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ARTICLE SUR JAZZ HOT Michel Antonelli © Jazz Hot n° 680, été 2017 St-Gaudens, Haute-Garonne Jazz en Comminges, 24-28 mai 2017 Pour situer le Festival Jazz en Comminges qui en est à sa 15e édition, on peut tout simplement citer la présentation de l’association CLAP qui organise cette belle manifestation sur les bords de la Garonne. «Depuis des années, le Comminges est une terre de jazz. Terre de naissance de Guy Lafitte, saxophoniste de renommée internationale, né à St-Gaudens. Terre de clubs et de caves comme La Rotonde à Bagnères-de-Luchon où l’on recevait les plus grands musiciens de jazz à l’époque du Hot Club. C’est pour continuer cette histoire que Pierre Jammes et Bernard Cadène créent en 2003 les Rencontres du saxophone, devenues le festival Jazz en Comminges». Pour cette 15e édition le programme plus que riche présentait au Parc des Expositions quatre grandes soirées avec sept groupes de stature internationale et un grand nombre d’événements dans toute la ville; des concerts gratuits avec le Festival Off, des films, master-classes, expositions et conférences. L’association regroupe un grand nombre de bénévoles de tous âges qui donnent une forte vitalité et un entrain réjouissant à tous les participants, des musiciens au public. L’époque du long week-end de l’Ascension permet de découvrir en même temps une magnifique région aux pieds des Pyrénées, riche d’un patrimoine culturel et d’une gastronomie incontournables

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ARTICLE SUR JAZZ HOT Michel Antonelli

© Jazz Hot n° 680, été 2017

St-Gaudens, Haute-Garonne

Jazz en Comminges, 24-28 mai 2017

Pour situer le Festival Jazz en Comminges qui en est à sa 15e édition, on peut tout simplement citer la présentation de l’association CLAP qui organise cette belle manifestation sur les bords de la Garonne.«Depuis des années, le Comminges est une terre de jazz. Terre de naissance de Guy Lafitte, saxophoniste de renommée internationale, né à St-Gaudens. Terre de clubs et de caves comme La Rotonde à Bagnères-de-Luchon où l’on recevait les plus grands musiciens de jazz à l’époque du Hot Club. C’est pour continuer cette histoire que Pierre Jammes et Bernard Cadène créent en 2003 les Rencontres du saxophone, devenues le festival Jazz en Comminges». Pour cette 15e édition le programme plus que riche présentait au Parc des Expositions quatre grandes soirées avec sept groupes de stature internationale et un grand nombre d’événements dans toute la ville; des concerts gratuits avec le Festival Off, des films, master-classes, expositions et conférences. L’association regroupe un grand nombre de bénévoles de tous âges qui donnent une forte vitalité et un entrain réjouissant à tous les participants, des musiciens au public. L’époque du long week-end de l’Ascension permet de découvrir en même temps une magnifique région aux pieds des Pyrénées, riche d’un patrimoine culturel et d’une gastronomie incontournables

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Le 24 mai, après une minute de silence en mémoire des victimes de l’attentat de Manchester, la vague déferlante du Big Band Garonne souffle sur la salle qui vibre sous la puissance de de l’orchestre. Le Big Band Garonne est un collectif de 16 musiciens qui réunit des musiciens professionnels de la région Occitanie; il se présente comme «une fabuleuse machine, avec un son puissant et une rythmique vigoureuse». Sous la direction du pianiste Philippe Léogé, déjà vieux routard de la scène locale et nationale, cet orchestre bénéficie de la force de la jeunesse qui se double ici d’excellents solistes. Philippe Léogé a créé des compositions originales et des orchestrations, notamment pour des solistes chanteurs qui se sont produits avec le big band lors des dernières éditions du festival Jazz sur son 31 à Toulouse (Térez Montcalm, Sylvia Droste, David Linx, Keelylee Evans, Moly Johnson). Depuis 2014, le Big Band se produit régulièrement avec Richard Galliano. Le programme de ce soir est signé par le pianiste, le bassiste et la chanteuse, complété de quelques standards. Les orchestrations sont efficaces, parfois compliquées, et sont dans la droite ligne de celles des big bands d’outre-Atlantique qui savent marier jazz et variétés, qualité et entertainment, en empruntant l’efficacité des orchestre de studios. On peut penser, en toute modestie, à l’orchestre de Dave Grusin, le GRP All-Stars Big Band, qui puise dans différents univers son répertoire. Les titres originels portent des noms fantaisistes «Monstre du Loch Ness», «Le Colosse de Rhodes» suivis avec l’arrivée de la chanteuse Frédérika d’un hommage à Frank Sinatra avec «I Got You Under My Skin» et «The Lady in the Tramp». Le look de Frédérika tire plus sur un mélange entre chanteuse de country et tzigane que sur la sophistication et le glamour habituel de la chanteuse jazz. Sur certains moments très funky le groupe se rapproche de l’esprit de celui d’Aretha Franklin, époque King Curtis, et le saxophoniste alto vient jouter avec la voix de la chanteuse. Très investi dans la tradition musicale régionale, Philippe Léogé nous propose de découvrir un des thèmes de sa prochaine création qu’il présentera lors du Festival Jazz sur son 31. L’orchestre va puiser dans la tradition de la musique occitane qui dès le XIVe siècle a contribué à la richesse culturelle de la région. Le thème s’intitule en français «Les Vêpres de la Noce» interprété à l’origine à la boulègue (cornemuse locale faite avec une panse entière de mouton, «décédé» comme il sera précisé) qui pour un néophyte comme moi sera parfaitement revisité avec fougue et exaltation. Certains traditionnalistes occitans ou jazzophiles, pourraient être surpris, mais le jazz n’est-il pas une musique d’aventure? Etonnement, l’arrangement et l’interprétation nous font penser ici au grand orchestre électrique de Chick Corea, peut-être «Est-ce l'Espagne qui pousse un peu sa corne», estocade qui sera porté par le saxophoniste Jean-Michel Cabrol dans un style Gato-barbérien. Suivent trois titres signés par Frédérika qui, bien qu’intéressants, voyagent trop dans un univers pop à l’anglaise de variétés –de qualité– servi dans l’écrin d’un big band à son service. Après un long concert terminé par un titre du bassiste (a priori, «Wild Why»), le groupe est très applaudi et pour son dernier rappel évoque le maître Nougaro sur une musique de Ray Lema, «C’est une Garonne», peut-être un résumé de l’esprit de l’orchestre: «Moi mon océan, c'est une Garonne qui s'écoule comme un tapis roulant.» Citons les principaux solistes: Cyril Latour (tp), David Cayrou (as) Jean-Michel Cabrol (ts), Cyril Amourette (g)… On attend donc avec impatience leur futur programme qui sera donné en octobre à Toulouse, Narbonne, et, en novembre, à l’Opéra Grand-Avignon.Le Big Band Garonne: Philippe Léogé (dir, clav) Frédérika (voc), Tony Amouroux, Alain Cazcarra, Cyril Latour (tp) Rémi Vidal, Christophe Allaux, Olivier Lachurie (tb), Christophe Mouly, Samuel Dumont, Jean Michel Cabrol, David Cayrou (sax), Cyril Amourette (g), Pascal Selma (eb) Florent «Peppino»Tysseyre (perc), Fabien Tournier (dm)

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Depuis 2011, la pianiste japonaise Hiromi est sur le devant de la scène et séduit tous les publics. Après son trio avec Anthony Jackson (eb) et Simon Philips (dm) et ses deux derniers albums qui lui ont permis de se produire dans tous les festivals et théâtres, elle a la bonne idée de rencontrer le harpiste bolivien Edmar Castañeda lors du festival de Montréal en 2016. Aussitôt l’idée d’une collaboration a germé, et ce concert annonce en Europe une prochaine tournée d’été bien remplie. Edmar Castañeda, n’est pas le premier venu car il a joué depuis son installation à New York en 2007 avec Wynton Marsalis, John Scofield, Marcus Miller et Paquito D’Rivera. Cet étrange mariage de l’altiplano au Fujiyama vole au-dessus des nuages et le piano percussif valse avec une harpe modernisée par de multiples effets. Hiromi n’a plus rien à prouver au niveau technique et c’est avec subtilité qu’elle arrive à faire passer des improvisations qui voisinent avec l’univers de Cecil Taylor. Look, gentillesse, effort de parler en français lui permettent de mettre le public dans sa poche. Quant à Edmar Castañeda, il sait aussi faire swinguer ses multiples cordes à l’égal d’un piano. Dans un set avec court rappel, tout le monde est gagnant. Le harpiste n’est pas un faire-valoir et, avec humour, il s’exprime en espagnol, la frontière n’est pas loin, oubliant l’indispensable anglais des tournées. Chaque titre est original et alterne entre moments de bravoure et ambiances plus intimistes, On aura eu le grand plaisir d’écouter des compositions d’Edmar Castañeda, dont«Entrecuerdos» puis deux solos: «Jésus de Nazareth» et un hommage à Jaco Pastorius, «Para Jaco», où le son des cordes basses de la harpe, à la limite de la saturation, rappellent le jeu du bassiste. Les titres d’Hiromi s’appellent «Molling Sunshine», «Choux à la Crème», son dessert préféré, et une toute nouvelle composition qu’elle dédie au public (c’est la seconde fois qu’elle se produit à ce festival), en fait une longue suite «Elements» en quatre tableaux, «Air», «Earth», «Water» et «Fire». Un duo magnifique qui peut rassembler un large auditoire tout en livrant une musique de haut niveau qui, s’il s’écarte par moment du jazz, y revient sans cesse.

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Le 25 mai proposait le jeune londonien Jacob Collier (voc, p, kb, eb, dm, g perc), tout juste 22 ans et bardé de récompenses (encore deux Grammy Awards en février dernier), le chéri de l’internet et des foules. Son show est parfaitement rodé, chantant en sautillant, il accumule les passages sur chaque instrument sur lesquels il lance des boucles sonores puis en choisit un pour improviser. Ce soir, il joue principalement du piano, de la contrebasse électrique, des claviers et de la batterie (assez lourdement). Très marqué par Stevie Wonder, il lance et termine le concert sur deux titres de son maître, le premier revu et corrigé «Don’t You Worry ‘Bout a Thing», le final «You and I» plus naturel, en passant par «Hideaway» de Chick Corea, tout d’abord à la guitare acoustique puis au piano, puis les deux en même temps suivis de titres très funkies. Tel l’apprenti sorcier dans Fantasia, il déverse des centaines de sons modifiés par ses effets, et sa performance ravit la plupart du public car ce diable se donne vraiment, bondissant de la scène à la salle, sourire aux lèvres, tel un évangéliste. Ses qualités sont masquées par la multiplication des effets et le traitement de chaque titre, assez similaire, peut lasser. Son numéro se fait en symbiose avec une équipe soudé qui maîtrise le son, le traitement des images en direct (2 caméras le filment en permanence et son vidéaste mixe la vidéo projetée avec des effets numériques) sans oublier son backliner qui a tout préparé sur scène. L’artiste utilise à lui seul plus d’une trentaine de voies sur la console de mixage. A travers des titres rapides, où le public est appelé à participer, ou de moments plus tendres, l’auditoire très satisfait joue le jeu. Moment fort du concert, l’invitation sur scène d’un chœur d’une vingtaine d’enfants qui avaient préparé en son honneur un titre des Beach Boys, groupe fort apprécié par le chanteur qui les accompagne au piano. Un moment fort applaudi. Après un show un peu long car assez répétitif, à la demande quasi générale et après une standing ovation, il vient interpréter en rappel une version assez étonnante de «Fascinating Rhythm» de Gershwin.

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Retour à la simplicité avec l’installation d’un authentique groupe de jazz, le Roy Hargrove Quintet. Roy Hargrove (tp, flh,voc) se présente avec son groupe quasi habituel car seul le pianiste Sullivan Fortner a été remplacé par Takata Ono, pour cette pré-tournée de printemps. Costume de rigueur, basket rouge aux pieds et sourire au visage, tel un lutin à la houppe rigolote, il emmène son groupe sur les traces actuelles du jazz américain. On entre immédiatement dans le jeu pour un jazz qui baigne dans la tradition mais servi par une fougue moderniste. Le groupe joue essentiellement des nouvelles compositions telles «Stuff», «Seven Avenue» ou encore «Madness of the Earth». Nul besoin de superlatif pour une formation solide ou chacun a l’occasion de s’exprimer: si Roy Hargrove est bien le leader il laisse une large autonomie à des musiciens de valeur. Tour à tour à la trompette et au bugle, il chante aussi, assez discrètement, et scate en véritable héritier de Dizzy Gillespie. D’humeur joyeuse, le groupe partage des moments de rythmes accélérés ainsi que des ballades bien inspirées. Le pianiste Takata Ono, au jeu complet, tisse tel une araignée, un accompagnement sans faille et assure des solos de haut vol. Il signe une composition quasiment joué en solo très émouvante. Justin Robinson (as), tel un autre lutin, mais un peu enrobé, sa silhouette rappelle celle d’Arthur Blythe, prouve qu’il peut rivaliser avec les grands noms de l’alto. Tour de force d’Ameen Saleem (b) qui, sous sa casquette vite enlevée vu la température de la salle, nous entraîne dans la moiteur de la jungle avec un solo éblouissant. On n’oublie pas Quincy Philips (dm) qui lui aussi a fait son petit tour de piste. Un seul regret: la longue première partie priva une partie du public, parti avant la fin, du grand maître de la soirée: Roy Hargrove!

Annoncé en quintet le 26 mai, le groupe de Kyle Eastwood est en fait un quartet avec un invité de marque. Très à l’aise sur cette scène qui l’a déjà accueilli, il fait l’effort de s’adresser au public en français et présente ses musiciens pour introduire la soirée à la contrebasse qui démarre sur un de ses anciens titres, «Prosecco Smile», suivi de «Big Noise», composition du répertoire de jazz écrite en 1940. Mariant tradition et apport personnel, son répertoire et son interprétation sont parfaitement équilibrés, rendant hommage à ses aînés, proposant des nouveaux titres et évoquant sa passion pour la musique de film. Le groupe évolue du trio au quartet, lui-même passant de la contrebasse à la basse électrique, donnant à chacun l’occasion de se distinguer, notamment Quentin Collins à la trompette et au bugle. Il poursuit avec des titres de l’album Time Pieces qui vient de paraître, dont «Bullet Train» puis un hommage à Herbie Hancock avec sa ballade «Dolphin Dance», dans un tempo très lent surligné par un solo du bugle. Sur le cinquième thème, «Marrakech», qu’il avait composé dans sa jeunesse, suite à son premier voyage au Maroc, apparaît il maestro Stefano Di Battista (as, ss), resplendissant et modeste. Dans une évocation orientale, le soprano survole le climat dessiné à l’archet rythmé de percussions chatoyantes. Une véritable initiation aux mystères du désert qui envoute sur un crescendo au son hypnotique. En

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hommage à l’Italie et au cinéma, le groupe devient trio, basse électrique, piano et soprano pour interpréter le thème principal du film Cinema Paradiso, composition d’Ennio Morricone, qui nous fait revivre le film sans les images, une version touchante. Rappelant son statut de compositeur de musique de cinéma, Kyle nous livre avec Andrew McCormack (p) une version épurée de la bande sonore de Letters From ’Iwo Jiwa, réalisé par son père. Le groupe au complet termine sur une version vitaminée de «Boogie Stop Shuffle», aussi sulfureuse que l’original de Charlie Mingus. Depuis des années, Kyle Eastwood, en toute discrétion, a gravi les marches qui le mène de la notoriété héritée d’un père célèbre à un véritable statut de musicien respecté. Aujourd’hui, son talent de leader se double de celui d’un excellent compositeur entourée d’une équipe fidèle et d’invités de marque qu’on peut retrouver sur son dernier album: Kyle Eastwood (b, eb), Andrew McCormack (p), Quentin Collins (tp, flg), Chris Higginbotton (dm) et Stefano Di Battista (as, ss)

A l’aube de ses 73 ans, le pianiste jamaïcain Monty Alexander apparaît toujours aussi élégant, un vrai gentleman du clavier. Il a choisi depuis quelques années de jouer soit en trio acoustique dans un répertoire très jazz ou dans ce groupe, Junkanoo Swing, qui mélange la musique de Harlem aux racines de son île natale, voyageant du calypso au reggae avec des escales jazz. En fait, il y sur scène un trio et un groupe de reggae qui repose magnifiquement sur la rythmique du batteur Karl Wright. N’ayant plus rien à prouver depuis longtemps, vu sa formidable carrière, il semble se faire plaisir en amusant le public qui revisite ainsi ses compositions et de grands standards dans un pot-pourri soigné et joué de façon magistrale. Clin d’œil à ses rencontres avec Harry Belafonte pour le calypso «Banana Boat Song», tube interplanétaire, une brève

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évocation du thème de James Bond 007 contre Dr. No, qui se passait à la Jamaïque, une citation de la Panthère Rose d’Henri Mancini, le tout en passant du trio acoustique au quartet électrique très carré. Adoubé par Duke Ellington, il introduit en sa mémoire une version très personnelle de «Duke’s Place» qui devient «Hello» de Lionel Ritchie et poursuit avec «Hurricane Come and Gone», belle composition signée de sa plume, enchaînée à «Could Be You Love», un reggae de Bob Marley. Pour terminer le concert, il rappelle la mémoire de Bob Marley dans une version gospel de «No Woman No Cry», autre tube international qui rassemble toujours la foule. Le contrat est rempli, mais le public très nombreux réclame un rappel qui sera un blues déviant vers un calypso signé encore par Harry Belafonte, mais sacralisé en jazz par Sonny Rollins (un de ses anciens employeurs) «Don’t Stop the Carnival», thème dansant qui mettra en valeur les batteurs dans un échange type battle drums: Un concert au millimètre servi par un grand professionnel!Monty Alexander (p,melodica), Hassan Shakur (b), Jason Brown (dm), Leon Dunkan (eb),Andy Bassford (g), Karl Wright (dm, perc)

Parmi les nombreux concerts qui animèrent la ville dans plusieurs lieux, nous pouvons entre autres citer, le duo trompette et guitare Religio, le groupe de la chanteuse Manel Cheniti, dans un répertoire consacré à Dinah Washington et le groupe So Groovy, dont les cuivres et la chanteuse, Valéria Vitrano, ont fait trembler les piliers de La Halle aux Grains. Il ne faut surtout pas oublier l’Atelier Adultes du Conservatoire Guy Lafitte qui a mis particulièrement en valeur les plus jeunes en quintet dans leur composition intitulée «Detroit» et une version fort sympathique de «Litlle Sunflower». Quant au deuxième Tremplin Jeune Talent, qui se déroulait tôt le matin, on a pu découvrir trois excellents jeunes groupes, dont deux gagnants exæquo qui seront programmés en sélection du Off lors du prochain festival. Les deux vainqueurs sont le Guillaume Ramaye Reunion Project et le quartet Minor League, emmené par le guitariste Jérémy Bonneau. Le troisième groupe, non retenu, La Cave, n’a pas démérité mais ce groupe au style de rock progressif dirigé par le guitariste Cyril Bernhard est plus adapté à un circuit rock.

L’édition 2017 se poursuivait le samedi 27 mai, en notre absence, avec un concert à guichets fermés pour la venue de Jamie Cullum, artiste toujours aussi populaire.Elle se terminait le dimanche 28 mai par une très longue journée qui accueillait le futur du jazz régional. Le public devait ainsi découvrir à La Halle aux Grains les ateliers des cycles longs de l’Ecole de Musique Music’Halle, suivi dans l’après-midi des classes à horaire aménagé du Collège Didier Daurat, de l’orchestre du Conservatoire Guy Lafitte dirigé par Wilfrid Arexis et pour terminer le formidable Big Band 65, qui depuis 1978 honore par son swing le département des Hautes Pyrénées. Sans oublier, pour les stakhanovistes, le concert du septet Offground donné à l’auditorium de la Médiathèque du Saint-Gaudinois. Pour découvrir la totalité des manifestations et des superbes équipements culturels de la Ville de St-Gaudens et de la Communauté des Communes du Saint-Gaudinois, il faudra revenir l’année prochaine. En attendant, vous pouvez découvrir le détail des actions de l’Association CLAP dans le cadre du festival sur le site www.jazzencomminges.com et si vous êtes à proximité rejoindre les rangs des bénévoles nécessaires à la réalisation de ce festival incontournable en Occitanie.

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