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N° 144 MAI / JUIN 2011 ISNN 0998 - 2787 BIMESTRIEL - 2,30 Sommaire 2. Infos en vrac 3. Fukushima : le crépuscule du nucléaire 4. Brèves Sociales 5. Projet de ferme solaire à Gabat : position du CADE 6. Un mort de plus sur le port de Bayonne 7. Le TGV a 30 ans ! 8. LBC à Tarnos : toujours pas d’amélioration 9. Notre alimentation empoisonnée ! 10. Solidarité avec les sans papiers ? Plus que jamais ! 11. Flânerie contre la Grande Vitesse 12. Cultures : «L’étrangère», un film de Feo Aladag LBCles mauvaises odeurs sont toujours là ! «A u terme de travaux d’un coût de 400 000 euros, 90 % des pollutions atmosphériques avec dégagement de mauvaises odeurs devraient disparaître » avait annoncé en octobre der- nier Philippe Ivandekics, res- ponsable de LBC par voix de presse. Malgré cela, l’air est de plus en plus souvent irrespira- ble sur les communes de Boucau, Tarnos, Anglet et Bayonne. avec les alternatifs, les écologistes, les autogestionnaires… Arc en Ciel Arc en Ciel

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N°144MAI / JUIN 2011

ISNN 0998 - 2787

BIMESTRIEL - 2,30€

Som

mair

e2. Infos en vrac

3. Fukushima : le crépuscule du nucléaire

4. Brèves Sociales

5. Projet de ferme solaire à Gabat : position du CADE

6. Un mort de plus sur le port de Bayonne

7. Le TGV a 30 ans !

8. LBC à Tarnos : toujours pas d’amélioration

9. Notre alimentation empoisonnée !

10. Solidarité avec les sans papiers ? Plus que jamais !

11. Flânerie contre la Grande Vitesse

12. Cultures : «L’étrangère», un film de Feo Aladag

LBC… les mauvaises odeurs

sont toujours là !« Au terme de travaux d’un

coût de 400 000 euros, 90% des pollutions atmosphériques avec

dégagement de mauvaisesodeurs devraient disparaître »avait annoncé en octobre der-nier Philippe Ivandekics, res-ponsable de LBC par voix de

presse. Malgré cela, l’air est deplus en plus souvent irrespira-

ble sur les communes deBoucau, Tarnos, Anglet

et Bayonne.

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Super-Port de Pasaia :communiqué de presse

Le Ministre de l’environnement, duMilieu rural et Marin madrilène n’estpas favorable au projet de port exté-rieur à Pasaia en Gipuzkoa.Selon le quotidien El Pais, le minis-tère de l’Environnement auraitrédigé un rapport très critique en cequi concerne les impacts que cau-serait ce projet de méga-infrastruc-ture. Il entraînerait des dommagesenvironnementaux irréversibles surles sites d’importance communau-taire (sic) c’est-à-dire sur des éco-systèmes protégés, sur la ZoneaEspecial de Conservación (ZEC)formée par le Jaizkibel, LIC, et Ulia,sur le mont Jaizkibel, zone Natura2000, sur les géoformes, sur la bio-diversité marine tant la flore que lafaune, sur les sédiments des fondsmarins ainsi que sur la dynamiquemarine. Pour finir, il met en avant leRèglement de la Loi sur les zonescôtières.Ce document stigmatise le fait quele Plan Director de Pasaia (PDP)n’ait, à aucun moment, tenu comptede la viabilité environnementale,social et technique de ce super portextérieur. Il rappelle que le lieuchoisi pour construire le port exté-rieur est inclus dans la LPFP (zonesmaritimes particulièrement sensi-bles) de l’OMI (l’Organisation mari-time internationale) des NationsUnies, qui qualifie les falaises duJaizkibel comme un domainenécessitant une protection spécialeet particulièrement vulnérable auxactivités maritimes.Le document souligne égalementque le trafic portuaire ne justifienullement la construction de cesuper port extérieur. En conclu-sion, il estime plus approprié larégénération du port actuel et lacréation d’une plateformeGaintxurizketa-Lezo qui permettrade sauvegarder le littoral et seszones côtières et sera plus en adé-quation avec le développement del’activité portuaire.ACE, le CADE et Auñamendi nepeuvent que se réjouir du fait queMadrid considère que ce projet esttotalement injustifié tant au niveau

environnemental qu’économiqueet social.Toutefois, cette excellente nouvelle,ne nous empêche pas de restermobilisés et vigilants. Nous n’ou-blions pas qu’au début du moisd’avril, le gouvernement espagnol asigné un protocole avec l’exécutif deGasteiz-Vitoria, la Diputacion deGipuzkoa et l’Autorité portuaire dePasaia. Nous ne crierons « victoire» qu’une fois que le port de Pasaiasera intégralement rénové et moder-nisé avec une véritable gestion envi-ronnementale.

Gaz et huiles de schiste :les lobbies à la manœuvre

Le rapport provisoire sur les gaz ethuiles de schiste commandé parÉric Besson et Nathalie Kosciusko-Morizet à deux ingénieurs desMines et deux ingénieurs des Pontset des Eaux et Forêts est formel :«Dans deux ou trois ans, l’expé-rience acquise, aussi bien dansnotre pays qu’en Europe et enAmérique du Nord, permettra deprendre des décisions rationnellessur l’opportunité d’une exploitationde gaz et huiles de roche-mère enFrance». Le nouvel eldorado méritebien un tel exercice de rationalité : le

bassin parisien devrait renfermerd’importants gisements d’huile deschiste (100 millions de m3 techni-quement exploitables) et le sud dela France du gaz de schiste (500milliards de m3).

Au moment où les collectivitéslocales ont de moins en moins deressources de l’État et sont parfoismises en faillite par leurs empruntsà taux excessifs sur les marchés,ce même rapport préconise «unerévision de la fiscalité pétrolière desorte que les collectivités localestrouvent un intérêt à une exploita-tion d’hydrocarbures sur leur terri-toire». De quoi espérer acheter etfaire taire des élus très mobiliséspour la sauvegarde écologique deleur territoire.

Les «experts» français ont malheu-reusement été devancés par unrapport publié quelques jours avantpar la Commission de l’Énergie etdu Commerce de la Chambre desReprésentants des États-Unis. Ony apprend que cette technologie anécessité entre 2005 et 2009 l’utili-sation de plus de 2.500 produitschimiques dont des substancescancérigènes et polluantes (ben-zène, toluène, xylène, éthylben-zène, regroupés sous le sigleBTEX, ou encore le 2-butoxyétha-nol dit Butylglycol qui peut détruire

les globules rouges et attaquer lamoelle osseuse). Quatorze millionsde litres ont été utilisés sur lapériode à cette fin.Les temps sont durs pour lesapprentis sorciers ! Le 20 avril 2011,des milliers de litres d’eau se sontéchappés d’un puits de gaz enPennsylvanie à la suite d’une explo-sion, provoquant l’évacuation deshabitants de la localité de LeroyTownship (Source AFP). Seuleconsolation majeure : le chiffre d’af-faires d’Halliburton, détenteur de latechnologie par fragmentation, aexplosé lui aussi en 2010 sansdégâts majeurs. Là est la rationalité !Pendant que Monsieur Borloo occu-pait la galerie avec le Grenelle del’environnement, l’opération étaitdéjà engagée, en liaison avec Total,GDF-Suez notamment et quelquesingénieurs des Mines et des Ponts.Alors plus que jamais, nous,citoyens raisonnables et informés,sommes sur le pont ! Nous ne lais-serons pas quelques firmes trans-nationales et leurs alliés détruiredes territoires de manière irréversi-ble.

Attac France, Paris, le 22 avril 2011

Le vrai prix de l’avion

Le total des différentes aides per-çues par la ligne d’avion Agen-Parisse monte à 3,2 millions d’euros paran… Pour 300 000 voyageurs. Cequi signifie que les contribuables ontpayé 106 euros par passager. Àcomparer avec les 59 euros quepaie le passager… (Revue Silence,repris de Territoires, février 2011).Des lecteurs pourront-ils nous four-nir le même calcul des lignes à bascoût de Pau et Biarritz ? En débutd’année, excédée la CCI de Pauavait abandonné la ligne low-cost deRyanair en raison des exigencesfinancières. Biarritz s’était aussitôtjeté dessus.Pour mémoire les maires de cesdeux communes, pro-LGV convain-cus, nous expliquent doctement quele bilan écologique de la LGV estmeilleur que celui de l’avion. C’estvrai, et les deux ensemble plusl’élargissement de l’autoroute A63,c’est mieux ?

N° 144 • MAI / JUIN 2011

… infos en vrac ...… infos en vrac ...

Economie Solidaire• Samedi 14 mai à la Maison des Associations de Bayonne, l’association du MEB organise la 3ème édition d’une journée

dédiée à l’économie solidaire. Avec la participation d’acteurslocaux d’une production et d’une distribution respectueuses de la nature et de l’humain. Cette année verra une version

plus «étoffée» avec la présence de créateurs locaux de vêtements et articles textiles.

Au programme : marché bio - fermier - équitable sur la journée :

✔ 11h30 et 14h30. Défilé de mode bio-équitable, repas bio-fer-mier-équitable à prix raisonnable (15 euros).

✔ 15h30. Conférence de M-P. Jammet, d’Artisans du Monde, co-organisatrice d’une rencontre autour de l’économie

solidaire au Forum Social de Dakar.

✔ Et aussi, diverses autres animations à découvrir sur place.

Entrée libre et gratuite

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Le nucléaire menace la planète

Quand le 12 mars le réacteur n°1 deFukushima explose, le Japon estplongé dans le chaos provoqué parun séisme dévastateur. Des millionsde téléspectateurs comprennentalors que ce qui s’est passé met laplanète en danger. Ainsi dans l’em-pire des nouvelles technologies,tout peut basculer. Les plus grandesconvictions aussi. Huit membresd’Areva sont sur place, ils agissentrapidement : ils prennent l’avionpour Paris.

Indécence

A ceux qui compatissent à l’épreuvesubie par le peuple japonais maisqui tirent la sonnette d’alarme surles dangers du nucléaire, le gouver-nement français fait la leçon. Il estindécent de parler de cela ! Il n’estpas par contre indécent de déclarercomme le fait N. Sarkozy :« L’accident nucléaire au Japonpourrait favoriser l’industrie fran-çaise dont la sécurité est une mar-que de fabrique. » Le même soir, leréacteur n°3 explose. Il contient uncombustible beaucoup plus toxique,le MOX, fourni par Areva. Jusqu’au15 mars, les experts se succèdent àla télé, rassurants et expliquantqu’un tel incident (Besson insistepour dire qu’il s’agit d’un incident etnon d’une catastrophe) est impossi-

ble en France. Le 15 mars, NathalieKosciusko-Morizet déclare : « Ons’achemine vers une catastrophenucléaire ».

Arrogance

Les experts nous expliquent quenous, les Français, nous sommesles meilleurs, qu’on a pensé à tout,que cela ne peut nous arriver.L’arrogance des propos cache malque cela a failli nous arriver plu-sieurs fois et sans séisme et sansraz de marée : la perte de refroidis-sement qui a provoqué les explo-sions des réacteurs au japon a faillisurvenir à Fessenheim en 2009 àcause de branchages gênant lepompage, en 2007 à Gravelines en2006 et 2007 (méduses et algues),à Blaye (inondations), à St Laurentdes Eaux où la glace empêche l’as-piration et nécessite que l’arméefasse exploser le bouchon.

Bricolages

Pendant que les déchets du réac-teur n°4 s’enflamment, que les pisci-nes fuient à Fukushima où les« liquidateurs » sont irradiés àcause de chaussures inappropriées,on se demande s’il ne faut pas éva-cuer Tokyo. On interdit les épinards,le lait pour les enfants. En France legouvernement et le PS affirmentqu’on ne peut pas se passer du

nucléaire. Le journal Sud-Ouestnous apprend que la première ten-tative de colmatage de la fuite d’eauqui irradie gravement la mer aéchoué malgré l’utilisation de sciureet de vieux journaux ! Les brillantstechniciens du nucléaire japonaispiétinent, eux qui, comme lesnôtres, ont si souvent clamé quecela ne pouvait pas arriver chezeux. Des hélicoptères versent despetits seaux ridicules. Les chinoislivrent enfin une pompe capabled’atteindre les réacteurs dont cer-tains sont en fusion.

On apprend aussi que TEPCO,l’opérateur nippon, avait falsifié desrapports de sécurité, qu’il employaitparfois des « esclaves du nucléai-res » (SDF recrutés pour la mainte-nance et recevant des irradiationsintenses) et son PDG met un moispour réapparaître.

70%

70% des français se proclamentcontre le nucléaire, l’Autriche, laSuisse, l’Italie et de nombreuxautres pays s’éloignent du nucléaireou l’interdisent. Des manifestationsd’ampleur se déroulent et on conti-nue de nous dire que l’énergienucléaire est la moins chère.Combien de milliers d’années s’il n’ya aucun incident entre temps, fau-dra-t-il gérer les déchets ? Combiencela coûtera-t-il, sachant que ceseront les générations futures quipaieront ? Dans moins de 100 ans iln’y aura plus d’uranium et ça ensera fini de la « rentabilité » de noscentrales. On annonce que le coûtde Tchernobyl atteint déjà 1000 mil-liards d’euros.

Sortir du nucléaire

Sortir du nucléaire, bien sûr, le plusvite possible, pas sur un claquementde doigts mais oui, le plus vite pos-sible. Economiser l’énergie d’abord,produire des équipements écono-mes et résistants, choisir un modede vie plus sobre, promouvoir lesénergies renouvelables.

Après Three Mile Island en 1979aux USA, après Tchernobyl en 1986en Ukraine, après Fukushima en2011 au Japon à qui le tour ?

A lire également la revue Silence n° 390 de mai 2011, dont certaines infos sont extraites.SILENCE, 9 rue Dumenge.69317 Lyon Cedex 04

3ORTZADAR •N° 144 • MAI / JUIN 2011

Fukushima : crépuscule du nucléaire ?

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4 • ORTZADAR N° 144 • MAI / JUIN 2011

Brèves SocialesBrèves Socialesdes collègues hommes ou des collè-gues femmes sans enfants ». Carselon la hiérarchie, Ce poste« demande une énorme charge detravail très peu compatible avec lemétier de mère de famille ». Sanscommentaire !

Retraites complémentaires

Elles représentent 30 % des pen-sions des salariés affiliés à l’ARRCO(17,5 millions d’actifs, 11,2 millionsde retraités) et plus de la moitié despensions de ceux affiliés à l’AGIRC(3,7 millions de cadres en activité,2,5 millions de retraités). Le MEDEFveut aligner les retraites complé-mentaires sur le régime général etaugmenter l’âge de départ de 60 à62 ans et de 65 à 67 ans pour uneretraite à taux plein. Cet effort seraitintégralement financé par les sala-riés, le MEDEF refusant toute contri-bution des entreprises. Le mêmeMEDEF propose une stabilisationdes pensions jusqu’en 2015… Maisensuite ?... La CFDT trouve le texteproposé « équilibré » et le gouver-nement est prêt à prendre le relaipour valider l’accord si 3 organisa-tions s’y montrent opposées. Lesvoies de la retraite par capitalisationsont ouvertes…

Scandales des enfants volés

✰ En Pays Basque Sud, uneaffaire tend à prendre de l’am-

pleur : 20 hôpitaux sont incriminésdans des vols d’enfants. Mais 2 clini-ques de Tolosa et l’hôpital deDonostia sont surtout concernésmême si au total 20 centres de santésont visés par une plainte del’Association des personnes affec-tées par des adoptions irrégulières.Il y aurait eu 146 plaintes déposéesen Gipuzkoa par des personnes quisoupçonnent que leur enfant pré-senté comme mort, a en fait survécuet aurait été adopté par une autrefamille contre rétribution. Les faitsfautifs se seraient déroulés entre1950 et 1990 avec un « pic » de cestransactions crapuleuses en 1970.

Restos du cœur en Pays Basque

✰ La campagne de distributionhivernale des Restos du

cœur s’est achevée et c’est l’heuredu bilan. Sur le département plus de4000 personnes ont été accueillischaque jour de décembre à mars.Ce sont des chiffres en hausse quisont à référer à l’augmentationannuelle de plus de 4 % à l’échellede l’hexagone. Ces trois dernièresannées, la fréquentation des Restosa augmenté de 25 % alors mêmeque l’Europe menace de réduire sonaide aux plus démunis. En PaysBasque, il est noté une augmenta-tion importante des prestations àAyherre et St Jean Pied de Port (10et 25 % cette année). Il y a beau-coup plus de familles monoparenta-les prises en charge par rapport auxannées précédentes. L’inquiétudedes responsables des Restos sesitue aussi au niveau des famillesqui en dehors des campagnes d’hi-ver sont en très grande difficulté auprintemps et en été, d’où l’idée depoursuivre la campagne d’aide au-delà de la période d’hiver, et celadès l’an prochain.

Alain où es-tu ?

✰ On peut reconnaitre sans pro-blème l’apport de M. Alain

IRIART, maire de St Pierre d’Irube etconseiller général, à notre luttecontre la LGV. Cela étant dit, il estun autre domaine où on le sent pourle moins « trouble ». C’est celui deson positionnement politique au seindu conseil général des P.A. Il y a 3ans, notre seul conseiller généralabertzale faisait basculer à droite leconseil général où étaient à égalitégauche et droite en nombre de siè-ges. On avait pourtant cru compren-dre qu’il se réclamait d’un abertza-lisme de gauche. Lors de la dernièrecampagne des cantonales, notreconseiller laissait entendre (soncanton n’était pas « renouvelable »)qu’il pourrait appuyer une « autre »majorité. Et bien finalement, il s’estabstenu lors du vote pour la prési-

dence du Conseil Général. On peuten conclure qu’il n’a pas voulu voterpour un PS trop pro LGV ouqu’alors, il lui est vraiment plus difficile de se positionner à gauche plutôt qu’à droite. Quoi qu’il en soit, son positionnement à géométrievariable est quelque peu révélateurd’une inscription dans un jeu politique très politicien. Espéronsqu’il soutiendra les associations qui luttent contre la LGV jusqu’au boutavec comme principe essentiel quece qui n’est pas bon pour nous n’estpas bon pour le voisin. « LGV ni icini ailleurs ! »

Les syndicalistes votent à gauche

✰ Je sais, ça n’a pas l’appa-rence d’un scoop mais après

la résonnance médiatique de certai-nes adhésions (extrêmement mino-ritaires) de syndicalistes aux thèsesdu Front National, il est bon de lerappeler : les syndicalistes votent àgauche. Ils bataillent chaque jourpour retisser les liens de la cohésionsociale et ces valeurs font pencherleur balance idéologique à gauche.Un sondage récent (Harris) indiqued’ailleurs que 64 % d’entre euxexpriment un vote de gauche contre,actuellement 50 % de l’ensemble dela population. Les proches de laCGT, choisissent des candidats degauche à 89 %, ceux de Solidairessont 92 % à en faire de même, alorsque ceux de la CFDT sont 67 %.Seuls les proches de la CFE-CGCpréfèrent l’UMP à 62 %.

Militants syndicaux sanctionnés !

✰ Quelques militants des Col-lectifs Appel retraite Pays

Basque et Oldartu-Lutter ensembleont comparu le mois dernier devantle tribunal de Bayonne pour avoircontesté les contraventions qui leuravaient été infligées pour avoir blo-qué temporairement l’accès à l’aéro-port de Biarritz pendant le mouve-ment sur les retraites. Ils ont étécondamnés à payer l’amende ini-tiale augmentée de 22 euros de frais

de justice. Inutile de rappeler lecaractère syndical et revendicatif del’action qu’ils avaient menée. Lasanction dont ils écopent est à liresous l’angle d’une « crimina-lisation » grandissante des faitsrevendicatifs.

Pujadas, journaliste de M…

✰ Le 14 mars dernier, au « 20heures » de France 2, il invi-

tait Claude ALLEGRE en tant que« spécialiste » scientifique pour par-ler de FUKUSHIMA et le Claudeétait opposé par la grâce du duplexà COHN BENDIT. Inévitablement leclash était assuré (bon pou l’audi-mat) et le « spécialiste » se moquaitdes « béats » qui voyaient dansFUKUSHIMA un début de catastro-phe nucléaire. Peut-on l’appelerautrement ? Le 17 Mars, le petitPUJADAS récidivait sur la thémati-que du « peut-on sortir dunucléaire ? ». Et le sujet développéindiquait que pour remplacer lenucléaire, il faudrait couvrir de pan-neaux solaires une surface grandecomme l’Europe. Il a fallu attendre 8jours pour que le nain du journa-lisme télévisuel avoue qu’une« erreur » s’est glissée dans lereportage. Ce n’est pas la surfacede l’Europe qu’il faudrait couvrirmais celle du Tarn et Garonne.C’est-à-dire 3000 fois moins ensuperficie. Un détail ! AREVA quandtu nous tiens !

Professeur ou mère, il faut choisir !

✰ A Limoges, une professeurea été écartée d’un poste car

elle est mère de famille. Les cas dediscrimination ne sont pas, hélas,cantonnés au privé. Alors qu’ellemanifestait sa surprise auprès de sahiérarchie de n’avoir pas reçu deréponse à sa demande de poste ausein d’une khâgne, quel ne fut passon étonnement de se voir répondrequ’il ne « s’agissait pas d’un oubli ».Il lui était confirmé par courrier quece poste n’avait été proposé « qu’à

Par Jean Maurice FAYE

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FIN AVRIL, on apprenaitque le préfet refusait lepermis à ce projet. Déci-sion sage. Cependant,nous reviendrons sur ce

projet car on risque fort de retrouverce cas de figure dans un futur proche.

Sur un terrain agricole de 21 ha, onenvisageait à Gabat, près de StPalais la mise en place de 5 ha depanneaux photovoltaïques. On yannonçait une production de 7,5millions de Kw par an et une réduc-tion de production de CO2 de6 800 tonnes par an.On y annonçait également un voletagricole permettant à un bergersans terre de s’installer sur les 21ha et sur 31 ha supplémentaires.L’opposition au projet a été trèsimportante : ELB, FDSEA, EHLG,Chambre d’Agriculture, Associationde remembrement, chasseurs, EE,et d’autres encore.

Nous reviendrons sur 3 points quinous ont fait douter des performan-ces : 7,5 millions de kw par an,équivalent de la consommation de3 000 ménages nous disait-on. ALaudun dans le Gard où on eu l’in-telligence d’utiliser les toits d’uncentre de logistique de 54 000 m2

pour installer 3 ha de panneaux(plus de la moitié de Gabat), onannonce 1,6 millions de kw par an etceci correspondrait à la consomma-tion de 500 ménages.On économiserait à Gabat 6800 t/ande CO2 sur 21 ha. A LosseGabardan, autre projet consfisca-teur de terres, dans les Landes, onannonce sur 13 ha une économiede CO2 de 800 t/an.On voit bien ici qu’on a un peu forcésur les performances à Gabat.D’autre part que n’a-t-on jamaispensé à proposer les 51 ha au ber-ger sans terre ? Des années duranton l’a ignoré, et là pour donner uneteinte agricole au projet, on lui faitdonc une proposition qui évidem-ment l’intéresse. Aujourd’hui que lepréfet a refusé le permis, fera-t-onune offre au même berger ?

Le Collectif des Associations deDéfense de l’Environnement a tenuune conférence de presse com-mune avec le syndicat agricole ELB.De concert, les deux organisationsont dénoncé ce projet. Vous trouve-rez ci-dessous le communiqué duCADE :

Tandis que nous ne som-mes qu’au début des consé-quences de Fukushima…

Nous sommes résolument pourenclencher la sortie du nucléaire,affaire qui prendra évidemmentquelques décennies. Cependant ilnous semble opportun d’affirmercertains points :Un bon début c’est déjà de diminuerla consommation énergétique enimpulsant des produits industrielsmoins « gourmands », en apportantune qualité d’isolation supérieureaux bâtiments et logements notamment.

Cette sobriété énergétique est doncpour nous une priorité.

Le recours aux énergiesrenouvelables…

Nous sommes bien évidemmentfavorables au recours aux énergiesrenouvelables existantes et à venirsi on se donne la peine de consa-crer moins de crédits à la recherchesur le nucléaire et plus pour lesénergies renouvelables.

C’est pourquoi, tout en n’ignorantpas des impacts sur lesquels il nousfaut agir (exploitation des compo-sants et nécessité d’une filière derecyclage), nous sommes résolu-ment en faveur du recours à l’éner-gie photovoltaïque. Cependant nousavons comme priorité, d’aller versune autonomie des constructions etde l’habitat collectif ou individuelafin de diminuer la consommation.Ensuite, de manière plus massive,

nous sommes favorables à l’utilisa-tion des toits de bâtiments existants.On peut aisément imaginer locale-ment, que les toits des usinesDassault, Turboméca etc. voire dessupermarchés et autres sont ungisement importants et dignesd’être explorés avant de grever lessols agricoles.

Nous citerons pour son importance,le plus grand toit solaire d’Europe(54 000 m2) à Laudun dans le Gardet dans un domaine plus modeste, àl’autre bout, le projet récompenséau salon international des énergiesrenouvelables de Montpellier, d’om-brières de parking à Agen.

En conséquence, nous sommeshostiles aux différents projets deLosse-Gabardan dans les Landes,de Cestas en Gironde et de Gabat,ici, qui vont amputer des surfacesagricoles.

Nous y sommes d’autant plus hosti-les, que ces projets dont certainsprévoient déjà des extensions vontouvrir une brèche vers l’industriali-sation et leur neutralisation biologi-que. Nous y sommes d’autant plushostiles que cette porte ouverteaujourd’hui à Gabat risque de se multiplier détournant les terrainsagricoles de leur vocation première :nourrir.

Les artifices accompagnant ce pro-jet (brebis broutant entre les pan-neaux) ne peuvent occulter que ceciest un début de confiscation deterres agricoles.

5ORTZADAR •N° 144 • MAI / JUIN 2011

Position du CADE au sujet du projet de ferme solaire à Gabat

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B IENTÔT vingt ans que nous dénonçons,dans Ortzadar, les usines appartenant augroupe ROULLIER, installées sur le portde Bayonne. C’était à l’époque le site

« Fertiladour » bien connu pour avoir laissé unefriche industrielle polluée par la radioactivité, sansavoir procédé à aucun travail de dépollution ainsique d’anciens travailleurs gravement atteints parla silicose (maladie due à des conditions de travailtotalement indignes, soulignées à l’époque par lesservices de prévention de la CRAMA, qui deman-dèrent à différentes reprises en 1990 et 2000, àl’industriel de modifier ses installations afin depermettre à son personnel de travailler dans desconditions plus acceptables, les conditions del’époque étant considérées comme très dange-reuses, par l’organisme de contrôle, en ce quiconcerne le risque de silicose et ceci dans tousles secteurs de l’entreprise : concassage, broyageet séchage ainsi que l’ensachage).

Dix ans plus tard, en 2000, nouveau contrôle. Etaucune amélioration constatée. Onze ans plustard, printemps 2011, deux anciens ouvriersreconnus atteints de maladie professionnelle (sili-cose), décèdent dans de terribles souffrances.Combien faudra t-il de décès pour que la respon-sabilité de l’industriel soit officiellement reconnuepour l’ensemble des personnes ayant travaillé surle site et ayant été soumis aux mêmes conditionsde travail indignes ?

Dans les années 90, les associations de protec-tion de l’environnement, dont le CADE et IDEALdénonçaient les dérives du même industriel quibénéficiait de la mansuétude des services del’état, lui permettant depuis près de trente ans dedéverser ses effluents pollués sur la plage deTarnos, à proximité immédiate de la zone de bains(procurant ainsi une eau couleur « lagon » légère-ment soufrée, le tout accompagné de « légerspicotements » et tout cela en totale infraction avecla réglementation en vigueur. L’autorisation don-née à l’industriel étant de rejeter ses effluents au

large, par l’intermédiaire d’une conduite fixée surdes supports en béton armé... C’était évidemmentplus cher… et encore inacceptable.

Nous pouvons remarquer que, dans les deux cas,nous assistons au même mépris de l’industrield’une part vis à vis de la santé de ses employéset de la protection de ces derniers et, d’autre part,vis à vis de la protection de l’environnement et dela santé publique. Nous soulignons la tolérancedes organismes de contrôle, tout cela visant àfavoriser exclusivement la logique financière etspéculative. Le groupe ROULLIER affiche ainsiune santé éclatante, ainsi, sans doute, que sesactionnaires.

Cette saga d’une entreprise « exemplaire » s’enri-chit évidemment d’autres « incidents » humainssupplémentaires...

• Un très grave accident survenu le 9 octobre2006 à deux employés d’une société sous trai-tante d’AGRIVA, appellation actuelle deROULLIER sur Bayonne, qui tombèrent d’unepasserelle sur l’ancien site Fertiladour (passerelletotalement délabrée qui céda sous le poids desdeux hommes). Bilan : 1 mort (Gérard Puyau) etun blessé très grave qui sera atteint d’une trèsimportante incapacité.

• Et le tout dernier « accident » : le 3 avril 2011.Ce dimanche matin, Yohan Arfini, 38 ans, estdécouvert inanimé par ses compagnons de travailsur son lieu d’activité, l’usine AGRIVA de Tarnos.Il serait tombé d’une passerelle, située à une hau-teur de 18 mètres et se serait écrasé au sol. Il estmort et présente comme, seule « blessure », uneplaie à la nuque ! La thèse retenue par la gendar-merie serait : une mort volontaire. On retrouve soncasque qui est resté sur la passerelle. Sa famille,sa fille de quatorze ans, ses proches, ne compren-nent pas et sont dans le plus grand désarroi. AAGRIVA, rien ne semble se passer comme ail-leurs.

Ben

6 • ORTZADAR N° 144 • MAI / JUIN 2011

Un mort de plus sur le port de Bayonne

Sables dedragage…

L e Sud Ouest du 5 avril 2011nous apprend que les sablesdragués dans l’Adour sont

relargués sur les plages d’Anglet :« Simple comme un grand ménagede printemps. La Chambre de com-merce et d’industrie de Bayonne,concessionnaire des installationsportuaires, s’est aussi penchée surles sédiments dragués dans le che-nal. Plus de clapage au large. “Cessables seront utilisés pour rem-blayer une zone en construction.“Pour “ce port en ville, souventmontré comme le vilain petitcanard“, la démarche n’est évi-demment pas neutre pour ce qui concerne le ressenti de lapopulation. »

Le bulletin municipal de la Villed’Anglet en remet une coucheécrivant : « Bien évidemment cesprélèvements qualitatifs continue-ront à accompagner les campa-gnes de clapage à venir, pour les-quelles la vigilance est de mise ducôté de la ville, via son service del’environnement, et les associa-tions de défense du littoral ».

Le CADE (Collectif des Associationsde Défense de l’Environnement atoujours condamné ces clapages.En effet les sables draguéscontiennent des métaux lourds etautres cochonneries dont le trèsméchant tributhylétain dont unecampagne de mesure menée dansle cadre du Secrétariat Permanentde Prévention des Pollutionsindustrielles (SPPPI) de l’estuaireavait révélé la forte présence. Atel point que lors d’un dragagemené devant le Boucau, le com-missaire enquêteur avait accédé àla revendication du CADE etdemandé le relargage bien plus aularge pour en assurer la dilution.

Il n’y a pas que des baigneurs qui nagent dans ces eaux (à sup-poser que le tributhylétain noningéré soit inofensif pour eux), etquand on défend le littoral ondéfend aussi la biodiversité et lesespèces marines.

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Le déluge

À l’occasion des 30 ans du TGV lapresse souligne les limites du «fleuron ferroviaire ». Pêle-mêlereprenons quelques saillies :«Avec notre système RFF-SNCF, lechemin de fer français va dans lemur» dit Guillaume Pépy le prési-dent de la SNCF dans le monde du26 mars dernier. « Sur la nouvelleligne Tours-Bordeaux, les péagesprévus, assez dissuasifs, ne per-mettraient pas de faire circulerdavantage de trains pour rentabili-ser la ligne. On risque d’avoir un tra-fic supplémentaire bien plus faiblequ’espéré » ajoute-t-il. « Je suis unmilitant convaincu du réseau classi-que. » dit G. Pépy, nous aussi.Le journal Sud-Ouest qui s’estrendu à un colloque à SanSébastien titre : « 50% de fret enmoins » et sous une photo lugubrede M. Maudet et M. Coutou de RFF,on reprend les chiffres du fret 2009que nous avions déjà publiés il y aun an. 1,65 millions de tonnes à lafrontière là où les estimations RFFpour 2009 annonçaient 8 millions.Puis dans Les Échos du 13 avril, onenfonce le clou : « Les lignes àgrande vitesse (LGV) les plus inté-ressantes, d’un point de vue écono-mique, ont déjà été réalisées . Uneétude récente menée par 2 ingé-nieurs spécialistes du secteur est àcet égard édifiante. Les auteurs ontcalculé pour chaque LGV ce qu’il afallu dépenser pour chaque voya-geur annuel supplémentaire gagné.Ce ratio était inférieur à 300 eurospour les premières lignes, puis estmonté à près de 1.000 euros pour laLGV Est. Mais pour les projets àvenir, on dépasse allégrement les2.000 euros, voire les 4.000 eurospour Nîmes-Montpellier ! Logique :les coûts de construction ne cessentde monter avec les contraintes envi-ronnementales et les bassins depopulation touchés par les nouvel-les LGV sont bien moins importantsqu’hier. » C’est tout ? non : «…on doit tout de même rappelerque le gouvernement britannique adû réinjecter 5 milliards de livres il ya deux ans pour remettre à flot laconcession de la LGV entre le tun-nel sous la Manche et Londres. Aux

Pays-Bas, on parle même actuelle-ment de faillite pour l’exploitant de latrès coûteuse LGV entreAmsterdam et la frontière belge...Cette fuite en avant vers toujoursplus de TGV ne paraît donc guèretenable » peut-on encore lire.Le Journal du Pays Basque reprendles propos de M. Mariton, députéUMP, membre de la commission desfinances de l’Assemblée nationaleet rapporteur spécial de la missiondes transports: « “Il faut avoir lecourage de dire que certains projetsne seront pas réalisables”, lâcheHervé Mariton dans Le Figaro.“Déjà, les lignes en cours deconstruction supposent plus devolontarisme politique que de ratio-nalité économique”. Sur les ondes, ila affirmé que dans certains projets,les recettes potentielles de Réseauferré de France (RFF) et les prévi-sions de trafic de la SNCF vont être“artificiellement majorées” et quecela va “aggraver” la situation finan-cière de RFF et de la SNCF. »

Financement du tronçonTours Bordeaux

Sous le déluge de critiques, le finan-cement de la portion Tours-Bordeaux suit son chaotique par-cours. La signature imminentedepuis deux ans reste toujoursimminente. La région de Poitou-Charentes fait un bras d’honneur aumontage, le département du Tarn etGaronne également. MêmeEmmanueli s’y met dans un articlede la revue « Aqui », on apprendqu’il soupçonne RFF de vouloiramasser un petit magot de 1,2 mil-

liards d’euros sur le dos des collec-tivités publiques. Le PS desPyrénées Atlantiques finira parpayer, sans savoir combien de trainss’arrêteront à Bayonne, Biarritz, StJean de Luz et Hendaye ; sanssavoir quels sont les tonnages fret ;sans savoir si le montage financierles entube… Le premier vote, l’andernier se montait à 53 millionsd’euros et 51 conseillers générauxavaient voté pour et un contre. Cecoup-ci les 53 millions sont devenus79 et 32 ont voté pour, 3 contre, 2abstentions et 15 refus de vote.

Et RFF dans tout cela ?

Eh bien RFF continue de laver plusblanc que blanc. Réseau ferré deFrance se paye des pleines pagesde pub dans les journaux. On peutlire des choses étonnantes (rele-vées par un opposant deMouguerre) : « Le train permet dediminuer très largement les émis-sions de gaz à effet de serre : 10 à15 fois moins qu’en voiture et 30fois moins qu’en avion (Fiche thé-

matique bilan carbone RFF03/2011) ». Puis, « le rapportd’émissions de CO2 entre le train etla voiture est de 60 fois moins enfaveur du train » (encart publicitairedu Sud-Ouest du 31 mars 2011).Puis : « Un voyageur dans un trainà grande vitesse consomme 6 foismoins d’énergie pour son trajetqu’un conducteur » (encart publici-taire du Sud-Ouest du 9 avril 2011).Du délire ! Disons pour faire simplequ’un train classique sur une ligneexistante consomme presque 4 foismoins qu’un TGV et que le chantieret la déforestation ont un impact ridi-cule par rapport aux 9 ha par Kmdétruits par le projet.Et tant qu’on y est reprenons cesaffirmations :«On est parti de 30% de ligne enter-rée. Nous pensons que l’on pourraitaller jusqu’à 50% à 60%.» (Hubertde Mesnil président de RFF).«Le fuseau ouest sera souterrainsur 60% de son parcours, ce qui estle maximum réalisable.» (ChristianMaudet, chef du projet à RFF).«Une ligne qui sera de toute façonenterrée de 60 à 70%» (AlainRousset).«En ce qui concerne l’enfouisse-ment de la ligne entre Bayonne etAstigarraga, on est passé de 30% à60% minimum. Cela mérite qu’onn’en reste pas là.» (Jean Grenetdéputé maire de Bayonne).«Aussi, pour la traversée du PaysBasque, des projets existent, quiprévoient 80% de tunnels ou de tra-versées.» (Jean Marie Berckmans,président de la CCI).Et rappelons que les conclusionsde la médiatrice donnent une four-chette de 30 à 35 %.

7ORTZADAR •N° 144 • MAI / JUIN 2011

Le TGV a trente ans…

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Au début du mois de mars dernier, un nouveau système

de traitement des vapeurs d’essence de papeterie (*) livrée

par camions est entré en fonc-tionnement sur le site de la

société LBC, spécialisée dans lestockage de produits chimiques

(30 personnes) à Tarnos.

«A U TERME de travauxd’un coût de 400 000euros, 90 % des pol-lutions atmosphéri-

ques avec dégagement de mauvai-ses odeurs devraient disparaître »avait annoncé en octobre dernierPhilippe Ivandekics, responsable deLBC par voix de presse (Sud-Ouestdu 14/10/10). Malgré cela, l’air estde plus en plus souvent irrespirablesur les communes de Boucau,Tarnos, Anglet et Bayonne.

Les 8 et 9 septembre 2010, lasociété LBC avait déjà fait l’actualitépour avoir été à l’origine d’une pollu-tion olfactive ressentie à Boucau etTarnos. Régulièrement au gré desvents et quelles que soient lesconditions atmosphériques, lesvapeurs produites lors de la manipu-lation et du stockage d’essence depapeterie génèrent des nuisanceset des incommodités dans les com-munes voisines. Cela a notammentété le cas du 27 février au 6 marsdernier à Anglet où l’air était irrespi-rable sur un rayon de plus de 3 kilo-mètres. Les plaintes s’accumulentauprès des élus des diverses com-munes concernées.

Toxique par inhalation

L’essence de papeterie est un pro-duit inflammable, explosif et toxiquepar inhalation, par contact et paringestion. Composé de plus de97,5 % d’essence de térébenthine,ce produit qui contient des mercap-tans est particulièrement odorifé-rant. Son odeur sulfurée est nauséa-bonde. Elle est qualifiée d’odeur depatate par les uns, de choux par lesautres. Outre cet aspect, aucune

garantie n’a été avancée quant àson inocuité sur les populationsenvironnantes. Aujourd’hui seule-ment 50 % des vapeurs sont trai-tées, a déclaré Philippe Ivandekicslors du dernier CLIC (Comité Locald’Information et de Concertation**)qui s’est déroulé le 23 mars dernier.Le dirigeant a également annoncéla mise en place à compter du moisde juin 2011 d’un pilote de traite-ment des odeurs par incinérationpour les vapeurs générées lors desdéchargements par bateau. La miseen fonctionnement de ce pilote étaitinitialement annoncée fin 2010…

Des installations vieillis-santes et un risque de «boil over»

En août et septembre 2010, l’indus-triel a connu trois incidents. Deuxd’entre eux sont dus à des fuites,

l’un sur un bac et l’autre sur unecanalisation. Le troisième incidentfait suite à une erreur de manipula-tion. Même si les conséquences deces incidents ont été minimes, leSous-préfet de Bayonne, dans uncourrier en date du 22/11/10, a évo-qué « des questionnements sur levieillissement des installations et lesprocédures ». Ces interrogationsinterviennent alors même que LBCn’est pas à l’abri du phénomène deboil over. Ce phénomène explosifpeut engendrer lors de l’incendied’une cuve la création d’une boulede feu qui se répandrait dans unrayon de plus de 550 mètres à laronde. Ce risque a été évoqué lorsdu dernier CLIC dans le cadre de ladéfinition d’un nouveau PPRT (Plande Prévention des Risques Techno-logiques).

Le CADE (Collectif des Associationsde Défense de l’Environnement)constate que l’industriel fait deseffets d’annonce et ne tient pas sesengagements. Les explicationsselon lesquelles les épisodes depollution sont aujourd’hui dus autransbordement de l’essence depapeterie par bateau ne sont pascrédibles. Les odeurs se dispersentaux alentours aussi bien la semaineque le week-end alors que les trans-bordements ne sont pas effectués ledimanche.

Par ailleurs, lors d’une visite fin sep-tembre 2010, l’inspecteur de la

Dreal (Direction régionale de l’envi-ronnement, de l’aménagement et dulogement) avait constaté que,concernant la récupération desvapeurs lors du chargement descamions, les travaux étaient quasi-ment achevés et que le systèmedevait être mis en service débutoctobre 2010 (voir courrier du sous-préfet du 22/11/10). Comment expli-quer que le système en question nesoit entré en fonctionnement quedébut mars ?

Le CADE demande aux services del’état d’effectuer des contrôles plusrigoureux, de faire appliquer la légis-lation de manière plus stricte et desanctionner le non-respect de laréglementation.

Pascal Burges

* L’activité concernant l’essence de papeterieprovenant de l’entreprise landaise DRT(Dérivés Résiniques et Terpéniques) repré-sente un tonnage d’environ 9 000 tonnes qui devrait atteindre à l’avenir 20 à 25 000 t.LBC stocke notamment sur son site deTarnos de l’acide acétique, du méthanol, dessolutions azotées, de l’huile de palme, dugasoil et du bio-éthanol.

** Le CLIC relatif aux entreprises classéesSeveso a notamment pour mission d’amélio-rer l’information et la concertation des diffé-rents acteurs sur les risques technologiquesainsi que de débattre sur les moyens de pré-venir et de réduire les risques.

8 • ORTZADAR N° 144 • MAI / JUIN 2011

Toujours pas d’amélioration pour LBC à Tarnos

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Le contenu de nos assiettes n’estpas exempt de résidus chimiques.

D’après les résultats d’uneenquête récente, nous ingérons

au cours d’une journée de nombreuses substances

cancérigènes ou reprotoxiques.Produits laitiers, fruits, légumes,

viande, poisson, céréales :aucun aliment n’est épargné.

En une journée, 47 substances cancérigèneset 37 perturbateurs endocriniens ingérésUne enquête sur les substanceschimiques présentes dans notre ali-mentation, dont les résultats ont étépubliés en décembre 2010, tire lasonnette d’alarme : au cours d’uneseule journée, nous ingérons unequantité inquiétante de résidus chi-miques. Cette enquête, menée parl’association Générations Futures etle réseau européen Health andEnvironnement Alliance, et baptisée«Menus toxiques», a analysé lesrepas-types (non bio) pris au coursd’une journée par un enfant d’unedizaine d’années.Les résultats font froid dans le dos :pas moins de 81 substances chimi-ques différentes ont été retrouvées,dont 36 pesticides différents. Parmices 81 substances, 47 sont cancéri-gènes (suspectées ou avérées) et37 sont des perturbateurs endocri-niens (possibles ou reconnuscomme tels). C’est beaucoup, maisce n’est peut-être que la partieémergée de l’iceberg : on n’a trouvéque ce que l’on a recherché, c’est-à-dire les résidus les plus fréquem-ment rencontrés dans notre alimen-tation, mais d’autres substanceschimiques non recherchées ici ris-quent fort d’être également présen-tes dans les aliments…

Métaux lourds, pesticides,dioxines, phtalates, PCB…

Les principales familles de contami-nants qui viennent empoisonner lecontenu de nos assiettes sont lessuivantes :

• Les pesticides : on les retrouvedans tous les fruits et légumes del’étude, ainsi que dans les jus defruits, le pain de mie, la baguette etle riz.

• Les métaux lourds : le thon enboîte et le saumon frais de l’enquêtecontenaient de l’arsenic, du mercureet du cadmium.

• Les PCB : ces dérivés chimiqueschlorés, persistants dans l’environ-nement, s’accumulent dans lesorganismes vivants, et sont retrou-vés dans les produits laitiers (lait,beurre, fromage), le steak haché, lethon en boîte et le saumon frais.

• Les dioxines et les furanes :ils contaminent l’environnement etse retrouvent dans la chaîne alimen-taire (steak haché, beurre, sau-mon...).

• Les retardateurs de flammebromés (PBDE) : ils contaminentles organismes vivants, notammentles organismes aquatiques (pois-son).

• Les plastifiants (bisphénol A,phtalates) : ils migrent dans les ali-ments à partir des récipients alimen-taires et des appareils électroména-gers ; dans l’enquête, une assietteplastique chauffée au four à micro-ondes et une bouilloire en plastiqueétaient ainsi source de contamina-tion par ces perturbateurs endocri-niens.

• Les additifs alimentaires(dans notre exemple, le BHAcontenu dans le chewing-gum)représentent une vaste famille, celledes colorants, des conservateurs,des agents de texture, des anti-oxy-gène... On les trouve dans la plupartdes produits transformés.

• Les composés perfluorés(PFC) sont également des contami-nants par contact : c’est par exem-ple le cas du teflon, libéré par lerevêtement des poêles anti-adhési-ves.

Entre les substances chimiquesvolontairement introduites parl’homme dans les aliments (cas desadditifs alimentaires), celles quicontaminent l’environnement (dioxi-nes, furanes, retardateurs de

flamme, PCB) ou sont directementapportées par l’agriculture (pestici-des), et celles qui proviennent desmatériaux mis en contact avec lesaliments (teflon, phtalates, BPA), lessources de contamination sont mul-tiples. Même l’eau du robinetcontient des substances douteu-ses : plomb issu de vieilles canalisa-tions, sous-produits de traitementde l’eau ou contaminants agricoles(dérivés chimiques bromés et chlo-rés, atrazine, nitrates…).

Des doses faibles mais undangereux effet cocktail

Les doses décelées dans l’enquêterestaient certes inférieures auxseuils de tolérance (normes ou limi-tes prévues par la réglementation),mais ce qui est inquiétant, c’est lamultiplication des substances (effetssynergiques ou «effet cocktail») etdes sources de contamination(effets additifs). Or, la réglementa-tion ne tient pas compte de ceseffets combinés, et notamment dessynergies entre différentes molécu-les, pour la simple raison que ceseffets sont méconnus. On saitcependant que l’association de plu-sieurs perturbateurs endocrinienspeut avoir des effets œstrogéniques100 ou 1000 fois supérieurs à ceuxde la somme de chacune des subs-tances prises isolément.

Alimentation et explosion de la fréquence des cancers

Les dernières décennies ont vuaugmenter de manière importantela fréquence des cancers : actuelle-ment, un homme sur deux et unefemme sur trois ont souffert ou souf-friront d’un cancer au cours de leurvie. Entre 1980 et 2005, le nombrede cas a augmenté de 93 % chezles hommes et de 84 % chez lesfemmes. Bien sûr, le vieillissementde la population n’est pas étranger àce phénomène, mais c’est seule-ment 41 % de cette augmentationqui peut être reliée au changementdémographique. Reste donc plus de50 % de cette explosion des cas decancer à expliquer : les causesseraient à rechercher du côté de

l’environnement au sens large, quiinclue le milieu dans lequel nousvivons (pollution de l’air, ondes élec-tromagnétiques…), les produits cos-métiques que nous utilisons, letabac et l’alcool que nous consom-mons peut-être et... l’alimentation.La fréquence des cancers chez lesenfants et les adolescents (leucé-mies et tumeurs du cerveau notam-ment) a également connu une crois-sance significative, preuve, s’il enest besoin, que les causes les pluscouramment attribuées au cancer(âge, tabac, alcool) ne suffisent pasà tout expliquer.

Menace sur la fertilité masculine

Et, outre le cancer, d’autres effetsde la contamination de notre ali-mentation par des substances chi-miques sont à redouter : la réduc-tion de la fertilité chez l’homme estactuellement, et à juste titre, trèsmédiatisée. La récente interdictionen France du bisphénol A dans lesplastiques utilisés pour la fabricationdes biberons révèle un début deprise de conscience de la part desautorités : espérons que d’autresmesures seront prises pour proté-ger la santé des consommateurs.En attendant, quelques gestes sim-ples permettent d’échapper à bonnombre de résidus chimiques :

✔ Choisir des produits bio ;

✔ Eviter les récipients en plastique ;

✔ Préférer les ustensiles de cuissonen acier ou en fonte plutôt que lesrevêtements en Teflon ;

✔ Consommer des fruits et légumesde saison et produits localement (sou-vent moins traités que les produitsimportés) ;

✔ Privilégier les produits frais cuisi-nés à la maison plutôt que les produitstransformés...

Clémentine Desfemmes(article repris sur le site gerbeaud.com)

9ORTZADAR •N° 144 • MAI / JUIN 2011

Ces résidus chimiques qui empoisonnent notre alimentation

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Peut-être avez-vous été surpris,certains vendredis entre 18 et 19

heures, à Bayonne, place de la Liberté par une singulière

manifestation, sans slogan ni sono : le cercle de silence

en faveur de la digité des sans papiers.

D EPUIS maintenant trois ans,entre cinquante et quatre-vingt personnes se réunis-

sent pour manifester silencieuse-ment leur solidarité avec ces sansvoix que sont les sans papiers, etdemander la fermeture des centresde rétention. Informés par un tract,des passants, viennent souventélargir le cercle.Attac Pays basque en est un desorganisateurs avec bien d’autresassociations mais aussi des syndi-cats et des partis.Par ailleurs, Attac France vient designer la pétition « D’ailleursnous sommes d’ici. »Vous pouvez la lire intégralementsur le site d’Attac Pays basque, et lasigner pour demander la régularisa-tion des sans papier, et la suppres-sion du ministère de l’immigration ;Voici ses premiers mots : « Au len-demain de la victoire de NicolasSarkozy à l’élection présidentiellede 2007 était créé, pour la premièrefois dans l’histoire de la République,un ministère de l’Immigration, del’Intégration, de l’Identité nationaleet du Co-développement. Depuis,des dizaines de milliers d’étrangersen situation irrégulière, hommes,femmes, enfants, sont traqués, arrê-tés et expulsés, y compris dans unpays en guerre comme l’Afgha-nistan. Voulue par le chef de l’Etat,mise en œuvre par ses gouverne-

ments successifs, le ministère del’Intérieur aujourd’hui, et soutenuepar l’UMP et ses alliés à l’As-semblée, cette politique est inac-ceptable car elle viole des principeshumanitaires élémentaires et desdispositions internationales ratifiéespar la France. (…) »Luce Buchheit, écrivaine, membred’Attac Pays basque et participanteau cercle de Bayonne a écrit un arti-cle sur le sort des immigrés vieillis-sant loin de chez eux, texte quipourrait tout aussi bien évoquer lesort des sans papiers. En voici unextrait :« Naître quelque part, n’être denulle part.Certaines vies vont de soi, et peu-vent se projeter dans des projets, unavenir.Parce que, sans projet, l’hommese meurt asphyxié dans sonimpossible désir.Elles peuvent s’écrire, tisser deslacets de fête qui volent au-des-sus des frontières.Mais lorsqu’une vie a fui son payspour se survivre, et qu’elle doit cha-que jour s’arracher au sommeil àheure fixe, pour acheter l’indispen-sable pain, pour tenter de conserverun logement à peine décent, pourse faire une plage de repos, pourfaire pousser d’autres vies, alors,elle est réduite au silence assourdis-sant de la foule grandissante desimmigrés. Elle devient une vie ano-nyme, elle se fond dans une dias-pora silencieuse, mutique parcequ’elle ne parvient pas à se faireentendre.Et son silence alors peut devenirmenace.En effet, pourquoi ces vies aux visa-ges étrangers ne sont-elles pas res-tées chez elles ? Alors, et ceci sevérifie partout dans le monde, ellessont désignées par la populationnative du pays, comme dangereu-ses et génératrices de désordres.Car le silence accumulé peut semuer en un cri de douleur propreà troubler les consciences bienpensantes.

Une vie d’immigré est soupçonnéed’arracher le travail, l’argent, le painquotidien, le logement, les aidessociales, aux natifs de la terre d’ac-cueil.Elle vient gonfler les chiffres de lamisère. Et la misère fait peur.Une vie d’immigré inspire la peurnée de la différence, elle netrouve pas la légitimation de saprésence.Elle cherche une place qui ne serala sienne, elle fuit toujours plus loinvers des contrées froides et inhospi-talières, sans l’assurance de pouvoirretourner au pays, en raison du coûtexorbitant des voyages, mais aussien raison des complications admi-nistratives souvent insurmontables.Elle restera sans espoir de vie meil-leure. Elle continuera à balbutier unelangue immigrée, une langueappauvrie à force d’avoir voulu êtreadmise par la terre d’accueil, perduedans une tour de Babel, immensé-ment seule.Et cette vie et cette langue irontrejoindre à leur terme tous lessoldats inconnus, disparus, lafoule des anonymes qui aurontcombattu pour rien. Elles connaî-tront au mieux, une indifférenceteintée de mépris, au pire, unehostilité et un rejet.Il est tellement facile d’ignorer le dis-cours indistinct de l’immigré, ou pire,de rire du charabia de celui qui erre,cherche une terre nouvelle en espé-rant un jour y être chez lui.Le plus juste serait que les vies lesplus mal nées puissent se dire elles–mêmes. Avec leurs mots à elles,avec leur langue propre, qui s’estsculptée sur les chemins arides dudéracinement, dans sa pathétiqueincomplétude.Elles dérangeraient un semblantd’ordre qui est en réalité un ran-gement d’ordre politique, unecatégorisation au profit des plusriches.Car la connaissance de la vie, laculture, les sentiments, ne sont pasl’apanage d’une seule culture classi-que, dont de toute façon les vies

immigrées resteront exclues.La pensée unique est une atteintegrave à la démocratie et auxdroits de l’homme.Ces vies pourraient être entendueshors d’une pensée charitable etcondescendante, elles devien-draient de véritables leçons de viepour ceux qui voient plus loin que lecoin de leur rue.Pour ceux qui ne veulent pas oublierque la Vie est partagée par des mil-liards de vies de valeur identique, lavaleur de la Vie. »

Rejoignez le cercle de silence lepremier vendredi de chaque moisde 18 à 19 heures devant la mairiede Bayonne.

ATTAC Pays basque

Maison des associations

6 rue Albert Le Barillier

64600 Anglet

http://local.attac.org/paysbasque

[email protected]

Prochaines activités deattac pays basque

A la Taverne de l’Atalante deBayonne de 19 à 21 heures, Attaccafés ouverts à toutes et tous, autour d’un verre :

• Le lundi 2 mai : « Quelle(s) ban-que(s) pour une finance utile à a soci-tété ? » par Philippe Robart dans lecadre de la réunion du G8.• Le mardi 10 mai : « L’eau desPyrénées est-elle encore un bienpublic ? » par Claire Dutrillaux, prési-dente du collectif Adour-EauTransparente.• Lundi 30 mai : « UnionEuropéenne et démantèlement desservices publics : où en est on concrê-tement ? », par Eliane Pibouleau-Blain, militante associative et élue d’oppo-sition à la mairie de Bayonne.

Le 21 mai à 10h30 devant les Hallesde Bayonne, rejoignez les membresd’attac pays basque pour une opéra-tion : « G8, dégage ! » en ce jour demanif nationale contre le G8.

ET UN EVENEMENT EXCEPTIONNEL !Du12 au 18 juillet l’annuel ALTERVIL-LAGE d’Attac aura lieu à Mouguerre :inscriptions bientôt ouvertes !

N° 144 • MAI / JUIN 2011

la paged’

Solidarité avec les sanspapiers ? Plus que jamais !

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Par Inf’OGM

Des chercheurs de l’Université deSherbrook au Québec, Canada, ontmontré la présence de pesticides(herbicides à base de glyphosateou de glufosinate et de protéinesinsecticides Cry1Ab) et de leursrésidus dans le sang de femmes,dont certaines enceintes. Selon unarticle de la revue ReproductiveToxicology [1], sous presse, « c’estla première étude à mettre en évi-dence la présence de pesticidesassociés aux aliments génétique-ment modifiés dans le sang de fem-mes enceintes, de fœtus et de fem-mes non enceintes ».Pour cette étude, les scientifiquesont effectué des prélèvements san-guins chez des femmes habitant laville de Sherbrook. Ces femmes,ainsi que leur mari, n’ont jamais tra-vaillé au contact de pesticides etleur régime alimentaire est annoncécomme typique d’une zone indus-trialisée du Canada. La présence depesticides dans leur sang seraitdonc principalement issue de leuralimentation. D’ailleurs, les scientifi-ques précisent que si aucune ana-

lyse du panier alimentaire n’a étéfaite pour établir la quantité de rési-dus de pesticides présents dans lesaliments, ils considèrent « conceva-ble que la majorité de la populationy est exposée via leur alimentationquotidienne », du fait de la forte pré-sence d’aliments GM (soja, maïs,pommes de terre…). Dans le détail,les résultats d’analyse montrent queles chercheurs ont trouvé dans lesang de trente femmes enceintes :des résidus de glufosinate (chez100 % des femmes prélevées) etdes protéines Cry1Ab (93 % desfemmes prélevées) ; dans le cordonombilical : des résidus de glufosi-nate (100 %) et des protéinesCry1Ab (80 %) ; et dans le sang de39 femmes non enceintes : du gly-phosate (5 %), du glufosinate(18 %), des résidus de glufosinate(67 %) et des protéines Cry1Ab(69 %). Pour expliquer l’absence deglyphosate, de résidus de glypho-sate ou de glufosinate dans certainscas (ou dans tous pour les résidusde glyphosate), trois hypothèsessont avancées : l’absence d’exposi-tion à ces molécules des femmesprélevées, leur élimination efficace

par l’organisme ou une limite de laméthode de détection utilisée. Lestravaux pour répondre à ces ques-tions restent donc à faire toutcomme l’analyse des possiblesconséquences de la présence deces molécules.L’objectif des chercheurs était dou-ble : établir si l’alimentation quoti-dienne est vectrice de ces molécu-les chimiques et fournir des don-nées nécessaires à de plus amplesanalyses d’impacts, notammentdans le domaine de la procréationchez la femme. Selon l’article, le gly-phosate avait été l’objet d’une étudesimilaire dans des échantillonsd’urine de femmes du monde agri-cole comparés à ceux de femmesextérieures à ce milieu [2]. Lesauteurs appellent à des recherchesplus poussées dans le domaine de« la nutrition, la toxicologie et lareproduction chez les femmes »,soulignant que « les désordresgynécologiques et obstétriquesassociés aux molécules chimiquesprésentes dans l’environnement nesont pas connus ».La question de l’évaluation des ris-ques liés aux herbicides, résidus

d’herbicides ou insecticides est aucentre de controverses depuis plu-sieurs années. Les travaux du Pr.Gilles-Eric Séralini dans le domainedes herbicides à base de glypho-sate ont par exemple souvent étél’objet de vives discussions entrescientifiques. L’article sous pressedes chercheurs canadiens devraitdonc encourager l’expertise scienti-fique puisque, selon eux, c’est lapremière fois qu’une analyse desconcentrations de telles moléculesest effectuée ! Rappelons qu’aprèsenviron quinze années de commer-cialisation en Amérique du nord,près de 100 % des plantes généti-quement modifiées commerciali-sées sont modifiées pour tolérer unherbicide, produire une protéineinsecticide ou disposer des deuxcaractères.

[1] « Maternal and fetal exposure to pesti-cides associated to genetically modified foodsin Eastern Townships of Quebec, Canada »,Aris A et al., Reprod Toxicol (2011),doi:10.1016/j.reprotox.2011.02.004.[2] « Urinary pesticide concentrations amongchildren, mothers and fathers living in farmand non-farm households in Iowa » CurwinBD. Et al., Ann Occup Hyg., 2007, pp 51, 53.

11ORTZADAR •N° 144 • MAI / JUIN 2011

SAMEDI matin 30 avril, les opposants à la LGVont entamé une nouvelle forme de résistanceau projet LGV qui doit défigurer le pays Basque.

Cent cinquante d’entre eux ont effectué une « flâne-rie » le long du tracé prévu dans la Commune deMouguerre.

Arrêt café chez des riverains, présentation du milieunaturel extrêmement riche, description des tunnels,viaducs, décaissements et remblais prévus puis cassecroûte convivial à l’arrivée sur les hauteurs de laroute des cimes.

Le cortège n’est pas passé inaperçu des habitants duvillage qui rappelons le, ont voté à 92 % contre leprojet au cours d’un référendum réalisé en sortie desurnes officielles des dernières municipales avec iso-loirs, urnes, bulletins de vote cacheté, présentationde la carte d’électeur, émargement de la liste électo-rale et dépouillement devant des personnes moraleset des journalistes.

Une première scientifique : résidus de pesticides issus d’aliments transgéniques dans le sang des femmes

Flânerie contre la Grande Vitesse

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Imprimé sur les presses de l'imprimerie Artisanale à Bayonne

l’étrangèreun film de feo aladag

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Tél / Fax : 05 59 31 85 82 — Courriel : ortzadar @ bigfoot.comhttp://ortzadar.free.fr

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Vous pourrez consulter en ligne les anciens exemplaires jusqu’au N°104

Avec Sibel KEKILLI (Umay), SetanTANNÖGEN (Kader le père),Derya ALABORA (Halime lamère), Florian LUKA (le collègueet ami de Umay).

« L’Etrangère » est le premierfilm de Feo ALADAG, réalisatriceallemande d’origine turque.

Feo Aladag s’est intéressée auxcrimes d’honneur lors de la réa-lisation pour Amnesty internatio-nal, de spots publicitaires,dénonçant la violence faiteaux femmes.

Dans le monde, selon les chif-fres de l’ONU, plus de 5000 cri-mes d’honneur sont commischaque année et pas seule-ment dans la communautémusulmane.

Le crime d’honneur est une tra-dition archaïque bien anté-rieure aux religions du Livre.

La réalisatrice, profondémenttroublée par ses recherches surle sujet a voulu comprendrecomment les traditions commu-nautaires et patriarcales pèsentet affectent la vie sociale, fami-liale, affective des hommes etdes femmes qui les subissent.

Elle a ainsi choisi de suivre lecheminement d’une jeunefemme vers la liberté, son combat contre elle-même etles autres pour vivre et aimer.

Cette jeune femme, c’est Umay.Elle vit à Istanbul avec son mari, Kemal et son petit garçon,Cem.

Malheureuse en ménage, elledécide de fuir avec son enfantet se réfugie en Allemagne, àBerlin, auprès de ses parents.

L’accueil est de prime abordchaleureux, qui témoigne de laforce de l’attachement familial.

Mais très vite le malaise s’ins-talle. Umay est venus seule.Kemal, son mari, n’est pas venuet il ne viendra pas.Impensable ! Une femmemariée appartient à son mari, et ne peut décider seulede sa vie.

Elle est malheureuse ? Il la bat ?« La main qui frappe est aussi celle qui apaise »rétorque le père…

Umay persiste. Elle ne retour-nera pas chez son mari.

L’honneur de la famille est enjeu. La pression s’accentue :négociations, menaces, chan-tage, violences. Umay doit ren-trer dans le rang et remplir auxyeux de la communauté sesobligations d’épouse et demère auprès de son mari.

Poussée par un instinct de sur-vie, malgré son angoisse et sadouleur, elle brave l’interdit etfuit le domicile parental, avecl’aide de la police.

La réalisatrice décrit avec jus-tesse les effets délétères de cescoutumes ancestrales.Bourreaux et victimes subissentimpuissants la dure loi d’uncode de l’honneur archaïquequi les oblige à renier leursaspirations profondes et leursélans du cœur.

Ainsi, Feo Aladag prend gardede conserver un œil objectif surses personnages.

Le choix d’Umay pour la libertéet l’émancipation engage cha-cun des membres de la familleet les expose à l’opprobre deleur communauté d’apparte-nance, source de beaucoupde souffrance.

Hommes et femmes (surtoutelles) sont prisonniers de cetordre social patriarcal qui lespiège et les enferme dans desrôles sociaux figés, malgré leurdésir d’aimer et d’être aimé.

La réconciliation est à portéede main, une main qu’il suffiraitde tendre et qui à chaque ten-tative d’approche se dérobe.

Un très beau film, poignant,porté par la lumineuse SibelKekilli. La mise en scène, trèssobre, porte à l’incandescencela force des émotions jusqu’autragique dénouement final.