Milton Friedman

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Principaux conomistes

Milton FRIEDMAN (1912-2006) et le courant montariste Dernire mise jour le 19 dcembre 2010 Biographie Milton Friedman et n le 31 juillet 1912 New York et mort le 16 novembre 2006 San Francisco. Cet conomiste amricain, titulaire du prix Nobel 1976, est l'un des conomistes les plus connus du XXe sicle. Il est l'origine du courant montariste qu'il a cr alors qu'il tait professeur d'conomie l'Universit de Chicago (d'o l'appellation "cole de Chicago"), que l'on oppose au courant keynsien. Cette opposition entre les deux courants a longtemps constitu le cur de l'enseignement de la macroconomie. Aprs avoir expos le modle IS-LM, on illustrait longuement les effets respectifs des politiques budgtaire et montaire sur l'activit. Friedman n'a pas pu s'opposer rellement de faon dcisive l'emploi gnralis des concepts keynsiens et l'utilisation du modle IS-LM comme cadre de comprhension et d'laboration des politiques macroconomiques. Il en a seulement rejet autant qu'il a pu les conclusions. Il l'a d'ailleurs implicitement reconnu travers la dclaration suivante1 : Nous utilisons tous le langage et l'appareil d'analyse keynsiens, mais plus personne n'accepte les conclusions keynsiennes originelles. Remise en question de la fonction de consommation keynsienne FRIEDMAN a remis en question la fonction de consommation keynsienne et dvelopp la thorie du revenu permanent. Alors que la thorie keynsienne du multiplicateur base sur une relation stable et linaire entre la consommation courante et le revenu courant battait son plein, FRIEDMAN postula que les choix de consommation sont principalement dtermins non par les revenus actuels mais par l'ide que les consommateurs se font de leurs revenus futurs. La principale consquence concrte de cette manire de concevoir le lien entre consommation et revenu est que mme quand le revenu courant baisse ou augmente, la consommation reste stable car la baisse ou l'augmentation circonstancielle du revenu n'a qu'un impact trs limit sur un niveau de consommation, lequel se fonde sur l'ensemble des revenus futurs actualiss ou revenu permanent. Cette conception remet en cause en cause les politiques conjoncturelles de relance car dans ce cas la composante consommation de la demande globale n'est pas sensible une augmentation ponctuelle du revenu des consommateurs.

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Publie dans le journal "Le Monde" du 26 mai 1996, en rectificatif de la phrase "Nous sommes tous keynsiens" qui lui fut tort attribue.

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La thorie quantitative de la monnaie et l'inflation FRIEDMAN a rhabilit la thorie quantitative de la monnaie. Cette thorie explique les mouvements des prix par la variation de la masse montaire. Elle est trs ancienne et remonte aux rflexions de l'cole de Salamanque et fut dveloppe par les mercantilistes, par David HUME, puis par les noclassiques tels Irving FISHER. En 1956,FRIEDMAN a reformul cette thorie en la fondant sur une analyse de la demande de monnaie lie sa thorie du revenu permanent et pour aboutir la conclusion que les prix varient proportionnellement la quantit de monnaie, selon l'quation dite "de FISHER"2. Selon FRIEDMAN, les agents conomiques considrent que la monnaie est un bien patrimonial comme les autres, et ils la demandent en fonction de leur revenu permanent. Il en rsulte que leur demande de monnaie est "stable" (on retrouve souvent cet adjectif dans les analyses montaristes). De ce fait, si la quantit de monnaie augmente et qu'ils hritent d'une partie de cette augmentation, ils la dpensent, mais cela ne fait qu'augmenter les prix car, contrairement ce que prvoit l'analyse keynsienne, il n'y a pas d'effet multiplicateur. Au sujet des consquences inflationnistes de l'accroissement montaire Milton FRIEMAN crivit que Linflation est toujours et partout un phnomne montaire en ce sens quelle est et quelle ne peut tre gnre que par une augmentation de la quantit de monnaie plus rapide que celle de la production3. D'o ce que l'on appelle le montarisme : une cole de pense conomique d'aprs laquelle l'inflation doit tre contrle par le volume de monnaie mise par la banque centrale. Par ailleurs, pour les montaristes, les interventions inopines de la banque centrale pour augmenter ou diminuer la quantit de monnaie des fins de politique conjoncturelle ne peuvent qu'entretenir l'incertitude des agents conomiques. Ils plaident donc pour une politique montaire prvisible par les agents conomiques. Dans ce domaine, plus on fait simple et mieux c'est : il prne que la rgle qui gouverne le taux de croissance de la masse montaire (une croissance gale aux prvisions les mieux informes de la croissance mensuelle ou trimestrielle du PIB) soit inscrite dans la constitution des Etats-Unis afin que la Banque Centrale ne soit pas tente d'y droger. FRIEDMAN, paraphrasant George CLEMENCEAU4 (1841-1929) crit ce sujet : La monnaie est une chose trop importante pour la laisser aux banquiers centraux L'explication de la crise conomique de 1929 En 1963 dans son Histoire montaire des tats-Unis (avec Anna SCHWARTZ), il mit en vidence qu'au cours des 18 cycles conomiques tudis, les creux ou les pics de l'activit conomique furent prcds de creux ou de pics de la masse montaire. S'agissant de la crise conomique de 1929, il en dduisit que : La Fed est largement responsable de [l'ampleur de la crise de 1929]. Au lieu d'user de son pouvoir pour compenser la crise, elle rduisit d'un tiers la masse montaire entre 1929 et 1933 Loin d'tre un chec du systme de libre entreprise, la crise a t un chec tragique de l'tat.5

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Selon cette quation M x V = P x Q. Cette quation de base de la thorie quantitativiste pose l'quivalence entre la quantit de d'argent qui a t change dans l'conomie au cours de la priode reprsente par la quantit de monnaie en circulation (M) multiplie par sa "vitesse de circulation (V)" (nombre de fois qu'une unit montaire est utilise pour une transaction au cours d'une priode dtermine) et la production d'une conomie pendant une priode donne (Q) multiplie par le niveau des prix (P). 3 The Counter-Revolution in Monetary Theory 4 "La guerre est une chose trop srieuse pour la confier des militaires". 5 Milton Friedman, Two lucky people : Memoirs

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L'actuel gouverneur de la Fed, Ben BERNANKE partage ces conclusions et, dans un discours en 2002, s'adressa Milton FRIEDMAN pour lui rendre hommage : Vous avez raison [..]. Nous sommes dsols. Mais grce vous nous ne referons pas cette erreur . Courbe de PHILIPPS et taux de chmage naturel FRIEDMAN est l'origine de la remise en cause de la Courbe de PHILIPPS. Conjointement avec Edmund PHELPS, il proposa concept de taux de chmage naturel/structurel. Ce chmage est incompressible court-terme car li aux imperfections du march du travail (telles que l'intervention tatique qui bouleverse la libre fixation des salaires). Ce taux de chmage ne peut tre rduit par des politiques conjoncturelles comme l'injection de liquidits. Ces politiques ne dbouchent que sur davantage d'inflation. Le plaidoyer pour un systme montaire international de changes flexibles En 1953, bien avant la fin du systme de Bretton-Woods, dans un article intitul "The Case for Flexible Exchange Rates", FRIEDMAN dfendit le retrait du gouvernement du march des changes et promut les taux de change flottants. Pour lui, le recours aux changes flottants s'accompagne de spculation, mais cette spculation est stabilisatrice. Le systme des changes flexibles sans intervention des Etats est le meilleur systme pour faire converger les taux de change vers leurs valeurs de parit de pouvoir d'achat. Les anticipations adaptatives Pour FRIEDMAN, les anticipations des agents conomiques sont adaptatives. Mais s'il a ouvert la voie la prise en compte des anticipations en macroconomie, sa thorie a t dpasse et remplace par celle des anticipations rationnelles qui fut promue par les nouveaux classiques au premier rang desquels l'conomiste de Chicago, Robert E. LUCAS. Les nouveaux classiques se sont en effet opposs FRIEDMAN en soutenant que les agents conomiques anticipent rationnellement et non de faon adaptative. La principale conclusion de cette nouvelle hypothse est que les agents conomiques ne peuvent pas tre leurrs par une politique montaire expansionniste.

Sur YouTube: Free Trade and the Steel Industry: http://www.youtube.com/watch?v=j0pl_FXt0eM&feature=related Power of the Market: http://www.youtube.com/watch?v=bJWZ27OT16M&feature=related The male chauvinist pig: http://www.youtube.com/watch?v=bZA1Q_1t1E0&feature=grec

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