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Phytothérapie (2012) 10:38–43 © Springer-Verlag France 2012 DOI 10.1007/s10298-012-0688-z Formation continue Matière médicale pratique Arnica montana L. ( Asteraceae ( ( ) : Arnica K. Ghedira 1,2 , P. Goetz 1 , R. Le Jeune 3 1 Dumenat de phytothérapie, Paris-XIII, F-93017, Bobigny cedex, France 2 Laboratoire de pharmacognosie, faculté de pharmacie de Monastir, rue Avicenne, 5000 Monastir, Tunisie 3 F-91800 Epinay-sous-Senart, France Correspondance : [email protected] Dénominations internationales [2,33,39] Français : Arnica, tabac des montagnes, plantain des Vosges, herbe à éternuer Anglais : Arnica, celtic bane, Mountain-tobacco, golden-fleece Allemand : Arnika, Berg-wohlverleih, Echtes Wolferlei, Fallkraut Néerlandais: valkruid, wolverlei Italien: Arnica Espagnol: tabaco de montaña, àrnica Introduction Cette plante est une Asteraceae au nom obscur (peut-être elle tient son nom de terme grec gr. πταρμική [qui fait éternuer] « ptarmica » tronqué en latin) d’arnion grec ou celtique, ou proto-indo-européenne alpine [20,41]. Classification botanique internationale [] Règne : Plantae Sous-règne : Tracheobionta Superdivision : Spermatophyta Division : Magnoliophyta Classe : Magnoliopsida Sous-classe : Asteridae Ordre : Asterales Famille : Asteraceae Genre : Arnica Espèce : Arnica montana L. Synonymes [] Doronicum arnica Desf., Doronicum montanum Lam. Description botanique [,] Plante vivace de 20 à 60 cm, à tige dressée, simple ou peu rameuse, brièvement pubescente–glanduleuse ; les feuilles sont sessiles, entières ou à dents rares et peu marquées. Les feuilles basales sont ovales–lancéolées ou oblongues– lancéolées, glabrescentes, les radicales étalées en rosette, les caulinaires opposées au nombre d’une ou deux paires. La plante possède de grands capitules (6 à 8,5 cm) terminaux, solitaires ou réunis par trois ou quatre. Les fleurs sont de couleur jaune orangé avec une forte odeur caractéristique. L’involucre est à bractées ovales–allongées, aiguës à l’extrémité. Le fruit est légèrement velu, aussi long que l’aigrette blanche. Origine et habitat [] Arnica montana est une plante répandue à l’état sauvage de l’Europe à la Russie du Sud où elle croît dans les pâturages. En France, elle fait partie des prairies d’altitude des Vosges, des Alpes, des Pyrénées et du Massif central. La plante, qui affectionne les terrains siliceux, provient en partie de récoltes sauvages effectuées en Espagne et dans quelques États des Balkans. Les principaux fournisseurs sont actuellement la Croatie–Slovénie, l’Espagne, l’Italie et la Suisse [26]. Détermination scientifique [] Code nomenclatural (nn) : BDNFFnn6646 Code taxonomique (nt): BDNFFnt8653 Détermination des intérêts de la drogue La drogue a été référencée dans les ouvrages suivants : BHP 1996, BP 2007, ESCOP 1997 [9], Martindale 35th edition, Ph Eur 2007, Commission E [4].

Matière médicale pratique

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Phytothérapie (2012) 10:38–43© Springer-Verlag France 2012DOI 10.1007/s10298-012-0688-z

Formation continue

Matière médicale pratique

Arnica montana L. (Asteraceae L. (Asteraceae L. ( ) : Arnica

K. Ghedira1,2, P. Goetz1, R. Le Jeune3

1Dumenat de phytothérapie, Paris-XIII, F-93017, Bobigny cedex, France2Laboratoire de pharmacognosie, faculté de pharmacie de Monastir, rue Avicenne, 5000 Monastir, Tunisie3F-91800 Epinay-sous-Senart, FranceCorrespondance : [email protected]

Dénominations internationales [2,33,39]Français : Arnica, tabac des montagnes, plantain des Vosges, herbe à éternuerAnglais : Arnica, celtic bane, Mountain-tobacco, golden-fleeceAllemand : Arnika, Berg-wohlverleih, Echtes Wolferlei, FallkrautNéerlandais: valkruid, wolverleiItalien: ArnicaEspagnol: tabaco de montaña, àrnica

Introduction

Cette plante est une Asteraceae au nom obscur (peut-être elle tient son nom de terme grec gr. πταρμική [qui fait éternuer] « ptarmica » tronqué en latin) d’arnion grec ou celtique, ou proto-indo-européenne alpine [20,41].

Classifi cation botanique internationale []

Règne : PlantaeSous-règne : TracheobiontaSuperdivision : SpermatophytaDivision : MagnoliophytaClasse : MagnoliopsidaSous-classe : AsteridaeOrdre : AsteralesFamille : AsteraceaeGenre : ArnicaEspèce : Arnica montana L.

Synonymes []

Doronicum arnica Desf., Doronicum montanum Lam.

Description botanique [,]Plante vivace de 20 à 60 cm, à tige dressée, simple ou peu rameuse, brièvement pubescente–glanduleuse ; les feuilles sont sessiles, entières ou à dents rares et peu marquées. Les feuilles basales sont ovales–lancéolées ou oblongues–lancéolées, glabrescentes, les radicales étalées en rosette, les caulinaires opposées au nombre d’une ou deux paires. La plante possède de grands capitules (6 à 8,5 cm) terminaux, solitaires ou réunis par trois ou quatre. Les � eurs sont de couleur jaune orangé avec une forte odeur caractéristique. L’involucre est à bractées ovales–allongées, aiguës à l’extrémité. Le fruit est légèrement velu, aussi long que l’aigrette blanche.

Origine et habitat []Arnica montana est une plante répandue à l’état sauvage de l’Europe à la Russie du Sud où elle croît dans les pâturages. En France, elle fait partie des prairies d’altitude des Vosges, des Alpes, des Pyrénées et du Massif central.

La plante, qui affectionne les terrains siliceux, provient en partie de récoltes sauvages effectuées en Espagne et dans quelques États des Balkans. Les principaux fournisseurs sont actuellement la Croatie–Slovénie, l’Espagne, l’Italie et la Suisse [26].

Détermination scientifi que []Code nomenclatural (nn) : BDNFFnn6646Code taxonomique (nt): BDNFFnt8653

Détermination des intérêts de la drogueLa drogue a été référencée dans les ouvrages suivants : BHP 1996, BP 2007, ESCOP 1997 [9], ESCOP 1997 [9], ESCOP 1997 Martindale 35th edition, Ph Eur 2007, Commission E [4].

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Autres espèces d’intérêt appartenant au genre Arnica []Arnica chamissonis, espèce nord-américaine, à composition chimique identique (poussant mieux que Arnica montana) est admise à l’emploi à la place de l’Arnica européenne. D’autres espèces d’Arnica existent de par le monde, proche de l’Arnica européenne, en particulier Arnica chamissonis dans les Montagnes Rocheuses jusqu’en Alaska et en Scandinavie, Arnica angustifolia le long des Rocheuses, Arnica lessingii en Alaska, Arnica lonchophylla et Arnica frigide plus rares. Au Canada, l’Arnica cordifolia pousse dans les forêts et à l’orée des forêts, où la coupe et l’éclaircie ont pour e et d’accroître les populations de l’espèce. L’Arnica fulgens et l’Arnica sororia poussent principalement dans les prairies [28].

Constituants chimiques principaux [,,]Ils sont récapitulés dans le Tableau 1 (Fig. 1).

Activités pharmacologiques

Activité anti-infl ammatoire [15]

– L’administration intragastrique de 100,0 mg/kg de poids corporel (pc) d’un extrait éthanolique à 80 % de fleur d’Arnicae réduit de 29 % l’œdème à la carragénine induit au niveau de la patte chez le rat [21]. L’administration par voie intrapéritonéale

de 2,5 à 5,0 mg/kg de pc d’hélénaline inhibe de façon significative (psignificative (psignificative ( < 0,001) l’œdème induit à la carragénine au niveau de la patte chez le rat de 77 % après 72 heures [11] ;

– in vitro, l’hélénaline, à raison de 5,0 μmol/l, supprime de façon significative (pde façon significative (pde façon significative ( < 0,01) l’activité de la prostaglan-dine synthétase au niveau d’homogénats de souris et de rat, ainsi que chez des polynucléaires neutrophiles humains ;

– l’hélénaline est un inhibiteur dans le test de l’adjuvant de Freund (arthrite chronique) chez le rat [11,12]. La partie alphaméthylènegalactone des sesquiterpènes serait à l’ori-gine des effets anti-inflammatoire et antiecchymotique par leur capacité à inhiber la migration des polynucléaires et la rupture des membranes lysosomiales [5].

L’action de l’hélénaline est probablement potentialisée par les groupes 6-hydroxy [12].

L’hélénaline, à une dose de 4,0 μmol/l, inhibe sélecti-vement l’activation du facteur de transcription nucléaire NF-κB [19].

Activité antiphlogistique

– Sur l’œdème postchirurgical [32] ;– sur l’œdème après contusion [1].

Autres actions sur l’épiderme [8]

– Élimination des squames (effet de nettoyage) ;– augmentation de l’irrigation du derme ;– stimulation des fonctions épithéliogènes ;– tonifiant du cuir chevelu.

Tableau 1. Les principaux constituants chimiques

Familles de constituants chimiques Constituants chimiquesHuile essentielle (0,69–0,75 % pour les parties souterraines ; 0,15 à 0,34 % pour les inflorescences) : rendue pâteuse par une forte teneur en acides gras

Thymol et dérivés (déhydrothymol et dérivés), mono- et sequiterpènes ((–)-α-bisabolol, α-phellandrène, myrcène, humulène, δ-cadinène, oxyde de caryophyllène) ; alcools triterpèniques (faradiol, arnidiol, maniladiol, calenduladiol) présents sous forme de 3-O-myristate et 3-O-palmitate

Lactones sesquiterpéniques (responsables de l’amertume) de type pseudoguaianolide : 0,1 à 0,27 %

Hélénaline et dérivés 11,13-dihydrohélénaline estérifiés — acétates, isobutyrates, tiglates, isovalérates (= hélénanines), arnifoline, chamissonolide, et nombreux dérivés, guaïanolides, xanthanolides, eudesmanolides, mélampolides

Flavonoïdes (0,2 à 0,6 %) Apigénine et dérivés, lutéoline et dérivés, kaempférol et dérivés, quercétol et dérivés, naringénine et dérivés, dérivés flavaniques, spinacétine, hispiduline, patulétine, bétulétine, isorhamnétine, isoquercitroside, astragaloside, quercétagétine

Acides-phénols Acide cinnamique et dérivés : acides chlorogénique, caféique, caféylchlorogénique, cynarique, protocatéchinique, vanillique, p-coumarinique, gallique, férulique, acide isovalexianique, acide 2-méthylisobutyrique…

Stérols et triterpènes Alpha-1-sitostérol, bêta-sitostérol et e-sitostérol, citrostadiénol ; bêta-amyrine, germanicol, etc.Coumarines Scopolétine et ombelliféroneAutres constituants Polyacétylènes et polyines

Caroténoïdes avec α- et β-carotène, différents xantophyllesDérivés azotés : nombreux acides aminés, GABA (acide gamma aminobutyrique) et acide pipécoliqueAlcaloïde pyrrolizidinique : tussilagine, acides tussilagénique et isotussilagéniqueAcides gras

Sucres : 12,8 mg/100 g Polysaccharides à haut PM (hétéroxylane et rhamnogalacturonane)

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Activité antihémorragique (antiecchymose) [30]

L’extrait d’Arnica dissout les hématomes [3].

Activité analgésique

L’administration par voie intrapéritonéale de 20,0 mg/kg de pc d’hélénaline inhibe fortement les contorsions induites par l’acide acétique de 93 % chez la souris sans exercer d’effet analgésique chez la même espèce animale par le test de la plaque chauffante [11].

L’Arnica entière est responsable de la stabilisation des membranes lysosomiales, d’une inhibition de l’enzyme lysosomiale, d’une augmentation de l’AMP-cyclique bloquant l’histaminosécrétion et la formation des prosta-glandines [11,12].

Activité antioxydante

L’effet d’une teinture d’Arnica sur la peroxydation lipi-dique et le métabolisme du glutathion dans le foie de rat a été évalué après l’induction d’une hépatite par l’admi-nistration de tétrachlorure de carbone. L’administration intragastrique de 0,2 ml/g de pc de cette teinture aux rats a permis de diminuer le taux d’oxydation lipidique et d’aug-menter les activités des enzymes impliquées dans le méta-bolisme du glutathion [37].

Eff et antibactérien

Action sur les germes de la sphère orale [18]. La teinture d’Arnica a, à la fois, une activité antimicrobienne et anti-tumorale (grâce au groupe insaturé α et bêtacyclopenténone,

antimitotique par inhibition des enzymes de la mitose, mais aussi de l’héléna line et ses dérivés).

La teinture d’Arnica présente des activités antibactérienne [16], antifongique à doses supérieures, une activité contre Candida albicans de l’acide caféique et dérivés [18]. L’activité Candida albicans de l’acide caféique et dérivés [18]. L’activité Candida albicansporte sur Bacillus subtilis, Staphylococcus aureus [18], Corynebacterium insidosum, Micrococcus roseus, Sarcinia lutea, Proteus vulgaris, Mycobacterium phlei [24].

Eff et immunomodulateur

L’hélénaline aurait un effet immunostimulant in vitro [7]. Ses polysaccharides (racine) ont une activité in vivo et in vitro sur le test de clairance du carbone [26].

Activité cardiovasculaire

L’Arnica provoque une augmentation de l’amplitude de la contraction myocardique. Une solution de 10–6 à 10–4mol d’acétate d’hélénaline induit une action inotrope positive sur l’oreillette droite isolée, mais la marge thérapeutique est étroite. Il y a rapidement une arythmie [5].

L’hélénaline, administrée à une dose de 50,0 µg/ml, diminue la concentration intracellulaire du calcium (Ca) chez des fibroblastes en culture et potentialise les réponses induites par la vasopressine et la bradykinine [23].

Activité inhibitrice de l’agrégation plaquettaire [5]

L’hélénaline et la 11α, 13-dihydrohélénaline (DHAc) inhi-bent l’agrégation plaquettaire induite par le collagène (via la voie des thiols), la formation de thromboxane et la sécré-tion de la 5-hydroxytryptamine [29].

Hélénaline 11α,13-dihydrohélénaline

Fig. 1. Formule de l’hélénaline et de 11α, 13-dihydrohélénaline

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Activité cytotoxique

L’acétate de DH et le chamissonolide réduisent de façon significative la cytokine induite par un mitogène et les taux d’ARNm d’oxyde nitrique synthétase inductible (iNOS mRNA) dans les cellules mononucléaires du sang périphé-rique et les cellules T de Jurkat à de faibles concentrations micromolaires [10].

Formes d’utilisation– Forme sèche : capitule et racine sèche pour utilisation

externe, poudre ;– formes liquides :

• teinture officinale et teinture mère (TM) ;• extrait hydroglycolique ;• huile de fleurs d’Arnica à et à % ;• onguent à , % ;• ampoules buvables en D.

Note : les lactones sesquiterpéniques (hydro- et lipo-solubles) sont présentes autant dans la TM que dans l’huile.

Utilisations thérapeutiques anciennesL’utilisation externe est fort ancienne. L’allemand « Berg-Wohlverleich » remonte à « wolves-zeisala » (morsure de loup) qui nous rappelle son indication dans l’intertrigo inguinal appelé « lupus » à cette époque [20].

On l’utilisait aussi dans les troubles cérébrovasculaires, en association à d’autres drogues, et les troubles coronariens.

Utilisation par les Nord-Amérindiens []Cette utilisation est récapitulée dans le Tableau 2.

L’utilisation interne semble moins utile que toxique (1 à 2 g de TM/j). Il faut se rappeler les contre-indications : arythmie, tachycardie, bloc de branche gauche. L’Arnica pourrait être une drogue complémentaire inotrope posi-tive, jamais un cardiotonique vrai !

Utilisations et indications actuellesSelon le Cahier no 3 de l’Agence du médicament, 1998 : il est possible de revendiquer pour le capitule d’Arnica et par voie locale l’indication thérapeutique : traditionnellement utilisé dans le traitement symptomatique des ecchymoses.

En réalité, elle est souvent prescrite dans les indications suivantes :

– comme anti-inflammatoire à activité modérée [21] sous forme de crème à 0,75 g/100 [18] ;

– traitement des brûlures en association avec l’ortie [14] ;– traitement des contusions, ecchymoses, entorses,

foulures et autres meurtrissures [5] ;– traitement des phlébopathies des membres inférieurs,

lymphœdème [6] ;– rhumatologie articulaire et abarticulaire, kinésithérapie

[34] ;– stomatologie infectieuse et/ou inflammatoire (garga-

rismes) [4] ;– phytocosmétologie : peau sale, irritée, grasse, lotion

capillaire (squames, perte des cheveux).La précaution veut qu’on ne l’applique par sur une peau

avec effraction de la peau. Il faut se méfier aussi du risque allergique.

La monographie de la Commission E précise que le capitule d’Arnica est utilisé uniquement par voie locale : à la suite de blessures ou d’accidents (hématomes, foulure, contusion, œdème associé à une fracture, affection rhuma-tismale musculaire et articulaire ; en cas d’inflammation des muqueuses buccale et pharyngée ; furonculose ; piqûre d’insecte ; phlébite superficielle).

Formes galéniques disponibles– Infusion : 2 g/100 ml d’eau pour compresse et utilisa-

tion ophtalmique ;– teinture diluée à 10 % pour applications locales ;– teinture diluée à 10 % pour les ablutions de la bouche ;– huile d’Arnica ;– crèmes et onguents à ± 4 % de teinture d’Arnica ;– usage externe : maximum à ne pas dépasser : 20 à 25 %

de teinture d’Arnica.

Tableau 2. Utilisation des Arnicas d’Amérique du Nord par les Nord-Amérindiens

Arnica acaulis (Walt.) BSP Effets Mode d’utilisation

Catawba Analgésique–mal de dos Infusion de racine en interneArnica cordifolia HookShuswap (Canada) Plante pour les yeux douloureux Pas de précisionThompson (Canada) Antirhumatismal–usage externe Cataplasme de plante mâchéeThompson (Canada) Vulnéraire–bosses et plaies Cataplasme de plante mâchéeThompson (Canada) Tuberculose (par voie interne) Infusion de plante prise en oralArnica latifolia BongThompson (Canada) Sans précision Utilisation médicinale de la plante

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ToxicologieL’ingestion massive de fleurs d’Arnica entraîne une cardio-toxicité aiguë : toxicité à 123 mg/kg de pc per os chez la souris. L’absorption massive accidentelle donne des vertiges, des diarrhées, des tremblements, une tachycardie/tachyarythmie, puis un collapsus. L’administration intra-veineuse d’hélénaline chez la souris (25,0 mg/kg pc) et le chien (90,0 mg/kg pc) induit des effets cardiotoxiques [31]. La toxicité cardiaque est corrélée à une inhibition de la circulation transmembranaire du Ca [35,36].

Rarement allergisante par son contact de la plante au naturel, c’est la teinture d’Arnica qui provoque des derma-tites de contact [13]. Les molécules responsables sont des lactones sesquiterpéniques.

Allergies connues aux Asteraceae (ex-composées), à l’Arnica, aux coumariniques. Des réactions croisées avec les Asteraceae et autres espèces à lactones ont été rappor-tées [25].

L’hélénaline est toxique par voie orale : DL50 = 85 mg/kg chez le hamster, 150 mg/kg chez le mouton.

Selon l’ESCOP [9], l’Arnica peut être utilisée sans restriction par voie externe chez la femme enceinte ou allaitante.

Contre-indicatonsL’Arnica est contre-indiqué en cas d’allergie. Un usage prolongé sur une peau lésée peut induire des dermites œdémateuses et vésiculeuses. Les formes les plus concen-trées peuvent provoquer vésicules et même nécrose [14].

L’innocuite de l’Arnica chez la femme enceinte ou allai-tante n’a pas été établie, et de ce fait ne peut être adminis-trée pendant la grossesse ou chez la femme allaitante.

Dosage des formes galéniques []– Infusion pour application : 2 g/100 ml ;– compresses, teinture diluée de trois à cinq fois ;– bain de bouche, teinture diluée au 1/10 ;– pommades, ne contenant pas plus de 20–25 % de teinture ;– huile (extrait huileux 1/5), pommades à 15 % maximum

d’huile.

SpécialitésSpécialités pharmaceutiques avec AMM valide, à base d’Arnica, pour applications cutanées [40]

Forme solide

– Arnica Mediflor® :• gel en tube aluminium de g ;• composition pour g : g de teinture d’Arnica ;

– Arnicagel® :• gel en tube aluminium verni de g ;• composition pour g de gel : g de teinture

d’Arnica ;– Arnican 4 pour cent® :

• crème en tube aluminium verni de g ;• composition pour g de crème : g d’extrait

fluide d’Arnica.

Forme liquide

– Arnica Montana® :• liquide en flacon de ml ;• composition pour un flacon : TM d’Arnica montana

pour préparations homéopathiques ;– Arnica Montana® :

• pommade en tube polyéthylène de g ;• composition pour un tube de g : g de TM

d’Arnica montana pour préparations homéopathiques ;– Arnica Montana® :

• solution en flacon en verre brun de ml avec pipette graduée ;

• composition pour un flacon de ml : TM d’Arnica montana pour préparations homéopathiques ;

– Pharmadose Teinture d’Arnica® :• sachets papier aluminium polyéthylène d’une

compresse imprégnée ;• composition pour ml de solution : ml de

teinture d’Arnica.

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http://www.cnrtl.fr/etymologie/Arnica 42. US Department of Agriculture — Natural Resources Conservation

Service : http://plants.usda.gov/java/profile?symbol=ARSO2