Merhaba Hevalno mensuel n°5 | Juin 2016

7/26/2019 Merhaba Hevalno mensuel n5 | Juin 2016

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nouvelles du

kurdistan

le confdralisme dmocratique au Kurdistan

au sommaire :Edito p. 2

Le confdralisme dmocratique p. 2

Tayyip Erdoan, Apocalypse now p. 3

LEtat turc refuse le cessez-le-feu Nusaybin p. 5

Urbicide en cours p. 6

Le mouvement des Femmes Libres p. 8

Groupe daction pour la vengeance p. 14

Soutien avec les journalistes en taule p. 14

Collaboration Rojava-USA ? p. 15

Quel avenir commun pour les arabes et leskurdes en Syrie ? p. 17

Des militant.e.s kurdes pendus en Iran p. 19

Situation explosive Jalawla ? p. 20

Reconstruire Koban, cest dmolir le

patriarcat ! p. 22

Agenda p. 22

Carte & Glossaire p. 24

Quel avenir commun pour les arabes etles kurdes en Syrie ?

La citadelle de Sur, le vieux quartier de Amed (Diyarbakr), assig pendant 105 jour lhiver dernier

p. 17

Reconstruire Koban, cest dmolir lepatriarcat ! p. 22

POURTOUTESINFOS,COMMENTAIRESOUSUGGESTIONS:

[email protected]

Le mouvement des Femmes Libres, la tte de la libration kurdeLa premire partie de cetarticle, publi dans le Me-rhaba Hevalno 4, traite dela contre-rvolution mene

par ltat turc au Bakr. Ci-dessous, nous prsentons lemouvement des femmes duBakr, tel que nous lavonstudi et rencontr lors denotre voyage.

Dans le projet politiquedautonomie dmo-cratiqueport par lemouvement de libra-tion kurde depuis unequinzaine dannes,la femme a une placecentrale. On entend sou-vent parler de la parit

instaure dans toutesses institutions et de laco-prsidence (homme-femme). Mais les acquiset la force porte parle mouvement desfemmes va bien au-delde a et russit runirune grande partie des

suite p.8

suite p. 2

Nous sommes toujours la recherchedinformations sur la mise en place

du confdralisme dmocratique, surses dynamiques et ses questionne-

ments. Voici des extraits dun articleun peu long on vous rserve unedeuxime partie pour le mois pro-

chain publi sur corporatewatch.orgen avril . Le texte a cet intrt de

parler de choses pratiques et locales...

La rgion Kurde est en train de setransformer. Les populations sorganisentau sein des assembles populaires et descoopratives, se dclarant autonomes vis--vis de ltat et exprimant leur aspiration une vraie dmocratie. Les ides fmi-nistes et anticapitalistes y fleurissent. Ces

changements trouvent leur inspirationdans un nouveau concept : le confd-

ralisme dmocratique. Ces mouvementsont la capacit de transformer la ralitde millions de personnes au Kurdistan,ainsi que de stendre sur toute la rgiondu Moyen-Orient. Lanne dernire, nousnous tions rendus au Kurdistan de Tur-quie, appel Bakr, et dans la rgion au-tonome majoritairement Kurde de Syrie,le Rojava. Cet article examine la foisla thorie et la pratique du confdra-lisme dmocratique de ces deux rgionset ouvre une discussion sur commentmettre en uvre notre solidarit tout engardant une perspective la fois critiqueet honnte. []


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Salut lectrices et lecteurs du cinquime numro de Me-rhaba Hevalno ! Ce mois-ci on a glan pour vous tout un tas detextes qui, on lespre, attiseront votre intrt pour le mouve-ment rvolutionnaire kurde. Lcriture de cette revue est uneaventure tumultueuse. Nhsitez pas contribuer, commenter,nous crire.

La revue ressemble de plus en plus un roman-

feuilleton. Ce mois-ci la premire partie dun articlesur la mise en place du confdralisme dmo-cratique, pour que cet exemple enrichisse nosdiscussions, nos imaginaires, nos actions et nosprojets (la deuxime partie quon publiera en

juillet parle de solidarit critique ). Et deuxmois aprs le premier pisode, on vous prsentela deuxime partie du texte une dlgation defemmes au Kurdistan propos du mouvement desFemmes Libres.

Malheureusement, la situation en Turquie ne sarrangepas. Le Bakur subit toujours de plein fouet la rpression de

ltat turc qui nouvellement a pris la forme de bombardementspar les forces ariennes. Ce qui a men la rsistance armekurde tenter, aprs plus de deux mois de sige Nusaybin, unretrait stratgique pour viter le massacre de la ville touteentire. Une tentative mprise et balaye par ltat turc qui acontinu ses bombardements. Quant aux autres villes dj d-truites, les forces de ltat accompagnent maintenant les pel-leteuses qui font table rase, ou alors mettent le feu aux ruines.Cest notamment le cas de Sur, centre-ville historique de Amedqui fait face ce quon pourrait qualier d urbicide . Face

tout a, les gurillas multiplient leurs actions de sabotage etles attaques contre les positions militaires et policires.

Au Rojava, lactualit se cristallise autour de lavancemilitaire des Kurdes et leurs allis contre Daech vers Raqqa, enpassant par la ville cl de Manbij. On vous propose un article

sur les enjeux de la relation stratgique entre Rojava ettats-Unis. Et puis un autre, pour mieux comprendre

les ractions suite la mise en place dun systmefdral dont on vous parlait le mois dernier, plusprcisment les relations entre Arabes et Kurdes.

Pour le Baur ce mois-ci, travers lexemplede la ville de Jalawla, on examine les enjeux de

laprs-Daech.

En ce qui concerne le Rojhilat, nous navons tou-jours pas beaucoup dinfos. Mais on sait que suite la

reprise de la lutte arme par le PDKI, ltat iranien a marqule coup et a excut sur place publique plusieurs militantskurdes.

Solidarit avec les camarades kurdes. On pense trs fort vous. bas ltat, les patriarches et les fachos !

La Commune

La commune constitue le premier ni-veau du systme des conseils au Rojava. Demanire gnrale, les communes urbainescomptent entre et maisons, alors qula campagne il sagit du village entier. Il ya une runion bi-hebdomadaire laquelleparticipe toute la population de la com-mune et o un conseil dadministrationest lu. Ce dernier se runit toutes les se-

maines, et tout-e-s les membres de la com-mune ont le droit dy participer. Chaqueposte doit tre tenu par une femme et unhomme. Tout.e.s les reprsentant-e-s sontrvocables par les membres de la com-mune.

Nous nous sommes rendus au Mala Gel,la maison du peuple, gre par la com-mune de Sehit Hozan dans la ville dAmud,dans le canton de Cizr, ou nous avons pudiscuter avec le co-prsident. La communeest compose denviron familles du

quartier qui lisent le conseil dadminis-tration de la commune. On nous a expli-qu quau sein de la commune existentdes commissions charges de la gestiondes services, de lconomie, de lducation

en langue Kurde, de lauto-dfense, de larconciliation et de la justice.

La commission de la rconciliation et dela justice cherche rsoudre les problmesentre diffrent.e.s membres de la com-mune. On nous a expliqu que la commis-sion a rcemment t flicite, pour la m-diation quelle a mene suite un accidentde voiture, ainsi que pour la gestion dundsaccord sur lappartenance dun terrain.On nous a dit que la commission arrive

souvent trouver une solution ce type deproblmes.

La commission de lauto-dfense orga-nise lauto-dfense arme de la commune.Les units ainsi cres agissent en autono-mie par rapport aux units des YPG/YPJ etdes forces de scurits, nommes Asayis.

Il y a des runions publiques organisespar la commune. Nous nous sommes faitinviter lune delles, organise par la com-mune de Sehit Hozan. Plus de hommeset femmes des alentours y ont particip, et

deux des sujets de discussion taient le ca-pitalisme et le fminisme. La discussion aeu lieu en langue Kurmanji (langue Kurdeparle au Rojava), avec une traduction enArabe.

Le Conseil communautaire du quartier/village et le niveau du District

Le conseil dadministration de chaquecommune envoie des reprsentant.e.s auConseil du village/quartier, ce derniertant une structure compose de communes, selon les rgions.. Ensuite,le Conseil du village/quartier est chargdlire un conseil dadministration, et cestce dernier qui sera leur reprsentant dans

le troisime niveau de ladministration,appel le niveau District .

Le district est compos de reprsen-tant-e-s du conseil dadministration dudeuxime niveau (Conseil du village/quartier). En plus de cela, des places sontrserves reprsentant.e.s issu.e.s departis politiques et dorganisations de lasocit civile au sein du TEV-DEM.

Lors dune rencontre Koban aveclUnion de la Jeunesse Dmocratique(connue auparavant sous le nom de Jeu-

nesse Rvolutionnaire), qui fait partiedes organisations de la socit civile aux-quelles sont rserves des places au niveaudu District, on nous a expliqu que :

Les buts de notre organisationsont lgalit hommes-femmes et la

suite de la p. 1

Ce bulletin mensuel autour de lactualit du Kurdis-tan est notamment rdig depuis la ZAD de NDDL,

mais pas seulement ! Un certain nombre de camaradesde Toulouse, Marseille, Angers, Lyon et dailleurs yparticipent...

Pour nous contacter : [email protected]


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protection de lenvironnement. Notreorganisation nexiste pas que pour lesjeunes Kurdes, il y a aussi des membresArabes, Armnien.ne.s et Turkmnes.

Le Conseil Populaire duKurdistan Ouest (MGRK)

Le quatrime niveau du systme desconseils sappelle le Conseil Populaire deKurdistan Ouest (MGRK), compos desreprsentant-e-s de tous les conseils de dis-tricts et des organisations du TEV-DEM.Alors quun des buts principaux du MGRKest la mise en place de la coordination entreles trois cantons du Rojava, la situation deguerre actuelle empche ses membres de serunir tout-e-s au mme endroit.

chaque niveau du systme des conseils,en commenant par la commune, existe

un Conseil des Femmes. Ces conseils sontmis en place par lorganisation des femmesYektiya Star(renomm Kongira Star). Lorsdune rencontre Koban, on nous a expli-qu que des femmes de cette organisationparticipent chaque conseil de commune

et organisent des stages dempowermentdestins aux femmes.

Le Contrat Social

En janvier , un contrat social pourles trois cantons de Rojava a t rdig par

partis politiques et des organisations. Ilsagit dune tentative dlargir la participa-tion politique de la population au Rojava.Le texte met laccent sur lgalit des genreset lgalit des droits pour toutes les peupleset ethnies, le droit lenseignement danssa langue maternelle et la garantie pourtout.e.s les demandeur.se.s dasile de ne pastre expuls.e.s. Le texte invite les autresrgions syriennes adopter le modle descantons dans le but de crer dautres rgionsautonomes qui puissent travailler ensembleau sein dune confdration.

Le Contrat Social pose les fondationspour la cration de gouvernements, appe-ls Administrations Dmocratiques Auto-nomes ou Auto-Administation Dmocra-tique, dans les trois cantons du Rojava.Selon ce contrat, ce sont les conseils lgis-

latifs, lus par la population, qui nommentensuite les conseils excutifs. Au momento nous crivons ce texte, ces lectionsnont toujours pas eu lieu et le conseil lgis-latif est toujours compos des partis poli-tiques et des organisations signataires de lacharte et qui travaillent ensemble avec des

reprsentant-e-s des diffrents groupes eth-niques.On nous a parl de lide dallouer

des siges de lAssemble Lgislative auxMGRK de chaque canton, afin dintgrerle systme des conseils lAdministrationDmocratique Autonome.

Lorsque les fonctionnaires dAssad ont quit-t la rgion en , les conseils municipauxdu rgime ont t renverss. Selon le nouveaucontrat social, ces conseils municipaux serontgrs par le Conseil Excutif concern. Lespremires lections de ces administrations

municipales ont eu lieu en .

Source

Corporate Watch ; Traduction : Merhaba Hevalno

Voici un article de Kedistan, fustigeant la politique etle personnage mgalomaniaque dErdoan. Le dbut de

larticle voque lattentat visant une voiture de flics qui

a eu lieu Istanbul mardi juin. policiers sont morts

et des civils ont t blesss.

Pour Tayyip Erdoan, il ne fait aucun doute que le Parti des Tra-vailleurs du Kurdistan (PKK) est derrire ce nouvel attentat qui afait onze morts Istanbul mardi dernier. Il nest pas nouveau quelorganisation terroriste (on ne prononce jamais PKK ) tende sesattaques dans les villes a-t-il dclar aux journalistes.

Notre lutte contre le terrorisme se poursuivra jusqu la fin,

jusqu lapocalypse , a enfin ajout Tayyip Erdoan.Franois Hollande a condamn de la manire la plus ferme

lodieux attentat terroriste . Angela Merkel a assur que dans lecombat contre le terrorisme, lAllemagne est au ct de la Turquie . LOtan est solidaire de la Turquie contre la menace globale du terro-risme , a dit son secrtaire gnral Jens Stoltenberg. Il ne manquait

plus que le secrtaire gnral de lONU Ban Ki-moon, cest chosefaite : il a dnonc cet attentat terroriste mprisable .

Ils avaient tous lus le Figaro, quotidien de la droite franaise quiaffirmait lui, ds la nouvelle tombe, quil sagissait probablementdu TAK , qui, crivait-il, est la branche terroriste du PKK, bienque ce dernier sen dfende . Il rajoutait mme, en dformant des

propos rcents dun responsable politique kurde, que le PKK avaitdcid dtendre le conflit aux villes , paraphrasant du coup lespropos dErdoan. Rappelons que ce responsable kurde comparaitlui, la priode des rpressions contre les villages kurdes des annes, avec les combats et lauto dfense que mnent aujourdhui dans les villes , les enfants et petits enfants des victimes dhierDepuis, mme la correspondante du journal Le Monde, pointe dudoigt les Kurdes, les rebelles , qui, selon elle, profiteraient de largionalisation du conflit syrien avec un appui russe , a va sansdire

Ainsi vont les attentats en Turquie, revendiqus lorsquil sagit duTAK, et jamais signs quand Daech officie. Mais on se doit de re-

marquer quils arrivent toujours quand cela arrange le rgime. DeDiyarbakir Suru, dAnkara Istanbul L, cest pile poil quandenfin une dlgation kurde se trouve invite au prochain round dengociations sur la Syrie, et quand Erdoan promulgue le dcret deloi de modification constitutionnelle permettant le dmantlementdu groupe parlementaire du parti dopposition dmocratique (le

Tayyip Erdoan,apocalypsE now


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HDP), en autorisant la leve de leur immunit et leur accusationdevant les tribunaux pour complicit de terrorisme . Certes,Erdoan veut la guerre, mne la guerre et rcolte la guerre. Ctaitbien une cible militaire qui tait vise en plein cur dIstanbul,et dans un quartier trs frquent.

Il nchappera personne que de fait, que ce soit Daech ou leTAK, tout cela est regroup de plus en plus, comme dj le rgime

AKP le fait en Turquie, sous lappellation de terrorisme , et il nefaut compter sur personne pour en faire une exgse politique quipermettrait au Turc lambda qui aurait encore chapp au rouleaucompresseur AKP de sy retrouver. La question nest pas celle dela violence, mais bien de la totale inefficience politique de celle-ciquand elle est thorise comme stratgie terroriste dans un tat quina jamais hsit la pratiquer dj pour son propre compte, et deux pas de Daech qui y excelle

Le Parti des travailleurs du Kurdistan a revendiqu, jeudi juin, lexplosion la voiture pige contre le sige de la police Midyat, qui avait tu la veille six personnes, dont trois policiers.Un attentat suicide qualifi de martyr , quon peut aismentcomprendre dans la situation de dsesprance et dexaspra-

tion que crent sur place les forces de rpression armes et leurs miliciens suppltifs Actes de guerre, punition de criminelsresponsables, vengeances, combats armes ingales ? Les mdiasaux ordres nen parlent que pour mieux fustiger les terroristes Mais, nous direz-vous, Tayyip Erdoan na besoin daucun pr-texte pour mener sa politique, perptrer ses crimes de guerre,intenter tous les procs possibles et imaginables son opposition,continuer son ascension vers une prsidentialisation du rgime,qui le rendrait Reis pour un peuple rendu docile et bigot, natio-naliste et ngationiste souhait. Tout le monde sait maintenant quele processus est sur la bonne voie, avec mme la complicit tacite delopposition kmaliste et le soutien actif des ultra nationalistes.

Les partisans de la paix ont subi de tels revers, et ont tellementvu les gouvernements europens les ignorer, quune bombe de plusou de moins qui explose en Turquie finira par faire partie des anec-dotes de guide touristique, et prtexte toujours diatribes suppl-mentaires du Reis contre le terrorisme

Kedistan cynique ? Allons bon.[] Par contre, on se contentera aussi de peu avec un demi sou-

rire, en apprenant quErdoan, qui stait soudain mu du dcsde Mohamed Ali, sest vu empch de prononcer un discours ,quil avait du pourtant prparer, lors des funrailles. Pensez donc,Obama le fait, donc le Reis doit le faire aussi. Lun pour le noir ,lautre pour le Musulman , sans doute. Penser un petit instantquErdoan a du ravaler sa salive et sa mgalomanie est une bienpitre victoire, alors quon meurt toujours dans la rgion de Nusay-bin

Cela fera pourtant, aprs que les Etats Unis laient quelque peuboud lors dun rcent priple, un camouflet politique de plus pourTayyip Erdoan, la semaine mme ou malgr toutes ses protesta-tions, une dlgation de Kurdes syriens sera en principe inviteprochainement Genve.

Pour les Amricains et les Russes, il ne sagit en rien, ne nous ytrompons pas, dune marque de soutien politique, mais plutt dunralisme pragmatique. Il vaut mieux, en ce moment, les Kurdes de-dans plutt que dehors, si lon veut que les victoires contre Daechsoient celles de la coalition . Et faire faire des concessions au

Rojava dans un proche avenir passera davantage par les ngocia-tions que par le chantage larmement Cela dit, le Reis, l aussi at redescendu du podium.

Les guerres en Syrie et en Irak continuent de charrier leurs lotsde rfugis. Les massacres et les destructions, les expropriations et

au Bakr :

LEVE DE LIMMUNIT PARLEMENTAIRE. Le 20 Mai,lAssemble Nationale de Turquie a vot la leve de limmu-nit parlementaire de 138 dput.e.s an de permettrequils soient poursuivis en justice. Sur 59 dput.e.s du HDP(Parti dmocratique des peuples) sigeant lAssemblenationale de Turquie, 53 sont concern.e.s par ces pour-suites. Le Tribunal Constitutionnel de la Turquie a rejet lerecours des parlementaires du HDP pour annuler la leve deleur immunit.

GNOCIDE POLITIQUE .Perquisition de nuit dans leslocaux du DBP Balar (Amed) et nouvelle campagnedarrestations de responsables des partis et du reste dumouvement (notamment 42 personnes arrtes en 2jours). Le DBP a d rlire ses cadres dans le 4me CongrsExtraordinaire. Hurit Klter, administrateur du DBP de

rnak a disparu aprs avoir t arrt par la police ; le IHD,Association pour les Droits Humains a dpos une plainteauprs de lONU ce propos, aprs que les commandantsde la police aient ni son arrestation. [ANF]

ERDOGAN JUG LA HAYE POUR CRIMES DE GUERRE ?Le KOMAW, linstitut kurde des familles des martyrs etdes disparus, a fait une demande auprs de la Cour PnaleInternationale, an de lancer une enqute sur 4 respon-sables des crimes de guerre et de crimes contre lhumanitperptrs Cizre. Sont viss par cette demande denqute :le prsident turc Erdoan, le premier ministre de lpoqueAhmet Davutolu, le chef dEtat-major Hulusi Aker, et Ean

Ala ministre de lintrieur. Le dossier introduit la Haye sti-pule que les Kurdes nont pas la possibilit davoir recours la justice turque, la sparation des pouvoirs tant inexis-tante en Turquie.

JINHA gagne un prix. Lagence de presse exclusivementfminine, Jinha, base Amed, a reu le prixIlef Evrim

Award Alatacontre la discrimination. Duygu Erol, journa-liste Jinha qui a reu le prix a dclar : Nous ddions ceprix aux femmes qui ont t tues et dont les corps ont texposs en la personne de Seve Demir, Pakize Nayir et FatmaUyar.


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les expulsions des populations kurdes de Turquie vont bientt aussiproduire leurs effets migratoires . Et mme avec lexistence duprocessus de confdralisme au Rojava, des populations kurdescontinuent prendre le chemin de lexil, et leur nombre se comptedans les arrivants qui avaient dj franchi les murs inhospitaliersde la forteresse Europe.

Nous ne pouvons tre optimistes pour lanne , mme si des

victoires militaires contre Daech sont enregistres. Les proces-sus politiques sont au rouge.Et, dans ce contexte, faire la fine bouche sur le Rojava , et mar-

chander son soutien, alors que plus que jamais il est indispensable,serait se condamner broyer du noir dans lentre soi.

Kedistan cynique daccord, mais pas au point de prendre durecul sur le seul processus politique, militaire et social, qui apportedans la rgion une lueur dutopie pour demain, et une nergie pour

aujourdhui, en mme temps quil stimule la rflexion pour se d-barrasser des nationalismes destructeurs.

Dernire minute: Tayyip Erdoan, vient trs officiellement de qualifier les dputs allemands qui ont vot la reconnaissancedu gnocide des Armniens, (dont certains dorigine turque), depersonnes au sang corrompu et menace en rappelant le nombrede Turcs rsidant en Allemagne, et capables de leur donner une

leon . Nous avions publi hier cet article, qui se trouve tre ende de la ralit du dlire mgalomane du Reis Fini les trnesdu Palais dAnkara pour Merkel ?La Commission europenne va-t-elle sabaisser encore davantage demain pour rcuprer le coup ???

Source

Kedistan.net

Ltat turc refuse la tentative kurdedun cessez-le-feu Nusaybin

Depuis dbut mai, Nusaybin, larme turque a intensi son oensive pourcasser la rsistance kurde et a utilis ses forces ariennes. Le mercredi 11 mai, quatrefrappes ariennes ont t ralises sur le quartier Alika. Et a a continu. Ce qui amen les groupes dauto-dfense annoncer leur retrait de la ville le 25 mai (aprs 72

jours de rsistance au sige) avec pour objectif dviter le massacre de la populationtoute entire par larme turque.

Les YPS dclarent : Plus aucune force arme est prsente Nusaybin. Ainsi, lAKP

na plus aucune raison de mettre la ville feu et sang. A partir de maintenant, chaqueballe tire sur la ville par lAKP serait tire sur des civil-e-s dsarm-e-s . Puis : Nous ap-pelons tous les dfenseurs des droits de lhomme au Kurdistan, en Turquie et linterna-tional, de veiller garantir le droit la vie des populations sans dfense de Nusaybin .

Mais ds le lendemain Atalan (HDP) critiquait la poursuite des oprations mili-taires sur la ville, qui selon lui ont pour but la destruction pure et simple dune partiede la ville celle proche de Qamishlo (sa ville jumelle ct syrien) o lAKP veut crerune zone tampon et un mur.

On dirait que le retrait des YPS de Nusaybin na pas du tout arrt les oensivesde larme turque. Les kurdes tmoignent de bombardements, arrestations, tortureset massacres. On peut lire le 31 mai sur ANF News : les militaires turcs auraient brl20 personnes sur la place publique .

Les groupes dauto-dfense, aprs cette tentative de cessez-le-feu, semblent trerepass laction. Le 1erjuin par exemple, une explosion a bless 12 soldats turcs dansle quartier de Firat Nusaybin.

Source

compilation Merhaba Hevalno partir darticles de lANF

COUVRE-FEU ET

BOMBARDEMENTSLes oprations militaires des 3 derniers moisuchn u n Nusan, G nak, a ux has cnc :c a sucn a s ns.C ux has cnnu Su Cizre. De nouvelles oprations militairesdmarrent Lice. [Toutes les infos sur cess sn s ANF]

NUSAYBIN

Pour la premire fois la ville de Nusaybin,plus prcisment le quartier dAlika, a tbombarde par des avions militaires de laRpublique de Turquie. Larme turque, quiattaque sans vergogne les villes du Kurdistande Turquie, attaque prsent avec lqui-pement militaire le plus avanc, en faisantentrer en scne ses avions pour briser la rsis-tance , dclarent les YPS mi-mai. Dans uncommuniqu postrieur, les YPS dnoncentlutilisation darmes chimiques (bombes dephosphore) ayant un rayon daction de 400

mtres.Aprs 72 jours de rsistance achar-ne de la part des YPS et YPS Jin, lescombattant.e.s ont dcid de se retirerle 25 mai dans une tentative dviter lemassacre de la population. Ltat turc acontinu bombarder la ville. Sara Kaya, co-mairesse de la ville, a fait un appel interna-tional urgent se mobiliser en soutien lapopulation de Nusaybin. Elle a rappel quedes milliers dhabitant.e.s ont rsist pen-dant des mois sans quitter leurs maisons

et environ 50.000 sont encore prsent.e.s,et donc toute attaque de ltat turc sur laville sera une attaque contre des civil.e.s.Elle a aussi conrm que les forces de ltatbombardent au centre-ville et dans dautresquartiers qui ne sont pas dfendus.


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On vous a parl dans les numrosprcdents de la destruction de Sur,

des expropriations de masse, des pro-jets de rnovation urbaine de ltat

turc. On a pas beaucoup dinfos plusfraches. Mais on vous propose une

analyse thorique du conflit menpar ltat turc Diyarbakr travers

le prisme de lurbicide. Voici desextraits dun article crit par Mathieu

Gosse, professeur, sur le siterevue-urbanites.fr.

Dans la vieille ville de Diyarbakr, agglo-

mration de habitants considrecomme la capitale des Kurdes, les des-tructions du tissu urbain et des relationssociales qui sy inscrivent sont particuli-rement intenses. Il semble que laction desforces de scurit de ltat turc ne procdepas dune logique classique daffrontement(qui viserait anantir ou neutraliser ungroupe de combattants ennemi) mais dunelogique durbicide. La violence naffecte passeulement les individus et le cadre bti maisvise systmatiquement les fondements delurbanit telle quelle a cours Diyarbakr.

[] La notion durbicide fut populariseau lendemain des conflits dans les Balkansdes annes . Elle peut nous permettredanalyser laction de ltat Diyarbakr.Dpassant le constat des dgts matriels

et des violences physiques, la qualificationdurbicide consiste en une destructionintentionnelle de ce qui fonde lurbanit

dune ville.Les violences ont provoqu le dpart

dune proportion importante de la popula-tion des mahallede Sur ( hab. en, selon TUIK, lInstitut turc des sta-tistiques). Daprs un communiqu de lamunicipalit mtropolitaine (DBB), habitants dplacs vers les territoires destrois autres municipalits de lagglomra-tion taient enregistrs et assists par lesservices municipaux au fvrier . Auvu de lampleur des destructions (des

btiments des quartiers de lEst de la ville),il est clair que tous ne reviendront pas. Lemme communiqu rappelle que dela population de Sur est pauvre . La vie sor-ganisait dans lespace public autour dunemultitude de rseaux interpersonnels den-traide ou de mutualisation de ressources(par exemple les fours pains communs tandr). Le dpart dfinitif dune partieimportante de la population perturberacompltement les multiples rseaux den-traide dune population trs vulnrable. Ladensit et la prsence de nombreux enfantsdans la rue (, ans dge mdian dans laprovince en selon TUIK) produisaientlambiance des espaces publics. Vider par-tiellement Sur revient porter un coup

fatal aux modes dhabiter et aux relationssociales qui sy inscrivaient.

Depuis le dbut des oprations, dinnom-

brables images de drapeaux turcs dploys,de graffitis ou de policiers et de gendarmesfaisant le signe des loups gris sont diffusessur les rseaux sociaux. Ces images confir-ment le fait que les destructions sont ritua-lises (Bogdanovi, ) et que ceux quiles commettent ont lintention de marquerle paysage. Graffitis, destructions et leursclichs partags sur Instagram et Twitterpeuvent tre lus comme des marqueurs dappropriation de lespace (Ripoll et Ves-chambre, ) visant remplacer dautres

marqueurs dappropriation de lespace ma-nant des habitants, par le biais de leurs lusmunicipaux.

[] Les dclarations du Premier mi-nistre Ahmet Davutolu, reprises et analy-ses dans le Guardian, donnent rflchir : nous reconstruirons Sur comme Tolde (er fvrier ). Depuis plusieurs annes,lAKP multiplie les projets de rnovationurbaine (Kentsel Dnm) trs critiquspar la socit civile, notamment Istanbul(Prouse, ) : refoulement des habi-tants pauvres, lectures idologiques dupass. La rfrence Tolde de la part dupremier ministre laisse penser que lactiondes forces spciales laissera la place unprojet de ragencement de lespace urbain.On peut sattendre la mise en uvre dun

UrbiCide eN CoUrS AU KUrdiStANdiyArbAKir, de lAvillereFUGe lA villeCible


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grand projet de gentrification refoulant les ha-bitants pauvres et proposant une lecture no-ottomane de lhistoire et de lespace urbains deSur. Celle-ci inclura sans doute des lmentsde patrimoine chrtien et la promotion duneidentit kurde AKP-compatible. On peut doreset dj faire lhypothse que les investissements

et les destructions mens par ltat ne sont quedeux moyens dune mme politique.

Source

Revue Urbanits

67 civil.e.s (dont une quinzainede mineurs) ont nalement putre vacu.e.s, mais ensuite il.le.sont t arrt.e.s, tortur.e.s etemprisonn.e.s. Une vingtaine depersonnes auraient t excut.e.spuis brls par la police dans la nuit du21 mai.

GEVER/Yksekova

Le couvre-feu a t lev aprs plus de80 jours dattaque. 20.000 personnesont perdu leurs maisons. Mexsdava,un village au centre du district qui avaitt brl par larme il y a 20 ans a tbrl encore une fois. Halit Aydin, unancien du village dclare lagence depresse ANF : Ils ont brl notre villageauparavant, et que sest-il pass ? Enont-ils ni avec nous ? On est revenus,plus forts quavant. Ils doivent com-prendre quils ne peuvent pas rsoudre

le problme comme a. On va recons-truire, comme on la fait auparavant,mais on a besoin de soutien. Notre liber-t est plus importante que notre faim.La lutte va continuer dans ces terres.Le choix est, soit laisser tomber sonidentit, soit rsister. videmment on achoisi de rsister. Certains habitant.e.sont pos des tentes dans le jardin deleur maison dtruite, en refusant lapolitique de dplacement.

IRNAK

Le prsident Erdoan avait dit le6 avril lors dune runion avec lesmukhtars (reprsentants locaux deltat) : les btiments pourraient tredtruits de loin, et cest ce quil sestpass n mai : les quartiers dclars au-tonomes ont t bombard sans cesseet des centaines de maisons dans lesautres quartiers ont aussi t dtruitesou alors ont servi comme base pour les

snipers.La suivante tape est, commeailleurs, de mettre le feu, une parune, aux maisons (et aux rserves denourriture et de bois). Aprs 88 joursdattaques, et malgr le fait que ltatavait annonc la n des oprations, lesmaisons ont t rduites en cendres,ou bien dtruites par les pelleteuses.Les gardiens de villages personnesarmes par ltat contre la populationdans les villages kurdes pillent cesmaisons dtruites ou brles par lar-me turque, et emportent les aairesdans des camions (comme lavaient faitles soldats turcs Cizre).Les 1000 prisonniers de la prison dernak (dont 300 prisonniers politiques,certains blesss lors des rcents com-

bats Cizre et Silopi) sourent ausside ltat de sige : aucune communica-tion depuis 2 mois avec lextrieur, pasde possibilits de cantiner de la nour-riture, on leur a refus de se rendre leurs procs, il.le.s ne reoivent aucuntraitement et linrmerie a t ferme.

CIZRE

Aprs avoir subi, et rsist, auxattaques gnocidaires de ltat turcpendant 79 jours, la ville de Cizrecontinue tre dtruite. 3 pelleteusesaccompagnes de 4 vhicules blindssont rentrs dans le quartier de Nur,dans le cadre du programme d expro-priation durgence dcrte parltat et concernant plusieurs milliersde btiments ayant subi des dgtspendant les attaques. Des habitant.e.stentent de reconstruire leurs maisons ;une centaine sont sur pied nouveau,

mais les pelleteuses de la police necessent de dtruire des btiments, ycompris ceux o les appartements ontt reconstruits. La police fait pressionsur Esmer Tun, mre de deux des vic-times dans les sous-sol de la mort, pourquelle quitte sa maison quils veulentdtruire ; elle ragit ainsi : Ltata brl mes deux enfants vivants etmaintenant veut dmolir ma maison. Onne quittera pas notre maison quoiquilsfassent. Si ncessaire, nous poserons

une tente dans notre maison, mais nousne quitterons pas nos terres.

SUR

Le couvre-feu a t lev aprs 173jours. Les ancien.ne.s habitant.e.s seprcipitent sur les toits pour observerleurs quartiers en ruine, dans lesquelsles pelleteuses ont dj fait dispa-ratre une bonne partie des gravatslaissant des rues entires. Sur, le cur

historique de Amed, a pratiquementdisparu, ainsi que ses innombrablesmonuments historiques. Quant auxpersonnes tues Sur pendant lecouvre-feu, les familles attendentdepuis 180 jours que les corps de leursproches leur soient rendus.

LICE

10 quartiers dans ce district de Amedsont depuis le 4 juin sous couvre-feu.

PLAN DEXPROPRIATION

De nouvelles parcelles sont rajoutesau plan dexpropriation Balar (dis-trict de Amed) et rnak.

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femmes. Au printemps 2016, locca-sion des festivits du 8 mars -journemondiale des femmes- une dlgationde femmes est partie de Paris pour leKurdistan en Turquie (Bakr). Pendantune semaine on a pu participer desmanifestations et meetings, rencontrerbeaucoup de femmes dans le mouve-ment et mieux comprendre commentelles sorganisent. Ce texte se nourritde ce voyage-l, mais aussi des infor-mations quon a obtenu en France, travers des livres, des lms, des articleset des rencontres.

SAKINE CANSIZ, EMBLMEDE LHISTOIRE DE LA LUTTEDES FEMMES KURDES

Pour comprendre le mouvement desFemmes Libres, il faut faire un bond enarrire de quarante ans car cest dans lacontestation tudiante et ouvrire dela n des annes 70 en Turquie quon

peut y trouver les racines. Les femmesont t nombreuses participer cesmouvements sociaux, dans une volontde changer la socit de lpoque. Cestimpossible de ne pas parler de SakineCansz, gure mythique du mouvement

des femmes, qui a t assassine Parisen 2013. travers le rcit de sa vie onpeut retrouver les tapes principales delhistoire de ce mouvement.

Ne Dersim, leve dans une famillealvie, Sakine se retrouve rapidement ne pas vouloir coller aux rles quela tradition assigne aux femmes. Trsjeune, elle revendique sa place defemme libre, elle refuse de se cloison-ner la maison, elle ne veut pas semarier, ni avoir des enfants. Prochedes ides marxistes-lninistes, Sakineimagine sa vie au service de la rvolu-tion. Un sjour de plusieurs mois enAllemagne lui fera dcouvrir la puis-sance et ltendue de la cause kurde.Elle revient inspire en Turquie et ellecommence imaginer un mouvementrvolutionnaire bas sur les revendi-cations kurdes. Pendant une priodeelle travaille en usine Izmir et ymne des luttes pour des meilleures

conditions de travail. Cest Ankara,autour de luniversit, au carrefour desrevendications tudiantes et ouvrires,quelle rencontre calan et les autresmilitant.e.s avec qui elle fonde le PKK,Parti des Travailleurs du Kurdistan.

cette priode, Sakine commence avecdautres militant.e.s visiter de nom-breuses villes et villages au Bakur, pourdiuser les ides rvolutionnaires decette organisation naissante. Dans unesocit o la non-mixit des espacesest pratique lintrieur et lext-rieur de la maison, elle a un contactprivilgi avec les autres femmes.Comme les autres militant.e.s du PKK,elle bouge sans cesse dune maison une autre, hberge par des camaradeset en faisant du porte--porte, ce quilui permet dtre constamment aucourant des besoins des femmes. Elleorganise des discussions, des lectureset des rencontres entre femmes andintensier la solidarit entre elles. Peuavant le coup dtat de 1980, la vaguede rpression npargne pas Sakine, quipasse plusieurs annes dans la prisonde Diyarbakr. Mme dans cet enfer detortures elle continue se battre et sonexemple renforce la solidarit entre

femmes, lintrieur et lextrieur dela taule grce aux pouses, surs etmres des prisonniers.

sa sortie de prison, Sakine rejoint lescamps dentranement du PKK, qui a

tmoiGNAGeS dUNe dlGAtioN de FemmeS pArtieS AU KUrdiStAN, 2MEPARTIE

le moUvemeNt deS FemmeS libreS, lA tte de lA librAtioN KUrde

suite de la p. 1


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dsormais pris les armes. Elle veut crerune arme de femmes, elle est convain-cue que pour librer le Kurdistan il fautpasser par lmancipation de toutesles femmes, quelles soient Kurdes oupas. Larme des femmes, ne ociel-lement en 1995, tablit ensuite son QG

dans les montagnes du Qandil, dans leKurdistan irakien, o elles sentranent,tudient le fminisme, se questionnentsur la dmocratie et se battent contrelarme turque qui les attaque rguli-rement. Leur faon de sorganiser etleurs principes contaminent la socitcivile, o les femmes sen inspirent deplus en plus. Selon Aye Gkkan (an-cienne mairesse de Nusaybin -dclareville des femmes- et actuelle porte-parole du mouvement des femmes), lemouvement civil des femmes nat de la

sensation de synergie avec les combat-tantes : si ces femmes peuvent sorgani-ser dans les montagnes, alors a devraittre possible aussi dans les villes.

Ce mouvement grandissant, la proxi-mit avec Sakine Cansz et ses ides ontprofondment inspir Abdullah calan,leader du PKK. Emprisonn depuis1999, il sintresse lcologie socialede Murray Bookchin et labore le confdralisme dmocratique . Cest

une proposition rvolutionnaire dauto-organisation o les prises de dcisionse font de faon non hirarchique, hori-zontale et du bas vers le haut, traversun systme dassembles de quartierset de villages, multiconfessionnelleset multiethniques, qui choisissent desporte-paroles qui vont exprimer leurvolont dans des assembles o seretrouvent les autres porte-paroles.Dans cette nouvelle forme dorgani-sation, anticapitaliste et anti tat-na-tion, une place centrale est rserve lcologie et aux femmes. Ce sontles hommes et le patriarcat qui sontresponsables de ce monde invivable :cest le masculin, en voulant dominer lemonde, qui cre la division en classes,en genres, en peuples, qui spare lesfemmes entre elles, qui perptue lesguerres, qui dtruit la plante. Dans lesdernires annes le mouvement desfemmes dans la socit civile a continu grandir et les femmes sont prsentesdans toutes les instances organisation-

nelles. Leur parole ne peut plus treignore, cest travers lmancipationdes femmes quon va changer la socitet le monde.

UNE APPROCHE RADICALE DE LALIBRATION DE TOUTES LES FEMMES

Les visions racistes orientalistes portessouvent en Europe y compris par lesmilieux fministes institutionnels ontdu mal comprendre le potentiel de la

lutte des femmes au Kurdistan ; limagede la jeune combattante portant unearme va alors venir sopposer celle dela maman de 10 enfants ou alors cellede ltudiante voile... Et bien toutesces femmes font partie du mme mou-vement, partagent leurs exprienceset leurs connaissances, sentre-aidentpour faire face aux problmes quoti-diens et la violence patriarcale, et sedonnent de la force pour continuer rsister face la violence de ltat. Cemouvement se bat pour rompre avec

limage de femme libre que nousvend la modernit capitaliste , etseorce pour donner de la conanceet porter la solidarit aux femmes pourquelles se librent elles-mmes leurfaon. Cest en essayant de casser lesprjugs et les barrires imposesentre les femmes par la mentalitpatriarcale, vhicule par le capitalismeet ltat-Nation, que ce mouvementarrive runir une bonne partie desfemmes, tout ges, confessions, et

classes confondues. Contrairement auxacquis en Europe par les mouvementsfministes en terme de liberts indi-viduelles, le mouvement des femmesKurdes met la priorit aux liberts col-lectives, autrement dit, la librationde leurs communauts et la librationde toutes les femmes. Cest lide quesi une femme dans le monde nest paslibre, aucune femme ne peut se sentirlibre. Ce qui explique la lutte acharnepour la libration globale des femmes : Si les femmes sont attaques quelquepart, ce sont toutes les femmes quidevraient ragir comme si ctaient ellesqui taient attaques , voici une desconclusions de la 1reConfrence de laFemme du Moyen-Orient en mai 2013.

An dillustrer le point de dpart de leurlutte, nous reproduisant la suite untexte qui introduit le dpliant de prsen-tation du Congrs des Femmes Libres. Ltat-Nation dans la modernit capita-liste a dvelopp toute sorte de poli-

tiques de destruction envers la femmean de vider la socialit de son contenu.Les diversits tant la nature de la socia-lit ont t considres comme menace,et les femmes nont pas eu la possibilit

de vivre avec leurs propres cultures etidentits.La femme a t ignore dans la socit etenferme au sein de la plus petite cellulede pouvoir du systme masculin domi-nant qui nest autre que la famille. Dansune conomie sappuyant sur le prot et

lexploitation, la labeur de la femme napas t reconnue, la femme a t poste une position de travailleuse gratuite,elle a t dpossde et mme marchan-de. Le scientisme grossier se base sur lareproduction constante de la mentalitmasculine dominante. La femme, pourautant quelle soit normment discuteen tant que notion, son originalit, salibert et sa socialit ont t ignors.Violence, massacre, abus et viol perp-trs envers les femmes essentiellementdans cette modernit capitaliste nest

pas une pure concidence. Le viol, trans-form en une culture, un systme et unepolitique, a t lgitim dans tous lesdomaines conomiques, sociaux, poli-tiques, idologiques de la vie en socit.Tout en considrant lhomme comme ledominateur de la nature, et en institu-tionnalisant la mentalit au pouvoir, une

guerre sans merci a t lance contre lasocit, la femme et la nature. En n decompte, la femme qui a t instrumen-talise a t tenue lcart de toutes les

organisations de la socit et de tousles mcanismes de prises de dcisionsconcernant son devenir. Ce pouvoir,par tous les moyens et outils, a eu pourobjectif de fonder un systme desclava-

gisme de la femme dans son intgralit.

Voici encore une autre illustration delapproche de la lutte des femmes auBakr au travers dune association quitravaille localement. Dans la ville deAmed, nous avons pu rencontrer desmembres de lAssociation de FemmesCeren, fonde en 2008, qui travaillesur plusieurs fronts et qui compte prsent avec un espace multifonction-nel (une grande maison en bois quellesont construite dans le paysage debarres dimmeubles !) pour accueillirses activits : bibliothque et espacedtudes, cours dalphabtisation dansleur langue maternelle (le Kurde), ate-liers dcriture de leur histoire, crituresde lettres pour les prisonniers.res (vuque pas tout le monde sait crire en

Turc, seule langue permise en prison),apprentissage des nouvelles techno-logies, accompagnement sur la santreproductive, discussions et conf-rences. Dans leur brochure de prsen-


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tation de lassociation, elles expliquentpourquoi elles mnent cette lutte ; envoici des extraits : Les femmes ont t les cibles duneattaque idologique pendant des milliersdannes. Alors, nous estimons que notrelutte en tant que femmes devrait aussi

tre idologique. [] Nous avons texclues de la politique, de la science, dela philosophie et de la littrature. []Nous nous organisons parce que nousrefusons dtre esclavages, parce quenous voulons mettre en valeur notreforce dinitiative et utiliser celle-ci danslintrt de la socit.

COORDINATION DE LA LUTTE DESFEMMES ET AUTODFENSE COLLECTIVE

Lors de notre premier entretien avec

Aye Gkkan porte-parole du KJA,qui nous a accompagn tout au long denotre voyage elle nous raconte que aprs 40 ans de lutte, le mouvementdes femmes est puissant. Il agit dans lafamille, dans la socit et dans ltat,parce quil faut changer les mentalitspartout. Les hommes connaissent laforce du mouvement et font attention.Parfois des hommes ont utilis les scan-dales et la calomnie contre des femmespolitiquement puissantes. Mais lorgani-

sation des femmes sert empcher touta. Les femmes semblent avoir russi faire accepter la non-mixit auprsde toutes les instances du mouvementde libration kurde. Actuellement, il nya pas de discussion sur les femmes enmixit ; seules les femmes soccupentde leurs problmes et trouvent dessolutions adaptes. De mme, ellesincitent les femmes qui en auraient lancessit sorganiser dans une non-mixit choisie (lies leur confessionpar exemple) et nommer des dl-gues au sein des groupes de femmespour que leur voix y soit reprsente.Une femme du parti DBP nous expliqueque la socit est en train de changer,mme les gens qui ne sont pas parti-culirement politis.e.s le montrent ;comme exemple, le nombre de fmini-cides est en chute au Kurdistan. Lesfemmes ont commenc faire face auxhommes la maison ou dans le travail.Les hommes ont commenc accepter lerle des femmes leader et ils vivent leur

engagement politique en lien avec celuides femmes.

Depuis les annes 2000, le mouvementde femmes au Bakr se structure pour

tenter de rassembler les direntescomposantes de la lutte des femmes etde promouvoir localement les conseilsde femmes au-del des partis poli-tiques. Le Mouvement Dmocratiquede la Femme Libre (DKH) runissaitdepuis 2003 des organisations de

femmes : associations, acadmies,coopratives, maisons refuges et 25conseils locaux. En fvrier 2015, le mou-vement se restructure et donne nais-sance au Congrs des Femmes Libres(KJA) avec 501 dlgues prsentes la premire assemble. Le KJA articuledornavant ce mouvement. Toutes lesfemmes participant au mouvement delibration kurde font partie, avant tout,du KJA. Selon Aye, le KJA est la pre-mire identit des femmes, peu importela confession ou lidentit politique .

Dans les annes 1980-90, le mouve-ment tait encore assez patriotique nationaliste kurde mais depuisil na cess dvoluer ; en eet, le KJAtente denglober toutes les femmes decultures direntes vivant au Kurdistan.Dans leurs propres mots : Il sagit delorganisation parapluie dmocratique etconfdrale des femmes contre ltat-Na-tion unitaire et centralis de la moder-nit capitaliste. Le KJA est lorgane desolidarit commune, dauto-pouvoir

et dautonomie des femmes issues detoutes les croyances, cultures et socitsde peuples vivant en Msopotamie. Le Congrs se base sur le principe que"ce nest que si la femme se libre que lasocit se librera" . Le but du KJA est lunication du pouvoir de lutte desfemmes issues de toutes les parties de lasocit et structures organises contre lesystme masculin dominant .

Pour cela, le KJA runit les communeset conseils de femmes (structureslocales, au sein du quartier puis de laville), les organisations de femmes (quine suivent pas le dictt de ltat), lesfemmes lues (du DBP dans les mairies,ainsi que les dputs du HDP), et lespersonnes ayant accept les principesdu Congrs. Ainsi, se trouvent rassem-bles, tant les femmes qui discutentde leurs problmes au sein des com-munes dans leur quartier, que lesmilitantes dorganisations civiles, queles femmes politiques, les avocates, les

enseignantes, etc. Un quota de 20 % estrserv pour les jeunes ; le mouve-ment des jeunes femmes est importantcar il est le mieux plac pour changerle systme nous dit Aye. Le KJA a

une structure qui suit le modle duneconfdration : en partant du niveau leplus local, appel commune , o desdlgues sont lues. Elles se runi-ront dans les conseils de quartiers ,puis au sein de ceux-ci sont lues desreprsentantes pour former le conseil

de la ville, et nalement lAssembleGnrale du Congrs. Le sige centralse trouve Amed (que lon peut consi-drer comme la capitale du Bakr), toutcomme la commission diplomatie qui est celle qui se charge de la commu-nication vers lextrieur, et qui a donct celle qui nous a accueillies en tantque dlgation.

Le travail du Congrs des FemmesLibres est articul en commissions :conomie, politique, sociale, diploma-

tie, justice et droits humains, cologie,presse, peuples et croyances, langue etducation, culture, gouvernements lo-caux, lutte contre la violence et autod-fense. En eet, les commissions tententde couvrir tous les besoins identis parles direntes structures. Une bonnepartie de leurs eorts se centre sur lalutte contre les violences conjugalesainsi que sur les violences familialeset tatiques contre les enfants ; surlconomie communale (en visibilisant

le travail des femmes) ; sur lducation(en commenant par lalphabtisationdes femmes nayant pas eu accs lcole) ; et sur la formation politiqueet en jinologie (nous reviendrons plustard sur ce concept). Sur le plan de lapolitique tatique, les femmes sorga-nisent pour simposer dans les proces-sus de paix avec ltat turc : peut trepour la premire fois au monde, il y a euune femme dans un processus de paix,Ceylen Baryank, comme reprsen-tante du Conseil pour la Paix o desfemmes kurdes et turques discutentensemble. De mme, elles se donnentles moyens dtre bien reprsentes ausein mme du Parlement de Turquie.Finalement, le mouvement des FemmesLibres remettant en question radicale-ment les systmes doppression, portedepuis peu le vgtarisme, mettantainsi en lumire la suprmatie du prolde mle dominant guerrier (qui auraitdbut au nolithique avec la gure duchasseur ayant perfectionn les outils

de chasses pour ensuite sen servircomme armes de guerre contre lesautres humains). Cest ainsi que le mou-vement des femmes porte un discourscritique sur lvolution capitaliste des


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relations entre lhumain et tout ce quilentoure et le fait vivre, et donc partageune conscience dune socit colo-

gique contre loppression de la nature parlhumain .

Le concept dautodfenseest sans doute

le point central de lapproche du mouve-ment des femmes, lautodfense com-prise comme une autodfense collec-tive. Un premier volet en est la ractionen cas dagressions sexistes. Lorsquunefemme est agresse dans la plupartdes cas, par son mari , elle peut comp-ter sur la solidarit relle du groupe localde femmes pour trouver une solution etla mettre en place. Dans ce cas, cest lavictime qui dcide ce dont elle a besoincomme rparation (y compris en termede reprsailles contre lagresseur), et le

groupe qui lentoure lapplique. La luttecontre les fminicides est galementtrs prsente, surtout depuis que legouvernement de lAKP encourage uneviolence extrme contre les femmes.Rgulirement, des campagnes et desmobilisations soulvent cette politiquestructurelle du viol ; en voici quelquesuns de leurs slogans : Nous sommesdes femmes, nous ne sommes lhonneurde personne, notre honneur est notrelibert , Surmontons la culture du viol,

crons la socit dmocratique libre , Le massacre de la femme est le mas-sacre de la socit .

Mais lautodfense passe aussi parlautodfense politique, et pour celaun eort particulier est mis sur lduca-

tion politique. Les femmes apprennentensemble et prennent conscience deleur identit de femmes, sinstruisentsur les mouvements rvolutionnairesdans lhistoire, rcrivent lhistoire desfemmes qui a toujours t ignore.Cest dans les Acadmies de Femmesque ces tudes ont lieu, et en particu-lier les ateliers dejinologiequi visent construire une science faite par et pourles femmes. Selon un document invi-tant une confrence sur la jinologie Paris en juin 2016, la jinologie dsire

rinterprter par la perspective etlintelligence de la femme les valeurs,les expriences, les vcus et les blocagesdes femmes de tous les milieux sociaux,accumuls au l de leur histoire de lutte.Ceci pour lpanouissement dune socitet des individus libres. Sapproprier lestrsors fminins insouponns du passavec lesprit duesicle donnera uneimpulsion forte la rvolution fminine.Si nous lisolons de la rsistance, la jino-logie naura aucune valeur.

Encore un volet de lautodfense estbien sr celui de lautodfense arme,visant notamment les attaques delarme et de la police contre les villageset villes majorit kurde. Cest ainsi quese sont cres des groupes dautod-

fense exclusivement de femmes, tantau sein des jeunes dans les villes lesYPS-Jin cres rcemment quau seindes gurillas les YJA-Star. Les femmescombattantes, trs nombreuses dansles rangs des gurillas, se sont runiesdabord au sein de ces gurillas mixtes,pour ensuite crer leur propre arme, lesYJA-Star. Au sein de celle-ci, les com-battantes ne reoivent pas une forma-tion exclusivement militaire, mais ellesapprennent vivre en communaut dansles montagnes, et se forment ensemble

la libration des femmes. Bref, ellestudient et exprimentent la jinologie.

UNE ORGANISATION EN DEHORS DELTAT, SUR LA BASE DE LA SOLIDARIT

La thorie du confdralisme dmocra-tique part du principe quon ne peut pasdtruire le capitalisme sans combattreltat, tout comme on ne peut pascombattre ltat sans dtruire le patriar-cat. Pour dmonter le patriarcat, il ne


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sut pas de remettre en question lesrelations de genre entre les hommes etles femmes, mais bien de dconstruirece que nous a impos la dominationpatriarcale et de reconstruire lidentitdes femmes partir delles mmes,ainsi que de rendre hommage aux

notions de communaut, de solidaritactive, en cassant les barrires que lesdirents systmes de domination ontimpos entre les femmes. Les femmesdu Bakr se runissent de plus en plusautour de leur lutte commune pour lesdroits dautodtermination en tant quepeuple kurde, et avant tout en tant quefemmes dans ce monde qui tente denous isoler et nous individualiser.

Cest cette leon de solidarit relle quenous ont fortement inspir les femmes

militantes que nous avons rencontreslors de notre petit voyage. Cet espritde lutte acharne, tous les niveaux,ne baissant jamais les bras devant lespires dicults, se tenant coude coude les unes avec les autres, et sedonnant de la force pour continuer rsister comme lont fait tant dautresavant elles, et sans mme prendre letemps de faire le deuil des proches etdes camarades tu.e.s, mais bien entirant la force de ces vies perdues pour

continuer leur lutte. La persvrancede ces femmes se traduit galementpar lacharnement sorganiser, multiplier les espaces o elles peuventse retrouver et o mettre en place lesoutils ncessaires pour mener bienleurs objectifs ambitieux. Depuis lesannes 1990, les femmes du Bakr sesont armes dune quantit de struc-tures et doutils pour rpondre leursbesoins et crer un rapport de forcedans la socit. En rsum : elles fonttout pour se donner les moyens davan-cer et de construire petit petit ce dontelles rvent.

La stratgie du mouvement desfemmes consiste la fois promouvoirlorganisation non-mixte des femmes tous les niveaux, et assurer parallle-ment une participation galitairedansles structures mixtes. Notre dlgationa t accueillie dans chaque ville parles co-mairesses ou autres femmesdu mouvement ; nous avons ainsi pu

entendre la vision des responsables dedirentes structures, mais toujoursdu point de vue des femmes. Ce sontbien sr les militantes du PKK, puis despartis lgaux sinspirant des mmes

idaux, qui se sont battues pour dsi-gner les dynamiques dominatrices deleurs camarades. Ce sont elles qui sesont runies en Union de Femmes en1994 pour crer un rapport de force etarracher le quota de femmes au sein duparti : le quota tait alors de 25 %, puis

chaque lection ce quota se voyaitaugment, jusqu en arriver en 2005 40 % et lintroduction de la co-pr-sidence -par une femme et un homme-du parti. Cest depuis 2014 que ces deuxderniers outils ont t largis toutesles structures du mouvement de libra-tion kurde (dpassant donc les partis).Lorsque le quota nest pas respect,alors lassemble est annule, ou alorsles femmes ne sont pas tenues de res-pecter les dcisions qui en dcoulent.Vu que les femmes sorganisent en

non-mixit pour discuter et prendre lesdcisions qui les concernent, lorsquelon applique ce quota au sein desorganisations mixtes, il sagit en fait depersonnes porte-parole du mouvementdes femmes.

Et cest ainsi que les femmes ont posleurs propres rgles que les hommessont obligs daccepter. Aye nousdonne comme exemple les hommestravaillant dans les mairies DBP : si un

homme frappe sa compagne ou bienil ne permet pas leur lle daller lcole, et bien les femmes vont toutmettre en place pour mettre un terme ces comportements, allant parfoisjusqu carter celui-ci du mouvementou verser son salaire la femme.

Voici les principales structures du mou-vement des Femmes Libres du Bakurdont nous avons connaissance.

Les Acadmies de Femmes, ces lieuxo elles se retrouvent pour apprendreensemble, dans une dmarche prochede lducation populaire, en partantdes expriences et connaissances dechacune, et o lalphabtisation et laformation politique en sont la base.Une femme politique du DBP nousparle du nancement de ces acad-mies : personne nest pay, tout lemonde est bnvole ; sil y a besoindargent, a viendra de la solidarit desgens du quartier, il y aura des appels

dons, et puis de toutes faons les genspayent une cotisation au parti ; cestun mouvement anti-capitaliste qui neveut pas recevoir de largent du gouver-nement ni passer par lchange dargent

pour lducation . Cest dans ces acad-mies que lon dveloppe la jinologie. Ilexiste quatre acadmies pour femmesau Bakr, et plusieurs sont en projet.

Les coopratives (pour linstant Amed, Hakkri, Van et Mardin) per-

mettent aux femmes daccder unrevenu et viser lindpendance cono-mique ; souvent il sagit de se mettreensemble pour produire et vendrelartisanat quelles fabriquaient djchez elles sans avoir daccs la vente.Nous en avons visit plusieurs Mardin,dont la mairie DBP tente de promouvoirles coopratives de femmes dans saprovince, ainsi que den faire la promo-tion dans dautres villes.

JINHA, une agence de presse com-

pose exclusivement de femmes a tcre le 8 mars 2012 pour contrecarrerles articles extrmement misogynesde la presse ocielle. Il sagit notreconnaissance de la premire agence depresse de femmes au monde. [Un entre-tien avec des journalistes de Jinha estreproduit dans le Merhaba Hevalno n4.]

Cest aussi trs localement que lesfemmes sorganisent. Les conseilsde rues, de villages et de quartiers

ont leurs propres structures en non-mixit. Elles traitent des sujets qui lesconcernent, mettent en place des com-missions pour amener des solutions auxproblmes quelles soulvent, puis cesespaces sont le premier repli pour lesfemmes victimes de violences.

De nombreuses associations defemmes, indpendantes des autoritstatiques, ont vu le jour. Une de leursactivits principales est de venir en sou-tien aux femmes victimes de violenceconjugale. Pour cela, plusieurs refugesdans les principales villes accueillentces femmes qui osent quitter leur mariet qui risqueraient dtre rejetes parleurs proches, et qui dans tous lescas ont besoin de soutien. La plupartdu temps, les femmes ne font pasappel au tribunal, car elles ne font pasconance en cette justice l, pluttelles sadressent au mouvement desfemmes.

Les (incroyablement persvrantes !)Mres pour la Paix, actives depuis 1999,runissent des mres de martyrs, etse battent pour exiger la paix, tout enayant un profond respect pour la lutte


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mene par leurs proches tomb.e.sainsi que pour les combattant.e.sactuel.le.s. En dautre mots, ce nest pasparce quelle exigent la paix quellesvont sopposer la prise darmes pourlexiger.

QUELQUES MOTS DE LA FIN SUR CE

QUI NOUS A TOUCHES DANS TOUTESNOS RENCONTRES

On tient raconter certains momentsqui sont rests gravs dans nos espritspendant notre voyage en dlgation.On a eu la chance de rencontrer pleinde femmes du mouvement, dans di-rentes villes, et de partager quelquesjours avec elles, malgr le contexte deguerre.

On veut parler avant tout de lhospi-talit. Partout o on est passes, lesfemmes nous ont ouvert leur maison,nous ont racont leurs histoires, nousont parl de politique, ont rpondu nos questions. Ce nest pas quune tra-dition kurde, cest un vrai engagementmilitant. Elles se sont mises notredisposition, en annulant des rendez-vous. Sara Kaya, co-maire de Nusaybin,passe une journe avec nous. Elle nousraconte ce que cest dtre mre dequatre enfants et dtre engage dansle mouvement, de se battre pour queses enfants ne doivent pas le faireet pour quils puissent vivre dans unmonde meilleur. Elle nous raconte larpression quelle subit depuis plusieurs

mois et son passage en prison. La datedu procs qui dcidera de son sort est...le 8 mars, deux jours aprs ! Sara estconsciente que cette fois-ci elle ira entaule pendant longtemps, mais au lieude passer ces derniers moments delibert avec ses enfants, ses amis, sesproches, elle les passe avec un groupe

de femmes venant dEurope, quelle neconnat pas et probablement quellene verra plus jamais. La lutte et le rvedune solidarit entre femmes qui va au-del des frontires sont plus forts queles envies et aspirations personnelles. deux occasions on a entendu que descopines taient incites par leur famille rejoindre larme des femmes, car entant que jeunes, leur place tait dansle combat pour dfendre leur peuple.Dans cette lutte chacun.e a sa place,

et lindividu laisse souvent la place aucollectif.

On a aussi envie de tmoigner du cou-rage incroyable de ces femmes. Lorsdes manifestations pour les festivitsdu 8 mars, larme turque a fait pres-sion en diusant des rumeurs duneprobable attaque terroriste la bombe.Latmosphre tait tendue, la peur pal-pable, mais des femmes de tout ges,des fois avec leurs enfants, sont quandmme descendues dans la rue pourmanifester, conscientes de rentrer dansla gueule du loup (tanks et canon eautout autour et snipers sur les toits). EnTurquie cest dj arriv que larmetire sur la foule et fasse un carnage,

mais notre peur a disparu face au cou-rage contagieux de ces femmes.

Pour nir, la raction face la douleuret la mort nous a impressionn. Enmarchant entre les dcombres Cizre,on a rencontr une Mre pour la Paixqui sest dplace pour venir consoler

les femmes de la ville qui ont perduleur proches et leurs avoirs. Cette mrea perdu sept enfants dans le combatarm ou cause de la rpression. Ellenen pleure pas, elle ne se laisse pasabattre, elle vient porter sa solidarit etson soutien aux autres femmes. Cestaussi lhistoire de plein dautres femmesquon a rencontr et qui ont perdu leursproches et qui ne dsesprent pas. Il ya une sorte de dignit dans la douleur,une volont forte de toujours la renver-

ser, de danser et de chanter dans lesmoments diciles. Combattre la mortavec la vie ! Lhumour et la joie sonttoujours l chez les femmes : la guerreva tre longue et avec beaucoup depertes, mais il faut continuer lutter !

Un tout grand merci toutes lesfemmes qui nous ont accueillies pen-dant notre sjour: Aye, Sara, Leyla,Glser, Selma, Sultan, Elif, et toutescelles dont nous avons malheureuse-ment oubli les prnoms!


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En soutien aux journalistes de lagencede presse DIHA (Dicle Haber Ajansi)emprisonn.e.s, une ptition a t lance linitiative dintellectuel.le.s, de jour-nalistes, dartistes, dacadmicien.ne.s etdcrivains, parmi lesquelles des personna-lits tel que Gencay Grsoy, Akn Birdal,Fikret Bakaya, Hasan Cemal, Ragp Zara-kolu et Ferhat Tun.

Rappelant que journalistes de lagenceDIHA sont emprisonn.e.s, et demandantleur libration immdiate, le texte souligneque : Ce nest pas que la Turquie, cest le

Monde entier qui est au courant. Toutesles personnes qui travaillent pour la presselibre sont les cibles du rgime dErdoan.La volont tant de conditionner les infor-mations fournies par les mdias en fonc-tion de ce que le rgime valide.

Pour signer la ptition en ligne :https://www.change.org/p/kamuoyu-diha-

muhabirleri-serbest-braklsn

Source

Nouvelle Turquie

Appel soutien pour les journalistes de DIHA emprisonn.e.s

au Bakr (suite) :

ROBOSK :Larme turque tenteun 2memassacre de Robosk enbombardant un groupe (qui faisaitdu commerce frontalier) au mmeendroit et environ la mme heurequen 2011 lorsque 34 personnesavaient t tues. Cette fois-ci troispersonnes sont mortes, et 3 autresblesss graves. Robosk est un villagede Uludere, dans la province dernak, a frontire avec le Kurdistanen Irak, o la contrebande est uneimportante source de revenu. [ANF]

ACTIONS DES GURILLAS

Les forces de ltat ont publi uncommuniqu dans lequel ils avouentque 3342 soldats ou policiers ont tsoit tus (483) soit blesss (2859)depuis les reprises des combats enzones kurdes lt dernier. Larmea jusqu prsent toujours minimiserleurs pertes. Les gurillas commu-niquent que ce chire est suprieur 5000.

Dans le mme temps les YPS

dclarent avoir tu 19 forces sp-ciales dans les villes de Nusaybin,rnak et Van.

Plusieurs attaques la voiture pi-g contre des positions militaires oude la police vers Midyat (province deMardin) et rnak. Le 8 juin, commis-sariat central de Midyat a t dtruit.Une trentaine de policiers, ainsi quele gurillero martyr, y ont trouv lamort. Ce grand commissariat de 6tages et dans lequel vivaient 150

policiers, tait connu pour ses pra-tiques de torture.

Un hlicoptre Cobra abattu dansles montagnes de el/ukurca (dansla province de Hakkari) le 13 mai. Laversion ocielle de ltat annonceun accident technique, alors quunevido lme par les combattant.e.smontre bien quil se fait tir dessus.Ceci fait partie dune action des gu-rillas denvergure, tuant selon eux 48soldats, et leur permettant de rcu-

prer beaucoup de munitions. Deuxcombattants sont dcds pendantles combats. Le lendemain, les bom-bardements contre les positions desgurillas au Kurdistan irakien se sontintensi sans prcdent.

Mi-mai, deux nouveaux groupes

rvolutionnaires - lInitiative JeunesseRvolutionnaire et lInitiative des FemmesRvolutionnaires - se sont crs sous leslogan de Vengeance .

Dans leur communiqu commun,les deux groupes ont appel ce quetout le monde descende dans la rue etorganise des actions rvolutionnaires .Ils armaient aussi que les deux mouve-ments comptent continuer les formes dersistance dj pratiques par le Mouve-ment pour un Kurdistan Libre ainsi que le

Mouvement des Femmes Libres.Dans ce mme communiqu on peut

lire une liste de leurs objectifs :

Mettre n lisolement de notreleader calan ;

Se mobiliser contre les attaques fas-cistes contre le peuple ;

Lutter pour que tout le monde puissecontinuer vivre sa propre culture etparler sa propre langue ;

Mener la rsistance auto-gre pour

une vie libre ;Raliser les rves et se venger pourtout.e.s les rvolutionnaires tomb.e.sen martyr ;

Sorganiser contre le harclement, leviol, les drogues et lindividualisation ;

Rpandre la rsistance auto-grepour mettre n au rgne du palais enTurquie ;

largir la lutte et emporter la victoiredu mouvement pour un Kurdistanindpendant ;

Mettre tout en uvre pour leondre-ment des gangs fascistes de lAKP ;

Vivre librement dans nos places, nosrues et dans nos maisons ;

Se mobiliser contre lexploitationsalariale ;

Organiser une rsistance permettantdouvrir les portes des prisons et de sebattre contre les oprations de gno-cide politique.

Des groupes dactionpour la Vengeance


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j u i n 2 0 1 6m e n s u e l n 5 ROJAVA

au Bakr (suite 2) :

De nombreuses attaques contredes positions de larme dans lesmontagnes : emzinan (emdinli) ;2 sergents tus ( Ari et Nusaybin) ;32 soldats tus Oremar (Gever/Yksekova, province de Hakkari) ; 40soldats tus, 2 tanks et 3 pelleteusesdtruites Uludere (rnak) ; unhlicoptre Skorsky endommag Gever ; etc.

Sabotages : les vhicules travail-lant dans des chantiers de routesdans le district Uludere (de rnak), Plmr (Dersim), Gever (Hak-kari), et dun chemin de fer Mu,

ont t dtruits pour collaborationavec ltat turc. Un puit de ptrole Adiyaman a aussi t dtruit.

La gurilla du TiKKO, unie au seindes forces allies du MouvementRvolutionnaire Uni des Peuples(HBDH) alliance militaire entreplusieurs forces de gurilla en Tur-quie / Kurdistan ont attaqu desunits des Forces Spciales dans lavalle Kalik Kua Ovack (Dersim).

Le HBDH a aussi dclar avoir

dtruit un mini-bus transportant despoliciers haut-grads dans la rgionde la Mer Noire.

MRES POUR LA PAIX

Erdoan a rcemment prononcun discours misogyne appelant lesfemmes avoir au moins 3 enfants : les femmes qui nont pas denfantssont dcientes et incompltes, chaque avortement est un Ulu-

dere (faisant rfrence un mas-sacre), Aucune famille musulmanene peut consentir le contrle de lanatalit ou le planning familial.LAssemble des Mres pour laPaix de Van a ragi : Les femmessont des femmes. Elles ne sont pasincompltes, quelles donnent nais-sance un enfant ou pas. Les femmesne sont pas incomplte, cest tonesprit qui est incomplet, Erdoanest ls dune mre et mari dune

femme. Il doit penser aux femmesqui lui sont proches lorsquil insultentles femmes. Il demande aux femmesde faire des enfants, par contre, ildevrait se rappeler que les femmesassassines ne peuvent pas fairedenfants ! [JINHA]

Limplication de soldats amri-

cains aux cts des forces armes

kurdes syriennes ont fait beaucoup

parler ce mois-ci. Les questions

dalliances stratgiques entre les

kurdes et les pays colonialistes

occidentaux comprennent de nom-

breux enjeux. Voici un point de

vue quon a trouv intressant et

assez didactique sur le site

Kurdishquestion.com.

Dans le contexte de la nouvelle offen-sive des Forces Dmocratiques Syriennes(FDS) visant repousser Daech de sa ca-

pitale auto-proclame Raqqa, on assiste une opration militaire dans laquelleles forces armes du Rojava et celles destats-Unis tmoignent dune cooprationplus troite que jamais. Ce qui fait surgirune question pertinente : une telle volu-tion est-elle bonne, mauvaise, ou ni lunni lautre ?

Premirement, un peu de contexte

la base, le Rojava tait compltementisol et de fait rejet par un rgimeamricain qui avait lair plutt de secontenter de soutenir les forces chauvinesen Syrie, peu importe que celles-ci soientislamistes ou nationalistes. Cependant,deux ans aprs que la rgion du Rojava

se soit dclare autonome aprs y avoirchass des forces du rgime de Bacharal-Assad en , les attaques dune vio-lence acharne contre Koban de la partde Daech ont russi au moins mettre la

situation rvolutionnaire du Rojava sousles projecteurs internationaux (alors quele sauvetage impressionnant des Yzidi.e.sde Shengal avait chou avoir le mmeeffet un moins auparavant).

Alors que les forces de dfense du Roja-va les YPG et les YPJ taient en trainde rsister hroquement contre Daech Koban, les Amricains ntaient pluscapables de faire comme sils ne voyaientpas la situation en face (ceci tant d lar-gement au fait que les journalistes qui

taient prsent.e.s de lautre ct de lafrontire turque tmoignaient de linac-tion des Amricains face aux avances deDaech). Cette situation a eu pour rsultatune augmentation des cooprations stra-tgiques entre les forces armes du Rojavaet les forces ariennes des tats-Unis partir de la fin de lanne .

Certaines personnes soutenant la r-volution sculaire laque, fministe etdmocratique au Rojava avaient alorscommenc se sentir trs mal laisepar rapport cette nouvelle coopration,

surtout puisque depuis des dcennies lestats-Unis sont quand mme la premirepuissance imprialiste du monde entier,mettant tout en uvre pour anantir toutmouvement ayant la moindre odeur de

lA CooprAtioN StrAtGiqUe dU rojAvA AveC leS tAtSUNiS : CeSt bieN,

CeSt mAl, Ni lUN Ni lAUtre ?


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socialisme. Ce malaise tait alors compl-tement justifi.

Mais la question principale a toujourst le niveau dinfluence que les tats-Unispeuvent exercer sur le Rojava. Cette puis-sance mondiale forcera-t-elle la rgion faire des compromis vis--vis de son projet

politique radical? Ou cooprera-t-elle plu-tt avec les forces armes du Rojava dansle contexte dune alliance temporaire ayantpour seul but la dfaite de Daech (en sa-chant que leurs propres allis et trs po-tentiellement leurs propres services secrets auraient jou un rle principal dans lesorigines et la cration de ltat Islamique) ?

Cest donc dans ce contexte quon peutdterminer ce quimplique la prsence desforces terrestres amricaines lors de loffen-sive en cours actuellement Raqqa.

La Coopration : Bonne, mauvaiseou ni lun ni lautre ?

) Points positifsLa rgion du Rojava subit toujours des

embargos venant la fois de la Turquie etde lIrak, ce qui veut dire concrtement quesans les armes ainsi que lappui arien de lapart des Amricains, lesprance de vie de larvolution du Rojava rduirait de manireimportante. Ceci dit, a fait maintenantquelques mois que la Russie sintresse ou-

vertement ce qui se passe dans la rgion,et elle pourrait ventuellement prendre laplace des tats-Unis au cas o le soutiende ce dernier sarrte. Malgr le fait quunealliance avec les tats-Unis soit loin dtreidale, il se peut que celle-ci soit tout sim-plement une question de vie ou de mort.

Entre temps, le fait que certains cerclesau sein de lestablishment amricainauraient dcid que le Rojava mriterait dusoutien militaire du moins temporaire-ment augmente srieusement la possibili-

t que la rgion et sa rvolution sen sortentde la guerre syrienne sans subir trop depertes. La survie du mouvement au Roja-va, devrait tre considr comme quelquechose de positif, sauf si les processus poli-tiques progressistes se dtriorent au fur et mesure de cette alliance stratgique.

) Points ngatifsVue lhistoire plus que douteuse de la po-

litique trangre des tats-Unis, la proba-bilit que ces derniers laissent la rvolutiondu Rojava simplement prendre son coursest trs faible. Alors que le niveau de leurinterfrence dpend srement de plusieursfacteurs dterminants, Washington va sre-ment essayer dencourager ladministrationdu Rojava dentreprendre certains compro-

mis politiques en change de son soutien. Siles dirigeant.e.s du Rojava cdent du terrainpolitique aux Amricains, ceci serait sre-ment un coup ngatif pour toutes celles etceux qui soutiennent les mouvements poli-tiques dmocratiques et radicaux.

En mme temps, la prsence amri-

caine en Syrie prsente loccasion parfaite Daech ainsi qu Assad de dire : Regardez !Les Kurdes ne sont que des marionnettes descochons imprialistes ! . Les profits poli-tiques et propagandistes quune telle situa-tion pourrait apporter aux forces nationa-listes et islamistes en Syrie risquent dtretrs importants.

La question se pose galement sur lefait que certaines forces moins informespourraient commencer croire que lesAmricains soient une force souhaitant etrapportant du bien dans la rgion, ce qui

nest videmment pas le cas. Nous navonsqu regarder les crimes de guerre infligsaux Kurdes du Bakur et les attaques contrele Rojava par un des allis principaux destats-Unis et membre de lOTAN la Tur-quie pour se rendre compte que lhypo-crisie et les intrts personnels restent aucur mme des dcisions politiques am-ricaines. Le fait quaux tats-Unis il ny atoujours pas de bureau de reprsentationdu Rojava, et ce malgr le fait que plusieurspays (y compris la Russie) en aient ouvert

depuis maintenant plusieurs mois, montreaussi que les Amricains sont peu enthou-siastes donner un soutien politique auRojava.

Comme la expliqu rcemment le sitekurdishquestion, la dclaration du mars de la Fdration Nord-Syrienne/Rojava fut rejete par la quasi totalit desacteurs principaux du conflit syrien saufla Russie. Les tats-Unis figurent parmiles acteurs ayant rejet cette dclaration.Des reprsentants amricains ont exprimclairement quils nallaient pas soutenirle projet politiquement, chose ironique(cest le moins quon puisse dire) vu que lestats-Unis mme sont un pays fdral. Laraison principale dun tel rejet de la partdes Amricains se trouve dans le fait queWashington souhaite garder son allianceavec la Turquie, et que ce dernier est farou-chement oppos toute sorte dautonomiekurde, que ce soit en Turquie ou en Syrie.Rcemment, les critiques venant dAnkara propos des soldats amricains qui por-taient des insignes des YPG avaient oblig

un porte-parole de larme amricaine d-clarer publiquement que les troupes am-ricaines nen avaient pas reu lautorisationet quelles avaient reu lordre de les enlever.Cet exemple montre clairement le fait que

Washington ne souhaite pas trop entrer enconflit avec le rgime de plus en plus auto-ritaire dAnkara.

) Ni bonne, ni mauvaiseCest en pesant tous ces lments quon

se rend compte que, stratgiquement par-

lant, lalliance USA-Rojava rvle la foisdes points ngatifs et positifs, ce qui com-plique la tache quand il sagit de se dclarerpour ou contre. Ceci dit, soyons honntes :quoiquil en soit, la prsence de quelquesdouzaines de forces spciales amricainessur le sol syrien ne risque pas de faire nor-mment de diffrence.

Quoi quil arrive, la grande majorit desbatailles seront menes par les Forces D-mocratiques Syriennes. La reconstructiondes communauts, une fois que celles-cisont libres du joug de Daech, sera ga-

lement mene par des personnes ayant tinfluenc.e.s par la rvolution du Rojava. Lagloire davoir russi vaincre Daech ira auxFDS. Toute tentative de la part des tats-Unis de sy attribuer le mrite ne montreraitque leur arrogance extrme, et toute per-sonne ayant la moindre intelligence sauraitvoir travers de tels discours.

Un dernier mot pour la fin. Il est fortpossible que les tats-Unis soient en traindaider les FDS pour des raisons purementpropagandistes pour montrer enfin que

ladministration dObama se sent profon-dment concerne par la dfaite de Daechet que le Prsident est vraiment en trainde mettre en uvre des actions militaireslimites mais nanmoins si attendues parbeaucoup dAmricains. Il est possible quececi soit lintrt principal des tats-Unis.Les effets long-terme dune prsence am-ricaine sur le mouvement au Rojava pour-rait en fin de compte tre assez minime. Enmme temps, le Rojava pourrait vraimenttirer du bnfice de ce soutien stratgique quelles que soient les vraies intentions deWashington.

Quoi quil se passe dans les mois venir,nous devrons continuer nous tenir aucourant, nous informer, nous interroger etsuivre de prs lvolution de cette alliancestratgique. Ceci dit, il est pertinent quonanalyse la situation de manire calme etmesure, puisquen tirant des conclusionstoutes faites et mal-informes, on risquede faire perdre au Rojava une partie desgens qui jusque-l ont montr leur soutien un des processus politiques les plus pro-

gressistes qui nait jamais t dvelopp auMoyen-Orient, voire dans le monde entier.

source

Kurdishquestion.com ; Traduction : Merhaba Hevalno


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Dans un article intitulPolmique autour de la

fdration dmocratique dunord de la Syrie, Rojava :

Quel avenir commun pourles Arabes et les Kurdes

en Syrie?, Sami Daoudne nous donne pas quun

aperu des relations entreces deux populations, mais

aussi du contexte historique

ainsi quidologique social-nationaliste dans lequelnaquit le parti Baas en

. Il compare les posi-tions politiques principalesdu parti de lpoque celle

dAntoun Saadeh, fortementinfluenc par lorientaliste

breton Ernest Renan quisest dclar en faveur dunediversit ethnique en Syrie,

et celle dAkram Hourani

qui en tant que prsident duparlement et ministre de ladfense, avait dcrt dans

larticle de la charte duParti de la jeunesse : qui-conque ne se fond pas dans

lidentit arabe est considrcomme intrus la nation .Nous publions des extraits

de cet article en esprant queles analyses des relations

Arabes-Kurdes en Syrie, ain-si que les points de vues cri-

tiques exprims, permettentune meilleure comprhension

des ractions parfois vio-lentes la dclaration de la

fdration dmocratique auRojava. Pour lire larticle

en entier (en franais) voir :

orientxxi.info/magazine

Chercheur et critique dart,rdacteur en chef de lditionarabe de la revue Kalawiz, Sami

Daoud vit et travaille au Kur-distan irakien. Traduction delarabe : Hana Jaber

* * *

Au lendemain de lannoncede la cration de la Fdrationdmocratique du nord de la Sy-rie-Rojava, le avril dernier, lavhmence des ractions dansles mdias arabophones lve levoile sur lhtrognit de lasocit syrienne, et le niveau deviolence exerce lgard despopulations kurdes.

Cette littrature se base sur

des rfrences partielles etcontradictoires dont leffet est

de banaliser lhostilit latente lgard dune altrit kurde,alors mme que le conflit syrienna pas encore livr tous les ou-tils de dcryptage ncessaires une lecture des vnements.De fait, crire sur la question

syrienne en gnral, et kurde enparticulier, revient balancerentre une approche descriptiveet une analyse norme. Sur cetvnement proprement dit, lesdiverses positions, syrienneset proche-orientales scu-lires et religieuses , celles desopposants et des partisans duBaas, se recoupent dans un rejetquasi unanime, et adoptent uneposture davantage idologique

quanalytique. Une partie de cesractions vient dauteurs affilis lArab Center for Researchand Policy Studies Doha, quiavait pourtant publi en un ouvrage (en arabe) dune

rudition remarquable sur laformation historique de la J-zireh syrienne, du chercheurMohammed Jamal Barout. Endpit du parti pris panarabistede lauteur, la matire fourniedans cet ouvrage aurait pu ser-vir de support pour dbattredes enjeux poss par lannoncede la fdration dmocratiquedu nord de la Syrie-Rojava. Le

livre porte en effet sur les trans-formations dmographiques,

les structures sociales, les ter-ritoires, les frontires, les mi-grations, les mixits ethniqueset les alliances tribales cono-miques et militaires, ouvrantsur des ralits qui incitent dpasser le blme. [...]

Des cadres identitaires figs

Lhistoire des ethnies dans laMsopotamie et la rgion dela mer Ege rend compte demigrations de grande ampleuret va lencontre des thses depuret ethnique dans la rgion,ainsi que le montre Arnold J.Toynbee dans son ouvrage LaGrande Aventure de l Humani-

t. Bien avant lempire ottomanet tout au long de celui-ci, ilny avait pas dentits politiquestendues, linguistiquement etethniquement mixtes, mais depetites principauts dotes de

structures tribales ou fodales,homognes dans leurs identitsinfra-tatiques. Lexpropriationterritoriale formait la base deleurs frontires. En gros, cesfrontires ont trouv leur pro-longement dans les wilayat souslempire ottoman, avant dtreredessines par le trait de Ver-sailles en , puis dans les ac-cords de San Remo en . [...]

Sous cet angle, le systmefdral peut tre un facteurdunion entre des socits re-vendiquant des identits dis-tinctes et affirmes. En Syrie,ces socits sont restes long-temps prives dinteractions surdes bases sociales et culturellespouvant permettre la fondationdun systme culturel historiquecommun.

De longues dcennies de dic-tature dans la rgion ont enserrles populations dans des cadresidentitaires contraints et figs,produisant un rejet mutuel etun horizon ferm. Un modede gouvernement qui confirmele regard dIbn Khaldoun surles socits du dsert : ces der-nires ont du mal prendre dela hauteur dans les reprsen-tations quelles se font de leurhistoire. Cest dans ce contexte

que sinscrit lhistoire du rejet lgard des Kurdes en Syrie,quil sagisse des vnementsmarquant lindpendance de laSyrie ou des propositions faitesen par Mohammed TalabHilal, lieutenant dans les ser-vices de la scurit politique dela ville de Hassakeh, et adres-ses au Congrs national duBaas Damas : arabiser de forceles Kurdes Hassakeh, ne pas

scolariser les villages kurdes,ter la nationalit syrienne auxKurdes, procder des trans-ferts de populations arabeset les installer sur les terreskurdes, crer ainsi une ceinture

qUel AveNir CommUN poUr leSArAbeS et leS KUrdeS eN Syrie ?


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dmographique arabe spa-rant les Kurdes des deux cts turc et syrien de la voieferre, dclencher une opra-tion de communication par lesArabes lencontre des Kurdes,et semer les discordes au sein des

Kurdes . Des appels similairesont t lancs en dans lesprches des mosques du quar-tier de Ghwairan, au sud dHas-sakeh.

trangers les uns aux autres

La plupart de ces proposi-tions ont t appliques par laforce des armes. Une ceinturearabe longue de km etprofonde de m a t trace,et des colonies de peuplementarabes riges au cur des vil-

lages kurdes. En , environ. Kurdes se sont vu reti-rer leur nationalit syrienne,au motif quils taient venus deTurquie lpoque dAtaturk.Le retrait de nationalit sestfait de manire alatoire, visant

lun et pargnant lautre dansune mme famille. Ces per-sonnes ont t regroupes dansla catgorie administrative des trangers dHassakeh , elle-mme divise en deux sous-ca-tgories : dun ct, les tran-gers titulaires de fiches dtatcivil de couleur rouge dlivrespar le moukhtar, autoriss cir-culer dans le pays lexclusionde tout autre droit ; de lautre,les trangers lidentit oc-culte , ne disposant daucundocument officiel justifiant de

leur existence mme. Ces per-sonnes-l enregistraient leursbiens au nom de proches enpossession de documents etse constituaient des pargnesfondes exclusivement sur laconfiance. Plus tard, la langue

kurde et tout ce qui a trait laculture et lidentit kurdes at interdit. Larrive du Baas aupouvoir et sa prennit sur delongues dcennies a enracincette politique.

En , le dcret a inter-dit aux Kurdes de se vendreentre eux des biens fonciers. Ilest intervenu en mme tempsque les annes de scheresse(-) qui ont provoqu,selon les chiffres du ministre

de lagriculture, lexode de plusde personnes des villes

kurdes vers les banlieues desvilles industrielles, o elles onthabit dans des quartiers detentes .

Cette histoire renvoie ladifficult de dbattre en profon-deur de la notion de diversit en

Syrie tout au long des dcenniescoules, et celle de construirece dbat aujourdhui. Ce quinest pas sans incidence sur lesngociations Genve, car lesSyriens ont lair trangers lesuns aux autres, sans langage nivision commune sur les ques-tions relatives aux droits et auxinstitutions.

Source

orient.info

RAQQA :La bataille pour la librationde Raqqa a commenc le 24 mai. Dixvillages librs en deux jours. 12000combattants participent loprationdu ct des forces kurdes et de leursallis (sous la bannire des FDS) qui

uvrent sur trois fronts pour reprendrele contrle de la capitale de ltatIslamique. Les 19 et 20 mai, les avionsde la coalition dirige par les tats-Unisavaient lch des milliers de tracts surla ville pour inciter les civil.e.s fuiravant loensive des troupes au sol,une oensive quils soutiennent par unappui arien intense. De leur ct, lescombattant.e.s des FDS pilonnent lesjihadistes avec des armes lourdes. Uncommandant kurde des FDS a en outredclar : Les arabes de Raqqa nous ont

aids librer Koban, nous allons lesaider librer Raqqa.

MANBIJ :le 1erjuin, la campagnepour librer Manbij (ville habite parune mosaque de peuples et tenuepar Daech) a t lance par le ConseilMilitaire de Manbij (CMM), compos decombattant.e.s arabes, kurdes, turk-mnes et circassien.ne.s (les FDS fontpartie du CMM). Les villages autour dela ville ont t librs sur 4 fronts ettoutes les routes de ravitaillement ontt coupes aprs lencerclement total

de la ville. lheure o nous clturonsce mensuel, les combattant.e.s du CMMsont le

Documents

Merhaba Hevalno mensuel n°5 | Juin 2016