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«L ’objectif est aujourd’hui d’identifier des marqueurs accessibles pour des thé- rapies ciblées » explique Vincent Cas- tranovo 1 (Université de Liège, Belgi- que), affirmant que si c’est une grande ambition, elle est à la base d’une thé- rapie de rêve pour combattre le cancer. L’idéal serait de disposer d’un ligand qui reconnaisse la lésion cancéreuse, se concentre sur place et soit couplé avec des immuno-liposomes et des cytokines pour détruire la tumeur. « Nous sommes prêts à la guerre, mais il nous manque les biomarqueurs spécifiques à la tumeur pour attirer la bombe avec le ligand nécessaire ! » résume V. Castra- novo. Or, le cahier des charges d’un bio- marqueur pour une thérapie ciblée est, premièrement, d’être accessible par la circulation sanguine générale, deuxième- ment, d’être exprimé à haut niveau dans la tumeur et, troisièmement, d’avoir une expression faible ou nulle dans les tissus sains. Une méthodologie récente, déve- loppée et brevetée par la start-up belge Targetome Inc, pourrait répondre à ces critères grâce à une approche d’identifi- cation de marqueurs à partir de la tumeur même du patient destiné à recevoir le traitement. « Tout le monde fonce dans le mur en cherchant des cibles dans les tissus sains ! » clame V. Castranovo. Or, « il faut une thérapie ciblée individualisée puisque chaque patient est unique ». La stratégie ? Faire des biopsies de la tumeur, établir un répertoire des anti- gènes et les “étiqueter” par biotinylation pour obtenir les biomarqueurs “idéaux”. Affaire à suivre... Nathaly Mermet Journaliste scientifique, Lyon (69) [email protected] Note 1. Propos recueillis à l’occasion d’EuroBio 2007, Lille, 26-28 septembre 2007, symposium “Therapeutic innovations against cancer”. Thérapeutique Innovations contre le cancer Profession Médicaments devant le comptoir, les officinaux disent oui, mais… © BSIP/Jim Dowdalls Le passage devant le comptoir des pharmacies de 200 médicaments OTC en libre service devrait se produire d’ici 3 mois sur la base du volontariat. La question de la mise en accès libre de médicaments remboursables, qui fait débat chez les officinaux, reste le dernier frein à lever. L e sort est jeté. Les repré- sentants de la profession officinale disent “oui” à la vente en libre accès devant le comptoir des médicaments OTC, dits à “prescription médi- cale facultative” (PMF) ou encore “médicaments familiaux”. Bref, “oui” à la libéralisation de l’auto- médication en France. Chacun de ceux qui ont par- ticipé à la concertation s’est rallié à la proposition, non sans quelques réserves et nuances. Le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP) avait ouvert le bal en se déclarant disposé à modifier le Code de déontologie. Guère deman- deurs, les syndicats se sont montrés « prêts à accompagner la mesure ». Quant au Leem, représentant l’industrie phar- maceutique, il s’engage à développer une information qui « s’inscrit dans une logique de bon usage ». Libre service encadré D’ici avril-mai, les premières pharmacies volontaires com- menceront à rendre accessibles, dans leurs linéaires, quelque 200 spécialités répondant aux critères définis par l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) : antalgiques, antitussifs, médi- caments ORL, dermatologi- ques ou de spécialités indiqués en gastro-entérologie (antidiar- rhéiques), produits de sevrage tabagique… Autant de médicaments qui, pour être vendus en libre accès, sont “utilisables” sans l’intervention d’un médecin pour la reconnais- sance des situations cliniques, l’initiation et la surveillance du traitement. Leur conditionnement devra être adapté à la posologie et à la durée prévue du traitement. Aussi, la première liste en appel- lera d’autres, sachant qu’au total, selon Roselyne Bachelot, minis- tre de la Santé, « 3 000 produits sont potentiellement éligibles » au passage devant le comptoir. L’accord entre le ministère et les professionnels concerne la mise en place d’un libre service enca- dré par un conseil personnalisé du pharmacien qui doit s’assurer du bon choix du produit par le patient. La reconnaissance des situations cliniques reste de sa responsabilité. Les médicaments, dont le rapport bénéfice/risque est en cours d’évaluation au niveau de l’Afssaps ou au niveau européen, seront systématique- ment écartés du libre accès. Dès son entrée en vigueur, la mesure sera accompagnée de la mise en place, par le ministère, d’un observatoire indépendant 4 actualités Actualités pharmaceutiques n° 471 Février 2008

Médicaments devant le comptoir, les officinaux disent oui, mais…

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Page 1: Médicaments devant le comptoir, les officinaux disent oui, mais…

«L’objectif est aujourd’hui

d’identifier des marqueurs

accessibles pour des thé-

rapies ciblées » explique Vincent Cas-

tranovo1 (Université de Liège, Belgi-

que), affirmant que si c’est une grande

ambition, elle est à la base d’une thé-

rapie de rêve pour combattre le cancer.

L’idéal serait de disposer d’un ligand

qui reconnaisse la lésion cancéreuse,

se concentre sur place et soit couplé

avec des immuno-liposomes et des

cytokines pour détruire la tumeur. « Nous

sommes prêts à la guerre, mais il nous

manque les biomarqueurs spécifiques à

la tumeur pour attirer la bombe avec le

ligand nécessaire ! » résume V. Castra-

novo. Or, le cahier des charges d’un bio-

marqueur pour une thérapie ciblée est,

premièrement, d’être accessible par la

circulation sanguine générale, deuxième-

ment, d’être exprimé à haut niveau dans

la tumeur et, troisièmement, d’avoir une

expression faible ou nulle dans les tissus

sains. Une méthodologie récente, déve-

loppée et brevetée par la start-up belge

Targetome Inc, pourrait répondre à ces

critères grâce à une approche d’identifi-

cation de marqueurs à partir de la tumeur

même du patient destiné à recevoir le

traitement. « Tout le monde fonce dans

le mur en cherchant des cibles dans les

tissus sains ! » clame V. Castranovo. Or,

« il faut une thérapie ciblée individualisée

puisque chaque patient est unique ».

La stratégie ? Faire des biopsies de la

tumeur, établir un répertoire des anti-

gènes et les “étiqueter” par biotinylation

pour obtenir les biomarqueurs “idéaux”.

Affaire à suivre... �

Nathaly Mermet

Journaliste scientifique, Lyon (69)

[email protected]

Note1. Propos recueillis à l’occasion d’EuroBio 2007, Lille,

26-28 septembre 2007, symposium “Therapeutic

innovations against cancer”.

Thérapeutique

Innovations contre le cancer

Profession

Médicaments devant le comptoir, les officinaux disent oui, mais…

© B

SIP

/Jim

Dow

dalls

Le passage devant

le comptoir

des pharmacies

de 200 médicaments

OTC en libre service

devrait se produire

d’ici 3 mois sur la

base du volontariat.

La question de la

mise en accès libre

de médicaments

remboursables,

qui fait débat chez

les officinaux, reste

le dernier frein à lever.

Le sort est jeté. Les repré-sentants de la profession officinale disent “oui” à

la vente en libre accès devant le comptoir des médicaments OTC, dits à “prescription médi-cale facultative” (PMF) ou encore “médicaments familiaux”. Bref, “oui” à la libéralisation de l’auto-médication en France. Chacun de ceux qui ont par-ticipé à la concertation s’est rallié à la proposition, non sans quelques réserves et nuances. Le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP) avait ouvert le bal en se déclarant disposé à modifier le Code de déontologie. Guère deman-deurs, les syndicats se sont montrés « prêts à accompagner la mesure ». Quant au Leem, représentant l’industrie phar-maceutique, i l s’engage à développer une information qui « s’inscrit dans une logique de bon usage ».

Libre service encadré D’ici avril-mai, les premières pharmacies volontaires com-menceront à rendre accessibles, dans leurs linéaires, quelque 200 spécialités répondant aux critères définis par l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) : antalgiques, antitussifs, médi-caments ORL, dermatologi-ques ou de spécialités indiqués en gastro-entérologie (antidiar-rhéiques), produits de sevrage tabagique… Autant de médicaments qui, pour être vendus en libre accès, sont “utilisables” sans l’intervention d’un médecin pour la reconnais-sance des situations cliniques, l’initiation et la surveillance du traitement. Leur conditionnement devra être adapté à la posologie et à la durée prévue du traitement.

Aussi, la première liste en appel-lera d’autres, sachant qu’au total, selon Roselyne Bachelot, minis-tre de la Santé, « 3 000 produits sont potentiellement éligibles » au passage devant le comptoir. L’accord entre le ministère et les professionnels concerne la mise en place d’un libre service enca-dré par un conseil personnalisé du pharmacien qui doit s’assurer du bon choix du produit par le patient. La reconnaissance des situations cliniques reste de sa responsabilité. Les médicaments, dont le rapport bénéfice/risque est en cours d’évaluation au niveau de l’Afssaps ou au niveau européen, seront systématique-ment écartés du libre accès. Dès son entrée en vigueur, la mesure sera accompagnée de la mise en place, par le ministère, d’un observatoire indépendant

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Actualités pharmaceutiques • n° 471 • Février 2008

Page 2: Médicaments devant le comptoir, les officinaux disent oui, mais…

Alarmée par les

accidents et incidents

qui accompagnent la

pratique des piercings

et des tatouages,

l’Académie nationale

de médecine

a rendu publiques

des recommandations.

Concernant la pratique des piercings et des tatoua-ges, l’Académie nationale

de médecine recommande la mise en place d’une réglementation qui

obligerait notamment les studios où ces actes se pratiquent, à être agréés par les autorités sanitaires et les personnes les réalisant, à suivre une formation. L’accent est également mis sur l’information : risques d’infection immédiate ou secondaire, superficielle ou profonde, de cicatrices chéloï-diennes, de réactions allergiques locales ou à distance, parfois retardées, d’hépatite virale. « Un consentement éclairé devrait être établi après un délai de réflexion d’au moins 15 jours, sous forme d’un document écrit, signé par le demandeur ou, s’il est mineur, par ses parents », précise l’institution,

qui déconseille ces pratiques, « de véritables agressions corpo-relles avec effraction cutanée ou muqueuse, et parfois insertion d’un corps étranger ». L’avis de l’Académie insiste sur la dange-rosité des perçages de la région génitale, surtout féminine, et sou-haite des sanctions pour ceux qui les pratiquent, au titre de violen-ces ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente, ou à celui d’exercice illégal de la méde-cine si le perceur a prescrit des antibiotiques, des anti-inflamma-toires ou utilise des anesthésiques. Il souhaite enfin que soit interdit le don du sang au cours de l’année

suivante et préconise que ne soient pas prises en charge les complica-tions dues à ces actes.Ces recommandations ne concer-nent pas le simple perçage du lobule de l’oreille ni un tatouage “de dimension raisonnable”, s’il y a eu une désinfection préalable. �

Noémie Legendre, © sylvae.fr

Sourcewww.academie-medecine.fr/ infos•

Prévention

L’Académie nationale de médecine rappelle

les dangers des piercings et des tatouages

© B

SIP

/Bera

nger

pour évaluer l’impact du passage devant le comptoir, tant en ter-mes de prix que d’utilisation par le patient. Le ministère attend de l’affichage de ces produits qu’il provoque, par le jeu de la concurrence, une baisse impor-tante des prix publics.

Un espace “réservé” Outre des modifications du Code de déontologie, la mesure appelle des révisions des textes réglementaires sur l’agencement des locaux. L’accord a quelque peu “accroché” sur la caractéri-sation de l’espace « dédié » ou « réservé » à cette vente, avant de conclure à l’adoption de cette dernière terminologie. Nouveau président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), Philippe Gaertner a obtenu gain de cause en faveur

de cette notion plus propice à évi-ter le mélange avec la paraphar-macie que le « lieu dédié », trop standardisé. Il milite aussi pour que ne soient pas écartés les médicaments remboursables de la mise à disposition des patients devant le comptoir. « Il ne serait pas concevable, plaide-t-il, que deux produits identiques dans leur aspect pharmaceutique n’y figurent pas de la même façon

sous prétexte que l’un est vignetté et l’autre pas ». Cependant, sur ce point, les objections ne manquent pas. Philippe Devillers, président de l’Union des syndicats de phar-maciens d’officine (USPO), y est opposé, tout comme l’industrie pharmaceutique et l’Union natio-nale des caisses d’assurance maladie (UNCAM). « Celle-ci ne va tout de même pas encourager

une mise devant le comptoir de médicaments qu’elle est appe-lée à rembourser », explique-t-il. En revanche, tous se retrouvent pour contrer les attaques des grandes surfaces sur leur mono-pole officinal, en innovant dans leurs pratiques. �

Serge Benaderette

Journaliste, Courbevoie (92)

Parmi les décisions que suggère Jacques Attali dans

les 300 propositions pour la “libération de la croissance

française” qu’il a remis le 23 janvier à Nicolas Sarkozy,

la fin du monopole officinal est au programme.

La commission qu’il a présidée préconise « la limitation

du monopole pharmaceutique aux seuls médicaments

prescrits sur ordonnance ». Il propose aussi que l’on

« permette à des tiers d’investir dans le capital des

officines, aux côtés de pharmaciens, sans restriction,

à la seule condition qu’un pharmacien tienne toujours

la pharmacie ». La suppression du numerus clausus à

l’implantation est également souhaitée, tout comme la

levée des restrictions sur la publicité des médicaments

à prescription facultative (PMF) ainsi que la libéralisation

tarifaire de ces mêmes produits. Ces suggestions seront-

elles de celles qui, parmi la quinzaine concernant l’officine

sur les 300 du rapport, resteront dans un tiroir ? Roselyne

Bachelot a adressé un courrier à la Commission Attali dans

laquelle elle explique que la suppression du monopole

ne serait pas un facteur de croissance… � S.B.

Monopole officinal, le songe d’Attali

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Actualités pharmaceutiques • n° 471 • Février 2008