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Mémoire de fin d’études Présenté pour l'obtention du Mastère en Innovations et Politiques pour une Alimentation Durable (IPAD) Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats entre industrie et agriculteurs Par SADOU HAMAN DJOUMA Année de soutenance : 2015 Organisme d’accueil : Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD), Unité de recherche Biens et Services des Ecosystèmes Forestiers Tropicaux (BSEF)

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Mémoire de fin d’études

Présenté pour l'obtention du Mastère en Innovations et Politiques pour une Alimentation

Durable (IPAD)

Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats

entre industrie et agriculteurs

Par SADOU HAMAN DJOUMA

Année de soutenance : 2015

Organisme d’accueil : Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour

le Développement (CIRAD), Unité de recherche Biens et Services des Ecosystèmes Forestiers

Tropicaux (BSEF)

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Mémoire de fin d’études

Présenté pour l'obtention du Mastère en Innovations et Politiques pour une Alimentation

Durable

Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats

entre industrie et agriculteurs

Par SADOU HAMAN DJOUMA

Année de soutenance : 2015

Mémoire préparé sous la direction de :

Laurène FEINTRENIE

Présenté le : 30/10/2015

Devant le jury :

Stéphane FOURNIER

Xavier LACAN

Laurène FEINTRENIE

Organisme d'accueil : CIRAD, UPR

B&SEF

Organisme d'accueil : CIRAD, UPR

B&SEF

Maître de stage : Laurène FEINTRENIE

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RÉSUMÉ

Tiré par une forte demande des industries agroalimentaires, le palmier à huile est de plus en

plus cultivé à travers le monde et suscite de nombreuses controverses environnementales et

sociales notamment en Asie du Sud-Est. La présente étude intervient dans un contexte de

relance de l’élaeiculture industrielle en République du Congo, matérialisée par le rachat des

actifs des anciennes sociétés publiques par des acteurs du secteur privé. L’objectif de cette

étude était d’analyser la place du palmier à huile dans la stratégie des systèmes de production

des ménages ruraux, et d’identifier les conditions susceptibles d’assurer un développement

harmonieux de plantations villageoises et industrielles de palmier à huile à l’échelle des

territoires villageois. Les données ont été collectées durant trois mois de travail de terrain

réalisés de Juin à Août 2015, incluant des entretiens individuels semi-directifs, des entretiens de

groupe, des restitutions et discussions des résultats intermédiaires, des mesures et comptages

des productions agricoles et forestières. Ces données ont permis une analyse technico-

économique fine des systèmes de production à l’échelle des ménages. La modélisation

économique grâce à l’outil Olympe combinée à une approche prospective participative a

conduit à la co-construction d’un modèle technique de palmeraie villageoise susceptible d’être

mis en place en partenariat avec la société Eco-Oil Energie. Des propositions de clauses de

contrat ont été formulées à partir d’une revue bibliographique et suite à l’analyse du contexte

local. Elles furent soumises à l’appréciation des villageois, des cadres des ministères de

l’agriculture, du cadastre et de la société Eco-oil Energie.

Les activités non agricoles (chasse et pêche) génèrent des marges nettes importantes par rapport

aux activités agricoles pour les ménages jusqu’à l’âge de quarante ans. L’adoption d’une

culture commerciale à la place d’activités non agricoles, en l’occurrence le palmier à huile

permettrait d’assurer un revenu régulier pour les ménages âgés subissant la diminution de leur

force de travail. L’association d’une palmeraie et d’une bananeraie durant la phase de

croissance des palmiers à huile semble fournir un meilleur avantage économique aux planteurs

villageois qu’une palmeraie mono-spécifique. L’analyse financière des modalités de

remboursement des appuis fournis par l’industrie aux planteurs met en évidence l’importance

de bien évaluer les taux d’intérêts et les taux de prélèvement sur le produit à appliquer. Ainsi

des taux d’intérêts élevés peuvent conduire à des montants de remboursement de crédits

supérieurs aux revenus générés par des palmeraies villageoises encadrées lors de l’entrée en

phase de production. Cette modalité de remboursement limite le revenu net perçu par le

producteur et peut conduire à son maintien dans l’endettement durant tout le cycle de

production de la palmeraie. Un taux d’intérêt nul, fondé sur le remboursement uniquement du

capital principal sans les intérêts accroitrait le revenu net perçu par les producteurs et offrirait

une garantie de fidélité de livraison des régimes à l’usine. L’ensemble des parties prenantes

s’accordent sur le principe de nécessité de la viabilité économique du projet. En ce qui

concerne la pérennisation du partenariat, elles s’accordent quant à (i) la nécessité d’engager des

discussions préalables à la signature du contrat et en particulier sur les modalités de fixation des

prix et (ii) de disposerd’un mécanisme de prévention et de gestion des conflits. Les villageois

insistent sur l’importance d’instaurer des dispositifs de communication permanente entre

partenaires.

Mots clés

Palmeraies villageoises ; modèle de développement ; crédit ; partenariat

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ABSTRACT

Driven by the strong demand from the agro food sector, oil palm is increasingly grown

worldwide and raises many environmental and social controversies especially in Southeast

Asia. This present study intervenes within the framework of kick start of industrial oil palm

development in the Republic of Congo, materialized by the purchase of ancient assets of

former public companies by private actors. The objective of this study was to analyze the

place of palm oil production in the strategy of rural household production systems from a

temporal perspective, and identify conditions ensuring harmonious development of both

village plantations and industrial oil palm estates in village territories. Data were collected

during three months of fieldwork conducted from June to August 2015, including semi-

structured individual interviews, group interviews, and discussion of intermediate results,

measurements and counting of agricultural and forestry production. The data allowed a fine

technical and economic analysis of production systems at the household level. Economic

modeling using Olympe software combined with a participatory prospective analysis

approach has led to the co-design of a technical pattern of oil palm plantation that might be

implemented in partnership with Eco-Oil Energie Company. Propositions of contract clauses

were based on a literature review and adapted to the derived analysis of the local context.

They were subjected to the appreciation of the villagers, some officers of the ministry of

agriculture, land state officers, and Eco- Oil Energie Company.

Off farm agricultural activities (hunting and fishing) generate substantial net margins

compared to agricultural activities until the heads of household are about forty years old.

Adopting a cash crop, as oil palm, instead of non-agricultural activities may ensure a better

income for the family when the labor force decreases with the aging of the heads of

household. The farming association of a palm oil and a banana in the growing phase seems to

provide better economic benefits to smallholders rather than a mono specific oil palm

plantation. The financial analysis of the repayment terms of the support provided by the

industry to the growers highlights the importance to evaluate well interest rates and the rates

of taking away on the product to be applied. High interest rates can lead to amounts of

refunding higher than the income generated by village plantations at the beginning of the

production phase. This method of reimbursement limit the net income perceived by the

producer and can lead to his maintenance in the debt during all the cycle of production of the

palm plantation. a zero interest rate, based on the repayment of principal capital only, without

interest, would increase the net income perceived by producers and provide a guarantee of his

loyalty in the delivery of his production at the mill. All stakeholders agree on the necessity of

economic viability of the project. Regarding the sustainability of the partnership, they agree

on (i) the need to initiate discussions prior to signing the contract and in particular the need to

discuss the pricing terms and (ii)to have a mechanism for prevention and management of

conflicts. The villagers insist on the importance of establishing permanent communication

processes between the partners.

Key words:

Oil palm; Development model ; reimbursement ; partnership

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REMERCIEMENTS

J’exprime mes sincères remerciements :

Au Dr Laurène FEINTRENIE, pour l’encadrement dont j’ai bénéficié tout au long du

stage ;

A Stéphane FOURNIER (Maitre de conférences à SupAgro), ses questions et

remarques ont alimenté ma réflexion tout au long du stage ;

A Mr Claude Wilfried ETOKA, PDG de Eco-Oil Energie, j’exprime ma gratitude pour

l’ensemble des dispositions prises afin de faciliter mes travaux de terrains ;

A Mr Jean Christophe MATOUALA coordonnateur du projet des palmeraies

villageoises ;

A L’ensemble des cadres et personnels d’ECO-oil Energie: Mr Sir GOMBOLO,

Christopher et Diane EKA, Ludivin NKARAMPOH, Pierre MANGA, Camille

Christian OLLANDET, Laurent MBONGOU, Mr Mouana BOURE et tous les autres ;

J’exprime ma sincère gratitude pour votre soutien.

Aux autorités administratives et aux cadres des municipalités des villes d’Etoumbi et

d’Owando pour leur bienveillance à mon égard ;

Aux cadres des ministères de l’Agriculture et du cadastre pour leur disponibilité ;

A Corine, de l’ONG Triangle d’avoir accepté de m’accueillir à Brazzaville ;

Je remercie très profondément les présidents des comités des villages et l’ensemble

des villageois pour leur accueil et leur disponibilité.

Cette étude a été financée par le projet ‘Emerging countries in transition to a green economy:

Will it make a difference for forests and people?’, coordonné par le Centre International de

Recherche en Foresterie (CIFOR) et financé par le programme de recherche des CGIAR sur

les forêts, les arbres et l’agroforesterie (CRP-FTA).

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TABLE DES MATIERES

1. Introduction ................................................................................................................................. 7 1.1 Contexte ............................................................................................................................ 7 1.2 Problématique ................................................................................................................... 8 1.3 Objectifs : ........................................................................................................................ 10

1.4 Contexte de démarrage du stage ..................................................................................... 10 1.5 Le projet d’Eco-oil Energie ............................................................................................. 10

2. .Méthodologie ........................................................................................................................... 11 2.1 Les sites étudiés : Etoumbi et Owando ........................................................................... 11

2.2 Démarche méthodologique ............................................................................................. 12 2.3 Analyse des données ....................................................................................................... 15

3. Résultats .................................................................................................................................... 16 3.1 Contexte .......................................................................................................................... 16

3.2. présentation des systèmes de production et typologies .............................................. 22 3.4. Les types de Compromis –industries planteurs .......................................................... 45 3.5. propositions pour un contrat de partenariat ................................................................ 55

Conclusion .......................................................................................................................................... 60

Recommandations .............................................................................................................................. 61

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SIGLES ET ACRONYMES

CFHBC : Compagnie Française du Haut et Bas Congo

CFHC : Compagnie Française du Haut Congo

CIFOR : Centre For International Forestry Research

CIRAD : Centre de Coopération Internationale en Recherche

Agronomique pour le Développement

CGIAR : Groupe Consultatif pour la Recherche Agricole Internationale

de l'anglais ‘Consultative Group on International Agricultural

Research’

DSCERP : Document de Stratégie pour la Croissance, L’emploi et la

Réduction De la Pauvreté

FAO : Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et

l’Agriculture

FED : Fonds Européen de Développement

ISPO : Indonesian Sustainable Palm Oil

MSPO : Malaysian Sustainable Palm Oil

PNG : Papouasie Nouvelle Guinée

PRONAR : Programme National d’Afforestation et de Reforestation

REDD+ : Réduction des Emissions liées à la Déforestation et à la

Dégradation des Forêts

RNPC : Régie Nationale des Palmeraies du Congo

RNPE : Régie Nationale des Palmeraies de l’Equateur

RSPO : Roundtable on Sustainable Palm Oil Production

RCA : République Centrafricaine

RDC : République Démocratique du Congo

WWF : Fonds Mondial pour la Nature

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1. INTRODUCTION

1.1 CONTEXTE

L’étude présentée dans ce rapport participe au projet de recherche ‘Emerging countries in

transition to a green economy: Will it make a difference for forests and people?’, coordonné

par le Centre international de recherche en foresterie (CIFOR) et financé par le programme de

recherche des CGIAR sur les Forêts, les arbres et l’agroforesterie (CRP-FTA). Elle s’insère

dans un contexte mondial caractérisé par la raréfaction des ressources naturelles et des terres

qui deviennent des enjeux de politiques publiques et de négociations internationales. Dans les

pays émergents ou souhaitant le devenir rapidement, des politiques qui visent à soutenir des

forts taux de croissance économiques sont mises en œuvre. En Afrique Centrale, ces

politiques sont regroupées dans des plans stratégiques nationaux, et reposent au moins en

partie sur l’exploitation des ressources naturelles et le renforcement du secteur agricole. À

l’heure actuelle, la croissance dans ces pays se caractérise par la hausse du revenu par habitant

et l’accroissement de la demande liée à l’explosion démographique.

Au sein du projet de recherche, l’étude participe au module « Implications pour les

populations et les forêts de la croissance des marchés et des investissements » qui vise à

évaluer les conséquences, sur des paysages préalablement identifiés, des dynamiques de

production associées aux cultures agricoles fournissant des matières premières (par exemple

le caoutchouc, l’huile de palme, le bois) dont la demande est tirée à la fois par les marchés

nationaux et mondiaux. L’emphase portera sur l’analyse des processus de changement du

paysage. Ces processus pourraient être liés au développement d’infrastructures physiques à

l’instar d’installations de traitement, mais également l'intégration du marché et à la

distribution des facteurs de production et des revenus dans les chaînes de valeur. Un autre

aspect concernera l’analyse des compromis entre acteurs publics et privés autour de l'accès à

la terre, au financement, et aux marchés.

La recherche permettra de comparer les anciens paradigmes de développement aux normes de

développement actuelles et éventuellement d’évaluer la différence (le cas échéant) dans les

processus de changement d'utilisation des terres, la distribution des avantages économiques

entre les acteurs, et les implications pour la transition des paysages vers des modes

d'utilisation plus durables. Notre projet de stage rentre dans le cadre de l'analyse des impacts

des transactions foncières à grande échelle en Afrique centrale, plus précisément en

République du Congo.

La République du Congo est un État d’Afrique centrale, limitrophe au sud à l’Angola, à

l’ouest à la République Démocratique du Congo (RDC), au nord au Cameroun et à la

République Centrafricaine (RCA) et à l’est au Gabon. Avec une densité de 13 habitants au

kilomètre carré sur une superficie de 342 000 km2,

sa population est estimée à près de 4,7

millions d’habitants dont les trois quarts sont concentrées dans les villes de Pointe noire et

Brazzaville (Larousse, 2015).

D’après Ngodi, (2012), l’histoire politique du Congo a été marquée par une succession de

coups d’Etats depuis son accession à l’indépendance en 1960. Très tôt, l’idéologie marxiste

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convainc la classe politique de l’époque, qui envisage un développement du secteur agricole

sur le modèle soviétique des fermes d’Etat. Le pays connaitra la guerre civile au milieu des

années 90 marquée par l’avènement du multipartisme et le changement de régime à la tête du

pays. Depuis le début des années 2000, le pays jouit d’une stabilité politique incertaine.

La commercialisation de l’huile de palme entre l’Europe et l’Afrique remonte au XIXe siècle

et servait à l’étamage et à la fabrication du savon (Rival et Levang, 2013). En Afrique, les

produits issus des palmeraies naturelles étaient utilisés par les populations forestières dans

l’alimentation, l’habitat, la pharmacopée traditionnelle (Carrère, 2011). Jusqu'aux années

1960, le Nigéria était en tête dans le classement des pays producteurs d'huile de palme avec

43% de la production globale (Olagunju, 2008) contre 1,7 % en 2010 (Ayodele, 2010).En

2014, l’Indonésie et la Malaisie totalisèrent à eux seuls 87% de la production mondiale,

comme l’illustre la figure 1 ci-dessous. L’Amérique latine et les pays d’Afrique centrale

n’occupent qu’une place secondaire dans la production mondiale.

Figure1: Répartition de la production mondiale d’huile de palme brute par pays en 2014.

(Source: United States Department of Agriculture 2015

http://www,indexmundi,com/agriculture/?commodity=palm-oil&graph=production)

La conduite du palmier à huile exige des conditions de température (18-33°C), de

précipitation (minimum de 1800mm/an) et d’ensoleillement correspondant généralement aux

types de climat rencontrés le long de l’équateur (Jacquemard, 2012). Djama et Daviron (2010)

justifient l’avènement de la table ronde pour une huile de palme durable (RSPO), dans la

perspective d’établissements de partenariats entre firmes et ONG autour du développement

durable du secteur palmier à huile, initié par le fonds mondial pour la nature. En effet, de

nombreuses ONG associent l’expansion de cette culture à la déforestation, à la perte de

biodiversité et à la fragilisation des sociétés indigènes en Asie du sud Est.

1.2 PROBLÉMATIQUE

L’expansion de la culture du palmier à huile semble inévitable. Le palmier à huile jouit de

performances agronomiques supérieures par rapport aux autres oléagineuses, à

l’accroissement de la demande tirée par les changements de régimes alimentaires

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(augmentation des revenus, croissance démographique), et le développement de biocarburants

fabriqués à partir de l’huile de palme (Rival et Levang, 2013). En considérant uniquement les

besoins pour l’alimentation, Jacquemard (2012) estime la croissance annuelle des besoins en

huile végétale de l’ordre de 1.77% par an à l’horizon 2020.

Sous la très forte pression des ONG de conservation de l’environnement et de la nature, les

acteurs Indonésiens et Malaisiens du secteur huile de palme adhèrent à l’initiative de la table

ronde pour une huile de palme durable et fondent leurs propres organisations (Indonesian

Sustainable Palm Oil (ISPO)-Malaysian Sustainable Palm Oil (MSPO)) d’accompagnement

du développement durable du secteur (Potter, 2015). L’adhésion à ces initiatives limite la

création de nouvelles plantations et encourage les industriels à se tourner vers de nouveaux

espaces. Le bassin du Congo est l’une des nouvelles destinations des compagnies

multinationales. En effet, pris ensemble, les pays du bassin du Congo représentent 40% des

terres non cultivées et à faible densité de population et représentent 12% de terres disponibles

au niveau mondial. En considérant les zones déboisées, le bassin du Congo représente tout de

même 20% des terres disponibles pour l’expansion agricole en Afrique subsaharienne et 9%

dans le monde (Feintrenie 2014, citant Deininger et al. 2011).

En République du Congo, le gouvernement ambitionne la diversification de l’économie du

pays formulé dans le cadre du Document de Stratégie pour la Croissance, l’Emploi et la

Réduction de la Pauvreté (DSCERP) à travers des politiques d’ouvertures de marché, la

construction d’infrastructures de grande envergure, l’amélioration du climat des affaires, et le

développement d’industries. Ces engagements politiques se traduisent par la promotion de

l’intégration régionale, le désenclavement de l’arrière-pays, la réforme du cadre institutionnel

et juridique. Certes, Kanga et al, (2012) estiment que « en dépit d’une croissance relativement

satisfaisante, la pauvreté demeure élevée ; Le plus grand défi pour le Congo est de parachever

sa transition afin de créer les conditions nécessaires à un développement durable et inclusif. »

Le renouveau du secteur agricole en république du Congo s’inscrit dans une vision de

développement industriel par l’octroi de concessions foncières à des sociétés multinationales à

l’instar de celle accordée à Atama plantation sur une superficie de 140 000 hectares en zone

forestière (décret n°2011/ 552, août 2011). Cette perspective annihile les options de

développement fondées sur l’économie verte initiées par le gouvernement Congolais, sachant

que domaine forestier de la République du Congo couvre près de 60 pour cent du territoire

national ou 11 pour cent du couvert forestier d’Afrique Centrale (Mertens et al,, 2006). Il

semble judicieux de s’interroger sur comment éviter un mal développement et convertir en

opportunités les possibilités liées à l’essor du palmier à huile de manière à le traduire par des

effets bénéfiques aux différentes parties-prenantes. De manière spécifique :

Comment s'insère la culture du palmier à huile dans les systèmes de production

villageois et dans la stratégie des ménages ruraux?

Quel modèle de partenariat entre entreprise et palmeraies villageoises envisager ?

Comment s’assurer un développement harmonieux des palmeraies villageoises au sein

des territoires ?

Comment la proposition de palmeraies villageoises en partenariat avec un industriel

peut-elle s’insérer dans les stratégies actuelles des ménages?

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1.3 OBJECTIFS :

Analyser les systèmes de production dans les villages et l’économie des ménages ;

Analyser les principales contraintes au développement de palmeraies villageoises ;

Co-construire un modèle de partenariat avec les parties-prenantes ;

Identifier les conditions préalables à un partenariat durable.

1.4 CONTEXTE DE DÉMARRAGE DU STAGE

Au démarrage du stage, nous avons participé à un atelier organisé par le Programme National

d’Afforestation et de Reforestation (PRONAR), en partenariat avec le fond mondial pour la

nature (WWF) et le CIRAD, portant sur la validation de l’étude de l’occupation des savanes

propices au développement du palmier à huile dans les département de la Cuvette et de la

Cuvette Ouest en République du Congo. Ce fut l’occasion pour les participants (cadre des

ministères de l’agriculture, des forêts, ONG, promoteurs de projets) d’échanger sur les enjeux

du développement de la filière tout en tenant compte du respect de l’environnement. Ce fût

l’occasion de m’imprégner du contexte actuel de la filière à l’échelle du pays et de nouer des

contacts et prise de rendez-vous pour des entretiens.

Lors d’une réunion avec le PDG d’Eco-Oil Energie, suite à l’atelier, les cadres de la société

nous ont présenté leur projet de palmeraies villageoises. A L’issue de la réunion, fût décidée

une mission exploratoire commune sur deux sites de la société. Sur l’ensemble de l’étude sur

le terrain, j’ai pris garde à bien me faire différencier de la société par les villageois, de façon à

ce qu’il n’y ait pas d’amalgame, pour ne pas être pris pour un promoteur du projet.

1.5 LE PROJET D’ECO-OIL ENERGIE

La société Eco-Oil Energie s’engage à redynamiser le secteur du palmier à huile par la reprise

des actifs des anciennes sociétés abandonnées depuis 25 ans (RNPC et Sangha palm). D’après

Eco-oil Energie, cette initiative de relance s’insère dans un contexte de marché intérieur

déficitaire, de faible exploitation des terres arables (citant 2% selon la FAO). La stratégie de

relance de la filière par la société met en avant la contribution du projet à la sécurité

alimentaire du pays par l’accroissement de la disponibilité en huile rouge, la transition

écologique et économique vers la production de biocarburant, et de produits dérivés et sous

dérivés de l’huile de palme. La société annonce la création de 5000 emplois dans les

plantations et vise à diversifier ses activités dans les industries de l’agroalimentaire.

Le projet de palmeraies villageoises d’Eco-Oil Energie vise le développement de palmeraies

dans les villages situés dans un rayon de 30 km sur les principaux axes routiers menant à

l’emplacement prévu pour la construction des usines sur les deux sites à Owando et à

Etoumbi. Au démarrage du stage, l’étude de faisabilité du projet des palmeraies villageoises

était en cours de démarrage. La concession de la plantation industrielle d’Eco-Oil Energie du

secteur d’Etoumbi est de 7000 ha, celle d’Owando est de 6000 ha. Selon nos propres

estimations (voir détails annexe 6 et 7), considérant une hypothèse de surface maximale de

plantation de 10 ha par ménage et en se basant sur le nombre de ménage actuel dans les

villages, les superficies des plantations villageoises représenteraient 3 390 ha et 1 250 ha

respectivement pour les secteurs d’Owando et d’Etoumbi, soit 0.44% et 1.19% d’occupation

directe de l’espace à l’échelle d’un rayon de 30 Km. L’ensemble des plantations pourrait

contribuer à une occupation maximale de l’ordre de 3 % et 3.32 % de l’espace respectivement

pour les plantations industrielles et villageoises. Ces pourcentages pourraient s’accroitre avec

le développement de nouvelles pistes d’accès aux terres arables.

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2. .MÉTHODOLOGIE

2.1 LES SITES ÉTUDIÉS : ETOUMBI ET OWANDO

Le choix de nos sites d’étude est lié à l’histoire commune des deux départements et à leur

proximité géographique et humaine. Etoumbi et Owando sont respectivement les chefs-lieux

des départements de la Cuvette et de la Cuvette Ouest. Depuis l’époque des concessions des

frères Tréchot, sous la Compagnie Française du Haut et du Bas Congo (CFHBC), et jusqu’en

1994, au sein de la Régie Nationale des Palmeraies du Congo (RNPC), les palmeraies des

secteurs d’Etoumbi et d’Owando étaient regroupées au sein d’une même entité administrative.

La RNPC céda ses actifs du département de la Sangha à la Sangha Palm en 1984, ne

conservant que ses activités dans les départements de la Cuvette et de la Cuvette Ouest.

Figure 2: Carte administrative des départements de la Cuvette et de la Cuvette Ouest.

Les villes d’Owando et d’Etoumbi bénéficièrent du programme de municipalisation accéléré

en 2004 et 2010 respectivement. Ce projet de développement public consiste à relier les chefs-

lieux de département au réseau routier bitumé et à doter les villes d’infrastructures publiques.

La création de routes bouleverse les habitudes, facilite la circulation des biens et personnes

(migrations) et crée de nombreux emplois dans le secteur des travaux publics.

Le programme « eau pour tous » a pour objectif l’installation dans l’ensemble des villages du

pays de forages équipés de pompes fonctionnant à l’énergie solaire. Les villages des secteurs

d’Etoumbi et Owando ont tous bénéficiés de ce programme en 2014 ou 2015.

Les villages sont organisés linéairement de part et d’autre d’une route. Les habitations sont

rectangulaires, les murs des habitations construits en mortier d’argile et en tiges de palmier de

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raphia. La couverture des cases est en tuiles tressées à partir des palmes de raphia, ces toitures

sont fréquemment remplacées par des tôles en acier.

2.2 DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE

2.2.1 ENQUÊTE EXPLORATOIRE

L’enquête exploratoire s’est déroulée au moment de la sensibilisation à l’opportunité de projet

« des palmeraies villageoises » avec le coordonnateur dudit projet sur les deux sites

d’Owando et d’Etoumbi. Les interactions entre le promoteur du projet et les potentiels

planteurs a été l’occasion pour nous de formuler des hypothèses quant aux contraintes

potentielles à la réussite du projet et concevoir une pré-typologie des systèmes de production,

d’orienter notre échantillonnage vers des villages où existait des activités liées à l’exploitation

du palmier à huile et entrevoir les modèles de partenariats entre Eco-oïl Energie et les

planteurs villageois.

Des entretiens dirigés furent effectués pour la compréhension du contexte historique local des

plantations industrielles, de la tenure foncière, et sur la dynamique coopérative. A l’issue de la

phase exploratoire, nous avons retenus comme critères discriminants, l’âge des conjoints, les

types d’activités pratiquées par les ménages, l’histoire et les projets de vie au sein des

ménages.

2.2.2 ENQUÊTE TECHNICO-ÉCONOMIQUE

L’analyse des systèmes de productions agricoles, les enquêtes de perception sur les modèles

de partenariats, les clauses de contrats, et les dépenses de ménages s’effectua suivant un

échantillonnage aléatoire dans des groupes de discussions ou par des interviews individuels

exception faite pour les ménages avec palmier à huile.

Au total 252 personnes ont été interviewées au cours du stage (voir tableau 1). La gestion des

plantations de palmier à huile étant le plus souvent à la charge des hommes, plus d’hommes

(69 %) ont été enquêtés que de femmes (31 %). Il est plus facile d’interviewer les hommes

dans un premier temps, car ils souhaitent généralement savoir la teneur des discussions avant

d’organiser un rendez-vous pour des échanges avec les femmes.

Tableau1 : Thématique des enquêtes et nombres de personnes enquêtées.

Thème de

l’enquête

Nb

d’hommes

à Etoumbi

Nb de

femmes à

Etoumbi

Nb

d’hommes

à Owando

Nb de

femmes à

Owando

Nb

d’hommes

total

Nb de

femmes

total

total

Historique 2 1 3 3

Activités 33 7 26 9 61 16 77

Ménages 13 7 15 8 28 15 43

Perception des

modèles/

restitutions

24 10 18 6 34 24 58

Foncier 5 4 5 4 9 9 18

Organisations

des

producteurs

4 6 8 4 12 10 22

Total 93 37 90 31 176 77 252

Page 14: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

13

2.2.3 ENTRETIENS DE GROUPES

Les entretiens de groupes visaient à comprendre les principales activités pratiquées, la place

de chaque activité dans la stratégie du ménage, la description du calendrier des opérations

culturales et les fréquences des activités hors champs. Les entretiens de groupes permirent de

ressortir les moyennes et les extrêmes potentiels des intrants et de produits, la fréquence de

pratiques d’activités, de consommation. Cette disposition facilita la différenciation des

ménages avec précision, par activités, par genre et par âge. Chaque discussion de groupe

portait sur un type d’activités précis, ce qui facilita la compréhension assez rapide de l’activité

et la fixation de moyennes sur les quantités entre les membres du groupe.

2.2.4 ENTRETIENS INDIVIDUELS

Les enquêtes individuelles permirent d’affiner la pré-typologie dressée à la suite de la

campagne de promotion des palmeraies villages et après les entretiens de groupe. Ici,

l’agriculteur raconte son vécu, cette démarche facilite l’analyse du ménage sur une durée

longue et permet de comprendre et de saisir le changement de trajectoire dans les activités

pratiquées. Le passage répété auprès d’un ménage instaure la confiance et ouvre facilement la

voie à des échanges sur les dépenses familiales (accès aux carnets de soins, à la comptabilité

familiale, dans des rares cas) et permet de compléter des informations manquantes ou mal

comprises, ce qui facilite la validation des quantités décrites lors des entretiens de groupe. Les

interviews se succèdent d’un agriculteur à un autre par effet boule de neige et en fonction des

types dans les villages, dans certains cas, des entretiens avec un jeune ménage est suivi d’un

ménage plus adulte.

Les entretiens portant sur les cultures pérennes sont spécifiques à quelques individus, la

description par l’agriculteur nous facilite la compréhension du type de palmeraies. Le passage

à plusieurs reprises permet à ce dernier de fournir des éléments de précision sur les phases

passées de la palmeraie. Nous avons assisté à des séances de transformation artisanale et de

pesée des quantités.

En marge des entretiens individuels sur les activités du ménage, des discussions ont lieu sur la

finalité de la production, les fréquences des récoltes, les parts destinées à

l’autoconsommation, les quantités récoltées, les probabilités de revenir avec du gibier, les

stratégies adoptées en cas de chasse et/ou de pêche infructueuse.

2.2.5 PROTOCOLE D’ESTIMATION DES PRODUCTIONS

L’estimation des productions et des prix vise à ramener chaque unité locale à une unité

standard en l’occurrence le kg pour les quantités produites. En fonction du type de

commodité, la détermination d’un prix et d’une quantité pondérée moyenne s’effectua par des

multiples pesées et des comptages des contenants au retour des champs, de la forêt et des

étangs (hottes de manioc, sceaux de poissons, gibiers,).

2.2.5.1 Commodités aux prix fixes

Nous avons identifié les principales unités locales et les principales commodités qui y étaient

vendus en fonction des différentes activités. Chaque commodité était vendue généralement à

un prix fixe correspondant à un contenant particulier (hotte, brouette). Les pesées et

comptages d’au moins dix contenants de chaque commodité permettaient de déterminer la

quantité moyenne d’une unité de mesure locale connaissant son prix.

Page 15: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

14

2.2.5.2 Commodités aux prix et quantités variables

En plus de la pesée des produits, il était demandé à chaque fois le prix du produit et la

provenance du produit. La moyenne des prix et quantités étaient séparément calculées. Une

visite rapide des marchés urbains et intermédiaires a permis de croiser et corroborer les

informations de prix obtenus dans les villages.

2.2.6 ENTRETIENS SUR LE FONCIER ET LES ORGANISATIONS DE PRODUCTEURS

L’analyse de la tenure foncière reposa sur des entretiens avec des « propriétaires fonciers »,

des cadres du cadastre, des services du ministère de l’agriculture et des agriculteurs. S’en est

suivi des sessions d’échanges sur la proposition de perspectives de sécurisation foncière avec

l’avènement du projet de palmeraies villageoises d’Eco-Oil Energie. Des entretiens avec les

cadres du ministère de l’agriculture portèrent également sur les organisations de producteurs.

2.2.7 ENQUÊTES DE PERCEPTION

Sur la base d’une revue de littérature centrée sur l’agriculture contractuelle et des principes et

critères RSPO, nous avons procédé à une enquête de perception sur les éléments à prendre en

compte dans le cadre du contrat liant l’industrie aux planteurs dans les villages, sur les sites

d’Eco-oil et auprès des cadres du ministère de l’agriculture, du cadastre et des affaires

foncières (voir tableau 2). Chaque élément était présenté sous la forme d’une affirmation, à

laquelle les personnes interrogées attribuaient un score de 0 à 5 selon leur perception de

l’intérêt de la proposition pour le contrat ; degré d’intérêt (0 = Pas du tout important, 5 = Très

important, et demandeur).

Tableau 2 : Personnes enquêtées dans le cadre des clauses de contrat

Cadres de

l’agriculture

Cadres du

cadastre

Cadres d’Eco-

Oil Villageois

2 3 3 24

2.2.8 RESTITUTION DES RÉSULTATS

Une restitution des premiers résultats des enquêtes technico-économiques des systèmes de

production a été organisée à Brazzaville avec Eco-oil Energie sur l’ensemble à la mi-juillet.

Suite à la présentation, la discussion a porté sur la construction du modèle de partenariat à

envisager entre l’entreprise et les planteurs villageois. Les modèles de partenariat existants,

les modèles techniques de palmeraie encadrée et les possibilités de contrats de métayage

furent discutés. L’un des objectifs de cette séance de restitution était de construire des

modèles technico-économiques de palmeraies villageoises sur le logiciel Olympe en fonction

des types et de la forme des appuis de l’entreprise. Malheureusement le temps disponible pour

les cadres de la société n’a pas été suffisant et ce travail a été finalisé a posteriori sur la base

d’échanges et lors de la restitution finale de l’étude à la fin du mois d’Août.

Dans les villages, une première phase de restitutions concernant les systèmes de production

villageois permit de valider l’analyse des systèmes agricoles existants, et permit aux

agriculteurs d’avoir une vision de l’utilisation des données recueillies, de fournir des

précisions, de saisir les différents coûts d’opportunités liés aux différentes activités dans leur

environnement immédiat ainsi que l’évolution des revenus et des dépenses au sein des

différents types de ménages.

Page 16: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

15

Dans une deuxième phase de restitutions, la présentation du modèle provisoire de plantation

villageoise construit sur la base des enquêtes locales et avec le coordonnateur du programme

des palmeraies villageoises d’Eco-Oil Energie permit aux agriculteurs de comprendre les

enjeux d’adoption dans le long terme de la culture du palmier à huile, et de sa place dans la

stratégie du ménage. En outre, cette restitution dans les villages a permis de lancer les

discussions sur les contraintes au projet, les inquiétudes et les garanties de succès du projet.

A chaque restitution, les modalités de partenariat ainsi que la tenure foncière (sécurisation et

accès) nous sont apparues comme l’un des facteurs clés à la réussite du projet. De même il est

difficile pour les agriculteurs d’accepter de se lancer dans l’inconnu, sans avoir de garanties

sur le sérieux de l’entreprise ; ils évoquent régulièrement les faillites des entreprises

nationales qui se chargeaient de la commercialisation du cacao et du café à la fin des années

1980 et des projets de reprise.

Enfin, des restitutions des premiers résultats tirés des enquêtes de systèmes de production

villageois ainsi que du modèle de production construit avec le coordonnateur du projet de

palmeraies villageoises d’Eco-Oil Energie ont été réalisées auprès des cadres d’Eco-oil sur les

2 sites étudiés. Ces restitutions ont permis de discuter de la viabilité des modèles de

partenariats envisagés.

Une restitution orale des enquêtes de perception fût effectuée auprès des autorités locales

(sous-préfet (Owando), secrétaire général de la mairie (Etoumbi)) et une restitution finale fût

organisée avec le coordonnateur du projet des plantations villageoises.

2.3 ANALYSE DES DONNÉES

2.3.1 LE LOGICIEL OLYMPE

Olympe est un logiciel d’analyse technico-économique et de simulation du fonctionnement

d’une ou de plusieurs exploitations agricoles. C’est aussi un outil de modélisation permettant

l’analyse des stratégies paysannes, la prise de décision et l’analyse prospective. Sa

particularité est de pouvoir intégrer toutes les caractéristiques de l’exploitation agricole, lui

permettant de répondre facilement à toute analyse micro-économique, et prospective (création

de scénarios) via un module aléas sur les prix ou les quantités (Penot et Deheuvels, 2007).

2.3.2 TERMINOLOGIE ÉCONOMIQUE

Rendement (kg/ha) = quantité produite par hectare = Productivité de la terre ;

Productivité du travail (kg/hj) (ou (€/hj)) = Rendement/ temps de travail ou (Valeur

Ajoutée Brute/ temps de travail) ;

1 homme jour (hj) = 7 heures de travail d’un adulte ;

Valeur Ajoutée Brute (VAB) (€) = Marge brute= Produit brut-charges variables ;

Valeur Ajoutée Nette (VAN) (€) = Marge nette = Marge brute-charges de structure-

amortissements du matériel et du capital immobilier ou foncier ;

Revenu agricole annuel (€/an) = VAN agricole + subventions agricoles – frais de location

foncière – taxes – remboursement de dettes – main d’œuvre agricole salariée ;

Revenu non agricole annuel (€/an) = Somme des marges nettes des activités non agricoles ;

Valorisation du travail familial (€/hj) = Marge nette/temps de travail familial ;

Solde de trésorerie (€) = Revenu net total-ensemble des consommations et dépenses

familiales ;

Solde cumulé (€) = Somme des soldes de trésorerie consécutifs pour une période de temps

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16

3. RÉSULTATS

Le présent chapitre est structuré en trois principales parties : une première partie relate

l’histoire du secteur palmier et l’analyse de la tenure foncière. La deuxième partie décrit les

systèmes de productions mis en œuvre par les ménages ruraux, présente la typologie et les

trajectoires des exploitations familiales. La troisième partie présente un modèle de palmeraies

villageoise encadré susceptible d’être encadré par une industrie. La dernière partie expose les

préalables propositions à un contrat de partenariat.

3.1 CONTEXTE

Cette première partie aborde l’histoire du développement du secteur palmier à huile en

République du Congo, fournit un bref aperçu de la commercialisation actuelle de l’huile de

palme dans les villages et sur les marchés de Brazzaville et enfin ressort l’analyse de la

tenure foncière au sein des villages et les implications de cette tenure foncière pour des projets

de développement agricole.

3.1.1 CONTEXTE HISTORIQUE

3.1.1.1 La période des concessions

Le développement du secteur industriel et villageois du palmier à huile au Congo s’insère

dans le cadre de l’expansion coloniale à partir du début du XXe siècle. L’État colonial

accordait des concessions d’une durée de 30ans à des acteurs privées, qui en contrepartie des

activités commerciales étaient chargés d’organiser un réseau de transport, de distribution et

d’occuper le territoire au profit de la métropole. En 1899, les frères Tréchots fondent la

Compagnie Française du Haut Congo (CFHC) et obtiennent l’équivalent de 75 000 km2 de

terres (Carrère, 2011), répartis dans les régions actuelles de la Cuvette et de la Cuvette Ouest

(Voir annexe 1). D’après Hecketsweiler et al (1991) la CFHC installe des comptoirs dans

l’ensemble de la concession et développe très tôt des réseaux de collecteurs auprès des

villageois (Copal, raphia, noix de palmistes, ivoire). Les mécontentements liés à la très forte

pression sur les ressources commercialisées mène à des tentatives d’expérimentations de

cultures d’exportations (cacao, café, palmier à huile) le long du fleuve Likouala Mossaka

(affluent du fleuve Congo). De 1925 à 1930, les succès des expérimentations conduisent à la

création de 450 ha de palmier à huile à Lebango, proche d’Etoumbi et 1500 ha à Etoumbi

(préfecture actuelle de la Cuvette). La création des palmeraies nécessita de la main d’œuvre,

entrainant des migrations vers les sites de production, en provenance de différentes parties du

pays, notamment du pays Batéké.

Lors de l’expiration du régime des concessions d’une durée de 30 ans de 1899 à 1929, le bilan

de la compagnie concessionnaire est positif, La CFHC absorbe la compagnie du Bas Congo et

devient la Compagnie Française du Haut et Bas Congo (CFHBC). Dans le sud du pays, Dans

la Lékoumou (voir annexe 1), la CFHBC distribuait du matériel végétal aux planteurs et dès

l’entrée en production, achetait des régimes de noix pour la transformation. La CFHBC

disposait d’une usine de transformation d’une capacité de 1t/heure dans la Lékoumou, à

Owando et Lebango, de 3t à Etoumbi. En 1945, les frères Henriques rachètent la société et

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17

abandonnent le secteur élaieocle. En 1947, la société tombe en faillite, elle est rachetée par la

banque d’Indochine qui réinstaure le dispositif organisationnel des frères Tréchot, avec deux

départements : le département plantations (plantations industrielles et villageoises) et le

département commercial. En 1960, la plantation de Lebango totalise 670 ha, celle d’Etoumbi

2000 ha. La CFHBC totalisa près de 396 ha de palmier à huile dans le secteur d’Owando à la

veille des indépendances avec une huilerie semi-automatique d’une capacité de traitement de

3t de régimes par heure.

3.1.1.2 La période post-indépendance

De 1960 à 1965, dans le contexte de décolonisation, la diminution du prix de l’huile de palme

sur le marché mondial affaiblit la société. Elle est soutenue par le gouvernement congolais et

le Fond Européen de Développement (FED) (Hecketsweiler et al, 1991). Les actifs palmiers

laissés par la CFHBC sont gérés par la Régie Nationale des Palmeraies de l’Équateur (RNPE),

crée en 1964, et deviendra deux ans plus tard la Régie Nationale des Palmeraies du Congo

(RNPC). La RNPC hérite d’un verger vieillissant et continu l’extraction d’huile de palme

grâce aux huileries laissées par la CFHBC. L’huilerie d’Owando restera en fonction jusqu’au

début des années 1980, celle d’Etoumbi fonctionnera jusqu’au début des années 1990, la

palmeraie de Lebango sera abandonnée.

Dans le cadre de la stratégie du FED de création de nouvelles palmeraies et usines en Afrique

centrale et en Afrique de l’Ouest (au début des années 60), le Congo bénéficia de la création

de 1 800 ha dans la Sangha, entre 2 500 et 4 500 ha vers Etoumbi et entre 300 et 450 ha vers

Owando. Dans ce cadre, 270 ha sont créées dans le secteur d’Owando, à proximité du village

Endeke. La RNPC créera successivement 20 ha de palmeraies en 1977 et en 1978 à proximité

des plantations crées par le FED. A Etoumbi, le FED créa en 1968, 959 ha dans le village

d’Obako, (situé à 6 km du centre Etoumbi), 813 ha à Etoka à 7 km d’Etoumbi sur la route de

Makoua, 120 ha à Douka. En 1974, les palmeraies sont dans un état d’abandon partiel, lié à un

manque de main d’œuvre régulière et l’échec de l’implantation de la plante de couverture.

Ainsi, 512 ha et 500 ha étaient encore exploités sur l’ensemble des secteurs d’Etoka et

d’Obako en 1974. Les plantations de Lebango et le village du même nom disparaîtront à la fin

des années 1970 par manque d’entretien (Hecketsweiler et al, 1991).

3.1.1.3 Les tentatives de relance par l’Etat

A partir de 1987, l’État Congolais sollicite l’expertise d’une société étrangère (la société APV

international) afin de lancer un programme de replantation et de modernisation des unités de

transformation. La société devait se charger de l’expansion du verger existant et de la

construction de nouvelles usines. La RNPC se chargeant de l’exploitation des vergers

existants. En 1987, APV créa 450 ha de palmeraies à proximité des villages Ossonga et

Linengue (Owando). A Chaque fois, la société négociait la création de palmeraies auprès des

villages environnants en offrant des cadeaux, du vin, du sel, des sommes d’argent

symboliques censées représenter des offrandes aux ancêtres, et redistribuées par le chef de

clan à tous les membres du lignage. Avec cet arrangement, l’ensemble des villages

reconnaissaient la propriété foncière de l’État sur les palmeraies ainsi crées.

Les plantations ont été créées par la société APV juste avant les plans d’ajustement structurels

exigés par le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale à la fin des années 1980.

Dans le contexte de libéralisation des filières de production et de privatisation des unités de

production, l’État Congolais, pour des besoins d’équilibre budgétaire, n’a pu contribuer au

montage de l’usine d’une capacité de 3t/ heures prévu à Owando malgré l’acheminement des

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18

premiers matériels. Les éléments de l’usine sont en partie restés dans leurs conteneurs, à

l’abandon sur le site de construction. Ainsi, dès l’entrée en production des palmiers au début

des années 1990, les plantations et le matériel sont laissées à l’abandon, en l’attente d’une

action de l’État. La ville d’Owando a été fortement affectée par la faillite, au début des années

90, de la RNPC, qui avait assuré une certaine prospérité à la région dans les années 70-80

(Carrère, 2011). Certains habitants du secteur d’Owando ont alors développé une activité de

récolte des régimes de palmier et se sont lancés dans la production artisanale d’huile de palme

et de savon à base d’huile de palme.

3.1.1.4 Les tentatives de relance par des privés

En 1996, l’homme d’affaire Paul OBOMBI tenta une relance des activités de la RNPC,

produisant de l’huile de palme avec l’ancienne usine d’Etoumbi d’une capacité de 1t/ha, celle

d’Owando n’étant plus fonctionnelle. De nombreuses promesses furent alors formulées,

notamment celle de rénover l’usine d’Owando, de couvrir le paiement des arriérés de salaires,

ainsi que de recruter de nouveaux employés. La guerre civile de 1997 mit fin à cette tentative

de relance et depuis, la récolte anarchique des régimes pour la transformation artisanale

continua.

A Owando, la palmeraie à l’abandon a été anarchiquement exploitée par les villageois des

alentour, avec pour conséquence l’abattage de nombreux palmiers en vue de l’extraction de

vin palme. A Etoumbi l’exploitation pour le vin de palme est restée limitée. A ce jour, les

parasoliers (Musanga cecropioides), arbres héliophiles pionniers caractéristiques des jachères,

ont envahi les palmeraies.

3.1.2 ORGANISATION DU SECTEUR ÉLÆICOLE

3.1.2.1 Organisation à l’échelle des territoires villageois

Chaque village dispose en général d’une presse manuelle, les régimes de noix proviennent des

plantations de palmiers et des régimes issues des palmeraies poussant spontanément. A l’issue

de la transformation, l’huile est commercialisée en détail au sein du village. Les

transformateurs commercialisent en gros l’huile de palme dans les villages environnants, afin

d’économiser en coût de transport. Des collecteurs fidélisés groupent l’offre d’huile de palme

dans les villages pour revendre auprès des détaillantes dans les centres urbains les plus

proches. A Etoumbi, suite à la reprise des droits de la société sur les palmeraies, l’huile de

palme se fait rare sur les marchés. L’huile transformée par Eco-oil Energie n’est pas

commercialisée localement.

3.1.2.2 Organisation de la filière à l’échelle nationale

L’analyse des flux sur le principal marché de grossistes d’huile de palme à Brazzaville fait

état de la provenance d’huile de palme de la République Démocratique du Congo (RDC)

malgré les fermetures répétées à la frontière de ces deux pays. Le projet de construction du

pont sur le fleuve Congo entre les deux capitales pourrait s’accompagner d’un afflux

important de l’huile de palme en provenance de RDC. En plus des grossistes de RDC, des

collecteurs nationaux (de République du Congo) d’huile de palme groupent l’offre dans les

zones rurales du sud du pays. Certains grossistes acheminent également de l’huile en

provenance des régions nord (Sangha essentiellement) notamment par voie fluviale, moins

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19

astreinte aux tracasseries policières. Les collecteurs nationaux ravitaillent les marchés de

détail et de gros.

Figure 3: Flux de l’huile de palme sur les marchés de Brazzaville.

L’huile de palme se négocie à 12000 Fcfa le bidon de 25 litres sur le principal marché de

grossistes auprès de collecteurs fidélisés nationaux et de RDC. Avec un effectif de grossistes

estimé à 12, chacun d’entre eux vend au minimum 7500 litres d’huile de palme par mois,

voire le double en fonction de la demande. Ces derniers sont sollicités par des détaillants en

rupture de stock ou bien des fabricants de savon artisanaux organisés en réseaux de

commerçants et distribuent le produit à l’échelle du pays. Sur les marchés de détails, les

commerçantes vendent 250 litres d’huile de palme par mois, et se voient proposer un

ravitaillement par les collecteurs tous les deux mois. Les préférences alimentaires des

Congolais de RDC résidents à Brazzaville semblent tirer la demande en huile de palme. La

campagne de refoulement des étrangers (notamment de RDC) à Brazzaville expliquerait la

diminution de la demande en huile de palme aux moments des entretiens.

Collecteurs-RDC Collecteurs-

Lekoumou Pool Niari Cuvette-Sangha

Likouala

Producteurs de

RDC

Alimentations

(Pays)

Marchés de

grossistes

Savonneries

Marchés de détail

de Brazzaville

Consommation

Page 21: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

20

3.1.3 LE FONCIER : UN FACTEUR DE SUCCÈS OU D’ÉCHEC

3.1.3.1 La terre : un bien commun familial

Avant la colonisation, chaque famille vivait sur un territoire. Le premier occupant délimite

son territoire. Il scelle des arrangements avec les esprits de la forêt, lesquels l'autorisent à

exploiter les biens de la forêt pour sa subsistance. Il doit s'arranger à transmettre la forêt à sa

descendance, en les informant sur les limites de leur bien. A chaque génération, un

représentant du lignage, le « propriétaire terrien » est désigné pour communiquer avec les

ancêtres. Il jouit d’un respect au sein de la famille. Cette désignation peut se faire avant le

décès de l'ancien propriétaire terrien, ou bien après elle se fait par consensus au sein des

adultes du lignage. Il lui revient d'offrir des offrandes aux ancêtres pour toute cession de

droits d’usufruit sur la forêt (temporaire), ou bien de solliciter leur intervention suite à une

occupation ou une exploitation illégale de leur forêt par un étranger.

La forêt ici, est considérée comme un bien inépuisable, un bien sacré, qui fournit les moyens

d’existence. C’est un bien familial insusceptible d'appropriation privative individuelle par un

membre du lignage et se transmet de générations en générations.

3.1.3.2 L’accès à la terre aux « étrangers »

Le droit d'usufruit ne peut être refusé à un requérant qui doit fournir une somme d'argent

symbolique ou bien des cadeaux en fonction de la taille et de la durée de l’occupation de

l’espace. Le cadeau dépend de la richesse du requérant, un promoteur riche sera incité à offrir

à la communauté un bien durable (à l'instar d'une construction, de la réhabilitation des

habitats, des appuis et aides permanentes aux membres du village). Toutefois, le refus de

cession des droits est envisageable si les intentions du requérant ne sont pas clairement

connues ou ne sont pas acceptées par le lignage ou le propriétaire terrien après consultation

des ancêtres.

Il peut arriver dans des cas rares que le requérant à l’exploitation d'une terre se voir refuser à

cause de comportements déplaisant au lignage, ou bien par peur de le voir s’approprier la dite

terre. Ainsi, le chef de lignage peut émettre des doutes concernant le projet de mise en valeur,

ou des intentions inavouées de titrer le terrain à son profit.

3.1.3.3 La configuration des villages

Le besoin en main d'œuvre généré par le développement d'activités économiques depuis la

colonisation stimula la réinstallation des villages et de leurs populations le long des routes, sur

des terres non occupées mais appartenant à d'autres villages. L'administration facilita

l'installation de ces nouveaux occupants, et exhorta "les propriétaires terriens" à octroyer le

droit d'usufruit aux nouveaux occupants. Ces derniers ont le droit de cultiver des cultures

annuelles mais ne peuvent installer un dispositif pérenne à l'instar d'une déviation sur une

rivière ou la création d’une plantation. La possibilité de droit de cession, de conduite des

cultures pérenne revient uniquement aux descendants du tout premier propriétaire terrien. Les

familles de nouveaux arrivants ont elles conservé des droits sur leurs terres d’origine, les

anciennes terres de leurs ancêtres.

3.1.3.4 Les origines des conflits fonciers et mécanismes de résolution

Les conflits liés au foncier sont de deux types. Le premier concerne les conflits au sein du

lignage et le second type concerne les conflits avec les membres extérieurs du lignage. Au

sein du lignage, l'origine des conflits nait de la transmission des délimitations des frontières

des terres au sein du lignage et de la transmission de parcelles individuelles. Un autre type de

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21

conflits concerne la non reconnaissance par la génération suivante de tous les accords de

cessions de droits de terres ou d'exploitation conclus à l'époque des parents. Les mécanismes

de résolution des litiges consistent à faire appel à un "comité de sages". Il peut arriver que

l'objectivité du comité de sages soit remise en cause en raison de relations de filiation d’un

membre du comité avec un des camps belligérant. Ce qui conduit à des situations de conflits

interminables.

Dans certaines situations, le « propriétaire terrien » choisi peut faire l’objet de contestation au

sein de la famille. Cette situation ouvre la voie à des ventes de terrains par d'autres membres

de la famille non reconnues par la grande famille. Cela peut déboucher sur des conflits entre

la famille et avec l'acquéreur du domaine.

La terre étant un bien légué par les ancêtres, toute vente de parcelles, toute cession de droits

de propriété devrait impliquer l'ensemble des descendants du premier ancêtre, et se traduire

par une redistribution des bénéfices, même si elle n'est pas forcément équitable.

3.1.3.5 L’insécurité foncière

La conduite des cultures annuelles peut s'effectuer sans contrainte aucune sur l'ensemble du

domaine familial, par contre, la conduite des cultures pérennes nécessite la validation du

projet par un propriétaire terrien qui octroie le terrain au membre du lignage sur le domaine

forestier que lui-même a hérité de ses parents.

Pour les plantations, il est exigé de fortes sommes d'argent aux promoteurs allant de 500000

FCFA (763€) jusqu'à deux millions de FCFA (3048€). Le contrat n’excède généralement pas

plus de 5 ans, durée insuffisante pour une plantation pérenne telle que du palmier à huile.

Après 5 ans, un nouveau terrain est octroyé au requérant, ce qui arrange le propriétaire foncier

qui bénéficie de l’abattage des gros arbres sur la parcelle de l’ancien promoteur. Dans certains

cas, le contrat n’est pas renouvelé.

3.1.3.6 Les implications pour le développement de l’agriculture familiale

Tout investissement rentable effectué sur la terre des ancêtres doit conduire à une

redistribution des bénéfices au sein du lignage. Tout membre du lignage a le droit de

réclamation des bénéfices résultant de la mise en valeur du domaine familial. Contrairement

au vol agricole qui consiste à récolter sans le consentement de l'agriculteur, cette dernière

règle consiste à prélever la ressource avec le consentement du promoteur, lequel ne peut

refuser. Il peut même arriver qu'un des membres du lignage réclame une partie d’une

plantation déjà crée suivant le principe que la terre est un bien familial. Cette disposition

constitue pour certains un frein au développement du secteur agricole, et incite les

agriculteurs à chercher des emplois salariés même temporaires dans des entreprises de génie

civil plutôt qu’à s’investir dans l’agriculture.

3.1.3.7 La sécurisation foncière

Les « familles terriennes » des localités des anciennes plantations industrielles ont longtemps

estimé avoir été expropriées par l’État pour cause d’utilité publique sans compensation. L’État

est le maitre des terres depuis l’époque des sociétés concessionnaires, et cette situation a été

maintenue après l’indépendance. « L’acte fondamental » issu de la conférence nationale

souveraine du 4 juin 1991 confère en son article 11 le droit de propriété aux familles

reconnues comme propriétaires terriennes dans le système foncier coutumier. Depuis le début

des années 2000, de nombreux textes de lois d’application de l’acte fondamental visent à

assurer la sécurité foncière aux investisseurs privés par la création de nombreuses zones

d’intérêts économiques, et fixe les modalités d’expropriation pour cause d’utilité publique.

Page 23: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

22

L’Etat ambitionne de racheter les terres aux propriétaires terriens regroupés au sein

d’associations familiales. Dans le cadre de la politique de municipalisation accélérée, l’État a

créé un cadre de reconnaissance des droits fonciers des familles (décret N 2006-255 du 28

juin 2006 portant institution et fonctionnement d’un organe ad hoc sur la reconnaissance des

droits fonciers coutumiers). Ainsi, chaque ‘famille foncière’ est censée s’affilier à une

association des familles foncières à l’échelle de la sous-préfecture. La fédération des familles

foncières du Congo est l’instance supérieure qui regroupe l’ensemble des familles foncières

de chaque département du pays au sein d’une institution nationale.

Le règlement intérieur d’une association de famille foncière précise la date de la tenue de

l’assemblée générale, l’ensemble des descendances familiales, la constitution du bureau de

l’association, le nombre de membres. Le règlement intérieur de l’association formalise les

modalités de cession de droits, du choix des membres du bureau, prévoit des pénalités et

modes de promotion ou de reconnaissance des membres.

L’association familiale introduit le procès-verbal de la tenue de l’assemblée générale avec un

règlement intérieur auprès du tribunal de district et reçoit un récépissé de déclaration de

constitution de l’association de « la famille terrienne » ainsi qu’un numéro d’immatriculation.

Le tribunal saisit la préfecture ou la mairie (selon que la terre se situe en zone rurale ou

urbaine) qui instruit les services déconcentrés du cadastre et des affaires foncières pour le

bornage du domaine familial. Les services du cadastre organisent une descente sur le terrain

qui vise à la constatation des droits fonciers coutumiers par l’ensemble de la famille foncière

et les familles voisines. A l’issue des palabres, l’association de la famille foncière dispose

d’un plan de délimitation. Ce plan de délimitation permet d’instruire la procédure de

l’immatriculation foncière auprès des services déconcentrés du cadastre.

Les propriétaires terriens évoquent les limitations de la procédure de reconnaissance des

droits fonciers par rapport aux coûts de transactions élevés liés au suivi administratif du

dossier de reconnaissance de la famille terrienne, (qu’ils maîtrisent rarement) de

l’organisation des palabres et du déplacement de la commission ad hoc de reconnaissance des

droits fonciers coutumiers.

Les agriculteurs expriment également la peur de se voir déposséder de leur terre titrée suite au

non remboursement d’un crédit, suite à un morcèlement du titre foncier, et d’être taxé d’avoir

bradé la terre des ancêtres. Cette peur expliquerait en partie le manque de motivation des

propriétaires terriens à se faire reconnaitre par l’Etat.

La complexité des démarches pour la reconnaissance des droits fonciers des familles rend

souvent nécessaire un accompagnement extérieur par une association ou une ONG. Par

ailleurs cette complexité facilite l’accaparement de terres par quelques individus maîtrisant les

procédures. Les systèmes de production villageois.

3.2. PRÉSENTATION DES SYSTÈMES DE PRODUCTION ET TYPOLOGIES

Cette section décrit premièrement les principaux systèmes d’activités rencontrés sur les deux

sites d’études. Les systèmes d’activités sont répartis en activités agricoles et non agricoles.

Une deuxième partie présente la typologie des ménages sur la base des systèmes d’activités

pratiquées, des transitions de pratiques d’activités en fonction de l’âge et des postes de

dépenses au sein du ménage.

Page 24: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

23

3.2.1 LES SYSTÈMES D’ACTIVITÉS

3.2.1.1 Les activités non agricoles

Les activités non agricoles regroupent les activités de ramassage et de cueillette, de chasse et

de pêche. A l’exception de la pêche au panier, ce sont des activités pratiquées par les hommes.

La chasse est la principale activité non agricole dans les villages d’Etoumbi, alors qu’à

Owando, la pêche en est la principale activité.

Figure 4: Comparaison des calendriers de travail des principales activités non-agricoles sur le site

d’Etoumbi .

Les femmes pratiquent la pêche au panier en saison sèche, en saison des pluies, elles

s’occupent davantage à la cueillette et au ramassage des feuilles de marantacées. La chasse est

pratiquée toute l’année à Etoumbi par les hommes, avec de meilleures prises enregistrées en

saison des pluies, les animaux ne parcourant pas de grandes distances à la recherche de points

d’eau. La pêche à l’hameçon et au filet sont des activités de saison de pluies pratiquées par les

hommes et destinées à la consommation familiale.

Page 25: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

24

-

5

10

15

20

25J

ou

rsComparaison des calendriers de travail à Owando

Ramassage/ cueillette

Pêche au panier

Pêche au barrage

Pêche à l'hameçon

Pêche à la ligne

Chasse au fusil

Figure 5: Comparaison des calendriers de travail des principales activités non-agricoles sur le site

d’Owando.

Comme à Etoumbi, à Owando, les femmes pratiquent la pêche au panier en saison sèche. Lors

de la saison des pluies, elles s’occupent à la cueillette et au ramassage des feuilles de

marantacées et de Gnetum africanum. La pêche au barrage est la principale activité en saison

sèche. La chasse au fusil se pratique toute l’année. Les chasseurs y consacrent davantage de

temps en saison des pluies avec une plus grande probabilité d’attraper du gibier. La pêche à la

ligne et à l’hameçon se pratiquent en saison des pluies pour combler les besoins des ménages

en protéines animales.

Les calendriers des activités de cueillette, des différentes formes de pêche et de chasse

s’alternent entre les saisons et en fonction des besoins alimentaires (voir figure 4 et 5).

a) La chasse

A Etoumbi, la chasse est une activité à but commerciale et de consommation familiale. La

chasse commerciale est tirée par une forte demande urbaine des villes voisines et même

depuis Brazzaville et facilitée par un meilleur accès au marché. L’entretien du lien familial de

la parenté vivant dans le sud du pays passe par l’envoi de colis alimentaires, comprenant le

gibier de chasse entre autre (en plus du fufu de manioc).

Les jeunes chasseurs préfèrent exercer à l’aide d’un fusil, bien plus efficace que les autres

formes de chasse au piège et au filet. Les chasseurs achètent les fusils à Brazzaville, et se

ravitaillent en cartouche dans les villes les plus proches. Ils emmènent avec eux 10 à 15

cartouches par partie de chasse au minimum. Les chasseurs au fusil vont en moyenne deux à

trois fois par semaine en forêt, avec une probabilité moyenne de l’ordre de 6 sur 10 de

rapporter cinq gibiers minimum. Ils rentrent rarement bredouilles.

La chasse au piège est une activité individuelle, pratiquée par les hommes. Les chasseurs

repèrent les points de passage des animaux (généralement à proximité des points d’eau) et y

posent des pièges qu’ils visitent après deux jours, c’est aussi l’occasion de changer de piège.

Les anciennes jachères de culture de manioc et d’arachide attirent également des animaux. Le

tableau 3 montre les prix des principaux gibiers de chasse et leur mode de capture. La très

forte demande en gibiers par rapport à l’offre expliquerait le niveau des prix des mêmes

gibiers plus élevés à Owando qu’à Etoumbi.

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25

La chasse au filet, activité collective se pratique une fois par mois au moins par groupe de 7 à

12 chasseurs.

Tableau3 : Prix des gibiers et mode de capture sur les sites d’Etoumbi et d’Owando.

Type de chasse

Gibier Prix Etoumbi

(en €)

Prix Owando

(en €)

Chasse au

fusil

Chasse au

filet

Chasse au

piège

Porc-épic 8 18 × × ×

Gazelle 8 23 × ×

Antilope

rouge 23 61 × × ×

Antilope

noire 46 76 ×

Singe 12 14 ×

Les chasseurs disposent en général d’un permis de chasse et connaissent les espèces

protégées. Toutefois, il n’est pas exclu que quelques chasseurs expérimentés pratiquent des

formes de chasse illégales (chasse d’éléphants) lorsqu’il y a un grand besoin financier.

A Owando, la chasse est pratiquée dans les villages à proximité des forêts et vise la

consommation familiale. Les chasseurs pratiquent la chasse au fusil à cause de la rareté du

gibier. Il leur faut parcourir parfois plus de cinquante kilomètres dans le cadre d’une partie de

chasse. La probabilité d’avoir du gibier est de 1 sur deux. Le nombre de gibier moyen par

partie de chasse est de 3.

b) La pêche

Les différentes formes de pêche incluent la pêche au panier pratiquées par les femmes d’un

même village, planifiées à l’avance. Cette forme de pêche consiste à vider les étangs naturels

des poissons. La quasi-totalité du poisson pêché est destiné à la consommation familiale. La

pêche à l’hameçon et la pêche à la ligne sont des formes de pêche individuelles, pratiquées

sans restriction dans les rivières et cours d’eau. Ce sont des activités pratiquées

essentiellement par les jeunes hommes qui rentrent saisonnièrement au village. La pêche au

barrage est pratiquée sur le site d’Owando. Le faible débit des cours d’eaux facilite

l’installation de dispositifs de retenues d’eau grâce à des troncs d’arbres. Ces dispositifs

créent une dénivellation du niveau d’eau. En saison sèche, le poisson est ramassé dans la

solution vaseuse du fond de l’étang. La figure 6 compare la valorisation nette d’une journée

de travail des principales activités de chasse (Etoumbi) et de pêche (Owando). A Etoumbi, la

chasse au fusil est 4 fois plus rémunératrice que la chasse au piège et au filet. A Owando, la

pêche au barrage est largement plus lucrative que les formes de pêche à l’hameçon et à la

ligne.

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Figure 6: Comparaison des productivités de travail des types de chasse (Etoumbi) et de pêche (Owando).

c) Le ramassage et la cueillette :

Le ramassage et la cueillette des produits forestiers non ligneux sont destinés à la

consommation familiale. Les femmes prélèvent les feuilles de Gnetum qui constituent le

principal aliment végétal vert. Les feuilles de marantacées servent à l’emballage de la farine

de manioc cuisinée et destinée à la consommation. La récente interdiction par l’État des

emballages en plastique sur les marchés et en magasin a accru la demande en feuille de

marantacées dans les villages autour d’Owando, et dans une moindre mesure d’Etoumbi.

3.2.1.2 Les activités agricoles

L’activité agricole repose sur des systèmes itinérants sur brulis, avec un temps de jachère de

12 ans en moyenne. L’ouverture de nouveaux champs s’effectue soit à la grande saison sèche,

de juin à septembre ou lors de la petite saison sèche de janvier à février. Durant cette période,

les hommes procèdent à l’abattage du petit bois, avec une fenêtre de temps de deux semaines,

puis, procèdent à l’abattage des gros arbres lorsqu’il s’agit d’un précédent forestier. Trois

semaines après l’ouverture du champ, celui-ci est brulé.

a) La culture du manioc

Le manioc constitue la base de l’alimentation. Il est consommé après transformation sous

forme de farine ou de pâte. Un ménage composé de 2 adultes et trois enfants consomme en

moyenne 58 kg de manioc frais par semaine. Il constitue la principale activité agricole dans

les villages. Il est cultivé en monoculture ou bien en association avec des ananas, du bananier

plantain, de la canne à sucre ou bien de l’arachide.

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Figure 7: Besoins en jours de travail pour la culture et la transformation du manioc.

La stratégie des agriculteurs consiste à créer des champs en association de culture à l’aide des

boutures de manioc à cycle court, ce qui limite la compétition en lumière entre les cultures de

manioc et les cultures associées. L’association de culture répond aux besoins du ménage en

produits alimentaires et aux opportunités de marché. Les champs de manioc occupent

variablement l’espace dans l’ensemble des villages autour d’Etoumbi. A Owando, par contre,

dans certains villages, les champs de manioc se situent systématiquement derrières les

maisons. Cette localisation s’explique par la présence de nombreuses terres inondables dans

cette région.

Tableau 4: Comparaison des rendements, marges brutes et productivités des champs de manioc (sur un

cycle de 3 ans)

Rendement

(kg/ha 3 ans)

Marge brute

(Manioc

frais) (€/ha

sur 3ans)

Travail (hj)

Productivité

du travail

(Manioc

frais (kg/hj)

Valorisation

du travail

(€/hj)

Manioc Owando 16 182 2 127 103 157 21

Manioc Etoumbi 17 052 2 241 105 162 21

Les superficies d’un champ de manioc varient de 0.25 ha à 2 ha. Les facteurs qui déterminent

le choix du site de création d’un champ de manioc dépendent de la disponibilité en main

d’œuvre lors du défrichage (occupations de l’heure, état de santé), de la perception de la

fertilité du sol, fondé sur la texture et la couleur. A partir des premières pluies à la mi-mars ou

en fin septembre, les actifs agricoles du ménage procèdent au billonnage du champ et à la

plantation des boutures du manioc jusqu’au mois de mai et décembre respectivement pour les

deux saisons.

La saison sèche de l’année 2 est l’occasion de procéder au sarclage du champ. La récolte

s’effectue toute l’année, à partir de 8 mois après la plantation pour les variétés les plus

précoces, et jusqu’à plus de deux ans pour les variétés tardives. La production résiduelle sur

Page 29: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

28

les parcelles laissées en jachère attire des animaux dans les pièges des chasseurs, disposés le

long des anciens champs.

b) L’arachide

La monoculture de l’arachide est très récente dans les villages aux alentours d’Etoumbi et

occupe une place de culture commerciale pour les femmes. Davantage à Owando, qu’à

Etoumbi, l’arachide est cultivée en association dans les champs de manioc, et contribue

essentiellement à la consommation familiale. Après le défrichage du champ, les femmes

procèdent au labour et au semis en ligne. Deux sarclages consécutifs visent à assurer la

croissance de la légumineuse. Un troisième sarclage a lieu un mois plus tard avant la récolte.

La récolte des fruits a lieu en fin de saison des pluies. Le rendement estimé d’un hectare

d’arachide est de 875 kg/ha (de gousses fraiches) avec une marge nette de 500 euros environs.

La valorisation brute d’une journée de travail est de 18 euros.

c) Le bananier

La culture du bananier n’est présente que dans les villages du secteur d’Owando. Elle est

conduite en culture pure. La création des plantations de bananier se fait généralement sur

précédent forestier, à la suite de coupe du bois et d’abattage des gros arbres.

Figure 8: Besoins en jours de travail pour la culture du bananier pour un cycle complet.

Les agriculteurs procèdent au piquetage en début de saison des pluies au mois de mars ou de

septembre. Cette opération consiste à tracer la parcelle, de façon à indiquer les lieux de

plantation. Les écartements sont de 2.5 m de long sur 3 m de large. S’ensuit la trouaison, et la

mise en plants sous terre jusqu’au collet. Les agriculteurs adoptent les variétés locales qu’ils

achètent auprès de leurs collègues. En première année suivant l’année de plantation, les

mauvaises herbes sont défrichées à partir de la fin de la saison des pluies et tout au long de la

saison sèche. En deuxième année, le tronc de bananier est plus haut. L’entretien des pieds de

bananier consiste à supprimer les feuilles mortes autour de la fleur censée produire le régime

de bananier. La récolte s’étale entre 22 mois et 24 mois après la plantation. Chaque bananier

Page 30: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

29

produit un régime. A la maturation du champ, une partie de la production est vendue dans les

villages, la majorité des régimes de bananes sont vendus à des grossistes basés à Owando.

Très généralement, les agriculteurs préfèrent créer un nouveau champ de bananier sur une

nouvelle parcelle, et y transférer les rejets. D’autres coupent le faux-tronc et suppriment les

jeunes rejets au profit d’un seul et le cycle recommence sur la même parcelle. Un champ de

bananier produit en moyenne 700 régimes avec une marge nette de 2776 euros pour

l’ensemble du cycle, une valorisation moyenne de la journée du travail sur l’ensemble du

cycle est de 22 euros.

d) Le palmier à huile

De nombreux palmiers sont visibles dans les villages, le long de la route ou derrière les cases.

Ces palmiers sont issus de noix de palmistes jetées après utilisation et poussent spontanément

dans les jachères et autour des villages.

Figure 9: Besoins en jours de travail pour la culture du palmier à huile.

Les plantations industrielles étant restées inexploitées depuis de nombreuses années, les

villageois des alentours ont parfois pris la liberté de récolter les régimes de ces plantations. Le

vieillissement des plantations industrielles a conduit certains villageois à créer eux-mêmes

leur plantation pour couvrir leurs besoins alimentaires et de commercialisation. Tout comme

le bananier, les plantations de palmier à huile sont créées sur précédent forestier. La plantation

est conduite en culture pure. Le matériel végétal provient de jeunes plantules des palmeraies

industrielles. En première année, après le défrichement de la parcelle, les parents et les ainés

procèdent au bornage de la parcelle et au piquetage en début de saison des pluies. S’ensuit la

collecte des plants dans les anciennes palmeraies industrielles et la plantation durant toute la

saison des pluies, de la mi-mars au début du mois d’août ou bien d’octobre à décembre. La

deuxième année est consacrée à l’entretien de la palmeraie par des opérations de désherbage

dans tout le champ et particulièrement autour des plants de palmier. Les opérations de

désherbage de l’ensemble du champ diminuent progressivement avec la croissance des

Page 31: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

30

palmiers. Certains planteurs (anciens travailleurs des plantations industrielles, ou bien ayant

été en contact avec des encadreurs agricoles) procèdent à l’entretien du pourtour des plants

sur un rayon équivalent à celui de la couronne, s’assurent de l’élimination des fougères

épiphytes sur le stipe lorsqu’il prend de l’âge. Les planteurs estiment que les fougèrent

fragilisent le pied de palmier (vieillissement, diminution de la production). La première

récolte des régimes intervient à la troisième année. Le nombre et le poids des régimes varient

avec l’âge de la palmeraie selon des phases de production.

Figure 10: Besoins de jours de travail au cours du cycle d’une palmeraie (pour 1 ha).

La Figure 10 montre les besoins en temps de travail au cours du cycle de vie d’une palmeraie.

La première année requiert 48 jours de travail, car nécessite le défrichement de la parcelle, la

trouaison et la plantation. Les années suivantes, la compétition avec les mauvaises herbes

implique des désherbages réguliers. Dès l’entrée en phase de maturité, (à partir de la troisième

année après plantation), le palmier gagne en hauteur. Les opérations d’entretien consistent au

désherbage des couronnes et requièrent en moyenne 21 jours de travail par an. La croissance

en hauteur du palmier exige deux jours en temps de travail supplémentaires à partir de la

onzième année pour les opérations de récolte. La replantation en fin de vie du palmier exige

également 30 jours de travail par an.

e) La transformation artisanale d’huile de palme brute

Les deux principaux procédés de transformation artisanale sont la transformation à la presse

manuelle largement répandue et la transformation au sac. La figure 11 montre les principales

étapes des deux types de procédés de transformation (Voir photographies en annexe 4).

Page 32: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

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Figure 11: Les principales étapes dans le processus de transformation artisanale de l’huile de palme brute.

Le tableau 5 compare les deux procédés de transformation artisanale, considérant la

production d’une même quantité d’huile de palme brute. La transformation au sac offre une

meilleure rentabilité, avec un taux d’extraction élevé alors que la transformation par les

presses manuelles valorise mieux le travail. La cuisson des noix de palmiste dans le cadre de

la transformation au sac accroît la quantité d’huile produite.

Ebouillantage

Récolte des régimes

Pressage des

noix sans eau

Pressage avec

eau

Egrappage au champ

Clarification de

l’huile

Pillage des noix au mortier

Fermentation

Séparation des fibres et des noix

Séchage des fibres de noix au soleil (5 à

7 heures)

Cuisson des fibres et pressage des fibres

dans un sac

Cuisson des noix d’amandes

Clarification de l’huile

Transformation à

la presse manuelle

Transformation

au sac

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Tableau 5 : Analyse comparée des procédés de transformation artisanale

Cycle d'extraction

d'huile à la presse

manuelle

Cycle d'extraction d'huile

au sac

Coût de la matière première (€/Kg) 0.081 0.081

Quantité de fruits détachés (Kg) 182 144

Quantité d'huile produite (L) 40 40

Densité huile de palme 0,91 0,91

Taux d'extraction (%) 20 25

Charges Fixes (€) 2 1

Charges variables (€) 6

Temps de travail en heures

(extraction uniquement) 2 8

Marge brute 52 52

Valeur ajoutée nette 31 40

Valorisation du travail (€/hj) 15 5

3.2.2 LA TYPOLOGIES ET TRAJECTOIRES DES MÉNAGES

Les formes de ménage et la constitution des cellules familiales, dans les villages sont très

flexibles. L’engagement de vivre en couple n’est pas contractuel. La transmission par voie

patriarcale de l’héritage est la règle et permet d’accéder pleinement aux ressources, mais

n’exclue pas également l’accès à travers la filiation matrilinéaire.

La fondation d’un ménage a lieu généralement pour des couples d’une vingtaine d’années.

L’avènement d’un nouveau-né amène les parents du nouveau père à lui construire une

nouvelle case dans le village. Il peut arriver que le ménage déménage pour aller s’installer

dans un autre village (activité salariale temporaire), ou dans le village de l’épouse. Le jeune

ménage crée de nouveaux champs de manioc sur la partie réservée au lignage paternel.

Une typologie des ménages a été réalisée d’après les activités génératrices de ressources

pratiquées. La figure 12 ci-dessous présente les principaux types de ménages d’après

l’évolution de leurs activités principales au cours de leur histoire de vie. Il peut y avoir des

transitions d’un type vers un autre, par exemple un ménage de type 3, vivant sur des

ressources générées à l’extérieur du village, peut pour une raison ou une autre devenir un

ménage de type 1, vivant principalement des produits de la culture du manioc et de la chasse,

ou de type 2, vivant principalement des produits de la culture du manioc et de la pêche. De

même les ménages de type 1 et de type 2 peuvent se rejoindre dans un type manioc et huile de

palme dans la troisième phase d’activités rémunératrices de leur vie.

Page 34: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

33

Figure 12: Trajectoires des principaux types de ménages.

3.2.2.1 Les Ménages de Type 1

Ce type de ménage est le plus dominant sur le site d’Etoumbi. Au début de la vingtaine, le

jeune couple s’initie à la culture du manioc sur des superficies inférieures à un demi-hectare,

suffisantes pour l’alimentation. Les activités non agricoles incluent la chasse au fusil sous le

mentorat de chasseurs expérimentés, l’initiation aux activités de pêche au panier, à l’hameçon,

et à la ligne qui visent la consommation familiale. Avec l’expérience et les gains obtenus, le

chasseur achète un fusil et en fait son activité principale jusqu’à l’âge de quarante ans où il

initie de nouveaux jeunes chasseurs. A ce moment, incapable de supporter de très longues

marches à répétition, la transition se fait en pratiquant la chasse au filet et au piège, qui

deviennent les activités principales. Les cultures associées ainsi que l’arachide sont des sources

de revenus monétaires non négligeables pour les femmes.

Type 3

Migration

Emploi salarié hors village Manioc (transformation)-

Jardin de case

Elevage Agriculture

village A

Type 1 Manioc- chasse

au fusil Manioc- Chasse

au filet -

Palmeraie

Manioc- chasse

au filet

Manioc

Transformation

artisanale

Manioc-chasse

au piège

Type 2

Manioc-Pêche Manioc-pêche

Consommation

familiale

Manioc-

Bananeraie-

Palmeraie

Manioc- Pêche –

Chasse au fusil

Manioc- Pêche

Manioc-

Palmeraie

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Figure 13: Evolution des marges nettes par activités dans un ménage de Type 1.

L’arrêt des naissances permet au ménage de créer de grandes superficies de champ vivrier et de

procéder à la transformation du manioc en grandes quantités. Au même moment, vers l’âge de

50 ans, ne pouvant plus supporter les longues marches en forêt, le chasseur se contente de

pratiquer la chasse au piège. La stratégie d’adaptation consiste à marier une nouvelle épouse

afin de s’assurer de la disponibilité alimentaire.

Après la phase d’initiation aux différentes activités agricoles et non agricoles, le jeune ménage

dégage des marges de revenus très importantes entre la trentaine et la quarantaine. L’arrêt des

naissances ainsi que l’accroissement des besoins en alimentation (croissance des jeunes enfants,

plus grand réseau social, implication dans les cérémonies), conduit à la création de champs de

manioc en association d’un hectare et demi et libère du temps pour la transformation de fufu.

Jusqu’ à l’âge de 40 ans, les activités non agricoles génèrent des revenus importants au sein du

ménage.

Figure 14: Evolutions des dépenses familiales dans un ménage de Type 1 (en €).

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35

Les principaux postes de dépenses dans un ménage de type 1 inclut les dépenses monétaires de

santé, d’habillement, et d’éducation). En complément à la production agricole, la famille achète

de nombreux produits manufacturés (alimentaires et hygiène). A la suite de l’installation du

ménage, le principal poste de dépense concerne les consultations prénatales et postnatales de la

maman et du bébé. La santé du nouveau né amène assez généralement les parents à se déplacer

vers des villes du pays où la qualité des soins semble être meilleure.

Lorsque les enfants grandissent, les dépenses de santé concernent les consultations et l’achat de

médicaments contre le paludisme. L’évolution des dépenses liées à l’éducation sont croissantes

du cycle primaire au cycle universitaire. Le manque d’établissement d’enseignement

secondaire pousse les parents à inscrire leurs enfants dans les villes les plus proches. Avec

l’âge, les parents acquièrent un statut social qui impose une certaine tenue vestimentaire lors

des palabres et cérémonies traditionnelles. Dans certains cas, à l’âge de 20 ans les premiers

enfants fondent leur ménages, ou bien vont en ville pour la poursuite des études, ce qui diminue

la valeur de la consommation familiale et accroit la demande monétaire. Dans d’autres cas, les

parents s’assurent du logement des enfants qui vont quitter tour à tour le village pour s’installer

à Brazzaville. Avec l’âge, la santé des parents devient fragile et nécessite assez souvent des

hospitalisations régulières.

Des femmes veuves, cultivent parfois des champs de manioc de l’ordre de 2 ha. Elles font

recours à de la main d’œuvre salariée pour les opérations de défrichement du champ et

d’abattage de gros arbres. Elles transforment le manioc frais en fufu, générant une grande

valeur ajoutée. La vente de fufu est destinée essentiellement à entretenir des dépendants hors du

village.

3.2.2.2 Les Ménages de Type 1a

Ce type de ménage est une variante du type précédent. La particularité de ce type de ménage

consiste à la création d’une palmeraie lors de la transition entre la chasse au fusil et la chasse au

filet et au piège (qu’il ne pratique que pour les besoins de consommation familiale). La

stratégie de création de palmeraie vise à s’assurer une retraite par la transformation des régimes

de noix de palme et l’acquisition d’un prestige social, initiateur d’une plantation. Le prestige

social se justifie par la volonté de transmettre à sa descendance un bien durable.

Figure 15: Evolution des marges nettes des activités agricoles et non agricoles dans un ménage de Type1a.

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36

Dans ce type de ménage, la marge des activités non agricoles diminue considérablement vers le

début de la quarantaine. En effet, le temps de travail est davantage consacré à la création d’une

nouvelle palmeraie, qui requiert de nombreux jours de travail les trois premières années pour le

défrichage, l’abattage et la collecte des plants. L’entrée en production de la palmeraie permettra

de dégager des revenus agricoles stables liés à l’activité de transformation artisanale. Les

activités non agricoles visent la consommation familiale quand elles ne sont pas abandonnées

pour certaines (chasses).

3.2.2.3 Ménages de Type 2

Ce type de ménage est le plus dominant sur le site d’Owando. Au début de la vingtaine le jeune

couple s’initie à la culture du manioc sur des superficies inférieures à un demi-hectare,

suffisantes pour l’alimentation. Les activités non agricoles incluent principalement l’initiation

aux différentes formes de pêche, à la chasse au fusil, destiné à la consommation familiale. A un

peu plus de la trentaine, l’activité de chasse est de plus en plus délaissée, car moins lucrative et

plus pénible que la pêche au barrage.

Figure 16: Evolution des marges nettes des principales activités d’un ménage de Type2.

La pêche à l’hameçon et à la ligne se pratiquent en saison des pluies, alors que la pêche au

barrage se pratique en saison sèche, ces deux précédentes activités concourent à satisfaire les

besoins en protéine du ménage. Lorsque les enfants grandissent, du temps est libéré et permet

au ménage de créer de grandes superficies de champ vivrier et de procéder à la transformation

du manioc en grandes quantités. Vers l’âge de 50 ans, les maladies à répétitions rendent

impossible les conditions de marche et de campement en forêt. Le pêcheur se contente des

maigres dividendes que lui procure son barrage et pratique de temps en temps la pêche à la

ligne dans la rivière la plus proche.

Les activités de chasse et de pêche génèrent d’importantes marges après la fondation du

ménage. C’est l’occasion d’investir dans l’achat d’une motocyclette, et pour certains d’acquérir

un bien immobilier en ville (Owando). Les opportunités de marché liées à la proximité de la

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37

ville et le passage de la route reliant Brazzaville et Ouesso au Nord du pays tirent la production

de cultures associées à l’instar de l’ananas, de la banane plantain, du citron et la transformation

de fufu.

Figure 17: Evolutions des dépenses familiales dans un ménage de Type 2, sur le site d'Owando.

L’ouverture sur l’axe routier Brazzaville Ouesso, ainsi que la proximité avec la ville d’Owando

accentuent l’importance des dépenses monétaires de santé, d’habillement, et d’éducation. En

plus de la production agricole, dont une part est vendue, les ménages achètent de nombreux

produits manufacturés alimentaires, d’hygiène et se déplacent fréquemment pour Owando. A

l’installation du ménage, le principal poste de dépense concerne les consultations prénatales et

postnatales de la maman et du bébé. La santé du nouveau-né amène assez généralement les

parents à se déplacer pour Brazzaville où la qualité des soins est réputée meilleure.

Lorsque les enfants grandissent, les dépenses de santé concernent les consultations et l’achat de

médicaments contre le paludisme. L’évolution des dépenses liées à l’éducation sont croissantes

du cycle primaire au cycle universitaire. Le manque d’établissement d’enseignement

secondaire pousse les parents à inscrire leurs enfants dans les villes les plus proches. D’autres

parents inscrivent leurs enfants dans des écoles privées, où la qualité des enseignements semble

de meilleure qualité. La proximité de la ville et des mœurs citadines impose une certaine tenue

vestimentaire en plus de celle exigée lors des palabres et cérémonies traditionnelles. Très

rarement, à l’âge de 20 ans les premiers enfants fondent leurs ménages. Assez souvent, ils

recherchent du travail salarié ou cherchent à intégrer l’armée, la fonction publique ou des

entreprises. Dans d’autres cas, certains vont en ville pour la poursuite des études, les parents

s’assurent du logement des enfants qui vont quitter tour à tour le village pour s’installer à

Brazzaville. Ceux n’ayant point réussi à s’intégrer en ville, rentrent fonder leur ménage au

village vers 30 ans. Avec l’âge, la santé des parents se fragilise et nécessite assez souvent des

hospitalisations régulières.

3.2.2.4 Ménage Type 2a et 2b

Ces types de ménage constituent une variante du type précédent. À l’instar du site d’Etoumbi,

Avec l’âge, le ménage opère une transition des activités non agricoles vers les activités

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38

agricoles. Le ménage de type 2a dispose en général d’une palmeraie tout comme à Etoumbi et

procède à la transformation artisanale à la presse manuelle, contrairement à Etoumbi où la

transformation s’effectue au sac. Le ménage de type 2b dispose d’une palmeraie et d’une

bananeraie en culture pure. Le ménage de type 2b n’exerce pas de chasse au début, pratique

exclusivement la pêche. A Owando particulièrement, les ménages cultivent la banane plantain

pour répondre à la demande urbaine de proximité.

Figure 18: Evolution des marges nettes des activités agricoles et non agricoles d’un ménage de Type2a.

Figure 19: Evolution des marges nettes des activités agricoles et non agricoles d’un ménage de Type2b.

3.2.2.5 Ménages de type 3

a) Type 3a : retour au village

Ce type de ménage concerne les ressortissants du village ayant vécu du travail salarié dans

d’autres villes du pays. Le retour au village s’impose à la suite d’un recul des activités

commerciales ou bien d’un licenciement. Ce type de ménage pratique exclusivement les

activités agricoles au retour du village. Les membres du ménage cultivent du manioc en

Page 40: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

39

association, et transforment du manioc frais en fufu. Ils disposent de réseaux d’informations

hors des villages et jouissent d’une influence lors des processus de négociation concernant les

affaires courantes du village. Ils bénéficient assez souvent des aides de développement de

projets agricoles.

b) Ménage Type 3b

Ce type de ménage ne cultive que des cultures annuelles et pluriannuelles destinées à la

consommation familiale avec le consentement du «propriétaire foncier». Ils sont généralement

des étrangers au village, ayant quitté leur propre village. N’ayant qu’un accès limité au

foncier, l’élevage de porcs s’impose à ce type de ménage. L’homme pratique la pêche à la

ligne en vue de la consommation familiale sur des rivières n’appartenant à aucun lignage.

3.2.2.6 Comparaison des Types

La comparaison des soldes de trésoreries cumulées des différents types de ménage permet de

savoir si les ménages sont dans une tendance de capitalisation, de stabilisation ou de

décapitalisation. Dans l’ensemble des cas, le ménage se fait aider lors de son installation, les

soins de santé constituant un poste de dépense monétaire important.

Figure 20: Comparaison des soldes cumulés des différents types de ménage.

L’arrêt des naissances, les opportunités de marché, la maitrise des techniques de chasse et de

pêche concourent à l’accumulation du capital au sein des ménages entre la trentaine et la

quarantaine. Les parents investissent dans la scolarisation des enfants, l’achat d’un moyen de

déplacement, la rénovation de l’habitat, l’acquisition d’un bien immobilier en ville où le

foncier est plus accessible (pour certains). Vingt ans plus tard, la diminution de la force de

travail caractérisé par l’incapacité de supporter de longues marches en forêt, amène le ménage

à se contenter d’activités non agricoles à faible rentabilité, destinés à la consommation

familiale. L’association des cultures et la transformation du manioc contribuent à faire face

aux dépenses du ménage. Les ménages de Type 1a, 2a et 2b ayant anticipé la chute des

Page 41: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

40

revenus des activités non agricoles se lancent dans les cultures commerciales. Cette transition

nécessite du temps de travail, ainsi que d’un accès au foncier. En effet, la terre se transmet

d’une génération à une autre. L’atteinte d’un âge avancé accroît la probabilité d’un accès plus

aisé au foncier. Les ménages de type 1a et 2a optent pour la création d’une palmeraie et

transforment régulièrement (deux fois par mois minimum) les noix en huile de palme. Le

ménage de type 2b combine la palmeraie et la bananeraie, ce qui permet de subvenir

largement aux besoins des dépendants de la famille hors du village et des besoins de santé.

3.3 PROSPECTIVE SUR LES MODÈLES DE PRODUCTION D’HUILE DE PALME ADAPTÉS À LA

RÉPUBLIQUE DU CONGO

Le modèle de production d’huile de palme proposé ici repose sur des unités de plantations

industrielles associées à une usine d’extraction d’huile rouge et à des plantations villageoises

encadrées, dans le cadre d’un contrat de partenariat entre une entreprise et des planteurs

villageois. Ce modèle est actuellement en train d’être mis en œuvre par la société Eco-Oil

Energie.

Le modèle technique des palmeraies villageoises co-construit avec les agriculteurs et le

coordonnateur du projet de palmeraies villageoises d’Eco-Oil Energie repose sur une

association de culture avec des bananeraies lors de la phase de croissance des palmiers. Entre

les lignes de palmiers plantés en quinconce avec des écartements de 9 mètres, des bananiers

seront plantés à une distance de 4.5 m entre les lignes de palmiers et de 3.4 m sur chaque ligne

de bananier (voir figure 21 ci-dessous). Le nombre de pieds de bananier en association est de

244. Le tableau 6 décrit les principales opérations culturales du modèle technique des

plantations villageoises et la quantité de main d’œuvre requise.

Figure 21 : dispositif de plantation en phase de croissance d’une palmeraie en association.

Palmier Bananier

4.5m

9m

9m

9m

3.4m

Page 42: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

41

Tableau 6: Description du modèle technique des palmeraies villageoises avec association de culture

Opération période Actifs

agricoles

Travail

(hj/ha)

Coupe du sous-bois Juin 1 15

Abattage des gros arbres Juillet 1 7

Brulis/brûlage Août 1 1

Sectionnement Fin Août 1 1

Piquetage Septembre 2 2

Trouaison Septembre 2 12

Plantation Octobre 2 12

Défrichement Février 2 8

Fertilisation année 1, (urée

et chlorure de potassium) Début mars ou début octobre 2 2

Défrichement Juillet 2 8

Mise en terre des plants de

banane Octobre 2 30

Ronds manuels jeune

palmeraie

Décembre-Février-Mai-Juillet-

Septembre-Décembre 2 48

Entretien du pourtour des

bananiers Février-Juillet-Décembre 24

Fertilisation année 2 (urée

et chlorure de potassium) Début mars ou début octobre 2 2

Fertilisation années 3 (urée

et chlorure de potassium) Début mars ou début octobre 2 3

Suppression des feuilles

mortes du bananier en âge

adulte

Décembre-Février-Mai 2 20

Récolte Septembre à Décembre 2 10

transfert des rejets de

bananiers vers la nouvelle

palmeraie

Septembre à Décembre 2 5

Abattage des troncs de

bananier, nettoyage de la

palmeraie

Janvier-Février 2 10

Ronds manuels palmeraie

adulte

Tous les deux mois (Février-Mai-

juillet-Septembre-Décembre) 2

5 à 7 (lié

à la

hauteur

des

palmiers)

Elagage, palmeraie adulte,

récolte Tous les mois 2 16 à 18

Abattage pour replantation

(à partir de 25 ans) Janvier-Février ou Juin/juillet 2 30

Page 43: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

42

L’apport d’engrais est conditionné par le précédent de culture. Un diagnostic foliaire est prévu

pour déterminer les doses d’engrais requises par secteur de plantation. Dès l’entrée en phase

de production, l’usage des rafles comme engrais organique est envisagée. Les planteurs seront

formés aux techniques de rabattage manuel des parasoliers (Musanga cecropioides).

Les deux saisons de pluies au cours de l’année permettront au ménage d’alterner la conduite

des cultures de champs vivriers, de pratiquer des activités de cueillette, de chasse et de pêche

en vue de la consommation familiale et d’entretien de la plantation. Le tableau 7 décrit les

principales phases de l’itinéraire technique de deux systèmes de culture à base de palmier et

de bananier. La prise en compte de la conduite d’un champ de manioc pour assurer la sécurité

alimentaire du ménage est d’un intérêt certain.

Tableau 7: Principales phases de l’itinéraire technique d’un système de production à base d’un système de

culture de palmier bananier et d’un système à base de manioc.

Année 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Création

palmeraie × × × × ×

Création d’une

bananeraie × × × × ×

Entretien/

récolte de la

bananeraie

× × × × × × × ×

Création du

champ de

manioc

× × × × ×

Entretien

/récolte du

manioc

× × × × × × × × ×

La figure 22 montre les temps de travaux exigés pour les deux systèmes de culture. La

conduite du système exige un temps de travail inférieur au nombre de jours de travail

maximal annuel de 250 jours.

Page 44: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

43

Figure22 : Temps de travaux requis pour deux systèmes de culture à base de palmier- bananier et un

système manioc sur 10 années.

La création des champs sur des anciennes jachères de manioc permettrait de réduire le temps

de travail lié à la coupe du bois et à l'abattage. D’un autre côté, le temps dédié aux activités

agricoles permettrait de diminuer le temps consacrés aux activités non agricoles et pourrait

ainsi diminuer la pression sur les ressources fauniques. Les activités de chasse et de pêche se

limiteraient à la satisfaction des besoins de consommation familiale.

L’association de culture d’une pérenne et d’une pluriannuelle en début de cycle offre

l’avantage économique de générer des marges bénéficiaires plus importantes qu’en culture

pure de palmier à huile, comme l’illustre la figure 23 pour les marges nettes projetées pour

chacun des modèles. La marge nette des bananiers en association est de 900 euros et pourrait

contribuer au remboursement des crédits octroyés par l’industrie sous forme d’appuis à la

production. En phase de maturité, la croissance en hauteur du palmier limite tout projet

d’association de culture d’autant plus que le pic de production de régimes sera atteint.

Page 45: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

44

Figure 23: Comparaison de la rentabilité d'un modèle de palmeraie en culture pure et d'une palmeraie en

association

En plus du gain en temps de travaux lié à l’ouverture des champs et à l’entretien des cultures,

l’association du bananier dans la stratégie de création des palmeraies permet de jouir de la

commercialisation des régimes de bananiers. La comparaison des projections des soldes de

trésoreries cumulées de plantations en association et en culture pure montre un faible solde

cumulé pour la palmeraie en culture pure pour les cinq premières années. Les planteurs

corroborent cette vision en expliquant que les retombées d’un projet de palmeraie mettent du

temps à se faire ressentir.

Figure 24: Comparaison des soldes d’une palmeraie en association et en culture pure.

Page 46: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

45

Le projet de palmeraies villageoises suivant une hypothèse maximale de création de 10

hectares par ménage générera pour une année de production en phase de croisière

1 955 158 €, 2 541 706 €, et 1 368 611 € de marge nette à l’échelle de l’ensemble des villages

considérant des prix de la tonne à 82 € et plus et moins 30% (voir Annexe7). Pour Owando, la

création de richesse est estimée à 5 302 390 €, 6 893 107 € et 3 711 673 € respectivement

considérant les trois prix (voir Annexe 8).

3.4. LES TYPES DE COMPROMIS –INDUSTRIES PLANTEURS

Deux modèles de partenariat ont été retenus dans le cadre d’un modèle d’agriculture

contractuelle nucléaire, construits lors des sessions d’échanges entre Eco-oïl Energie et les

planteurs dès la phase de sensibilisation et lors des différentes sessions de restitution sur

l’analyse des systèmes de production et de discussion sur les clauses de partenariat.

3.4.1. LE MODÈLE DE PARTENARIAT

Le modèle de partenariat repose sur un accord sur la commercialisation des régimes de noix

de palme. L’industrie garantit au planteur l’achat de sa production, la collecte des régimes et

un accompagnement technique. Le planteur s’engage à vendre toute sa production à

l’industrie partenaire. Les mécanismes de fixation des prix sont définis au préalable dans le

contrat liant les deux parties.

Durant la phase de plantation, les planteurs achètent les plants et les graines de plante de

couverture à l’industrie partenaire. N’ayant pas généralement les moyens d’acheter les plants,

la société peut fournir les plants sous forme de crédit qui sera remboursé par le planteur à

partir de l’entrée en production de la plantation. Le tableau 8 indique les prix unitaires des

plants et des semences de plante de couverture, ramenés à l’hectare. Dans ces conditions, le

capital à rembourser s’élève à 399 000 FCFA/ha de plantation.

Tableau 8: crédit octroyé aux planteurs dans le cadre d’un modèle de partenariat commercial

Appui de la société

Quantité

(1 ha)

Prix unitaire

(FCFA)

Prix total

(FCFA)

Plants 150 2500 375000

Plante de couverture (en Kg) 12 2000 24000

Total 399000

Les figures 25 à 33 présentent des simulations de plans de remboursement du capital

emprunté en faisant varier des taux d’intérêt de 9%, et 17 % (taux minima et maxima

pratiqués sur les marchés financiers en République du Congo), puis 0%. Les taux de

prélèvement mensuel sur la production sont de l’ordre de 50%, 35% et 15%. En effet, lors de

la négociation du contrat, les deux parties s’accordent sur les taux d’intérêts du capital à

rembourser et sur le pourcentage de la marge réalisée sur la vente des régimes de noix destiné

au remboursement. Dès l’entrée en production, un pourcentage des régimes récoltés est ainsi

destiné au remboursement du crédit. Les clauses de résiliation du contrat impliquent le

remboursement total de la dette à la société, à la date voulue.

Page 47: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

46

Taux d'intérêt=9%- Pourcentage de remboursement mensuel=50%

-600 000

-400 000

-200 000

-

200 000

400 000

600 000

800 000

1 000 000

1 200 000

1 400 000

1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29

Age de la plantation (années)

Val

eurs

(Fc

fa/a

n)

Taux d'intérêt=9%- Pourcentage de remboursement mensuel=35%

-600 000

-400 000

-200 000

-

200 000

400 000

600 000

800 000

1 000 000

1 200 000

1 400 000

1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29

Age de la plantation (années)

Val

eurs

(Fc

fa/a

n)

Taux d'intérêt=9%- Pourcentage de remboursement mensuel=15%

-1 000 000

-500 000

-

500 000

1 000 000

1 500 000

2 000 000

2 500 000

1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29

Age de la plantation (années)

Vale

urs (

Fcfa

/an)

Revenu net (Fcfa/ha)

Dette (Fcfa/an)

Produit net (Fcfa/an)

Figures 25 26, 27 : plan de remboursement prévisionnel du capital d’une palmeraie en modèle de partenariat avec

i=9%

Page 48: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

47

Taux d'intérêt=17%- Pourcentage de remboursement mensuel=50%

-1 000 000

-500 000

-

500 000

1 000 000

1 500 000

2 000 000

2 500 000

3 000 000

1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29

Age de la plantation (années)

Vale

urs

(Fcf

a/an

)

Taux d'intérêt=17%- Pourcentage de remboursement mensuel=35%

-2 000 000

-

2 000 000

4 000 000

6 000 000

8 000 000

10 000 000

12 000 000

1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29

Age de la plantation (années)

Val

eurs

(Fc

fa/a

n)

Taux d'intérêts 17%- Pourcentage de remboursement mensuel=15%

-5 000 000

-

5 000 000

10 000 000

15 000 000

20 000 000

25 000 000

30 000 000

1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29

Age de la plantation (années)

Vale

urs

(Fcf

a/an

)

Revenu net (Fcfa/ha)

Dette (Fcfa/an)

Produit net (Fcfa/an)

Figures 28,29,30 : plan de remboursement prévisionnel du capital d’une palmeraie en modèle de partenariat avec i=17%

Page 49: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

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Taux d'intérêt=0%- Pourcentage de remboursement mensuel=50%

-600 000

-400 000

-200 000

-

200 000

400 000

600 000

800 000

1 000 000

1 200 000

1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29

Age de la plantation (années)

Vale

urs (

Fcfa

/an)

Taux d'intérêt=0%- Pourcentage de remboursement mensuel=35%

-600 000

-400 000

-200 000

-

200 000

400 000

600 000

800 000

1 000 000

1 200 000

1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29

Age de la plantation (années)

Vale

urs

(Fcf

a/an

)

Taux d'intérêts 0%- Pourcentage de remboursement mensuel=15%

-600 000

-400 000

-200 000

-

200 000

400 000

600 000

800 000

1 000 000

1 200 000

1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29

Age de la plantation (années)

Vale

urs (

Fcfa

/an)

Figures 31, 32,33 : plan de remboursement prévisionnel du capital d’une palmeraie en modèle de partenariat avec

i=0%

Revenu net (Fcfa/ha)

Dette (Fcfa/an)

Produit net (Fcfa/an)

Page 50: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

49

Les figures 25, 26 et 27 mettent en évidence l’importance d’attribuer un pourcentage suffisant

de la marge générée par la plantation au remboursement de la dette. En effet avec un taux

d’intérêt de 9% il apparaît qu’un remboursement basé sur 15% de la marge ne permet pas de

rembourser la dette. Une allocation de 35% de la marge générée par la plantation au

remboursement permet de solder la dette 17 ans après la plantation, tandis qu’une allocation

de 50% de la marge réduit la période de remboursement à 14 ans.

Les figures 28, 29 et 30 indiquent la grande difficulté de rembourser un crédit sur la base d’un

taux d’intérêt de 17%. Même en consacrant 50% de la marge générée par la plantation, la

dette n’est pas soldée 25 ans après la plantation.

A l’opposée, un taux d’intérêt nul (figures 31, 32, 33) garantie le remboursement de la dette à

des échéances variées selon la part de la marge générée par la plantation consacrée au

remboursement.

La non-concordance entre le plan de remboursement et la période d'entrée en phase de

production maximale de croisière de la plantation pourrait compromettre la restitution des

annualités par les planteurs. La faible production de la palmeraie en phase de croissance et la

nécessité de destiner une grande partie de la marge de la vente des fruits au remboursement

diminuerait le revenu net perçu par les producteurs de manière trop importante. Ces derniers

pourraient être éventuellement tentés de vendre les régimes dans un circuit alternatif. Le

tableau 9 résume les échéances de remboursement considérant des taux d’intérêts et de

prélèvement variés. Un taux de prélèvement important raccourci la durée de remboursement,

alors qu’un taux de prélèvement faible rallonge l’échéance de remboursement du crédit. Le

poids de la dette sur les planteurs peut conduire à la rupture du partenariat.

Tableau 9 : Echéances (en années) de remboursement suivant des taux de prélèvement pour

remboursement sur production et taux d’intérêts variés.

Pourcentage de prélèvement 50 35 15

Echéance de remboursement (années) pour i= 0% 11 12 16

Echéance de remboursement (années) pour i= 9% 14 17 Hors cycle

Echéance de remboursement (années) pour i= 17% 25 Hors cycle Hors cycle

Un taux d’intérêt nul, fondé sur le remboursement uniquement du principal sans les intérêts

fournirait une certaine garantie quant à la vente exclusive des régimes de noix à l’usine de

transformation. En effet, la figure 34 ci-dessous illustre le différentiel de remboursement avec

des intérêts et considérant uniquement le principal.

Page 51: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

50

Figure 34 : Comparaison des modalités de remboursement avec taux d’intérêt de 9% et 0%.

Cette perspective de remboursement s’inscrirait dans une vision selon laquelle l’entreprise ne

se positionne pas sur le marché du crédit, mais plutôt renforce sa position auprès de ses

partenaires (les planteurs villageois) et ouvre la voie au respect des arrangements contractuels.

3.4.2 PALMERAIE VILLAGEOISE ENCADRÉE

Dans le cadre d’un modèle de palmeraie villageoise encadrée, l’agro-industrie fournit des

appuis et services à la production. Dans un second temps, dès l’entrée en production, la

société comptabilise les appuis et services fournis aux planteurs sous forme de crédit (voir

tableau 9). Dans ce modèle, il est mis à la disposition des planteurs un conseiller qui forme

ces derniers aux différentes techniques et les oriente sur les choix de terrains de plantation. Le

capital total susceptible d’être comptabilisé comme crédit s’élève à 889 000 FCFA (1 355 €)

illustré par le tableau 9. Il n’est pas exclu que dès l’entrée en production et lors de la fixation

du prix des régimes que le coût de l’encadrement technique et du diagnostic foliaire soient

calculés et débités sur la production des régimes de noix.

Page 52: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

51

Tableau 10: appuis comptabilisés sous forme de crédit aux planteurs dans le cadre d’un modèle de

partenariat encadré

Désignation de l'appui de la

société

Quantité

(1 ha)

Prix unitaire

(FCFA)

Prix total en

(FCFA)

Plants 150 2500 375000

Abattage des gros arbres

(location tronçonneuse,) 30000 30000 30000

Matériel agricole (trois premières années)

Machette 2 4000 8000

Limes 12 2000 24000

Gants 6 2000 12000

Bottes 6 10000 60000

104000

Plante de couverture 12 2000 24000

Engrais en phase de croissance

Urée (Kg/ha) 200g/palmier/an 42000 120456

Chlorure de potassium (Kg/ha) 500g/palmier/an 55000 235950

Total 356406

Total des appuis 889406

Comme précédemment, les figures 33 à 41 présentent des simulations de plans de

remboursement du capital en faisant varier des taux d’intérêt de 9%, et 17 %, puis 0%. Les

taux de prélèvement mensuels sur la production sont de l’ordre de 50%, 35% et 15%.

Page 53: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

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-1 000 000

-500 000

-

500 000

1 000 000

1 500 000

2 000 000

2 500 000

3 000 000

3 500 000

1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29

Age de la plantation (années)

Vale

urs (

Fcfa

/an)

Taux d'intérêt=9%- Pourcentage de remboursement mensuel=50%

-2 000 000

-

2 000 000

4 000 000

6 000 000

8 000 000

10 000 000

1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29

Age de la plantation (années)

Vale

urs

(Fcf

a/an

)

Taux d'intérêt=9%- Pourcentage de remboursement mensuel=15%

-1 000 000

-500 000

-

500 000

1 000 000

1 500 000

2 000 000

2 500 000

3 000 000

3 500 000

4 000 000

1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29

Age de la plantation (années)

Vale

urs (

Fcfa

/an)

Taux d'intérêt=9%- Pourcentage de remboursement mensuel=35%

Figures 35, 36,37 : plan de remboursement prévisionnel du capital d’une palmeraie en modèle de partenariat avec i=9%

Revenu net (Fcfa/ha)

Dette (Fcfa/an)

Produit net (Fcfa/an)

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53

-5 000 000

-

5 000 000

10 000 000

15 000 000

20 000 000

25 000 000

30 000 000

35 000 000

40 000 000

45 000 000

1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29

Age de la plantation (années)

Val

eurs

(Fc

fa/a

n)

Taux d'intérêts 17%- Pourcentage de remboursement mensuel=50%Taux d'intérêts 17%- Pourcentage de remboursement mensuel=35%

-10 000 000

-

10 000 000

20 000 000

30 000 000

40 000 000

50 000 000

1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29

Age de la plantation (années)

Val

eurs

(Fc

fa/a

n)

Taux d'intérêts 17%- Pourcentage de remboursement mensuel=35%

-10 000 000

-

10 000 000

20 000 000

30 000 000

40 000 000

50 000 000

60 000 000

70 000 000

1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29

Age de la plantation (années)

Vale

urs (

Fcfa

/an)

Figures 38,39,40 : plan de remboursement prévisionnel du capital d’une palmeraie en modèle de partenariat

avec i=17%

Revenu net (Fcfa/ha)

Dette (Fcfa/an)

Produit net (Fcfa/an)

Page 55: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

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Taux d'intérêts 0%- Pourcentage de remboursement mensuel=50%

-1 000 000

-500 000

-

500 000

1 000 000

1 500 000

2 000 000

1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29

Age de la plantation (années)

Val

eurs

(Fc

fa/a

n)

-1 000 000

-500 000

-

500 000

1 000 000

1 500 000

2 000 000

1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29

Age de la plantation (années)

Val

eurs

(Fc

fa/a

n)

Taux d'intérêts 0%- Pourcentage de remboursement mensuel=35%

Figures41,42,43 : plan de remboursement prévisionnel du capital d’une palmeraie en modèle de partenariat avec i=0%

Revenu net (Fcfa/ha)

Dette (Fcfa/an)

Produit net (Fcfa/an)

Page 56: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

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Les figures 35, 36 et 37 mettent en évidence l’importance d’attribuer un pourcentage suffisant

de la marge générée par la plantation au remboursement de la dette. En effet avec un taux

d’intérêt de 9% il apparaît qu’un remboursement basé sur 15%, même 35% de la marge ne

permet pas de rembourser la dette. Une allocation de 50% de la marge générée par la

plantation au remboursement permet de solder la dette 24 ans après la plantation.

Les figures 38, 39 et 40 indiquent la grande difficulté de rembourser un crédit sur la base d’un

taux d’intérêt de 17%. Quel que soit le pourcentage de la marge nette dédiée au

remboursement de la dette, elle ne saurait être soldée durant tout le cycle après la plantation.

A l’opposée, un taux d’intérêt nul (figures 41, 42, 43) garantie le remboursement de la dette à

des échéances variées selon la part de la marge générée par la plantation consacrée au

remboursement. Le tableau 10 résume les échéances de remboursement considérant des taux

d’intérêts et de prélèvement variés. En comparaison avec le modèle de partenariat, le modèle

de palmeraie villageoise encadrée en offrant davantage d’appuis et services aux planteurs

risque de les maintenir dans un état de déficit financier permanent. Ici, les risques de rupture

du contrat sont plus importants que dans le modèle de partenariat. En effet, la possible prise

en compte d’autres coûts tels que le diagnostic foliaire, le salaire des employés de l’entreprise

et le budget de fonctionnement du responsable en charge des plantations villageoises pourrait

être comptabilisé en plus sur le capital à rembourser à l’agro-industrie, ce qui rendrait la dette

très difficile à rembourser.

Tableau 10 Echéances (en années) de remboursement suivant des taux de prélèvement sur

production et taux d’intérêts variés

Pourcentage de prélèvement 50 35 15

Echéance de remboursement pour i= 9% 24 Hors cycle Hors cycle

Echéance de remboursement pour i= 17% Hors cycle Hors cycle Hors cycle

Echéance de remboursement pour i= 0% 15 16 24

3.5. PROPOSITIONS POUR UN CONTRAT DE PARTENARIAT

3.5.1. LA DÉMARCHE CONDUISANT AUX PROPOSITIONS

Les propositions soumises à l’appréciation des parties-prenantes sont fondées sur les

observations tout au long de la première phase de diagnostic et des analyses du contexte

historique sur les palmeraies villageoises et industrielles, ainsi que sur la compréhension des

systèmes de production agricole, de la tenure foncière, de l’organisation administrative et

traditionnelle dans les villages, de l’organisation managériale de la société agro-industrielle et

des relations entre les acteurs. Les éléments précités facilitèrent une revue de littérature axée

sur l’agriculture contractuelle, se rapportant à notre thématique: agriculture contractuelle

centrée sur la culture du palmier à huile, industrie de transformation. Les principes et critères

RSPO (annexe 8) sur lesquels reposa notre analyse sont en particulier les critères liés au

principe 6, traitant de l’équité du contrat de partenariat, de la considération responsable des

employés, particuliers et communautés affectés par les producteurs ou l’usine.

Page 57: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

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Lors des enquêtes, les propositions ont été organisées en plusieurs sections (voir annexe 9) : la

première section concerne les conditions générales du contrat, ensuite une autre section traite

des obligations des planteurs villageois contractualisés, suivi d’une section sur les obligations

de l’industrie partenaire. Une quatrième section traite des éléments importants à prendre en

considération dans le cadre du contrat de partenariat (les fondements de l’interaction entre les

deux contractants, l’interaction fondés sur certains des principes et critères RSPO). Des

discussions de groupe et des entretiens individuels avec les cadres du Ministère de

l’agriculture ont permis de recueillir des points de vue différents sur ces propositions.

3.5.2. LA NATURE DU CONTRAT

La durée du contrat serait négociable toutes les 3 années. La résiliation du contrat implique le

remboursement des crédits. L’industrie procéderait à des discussions ouvertes dans les

villages en expliquant les implications de l’ensemble des clauses au préalable dans les

villages.

La justification d’un titre de propriété comme préalable à la contractualisation constitue un

intérêt pour l’industrie, mais pas forcément pour les planteurs.

Dans certains villages à proximité des anciennes palmeraies de la RNPC, certains agriculteurs

ont sollicité une certaine flexibilité quant à la possibilité de transformer une partie des régimes

de noix en huile de palme (pour la consommation familiale, la vente sur les marchés).

La vente d’huile de palme procure assez rapidement des revenus monétaires aux planteurs.

Les agriculteurs proposèrent également de vendre l'huile de palme en cours d'exploitation sur

les marchés locaux.

3.5.3. LES ATTENTES DU PROJET DANS LES VILLAGES

Les attentes dans les villages concernent l’encadrement technique, d’appui à la production

(abattage), les appuis financiers (perçus comme un geste d’encouragement qui susciterait une

obligation morale de respecter les contrats). Cette dernière attente exprimée dans les villages

traduit une volonté de disposer de garanties quant au succès du projet, les agriculteurs ayant

peur d’être abandonnés comme ce fût le cas à l’époque des organismes de régulation publique

du cacao et du café.

3.5.4. LA FIXATION DES PRIX

En matière de fixation du prix des régimes, une emphase a été mise sur la perception de la

notion de dette, des variations de prix sur les marchés mondiaux, de l’explication dans les

villages des implications du remboursement des appuis reçus par l’industrie et des modalités

de fixation des prix.

Des processus de négociations transparentes entre les villageois et l’industrie permettraient

d’aboutir à une fixation du prix satisfaisantes pour l’ensemble des acteurs et éviterait des

ventes dans des circuits alternatifs.

3.5.5 LE RÔLE ET MODE DE DÉSIGNATION DES REPRÉSENTANTS

La désignation des représentants des palmeraies villageoises se ferait à travers des élections

dans les villages, ce qui constituerait une incitation à l’adhésion au contrat de partenariat.

D’après les planteurs, la structuration des représentants des palmeraies villageoises se

Page 58: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

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fonderait sur le mode d’organisation administrative actuelle. En effet, dans chaque village, un

président du comité de village est l’agent de liaison avec le sous-préfet.

La vision du contrat de partenariat s’insère dans une perspective de contrat individuel. Dans le

cadre d’un contrat industrie-planteurs, l’organisation des planteurs villageois viserait à rendre

services aux membres (en termes d’accès à l’information, répartition des intrants, délégation

des voix de négociation).

3.5.6 LES MODALITÉS DE COMMUNICATION

L’une des principales attentes dans les villages concerne la communication avec les cadres

d’Eco-oil Energie, des sessions d’échanges avec le PDG de l’industrie. La tenue de réunions

trimestrielles avec les responsables des palmeraies villageoises. Les planteurs ont insisté sur la

nécessité de disposer d’un interlocuteur auprès d’Eco-oil Energie qui puisse répondre à leurs

sollicitations.

3.5.7 DES MÉCANISMES DE GESTION EFFICACE DES LITIGES

Le respect des engagements contractuels, par chaque partenaire passe par la connaissance de

clauses contractuelles. Des mécanismes susceptibles de favoriser le respect des clauses

seraient connus de tous. Ainsi, la résolution des litiges serait établie à travers des accords

consensuels et reconnus par les deux contractants, qui viseraient dans un premier temps une

résolution à l’amiable et le recours à un mécanisme d’arbitrage externe si le problème n’est

pas résolu. Tout partenaire saisi en cas de litige devrait répondre de façon constructive et dans

des délais brefs. Les résultats issus des mécanismes de gestion des conflits seraient

accessibles à tous et serviraient à l’élaboration de procédures futures de gestion des conflits.

La gestion d’une plainte pourrait être traitée dans un premier temps par un comité constitué du

représentant des planteurs villageois au sein du village, du chef du village, du représentant de

l'ensemble des planteurs villageois dans la zone de production, de l'assistant en charge des

plantations villageoises et du chef de zone.

3.5.8 DES PROPOSITIONS D’ARRANGEMENTS FONCIERS

L’exigence d’un titre de propriété comme condition au partenariat entre planteur et industrie

permettrait de garantir le bon fonctionnement du contrat de partenariat et d’éviter les conflits

liés à l’héritage au sein de la famille. La sécurisation foncière constituerait une assurance pour

le promoteur que sa descendance bénéficiera de ses efforts.

Le projet de reconnaissance des associations de familles foncières ouvre la perspective à de

nouvelles innovations en matière de transactions foncières. La signature d’un bail entre

l’association familiale et un requérant extérieur apparait comme un compromis équitable entre

la famille foncière et le requérant à la terre. En effet, la terre est considérée comme un bien

familial durable, sans toutefois exclure la jouissance à un tiers. Le principe a été bien accueilli

auprès des « propriétaires terriens ». Ils insistent néanmoins sur le respect des règles afin de

ne point devenir une stratégie amenant à les déposséder de leurs terres.

Adjei et al, (2012) illustrent le développement d’arrangements fonciers dans le secteur

élaeicole au Ghana. Ils mettent en évidence un meilleur avantage tiré par le locataire dans le

cadre de baux emphytéotiques par rapport à un modèle de métayage. Le développement de

transactions foncières ouvrent la voie à une financiarisation du milieu rural. En effet, l’essor

de la culture du palmier accorde une nouvelle valeur au foncier suceptible de marchandage

Page 59: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

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pour droit d’usufruit.

Les parties-prenantes impliquées dans un modèle de compromis foncier seraient la compagnie

industrielle, l’association familiale foncière, et un postulant à la terre pour y développer une

plantation. L’association de la famille foncière doit être reconnue par les services

déconcentrés du cadastre, avec un règlement intérieur de la famille publié et validé par les

membres. L’association familiale doit s’affilier à la fédération des familles foncières du

Congo. L’industrie fournira l’expertise pour le choix des sites de plantation en accord avec la

famille foncière, fournira le matériel végétal au postulant et un accompagnement technique.

Ce dernier jouit de la plantation pour une durée négociée avec la famille et doit vendre

l’ensemble de sa production à l’usine de la compagnie industrielle partenaire. Dès l’entrée en

production, l’industrie, déduira de la production premièrement un loyer au profit de

l’association familiale et deuxièmement restituera le reste des bénéfices générés au planteur. Il

s’agit là d’une forme de contrat de métayage entre la famille foncière et le planteur, sous la

garantie de l’entreprise qui reversera directement et séparément les parts qui leurs reviennent

au planteur et à la famille foncière.

3.5.9 DES PROPOSITIONS DIFFICILEMENT COMPRÉHENSIBLES

Les propositions liées à la préservation de l’environnement sont positivement notées par le

staff technique de la société Eco-Oil Energie. Ces derniers mettent en évidence le manque de

réalisme de certaines propositions qui vise à préserver l’environnement. La volonté absolue de

conservation est perçue comme un obstacle à la réussite au projet. L’agro-industrie estime

qu’ils mériteraient des compensations pour l’adoption de certains types de pratiques, qui

génèrent des coûts supplémentaires, et attendent l’implication des institutions se revendiquant

de la préservation de l’environnement en termes d’appuis multiformes.

Cette dernière préoccupation soulève des interrogations quant à la question du financement

pour l’adoption de bonnes pratiques en vue de la préservation de l’environnement, du rôle des

institutions faisant la promotion de la protection de l’environnement (en termes

d’accompagnement), de la coordination des efforts entre les acteurs eux-mêmes et

l’accompagnement des acteurs privés dans des processus de certification environnementale et

de la coopération entre institutions.

D’un autre côté, l’entreprise s’est engagé volontairement à se faire certifier RSPO, ce qui

suppose que les agents de la société interrogés à cet effet, n’avaient certainement pas encore

reçus d’information ni de formation à ce sujet.

La société Eco-Oil Energie a en effet déposé en septembre 2015 une demande à la RSPO pour

en devenir membre, ce qui implique un engagement à faire certifier l’ensemble de ses

plantations de palmier à huile. L’existence d’un débouché pour l’huile de palme certifiée

constituerait justifierait une telle démarche.

Page 60: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

59

3.5.10 PERCEPTION SUR LES PROPOSITIONS DISCUTÉES AVEC LES ACTEURS

Le tableau 11 présente les indices de perception liés aux parties prenantes en fonction du type

de propositions à considérer dans un contrat de partenariat industries-planteurs.

Tableau 11: Indices de perception par types de proposition et catégorie d’acteurs, score moyen (écart-type) (Scores : 1 : Pas du tout important, 2 : Faiblement important, 3 : Important, 4 : Très important, 5 : Indispensable)

Agriculture (2 cadres)

Cadastre (3 adres)

Eco-oil (3 cadres)

Villages

(24 personnes)

Conditions générales du contrat de partenariat 3,81 (0,34) 4,11 (0,1) 3,45 (0,38) 3,15 (0,86)

Obligation des plantations villageoises 4 (0,15) 3,9 (0,31) 4,27 (0,44) 3,93 (0,08)

Obligation des industries 4,22 (0,07) 4,33 (0,12) 4 (0,17) 4,74 (0,73)

Propositions relatives à la viabilité économique 5 (0,85) 5 (0,79) 5 (1,17) 5 (0,99)

Propositions relatives au principe sur

l'utilisation des meilleures pratiques pertinentes

par les producteurs et l'usine 3,6 (0,55) 3,6 (0,61) 3,2 (0,63) 2,46 (1,55)

Propositions relatives aux méthodes de

communications 4,16 (0,01) 4,16 (0,05) 2,83 (1) 3,48 (0,53)

Propositions relatives à la gestion des litiges 4,83 (0,68) 4,83 (0,62) 4,5 (0,67) 4,77 (0,76)

Propositions relatives à l'équité et la

transparence 3,8 (0,35) 4 (0,21) 3 (0,83) 4,16 (0,15)

Propositions relatives au développement

durable local 4 (0,15) 4 (0,21) 4,25 (0,42) 4,33 (0,32)

Les indices unanimement élevés se rapportent aux propositions relatives à la viabilité

économique et à la gestion des litiges, ainsi que sur l’ensemble des propositions liées au

développement durable local. Ces scores relevés obtenus traduisent la volonté des villageois

de disposer des garanties du succès du projet et traduit leur inquiétudes par rapport aux échecs

des anciennes tentatives de relance de la culture du palmier à huile. Ainsi , les propositions

relatives aux obligations de chaque partie-prenantes, font l’unanimité auprès de l’ensemble

des parties-prenantes intérrogées.

Avec des scores relativement bas, les perceptions des acteurs sont divergentes quant aux

propositions relatives à de meilleures pratiques agronomiques, ne constituant pas la priorité

pour ces derniers dans le cadre du projet de palmeraies villageoises. La même observation

peut-être faite concernant les propositions relatives aux méthodes de communication. On en

déduit un meilleur intérêt des villageois pour la communication, alors que les cadres d’Eco-oil

n’en ressentent pas forcément l’utilité.

Page 61: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

60

CONCLUSION

L’objectif global de notre étude était d’analyser la place de la culture du palmier à huile dans

les systèmes de productions villageois, de co-construire un itinéraire technique de palmeraie

villageoise, d’identifier les contraintes et opportunités liées au projet et identifier les

conditions préalables à l’établissement d’arrangements contractuels entre industrie et

planteurs.

La modélisation des marges nettes des différentes types d’exploitations agricoles permet de

conclure que l’adoption du palmier à huile aurait des impacts positifs pour les revenus des

ménages dans la durée. En outre, l’adoption du palmier à huile permettrait d’augmenter la part

des activités agricoles dans le temps de travail et le revenu des villageois et limiterait la

pression sur les ressources forestières exercée par les activités de chasse, de cueillette et de

pêche. Ainsi, les activités de chasse et de pêche pourraient se limiter à la consommation

familiale.

La sécurité et l’accès au foncier sont des facteurs déterminants à la réussite d’un projet de

développement de palmeraies villageoises.

La co-conception d’un modèle de palmeraie villageoise avec les villageois, les anciens

travailleurs de la RNPC et le coordonnateur du projet de palmeraies villageoises d’Eco-Oil

Energie a permis de conclure que l’association d’une pérenne et d’une pluriannuelle durant la

phase de croissance des palmiers à huile permettrait de générer des gains économiques plus

importants qu’une plantation monospécifique.

Le partenariat entre planteurs et industrie permettra aux agriculteurs de bénéficier d’un

ensemble d’appuis (engrais, appui technique, plantes de couverture, matériel aratoire, etc.)

comptabilisé sous forme de crédit à rembourser dès l’entrée en production. L’analyse des

différents plans de remboursement possibles montre que (i) des taux d’intérêt trop élevés

compromettent la rentabilité d’une palmeraie villageoise, (ii) des taux de prélèvement sur

production pour remboursement du crédit élevés en début de production raccourcissent les

échéances de remboursement. Une nouvelle vision du mode de financement d’arrangement

contractuel appliqué au secteur privé constituerait pour l’entreprise non pas un positionnement

sur un marché du crédit mais plutôt un positionnement sur un marché social, visant à s’assurer

la fidélité des planteurs et la durabilité du partenariat, grâce à l’accroissement continu des

revenus net perçus par les producteurs.

Le bon fonctionnement d’un contrat de partenariat est conditionné par : la durée du contrat, la

négociabilité, le renouvellement du contrat, la fixation des prix, la communication, les

mécanismes de gestion interne des litiges et d’arbitrage externe le cas échéant.

Une analyse spatiale aurait permis de discuter et de planifier l’aménagement du territoire

villageois et la localisation des futures palmeraies. L’institution d’une plateforme

d’exploitations agricoles de références en vue de recueillir des données chaque année

permettrait de tester des scénarios et d’affiner les modélisations à l’échelle des ménages.

Page 62: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

61

RECOMMANDATIONS

La recherche d’une meilleure coordination entre acteurs permettrait de conjuguer les efforts

d’institutions publiques et privées pour une meilleure planification du développement. En

effet, les acteurs du secteur privé pourraient bénéficier des opportunités liées au financement

de la préservation de l’environnement dans le cadre du programme national REDD+, par

exemple en faisant la promotion de la création de palmeraies en zones de savanes.

Des recommandations plus précises :

1. Au Gouvernement : D’inclure les services déconcentrés des forêts, de l’administration territoriale, de

l’agriculture et du cadastre à l’échelle des zones de projet en vue d’un aménagement

efficient du territoire, et d’une participation à la gestion du contrat de partenariat.

De légiférer en matière d’une nécessité de création d’un département en charge des

plantations villageoises dans chaque société investissant dans un projet agro-industriel

impliquant des agriculteurs.

2. Au secteur industriel : D’assurer une communication régulière et transparente avec les planteurs, afin

d’instaurer et préserver un climat de confiance entre les parties-prenantes.

3. Aux ONG et associations de la société civile :

D’accompagner les processus de sécurisation foncière en concertation avec les acteurs

du secteur privé et les services de l’état ;

D’accompagner la bonne marche du partenariat en sensibilisant les parties-prenantes

sur les enjeux potentiels du projet et les options alternatives envisageables.

4. A la recherche : D’initier des programmes dédiés à la recherche d’une gestion optimale des ressources

forestières en intégrant les activités agricoles.

Page 63: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

62

RÉFÉRENCES

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4: 212–223.

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DC: World Bank.

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Page 64: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

63

ANNEXES

ANNEXE 1 : CARTE ADMINISTRATIVE DU CONGO

Divisions administratives de la République du Congo (12 départements)

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ANNEXE 2 : QUESTIONNAIRE ENQUÊTE TECHNICO-ÉCONOMIQUE

Fiche N° ............................Date : ..................................

District:.................................................................Village………………………………

A. IDENTIFICATION

1- Nom de l’enquêté ………………………………………………………………

2- Genre : Masculin 1Féminin 2

3- Tranche d'âge:

senior >60, 20-60 parents, 15-20 jeunes célibataires.

4- Combien de personnes vivent dans ce ménage ?

Genre Moins de

15 ans

15-20 ans 21-60 ans > 60 ans Actifs

agricoles

Masculin

Féminin

5- Activités

Activité principale (Monsieur et Mme)……………………

Autres activités (type de culture, chasse, pêche, cueillette, exploitation du bois, transformation,

commerce, transport, emploi, responsabilité publique ....) : ……………………

6- Surface agricole utile du ménage Cultures/Jachère Longueur Largeur Superficie en m² Superficie en ha

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65

a) Calendrier d'activités par culture et par activité

Dates Activités Qui Nombre

de jours

Nombre

d'heures

par jour

Nombre

de

personnes

M.O. Intrant

ou

sortant

Quantité Prix

unitaire

Cout Total

Homme Femme Enfant

Homme jour = femme jour? / Moins de 15 et plus de 60 sont des demi-hommes jr

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66

a. Amortissement du matériel

Matériel Quantité Prix d'achat

(année) Durée de vie Amortissement

b. Part de la consommation familiale

Produits issus de

l'ens. des activités

Quantité

produite (Kg, L)

Quantité

consommée (Kg,

L)

Quantité vendue

(Kg, L)

Cout du transport

Culture= ensemble des productions des cultures annuelles et pérennes ainsi que des produits

de cueillette, chasse, pêche. Ne pas oublier de ramener chaque élément de culture à 1 ha lors

de l'analyse.

c. Informations de prix

Prix du marché (Fcfa) Produits

(1kg)

Janvier Fevrier Mars Avril Mai Juin Juillet Aout Septembre Octobre Novembre Décembre

d. Revenus extérieurs (pension, rente foncière, aide familiale...)

Activités (Revenus hors

exploitation)

Revenus Fréquence/ Périodes

e. Destination des revenus

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67

ANNEXE 3: MARGES NETTES PAR ACTIVITÉS

Etoumbi Owando

Marge nette

(€/an)

Marge

horaire

(€/heure)

Valorisation

brute d'une

journée de

travail (€/hj)

Marge nette

(€/an)

Marge

horaire

(€/heure)

Valorisation

brute d'une

journée de

travail (€/hj)

Activités

agricoles

Arachide

Manioc 1 688 1,2 8 2 353 1,1 8

Huile rouge au sac 1 366 1,2 8

Huile rouge à la presse

manuelle 704 3,7 26

Bananes 2 776 3,1 22

Chasse

Chasse au filet 122 0,9 6

Chasse au fusil 4 243 4,9 34 1 880 2,6 18

Chasse au piège 739 1,1 8

Pêche

Pêche au barrage 3 685 3,3 23

Pêche à l’hameçon 335 4,0 28 293 1,2 8

Pêche à la ligne 213 2,5 18 155 0,6 5

Pêche au panier 791 2,1 14 1 210 2,8 20

Ramassage

cueillette

Feuilles de

maranthacées et de

gnetum

293 1,0 7 539 1,1 8

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ANNEXE 4 : PHOTOGRAPHIES DES PROCESSUS DE TRANSFORMATION ARTISANALE

Transformation au sac

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Presse manuelle

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ANNEXE 5: ESTIMATION DE L’AIRE DE RÉPARTITION DU PROJET ET OCCUPATION DE L'ESPACE

Formule de l'aire d'un cercle pi*r2

Pi= 3,141592654 Surface plantations industrielles Owando (ha) 6000

r (Km)= 30

Surface plantations industrielles Etoumbi

(ha) 7000

r2 (Km2)= 900 Surface plantations villageoises Owando (ha) 3390

A(R=30Km) en Km2 2827,433388 Surface plantations villageoises Etoumbi (ha) 1250

A (ha)= 282743,3388

sachant que 1Km carré=100ha

Occupation espace Etoumbi (en%) (plantations villageoises)

0,44209706

Occupation espace Owando (en%) (plantations villageoises)

1,19896724

Occupation espace Etoumbi (en%) (plantations villageoises et industrielles)

3,32103315

Occupation espace Owando (en%) (plantations villageoises et industrielles)

2,91784062

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ANNEXE 6 : PROJECTION DES QUANTITÉS PRODUITES EN PHASE DE CROISIÈRE, ET DE LA CRÉATION DE RICHESSE ANNUELLE EN PHASE DE CROISIÈRE (OWANDO)

Villages

d'Owando

Nombre

de

ménages

Surfaces

maximales de

plantation

par village

(ha)

Poduction

espérée par

village en

phase de

croisière (en

tonnes)

Création de

richesse

considérant

un prix

P1(Fcfa)

Création de

richesse

considérant

un prix P1(€)

Création de

richesse

considérant

un prix

P2(Fcfa)

Création de

richesse

considérant

un prix

P2(€)

Création

de richesse

considérant

un prix

P3(Fcfa)

Création de

richesse

considérant

un prix

P3(€)

Endeke 50 500 9500 513000000 782063,4584 666900000 1016682,496 359100000 547444,4209

PouerheI 11 110 2090 112860000 172053,9609 146718000 223670,1491 79002000 120437,7726

PouerheII 16 160 3040 164160000 250260,3067 213408000 325338,3987 114912000 175182,2147

Ibeke 23 230 4370 235980000 359749,1909 306774000 467673,9481 165186000 251824,4336

Abeya 13 130 2470 133380000 203336,4992 173394000 264337,4489 93366000 142335,5494

Otende 83 830 15770 851580000 1298225,341 1107054000 1687692,943 596106000 908757,7387

Ossonga 10 100 1900 102600000 156412,6917 133380000 203336,4992 71820000 109488,8842

Ossake 10 100 1900 102600000 156412,6917 133380000 203336,4992 71820000 109488,8842

Ombogno 10 100 1900 102600000 156412,6917 133380000 203336,4992 71820000 109488,8842

Abaokelo 55 550 10450 564300000 860269,8043 733590000 1118350,746 395010000 602188,863

Okonga 6 60 1140 61560000 93847,61501 80028000 122001,8995 43092000 65693,33051

Esseleboko 21 210 3990 215460000 328466,6525 280098000 427006,6483 150822000 229926,6568

Linguinawe 11 110 2090 112860000 172053,9609 146718000 223670,1491 79002000 120437,7726

Oyengui 20 200 3800 205200000 312825,3834 266760000 406672,9984 143640000 218977,7684

Total 339 3390 64410 3478140000 5302390,248 4521582000 6893107,323 2434698000 3711673,174

Nombre d'hectare maximal par

planteur(ha) 10

Production moyenne espérée en phase de

croisière(t) 19

Marge par ha en phase de croisière en

Fcfa/€ P1 54000 P2 70200 P3 37800

P2=P1+30%P1 P3=P1-30%P1

Page 73: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

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ANNEXE 7: PROJECTION DES QUANTITÉS PRODUITES EN PHASE DE CROISIÈRE, ANNUELLE EN PHASE DE CROISIÈRE (ETOUMBI)

Villages

d'Etoumbi

Nombres

de

ménages

Surfaces

maximales de

plantation

par village (en

ha)

Poduction

espérée par

village en

phase de

croisière (en

tonnes)

Création

de richesse

espérée P1

Création de

richesse

considérant

un prix

P1(Fcfa)

Création de

richesse

considérant

un prix

P1(€)

Création de

richesse

considérant

un prix

P2(Fcfa)

Création

de richesse

considérant

un prix

P2(€)

Création de

richesse

considérant

un prix

P3(Fcfa)

Alieni 35 350 6650 359100000 547444,4209 466830000 711677,7472 251370000 383211,0946

Mvouoma' 15 150 2850 153900000 234619,0375 200070000 305004,7488 107730000 164233,3263

Tchierre 22 220 4180 225720000 344107,9217 293436000 447340,2982 158004000 240875,5452

Adinga 12 120 2280 123120000 187695,23 160056000 244003,799 86184000 131386,661

Palabaka 11 110 2090 112860000 172053,9609 146718000 223670,1491 79002000 120437,7726

Obako 2 20 380 20520000 31282,53834 26676000 40667,29984 14364000 21897,77684

Àkana 19 190 3610 194940000 297184,1142 253422000 386339,3485 136458000 208028,8799

Mbolepaka 9 90 1710 92340000 140771,4225 120042000 183002,8493 64638000 98539,99576

Total 125 1250 23750 1282500000 1955158,646 1667250000 2541706,24 897750000 1368611,052

Nombre d'hectare maximal

par planteur(ha) 10

Production moyenne espérée en phase de

croisière(t) 19

Marge par ha en phase de croisière en

Fcfa/€ P1 54000 P2 70200 P3 37800

P2=P1+30%P1

P3=P1-

30%P1

Page 74: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

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ANNEXE 8 : PRINCIPES ET CRITERES MOBILISES POUR L’ENQUETE DE PERCEPTION

1. Engagement de transparence :

Critère : Mise à dispositions de documents dans les langues accessibles par tous à l'ensemble des

parties-prenantes (Agro-industries, planteurs, départements ministériels, recherche, ONG, autre):

Document de propriété, registres de production, de commercialisation étendue et carte de la

concession foncière, etc.

2. Respect des lois et règlements en vigueur :

Connaissances et mise en application par les partenaires des lois en vigueurs (sécurisation foncière,

respect des normes de sécurité, code forestier, etc.)

3. Engagement envers la viabilité économique et financière à long terme :

Un plan de gestion est mis en œuvre avec pour objectif la viabilité économique et financière à long

terme.

4. Utilisation des meilleures pratiques pertinentes par les producteurs et les employés

d’usine :

« Les pratiques maintiennent la fertilité du sol, ou si possible l’améliorent, à un niveau assurant un

rendement optimal et soutenu. »

« Les pratiques minimisent et contrôlent l’érosion et la dégradation des sols. »

« Les produits agrochimiques sont utilisés de façon à ne pas mettre en danger la santé ou

l’environnement. »

« Tous les personnels, travailleurs, petits agriculteurs et entrepreneurs ont reçu une formation

appropriée. »

5. Responsabilité environnementale et conservation des ressources naturelles et de la

biodiversité

« Les aspects de la plantation et de la gestion de moulin qui ont un impact sur l’environnement sont

identifiés, et des programmes visant à réduire les impacts négatifs et à promouvoir les effets positifs

sont élaborés, mis en œuvre et contrôlés afin de démontrer la poursuite d'une amélioration. »

6. Considération responsable des employés, particuliers et communautés affectés par les

producteurs ou l’usine (équité du contrat)

« Les aspects de la gestion de plantation et de moulin qui ont des impacts sociaux sont identifiés selon

une démarche participative, et des programmes visant à réduire les impacts négatifs et à promouvoir

les effets positifs sont élaborés, mis en œuvre et contrôlés afin de démontrer la poursuite d'une

amélioration. «

« Il existe des méthodes de communication ouvertes et transparentes entre les producteurs et/ou

Mouliniers, les communautés locales et les autres parties concernées ou intéressées. «

« Un système documenté et convenu mutuellement est mis en place pour traiter des plaintes et

revendications, et est accepté par toutes les parties. «

« Toutes les négociations concernant un dédommagement en cas de déchéance de droits coutumiers ou

légaux sont effectuées au moyen d’un système documenté permettant aux peuples autochtones, aux

communautés locales et aux autres parties prenantes d’exprimer leurs avis par le biais d’institutions

représentatives. «

« Les producteurs et mouliniers doivent traiter avec les petits agriculteurs et autres

entreprises locales de façon équitable et transparente. »

« Les producteurs et mouliniers contribuent au développement durable local s’il y a lieu. «

7. Développement responsable de nouvelles plantations « Une évaluation indépendante, exhaustive et participative des impacts sociaux et environnementaux

est entreprise avant de commencer de nouvelles plantations ou activités, ou d'en développer des

existantes, et les résultats sont incorporés dans la planification, la gestion et l'exploitation. «

8. Engagement vers une amélioration continue des principaux domaines d’activité

« Les producteurs et mouliniers surveillent et révisent régulièrement leurs activités, et développent et

appliquent des plans d’action visant à l’amélioration continue et démontrable de leurs activités clés. »

Page 75: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

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ANNEXE 9 : APPRÉCIATION DES PROPOSITIONS DE CONTRAT PAR CATÉGORIES D’ACTEURS

(1 : Pas du tout important 2 : Faiblement important 3 : Important 4 : Très important 5 : Indispensable ; écart-types entre parenthèses)

Le contrat de partenariat

Agriculture

(2 cadres)

Cadastre (3

cadres)

Eco-oil (3

cadres)

Village Obako

(2 pers,)

Village Akana

(10 pers,)

Village Ossonga

(12 pers,) Total

Introduit la vision commune, les bénéfices mutuels attendus. Par les contractants 3 5 5 5 5 23

Fixe les modalités d'appui de l'agro-industrie en faveur des planteurs (crédits, subventions, etc.) 4 4 5 5 5 5 28

Documente les conditions de rupture, de nullité du contrat et des procédures de résiliations du contrat 4 1 2 2 3 12

Le contrat de partenariat est définitif 1 1 5 4 4 4 19

Le contrat de partenariat est renouvelable 5 5 3 4 4 3 24

Le contrat de partenariat est négociable et renégociable 5 5 4 3 3 3 23

justifier d’un droit de propriété pour bénéficier du projet de palmeraie villageoise 5 5 4 1 2 1 18

Précise le mode de paiement, ainsi que les échéances de paiement 5 5 4 4 4 4 26

Précise les modalités de fixation du prix de la tonne de régime de noix par calcul lors de négociations (après) 5 4 3 4 4 4 24

Fixe les pénalités en cas de non-respect des engagements 1 3 2 2 1 1 10

Documente les procédures de règlement des litiges entre partenaires 4 5 2 1 1 1 14

Moyenne des scores 3,8181818 4,1111111 3,4545455 3,181818182 3,181818182 3,090909091 20,090909

Ecart type

Total contrat de partenariat 42 37 38 35 35 34 221

Obligation des plantations villageoises

S’obligent à livrer les régimes de noix des plantations sous-contrat à l'usine. 5 5 5 5 5 5 30

S'engagent à respecter les itinéraires techniques de production. en vue de l'atteinte des objectifs de production 5 5 5 5 5 5 30

Doivent tenir des registres sur la production, les finances, la commercialisation, les intrants, et les récoltes des plantations individuellement et collectivement au niveau du village,3 2 4 4 3 4 20

Se documenter sur les lois et règlement en vigueur (foncier, normes sur les pesticides,..) 5 5 4 3 3 2 22

Mettre en valeur les connaissances et compétences acquises lors des formations 5 4 5 4 5 5 28

S'engagent à diffuser les informations entre planteurs au sein des villages 5 5 5 5 5 5 30

Fournir un rapport sur les dates de récolte à l'agro-industrie à l'avance 1 1 4 2 1 2 11

Accepter les discussions sur la fixation des prix et rechercher un consensus avec l'agro-industrie. 5 5 5 5 5 5 30

A s'organiser entre planteurs au sein des villages puis dans l'ensemble des villages pour réfléchir à la bonne marche du partenariat4 5 4 3 4 4 24

A choisir des représentants des planteurs villageois qui vont discuter avec l'agro-industrie/ agents de liaison 5 5 5 5 5 5 30

Discuter des montants des pénalités en cas de non respect des engagements et trouver un consensus 1 1 1 2 2 2 9

Moyenne des scores 4 3,9090909 4,2727273 3,909090909 3,909090909 4 24

Total Obligation des plantations villageoises 44 43 47 43 43 44 264

Obligation des industries

Acheter les régimes de noix de palmes à prix préalablement convenus par négociation 5 5 5 5 5 5 30

Définir un calendrier de concertation permanente 4 4 3 4 5 5 25

Effectuer des paiements réguliers après livraison des régimes à des échéances convenues avec les planteurs ; 4 5 5 4 4 4 26

Mettre en place des programmes de formation des planteurs; Approvisionner en intrants les planteurs et développer un mécanisme de facilitation d'accès aux informations en faveur des planteurs4 5 5 5 5 5 29

Doter le département en charge des plantations villageoises avec des moyens logistiques 5 5 5 15

S'assurer que les cadres du département en charge des plantations villageoises sont disponibles aux sollicitations des planteurs5 5 5 5 5 5 30

Prévoir de payer des bonus aux villages en cas de respect des clauses contractuels 3 2 3 5 5 5 23

En cas de difficultés de transport, la compagnie s'organise pour rembourser le planteur qui s'en occupe 4 5 3 4 5 5 26

Offrir une prime en nature d'huile de palme brute par mois aux planteurs pour consommation familiale dont la quantité sera à préciser lors de négociations4 3 2 4 5 5 23

Moyenne 4,2222222 4,3333333 4 4,5 4,875 4,875 25,222222

Total Obligation des industries 38 39 36 36 39 39 227

Principe de viabilité économique

Le département en charge des plantations villageoises se chargerait d'amener les planteurs à une planification de gestion à long terme5 5 5 15

Faciliter l'accès et l'adoption permanente aux planteurs de nouvelles pratiques et technologies. 5 5 5 5 5 5 30

Moyenne 5 5 5 5 5 5 22,5

Total Principe de viabilité économique 10 10 10 5 5 5 45

Principe4 : Utilisation des meilleures pratiques pertinentes par les producteurs et l’usine

Tenue d'un registre d'application d'engrais par l'Agro-industrie et les planteurs/santé des planteurs/ minimiser l’utilisation des produits chimiques non néfastes par l'OMS.5 5 5 4 4 3 26

Sensibiliser et responsabiliser les planteurs villageois à la gestion aux choix des sites de plantation et à la gestion de la fertilité des sols3 5 3 3 3 3 20

Capacité de démonstration par les planteurs villageois qu'ils comprennent les techniques requises pour le maintien de la fertilité des sols et qu'ils les appliquent.2 2 3 1 1 1 10

Les planteurs seraient incités à limiter la conversion de forets en créant des palmeraies sur des sols en savanes, des anciennes jachères à travers une planification concertée de l'aménagement du territoire.4 3 2 3 3 4 19

Organiser de manière périodique des concertations avec les services déconcentrées du cadastre, de la foret, de l'agriculture, les responsables de la sous-préfecture et les représentants des comités de village pour le suivi de l'aménagement du territoire sensible à la préservation de l'environnement, le suivi du partenariat4 3 3 2 1 1 14

Moyenne 3,6 3,6 3,2 2,6 2,4 2,4 17,8

Total Utilisation des meilleures pratiques pertinentes par les producteurs et l’usine 18 18 16 13 12 12 89

Principe 6: Considération responsable des employés, particuliers et communautés affectés par les producteurs ou l’usine (équité du contrat)

mm: Méthodes de communication ouvertes et transparentes entre les producteurs et industrie les autres parties concernées ou intéressées. (Préciser le principe ou sous-principe)

Rédaction de rapports et mise à disposition au bénéfice des parties-prenantes de l'ensemble des comptes rendus des réunions (partie communication)4 5 3 2 2 2 18

Organisation de réunions fréquentes avec les planteurs villageois et les cadres de la société agro-industrielle 5 4 4 3 3 2 21

d'une autorité administrative locale en présence d'autres parties-prenantes susceptibles d'être impliquées en vue d'évaluer le contrat de partenariat. 5 5 2 3 2 3 20

Élections de responsables chargés officiellement de gérer la communication entre planteurs villageois (transparence, insérer dans cette partie)1 3 2 5 4 3 18

Accès à l’information pour tous. 5 4 3 4 5 5 26

Le département en charge des PV sera disponible aux sollicitations des planteurs villageois et faciliterai au planteur de rentrer en contact avec les cadres de la société pour une quelconque sollicitation5 4 3 5 5 5 27

Moyenne communication 4,1666667 4,1666667 2,8333333 3,666666667 3,5 3,333333333 21,666667

Total méthodes de communication 25 25 17 22 21 20 130

uu) Système documenté et convenu mutuellement est mis en place pour traiter des plaintes et revendications, et est accepté par toutes les parties.

Chaque partenaire saisi en cas de litige est tenu de répondre de façon constructive et dans des délais brefs (1 jour, 2 ou 3) à toute question ou plainte. 5 5 5 5 5 5 30

Le processus de résolution des litiges vise en priorité une gestion du litige à l'amiable entre planteurs et industrie. La non résolution du litige induirait le recours à un mécanisme d'arbitrage externe, documenté et connu par l'ensemble des parties-prenantes.5 5 5 5 5 5 30

Un secrétaire sera chargé de rapporter sous-forme écrite les plaintes et résultats du processus de résolution du litige et publiera les résultats du processus de négociation5 5 5 5 5 5 30

Les plaintes et résultats issus des mécanismes de résolution de litiges seraient accessibles à l'ensemble des partie-prenantes et servirait de base à l'élaboration de procédures futures de jurisprudence?5 5 3 4 4 4 25

Les plaintes peuvent être traitées dans un premier temps par un comité constitué du représentant des planteurs villageois au sein du village, du chef du village, du représentant de l'ensemble des planteurs villageois dans la zone de production, de l'assistant en charge des plantations villageoises et du chef de zone. 5 4 5 5 5 5 29

Selon l'objet et la nature du litige, d'autres acteurs internes et externes pourraient faire partie de l'instance de négociation. 4 5 4 5 5 4 27

Moyenne_scores 4,8333333 4,8333333 4,5 4,833333333 4,833333333 4,666666667 28,5

Total gestion des litiges 29 29 27 29 29 28 171

Page 76: Mémoire de fin d’études - Afrique Centrale · Quel modèle de production d’huile de palme pour la République du Congo ? Les partenariats ... Des propositions de clauses de

75

Equité et transparence

La fixation des prix de régimes de noix se feraient par négociations sur la base des appuis de l'agro-industrie, les couts de productions des planteurs et les cours du marché. (Coûts préalablement convenus par le contrat faire comprendre aux planteurs le principe du crédit, et organiser à l'avance des réunions pour discuter et montrer la comptabilité en matière de crédit, les services qui seront décomptés sous forme de crédit, les taux d'intérêts et expliquer les implications de ces taux d'intérêts.4 3 5 5 5 22

Mise à disposition des preuves selon lesquelles toutes les parties comprennent les accords contractuels conclus et que les contrats sont équitables, transparents et valides juridiquement. , / pose le problème de savoir comment s'assurer de la validité des preuves? quel mécanisme de coercition? Et quel mécanisme de vérification?5 5 3 3 3 3 22

S'assurer du paiement des montants convenus dans les Délais, et prévoir un mécanisme de paiement des compensations qui satisfassent les deux acteurs.4 3 3 4 5 5 24

clause qui permette le maintien de la transformation artisanale pour certains 2 3 1 5 1 5 17

Le maintien de la transformation artisanale ne constituerait pas une négation du principe de viabilité économique et financière4 5 5 5 5 24

Moyenne_scores 3,8 4 3 4,4 3,5 4,6 21,8

Total Equité et transparence 19 16 12 17 9 18 87

Développement durable local

Évocation lors des réunions annuelles des actions envisageables conjointement envers le développement local, fondées sur des résultats de consultations avec les communautés locales. 4 3 3 5 5 4 24

Les consultations devraient être basées sur des principes de transparence, d’ouverture et de participation, et devraient encourager les communautés à identifier leurs propres priorités et besoins, y compris les différents besoins des hommes et des femmes et les moyens envisageables pour solutionner les problèmes. 3 4 5 5 3 3 23

Le département en charge des plantations villageoises contribuerait à renforcer la dynamique de groupe en vue de limiter les coûts de productions à long terme. 4 4 4 3 5 4 24

Lorsque les candidats à un emploi présentent les mêmes mérites, la préférence devrait être donnée aux membres des communautés locales. La discrimination positive ne doit pas être considérée comme contredisant le critère de performance économique et financière.5 5 5 5 5 5 30

Moyenne_scores 4 4 4,25 4,5 4,5 4 25,25

Total Développement durable et local 16 16 17 18 18 16 101

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RESUME

Tiré par une forte demande des industries agroalimentaires, le palmier à huile est de plus en plus

cultivé à travers le monde et suscite de nombreuses controverses environnementales et sociales

notamment en Asie du Sud-Est. La présente étude intervient dans un contexte de relance de

l’élaeiculture industrielle en République du Congo, matérialisée par le rachat des actifs des anciennes

sociétés publiques par des acteurs du secteur privé. L’objectif de cette étude était d’analyser la place

du palmier à huile dans la stratégie des systèmes de production des ménages ruraux, et d’identifier les

conditions susceptibles d’assurer un développement harmonieux de plantations villageoises et

industrielles de palmier à huile à l’échelle des territoires villageois. Les données ont été collectées

durant trois mois de travail de terrain réalisés de Juin à Août 2015, incluant des entretiens individuels

semi-directifs, des entretiens de groupe, des restitutions et discussions des résultats intermédiaires,

des mesures et comptages des productions agricoles et forestières. Ces données ont permis une

analyse technico-économique fine des systèmes de production à l’échelle des ménages. La

modélisation économique grâce à l’outil Olympe combinée à une approche prospective participative

a conduit à la co-construction d’un modèle technique de palmeraie villageoise susceptible d’être mis

en place en partenariat avec la société Eco-Oil Energie. Des propositions de clauses de contrat ont été

formulées à partir d’une revue bibliographique et suite à l’analyse du contexte local. Elles furent

soumises à l’appréciation des villageois, des cadres des ministères de l’agriculture, du cadastre et de

la société Eco-oil Energie.

Les activités non agricoles (chasse et pêche) génèrent des marges nettes importantes par rapport aux

activités agricoles pour les ménages jusqu’à l’âge de quarante ans. L’adoption d’une culture

commerciale à la place d’activités non agricoles, en l’occurrence le palmier à huile permettrait

d’assurer un revenu régulier pour les ménages âgés subissant la diminution de leur force de travail.

L’association d’une palmeraie et d’une bananeraie durant la phase de croissance des palmiers à huile

semble fournir un meilleur avantage économique aux planteurs villageois qu’une palmeraie mono-

spécifique. L’analyse financière des modalités de remboursement des appuis fournis par l’industrie

aux planteurs met en évidence l’importance de bien évaluer les taux d’intérêts et les taux de

prélèvement sur le produit à appliquer. Ainsi des taux d’intérêts élevés peuvent conduire à des

montants de remboursement de crédits supérieurs aux revenus générés par des palmeraies

villageoises encadrées lors de l’entrée en phase de production. Cette modalité de remboursement

limite le revenu net perçu par le producteur et peut conduire à son maintien dans l’endettement durant

tout le cycle de production de la palmeraie. Un taux d’intérêt nul, fondé sur le remboursement

uniquement du capital principal sans les intérêts accroitrait le revenu net perçu par les producteurs et

offrirait une garantie de fidélité de livraison des régimes à l’usine. L’ensemble des parties prenantes

s’accordent sur le principe de nécessité de la viabilité économique du projet. En ce qui concerne la

pérennisation du partenariat, elles s’accordent quant à (i) la nécessité d’engager des discussions

préalables à la signature du contrat et en particulier sur les modalités de fixation des prix et (ii) de

disposerd’un mécanisme de prévention et de gestion des conflits. Les villageois insistent sur

l’importance d’instaurer des dispositifs de communication permanente entre partenaires.

Mots clés

Palmeraies villageoises ; modèle de développement ; crédit ; partenariat

Pour citer cet ouvrage : [Djouma, S. H., 2015. Quel modèle de production d’huile de palme pour la

République du Congo ? Les partenariats entre industrie et agriculteurs. Rapport de stage, Mastère Innovations

et Politiques pour une Alimentation Durable, Montpellier SupAgro.62p.]

Montpellier SupAgro, Centre international d'études supérieures en sciences agronomiques de Montpellier, 2

place Pierre Viala, 34060 Montpellier cedex 02. http://www.supagro.fr