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MÉDITATION DE NOËL - agoramag.free.fragoramag.free.fr/RemiFOntaineMEDITATIONDENOEL.pdf · Jésus qui le touche en même temps. Porter, abriter, embrasser Jésus et être habité

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MÉDITATION DE NOËL

Oh ! je veux vous recevoir ! Mais hélas !avec tous mes désirs qu’ai-je à vous offrir

qu’une grotte froide, obscure, souillée…Bienheureux Charles de Foucauld

Tu connais peut-être ce Rêve de Noël du poète brésilien Ademos de Barros :

J’ai fait un rêve la nuit de Noël : je cheminais sur la plage, côte à côte avec le Seigneur.Nos pas se dessinaient sur le sable, laissant une double empreinte, la mienne et celle du Seigneur.L’idée me vint — c’était un songe — que chacun de nos pas représentait un jour de ma vie.Je me suis retourné pour regarder en arrière. J’ai vu toutes ces traces qui se perdaient au loin.Mais je remarquai qu’en certains endroits, au lieu de deux empreintes, il n’y en avait plus qu’une.J’ai revu le film de ma vie. Ô surprise !Les lieux à l’empreinte unique correspondaient aux jours les plus sombres de mon existence : jours d’angoisse ou de mauvais vouloir, jours d’égoïsme ou de mauvaise humeur.Jours d’épreuve et de doute, jours où moi j’avais été intenable…Alors, me retournant vers le Seigneur, j’osais lui faire des reproches : « Tu nous as pourtant promis d’être avec nous tous les jours ! Pourquoi n’as-tu pas tenu ta promesse ? Pourquoi m’avoir laissé seul aux pires moments de ma vie, aux jours où j’avais le plus besoin de ta présence ? »Alors le Seigneur m ’a répondu : « Mon ami, les jours où tu ne vois qu’une trace de pas sur le sable, ce sont les jours où je t’ai porté. »

Si beau soit-il, ce poème ne donne qu’un aspect de notre relation avec Dieu : le poète ne se demande que ce que Dieu a fait ou peut faire pour lui, sans jamais se demander ce que lui a fait ou peut faire pour Dieu. C’est pourquoi j’aime à revisiter ce Rêve de Noël :

La double empreinte, c’est notre lot quotidien d’homme pécheur qui marche aux côtés de Notre-Seigneur sans le reconnaître, comme jadis les pèlerins d’Emmaüs. Sans doute le prions-nous quelquefois ou même souvent. Mais avec une foi, une espérance et une charité insuffisantes, incapables de nous faire vivre de sa vie. Il est là à nos côtés et nous ne savons pas nous réjouir ou souffrir avec Lui, communier avec Lui, L’aimer comme il convient.

Les lieux où demeure une seule empreinte correspondent aux moments les plus beaux de notre existence chrétienne : Ce n’est plus moi mais le Christ qui vit en moi (saint Paul). C’est proprement l’état de grâce. Non seulement on croit faire pour Lui mais on se laisse faire par Lui !

C’est le vieillard Siméon portant l’Enfant-Jésus mais c’est Jésus qui le transporte en même temps. C’est saint Martin recouvrant le pauvre de son manteau mais c’est Jésus qui l’envahit en même temps. C’est saint François d’Assise embrassant le lépreux mais c’est

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Jésus qui le touche en même temps. Porter, abriter, embrasser Jésus et être habité par lui ! C’est nous chaque fois que, touchés par la grâce, nous accueillons les petits enfants, nous servons les pauvres, nous visitons les malades, nous sourions aux malheureux…

Car c’est à lui aussi que nous apportons réconfort :Ce que vous ferez au moindre de mes frères, c’est à moi que vous le ferez.

Quand l’Amour est aimé, il unit tout, il transfigure et sauve tout.

Sachons aborder Noël dans cet esprit de charité, dans l’esprit des bergers et des mages, nous demandant vraiment, non pas ce que le Père Noël peut nous apporter, mais ce que nous pouvons apporter pour l’Enfant de la crèche.

L’amour fera le reste. Comme pour Siméon, Martin et François. Que l’enfant ne manque point de bras pour le recevoir ! Que le pauvre ne manque point de cape ! Que le malade ne manque point de visite !

Le Seigneur se tient à nos côtés, à la porte de notre coeur, comme un mendiant, comme un enfant, comme un malade. Lui, le Seigneur des seigneurs ! Il attend notre geste. Il frappe quelquefois. Hâtons-nous de Lui apporter notre infime offrande. Et Il nous apportera infiniment plus.

Sachons Lui faire cette belle prière d’Etty Hillesum, cette jeune juive néerlandaise morte à Auschwitz :

« Je vais te promettre une chose, mon Dieu, oh, une broutille (…) Je vais t’aider, mon Dieu, à ne pas t’éteindre en moi, mais je ne puis rien garantir d’avance. Une chose cependant m’apparaît de plus en plus claire : ce n’est pas toi qui peut nous aider, mais nous qui pouvons t’aider- et ce faisant nous nous aidons nous-mêmes. C’est tout ce qu’il nous est possible de sauver en cette époque et c’est aussi la seule chose qui compte : un peu de Toi en nous, mon Dieu. Peut-être pourrons-nous aussi contribuer à te mettre un jour dans les cœurs martyrisés des autres… »