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Méthode de Calcul du Degré d’Insaturation (DI) pour un Composé de Formule Moléculaire CCHHNNOOSSXX
Le calcul du degré d’insaturation est particulièrement intéressant pour l’isomérie plane. Il entre, en effet, en
ligne de compte, pour ne pas dire est indispensable, dans la détermination des différents isomères plans d’un
composé de formule moléculaire connue.
Un hydrocarbure insaturé est toujours considéré comme dérivant de l’hydrocarbure saturé (c’est-à-dire,
l’alcane) qui possède le même nombre total d’atomes de carbone, par enlèvement d’atomes d’hydrogène à ce
dernier. C’est pourquoi, dès lors qu’on parle ici d’insaturation, on prend en référence l’alcane qui correspond au
dérivé insaturé (ou supposé insaturé au début du calcul du DI) pour lequel on veut calculer le DI. Cela ne voudrait
nullement dire que, d’un point de vue réactionnel, l’alcane de référence est entré en réaction pour produire le dérivé
insaturé (ou supposé comme tel au début du calcul du DI) en question.
Soit donc CCH2C+2 l’hydrocarbure saturé qui correspond (c’est-à-dire, qui contient le même nombre total
d’atomes de carbone) à l’hydrocarbure insaturé (ou supposé insaturé au début du calcul du DI) de formule brute
CCHHNNOOSSXX et pour lequel on veut calculer le DI.
Il est bon de souligner d’emblée que l’existence d’une ou de plusieurs insaturations au sein d’une molécule
n’implique pas toujours la présence de liaisons multiples C=C, C=Y, CC ou CY ; avec Y un hétéroatome
divalent ou trivalent : O ; S ; N, etc. Une insaturation peut aussi être due à la présence de cycles. Par exemple, le DI
d’un monocycloalcane (cyclopropane, cyclobutane, cyclopentane, cyclohexane, etc.) non substitué par des
groupements insaturés est égal à 1. Pourtant, il ne présente pas de double liaison. Tout dérivé cyclique est insaturé.
Au fait, dans le cas, par exemple, des monoalcènes ou des monoalcynes acycliques, l’insaturation (ou la
cause de l’insaturation) est souvent maladroitement attribuée à la liaison multiple (double ou triple liaison). Ainsi,
l’on dira absurdement que le DI de l’éthylène (H2C=CH2) et celui de l’acétylène (HCCH) sont tous les deux égaux
à 1. Ce qui est vrai pour l’éthylène mais faux pour l’acétylène. Le DI de l’acétylène est égal à 2 et non 1. En fait,
pour les dérivés insaturés possédant une ou plusieurs liaisons multiples, les insaturations sont dues à la présence de
liaisons . Et le nombre de liaisons ne donne pas toujours le nombre de liaisons multiples, comme l’a corroboré
l’exemple du DI de l’acétylène.
Le degré d’insaturation (DI) [ou le nombre d’insaturations (NI)] est défini comme le nombre de liaisons
et/ou de cycles présents (ou supposés présents au début du calcul du DI de la molécule considérée) dans une
molécule. Par exemple, la seule insaturation de l’éthylène C2H4 ou de l’éthanal (C2H4O) est due à la présence de
l’unique liaison dans l’une ou l’autre molécule. Mais pour avoir cette liaison , il a fallu enlever deux atomes
d’hydrogène à l’éthane C2H6 (le seul alcane qui possède deux carbones). En conséquence, le D.I. est égal à la moitié
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du nombre d’atomes d’hydrogène qu’on enlève à l’hydrocarbure saturé (l’alcane) correspondant (c’est-à-dire, qui
contient le même nombre total d’atomes de carbone que l’hydrocarbure saturé) pour avoir l’hydrocarbure insaturé
(celui pour lequel on veut calculer le DI). Dès lors, dans l’exemple de l’éthylène et l’éthanal, la valeur 1 du DI est
égale à
. Mais 1 (=
) est aussi égal à
. Ce rapport exprime en fait la moitié de la différence entre le nombre
d’atomes d’hydrogène dans la formule brute de l’éthane et le nombre d’atomes d’hydrogène dans la formule
chimique de l’éthylène ou de l’éthanal.
Ainsi, partant de la formule chimique la plus simple CCHH d’un hydrocarbure insaturé donné (ou supposé
comme tel au départ du calcul du DI), la formule donnant le DI est établie comme suit :
. Ici, (2C+2)
est le nombre d’atomes d’hydrogène de l’alcane (de formule CCH2C+2) qui correspond à l’hydrocarbure insaturé
CCHH. Le DI de l’éthylène (C2H4) ou de l’éthanal (C2H4O) est par conséquent égal à
=
= 1, comme
démontré plus haut.
Comme exercice d’application, utilisons la formule
pour calculer, par exemple, le D.I. de
C4H9Cl et C4H11N. Pour le premier dérivé : DI =
=
=
; et pour le deuxième, D.I. =
=
=
. Ces valeurs sont toutes les deux erronées. Un DI de +0,5 suppose que la molécule présente la
moitié d’une liaison (donc la moitié d’une double liaison) ou la moitié d’un cycle ; ce qui n’a pas de sens, du moins
en ne prenant pas en considération les effets électroniques pouvant être dus à la mésomérie. Le DI de -0,5 calculé
pour la formule C4H11N n’a pas de signification en chimie à cause du signe (-). Or les deux dérivés en question sont
respectivement le chlorobutane et la butanamine (ou l’aminobutane), lesquels sont saturés, et peu importe les
indices du chlore et de la fonction NH2. Les deux DI sont à vrai dire nuls. Il est donc question de corriger la
formule
.
La formule
du DI n’est valable que si l’hydrocarbure insaturé (ou au départ supposé insaturé)
en question ne contient pas d’autres éléments que le carbone et l’hydrogène ou si, en plus de ces deux éléments, il
contient un ou plusieurs atomes divalents comme l’oxygène et le soufre. Elle devient caduque lorsque
l’hydrocarbure insaturé (ou supposé insaturé au début du calcul du DI) contient d’autres éléments en sus du
carbone, de l’hydrogène, de l’oxygène et du soufre, ou tout autre élément divalent. Car on doit tenir compte de la
contribution de chaque élément dans le calcul du DI. Celle-ci peut être positive, négative ou nulle.
La contribution d’un élément est négative si, en imaginant d’obtenir l’hydrocabure pour lequel on veut
déterminer le DI à partir de l’alcane correspondant, l’élément en question ne fait que remplacer dans la structure
fondamentale de celui-ci (de l’alcane) un ou plusieurs atomes d’hydrogène (exemple : cas d’un ou des halogènes X
(X = F, Cl, Br ou I dans un halogénoalcane R-X). Elle est positive si l’élément remplace certes un ou plusieurs
atomes d’hydrogène, mais reste lié à plus d’un d’atomes d’hydrogène (exemple : cas d’une amine primaire R-NH2).
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La contribution d’un élément est nulle si les nombres d’hydrogènes remplacés et apportés par celui-ci sont égaux
(exemple : cas de l’atome d’oxygène d’un alcool (R-OH) ou de l’atome de soufre d’un thiol (R-SH).
Ainsi, pour une molécule comportant la fonction amine primaire (–NH2), par exemple, l’élément azote se lie
au carbone en remplaçant un atome d’hydrogène de l’alcane correspondant à l’hydrocarbure insaturé (ou au départ
supposé insaturé). Il reste toutefois lié à deux atomes d’hydrogène. L’élément azote contribue donc positivement,
en apportant 2 - 1 = 1 atome d’hydrogène à la formation de l’hydrocarbure insaturé. Ainsi, pour N fonctions –NH2
présentes dans la formule développée de CCHHNN, chaque atome d’azote en remplaçant un hydrogène et en en
apportant deux, les N éléments azote contribuent au total pour +N atomes d’hydrogène. Il faut donc tenir compte
dans la formule du DI de la contribution de l’azote. Celle-ci étant positive, la première formule
du DI
est abrogée et remplacée par la nouvelle :
. La formule reste valable pour le calcul du DI d’un
composé contenant la fonction nitrile (-CN), bien que l’élément azote ne soit pas lié à des hydrogènes. Par
exemple, dans le cas de l’acétonitrile (CH3CN), l’atome d’azote est triplement lié. La formule reste toutefois valable
puisque, en se liant triplement au carbone, l’azote apporte deux insaturations (les deux liaisons ). Sa contribution
est donc tenue en considération dans le calcul du DI. Ainsi, en appliquant
à la formule C2H3N de
l’acétonitrile, on obtient la bonne valeur du DI =
=
= 2. La valeur 2 du DI ainsi calculée
pour CH3CN, à partir de la nouvelle formule, est bien égale au nombre de liaisons de la triple liaison CN, donc
à deux insaturations.
La formule
du DI ne change pas cependant si le composé comporte une ou plusieurs
fonctions alcool (-OH) et thiol (-SH). Les éléments oxygène et azote contribuent chacun pour zéro, puisque chaque
élément remplace dans la formule de l’hydrocarbure saturé (l’alcane de référence) un hydrogène, mais en apporte un
aussi, celui auquel il est resté lié. Ainsi, pour un composé CCHHNNOOSS, la formule
du DI
demeure inchangée. La formule reste également valable dans le cas où le composé contient les fonctions carbonyle
(C=O), thiocétone (C=S), étheroxyde (-O-) et sulfure (-S-). Comme pour le calcul du DI de l’acétonitrile, bien que
les éléments oxygène et soufre de ces fonctions ne soient pas liés à des atomes d’hydrogène, la contribution des
éléments O et S est tenue en considération dans le calcul du DI. Par exemple, calculons le DI du composé
C7H14N2O3S qui a la formule semi-développée O=CH-CH2-CH2-S-CH2-O-C(NH2)2CH2CH=O. Sans même
recourir à la formule du DI, il est clair que, par un simple coup d’œil, on arrive au résultat 2. Et, en utilisant la
formule
, nous arrivons aussi au même résultat 2 =
=
=
.
Supposons maintenant que le composé insaturé (ou supposé insaturé au départ du calcul du DI) contient X
éléments halogène X (X = F, Cl, Br ou I). La contribution de chaque halogène est égale à -1, puisqu’il remplace un
atome d’hydrogène dans la formule de l’alcane correspondant, mais n’en apporte aucun. La contribution de X
éléments halogène est par conséquent égale à -X. Dès lors, pour calculer le DI d’un composé de formule chimique
CCHHNNOOSSXX, il faut prendre en compte la contribution négative des X éléments halogène. Ainsi, la formule
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du DI est abrogée et remplacée par la toute nouvelle :
. Le DI est de la sorte
définitivement établi pour tout composé insaturé (ou au départ supposé comme tel), dont la formule chimique est
sous la forme CCHHNNOOSSXX.
Vérifions quand même la validité de la formule en calculant, par exemple, le DI du 2,3-dichlorophényl
amine (ou 2,3-dichloroaniline) qui a pour formule chimique C6H5Cl2N. Sans même utiliser la formule, nous disons
que le DI est égal à 4, pour la simple raison que la formule chimique comporte trois liaisons (celles du noyau
aromatique) et un cycle (celui du noyau aromatique aussi). En utilisant la formule du DI, nous arrivons aussi au
même résultat 4 =
=
=
.
En définitive, la formule du degré d’insaturation (DI) ou nombre d’insaturation (NI) d’un composé de
formule chimique CCHHNNOOSSXX est : DI =
. La démonstration de la formule est
assez outillée pour être facilement comprise. L’étudiant n’a pas besoin de la reprendre lors de l’examen. Il lui suffit
de mémoriser la formule et de l’appliquer en cas de besoin.
Exercice d’application. Donner tous ou quelques uns des différents isomères plans des molécules de formules chimiques : A :
C5H4 ; B : C3H6O ; C : C5H4O ; D : C6H9ON ; E : C7H6ClO2N.
Composé A : C5H4. DI = (2 x 5 + 2 – 4)/2 = 4. Le composé A peut comporter quatre liaisons ; ou trois liaisons
et un cycle ; ou deux liaisons et deux cycles ; ou une liaison et trois cycles ; ou seulement 4 cycles. La présence d’un ou de
plusieurs cycles est ici exclue, compte tenu du faible nombre d’atomes de carbone. Il reste donc le seul cas où on a quatre doubles
liaisons (Pour chaque variante d’isomère de constitution, il faut prendre en considération tous les isomères de position et/ou de
squelette correspondants). Le composé A s’agit donc d’un allène dont la formule développée est la suivante :
C C CCH
H
CH
H
Composé B : C3H6O. DI = (2 x 3 + 2 – 6)/2 = 1. B peut contenir une liaison , donc une double liaison ; ou seulement
un cycle.
OH
O
H3C
H2C CH CH2 OHH2C CH CH2 OH H2C CH2 CH O
H3C C CH2
OH
H3C C CH3
O
H2C CH CH2
OH
O
Composé C : C5H4O. DI = (2 x 5 + 2 – 4)/2 = 4. Ce qui signifie que le composé C contient quatre insaturations (c’est-à-
dire des et/ou des cycles). Celles-ci peuvent être dues à la présence de quatre doubles liaisons (4) ; deux triples liaisons
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(4) ; deux doubles liaisons (2) + une triple liaison (2) ; quatre cycles ; un cycle + trois doubles liaisons (3) ;
deux cycles + deux doubles liaisons (2) ; trois cycles + une double liaison (1) ; un cycle + une double liaison (1) + une
triple liaison (2) ; ou deux cycles + une triple liaison (2) (Pour chaque variante d’isomère de constitution, il faut prendre en
considération tous les isomères de position et/ou de squelette correspondants). Voici un exemple d’isomère de C :
H2C CH C C C
O
H
Composé D : C6H9ON. DI = (2 x 6 + 2 + 1 – 9)/2 = 3. Pour la molécule D, les trois insaturations peuvent être dues à
la présence de trois doubles liaisons (3), deux doubles liasons (1) + une triple liaison (2) ; trois cycles ; un cycle et
deux doubles liaisons (2) ou un cycle et une triple liaison (2) (Pour chaque variante d’isomère de constitution, il faut
prendre en considération tous les isomères de position et/ou de squelette correspondants). Voici quelques exemples d’isomères
plans de la molécule D :
O
NH2
O
NH2
O
NH2
O
NH2
O
NH2
NH2
O
NH2
O
O
NH2
O
NH2
O
NH2
Composé E : C7H5Cl2O2N. DI = (2 x 7 + 2 + 1 - 2 - 5)/2 = 5. Ce qui signifie que le composé E contient cinq
insaturations (c’est-à- dire des et/ou des cycles). Celles-ci peuvent être dues à la présence de cinq doubles liaisons (5) ; trois
doubles liaisons (3) + une triple liaison (2) ; une double liaison (1) + deux triples liaisons (4) ; cinq cycles ; quatre
cycles + une double liaison (1) ; trois cycles + deux doubles liaisons (2) ; trois cycles + une triple liaison (2) ; deux cycles
+ trois doubles liaisons (3) ; deux cycles + une double liaison (1) + une triple (2) ; un cycle + 4 doubles liaisons (4) ;
un cycle + deux doubles liaisons (2) + une triple liaison (2) ou un cycle + deux triples liaisons (4) (Pour
chaque variante d’isomère de constitution, il faut prendre en considération tous les isomères de position et/ou de squelette
correspondants). Voici un exemple d’isomère de E :
Cl
C
N
C
OH
O
Cl