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mémoire master échanges internationaux et OMC
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Sommaire
Remerciements......................................................................................................................................2
Introduction générale :...........................................................................................................................3
L’intérêt du sujet :...............................................................................................................................5
Problématique de la recherche :.........................................................................................................6
Méthodologie de travail adoptée pour le présent mémoire :.............................................................7
Chapitre I : Revue de littérature.............................................................................................................8
Introduction :......................................................................................................................................9
Section 1: la pauvreté au cours de la mondialisation........................................................................10
Section 2 : Libéralisation commerciale et pauvreté..........................................................................20
Conclusion :......................................................................................................................................29
Chapitre II : Libéralisation commerciale et lutte contre la pauvreté, deux préoccupations majeures du Maroc...................................................................................................................................................30
Introduction :....................................................................................................................................31
Section 1 : pauvreté et libéralisation commerciale du Maroc...........................................................32
Section 2 : L’impact de la libéralisation commerciale sur les quartiers de la zone industrielle Sidi Bernoussi de Casablanca..................................................................................................................49
Conclusion :......................................................................................................................................63
Conclusion générale :...........................................................................................................................65
Bibliographie :......................................................................................................................................68
Webographie :......................................................................................................................................71
Page 1
RemerciementsJe tiens à exprimer toute ma reconnaissance à mon Directeur de mémoire M. . Je le remercie
de m’avoir encadré, orienté, aidé et conseillé.
J’adresse mes sincères remerciements à tous les professeurs, intervenants et toutes les
personnes qui par leurs paroles, leurs écrits, leurs conseils et leurs critiques ont guidé mes
réflexions et ont accepté à me rencontrer et répondre à mes questions durant mes
recherches. Surtout, le Professeur M. et le Consultant et Formateur en Management
Stratégique et Opérationnel M. CHTIBI Chafik.
Je remercie mes très chers parents, Boubker et Fatiha, qui ont toujours été là pour moi, «
Vous avez tout sacrifié pour vos enfants n’épargnant ni santé ni efforts. Vous m’avez donné
un magnifique modèle de labeur et de persévérance. Je suis redevable d’une éducation dont
je suis fier ».
Je remercie mon frère Marouane, et ma sœur Kawtar pour leur encouragement.
Enfin, je remercie très spécialement ma femme Neima qui a toujours été là pour moi.
À tous ces intervenants, je présente mes remerciements, mon respect et ma gratitude.
Introduction générale :Le nombre de personnes vivant sous le seuil d’extrême pauvreté a été réduit de plus de la
moitié : 22,4 % de la population mondiale vit aujourd’hui avec moins de 1,25 dollar par jour
contre 52,2 % au début des années 1980, une période connue par le fait marquant qui est la
mondialisation traduite par l’évolution foudroyante des échanges commerciaux dans le
monde. Une évolution d’autant plus positive que dans le même temps la population
mondiale s’est accrue.
La plupart des régions du monde ont vu l’extrême pauvreté reculer durant cette période. La
réduction la plus spectaculaire est observée en Asie de l’Est, notamment sous l’impulsion de
la Chine : on compte aujourd’hui 284 millions de personnes extrêmement pauvres (14,3 %
de la population) alors qu’elles étaient plus d’un milliard en 1981 (77,2 % de la population).
Le constat pour l’Afrique subsaharienne est en revanche plus mitigé. La part de la population
concernée par l’extrême pauvreté n’a reculé que légèrement (47,5 % en 2008 contre 51,5 %
en 1981), et le nombre de personnes a même augmenté (386 millions aujourd’hui contre
204,9 millions en 1981). La baisse de l’extrême pauvreté depuis le début des années 2000 ne
compense pas la hausse observée durant les années 1980 et 1990.
Aussi, il y a toujours un décalage important entre le moment où les données sont diffusées
et les années qui leur correspondent, en raison des difficultés de collectes. Les dernières
observations sur la pauvreté dans le monde datent ainsi de 2008. Comme le reconnaît la
Banque mondiale, le ralentissement économique mondial, la flambée des prix alimentaires
et pétroliers risquent d’avoir des conséquences dramatiques pour les populations les plus
démunies. Enfin, ces données sont parfois partielles : il manque les données de près de 30 %
des pays d’Afrique subsaharienne et de plus de la moitié des pays d’Afrique du Nord et du
Moyen Orient.
En effet, sur les 22% de la population concernée par la pauvreté, près de 80% vivent en ASS
et en Asie du Sud, la population restante étant diversement répartie, en Asie de l’Est, en
Amérique Latine et en Afrique du Nord. Et si l’on tient compte de la forte croissance en Asie,
en particulier en Chine ou en Inde, tout porte à penser que la plupart des pauvres seront
localisés en ASS, surtout avec la montée en puissance des pays asiatiques et la
préoccupation majeure du sujet dans l’Amérique Latine et l’Afrique du Nord. Selon Sala-i-
Martin (2002), le nombre de pauvres vivants avec moins de 1 dollar par jour pourrait même
diminuer davantage au-delà des objectifs fixés par le programme du Millénaire pour le
développement en l’an 2015, mais son analyse conclut également que cette évolution
laissera près de 95% des pauvres en Afrique Sub-saharienne.
Dans le cadre le plus simple1 du commerce international, les facteurs de production les plus
abondants voient leur demande augmenter et leur rémunération relative s’accroître2 avec
l’accroissement des échanges. Dans le cas d’un PED abondant en travail non qualifié (et où le
travail qualifié constitue en revanche une dotation moins abondante), on devrait donc
assister à une réduction simultanée de la pauvreté. Toutefois, d’autres modèles aboutissent
à des résultats plus ambigus. Ainsi, dans le modèle à facteurs spécifiques (Jones, 1971), le
changement des prix a un effet non ambigu sur la rémunération des facteurs spécifiques
(indépendants des intensités capitalistiques). Le commerce international bénéficie au facteur
de production spécifique au secteur exportateur de chaque pays; il détériore la position du
facteur de production spécifique au secteur concurrent des importations ; mais l’effet net
sur le facteur mobile (travail par exemple) est indéterminé : la rémunération relative de la
main-d’œuvre non qualifiée dans les PED peut diminuer suite à l’ouverture.
La relation directe entre commerce et pauvreté s’intéresse seulement au bas de la
distribution des revenus. Elle constitue un objet de recherche encore plus récent. Une
mesure de libéralisation commerciale (par exemple baisse du droit de douane sur le riz
importé) peut agir directement sur les pauvres selon une approche statique (effet positif
pour les consommateurs à travers une baisse des prix ou au contraire négatif sur les paysans
à travers une baisse de leurs prix de vente, auquel s’ajoute un impact sur la demande des
facteurs). Mais cette mesure peut aussi avoir des effets dynamiques. Ainsi, si l’ouverture a
un impact positif sur la croissance, on peut s’attendre à une baisse de la pauvreté. Mais cet
impact dépend de la variation éventuelle des inégalités (la libéralisation commerciale se
traduit souvent par une hausse des inégalités) ainsi que de leur niveau, sachant qu’une
hausse des inégalités peut accroître la pauvreté (croissance dite « appauvrissant ») et que
par exemple un haut niveau d’inégalités réduit l’élasticité de la pauvreté à la croissance
1 Le « modèle standard » d’Heckscher-Ohlin-Samuelson de la théorie du commerce international. Basé sur l’avantage comparatif de Ricardo2 Le théorème de Stolper-Samuelson explique les effets d'accentuation ou de réduction des inégalités suite à l'ouverture des économies des pays
(Bourguignon, 2003 ; Cling et al. 2005). Nous sommes donc face à des effets potentiellement
contradictoires dont la résultante est difficile à déterminer.
L’intérêt du sujet :
Dans le cas du Maroc qui fait l’objet de notre recherche, et d’après le constat de
Bourguignon et de la situation des inégalités de revenus qui sont devenues très importantes
surtout après l’ouverture de notre économie à l’international ce qui a peut être rendu
l’élasticité de la pauvreté à la croissance très réduite, une hypothèse qui apparaît plus
proche de la réalité de l’économie marocaine. Aussi, la Banque Mondiale confirme que le
ralentissement économique mondial, la flambée des prix alimentaires et pétroliers ne font
qu’aggraver la situation déjà critique des plus démunis où il paraît nécessaire de revoir les
seuils de détermination de la pauvreté monétaire au Maroc pour mieux lutter contre ce
phénomène. Ce n’est pas si difficile de le montrer, puisque même avec 3 dollars par jour qui
donne un revenu mensuel d’environs 740 dirhams par mois et suivant le coût actuel de la vie
au Maroc, la personne ne pourra ni satisfaire ses besoins en matière d’alimentation, ni en
matière de santé. Deux préoccupations principales de survie des pauvres, et donc cette
personne doit logiquement être classée dans l’extrême pauvreté.
L’économie marocaine est fortement endettée, et connaît un net ralentissement de sa
croissance depuis la fin des années 1980. Encore largement tributaire de son agriculture, le
Maroc a fortement souffert des sécheresses à répétition de ces dernières années.
Conjuguées à la croissance démographique, ces crises climatiques ont alimenté un exode
rural croissant et en même temps changé la géographie sociale de la ville à travers
l’émergence de quartiers pauvres et exclus, comme le cas des quartiers à proximité des
quartiers industriels de Casablanca. L’un des faits les plus marquants a en effet été la
formidable rapidité de l’urbanisation (un tiers de la population totale en 1960 contre près
des deux tiers actuellement d’après le HCP). Le Royaume doit donc aujourd’hui non
seulement faire face à des contraintes structurelles, telles la pauvreté endémique
importante de la population, l’analphabétisme, l’insuffisance en infrastructures de base…
mais aussi à des contraintes conjoncturelles liées à la croissance démographique et à ses
maigres performances économiques, à une urbanisation galopante et à une montée du
chômage. En effet, le tournant historique de l’urbanisation au Maroc est survenu en 1993
quand la population urbaine a atteint 50,6% de la population totale du Royaume3.
Malgré ce contexte, la prise d’initiatives se développe et des projets ambitieux dans les
domaines sanitaires, social, éducatif, associatif, environnemental… sont lancés. Le Maroc ne
se contente donc pas de pallier les problèmes les plus urgents, il s’engage dans de vastes
programmes d’aménagement et de développement sur le moyen et le long terme en vue de
résorber les retards accumulés, avec la participation du secteur non gouvernemental et de la
communauté internationale.
Aussi, le Maroc dispose d’énormément de ressources naturelles, humaines et culturelles
encore inexploitées, en plus de son accumulation de nombreux savoir-faire traditionnels
dans différents domaines : l’agriculture, l’artisanat, la médecine populaire, le travail du métal
(cuivre, fer et argent), le textile… Pratiques que l’on trouve dans la plupart des régions du
pays et qui peuvent constituer des sources de revenus principales pour une partie de la
population vulnérable, ainsi que de contribuer à la résolution d’un ensemble de fléaux
sociaux tels l’immigration sans véritable espoir de trouver un travail décent, l’abandon
scolaire, la difficulté d’accès aux services sociaux…
Pour mieux cerner notre travail de recherche sur l’impact de la libéralisation commerciale
sur la pauvreté au Maroc, nous allons tenter de détecter la source des problèmes de la
pauvreté urbaine à travers l’histoire récente et plus précisément les quartiers à proximité de
la zone industrielle Sidi Bernoussi qui rassemble près de 50 000 travailleurs et plus de 570
unités de production réparties sur un peu plus de 1000 ha, et qui demeure la plus vaste, la
plus ancienne et la plus importante du Maroc. Nous allons préparer une étude de cas sous
forme d’un rapport de synthèse d’un diagnostic participatif dans trois quartiers à proximité
de la zone industrielle de Sidi Bernoussi où j’ai pu participé en tant que Consultant Senior -
aux quatre Focus Groupe réalisés par le cabinet d’études privé Success Project au profit du
Ministère de l’Intérieur.
Problématique de la recherche :
L’objet de notre mémoire est de montrer que l’ouverture commerciale peut accentuer la
pauvreté et mener à l’exclusion sociale des plus démunis si les politiques d’accompagnement
3 Les statistiques du Centre d’Etudes et de Recherches Démographiques, 2005
du développement économique et social sont inefficaces à travers un cas réel sous forme
d’un diagnostic participatif de la zone industrielle Sidi Bernoussi de Casablanca. D’où il nous
paraît nécessaire de répondre aux questions suivantes :
Qu’est ce que la pauvreté du point de vue des institutions internationales et des
auteurs scientifiques ? Quelle relation entre l’ouverture commerciale et la pauvreté ?
Quelles sont les mesures prises par le Maroc dans l’accompagnement des politiques
d’ouverture ?
Quel Bilan pour les secteurs exportateurs au Maroc ?
Quelles sont les caractéristiques de la zone industrielle Sidi Bernoussi ?
Quel est l’impact des opportunités offertes par la zone industrielle Sidi Bernoussi
grâce à la libéralisation commerciale sur la pauvreté et sur l’emploi dans les quartiers
à proximité souffrant de l’exclusion sociale ?
Méthodologie de travail adoptée pour le présent mémoire :
Dans le premier chapitre, nous allons traiter une revue de littérature sur la pauvreté ainsi
que la relation entre l’ouverture commerciale et la pauvreté. Dans le second chapitre, nous
allons traiter la stratégie d’ouverture de l’économie marocaine ainsi que son impact sur
l’industrie et l’emploi dans la capitale économique du Maroc Casablanca. Et Finalement,
nous allons étudier trois grands quartiers à proximité du quartier industriel de Casablanca
Sidi Bernoussi, et ce, dans une étude de cas sous forme d’un diagnostic participatif.
Chapitre I : Revue de littérature
Introduction :
Depuis longtemps, la réforme du régime commercial compte parmi les politiques mises en
œuvre pour favoriser l’efficacité de l’économie, le développement de nouveaux marchés et
la croissance. Pourtant, après plus de cinquante ans de négociations commerciales,
l’économie mondiale est encore entravée par des barrières importantes dont la suppression
pourrait sans doute profiter à tous.
Les restrictions perdurent, car elles sont un moyen commode et opaque pour les États
d’avantager économiquement certains groupes. Même si la libéralisation des échanges
entraîne une élévation du niveau de vie à moyen terme, les groupes jusque-là avantagés par
ces protections peuvent voir leur revenu diminuer et la restructuration de l’économie qui
s’ensuit provoquer des bouleversements économiques à court terme.
Une prise de conscience de plus en plus nette s’opère au sujet de certaines des victimes des
réformes commerciales, à savoir les plus pauvres, ceux qui disposent de moyens plus limités
pour se protéger des vicissitudes de la vie et qui sont donc moins aptes que leurs
concitoyens à supporter les coûts de l’ajustement.
Une perte de revenu même transitoire peut empêcher un pauvre de «créer du capital
humain» en s’instruisant, en se soignant et en s’alimentant mieux; elle peut donc diminuer
ses chances d’échapper à la pauvreté. La vulnérabilité des pauvres justifie d’évaluer plus
soigneusement l’impact de la libéralisation des échanges sur ces individus et de réfléchir aux
moyens d’en minimiser les effets négatifs.
Dans le présent chapitre, nous allons d’abord définir la pauvreté et son évolution à travers
l’histoire récente pour en finir avec l’impact de la libéralisation commerciale sur la pauvreté
dans le monde.
Section 1: la pauvreté au cours de la mondialisation
1.1) La pauvreté et ses indicateurs de mesure
La pauvreté peut paraître comme un terme facile à définir, mais nous verrons que c'est un
terme complexe. Destremau et Salama (2002) affirme que:
L'image d'Épinal la plus courante du pauvre est celle de l'enfant squelettique, le ventre
gonflé, que les médias diffusent lorsque dans un pays la famine se développe. Cette image
n'est pas fausse, mais elle n'est plus la seule. La pauvreté a de multiples facettes et
dimensions. La mesurer, c'est souvent la réduire et la méconnaître. Très souvent de fins
connaisseurs de la pauvreté « sur le papier » sont incapables de la comprendre dans la vie
courante (Destremau et Salama, 2002, pages 5-6). Dans cette partie relative à la pauvreté,
nous présenterons les différentes définitions attribuées à ce phénomène, ses différentes
causes, les différentes déterminations des seuils de pauvreté et des taux de pauvreté.
« Être pauvre, ce n'est pas seulement avoir un revenu monétaire inférieur à un certain seuil,
c'est vivre dans la non-satisfaction des besoins socialement nécessaires, c'est ne disposer
que de faibles moyens de défense ou de pression, c'est faire chaque jour l'expérience de
l'indifférence ou du mépris des autres »4.
Ainsi, l’étude de la pauvreté n’est pas seulement complexe du point de vue de ses formes
mais aussi du point de vue de ses manifestations sociales, spatiales et temporelles. Les
aspects multidimensionnels de la pauvreté ont été largement développés grâce aux travaux
d'Amaryta Sen5, On peut résumer les dimensions de la pauvreté comme suit:
a) La pauvreté extrême est un phénomène caractérisé par une incapacité de satisfaire
les besoins alimentaires minimaux.
b) La pauvreté générale est moins grave que la précédente, est définie par l’incapacité
de satisfaire les besoins alimentaires et non alimentaires.
c) La pauvreté monétaire est définie à partir d’un montant fixe, dit «seuil de pauvreté»,
et qui établit comme pauvre toute personne ayant un revenu ou une dépense
inférieure à ce montant. Cette pauvreté monétaire se traduit par une insuffisance de
revenu.
4 lobservateur.ma, les multiples visages de la pauvreté : www.bladi.net/infos/article-4374.html5 Amaryta Sen, prix Nobel d'économie en 1998
d) La pauvreté des conditions de vie se traduit par un manque de satisfaction des
besoins fondamentaux.
e) Tout individu bénéficiant d'une aide sociale dont l'objectif est de lutter contre la
pauvreté est considéré administrativement comme pauvre.
f) La pauvreté sociale ou humaine se traduit par l'exclusion et la rupture du lien social.
Elle est basée sur l’indice de pauvreté humaine (IPH)6 pour mesurer les conditions et
le niveau de vie7des individus. Est pauvre toute personne qui ne jouit pas de toutes
les conditions minimales de la vie.
Toutes ces notions de la pauvreté peuvent être interprétées différemment selon l’approche
choisie pour la mesure. La littérature sur la pauvreté est très abondante, ainsi nous
essayerons de donner les définitions les plus représentées. D'abord, nous présenterons les
définitions officielles soit celles des institutions internationales telles que le PNUD, la BM,
l'OCDE et ensuite, les définitions présentées dans les articles scientifiques.
1.1.1) Définition des institutions internationales :
La BM (2001) souligne que le concept de la pauvreté est basé sur le manque d'opportunité,
l'insécurité, la vulnérabilité et l'impuissance. Le manque d'opportunité inclut le concept
traditionnel de revenu et de consommation, il inclut en plus le manque de biens clés
nécessaires pour obtenir des nécessités de base. Ces biens sont de plusieurs types. D'abord,
les actifs humains (les capacités pour un travail de base, les compétences et une bonne
santé); ensuite, les biens naturels (la terre et le bétail) et physiques (accéder à des
infrastructures, un logement, des routes, de l'irrigation); aussi des actifs financiers (accéder à
des crédits) et enfin des actifs sociaux (un réseau de contacts et des engagements
réciproques qui peuvent être appelés en temps de besoin). Pour mesurer la pauvreté la
Banque Mondiale a établi deux seuils de pauvreté.
Un seuil de 1$ pour la pauvreté absolue et un seuil de 2$ pour la pauvreté relative. La
Banque Mondiale fait remarquer que la pauvreté absolue correspond à un niveau de revenu
nécessaire pour assurer la survie des personnes. En général, ce seuil est calculé en fonction
6 L’indice de pauvreté humaine mesure les conditions et le niveau de vie des individus. Il se base sur des critères tels que la probabilité de mourir avant 40 ans, le taux d’analphabétisme et les conditions de vie comme l’accès aux services sanitaires, l’eau et la nutrition chez les enfants de moins de 5 ans7 Niveau de vie notion quantitative désignant la quantité de biens et de services dont on dispose grâce à son revenu
d'un régime alimentaire de base. La pauvreté relative, quant à elle, reflète une conception
plus axée sur la répartition des revenus; elle signifie avoir « moins que les autres ». Cette
notion renvoi e au ni veau de revenu nécessaire pour participer à et vivre dans une société
particulière (logement, habillement..).
Pour sa part, le PNUD (2000) définit trois types de pauvreté, l'extrême pauvreté, la pauvreté
générale et la pauvreté humaine. Ainsi, une personne vit dans la pauvreté extrême si elle ne
dispose pas des revenus nécessaires pour satisfaire ses besoins alimentaires essentiels,
habituellement définis sur la base de besoins caloriques minimaux. Une personne vit dans la
pauvreté générale si elle ne dispose pas des revenus suffisants pour satisfaire ses besoins
essentiels non alimentaires, tels l'habillement, l'énergie et le logement et alimentaires. La
pauvreté humaine, quant à elle, est présentée comme l'absence des capacités humaines de
base: analphabétisme, malnutrition, longévité réduite, mauvaise santé maternelle, maladie
pouvant être évitée. Le PNUD (2004) a défini différents indicateurs permettant de mesurer la
pauvreté. Selon la complexité et les difficultés d'estimation, ils sont classés en indicateurs
simples, composites et discrets. Le tableau suivant met en évidence ces différents
indicateurs :
Tableau 1.1 : Indicateurs de mesure de la pauvreté selon le PNUD
Indicateurs simples ConsommationIndicateurs composites
Indice de Développement Humain
Indicateur Sexospécifique de développement Humain
Indice de Participation des Femmes
Indicateur de Pauvreté HumaineIndicateurs discrets Économique, humain, Socioculturel, Politique, Relatif à la
protection
Le PNUD (2004) explique que l'indice du développement humain reflète trois éléments
représentant chacun un objectif à atteindre : l'espérance de vie, le niveau d'éducation et le
PlB en termes réels, exprimé en parité de pouvoir d'achat. L'indicateur Sexospécifique de
Développement Humain est fondé sur les mêmes variables que celles de l'indicateur du
développement humain mais l'attention est plus concentrée sur les inégalités sociologiques
entre les hommes et les femmes ainsi que sur le niveau de développement général moyen.
L'indice de Participation des Femmes regroupe trois des domaines déjà pris en compte dans
l'indice du développement humain et utilise les variables suivantes: le pourcentage
d'individus risquant de décéder avant l'âge de 40 ans, le pourcentage d'adultes analphabètes
et les services procurés par l'économie dans son ensemble.
L'OCDE (1999) donne aussi sa définition de la pauvreté. Elle révèle que : la meilleure
explication que l'on puisse donner de la pauvreté est qu'elle est la résultante d'un processus
cumulatif dans lequel les déficits éducatif et matériel se traduisent par un engrenage
infernal. Les pauvres sont très souvent confrontés à un cercle vicieux ou un faible revenu, un
faible niveau d'instruction, une faible productivité, une espérance de vie réduite, le mariage
précoce, des enfants nombreux, la malnutrition et une mauvaise. L'OCDE (1999, page Il).
Nous constatons que la BM, le PNUD et l'OCDE font intervenir l'insuffisance de revenus et
l'absence de nécessités de base dans leur définition de la pauvreté. Cependant, il existe aussi
des points de divergences entre ces trois institutions. En effet, nous ne retrouvons pas
l'insécurité, la vulnérabilité et l'impuissance dans les définitions du PNUD et de l'OCDE. Pour
la mesure de la pauvreté, le PNUD présente des indicateurs divers et complexes. Cette
institution internationale prend non seulement en compte l'indicateur traditionnel qui est la
consommation mais aussi d'autres indicateurs qu'elle appelle les indicateurs composites et
discrets. Tandis que la Banque Mondiale ne traite que des mesures monétaires. À la suite
des définitions des institutions internationales, nous donnerons celles des auteurs
scientifiques en vue de les comparer.
1.1.2) Définitions des auteurs scientifiques
Salama et Tissier (1982) ont traité la pauvreté en termes de nécessités de base insatisfaites
pour définir, de façon très large, la pauvreté structurelle. Les nécessités de base insatisfaites
comprennent l'eau, le drainage, l'électricité, l'habillement, le niveau d'éducation des
enfants, l'assistance scolaire des mineurs, le temps disponible et le mobilier du foyer. De ce
fait, pour Salama et Tissier (1982), un individu ou un ménage est considéré comme pauvre si
l'une au moins de ces caractéristiques définies n'est pas satisfaite. D'où un individu qui
n'aurait pas accès à l'eau courante serait considéré comme pauvre même si son revenu est
suffisant pour satisfaire les besoins jugés essentiels.
Par ailleurs, Sen (1999) nous donne sa définition de la pauvreté. Il débouche sur un concept
de pauvreté absolue en tant que privation des ressources minimales nécessaires au libre
exercice de droits humains inaliénables: se nourrir et se soigner, choisir son métier en
fonction de ses capacités, participer à la vie de la société, avoir de l'estime pour soi, etc.
Dans la mesure où la liste des droits humains est extensive, la pauvreté présente un
caractère «multidimensionnel». L'objectif de réduction de la pauvreté multidimensionnelle
constitue donc l'application d’un principe d'universalité des droits de l'homme aux politiques
de développement. Sen (1999) soutient aussi que:
On sait d'ailleurs qu’un niveau élevé de pauvreté monétaire et/ou d'inégalité est parfaitement compatible avec un niveau élevé de mobilité sociale ou économique, et vice versa. Ainsi, une diminution de la pauvreté peut aller de pair avec un accroissement du risque de tomber dans la pauvreté. Il peut y avoir un dilemme entre une égalisation des opportunités et une grande inégalité de résultats. (Sen, 1999, p.63)
Par ailleurs, Mc Culloch, Winters et Cirera (2001) soutiennent qu'il n'y a pas de liste définitive
pour le concept de pauvreté. Chacune de ses dimensions peut être considérée comme une
forme de pauvreté à son propre chef, mais le mot pauvreté est généralement utilisé pour
référer à un concept qui implique la combinaison de nombreuses dimensions de la pauvreté.
McCulloch, Winters et Cirera (2001) vont donner un exemple en vue de mieux expliciter
leurs propos. Ils expliquent qu'une famille qui a un bas revenu, mais dont les membres sont
en bonne santé, bien éduqués, et qui vivent dans un environnement plaisant avec un bon
accès aux services ne doivent pas généralement être considérés comme pauvres par de
nombreuses personnes. Alternativement, une famille dont les revenus sont au dessus du
seuil de la pauvreté, mais qui possède peu de biens, vit dans un environnement dégradé et
sujet à de constantes discriminations doit être raisonnablement considérée comme pauvre.
Donc le problème de la définition de la pauvreté est un problème de trouver une synthèse
appropriée des nombreuses différentes dimensions de la pauvreté.
Les définitions scientifiques mettent plus l'accent sur les nécessités de base. Elles font
remarquer que le plus important ne réside pas dans l'insuffisance ou dans l'abondance de
revenus mais à la satisfaction des besoins essentiels. Enfin, Cling, (2003) mentionne que la
pauvreté peut revêtir de multiples formes. Nous les présentons dans le tableau ci-dessous.
Pour ces trois auteurs, il existe trois formes de pauvreté : la pauvreté monétaire, la pauvreté
objective et la pauvreté subjective. Nous pouvons dire que la pauvreté monétaire fait
référence au type de pauvreté établi par la Banque Mondiale et le PNUD; la pauvreté
objective traite plus de la pauvreté humaine du PNUD et de Sen (1999), ainsi que des
auteurs qui traitent de la pauvreté comme l'insatisfaction des besoins essentiels ou des
nécessités de base ou conditions d'existence ou besoins essentiels. La pauvreté subjective
quant à elle fait référence à tous les auteurs qui soutiennent qu'il n'existe pas de liste
définitive pour la pauvreté comme l'ont mentionné McCulloch, Winters et Cirera (2001).
Tableau 1.2 : Le s différentes approch es de la pauvreté
Source: Réalisé à partir des données de Cling (2003, page 122).
Compte tenu de ce qui précède, nous pouvons dire qu'il existe aussi bien des similitudes que
des divergences entre les définitions de la pauvreté. Tous les auteurs traitent de la
satisfaction des nécessités de base. Mais nous constatons que même si le PNUD fait
intervenir la pauvreté humaine, les institutions internationales ont plus défini la pauvreté
comme étant une insuffisance de revenu tandis que les auteurs scientifiques font remarquer
que le plus important ne réside pas à l'insuffisance ou à l'abondance de revenus mais à la
satisfaction des besoins essentiels. En outre, la BM traite d'insécurité, de vulnérabilité et
d’impuissance alors ces dimensions de la pauvreté ne sont pas abordées par les auteurs
scientifiques.
En somme, nous pouvons dire que la pauvreté est multidimensionnelle, il devient donc
difficile de donner une définition générale de la pauvreté. Compte tenu de cette difficulté à
définir la pauvreté, il nous semble que chaque peuple devrait avoir sa propre définition.
Cependant, même si nous pensons qu'il n'existe pas une définition parfaite de la pauvreté à
laquelle tout le monde doit adhérer, il est indubitable que toutes les définitions de la
pauvreté doivent faire intervenir l'insatisfaction des nécessités de base ou des besoins
essentiels car c'est une caractéristique incontournable du concept de pauvreté.
La définition de la pauvreté objective qui traite plus de la pauvreté humaine du PNUD et de
Sen (1999), ainsi que des auteurs qui traitent de la pauvreté comme l'insatisfaction des
besoins essentiels ou des nécessités de base ou conditions d'existence ou besoins essentiels
nous semble la plus représentative.
Pauvreté monétaire consommation < 1 dollar par têtePauvreté objective, non monétaire en termes de conditions d'existence
en termes de capital humainen termes d'exclusion sociale
Pauvreté subjective Perception généraleNon satisfaction des besoins jugés vitauxDifficultés financières
Notre étude de cas sous forme d’un diagnostic participatif des quartiers à proximité de la
zone industrielle Sidi Bernoussi se basera sur les approches un peu plus récentes qui se sont
concentrées sur les facteurs sociaux, comportementaux et politiques de la qualité de vie. Si
c'est alors le comportement aberrant ou l'isolement qui sont considérés, les avis divergent
quant à savoir qui, des individus ou des institutions, écartent les pauvres du reste de la
société ou les mènent vers l’exclusion sociale.
Pour cela, nous allons mieux éclaircir les approches récentes de la pauvreté qui se basent sur
la prise en compte du revenu, de l’accès aux services et équipements de base, de la santé, de
la nutrition, de l’éducation, de l’égalité entre les sexes, du travail, de l’environnement, de la
participation à la vie politique et à la gouvernance.
1.2) Une compréhension nouvelle de la pauvreté et du bien-être
Jusqu’à présent, ce chapitre a traité du revenu, en tant que marqueur de la pauvreté. Le
revenu constitue une importante variable indicative du bien-être, mais c’est un critère très
réducteur et imparfait, ne serait-ce que parce qu’il confond les fins du développement et les
moyens d’y parvenir et suppose l’existence de marchés de biens et de services. Dans la
pratique, la corrélation entre les faibles revenus et d’autres marqueurs objectifs ou
subjectifs du dénuement est assez médiocre. Pour ces raisons, entre autres, la réflexion sur
la pauvreté a évolué pour s’écarter d’une conception qui en faisait un état défini par un
revenu ou une consommation faible et envisager plutôt la pauvreté comme impliquant la
privation de multiples aspects du bien-être.
Les OMD (Objectifs du Millénaire pour le développement) reflètent déjà la compréhension
multidimensionnelle de la pauvreté par leur prise en compte du revenu, de la santé, de la
nutrition, de l’éducation, de l’égalité entre les sexes et de l’environnement. Toutefois, dans
les années qui ont suivi leur adoption, la compréhension de la multi-dimensionnalité et de sa
traduction dans la pratique s’est approfondie :
Premièrement, la question de la nécessité d’inclure de nouvelles dimensions pour
avoir une vision plus complète du bien-être et des moyens de mesurer ces
dimensions a suscité des débats considérables.
Deuxièmement, l’importance nouvelle accordée aux perceptions du dénuement par
les populations pauvres permet de définir des priorités parmi les dimensions
multiples qui importent pour le bien-être et fait ressortir des aspects essentiels
comme les interactions relationnelles et la dignité.
Troisièmement, des progrès ont été accomplis en matière de mesures afin de mieux
cerner la «distribution conjointe» du dénuement (étant donné que les pauvres sont
souvent confrontés à des dimensions multiples en même temps), et de comprendre
le partage des ressources au sein des ménages.
Enfin, des travaux ont jeté un nouvel éclairage sur les inégalités dans ces multiples
dimensions et leurs corrélats. Les évolutions dans ces quatre domaines de recherche
ont toutes des implications pour la forme et le contenu d’un nouvel accord éventuel
après 2015.
La critique fondamentale formulée par Amartya Sen concernant les mesures fondées sur le
bien-être (Sen, 1992, 1999, 2009) proposait d’axer le développement sur les «capabilités» –
sur ce que les gens peuvent faire ou être, plutôt que sur ce qu’ils ont; sur les fins du
développement plutôt que sur les moyens – et de tenir compte des aptitudes différentes à
convertir les ressources en résultats. Cette réflexion sous-tend l’approche du développement
humain adoptée par le rapport annuel sur le développement humain (RDH), publié pour la
première fois en 1990. Cette vision plus large soutient qu’en plus du revenu, il est important
de prendre en compte d’autres aspects qui ont une valeur à la fois intrinsèque et utilitaire.
Les travaux menés au cours de la décennie écoulée ont visé à faire progresser cette notion
de multi-dimensionnalité en concentrant leur attention sur ce qui constitue le bien-être des
initiatives notables méritant d’être mentionnées, dont le projet de l’OCDE8 sur Comment
mesurer le progrès des sociétés et la Commission Stiglitz-Fitoussi-Sen instaurée en 2008 sur
la mesure des performances économiques et du progrès social (rapport publié en 2009)9, qui
cherchait à déterminer les limites du PIB en tant qu’indicateur des performances
économiques et à recommander des mesures alternatives susceptibles d’offrir une vision
plus large du bien-être humain.
8 Le Projet mondial sur la mesure du progrès des sociétés a été créé en 2008. Projet mondial de l'OCDE-hébergé sur «Mesurer le progrès des sociétés» a été un véhicule efficace pour la sensibilisation et la mobilisation du soutien politique en faveur de meilleures mesures de progrès. Le Projet mondial existait à favoriser le développement d'indicateurs sociaux et environnementaux économiques clés à fournir une image complète de la façon dont le bien-être d'une société évoluait. Il a également cherché à encourager l'utilisation d'indicateurs pour informer et promouvoir la prise de décisions fondées sur des données probantes, dans et entre les secteurs public, privé et citoyens.
9 http://www.stiglitz-sen-fitoussi.fr/fr/index.htm
La Commission a proposé d’inclure les conditions de vie matérielles et sept autres
dimensions: la santé, l’éducation, les activités personnelles, dont le travail, la participation à
la vie politique et la gouvernance, les liens et rapports sociaux. Elle se faisait ainsi l’écho d’un
consensus plus vaste concernant les dimensions du bien-être qui sont invariablement citées,
quelque soit le pays (Alkire, 2002, 2007; Chambers, 2004)10. De plus, elle a recommandé que
toute tentative pour mesurer la qualité de la vie se fonde à la fois sur des critères objectifs et
sur des perceptions subjectives.
Un dernier point essentiel est que cette prise en compte des aspects sociaux de la pauvreté
fait aussi ressortir l’interaction dans les deux sens avec la durabilité: les populations pauvres
sont plus exposées aux effets du changement climatique et de la dégradation de
l’environnement sur leurs conditions de vie et leurs moyens d’existence, tandis que ces
processus aggravent encore leur pauvreté et leur vulnérabilité (RED 2012). L’accent mis sur
le développement inclusif et durable dans le présent rapport souligne la nécessité
d’éradiquer la pauvreté par des moyens qui préservent les chances des générations futures.
Selon une optique multidimensionnelle fondée sur le groupe, certaines recherches en cours
examinent les inégalités dans de multiples dimensions et parmi les groupes sociaux. À ce
jour, il existe très peu de travaux qui décrivent l’évolution des inégalités dans d’autres
dimensions que celle des revenus, alors même que la corrélation entre les dimensions ne
semble manifestement pas très forte (Samman, Ranis et al. 2011). L’indice de
développement humain ajusté aux inégalités (IDHI) du RDH représente un premier effort
pour calculer les inégalités en termes de revenus, de santé et d’éducation pour un vaste
échantillon de pays. Entre 1990 et 2011, une analyse portant sur 66 pays a constaté que
l’aggravation des inégalités en termes de revenus au niveau national faisait obstacle à des
améliorations importantes sur le plan des inégalités en termes de santé et d’éducation
(PNUD, 2011). En Amérique latine, une diminution des inégalités en termes de santé et
d’éducation a été constatée dans les années 1980 et 1990 (Sahn et Younger, 2006), et en
Afrique, les inégalités en termes d’éducation ont baissé, mais il y a eu peu de changement
dans le domaine de la santé (Sahn et Younger, 2007).
10 Par exemple, Alkire et Sumner (2013) proposent de compléter la mesure de la pauvreté monétaire fixée à 1,25 $/jour au moyen d’un indice de la pauvreté multidimensionnelle (IPM) dans un cadre pour l’après-2015. Cet indice pourrait aussi servir à mesurer la croissance inclusive et/ ou faire ressortir la relation entre pauvreté et durabilité.
Un courant de recherches distinct s’est attaché à étudier les inégalités entre les groupes
sociaux, dites «inégalités horizontales», qui ont une importance marquée ne serait-ce que
par leur relation avec les conflits (Stewart, 2009), mais qui sont plus difficiles à cerner à un
niveau agrégé. S’il existe certains marqueurs de désavantage communs (par ex. l’âge, la
caste, le handicap, l’origine ethnique, la langue, la religion et le sexe), les groupes spécifiques
qui sont défavorisés et la nature de leur désavantage varient sensiblement dans et entre les
pays. Les inégalités fondées sur le sexe ont été abondamment analysées à partir de données
transnationales. Une étude avance que les inégalités fondées sur le sexe sont présentes
«dans pratiquement tous les domaines majeurs» et «dans diverses traditions religieuses et
culturelles» (Dorius et Firebaugh, 2010). L’indice d’inégalités de genre (IIG) du RDH, adopté
en 2010, montre aussi une diminution des inégalités bien que les discriminations fondées sur
le sexe demeurent prononcées, en particulier en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne
(PNUD, 2011). Cette persistance des disparités selon les groupes semble se maintenir plus
largement. Une analyse des «inégalités convergentes» au niveau régional en ce qui concerne
les OMD a mentionné une atténuation des disparités pour certains groupes et certains types
de privations, et la persistance ou l’aggravation d’autres. Elle a aussi constaté que «dans
presque chaque société et dans presque chaque région du monde, certains groupes de
personnes sont exposés à une exclusion sociale systématique, du fait de multiples inégalités
qui restreignent leurs perspectives dans la vie» (Kabeer, 2010, p. 1). Ces facteurs, ajoutés à la
polarisation des OMD sur des niveaux moyens de réussite, ont conduit de nombreuses voix à
se faire entendre pour réclamer la prise en considération explicite des inégalités dans un
éventuel cadre pour l’après-2015 (Melamed, 2012), et pour souligner la nécessité de
mesurer et suivre les progrès obtenus dans ces différentes dimensions au sein des groupes
défavorisés.
Section 2 : Libéralisation commerciale et pauvreté
2.1) les effets supposés du commerce sur la pauvreté
La libéralisation des échanges peut influer sur le niveau de vie des pauvres, et ce :
En modifiant le prix des biens échangeables et en facilitant l’accès aux nouveaux produits;
En modifiant le salaire relatif de la main d’œuvre qualifiée et non qualifiée ainsi que le coût du capital, ce qui a une incidence sur l’emploi des pauvres;
En modifiant les recettes publiques issues des taxes sur le commerce et donc la capacité de l’État à financer des programmes en faveur des pauvres;
En modifiant les incitations à investir et à innover, ce qui influe sur la croissance économique;
En modifiant la vulnérabilité d’une économie aux chocs extérieurs négatifs.
a) Prix et disponibilité des produits
La libéralisation des échanges profite aux pauvres de la même manière qu’à la plupart des
autres catégories, en abaissant le prix des importations et en maintenant le prix des produits
de substitution aux importations à un niveau peu élevé, d’où une hausse des revenus réels.
Les produits importés dont les pauvres peuvent avoir le plus besoin sont les aliments de
base, les médicaments et autres produits médicaux ou sanitaires de base, les vêtements
usagés, etc. Les pauvres peuvent aussi retirer des avantages significatifs de la levée des taxes
sur les exportations ou des interdictions d’exporter dans la mesure où leur production
(généralement agricole) est axée sur l’exportation. Un régime commercial ouvert permet
aussi d’importer des technologies et des procédés utiles aux pauvres (conditionnement des
denrées périssables légères conservables à température ambiante, produits pour la
stérilisation chimique de l’eau, semences et engrais sélectionnés, etc.).
Le Sommet africain d’avril 2000 contre le paludisme donne un exemple des retombées
concrètes et immédiates de la libéralisation des échanges : les chefs d’État du continent se
sont engagés à réduire ou à supprimer les taxes et tarifs douaniers sur les moustiquaires, les
insecticides, les antipaludiques et autres biens et services nécessaires à la lutte contre
l’infection paludéenne. Certains éléments indiquent en outre que la libéralisation des
importations de vêtements usagés peut également améliorer les conditions de vie des
pauvres.
b) Salaires et emploi
La théorie des échanges montre comment la libéralisation influe sur les salaires et l’emploi
dans des conditions très particulières qui, dans la pratique, sont rarement vérifiées. Pour une
analyse plus générale, mieux vaut donc s’appuyer sur des études empiriques. Celles-ci
suggèrent qu’au moins deux facteurs déterminent de façon directe l’impact de la
libéralisation des échanges sur les salaires et l’emploi des pauvres :
Premièrement, en fonction de la flexibilité des marchés du travail, la réforme
commerciale peut avoir des répercussions soit sur l’emploi, soit sur les salaires.
Lorsque la législation du travail empêche les entreprises d’ajuster leurs effectifs, la
majeure partie de l’ajustement aux variations du prix relatif des produits se traduit
par des variations des salaires réels. Quand la législation relative au salaire minimum
interdit les ajustements de salaire à la baisse mais que la main d’œuvre est très
mobile, les ajustements prennent alors la forme de mouvements d’effectifs. Dans les
pays en développement, les pauvres vivent en milieu rural et dans les zones urbaines
marquées par l’économie informelle (une économie représentée par les entreprises
qui ne sont ni immatriculées ni enregistrées d’une quelconque manière officielle), où
le marché du travail fonctionne le plus souvent avec une extrême souplesse (du fait,
généralement, de l’absence de réglementation) et se distingue par la forte élasticité
de l’offre de main d’œuvre. Les salaires sont normalement déterminés en fonction du
revenu minimum de subsistance en zone rurale ou urbaine ou selon les autres
emplois disponibles. On peut donc s’attendre à ce que l’ajustement aux chocs
commerciaux se traduise principalement par des variations de l’emploi. Le cas
échéant, le coût de la réforme commerciale peut être élevé et une aide de l’État se
révéler nécessaire afin d’en atténuer l’impact pour les pauvres.
Deuxièmement, selon la configuration initiale du système de protection, sa
suppression n’avantage pas les mêmes : quand la configuration favorise les
travailleurs non qualifiés de l’agriculture et de l’industrie manufacturière légère (cas
du Mexique au début des années 80), la suppression des barrières commerciales
peut entraîner une baisse des salaires relatifs dans ces segments-là de la population
active.
c) Recettes publiques et programmes en faveur des pauvres
Partout on craint que les réformes du régime de commerce ne provoquent une diminution
des recettes publiques liée à la baisse des taxes et que les États, pour préserver la stabilité
macroéconomique, ne réduisent les dépenses sociales ou créent de nouveaux impôts
susceptibles de pénaliser les pauvres de manière excessive. Pourtant, durant les phases
initiales de libéralisation des échanges, le remplacement des obstacles non tarifaires par des
droits de douane et l’élimination des exonérations font généralement augmenter les
recettes budgétaires. De même, quand le droit initial est prohibitif, son abaissement peut
amplifier les flux d’échanges, donc gonfler les recettes. En outre, la diminution des droits
élevés atténue l’attrait de la contrebande et de la corruption, ce qui peut accroître le volume
des marchandises enregistrées et donc, là aussi, les recettes de l’État.
Enfin, une simplification du régime vers un barème plus unitaire, limité à quelques tarifs,
peut accroître la transparence et faciliter l’administration fiscale, ce qui améliore les
recettes. Durant les phases ultérieures de la réforme, en revanche, l’abaissement des tarifs
peut peser sur les recettes publiques. Il peut alors falloir réformer la fiscalité intérieure
(introduire, en particulier, des impôts à assiette plus large ou créant moins de distorsions),
ou modérer les dépenses pour maintenir la stabilité macroéconomique afin de minimiser les
effets néfastes de la réforme sur les pauvres.
d) Investissement, innovation et croissance
Pour envisager une réduction durable de la pauvreté, il faut savoir si le pays bénéficie d’une
croissance économique vigoureuse à laquelle les pauvres peuvent participer. Les réformes
commerciales peuvent influencer la croissance principalement en atténuant l’orientation
anti-exportations de la politique commerciale et en permettant une affectation plus efficace
des ressources. Toutefois, ce gain d’efficacité n’est pas récurrent et n’influe pas forcément
sur la croissance à long terme. La libéralisation des échanges peut modifier le taux de
croissance à long terme en incitant à investir. De surcroît, les réformes commerciales
stimulent généralement l’investissement direct étranger, avec des retombées positives des
technologies avancées et des nouvelles pratiques commerciales qui prennent la forme de
gains de productivité globale et de croissance pour les entreprises nationales.
Des études empiriques récentes (par exemple celles de Rodriguez et Rodrik, 1999) suggèrent
que la relation entre libéralisation des échanges et croissance est complexe et, notamment,
que les effets sur la croissance de toute réforme du régime de commerce dépendent de
l’existence d’autres politiques macroéconomiques et structurelles et de la création
d’institutions appropriées. Par exemple, les études portant sur plusieurs pays contiennent
une variable systématiquement liée au taux de croissance, à savoir la prime de change en
vigueur sur le marché parallèle, ce qui indique que la surévaluation de la monnaie peut être
un frein important à la croissance. Il s’ensuit que toute réforme commerciale entreprise en
l’absence d’autres réformes macroéconomiques et de changes appropriés (pour améliorer la
compétitivité) est moins efficace pour favoriser la croissance.
Un train de réformes économiques global est donc essentiel pour promouvoir l’ajustement
et la croissance via une réforme du régime de commerce et d’autres mesures structurelles.
Même quand la libéralisation amène la croissance, nombreux sont ceux qui craignent que les
politiques d’ouverture commerciale ne débouchent sur un modèle de croissance
excessivement favorable aux riches qui aggraverait les inégalités de revenus. Les constats
effectués récemment (en particulier par Dollar et Kraay, 2001) remettent cependant en
cause cette hypothèse.
e) Vulnérabilité aux chocs extérieurs
La libéralisation des échanges accentue l’ouverture des économies et leur intégration
économique avec le reste du monde. Dans de nombreux cas, elle contribue à une
diversification des exportations en fonction des avantages comparatifs et à une réduction de
la dépendance vis-à-vis d’un seul marché ou d’un produit d’exportation. En outre,
l’intégration avec les marchés étrangers permet aux économies d’être moins tributaires de
leur marché intérieur et à la croissance internationale de compenser les fléchissements des
économies nationales. Toutefois, l’ouverture peut également fragiliser une économie face à
des chocs extérieurs (variations brusques des termes de l’échange, par exemple)
potentiellement très néfastes pour la croissance. Lorsque ces chocs ébranlent directement
des pans de l’économie comme l’agriculture ou le secteur productif informel, ils peuvent
avoir un impact significatif sur le sort des pauvres.
2.2) Commerce, croissance et pauvreté du point de vue macro-économique
Comme pour les relations précédentes, de nombreux travaux économétriques ont tenté
d’estimer la relation commerce-pauvreté. Ravallion (2004) met par exemple en évidence une
corrélation négative entre taux d’ouverture (exports+imports/PIB) et incidence de la
pauvreté absolue au seuil de 1 USD PPA de 1993 à partir d’épisodes de croissance pour 75
pays. Mais cette corrélation apparaît extrêmement fragile : elle disparaît par exemple
lorsqu’il enlève le terme lié à la tendance temporelle de la pauvreté moyenne ou lorsqu’il
contrôle pour l’effet de la pauvreté initiale. A partir d’une étude de l’évolution des
exportations et de la pauvreté dans les PMA au cours des années 1990, la CNUCED (2004)
montre quant à elle que le commerce n’a généralement pas contribué à la réduction de la
pauvreté. Faute de pouvoir mettre en évidence une relation générale entre commerce et
pauvreté, il est nécessaire d’effectuer une analyse plus fine des canaux de transmission
possibles (pour une revue approfondie de la littérature théorique et empirique sur ce sujet,
voir Winters, McCulloch et McKay, 2004).
Le principal canal de transmission, qui est aussi le plus étudié, est de nature macro-
économique. Si on accepte la thèse selon laquelle l’ouverture favorise la croissance, on peut
s’attendre à ce qu’elle ait aussi par là même généralement un impact favorable sur la
pauvreté (thèse du « trickle down »). Cet impact dépend toutefois de l’effet de l’ouverture
sur les inégalités discuté précédemment, ainsi que celui de la croissance sur les inégalités (un
fort accroissement des inégalités peut se traduire par une hausse de la pauvreté).
Concernant ce dernier point, il se trouve que la courbe de Kuznets, selon laquelle les
inégalités tendent à s’accroître durant les premiers stades du développement (avant de
diminuer en principe par la suite selon une courbe en U inversé) a été remise en question
par des travaux récents (voir en particulier Cogneau et Guénard, 2002 ; Ravallion, 2001) ;
selon ces travaux, la croissance n’a donc pas d’effet systématique sur les inégalités, que ce
soit dans un sens ou dans un autre.
Dollar et Kraay (2002) montrent que les revenus du quintile le plus pauvre de la population
croissent au même rythme que le revenu moyen de la population, quelle que soit la cause
(interne ou externe) de cette croissance, sachant qu’il n’y a pas de lien entre un
accroissement de l’ouverture commerciale et l’évolution des inégalités. Leurs estimations
économétriques prennent le revenu moyen de la population dans son ensemble comme
variable exogène et le revenu du premier quintile comme variable endogène, tout en
contrôlant l’effet de 5 variables liées aux politiques et aux institutions :
Volume des échanges internationaux (total exportations+importations rapporté au
PIB) ;
Consommation du gouvernement rapportée au PIB ;
taux d’inflation ;
indicateur de développement du système financier ;
indicateur de développement de l’Etat de droit.
Selon cette étude, la croissance serait par ailleurs neutre en termes d’inégalités de revenus
d’où l’affirmation qui constitue son titre selon laquelle « la croissance est bonne pour les
pauvres » (en supposant que les pauvres correspondent au premier quintile, ce qui est
évidemment une hypothèse très forte dans des pays où plus de la moitié de la population vit
dans une situation de pauvreté extrême).
Cette conclusion est cependant controversée. Les critiques portent en particulier sur le fait
que cette étude mélange des pays à haut et à bas revenu (les structures institutionnelles se
traduisent par des relations pauvreté-croissance différenciées) et que la présence dans
l’échantillon des pays en transition qui ont connu une combinaison de baisse des revenus et
de hausse des inégalités biaise l’estimation (Bhalla, 2002). D’autres estimations
économétriques effectuées sur le même type de variables et avec des méthodes différentes
considèrent que la croissance serait, au pire, légèrement inégalitaire et au mieux neutre sur
la distribution (Ghura, Leite et Tsangarides, 2002).
D’autres études montrent au contraire que les coûts d’ajustement de l’ouverture sont
surtout supportés par les pauvres (Lundberg et Squire, 2003). De surcroît, comme cela a été
mentionné pour les études sur le lien ouverture-croissance, les politiques de libéralisation
commerciale n’ont pas été menées seules mais ont constitué une composante de
programmes globaux de libéralisation économique. Or, dans le cas de l’Amérique latine en
particulier, l’ouverture des économies est allée de pair avec une réduction du poids de l’Etat
et de la protection sociale (Fitoussi, 2004), alors même que les salariés se trouvaient exposés
à des restructurations intenses du marché du travail et à une vulnérabilité accrue. Outre les
aspects macro-économiques décrits ci-dessus, Winters, McCulloch et McKay (2004)
distinguent quatre autres canaux de transmission possibles de l’impact de la libéralisation
commerciale sur la pauvreté :
L’impact de l’ouverture passe par les ménages et les marchés. Dans la mesure où
la majorité des pauvres dans les PED sont des entrepreneurs individuels (que ce
soit dans l’agriculture ou le secteur informel non agricole), les analyses micro-
économiques dans ce domaine évaluent l’impact de l’ouverture sur les prix et les
quantités affectant l’équilibre budgétaire des ménages (en tant que
consommateurs et producteurs) ;
La baisse des droits de douane sur une denrée alimentaire de base peut par
exemple affecter de manière inverse les paysans qui subissent une baisse de leurs
prix de production et les consommateurs urbains qui bénéficient au contraire de
cette baisse. L’impact négatif qu’a eu l’ALENA sur les petits paysans mexicains
producteurs de maïs (voir en particulier Nadal, 2000) est souvent considéré
comme emblématique des risques de la libéralisation commerciale en présence
de contraintes sur l’offre. En sens inverse, Winters, McCulloch et McKay (2004)
citent l’exemple de la réforme commerciale opérée au Vietnam dans les années
1990, qui a entraîné une forte hausse du prix du riz ayant pour conséquence une
diminution sensible du travail des enfants. L’impact sur la pauvreté de l’évolution
des salaires et de l’emploi résultant de la libéralisation commerciale peut être
déduit du commentaire ci-dessus concernant l’impact de ces phénomènes en
termes d’inégalités ;
La hausse de la demande d’emploi non qualifié dans les PED consécutive à
l’ouverture devrait aller dans le sens d’une réduction de la pauvreté, sachant que
comme on l’a vu cet effet ne se produit pas si les ressources relativement les plus
abondantes dans le pays sont les matières premières, s’il existe un progrès
technique biaisé en faveur du travail qualifié ou du capital (sauf si les facteurs
sont complémentaires), ou si les secteurs exposés à la concurrence étrangère
sont lourdement affectés par l’ouverture commerciale sans que les
restructurations sectorielles puissent se produire à court terme. Le cas des zones
franches malgaches étudié par Cling, Razafindrakoto et Roubaud (2005) constitue
un exemple rare dans les PMA d’impact positif et significatif d’une politique
d’intégration internationale en termes d’emploi et de réduction de la pauvreté
(avec toutefois une grande vulnérabilité des emplois créés aux fluctuations de la
conjoncture ou aux changements du cadre commercial multilatéral).
Enfin, un dernier type d’impact passe par les recettes et les dépenses publiques ;
selon Winters, McCulloch & McKay (2004), la réforme commerciale peut affecter
les recettes publiques mais moins que ce que l’on imagine habituellement, parce
que la croissance des échanges commerciaux ou l’amélioration des taux de
recouvrement consécutives à la baisse des tarifs douaniers peuvent compenser
l’effet négatif de cette dernière.
Les analyses en équilibre général permettent d’évaluer de manière simultanée l’impact de
ces trois types d’effets, tout en prenant en compte la réponse des ménages à ces chocs. Les
modèles EGC utilisés pour évaluer l’impact global de la libéralisation commerciale (voir
encadré supra) peuvent en effet aussi l’être pour évaluer son impact en termes de pauvreté
et d’inégalités, à condition de détailler suffisamment les ménages par type et niveau de
revenus. L’approche en termes de modèles micro-macro va plus loin puisqu’elle consiste à
désagréger totalement les ménages (en levant donc l’hypothèse d’agent représentatif) et à
modéliser leur comportement au niveau individuel tout en prenant en compte l’impact de ce
comportement dans le modèle macro-économique. Cogneau et Robilliard (2001) ont ainsi
estimé l’impact à Madagascar d’une hausse du prix mondial du produit agricole de rente (qui
pourrait par exemple être la conséquence d’une baisse des droits de douane sur ce produit
décidée au plan multilatéral). Ce choc se traduit par une baisse de la pauvreté rurale et par
une légère hausse de la pauvreté urbaine. Comme l’écrivent Winters, McCulloch & McKay
(2004), les simulations ex ante effectuées avec ces modèles présentent l’intérêt de
permettre d’identifier les catégories de ménages vulnérables à ce genre de chocs. Mais elles
doivent être complétées par des évaluations ex post telles que celles évoquées ci-dessus
dans le cas de l’agriculture mexicaine.
Au total, Winters, McCulloch & McKay considèrent qu’il n’existe pas de conclusion générale
simple concernant la relation entre libéralisation commerciale et pauvreté : « La théorie
fournit une forte présomption du fait que la libéralisation commerciale va tendre à réduire la
pauvreté à long terme et en moyenne. L’expérience empirique va dans le sens de cette
relation, et en particulier, ne suggère pas que la libéralisation a un impact inverse. En même
temps cependant, la théorie n’affirme pas que la politique commerciale est toujours parmi
les plus importants instruments de réduction de la pauvreté ou que les effets micro-
économiques et statiques de la libéralisation seront toujours bénéficiaires aux pauvres»11.
Les conclusions de Ravallion (2004) vont dans le même sens. Face au manque de résultats
probants de ses estimations économétriques sur ce thème, Ravallion prend l’exemple de la
Chine – souvent montrée en exemple à cet égard (voir en particulier Dollar et Kraay, 2004) –
pour vérifier la véracité de l’argument habituel selon lequel la politique de libéralisation
externe menée par Deng Xiaoping à partir du début des années 1980 constitue le principal
facteur explicatif de la réduction drastique de la pauvreté observée depuis lors. A l’instar de
Rodrik (2001), Ravallion estime que les séries temporelles infirment cette thèse : selon lui,
l’explication la plus plausible de ce phénomène réside plutôt dans le succès des réformes
agraires menées à la fin des années 1970, qui se sont traduites par un essor de la production
agricole avec un effet particulièrement important en termes de réduction de la pauvreté du
fait de l’allocation relativement équitable des terres « décollectivisées ».
11 Traduit de l’anglais par l’auteur: « Theory provides a strong presumption that trade liberalization will be poverty-alleviating in the long run and on average. The empirical evidence broadly supports this view, and, in particular, lends no support to the position that trade liberalization generally has an adverse impact. Equally however, it does not assert that trade policy is always among the most important determinants of poverty reduction or that the static and micro-economic effects of liberalization will always be beneficial for the poor ».
Conclusion :
La libéralisation des échanges accentue l’ouverture des économies et leur intégration
économique avec le reste du monde. Dans de nombreux cas, elle contribue à une
diversification des exportations en fonction des avantages comparatifs et à une réduction de
la dépendance vis-à-vis d’un seul marché ou d’un produit d’exportation.
En outre, l’intégration avec les marchés étrangers permet aux économies d’être moins
tributaires de leur marché intérieur et à la croissance internationale de compenser les
fléchissements des économies nationales. Toutefois, l’ouverture peut également fragiliser
une économie face à des chocs extérieurs (variations brusques des termes de l’échange, par
exemple) potentiellement très néfastes pour la croissance. Lorsque ces chocs ébranlent
directement des pans de l’économie comme l’agriculture ou le secteur productif informel, ils
peuvent avoir un impact significatif sur le sort des pauvres.
Le cas de l’industrie marocaine est un cas réel résultant des chocs extérieurs, précisément
les effets négatifs de la crise financière internationale sur l’emploi, la production et sur les
secteurs exportateurs. c’est ce que nous allons essayer de présenter dans le second chapitre
qui traite les mesures prises par le Maroc dans la lutte contre la pauvreté et dans
l’accompagnement des politiques d’ouverture et des secteurs exportateurs.
Chapitre II : Libéralisation commerciale et lutte contre la
pauvreté, deux préoccupations majeures du Maroc
Introduction :
Le Maroc a enregistré des avancées importantes dans la réduction de la pauvreté et de la
vulnérabilité entre 2001 et 2011. Ainsi, la pauvreté absolue est passée de 15.3 % à 6.2 % au
niveau national : de 7.6 % à 3.5 % en milieu urbain et de 22 % à 10 % en milieu rural. La
vulnérabilité, quant à elle, est passée de 22.8 % à 13.3 % au niveau national: de 16.6 % à
9.4% en milieu urbain et de 30.5 % à 18.7 % en milieu rural12.
En même temps, ces avancées coïncident avec la libéralisation commerciale du Maroc qui a
touché par nature tous les aspects et secteurs de l’économie du Maroc. A mesure que les
barrières à l’importation et à l’exportation sont levées, les incidences positives, mais aussi
négatives, induites se manifestent sous plusieurs formes. Ces différentes barrières
commerciales biaisent par nature les décisions de production et introduisent des distorsions
évidentes dans les comportements des différents agents. Par ailleurs, et au moins
théoriquement, la libéralisation des échanges pousse les pays à se spécialiser dans la
production des biens dans lesquels ils jouissent d’avantages comparatifs et qu’ils peuvent
produire et exporter à grande échelle. Ce fait implique qu’à la suite d’une libéralisation, les
secteurs performants redoublent de production pour exploiter les économies d’échelle
potentielles, mais à l’inverse, d’autres secteurs se contractent et risquent à la limite de
disparaître en augmentant le taux de chômage au moins à court terme, avec des
conséquences négatives sur les niveaux de pauvreté.
Afin d’identifier l’impact de l’ouverture sur la pauvreté, il s’avère nécessaire d’analyser la
situation de la pauvreté et son évolution dans un contexte de libéralisation commerciale.
Pour ce fait, nous allons traiter la pauvreté au Maroc ainsi que les mesures et initiatives
prises par le Maroc dans la lutte contre ce fléau. Aussi, nous allons traiter les mesures
d’accompagnement des politiques d’ouverture au Maroc comme nous allons aussi présenter
les principaux secteurs exportateurs marocains. Pour en finir avec le diagnostic participatif
des trois douars de la zone industrielle Sidi Bernoussi de Casablanca où j’ai participé en tant
que consultant senior pour mieux détecter l’impact de l’ouverture commerciale marocaine
sur la pauvreté au niveau des habitants de ces trois douars.
12 Selon les données du Haut Commissariat au Plan marocain
Section 1 : pauvreté et libéralisation commerciale du Maroc
1.1) La lutte contre la pauvreté au Maroc
Au cours de ces dernières années, on a beaucoup parlé de réduction de la pauvreté dans le
monde, notamment dans les pays en voie de développement, ceci en vue d’atteindre les
objectifs du Millénaire pour le développement (OMD ou DMG en anglais) qui restent des
défis majeurs à relever pour assurer le bien être de tous les individus. L’objectif de cette
partie est de clarifier la panoplie des dispositifs de lutte contre la pauvreté mise en place par
le Maroc, dans le cadre de l’INDH13 à travers les activités génératrices de revenus, tout en
proposant la synthèse d’une étude empirique tentant de vérifier si ces activités génératrices
des revenus sont effectivement un impact de l’amélioration des conditions de vie des
marocains pauvres. Il est entendu que le développement exige au préalable une répartition
équitable de la richesse, une certaine égalité des conditions de vie et un minimum
d’harmonie et de cohésion sociale. A cet effet, il s’est avéré que les nouveaux paradigmes de
développement ancrés au cœur du processus de la mondialisation n’ont pas permis
d’atténuer les forts déséquilibres que connaissent aujourd’hui les pays en voie de
développement.
Historiquement, la décennie 1990 constitue un revirement notable dans la lutte contre la
pauvreté. En 1992, à Rio de Janeiro, il a été convenu que la protection de l’environnement
implique la réduction du nombre des pauvres, qui sont censés trouver dans la nature leurs
uniques ressources et donc contribuer à la dégrader (ce qui est éminemment discutable, les
activités industrielles et moyens de transports polluants, en particulier, y contribuant sans
doute bien davantage). En 1994, la conférence du Caire a considéré la pauvreté comme une
entrave majeure à la résolution des problèmes de la population, les pauvres étant considérés
comme « maîtrisant » moins bien que les non pauvres leur fécondité.
Poussant plus loin cette bataille contre la pauvreté, l’ONU a déclaré l’année 1996 comme
devant être « l’année internationale pour l’élimination de la pauvreté » et a instauré la
première décennie de lutte contre la pauvreté, qui voulait mobiliser les décideurs du monde
entier afin qu’ils se penchent davantage sur les problèmes de la pauvreté, et étudient les
stratégies qui permettraient d’y remédier, en atténuant l’ampleur et l’incidence. Ce
13 Initiative Nationale pour le Développement Humain
dispositif s’est entre autres traduit par l’élaboration, sous l’égide du FMI et par la plupart des
pays en développement, du « PRSP » (Poverty reduction strategy papers).
Depuis son indépendance, le Maroc a arrêté des objectifs visant la réalisation d’une
croissance économique suffisante et soutenue en vue d’améliorer le niveau de vie de la
population. C’est ce qui ressort de la plupart des plans de développement économique et
social depuis 1960, ainsi que des programmes d’envergure nationale qui tendent à
généraliser la scolarisation et à lutter contre l’analphabétisme. Ces plans et programmes,
s’ils ont abouti à une nette diminution globale de la pauvreté, n’ont cependant pas réussi à
réduire les inégalités dans la répartition de la richesse nationale. En effet si la redistribution
des revenus créés par l’activité économique et leur répartition sociale constitue une
dimension importante du développement humain dans un pays, au Maroc, cette
redistribution est encore fortement marquée par les inégalités et par la persistance de
grandes poches de pauvreté, l’écart qui ne cesse de creuser entre les pauvres et les riches
montre l’insuffisance des politiques sociales suivies par les pouvoirs publics marocains, qui
n’ont pas empêché la chute des population vulnérable dans la précarité.
En 2005, avec le lancement de l’INDH (Initiative Nationale pour le Développement Humain),
le Maroc s’est engagé dans la réalisation d’un nouveau projet de développement global basé
sur les principes de démocratie participative et de bonne gouvernance et a mis en place un
ensemble de programmes sociaux visant en particulier l’amélioration des conditions de vie
de la population pauvre à travers des actions, notamment celles de soutien aux activités
génératrices de revenus. Ces types d’activités existaient déjà au Maroc avant même le
lancement de l’INDH, puisqu’on les trouvait présentes dans certaines mesures de politique
sociale prises par l’Etat depuis le début des années 1990, comme par exemple
l’encouragement apporté à la création des AMC14, à celle d’organismes à vocation sociale
tels les ADS15 ou au lancement de plusieurs programmes encourageant les jeunes à
l’entrepreneuriat, ainsi que des AGRCE16 ou des APT17. Le Maroc ne faisait d’ailleurs dans ce
domaine pas que reprendre des types d’activités qui avaient fait leurs preuves dans de
nombreux autres pays, du « Sud » ou du « Nord », mais les a adaptées et développées de
manière significatives. L’INDH leur a donné une nouvelle impulsion. 14 Associations de Micro Crédit15 Agences de Développement Social16 Activités génératrices de revenus et créatrices d’emplois17 Activités des produits de terroir
Le Maroc dispose d’énormément de ressources naturelles, humaines et culturelles encore
inexploitées, en plus de son accumulation de nombreux et savoir-faire traditionnels dans
différents domaines : l’agriculture, l’artisanat, la médecine populaire, pratiques que l’on
trouve dans la plupart des régions du pays et qui peuvent constituer des sources de revenu
principales pour une partie de la population vulnérable, ainsi que contribuer à la résolution
d’un ensemble de fléaux sociaux tels l’immigration sans véritable espoir de trouver un travail
décent, l’abandon scolaire, la difficulté d’accès aux services sociaux…
Les AGR (Activités Génératrices de Revenus) ont pris de plus en plus de l’ampleur dans le
cadre de l’INDH : de nombreuses coopératives et associations ont été créées pour bénéficier
des fonds de l’INDH. Les études et rapports étatiques indiquent que le taux de pauvreté a
été réduit de 36% à 21% dans les zones ciblées par des opérations de mise en place d’AGR,
22000 projets ont été financés, bénéficiant à 5,2 millions de personnes ; 33% de ces projets
sont portés par les femmes et 13% par les jeunes. Les deux années 2011-2012 ont enregistré
la réalisation de 2200 projets d’AGR ayant profité à 34000 bénéficiaires et mobilisé plus de
762,3 millions de dirhams (dont 447,7 millions provenant des fonds de l’INDH). Dans
l’ensemble des projets d’AGR, 53% de ces derniers ont concerné l’agriculture (élevage de
bovins, ovins, caprins et apiculture), 31 % le secteur du petit commerce et 13 % l’artisanat.
Cependant, malgré ces résultats, le Maroc reste situé au 130ème rang sur 186 pays dans le
classement de ces dernier en fonction de leur indice de développement humain, ceci selon le
dernier rapport du PNUD (Programme des Nations Unies Pour Le Développement) de
2013[2], cela veut dire qu’il y a encore du travail à faire et des défis énormes à relever ! On
peut les résumer ainsi :
1) Les AGR ne constituent pas la panacée universelle du développement : les seuls outils
de financement des projets AGR, s’ils constituent des conditions nécessaires de
montage de ces derniers, sont loin de répondre à tous les problèmes rencontrés
localement par la population dans leur mise ne place, tel l’analphabétisme, les
conflits entre groupes, la monopolisation de la gestion de ces projet par quelques
micro-notables, les difficultés à regrouper les membres des associations ou les
adhérents des coopératives autour d’un seul objectif commun.
2) La phase de démarrage d’une AGR dure souvent fort longuement, et nécessite un
local, du matériel, des compétences en matière de production et de
commercialisation, alors que les subventions provenant de l’INDH ne sont destinées
qu’à à l’achat des équipements.
3) Enfin, la faiblesse organisationnelle et les défauts de coordination des principaux
partenaires impliqués dans la réalisation de ces projets, ainsi que la défaillance des
systèmes de suivi et d’accompagnement de ces derniers, nuisent grandement à leur
efficacité. L’on peut aussi souligner le manque de modules de formation destinés aux
acteurs et partenaires de ces projets et le choix défectueux des thèmes abordés et
contenus traités, qui ne prennent pas suffisamment en considération les besoins
réels des publics visés et les spécificités des contextes locaux de ces projets.
Tous ces facteurs mettent en jeu l’efficacité et la pérennité des ces projets pourtant
indispensables et qui ont l’immense avantage d’avoir été pensés à l’échelle du cadre de vie
quotidien des habitants : le quartier, le douar, la commune rurale ou la petite ville de
proximité.
Par ailleurs, il est nécessaire de mettre fin à l’arrière plan sécuritaire (guidé par l’obsession
de la naissance d’éventuels mouvements sociaux, mêmes locaux), qui préside en grande
partie à la mise en place de ces AGR et qui contribue à tuer l’esprit d’initiative de leurs
acteurs, hommes et femmes, lettrés et illettrés, qui croient à ce qu’ils font, qui veulent
œuvrer au développement de leur petite région et à l’édification d’une vie digne,
spirituellement et matériellement, quelque soit la dureté de leurs conditions de vie initiales.
Pour agir sur la lutte contre la pauvreté, il est important de promouvoir une vision globale et
à long terme, et de croiser les thématiques et tout particulièrement celles de l’éducation et
de santé. Dans ce domaine, il apparaît nécessaire de travailler simultanément dans les
domaines de la prévention, du traitement et de la prise en charge des individus. Plus
globalement, il faut réorienter les pratiques du développement vers plus de
professionnalisme, en adoptant des critères et des indicateurs d’évaluation en matière
d’efficacité sociale, de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption.
Pour reprendre l’exemple des AGR, leur mise en œuvre ne doit pas seulement consister à
financer, à travers des organisations, associations et coopératives, des activités productives
envisagées d’un point de vue strictement technique et économique, mais bien à développer
les capacités institutionnelles et organisationnelles des partenaires, publics ou privés, que ce
soit dans les grandes villes ou dans les différentes régions des pays, en particulier les plus
défavorisées, ceci tout en impliquant tous les acteurs, tant de la « société civile », que du
secteur privé, ou des services administratifs de l’Etat. Ces acteurs font partie intégrante du
processus de développement, que ce soit en termes d’assistance juridique, administrative ou
technique, ou en termes de services de formation et de financement.
1.2) L’accompagnement des politiques d’ouverture au Maroc :
Conscient de l’importance des secteurs d’exportateurs pour l’économie, aussi bien sur le
plan des entrées de devises et d’emploi que de croissance, le Maroc a mis en place
différentes mesures pour améliorer la compétitivité de ce secteur.
Il a tout d’abord assuré un cadre macroéconomique sain grâce à des politiques budgétaire,
monétaire et de changes appropriés. Il a aussi renforcé l’ouverture de son économie sur le
monde, notamment pour promouvoir ses exportations, à travers son adhésion à l’OMC et la
conclusion de nombreux accords de libre-échange. D’un autre côté, un ensemble de
mesures ont été pris pour encourager les exportateurs dans les domaines de fiscalité, de
financement, de réglementation des changes, d’assurance à l’export, de couverture contre le
risque de change et de fluctuation des cours des matières premières, …
Sur le plan sectoriel, de nombreux chantiers ont été lancés pour diversifier l’offre exportable:
le Pacte National pour l’Emergence Industrielle (pour les secteurs de l’offshoring,
l’électronique, l’automobile, l’aéronautique, l’agroalimentaire, les produits de la mer et
l’artisanat industriel) ; le Plan Maroc vert, le Plan Halieutis, la stratégie énergétique, la
stratégie de l’OCP, le Plan Maroc numérique, la Vision 2015 pour le développement de
l’artisanat… La mise en place de ces stratégies, la signature par le Maroc d’un accord agricole
avec l’Union européenne, conjuguées à la mise en place de la stratégie “Maroc Export Plus”
consacrée au développement et à la promotion des exportations nationales, ont complété ce
dispositif visant la dynamisation de l’offre exportable. A signaler, dans ce cadre, que la
stratégie “Maroc Export Plus” repose sur trois grands axes complémentaires :
Le ciblage des secteurs et produits dont l’offre est disponible ainsi que ceux qui
entrent dans le cadre des plans sectoriels. Les principaux secteurs retenus pour
bénéficier d’actions spécifiques de promotion sont l’automobile, l’Offshoring, les TIC,
l’électronique et l’électrique, l’agriculture, l’agroalimentaire et les produits de la mer,
le textile et le cuir, les médicaments, les matériaux de construction, le mobilier de
maison…
Le ciblage des marchés : l’objectif étant de consolider la position du Maroc sur ses «
marchés stratégiques », c’est-à-dire les principaux partenaires actuels tels que la
France et l’Espagne ; de se positionner sur des « marchés adjacents »
géographiquement, culturellement et commercialement similaires aux marchés
stratégiques, mais moins importants en termes de volume du commerce extérieur; et
de cibler des « marchés de niche » peu ou pas encore couverts par les exportations
marocaines et à fort potentiel tels que certains marchés d’Afrique, d’Asie ou du
Moyen Orient.
L’accompagnement des entreprises actuellement ou potentiellement exportatrices,
tous secteurs confondus, dans leurs démarches marketing de développement à
l’international.
Pour ce qui est du volet relatif à l’accompagnement et à l’encouragement des exportateurs,
des contrats-programmes devront être signés avec le secteur privé dans l’objectif de
soutenir les entreprises exportatrices et d’accroître les exportations. A travers ces contrats-
programmes, l’Etat offre une prise en charge d’actions d’appui au profit de ces entreprises. Il
s’agit notamment de :
La réalisation d’études et d’analyses régulières sur les marchés prioritaires.
Un appui financier spécifique aux exportateurs pour la promotion de leurs produits.
La mise en place de programmes de formations spécialisées (consulting, …).
La mise en œuvre de programmes de promotion à l’exportation pour chaque
marché.
D’autres actions ont été aussi prises en compte pour améliorer les capacités des entreprises
exportatrices, en particulier l’audit des entreprises et la veille stratégique. Il s’agit, d’un autre
côté, de la mise en place d’un programme commun pour la formation dans le secteur de
l’enseignement supérieur visant la préparation d’un diplôme aux métiers du commerce
international. Dans le domaine des technologies, il est vrai que notre pays, en dépit de
certaines avancées réalisées dans ce domaine, n’a pas encore atteint les niveaux de certains
pays émergents. Des efforts importants ont été toutefois déployés par les pouvoirs publics à
même de permettre au secteur des TIC de jouer un rôle de levier de la compétitivité et de
l’attractivité des investissements. Plusieurs réformes ont été menées pour asseoir les bases
d’un secteur des TIC développé et répondant aux attentes des investisseurs locaux et
internationaux.
D’un autre côté, afin de répondre aux besoins en matière de compétences et de
qualifications (ingénieurs, concepteurs, développeurs et manageurs…), un programme de
formation de 10000 ingénieurs par an a été initié pour augmenter de plus de 50% le nombre
des lauréats des grandes écoles et des universités. Pour l’année 2009-2010, près de 9.700
lauréats (97 % des objectifs escomptés) ont été diplômés. Concernant l’amélioration de
l’innovation et de la recherche scientifique, le Maroc a réalisé des progrès substantiels. Il est
à souligner, à ce titre, la réforme du Centre national pour la recherche scientifique et
technique (CNRST). D’un autre côté, une nouvelle stratégie de l’innovation a été mise en
place en 2009 « Initiative Maroc Innovation ». Cette stratégie a pour principaux objectifs, à
partir de 2014, la production annuelle de 1.000 brevets marocains et la création annuelle de
100 start-up innovantes.
L’évaluation des principaux indicateurs de compétitivité du Maroc montre que, malgré les
efforts des pouvoirs publics et en dépit de certaines réussites ponctuelles ou sectorielles,
notre pays n’arrive pas encore à atteindre le niveau adéquat pour affronter la concurrence
mondiale et ce, en raison de la persistance de plusieurs handicaps structurels. Il s’agit en
particulier de l’inertie de l’offre exportatrice nationale, sa concentration sur quelques
produits et sur quelques marchés, la prédominance des produits à basse technologie et à
forte intensité de ressources naturelles et de main-d’œuvre, la faible qualification et
scolarisation des employés ainsi qu’une faible productivité comparativement à des pays
concurrents particulièrement asiatiques.
Le contexte mondial actuel, marqué par l’accélération du démantèlement des barrières à
l’échange international et les co-localisations, offre, certes, des opportunités en matière
d’extension du commerce extérieur. Cependant, malgré ces opportunités, les risques et les
défis restent nombreux. Dans ce contexte, marqué, également, par une crise économique
profonde qui affecte la zone euro, le renforcement de la compétitivité devient pour le Maroc
un impératif pour relever le défi de la croissance et du bien-être, ce qui nécessite
l’association des efforts de tous les acteurs socio-économiques pour développer une
économie performante et compétitive.
Les pouvoirs publics ont joué un rôle important dans la promotion de la compétitivité et de
l’attractivité de l’économie. Ils ont, en particulier, lancé un programme ambitieux de
modernisation et de renforcement des infrastructures routière, autoroutière, ferroviaire et
aéroportuaire. Ils ont même identifié, dans le cadre du ‘‘Plan Emergence’’, de nouveaux
métiers mondiaux. Ces efforts gagneraient, toutefois, à être complétés par la mise en place
des conditions propices à l’amélioration des performances des exportations et la
consolidation de l’attractivité du Royaume, en continuant à assurer la stabilité du cadre
macro-économique et en approfondissant les réformes structurelles et institutionnelles.
Remporter le pari de la compétitivité reste tributaire aussi du développement du capital
humain. Une importance particulière devrait être ainsi allouée à la formation de ressources
humaines de haut niveau, à travers le renforcement de la formation professionnelle,
l’amélioration des taux de scolarisation, la recherche d’une bonne adéquation des
formations aux besoins du marché de l’emploi et l’accélération de la mise en œuvre des
réformes inscrites dans le cadre de la charte de l’enseignement, dans le cadre d’une
gouvernance globale et coordonnée permettant des évaluations régulières et des
ajustements continus pour s’adapter aux évolutions et aux nouvelles opportunités qu’elles
offrent.
L’administration constitue, dans ce cadre, une composante fondamentale de
l’environnement de l’entreprise. La compétitivité de celle-ci serait grandement entravée si
elle ne trouve pas dans l’administration un interlocuteur souple, efficace et performant.
C’est pourquoi, malgré les efforts consentis à ce niveau, la modernisation de l’administration
s’affirme de plus en plus comme une exigence incontournable pour relever le défi de la
compétitivité. Ces actions devront être accompagnées par l’amélioration de l’environnement
de l’entreprise, notamment en facilitant l’accès au financement bancaire pour un grand
nombre de PME et en assurant une plus grande flexi-sécurité au niveau du marché de
travail.
Les autorités devraient aussi, à l’instar de certains pays asiatiques, déployer plus d’efforts
pour promouvoir la recherche scientifique, l’innovation et attirer des techniques et du
savoir-faire notamment à travers les marocains du monde. Ils devraient, d’un autre côté,
continuer l’effort d’investissement dans le développement des infrastructures de Recherche
&Développement (parcs scientifiques, laboratoires publics de R-D, ...). Si l’Etat demeure
sollicité pour assurer les conditions de la compétitivité de l’économie, il est important de
souligner le rôle important que l’entreprise est appelée à jouer pour réussir le défi de la
compétitivité. L’entreprise doit ainsi améliorer la qualité de ses produits, développer des
techniques de management modernes, investir plus dans l’innovation et la Recherche
&Développement. L’entreprise doit aussi intégrer dans sa stratégie de développement la
valorisation du capital humain comme facteur central de compétitivité et de promotion
économique et social du pays.
1.3) Concentration de l’offre exportable sur quelques secteurs et sur
quelques pays :
1.3.1) Les exportations moins dynamiques que les importations
Le Maroc s’est orienté depuis plusieurs années vers l’ouverture de son économie. Ce choix
s’est concrétisé par l’adhésion à l’OMC en 1995, la signature de plusieurs accords de libre-
échange avec l’Union européenne, les Etats-Unis, la Turquie et les pays de l’accord d’Agadir.
Le Royaume a aussi signé de nombreux accords commerciaux avec d’autres pays,
notamment africains. Le résultat a été une hausse du taux d’ouverture de l’économie
nationale qui est passé de 51% en 2000 à 64,8% en 2011. Comparativement aux autres pays
émergents (graphe 1), le Maroc enregistre un taux d’ouverture moyen sur la période 2006-
2011 équivalent à 60,5%. A titre de comparaison, ce niveau est supérieur à celui de l’Egypte
(39,5%), de l’Inde (36,6%), de l’Argentine (35,8%) de la Turquie (43,6%). Il reste toutefois
inférieur à celui affiché notamment par la Tunisie (86,9%) et la Jordanie (97,9%).
Cette ouverture croissante de l’économie marocaine ne s’est pas faite d’une manière
équitable entre les exportations et les importations. En effet, le niveau des importations de
biens se retrouve bien plus élevé que celui des exportations.
La politique d’intégration irréversible du Maroc à l’économie mondiale a permis, certes, au
pays d’enregistrer un certain dynamisme des exportations au cours des dernières années,
mais cette amélioration s’est faite, en réalité, à un rythme plus faible que celui des
importations. En effet, durant la période 2000-2011, la valeur des exportations marocaines
de marchandises, a connu au cours de cette période une hausse annuelle moyenne de 112
milliards de dirhams contre 214 milliards pour les importations. Quant au taux de
progression des exportations, il a été de 7,5% en moyenne annuelle contre 10,2% pour les
importations. En fait, le rythme de croissance des exportations par rapport aux importations
a été beaucoup plus faible durant la période 2000-2005, soit respectivement 4,7% et 9,2%.
Cet écart a toutefois baissé entre 2006 et 2011, avec des taux de 8,5% et 11,2%
respectivement.
Une légère amélioration de l’effort à l’export et une faible contribution des exportations à la
croissance économique sont notées.
Ce raffermissement des exportations au cours des dernières années a engendré une certaine
amélioration de l’effort à l’exportation du Maroc, qui a atteint près de 20% en 2011, après le
creux constaté en 2009 en lien avec les effets négatifs de la crise financière
internationale. En moyenne, et malgré cette hausse, l’effort à l’exportation du Maroc a
oscillé aux alentours de 17% entre 2000 et 2011. Ce taux reste faible par rapport à ceux
affichés par la Tunisie ou la Jordanie, ou par certains pays émergents, principalement d’Asie
du Sud et des PECO. D’un autre côté, malgré les nombreuses mesures prises par les pouvoirs
publics en vue de créer les conditions favorables au développement des exportations et en
dépit de l’amélioration de ces dernières au cours des dernières années, elles contribuent
faiblement à la croissance économique au Maroc comparativement à un certain nombre de
pays émergents.
L’analyse de l’évolution de la demande étrangère adressée au Maroc en volume pour les
biens au cours de la période 2000-2012 permet de dégager les principaux résultats suivants:
Un dynamisme soutenu de la demande étrangère adressée au Maroc sur la période
2000-2007 contre un rythme de croissance plus faible à la fin de la période en lien
avec la crise économique et financière internationale;
Une forte dépendance de la demande étrangère adressée au Maroc de celle émanant
des pays de l’Union européenne;
Une demande étrangère plus élevée de la part des pays hors Union européenne, par
rapport à celle européenne, à partir de l’année 2004 (Inde, Brésil, Russie, Turquie,
Chine,…), liée à une hausse du taux de croissance de leurs importations mondiales.
Pour ce qui est du ralentissement de la demande étrangère en provenance de l’Union
européenne, constatée à partir de 2007 particulièrement en 2009, en lien avec la crise dans
la zone euro, il a été compensé au niveau d’autres marchés. En effet, le poids des pays hors
Union Européenne dans les exportations marocaines a considérablement augmenté passant
de 24,3% en 2000 à 42,5% en 2012, à l’instar du Brésil, de l’Inde et du Pakistan qui ont vu
leurs parts progresser à 5,7%, 5,3% et 1,6%respectivement en 2012, contre 0,9%, 4,2% et
0,4%, en 2000 grâce, notamment, aux phosphates et dérivés. De même, les poids des
exportations vers les Etats-Unis et la Turquie se sont renforcés, portés à 4,1% et 1,5%
respectivement en 2012 contre 2,8% et 0,5% en 2000.
La hausse importante et croissante des importations de biens au Maroc est liée, notamment,
à son ouverture accrue à l’économie mondiale et à ses besoins croissants en demi-produits
et en biens d’équipement pour les investissements, mais aussi à la forte dépendance du pays
en énergie.
La forte dépendance de l’économie nationale des importations est reflétée à travers
l’évolution du taux de pénétration de l’économie nationale. Ce taux, qui reflète la part du
marché intérieur couverte par les importations, a connu, en effet, une augmentation
sensible durant les dernières années suite, notamment, aux différents accords de libre-
échange conclus par le Maroc avec l’Union Européenne, les Etats-Unis, la Turquie et les pays
de l’accord d’Agadir. Les importations couvrent désormais 33,6% en moyenne du marché
intérieur durant la période 2006-2011 contre 27,6% sur la période 2000-2005.
Comparativement à d’autres pays, ce taux reste inférieur à celui enregistré, notamment, par
la Tunisie (44,1%), la Hongrie (70,7%) et la Malaisie (81,6%).
La croissance plus importante des importations de biens par rapport aux exportations a eu
comme conséquence une dégradation continue du taux de couverture pour atteindre 42,8%
en 2009, perdant 27 points par rapport à 1998 (70%) et 31 points par rapport à 1997 (74%),
année où- il a enregistré sa meilleure performance historique. Toutefois, ce taux a connu
une légère amélioration en 2010, soit 49,8%.
Sur les deux sous-périodes 2000-2005 et 2006-2011, le taux de couverture s’est dégradé de
presque 11 points passant de 59,9% à 49%. Ce taux reste pratiquement faible par rapport à
la plupart des pays émergents ou de même niveau de développement de l’Asie, des PECO ou
de l’Amérique latine.
Le résultat logique et évident de la croissance plus faible de la valeur des exportations
nationales comparativement aux importations au cours des dernières années est la
détérioration du déficit de la balance commerciale qui ne fait que s’aggraver d’année en
année. Ce déficit a été multiplié par presque 5 fois, passant de 44 milliards de dirhams en
2000 à 201 milliards en 2012. Il a, néanmoins, baissé en 2009 et 2010 respectivement à 151
et148 milliards en raison d’un repli plus fort des importations que celle des exportations en
lien, notamment, avec les effets négatifs de la crise économique mondiale aussi bien sur le
Maroc que sur ses principaux partenaires commerciaux.
D’une manière générale, le déficit commercial du Maroc au cours de la période 2000-2012
s’explique, du côté des importations, par l’accroissement des achats des produits
énergétiques dont la valeur dépend des fluctuations des cours et des taux de change au
niveau international et des produits alimentaires, en particulier les céréales d’une part et de
l’autre par l’importance des importations des biens d’équipements, liée la dynamique
d’investissement de l’économie nationale.
1.3.2) Les principaux secteurs exportateurs au Maroc :
L’analyse d’un certain nombre d’indicateurs relatifs aux exportations nationales a révélé,
d’une part, un certain dynamisme qui est toutefois moins important que celui des
importations et, d’autre part, une compétitivité au niveau mondial inférieure à celles de
plusieurs pays émergents ou de même niveau de développement. Quels sont alors les
principaux déterminants de cette sous-performance sachant que le Maroc a accordé ces
dernières années une importance particulière à ce secteur et a mis en place plusieurs
mesures incitatives en faveur des exportations.
L’examen de la structure des exportations montre un ensemble de facteurs qui sont à
l’origine de la faible compétitivité extérieure des produits nationaux. Les exportations
marocaines sont, en effet, caractérisées par une offre concentrée sur quelques produits, un
niveau de diversification des marchés d’exportation inférieur à celui de plusieurs pays
concurrents, un faible niveau technologique de la majorité des produits destinés à l’export,
une main d’œuvre faiblement qualifiée ainsi qu’un faible niveau d’innovation et de
recherche-développement.
Une des principales caractéristiques des exportations marocaines réside dans la faiblesse
qualitative de l’offre de produits destinés à l’export. En effet, elle reste largement marquée
par la prédominance des demi-produits et des produits finis de consommation (plus de la
moitié des exportations totales). En 2012, ces deux groupes représentaient environ 29% et
25%.
Ces deux groupes sont eux même dominés (3/4 environ) par quelques produits : les engrais
naturels et chimiques (39,5%), l’acide phosphorique (27.4%) et les composants électroniques
(8,5%) pour les demi-produits ; les vêtements confectionnés (42,9%) et les articles de
bonneterie (17,2%) pour les produits finis de consommation. Une fois encore, la France et
l’Espagne occupent une part notable dans les exportations de ces biens. La conséquence est
qu’une grande partie de nos exportations dépend soit de l’évolution de leurs cours au niveau
mondial soit de la demande émanant des principaux partenaires commerciaux. A souligner,
dans ce cadre, le poids important des réexportations sous forme d’admission temporaire
sans paiement sans grande valeur ajoutée. Pour les produits finis de consommation, elles
représentent 2/3 des exportations totales de ce type de produits en 2011 (65,2%). A elles
seules, les réexportations en admission temporaire sans paiement des vêtements
confectionnés occupent 75% des ventes totales à l’étranger de ce type de produits.
D’un autre côté, l’analyse de la structure des exportations marocaines par destination
montre que, malgré l’ouverture croissante du Maroc sur l’économie mondiale, elle est
concentrée sur l’Union Européenne. Cette concentration s’est, toutefois, atténuée passant
de 74,1% des exportations globales du Maroc en 1998 à 57,5% en 2012. De leur côté, malgré
une baisse relative de leur poids au cours des dernières années, la France et l’Espagne
constituent les principaux clients du Maroc avec des parts de 20,5% et 18,2% respectivement
en 2011, soit près de 38% ensemble, contre 30% et 20% respectivement en 2005, soit 50%
pour ces deux pays. En d’autres termes, le niveau et l’évolution des exportations du Maroc
dépendent fortement de ces deux pays. Ils absorbent en effet tous les deux, 2/5ème de la
production marocaine destinée à l’export. Cette dépendance vis-à-vis de la demande
adressée émanant de ces deux économies est-elle même liée à l’activité et à la conjoncture
économique de ces deux pays.
Une augmentation sensible est constatée, toutefois, pour les exportations vers les pays hors
Union Européenne, notamment le Brésil, l’Inde et le Pakistan qui ont vu leurs parts
progresser à 5,7%, 5,3% et 1,6% respectivement en 2012, contre 0,9%, 4,2% et 0,4%, en
2000 grâce, notamment, aux phosphates et dérivés.
De même, sur le marché de l’Afrique Subsaharienne, les exportations marocaines vers cette
région sont en nette progression, avec une accélération au cours des quatre dernières
années, et révèlent qu’un potentiel existe. En effet, le volume exportée, encore faible,
atteint 12,4 milliards en 2012 soit 7% du total exporté contre 1,8% en 2000. Au cours de
cette période, le Maroc a exporté surtout vers le Sénégal, le Nigeria, la Mauritanie et le
Ghana. Ces quatre pays ont absorbé 43% du total des exportations marocaines vers cette
région en 2012.
Une autre manière d’évaluer la compétitivité des exportations pourrait être tentée à travers
l’analyse de leur évolution comparée à celle prévalent sur le plan mondial. Cette approche
permettra d’apprécier le niveau de la performance du Maroc en matière d’export ainsi que
son positionnement à l’échelle internationale. Cette évaluation sera établie sur la base d’un
portefeuille des vingt principaux groupes de produits exportés par le Maroc, classés selon la
valeur moyenne des exportations durant la période 2006-2010. Il s’agira, dès lors, de
comparer la croissance de nos exportations à l’évolution globale des exportations au niveau
mondiale.
Cette analyse est établie sur la base d’un portefeuille des 20 principaux groupes de produits
exportés par le Maroc (classés selon la valeur moyenne des exportations durant la période
2007-2011), et qui compare la croissance de nos exportations avec la dynamique de la
demande mondiale. Deux catégories peuvent être distinguées :
Produits champions : ce sont des produits dynamiques caractérisés à la fois par une
forte croissance du commerce international et des gains de parts de marché pour le
Maroc. Il s'agit des ‘‘équipements pour la distribution d'électricité’’, des ‘‘produits
chimiques inorganiques’’ et des ‘‘engrais’’, qui figurent parmi les produits ˆ moyenne
et haute technologie selon l’OCDE, et pour lesquels le Maroc a gagné d’importantes
parts de marché durant les dernières années.
Produits non performants : Ce sont des produits caractérisés à la fois par une forte
croissance du commerce international et des pertes de parts de marché pour le
Maroc en raison de la forte concurrence sur le marché international. Dans ce groupe,
le Maroc a perdu des parts de marché pour des produits dont la demande mondiale
est croissante. Il s'agit en particulier de certains produits agricoles, comme les
légumes et fruits, ainsi que de certains produits de la mer, tels que les poissons.
En dépit de sa concentration sur les produits traditionnels, l’analyse de l’offre exportable
nationale sur ces dernières années révèle l’émergence de certains métiers qui contribuent
significativement à la modernisation du tissu industriel national et qui ont réalisé une nette
progression en termes de contribution à la balance commerciale nationale. L’émergence de
ces segments moteurs de croissance a été confortée par l’opérationnalisation effective du
Pacte National pour l’Emergence Industrielle en février 2009 qui s’est essentiellement
focalisé sur le développement de ces métiers mondiaux eu égard à leur dynamique au
niveau mondial et aux avantages compétitifs qu’ils présentent.
Subséquemment, les exportations de ces métiers mondiaux du Maroc (MMM) ont atteint
près de 97 milliards de dirhams en 2012 contre près de 75,5 milliards de dirhams en 2008, ce
qui correspond à un additionnel de 21,56 milliards de dirhams et une croissance annuelle
moyenne de 6,5%. En effet et après une année 2009 marquée par les effets de la crise (une
baisse de 5% et une perte de près de 4 milliards de dirhams), les exportations consolidées
des MMM ont renoué avec la croissance en 2010 (+17% par rapport à 2009, soit un
additionnel de 12 milliards de dirhams), en 2011 (+9% par rapport à 2010, soit un
additionnel de 7,7 milliards de dirhams) et en 2012 (+6,5% par rapport à 2011, soit un
additionnel de 5,88 milliards de dirhams).
Cette dynamisation a été tirée, principalement, par les performances remarquables des
secteurs de l’automobile (+98% entre 2008 et 2012 et un additionnel d’exportations de
13,36 milliards de dirhams), de l’aéronautique (+76% et un additionnel de plus de 2,75
milliards de dirhams), de l’Offshoring (+70,2% et un additionnel de 2,9 milliards de dirhams)
et, dans une moindre mesures de l’agroalimentaire (+11% et un additionnel de 1,71 milliard
de dirhams). En contrepartie, les performances des secteurs du textile-habillement et de
l’électronique sont restées relativement faibles avec une hausse des exportations entre 2008
et 2012, respectivement, de +2,1% (un additionnel de 555 millions de dirhams) et de +4%
(un additionnel de 300 millions de dirhams).
Considéré comme l’un des secteurs moteurs du Pacte Emergence, le secteur de l’automobile
a réalisé au cours de ces trois dernières années des performances remarquables confirmant
ainsi le positionnement du Maroc sur la carte mondiale de l’industrie automobile en tant que
plateforme d’investissement, de production et d’exportation. En effet, les exportations du
secteur sont passées de 12,74 milliards de dirhams en 2007 (3,6 milliards de dirhams en
2004) à plus de 27 milliards de dirhams en 2012, soit une croissance annuelle moyenne de
18,6%. Cette dynamique à l’export a été tirée par l’ensemble des activités développées au
niveau du Maroc à savoir : le câblage (15,33 milliards de dirhams en 2012), la construction
automobile (8,5 milliards de dirhams en 2012), les coiffes de siège (1,62 milliard de dirhams
en 2012) ainsi que les nouvelles spécialisations (transformation du métal et du plastique). Il
convient de signaler à ce niveau que grâce au grand projet Renault de Tanger, la part de la
construction automobile dans les exportations globales du secteur sont passées de 12% en
2011 à plus de 32% en 2012 (8,6 milliards de dirhams en 2012 en hausse de 217% par
rapport à 2011).
Les perspectives d’évolution du secteur demeurent prometteuses pour les années à venir
avec la montée en charge de la cadence de production de l’usine de Renault-Tanger qui
devrait atteindre, à terme, 340.000 véhicules. Cette dynamique du secteur automobile
devrait permettre d’améliorer significativement la balance commerciale via l’augmentation
des exportations de ce secteur estimées, à terme, à plus de 38 milliards de dirhams.
Positionné par le PNEI comme étant l’un des principaux Métiers Mondiaux du Maroc, le
secteur aéronautique a connu un développement très soutenu au cours de dernière
décennie conforté par l’installation d’acteurs mondiaux à l’instar d’EADS Aviation, de Boeing
et de SAFRAN. Orienté totalement vers l’export et constitué de près de 100 entreprises
exerçant dans les activités de production, de services et d’ingénierie, ce secteur a enregistré
des performances remarquables au cours de ces dernières années avec des exportations qui
ont atteint près de 6,36 milliards de dirhams en 2011, en croissance annuelle moyenne de
15,2% sur la période 2008-2012.
A l’instar de l’automobile, la dynamique à l’export de ce secteur a été tirée, au cours de la
même période par l’ensemble des activités développées au niveau du Maroc, en
l’occurrence, le système électrique et le câblage (3,57 milliards de dirhams en 2012),
l’assemblage (1,65 milliard de dirhams en 2012), le travail des métaux (512 millions de
dirhams en 2012), l’activité « Composite » (405,6 millions de dirhams en 2012)… Cette
industrie profite de la confiance des investisseurs mondiaux à l’égard du Maroc en tant que
plateforme industrielle compétitive comme en témoigne l’implantation de Bombardier, 3ème
constructeur mondial d’avions, pour un investissement de 200 millions de dollars (1,6
milliard de dirhams) permettant de créer 850 emplois directs et 4.000 indirects.
Aussi, le secteur de l’offshoring au Maroc a connu un développement soutenu au cours de
cette dernière décennie comme en témoigne l’évolution des exportations et de l’emploi. En
effet, les exportations du secteur ont atteint près de 7 milliards de dirhams en 2012 (près de
75% pour le BPO5 et 25% pour l’ITO6) contre 4,2 milliards de dirhams en 2008, soit une
croissance annuelle moyenne de 14,1% par an. De même, l’emploi dans le secteur a atteint,
en 2012, plus de 57.000 postes contre 27.367 emplois en 2008, soit une création nette de
29.633 emplois durant cette période.
En termes de perspectives, le secteur présente un potentiel estimé à 100.000 emplois et un
chiffre d’affaires de plus de 20 milliards de dirhams à l’horizon 2015. Cette performance
confirme la politique volontariste du Maroc pour le développement de cette activité et son
positionnement dans la cartographie mondiale des pays les plus compétitifs en matière
d’offshoring (Le Maroc a remporté, en juin 2012 à Londres, le prix de la meilleure destination
Offshoring décerné par l’Association Européenne de l’Outsourcing (EOA).
Au niveau des ressources naturelles, le Maroc dispose de la plus importante réserve
mondiale en phosphates se positionne, à travers le Groupe OCP, en tant que premier
exportateur mondial de phosphates sous toutes formes avec un portefeuille de plus de 150
clients sur les 5 continents. Ce positionnement qui s’accélère d’année en année est le fruit
des choix stratégiques pris par le Groupe OCP afin de tirer profit du dynamisme que connaît
la demande mondiale tirée, essentiellement, par les principales puissances agricoles, à
l’instar de l’Amérique latine et de l’Asie dont la part dans la consommation mondiale des
engrais est passée à 70% en 2010. Ce repositionnement stratégique du groupe OCP s’est
concrétisé par un renforcement de la part des dérivés de phosphate (73% des exportations
globales de l’OCP en valeur en 2012 contre moins de 53% en 2000) et un recentrage sur les
principales puissances agricoles et démographiques à l’instar de l’Inde et du Brésil dont la
part, pour les engrais, est passée de seulement 22% en 2000 à près de 50% en 2012. Dans ce
même sillage, le Groupe renforce son ancrage sur le continent africain, eu égard à son fort
potentiel, avec un volume des ventes d’engrais qui a atteint près de 500.000 tonnes en 2012,
soit aux alentours de 10% des ventes globale des engrais, contre 60.000 tonnes quelques
années auparavant.
Section 2 : L’impact de la libéralisation commerciale sur les
quartiers de la zone industrielle Sidi Bernoussi de Casablanca
2.1) les caractéristiques de la zone industrielle Sidi Bernoussi
La préfecture de Sidi Bernoussi a une vocation industrielle. Elle couvre une superficie totale
de 38,59 km². Sidi Bernoussi est délimité géographiquement au nord par l’océan atlantique,
au sud par la préfecture de Médiouna, à l’est par la préfecture de Mohammedia, et à l’ouest
par la préfecture des arrondissements de Ain Sbâa Hay Mohammadi et la préfecture des‐
arrondissements de Moulay Rachid. Le territoire de cette préfecture est caractérisé par la
présence d’un tissu industriel dynamique et diversifié et de zones industrielles équipées.
2.1.1) Caractéristiques socio économiques et démographiques de Sidi Bernoussi
a) La démographie
Selon le recensement Général de la population et de l’habitat (RGPH) de 2004, le nombre
total des habitants de la province est 453 552, répartis en 164 875 pour Sidi Bernoussi et 288
677 pour Sidi Moumen. Le recensement officiel ne nous permis pas d’avoir une idée sur le
volume de la population cible du projet dans le site. La répartition d’âge disponible est celle
qui distingue entre les catégories d’âges suivantes : (1) moins de 6ans, (2) de 6 à 14 ans, (3)
de15 à 59 ans, et (4) 60 ans et plus. La population de jeunes ciblés par le projet est
considérée comme une partie de la catégorie de 15 à 59 ans.
Par rapport au niveau de scolarisation, le recensement de la population nous ne renseigne
pas sur la population jeune de 15 à 25 ans. Les informations qui existent à ce niveau sont
ventilées par la catégorie genre. Quant au taux d’analphabétisme, il demeure important. Il
est de 21.0 % à Sidi Bernoussi et de 25.7 % à Sidi Moumen.
Au niveau socio économique, le taux d’activité est important dans le site. Il est de 40.8% à
Sidi Bernoussi et de 38.5% à Sidi Moumen. Il est élevé chez le genre masculin par rapport aux
femmes. Le taux d’inactivité chez les femmes est très élevé. Il est de 79.6% à Sidi Bernoussi
et de 177.6% à Sidi Moumen.
Quant à la situation dans la profession des actifs occupés et des chômeurs ayant déjà
travaillé, on constate que la proportion des salariés est importante, que ce soit dans le
secteur public ou le secteur privé. Il est de 81% à Sidi Bernoussi et de 75.2% à Sidi Moumen.
La préfecture de Sidi Bernoussi est marquée par l’existence d’un grand nombre de personnes
souffrant de précarité. Les enfants de rues et les jeunes sans abri constituent une proportion
importante de la population touchée par la précarité. Ils représentent 14 % par rapport à la
population précaire de la préfecture.
Population de la province de Sidi Moumen Bernoussi souffrant de la précarité à Sidi Bernoussi Population
Total de la population
fragile
% par rapport à la population
précaire de la préfecture
% par rapport à la population
totale de la préfecture
Femmes en situation de précarité
1 148 27 % 0,3 %
Personnes âgées sans ressources
981 23 % 0,2 %
Handicapés physiques sans ressources
526 12 % 0,1 %
Mendiants et vagabonds 402 9 % 0,1 %Ex détenus sans ressources ‐ 230 5 % 0,1 %Enfants des rues et jeunes sans abri
584 14 % 0,1 %
Enfants abandonnés 101 2 % 0,0 %Total 4 309 100 % 1 %
Source : Chiffres issus d'un recensement effectué sur la wilaya du Grand Casablanca en novembre 2004, in : Royaume du Maroc. Initiative Nationale pour le Développement Humain: Programme de lutte contre la précarité: Aout 2006.
b) L’éducation, la formation professionnelle, le sport et la jeunesse
En ce qui concerne l’enseignement public, la préfecture est dotée de 53 établissements
primaires, 22 collèges et 11 lycées. Concernant l’enseignement privé, elle dispose de 28
établissements primaires, 4 collèges et 36 lycées. Au niveau des institutions d’encadrement
de la population, la préfecture dispose d’une structure importante de formation
professionnelle : 4 établissements de l’OFPPT (I. F. des industries meunières, I.T.A.G. à Sidi
Moumen et I.T.A à Sidi Bernoussi), d’un centre de formation par apprentissage(CFA) intégré
au lycée Ibn Al Mouaataz, un établissement de la jeunesse et sport (C.F.P. à Sidi Bernoussi),
un établissement de tourisme (C.Q.P.H.T. à Sidi Bernoussi) et de 2 établissements de
l’Entraide Nationale (02 centres d’éducation et de formation professionnelle et 1 centre
d’initiation professionnelle), en plus d’un centre indépendant (Rotary club Sidi Moumen).
Si on se limite au seul ITA existant à Sidi Bernoussi, on constate que l’offre de la formation
est importante. Cet établissement forme, sur 2 ans, des techniciens spécialisés dans la filière
de réseaux et systèmes informatiques et dans la filière système d’information. Il forme aussi
des techniciens dans les trois filières suivants: Technicien polyvalent en usinage, Comptable
d’entreprises et Secrétariat bureautique.
Au niveau des institutions d’encadrement de la population, il faut aussi signaler le rôle de
l’Association des Opérateurs Economiques de la Zone industrielle de Sidi Bernoussi Zénata‐
(Izdihar) dans ce domaine. Elle vise essentiellement à améliorer la situation socio‐économique des zones industrielles et à faciliter la mise à niveau énergétique et
environnementale dans un souci d’amélioration de la productivité et de la compétitivité des
entreprises des dites zones. IZDIHAR entend organiser une douzaine d’ateliers de formation
annuellement autour de différents thèmes spécifiques touchant la gestion de l’énergie et la
protection de l’environnement rentable et pérenne auprès des industriels grands, moyens et
petits consommateurs de ressources naturelles.
Au niveau de la jeunesse et sport, les infrastructures existantes sont les suivantes : 1
complexe sportif, 12 terrains de foot Ball, 1 salle couverte, 14 terrains de basket Ball, 06
terrains de Hand Ball, 08 terrains de Volley Ball, 5 terrains de pétanque, 1 parcours
d’athlétisme, 1 piste d’athlétisme, 01 salle couverte de sports, 03 maisons de jeunes et 01
foyer féminin.
Au niveau culturel, il y a deux complexes qui sont en cours de réalisation et 22 espaces
d’enfants (garderies).
La préfecture dispose aussi d’autres établissements de l’Entraide Nationale, tel le complexe
social et le centre d’insertion sociale.
c) L’industrie
L’industrie dans cette zone est considérée comme principal secteur économique. La
préfecture de Sidi Bernoussi Zenata vient en seconde position au niveau de la Wilaya du‐
grand Casablanca. Véritable poumon économique du Maroc, est l’une des plus anciennes
avec le parc industriel le plus important du Maroc. Elle compte plus de 575 unités employant
plus de 50 000 employés. Ces unités génèrent un chiffre d’affaires annuel de l’ordre de 25
milliards de MAD.
Source : Chiffres issus d'un recensement effectué sur la wilaya du Grand Casablanca en
novembre 2004, in : Royaume du Maroc. Initiative Nationale pour le Développement
Humain: Programme de lutte contre la précarité: Aout 2006.
Ces unités industrielles de tailles différentes et intervenant dans plusieurs secteurs
industriels, se répartissent comme suit :
Répartition des secteurs d’activité industriels selon les zones industrielles de la province de Sidi Moumen Bernoussi
Z. I. S/Bernoussi
Z. I. S/
Moumen
Z.I. SM Karia
Z.I Beaulieu
Echallalate
Z.I. Ahl
Loughlam
Zone RS Total
Agro alimentaire ‐ 46 05 ‐ ‐ ‐ ‐ 51 Textile et cuir 191 02 02 01 ‐ ‐ 196 Chimie parachimie 76 06 01 03 01 ‐ 87 Industrie métallique– métallurgique
88 12 02 03 07 02 114
Bois papier 35 02 ‐ ‐ 02 ‐ 39 Bâtiment et travaux publics
23 07 02 ‐ ‐ ‐ 32
Autres 39 13 01 02 01 56 Total 498 47 08 09 11 02 575
d) Le commerce
Au niveau commercial, la zone est caractérisée par la prédominance de commerces de
produits alimentaires. Elle Comporte 42 grossistes, 4600 détaillants, 1400 services et 07
stations services.
Concernant le secteur bancaire, elle dispose de 33 agences, représentant les différentes
banques nationales.
Nous pouvons ainsi retenir de ces différentes caractéristiques que le site de Sidi Bernoussi
dispose d’un nombre important d’infrastructures socioculturelles et éducatives qui peuvent
favoriser l’intégration des jeunes des bidonvilles. Le site témoigne également de l’existence
de plusieurs secteurs d’activités à savoir l’industrie manufacturière, le bâtiment et les
travaux publics, les activités financières, le transport et de communications ..., etc.
L’implantation de ce grand nombre d’unités industrielles dans ce site peut favoriser
l’insertion socio économique des jeunes des bidonvilles issus de Sidi Bernoussi.‐
4.2) Méthodologie et résultat du Diagnostic Participatif des quartiers de la zone industrielle Sidi Bernoussi :
4.2.1) Démarche méthodologique :
Afin de réaliser la mission dans les règles de l’art, une approche méthodologique
participative a été adoptée. Elle se propose de mettre en évidence les problèmes dont
souffrent les habitants au niveau des trois quartiers cible, et ce à la lumière des résultats des
différents aspects du diagnostic participatif des caractéristiques du territoire en question, et
des informations recueillies auprès des différents acteurs locaux.
Les axes retenus pour l’analyse sont les suivants :
Accès aux services et équipements de base ;
Inclusion économique ;
Animation culturelle, sociale et sportive ;
Gouvernance locale ;
Environnement et aménagement urbain.
Il s’agit des investigations de terrain, unique façon de s’informer, in situ, sur la nature et
l’importance des problèmes à relever, en vue d’une amélioration significative de la situation.
Lesdites visites de terrain ont pris la forme d’entretiens structurés à travers des
questionnaires élaborés en considération des spécificités des quartiers cibles et de la nature
des informations à collecter.
1. Focus groups :
Le Focus groups est une méthode d’enquête qualitative rapide qui a été développée en 1940
aux USA. C’est une technique de recherche d’informations qui consiste à recruter un nombre
représentatif de personnes répondant à des critères d’homogénéité. Ces personnes étant
regroupées par petits groupes de 6 à 12, dans le but de susciter une discussion ouverte à
partir d'une grille d'entrevue de groupe préalablement élaborée.
2. Entretiens stratégiques :
Bien que les modes d’investigations précités aient débouché sur des conclusions pertinentes,
il a été judicieux de compléter et affiner l’analyse par des entretiens semi structurés menés
avec des personnes ressources, sur la base d’un guide d’entretien.
4.2.2 Résultat du diagnostic participatif
Les FG ont concerné les trois quartiers retenus dans cette étude, à savoir : Douar Boulehya ;
Douar Issa et immeubles riverains et Douars du quartier industriel. Des représentants des
habitants et des acteurs locaux, notamment la société civile active au niveau de ces
quartiers, ont été invité à ces Focus Groups dont ci-après les résultats.
1. Douar Boulehya
Le FG consacré à Douar Boulehya a été tenu à la Bibliothèque municipale.
Suite à l’identification et à la priorisation des problèmes majeurs, l’analyse y afférente est
présentée dans le tableau ci-après :
Axes d’analyse
Problèmes majeurs
(par ordre de priorité)
Conséquences Causes Parties prenantes
Accès aux services et équipements de base
Fosses et installations de drainage primitives
Décharge des fosses aux alentours de l’école Al Kissaî ;
Prolifération des maladies d’allergie (Pneumologie, dermatologie et ophtalmologie).
Quartier non lié au système de drainage sanitaire de la ville ;
Faible sensibilisation des habitants.
Lydec (société de gestion déléguée) ;
Conseil municipal ;
Société civile ;
Propriétaire du foncier.
Incapacité du centre de santé (dispensaire) de
Insuffisance des traitements et prolifération des
Augmentation de la densité démographique ;
Société civile ;
Délégation de la santé.
Axes d’analyse
Problèmes majeurs
(par ordre de priorité)
Conséquences Causes Parties prenantes
répondre aux besoins croissants de la population
maladies
Expansion urbanistique.
Conteneurs poubelles insuffisants et abîmés
Prolifération des déchets et des maladies.
Faible sensibilisation des habitants du quartier et de l’Immeuble « Alliance darna » ;
Accompagnement insuffisant de la société de gestion déléguée.
Société de gestion déléguée (collecte des déchets ménagers) ;
Société civile.
Inclusion économique
Insuffisance des activités économiques ;
Absence de marketing et insuffisance des ventes (produits de la couture traditionnelle).
Augmentation du chômage parmi les jeunes ;
Faible revenu des familles ;
Délinquance.
Approche sécuritaire dans le traitement de la problématique du commerce ambulant ;
Faiblesse de l’esprit entrepreneurial chez les jeunes.
L’INDH ;
Le milieu familial ;
L’ANAPEC ;
Le Conseil municipal ;
La Délégation du travail ;
Les Chambres de commerce, de l’industrie et des services ;
Les Entreprises.
Animation culturelle, sociale et sportive
Absence d’espaces de jeux et de distraction pour les enfants et les jeunes ;
Insuffisance de l’espace réservé à la
Délinquance ;
L’abandon scolaire ;
Retard dans l’exécution des projets et programmes des associations.
Augmentation de la densité démographique ;
Expansion urbanistique.
Ministère de la jeunesse et des sports ;
Le Conseil de région ;
Le Conseil préfectoral ;
La société civile.
Axes d’analyse
Problèmes majeurs
(par ordre de priorité)
Conséquences Causes Parties prenantes
Maison des jeunes.
Gouvernance locale
Faiblesse du réseautage entre les associations ;
Insuffisance de l’encadrement à l’égard des associations.
Faiblesse de l’engagement au sein des associations ;
Absence de coordination entre association dans la réalisation de leurs projets et programmes.
Présidents des associations non conscients de l’importance du travail collectif ;
Manque de local dédié aux rencontres des différents acteurs de la société civile ;
Horaires de la formation des acteurs sociaux non adapté à leur disponibilité.
Associations ;
INDH ;
Ministères de tutelle.
Environnement et aménagement urbain
Habitats insalubres ;
Absence d’espaces verts.
Pauvreté ;
Délinquance ;
Maladies.
Absence de l’assiette foncière ;
Non intégration du quartier dans le plan d’aménagement de la ville.
Le Conseil municipal et l’ensemble des élus ;
Les Autorités locales ;
Le Ministère de l’habitat.
2. Douars du quartier industriel
Le FG consacré aux Douars du quartier industriel a été tenu au Centre de la deuxième
chance.
Après avoir identifié priorisé les problèmes majeurs, les participants au FG ont analysé les
différents aspects des problèmes ainsi relevés. Le tableau suivant synthétise cette analyse :
Axes d’analyse
Problèmes majeurs
(par ordre de priorité)
Conséquences Causes Parties prenantes
Accès aux services et équipements de base
Eloignement de l’école
Abandon scolaire et délinquance
Non accompagnement du développement du quartier par les autorités compétentes
Conseil municipal ;
Ministère de l’éducation nationale ;
Associations.
Passage à niveau ferroviaire non gardé
Risque d’accidents
Non coopération entre l’ONCF et le Conseil municipal
Conseil municipal ;
ONCF.
Absence d’un poste de police à proximité du quartier
Insécurité des habitants
Non accompagnement du développement du quartier par les autorités compétentes
Conseil municipal ;
Direction générale de la sureté nationale.
Inclusion économique Chômage
Pauvreté ;
Délinquance.
Exode rurale ;
Faiblesse de l’esprit entrepreneurial chez les jeunes.
L’INDH / La CGEM / L’ANAPEC / Les associations et les coopératives / La Délégation du travail / Les Chambres de commerce, de l’industrie et des services.
Animation culturelle, sociale et sportive
Absence d’espaces de jeux et de distraction pour les enfants et les jeunes ;
Insuffisance de l’espace réservé à la
Délinquance ;
Retard dans l’exécution des projets et programmes des associations.
Augmentation de la densité démographique ;
Exode rurale ;
Expansion urbanistique.
Ministère de la jeunesse et des sports ;
Le Conseil de région ;
Le Conseil préfectoral ;
La société civile.
Page 58
Axes d’analyse
Problèmes majeurs
(par ordre de priorité)
Conséquences Causes Parties prenantes
Maison des jeunes.
Gouvernance locale
Insuffisance de la formation destinée aux associations ;
Majorité des associations sans local ;
Réseautage insuffisant entre associations ;
Insuffisance de communication et de synergie entre habitants et responsables.
Absence de coordination entre associations dans la réalisation de leurs projets et programmes ;
Faiblesse des compétences associatives ;
Résultats insatisfaisants de l’action associative.
Présidents des associations non conscients de l’importance du travail collectif ;
Politisation de l’activité associative ;
Horaires de la formation des acteurs sociaux non adapté à leur disponibilité.
Associations ;
INDH ;
Ministères de tutelle ;
Habitants.
Environnement et aménagement urbain
Absence d’espaces verts ;
Trottoirs non appropriés ;
Habitats insalubres ;
Ruelles étroites ;
Effluents industriels.
Insécurité ;
Maladies.
Absence de l’assiette foncière ;
Non intégration du quartier dans le plan d’aménagement de la ville.
Le Conseil municipal et l’ensemble des élus ;
Les Autorités locales ;
Le Ministère de l’habitat ;
Associations environnementales.
3. Douar Issa et immeubles riverains
Le FG consacré à Douar Issa et immeubles riverains a été tenu au centre culturel Hassan
SKALLI.
L’identification des problèmes majeurs a été suivie par leur priorisation selon une méthode
collective. Puis une analyse appropriée a été effectuée pour appréhender les différentes
facettes de ces problèmes. Le tableau suivant récapitule le détail de cette analyse :
Axes d’analyse
Problèmes majeurs
(par ordre de priorité)
Conséquences Causes Parties prenantes
Accès aux services et équipements de base
Fosses et installations de drainage primitives
Maladies.
Quartier non lié au système de drainage sanitaire de la ville ;
Faible sensibilisation des habitants.
Lydec (société de gestion déléguée) ;
Conseil municipal ;
Associations.
Incapacité du centre de santé (dispensaire) de répondre aux besoins croissants de la population
Insuffisance des traitements et prolifération des maladies
Augmentation de la densité démographique ;
Exode rurale ;
Insuffisance des ressources humaines.
Société civile ;
Délégation de la santé.
Prolifération des déchets ménagers
Maladies ;
Entrave à la circulation ;
Atteinte à l’aspect esthétique du territoire.
Faiblesse de la sensibilisation des habitants ;
Accompagnement insuffisant de la société de gestion déléguée.
Conseil municipal ;
Société de gestion déléguée (collecte des déchets ménagers) ;
Société civile.
Inclusion économique
Chômage Pauvreté ;
Délinquance.
Exode rurale ;
Approche sécuritaire dans le traitement de la problématique du commerce ambulant ;
Transfert en
L’INDH / La CGEM / L’ANAPEC / Les associations et les coopératives / l’ODECO / La Délégation du travail / Les Chambres de commerce, de
Axes d’analyse
Problèmes majeurs
(par ordre de priorité)
Conséquences Causes Parties prenantes
Tunisie de l’activité d’un Groupe industriel (abritant presque 12 000 employés) ;
Faiblesse de l’esprit entrepreneurial chez les jeunes.
l’industrie et des services / Associations de microcrédits.
Animation culturelle, sociale et sportive
Insuffisance de l’espace réservé à la Maison des jeunes ;
Pas de possibilité d’utiliser le terrain d’Errachad El barnoussi.
Délinquance ;
Retard dans l’exécution des projets et programmes des associations.
Augmentation de la densité démographique ;
Exode rurale ;
Absence d’assiette foncière.
Ministère de la jeunesse et des sports ;
Le Conseil de région ;
Le Conseil préfectoral ;
La société civile.
Axes d’analyse
Problèmes majeurs
(par ordre de priorité)
Conséquences Causes Parties prenantes
Gouvernance locale
Insuffisance de la formation destinée aux associations ;
Majorité des associations sans local ;
Réseautage insuffisant entre associations ;
Insuffisance de communication et de synergie entre habitants et responsables.
Absence de coordination entre associations dans la réalisation de leurs projets et programmes ;
Faiblesse des compétences associatives ;
Résultats insatisfaisants de l’action associative.
Faiblesse de l’ingénierie de formation destinée aux associations ;
Management associatif déplorable ;
Politisation de l’activité associative.
Associations ;
INDH ;
Ministères de tutelle ;
Habitants.
Environnement et aménagement urbain
Habitats insalubres ;
Insuffisance des espaces verts.
Insécurité ;
Maladies ;
Délinquance.
Absence de l’assiette foncière ;
Non intégration du quartier dans le plan d’aménagement de la ville.
Le Conseil municipal et l’ensemble des élus ;
Les Autorités locales ;
Le Ministère de l’habitat ;
Associations environnementales.
D’après les résultats obtenus lors du diagnostic participatif dans les trois quartiers de la zone
industrielle Sidi Bernoussi, et suivant les nouvelles perceptions de la pauvreté, si on doit inclure
les conditions de vie matérielles, la santé, l’éducation, les activités personnelles, dont le travail,
la participation à la vie politique et la gouvernance, les liens et rapports sociaux, on pourra
facilement conclure que les habitants des trois Douars de la zone industrielle vivent dans
l’extrême pauvreté.
Conclusion :
Si le chômage reste au Maroc un phénomène essentiellement urbain (trois actifs au chômage
sur quatre vivent en ville), c’est paradoxalement parce que les villes génèrent davantage
d’emplois, et attirent donc la population au chômage. L’emploi rural est en effet encore
largement dominé par l’agriculture (qui emploie à elle seule près de 80% des actifs ruraux), et
très tributaire de ses résultats.
Ainsi, les crises climatiques non maîtrisées, telles les sécheresses de 1994 et 1995, provoquent
un exode rural massif qui contribue à la hausse du chômage dans les villes. Mieux former sa
main d'œuvre, développer ses infrastructures pour libérer la production agricole des
contraintes climatiques, et améliorer sa compétitivité à l’échelon international sont autant de
priorités que se fixe le Maroc afin de relever le défi du chômage, qui s’annonce comme l’un des
plus lourds de ces prochaines années.
Des contraintes sociales, économiques et démographiques, nouvelles ou anciennes, telles
l’inégale répartition spatiale de la population, l’urbanisation rapide, les déséquilibres
régionaux…, ont incité le gouvernement marocain à multiplier les initiatives de tous ordres dans
les domaines de la population et du développement (éducation, santé, emploi, amélioration du
cadre de vie…).
Il a engagé une politique de décentralisation qui cherche en particulier à résorber les
déséquilibres entre les différentes régions, mais aussi entre milieu urbain et milieu rural. La
régionalisation qu’il instaure sur les plans à la fois administratif, organisationnel et
institutionnel, vise à mieux satisfaire les spécificités locales, à réduire des disparités internes et
à promouvoir le développement économique. Ces initiatives nationales, en faisant de plus en
plus souvent appel au secteur non gouvernemental et à la coopération internationale, s’offrent,
dans les objectifs qu’elles se fixent, de meilleures garanties de succès.
D’ailleurs, le diagnostic participative auquel j’ai participé à sa réalisation fait partie des
initiatives nationales pour mieux contribuer au bien être de la population la plus démunie mais
aussi pour explorer minutieusement les besoins et les attentes de la population la plus
démunie.
Conclusion générale :La pauvreté est un phénomène complexe, difficile à appréhender, au vu de son caractère
multidimensionnel et des différentes facettes sous lesquelles elle peut se présenter. C'est
pourquoi une approche qualitative qui permet d'approfondir la connaissance de ses dimensions
multiples est déterminante pour mieux éclairer la réalité des pauvres et mieux identifier leur
besoin afin d'affiner le ciblage des politiques que l'on peut envisager de mettre en œuvre, pour
en réduire l'ampleur. Cette approche s'inscrit dans l'optique de compléter les évaluations à
caractère monétaire, par une meilleure connaissance des réalités quotidiennes telles que
vécues et exprimées par les pauvres eux-mêmes.
Comme décrit précédemment, identifier une relation directe entre la libéralisation commerciale
et la pauvreté s’avère inaccessible puisqu’on doit toujours passer par la croissance avec comme
conditions les inégalités de revenus, ce qui rend toujours les résultats ambigus.
Notre démarche a pu répondre partiellement à la problématique de notre étude et a eu des
résultats contradictoires à l’évolution positive dans la lutte contre la pauvreté d’après les
statistiques du HCP. Nous avons commencé notre étude par l’analyse de la pauvreté au cours
de la mondialisation ainsi que sa relation avec l’ouverture commerciale des économies. Ensuite,
nous avons analysé l’ouverture commerciale marocaine et la lutte contre la pauvreté qui font
l’objet de notre étude. Tout cela pour identifier l’impact de l’ouverture de l’économie
marocaine sur la pauvreté.
D’après les résultats de notre diagnostic participatif, il en ressort que l’ouverture commerciale
a, certes, encouragé l’industrie marocaine à produire et exporter plus comme le cas de la zone
industrielle Sidi Bernoussi. Donc, cette zone a attiré beaucoup d’habitants majoritairement la
population rurale à travers l’exode rurale qui n’ont pas trouvé de logements en adéquation
avec leurs faibles revenus à proximité de la zone industrielle Sidi Bernoussi. Ils se sont alors
installés à proximité de la zone industrielle dans des logements inadéquats sous forme de trois
bidonvilles.
La plupart de ces travailleurs se marient avec des femmes qui travaillent elles aussi dans ces
usines de Sidi Bernoussi. Et puisque ce genre de travail non qualifié et non stable ne transmet
aucun savoir faire, ces travailleurs se trouvent sans revenus et se traduisent en des marchands
ambulants et des femmes de ménages, mais aussi à des pratiques illégales tels le trafic de
drogues, l’itinérance, la toxicomanie, la prostitution, les problèmes psychosociaux, la
délinquance et la criminalité.
Le fait le plus marquant, conséquence de l’ouverture commerciale, a été la crise financière
internationale qui a touché indirectement notre industrie à travers la baisse de la demande
mondiale. En effet, plusieurs usines ont cessé leurs activités et ont alimenté le taux de chômage
à une vitesse éclair surtout au niveau des bidonvilles du quartier industriel Sidi Bernoussi.
Nous pouvons en déduire donc, que l’ouverture commerciale peut, certes, accentuer la
pauvreté et mener à l’exclusion sociale des plus démunis si les politiques d’accompagnement
du développement économique et social sont inefficaces.
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