Maître Johanne Razanamahay Docteur Christian Tal Schaller

Manuel des émotions

Se libérer de la violence

et de la répression

© 2000 Editions VIVEZ SOLEIL 17, chemin des Deux Communes CH - 1226 THÔNEX / GENÈVE ISBN : 2-88058-336-5 Tous droits réservés pour tous pays.

Maître Johanne Razanamahay Docteur Christian Tal Schaller

Manuel des émotions

Se libérer de la violence et de la répression

PRÉSENTATION DES AUTEURS

Moi, Maître Johanne Razanamahay, je suis née et ai vécu dans l'île de Madagascar jusqu'à l'âge de vingt ans. J'ai ensuite épousé un médecin dentiste français, habité à l'île de la Réunion et en France. J'ai suivi des études de droit et élevé quatre enfants. En 1990, en Suisse, alors que j'étais séparée de mon mari, j'ai rencontré Christian Tal Schaller et j'ai suivi ses conférences et stages. Je me suis aussi formée auprès d'autres thérapeutes avant de devenir enseignante à mon tour. Depuis mon enfance je suis passionnée par tout ce qui concerne la santé et j'ai toujours eu pour idéal de contribuer à l'amélioration des conditions de vie des habitants de notre planète, tant dans les pays pauvres frappés par les pénuries de toutes sortes que dans les pays riches qui souffrent des maladies de civilisation dues à un mode de vie plétho- rique. J'ai décrit mon parcours de vie dans « Debout les

Petits Dieux », « La mort n'est jamais un accident » et « Au cœur de la Conscience Totale » (éditions Vivez Soleil). Aujourd'hui j'assume avec sérénité mes rôles de Maître spirituel porteur d'un puissant message qui ensei- gne que nous sommes tous à la fois Maîtres et Elèves, d'épouse, de mère, d'écrivain, de conférencière et d'ensei- gnante en santé globale ainsi que de psychothérapeute, de chamane et de créatrice de méthodes thérapeu- tiques comme la Danse de l'Ego CONSCIENT, le massage multidimensionnel et la Cryptesthésie des mouvements vibratoires.

Moi, docteur Christian Tal Schaller, je suis né à Genève où je suis devenu médecin généraliste en 1968. J'ai appris et pratiqué toutes les médecines de terrain (acupuncture, homéopathie, phytothérapie, médecine manuelle, diététiques qualitatives, psychothérapies transpersonnelles, chamanisme, etc.) puis me suis inté- ressé à l'éducation de santé, afin de donner à tous les informations nécessaires pour devenir les artisans de leur santé. J'ai créé les éditions Vivez Soleil en 1987, pour faire connaître des méthodes efficaces de gestion de la santé physique, émotionnelle, mentale et spirituelle. J'ai écris moi-même une vingtaine de livres, animé des milliers de conférences et stages dans de nombreux pays, pour diffuser le message que « la santé, ça s'apprend ! » Quand j'ai rencontré Johanne, j'ai eu l'immense plaisir de découvrir une femme remarquable, d'une puissance intellectuelle exceptionnelle, capable d'enseigner avec brio les méthodes de santé qui peuvent transformer la vie de ceux qui sont prêts à sortir de la dépendance et de

la souffrance pour se prendre en charge et s'épanouir sur tous les plans.

Ensemble nous avons, depuis 1992, parcouru le monde pour enseigner la santé holistique et échanger avec les thérapeutes qui s'intéressent à l'être humain dans sa totalité physique, émotionnelle, mentale et spi- rituelle. Nous avons créé, dans le sud de la France, l'Institut de Santé Globale et la SARL du Domaine de

Faujas, pour faire connaître les thérapeutiques et métho- des de bien-être qui, utilisées en tenant compte de leur complémentarité, donnent à chacun les clés d'une gestion efficace de sa santé. Alimentation vivante et régimes de régénération, médecines conventionnelles, douces et énergétiques, thérapies ancestrales, psycholo- gies humanistes et transpersonnelles, méthodes d'ouver- ture spirituelle de toutes les traditions, moyens d'édu- cation de santé et de développement personnel, sciences de l'habitat et de l'environnement, art sous toutes ses formes, techniques d'éveil par le jeu, toutes les appro- ches ont leur valeur et il appartient à chacun d'appren- dre à les utiliser avec sagesse, en développant sans cesse sa souveraineté personnelle, hors de tout sectarisme, dog- matisme ou conformisme.

Dans nos activités d'enseignement et nos écrits, nous cherchons à apporter les informations permettant d'accé- der à l'indépendance personnelle afin que chacun puisse jouer un rôle actif dans la création d'une société où régneront enfin la paix, la santé, la coopération et la joie de vivre !

INTRODUCTION

Nous avons tous des émotions, des millions d'émotions qui déclenchent dans notre corps des sensations multi- ples, de notre vie intra-utérine jusqu'au delà de notre mort. En général nous nous efforçons de faire durer le plus longtemps possible les émotions positives, agréa- bles, comme la joie, l'enthousiasme ou la paix, tout en nous efforçant de supprimer au plus vite les émotions que nous avons appris à considérer comme négatives, désagréables, comme la peur, la colère, la jalousie, la rancune, la tristesse ou la frustration... Dans les socié- tés modernes des pays occidentaux, la plupart des adultes se trouvent enfermés dans une prison de croyances rigides qui les persuadent que leurs émotions négatives sont dangereuses et qu'il faut les réprimer à tout prix. On leur a enseigné en effet dès l'enfance qu'une émotion comme la colère ne peut s'extérioriser que dans la violence verbale ou physique, que la peur ne peut dispa- raître que si les circonstances extérieures changent, que la

souffrance et le malheur sont inévitables et que la vie humaine est inéluctablement marquée par le sceau du péché originel qui nous condamne à vivre dans des dra- mes, des maladies et des catastrophes de tous genres. La plupart des gens ont appris que l'on ne doit pas montrer ses émotions en public. On leur a dit qu'il fallait « laver son linge sale en famille ». Mais, le plus souvent, l'expression des émotions n'est pas plus tolérée à la mai- son qu'à l'extérieur. Partout règne la répression émo- tionnelle et la conviction que toute manifestation de colère, de tristesse ou de frustration intense est dange- reuse pour la vie sociale. Lorsqu'une famille connaît un moment de joie, lors d'un mariage ou d'un anniversaire par exemple, on ferme les portes et les fenêtres pour s'isoler des voisins, comme si l'on avait honte de mon- trer son bonheur. Notre société civilisée a emprisonné toutes nos émotions. Rika Zaraï, célèbre auteur de nom- breux livres sur la santé au naturel, a écrit : « Pourquoi l'école n'enseigne-t-elle pas à l'enfant comment trou- ver un sens à sa vie ? Parce que la gestion émotionnelle est absente du programme éducatif. Pourtant seule une bonne gestion des émotions permettrait aux jeunes d'incarner ce qu'il y a de plus noble en soi, leur appren- drait le respect et l'acceptation de soi et stimulerait leur espoir et leur confiance en la vie. À l'encontre de l'idée répan-due que pour réussir sa vie il faut être quelqu'un d'important socialement, la compréhension émotion- nelle nous démontre qu'« être quelqu'un » ce n'est rien d'autre que d'être soi-même ». Carl Gustav Jung, le célèbre médecin - philosophe s'est exclamé : « Rien n'a plus d'influence psychologique sur les enfants que des

parents ne sachant pas vivre leur propre vie » et le vice-président américain Al Gore a écrit (dans son livre « Earth in the balance ») : « De la même façon que les membres d'une famille disfonctionnelle s'anesthésient

eux-mêmes, sur le plan affectif, pour ne pas ressentir la souffrance qu'ils éprouveraient s'ils ne le faisaient pas, notre civilisation disfonctionnelle a développé une sorte d'engourdissement généralisé qui nous épargne la sensa- tion de souffrance liée à notre aliénation au monde. »

Autrement dit, nous nous sommes bétonnés pour ne plus rien sentir, nous avons choisi de museler nos émo- tions parce que nous ne savions pas les gérer, nous avons pris l'habitude de consommer toutes sortes d'aliments industriels, de substances toxiques comme l'alcool ou le tabac et de médicaments chimiques en grandes quan- tités (rien qu'en France on fabrique chaque jour cinq cents tonnes de médicaments...), tout cela pour abrutir notre sensibilité affective et éviter de souffrir ! Les rava-

ges, dans les pays industrialisés, de la mauvaise gestion des émotions sont impressionnants : enfants battus par leurs parents, parents battus par leurs enfants, enfants délinquants, assassinats de tous genres, tueurs en série, millions d'hommes et de femmes détruisant leur vie par les drogues légales et illégales, familles déchirées où l'on se dispute sans cesse, chômeurs incapables de gérer leur vie, clochards sans toit et exclus de tous bords, cadres surmenés et cohortes de malades chroniques qui cher- chent un soulagement éphémère dans les traitements médicaux. Le tableau de la société moderne fait sursau-

ter. La plupart des habitants des pays riches sont malades et fatigués du matin au soir. Pourtant, comme l'a dit le

philosophe américain Emerson : « Si l'on éliminait les facteurs émotifs tels que la précipitation, l'ennui, les res- sentiments et la peur de mal faire, la fatigue s'envolerait comme par enchantement. » Où sont passés nos rêves d'un monde rendu heureux par la science et le progrès technique ? Nous vivons une crise émotionnelle qui nous pousse remettre en question nos croyances et nos habitudes.

Dans ce livre nous allons découvrir ensemble les secrets de l'équilibre et de la sagesse, le « chemin du milieu » que préconisaient, il y a bien des siècles déjà, les sages taoïstes de Chine. Au lieu d'avoir peur de nos émotions négatives et de les refouler constamment en nous-mêmes, nous allons apprendre à les accepter, à les exprimer sans faire de mal à autrui ni à nous- mêmes pour ensuite en discerner les causes profondes afin de vivre de plus en plus conscients, aimants et libres. Nous constaterons qu'il y a en nous, dans notre inconscient profond, d'étonnants personnages, que nous avons appelées les Sous-Personnalités Psycho-Actives (ou SPPA) dont certaines sont très sages, adultes et responsables alors que d'autres sont encore enfantines et immatures !

En apprenant à les connaître et à comprendre leurs besoins, en jouant avec elles et en leur montrant les sec- rets d'une saine gestion des émotions, nous allons non seulement pouvoir créer, dans notre vie quotidienne, un bien-être et un bonheur de plus en plus constants, mais nous aurons la joie de participer à la guérison de notre société rongée par la compétition, la peur, la maladie et

la guerre, ces fléaux que nous avons trop longtemps considérés comme impossibles à éliminer.

Dans le monde entier des êtres humains s'éveillent à

une nouvelle conscience et découvrent qu'ils peuvent sortir des limitations du passé. Ils remettent en question la croyance du « malheur inévitable », de la violence contre laquelle on ne peut rien faire que d'essayer de se protéger par des systèmes policiers et judiciaires. Ils veu- lent créer un monde délivré de la tyrannie des émotions négatives et des maux qu'elle entraîne. Au lieu d'accuser les autres, de se plaindre en victimes résignées et d'atten- dre passivement que le monde s'améliore par quelque intervention divine ou extraterrestre, ils se sentent responsables d'eux-mêmes et de la société dans laquelle ils vivent. Ils façonnent leur quotidien par des pensées et des rêves positifs. Ils ont compris le message d'Albert Einstein : « Celui qui ne peut plus éprouver ni étonne- ment, ni enthousiasme est pour ainsi dire mort. Ses yeux se sont éteints. » Ils ont choisi de retrouver leur foi

d'enfant et se passionnent pour créer des rêves mer- veilleux et les réaliser.

Leur enthousiasme étant contagieux, nous pouvons sans risque de nous tromper, prédire un futur très positif pour l'humanité ! C'est ce que nous avons exprimé dans ce petit texte intitulé :

La maladie du bonheur

Attent ion ! Une épidémie mondiale est en train de se propager à une allure vertigineuse. L'O.M.B.

(Organisation Mondiale du Bien-être) prévoit que des milliards d'individus seront contaminés dans les dix ans à venir.

Voici les symptômes de cette terrible maladie : 1. Tendance à se laisser guider par son intuition per-

sonnelle plutôt que d'agir sous la pression des peurs, idées reçues et conditionnements du passé.

2. Manque total d'intérêt pour juger les autres, se juger soi-même et s'intéresser à tout ce qui engendre des conflits.

3. Perte complète de la capacité à se faire du souci (ceci représente l'un des symptômes les plus graves).

4. Plaisir constant à apprécier les choses et les êtres tels qu'ils sont, ce qui entraîne la disparition de l'habi- tude de vouloir changer les autres.

5. Désir intense de se transformer soi-même pour gérer positivement ses pensées, ses émotions, son corps physique, sa vie matérielle et son environnement afin de développer sans cesse ses potentiels de santé, de créati- vité et d'amour.

6. Attaques répétées de sourire, ce sourire qui dit « merci » et donne un sentiment d'unité et d'harmonie

avec tout ce qui vit. 7. Ouverture sans cesse croissante à l'esprit d'enfance,

à la simplicité, au rire et à la gaieté. 8. Moments de plus en plus fréquents de communica-

tion consciente avec son âme, ce qui donne un sentiment très agréable de plénitude et de bonheur.

9. Plaisir de se comporter en guérisseur qui apporte joie et lumière plutôt qu'en critique ou en indifférent.

10. Capacité à vivre seul, en couple, en famille et en société dans la fluidité et l'égalité, sans jouer ni les vic- times ni les bourreaux.

11. Sentiment de se sentir responsable et heureux d'offrir au monde ses rêves d'un futur abondant, har- monieux et pacifique.

12. Acceptation totale de sa présence sur terre et volonté de choisir à chaque instant le beau, le bon, le léger, le vrai et le vivant.

Si vous voulez continuer à vivre dans la peur, la dépendance, les conflits, la maladie et le conformisme, évitez tout contact avec des personnes présentant ces symptômes. Cette maladie est extrêmement conta- gieuse ! Si vous présentez déjà des symptômes, sachez que votre état est probablement irréversible. Les traite- ments médicaux peuvent faire disparaître momentané- ment quelques symptômes mais ne peuvent s'opposer à la progression inéluctable du mal. Aucun vaccin anti- bonheur n'existe. Comme cette maladie du bonheur pro- voque une perte de la peur de mourir, qui est l'un des piliers centraux des croyances de la société matérialiste moderne, des troubles sociaux graves risquent de se pro- duire, tels des grèves de l'esprit belliqueux et du besoin d'avoir raison, des rassemblements de gens heureux pour chanter, danser et célébrer la vie, des cercles de partage et de guérison, des crises de fou rire et des séances de défoulement émotionnel collectives !

Afin que votre apprentissage ne soit pas seulement intellectuel mais s'accompagne d'expériences vécues, nous allons vous proposer, tout au long de ce livre,

des exercices de gestion émotionnelle que nous vous invitons à pratiquer en vous amusant, dans le plaisir et la décontraction, pour en découvrir les effets béné- fiques sur le plan physique, émotionnel, mental et spi- rituel. Nous serons alors constamment baignés dans l'atmosphère de la médecine holistique, qui s'occupe de l'être humain dans sa totalité physique, psychique (c'est-à-dire émotionnelle et mentale) et spirituelle.

Chapitre 1

LE CORPS ÉMOTIONNEL

À l'origine l'être humain n'est pas une masse informe de cellules qui, par le plus grand des hasards, se serait peu à peu structurée et organisée de manière com- plexe... non, nous ne venons pas de la matière, c'est elle qui vient de nous ! Nous sommes en effet des êtres spirituels qui avons, avec Dieu, co-créé le monde matériel et le corps physique que nous habitons.

Dans « Debout les Petits Dieux » (Éditions Vivez Soleil), Johanne l'exprime ainsi : « L'une de ces planè- tes s'est vêtue de bleu car son message principal est la paix du cœur. Elle est destinée à devenir une école où tous peuvent apprendre à exprimer leurs rêves en les traduisant dans la réalité matérielle. Elle est un lieu

d'harmonie où tout est permis, comme dans les étoiles, dans la bonne humeur et dans l'humour. Le Père éternel visualisa la terre avec tout son amour en imaginant la

bonté et l'accueil d'une mère nourricière qui n'a qu'un désir, celui de soutenir ses enfants dans leur apprentissage menant vers la capacité de développer leur divinité. »

Toutes les traditions spirituelles de l'humanité par- lent de notre origine divine. À partir de notre corps spi- rituel (appelé aussi âme, Moi Supérieur, Maître Intérieur ou corps de lumière), nous avons appris à ralentir la vitesse de nos vibrations pour créer le corps mental, puis le corps émotionnel et enfin le corps physique, qui est le plus lent, sur le plan vibratoire. Cette fréquence peu rapide de la longueur d'onde matérielle a poussé les phy- siciens modernes à décrire notre monde physique comme étant de la « lumière gelée ». Nous voyons faci- lement la différence entre une rivière qui chante en été dans des tourbillons d'écume et une rivière immobilisée par le gel d'un hiver rigoureux. Cette image nous aide à comprendre que notre réalité matérielle n'est pas une orpheline égarée dans un univers vide et hostile, elle est la fille du monde émotionnel qui est lui-même l'enfant du monde mental, lui-même étant le bébé né des rêves du corps spirituel. Le niveau de conscience lumineux et supra lumineux vibre à une vitesse qui dépasse notre imagination. C'est le plan divin, l'intelligence cosmique universelle, l'état de créativité de Dieu le Père, de la Mère Cosmique (que certains appellent aussi la Grande Déesse) et de l'Être humain réalisé qui a pleinement éveillé tout son potentiel christique. Il est bon et réconfortant de comprendre que nous venons des mon- des spirituels et y retournons après la mort du corps phy- sique ! Croire que nous sommes issus de la poussière et

sombrons dans le néant lorsque notre corps de matière meurt est une croyance qui engendre fatalement un sen- timent d'absurdité devant la vie et une peur de mourir génératrice d'anxiété et de mal être. Pour tenter de calmer cette peur, nos sociétés modernes ont créé de multiples systèmes de protection tout à fait inefficaces puisqu'aucun ne peut nous empêcher de mourir lorsque notre heure est venue. Le matérialisme rationaliste, qui est devenu la principale religion du vingtième siècle, provoque une attitude de fuite permanente devant les questions spirituelles fondamentales qui maintient les populations sous le joug de l'ignorance, de la peur, de la compétition et de la consommation effrénée de biens matériels, d'aliments industriels, de médicaments chi- miques et d'informations superficielles. Ce mode de vie entraîne une dégradation du milieu naturel telle que l'on peut vraiment parler de suicide collectif si nous ne prenons pas rapidement et consciemment une autre direction. Dans nos systèmes de lois et de justice nous ne tenons compte que des actes, pas des formes pensées qui en sont l'origine. Nous punissons les coupables de délits sans comprendre que, bien souvent, ils n'ont été que les catalyseurs de nos pensées de violence. Au lieu de tra- vailler tous ensemble à notre guérison commune, nous préférons enfermer derrière des barreaux ceux qui nous dérangent.

Depuis le début du vingtième siècle les concepts de la science ont évolué d'une manière étonnante. On a tout d'abord cru que l'espace était peuplé par des « choses » séparées les unes des autres dans l'espace et le temps. Toute une logique sociale s'est développée sur la

conviction que la réalité était seulement ce que nous pouvions percevoir à travers nos organes des sens ou des instruments de mesure scientifiques. Nous avons appris à ne plus voir le monde qu'avec le filtre de perception du conformisme érigé en dogme. L'église de la science cartésienne newtonienne a imposé à tous les occiden- taux une définition très limitée de la réalité. Observez un petit enfant : il vit dans un monde merveilleux, un monde de sensations, de vibrations émotionnelles, de magie et de rêve. De nombreux bambins conversent avec des personnages spirituels comme les anges, les gui- des de lumière et les êtres de la nature (lutins, farfadets, gnomes, fées, ondines, devas des plantes et mille autres personnages qui ne sont pas visibles sur le plan matériel puisqu'ils vivent sur une longueur d'onde plus rapide). L'enfant n'a pas encore appris à faire taire ses sens inté- rieurs pour ne croire qu'aux perceptions de ses sens physiques. Il se sent encore comme un être divin, magique, illimité, un souverain plein d'amour et de créativité. Il ne sépare pas encore la réalité ordinaire des réalités extraordinaires dans lesquelles il évolue sans difficultés.

Peu à peu la pression psychologique de ses parents puis de ses professeurs lui enseignera que seul le monde matériel que perçoivent ses cinq sens physiques condi- tionnés par la société est réel, que les contes de fées sont des fables « imaginaires », donc sans valeur, et que l'important dans la vie est de faire plaisir à ses parents en adoptant leurs croyances et leurs échelles de valeur. Au lieu d'être considéré comme un être spirituel qui peut montrer à ses parents les trésors des mondes intérieurs,

on le regarde comme un primitif sous-développé à civiliser, un animal sauvage à dompter pour faire de lui un gentil toutou domestique, bien élevé, poli et capable de répéter sans réfléchir les idées des adultes qui l'entourent.

Pourtant de nombreux chercheurs audacieux sont parvenus à briser le carcan du matérialisme, reléguant au musée Newton, Descartes, Darwin, Lavoisier et Pasteur, en faisant exploser les verrous des pensées limitées et limitantes. Si l'on met des mouches dans un grand bocal de verre avec un couvercle, elles prennent tellement l'habitude de ce monde limité qu'elles finis- sent par se convaincre que rien d'autre n'existe. Quand on enlève le couvercle, elles restent dans le bocal, sauf quelques rares aventurières qui osent sortir du cadre de conscience du groupe. En Inde on attache le bébé élé- phant à un piquet de couleur au moyen d'une corde. Une fois devenu adulte l'éléphant restera attaché à ce piquet de couleur par une corde de même grosseur, alors qu'il serait capable, si on l'attachait avec une chaîne à un arbre, de le déraciner en tirant sur les maillons de fer qui le relient à lui ! C'est dans son esprit qu'il a créé sa prison. Une expérience fascinante a été réalisée avec des chats, il y a une vingtaine d'années : des chatons ont été élevés dans un espace où il n'y avait que des lignes hori- zontales. Dans cet environnement ils apprirent à ne plus voir d'éléments verticaux tant et si bien qu'ils se cognaient aux pieds de chaises ou de tables qu'on intro- duisait soudain dans leur monde. La même expérience fut faite avec des petits chats élevés dans un décor de lignes verticales. Après un certain temps ils ne voyaient

plus les éléments horizontaux. Ces recherches ont montré que le système nerveux se développe en fonction des expériences que nous vivons et de la façon dont nous apprenons à les interpréter. Notre éducation nous apporte des croyances que nous faisons nôtres et que le système nerveux va constamment renforcer en limitant nos perceptions sensorielles à ce que nous avons appris à considérer comme vrai. Notre image du monde n'est donc plus du tout ce qu'il est réellement mais ce que nous avons choisi de croire, en fonction de la program- mation que nous avons reçue.

Une abeille qui regarde une fleur ne voit pas ce que nous voyons parce qu'elle n'a pas les mêmes récepteurs sensoriels que nous. Elle peut « voir » le pollen que nous ne distinguons pas grâce à ses capteurs sensibles aux rayons ultraviolets. Les chiens entendent les ultrasons que nous ne percevons plus, les dauphins n'ont pas besoin de scanner pour capter tout ce qui se passe dans notre corps car leur sonar en est capable, les baleines ont des cerveaux aux possibilités mille fois supérieures à celles que nous avons à l'heure actuelle. De nombreux enseignements de sagesse affirment qu'avant l'histoire telle que nous la connaissons, en des temps reculés où fleurirent de grandes civilisations, les êtres humains avaient des pouvoirs psychiques très étendus, des facultés spirituelles leur permettant de construire des pyramides en les matérialisant par la force de la pensée ou de voyager vers d'autres planètes. Ils affirment que nous avons perdu l'usage de nos sens intérieurs en oubliant notre nature spirituelle et en nous identifiant à notre corps physique.

Mais quelle est la vraie texture du monde, quelle est sa vraie forme, son vrai parfum ? Les physiciens moder- nes nous apprennent qu'il y a des possibilités infinies qui coexistent toutes en même temps et que nous sélection- nons, dans les champs d'énergie qui nous traversent, la réalité perceptuelle qui dépend de nos choix préétablis. Le prix Nobel John Eccles a écrit : « Il n'y a pas de cou- leurs ni de parfums ni de textures dans le monde réel. Tout cela est structuré dans notre conscience. Tout est

assemblé en nous-mêmes. » Cela signifie que notre regard crée le monde en se posant sur lui et que la réalité que nous percevons dépend des interprétations et des filtres que nous avons constitués en fonction de notre système nerveux et de notre éducation. Ainsi un daltonien ne voit pas les couleurs pour des raisons physiologiques mais celui qui grandit dans un milieu dépressif apprend à ne plus voir les couleurs de la vie.

Interrompons un instant notre exploration du monde pour faire un petit exercice de bien-être afin que notre corps physique et notre corps émotionnel ne soient pas alourdis par trop d'activité intellectuelle : nous allons faire l'ours !

Mettez-vous debout, les bras le long du corps, puis laissez votre tête se pencher en avant, en expirant. Quand vous êtes au maximum de la flexion, relâchez vos mains et vos bras, détendez les muscles du visage en faisant toutes sortes de grimaces et laissez sortir de vos poumons des sons variés... laissez-vous aller comme si vous étiez un ours qui sort de sa caverne au printemps, s'étire et se secoue en se dandinant. Comme votre tête est fléchie, vous pouvez grimacer et étirer tous les muscles du visage sans crainte que des spectateurs

vous croient fou. Laissez partir toutes les tensions de la gorge, en faisant mille sons et grognements, libérez votre visage, vos doigts, mains et bras des conditionnements sociaux et des refoulements émotionnels qu'impose la vie quotidienne. Pendant quelques instants vous êtes un ours, libre de tout conformisme et de tout contrôle mental. Vous ne vous occupez que de vous faire du bien, de sentir votre corps physique qui se détend et votre corps émotionnel qui se dépollue de toutes les tensions psychiques accumulées. Relevez maintenant lentement la tête en reprenant le masque poli de la vie sociale et sentez à quel point ces quelques instants de « vie sauvage » vous ont fait du bien. Votre cer- veau, grâce à la position de la tête vers le bas, a reçu un flot de sang oxygéné qui l'a stimulé aussi bien qu'une ciga- rette ou un café l'aurait fait, avec le grand avantage que vous n'avez absorbé aucun poison !

Le matérialisme nous a fait croire que le monde était peuplé d'objets et de corps isolés les uns des autres. Il était incapable de percevoir la nature vibratoire du cosmos et son intelligence. Mais aujourd'hui les phy- siciens savent que la matière n'est qu 'un immense champ d'énergie, un extraordinaire champ d'informa- tion, puisque l'énergie est de l'information. Nous pou- vons sortir des superstitions matérialistes qui nous ont fait nous identifier à notre corps physique et apprendre à apprécier nos corps subtils. La médecine matéria- liste ne s'est intéressée qu'au corps machine, en négli- geant les corps émotionnel, mental et spirituel parce qu'elle n'avait aucun instrument de mesure pour prou- ver leur existence. Avec l'arrogance de sa science soi- disant objective elle a jeté les médecines ancestrales