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frc mieux choisir I novembre 2012 I N°53 Difficile d’échapper à l’huile de palme et ses 45 millions de tonnes produites chaque année! Cette graisse s’infiltre partout. Dans l’alimenta- tion – pâtisseries, pâtes à tartiner, barres chocolatées, snacks salés et de nombreux plats préparés –, mais aussi dans les cosmétiques, savons, détergents, on- guents et bougies. L’engouement des fabricants est sans limites. Et pour cause. Peu coûteuse, l’huile de palme représente le liant idéal pour l’industrie. Ses prin- cipaux avantages? Etre transformable en une matière grasse solide à température ambiante, neutre au goût et stable à la cuisson. Des réponses nuancées Toutefois, cette prolifération de produits contenant de l’huile de palme interpelle et inquiète. Ces cultures intensives sont néfastes pour l’environnement. Dans les zones tropicales proches de l’équateur, essentiellement en Indonésie et en Malaisie, qui répondent à 80% de la demande mondiale, les palmeraies sont en effet syno- nymes de désastre écologique et de conflits sociaux. Car ces monocultures entraînent 80% à 100% de la destruction de la biodiversité – les habitats des orangs- outans, des éléphants ou des rhinocéros, pour ne citer qu’eux, sont saccagés –, tandis que leur expansion engendre des conflits de propriété ou de subsistance pour les populations locales. Si ces critiques sont fondées, la réalité est plus nuancée. Tout comme les réponses à trouver. Les plantations de Matière grasse Huile de palme: des logos et des mots… Alors que les forêts vierges sont détruites au profit de gigantesques plantations de palmiers à huile, le consommateur se débat avec des informations lacunaires et des labels qui prêtent à confusion. Huma Khamis DENNER* 13% RECKITT BENCKISER (100 000 t.) 34% MANOR* 30% ALDI* 24% FERRERO* 57% Huile durable: des entreprises aux engagements contrastés INSUFFISANT PEU SATISFAISANT MODÉRÉ

Matière grasse Huile de palme: des logos et des mots… mag53 palm oil artticles.pdfFERRERO* 57% Huile durable: des entreprises aux engagements contrastés ... le monde, Inde et Chine

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frc mieux choisir I novembre 2012 I N°53

Difficile d’échapper à l’huile de palme et ses 45 millions de tonnes produites chaque année! Cette graisse s’infiltre partout. Dans l’alimenta-

tion – pâtisseries, pâtes à tartiner, barres chocolatées, snacks salés et de nombreux plats préparés –, mais aussi dans les cosmétiques, savons, détergents, on-guents et bougies. L’engouement des fabricants est sans limites. Et pour cause. Peu coûteuse, l’huile de palme représente le liant idéal pour l’industrie. Ses prin-cipaux avantages? Etre transformable en une matière

grasse solide à température ambiante, neutre au goût et stable à la cuisson.

Des réponses nuancées

Toutefois, cette prolifération de produits contenant de l’huile de palme interpelle et inquiète. Ces cultures intensives sont néfastes pour l’environnement. Dans les zones tropicales proches de l’équateur, essentiellement en Indonésie et en Malaisie, qui répondent à 80% de la demande mondiale, les palmeraies sont en effet syno-nymes de désastre écologique et de conflits sociaux. Car ces monocultures entraînent 80% à 100% de la destruction de la biodiversité – les habitats des orangs-outans, des éléphants ou des rhinocéros, pour ne citer qu’eux, sont saccagés –, tandis que leur expansion engendre des conflits de propriété ou de subsistance pour les populations locales.

Si ces critiques sont fondées, la réalité est plus nuancée. Tout comme les réponses à trouver. Les plantations de

Matière grasse

Huile de palme: des logos et des mots…

Alors que les forêts vierges sont détruites au profit de gigantesques plantations de palmiers à huile, le consommateur se débat avec des informations lacunaires et des labels qui prêtent à confusion.

Huma Khamis

DENNER* 13% RECKITT BENCKISER (100 000 t.) 34%MANOR* 30%

ALDI* 24%

FERRERO* 57%

Huile durable: des entreprises aux engagements contrastés

INSUFFISANT PEU SATISFAISANT MODÉRÉ

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N°53 I novembre 2012 I frc mieux choisir

point fort I consommation durable

palmiers à huile constituent aussi une source majeure de re-venus pour les pays en développement. De plus, il n’existe aucune panacée pour contrer l’huile de palme: d’autres cultures étendues à plus grande échelle ne s’avéreraient pas forcément meilleures sur le plan environnemental. Tel le soja – et que dire des espèces transgéniques… – ou le coco, qui nécessitent plus de surfaces agricoles que l’huile de palme pour un même rendement.

Raison pour laquelle la FRC et ses consœurs européennes d’ICRT (International Consumer Research and Testing) ont fait un choix face à l’huile la plus consommée dans le monde, Inde et Chine en tête: celui de favoriser l’huile de palme durable. Pour y voir plus clair en la matière, une vaste enquête a été menée en Asie, les fabricants interro-gés sur leur politique d’approvisionnement et les magasins en Suisse scannés, en particulier en ce qui concerne les produits portant un label qui garantit une huile durable.

Palme de la confusion

Premier constat: difficile pour le consommateur soucieux de l’environnement de s’y retrouver, quand un savon The Body Shop est labellisé RSPO (pour Roundtable on Sustainable Palm Oil) et qu’un savon Le Petit Marseillais

se trouve doté d’un GreenPalm, organisme approuvé par… le RSPO. Une différence peu compréhensible, d’au-tant que les deux logos, imprimés en noir et blanc, sont visuellement étrangement similaires. Mais si ces labels concernent bel et bien la production d’huile de palme, un critère essentiel les différencie: seul le premier garantit, grosso modo, un approvisionnement durable!

Certificats de bonne conscience

En clair, avec le label GreenPalm, des entreprises peuvent se revêtir d’une conscience écologique en passant par la filière la moins contraignante du RSPO, nommé Book&Claim, qui permet l’achat de certificats destinés à

NESTLÉ (320 000 t) 65%MIGROS (6000 t) 65%

IKEA (37 000 t) 64%KRAFT FOODS (230 000 t) 64%

JOHNSON & JOHNSON (75 000 t) 62%PROCTER & GAMBLE (128 000 t) 60%

WELEDA (90 t) 87%YVES ROCHER (32 t) 84%

THE BODY SHOP (600 t) 84%

COOP (3500 t) 78%LIDL* 77%

MARS (75 000 t) 77%UNILEVER (1 400 000 t) 68%

HENKEL* 66%

Enquête et fiches détaillées des entreprises dans notre dossier frc.ch/palme

* tonnage annuel non communiqué

BON TRÈS BON

En Indonésie et en Malaisie, les palmeraies s’étendent à perte de vue, ne laissant aucune chance à la biodiversité.

Une similarité graphique pour des significations bien distinctes.

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3 questions à...

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promouvoir des projets de développement pour l’équi-valent de l’huile issue de voies non respectueuses de l’environnement… Or, comme cette option s’avère moins onéreuse pour les fabricants, nombreux sont ceux qui préfèrent «acheter des indulgences». C’est le cas, entre autres, de Johnson & Johnson, qui a acquis assez de certificats pour couvrir sa gamme de produits Le Petit Marseillais.

Impossible dès lors pour les consommateurs de distin-guer les choix éthiques. Mais la démarche RSPO – créée en 2004 notamment par des géants de l’agroalimentaire, des producteurs et des distributeurs pour promouvoir l’huile de palme durable et lutter contre la déforestation –, bien qu’imparfaite, reste pour l’heure l’unique initiative valable dans ce domaine. Et son succès dépend entiè-rement de la bonne volonté de ses membres, libres de choisir le degré de leur engagement.

Aujourd’hui, seuls 45% de l’huile produite dans des condi-tions durables sont achetés par les entreprises. Les 55% restants sont remis dans la filière classique, faute d’ache-teurs. Mais certains producteurs jouent le jeu et sont entièrement passés à l’huile durable. Dans le domaine des cosmétiques, il s’agit, par exemple, de Weleda (qui n’est pas membre du RSPO pour autant), d’Yves Rocher et de The Body Shop. D’autres gros utilisateurs d’huile

prévoient de remplacer progressivement les certificats par de l’huile certifiée d’ici à 2015, comme Migros, Mars ou Henkel. Espérons que ces engagements fassent… tache d’huile.

bien réelle et certifiée. Cela étant, il est vrai que le label GreenPalm peut prêter à confusion. A noter que les en-treprises renoncent le plus souvent à afficher les logos GreenPalm ou RSPO. L’une des raisons invoquées serait que les consommateurs privilégient les produits sans huile de palme.

Comment se situent les entreprises suisses en matière d’huile de palme durable?

Certaines sociétés, dont Migros, sont des membres ini-tiateurs du RSPO et sont globalement en bonne position dans le classement européen. Cela s’explique par le fait que les distributeurs suisses produisent eux-mêmes une partie des aliments élaborés et que le tonnage d’huile utilisé par année est faible par rapport à une multinatio-nale qui commercialise ses produits à l’échelle mondiale. Mais nos marques nationales démontrent qu’on peut in-tégrer de l’huile de palme certifiée dans les processus industriels.

Propos recueillis par HK

Matthias DiemerResponsable des projets interna-

tionaux pour le WWF Suisse

Comment expliquer que certaines entreprises soient membres du RSPO sans utiliser une seule goutte d’huile certifiée?

Au départ, les membres fondateurs, dont le WWF, ont essayé d’inviter le maximum d’entreprises à participer au dialogue. A présent, le RSPO demande à ses membres de fournir des rapports annuels sur les progrès en matière d’huile durable. Une entreprise qui n’atteindrait pas ses objectifs pourrait être, en théorie, exclue.

Le logo GreenPalm ne prête-t-il pas à confusion?

Il faut savoir que la démarche RSPO implique une constante évolution et des objectifs échelonnés dans le temps. Les certificats de type Book & Claim, qui fi-nancent des projets d’exploitation durable, ne sont pas une fin en soi: ils sont une première étape d’achat «d’huile virtuelle» avant le passage complet à une huile

Les monocultures de palmeraies entraînent la destruction de l’habitat des orangs-outans.

Entretien complet dans notre dossier frc.ch/palme

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La FRC se mobilise• L’huile de palme ne doit plus être un passager clan-destin. La FRC demande que la Suisse suive l’Union européenne, qui exigera, dès 2014, de déclarer dans la liste des ingrédients le type d’huile utilisée dans les aliments. Dominique de Buman, conseiller natio-nal et coprésident de l’intergroupe parlementaire latin «consommation», déposera une motion dans ce sens lors de la session d’hiver du parlement.

• Avec l’huile de palme de culture biologique, la dé-marche RSPO est la seule qui permette d’améliorer la situation. Pour asseoir sa crédibilité, la FRC attend de RSPO qu’il ne soutienne plus l’achat de certificats de type Book & Claim, et surtout que cette pratique ne donne pas droit à apposer le label GreenPalm sur des produits ne contenant pas une seule goutte d’huile de palme durable.

• Fabricants et distributeurs doivent s’engager plus réso-lument. La FRC leur demande:- de proposer aussi des produits sans huile de palme- de respecter leur agenda de passage à l’huile

labellisée RSPO - d’opter pour des filières entièrement durables- de demander à leurs fournisseurs de s’engager- d’utiliser les éventuels surplus de beurre AC

mieuxvous défendre

Pas que des noisettes dans le Nutella

La publicité en use et abuse: un bon verre de lait, des noisettes et du cacao. Avec deux tartines de Nutella, tout parent a le sen-timent de nourrir sainement ses chères têtes blondes… Or ce sont loin d’être les principaux ingrédients. Les pâtes à tartiner au chocolat sont surtout bourrées d’huile de palme – cachée sous l’intitulé «graisse» ou «huile vé-gétale» – et de sucre! Côté nutrition, si l’huile de palme

n’est pas mauvaise en soi, elle contient une forte proportion d’acides gras satu-rés (lire en page 16). A consommer donc avec modération, mission quasi impos-sible dans les produits alimentaires transformés des supermarchés…

L’intrus qui fait tache dans les lessives

On le sait peu, les produits de les-sive peuvent contenir de l’huile de palme! Et pourtant, rien ne l’indique sur l’étiquetage de ces poudres ou liquides de nettoyage. La raison? On privilégie les huiles végétales – dont celle de palme – aux graisses animales pour la fabrication des agents tensioactifs qui permettent de détacher la saleté du linge. Les marques achètent ces tensioactifs auprès de fournisseurs, contribuant ainsi indirectement à la propagation des palmeraies.

La beauté en toute bonne conscience

Selon l’enquête menée par la FRC et les associations européennes, Weleda, Yves Rocher et The Body Shop font figure de très bonnes élèves en matière d’huile de palme durable, utilisée en cosmétique comme agent hydratant ou comme ingrédient de base. Mais l’exercice de traçabilité est bien plus aisé pour des entreprises qui n’en utilisent que quelques centaines de tonnes par an! En outre, à l’instar des détergents, ces marques peuvent aussi comprendre des substances dérivées provenant de fournisseurs qui ne sont pas toujours membres du RSPO. A noter que la branche cosmétique est l’une des rares à afficher les logos RSPO ou Green Palm.

De l’huile de palme bio, c’est possible

Beaucoup de consommateurs s’en offusquent mais c’est une réalité: un produit bio n’est pas exempt d’huile de palme. Rappelons que le bio met l’accent sur des modes de cultures ménageant l’environnement, tandis que le cri-tère nutritionnel n’est que rarement pris en compte. Dès

lors, les produits arborant un label bio garantissent que le cahier des charges de l’agri-culture biologique a bien été respecté. La traçabilité est également assurée, ce qui est appréciable dans le cas de l’huile de palme durable.

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point fort I consommation durable

L’HUILE DE PALME, MAUVAISE POUR LA SANTÉ? I Tout est question de quantité, une huile n’étant jamais mau-vaise en soi. Consommés en excès, les acides gras satu-rés favorisent l’apparition de maladies cardio-vasculaires. Or l’huile de palme contient cinq fois plus d’acides gras saturés que l’huile de colza. La Société suisse de nutrition conseille de limiter les graisses saturées, soit environ 20 g par jour, apportées par les fromages, la crème, la charcu-terie, le chocolat, le beurre… et tous les produits conte-nant de l’huile de palme.

QUELLES HUILES RECOMMANDER? I Pour la cuisine froide, il faut privilégier les huiles de colza (riche en oméga 3), d’olive, de noix ou de germes de blé. Pour la cuisson, les huiles de colza et d’olive raffinées, ainsi que l’huile de tour-nesol high oleic et de colza HOLL sont conseillées.

LE BEURRE MEILLEUR QUE L’HUILE DE PALME? I Ces deux graisses contiennent une forte proportion d’acides gras saturés. Le beurre doit être privilégié car il contient des oméga 3 et des vitamines A et D, contrairement à l’huile de palme raffinée.

QUE PENSER DE LA MARGARINE? I Les mentions «huile de palme», «huile végétale» ou «graisse végétale» pul-lulent sur les étiquettes. En effet, l’huile de palme étant peu coûteuse et malléable, les industriels la privilégient. Aujourd’hui, les margarines ne sont plus guère conseillées. On leur préfère le beurre en quantité raisonnable, soit envi-ron 10 g par jour, un produit plus naturel que la margarine.

FAUT-IL S’INQUIÉTER DES LAITS POUR BÉBÉ CONTE-NANT DE L’HUILE DE PALME? I Non, la plupart en contiennent mais sont très strictement encadrés. Et la te-neur en acides gras saturés (apportés par l’huile de palme) ne dépasse pas la dose recommandée. Notons que le lait maternel contient aussi des acides gras saturés.

Mobilisation Appel aux consommateurs

Les alternatives à l’huile de palme sont difficiles à trouver dans les étalages. Les consommateurs doivent pourtant avoir le choix. Que ce soit pour limiter l’apport en graisses saturées ou pour varier les sources de matières grasses, l’offre en produits sans huile de palme doit se développer. La FRC appelle les consom-mateurs à lui signaler les produits qui en sont exemptés afin de les recenser sur son site à l’adresse frc.ch/appel-palme. Cet ap-pel concerne particulièrement les margarines, pâtes à gâteau, bouillons, viennoiseries, pâtes à tartiner et plats préparés.

Pratique Limiter l’huile de palme au quotidienL’indication «huile végétale» sur les emballages, léga-lement autorisée, camoufle le plus souvent de l’huile de palme. Un survol des étiquettes ne laisse planer aucun doute: elle est omniprésente dans les recettes des pro-duits transformés, ce qui rend difficile la consommation mesurée de graisses saturées. Quelques pistes pour limi-ter son apport:

Eviter les produits qui ne mentionnent que «huile végétale» ou «graisse végétale»

Préférer les produits bruts et préparer les plats soi-même A l’extérieur, opter pour un menu Fourchette verte avec des matières grasses de bonne qualité

Privilégier les produits contenant de l’huile de palme biologique ou durable RSPO

Nutrition

Cinq questions-clés sur l’huile de palme

Nos réponses, en collaboration avec Thérèse Farquet, diététicienne à Fourchette verte, Genève, et Nicoletta Bianchi, diététicienne au service de pédiatrie du CHUV de Lausanne.

Aline Clerc

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