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MANAGEMENT : LE NOUVEAU CONTRAT DE CONFIANCE CAHIER DE LA NOUVELLE RÉPUBLIQUE - Mardi 22 juin 2021 - N° 23.342 - Ne peut être vendu séparément - 37 CAP’ÉCO LE MENSUEL DE L’ÉCONOMIE EN INDRE-ET-LOIRE #63

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MANAGEMENT : LE NOUVEAU CONTRAT DE CONFIANCE

CAHIER DE LA NOUVELLE RÉPUBLIQUE - Mardi 22 juin 2021 - N° 23.342 - Ne peut être vendu séparément - 37

CAP’ÉCOLE MENSUELDE L’ÉCONOMIE EN INDRE-ET-LOIRE #63

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2 I JUIN 2021 I 37 I CAP’ÉCO

Textes : Agnès Aurousseau, Pierre Bonnet, Nathalie Picard, Laurence Texier, Émilie Veyssié. Photos : Adobe Stock, sauf mention contraire.Photo de une : Adobe StockRéalisation :Service des thématiques NRSecrétariat de rédaction :Laurence TexierMaquette/PAO : Alexandra Chérioux

La Nouvelle Républiquedu Centre-Ouest232 avenue de Grammont37048 Tours Cedex 1Tél. 02.47.31.70.00Fax 02.47.31.70.70

Directeur de la publicationprésident du DirectoireOlivier Saint-Cricq

Directeur de la rédactionChristophe Hérigault

Rédactrice en chefChantal PétillatResponsable ThématiquesJohan GuillerminRégie publicitaireNR CommunicationTours : 02.47.60.62.51

CPPAP 0525 C 87037 - ISSN 2260-6858Imprimerie La Nouvelle République Tours

Origine principale du papier : FranceTaux de fibres recyclées : supérieur ou égal à 50 % / Eutrophisation (pâte et papier) : Ptot inférieur ou égal à 0.014 kg/tonne.

10-31-3409

3 BAROMÈTRE

5 L’INVITÉ CARNET PRO DAVID CHANTERANNE

6 ENQUÊTE MANAGEMENT À DISTANCE : QUEL CONTRAT DE CONFIANCE ?

10 DOSSIER À QUI PROFITE LA CRISE ?

12 L’IMMOBILIER D’ENTREPRISE S’ADAPTE

15 LE BILLET DE FX LA MACHINE À CAFÉ

cap’éco #63

sommaire

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3JUIN 2021 I 37 I CAP’ÉCO I

baromètre

Du 14 juin au 2 juillet Vous êtes demandeur d’emploi et vous avez envie de créer votre activité indépendante ? Venez étudier la faisabilité de votre projet, accompagné par des professionnels de la création, de la Chambre de métiers et de l’artisanat d’Indre-et-Loire. Contact : Noémie Rabier au 02.47.25.24.31.

28 juinFormation Agents Immobiliers - Détermination de la valeur de locaux commerciaux et tertiaires, de 9 h à 17 h, CCI Touraine, 1 rue Schiller, à Tours.

Du 28 juin au 3 juilletL’Agirc-Arrco et l’Assurance retraite organisent une nouvelle édition commune des Rendez-vous de la retraite : les actifs de tous les âges sont invités à faire le point sur leur situation personnelle, par téléphone ou physiquement, au 16 rue du Dr-Herpin, ou au 31 rue Jacques-Marie-Rougé, à Tours, deux des onze points d’accueil en Centre-Val de Loire. Inscriptions depuis le site www.rdv-retraite.fr

Du 5 au 9 juilletStage 5 Jours pour entreprendre, de 9 h à 17 h, CCI Touraine, 1 rue Schiller, à Tours.

16 juilletLes Matinées pour entreprendre, de 9 h à 12 h, CCI Touraine, 1 rue Schiller, à Tours.

27 aoûtLes Matinées pour entreprendre, de 9 h à 12 h, CCI Touraine, 1 rue Schiller, à Tours.

Du 7 au 28 septembre2e édition de la manifestation nationale France Design Week, sous le parrainage du ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance. En région Centre-Val de Loire, la France Design Week Loire Valley 2021 mettra en valeur des designers d’ici, des écoles de design et des entreprises régionales : expositions, ateliers, workshops, conférences. À Tours, l’hôtel consulaire accueillera plusieurs expositions sur le thème Matières et objets recyclés. Programmation complète en juillet.

Du 13 au 17 septembreStage 5 jours pour entreprendre, de 9 h à 17 h, CCI Touraine, 1 rue Schiller, à Tours.

14 et 15 septembreFormation à l’international : maîtriser les MMP + Credoc + SBLC, de 9 h à 17 h, CCI Touraine, 1 rue Schiller, à Tours.

16 septembreLes Rencontres Performance - Développer le capital humain : « Boostez l’expérience de vos collaborateurs », de 9 h à 12 h, webinaire avec la CCI Touraine.

à l’agenda

LANTANA PAYSAGE S’ENGAGE SUR LE VENDÉE GLOBE

Lantana Paysage (Chanceaux-sur-Choisille) est le premier partenaire significatif déclaré pour accompagner Louis Duc (programme IMOCA) et Marie Tabarly dans le projet de Vendée Globe 2024, qui commencera par la Transat Jacques Vabre 2021. Cette annonce permet au skipper normand d’envisager une participation à la Transat Jacques Vabre, sous réserve qu’un copartenaire rejoigne le défi. « Le programme IMOCA de Louis est une belle opportunité pour nous en matière de valeurs et de timing, avec une perspective de montée en puissance sur 4 ans. Cette Transat Jacques Vabre a, en effet, pour premier objectif de fédérer et élargir notre réseau d’entrepreneurs du paysage. Ensuite, l’idée serait de mettre ce formidable outil de communication auservice d’une cause environnementale liée, par exemple, à la pollinisation, intimement attachée à notre métier », souligne Guillaume de Germay, cofondateur du groupement de paysagistes. Lantana Paysage avait déjà accompagné Louis Duc en 2015 avec, à la clé, une troisième place en Class40 sur la Transat. L’objectif de l’équipage est de redonner vie à un bateau endommagé, en recyclant, réparant et optimisant tout ce qui peut l’être. Ce pari technique est en passe d’être gagné via un chantier circulaire qui a séduit Marie Tabarly et lui a donné envie de s’engager. La réparation et l’optimisation de l’IMOCA de Louis Duc vont bon train chez V1D2, à Caen. La partie composite de ce chantier sera terminée en juin, la mise à l’eau est prévue le 21 août.

dans l’actu

édito

Au-delà de l’imageEMMANUELLE PAVILLON, DIRECTRICE DÉPARTEMENTALE

« On était en visio à une petite dizaine. Et au bout d’un moment, on s’est rendu compte qu’on était tous au même endroit, dans les locaux. » Ce patron raconte l’anecdote en riant. Sans trop savoir, pourtant, si son rire est jaune ou franc.Parce que nous en sommes tous là. Entreprises, salariés. Le télétravail nous est « tombé sur la tête » un beau matin de mars 2020, imposé par le confinement. Rapide et rapidement efficace. Au-delà de toutes les attentes, des uns comme des autres. « Le télétravail ? Ça marche ! », a été le premier constat.Avec des limites, bien sûr, pour les parents qui avaient des enfants dans les jambes, pour les trop seuls, les pas assez bien logés, pour tous ceux qui, de toute façon, ne pouvaient pas télétravailler.Mais les entreprises ont découvert qu’elles n’allaient pas s’y brûler. Qu’elles pouvaient, peut-être même, y trouver un avantage. Tandis que les (des) salariés se prenaient à rêver d’un labeur, certes bien mené

et nourricier, mais moins entouré de contraintes.Reste, tandis que tout un chacun ose espérer une fin de crise, à dessiner les règles nouvelles d’un télétravail assumé, non plus subi, mais revendiqué. Et ça, c’est l’image belle, sur le papier.Dans la réalité, les chiffres disent aussi que 46 % des télétravailleurs sont en détresse psychologique (voir plus loin) ; que le middle management qui les encadre est harassé. Que ceux qui le vivent bien, en un mot, ne sont pas les plus nombreux… Juste, peut-être et pour l’heure, quelques heureux privilégiés (1). Alors ? Alors aurait-on envie de dire : patience et longueur de temps. Dans une époque en quête de sens, il s’agirait d’en trouver un à ce télétravail. Qui ne peut être une valeur en soit, évidemment. Allez… On cherche ?

(1) Les recruteurs commencent à signaler des talents qui refusent certaines offres d’emploi parce que l’entreprise ne propose pas de télétravail.

en chiffres

7.400Le nombre d’immatriculations

d’entreprises artisanales en 2020, en Centre-Val de Loire ; contre 7.082 en 2019, soit 318 immatriculations supplémentaires (+4,5 %). Dans le

même temps, le nombre de radiations était de 3.800 en 2020, soit – 258 par

rapport à l’année précédente.

1.000C’est le nombre de postes à

pourvoir au sein de l’APEF, services à la personne en France. Jardiniers,

auxiliaires de vie, ou encore assistants ménagers, vingt postes, jobs d’été

et CDI concernent la région Centre-Val de Loire, au sein de ses agences

d’Eure-et-Loir, Indre-et-Loire et Loir-et-Cher.

Pour postuler : www.apefrecrute.fr

82.216 Le nombre de projets de recrutement

qu’a fait ressortir Pôle emploi dans son enquête sur les besoins en main-d’œuvre (BMO) de 2020.

Pour la région Centre-Val de Loire, cela représente 3,7 % de plus qu’il y a deux ans. Agents d’entretien et aides-soignants figurent en tête du

classement.

1.051En région Centre-Val de Loire, le

nombre de chefs d’entreprise qui ont perdu leur emploi en 2020 (source

Altares). Soit une diminution de 38,2 %.

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5JUIN 2021 I 37 I CAP’ÉCO I

Le fil rouge de la carrière de l’his-torien et éditeur David Chante-ranne ? Napoléon. L’Empereur

marque ses études, ses emplois et ses ouvrages. D’une enfance passée dans les Vosges, à Plombières-les-Bains, est née la passion de David Chanteranne pour les 18e et 19e siècles : « Ma mère s’occupait d’un musée local sur les deux empires. De la fin de l’Ancien Régime à la fin du 19e siècle, la France a connu un basculement des institutions et un foison-nement intellectuel. C’était une période d’une richesse exceptionnelle sur les plans politique, diplomatique, artistique, culturel et scientifique. C’est l’époque des Lumières, des grandes écoles d’art et des découvertes scientifiques et techniques, comme l’invention de la pile électrique, de la machine à vapeur, la naissance de l’égyptologie... », s’enthousiasme l’his-torien. Une période marquée, aussi, par Napo-léon, né en 1769, en Corse, et mort il y a tout juste 200 ans, en 1821, sur l’île Sainte-Hélène. Le bicentenaire est l’oc-casion de revenir sur sa vie, « un modèle de réussites, mais aussi d’erreurs à ne pas commettre, dont s’inspirent nombre de dirigeants politiques et économiques », rapporte David Chanteranne. À titre d’exemples, l’expert cite le général de Gaulle, la Cinquième République s’ins-pirant du Consulat (régime politique sous Napoléon), ou le milliardaire Bill Gates, passionné par l’Empereur. « Napoléon, c’est le symbole du self-made-man », résume l’historien. Parti de rien, il gravit des sommets, puis chuta brutalement. Le Corse Napoléon Bonaparte quitta définitivement son île natale en 1793 pour s’engager dans l’armée de la République française. Six ans plus tard, en 1799, il prit le pouvoir par coup d’État, puis devint empereur en 1804. De l’Italie à la Pologne, il mena plusieurs campagnes militaires victorieuses et étendit le ter-ritoire français sur l’Italie, l’Allemagne, l’Espagne… « C’était un chef militaire et

un stratège hors du commun, capable de galvaniser ses troupes. Arrivé au pou-voir, il sut réunir la France de Louis XVI et les héritiers de Robespierre. Dans sa façon d’engager les réformes, il était un personnage de synthèse, avec une volon-té d’apaisement. Il a créé 240 réformes ou institutions clés. » C’est à Napoléon que l’on doit, entre autres, la Banque de France, le Code civil, le cadastre, les préfets, les prud’hommes, les lycées ou encore le baccalauréat. « Il gouvernait de manière moderne, selon un système concentrique : il transmet-tait les informations à un premier cercle de conseillers, qui les diffusaient pour atteindre l’ensemble de la population. Il déléguait des prises de décisions aux maréchaux », raconte David Chante-ranne. Napoléon pratiquait aussi le retour d’expériences : « Il savait identifier les blocages et adapter ses décisions. Par exemple, il s’est attaqué aux problèmes d’hygiène dans les villes. Il a apporté l’eau courante au plus près des foyers grâce à la construction de canaux, et mis en place les premiers égouts à Paris. » Napoléon n’en reste pas moins un per-sonnage très controversé : le dictateur rétablit l’esclavage en 1802, inscrit l’in-fériorité des femmes dans le Code civil en 1804, et ses guerres firent plusieurs millions de morts. « C’est un person-nage contradictoire, un chef des lumières, mais aussi des temps anciens, complète l’historien. Son ambition dévorante a conduit à sa perte. Il n’écoutait plus l’op-position, s’est coupé à la fois de la base et de l’élite. » L’Empereur perdit des sou-tiens parmi les siens et ses anciens alliés se retournèrent contre lui. Il abdiqua en 1814, reprit le pouvoir, puis échoua à nouveau en 1815. « De la pleine réussite à l’échec, le pas est vite franchi. » l

Nathalie Picard

1821-2021. À l’occasion du bicentenaire de la mort de Napoléon, l’historien David Chanteranne tire une leçon de management du parcours

hors-norme de l’Empereur.

David ChanteranneLeçon de management

par Napoléon

l’invité

« Napoléon, c’est le symbole

du self-made-man. »

bio express1974 : naissance à Épinal.1997 : maîtrise d’Histoire de l’art à l’université Strasbourg II, puis premier poste à la bibliothèque Thiers (Institut de France).2004 : commissaire associé de l’exposition Le Sacre par Jacques-Louis David au musée du Louvre, puis de celle sur Le Sacre de Napoléon au musée Fesch, à Ajaccio. Parution de deux livres sur Napoléon. Depuis 2016 : attaché de conservation du musée Napoléon (Brienne-le-Château).2019 : prix des Empires pour l’ouvrage Napoléon aux 100 visages.À partir de juillet 2021 : directeur des musées de Châteauroux.

L’attribut vedette de Napoléon ? Le bicorne, chapeau à deux cornes. Il est associé à l’image de l’Empereur partout dans le monde, jusqu’en Corée du Sud où un riche entrepreneur s’en est offert un pour 1,8 million d’euros en 2014. Le bicorne n’est pas une invention napoléonienne, mais le souverain l’a rendu célèbre, avec son port en « bataille » contraire à l’usage habituel en « colonne ». Aujourd’hui, les bicornes et autres objets authentiques à l’image de l’Empereur (assiettes, gobelets…) s’arrachent à prix d’or aux enchères. Assurément, le culte de sa personnalité a traversé les siècles. Il faut dire que Napoléon portait une attention particulière à son image. Port altier, bicorne, main glissée

dans le gilet, redingote… Rien n’était laissé au hasard sur les portraits, bustes, statues et objets du quotidien qui servaient à diffuser son image. Même les tableaux de son sacre ou de ses batailles étaient mis en scène. « La manière dont Napoléon gérait son image se rapproche de l’usage contemporain via les réseaux sociaux, analyse l’historien David Chanteranne. Il fut aussi le premier dirigeant à utiliser les médias pour faire passer des informations. Il s’adressait aux Français et aux Européens par le biais des journaux et des bulletins de l’armée. » En contrôlant son image, l’Empereur a su marquer les esprits.

Napoléon ou la maîtrise de l’image

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Depuis le 9 juin, les entreprises préparent le retour progressif de leurs employés sur leur site de travail. « C’est notre grande préoccupation. Il faut se réorganiser, changer les habitudes prises

et réapprendre à vivre en collectivité », confie Dominique Jeaudeau, pré-sidente de l’Association nationale des DRH en Touraine (ANDRH). En effet, l’expérience de ce long télétravail forcé est du jamais-vu dans les organisations. Cela ne s’est pas passé sans accroc. Les managers, entre autres, ont été mis à rude épreuve. « Pour les responsables d’équipe, c’est un travail harassant, reconnaît Frédéric Butel, directeur du site AG2R La Mondiale, à Esvres-sur-Indre. Ils ont dû aller au-de-vant de chaque équipier. Percevoir les signaux faibles est plus délicat à distance. » Selon un sondage Empreinte humaine - OpinionWay

(mai 2021), 60 % des managers pensent, qu’en télétravail, ils doivent être plus proactifs pour aller vers leurs collaborateurs. Depuis le début de la crise, le consultant Raphaël Durand, du cabinet ChangEvolution à Tours, en a accompagnés plusieurs, perdus dans leur travail. « Cer-tains ne savaient pas comment rester en contact avec leur équipe. Même si ce n’est pas idéal, utiliser un outil de visioconférence, plutôt que le

téléphone, permet de percevoir davantage de signaux. » D’autres managers, très directifs, restaient dans la surveillance : « Je ne sais pas ce qu’il fait. Travaille-t-il vraiment ?, se demandaient-ils. Être en permanence sur le dos des salariés, les appeler trois fois par jour et leur demander un rapport écrit chaque soir, ça fait de la casse dans les organisations. »La surveillance peut également passer par des logiciels. Avec la généralisation du télé-

Management à distance : quel contrat de confiance ?

La généralisation du télétravail a bouleversé l’organisation des entreprises. Entre surveillance et confiance, les managers se sont adaptés à marche

forcée. Et ce n’est pas fini.

l’enquête

t

« Je ne sais pasce qu’il fait.Travaille-t-il vraiment ?

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7JUIN 2021 I 37 I CAP’ÉCO I

travail, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) a publié en novembre dernier un rappel des bonnes pratiques. En résumé, l’employeur doit informer le salarié avant toute mise en œuvre d’un dispositif de contrôle, lequel doit être proportionné à l’objectif défini. Pas question, donc, de placer des employés sous surveil-lance continue via un partage d’écran permanent, une webcam ou un logiciel keylogger enregistrant les frappes au clavier. À l’Union départementale CGT 37, le secré-taire général, Cyril Bodier, n’a pas eu vent d’abus de ce type en Touraine, mais pointe « des systèmes de manage-ment mettant la pression ». Le consultant Raphaël Durand abonde : « La crise a révélé, encore une fois, que les mana-gers devraient s’adapter davantage aux collaborateurs. Ils doivent donner un cap, fixer des objectifs et mettre en place un environnement propice pour les atteindre. L’enjeu, c’est d’accepter l’autre, avec ses contraintes, et de trouver la meilleure solution pour chacun. Un collaborateur satisfait travaille mieux. » Dans certaines entreprises, les dirigeants misent sur la confiance plutôt que la surveillance. Sur le site tourangeau d’Open, entreprise du numérique, le directeur Nicolas Biais la combine avec la culture du résultat : « Nous fixons des objectifs, en début de semaine, par exemple, puis le vendredi, nous vérifions si le résultat est atteint. » La Cnil recommande ce mode d’encadrement en télétravail : un contrôle de la réalisation par objectifs. Cela semble d’au-tant plus approprié que la crainte de voir les personnes paresser chez elles ne s’est pas confirmée. « Nous pouvons avoir une grande confiance en nos conseillers : ils travaillent aussi bien chez eux que sur site », souligne Frédéric Butel à AG2R La Mondiale. Certains travaillent même plus : selon une enquête de la Harvard Business School au début de la pandémie, le passage en télétravail a augmenté la journée de travail de 8,2 %, soit 48,5 minutes. Avant la crise, chez les cadres télétravailleurs, une étude de la Dares (2019) avait déjà noté la « tendance à pratiquer des horaires plus longs et atypiques » chez soi, ainsi que l’« isolement du collectif de travail » et « des risques dépressifs plus importants ». C’est le constat partagé aujourd’hui. D’après le sondage Empreinte humaine – Opinionway, 46 % des salariés en télétravail sont en détresse psychologique. « C’est difficile quand les sphères professionnelle et personnelle s’entre-mêlent. Plusieurs de nos équipiers ont mal vécu de rester chez eux », rapporte Frédéric Butel. Et ce, malgré les tentatives pour maintenir le lien à distance. Dans plusieurs organi-sations, comme Enedis, les dirigeants ont partagé leurs expériences : « Entre chefs d’agence, nous avons échangé sur nos bonnes pratiques. Cela nous a incités à instaurer des cafés virtuels, lancer des challenges sportifs... » Plus globa-lement, 55 % des DHR interrogés début juin par l’ANDRH estiment que « la crise a amené leur organisation à faire évoluer sa culture managériale ». Quel sera le monde du travail d’après ? Pas celui de la crise, ni celui d’avant. De nombreuses entreprises, comme Open, font évoluer leur accord télétravail vers davantage de souplesse. À AG2R La Mondiale, les renégociations se tiendront d’ici la fin de l’année. Pour le consultant Raphaël Durand, « garder une grande faculté d’adaptation est essentielle pour construire ce nouveau mode hybride ». l

N. P.

l’enquêtet

Repenser la formation Crise sanitaire ou non, Enedis, gestionnaire du réseau d’électricité, ne peut interrompre son activité. Pour Mathilde Ensarguet, chef d’agence relations clients particuliers et professionnels sur la région Centre-Val de Loire, l’adaptabilité est le maître mot de cette période mouvementée. « Lors du passage au télétravail à 100 %, nous étions en pleine formation de nos conseillers sur

l’utilisation d’un nouveau logiciel pour traiter les demandes des fournisseurs et prendre des rendez-vous. Nous avons dû repenser totalement la formation, qui se faisait en présentiel. Nous avons généralisé l’utilisation de Lync, un outil de tchat interne et de visioconférence dont nous exploitons désormais toutes les fonctionnalités (tableau, sondage en ligne...). » La chef d’agence a également réorganisé l’appui des permanenciers aux conseillers en difficulté : « Avant, tout se passait sur place. Maintenant, ils s’appellent et partagent leurs écrans. »

Productivité accrue « Le télétravail est nécessaire pour éviter que des salariés attrapent le Covid-19 au travail, mais il ne doit pas devenir la règle », insiste Cyril Bodier, secrétaire général à l’Union départementale CGT 37. Il pointe plusieurs risques : « Les salariés n’ont pas besoin qu’on les surveille. Les systèmes de management les mettent déjà sous pression et, chez eux, ils culpabilisent, se disent qu’ils doivent travailler plus... Ils

sont nombreux à dépasser les 35 heures. » Plusieurs salariés ont rapporté au syndicat des hausses de productivité dans leur entreprise. « Les moments de sociabilisation sont devenus du temps de travail effectif », constate Cyril Bodier, qui liste d’autres problèmes : les remboursements de frais (électricité, eau…) « rarement mis en place », l’accès au restaurant d’entreprise, les accidents du travail… « Le lien social manque et les organisations syndicales en pâtissent aussi dans leurs relations avec les salariés. »

Mode hybride Directeur associé au cabinet In Extenso Centre-Ouest, à Tours, Thierry Turmeau accompagne les entreprises sur les RH et le droit social. « Le télétravail ne s’improvise pas. Bien sûr, les outils sont un pré-requis : en mars 2020 à In Extenso, chacun est rentré chez soi avec son ordinateur, sa ligne téléphonique, ses dossiers clients dématérialisés et ses outils de visioconférence et de stockage

en ligne. Mais il est indispensable de former les employés sur l’organisation du travail et le management à distance. » Responsable d’une équipe de 20 personnes, Thierry Turmeau a dû s’adapter au « travail forcé à domicile : j’ai mis en place une réunion d’équipe quotidienne en visio pour prendre la température. Puis, quand certains sont revenus au bureau, j’ai eu tendance à ne travailler qu’avec eux et oublier les autres. Ce mode hybride reste une problématique. Et il faut aussi gérer le fait que le télétravail n’est pas accessible à tous. »

« L’enjeu, c’est d’accepterl’autre, avec ses

contraintes, et de trouverla meilleure solution

pour chacun. »

« Percevoir les signaux faibles est plus délicat à distance », selon Frédéric Butel, directeur du site AG2R La Mondiale, à Esvres-sur-Indre.(Photo Nathalie Picard)

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8 I JUIN 2021 I 37 I CAP’ÉCO

l’enquête

Vertspeech, la solution visio locale et responsable

À Montlouis-sur-Loire, Venturexpert développe des solutions digitales vertueuses. Son offre de visioconférence Vertspeech est née du premier confinement.

Avec le télétravail forcé, les applications collaboratives – comme Zoom ou Micro-soft Teams – sont devenues omnipré-

sentes. Mais ces plateformes américaines sont-elles sûres ? Non, a répondu la Cnil dans un avis rendu fin mai à la demande des universités et des grandes écoles, car il existe un « risque d’accès illégal aux données ». En clair, les informations transitant par ces outils peuvent tomber dans les mains des firmes et des autorités américaines. La Cnil recommande l’usage de solutions alterna-tives, et, désormais, elles existent. À Montlouis-sur-Loire, le laboratoire de recherche et développement Venturexpert déve-loppe Vertspeech, une offre de visioconférence locale et sécurisée. « Nous l’avons créée pour nos propres besoins au début du premier confinement car nous ne voulions pas mettre nos données sur les grandes plateformes, dont les garanties de sécurité et de protection des données sont trop minces », présentent Agnès Boschet-Guichard et Lilian Citerneschi, co-associés de Venturexpert avec Charles Duclos. Les trois entrepreneurs soulignent la sécurité de Vertspeech, son res-pect des données privées et des réglementations fiscales. Par ailleurs, l’usage de cette plateforme

locale, hébergée dans un datacenter à Larçay, présenterait un moindre impact carbone que les outils déployés à l’international. Commer-cialisée depuis peu, elle est utilisée, entre autres, par la communauté de communes Touraine-Est Vallées et son tiers-lieu, le Rubixco. « Nous cher-chions une solution pour protéger nos données, et nous avons soutenu cette initiative territoriale. Nous l’avons testée en interne, puis ouverte à nos résidents », raconte Soufiane Khachlaa, directeur du Rubixco. Venturexpert cible les administra-tions, les universités et les entreprises du Val de Loire manipulant des données sensibles. Ventu-rexpert met également en place un service pour générer automatiquement un compte-rendu de la visioconférence. La société développe deux autres programmes de R&D : Vigigate, une offre externalisée de protection des données, et surtout Vertdeep, une technologie blockchain pour évaluer les rap-ports RSE des entreprises. Née en France en 2017, Venturexpert est devenue un groupe européen, avec un laboratoire R&D à Montlouis-sur-Loire et une activité de conseil à Francfort-sur-le-Main, en Allemagne.

N. P.

Société à mission, membre du réseau Global Compact, Venturexpert inscrit ses projets R&D dans le cadre des objectifs de développement durable des Nations unies. (Photo Nathalie Picard)

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9JUIN 2021 I 37 I CAP’ÉCO I

Le serious game, nouveauciment de l’entreprise

À Tours, Civitime développe des jeux pédagogiques destinés à renforcer l’engagement des salariés dans l’entreprise. Un enjeu clé en ces temps de télétravail.

Comment accueillir un nouvel arrivant quand le télétravail est devenu la règle ? Anthony Mollé, fondateur de la start-

up tourangelle Civitime, propose une solution originale : les serious game, des jeux sérieux conçus pour remplir une fonction autre que le seul divertissement. Devant son ordinateur, la nouvelle recrue s’immerge dans un univers où elle découvre un monde de glaces, un désert, une réserve sous-marine, des volcans… Au fil de son exploration, elle réalise des jeux de mémoire ou des quiz sur l’entreprise, un dessine-devine avec un membre de son équipe… Une manière ludique de faire connaissance. Civitime développe des jeux dans l’objectif d’en-gager les salariés dans les projets stratégiques : responsabilité sociétale des entreprises (RSE), politique handicap, projet d’entreprise… « Nos psychologues du travail et nos game designers élaborent des mécaniques de jeux pour activer des leviers psychosociaux, comme la citoyen-neté organisationnelle (se sentir appartenir à une organisation et y jouer un rôle) ou la norme d’intentionnalité (se sentir responsable de ses réussites). Par exemple, dans un jeu d’aventure ciblant cette norme, le joueur est discrètement

guidé vers le bon choix, ce qui le met en position de réussite », précise le dirigeant. Les jeux sont conçus sur mesure, à la demande du client. Civi-time construit d’abord un canevas pédagogique à partir des objectifs identifiés, sélectionne des modules de jeux adaptés, puis les personnalise. Avec la crise sanitaire et la généralisation du télétravail, Civitime offre des solutions aux entrepreneurs cherchant de nouveaux moyens pour renforcer la cohésion d’équipe et le senti-ment d’appartenance à l’entreprise. Par exemple, une société a remplacé son séminaire annuel par un challenge en ligne. Installée à Mame depuis l’année dernière, l’entreprise, née en 2018, connaît une belle ascension. Elle compte de grands clients comme le Crédit agricole, la MSA, la Société générale, Leclerc… Anthony Mollé a recruté 14 personnes en trois ans, et bientôt deux de plus avec la création des postes de directeur technique (lead tech) et de directeur commercial, actuellement à pourvoir. D’ici un an, le dirigeant souhaite intégrer de l’intelligence artificielle dans ses solutions, pour adapter le parcours de jeu en temps réel aux choix du joueur. Une levée de fonds est prévue début 2022.

N. P.

Selon Anthony Mollé, dirigeant de Civitime, un nouvel enjeu pédagogique émerge avec le télétravail, autour du numérique responsable. (Photo Nathalie Picard)

l’enquête

L’hyperconnexion, un risque pour les salariés

Experte du numérique, la société Open est passée sans encombre au télétravail forcé. Mais à la longue, comme partout, l’humain est à la peine.

Début juin, les open spaces sont quasi vides à l’agence tourangelle Open, groupe international spécialisé dans la transfor-

mation digitale. En temps normal, l’entreprise de services du numérique accueille 250 personnes aux Deux-Lions, contre une vingtaine ce jeu-di-là. La plupart télétravaillent. Auparavant, cela concernait 20 % des employés, un à deux jours par semaine. Doté d’une charte de télétravail et même d’une charte de pandémie depuis la grippe H1N1 (2009), le groupe était prêt à affronter la crise. « Avec des clients comme Orange ou la SNCF, nous devons prévoir l’imprévisible pour rester opérationnel quoi qu’il arrive », soutient le directeur Nicolas Biais. La quasi-totalité des salariés étaient prêts à travailler à domicile et la majorité avaient testé le plan de reprise d’acti-vité. « Nous avons tous les outils nécessaires pour travailler en toute sécurité n’importe où dans le monde. »Si la société experte en informatique ne déplore aucun souci matériel, elle rencontre malgré tout des difficultés, comme l’hyperconnexion. « La crise nous a montré que le télétravail fonctionne, tellement bien que notre productivité a augmenté. Il y a moins de temps informels, les collaborateurs

n’ont plus de coupure entre lieu de travail et domi-cile... Malgré notre charte de déconnexion, cer-tains sont trop assidus. Nous n’avons pas bloqué nos systèmes et préférons miser sur la pédagogie pour faire évoluer les comportements. » Les quatre responsables ressources humaines et les mana-gers assurent un suivi rapproché des salariés.Autre problématique : la perte de lien social. La visioconférence ne peut pas tout. Les managers ont pourtant mis en place des temps informels via l’application Teams, comme le café du matin « pour de se donner des nouvelles », ou l’apéro virtuel. Par ailleurs, des points quotidiens per-mettent de suivre les missions de chacun. « Nous repérons ainsi des collaborateurs en souffrance et donnons l’alerte », rapporte le dirigeant. Le groupe Open forme actuellement ses équipes aux risques psychosociaux. Heureusement, l’as-souplissement des mesures sanitaires va dans le bon sens. Nicolas Biais prévoit des initiatives, comme un déjeuner champêtre, pour recréer du lien entre les salariés. En parallèle, le groupe est en train de finir sa nouvelle charte de télétravail, plus flexible, et réfléchit au travail d’après.

N. P.

Dans le nouveau bâtiment achevé peu avant la pandémie, Nicolas Biais, directeur chez Open, espère que l’espace de coworking va bientôt reprendre vie. (Photo Nathalie Picard)

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10 I JUIN 2021 I 37 I CAP’ÉCO

Suite au confinement dur du printemps 2020 et au « bridage » de l’économie, l’Insee tablait sur une chute du PIB d’environ 12 %. Mais les chiffres définitifs, publiés en janvier, présentent une

baisse de « seulement » 8 %. Évidemment, les secteurs qualifiés de non essentiels ont été les plus impactés, notamment les discothèques (Pym’s, Le Titan, Le Vegas…), les théâtres (Nouvel Olympia, Grand Théâtre…) ou les cinémas (CGR, Les Studio Cinémas, Le Générique…) en Indre-et-Loire. Certaines entreprises pourraient même ne jamais rouvrir. Les bars et les restaurants ont, eux, limité la casse, grâce à quelques mois de réouverture, au clic and collect, aux terrasses et, désormais, à l’ouverture « sous jauge ». La réouverture totale, ce 30 juin, pourrait marquer le début d’une forte croissance.Certains secteurs ont déjà largement tiré leur épingle du jeu, à commen-cer par celui de la santé, historiquement très important en Touraine. Fareva a ainsi conclu un accord de partenariat avec l’Allemand Cura Vac pour assurer, sur son site de Pocé-sur-Cisse, la fabrication du diluant destiné au vaccin anti-Covid. Effective depuis le 26 mars dernier, la production serait de 400.000 flacons de 10 ml par semaine, même si l’autorisation de mise sur le marché (AMM) n’a pas encore été accordée.De son côté, le site Recipharm de Monts assure, depuis le 12 avril, la fabri-cation d’une partie des vaccins Moderna, à hauteur de 1 million de flacons chaque mois. Pour cela, 2 M€ ont été investis et quelque 60 personnes embauchées. Et puis, il y a la fabrication de gel hydroalcoolique et de masques, qui a permis à certaines entreprises (Skin’Up, AIM France…) de maintenir et/ou de diversifier leur activité.

Le e-commerce alimentaire a, quant à lui, connu, en moyenne, une augmentation de 7,8 % de ses parts de marché, pour l’exercice 2020. Les LeclercDrive affichent, selon le PDG, Michel-Édouard Leclerc, une croissance de 50 % (toujours pour 2020). La tendance, d’abord portée par les drives voiture, est désormais relayée par les drives piéton. La société Fondis SA, qui regroupe les magasins E.Leclerc de Fondettes (y compris Jardi E.Leclerc) et les LeclercDrive de La Riche, Tours-Centre et Langeais, en est une belle illustration.Les petits producteurs locaux de fruits et légumes, bio ou non, ont également vu leur activité augmenter, avec, souvent, des modèles économiques novateurs. Ils sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à proposer des modules de formation, pour de la reconversion profes-sionnelle, notamment.Les acteurs de l’économie du cycle ne sont pas en reste. Eux aussi ont largement bénéficié de la crise sanitaire. À titre d’exemple, la société Tours’N Cycles, qui gère l’enseigne Cyclable de Tours, a ouvert un second magasin à Tours-Nord, afin de fluidifier son activité. Malgré tout, il faut plusieurs semaines pour faire réparer un vélo. Et c’est exactement pareil chez les concurrents. Le principal fabricant tourangeau, CYFAC (à Hommes – La Fuye), a embauché quatre nouveaux collaborateurs afin de faire face à l’augmentation exponentielle de la demande. l

Pierre Bonnet

CoronavirusÀ qui profite la crise ?La crise sanitaire a mis en exergue quelques tendances latentes qui,

aujourd’hui, permettent à certaines entreprises de se développer, de se diversifier ou de proposer de nouveaux modèles économiques.

le dossier

20.000 €L’augmentation, en euros, du chiffre

d’affaires du Potager de Loire, en 2020. Il passe ainsi de 40.000 € à 60.000 €.

85 %La croissance affichée par les drives

piéton, en 2020. Pour la seul période du premier confinement (du 16 mars au 11 mai

2020), cette croissance était de 179 %.

40 %L’augmentation, du chiffre d’affaires du

fabricant de cadres de vélos CYFAC, pour l’année 2020. Sur le premier

semestre 2021, la hausse serait de 30 %.

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11JUIN 2021 I 37 I CAP’ÉCO I

le dossier

La mécanique gagnanteSpécialiste de l’usinage, AIM France a su compenser la baisse

de son activité par la fabrication de masques.

Fondée par Nicolas Robin en 2002, à Crou-zilles, AIM France (pour Applications industrielles mécaniques) intervient dans

le secteur de la mécanique générale et notam-ment de l’usinage. Installée depuis 2006 à La Ville-aux-Dames, l’entreprise emploie 15 colla-borateurs sur 2.500 m2 de locaux.En 2009, le secteur automobile, considéré comme trop sensible à la conjoncture, a été abandonné au profit du bâtiment, des tunneliers, des fabri-cants de matériel agricole ou pharmaceutique… Lorsque le premier confinement a été décrété, il a été ainsi moins compliqué de réagir à la chute brutale de l’activité industrielle. « Dans un pre-mier temps, on a continué à produire afin de livrer les commandes en cours, puis on a eu recours au chômage partiel et au télétravail. Surtout, on a pris un peu de temps pour savoir comment réorienter

l’activité. Il y avait pénurie de masques, alors on a décidé d’en produire », explique Nicolas Robin.AIM France a muri l’idée en avril 2020. « En 15 jours, le projet était ficelé. Une vingtaine de jours supplémentaires ont été nécessaires pour prendre des conseils, trouver le bon outil de production et les premiers fournisseurs. » Après un investisse-ment de 200.000 € et l’aménagement d’un local de 100 m2, la ligne de fabrication a pu démarrer. La machine, qui est capable de produire jusqu’à 110 masques par minute, nécessite au minimum trois personnes, mais il en faut cinq pour que la production et l’emballage soient optimisés. En un an et quelques semaines, ce sont plus de deux millions de masques qui ont été produits et écoulés auprès « des particuliers, des pharma-ciens, des industriels, de la grande distribution, des écoles ou des collectivités locales ». P. B.

En intervenant sur le marché de la santé, par la production de masques, AIM France s’est ouvert la possibilité d’un nouveau développement. (Photo Pierre Bonnet)

L’appli qui développe le véloLancée en 2010, Geovelo permet au cycliste de tracer des itinéraires sécurisés et aux

collectivités locales de connaître les besoins en matière d’aménagement cyclable.

Visionnaire, le Tourangeau Benoît Grun-berg l’est assurément. Dès 2005, il com-prend que le vélo dispose du potentiel

pour se développer en tant que moyen de mobi-lité urbaine et périurbaine. Mais cela implique que les cyclistes bénéficient d’informations rela-tives aux itinéraires, aux temps de trajet, aux infrastructures. Intervenant à Polytech Tours, Benoît Grunberg rencontre Gaël Sauvanet. En 2010, le duo crée La Compagnie des Mobilités et lance l’appli Geovelo. La mairie de Paris s’y intéresse. D’autres collectivités suivent, à com-mencer par Tours Métropole.« Jusqu’en 2018, on fonctionnait en autofinan-cement. Mais, pour faire face à l’arrivée de la concurrence, devenir une référence en France et se développer en Europe, on a levé 600. 000 € de fonds, explique Gaël Sauvanet. Quels sont les

flux et les pistes utilisées ? Quelles sont les zones dangereuses ? On arrive même à détecter les voies en mauvais état, via l’accéléromètre des smart-phones. » Ce savoir-faire séduit de plus en plus de pratiquants et de collectivités. Le premier confinement est l’occasion de créer le service, dansmonrayon.fr, pour tracer des parcours dans le fameux rayon d’1 km, puis de 10 km (autour du domicile), pour les pratiques cyclistes. « Intégré à Geovelo, le service a été amé-lioré pour tracer des circuits accessibles à tous, sur une durée de 15 à 180 minutes. » Ainsi, le mois de mai 2020 voit près de 50.000 nou-veaux utilisateurs télécharger l’appli (au total, ils sont aujourd’hui plus de 450.000). Une nouvelle levée de fonds (2,5 à 3 M€) sera bouclée début juillet. L’équipe de quinze collaborateurs va grossir ! P. B.

Gaël Sauvanet, l’un des principaux animateurs de Geovelo. (Photo Pierre Bonnet)

L’agriculture résilienteEn prônant une démarche agro-écologique et permacole, Le Potager de Loire

s’inscrit dans la tendance du retour à l’avant-révolution verte.

En reconversion professionnelle, Yolain Gauthier a, dès 2016, cherché à créer son propre espace maraîcher. D’abord

installé seul, à La Riche, en bord de Loire, il s’est associé à Antoine Cormery pour créer, en janvier 2021, le GAEC (Groupement agri-cole d’exploitation en commun) Le Potager de Loire. « On est très complémentaires », pré-cise-t-il. « Antoine est plutôt un scientifique, spécialiste de l’horticulture. Je suis davantage un gestionnaire. »Le Potager de Loire assure une production de légumes, de fruits et d’œufs. « Notre pro-duction est artisanale. Elle est forcément bio, mais surtout, elle s’inscrit dans une démarche agro-écologique et permacole. » Il s’agit donc d’un modèle à la fois novateur et tradition-nel. Depuis une dizaine d’années, ce modèle

tend à prendre de l’importance. La crise sani-taire liée au Covid-19 l’a simplement mis en lumière.Le Potager de Loire tire les deux tiers de son chiffre d’affaires de la vente aux particuliers, via la commercialisation de paniers. « En 2019, je vendais trente grands paniers à 18 € par semaine. On est passé, en 2020, à cent petits paniers à 9 €, soit cinquante grands paniers. » Le tiers restant concerne la livraison à des restaurants, qui n’a repris que le 19 mai, pour atteindre un rythme de croisière le 9 juin. Une activité traiteur sur des mariages et des séminaires vient compléter le tout.Le Potager de Loire (production) s’appuie sur l’association L’Arrose’Loire (guinguette) et sur la SARL Saveurs et Savoirs (formation).

P. B.Yolain Gauthier et Antoine Cormery se sont associés en 2019. (Photo Pierre Bonnet)

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12 I JUIN 2021 I 37 I CAP’ÉCO

En plein centre-ville de Tours, au dessus de La Poste et face au boulevard Béranger, se tient, sur trois étages, le HQ. Ce « tiers-lieu », comme

le définit son président, Julien Dargaisse, propose un espace de coworking, une salle de réception, des bureaux privés et des salles de réunions sur 1.000 m2. Les 84 « résidents » louent un poste de travail attitré au mois ou à l’année au sein de l’espace de coworking, ou optent pour un bureau privé cloisonné. En plus, ils ont accès aux pièces mutualisées : cuisine, salles de réunions, photocopieuse… « Certaines personnes ont pris un abonnement chez nous suite au Covid car elles ne pouvaient pas télétravailler à leur domiciles. Elles cherchaient un vrai espace de travail. Quelques-unes ont même leur abonnement payé par l’entreprise », explique Julien Dargaisse.Un endroit calme, propice au travail, avec, en prime, des collègues venant d’univers différents : que deman-der de mieux quand il devient impossible de se rendre au bureau ? La pandémie a modifié les habitudes de travail. Elle a démocratisé le télétravail et accentué la tendance des tiers-lieux, auparavant réservés aux indépendants ou aux start-up.« Le téléphone n’arrête pas de sonner. Des TPE, PME et même des grands groupes veulent avoir des informa-tions sur l’abonnement au HQ. Ils souhaitent se libérer de leurs baux classiques sur 3, 6, 9 ans », confirme Julien Dargaisse. En ces temps incertains où il devient difficile de faire des projets à long terme, les diri-geants cherchent de la flexibilité et moins de charges à payer. « J’ai fait les calculs : quand on a une équipe de dix personnes, on peut faire une économie de 30 % dans

un lieu de coworking avec des espaces mutualisés », ajoute le président du HQ.Effet passager ou tendance appelée à durer ? Après plus d’un an de pandémie, le marché de l’immobilier d’entreprise à Tours est très tendu. Relativement peu force de proposition pré-Covid, il ne dispose aujourd’hui que de très peu de bureaux neufs. « À l’heure actuelle, je n’ai pas de mandat de commerciali-sation (ni à vendre ni à louer) aux Deux-Lions, le plus gros site tertiaire de la ville, indique François Boille, directeur de l’agence Arthur Loyd et président du club immobilier de Touraine. Nous n’avons plus rien parce que tout a déjà été consommé et rien n’a été lancé par les promoteurs pendant la crise sanitaire, donc tout est retardé. La conséquence, c’est une hausse des prix du mètre carré. »

Dans ce contexte, et pour répondre à l’évolution de la demande des entreprises, le secteur est en pleine réflexion. « Nous allons peut-être avoir des demandes de location beaucoup plus flexibles et adaptables en fonction de l’activité et de la période. C’est pourquoi, avec des confrères, nous réfléchissons à mettre en place

une clause Covid dans les baux : afin de prévoir l’im-prévisible », rapporte François Boille.Une chose est sûre, la pandémie aura véritablement impulsé une nouvelle dynamique dans le secteur de l’immobilier d’entreprise dans lequel les tiers- lieux viennent s’insérer. « Les espaces de coworking répondent à des besoins à des moments précis et vont forcement être amenés à se développer. De nombreuses personnes aimeraient pouvoir conserver une journée ou deux par semaine en télétravail », affirme Julien Dargaisse. Mais ce n’est pas l’avis de tous. Selon Sté-phanie Ghérissi, fondatrice de l’agence d’architecture d’intérieure SG Design, qui invente des espaces de travail, cela peut répondre à un besoin, mais pour une courte période seulement : « On ne peut pas res-ter trop longtemps dans ces espaces car l’entreprise a besoin de son propre territoire pour grandir et garder sa confidentialité. Je pense que cela peut convenir à un moment où on a besoin de tester un marché, un produit, ou si on est de passage, mais pas sur le long terme. »En attendant, « ces espaces fonctionnent très bien dans les métropoles, mais aussi en zone rurale et péri- urbaine », poursuit Julien Dargaisse. Justement, c’est le cas à Montlouis-sur-Loire où le Rubixco a ouvert ses portes il y a un an. Le projet, porté par Touraine-Est Vallées, a été accompagné par l’autre entreprise de Julien Dargaisse, Dedal. « D’autres communautés de communes nous ont demandé de les aider à monter un projet similaire : Sorigny, Azay-le-Rideau, et même en dehors de la région », ajoute t-il. Le coworking a de beaux jours devant lui. l

Émilie Veyssié

Le marché est en train de se réinventer sous l’impulsion de la pandémie. Les espaces de coworking ont le vent en poupe et les entreprises réclament plus

de flexibilité dans leurs contrats de location.

L’immobilier d’entreprise s’adapte à la crise

« Mettre en place une clause Covid dans les baux. »

immobilier d’entreprise

À Tours, le HQ a séduit de nouveaux profils, notamment des télétravailleurs en mal d’environnement professionnel propre, pendant la période Covid. (Photo Émilie Veyssié)

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13JUIN 2021 I 37 I CAP’ÉCO I

immobilier d’entreprise

« C’est beaucoup plus rentable d’être ici »

Louer des bureaux dans un espace de coworking afin de bénéficier de tous les services associés et en payant moins cher, c’est le choix de la start-up Yield studio,

basée au HQ depuis un an et demi.

Louer des bureaux classiques ? Impensable et trop couteux pour Yield studio, qui « accompagne les start-up dans la concep-

tion et le développement de leurs produits, en général des applications », indique son fonda-teur. Cette jeune start-up, créée il y a deux ans par James Hemery, a choisi un espace de cowor-king en plein centre de Tours, le HQ (lire page précédente), il y a un an et demi. « Nous avions regardé pour louer des bureaux au tout début, mais nous nous sommes vite rendu compte que c’était beaucoup plus cher que des espaces par-tagés. En termes de rapport qualité-prix, nous aurions payé plus pour le même niveau de ser-vice et sans le côté sympa du coworking », confie James Hemery, qui loue cinq bureaux pour 250 € chacun par an. « Avec ce forfait, nous avons accès à des espaces de bureaux réservés, la fibre, des salles de réunions, une cuisine, quelques places de parking… Donc, du matériel déjà sur place sans besoin d’investir, a contrario de la loca-tion de bureaux vides », ajoute James Hemery. Ici, pas de bail commercial classique de 3, 6 ou 9 ans, mais un abonnement au mois ou à l’an-née. Une flexibilité très appréciée par la start-

up. La jeune équipe de cinq salariés, installée dans l’espace partagé au deuxième étage, profite ainsi des interactions sociales possibles avec les autres résidents de la plateforme de coworking. « Comme nous sommes une petite équipe, cela évite de nous enfermer sur nous-mêmes et c’est agréable d’avoir du monde autour de soi pour discuter et déjeuner le midi. Cela crée aussi notre réseau car il y a plein de professions différentes. Il y a aussi un studio de design, c’est donc inté-ressant pour collaborer avec d’autres équipes », poursuit James Hemery.Les salariés sont présents quatre jours sur cinq. Un jour par semaine, ils sont en télétravail. Il n’y a pas d’horaires de bureaux, ils peuvent venir quand ils le souhaitent. Certains se sont fixés des horaires, comme Tanguy Duponchelle, pour pouvoir séparer travail et vie privée et avoir un certain cadre. Mais d’autres non. À proximité, un développeur, Remy Pottier, qui travaille parfois avec la start-up, dit son intérêt d’être à côté de l’équipe : « Avant, je travaillais de chez moi, ce n’est pas la même ambiance. L’espace que je loue ici me permet de rencontrer d’autres développeurs, je ne me sens pas seul. » É. V.

La start-up Yield studio compte aujourd’hui cinq salariés.(Photo Émilie Veyssié)

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14 I JUIN 2021 I 37 I CAP’ÉCO

immobilier d’entreprise

Un lieu hybride pour un territoire plus attractif

Pour garder les travailleurs sans bureau sur son territoire, Touraine-Est Vallées a innové en construisant un tiers-lieu à Montlouis-sur-Loire.

Le premier du genre hors de la métropole.

Ouvert depuis un an, Le Rubixco est déjà complet. Ce lieu innovant, propriété de la communauté de communes Tou-

raine-Est Vallées qui assure sa gestion, propose un espace de coworking, des bureaux fermés, des salles de réunions, un espace détente et un coin repas. Il est possible de louer un bureau ouvert pour la demi-journée (ou plus), et de prendre un abonnement au semestre ou à l’an-née. Une entreprise peut également être domi-ciliée au Rubixco.« Ce tiers-lieu était un réel besoin sur le territoire, indique Soufiane Khachlaa, directeur du Rubixco et un des deux salariés du lieu. Nous avions une défaillance d’offres pour le tertiaire et le numérique. Quand on nous demandait un espace pour lancer une start-up, nous n’avions rien à proposer. Les entrepreneurs locaux sont donc allés chercher ailleurs, notamment en métropole. »C’était donc l’objectif avec la construction du Rubixco : attirer les entreprises sur le terri-toire et les garder. « L’idée de ce tiers-lieu au départ, c’était de pouvoir offrir des possibilités de bureaux temporaires et de salles de réunions, qui permettent à des personnes de venir travail-

ler dans de meilleures conditions que dans leur salle à manger », explique Vincent Morette, président de Touraine-Est Vallées et maire de Montlouis-sur-Loire.Le télétravail, déjà en place même avant la pan-démie chez certains salariés, a également créé le besoin d’espaces de travail. « Nous avons sur le territoire des personnes qui travaillent à Paris et qui disposent d’un ou deux jours de télétravail par semaine. Elles n’étaient pas satisfaites de travailler chez elles et ont trouvé ici une offre de services qui leur convient », ajoute le maire. « Elles viennent retrouver une vie sociale, pour-suit Soufiane Khachlaa. Certaines d’entre elles ont leur abonnement payé par l’entreprise quand d’autres se l’offrent. » D’un coût total de plus de 1,5 million d’euros, Le Rubixco a pu bénéficier des aides de l’État, de la Région et de l’Europe. Le lieu hybride est animé par les résidents autour de trois thèmes : le numérique, l’économie de réseau et la transition écologique. Fort de son succès, Touraine-Est Vallées a décidé d’agrandir Le Rubixco en rachetant le troisième étage du bâtiment.

É. V.À Montlouis-sur-Loire, Le Rubixco a ouvert il y a un an. Il affiche déjà complet. (Photo Émilie Veyssié)

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15JUIN 2021 I 37 I CAP’ÉCO I

le billet

À l’heure où un vent de liberté souffle sur le monde du travail et où les alyzés « Autonomie » et « Marges de manœuvres » caressent de leur souffle chaud et humide les visages déjà bronzés de sala-

riés enfin affranchis, il faut s’interroger sur la réalité et la profondeur des changements qui semblent modifier la relations à l’employeur.Rappelons d’abord la réalité des attentes de l’homo laborius lambda qui, selon une enquête de la Chaire Workplace Management de l’ESSEC, menée auprès de 2.643 employés, souhaite certes conser-ver le télétravail à temps partiel deux ou trois jours par semaines (73 %), mais affirme aussi (à 54 %) que le bureau reste le lieu de travail privilégié. Au placard, l’image du cadre en slip qui prend ses confcall et rejoint ses webinars du fond de son plumard, tout en précisant qu’il est vraiment désolé que « cette fichue caméra ne fonctionne pas… ». Balayé, le cliché des salariés dont le souhait ultime et délirant serait de ne plus jamais refoutre un pied au bureau. Et on le comprend aisément. Quiconque a vu débarquer, en plein meeting, le petit dernier, couche sale, hurlant et morveux, déblatérant un sabir incompréhensible dans lequel on fini par entendre qu’il est victime d’une grande sœur qui tue l’ennui d’un collège à mi-temps en torturant tout être vivant qui s’approche de sa chambre, qui-conque a vécu cela le comprend. Et puis, il y a la magie de la machine à café, et là bien sûr je ne parle pas de la qualité du breuvage infâme qu’elle propose. Non, là je parle informa-tions spontanées, échanges informels, connexions inattendues, solutions inespérées…. Toutes ces choses qui arrivent au milieu d’échanges anodins, voire badins, entre collègues. Merveille de la spontanéité, du regard croisé,

du sourire échangé, du non-dit entendu quand même, de l’intelligence partagée. Ces choses que la plus performante des applications ne pourra jamais offrir ou remplacer. Qu’aucune machine ne pourra jamais, espé-rons-le en tous cas, décrypter. Il y a aura donc encore des salariés au bureau, des sous-chefs de service mesquins en embuscade et du café pas bon dans les distributeurs. Mais il y aura aussi bien plus de télétravail dans ce monde post-Covid que ce qu’aucun employeur n’a jamais connu. Un

employeur par nature méfiant. C’est là son moindre défaut. Ainsi, selon une enquête de l’Economic Risk Mana-

gement Group (ERMG) auprès de 3.800 entreprises belges, plus de la moitié des employeurs estiment que le télétravail a un impact négatif sur la productivité. Et pour se prémunir de toute tentative de fraude, de « tire-au-flanctisme» et d’esquives en tous genres dont les salariés sont, chacun le sait, coutumiers, il est fort à parier que les entreprises vont bien vite ren-forcer les procédures de contrôle, les autodéclaratifs chronophages et les process au mieux kafkaïens, au pire staliniens. Tout cela pour éviter que leurs chers

salariés ne se croient trop vite libérés de leurs chaînes historiques et d’un asservissement ancré depuis bien

longtemps dans les gènes d’un capitalisme effréné. Ce que l’on croit gagner d’un côté en liberté sera certainement payé de

l’autre en gestes administratifs pénibles et justifications laborieuses. Ainsi va la vie des entreprises, ainsi va celle des hommes et des femmes qui les composent. La confiance, quoi qu’en affirment les employeurs avec force agitation, s’arrête là où la distance commence... En attendant, bons congés à toutes et tous, parce que, quoi qu’en disent certains, le télétravail, c’est vraiment pas des vacances…

La confiance n’exclut pas le contrôle… et inversement !

LA VIRGULE DÉCALÉE DE FX, ROMANCIER

SO CHÈVRE REÇOIT L’ÉCO-TROPHÉE 2020L’entreprise Amaltup (Parçay-sur-Vienne), qui commercialise la gamme de produits So chèvre, ses tartinades, confitures, barres de céréales, que l’on trouve notamment à la vente dans les offices de tourisme du territoire, a remporté le 1er prix du concours Éco-trophée 2020, organisé par le Parc naturel régional Loire-Anjou-Touraine. Une reconnaissance de l’implication territoriale d’Amaltup pour la « préservation des ressources naturelles et énergétiques », dans le cadre de la valorisation des coproduits et des excédents de production de la filière caprine biologique, apprécie son fondateur, Sébastien Duboc. Dans la même catégorie, Jacqueline et Geneviève, conserverie de Touraine (Candes-Saint-Martin), se voient décerner le 3e prix. K’Di fermier (Chaveignes) et le château du Rivau ont aussi été primés, pour les catégories

« innovation sociale et implication territoriale » et « préservation de la biodiversité et des paysages ».

L’ŒNOTOURISME EN XXL CHEZ AMBACIA À AMBOISEPascal Mineau, tourangeau formé au lycée hôtelier de Blois, a d’abord fait carrière comme sommelier dans de grands étoilés, notamment à Bristol. De retour en France, il crée le tour opérateur France Intense pour faire connaître l’Hexagone à des étrangers. Ce qui lui a fait découvrir les caves Duhard à Amboise. « Quand le lieu a été à vendre, j’en ai vu le potentiel... Après un an de travaux, j’ai ouvert Ambacia où on peut découvrir le vin à partir des cinq sens, mais aussi goûter mes bouteilles (en sélection parcellaire), suivre un atelier d’oenologie, déjeuner ou acheter de l’épicerie fine.» Bref, en faire un incontournable en bord de Loire.> caves-ambacia.fr

5Selon l’indice QPV et numérique, créé par Diversidays, Occurrence et Pôle

emploi, les femmes des quartiers défavorisés sont cinq fois moins

amenées que les hommes à rechercher un emploi dans les métiers du

numérique. Le phénomène est similaire pour les plus de 50 ans. Pourtant, face à la pénurie de talents dans le numérique,

les opportunités sont nombreuses.en c

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res

L’INDUSTRIE MÉDICALE EN COLLECTIFHealthCare Loire Valley fédère les fabricants et sous-traitants des dispositifs médicaux régionaux. Menée par des PME de poids du secteur, comme Vlad, Vermon, Mediprema, Medical Z ou Endovision, cette nouvelle structure veut promouvoir sa filière. « Innovation, indépendance et international » sont les trois mots-clés mis en avant par Jean-Louis Jarry, président de Vlad, spécialiste des batteries médicales à Parçay-Meslay.C’est à la faveur de la pandémie que ces professionnels ont constaté qu’ils étaient des fabricants stratégiques, mais à la merci de composants importés. D’où le choix de pousser à la relocalisation, un mouvement encouragé par la Région et la Métropole qui a accueilli, à Mame, la présentation de cette initiative mi-mai. Dans les priorités figure aussi le recrutement : en étant mieux identifiée, la filière pourra se rendre visible des talents, de l’opérateur au docteur, et relever le défi en ressources humaines. Car les objectifs sont ambitieux : augmenter la production locale, passer à l’usine du futur et accroître la recherche et le développement. Les principaux initiateurs sont en Indre-et-Loire, mais aussi en Loir-et-Cher, comme Emka Electronique. Cinquante-neuf entreprises, et dix mille salariés environ, sont potentiellement concernés dans la région. Le but est aussi de s’ouvrir à l’export. En jouant le collectif.> healthcare.loirevalley.co

la machine à café

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