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Mini-bulletin
CENTREBANCAIRES INTERNATIONAUXAU CANADA
PeterBerg
Division de l’économie
Le 30janvier 1987
Servicederecherche
MR-iF
Le Service de recherche de Ia Bibliothéque du Parlementtravaille exciusivement pour le Parlement, effectuant desrecherches et fournissant des informations aux parlementaireset aux comités du Sénat et de Ia Chambre des communes.Entre autres services non partisans, il assure Ia redaction derapports, de documents de travail et de bulletins d’actualité.Les attaches de recherche peuvent en outre donner desconsultations dans leurs domaines de competence.
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[RADUCTIO N
CANADA
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CENTRESBANCAIRES INTERNATIONAUX AU CANADA
I NTRODUCTION
Dans son expose budgétaire de fêvrier 1986, 1e ininistre des
Finances a indiquë que le gouvernenient était dispose a appuyerl’établissement de centres bancaires internationaux a Montreal et aVancouver. Ces centres financiers permettraient, essentiellement grace auxprivileges fiscaux dont us bënêficieraient, d’accueillir au Canada des
operations bancaires internationa~es actuellement menëes sur d’autres
grands marches financiers come Londres, New York, Hong Kong et Singapour.
Le Canada irait ainsi chercher une part accrue du vaste marché des
eurodevises, qui représente prës de un billion de dollars américains en
chiffres nets (sans compter les operations interbancaires). Sur ce marché,
les grandes banques internationales détiennent diverses devises en dëpöt a1’extërieur de leur pays d’origine pour eluder l’impöt et d’autres
obLigations (par exemple, les rëgles qui s’appliquent aux reserves et au
contrôle des changes). Les banques participantes font êgalenient desoperations de change et consentent des prëts sur ces importantes reserves
de devises.
Le gouvernement a ainsi exprirné son appui en dépit des
conclusions negatives d’un rapport rédigé spëcialement sur ce sujet al’intention du ministére des Finances par L. Rasminsky et R.W. Lawson.
Aprés avoir exposé les caractéristiques et les avantages d’un centre
bancaire international , nous examinerons les arguments que le rapport
Rasminsky—Lawson oppose a la creation de tels centres au Canada et nous
évaluerons une solution de rechange proposée dans le rapport qui
permettrait d’augmenter le volume des operations bancaires internationales
dans notre pays sans pour autant accroitre l’intervention de l’~tat.
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Enfin, nous donnerons un aperçu des mesures que le gouvernement a choisi
de prendre et qui sont exposées dans un avis de motion des voies et moyens
déposé a la Chambre des communes le 28 janvier 1987.
CARACTERISTIQUES ET AVANTAGESD’UNCENTRE BANCAIRE INTERNATIONAL
Un centre bancaire international est un secteur géographique
ou certaines lois fiscales, voire certaines lois relatives aux banques,
sont assouplies pour permettre la réalisation d’opérations bancaires
internationales avec moms d’entraves et a moindres frais. Pour appliquer
ce concept au Canada, 11 faudrait modifier les lois fiscales fêdérales et
provinciales de maniëre a attirer au Canada des activités bancaires
actuellement exercées dans des endroits privilégiés sur le plan fiscal
comme Panama, New York et les Iles Cayman.
Seules les operations en devises étrangëres effectuêes avec
des non-residents et comptabilisées a l’intérieur du centre bancaire
international donneraient droit a des privileges fiscaux. Parmi les
activités qui seraient admises, mentionnons l’octroi de prCts et
1 ‘acceptation de dêp~ts en devises étrangëres, les operations de change,
l’émission et l’acceptation de lettres de credit pour des operations a1 ‘étranger et les transactions de titres étrangers. Pour 1 ‘essentiel , une
banque exerçant son activité a l’intérieur du centre bancaire international
serait autorisée, aux fins de l’imp~t, a mener ses operations comme si elle
était située a l’étranger. Ainsi, elle pourrait bénéficier d’importantes
reductions au titre de 1 ‘imp~t sur les bénéfices et les gains en capital
tout en pouvant Ctre moms assujettie aux retenues fiscales.
Les partisans de l’établissement de centres bancaires
internationaux croient qu’une fois ces mesures d’encouragement en place, il
serait possible de rapatrier une grande partie des operations
internationales des banques canadiennes et d’attirer au Canada une part
appreciable des operations en eurodevises effectuêes par les banques
étrangëres. Ils font valoir que grace a 1 ‘attrait exercé par le faible
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coilt des operations a l’intérieur des centres bancaires internationaux, des
fonds seraient injectés dans les economies locales de Montréal et de
Vancouver, puisque des institutions financiëres internationales y
ouvriraient des succursales. Selon eux, ces investissements s’accompagne—
raient d’une augmentation marquee de l’emploi dans le domaine bancaire.
INCONVENIENTS DES CENTRESBANCAIRES INTERNATIONAUX
Le rapport Rasminsky-Lawson conclut pour 1 ‘essentiel que leprojet d’établissement de centres bancaires internationaux présente peu
d’avantages et quelques gros inconvénients pour le Canada.
Parmi les principaux inconvénients, mentionnons la perte
nette d’efficience qui se produirait si des operations bancaires
internationales étaient transférêes de notre centre financier international
établi (Toronto) vers des zones favorisées sur le plan fiscal comme
Montréal et Vancouver. Il s’ensuivrait également des pertes considérables
pour le Trésor fédéral , par suite du manque ~ gagner en recettes fiscales.
En outre, d’aprës le rapport Rasminsky—Lawson, l’établissement de centres
bancaires internationaux pourrait inciter les banques canadiennes aaugmenter la proportion de leurs operations bancaires étrangëres.
De plus, en désignant artificiellement des centres bancaires
internationaux, on risquerait fort de pertuber le régime bancaire
actuel et de créer ainsi de graves distorsions sur le marché. Les
détracteurs du projet, dont l’Association des banquiers canadiens,
soutiennent avec force que c’est le jeu de la concurrence qui devrait
decider du lieu le plus propice a l’activité bancaire, et non les pouvoirs
publics.
Les centres bancaires internationaux sont traditionnellement
êtablis a des carrefours internationaux, l’attrait de privileges fiscaux
comptant pour peu. Les banques recherchent les principaux marches et
sources de fonds, comme le marché des eurodevises et celui des titres du
gouvernement américain. Pour diverses raisons historiques, économiques et
politiques (y compris l’absence d’une réglementation stricte), Londres et
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New York sont devenues les deux principaux centres financiers. La
principale critique du rapport Rasminsky—Lawson quant a l’établissement de
centres bancaires internationaux au Canada est que les privileges fiscaux
accordés a ces centres n’auraient au mieux qu’une incidence minime sur le
niveau des operations bancaires internationales effectuées dans notre pays.
Le rapport Rasminsky-Lawson prévient en outre que toute
mesure prise par le Canada en vue de créer des centres bancaires
internationaux pourrait ëtre accueillie par un accroissement de la
concurrence de la part des centres financiers établis. A cet égard, les
experts financiers canadiens s’inquiëtent notamment des effets qu’aura sur
les flux de capitaux internationaux Pinitiative choc que la ville de
Londres a prise le 27 octobre 1986 et qui consiste pratiquement adéréglementer la bourse et a ouvrir encore davantage le marchê des titres
de Londres aux étrangers. Fait particuliërement important, cette mesure a
permis aux banques êtrangères d’acquérir des maisons de courtage en valeurs
mobiliëres et de participer au marché des titres du gouvernement
britannique. Le risque pour le Canada est que la proposition concernant
les centres bancaires internationaux arrive peut-Ctre a un trës mauvaismoment; l’ouverture du marché financier londonien risque en effet d’attirer
des quantités énormes de capitaux, ce qui ne saurait Ctre compensé de façon
valable par le simple fait d’accorder des privileges fiscaux a l’intérieur
de centres bancaires internationaux.
En outre, le rapport Rasminsky-Lawson prédit qu’une faible
partie seulement des operations internationales des banques canadiennes
serait rapatriée. Les banquiers canadiens devraient toujours ëtre presentsdans d’autres pays pour fournir des services personnels a leur clientele.
Ii leur faudrait continuer de comptabiliser un volume considerable
d’operations bancaires internationales a l’étranger, pour des raisons
d’ordre bancaire et fiscal.
Enfin, le rapport établit une distinction nette entre les
centres bancaires internationaux, o~i les operations sont négociées, et les
centres de comptabilisation internationaux, oü les operations bancaires
sont conclues. MCme si la presence d’un centre bancaire international
entra~mnait la comptabilisation au Canada~—d’un volume important d’opérations
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bancaires internationales, le nombre d’emplois n’augmenterait sans doute
pas beaucoup. Les prCts et dépöts importants en eurodevises consistent
principalement en operations de gros, dont 1a comptabilisation et
l’administration sont plutöt routiniëres; le personnel requis serait donc
peu nombreux et ne devrait pas nécessairement posséder de compétences
poussées dans le domaine bancaire. D’aprës l’expérience américaine, rien
n’indique que les mécanismes bancaires internationaux ont vraiment
contribué au développement des affaires ou de l’emploi. Ce n’est que dans
les quelques véritables centres bancaires internationaux oü s’effectuent
réellement les négociations qu’on aurait besoin d’un personnel hautement
special isé.
SOLUTION DE RECHANGEAUX CENTRESBANCAIRES INTERNATIONAUX
Bien que le rapport Rasminsky-Lawson exprime de fortes
reserves au sujet de la creation de centres bancaires internationaux, il
propose une solution de rechange qui permettrait de rapatrier au Canada une
certaine partie de l’activité bancaire internationale, sans discrimination
a l’égard d’aucun centre urbain canadien. Ii s’agirait d’autoriser les
banques a ouvrir au Canada des comptes bancaires internationaux qui
seraient considérés comme des succursales étrangëres pour les fins de
l’impôt sur les bénéfices des sociétés, de maniëre a permettre aux banques
de comptabiliser au Canada un plus grand nombre d’opérations interna-
tionales effectuées avec des non-residents. Les auteurs du rapport
soutiennent que la creation de ces comptes pourrait aussi attirer au Canada
les operations internationales de banques étrangères, puisqu’il serait
alors plus rentable qu’auparavant d’effectuer de telles operations a partir
du Canada.
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MESURESCHOISIES PAR LE GOUVERNEMENT
Les mesures particuliëres que le gouvernement a choisies en
vue de faciliter l’êtablissement de centres bancaires internationaux aMontréal et a Vancouver ont étë exposées dans un avis de motion des voies
et moyens déposé a la Chambre des communes le 28 janvier 1987. Elles sont
plus completes que la proposition du rapport Rasminsky-Lawson, mais elles
imposent beaucoup plus de restrictions que ne l’avaient prévu tant les
partisans que les adversaires du projet.
Aux termes des modifications qu1on propose d’apporter a la
Loi de l’impöt sur le revenu, les bénéfices découlant des operations
admissibles effectuées dans les centres bancaires internationaux désignés
de Montréal et de Vancouver seraient exempts de l’imp~t fédéral. Les
operations admissibles consisteraient a accepter des dépöts de
non-residents et a leur octroyer des prCts. Pour Ctre admissibles al’exemption d’impöt, les préts consentis a l’intérieur des centres
bancaires internationaux devraient Ctre presque entiérement alimentés par
les dép~ts reçus de non-residents. IDe plus, toute succursale d’une
institution financiëre située dans un centre bancaire international devrait
fonctionner séparément de l’institution mere, qui ne pourrait déduire de
ses autres revenus les pertes liées aux operations de telles succursales.
Enfin, pour bénéficier de l’exemption d’impöt, les institutions financiëres
ayant des succursales dans les centres bancaires internationaux devraient
Ctre engagêes dans au moms l’une des fonctions suivantes liées aux préts:
a) sollicitation; b) négociation; c) analyse; d) gestion.
De prime abord, les observateurs ont souligné que les
restrictions imposées aux centres bancaires internationaux proposes
limiteraient considérablement leur attrait et leurs retombées. Dans son
témoignage devant le Comité permanent des finances et des affaires
économiques de la Chambre des communes, M. Robert MacIntosh, président de
1 ‘Association des banquiers canadiens, a soutenu que les mesures proposées
n’auraient guère d’incidences sur la situation fiscale de la plupart des
banques. Ii a en outre estimé qu’au maximum, les centres bancaires
internationaux permettraient de créer seulement 26 emplois.