1. Vers de nouvelles formations

La passion du cheval conduit chaque année des jeunes étudiants à opter pour une

formation en lien avec le cheval. Les postulants au BPJEPS Equitation n’ont jamais été aussi

nombreux. Pourtant, les carrières de moniteurs d’équitation sont courtes, et ces formations

permettent difficilement de se réorienter vers un métier d’avenir. Parmi les passionnés

choisissant un métier dans le cheval, une infime partie seulement en fait carrière, parce qu’ils

disposent de qualités physiques exceptionnelles où qu’ils réussissent au haut niveau.

L’avantage des formations équestres, et quelles permettent à des jeunes désabusés par les

études d’obtenir un diplôme dans leur passion, et de se retrouver tôt sur le marché de

l’emploi. Néanmoins, il serait bon d’introduire de nouvelles formations, qui permettraient à

ces hommes de cheval de conduire une exploitation équestre, que ce soit d’un élevage, un

centre équestre ou même un hippodrome, afin de leur offrir des perspectives de carrière.

Monter sa structure nécessite un investissement important, certes, mais la gérer requiert de

solides connaissances que ne dispensent pas, ou très peu, les formations équestres.

De nouvelles formations permettraient d’accéder à plus de professionnalisme des

acteurs de la filière. Les formations déjà existantes devraient informer les étudiants sur les

conditions réelles du métier et mieux les préparer, afin d’éviter les désillusions en sortie de

formation. Les langues étrangères sont peu étudiées dans les formations équestres, alors qu’un

réel niveau parlé et écrit (notamment en anglais), permettrait aux jeunes étudiants de pouvoir

proposer des activités équestres aux touristes demandeurs. La France est la première nation de

tourisme équestre, pourtant peu de gérants de structure ou de moniteurs d’équitation savent

parler une autre langue que le français.

L’harmonisation des diplômes européens, notamment ceux de moniteurs d’équitation

permettrait une plus grande mobilité des diplômés. Des efforts ont déjà été faits en Europe

avec le système des Licences-Masters-Doctorats, communs aux universités généralistes et les

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étudiants sont nombreux à bénéficier du programme Erasmus et à faire une année à l’étranger.

La mise en place de pareils échanges pour les métiers du cheval serait pertinente car chaque

nation a des savoir-faire différents, et la découverte de différentes techniques d’un métier

permettrait aux étudiants de l’appréhender de manière nouvelle. Des diplômes harmonisés au

niveau européen permettraient de réguler le marché de l’offre et de la demande de certains

métiers entre les pays.

D’autres métiers, en lien avec le cheval sont intéressants pour les jeunes. Le métier de

sellier a eu tendance à disparaître avec l’ouverture de la mondialisation. Cependant le cheval à

ceci de particulier que chaque individu est unique. La majorité des cavaliers préfèrent encore

avoir une selle faîte par un artisan qui pourra l’adapter à sa morphologie et à celle du cheval

plutôt que de l’acheter en grande distribution (Decathlon par exemple). Le métier de

maréchal-ferrant est également un métier important dans la filière équine. Le dicton « pas de

pied, pas de cheval », signifie bien que les performances d’un cheval peuvent être

compromises si ses pieds, supports de tout son poids, ne sont pas bien entretenus. L’artisanat

lié au cheval existe depuis l’utilisation du cheval, même si les techniques ont évolué. Les

métiers de l’artisanat exigent souvent une très bonne condition physique et beaucoup de

disponibilité.

2. Vers des perspectives de carrières

En France, le code du travail impose certaines règles aux employeurs : 35 heures de

travail hebdomadaire, jours de repos, rémunération des heures supplémentaires... Ces règles

sont difficiles à appliquer pour tous ceux qui travaillent directement aux contacts des chevaux.

Leurs besoins physiologiques exigent une présence quotidienne, 365 jours par an. Les

activités équestres se pratiquent en général durant les temps libres, et les heures de travail des

salariés sont souvent le soir et le week-end. Les grosses structures arrivent généralement à

faire coïncider le code du travail et les besoins de l’entreprise, en mettant en place des

systèmes de roulement de salariés et en organisant au mieux le travail. Les salariés y sont

généralement plus épanouis. Malheureusement, la majorité des entreprises équestres sont de

petites tailles, et les conditions de travail difficiles : beaucoup d’heures supplémentaires,

travail tous les week-end... Un des enjeux des années à venir concerne le respect de la

législation pour le bien être des salariés. Un système de mutualisation des moyens permettrait

à des petits centres équestres de se regrouper pour ainsi mettre à disposition leur salarié qui

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bénéficierait des conditions de travail normales. Cependant, ce système de groupement existe

encore très peu, chaque centre équestre se conduisant plutôt de manière individualiste.

La place des femmes dans la filière est encore difficile à pérenniser, car peu de

moyens sont mis en œuvre pour les femmes désirant avoir des enfants. Les heures de travail

étant en décalé, il est difficile de faire garder ces enfants. De plus, les femmes enceintes

doivent généralement arrêter leur travail très tôt dans leur grossesse, étant donné les

particularités de leur métier (risque d’accident avec les chevaux, travail debout toute la

journée...).

Les chevaux sont des animaux lourds (entre 200 kg pour les petits poneys et 800 kg

pour les chevaux de trait) qui exigent une très bonne condition physique. Les risques relatifs à

la manipulation des chevaux sont nombreux et peuvent provoquer des douleurs sur le long

terme, en particulier au dos. Les employeurs ont l’obligation de veiller à la sécurité de leurs

employés, c’est pourquoi il convient qu’ils mettent en place des dispositifs d’aide. Selon le

code du travail, les hommes ne peuvent porter de charges supérieures à 55 kg, et les femmes

25 kg24. Dans un milieu essentiellement féminin, il n’est pas rare que les femmes aient à

porter des charges lourdes, risquées pour elles. Certains centres équestres achètent des

machines pour décharger leur salarié, mais ce matériel reste un investissement difficile pour

les petits centres équestres. Là aussi, la mutualisation de moyens entre les centres équestres

permettrait d’acheter des machines pour préserver le personnel (manitou pour faire les box

par exemple).

La reconversion des salariés est aussi une problématique pour les employeurs. Par

exemple, le métier de moniteur d’équitation ne se limite pas à donner des cours. Les salariés

sont ainsi amenés à sortir les chevaux au près, curer les box, soigner les équidés... travail

difficile s’ils sont victimes de troubles musculo-squelettiques. L’employeur est pourtant

obligé d’adapter le poste de travail à ses salariés. Le recours à la formation continue, très peu

utilisé, permettrait de former des moniteurs à des tâches administratives et de gestion courante

d’un établissement équestre tout en les maintenant sur leurs missions d’enseignement de

l’équitation. Une meilleure information des possibilités de financement de ces formations

permettrait d’adapter les conditions de travail aux capacités physiques des salariés.

24 Source : www.atousante.com.

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C. Vers de nouvelles utilisations du cheval

1. Le cheval de trait : force motrice pour de nombreux travaux

Face aux préoccupations environnementales (diminution des gaz à effet de serre), la

hausse des prix des énergies, (hausse de 5% de l’électricité au premier juillet 2013) et la

volonté de renforcer les liens sociaux, les collectivités publiques sont amenées à réfléchir à

de nouvelles utilisations des chevaux, en particulier des chevaux de trait. Les tâches qui

peuvent se faire à l’aide des chevaux sont nombreuses : entretien des espaces verts, navette de

personnes en centre-ville, tri des déchets, sylviculture, sécurité des lieux et des personnes

(surveillance à cheval)... Cependant, il convient de bien analyser le coût d’utilisation des

chevaux pour ces travaux. En effet, avant de pouvoir être opérationnel les chevaux doivent

être dressés, pendant un an environ. Le personnel en charge des chevaux doit également avoir

une formation pour pouvoir mener à bien ces missions faisant appel aux chevaux. Le prix du

matériel n’est pas non plus négligeable : calèche pour le transport de personnes ou des

déchets, harnachements, selles...

L’utilisation des chevaux de trait peut permettre aux collectivités de réduire leur

dépense en énergie et d’améliorer leur image auprès des citoyens en favorisant les actions

« vertes ». Ces nouvelles utilisations des chevaux auraient pour effet de valoriser certaines

races, certaines n’étant plus utilisées que pour la boucherie. Il convient néanmoins de

sensibiliser les publics aux contraintes d’utilisation du cheval. Les contraintes sont d’ordres

économiques mais aussi sur la prévention des risques du cheval. Le cheval est un animal

peureux par nature, et même dressé, les risques d’accident restent présents. Les collectivités

mettant en place des travaux avec le cheval devront sensibiliser la population sur les

comportements à avoir et à éviter en présence de ces animaux.

2. Le cheval : créateur de lien social et outil d’insertion

Depuis plus de quarante ans, le cheval est utilisé à des fins de médiation et de

réinsertion. Les bienfaits sur les personnes souffrantes de troubles psychotiques, physiques et

les personnes handicapées mentales ont été démontrés à de nombreuses reprises. Le cheval

impose ses propres règles lorsqu’il est monté, et même lorsqu’on s’en occupe. Il ne fait pas la

différence entre une personne saine et une personne malade, et il faut respecter certaines

règles pour minimiser le danger. Le cheval réagit comme un miroir aux émotions des

personnes : face à une personne agressive, il aura tendance à se montrer agressif. Au contraire

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il se montrera curieux avec une personne attentionnée. En ce qui concerne les personnes

atteintes de troubles moteurs, en particulier en lien avec la colonne vertébrale, le cheval peut

permettre de retrouver certains mouvements. Contrairement à l’idée reçue, la position à

cheval, lorsqu’elle est bien faîte, ne détériore pas le dos du cavalier. Les vibrations ressenties

à chaque mouvement imposent au cavalier de se recentrer sur sa colonne vertébrale, consolide

les vertèbres de la colonne vertébrales et muscle le dos.

Malgré un certain engouement pour l’équithérapie, le cheval est encore trop peu utilisé

dans le secteur social et médical. Les centres équestres sont peu équipés pour recevoir des

personnes touchées de graves pathologies, et les moniteurs peu formés à accompagner un tel

public. Dans d’autres pays (Allemagne, Australie...) le cheval est utilisé auprès de public

toxicomane, ou encore pour des chômeurs de longue durée. Ces pratiques sont peu courantes

en France, alors que le cheval, par les conditions qu’il impose, demande aux patients de se

prendre en charge et d’être autonomes. Alors que la ministre des Sports Valérie Fourneyron

préconise le sport à la place des médicaments, le cheval comme outil de santé ne bénéficie pas

encore de cet engouement. Une information plus claire, la mise en place de formations

adaptées et reconnues permettraient le développement d’activités sociales et médicales avec le

cheval.

3. Le cheval : un moyen de découverte du territoire

La France est riche d’un patrimoine culturel, historique et paysager. Dans chaque

région, on trouve des lieux empreints d’une histoire et très attractifs. Les collectivités

territoriales ont tout intérêt à favoriser les opérations de tourisme équestre en place dans sur

leurs territoires pour renforcer leur attractivité. Les français sont friands de tourisme équestre,

mais des efforts sont encore à faire en ce qui concerne le balisage, l’hébergement, la

communication auprès des professionnels et de particuliers...

Des régions peu touristiques pourraient renforcer leurs potentiels et attirer de

nouvelles populations. La France est le pays le plus touristique au monde, pourtant certaines

régions ne bénéficient pas de cet attrait, alors que d’autres sont saturées de touristes, en

particulier durant la saison estivale. Les collectivités territoriales peuvent utiliser le cheval

comme outil de découverte de leurs territoires, et améliorer ainsi leur attractivité.

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2.3. Perspectives d’avenir de la filière équine en France

A partir du constat établi précédemment, plusieurs hypothèses peuvent être émises

quant à l’avenir des sports équestres et donc de la filière équine en général. Chaque segment

de la filière équine, à savoir les courses, les sports et loisirs équestres, la viande chevaline et

l’élevage sont interdépendants. L’avenir de la filière équine est fonction des politiques prises

par les instances représentatives du cheval, du contexte économique et de la prise en

considération des attentes des usagers du cheval et des professionnels.

A. Hypothèse 1 : le cheval pour tous

La crise économique de 2008 laisse place à un retour à la croissance et le pouvoir

d’achat des français augmente. Les loisirs, occupe une place importante dans la vie des

français. Ceux-ci privilégient les sports et les loisirs de plein air, permettant de s’aérer, de

renouer avec la nature et de créer des liens. Le cheval, présent dans l’imaginaire et les rêves

devient accessible. Face à cette forte demande, les centres équestres se multiplient, en milieu

rural et péri-urbain principalement. L’offre est très diversifiée, permettant de combler les

demandes de tous les âges et de toutes les envies. La pratique de loisir équestre reste

prépondérante sur la compétition. Des initiatives comme le mécénat ou le parrainage, initiées

par quelques centres équestres, permettent toutefois aux personnes les moins aisées d’avoir

accès à des cours d’équitation.

La Commission Européenne a néanmoins imposé un taux de TVA a 19,6% sur les

activités d’enseignement et de préparation des chevaux. Les centres équestres mettent en

place des activités annexes avec un taux de service élevé pour compenser cette hausse, chaque

centre équestre essayant de se démarquer de ses concurrents directs en offrant des services

secondaires. Globalement, les centres équestres sont de deux sortes :

- les écoles d’équitation, avec un enseignement pédagogique adapté à l’âge et au niveau

du cavalier. Ces centres équestres se spécialisent dans une ou plusieurs disciplines

équestres : saut d’obstacle, dressage, concours complet... Des disciplines

équestres attirant une population masculine se démocratisent : horse-ball, pony-

games... Les centres équestres ont une offre « loisir » et une offre « compétition ». La

population est généralement fidèle et régulière.

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- les centres de loisirs équestres : l’objectif de ses centres est d’apprendre aux cavaliers

à se tenir à cheval aux trois allures (pas, trop, galop), à être à l’aise et à être autonome.

Le profil de la clientèle est une clientèle « loisir », désireuse de connaître le cheval,

pour s’en occuper et le monter. Ces cavaliers viennent occasionnellement, et une de

leurs principales motivations est d’apprendre à monter pour partir par exemple en

randonnée car le tourisme équestre s’est fortement développé.

Les particuliers sont nombreux à posséder un cheval chez soi ou dans des structures

spécialisées (pensions ou centres équestres). Ils se regroupent par réseau d’affinité. Grâce à

cette dynamique et à la nouvelle implication des collectivités territoriales, le balisage des

sentiers de randonnées et de balades est dense et entretenu. Le tourisme équestre existe dans

toutes les régions, qui ont su valoriser leurs potentiels paysagers et leurs patrimoines. La

compétition en club et au niveau amateur se développe, soutenu par la FFE qui a bien compris

quel intérêt elle avait à mettre en place des activités pour tous les goûts et pour tous les

niveaux. La formation des moniteurs est surtout une formation d’animateurs. Les cours

enseignent aux futurs moniteurs comment avoir des résultats de progression rapide, qui

plaisent aux cavaliers et les fidélisent. Cette politique fédérale déplait à une partie de la

population cavalière, qui y voient la perte de l’art équestre français mais aussi de l’équitation

de haut niveau. En parallèle des formations fédérales, des formations initiées par des

moniteurs indépendants ayant exercé au plus haut niveau se mettent en place. Il n’est pas

inimaginable que si une plus grosse partie de la population cavalière désapprouve la politique

fédérale, une seconde fédération voit le jour, réservé à une certaine élite prête à payer pour

bénéficier d’un enseignement technique.

Des formations de gestion de centres équestres ont vu le jour, et ils sont gérés de

manières professionnelles et réalistes. Les coûts sont amortis, l’offre est ciblée et la politique

de prix calculée. Le haut niveau est encore réservé à une certaine élite, et la fédération mise

encore sur les trois disciplines olympiques. Cependant, des efforts sont faits au niveau de la

médiatisation des concours. L’engouement pour le cheval incite les organisateurs de

compétition à les adapter à un format télévisuel, plus explicite. La compétition équestre est un

spectacle, et l’entrée dans les grands concours régionaux et nationaux est payante.

Le marché est libéralisé, l’Etat n’interagit plus directement dans la filière équine, si ce

n’est en ce qui concerne la veille sanitaire, qui reste de son ressort. Le scandale en 2013 de la

viande chevaline trouvée dans des plats surgelés au bœuf ont incité l’Etat à renforcer ses

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contrôles et à rester présent dans ce secteur. Cependant, les paris hippiques constituent le

segment le plus attractif de la filière, avec de plus en plus de parieurs. Pour contrôler le

marché et éviter les dérives (fiscales, de dépendances aux jeux...) et continuer à percevoir une

partie de l’argent misé, l’Etat régule le marché en optant pour un système d’agrément pour les

organisateurs. De plus, comme préconisé par la Commission Européenne, l’Etat maintient un

retour des sommes pariées mais réduit le taux à 5%.

Les parieurs sont de plus en plus nombreux pour les courses hippiques. Les

organisateurs proposent d’autres formes de courses, pour cibler tous les profils. Malgré la

libéralisation du marché, le PMU reste le principal organisateur de courses hippiques.

L’engouement pour les courses hippiques permet de développer une offre amateur, qui permet

de recycler les chevaux de haut niveau. Les villes accueillant des hippodromes sont très

attractives et communiquent sur les spectacles équestres qu’elles offrent. Néanmoins, ce

marché des spectacles équestres sur les courses reste fermé étant donné les coûts importants

de mises en places (construction d’hippodrome par exemple). La consommation de viande de

cheval est faible, et la production française suffit à la demande.

En ce qui concerne l’élevage, les éleveurs ont compris quel intérêt ils avaient à

produire des chevaux de loisirs, adaptés à une clientèle grandissante. En effet, alors que les

éleveurs misaient tous leurs efforts sur la production de chevaux de haut niveau, la production

de chevaux de loisirs s’avère plus fiable et permet de mieux maîtriser les coûts. Les éleveurs

de chevaux de sports ont appris à rediriger les chevaux qui ne parviendraient pas au haut

niveau vers une offre de loisir. En ce qui concerne l’élevage de chevaux de course, il reste

entre les mains de passionnés, souvent amateurs. Les avancés en matière de génétique et une

meilleure connaissance des résultats de croisement permet aux éleveurs de chevaux de sports

et de courses d’optimiser leur production en fonction de la demande. Le patrimoine génétique

des chevaux français est reconnu et les chevaux français s’exportent dans le monde entier.

L’hypothèse « le cheval pour tous » n’aura pas les mêmes conséquences selon les

territoires français, aux contraintes et aux atouts variés, et n’ayant pas la même approche du

cheval. Ainsi, il paraissait judicieux d’appliquer cette hypothèse à plusieurs types de

territoires :

- les territoires ayant déjà un fort attachement au cheval, avec beaucoup

d’infrastructures d’élevage ou de sports équestres.

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- les territoires très urbanisés, avec peu de terres agricoles

- les territoires à fort potentiel touristique, où le cheval peut-être un levier de croissance

économique.

Exemple : Application de l’hypothèse « Le cheval pour tous » dans les différents

types de territoires

Sur les territoires déjà très imprégnés du cheval, que ce soit pour les loisirs, les sports

équestres ou les courses, il est possible d’imaginer que l’hypothèse de développement de la

filière équine « Le cheval pour tous » aura les conséquences suivantes. Tous d’abord,

l’équitation de loisir se développe fortement, avec la création de nombreuses bases de loisirs

équestres. Les habitants connaissent mieux l’univers du cheval, et les collectivités territoriales

s’impliquent dans l’organisation de compétitions équestres de niveau régional à national.

L’offre d’équidés se porte bien, et les éleveurs sont nombreux à proposer des chevaux de

loisirs, en plus des chevaux de sports. Les villes qui accueillaient des hippodromes adaptent

leur offre en matière de courses. Il peut même y avoir une certaine concurrence entre le public

des sports équestres et ceux des courses hippiques. Les offres de pensions pour les équidés de

particuliers se multiplient car après avoir réalisé leur rêves de monter à cheval, les résidants

veulent assouvir un autre désir : posséder son cheval.

Les territoires très urbanisés ne voient pas la création de nouveaux centres équestres,

en raison du prix du foncier. Les transports en commun permettent difficilement l’accès aux

centres équestres. De nouvelles offres voient le jour pour satisfaire une clientèle de plus en

plus demandeuse de loisirs et de sports équestres. Par exemple, les centres équestres peuvent

proposer des formules à la journée le samedi ou le dimanche, où les cavaliers peuvent monter

deux fois par jour. Les centres équestres peuvent également proposer des formules de pension

le week-end pour accueillir les cavaliers sur deux jours et leur proposer d’autres activités le

dimanche (compétition notamment). Ces centres équestres sont mixtes, et proposent

également une offre loisir pour permettre aux cavaliers demandeurs d’apprendre à se déplacer

à cheval en quelques séances s’ils souhaitent partir en randonnée dans d’autres régions lors de

leurs vacances. Des bases de loisirs avec hébergement se créent, proposant des activités de

nature pour les familles, dont l’équitation. Les activités d’élevage se font aussi en périphérie

de la ville. Avec l’engouement du cheval par la population, les villes proposent des spectacles

équestres en aménageant des infrastructures existantes pour des compétitions médiatiques

(concours dans des parcs des expositions par exemple).

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Les régions touristiques profitent de l’engouement pour le cheval pour diversifier leurs

offres de tourisme équestre. Les chemins sont balisés, les gîtes communiquent sur leurs

prestations et le cheval est mis à l’honneur pendant la période touristique. De nouvelles

formules voient le jour, où les touristes, tout en profitant de leurs vacances à cheval, peuvent

découvrir le patrimoine culturel des territoires. L’offre équestre se compose d’activités à

cheval, mais aussi autour comme de l’attelage, des roulottes, pour satisfaire la demande des

personnes attirées par le cheval mais ne souhaitant pas le monter. Les éleveurs proposent

surtout des chevaux de loisirs, et peu à peu le cheval entre dans la culture locale. Ils entrent

parfois en concurrence avec les éleveurs de bovins et ovins.

L’hypothèse « le cheval pour tous » implique une forte augmentation du nombre de

chevaux sur le territoire, en particulier des chevaux de loisirs. La clientèle est très diverse, et

les classes moyennes ont accès à l’équitation grâce aux efforts faits par les centres équestres.

L’offre est segmentée entre les loisirs équestres, les sports équestres de tout les niveaux, et les

courses hippiques. Grâce à une meilleure communication des instances représentatives, les

français savent ce qui peut leur être proposé, et se dirigent vers une offre en fonction de leurs

envies. L’élevage se diversifie en proposant des chevaux pour les loisirs équestres, plus

faciles à produire et moins couteux. Les centres équestres emploient chaque année de

nouveaux salariés, et le travail est pérenne. Les moniteurs indépendants sont également plus

nombreux en raison du nombre de propriétaires particuliers qui augmente et qui placent leurs

chevaux dans des pensions privées. Les dirigeants et moniteurs ont des connaissances sur la

gestion des infrastructures et leur plan de développement est maîtrisé.

B. Hypothèse 2 : l’abandon du cheval par les classes moyennes

La France a du mal à sortir de la crise économique de 2008 et le prix des ressources

naturelles augmente. Ainsi, l’utilisation de l’espace agricole est réservée à la production

alimentaire pour essayer de contenir l’augmentation des matières premières. Le coût

d’entretien d’un cheval augmente, et l’équitation est réservée aux classes supérieures qui ont

encore les moyens de pouvoir aller dans des centres équestres. Dans ce contexte de crise,

l’Etat français recentre ses actions sur des actions sociales et énergétiques et abandonnent la

filière équine, sauf sur la question de la veille sanitaire où il assure le respect des règles

d’hygiène pour la protection des consommateurs. L’Etat reste également présent sur la

régulation des paris hippiques qui lui permettent des rentrées fiscales, et consent un retour des

prélèvements sur les paris de l’ordre de 5% à la filière équine.

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L’équitation devient un luxe, et attire une clientèle aisée en la confortant dans sa

situation de privilégié. Le retour à une équitation réservée aux élites contraint les centres

équestres à proposer des prestations haut-de-gamme, où le confort et la personnalisation des

prestations sont de rigueur. Cette clientèle aisée souhaite découvrir de nouvelles sensations et

se mesurer aux autres, et l’enseignement est tourné vers la compétition. Les hommes sont plus

présents dans ce sport, et le nombre de compétiteurs augmente. La médiatisation de

l’équitation est faible, puisque ce sport est réservé à une certaine élite. Les concours sont

prestigieux et les villes accueillant ces spectacles proposent des services haut-de-gamme aux

visiteurs. Le tourisme équestre souffre moins de la crise économique car beaucoup de français

ne peuvent plus partir à l’étranger et se retranchent sur la visite de régions touristiques. Il y a

deux niveaux de tourisme équestre : en parallèle d’une offre de base, une offre haut-de-

gamme se développe pour satisfaire la demande d’une clientèle aisée.

A chaque crise, les jeux de hasard et de paris deviennent plus populaires, en particulier

pour les classes moyennes car ils offrent des perspectives d’enrichissement faciles et font

rêver. Malgré le fait qu’en général la population préfère les jeux où les montants redistribués

sont très élevés, les courses hippiques se maintiennent grâce à l’évolution de celles-ci. En

effet, les organisateurs (le PMU en particulier), adaptent le format des courses à leurs cibles et

proposent aux parieurs de les suivre en direct et à distance grâce à l’utilisation des

Smartphones. Le PMU peut ainsi capter de nouveaux clients, pas forcément intéressés par le

cheval et surtout plus jeunes. Les primes pour les vainqueurs de courses n’augmentent pas,

alors que le coût d’entretien d’un cheval ne cesse de croitre. Par conséquence, les éleveurs

amateurs de chevaux pour les courses hippiques sont moins nombreux. Les grands élevages

s’éloignent des villes très urbanisées afin de diminuer leurs coûts. Les gérants vont mettre en

place plusieurs activités pour diminuer leurs charges et leurs risques grâces à des activités

complémentaires. Par exemple, un éleveur pourra réserver une partie de ses terres à la

production de son foin.

L’utilisation du cheval pour des travaux urbains (collecte des déchets, entretien

d’espaces verts, navette...) comme il est préconisé n’est pas à l’ordre du jour, à cause du coût

de mise en place. Les collectivités préférant allouer leur budget à des causes plus urgentes

(logements des personnes défavorisées, accès aux soins...). En ce qui concerne l’utilisation

des terres agricoles, elles sont réservées aux ruminants pour la production de denrées

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alimentaires. Le cheval de trait, de moins en moins demandé pour sa viande, a tendance à

disparaître et certaines races sont menacées.

L’élevage subi la pression sur les terres et l’augmentation des prix des matières

premières. Les éleveurs de chevaux de course optimisent leurs élevages en redirigeant très tôt

les chevaux ne pouvant pas courir au haut niveau. Les éleveurs amateurs exerçant cette

activité par passion sont moins nombreux. En ce qui concerne l’élevage de chevaux de sports,

alors qu’il était fortement atomisé dans les années 2000 avec beaucoup de très petits élevages,

il se recentre avec des éleveurs professionnels. La production de cheval d’exception reste

prioritaire, mais l’élevage des chevaux de loisirs émerge pour la clientèle de tourisme

équestre. Les éleveurs ont compris que l’élevage de chevaux de loisirs est moins contraignant

que ceux de sports et adaptent leur production. Globalement, les éleveurs amateurs ont

tendance à disparaître à cause des difficultés du marché et de la volonté de

professionnalisation du segment. Les techniques d’élevage français sont reconnues, et le

patrimoine génétique des chevaux français est valorisé partout dans le monde. La part des

chevaux de loisirs reste minoritaire, et l’élevage de chevaux de sports conquiert de parts de

marché à l’international.

Exemple : Application de l’hypothèse « l’abandon du cheval par les classes

moyennes » sur les différents territoires

Sur les territoires où le cheval est très présent, les activités équestres se concentrent sur

les pôles touristiques et dans les zones périurbaines. L’élevage s’éloigne des zones urbaines à

cause de l’augmentation des coûts. La filière équine est très bien organisée sur ces territoires,

et les infrastructures sont professionnalisées. Les centres équestres arrivent mieux à traverser

la crise en adaptant leurs offres et en maîtrisant leurs coûts. Ces territoires sont dotés

d’infrastructures de qualité, et les dirigeants sont prêts à augmenter la qualité de leurs services

face aux nouvelles exigences d’une clientèle aisée. Un particulier pouvant entretenir seul son

cheval est de plus en plus rare, et la reproduction par des amateurs tend à disparaître. Les

éleveurs sont très spécialisés dans leur activité et agissent en de véritables professionnels. Ils

proposent également d’autres services comme de l’hébergement pour des cavaliers fortunés.

Sur les territoires très urbanisés, la pression foncière et les prix sont très élevés. Les

centres équestres installés avant 2005 (date à laquelle la TVA est passé de 19,6% à 5,5% pour

les centres équestres), évoluent en fonction de la demande qui provient d’une clientèle plus

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aisée. Ceux qui affichent de très bons résultats en compétition sont plus attractifs et pratiquent

les prix les plus élevés. Les centres équestres sélectionnent leur clientèle et entretiennent leur

image luxueuse. Il n’y a pas de place pour les loisirs équestres, et beaucoup de cavaliers ont

leur propre monture. Le personnel est qualifié, le turn-over est plus faible que sur les autres

territoires, la direction ayant tout intérêt à garder les salariés très qualifiés pour satisfaire la

clientèle. Les propriétaires de chevaux n’ayant pas les moyens de mettre leurs chevaux dans

de tels établissements les placent dans des pensions éloignées où les prix restent plus

abordables. Ils ne peuvent aller les voir régulièrement et abandonnent progressivement

l’équitation.

Les régions touristiques sont les seules à pouvoir encore proposer une offre de loisir

équestre. En effet, la crise économique réduit le pouvoir d’achat des français, qui préfèrent

partir en vacances en France plutôt qu’à l’étranger. Ils partent souvent sur des territoires

plutôt ruraux, où les coûts de la vie sont moins élevés que sur les territoires très urbanisés. Les

éleveurs sont tout de même contraints de réduire la taille de leurs effectifs. Les centres

équestres créés après 2005 et ayant subis les différents changements de fiscalité survivent très

mal à la crise économique. Seuls les centres équestres ayant réussi à se professionnaliser

suffisamment en adaptant leurs offres, en ciblant leur clientèle et en maîtrisant parfaitement

leurs coûts peuvent survivre. Les centres équestres sont également centre de tourisme équestre

durant l’été, ce qui compense le manque à gagner durant l’année du fait de la diminution de

licenciés issus des classes moyennes. Les propriétaires de chevaux se débrouillent eux-mêmes

pour l’entretien de leurs chevaux, n’ayant généralement plus les moyens de les mettre en

pension. Ils s’arrangent souvent avec un agriculteur où se regroupent à plusieurs.

En conclusion de cette hypothèse, il est envisageable que si la crise économique

continue dans le temps, l’équitation ne sera réservée qu’aux classes supérieures, ayant les

moyens de pratiquer ce sport et l’envie de se démarquer. Les hommes réapparaissent peu à

peu, attirés par le challenge des compétitions. A l’inverse, les parieurs sur les paris hippiques

sont plutôt de classes moyennes, attirés par l’appât du gain. Les effectifs de chevaux sont en

baisse, les éleveurs se spécialisant dans les chevaux de sports de haut niveau et se

professionnalisant, et les éleveurs amateurs abandonnant cette activité faute de moyens. Le

nombre de centres équestres diminue, ainsi que le nombre de salariés. Par contre le nombre de

moniteurs indépendants augmente, activité souvent exercée au titre d’activité secondaire par

des passionnés qui ne peuvent plus en vivre. Les salariés qui restent sont très qualifiés, la

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question de la technicité étant très importante pour une clientèle souhaitant faire de la

compétition. Les zones touristiques subissent moins la crise et proposent des randonnées pour

les français de classes moyennes ainsi qu’une offre plus luxueuse pour les classes aisées. Les

chevaux de traits ne sont pas utilisés pour leur force motrice, et la viande chevaline étant peu

demandée, certaines races sont en voies d’extinction.

C. Hypothèse 3 : le cheval, outil de citoyenneté

L’individualisme de ces dernières années, la montée des actes de délinquance, la prise

de conscience de vivre dans un monde virtuel où les échanges sont limités, amènent l’Etat et

les collectivités territoriales à valoriser le cheval comme un outil de citoyenneté et un vecteur

de lien social. Le cheval invite aux échanges et aux relations simples. Nécessitant de

nombreux soins, il permet aux citoyens de s’occuper d’un autre, sans aucune récompense

monétaire. Le cheval réapparait dans les villes où les collectivités territoriales ont compris

l’utilité sociale du cheval. Ainsi, le cheval peut-être transporteur de personnes ou des

marchandises, utilisé pour sécuriser les villes avec la police montée, outil de sensibilisation

sur la protection de l’environnement... Le cheval est d’autant plus à l’honneur qu’il entre dans

le champ du développement durable, préoccupation majeure de la population.

Les instances représentatives, en collaboration avec le ministère de la Santé

communiquent largement sur les bienfaits du cheval pour le développement personnel des

gens, et sur le traitement de certaines pathologies psychiques ou traumatiques (dépendance,

handicap mental ou physique...). De ce fait, des centres de rééducation par le cheval ouvrent

leur porte. Cette action est dans la ligne directe de la volonté de l’Etat de réduire la

consommation de médicaments par des prescriptions aux sports. Le cheval est aussi introduit

dans l’univers pénitentiaire où il est utilisé pour la réinsertion des personnes, les obligeants à

adopter un comportement respectueux, à être autonome et à prendre des décisions dans des

situations qui peuvent êtres périlleuses.

Les centres équestres ont su s’adapter à ce nouveau rapport avec l’animal. Les

cavaliers sont plus en quête d’échanges avec les autres et d’amélioration de leurs

connaissances équines que de technicité sur la manière de monter à cheval. Les centres

équestres proposent donc, en plus de l’enseignement de l’équitation, des cours d’hippologie

(l’étude de la morphologie du cheval et de ses besoins) et de soins aux équidés (les protéger

des maladies, détecter les douleurs chez le cheval et y remédier...). La clientèle est différente,

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beaucoup de nouveaux propriétaires placent leurs chevaux dans des centres équestres.

Lorsque le cheval est monté, l’idéal pour le cavalier est d’arriver à être en harmonie avec son

cheval, sans le gêner, les performances équestres n’étant pas l’objectif premier.

De nouvelles formes de compétitions voient le jour. La population française montrant

un intérêt certain pour le cheval, les concours prennent plus la forme de rallyes ou de jeux,

pouvant se faire à plusieurs et stimulants pour le public. Cette forme de compétition attire un

public plus masculin, même si la population cavalière reste largement féminine. L’élevage est

plus réglementé : formation pour détenir un cheval, agrément pour faire reproduire. Les

éleveurs professionnels ont une activité de conseils auprès des particuliers. Ceux-ci se tourne

vers eux pour la reproduction de leur jument ou pour l’achat d’un nouveau cheval. Les

organismes privés sont liés contractuellement aux collectivités territoriales : prêt de chevaux

pour des missions municipales, heures d’ouvertures réservées aux centres sociaux... Le cheval

citoyen fait naître de nouveaux métiers, alliant technicité équestre et compétences sociales.

L’Etat s’est désengagé de la filière, sauf sur le segment des courses. En effet, pour

lutter contre la dépendance des joueurs, l’Etat contrôle le marché des jeux de hasard. Pour ne

pas pénaliser la filière équine d’un certain manque à gagner, le retour sur investissement

attribué à la filière est conséquent. Les autres montants prélevés sur les paris servent pour des

causes sociales où le cheval intervient. Malgré le monopole de l’Etat, les courses connaissent

un certains succès. Ce mode de jeux dans le « réel » permet de reconnecter les citoyens

passant une partie de leur journée dans le monde « virtuel ». Le PMU propose des services

annexes personnalisés qui permettent de suivre en temps direct les courses. Par contre,

l’élevage de chevaux de course subit la régulation des l’Etat sur les montants alloués aux

chevaux gagnants. Les éleveurs passionnés amateurs sont contraints d’abandonner leurs

activités. Seuls restent les éleveurs fortunés, ayant d’autres sources de revenus et pour qui

l’élevage de chevaux de course est une activité de loisir.

En ce qui concerne le haut niveau des sports équestres français, la FFE a mis en place

un circuit de formation pour recruter les meilleurs éléments. Le métier de cavalier

professionnel reste difficile pour des raisons économiques : entretien de plusieurs chevaux de

compétition, participation à des compétitions internationales... Cependant une meilleure

médiatisation des sports équestres permet aux cavaliers d’attirer de nouveaux sponsors. Ceux-

ci n’appartiennent plus exclusivement au secteur du luxe, étant donné la place plus importante

qu’occupe le cheval dans le quotidien des français. Les cavaliers de haut niveau en plus des

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compétitions, ont une mission de communication auprès des cavaliers afin de susciter des

vocations et de rendre plus accessible le haut niveau. Même au haut niveau, la relation avec le

cheval reste primordiale et les comportements violents sont fortement réprimés.

Le cheval est valorisé tout au long de sa vie, et il est affecté à différentes tâches selon

ses capacités. De ce fait, la population équine vieillit et se renouvelle lentement. Le recours à

l’abattage est une exception, qui a lieu pour des raisons économiques ou sanitaires. Le

segment de la viande chevaline est peu à peu abandonné, consommer du cheval étant

moralement prohibé tant il fait partie de la vie quotidienne des français. L’utilisation de

chevaux de trait pour leur force motrice (attelage...) permet l’augmentation de certains

cheptels.

Exemple : « le cheval, outil de citoyenneté » sur différents territoires

Sur les territoires où le cheval était déjà très présent, l’implication du cheval citoyen

est une priorité pour les collectivités territoriales. L’élevage, l’occupation du territoire par les

chevaux et l’attrait indéniable de la population pour cet animal amènent les collectivités

territoriales à s’impliquer dans l’avenir des organisations publiques ou privées du cheval,

présentes sur leur territoire. Cet accompagnement se traduit par la mise en place de

formations professionnelles pour les métiers les plus précaires, mais aussi à l’établissement de

nombreux contrats pour amener le cheval dans les villes, où il est un attrait touristique. Les

éleveurs sont presque tous des professionnels, puisqu’il faut un permis d’élevage pour cette

activité. Dans ces zones, les éleveurs produisent autant de chevaux de sports que de chevaux

de loisirs pour les particuliers, et ont une activité de conseils auprès d’eux. Des concours

d’élevage permettent à tous, professionnels et particuliers de venir admirer les nouvelles

naissances, et ces expositions sont mêmes médiatisées, prenant la forme de show.

Dans les territoires très urbanisés, la priorité est l’amélioration de la vie des citoyens.

Le cheval est présent dans la ville sous de multiples façons : police montée pour sécuriser,

calèche pour amener les citoyens, tri des déchets pour sensibiliser la population sur la

protection de l’environnement... Les actions sociales avec le cheval sont très courantes :

contrat avec des associations de soutien aux personnes défavorisées pour les faire venir dans

des centres équestres, équithérapie avec de nombreux centres médicaux... Dans certaines

écoles, l’équitation est même un sport au programme et des contrats sont établis entre des

établissements scolaires et des poneys clubs. La difficulté est d’arriver à maintenir les centres

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équestres en milieu urbain, étant donné la croissance démographique et le rachat de terrain

pour construire de nouveaux logements.

Dans les territoires touristiques, le cheval est totalement intégré dans les politiques de

développement. Les collectivités territoriales soutiennent la filière avec des financements

divers : aides pour les éleveurs de races locales, soutien au centre équestre ou encore

intégration du cheval pour la surveillance de zones à risques (par exemple en forêt pour les

départs de feu). Le tourisme équestre se fait en partenariat du tourisme local, et la découverte

de la région se fait de plus en plus à cheval. Le cheval est synonyme de convivialité, que ce

soit dans les centres équestres ou encore chez les éleveurs qui conseillent les particuliers

souhaitant faire reproduire leur jument.

Les impacts en France de cette hypothèse du cheval « outil de citoyenneté » sont la

multiplication des usagers du cheval : particuliers plus nombreux et issus de toutes les classes

sociales, collectivités territoriales, centres médicaux... Les effectifs de chevaux augmentent et

chaque cheval est orienté en fonction de ses aptitudes : sports, courses, loisir, tourisme, force

motrice ou encore soutien aux personnes fragilisées. Le nombre de salariés de la filière équine

augmente mais c’est surtout le nombre de bénévoles qui décuple, en raison du lien social que

crée le cheval. Les races locales sont préservées grâce au soutien aux éleveurs, à la

biodiversité de certains lieux, et également grâce à l’utilisation du cheval dans les lieux

forestiers ou herbagés. Plus que jamais, le cheval est un outil pour la collectivité et permet de

renforcer les liens sociaux entre les individus.

D. Hypothèse 4 : Le cheval comme animal domestique

Les préoccupations grandissantes sur le bien-être animal conduisent à un nouveau

statut du cheval : celui d’animal domestique. Les associations de défense des animaux ont eu

gains de cause et il est interdit de manger de la viande chevaline. Les français sont plus

désireux de s’occuper du cheval, d’en prendre soin que de le monter ou de l’utiliser. Le cheval

attire plus les femmes que les hommes, car elles aiment en prendre soin. Ce grand intérêt pour

le cheval presque exclusivement féminin permet une certaine médiatisation du cheval.

Cependant le contenu des émissions médiatiques porte plus sur l’entretien du cheval que sur

les compétitions sportives.

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Pour détenir un cheval, la loi oblige le propriétaire à suivre une courte formation

(comme ce qui se fait en Suisse) et à respecter certaines règles : chevaux sortis au prés, suivi

par un vétérinaire référent... Beaucoup de familles acquièrent un cheval simplement pour s’en

occuper, souvent des chevaux ayant eu une autre vie avant : chevaux en retraite sportive ou

blessés. La population équine vieillit puisque l’abattage des chevaux est très réglementé. Les

éleveurs doivent également posséder un permis pour leur activité. De ce fait, les propriétaires

souhaitant faire reproduire leur jument pour le loisir font appel à eux, et l’élevage amateur

tend à disparaître.

En ce qui concerne les sports équestres et les courses, ils subissent également de

nouvelles contraintes sur le bien-être animal. Les compétitions voient leur niveau technique

s’abaisser et ne concernent qu’une faible partie de la population cavalière. L’Etat a libéralisé

le secteur des courses, et de nombreux organisateurs se partagent le marché. Cependant, le

PMU qui reste leader en raison de son action historique, organise des courses virtuelles pour

pallier à une future interdiction des courses hippiques. En effet, les courses hippiques

présentent un risque pour les chevaux (stress, risque de chute...) et il n’est pas à exclure que

des associations militantes contre leur organisation aient gain de cause.

Les centres équestres proposent de nouvelles activités. Les clients ne viennent pas

forcément pour monter à cheval et la plupart proposent des cours d’hippologie, de soins aux

chevaux, d’étude de leurs comportements... La compétition est soumise à un certain niveau

équestre afin de ne pas faire souffrir le cheval par un manque d’expérience dans cette

situation quelque peu stressante (pour le cavalier comme pour le cheval). Le cheval est

d’avantage choisi pour son caractère, son esthétique, que pour ses aptitudes sportives.

Certaines races sont menacées d’extinction, en particulier les races de chevaux de trait qui ne

sont plus utilisés pour leur viande.

Exemple : Hypothèse « Le cheval comme animal domestique » sur différents

territoires.

Sur les territoires où le cheval est déjà très présent à travers le nombre de centres

équestres, d’éleveurs, et de compétitions sportives ou hippiques, l’hypothèse « Le cheval

comme animal domestique » contribue à donner accès à un grand nombre d’habitants.

Cependant, les nouvelles réglementations sur la possession d’un cheval, son élevage et sur

l’organisation des compétitions sportives n’encouragent pas les éleveurs amateurs à

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poursuivre leurs activités. En effet, ceux-ci y voient beaucoup de contraintes et l’activité perd

de son intérêt avec l’abandon de la recherche du cheval parfait pour la compétition. Les

éleveurs professionnels peuvent louer une partie de leur domaine pour des particuliers ou pour

la mise au pré de chevaux à la retraite.

Dans les territoires très urbanisés la proximité avec le cheval est contrariée par le

manque de terrains agricoles. Les quelques centres équestres déjà présents attirent de

nouveaux clients, aux profils variés. Il y a ceux qui souhaitent s’occuper des chevaux, ceux

qui veulent les monter et aussi ceux qui veulent faire de la compétition. Posséder un cheval

est délicat et les places sont chères. Les habitants qui ont une maison secondaire les placent

dans des pensions ou des centres équestres près de leur seconde maison. Certains propriétaires

mettent leur cheval à l’extérieur de la ville et vont s’en occuper durant leur temps libre.

Dans les territoires très touristiques, le cheval est valorisé à travers la visite

d’infrastructures équestres permettant aux visiteurs de découvrir le cheval dans son habitat

naturel. Ainsi, les collectivités territoriales établissent des partenariats avec des éleveurs pour

la préservation de certaines espèces qui évoluent dans un cadre privilégié. Des musées du

cheval permettent aux visiteurs de découvrir l’histoire de cet animal et ses différentes

utilisations au cours du temps. Les centres équestres proposent durant la saison estivale des

activités autour du cheval et à cheval, qui plaisent en particulier aux habitants des territoires

très urbanisés qui n’ont pas la chance d’approcher les chevaux durant l’année.

Pour conclure, cette hypothèse verrait le nombre d’équidés baisser grandement ainsi

que le nombre de moniteurs d’équitation. Par contre, de nouvelles activités dédiées aux soins

aux chevaux et aux services vétérinaires spécialisés verraient le jour. Le public serait

essentiellement féminin, mais les différences de catégorie socio-professionnelles ne seraient

plus un frein pour accéder au cheval. Les éleveurs concentreraient leurs efforts sur la

production de chevaux selon l’esthétique et le caractère et non plus sur les performances

sportives, à part quelques expériences. Le milieu se professionnalise du fait des

réglementations contraignantes. Le cheptel équin français vieillit, et se renouvelle lentement à

car l’abattage se fait selon des mesures précises.

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Conclusion

La filière équine traverse une phase de transition. La multiplicité des acteurs

complique le développement de la filière. Les instances représentatives assurent toutes la

promotion du cheval, mais défendent leurs intérêts respectifs et certaines mesures sont

contradictoires. Les centres équestres se retrouvent à la jonction de ces intérêts car le cheval

est pour eux au cœur de plusieurs activités : enseignement, élevage, compétition, tourisme

équestre...

La baisse de financement de l’Etat devrait normalement conduire à la

professionnalisation de la filière. Cependant, celui-ci se doit de toujours la contrôler à

minima : risques sanitaires, élevages clandestins, profils illégaux, dégradation des conditions

de vie des chevaux... Le poids de la filière équine dans l’économie française est tel que l’Etat

ne peut la laisser totalement indépendante. La création du Fonds EPERON assure un certain

retour des sommes pariées aux acteurs de la filière équine, en particulier ceux du sport et de

l’élevage. Néanmoins la difficulté à accéder à ces subventions ne permet pas aux centres

équestres de pouvoir compter sur ce fonds pour leur développement. Face à la baisse des

financements de l’Etat, la filière a tout intérêt à mettre en œuvre des actions collectives, et à

prendre en compte les besoins des professionnels pour que la France continue d’être une

« Terre de Cheval ».

Le potentiel de demande de pratique de l’équitation est sans commune mesure. Mais

ce qui a lieu actuellement n’est pas une démocratisation de l’équitation mais une

massification. C’est à dire que l’équitation est accessible à un plus grand nombre, mais tous

n’ont pas les mêmes chances d’acquérir des compétences techniques et hippologiques qui

permettraient d’être qualifié « d’Homme de cheval ». La baisse du niveau de formation des

moniteurs, la difficulté à trouver du temps pour aller au centre équestre, et l’impression que

monter à cheval est facile et s’apprend rapidement conduit à la perte du savoir équestre

français. Au contraire de nombreux autres sports qui sont passés du jeu au sport, l’équitation

semble faire le chemin inverse.

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Pour remédier à cette situation gênante pour les cavaliers et les professionnels, la

communication de la fédération gagnerait à être revue. « L’équitation pour tous » ne devrait

pas se limiter à monter de gentils poneys sur l’air de la chanson « le cheval c’est trop génial »,

un sourire béat aux lèvres, comme le laisse entendre les clips et programmes télévisuels de la

FFE. Au contraire, « L’équitation pour tous » devrait signifier que chacun peut apprendre à

monter à cheval avec une instruction de qualité et bénéficier d’une base de connaissances

hippologiques et des compétences techniques solides. Cependant la communication fédérale

devrait accentuer l’aspect difficile de l’apprentissage de l’équitation pour éviter certaines

désillusions.

Pour les cavaliers qui souhaitent se perfectionner à cheval, sans être contraints

d’acheter d’en acheter un et pour que l’équitation reste abordable financièrement, il est

nécessaire que les centres équestres aient une cavalerie adaptée. Les éleveurs concentrent

leurs efforts sur la production de chevaux de sport de haut niveau, espérant un jour faire naître

le crack du siècle. Les centres équestres n’ont pas les moyens d’acheter une telle cavalerie, et

se rabattent souvent sur l’achat de réformés de courses, peu chers mais inadaptés à

l’enseignement des techniques équestres élevées. L’élevage doit travailler en ce sens et

produire des chevaux qui ne sont pas destinés à la compétition de haut niveau mais qui, une

fois dressés pourront être de véritables maîtres d’écoles pour les cavaliers désireux de

progresser. Pour que l’apprentissage de l’équitation se fasse dans de bonnes conditions, la

formation des moniteurs doit être plus exigeante sur le niveau d’équitation des élèves

moniteurs. De plus, face à la montée d’une certaine équitation de loisir, d’autres formations

pourraient conduire à l’obtention d’un diplôme d’animation. Là aussi, il s’agit d’être clair et

de différencier l’enseignant d’équitation de l’animateur d’équitation.

Quelles que soient les hypothèses d’avenir du cheval, celui-ci bénéficie d’un très fort

capital de sympathie et d’attrait. Reconnu pour son éco-citoyenneté, celui-ci devrait bénéficier

de certaines mesures européennes pour sa valorisation. Les choix des instances

représentatives, la prise en compte des phénomènes sociétaux, l’impact de la crise

économique vont déterminer dans quelle direction ira la filière équine, et s’il est regrettable

que l’art équestre français soit menacé, il est sûr que le cheval restera dans le cœur des

français à travers les passions qu’il suscite.

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Annexe 1 : Le rapport de stage

Introduction

Cavalière et passionnée par les chevaux, j’ai choisi de faire mon stage d’Ingénierie et

Management des Organisations Sportives dans un centre équestre pour approfondir et mettre

en application les connaissances acquises lors de mon cursus universitaire. Ayant fréquenté

plusieurs types de clubs (club familial, club axé sur la compétition), j’ai décidé de me tourner

vers un centre équestre de dimension moyenne, mais proposant de nombreuses activités :

équitation de loisir, compétition à tous les niveaux, baby-poney, centre de vacances...

J’ai découvert le Moulin de Parade, centre équestre au sud de Toulouse, près de Muret.

Après plusieurs rencontres avec le dirigeant, Monsieur Ludovic Darrigan, il a été convenu que

je ferai mon stage de fin d’étude au Moulin de Parade. Les missions définies étaient de deux

types :

! Observation : de l’environnement, du fonctionnement, des choix de gestion, de

la clientèle et des salariés.

! Prospection et commercialisation : identification des publics cibles et

proposition d’actions.

Ces deux missions ont permis une analyse du Moulin de Parade et l’élaboration d’un

plan d’action.

Le Moulin de Parade – Contextualisation

Le Moulin de Parade est un centre équestre établi au Lherm, qui existe depuis plus de

25 ans. Centre équestre mais aussi centre de vacances, le Moulin possède l’agrément Jeunesse

et Sports pour l’organisation des séjours pour enfants.

Cavalerie

! 53 chevaux dont 30 en box (tous de propriétaires) et 23 de club vivants au pré.

! 15 poneys de club (leur taille ne dépasse pas 1,50 m au garrot)

! 10 shetlands (petits poneys dont la taille est inférieure à 1,07 m au garrot).

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Personnel

! 2 monitrices à plein temps.

! 1 responsable d’écurie.

! 1 secrétaire (3 jours par semaine), qui s’occupe aussi de l’offre de tourisme

équestre (balades, randonnées, cours d’équitation de pleine nature...).

! 2 ouvriers qui s’occupent de l’entretien du site, du matériel et des travaux en

cours.

! 2 stagiaires d’écuries et une stagiaire monitrice viennent compléter l’équipe.

Ludovic Darrigan est le gérant. Il a acquis le Moulin de Parade en 2001, et depuis n’a

de cesse de développer sa structure. Lorsqu’il a repris le Moulin de Parade, celui ci comptait

moins de 100 adhérents. En 2013, ils sont 200, le club ayant même connu un pic avec plus de

300 adhérents en 2010. Cavalier professionnel régulièrement classé en concours, il amène

également ses cavaliers propriétaires qui sortent en concours catégorie amateur.

La clientèle

25% de la clientèle à moins de 10 ans, ce qui correspond majoritairement aux groupes

de cavaliers « minis » et « débutants ». Ils ont besoin d’activités ludiques et sécurisées (à cet

âge, on considère qu’une chute équivaut à un abandon). Pratiquement 40% de la population a

moins de 12 ans, 18% de la population a entre 13 et 16 ans. Ces enfants commencent à savoir

vers quoi ils veulent se tourner : compétition, balade, dressage, loisirs... Ils ont besoin

d’activités leur permettant de progresser et de découvrir des sensations. Les groupes doivent

être homogènes, sans « exclu ».

10% de la clientèle a entre 17 et 21 ans. C’est à cet âge là que les moins « passionnés »

peuvent abandonner (études, autres centres d’intérêts, départ du domicile familial et donc

moins de soutien financier de la part des parents).

33% de la clientèle a plus de 21 ans. La moitié a une licence compétition. Ceux qui ne

sortent pas en compétition pratiquent une équitation de loisir principalement. Ceux-là ont

besoin d’activités sécurisées, l’objectif premier étant de se faire plaisir. 80% de la clientèle est

féminine.

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Infrastructures

Le Moulin de Parade dispose d’un manège, d’une carrière, d’un petit terrain de cross

et de nombreux sentiers de balade qui rejoignent les forêts environnantes. Pour les chevaux et

poneys, ils disposent de 30 box et de prairies. Une salle tenant lieu de club-house, un

secrétariat et plusieurs selleries complètent les infrastructures. Ludovic Darrigan projette de

faire construire une autre carrière et un manège avec une capacité de 1 000 places.

Le Moulin de Parade est géré sous la forme d’une SARL (SARL DU MOULIN DU

LHERM), dont Ludovic Darrigan est l’actionnaire majoritaire, ses deux parents étant

actionnaires minoritaires. Le centre de vacances, ouvert pendant toutes les vacances scolaires,

représente environ 70% du chiffre d’affaire annuel. Le Moulin de Parade loue aussi sa salle à

des particuliers (anniversaires, réunions familiales...). Il est pour l’instant difficile de la louer

à des entreprises car elle n’est pas fonctionnelle pour des séminaires (une seule salle, 50

places assises maximum...).

Dans une première partie, je vous présenterai les différentes missions d’observation

qui m’ont été confiées puis dans une seconde partie les missions de prospection et de

commercialisation.

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I. Observation

1.1. Comparaison des tarifs des centres équestres concurrents

Démarche :

! Identification des centres équestres concurrents (à partir de la zone de

chalandise, de leur proximité avec le Moulin de Parade).

! Elaboration d’une grille comparative des tarifs sur les activités d’enseignement

de l’équitation, de prise en pension des équidés, de sorties en concours. La

méthode pour renseigner cette grille a été de regarder les sites internet mais

aussi de rencontrer les dirigeants des centres équestres concurrents lorsque

ceux-ci n’affichaient par leurs prix sur leur site internet.

! Analyse des politiques tarifaires des concurrents, de la politique de prix du

Moulin de Parade et compte-rendu au gérant.

Extrait de la grille des tarifs

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1.2. Comparaison des activités proposées dans les différents centres équestres

Un centre équestre peut décliner son activité d’enseignement de l’équitation en de

multiples sous activités. Il existe plus de 30 disciplines équestres ; l’objectif était d’établir une

grille permettant de connaître les activités équestres proposées par les concurrents du Moulin

de Parade.

Démarche :

! Etude des activités de chaque centre équestre concurrent identifié dans la grille

de comparaison des tarifs.

! La méthode a été de consulter les sites internet, mais aussi d’appeler ou de

demander à des personnes qui connaissaient ces centres équestres.

! Analyse et compte-rendu.

Extrait de la grille des activités (les cases en rouge signifient que cette activité est

enseignée au niveau amateur et professionnel).

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IAE Toulouse 2013 L E P A R A D O X E E Q U E S T R E

65

1.3. Comparaison des plannings de reprise des centres équestres concurrents

Certains créneaux horaires se remplissent moins que d’autres. J’ai donc établi une

comparaison des plannings avec les centres équestres concurrents.

Démarche :

! Recherche des plannings des centres équestres concurrents (par le site internet

ou par la rencontre avec les dirigeants des autres clubs).

! Analyse et compte-rendu.

1.4. Entretien qualitatif des clients du club

Le Moulin de Parade a une clientèle très diverse : cavaliers débutants, cavaliers sortant

en compétition, propriétaires... Depuis 2010, le nombre d’adhérents ne cesse de baisser,

passant de plus de 300 à moins de 200 en 2013. Pour comprendre ce phénomène et inverser

cette courbe, le Moulin de Parade se doit de connaître très bien tous ces clients et leur

proposer des activités adaptées. La satisfaction est primordiale pour les fidéliser.

Démarche :

! Recherche de la méthode appropriée pour connaître les clients du club.

! Choix de mener des entretiens qualitatifs.

! Elaboration d’un guide d’entretien.

! Choix d’un panel représentatif de clients (débutants, confirmés, compétition,

loisirs, adultes...).

! Entretien avec les clients (entretien avec les parents d’enfants pour les moins

de 15 ans, car ceux-ci sont réellement les décideurs). Environ 30 entretiens.

! Prise de note durant chaque entretien.

! Analyse des mots clefs qui ressortent et des idées.

! Compte-rendu sur les attentes, les satisfactions et les insatisfactions des clients.

! Propositions d’actions pour la rentrée sportive de 2013/2014.

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IAE Toulouse 2013 L E P A R A D O X E E Q U E S T R E

66

1.5. Le site internet du Moulin de Parade

Le Moulin de Parade utilise son site internet (www.moulin-de-parade.fr) pour

communiquer sur les nouveautés du club, et sur les activités proposées en général. La quasi-

totalité des centres équestres possède son site internet et les clients potentiels utilisent

largement ce moyen pour trouver leur futur club. Le moteur de recherche Google

(www.google.fr) est le plus utilisé. En effet, il possède plus de 90% des parts de marché en

France, devant les moteurs de recherche Bing et Yahoo. Google met à disposition des

webmasters des outils (Google Analytics, Google Webmaster Tools) pour connaître les

statistiques de son site et son placement dans les recherches par mots clefs.

Démarche :

! Recherche sur les méthodes d’analyse de site web.

! Inscription sur Google Analytics et Google Webmaster Tools.

! Analyse du site web selon les méthodes de Google.

! Compte-rendu au gérant et à Claudia Jaunet, webmaster freelance (son

entreprise est Akro-web) qui va s’occuper d’améliorer le référencement du site

internet.

Tableau de bord Google Analytics (période du 1er juillet au 31 juillet 2013)

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IAE Toulouse 2013 L E P A R A D O X E E Q U E S T R E

67

II. Prospection

2.1. Opération poney-école

Une des priorités du Moulin de Parade est d’attirer de nouveaux clients pour la rentrée

sportive 2013/2014. Les moins de 10 ans représentent un quart des licenciés (cinquante

enfants) mais le potentiel d’accueil de ces enfants n’est pas atteint (par rapport au nombre de

poneys disponibles). De plus, les jeunes enfants sont très susceptibles d’abandonner en cours

d’année, il est donc nécessaire d’en démarcher régulièrement.

La Fédération Française d’Equitation (FFE) a mis en place l’opération poney-école en

partenariat avec le ministère de l’Education. Cette opération menée au niveau national

consiste à proposer aux écoles de venir faire 2h d’activités de poneys dans le club le plus

proche, gratuitement, pour faire découvrir l’équitation aux enfants, et peut-être revenir pour

des classes vertes. La FFE s’engage à communiquer sur cette opération auprès des mairies,

des sites d’enseignement...

Démarche :

! Inscription du Moulin de Parade sur le site internet Poney Ecole

(www.poneyecole.ffe.com).

! Organisation des deux heures d’activités (trois ateliers : pansage, initiation à

poney et tour de calèche).

! Démarchage des écoles situées sur la zone de chalandise du Moulin de Parade.

! Visite des lieux pour les maîtresses qui le désirent et organisation de

l’opération avec chaque école.

! Déroulement de l’opération Poney-Ecole, distribution de la plaquette du club et

d’invitations à la fête du club pour chaque enfant.

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Résultats :

! 2 écoles sont venues par demi-journées.

! 300 enfants ont participé à l’opération.

! Nouvelles inscriptions d’enfants grâce à l’opération : à déterminer lors de la

rentrée sportive en septembre 2013.

! Au niveau national, 825 clubs se sont inscrits pour 1 500 000 enfants attendus.

! En Midi-Pyrénées, 81 centres équestres ont accueilli 8 100 écoliers.

2.2. Promotion du centre de vacances

Le Moulin de Parade travaille avec des comités d’entreprises pour le centre de

vacances (Airbus, Thales, CPAM...). Les séjours proposés sont variés : équitation, pêche,

trappeur, musique, multi-activités, anglais... Chaque semaine, plusieurs séjours sont proposés.

Il est nécessaire pour le Moulin de Parade de ne pas avoir qu’une clientèle entreprise pour ne

pas être mis en difficulté si certains comités d’entreprises se désengagent.

Démarche :

! Inscription sur des sites internet proposant des séjours pour les enfants

(reseauguide.fr, animnet...).

! Rédaction du descriptif de chaque séjour et des dates de stages.

! Les clients potentiels prennent directement contact avec la secrétaire du

Moulin de Parade par e-mail ou téléphone.

! Elaboration d’un tableau comparatif des fréquentations des stages d’été et

analyse.

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69

Résultats :

! Fréquentation en hausse des stages d’été (+ 20%), due à la présence de plus de

stagiaires des C.E. et de particuliers.

! Les particuliers ont réservé 112 places en 2012 et 249 en 2013 (+117%).

! La part des C.E. est passée de 50% en 2012 à 44% en 2013. Les comités

d’entreprises ont réservé 116 stages en 2012 et 184 en 2013 (+58%).

Il est difficile de calculer le nombre de personnes qui se sont inscrites aux stages d’été

via les sites internet. Cependant, les descriptifs des stages ont été vus près de 1000 fois. La

hausse de fréquentation des stages d’été de 2013 est la conséquence de nouveaux partenariats

avec des comités d’entreprises et d’une meilleure visibilité auprès des particuliers.

2.3. Elaboration d’un catalogue présentant toutes les activités du Moulin de

Parade

Le Moulin de Parade a la particularité de proposer plusieurs services (centre équestre,

centre de vacances, location de salle, école de musique...). Pour présenter toutes les activités

et prospecter un public de professionnels (entreprises, comités d’entreprises...) il était

nécessaire d’élaborer un catalogue de toutes les activités, à consulter en ligne ou sur papier.

Démarche :

! Descriptif de chaque activité.

! Choix des photos.

! Contact avec une étudiante en marketing et communication de l’IAE de

Toulouse pour la conceptualisation du catalogue.

! Le catalogue devrait être terminé dans le mois de septembre et mis en ligne.

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70

2.4. Vente de produits dérivés

Le Moulin de Parade ne disposait pas de t-shirts aux couleurs du club et avec le logo.

Les t-shirts de clubs sont un outil efficace de communication, par exemple lorsqu’ils sont

portés en concours. De plus, ils favorisent le sentiment d’appartenance à un club, contribuent

à fidéliser la clientèle et à accroitre la notoriété du club. Dans le cas du Moulin de Parade, les

t-shirts peuvent également être vendus aux enfants du centre de vacances comme souvenir.

Démarche :

! Recherche de différentes entreprises de sérigraphie qui fournissent également

les t-shirts.

! Comparaison des devis.

! Commande de 250 pièces (t-shirts et débardeurs).

Résultats :

! Fin août, il reste 30 pièces.

! La commande a été remboursée et l’entreprise a pu faire quelques bénéfices.

! Nouvelle commande pour les prochains stages.

2.5. L’équitation pour les personnes en situation de handicap

Le Moulin de Parade accueille des centres médicaux et donne des cours à des groupes

de personnes en situation de handicap mental. L’équitation est reconnue pour ses vertus

éducatives et d’aide au développement personnel. L’équithérapie utilise le cheval comme

partenaire afin d’aider la personne souffrante à atteindre des objectifs établis. L’accueil des

personnes en situation de handicap est intéressant pour le Moulin car il permet de diversifier

son activité, sur des créneaux horaires libres. En effet la clientèle habituelle du club vient sur

ses temps de loisirs, le soir, le mercredi et le week-end. La cavalerie n’est pas montée, ou très

peu durant la semaine en journée. Or les centres médicaux viennent sur les horaires de travail

de leurs salariés, c’est à dire en journée.

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IAE Toulouse 2013 L E P A R A D O X E E Q U E S T R E

71

Démarche :

! Recherche sur les différentes offres possibles : équitation adaptée pour les

personnes en situation de handicap mental, equit’handi pour les personnes

atteintes d’un handicap moteur ou sensoriel.

! Recherche sur les conditions pour proposer ces activités (formation des

moniteurs, normes de la structure, matériel adapté, cavalerie...).

! Recherche de possibles subventions.

! Etude de l’offre en Midi-Pyrénées et en Haute-Garonne particulièrement.

! Rencontre avec Monsieur Luis Fernandez, le référent départemental de sports

et handicaps au sein de la Direction Départementale de la Jeunesse, des Sports

et de la Cohésion Sociale en Haute-Garonne.

! Entretien téléphonique avec Messieurs Alain Dejean et Fabrice Bille,

respectivement conseiller technique du comité départemental de sport adapté et

président du comité départemental handisport en Haute-Garonne.

Résultats :

! L’offre est fonction de la demande, et il n’y a pas réellement de marché pour

l’équitation adaptée ou l’equit’handi en Haute-Garonne.

! Nombreux investissements à prévoir pour pouvoir accueillir ces publics.

! Cependant, la reconnaissance du cheval comme médiateur et accompagnateur

de développement de soi est d’actualité en France et en Europe. De ce fait, les

centres équestres devraient bénéficier de plus de soutien dans les années à

venir pour proposer ce type d’activités.

2.6. Partenariat avec des supermarchés

Une des faiblesses observée durant mon analyse du Moulin de Parade est qu’il ne

bénéficie pas d’une très grande notoriété au sein des habitants de sa zone de chalandise.

Pourtant, le Moulin de Parade existe depuis plus de 25 ans. C’est en partie à cause de ce

manque de notoriété que le club a du mal à faire venir des jeunes cavaliers débutants. Pour

faire connaître le club, un des moyens mis en place a été de prendre contact avec des

supermarchés pour y faire des animations (baptêmes à poneys). Il semblait judicieux de mener

cette action à la rentrée scolaire car les supermarchés voient leur fréquentation augmenter par

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IAE Toulouse 2013 L E P A R A D O X E E Q U E S T R E

72

l’achat des fournitures de rentrée. Les enfants accompagnent souvent leurs parents pour ce

type de course. De plus c’est la période de l’année où se choisissent les activités extra-

scolaires.

Démarche :

! Choix des supermarchés ayant la même zone de chalandise que le Moulin de

Parade.

! Prise de contact avec les directeurs (une quinzaine).

! Sur la quinzaine de supermarchés, deux directeurs se sont montrés

enthousiasmés par la démarche (Intermarché de Saint-Lys et Intermarché de

Muret sud).

! Rencontre avec les directeurs, proposition d’animations, communication sur

l’opération.

! Organisation en interne de cette opération.

! Choix des dates (deux dates pour l’Intermarché de Saint-Lys et une pour celui

de Muret sud).

! Rédaction d’un flyer à distribuer aux clients des supermarchés pour les inviter

à la fête du cheval le 22 septembre au Moulin de Parade.

Résultat :

! Les animations auront lieux fin août et début septembre, il est donc impossible

de dire si cette opération a engendré de nouvelles inscriptions.

! Les directeurs se sont montrés très enthousiasmés par ce type d’opération, car

elles permettent de dynamiser leur espace de vente. Il est donc envisageable de

renouveler ce type d’animation et d’établir un partenariat à long terme avec ces

supermarchés (sponsoring, autres actions de partenariat...).

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73

2.7. Projet collectif Moulin de Parade

Ludovic Darrigan a pour projet la construction d’une nouvelle carrière et d’un

nouveau manège, permettant l’accueil de pratiquement 1 000 personnes. L’objectif est de bien

sûr en faire profiter les cavaliers du club, mais aussi d’organiser des concours amateurs et

professionnels. En outre, les manèges couverts avec des places assises n’existent pas dans la

région, et à terme il pourrait accueillir des représentations de spectacles d’équitation de haute-

école, mais aussi des troupes de cirques... Aujourd’hui la conception de ces infrastructures est

encore au stade de projet, et plusieurs questions quant à la réalisation, au financement, à la

réglementation sont sans réponses. Les étudiants IMOS sont amenés à travailler sur ce type de

structures, et c’est pourquoi j’ai eu l’idée de proposer un projet collectif sur la conception

d’infrastructures équestres au Moulin de Parade.

Démarche :

! Réflexion sur la teneur du projet.

! Proposition du projet à Ludovic Darrigan.

! Proposition du projet à Monsieur Fabaron, mon tuteur de stage mais également

tuteur des projets collectifs sur la conception et la réalisation d’infrastructures

sportives.

! Mise en forme du projet, réalisation du cahier des charges.

Résultat :

! Validation du projet et du cahier des charges par Monsieur Fabaron et

Monsieur Le Bihan, responsable du master IMOS.

! 12 étudiants du M2 IMOS, répartis en deux équipes, vont travailler sur le

projet de conception et de réalisation d’infrastructures équestres. Ils rendront

leur rapport en mars 2014.

! Etant donné mon implication dans la proposition de ce projet collectif, je serai

présente lors des trois rendez-vous de rendu de projet des étudiants.

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IAE Toulouse 2013 L E P A R A D O X E E Q U E S T R E

74

2.8. Autres actions

Durant mon stage, j’ai été amenée à effectuer des tâches transversales à mes missions :

! Promotion de la salle de location.

! Recherche d’animateurs et d’un cuisinier pour le centre de vacances.

! Budget prévisionnel pour l’organisation de compétitions.

! Aide de la secrétaire pour certaines tâches.

! Accueil et renseignements des représentants la Direction

Départementale de la Protection des Population lors d’un contrôle de la

cuisine du centre de vacances.

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75

Conclusion

Mon stage de fin d’études de master IMOS au Moulin de Parade fût une expérience

enrichissante sur bien des points. Professionnellement, j’ai pu mettre en pratique les

connaissances acquises lors de mon cursus universitaire. L’autonomie que m’a laissée mon

maître de stage fût pour moi l’occasion de m’exercer à la prise d’initiatives et de décisions.

En tant que cavalière, ce stage fût pour moi l’occasion d’améliorer ma connaissance du milieu

équestre, des acteurs de la filière et des difficultés à gérer un centre équestre. Enfin, d’un

point de vue plus personnel, cette immersion en entreprise durant six mois m’a permis

d’observer les relations entre les salariés d’une entreprise et d’adopter un comportement

professionnel.

Durant ces six mois de stage, j’ai pu observer la gestion d’un centre équestre. Cette

expérience m’a ainsi permis d’affiner mon opinion sur les différentes stratégies de gestion de

centre équestre et les conséquences qu’elles peuvent avoir sur la structure. Bien que mes

missions étaient déterminées par la convention de stage, j’ai pu tout au long du stage les

adapter aux besoins du club. J’ai ainsi pu proposer des actions que je n’avais pas imaginées,

au fur et à mesure de ma découverte des besoins et de la stratégie du club.

J’ai apprécié avoir fait ce stage au Moulin de Parade car peu de centres équestres

proposent autant d’activités (centre de vacances, location de salles, club de musique...). Les

centres équestres possédant l’agrément Jeunesse et Sports pour organiser des séjours pour

enfants en pension complète sont rares. J’ai ainsi pu observer un mode de fonctionnement de

structure que je ne connaissais pas.

Mon projet professionnel est de travailler dans le milieu équestre. Ce stage m’a permis

de me confronter à ce projet, et je sais aujourd’hui que les connaissances acquises en master

IMOS seront utiles et adaptées à la gestion d’infrastructures équestres (que ce soit un centre

équestre, ou bien un élevage, un haras...). Je suis donc déterminée plus que jamais à mener à

bien mon projet professionnel.

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76

Bibliographie

Comité Régional de Tourisme équestre, « Etude de la filière tourisme équestre en

Midi-Pyrénées », 2012.

Jean-Pierre Digard, « Cheval, mon amour. Sports équestres et sensibilités

« animalitaires » en France. », revue Terrain, septembre 1995.

Réseau Références, « Filière équine, chiffre clés 2012 », www.haras-nationaux.fr.

Fédération Française d’Equitation, « FFE, Etude Géomarketing », www.ffe.fr, 2012.

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Tables des matières

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79

Résumé du mémoire

Le cheval fait rêver, synonyme de liberté et de contact avec la nature. De très

nombreux français aimeraient pouvoir pratiquer occasionnellement ou régulièrement

l’équitation. Alors que ce sport était réservé à une certaine élite jusque dans les années 70, de

nouvelles pratiques à cheval ont contribué à rendre ce sport plus populaire. L’ouverture des

poneys clubs et du tourisme équestre à notamment permis de rendre les centres équestres plus

accessibles.

La Fédération Française d’Equitation (FFE) a compétence pour la gestion, la

promotion et le développement des disciplines équestres en France. Son objectif prioritaire est

la démocratisation de l’équitation, avec une cible particulière : les enfants. En toute logique,

les centres équestres devraient être le relai de cette politique. Quelque soit leur nom, poney

club, club hippique, centre équestre, écurie, ces lieux permettent aux cavaliers novices ou plus

expérimentés de s’adonner à leur pratique favorite. Ainsi, chaque mercredi et samedi, des

milliers de passionnés prennent la route du poney club. Les chiffres le prouvent, avec

pratiquement 700 000 licenciés, la FFE est la 3ème fédération sportive en terme de licenciés.

Chaque année, de nouveaux clubs se créent (en 2010, ils étaient 7 792 à adhérer à la FFE).

En apparence, l’équitation se porte bien. Guidés par une fédération puissante et

structurée, les centres équestres sont le relais de la politique fédérale. Chaque année, de

nouveaux moyens sont mis en œuvre par la FFE pour inciter les plus jeunes à s’inscrire au

poney club : clip télévisuel diffusé sur les chaînes nationales à chaque rentrée scolaire,

journée du cheval en septembre, et en 2013, le tournage d’une série « Le cheval c’est trop

génial » qui sera diffusée sur la chaîne pour enfants de la TNT (Gully). Pourtant, en observant

de près la gestion et le fonctionnement des centres équestres, on constate que le malaise de

certains dirigeants et les difficultés de gestion sont réels. A entendre ces hommes de cheval,

l’avenir de leur structure est loin d’être assuré. Pour la plupart des centres équestres, l’objectif

n’est pas de faire découvrir l’équitation au plus grand nombre, mais il est bel et bien de « faire

de l’argent », c’est à dire survivre.

Pour comprendre ce paradoxe, il faut savoir que les centres équestres ne peuvent être

gérés comme n’importe quelle structure. Le cheval nécessite une attention constante, 24h/24

et 365 jours par an. A ce titre, les deux tiers des centres équestres de la FFE sont gérés sous la

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IAE Toulouse 2013 L E P A R A D O X E E Q U E S T R E

80

forme d’entreprises (agricoles dans la plupart des cas), comme il est autorisé dans le Code du

Sport. Pour gérer un centre équestre, les compétences que le dirigeant doit avoir sont

multiples : homme de cheval, il doit connaître sa cavalerie et anticiper les besoins, mais en

tant que chef d’entreprise il doit savoir construire un plan de développement pour sa structure

et bien sûr, manager ses salariés pour qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes. Et si la plupart

des gestionnaires de centres équestres sont effectivement des hommes de cheval, ils n’ont que

très peu souvent des qualifications dans la gestion d’entreprise. D’où le malaise entre les

centres équestres et la fédération, entre homme de cheval ayant choisi ce métier pour vivre de

sa passion, et politique fédérale ayant comme objectif l’équitation pour tous et le

développement de la filière équestre.

Le cheval fait partie de la filière équine, qui comprend quatre segments : l’élevage, les

courses hippiques, la viande chevaline et les sports et loisirs équestres. Les segments sont

interdépendants. En effet, le cheval va au cours de sa vie appartenir à différents segments : né

chez un éleveur, il peut être utilisé pour les courses, les sports équestres ou les loisirs, pour

éventuellement être abattu pour sa viande. De ce fait, l’avenir des centres équestres dépend

des décisions prises au niveau de chaque segment par les institutions représentatives, et du

degré de coopération entre elles.

En fonction des perspectives économiques et des tendances sociétales, ainsi que des

décisions prises par les instances représentatives, plusieurs hypothèses sur l’avenir du cheval

émergent. Deux hypothèses sont extrémistes, de l’équitation pour tous ou au contraire

réservée à une certaine élite sociale. Les deux autres hypothèses prennent en compte les

différentes utilisations que l’on peut attribuer au cheval, en tant que vecteur de lien social ou

comme animal domestique.

Le paradoxe équestre s’explique par le fait que l’équitation est le seul sport à faire

intervenir un animal. Seul sport mixte, le haut niveau est surtout représenté par des cavaliers,

alors que les clubs sont composés de 80% de cavalières. Le segment des sports et loisirs

équestres subit les contraintes mais profite aussi des opportunités de la filière équine. L’avenir

de l’équitation est difficile à prévoir, tant les composantes à prendre en compte sont

nombreuses. Néanmoins, le cheval, par la symbolique forte qu’il représente, devrait continuer

à susciter des passions.

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IAE Toulouse 2013 L E P A R A D O X E E Q U E S T R E

81

Mots-clefs :

Sport

Equitation

Paradoxe

Filière équine

Perspectives

Préconisations

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82

Abstract

Horse makes you dreaming and is a symbol of freedom and of the proximity with

nature. Many French people would love to be able to ride regularly or occasionally a horse.

Whereas horse-riding was reserved for an elite/upper-classes until the 70s, new practices

helped to set horseriding as a popular sport. The opening of pony clubs and equestrian tourism

enabled to make equestrian centers more accessible.

The French Equestrian Federation (Fédération Française d’Equitation-FFE) is

responsible for the management, promotion and development of equestrian disciplines in

France. Its primary goal is the democratization of riding for a special target: children. Quite

logically, equestrian centers should convey this policy. Whatever their name, pony clubs,

horse clubs, equestrian centers, stables, these places allow novices and more experienced

riders to enjoy their favorite sport. Thus, every Wednesday and Saturday thousands of fans

take the road to the pony club. With almost 700,000 licensees, the FFE is the third sports

federation in terms of licensees. Each year new clubs are created (we had 7792 members in

the FFE in 2010).

Seemingly, horse-riding is doing well. Guided by a powerful and structured

federation, equestrian centers are the relay of the federal policy. Every year, new means are

implemented by the FFE to encourage young people to join pony clubs: TV clip aired on

national television in each school year, day of the horse in September 2013 and the shooting

of series "Le cheval c’est trop génial" to be aired on TNT for children (Gully). However,

observing closely the management and operation of equestrian centers, the discomfort of

some directors on management difficulties are real. According to these horsemen, the future

of their structures is far to be assured. For most of equestrian centers, their goal is not to

introduce to everyone horseriding but is to "make money" in order to survive.

To understand this paradox, we must know that equestrian centers cannot be run as

any other structure. Horse needs constant attention, 24h/24 and 365 days a year. For this

reason two thirds of equestrian centers are managed as business societies, as authorized in the

Sport Code. To manage an equestrian center, the skills that the leader must have are multiple.

As Horseman, he must know his cavalry and to anticipate their needs, but as an entrepreneur

he must know how to build a development plan for its structure and course manager for its

Page 86: Marlène Agro Master 2 Ingénierie et Management des

IAE Toulouse 2013 L E P A R A D O X E E Q U E S T R E

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employees who give the best of themselves. And while most of managers of equestrian

centers are actually horsemen, they don’t have the right skills in business management. Hence

the unease between riding schools and federation between horseman who chose this

profession to live his passion, and federal policy with the goal of riding for all and

development of the equestrian industry.

The horse is part of the horse industry, which includes four segments: livestock, horse

racing, horse meat and equestrian sports and recreation. The segments are interdependent. In

fact, the horse goes over his life belong to different segment: born from a breeder, it can be

used for racing, equestrian sports or leisure, eventually being shot. Therefore, the future of

equestrian centers depends on the decisions taken at the level of each segment-by

representative institutions and the degree of cooperation between them.

Depending on the economic outlook and societal trends as well as decisions by

representative bodies, several assumptions about the future of the horse emerge. Two

hypotheses are extremists, riding for the horse or otherwise reserved for elites. The other two

assumptions take into account the different uses that can be attributed to the horse as a vehicle

for social cohesion or as pets.

Riding is a paradox because it is the only sport to involve an animal. It is constrained

but also opportunities for the equine industry. Only mixed sports, high level is mainly

represented by horsemen, while the clubs have a 90% horsewomen. The future of riding is

difficult to predict, as the components to consider are many. However, the horse, to the

symbol it represents, should continue to raise passions.

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Sport

Horse-riding

Paradox

Horse industry

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