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Metamorphoses

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Samedi 15 novembre 2014 – Grande Salle Arsenal 20h00

METAMORPHOSES

FESTIVAL « JE T'AIME... ICH AUCH NICHT » Direction Jacques Mercier Baryton Michal Partyka Présentation Corinne Schneider Gustav Mahler Totenfeier Des Knaben Wunderhorn Der Tambourgʼsell Wo die schönen Trompeten blasen Revelge Arnold Schönberg Musique d'accompagnement pour une scène de film Richard Strauss Métamorphoses Durée : 85ʼ Le Festival « Je tʼaime… Ich auch nicht » est présenté par lʼArsenal – Metz en Scènes, la Ville de Metz et lʼOrchestre national de Lorraine.

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Gustav Mahler (1860 - 1911) Totenfeier, poème symphonique En février 1888, alors que Mahler termine la Première Symphonie avec sa conclusion jubilatoire, il commence une partition diamétralement opposée : Totenfeier (Service funèbre ou littéralement Fête des morts), sombre mouvement en ut mineur qui allait ensuite servir d'ouverture à la Deuxième Symphonie « Résurrection ». Comme souvent dans sa carrière, l'élan qui le poussa à composer était imprégné d'une expérience personnelle. « Ma musique est vécue », a-t-il dit un jour, et c'est le cas de Totenfeier. En janvier 1888, après la première de Die drei Pintos, opéra inachevé de Carl Maria von Weber, auquel Mahler avait collaboré, il se mit à composer la marche funèbre initiale de Totenfeier et fut saisi par l'une de ces étranges visions qui s'emparaient régulièrement de lui : « Je me vois moi-même dans un cercueil, envahi de fleurs et de musique funèbre ». Le titre Totenfeier est probablement emprunté à une épopée dramatique d'Adam Mickiewicz, poète polonais du XIXe siècle, parue en 1887. Dans une section du poème, le protagoniste Gustav [!], se donne la mort après le mariage de sa bien-aimée Marie avec un autre prétendant. L'esprit de Gustav est alors condamné à errer dans les parages de sa belle et devient ainsi une sorte de « Werther universel ». Dans l’esprit du compositeur, le suicide de Gustav ne représente rien de moins que « la Chute de l'homme et son châtiment ». Ce n'est donc pas un hasard si, dans la seconde moitié de la pièce, Mahler cite le plain-chant « Dies irae » (« Jour de colère »), composante obligatoire de tous les requiems avant le concile Vatican II. Il mettra six ans pour terminer, été après été jusqu'en juillet 1894, la Deuxième Symphonie qui révèle chez le compositeur une véritable renaissance spirituelle. Totenfeier fut incorporé à la symphonie comme premier mouvement de l'œuvre et Mahler dira à son propos : « J'ai nommé le premier mouvement Totenfeier, c'est le héros de ma première symphonie que je porte au tombeau et sa vie que je capte dans un pur miroir, d'un point de vue plus élevé ». Cette marche funèbre, ce requiem des illusions perdues, Mahler va tenter de le faire vivre en tant qu’œuvre à part entière pendant six ans. Six années pendant lesquelles il tentera de le faire jouer et publier séparément, sans succès, dans un cas comme dans l'autre. La pièce, lorsqu’elle sera incorporée à la deuxième symphonie, sera peu retouchée. Néanmoins, l'orchestration de 1888 est plus légère que la version finale, et certains détails diffèrent, notamment le tempo. Audace et folle générosité, lyrisme éperdu des mélodies, sanglots de l'orchestre, poings rageurs des instruments, la musique de Mahler, dans cette pièce, devient un combat, un témoignage de la profonde angoisse de l'homme. C’est la fin de l’esthétisme et du décoratif, la mort de l’art lui-même, dans ce cri d'un jeune homme de 27 ans. 1888 : Événements contemporains Le Général Boulanger ébranle la IIIe République. Guillaume II est le nouvel empereur d'Allemagne, il le restera jusqu'en 1918. Mise au point des vaccins du choléra et de la typhoïde. L'Écossais John Boyd Dunlop, vétérinaire de son état, invente la chambre à air et réalise le premier pneumatique. Vincent van Gogh peint ses Tournesols. Ubu Roi d'Alfred Jarry. Œuvres contemporaines Fauré compose la 1re version de son Requiem. Satie Trois Gymnopédies. Debussy Deux Arabesques. Rimski-Korsakov Shéhérazade. Lalo Le Roi d’Ys. César Franck Symphonie en ré mineur. Tchaïkovski Symphonie n5. Mahler Symphonie n1 « Titan ».

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Des Knaben Wunderhorn Der Tambourg'sell - Wo die schönen Trompeten blasen – Revelge

Dans toute l'histoire de la musique, il n'y a jamais rien eu de vraiment comparable à cet alliage de lied et de musique symphonique qui est l'un des attraits distinctifs de l'œuvre de Mahler. Si on considère dans son ensemble ce mélange des genres, il ne fait aucun doute que la plus originale, importante et influente des sources d'inspiration que Mahler nous ait offerte est la série de lieder qu'il composa sur des textes du célèbre recueil de poèmes rassemblés par Clemens Brentano et Achim von Arnim, sous le titre Des Knaben Wunderhorn (Le Cor merveilleux de l’enfant). C’est en 1887, que Mahler découvrit ce recueil, véritable anthologie de poésies populaires allemandes éditée entre 1805 et 1808. Illustration de la vie simple et de la sagesse à la fois rustique et profonde des petites gens du temps passé, cette littérature répondait à merveille aux aspirations de l’Allemagne romantique, encline à regarder avec nostalgie l’innocence perdue de la société pré-industrielle, et également soucieuse de favoriser l’éveil du sentiment national. Loin de toute affectation littéraire, ces vieux textes apportaient un témoignage vivant du génie populaire allemand, illustrant les aspects les plus contrastés de l’expérience humaine. En ce sens, ils avaient tout pour captiver Gustav Mahler, qui chercha toujours à exprimer sa vision foncièrement composite de la condition humaine. Enthousiasmé par la découverte du recueil, le jeune Mahler composa entre 1887 et 1890, neuf mélodies avec piano sur des poèmes du Knaben Wunderhorn. Il entreprit deux ans plus tard, en 1892, un cycle de mélodies avec orchestre pour lequel il choisit le titre de Humoresken. L’inspiration ne s’arrêta pourtant pas là : jusqu’en 1901, Mahler composa dix autres mélodies, ce qui portait à quinze le nombre de Wunderhorn-Lieder avec orchestre — dont ceux qu’il inséra dans ses Symphonies n2, n3 et n4. Si le recueil du Knaben Wunderhorn déploie un écheveau à l’image de la vie, où les joies et les espoirs côtoient les cruelles réalités de l’existence humaine, les poèmes choisis par Mahler témoignent de l’inclination du musicien aux sentiments tragiques. Ce n’est pas un hasard si les deux derniers Wunderhorn-Lieder (Revelge et Der Tambourg’sell) empruntent en bout de course un rythme de marche funèbre : le tambour qui bat ici évoque clairement l’Homme cheminant seul vers sa propre mort. Tragique que l'on retrouve également dans les chants amoureux. Une tristesse indicible trouble ainsi la tendresse de Wo die schönen Trompeten blasen, chant d’un amour dont la fin annonce ce que la musique dit depuis le début : qu’il ne s’accomplira pas. En vérité, seule la musique rachète cette sombre vision de l’existence. Le lyrisme mahlérien, plus tard si pathétique, conserve encore ici la tendresse qui s’accorde au ton des poèmes. L’orchestre est somptueux, sans jamais appuyer ni écraser : tout un jeu de couleurs s’y déploie, dans une écriture finement ciselée, souvent plus proche de la musique de chambre que de l’éclat symphonique. Mahler a eu en outre la grande intelligence de ne chercher nulle part à imiter une quelconque « authenticité » folklorique — malgré la présence de tournures caractéristiques (marches militaires, valses, Ländler), qui donnent à ces mélodies un savoureux parfum évocateur —, intégrant au contraire les textes qu’il a choisis à son univers expressif. Son langage musical reste foncièrement personnel et dénué de tout artifice, en dépit d’une construction extrêmement élaborée, ce qui donne aux Wunderhorn-Lieder une impression de vérité saisissante. L’écoute de ces œuvres suffit ainsi à imaginer que si Mahler pouvait croire au bonheur, ce ne devait être que par la seule musique.

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1899 Événements contemporains L'acide acétylsalicylique, inventé en 1897 par les laboratoires Bayer, est baptisé Aspirin. Décès de Félix Faure pendant son mandat de Président de la République française. Élection d'Émile Loubet à la présidence de la République Française. Un décret institue le « permis de conduire ». Ce jour-là, le physicien italien Guglielmo Marconi réussit pour la première fois une émission télégraphique entre 2 villes distantes de 50 Km. Décès du compositeur Ernest Chausson. Début de la guerre des Boers. Création officielle de l'entreprise Renault, constructeur d'automobiles. Ouverture du second procès Dreyfus à Rennes. Œuvres contemporaines Claude Debussy 3 nocturnes pour orchestre.

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Arnold Schönberg (1874 – 1951) Musique d'accompagnement pour une scène de film (op.34) Création le 6 novembre 1930 à Berlin sous la direction de Klemperer. Entre les Deux pièces pour piano (op.33), Schönberg composa la Musique d'accompagnement pour une scène de film (Begleitungmusik zu einer Lichtspielszene). L'œuvre fut écrite à Berlin entre le 15 octobre 1929 et le 14 février 1930. Schönberg répondit à une suggestion de l'éditeur Heinrischshofen qui demanda à plusieurs compositeurs de « faire comme s'ils composaient pour le cinéma ». La « scène de film » est donc purement fictive mais prend appui sur des images assez terrifiantes qui traversèrent l'esprit du compositeur. La pièce se présente sous la forme d'une petite symphonie en un mouvement d'une rare intensité dramatique. Trois parties principales la subdivisent qui portent les sous-titres suivants : Danger menaçant, Angoisse, Catastrophe. Musicalement, ces pages sont réalisées selon une construction savante et de façon extrêmement expressive. L'un des mérites de la partition réside dans le traitement plein de fantaisie et de nouveauté d'un orchestre réduit à une sorte de minimum. D'une durée de huit minutes environ, cette courte pièce est intéressante à plus d'un titre. Elle nous rappelle, d'une part, que Schönberg ne dédaigna pas l'éventualité de composer pour le cinéma, art pour lequel il se passionna. Elle fait comprendre, d'autre part, que la musique de l'auteur de La Nuit Transfigurée, auquel on reprocha souvent un didactisme froid, puise sa force dans les émois de la sensibilité artistique, non moins que dans les puissances de l'imagination. 1930 Événements contemporains Construction de la Ligne Maginot destinée à protéger la Lorraine et la basse Alsace. En septembre, les nazis triomphent aux élections générales. Première traversée aérienne de l'Atlantique nord, d'est en ouest, et première traversée de l'Atlantique sud par Mermoz. Au cinéma, on va voir L’Âge d'or de Luis Buñuel auquel collabore Salvador Dali. Œuvres contemporaines Stravinski Symphonie de Psaumes, Prokofiev Symphonie no4, Aaron Copland Variations pour piano et Anton Webern Quatuor pour violon, clarinette, saxophone ténor et piano.

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Richard STRAUSS (1864 - 1949) Les Métamorphoses Création le 25 janvier 1946 à la Tonhalle de Zürich par le Collegium Musicum de Zürich sous la direction de Paul Sacher (dédicataire). À partir de février 1945, Richard Strauss assiste à l’anéantissement de la folie nazie au travers des bombardements de Berlin, Dresde et Weimar. Très affecté : « Je suis inconsolable », dira-t-il, « La maison de Goethe, l'endroit le plus sacré de la terre, détruit », le coup de grâce lui sera donné le 2 octobre 1945 par la destruction de l'Opéra de Munich. L'événement qui restera pour lui, la plus grande catastrophe de sa vie, lui inspire une œuvre pour cordes : Les Métamorphoses. Avec la destruction de l'Opéra qui a vu la création de Tristan et Isolde, des Maîtres chanteurs et de tant d'autres chefs-d’œuvre, c'est tout un passé, tous les symboles d'une culture qui s'écroulent, au propre et au figuré, et un nouveau monde qui se révèle. Comme pour confirmer le caractère funèbre qui imprègne l’œuvre entière, il écrit en tête de la partition « Deuil pour Munich » et « in Memoriam » ! C'est un Strauss de 81 ans qui écrit l’œuvre en quatre semaines entre mars et avril 1945. Pareille apocalypse est incarnée, durant cette « étude » pour orchestre, par une mélodie tirée de la marche funèbre de la Symphonie « Héroïque » de Beethoven. Les variations ici élaborées constituent une bouleversante oraison funèbre pour la civilisation européenne et sa culture traditionnelle : méditation austère et profonde débutant dans la douceur pour évoluer vers un trouble angoissant. Il choisit de n'écrire que pour les instruments à cordes, 23 cordes solistes, et en elle se matérialisera la plus étonnante polyphonie de toutes celles que Strauss aura léguées au monde. Événements contemporains Hitler donne l'ordre de tout détruire en Allemagne. Libération du camp d'Auschwitz par l'Armée rouge. À Berlin, Hitler et Goebbels se suicident. Capitulation allemande. Conférence de Yalta. Armistice. Bombe atomique sur Hiroshima et Nagasaki. Capitulation japonaise. Ouverture du procès de Nuremberg. Œuvres contemporaines Karl Amadeus Hartmann Sonate 27 avril 1945. Olivier Legéret

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MICHAL PARTYKA

BARYTON Né à Szczecin en Pologne, Micha! Partyka étudie le piano au Conservatoire puis le chant à l’Académie Ignacy Jan Paderewski à Pozna! avec Jerzy Mechli!ski. Lauréat de nombreux concours, il reçoit en 2008 le Grand Prix du IXe Concours national de Chant de Duszniki-Zdrój. En octobre 2009, il entre à l’Atelier lyrique de l’Opéra national de Paris. En janvier 2013, il remporte le Premier

Prix du concours Francisco Viñas. Michal Partyka interprète les rôles de l’Auteur (La Répétition Interrompue/Les Troqueurs de Dauvergne), du Chevalier (Mirandolina de Martin") et Henry Davis (Street Scene de Kurt Weill) dans le cadre de l’Atelier lyrique de l’Opéra national de Paris, celui de Kouliguine (Katia Kabanova) sur la scène de l’Opéra de Paris et au Théâtre Wielki de Varsovie, Les Madrigaux de Philippe Fénelon à l’Opéra de Paris, Nardo (La Finta Giardiniera) au Théâtre MC93 Bobigny, celui de Schlemil (Les Contes d’Hoffmann), Sciarrone (Tosca) et Melisso (Alcina) à l’Opéra national de Paris et Madame Sans-Gêne au Festival de Radio France et Montpellier… Plus récemment, il interprète le rôle-titre de Don Giovanni à l’Opéra de Toulon et à l’École d’Art lyrique de l’Opéra de Paris, Professeur Klingklang (Charlotte Salomon) au Festival de Salzburg. Il se produit en concert à la Villa Médicis à Rome, à Londres et au Palais Garnier avec l’Orchestre de l’Opéra national de Paris. Micha! Partyka interprète Don Quichotte à Dulcinée de Ravel à la Maison de la Musique de Nanterre et au Théâtre Impérial de Compiègne, Carmina Burana avec l'Opéra-Silésie, les Lieder eines fahrenden Gesellen de Mahler à l’Amphithéâtre de l’Opéra Bastille et à Deauville, Legenda Ba!tyku de Nowowiejski avec l’Orchestre de la Radio Polonaise. En 2009, il enregistre Flis et Verbum Nobile de Stanislaw Moniuszko avec le Szczecin Castle Opera sous la direction de Warcis!aw Kunc. Parmi ses projets, Eisenstein (La Chauve-Souris) à l’Opéra de Reims et au Grand Théâtre de Tours, le Dancaïre (Carmen) à la Scala de Milan, Guglielmo (Cosi fan tutte) à l’Opéra de Poznan et à l’Opéra de Toulon…

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Corinne Schneider Musicologue

Docteur en musicologie, Corinne Schneider poursuit ses recherches dans le domaine des échanges musicaux entre la France et l’Allemagne au XIXe siècle. Elle a publié des travaux sur l’installation de troupes lyriques allemandes à Paris, sur la traduction française des livrets d’opéras allemands, sur la réception en France de

Weber, de Beethoven et de Schubert. Elle est l’auteure d’une monographie de Carl Maria von Weber (Gisserot, 1998) et d’un ouvrage sur la réception de l’œuvre de Franz Schubert (Reflets schubertiens, Fayard/Mirare, 2008). Titulaire du Certificat d’Aptitude de culture musicale (Ministère de la culture, 1993) et des Premiers Prix d’histoire de la musique, d’esthétique et de musicologie du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, elle enseigne ces disciplines pendant vingt ans aux Conservatoires à Rayonnement Régional de Metz, puis de Paris, avant d’être nommée responsable du Département de musicologie et analyse du Conservatoire National de Musique et de Danse de Paris en octobre 2012. Régulièrement invitée comme conférencière (Cité de la musique, Folle Journée de Nantes, Grand Auditorium de Lyon, Théâtre du Capitole de Toulouse, etc.), Corinne Schneider a été productrice sur France Musique de l’émission Le Matin des musiciens de 2008 à 2011. Elle est par ailleurs la conseillère musicologique du festival franco-allemand « Je t’aime… Ich auch nicht » à l’Arsenal de Metz depuis sa création en 2009.

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Des Knaben Wunderhorn Gustav Mahler 11. Der Tambourg’sell Ich armer Tambourg’sell, Man führt mich aus dem Gwölb! Wär ich ein Tambour blieben, dürft’ ich nicht gefangen liegen. O Galgen, du hohes Haus, du siehst so furchtbar aus! Ich schau dich nicht mehr an! Weil i weiß, daß i g’hör d’ran. Wenn Soldaten vorbeimarschieren, bei mir nicht einquartieren. Wenn sie fragen, wer i g’wesen bin: Tambour von der Leibkompanie. Gute Nacht, ihr Marmelstein, Ihr Berg’ und Hügelein! Gute Nacht, ihr Offizier, Korporal und Musketier [Grenadier]! Ich schrei mit lauter Stimm, Von euch ich Urlaub nimm. Gute Nacht! Gute Nacht. _____________________________________ 3. Wo die schönen Trompeten blasen Wer ist denn draußen und wer klopfet an, der mich so leise, so leise wecken kann? Das ist der Herzallerliebste dein, Steh’ auf und laß mich zu dir ein! Was soll ich hier nun länger steh’n? Ich seh’ die Morgenröt aufgeh’n, Die Morgenröt’, zwei helle Stern’, Bei meinem Schatz, da wär ich gern, bei meiner Herzallerliebsten. Das Mädchen stand auf und ließ ihn ein; sie heißt ihn auch wilkommen sein. Willkommen, lieber Knabe mein, So lang hast’ du gestanden! Sie reicht ihm auch die schneeweiße Hand. Von ferne sang die Nachtigall, Das Mädchen fing zu weinen an. Ach weine nicht, du Liebste mein, auf’s Jahr sollst du mein Eigen sein. Mein Eigen sollst du werden gewiß, Wie’s Keine sonst auf Erden ist. O Lieb auf grüner Erden. Ich zieh’ in Krieg auf grüne Haide, Die grüne Haide, die ist so weit. Allwo dort die schönen Trompeten blasen, Da ist mein Haus, mein Haus von grünen Rasen. _____________________________________ 10. Revelge Des Morgens zwischen drei’n und vieren, Da müssen wir Soldaten marschieren Das Gäßlein auf und ab; Tralali, Tralalei, Tralala, mein Schätzel sieht herab Ach Bruder jetzt bin ich geschossen,

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Die Kugel hat mich schwer getroffen, Trag mich in mein Quartier, Es ist nicht weit von hier. Ach Bruder, ich kann dich nicht tragen, Die Feinde haben uns geschlagen, Helf’ dir der liebe Gott; Ich muß marschieren bis in Tod. Ach, Brüder! ihr geht ja an mir vorüber, Als wär’s mit mir vorbei, Ihr tretet mir zu nah. Ich muß wohl meine Trommel rühren, sonst werd’ ich mich verlieren; die Brüder dick gesät, sie liegen wie gemäht. Er schlägt die Trommel auf und nieder, rührt Er wecket seine stillen Brüder, sie schlagen ihren Feind, ein Schrecken schlägt den Feind. Er schlägt die Trommel auf und nieder, da sind sie vor dem Nachtquartier schon wieder, Ins Gäßlein hell hinaus, Sie ziehn vor Schätzleins Haus. Des Morgen stehen da die Gebeine in Reih und Glied sie stehn wie Leichensteine die Trommel steht voran, daß sie ihn sehen kann. _____________________________________ 3. Là où sonnent les belles trompettes Qui est dehors, et frappe à ma porte, m’éveillant si doucement ? C’est ton amour le plus cher. Lève-toi et laisse-moi entrer ! Pourquoi dois-je attendre plus longtemps ? Je vois poindre l’aurore, l’aurore, et deux étoiles étincelantes. Près de mon amour, je voudrais bien être, près de mon plus cher amour ! La jeune fille se leva, le fit entrer, elle lui souhaita la bienvenue. Bienvenue, mon garçon chéri, Tu as attendu dehors si longtemps ! Et elle lui donna sa main blanche comme neige. Au loin, chantait le rossignol, Et la jeune fille se mit à pleurer. Ah, ne pleure pas, mon aimée ! Dans un an, tu seras mienne. Mienne certainement tu deviendras, comme nulle autre ici-bas ! Ô mon amour sur cette verte terre ! Je pars pour la guerre sur la lande verte ; la lande verte, qui est si loin ! Là où sonnent les belles trompettes, là est ma maison, sous le vert gazon ! _____________________________________ 10. Réveil Au matin, entre trois et quatre heures, nous, soldats, devons marcher, devons monter et descendre la ruelle,

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tralali, tralaley, tralalera, Ma bien-aimée regarde ! Ah, frère, me voilà touché ! La balle m’a gravement blessé. Porte-moi dans mon bivouac, ce n’est pas loin d’ici. Ah, mon frère, je ne puis te porter, l’ennemi a triomphé, que Dieu te vienne en aide! Je dois marcher jusqu’à la mort ! Ah, frères, vous passez à côté de moi comme si c’en était fait de moi, vous marchez presque sur moi ! Je dois donc battre mon tambour tant que je le peux encore, sans quoi je me perdrais. Les frères sont tous couchés, comme du blé fauché. Il bat le tambour aussi fort qu’il le peut, il réveille ses frères silencieux, ils attaquent et battent leurs ennemis, qui se trouvent frappés de terreur. Il bat le tambour aussi fort qu’il le peut, jusqu’aux portes du bivouac, dans la claire ruelle, ils montent, et passent devant la fenêtre de ma bien-aimée. Au matin, gisent les ossements, en rangs et files, comme des pierres tombales, Le tambour est à leur tête, pour qu’elle puisse l’apercevoir ! _____________________________________ 11. Le petit tambour Moi, pauvre petit tambour, Ils me sortent de la geôle ! Si j’étais resté tambour, je ne serais pas prisonnier. Ô gibet, haute demeure, tu as l’air si effrayant, que je ne peux te regarder, car je sais que tu m’attends ! Quand des soldats défileront sans prendre leurs quartiers chez moi, s’ils demandent qui j’étais : tambour du régiment des gardes ! Bonne nuit, rochers de marbre, montagnes et collines ! Bonne nuit, officiers, caporaux et mousquetaires [grenadiers] ! Je crie d’une voix claire : de vous, je prends congé. Bonne nuit ! Bonne nuit !