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B i A Sommaire 2 2 4 4 5 5 6 7 7 Mensuel • 35 e année • n° 380 - Avril 2014 Nouvelles des Églises adventistes Le Cap, Afrique du Sud - Convention internationale : « À l’image de Dieu = Écriture, sexualité et société ». Le Cap, Afrique du Sud - Témoignages d’anciens homosexuels. Le Cap, Afrique du Sud - Soutenir et protéger les droits humains de tous. Sentani, Papouasie, Indonésie - Le pilote missionnaire adventiste Bob Roberts, meurt dans un accident d’avion. Fédération protestante de France Paris, France - Appel «Vivre ensemble», une réponse contre le racisme. Protestantisme international Genève, Suisse - La confirmation, rite de passage ou validation d’un baptême. Liberté religieuse Lugano, Suisse - Colloque sur la liberté religieuse. Paris, France - Droits de l’homme et religions dans l’action extérieure de la France. Bible - Manuscrits Paris, France - Le fragment de papyrus copte prouve-t-il vraiment que Jésus était marié ? Bulletin publié par le Service de presse adventiste (Service de communication adventiste francophone) n BP 100 30, avenue Émile-Zola 77193 Dammarie-lès-Lys Cedex, France. n 11-13, rue Ernest Allard, 1000 Bruxelles, Belgique. n 19, chemin des Pépinières 1020 Renens, Suisse. Rédaction Tél. 01 64 79 87 00 [email protected] Site web : www.adventiste.org Les communiqués peuvent être repro- duits avec mention de la source : BIA Directeur de la Publication Jean-Paul Barquon Rédaction Jean-Paul Barquon Correspondants Emanuel Lopes Jeroen Tuinstra Jéthro Camille Dominik Frikart Corrado Cozzi Secrétaire de rédaction Dina Lambert Bulletin d’Information Adventiste Adventist News Networks©

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Mensuel • 35e année • n° 380 - Avril 2014

Nouvelles des Églises adventistesLe Cap, Afrique du Sud - Convention internationale : « À l’image de Dieu = Écriture, sexualité et société ».

Le Cap, Afrique du Sud - Témoignages d’anciens homosexuels.

Le Cap, Afrique du Sud - Soutenir et protéger les droits humains de tous.

Sentani, Papouasie, Indonésie - Le pilote missionnaire adventiste Bob Roberts, meurt dans un accident d’avion.

Fédération protestante de FranceParis, France - Appel «Vivre ensemble», une réponsecontre le racisme.

Protestantisme internationalGenève, Suisse - La confirmation, rite de passage ou validation d’un baptême.

Liberté religieuseLugano, Suisse - Colloque sur la liberté religieuse.

Paris, France - Droits de l’homme et religions dans l’actionextérieure de la France.

Bible - ManuscritsParis, France - Le fragment de papyrus copte prouve-t-ilvraiment que Jésus était marié ?

Bulletin publié par le Service de presse adventiste(Service de communication adventiste francophone)n BP 100

30, avenue Émile-Zola77193 Dammarie-lès-LysCedex, France.

n 11-13, rue Ernest Allard,1000 Bruxelles, Belgique.

n 19, chemin des Pépinières1020 Renens, Suisse.

RédactionTél. 01 64 79 87 [email protected] web : www.adventiste.orgLes communiqués peuvent être repro-duits avec mention de la source : BIA

Directeur de la PublicationJean-Paul Barquon

RédactionJean-Paul Barquon

CorrespondantsEmanuel LopesJeroen TuinstraJéthro CamilleDominik FrikartCorrado Cozzi

Secrétaire de rédactionDina Lambert

Bulletind’InformationAdventisteAdventist News Networks©

Nouvelles des Églises adventistes

(ANN/BIA) - Dammarie-les-Lys, FranceLe Cap, Afrique du Sud - Convention inter-nationale : « À l’image de Dieu = Écritures,sexualité et société »

La Conférence générale de l’Église adventiste duseptième jour a organisé au Cap, en Afrique du Sud,une rencontre internationale pour 350 leaders adven-tistes à travers le monde. Le Centre de convention in-ternational du Cap a accueilli des délégués dedifférentes Divisions administratives pour aborder cethème : « À l’image de Dieu : Écritures. Sexualité etSociété ».

Le dysfonctionnement familial, les traumatismessexuels et d’autres facteurs contextuels sont souventidentifiés comme les éléments déclencheurs d’uncomportement homosexuel, mais la réalité est peut-être plus nuancée que ce que veulent bien admettrecertaines communautés religieuses, a déclaré cematin un adventiste du septième jour, spécialiste dessciences comportementales, lors de cette Convention.

« Nous avons tendance à voir les choses à traversun filtre noir ou blanc. Les nuances de gris qui existentprovoquent pas mal d’anxiété, » a affirmé Curtis Fox,professeur et président du département de Relationd’aide et de Sciences familiales à l’Université deLoma Linda, dans l’État de Californie.

La présentation de Curtis Fox dans le cadre decette Convention, a proposé une perspective éclairéepar les sciences sociales sur les défis posés par l’ap-proche de l’Église adventiste sur la communauté gayet lesbienne.

« La réalité est complexe, » a affirmé Curtis Fox,en poursuivant : « Des explications simples ne suffi-ront pas, elles seront considérées comme peu utilespar ceux qui sont concernés par cette nature ».

« Ce qu’on appelle la thérapie réparatrice a t’il dé-claré, l’orientation sexuelle de chaque individu est ex-clusivement une question de choix qui peut êtreinversé grâce à l’exercice de la volonté dans un envi-ronnement Chrétien offrant son soutien. »

Bien que certaines personnes disent avoir fait l’ex-périence de la transformation personnelle grâce à unetelle thérapie, d’autres indiquent qu’il n’y a eu aucunchangement dans leur attirance pour des personnesde même sexe, et dans beaucoup de cas, on rapporteun traumatisme psychologique et émotionnel exa-cerbé, a dit Curtis Fox. De tels résultats ont soulevéde « sérieuses préoccupations » et ont poussé degrandes organisations de santé physique et mentaleaux États-Unis, à « dénoncer » la thérapie réparatrice.Curtis Fox a aussi présenté les effets des « préju-

gés sociétaux » à l’encontre des jeunes de la commu-nauté LGBT. Les jeunes gays et lesbiennesmarginalisés sont plus susceptibles, a t-il dit, de fairedes tentatives de suicide, de connaître des hauts ni-veaux de dépression, d’abuser de la drogue et d’êtreplus vulnérables au HIV et aux MST.

Il a poursuivi en dénonçant des mythes très répan-dus au sujet des membres de la communauté gay etlesbienne, entre autres, l’idée selon laquelle la plupartdes pédophiles sont gays, ou encore que les relationsgays sont éphémères, ou que les parents gays élè-vent en général des enfants gays.

« Mon rôle en tant que spécialiste des sciencescomportementales est d’amener les gens à réfléchir,à inspirer le dialogue et avoir un esprit d’investigationdans la recherche de la connaissance, » a préciséCurtis Fox, admettant aussi qu’il amène sont propre« lot d’idées préconçues » autour de la table de dis-cussion.

« Ma vision biblique du monde prend en compte lacréation par Dieu ainsi que la chute. Par conséquent,le hasard, la variation, l’anomalie et la dégénéres-cence font maintenant partie de la réalité humaine, »a t-il dit. « Dieu œuvre avec les humains malgré leursimperfections, et l’Église adventiste n’a pas à s’excu-ser de sa position sur les relations gays et les-biennes. »

Elle devrait plutôt devenir « adroite dans l’interpré-tation et la déclaration des vérités telles qu’elles sontrévélées, et ce, dans un environnement fortement dé-fensif, politiquement chargé et radicalement individua-liste. »

L’approche de l’Église, a dit Curtis Fox, « devraitalors être caractérisée par l’humilité – pas la bigoterie,la haine et la marginalisation. Nous devons adopter,non seulement le message de Jésus, mais aussi lesméthodes que Jésus a utilisées pour exercer son mi-nistère. À l’Église, nous sommes appelés à aimer l’ho-mosexuel comme notre prochain, pas moins quenous n’aimons notre prochain hétérosexuel. »

(ANN/BIA) - Dammarie-les-Lys, FranceLe Cap, Afrique du Sud - Témoignages d’an-ciens homosexuels

L’Église adventiste mondiale a tenu son sommet in-ternational sur la sexualité au Centre de ConventionInternational du Cap, en Afrique du Sud, en présencede 350 leaders adventistes.

Au cours d’un pale organisé à cette accasion, troismembres de l’Église adventiste ont raconté leur his-toire, faisant ainsi connaître leurs parcours pour abo-nadonner leurs activités homosexuelles.Ron Woolsey, un pasteur adventiste et fondateur

du « Ministère du chemin étroit », Virna Santos, pré-sidente du ministère « En contemplant son amour, »et Wayne Blakely, fondateur du « Ministère connaîtreson amour » sont intervenus durant le sommet.

« Nous sommes ici afin d’écouter des témoi-gnages, » a déclaré le modérateur du panel, BillKnott, rédacteur en chef du magazine Adventist Re-view. « Nous sommes ici pour écouter des croyantsnous raconter la manière dont Dieu les a libérés. »Bill Knott a invité les membres du panel à partager

leurs expériences à différents moments de leur vie.Ron Woolsey a dit qu’il a grandi dans un « bon foyer

adventiste, » mais il a été l’objet d’agressions sexuellesde la part d’un ami de la famille. Depuis ce moment, il

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s’est retrouvé à prêter de plus en plus attention aux re-lations entre personnes du même sexe. Alors qu’il étaitdans un établissement d’éducation adventiste, il a com-mencé à nouer des relations et s’est finalement marié,pensant que le mariage était la solution à son problèmed’identité et de relations. Quand sa jeune épouse a dé-couvert les relations qu’il entretenait avec des hommes,alors son mariage n’a pas résisté.

Après plus de 15 ans dans de nombreuses rela-tions gays, Ron Woolsey est revenu à la foi de sonenfance et à une relation avec Christ grâce à l’étudede la Bible et des livres d’édification d’Ellen White.« J’ai commencé à lire Vers Jésus avec une cigaretteà la main et un verre de martini à côté de moi, » a t-ildit ironiquement. « Arrivé au chapitre 5, j’avais éteintla cigarette. »Ron Woolsey a été rebaptisé, et a commencé peu

après à raconter l’histoire de sa guérison à desgroupes dans les églises à travers les États-Unis.Marié depuis 21 ans, il est le père de cinq enfants, etaujourd’hui, il est un pasteur consacré dans la Fédé-ration adventiste de l’Arkansas et de la Louisiane.

Pour Wayne Blakely, le rejet de sa mère très tôtpendant son enfance – elle avait souhaité avoir unefille – l’a rapidement poussé à rechercher des rela-tions avec des hommes. Placé plusieurs fois pouradoption, il a été élevé successivement par plusieursmembres de sa famille qui après avoir remarqué soncomportement particulier, l’ont envoyé consulter despsychologues et des pasteurs.

Invité à l’âge de 18 ans, par un ami d’école, à re-joindre une communauté gay, Wayne Blakely avouequ’il a été accepté là comme il ne l’avait jamais étéauparavant. « C’est à ce moment que j’ai abandonnéDieu, » a t-il déclaré.

S’ensuivirent plus de 30 ans de relations avec denombreux partenaires sexuels et aussi d’usage dedrogue ; pendant cette période Wayne Blakely a vu40 amis gays mourir pendant les premières annéesde l’épidémie du HIV/SIDA.

Selon W. Blakely, une série de moments providen-tiels lui ont permis de retrouver la foi, ainsi que lesprières d’amis qui ne l’avaient pas abandonné. Pen-dant sa jeunesse, Wayne Blakely avoue avoir faitcette prière, « Dieu, redresse moi. » Avec le recul, ilréalise que l’objectif n’était pas un changementd’orientation mais d’arriver à connaître Jésus-Christcomme son Sauveur, c’était bien cela son objectif.Virna Santos elle, croit que son parcours vers l’ex-

périence lesbienne est fortement liée à une situationfamiliale douloureuse et dysfonctionnelle. Victimed’agressions sexuelles durant son enfance, « per-sonne ne m’a dit que [l’agression] n’était pas de mafaute, » confie t-elle.

La famille de Virna Santos a rejoint l’Église adven-tiste alors qu’elle était adolescente, mais elle luttaitcontre l’attirance pour des personnes de même sexependant toutes ses années au collège et a entretenuune relation lesbienne secrète. Elle est allée vivre àSan Francisco et est devenue une fervente militantedes droits des homosexuels, et elle est dit-on, la pre-

mière personne à avoir adopté sous la loi AB25 dansl’État de Californie, loi qui permet aux couples de per-sonnes du même sexe, d’adopter les enfants de sonpartenaire. La terrible désillusion pour la communautédes gays et lesbiennes qui a suivi le passage de laProposition 8 en Californie, et qui ne permettait plusd’avoir de mariages homosexuels, s’est avérée êtreune véritable crise pour Virna Santos.

Un intérêt ravivé pour l’adventisme a débouché surune série d’expériences spirituelles personnelles etprofondes qui ont mis en lumière, pour Virna Santosl’importance de l’enseignement de l’Église sur la si-gnification et la pertinence du sanctuaire céleste.Comprenant pour la première fois que Jésus était sonavocat, elle a commencé à réévaluer la vie qu’ellemenait.

Un service de Communion organisé un samedimatin, a été pour Virna Santos un moment charnière.Elle se souvient de son émerveillement en voyantl’épouse du pasteur lavant les pieds d’une lesbienneorgueilleuse.

Le modérateur du panel, Bill Knott a demandé siles récits relatés par les membres du panel devraientêtre exceptionnels ou courant. Au cours de ces ré-centes semaines, un certain nombre de voix qui sesont élevées pour remettre en question l’authenticitéde ce programme parce que les organisateurs au-raient choisi d’entendre principalement ceux qui nesont plus des pratiquants de l’homosexualité. Voici laréponse à ces commentaires ?Ron Woolsey a répondu : « nous avons vécu cela.

Nous avons été à leur place. Nous avons donné cesmêmes arguments pendant toute notre vie. Nous ensommes sortis. Nous avons appris à mettre Dieud’abord, pas nous mêmes. »Virna Santos a déclaré qu’elle a partagé le récit de

sa conversion avec ses amies lesbiennes, en disant,« J’ai fait une expérience avec Jésus-Christ et je nesuis plus lesbienne. Mais je ne suis pas meilleure quevous. » Elle se rappelle que la partenaire d’une amielui a dit : « Je suis contente pour toi. Ça se voit sur tonvisage. Tu as trouvé l’amour de ta vie. »Virna Santos a rappelé aux délégués, « Nous ne

sommes pas meilleurs qu’eux. » Elle dit être l’amie deplusieurs de ceux qui ont écrit pour exprimer leurspréoccupations sur cette rencontre au Cap « Ce quiintéresse Dieu, c’est d’avoir une relation. Il m’a cher-ché… J’ai la foi que même mes amis viendront bientôtfrapper à notre porte. »

Des questions écrites venant des délégués ont per-mis de conclure la session de 90 minutes ; ces ques-tions cherchaient à déterminer si les membres dupanel se considèrent toujours comme gays ou les-biennes ; ou encore comment l’Église devrait traiterles personnes qui sont attirées par des personnes dumême sexe et qui pratiquent l’homosexualité ; et aussila nature des ministères dans lesquels ils serventmaintenant. Souvent interrompus par les applaudis-sements de l’auditoire, les trois participants ont conti-nué de décrire la puissance transformatrice de Christcomme étant la raison de leurs nouvelles vies.

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« Nous avons vu et entendu le courage ici ce soir, »a conclu Bill Knott. Sous les applaudissements conti-nus de l’assistance, il a ajouté, « exprimons notre ap-préciation à ceux qui ont partagé leurs témoignagesde rédemption avec nous. »

(ANN/BIA) - Dammarie-les-Lys, FranceLe Cap, Afrique du Sud - Soutenir et proté-ger les droits humains de tous

Lors de la conclusion de la Convention adven-tiste sur la sexualité, l’un des vice-présidents del’Église adventiste a adressé un appel aux 350participants pour que les membres d’Égliseconsidérent les personnes attirées par quelqu’undu même sexe soient considérés comme des« frères et des sœurs » ayant aussi besoin de lagrâce salvatrice de Dieu, tout en respectant la po-sition de la dénomination en ce qui concerne laconduite sexuelle en dehors des mariages hété-rosexuels.Ella Simmons vice-présidente de l’Église ad-

ventiste mondiale, a profité de son intervention fi-nale pour lancer un appel afin que notre point devue et la façon d’appliquer les croyances del’Église sur la sexualité humaine, soient cohérents.

« Aussi longtemps que nous protégeons, ca-mouflons, voire même, tolérons l’adultère, la mal-honnêteté et autres péchés interdits par Dieudans l’Église... nous ne parviendrons en aucunefaçon à atteindre les membres d’Église par nosparoles de vérité, visant à transformer leursvies, » a-t-elle déclaré aux 350 délégués réunisle 20 mars dernier.

Durant 4 jours, les hauts dirigeants de l’Égliseet les représentants régionaux ont discuté de lafaçon dont l’Église devrait réagir face aux com-portements homosexuels au sein d’un mondedont la tendance culturelle est de soutenir de plusen plus les relations gays et lesbiennes. LaConvention intitulée « À l’Image de Dieu : LesÉcritures, la Sexualité, la Société » a souligné lamanière dont les questions liées à l’homosexua-lité avaient un impact sur les pratiques d’em-bauches de l’Église et ses actions d’ordresanitaire et les activités éducatives.

Les délégués ont également pu considérer leseffets psychologiques à travers la présentation dePeter Swanson, psychologue et professeur ad-joint du département « Pastoral Care » à l’Univer-sité d’Andrews.P. Swanson a entamé son intervention par la lec-

ture des déclarations de l’Église adventiste sur lesrelations entre personnes du même sexe, mettantl’emphase sur sa position contre l’intolérance, lescrimes haineux et la discrimination.

« Je soutiens, de toutes mes forces, la positionde mon Église qui est de soutenir et de protéger lesdroits humains, » a t-il déclaré. « Les gays et les les-biennes ont besoin de votre sympathie, de votre pa-tience, de votre amour. Adressez-leur des parolesd’encouragement. »

P. Swanson a aussi déclaré aux déléguésqu’une baisse du nombre de relations entre per-sonnes du même sexe par le biais de la thérapiedu changement était « rare » et que certains ho-mosexuels chrétiens avaient même déclaré quecela leur avait fait du tort.Miroslav Kis, professeur d’éthique au sémi-

naire adventiste de théologie de l’Université d’An-drews a lancé un défi aux délégués, lesenjoignant à réfléchir calmement sur les ensei-gnements bibliques concernant l’homosexualitétout en faisant preuve de compassion enversceux qui n’adhéraient pas à ces normes.

Un moment de réflexion dirigée par LisaBeardsley-Hardy, directrice du département del’Éducation de l’Église adventiste mondiale, a faitsuite à la présentation de M. Kis. Elle a fait un ré-sumé de ce sommet en posant des questions àl’auditoire.Beardsley-Hardy, éducatrice et psychologue,

a déclaré que les participants apprendraient et serappelleraient mieux de ce sommet s’ils mémori-saient en leurs propres mots tout ce qu’ils avaiententendu. Elle a demandé aux délégués de rédi-ger des essais d’une minute sur un certainnombre de sujets abordés lors de cette Conven-tion, dont le point de vue biblique sur la sexualité,sur l’aspect légal lié aux nominations et à la com-munication ainsi qu’aux conditions requises pourêtre membres d’Église.

(ANN/BIA) - Dammarie-les-Lys, FranceSentani, Papouasie, Indonésie – Le pilotemissionnaire adventiste Bob Roberts,meurt dans un accident d’avion.

Un avion missionnaire de l’Aviation adventiste d’In-donésie (AAI) aux commandes duquel se trouvait lepilote vétéran Bob Roberts s’est écrasé au décollageau siège de l’AAI en Papouasie, causant la mort deBob Roberts et de plusieurs passagers qui se trou-vaient à bord.

Les témoins disent que l’avion, un Quest Kodiak,semblait avoir des difficultés à décoller juste avant qu’ilne s’écrase sur un pont au bout de la piste. La causeofficielle du crash devait encore être déterminée parles enquêteurs.

Le travail de Bob Roberts consistait, entre autres,à livrer de la nourriture, des médicaments et des pro-visions urgentes, mais aussi à transporter des per-sonnes malades et dans le besoin depuis plusieursvillages isolés dans les montagnes de Papouasie. Ilétait bien connu dans les îles et avait effectué plus demille vols humanitaires.Bob Roberts et son épouse Jan, originaires des

États-Unis, servaient AAI depuis plus de 20 ans enPapouasie. Le couple avait auparavant servi en tantque missionnaires en Afrique, plus précisément enÉthiopie, en Tanzanie, au Zaïre (aujourd’hui le Congo)de 1976 à 1992. Ils ont trois enfants.« Il est mort en faisant ce qu’il aimait le plus, » a dit Jan.

Le coordonnateur de Mission et Évangélisation Ad-

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ventiste en Papouasie, Darron Boyd, se souvient deBob Roberts comme de quelqu’un qui apportait del’espoir dans son petit avion pour ceux qui se trou-vaient dans des régions isolées. En dépit des condi-tions souvent extrêmes qui constituaient un véritabledéfi dans l’exercice de ses fonctions, Bob Robertsaimait sa mission. « S’ils sont vraiment très ma-lades…, nous les transportons gratuitement, » disait-il dans un reportage vidéo l’année dernière. « C’est legenre de chose qui vous rend heureux d’être un pilotemissionnaire. Aider des gens qui autrement n’auraientaucun espoir. C’est pourquoi nous sommes ici. »Jonathan Kuntaraf, directeur du département des

Ministères Personnels de l’Église adventiste mondialea exprimé sa tristesse en apprenant le décès de BobRoberts qui servait dans son pays d’origine. « Sonépouse et lui sont des personnes très dévouées. En-semble nous avons travaillé pour récolter des fondspour l’éducation des enfants défavorisés en Papoua-sie. S’il vous plait, priez pour la famille durant ce mo-ment difficile et éprouvant. »

L’État Indonésien de Papouasie compte deux mil-lions d’habitants et 20 groupes linguistiques. C’estaussi là que se trouve l’Union de Fédérations adven-tiste de l’Est de l’Indonésie qui compte 763 églises etplus de 101 000 membres d’Église.

Fédération protestante de France

(FPF/BIA) - Dammarie-les-Lys, FranceParis, France – Appel « Vivre ensemble »,une réponse contre le racisme

À l’initiative du CRIF (Conseil représentatif des Ins-titutions juives de France) intitulée « vivons en-semble », publiée dans le Figaro, Libération, LeParisien et Réforme contre les propos haineux et pourune union autour des valeurs de la République, unappel « Vivons ensemble » est lancé et il est signé pardes personnalités religieuses, politiques et syndicales.

L'appel du « Vivre ensemble » est une réponse àla fois contre le climat malsain, l'insécurité, le racisme,l'antisémitisme, l'homophobie et la xénophobie quis'installent en France, quelques mois après la mani-festation « Jour de colère » et quelques jours aprèsla parution du très préoccupant rapport de la CNCDH(Commission Nationale Consultative des droits del’homme) sur le racisme en France.Le texte de l’appel :

« Un climat malsain s’installe chaque jour dansnotre pays. Dans la rue, à l’école, sur internet, lahaine se répand. L’indifférence nous guette.L’unité de notre pays est menacée. Face à cesdangers, il est urgent de réagir et de se ressaisir.

Nous appelons au bon sens, à l’intelligence etaux valeurs morales de tous les citoyens.

Nous souhaitons vivre dans une société apai-sée, où les différences de religion, de couleur,d’origine sont admises, comprises et respectéesplutôt que dans une société de violence. Unis-sons-nous aux valeurs de notre République ».

Cet appel auquel François Clavairoly, présidentde la Fédération protestante de France, a souhaités’associer en étant l’un des signataires, vient renfor-cer la demande de prise de parole publique fortecontre la haine, souhaitée par les délégués à l’assem-blée générale de la Fédération protestante de France(1er et 2 février 2014) au travers d’une des recomman-dations votées : « Au moment où se répandent despropos intolérables de racisme, de mépris et de haine,l’Assemblée générale de la Fédération protestante deFrance, recommande à son Conseil de porter publi-quement une parole forte, claire et courageuse, pours’opposer à ces dérives et proposer, à l’occasion deséchéances électorales, européennes en particulier, unmessage d’ouverture, d’accueil et de fraternité ». (Recommandation 1, Assemblée générale de la FPF– 1er et 2 février 2014)

Protestantisme international

(Protestinter/BIA) - Dammarie-les-Lys, FranceGenève, Suisse – La confirmation, rite depassage ou validation d’un baptême

Près de 1000 Vaudois âgés de 15 à 16 ans participe-ront, le dimanche des Rameaux, à un culte marquant lafin de quatre années de catéchisme. Confirmation, bé-nédiction ? Le sens de cette fête n’est pas toujours trèsclair, d’autant plus qu’il a changé ces dernières années,et qu’il n’est pas le même d’une Église à l’autre. « Cesera la troisième édition de la formule actuelle », noteJean-Michel Sordet, membre du Conseil synodal, l’or-gane exécutif de l’Église évangélique réformée vaudoise(EERV).

Dans une première partie de la célébration, les caté-chumènes recevront une bénédiction. « On leur ditjoyeusement tout le bien qu’on leur souhaite pour leurvie d’adultes », résume-t-il. « On propose ensuite à ceuxqui le souhaitent de s’exprimer puis de vivre un baptêmeou une confirmation. » Le sens de cette dernière ? « Du-rant la confirmation les jeunes qui ont été baptisés en-fants reprennent à leur compte l’engagement de leursparents. »

Dans la précédente liturgie de l’EERV, en vigueur de-puis le milieu des années 1990 jusqu’en 2011, « Le cultedes Rameaux était centré sur la bénédiction des caté-chumènes, puis ceux qui souhaitaient confirmer ou de-mander le baptême pouvaient le faire à l’occasion duculte de l’Alliance, le dimanche précédant le lundi de laPentecôte ». Désormais, pour les jeunes finissant le ca-téchisme tout se fait lors du même culte, mais des per-sonnes un peu plus âgées ont toujours la possibilité dese faire baptiser ou de renouer symboliquement avec lafoi lors du culte de l’Alliance. C’est du moins, ce que pré-conise le Synode, l’organe délibérant de l’EERV. Il estprobable que certaines paroisses pratiquent de ma-nières légèrement différentes.Entrée dans la vie de paroisse

Pas de bénédiction systématique des jeunes en fin decatéchisme du côté de l’Église protestante de Genève(EPG). « On ne pourrait pas imposer une bénédiction à

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un jeune qui exprime son refus d’entrer dans l’Église »,note Patrick Baud, modérateur de la Compagnie despasteurs et des diacres. Par contre, l’EPG pratique laconfirmation : « on propose à l’adolescent de prendre àsa charge un engagement pris par ses parents », « Il de-vient alors membre de l’EPG à part entière. Il est désor-mais responsable de sa vie de foi et il obtient le droit devote aux élections du conseil de paroisse. »

Contrairement à la pratique vaudoise, cette cérémo-nie ne se passe pas systématiquement lors du culte desrameaux. « Chaque paroisse est libre. Elles organisentsouvent un culte de fin de catéchisme en mai ou juin ».Le catéchumène genevois termine ses deux ans de ca-téchisme à l’âge de 17 ou 18 ans environ.Pas de confirmation à Neuchâtel

À Neuchâtel, le mot « confirmation » a disparu du rè-glement de l’Église réformée évangélique de Neuchâtel(EREN) depuis six ou sept ans, explique un pasteur.L’EREN propose, par contre, une bénédiction avec im-position des mains aux jeunes terminant, à 15 ou 16ans, leurs deux ans de catéchisme. « On ne remet pasen question la validité d’un acte qui avait été réalisé aunom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. » Une dispari-tion bienvenue : « Pour certains jeunes, la question dela confirmation représentait une pression importante. »Rite de passage à l’âge adulte

Le même état d’esprit prévaut du côté des Églises dela communauté Synodale Berne, Jura, Soleure. « On nepeut plus vraiment parler de confirmation », explique PiaMoser, responsable de la catéchèse. « C’est plutôt unrite de passage marquant le passage à l’âge adulte. Unnouveau départ. » En 2013, 5 767 jeunes ont reçu cettebénédiction durant les sept dimanches qui entourent laPentecôte. Elle marque la fin d’un catéchisme qui les asuivis quasiment toute leur vie scolaire. « La confirma-tion n’est pas forcément faite par un pasteur. Si la der-nière année de catéchisme a été animée par uncatéchète professionnel, c’est cette personne qui prési-dera la cérémonie. » L’enjeu pour la pasteure est toute-fois que les jeunes restent actifs dans l’Église après laconfirmation. « Nous multiplions les offres pour lesjeunes adultes. » Jean-Michel Sordet complète en-core : « Pour certaines Églises alémaniques, la confir-mation sert à ritualiser le fait que Dieu accueille lesjeunes dans l’Église. »

Pas de confirmation, par contre du côté de l’Égliseévangélique libre de Genève qui, comme de nom-breuses Églises évangéliques, ne pratique pas le bap-tême des enfants.Un compromis avec les baptistes

La confirmation a été inventée, il y a 475 ans, dansla petite ville de Hesse, rappelle l’agence de presse pro-testante allemande EPD. À la suite d’une violente dis-pute entre divers mouvements issus de la Réforme ausujet du baptême, un mouvement, dit baptiste, considé-rait qu’une personne devait pouvoir confesser sa foiavant d’être baptisée. De ce fait, ils rejetaient vivementle baptême des enfants. Forts de cette conviction, lesbaptistes se sont opposés aux autorités. Le landgravePhilippe de Hesse, pour éviter que le conflit ne s’enve-

nime, a alors fait appel au réformateur alsacien MartinBucer. C’est lui qui parvint au compromis suivant : lebaptême des enfants a été maintenu. Puis adolescents,ils étaient envoyés au catéchisme à l’issue duquel dansun acte symbolique devant la communauté, ils avaientla possibilité de reconnaître leur baptême. Aujourd’huiencore, le plan de la formation prévue par le Strasbour-geois pour ces années de catéchisme est conservé àHesse.

Liberté religieuse(GVassalo/BIA) - Dammarie-les-Lys, FranceLugano, Suisse – Colloque sur la liberté religieuse Le 27 et 28 mars une convention sur la Liberté reli-gieuse avait lieu à Lugano en Suisse sur le thème :« La liberté religieuse dans l’âge post – séculaire ».Cette convention a été organisée en collaborationavec l'Église adventiste du septième jour et l'InstitutDiReCom de la Faculté de Théologie de Lugano. La Faculté de Théologie de Lugano a accueilli les tra-vaux, dirigés par le professeur Vincenzo Pacillo, pro-fesseur associé de Droit ecclésiastique à l’Universitéde Modena, Italie, et par le pasteur Giampiero Vas-sallo, directeur du Département des Affaires publiqueset de la Liberté religieuse à la Fédération adventistede la Suisse Romande et du Tessin (FSRT).La convention a montré comment le contexte social ac-tuel est caractérisé par la présence d'une pluralité d'op-tions éthiques garanties par le cadre juridique et politiquede pluralisme institutionnel, religieux et culturel.Adriano Fabris, professeur de philosophie morale àl'Université de Pise, et Adriano Roccucci, professeurd'histoire contemporaine à l'Université de Roma Tre,ont montré que le pluralisme est un principe juridiqueet politique, qui implique la considération et le respectpour les différentes opinions et religions présentesdans la société. Toutefois, dans des cas limités,comme l’ont montré Luigi Foffani, professeur de droitpénal à l'Université de Modena, et Anna Gianfreda,chercheur à l'Université catholique de Piacenza, lespouvoirs publics ne peuvent supprimer seulement cer-taines opinions fondées sur la haine et sur la discrimi-nation de la religion.Claudius Luterbacher, chancelier du Diocèse deSaint Gallen, a montré comment la liberté de religionimplique dans un premier état, le droit d’exercer leculte sans être dérangé, le droit de consulter sespropres divinités, d'honorer et de vénérer les per-sonnes et les symboles qui, dans sa propre religion,représentent des caractères d’inviolabilité. Mais aussid'exprimer (par les prières, les rituels et toutes autresactions) son dévouement à des entités qui ont une va-leur sacrée particulière. Dans un deuxième sens - laplus problématique - le profil extérieur de la liberté re-ligieuse est souvent considéré en lien avec la de-mande de conformer toute sa vie aux préceptes de lareligion à laquelle on appartient.Antonio Fuccillo, professeur de droit ecclésiastique

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à la seconde Université de Naples, Italie, a mis l'ac-cent sur le fait que la pleine garantie de la liberté reli-gieuse est directement proportionnelle au taux dedéveloppement durable au sein d'une société. La dis-crimination fondée sur la sphère idéologique–confes-sionnelle est contraire à la dignité humaine, unconcept sur lequel (selon Ganoune Diop, directeuradjoint au département des Affaires publique et de laLiberté Religieuse de la Conférence Générale des ad-ventistes) est enracinée la Liberté religieuse et définiel’essence des droits de l'homme.De nombreuses questions restent ouvertes : un défipour tous les chercheurs, que même les intellectuelsdu Canton de Tessin sont appelés à cueillir, en s'en-gageant, (comme l'a rappelé Libero Gerosa, directeurdu Master DiReCom à la Faculté de Théologie de Lu-gano) à conjuguer vérité et responsabilité dans la re-cherche scientifique.

(Ministère des affaires étrangères/AIDLR-France/BIA)Dammarie-les-Lys, FranceParis, France - Droits de l’homme et reli-gions dans l’action extérieure de la France

Le Centre d’analyse, de prévision et de stratégie etle conseiller pour les affaires religieuses (Ministère desAffaires étrangères et du Développement international)et le Groupe Sociétés, Religions, laïcités (École pra-tique des Hautes Études / CNRS), organisent une jour-née d’étude « Droits de l’homme et religions dansl’action extérieure de la France ». Cette journée se tien-dra mercredi 21 mai 2014 au Centre des conférencesministériel situé 27, rue de la Convention – Paris XVème.

Le problème de la relation avec les grandes religionsainsi que l’impératif de sauvegarde de la liberté de re-ligion ou de conviction est l’un des grands défis auqueldoit répondre la promotion mondiale des droits del’homme. La France n’y échappe pas et sa tradition po-litique ancienne en la matière en fait un acteur incon-tournable.

Il existe cependant des divergences entre les Étatssur les contours qu’il convient de donner à la liberté re-ligieuse dans la défense des droits de l’homme. Parailleurs, les demandes, parfois insistantes, de certainsmouvements ou États pour une meilleure protectiondes religions constituent un nouveau défi aux défen-seurs institutionnels des droits de l’homme, notammentau sein du Conseil des droits de l’homme.

La journée d’étude, en associant et en confrontantles analyses de chercheurs académiques et de diplo-mates spécialisés, se propose de préciser l’histoire etla définition de la « doctrine française » en matière depromotion des droits de l’homme et de défense de laliberté de religion ou de conviction.

Le témoignage des acteurs religieux spécialisésdans la défense des droits de l’homme et de la libertéreligieuse peut enfin permettre de dresser un état deslieux de l’engagement de la France, à la fois d’un pointde vue étatique et associatif sur cet aspect de plus enplus prégnant dans la politique internationale.

Bible - manuscrits

(La VIE/BIA) - Dammarie-les-Lys, FranceParis, France – Le fragment de papyruscopte prouve-t-il vraiment que Jésus étaitmarié ?

Présenté à grand bruit en novembre 2012, le frag-ment de manuscrit copte qui révèlerait que Jésus étaitmarié vient d'être authentifié comme « presque certai-nement le produit des chrétiens anciens et non un fauxd'aujourd'hui ». Néanmoins, des questions demeurentsur son origine et sa portée réelle. Info ou intox ?

C'est un fragment de papyrus, de quatre centimètressur huit. Présenté à Rome en 2012 dans le cadre duCongrès international des études coptes, ce documentà la provenance incertaine (il aurait été découvert enSyrie ou en Égypte) était alors présenté comme datantdu IVe siècle, et étant probablement la transcription encopte d'un manuscrit encore inconnu du IIe siècle.

On y lit des mots écrits en copte, et plus précisémenten dialecte sahidique, qui a été la langue liturgique descoptes jusqu'au IXe siècle. Les fragments de phrasessont les suivants : « Jésus leur dit : Ma femme » (cou-pure) puis « Ma mère m'a donné la vie », et enfin« Marie est digne d'elle ».

Si ce fragment a pu être présenté au grand jour,c'est parce qu'un collectionneur privé – préférant resteranonyme – l'a montré à Karen King, professeur à laHarvard Divinity School, une faculté à la pointe de lathéologie protestante libérale. Cette scientifique faitpartie du mouvement américain appelé « théologie fé-ministe », radicalement libéral, et dont l'un des champsde recherche s'intitule « Femmes, sexe et genre dansle christianisme antique ».

Déjà en 2012, cette découverte avait enflammé leweb et les médias. On voyait dans ce fragment lapreuve que Jésus aurait bien été marié. Les termes,en effet, ne laissent aucun doute : les mots « mafemme » ne sont pas autrement traduisibles. Jésusparle bien de son épouse.

Interrogations sur l'origine du fragmentÀ l'époque, l'authenticité du document (que Karen

King qualifiait simplement de probable) était mise endoute par plusieurs spécialistes. Ainsi, le canadienSerge Cazelais, un des plus grands spécialistes fran-cophones des apocryphes coptes, écrivait ceci sur sonblog : « L’analyse de l’encre au c14 n’est pas envisa-geable (à cause de la dimension du document – c’esttrop petit). Quelques collègues (notamment un desbons paléographes que je connais, un vrai spécialistedes manuscrits coptes, Alin Suciu) ont déjà émis detrès grosses réserves quant à l’authenticité de cet ar-téfact. Ma première réaction lorsque j’ai vu la photo dupapyrus est que ça semble bizarre et grossier commeécriture. »

Et il citait également le professeur Louis Pain-chaud, spécialiste des manuscrits coptes de NagHammadi, qui était présent à la communication scien-tifique de Karen King à Rome : « La forme du frag-ment, ses contours, ne correspond pas à ce que l’onvoit habituellement, le découpage est trop net ; lecontenu semble rédigé exprès pour satisfaire les pré-

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occupations d’un lectorat actuel. Mais la machine mé-diatique est partie, et je parie qu’elle va s’emballer. Jepuis en tout cas vous dire qu’ici, ce que j’entendscomme commentaire autour de moi se résume pour lemoment à ceci : It’s a fake ! (C’est un faux !) ».

Enfin, Serge Cazlais citait encore un autre spécia-liste, Brian Jones : « Les lettres deviennent plus fon-cées à deux endroits bien précis. L’encre semble avoirbavé et le texte avoir été retouché en plein (quel ha-sard) là où les mots mon épouse (taHime en copte) etma (naei en copte) disciple ».Presque certainement pas un faux

Un an et demi plus tard, les résultats des différentesétudes menées sur le document lui-même, l'encre uti-lisée ainsi que l'écriture et la structure grammaticaleont été publiés dans The Harvard Theological Review :l'origine du document se situerait donc entre le VIe etle IXe siècle, ce qui en ferait donc « presque certaine-ment le produit des chrétiens anciens et non un fauxd'aujourd'hui (...) Les experts ont conclu que la com-position chimique du papyrus et son oxydation corres-pondent à des vieux papyrus, comme celui del'évangile de saint Jean. »

Des conclusions qui ne dissipent néanmoins pastous les doutes. Ainsi, selon l'égyptologue Leo De-puydt, ces analyses ne permettraient pas d'établiravec certitude l'authenticité du fragment. Il serait eneffet facile de se procurer des feuilles de papyrus an-cien sur le marché, de même qu'il serait tout à fait pos-sible de reconstituer, avec de la suie de bougie et del'huile, une encre à la composition similaire à celle uti-lisée à l'époque.

L'égyptologue pointe, par ailleurs, des « erreursgrammaticales grossières » dans le texte et les simili-tudes dans l'écriture avec l'évangile (apocryphe) deThomas, découvert en 1945, ce qui ne pourrait, tou-jours selon lui, « pas être une coïncidence ».Le mariage de Jésus : une thèse gnostique

Car si la mention « ma femme », attribuée à Jésussur le papyrus, est une nouveauté, les deux autresfragments de phrase donnent une indication précieusesur le ou les auteurs du texte : on retrouve en effet de

semblables occurences dans deux évangiles apo-cryphes, celui de Marie (Madeleine) et celui de Tho-mas, bien connus des chercheurs, et qui proviennentdes mouvements gnostiques chrétiens.

Ces mouvements gnostiques, qui ont connu ungrand succès aux IIe et IIIe siècle, sont les seuls à évo-quer un Jésus marié. S'il était marié, ce n'était pasparce qu'il était un être humain avec des pulsions etdes désirs humains. Au contraire, pour les gnostiques,Jésus était un être totalement spirituel. Son mariageavec Marie-Madeleine était, pour ce courant, exclusi-vement mystique et symbolique. Les doctrines gnos-tiques étaient si complexes et farfelues que lesnombreux évangiles que l'on doit à ce mouvement ontété écartés du canon biblique sans hésitation.

L'authentification de l'ancienneté du fragment pour-rait-elle néanmoins relancer le débat sur un hypothé-tique « mariage » de Jésus ? Rien n'est moins sûr. Ellen'apporterait en fait rien de nouveau à ce que la com-munauté scientifique sait depuis belle lurette : quel'Église primitive était traversée par un fort courantgnostique qui insistait sur le mariage de Jésus pour ac-créditer sa cosmogonie très compliquée.

Les évangiles canoniques présentent, au contraire,Jésus comme célibataire. Et c'est peut-être justementce qui les accrédite. Dans le monde juif comme dansle monde païen, le fait de rester célibataire et viergen'était pas du tout un signe de sainteté. Les rabbis fai-sant autorité appuyaient cette autorité sur le fait d'êtremariés et parents, d'avoir en quelque sorte réalisé plei-nement le plan de Dieu pour l'homme pour pouvoir êtreréellement sages.

Aujourd'hui encore dans le judaïsme, il faut être âgéd'au moins 40 ans et être marié pour avoir le droitd'étudier la Kabbale. Si Jésus avait été marié, il est pro-bable que ses disciples auraient mis cet aspect en va-leur comme une preuve de son autorité. D'autant quedans les autres évangiles apocryphes, ceux qui ne sontpas issus de la tradition gnostique mais posent d'autresproblèmes de crédibilité, le célibat de Jésus n'est ab-solument pas remis en cause. Preuve que le « ma-riage » de Jésus répondait à des besoins théologiquesprécis, à des années-lumières du Jésus des chrétiens.