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Cryptologie : Stéphanie sécurise les paiements sans contact Géochimie : Stefan et Pierre reconstituent l’air primitif Biochimie : Mari combat le cancer du cerveau DOSSIER Alimentation La digestion des produits laitiers à l’étude Santé Quand trop de fer nuit L’actualité scientifique en Bretagne n° 352 - Mai 2017 - 3 www.sciences-ouest.org LES CHERCHEURS BRETONS VIVENT L’EUROPE Ingénierie La navigation à voile réinventée Biologie Contre l’invasion des étoiles de mer

Mise en page 1 - Espace des sciences · biologiste rencontre les éle-veurs, fait le point sur les pré-cédentes études scientifiques, réunit des informations par-tielles et dévoile

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Cryptologie : Stéphanie sécurise lespaiements sans contact

Géochimie : Stefan et Pierrereconstituent l’air primitif

Biochimie : Mari combat le cancer du cerveau

DOSSIER

Alimentation La digestion desproduits laitiers à l’étude

Santé Quand trop de fer nuit

L’actualité scientifique en Bretagne n° 352 - Mai 2017 - 3 € www.sciences-ouest.org

LES CHERCHEURS BRETONSVIVENT L’EUROPE

Ingénierie La navigationà voile réinventée

Biologie Contre l’invasiondes étoiles de mer

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À L’ESPACE DES SCIENCES 19

L’AGENDA DE LA RÉDACTION 20

L’ÉPREUVE PAR 7 FRÉDÉRIQUE VIARD,chercheuse en écologie et biologie évolutive 22Une interview non scientifique

DÉJÀ DEMAIN LES BRÈVESCE QUE JE CHERCHEParGHISLAINE BAROUTI, chimiste, « J’ai conçu un polymère biodégradable pour traiter le cancer du foie. » 4L’UNION CONTRE L’INVASION DES ÉTOILES 4LE VIRTUEL SUR LE PONT 5TROIS ENTREPRISES EN UNE ! 6LA NAVIGATION À VOILE RÉINVENTÉE 7

DÉJÀ DEMAIN LES ACTUSLES SECRETS DE LEUR DIGESTION 8QUAND TROP DE FER NUIT 9

n° 352 MAI 2017

SUIVEZ-NOUS SUR : www.sciences-ouest.orgTwitter @sciences_ouestFacebook @SciencesOuestMag

ET VIA NOTRE APPLI SUR : iPhone et Android

DR

DANS LE RÉSEAU DE L’EUROPE 10 à 18DES CELLuLES SouS ConTRôLE 12DES MATéRiAux MALTRAiTéS 13ET LA TERRE PRiT Son BoL D’AiR 14BREST ET CAnTERBuRy voiEnT Loin 15LuMièRE SuR LES PARTEnARiATS 16AvEC GALwAy ConTRE LE CAnCER 17LES CERvEAux DE L’EuRoPE ! 18

Un magazine du Pôle Bretagne culture scientifique réalisé par l’Espace des sciences

Mai 2017 N°352 SCIENCES OUEST 3

LE DOSSIER

POINTE SÈCHE PAR WILLIAM AUGEL

Hasard du calendrier. Alors que l’Europe a faitl’objet de bien des débats en France ces dernièressemaines, la Communauté économiqueeuropéenne fête ses soixante ans (Traité de Rome)et le Conseil européen de la recherche ses dix ans.Ce dernier anniversaire, qui concerne plus larédaction de Sciences Ouest, permet de rappeler lavariété des dispositifs européens de soutien à larecherche : financements de projets collaboratifs

ou au contraire menés en solo par une équipepour tester un concept, achat de matériel,incitation à la mobilité des étudiants et de leursaînés... L’occasion aussi de présenter quelquesbelles histoires dont des chercheurs bretons etleurs acolytes allemands, anglais, portugais,irlandais..., sont les héros !

NATHALIE BLANCréDactrice en cheF

La science sans frontières

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de suivi de la ressource. Ce projet de scienceparticipative, associant les mytiliculteurs, lespêcheurs et les plongeurs, a pour objectif decartographier la population des étoiles demer. La dynamique de leur prédation pour-rait être liée à un dérèglement du milieu. ÀPénestin, les facteurs en cause sont peut-êtreun manque d’arrivée d’eau douce de laVilaine, des modifications des courants, de la

température et des vents, dont dépendentles déplacements des étoiles.

Pour sa première année, le réseauhalieutique s’intéresse aussi au suiviet à la gestion des espèces hors quota,aux données socio-économiques desfilières pêche et aquaculture, quimanquent de visibilité, aux nouvellesressources marines et à leurs valori-sations, ainsi qu’aux opportunitésde cultiver plusieurs espèces sur unmême site aquacole(4).

(1) Les espèces Asteriasrubenset Marthasterias glacialis.(2) ifremer, iueM, station biologiquede roscoff, agrocampus ouest, univer-sité bretagne sud, Mnhn et inra.

(3) Muséum national d’histoire naturelle.(4) aquaculture multitrophique intégrée. LireSciences Ouest n° 344-septembre 2016, associa-tion de bienfaiteurs.

Le réseau halieutique de bretagne étudie les ravagesdes étoiles de mer sur les élevages de moules.L’union contre l’invasion des étoiles

E lle porte un joli nom, mais c’est uneprédatrice. En Bretagne, l’étoile demer(1) s’attaque aux moules et aux

coquilles Saint-Jacques. Sur un pieu de bou-chot, des dizaines d’étoiles peuvent engloutirune partie des moules. Le syndicat des myti-liculteurs de Pénestin, dans l’estuaire de laVilaine, estime que la mortalité peut atteindrejusqu’à 75 %. Pour préserver les coquillesSaint-Jacques et les mollusques, l’une destechniques consiste à pêcher les étoiles de merau chalut, quand elles sont au large. Maiscela a un coût. Et les étoiles reviennent tou-jours. Et qu’en faire ?

Le Réseau halieutique de Bretagne réunitdepuis janvier, à l’initiative de la Région,les scientifiques(2) et les professionnels dela pêche et de l’aquaculture. Ces acteursont décidé de réaliser une première étude

sur l’invasion des étoiles. Étudianteen biologie marine (Master 2

aquacole) à Agrocam-pus Ouest,

É l i s aTeisseire yconsacre sonstage de fin d’études,à la Région. Parmi ses objectifs,elle va mesurer l’impact écono-mique du phénomène et étudierdes pistes de valorisation. Labiologiste rencontre les éle-veurs, fait le point sur les pré-cédentes études scientifiques,réunit des informations par-tielles et dévoile les solutionsadoptées à l’étranger (Pays-Bas, Grande-Bretagne, Irlande,Canada) face au fléau. Au Dane-mark, les étoiles de mer transfor-mées en farine complètent, parexemple, l’alimentation des porcs.

Au sein du réseau, la Station biologiquede Concarneau(3) veut développer un outil

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4 SCIENCES OUESTN°352Mai 2017

Déjà demain

MER

LAURÉATS MARINS� Le 29 mars dernier, le Pôle Mer bretagneatlantique a désigné quatre lauréats du bluechallenge, qui récompense les innovations en lien avec la mer : agrocampus ouest(collaboratif), les groupes collecteLocalisation satellites (business), roullier(international) et Geps techno, spécialiséedans l’énergie marine (coup de cœur).Rens. : http://bit.ly/2pMtvGQ

À LA CONQUÊTE DE L’AMÉRIQUE� Quatre start-up bretonnes ont étésélectionnées à l’issue du concours breizhamerika startup contest, qui vise à aider leurimplantation aux états-unis. Parmi elles,apizee conçoit des outils vidéo de diagnostictechnique, La tour azur est spécialisée dansla réalité augmentée et Woleet dans lasécurisation des données.Rens. : www.breizh-amerika.com/blog

INTERNATIONAL

CE QUE JE CHERCHEDr

« J’ai conçu un polymère biodégradable pour traiter le cancer du foie. »

«Lors de ma thèse, sous la directionde Sophie Guillaume, j’ai synthétiséde nouveaux polymères, biocom-patibles et entièrement biodégra-

dables, capables de renfermer un principeactif pour le traitement du cancer du foie. Lescopolymères(1) que nous avons synthétiséscomportent un bloc hydrophile et un blochydrophobe. Ceci leur donne la capacité des’auto-assembler en solution aqueuse sousla forme de sphères creuses. Le contrôleprécis de la structure et de la compositionchimique des polymères nous a permis demaîtriser précisément leur assemblage. Desnanoparticules de polymères sont déjà uti-lisées pour délivrer des molécules de médi-cament en ciblant précisément un tissu,mais, à notre connaissance, il s’agit despremiers de ce type(2) entièrement biodégra-dables. Au cours de ma thèse, nous avonsmontré que les nanoparticules formées àpartir de ces polymères étaient particulière-ment stables en solution aqueuse, ce quiconstitue un avantage important pour la libé-ration prolongée de principes actifs. Mes tra-vaux de thèse ont également permis demontrer qu’ils ne présentent pas de toxicitéaiguë (d’après des résultats obtenus sur descultures de cellules), et que leur structurechimique permet de limiter la reconnais-sance par le système immunitaire, ce quipermettra au final d’augmenter leur tempsde circulation dans l’organisme. Il y a encorebeaucoup de travail à faire avant que le poly-mère puisse être utilisé, mais une start-ups’intéresse au projet et pourrait développerces nouveaux systèmes. »PROPOS RECUEILLIS PAR MARYSE CHABALIER

(1)Les copolymères sont des polymères constitués d’au moins deuxmotifs répétitifs différents. (2)Dérivés de polyhydroxyalkanoates.

Rens. : Ghislaine Barouti, [email protected]

GHISLAINE BAROUTI, CHIMISTE

Ghislaine Barouti a effectuésa thèse, soutenue en 2016, à l’Institut des scienceschimiques de Rennes (UMR 6226 CNRS, Universitéde Rennes 1). Elle a reçu le premier prix dethèse de l’École doctoraleSciences de la matière, remispar la Fondation Rennes 1le 31mars dernier. Sept autresdoctorants de différentesdisciplines ont également étérécompensés.

LES ÉCHOS DE L’OUEST

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Rens. : [email protected], tél. 02 99 27 14 89

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Mai 2017 N°352 SCIENCES OUEST 5

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Le virtuel sur le pont

C onstruire un navire, c’est assemblerdes blocs fabriqués séparément. Pours’assurer qu’une pièce sera placée au

bon endroit, il faut généralement s’en remet-tre aux plans papier. « Aujourd’hui, on dis-pose d’une maquette numérique pour laconception, mais elle n’est pas encore utiliséeau maximum pour la construction ou la main-tenance des bateaux », explique Yann Bouju,référent réalité virtuelle et augmentée chezDCNS.

Depuis quelques mois, le groupe deconstruction navale teste, sur deux chan-tiers à Lorient et à Cherbourg, des applica-tions de réalité augmentée développéesentre autres par l’entreprise Diota, en colla-boration avec DCNS Research, située prèsde Nantes. L’image numérique de la pièceà poser se superpose au centimètre près auréel, grâce à une tablette ou des lunettes deréalité augmentée. Un gain de temps a déjàété noté par les ouvriers. Le logiciel pourraaussi être utilisé pour contrôler le montageen fin de construction et faciliter les tâchesde maintenance. La solution a été présentéeà la fin de mars, lors du salon Laval Virtual.Rens. : [email protected]

DES DÉVELOPPEURS EN GARE� Du 7 au 9 avril derniers, la gare de saint-brieuc aaccueilli le premier Datathonde bretagne sur la mobilité.L’objectif : développer pendant48 heures des applicationsexploitant les donnéesfournies par différentspartenaires, dans l’objectif defaciliter le déplacement et ladécouverte de la ville.

Rens. : www.bretagne.bzh/jcms/prod_393779/fr/un-datathon-sur-la-mobilite-a-saint-brieuc

CLAP DE DÉBUT POUR UN LABO� L’équipe Mimetic de l’irisa(1),spécialisée dans lamodélisation des mouvementshumains, s’est associée à lasociété d’animation solidanim(ivry-sur-seine) pour créer unlaboratoire commun, cineviz.il vise à développer denouvelles technologies pourprévisualiser les scènes defilms avant leur tournage.(1) universités de rennes 1 et rennes 2, inria,ens rennes.

Rens. : http://bit.ly/2oXefLm

3,2,1,0, MISE À FEU !� Le 26 avril dernier, unefusée a décollé de suède,pour un vol supersonique dequelques secondes à 5 km de haut. elle a été assembléepar des étudiants, dont desrennais, dans le cadre duprojet Perseus(1). initié par lecnes(2), celui-ci vise àpromouvoir le domainespatial et à faire émerger desinnovations technologiques. (1) Projet étudiant de recherche spatialeeuropéen universitaire et scientifique.(2)centre national d’études spatiales.Rens. : http://bit.ly/2qrYmN3

DE LA MER À LA FORÊT TROPICALE � Des océanographes en pleine forêt tropicale américaine ?Frédéric Mahé et ses collègues de la station biologique deroscoff ont apporté leur expérience de l’échantillonnage et del’analyse de grandes quantités de données génomiques, acquiselors de l’expédition tara oceans(1), à l’étude de plus de 600 prélèvements de sol. ce qui frappe le plus dans les premiersrésultats publiés est la diversité des eucaryotes(2) unicellulaires,à l’image de ce qui a été découvert dans les océans. « On n’a pasle chiffre exact, mais ils seraient encore plus diversifiés que lescentaines de milliers d’espèces d’insectes connus dans ces forêts »,indique Frédéric Mahé, un des auteurs de l’étude.(1) Lire Sciences Ouest n° 333-juillet 2015, Le plancton livre ses secrets. (2)Les eucaryotes sont des organismes avec un noyau cellulaire.

Rens. : Frédéric Mahé, [email protected]

LA TRAME VERTE ET BLEUE N’EST PAS TOUJOURS ROSE � La trame verte et bleue (tvb) est une politique inscrite dans les codes del’environnement et de l’urbanisme, pour assurer des continuités écologiques etpréserver la biodiversité. Pour sa thèse en écologie et en géographie(1), Juliechaurand étudie cette politique en bretagne (régions de rennes, de brest et dugolfe du Morbihan) et en occitanie. elle veut « comprendre l’articulation entre leséchelles territoriales de la politique TVB, et savoir si elle est cohérente » pourl’aménagement du territoire. écologie du paysage, multifonctionnalité des espaces(biodiversité, loisir, production), gouvernance : le sujet est complexe. Par exemple,chaque espèce animale, notamment la loutre (photo), utilise des continuités qui luisont propres (sites où elle se nourrit, se reproduit et se repose). Face à cettecomplexité, les acteurs locaux ne savent pas toujours comment agir. La tvb peutdevenir une “patate chaude”, que chacun repasse à l’autre. Des relais (parc naturelrégional, agence d’urbanisme, association, bureau d’études, chercheur...) peuventéclairer les débats. Julie chaurand bouclera sa thèse cet automne. elle l’aprésentée à la journée Qu’est-ce qui se trame en bretagne ?, le 6 avril à vannes(2).(1)encadrée par le géographe Jean-Philippe tonneau (cirad, Montpellier) et l’écologue du paysage Jacques baudry (inra,rennes). (2)Journée organisée par le Parc naturel régional du golfe du Morbihan et l’osur.

Rens. : Julie Chaurand, [email protected]

ÇA ROULE AU MILIEU DES POULES� Le robot conçu par la société tibot pour inciter les poules à

pondre sur un pondoir(1) sera bientôt commercialisé. il aété testé dans la ferme expérimentale

du laboratoire ethos (université derennes 1). Les premiers résultatsindiquent une diminution du nombre

de pontes au sol de 23 %. (1)Lire Sciences Ouestn° 345-octobre 2016, Le numérique vient

en aide aux éleveurs.Rens. : www.tibot.fr/index.php?lang=fr

AGRONOMIE

LA MANUTENTION INNOVE� Le groupe ba systèmes (ille-et-vilaine) areçu le prix vidéo du concours national derobotique extérieure organisé par le ministèrede l’économie et des Finances, destiné auxentreprises ne pouvant pas déplacer leurdémonstrateur. La société a conçu un chariotautomatique pouvant porter jusqu’à dixtonnes de marchandises.Rens. : http://bit.ly/2oGp03x

ROBOTIQUE

NOUVELLE DIRIGEANTE� thérèse thiéry a éténommée présidente de lafédération des septtechnopôles de bretagne.Maire de Lanester(Morbihan), elle succède pourun an à hervé cuvelier.

Rens. : http://bit.ly/2oWUt2v

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LIVRES Les coups de cœur de la Bibliothèque de Rennes Métropole

Retrouvez ces ouvrages en prêt au 3e étage de la Bibliothèque de Rennes Métropole, Les Champs Libres - pôle Sciences et vie pratique.www.bibliotheque-rennesmetropole.fr

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AU CŒUR DES TROUS NOIRS � Deux personnages ont uneconversation sur les trousnoirs : ces objets étrangesexistent-ils ? La théorie de larelativité générale d’einsteinest-elle utile pour lescomprendre ? Quelle est lanature de la singularitécentrale ? ce petit livre écritpar aurélien barrau,chercheur au cnrs, expliqueles grandes énigmes destrous noirs.

Aurélien Barrau, Dunod, 2017.

L’INTELLIGENCE ANIMALECervelle d’oiseaux etmémoire d’éléphants� emmanuelle Pouydebat,chercheuse au Muséumnational d’histoire naturelle,redéfinit l’intelligence commeune stratégie comportementalerépondant à des situationscomplexes et évolutives.coopération, empathie,mémorisation spatiale,utilisation d’outils… Deux centsexemples illustrent la pluralitéde l’intelligence et mettent àmal la suprématie humaine. Emmanuelle Pouydebat, Odile Jacob, 2017.

L’AVENTURE ROSETTA : 900 jours sur une comète � Les auteurs retracent lesvingt-cinq années de lamission rosetta, de saconception jusqu’à sonépilogue en 2016. après unvoyage de 10 ans, la sonde alargué sur la comète tchourile robot Philae en 2014. Des témoignages descientifiques et d’ingénieursde vol, des schémas et denombreuses photographiesillustrent ce défi.

Cécile Dumas et Jean-Christophe Ribot,Glénat/Arte éditions, 2017.

6 SCIENCES OUESTN°352Mai 2017

Déjà demain

LES ÉCHOS DE L’OUESTAUDIOVISUEL

AMÉLIORER L’IMAGE� L’institut de recherche b-com a reçu le Prix de l’innovation technologique lors dusalon nab show à Las vegas, événement quiréunit les acteurs mondiaux de la diffusionaudiovisuelle. sa technologie de conversiondes formats audiovisuels permet d’améliorerla qualité des images télévisées. Rens. : https://b-com.com/fr/news/bcom-prim%C3%A9-au-nab-show-de-las-vegas%C2%A0

Environnement :des recherches de Rennes à Montréal

D es deux côtés de l’Atlantique, lesmêmes questions liées à l’environne-ment se posent. Les chercheurs québé-

cois (UQ(1)) et rennais (Osur(2) et Eso(3)) ontenvie de collaborer. Ils l’ont montré lorsdes Journées interdisciplinaires en sciences de l’environnement, au début d’avril àl’Uqam(4), à Montréal. Ces organismes réu-nissent des biologistes, des climatologues, desgéochimistes, des chercheurs en droit et ensociologie de l’environnement... Le potentielcollaboratif est riche.

Trois axes de recherches communes sontimaginés. Le premier concerne les ressourcessouterraines « dans un contexte où s’amplifientles controverses sur leur extraction. » En étu-diant ces ressources « et leurs liens avec les éco-systèmes de surface », l’objectif est d’éclairerles débats et les décideurs. Le second s’inté-resse à la transition écologique dans les villes,« dont Montréal et Rennes sont des exemplesemblématiques. » Le troisième est la qualitéde l’eau des bassins versants « dans lecontexte des changements climatiques et del’intensification de l’usage des sols. »

Parmi les réalisations concrètes, une for-mation commune en sciences de l’eau a étésignée par les présidents de l’université qué-bécoise INRS(5) et de l’Université de Rennes 1,le 26 avril à Rennes. « Ce master bidiplômantva permettre de renforcer les collaborations,explique Gilles Pinay, le directeur de l’Osur.Les stages des étudiants, effectués dans les deux pays, porteront sur des sujets de recherchecoencadrés par des chercheurs de Rennes et del’INRS. L’étape suivante est la codirection dethèses. »Ce master commence en septembre.

(1)réseau université du Québec (www.uquebec.ca/reseau/fr). (2)obser-vatoire des sciences de l’univers de rennes (université de rennes 1,cnrs). (3)eso-rennes “espaces et sociétés” (université rennes 2, cnrs).(4)À l’université du Québec à Montréal, l’institut des sciences de l’envi-ronnement est l’équivalent de l’osur. (5)institut national de la recherchescientifique. Rens. : Gilles Pinay, tél. 02 23 23 60 75,[email protected]

Trois entreprises en une !

C réée en 2010 pour développer de nou-veaux catalyseurs non polluants misau point à l’ENSCR(1), l’entreprise ren-

naise Oméga Cat System(2) s’est ensuite tour-née vers la synthèse de phéromones, facilitéepar ses catalyseurs. Ces substances servent àlutter contre les insectes ravageurs en brouil-lant leur communication. « Nous savons faireles phéromones, mais nous ne savions pas com-ment les utiliser », témoigne cependant Fré-déric Caijo, ancien directeur de l’entreprise.C’est là que les connaissances d’une sociétéparisienne, Capnodis, spécialisée dans lecycle de vie des insectes, deviennent utiles.

Une troisième start-up, Stratoz (Montpellier),a également rejoint l’aventure. Elle utilise desmétaux extraits des plantes pour fabriquer...des catalyseurs ! Les trois sociétés ont fusionnéà la fin de 2016 sous le nom de Demeta. Enplus de la production de phéromones, la nou-velle entreprise, basée à Rennes, va créer despolymères destinés à la construction navale,et une molécule tirée du bois, qui peut servirde base à la fabrication de produits pharma-cologiques, cosmétiques et d’arômes.(1)école nationale supérieure de chimie de rennes. (2)Lire Sciences Ouestn° 343-juin 2016, Lutter sans les tuer.Rens. : Frédéric Caijo, tél. 02 99 38 85 60,[email protected]

Des spécialistes de la fabrication de catalyseurs, de lasynthèse chimique et des phéromones se sont alliés.

NOUVEL INCUBATEUR � canon bretagne, situé à Liffré(ille-et-vilaine), va créer son incubateur, pouraccueillir des start-up dans le domaine del’électronique et de la mécanique, horsactivité militaire. Les entreprisesbénéficieront d’un accompagnementtechnique. un appel à projets est en coursjusqu’au 24 mai. Rens. : www.pole-startups.fr

COUP DE POUCE À L’OUEST� La 17e édition de start West, qui favorise larencontre de jeunes entreprises de l’ouest avecdes investisseurs, a eu lieu le 29 mars dernier.cinq entreprises ont été récompensées, dontMapui, plate-forme pour la mise en commundes médicaments entre hôpitaux, et copeeks,spécialiste de l’agriculture connectée.Rens. : www.start-west.com/actualit%C3%A9s/le-bilan-de-la-17e-%C3%A9dition

START-UP

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Mai 2017 N°352 SCIENCES OUEST 7

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Du soleil et du vent, les conditionsidéales étaient réunies en baie de Qui-beron le 20 avril dernier, pour le der-

nier jour de tests du KiteLab, bateau tractépar une aile de kite. Après des années demodélisations sur ordinateur et des tests defaisabilité en mer(1), c’est enfin l’étape desmesures précises pour le projet Beyond thesea(2). Le but ultime est d’équiper les cargosd’une aile de cerf-volant géante, qui leurferait économiser 20 % de carburant. Pourl’instant, les tests se font à une échelle plusmodeste : le bateau, spécialement conçu pardes élèves de l’Ensta(3) Bretagne, fait sixmètres de long pour 800 kg à charge. Au-dessus de l’embarcation, l’aile fait de grandshuit, qui augmentent le vent apparent : « Avec une voile de kite de cinq mètres carrés,le bateau avance bien, alors que ce ne seraitpas possible avec une voile classique de lamême dimension », explique Morgan Behrel,doctorant à l’Ensta Bretagne, en charge desmesures. Un pilote automatique contrôle lesmouvements de l’aile. Le bateau est bardéde capteurs : ils enregistrent l’effort générépar le kite, les mouvements et la vitesse del’embarcation, ainsi que celle du vent. Deuxthèses sont en cours autour du projet, en plusde celle de Morgan Behrel, afin d’étudier lecomportement du bateau tracté par le kite

et la déformation de celui-ci lors de la navi-gation. Des données essentielles avant depasser, d’ici à quelques années, à l’échellesupérieure.

(1)Lire Sciences Ouest n° 322-juillet 2014, Quand le vent les portera.(2)consortium porté par la société beyond the sea, auquel participe l’enstabretagne. L’école nationale de voile et des sports nautiques, à saint-Pierre-Quiberon, a contribué aux essais du kiteLab. (3)école nationalesupérieure de techniques avancées.

Rens. : Morgan Behrel, [email protected]

Des doctorants de l’ensta bretagne testent la tractionde bateaux à l’aide d’un cerf-volant. La navigation à voile réinventée

LE SMARTPHONE QUI VOUS RECONNAÎT� orange Labs étudie un système pour nous identifier sur notre téléphonegrâce à... notre comportement ! Le projet de recherche, développé depuisquatre ans, a été présenté le 29 mars à rennes. « Pour que l’authentificationsoit fiable, nous utilisons cinq paramètres, explique vincent Frey, chercheur àorange Labs rennes et responsable du projet. La première est votre façon debalayer l’écran, que vous ne partagez qu’avec 1 à 10 % de la population.Deuxièmement, vos habitudes d’appels, couplées au lieu d’où vous les passez,vous rendent quasiment unique. » ensuite, l’accéléromètre intégré au téléphonepeut reconnaître votre façon de marcher. Les identifications faciale et vocaleviendront compléter le test. ces données sont réunies pour donner un taux deconfiance de votre identité. s’il devient trop faible, le téléphone se bloque.L’outil serait dix fois plus fiable que l’empreinte digitale. L’objectif est de letester au début de 2018 sur 10000 utilisateurs.Rens. : Vincent Frey, [email protected]

BPIFRANCE SOUTIENT L’INNOVATIONBRETONNE� Deux millions d’euros injectés (selondifférents dispositifs), 4190 entreprisesaccompagnées, dont 207 entreprisesinnovantes soutenues, tel est le bilan 2016 de bpifrance bretagne, présenté le 31 marsdernier en présence de Jean-Yves Le Drian,président du conseil régional de bretagne. ce dernier rappelant les articulations desoutils de financements régionaux avec ceuxde bpifrance, comme le fonds régionald’innovation, et soulignant l’associationhistorique de la région avec la banqued’investissement (présente dans les quatredépartements). La bretagne est la seulerégion présente au capital de bpifrance.Rens. : www.bpifrance.fr

CULTIVER LES IDÉES DES ÉTUDIANTS � suite au succès du projet kraken(1),récompensé l’année dernière par laFondation bPo(2), cette dernière a créé unebourse à destination spécifique des étudiantsaccompagnés par le Fablab de l’ubo(3). Le premier prix a été remis le 7 avril dernierau projet de chloé Garcia, qui a réuni desétudiants en microbiologie, électronique etdesign. ils ont créé un écosystème miniature,avec des poissons, des plantes et desbactéries, qui permet de cultiver un “jardinnourricier” chez soi. Quatre autres projets ontété récompensés.(1)Lire Sciences Ouestn° 348-janvier 2017, Les idées fusent à l’université.(2)banque Populaire de l’ouest. (3)université de bretagne occidentale.Rens. : http://bit.ly/2p5HhU4

DÉCORATION À RENNES 1� Jean Goasguen, ancien vice-président del’université de rennes 1 (2000-2008), a reçu la Légion d’honneur le 25 avril dernier, pourses recherches sur la leucémie. il a dirigé unlaboratoire en hématologie et immunologie à l’université de 1980 à 2005.

Rens. : www.univ-rennes1.fr/actualites/26042017/legion-dhonneur-jean-e-goasguen

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Voir le diaporama www.espace-sciences.org/so352/kitelab

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8 SCIENCES OUESTN°352Mai 2017

L es produits laitiers, toutle monde connaît. Maisplus que leur composi-

tion en lipides, protéines...,c’est la structure même de cesaliments qui est aujourd’huiétudiée de très près par leschercheurs. À Rennes, aulaboratoire Science et techno-logie du lait et de l’œuf (STLO)de l’Inra(1), Didier Dupont etson équipe ont démontré(2)

qu’elle influe sur les qualitésnutritionnelles des produitslaitiers, qui elles-mêmesdépendent du temps de diges-tion de l’aliment.

Suspicion d’allergiesParmi les paramètres qui

jouent sur la structure desmolécules, il y a le chauffage.La chaleur fait s’agréger lesprotéines (comme l’ovalbu-mine du blanc d’œuf). Aucours de leurs travaux chez lesnourrissons, les chercheursrennais ont comparé le laitmaternel avec celui des for-mules infantiles. Car pouréviter toute contaminationbactérienne, celles-ci sontchauffées jusqu’à sept fois aucours de leur fabrication. Etpendant ces traitements, lesmolécules de caséine (qui

représentent 40 % des pro-téines contenues dans les for-mules infantiles) s’agrègententre elles..., alors que dansle lait maternel, elles restentà l’état natif et forment degrandes “pelotes” appeléesmicelles. « Les allergies à lacaséine sont en augmentation,explique le chercheur. Peut-être que ce changement deforme des protéines, qui les rendplus résistantes à la digestion,est en cause. C’est ce que nousallons chercher à comprendre. »Dans la halle technologiquequi leur permet de reproduiretoute la chaîne de fabrication

des produits laitiers à l’échellesemi-industrielle(3), les cher-cheurs vont décortiquer tout leprocédé pour voir commentréduire les étapes de chauf-fage. Et peut-être trouver unenouvelle voie à transmettreaux industriels ?

Chez des prématurésUn autre cas étudié : celui

des nouveau-nés prématurés.De faible poids à la naissance,ces bébés ont besoin d’assi-miler rapidement leurs repaspour grossir. Les chercheursont comparé la digestibilité dulait maternel cru ou chauffé(4)

et aussi du lait homogénéiséou non. Les expériences ontd’abord été réalisées in vitrodans un digesteur (lire encadréci-dessous), puis in vivo dans lecadre d’une étude cliniquemenée grâce à une collabora-tion exceptionnelle avec leCHU de Rennes sur vingt petitspatients. « Les nouveau-nés pré-maturés sont équipés d’unesonde gastrique qui sert à lesnourrir. Nous avons obtenu l’au-torisation d’utiliser cette sondepour effectuer des prélèvementsdans le tube digestif afin demesurer les vitesses de digestion.Selon des quantités contrôlées et

ALIMENTATION Les nourrissons et les seniors : ces deux populations fragiles sontciblées par les recherches menées à rennes sur la digestion des produits laitiers.

Les secrets de leur digestion

Déjà demain

La digestion mimée au labo

Les chercheurs arrivent à mimer le processus de digestion in vitro, dans un réacteur.Avec ses trois compartiments qui reproduisent l’estomac, le duodénum et le reste de

l’intestin grêle, le dernier en date, Didgi (photo), est très proche des conditions réelles. « Notre premier digesteur n’avait que deux compartiments,explique Didier Dupont, chercheurau laboratoire STLo. Avec cette nouvelle version du Didgi, nous pouvons reproduire le flux del’aliment dans les différents compartiments du tube digestif, les phases d’acidification dansl’estomac ainsi que les vidanges gastro-intestinales. »Fruit d’une collaboration entre les deuxéquipes de chercheurs (inra de Grignon et de Rennes), Didgi leur permet aussi de travaillerdans les mêmes conditions expérimentales. Car, avant, chacun avait ses recettes ! Lesdémonstrateurs ont été présentés à Rennes du 4 au 6 avril derniers pendant le colloqueinternational sur la digestion organisé par le réseau international infogest, coordonné parDidier Dupont(1). NB(1)De 2011 à 2015. Lire Une étape encore mal digérée dans Sciences Ouest n° 287-mai 2011.

Dr

Maternel, en formule infantile, cru, chaufféou mélangé, différents traitements du lait sontcomparés par les chercheurs de l’Inra quiétudient la digestion des nourrissons.DMITRIMARUTA/FOTOLIA

Le nouveau digesteur artificiel Didgicomplète les travaux menés sur l’animal etl’homme.DR

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L e passage du fer dans lesang est normalementrégulé par les cellules de

l’intestin. Mais chez certainespersonnes (une sur 300 en Bre-tagne), une des protéines res-ponsables de ce contrôle estdéfaillante, laissant librementcirculer le fer, qui s’accumuleprogressivement dans lesorganes, d’abord dans le foie,puis dans le pancréas, les arti-culations, le cœur, la peau...C’est l’hémochromatose. « Lessymptômes apparaissent vers35-40 ans chez les hommes etau moment de la ménopausechez les femmes », expliqueYves Deugnier, professeur auCHU de Rennes(1).

Un indicateur insuffisantSelon les organes touchés,

les signes peuvent être mul-tiples : sensation de fatigue,douleurs articulaires, diabète,cirrhose ou encore troubles car-diaques. Le traitement contrecette maladie génétique reposesur des saignées régulières. « L’objectif est de retirer des glo-bules rouges riches en fer, pourobliger l’organisme à puiserdans ses réserves excédentairesde fer », explique le chercheur.

Malgré le traitement, lessymptômes persistent pourun quart des patients. L’hypo-

thèse de l’équipe rennaise estque le paramètre pris encompte pour déterminer la fré-quence des saignées est insuf-fisant. « L’habitude a été prisede régler le traitement sur laquantité de ferritine, la protéinequi stocke le fer à l’intérieur descellules, explique le professeur.Elle peut être dosée en faisantune prise de sang. »Mais avantd’arriver aux organes, le miné-ral est transporté par une autreprotéine, la transferrine. Chezune personne en bonne santé,le taux de “remplissage” (leterme scientifique est satura-tion) est en dessous de 50 %.Chez une personne atteinted’hémochromatose, il peutatteindre 80 voire 100 % : latransferrine est débordée et dufer libre, toxique pour les cel-lules, passe directement dusang dans les tissus.

Spécificité celte« Nous avons repris les don-

nées de tous les patients suivisdans notre service et nous avonsmontré un lien entre un taux desaturation de la transferrineélevé et la persistance ou l’appa-rition de troubles, malgré unequantité de ferritine en dessousdu seuil de recommandation,soit 50 µg par litre », expliqueYves Deugnier. Cette première

étude a été faite sur 266patients et publiée en janvierdernier. Mais il s’agit d’un tra-vail rétrospectif qui ne permetpas de modifier les recomman-dations pour le traitement dela maladie. Les chercheursespèrent pouvoir commenceren début d’année prochaineun essai clinique, comparantun groupe soigné en se basantsur leur taux de ferritine, et unautre en régulant la satura-tion de la transferrine. Si lerésultat de leur première étudeest confirmé, il faudra modi-fier les critères de suivi du trai-tement de cette maladie, quiest plus fréquente en Bretagneque dans le reste de la France.La mutation génétique res-ponsable est en effet apparueau sein du peuple celte et s’estensuite répandue au gré desmigrations : en Bretagne maisaussi en Irlande, dans les paysscandinaves et jusqu’en Aus-tralie, où est actuellementparti travailler Édouard Bar-dou-Jacquet, le principalauteur de l’étude !

MARYSE CHABALIER

(1)service des maladies du foie, centre de réfé-rence des surcharges en fer rares d’originegénétique (université de rennes 1, inserm).

SANTÉ une étude rennaise pourrait modifier la façon de soignerl’hémochromatose, une maladie génétique fréquente en bretagne.

Mai 2017 N°352 SCIENCES OUEST 9

Quand trop de fer nuit

CONTACTYves Deugnier, tél. 02 99 28 42 97,[email protected]

Le traitement contre lasurcharge en fer consiste à retirer régulièrement des globules rouges.INSERM/CLAUDE FÉO

compensées de façon à ne pasdiminuer le repas du bébé, biensûr ! » Résultats : le chauffagemodule la digestion de cer-taines protéines pour les rai-sons évoquées plus haut etl’homogénéisation rend plusrapide la digestion de lamatière grasse. « Cette opéra-tion consiste à séparer les grosglobules de lipides présents dansle lait maternel en fines goutte-lettes plus facilement assimila-bles, précise Didier Dupont.Elle pourrait être intéressante àgénéraliser dans le cas particu-lier des prématurés pour amélio-rer leur croissance. Mais il fautencore confirmer ces résultatsavec une étude de plus grandeampleur. »

Un fromage fait au laboLes seniors, dont le système

digestif s’altère avec les années,constituent l’autre populationqui intéresse les chercheurs(5).Ils étudient cette fois l’influencede la texture des aliments surla libération du calcium etd’un acide aminé, la leucine,connu pour limiter la fontemusculaire chez les personnesâgées. Pour sa thèse (encadréepar Juliane Floury, maître deconférences à AgrocampusOuest), Lucie Lorieau comparela digestion d’un fromage du commerce avec un autrefabriqué au laboratoire, enri-chi en leucine. « Nous cher-chons à formater l’aliment pourque sa digestion déclenche des pics de libération de la leucine.On appelle cela de l’ingénierieinverse », précise Didier Dupont.Ce sont les porcs de la stationInra de Saint-Gilles (près deRennes) qui ont pour l’instantles honneurs de ce fromagemaison ! Les résultats sontattendus d’ici à l’été.

NATHALIE BLANC

(1)uMr du centre inra bretagne-normandie.(2) travaux menés dans l’élevage de porcs,modèle de l’homme adulte, de l’inra à saint-Gilles (près de rennes). (3)(re)lire une plate-forme laitière rénovée dans Sciences Ouestn° 318-mars 2014 et sur : http://bit.ly/2orbwoi. (4)Pour des raisons de sécurité sanitaire,le lait maternel issu des lactariums est pas-teurisé (chauffé 30 min à 63 °c). (5)Dans le cadred’un gros projet mené en consortium parquinze équipes de recherche et des industriels,et financé par l’agence nationale de larecherche jusqu’à la fin de 2019.

CONTACTDidier Dupont, tél. 02 23 48 53 35,[email protected]

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10 SCIENCES OUESTN°352Mai 2017

Le 7 avril dernier, à Rome,était célébré un doubleanniversaire : les 60 ans du Traité de Rome, qui a donné naissance à laCommunauté économiqueeuropéenne, et les 10 ansdu Conseil européen de la

recherche (ERC). En juin, ce sera au tour duprogramme d’échange Erasmus de fêter ses30 ans. Les bourses attribuées par l’ERC (lireencadré ci-contre) représentent le finance-ment le plus important accordé à un scien-tifique.

Fabrice Pointillart, chercheur CNRS à l’Ins-titut des sciences chimiques de Rennes(1) faitpartie des nouveaux bénéficiaires d’une

bourse ERC (niveau Consolidator), reçue àla fin de 2016. Grâce à elle, il pourra plusfacilement continuer ses travaux sur lesterres rares, aussi appelées lanthanides, ungroupe de métaux aux propriétés magné-tiques, électroniques et optiques particu-lières. « La puissance financière et humainequ’apporte l’ERC est sans équivalent. On auraitpu mener nos travaux sans, mais pas au mêmerythme », témoigne-t-il. Huit chercheurs etenseignants-chercheurs seront impliqués etil est prévu de recruter quatre doctorants etquatre postdoctorants.

Mémoire mille fois plus petiteLe projet impliquera également les labo-

ratoires de l’ETH de Zurich(2) et de l’ENS(3) de

Lyon, avec lesquels l’équipe travaille déjà.Les chercheurs ont déjà publié plusieursétudes sur leur sujet de recherche, dont unele 22 février dernier. Elle suscite l’intérêtdes spécialistes de l’informatique et de l’élec-tronique, et pour cause : leur découvertepourrait diviser par plus de mille le volumenécessaire pour stocker un bit d’informa-tions ! Il reste tout de même un obstacle etpas des moindres : cette propriété ne fonc-tionne pas au-dessus de 4 K, soit - 269,15 °C !

L’élément au centre de leur découverte estle dysprosium. Les scientifiques avaient pré-cédemment découvert que, à basse tempé-rature, une molécule élaborée à partir decette terre rare peut se comporter comme unaimant(4). Lors de l’application d’un champ

DAnS LE RéSEAu au travers Des FinanceMents et Des Liens entre chercheurs,L’union euroPéenne CONTRIBUE À LA RECHERCHE BRETONNE.

LE DOSSIER DE

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Mai 2017 N°352 SCIENCES OUEST 11

magnétique, la molécule d’ion dysprosiumpeut donner deux réponses distinctes quisont conservées après extinction de ce champmagnétique. Deux états possibles, la basedu langage binaire de l’informatique ! Mais,à l’époque, cette propriété remarquableavait été observée à l’état cristallin ou ensolution. « Si on veut l’utiliser pour dustockage d’informations, il faut la fixer sur unesurface », explique Boris Le Guennic, mem-bre de l’équipe. Or, dès qu’on essaye de ladéposer sur une surface, la molécule a ten-dance à perdre ses propriétés magnétiques.Les chercheurs se sont tournés vers uneméthode mise au point par des scientifiquesde Zurich : « La molécule de dysprosium estgreffée à une nanoparticule de silice, puis chauf-fée, pour enlever les éléments organiques, nelaissant que les atomes de dysprosium nus à lasurface de la silice », explique Olivier Cador,un autre scientifique de l’équipe. Non seu-

«La communauté(scientifique) voulait

un programme simple,fournissant un financementattractif et sur le longterme, pour permettre auxchercheurs de poursuivreleurs propres idées, aussiambitieuses ou follessoient-elles », a déclaré leprésident du Conseileuropéen de la recherche(ERC), Jean-PierreBourguignon, à l’occasiondes dix ans de la structure.Les bourses de l’ERC -

entre 1,5 et 2,5 millionsd’euros - sont attribuéesnominativement à unchercheur pour une duréede cinq ans. Elles sont trèsrecherchées en France,car ce sont les seulsfinancements de ce typeen termes de volume et dedurée. ils permettent derecruter une équipe et definancer du matérielcoûteux. Les chercheursapprécient aussi le faitqu’ils soient nominatifs, cequi leur offre une grande

autonomie. il existe troisniveaux selon l’anciennetédu chercheur : le StartingGrant (2 à 7 ans après ledoctorat), le ConsolidatorGrant (7 à 12 ans), etl’Advanced Grant (plus de10 ans). En dix ans, prèsde 7000 bourses ont étéattribuées, dont 888 enFrance et seulement 18 enBretagne...

MC/NB

Rens. : www.horizon2020.gouv.fr/cid72629/erc.html

Une bourse pour l’excellence

u DE L’EuRoPE

P.14Et la Terre pritson bol d’airNICOLAS GUILLAS

P.16Lumière sur lespartenariatsCLAUS HIERLINGER

P.17Avec Galwaycontre le cancerNICOLAS GUILLASDr

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12 SCIENCES OUESTN°352Mai 2017

lement les scientifiques ont résolu leur pro-blème de dépôt, mais, en plus, ils sont pas-sés de l’échelle moléculaire à l’échelleatomique : chaque atome de dysprosiumjouant le rôle d’aimant et pouvant poten-tiellement stocker un bit d’information.

Un volet du projet financé par l’ERC seraconsacré à l’adaptation de la méthode àd’autres terres rares et à d’autres nanopar-ticules ainsi qu’aux tests des caractéristiquesmagnétiques et optiques que cela leurconfère (les terres rares sont égalementconnues pour leurs propriétés lumines-centes). Ces chercheurs vont aussi étudierd’autres spécificités physiques des terres rareset travailler à améliorer leurs propriétésmagnétiques.

À la chasse aux faillesStéphanie Delaune, chercheuse CNRS à

l’Irisa(5), a elle aussi reçu une bourse ERC2016, niveau Starting. Cartes de crédit nou-velle génération ou passeports équipés d’unepuce RFID, elle traque les failles de sécuritédans les échanges électroniques sanscontact. « Des spécialistes conçoivent des protocoles pour communiquer en chiffrant lesinformations, mon travail est de modélisermathématiquement ce protocole et de vérifiersous quelles conditions il est fiable », décrit-

elle. Les possibilités d’attaques sont infinies,il faut donc trouver le moyen de les modéli-ser pour ne pas avoir à toutes les explorer.La scientifique conçoit des algorithmes, qui,avec la description du protocole à tester etla propriété de sécurité à atteindre (commeprotéger les données enregistrées ou éviterla traçabilité du porteur de la carte), poin-tent les vulnérabilités du système.

Nouvelles attaques« De tels outils ont été développés par la

communauté scientifique et commencent à êtreutilisés par les industriels. Cependant, ils nepermettent pas d’analyser les protocoles de plusen plus complexes qui voient le jour à l’heureactuelle », ajoute la chercheuse. Or, le sans-contact a changé la donne, et il faut main-tenant prendre en compte la notion detemps et de distance. « Avant, il fallait uncontact physique pour lire une carte, maismaintenant, elle peut être interrogée à toutmoment », précise l’informaticienne, quiévoque aussi les attaques par relais : assiseà une table dans un restaurant, une per-

sonne capte les données d’une carte situéeà proximité, et les transmet à un compliceprès du lecteur de carte. Ce dernier règle lanote, en débitant ni vu ni connu le comptede la victime. Il est donc important de véri-fier que la transaction s’effectue avec unecarte proche du lecteur. « À l’heure actuelle,il n’y a pas vraiment de protection pour garantirla proximité physique, révèle la spécialiste. Lesnouveaux protocoles mis au point déduisent ladistance en calculant le temps de réponse de lacarte. » Le financement de l’ERC lui permet-tra de recruter une équipe afin de développerdes modèles pour analyser ces nouveauxmoyens de défense et de détecter leurs pointsfaibles avant qu’ils ne soient exploités à desfins malveillantes.

MARYSE CHABALIER

(1)unité mixte de recherche cnrs, université de rennes 1, école natio-nale supérieure de chimie de rennes, insa rennes. (2)école polytechniquefédérale de Zurich, suisse. (3)école normale supérieure. (4)Lire sciencesOuestn° 317-février 2014, Le grand moment d’une petite molécule. (5)ins-titut de recherche en informatique et systèmes aléatoires.

LE DOSSIER DE

«Je suis assez serein » ! Cette affir-mation se lit sans peine sur levisage de Damien Coudreuse etpour cause : ce jeune chercheur

CNRS de l’Institut de génétique et développe-ment de Rennes a obtenu 1,7 million d’eurosde l’ERC(1) en 2013. Dans la foulée, les locauxde son laboratoire ont été refaits à neuf et,grâce au financement, il a pu acquérir lemicroscope spécifique dont il avait besoinpour observer des cellules vivantes en divi-sion. Autant d’atouts qui lui ont permis derecruter parmi les meilleurs candidats dansle monde entier pour monter son équipe.« On parle anglais mais c’est en fait l’espagnolqui est la langue majoritaire », précise-t-il.

Les chercheurs aux commandesEt en cinq années, il s’est passé de belles

choses. L’idée de Damien Coudreuse étaitde fabriquer une cellule simplifiée (cellulede levure) afin d’identifier les mécanismesessentiels et minimums nécessaires à la divi-sion cellulaire et d’étudier l’évolution de ces processus(2). Mettre en œuvre ce conceptn’était pas simple. Il a d’abord fallu concevoir

cette fameuse cellule minimale. Elle comporteplusieurs modifications génétiques qui “étei-gnent” quasiment toutes les fonctions habi-tuelles liées à la prolifération des cellules. Lecycle cellulaire n’est plus contrôlé que par unemolécule : une protéine CDK hybride(3). Et cesont les chercheurs qui ont les commandes.

Trois ans de mise au point« J’avais besoin d’équipements très spéci-

fiques, très petits pour travailler à l’échelle dela cellule unique et contrôler artificiellementl’activité de CDK de manière extrêmementfine(4). J’ai pris contact avec une entreprise spé-cialisée en microfluidique qui s’est tellementinvestie dans notre projet qu’elle est venue s’ins-taller à Rennes(5) ! » Rien que cette phase decréation du modèle cellulaire a demandétrois ans aux chercheurs. « C’était un projetrisqué, on aurait pu perdre ces trois années...Mais l’expérience fonctionne ! C’est tout l’intérêtd’un financement comme l’ERC : de donner leurchance à des concepts ».

Damien Coudreuse et ses collègues n’ontpas encore les réponses à toutes leurs ques-tions, mais ils en savent déjà plus sur le mode

de division, le vieillissement et la réaction austress de leurs cellules simplifiées, par rapportà des cellules normales, ainsi que sur le trai-tement intracellulaire du signal CDK. Ils sonten phase d’acquisition des données finaleset des premières publications ne vont pas tar-der à sortir.

Et après l’ERC ? « Je peux encore financerdeux postdoctorants pendant deux à trois ans,en plus des personnels permanents de l’équipe,le temps que les autres publications sortent.Mais cette année, j’ai déjà passé une bonnepartie de mon temps à rédiger de nouvellesdemandes de financements... »Dont une nou-velle demande à l’ERC ! Toujours basée surle modèle de cellule synthétique, l’expérienceservira cette fois à travailler sur les modes decommunications intercellulaires. Qui netente rien n’a rien !

NATHALIE BLANC(1)conseil européen de la recherche. (2)Lire ce que je cherche dans SciencesOuestn° 303-novembre 2012. (3)une cycline fusionnée à une kinase cDk.(4)Dans des chambres cellulaires de 150 µm sur 300 µm et 6 µm de haut,alimentées par des flux de 30 µl/min. (5)société cherry biotech.

Pour Mieux Le coMPrenDre, DaMien couDreuse a réussi ÀsiMPLiFier au MaxiMuM LE PROCESSUS DE LA DIVISION CELLULAIRE.

DES CELLuLES SouS ConTRôLE

CONTACTDamien Coudreuse, tél. 02 23 23 44 37,[email protected]

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CONTACTSFabrice Pointillart, tél. 02 23 23 67 52,[email protected] Stéphanie Delaune, [email protected]

Le sans-contact a changé ladonne, et il faut maintenantprendre en compte la notion detemps et de distance.

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Mai 2017 N°352 SCIENCES OUEST 13

Qu’il soit vitre, pare-brise ou fibreoptique, le verre a toujours à peuprès la même composition. Et ce,presque depuis qu’il a été fabriqué

pour la première fois à l’Antiquité ! Contrai-rement aux métaux, dont les techniques defabrication ont beaucoup évolué, donnantnaissance à la métallurgie moderne qui està l’origine de notre civilisation, la science duverre est relativement jeune. C’est dans cetesprit que Tanguy Rouxel, enseignant-cher-cheur au département Mécanique et verresà l’Institut de physique de Rennes, a rédigésa demande de financement à l’ERC, en2012 : modifier la composition du verre pouraméliorer ses propriétés mécaniques et trou-ver éventuellement de nouvelles propriétés,susceptibles de déboucher sur de nouvellesapplications. « C’est un peu notre marque defabrique, ici à Rennes ! »

Que la lumière soit !Quand un verre casse, l’énergie apportée

par la contrainte (une pression, un choc)génère des fissures. « Nous avons fait le parique cette énergie pouvait peut-être donner autre

chose. Comme de la lumière, par exemple .» Etcela s’est produit : sous la contrainte, un mor-ceau de verre émet une lumière verte, dueaux transitions électroniques spécifiques desatomes qu’il contient. Ces résultats ont faitl’objet d’une publication en 2015(1). « L’inten-sité émise est encore très faible, poursuit lechercheur. Nous avons pu l’observer grâce àun équipement que nous avons conçu spéciale-ment pour ce projet. C’est une machine d’essaismécaniques équipée d’une caméra à haute sen-sibilité, capable d’exercer et de mesurer desdéplacements nanométriques et de mesurer leseffets de la contrainte induite avec une trèsgrande précision. »

Le verre devient plus liquideL’autre pari était de jouer sur la composi-

tion pour faire apparaître des phénomènesélectriques sous chargement mécanique.Après plusieurs essais et tâtonnements, leschercheurs ont appliqué des contraintesmécaniques à des verres maintenus à hautetempérature (dans un four) et sur lesquels ilsont appliqué un courant de 500 à 1000 V.Premier résultat : sous champ électrique, la

viscosité du verre diminue plus vite quequand le verre est simplement chauffé(2). Enoutre, des flashs lumineux sont produits(3). « Nous les avons vus parce que nous avions lematériel pour. Et aussi parce que nous étionsprêts. C’est souvent cela la recherche ! Mais ilsnous reste plein de choses à comprendre. »Deux thèses sur ce sujet ont été soutenues endébut d’année, d’autres sont en cours sur lafabrication de verres composites et la com-préhension de la fragilité... et les résultatscontinuent d’affluer.

Outre la machine d’essais et les doctorantsen thèse (au nombre de cinq), les 1,8 milliond’euros de l’ERC ont aussi permis à TanguyRouxel de décharger certains de ses collèguespartant pour se lancer dans cette aventure.« L’Europe nous demandait de prendre desrisques, nous l’avons fait et cela a marché ! »

NB

(1)Dans Applied Physics Letters. (2)il ne s’agit pas de l’effet Joule. (3)ce nesont pas des arcs électriques.

contraintes MécaniQues, chauFFaGe, chaMP éLectriQue : tanGuYrouxeL TORTURE LE VERRE Pour aMéLiorer ses ProPriétés.

DES MATéRiAux MALTRAiTéS

Les recherches duchimiste Fabrice Pointillartet de son équipe pourraientouvrir la voie à desinnovations en informatiqueet en optique.

Stéphanie Delaunedéveloppe des programmespour vérifier la fiabilité descartes à puce.

Damien Coudreuse (à droite) et l’équipe qu’il aconstituée dans le cadre duprojet ERC pour travaillersur la division cellulaire àpartir d’un modèle decellule simplifiée.

Theany To devant lamachine “à torturer lesverres”. Le doctorantcambodgien, encadré parTanguy Rouxel, a remportéle prix du public et le prixdes réseaux sociaux lors de la finale Bretagne-Paysde la Loire de Ma thèse en180 secondes, le 4 avrildernier à Nantes.1. KLERVI L’HOSTIS - 2. MARYSE CHABALIER - 3. NATHALIE BLANC - 4. DR

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CONTACTTanguy Rouxel, tél. 02 23 23 67 18,[email protected]

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L’histoire de l’air est écrite dans desroches, vieilles de trois milliardsd’années. À Brest, les géochimistesStefan Lalonde et Pierre San-Jofre

(photo) retracent cette histoire, en analysantdes sédiments des quatre coins du globe. Leurprochaine mission les conduira cet été auCanada. « Nous voulons comprendre com-ment, et quand, la vie est apparue sur terre,résume Pierre San-Jofre(1), maître de confé-rences au Laboratoire géosciences océan(2), àl’IUEM(3). Pour répondre à cette question, nousétudions les deux grandes phases d’oxygénationde la planète. »

L’air a connu deux révolutions. L’atmo-sphère de la Terre, formée il y a plus de 4 mil-liards d’années, contenait 90 % de CO2jusqu’au Great Oxidation Event (GOE), il y a 2,4 milliards d’années. « Avant cettegrande oxygénation, qui a duré quelques centaines de millions d’années, l’oxygène étaitprésent seulement sous forme de traces. Il estpassé de 0 %(4) à moins de 1 % de l’atmosphère.Ce phénomène est lié à une révolution biolo-gique : l’émergence de la photosynthèse ». Surterre et dans l’océan, des bactéries unicellu-laires commencent à produire du dioxygène(O2), en captant les photons solaires. Cela vaentraîner une modification radicale de lachimie à la surface de la planète.

Ni nitrates, ni bactériesAvant ces bactéries, les atomes d’oxygène

réagissaient avec d’autres atomes. Le dioxy-gène ne pouvait pas s’accumuler autour duglobe. « Les conséquences du GOE sont

majeures pour la composition de l’atmosphère,les océans, les rivières, les sols, les roches et lescommunautés microbiennes, explique StefanLalonde, chargé de recherche CNRS dans lamême équipe. Avant l’oxygène, il manquait lescomposants des fluides naturels : le nitrate(5), lesulfate, les oxydes de fer... Les bactéries qui endépendent apparaissent. Grâce à l’oxygène, lacouche d’ozone se forme et filtre les rayonssolaires destructifs. »

Entre 800 et 600 millions d’années, uneseconde révolution brasse l’air terrestre. Letaux d’oxygène monte à 20 %, comme

aujourd’hui. Des êtres pluricellulaires émer-gent. « L’apparition de la vie et son évolutionsont liées aux variations climatiques et chi-miques de la planète, résume Pierre Sans-Jofre.On s’intéresse à cette coévolution entre climatet biologie. »

Le CO2 emprisonnéPour retrouver des traces d’air et de vie,

les deux géologues s’intéressent aux rochesdites “carbonatées”. Elles se sont formées parsédimentation, dans l’océan. Ces roches ontparticipé au stockage du CO2 primitif. Sansl’eau liquide, qui permet cette réaction chi-mique (précipitation de la roche), la Terreaurait gardé son dioxyde de carbone, commeVénus. Les scientifiques extraient de cesroches des informations sur les climatsanciens, la composition de l’atmosphère etle rôle de la photosynthèse. Ils retrouvent desfossiles de bactéries et peuvent estimer latempérature de l’eau des océans (jusqu’à 60 °C).

Prisonniers des roches et de leurs fossiles,les atomes de carbone sont aussi précieuxpour ces géologues enquêteurs, que l’ADNd’une scène de crime pour la police scienti-fique. Sur terre, le carbone existe sous troisaspects différents (isotopes). Le plus connuest le carbone 14 : son noyau contient 8 neu-trons et 6 protons. Mais les deux formes lesplus répandues sont le carbone 12 (6 neu-trons) et le carbone 13 (7 neutrons). En étu-diant le ratio entre les carbones 12 et 13, lesgéochimistes en déduisent si la photosyn-

14 SCIENCES OUESTN°352Mai 2017

LE DOSSIER DE

ET LA TERRE PRiT Son BoL D’AiR coMMent resPirait La terre PriMitive ? L’EUROPE AIDE LESGÉOLOGUES BRESTOIS À Le Découvrir Dans Des roches anciennes.

L’union européenne participe à la recherche en Bretagne. De 2014 à 2016, les aideseuropéennes s’élèvent à 70 millions d’euros(1) (programme H2020). Sur ces trois

dernières années, dix programmes de recherches de très haut niveau (ERC(2)) portéspar des Bretons(3) bénéficient de 18 millions d’euros. Les bourses de mobilité MarieCurie (1,8 million d’euros) ont permis à onze chercheurs de talent de venir en Bretagne,et à deux chercheurs(4) de la région d’acquérir une expérience ailleurs.

Les recrutements(5) de doctorants d’autres pays, et d’autres personnels de larecherche, ont bénéficié de 6 millions d’euros pour 18 projets dans la région. Douzeprojets d’infrastructure (matériels, création de réseaux) ont reçu 8,9 millions d’euros.Enfin, 35,9 millions d’euros ont financé 81 projets collaboratifs pour la recherche etl’innovation(6). La recherche en Bretagne attire les aides européennes... mais aussi lescerveaux. notamment les jeunes : 42 % des doctorants viennent d’un autre pays. NG(1)Auxquelles il faut ajouter d’autres aides européennes, en dehors du programme (Horizon H2020) de recherche et d’innovation de l’Unioneuropéenne. (2)Conseil européen de la recherche. Lire pages 10 à 13. (3)Dont Earth Bloom (lire ci-contre). (4)Dont Sylvain Rivet, lire ci-contre.(5)Réseaux Marie Curie de formation doctorale innovante (ITN) et d’échanges internationaux de personnels de recherche (Rise). (6)DontIsobio, lire Sciences Ouest n° 345-octobre 2016.

Le rapport sur la participation de la Bretagne au programme H2020, réalisé par la plate-forme projets européens del’Université Bretagne Loire, sera bientôt en ligne sur www.bretagne.bzh. Rens. : Alice Ruczinski, tél. 02 57 87 02 48, [email protected]

L’Europe soutient la Bretagne qui cherche

Dans des rochessédimentaires, StefanLalonde (à gauche) etPierre Sans-Jofreretrouvent ce moment cléoù l’oxygène a dopé la viesur terre.NICOLAS GUILLAS

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Mai 2017 N°352 SCIENCES OUEST 15

Les laboratoires bretons attirent lesmeilleurs chercheurs internatio-naux, avec l’aide de l’Union euro-péenne (lire ci-dessus). L’Europe

facilite aussi le déplacement des Bretons àl’étranger. C’est le cas de Sylvain Rivet, phy-sicien au laboratoire Optimag, à l’Universitéde Bretagne Occidentale à Brest. Lauréatd’une bourse Marie Curie(1), il a approfondises recherches à l’Université du Kent, en2016.

Sylvain Rivet s’intéresse à la lumière trans-portée par une fibre optique. En étudiant ladéformation de cette lumière, et en compen-sant les erreurs dues à la fibre, les physiciensconnaissent les propriétés du milieu éclairé.Une application concerne le cancer du colde l’utérus : via l’endoscope, les médecinsobtiennent des informations sur les cellulestumorales, dont la lumière retransmise(signature polarimétrique) est spécifique.

L’originalité des recherches du Brestois estla mesure très rapide des caractéristiques dumilieu étudié. Il n’envoie pas un rayon d’uneseule couleur dans la fibre, mais une lumièreblanche. Elle est composée de plusieurs lon-gueurs d’onde : l’opticien analyse les défor-mations de chaque couleur en même temps(codage polarimétrique), ce qui apporte plu-sieurs informations.

La rétine observée comme jamaisEn Angleterre, le Brestois a développé un

projet avec le laboratoire OCT(2) de l’Univer-sité du Kent, à Canterbury. Les Britanniquessont pionniers d’une technologie, qui apporteune vision ultraprécise du fond de l’œil, pourcombattre le glaucome, le décollement de larétine ou la dégénérescence maculaire. « J’aiutilisé leur technologie et l’ai détournée en ajou-tant mes compétences, pour faire de la mesurede polarisation instantanée, à travers une fibre

optique », résume le chercheur. Résultat : lacornée et le cristallin ont pu être imagés, engagnant en rapidité et en profondeur.

La rétine, pavée des capteurs photosensi-bles reliés à des fibres nerveuses connectéesau cerveau, a alors été observée commejamais. « Grâce à la polarisation, nous pouvonsvoir beaucoup plus facilement une couche defibres nerveuses, dont l’épaisseur est liée au glau-come. » Suite à cette avancée collective, lesBritanniques vont réaliser des transferts tech-nologiques. À Brest, ces découvertes pour-raient aboutir à de nouveaux microscopes(3)

pour la fibrose du foie et l’étude des muscles,dans le cas d’une septicémie.

NG

(1)ieF Marie curie (intra-european Fellowships for career Development).(2)optical coherence tomography. (3)Multimodal microscope.

avec ses conFrères britanniQues, Le PhYsicien brestois sYLvainrivet A AMÉLIORÉ NOTRE VISION DU FOND DE L’ŒIL.

BREST ETCAnTERBuRy voiEnT Loin

CONTACTSylvain Rivet, tél. 02 98 01 64 76,[email protected]

thèse était active. Les bactéries consommenten effet des molécules de CO2, qui contien-nent principalement du carbone 12.

Quand la Terre fait “bloom”Cette connaissance du cycle du carbone,

les géologues vont la mettre à profit cet étéau Canada. Stefan Lalonde a réussi à décro-cher un projet ERC (Conseil européen de larecherche)(6). L’Europe a reconnu le talent dece jeune chercheur canadien, en poste àBrest : il bénéficie de 1,8 million d’euros pourle projet de 5 ans Earthbloom, qui démarre.Ce nom fait référence à cet épisode où laTerre vécut son “efflorescence” vitale. « L’oxygène est la clef, résume Stefan Lalonde.Nous nous intéressons à la transition entre unmonde sans oxygène, où vivaient déjà des bac-téries, et la vie avec l’oxygène. »

Dans le cadre de cet ERC, les géologuesvont aller sur les rives du lac Red Lake, dansl’Ontario. Sur ce site, la société Goldcorp,l’une des plus grandes compagnies de cher-cheurs d’or au monde, avait réalisé onzeforages prospectifs de 300 m de profondeur.Il n’y avait pas d’or. Mais un trésor pour lesgéologues : des roches carbonatées (calcite,dolomite) de 3 milliards d’années. « C’est lapremière fois que l’on observe une aussi grandeaccumulation de niveaux carbonatés sur la pla-nète, s’exclame le scientifique canadien. Surplus de 300 m d’épaisseur ! Ces roches conser-vent des fossiles particuliers, des stromatolites.Ces structures sont issues de la croissance debactéries unicellulaires photosynthétiques. Elles

se sont créées sous l’eau et montent vers lalumière, un peu comme les coraux actuels. »

Les géologues vont étudier à Red Lake qua-tre tonnes de carottes de roches. Ils se ren-dront aussi plus au nord, près d’autres lacsaccessibles par hydravion, où ces mêmesroches affleurent en surface. Cette étude

devrait apporter des réponses à de grandesquestions, sur la quantité de CO2 dans l’at-mosphère et sur les débuts de la photosyn-thèse... à cette époque où le soleil brillaitmoins fort qu’aujourd’hui.

Deux autres chercheurs de talentLa jeune équipe (moyenne d’âge 35 ans)

compte deux autres chercheurs de talent.L’Allemand Martin Homann(7) est un géo-logue sédimentologue. Sa thèse portait surdes roches de 3,2 milliards d’années enAfrique du Sud, où il observait des êtresvivants photosynthétiques primitifs. L’Amé-ricain Bryan Killingsworth est un scienti-fique de haut vol, attiré à Brest grâce aufinancement européen Marie Curie Indivi-dual Fellowship, dont il est lauréat. Dans leprojet Anoxia-Mem, ce géochimiste étudieles atomes d’oxygène (qui ont plusieurs isotopes) dans les molécules de sulfate. Desbactéries les ont-elles générées ? Ces obser-vations sont réalisées grâce à des machinesperformantes et coûteuses (spectromètre demasse). Elles aussi, elles sont cofinancées parl’Europe.

NICOLAS GUILLAS

(1)Lire aussi Sciences Ouestn° 292 et n° 322. (2)cnrs, université de bre-tagne occidentale, université bretagne sud. (3)institut universitaire euro-péen de la mer. (4)Plus précisément 0,00001 %. (5)Formules du nitrate etdu sulfate : no3 et h2so4. (6)bourse starting Grant du programme erc.(7)recruté grâce à une bourse LabexMer.

Ces roches australiennes, extraites du solpar carottage, remontent à 2,4 milliardsd’années. Elles ont enregistré l’oxygénationde la planète. Les carottes canadiennesseront encore plus riches en informations,grâce à leurs fossiles (stromatolites). STEFAN LALONDE

CONTACTSStefan Lalonde, tél. 02 98 49 86 97,[email protected] Sans-Jofre, [email protected]

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16 SCIENCES OUESTN°352Mai 2017

LE DOSSIER DE

Dans quelques années, nous seronspeut-être éclairés grâce à un sys-tème mis au point par des chimistesrennais et des chercheurs anglo-

saxons. À l’Institut des sciences chimiques deRennes(1), Véronique Guerchais et son équipetravaillent en effet sur la conception de molé-cules luminescentes, à base d’iridium et deplatine. « Ce sont les meilleurs émetteurs phos-phorescents, ils produisent de la lumière enconsommant peu d’électricité », indique la chi-miste. Ce type de molécule est déjà sur lemarché dans certaines Led (diodes électrolu-minescentes). Mais les chercheurs veulentfaire mieux, en travaillant sur les Leec (cel-lules électrochimiques électroluminescentes).Contrairement aux Led, qui sont formées deplusieurs couches de molécules, ces nou-veaux dispositifs ne contiennent qu’une

seule couche, ce qui les rend plus fins, pluslégers et plus faciles à fabriquer. La moléculeémet une couleur différente en fonction dugroupement d’atomes auquel est associél’iridium. L’ajout d’atomes de fluor dans lesmolécules utilisées dans les Led produit parexemple du bleu. L’enjeu est donc de conce-voir des molécules émettant toutes les cou-leurs, pour les associer, de manière à obtenirde la lumière blanche.

Compétences complémentairesMais, si l’équipe rennaise sait bien conce-

voir la structure des molécules, elle n’a pasles compétences requises pour fabriquer lereste de la structure des Leec. D’où l’impor-tance de s’associer avec d’autres laboratoires.Une thèse en cotutelle est en cours sur le sujetavec l’Université de Saint Andrews (Écosse).

L’équipe rennaise forme aussi un Laboratoireinternational associé (LIA) avec l’Universitéde Durham (Angleterre) depuis 2011. Plu-sieurs chercheurs des deux équipes travail-lent ensemble, ce qui permet de réunir lesconditions nécessaires à la création de cettestructure, imaginée par le CNRS comme un“laboratoire sans mur”(2). Deux projets derecherche sont en cours avec l’universitéanglaise. Le premier consiste à synthétiserdes molécules luminescentes en remplaçantl’iridium ou le platine par des métaux plusabondants, comme par exemple le palla-dium. Le deuxième projet a démontré lepotentiel des molécules contenant de l’iri-dium pour le traitement du cancer. « Ellessont capables de pénétrer les tissus, expliquela chercheuse. Exposées à la lumière, ellesgénèrent de l’oxygène singulet (état excité del’oxygène), qui détruit les cellules cancéreuses.Cette technique permet un très bon ciblage. »

Un faisceau de relationsLa collaboration avec l’Université de

Durham ne date pas d’hier. Les deuxéquipes ont fait connaissance en 2006, dansle cadre d’un programme Cost (lire encadréci-dessous). En plus des Universités de Renneset de Durham, ce dernier incluait des cher-cheurs de Bologne (Italie), de Ratisbonne(Allemagne) et de Prague (RépubliqueTchèque). Ce réseau leur a aussi permis derencontrer Dominique Roberto, professeureà l’Université de Milan, avec laquelle Véro-nique Guerchais mène actuellement un Pro-jet international de coopération scientifique(Pics). Dans ce cadre, les Rennais conçoiventdes molécules ayant la propriété de modifierla fréquence des lasers qui les traversent.Leurs collègues milanais sont en effet spécia-lisés en optique non linéaire, discipline trou-vant son application notamment dans lesfibres optiques. « Ces échanges me permettentd’aborder des sujets dont je n’ai ni l’expertise,ni les équipements. À l’inverse, nos partenairespeuvent travailler sur des molécules qu’ils n’au-raient pas eues sinon, conclut la chercheuse.Le fait de formaliser les collaborations, en plusde faciliter les financements, assure une meil-leure implication de chacun dans le projet. »

MC

(1)unité mixte de recherche cnrs, université de rennes 1, école natio-nale supérieure de chimie de rennes, institut national des sciencesappliquées de rennes. Groupe organométalliques pour l’optique.(2)L’équipe participe également à un autre Lia avec des universités chi-liennes.

une éQuiPe De chiMistes De rennes éLarGit ses horiZons Derecherche À travers PLUSIEURS COLLABORATIONS EUROPÉENNES.

LuMièRE SuR LES PARTEnARiATS

CONTACTVéronique Guerchais, tél. 02 23 23 67 29,[email protected]

Les programmes de Coopération européenne en science et technologie (Cost),créés en 1971, visent à favoriser les réseaux de chercheurs à travers l’Europe et

l’interdisciplinarité. ils ne financent pas directement les recherches, mais les actionsnécessaires aux collaborations, comme l’organisation de conférences et de formations,ou l’échange de scientifiques au sein des laboratoires. Le projet de recherche, d’unedurée de cinq ans, réunit des scientifiques d’au moins cinq pays différents, membresdu Cost. Ces derniers sont au nombre de 35 : les 28 états de l’union européenne, plusla norvège, la Suisse, quatre pays d’ex-yougoslavie et la Turquie. MCRens. : www.cost.eu

Un programme de mise en réseau

L’équipe de VéroniqueGuerchais synthétise desmolécules luminescentes,d’abord en solution, puisdéposées en fines couchessur des solides.CLAUS HIERLINGER

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Au départ, il y a deux chercheurseuropéens. L’un est en Bretagne,l’autre en Irlande. Éric Chevet est ledirecteur du laboratoire Inserm

Coss(2), à l’Université de Rennes 1. De l’autrecôté de la Manche, Afshin Samali dirigel’Apoptosis Research Centre, à l’Universiténationale d’Irlande (NUI) à Galway. Cesdeux biologistes sont des spécialistes d’unmécanisme cellulaire, qui joue un rôlemajeur dans les cancers. Ils coencadrentaujourd’hui la thèse en biochimie de l’Irlan-daise Mari McMahon(3), à Rennes.

Son objectif est de combattre un cancer ducerveau, le glioblastome. Il est étudié depuisles années 2000 par l’équipe Prosac (Proteos-tasis and cancer) du laboratoire rennais.Cette tumeur concerne des cellules du sys-tème nerveux central, qui soutiennent lesneurones et permettent l’influx nerveux. Leschercheurs s’intéressent à une partie de cescellules, appelée le réticulum endoplas-mique. C’est là où sont gérées les situationsextrêmes (stress) vécues par la cellule. Et làoù des protéines indispensables se structurentet sont sécrétées.

Quand la cellule devient tumorale, le réti-culum produit des protéines en surnombre.Problème : elles sont mal formées, la machine

s’emballe... et cela créé un cycle de stress pourla cellule. Trois capteurs naturels alertentalors la cellule, pour qu’elle s’adapte et sur-vive au stress. Ce sont trois protéines spé-ciales, postées à la membrane du réticulumendoplasmique. L’une des trois protéines,bien connue des équipes bretonne et irlan-daise, s’appelle “IRE1”. Ce capteur, quidétecte la surproduction anormale de pro-téines, active des gènes pour restaurer lasituation. IRE1 coupe des petites moléculesdans la cellule, les microARNs. Conséquencebénéfique : la production des protéines seralentit.

Créer un agent thérapeutiqueMari McMahon étudie dans le détail cette

régulation de la cellule. Il y a des centainesde microARNs différents : quels sont ceuxciblés par la protéine IRE1, au rôle majeurdans ce mécanisme ? L’idée centrale est detrouver une molécule qui agirait sur ce cap-teur IRE1, pour créer un agent thérapeutiquecontre le glioblastome. Si le capteur est eneffet “trompé” par une telle molécule, il conti-nuera à envoyer des signaux (faussés) à lacellule, lui indiquant toujours une surproduc-tion des protéines. Intérêt : d’autres gènes s’ac-tivent alors dans la cellule pour déclencher sa

mort (apoptose). C’est une voie prometteusepour détruire les cellules cancéreuses.

Un tel agent anticancéreux n’existe pasencore. Les patients souffrant d’un glioblas-tome ont aujourd’hui une espérance de viede six mois qui peut être prolongée à quinzemois, grâce à un traitement combinant chi-rurgie, radiothérapie et chimiothérapie. Unecentaine de patients sont traités chaqueannée à Rennes.

Ce rôle clef de la protéine IRE1 dans ledéveloppement du glioblastome a été récem-ment démontré par Éric Chevet. De son côté,le professeur Afshin Samali a montré le rôlede cette protéine dans les cancers du sein ditstriple-négatifs. Après sa collaboration à l’In-serm à Rennes, Mari McMahon effectuera laseconde partie de sa thèse à Galway, jusqu’en2019. La biochimiste aura alors l’expérienced’approches et de techniques complémen-taires, acquise dans ces deux pays d’Europe.

NG

(1)Merci à tony avril pour ses explications, lors de l’interview de MariMcMahon. (2)chemistry, oncogenesis, stress and signaling. (3)Lauréated’un prix de la nui, Mari McMahon bénéficie du soutien de la régionbretagne et de l’ambassade de France en irlande.

Mai 2017 N°352 SCIENCES OUEST 17

La Doctorante irLanDaise Mari McMahon ÉTUDIE, À RENNES ETGALWAY, Les MécanisMes Du cancer Du cerveau(1).

AvEC GALwAy ConTRE LE CAnCER

Mari McMahon est l’une des quatre lauréates 2016 de l’Université nationaled’Irlande (NUI) et del’ambassade de France en Irlande, dont l’objectif est de promouvoir lescollaborations entre lesuniversités des deux pays. NICOLAS GUILLAS

CONTACTÉric Chevet, tél. 02 23 23 72 58, [email protected]

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Ingénieur biomédical, chercheur enneurosciences et neurologue, FernandoLopes da Silva est le spécialiste de l’ana-lyse des signaux de l’épilepsie sur les

électroencéphalogrammes et un Européenconvaincu. D’origine portugaise, il a fait sathèse à Londres et a réalisé sa carrière à l’Uni-versité d’Amsterdam, aux Pays-Bas, où il anotamment été pendant dix ans directeurscientifique de l’Institut de neurobiologie. Le 31 mars dernier, il a reçu les insignes dedocteur honoris causa de l’Université deRennes 1 (photo). Une distinction qui soulignel’excellence de ses relations avec le Labora-toire traitement du signal et de l’image(LTSI)(1), basé sur le campus de Beaulieu.

« Je l’ai abordé dans le bus à Lyon »« Il a un esprit acéré » ; « C’est un puits de

science. » Isabelle Merlet et Fabrice Wend-ling(2), deux chercheurs du LTSI qui lecôtoient depuis plus de dix ans, ne tarissentpas d’éloges à son sujet. « J’ai fait sa connais-sance au début des années 2000 alors que jetravaillais sur un modèle des signaux électriquesdu cerveau qu’il avait développé dans les années70, mais pas pour l’épilepsie, poursuit Fabrice

Wendling. Je l’avais abordé dans un bus àLyon, pendant un colloque... » Ils n’ont pascessé de se fréquenter depuis. Leur collabo-ration est toujours active. Ils viennent mêmede publier ensemble.

Une nouvelle thérapie pour l’épilepsieL’épilepsie est une maladie invalidante,

car les crises sont aléatoires et empêchent deconduire ou d’exercer certains métiers. Ilexiste bien des traitements médicamenteux,mais ils ont des effets secondaires et 30 % despatients y sont résistants. Mais l’épilepsie estaussi une maladie pour laquelle on peutacquérir beaucoup de signaux électroencé-phalographiques (EEG) en temps réel, avantet pendant les crises. C’est en enregistrant eten compilant ces signaux sur des modèlesanimaux et sur des patients que les cher-cheurs du LTSI ont acquis une bonneconnaissance des dysfonctionnements ducerveau épileptique et réussi à modéliser lamaladie. Ils proposent aujourd’hui un trai-tement basé sur des stimulations électriquesau niveau des zones sensibles, c’est-à-dire làoù les neurones épileptiques restent dépola-risés. Sachant que ces zones sont spécifiquesà chaque patient et qu’il faut recommencerla recherche à chaque fois, l’enjeu, pour les

chercheurs, consiste à affiner le diagnostic.Les résultats de ces travaux, réalisés en col-laboration avec Fernando Lopes da Silva, ontété publiés en décembre 2016 et ont fait l’ob-jet de deux chapitres de soixante-dix pagesdans la dernière édition de l’ouvrage de réfé-rence sur l’EEG.

Les signaux de la conscience« Fernando travaille dans ce milieu depuis de

nombreuses années. Grâce à sa vision et à sonanalyse conceptuelle, il arrive à mettre en pers-pectives l’ensemble des connaissances sur lesujet. Il est vraiment à la pointe dans sondomaine », conclut Fabrice Wendling. Ce der-nier a par ailleurs développé d’autres affini-tés européennes pour travailler sur d’autressujets. Avec Starlab, une start-up basée à Bar-celone, il a récemment décroché un appeld’offres européen très compétitif (Future andEmerging Technologies) pour tenter d’iden-tifier les signaux de la conscience !

NB

(1)uMr inserm/université de rennes 1. (2)Fabrice Wendling est respon-sable de l’équipe sésame (systèmes épileptogènes : signaux et modèles)au sein du Ltsi.

18 SCIENCES OUESTN°352Mai 2017

LE DOSSIER DE

PROCHAIN DOSSIER : LES MARÉES

L’EUROPE, LA RECHERCHE ET L’INDUSTRIE !� enterprise europe network (een) est le plus grand réseau européen dédié à l’innovation et à l’internationalisation des PMe. Présent en bretagne, il facilite l’accès des PMe aux résultats de la recherche afin de favoriser leurcompétitivité et les faire bénéficier de sources d’innovation. Pour ce faire, plusieurs actions sont régulièrement mises en œuvre : - valorisation des résultats de recherche régionaux appliqués à l’industrie. - veilles personnalisées de résultats de recherche et appels à projets européens. - conseil pour identifier les dispositifs de financement en matière de r&D. - organisation d’événements pour rapprocher le monde de la recherche et de l’industrie.Rens. : [email protected], tél. 02 99 25 41 57, www.een-france.fr

PARTENARIATS

ERASMUS FÊTE SES 30 ANS� Pour l’anniversaire du programme d’échange erasmus, un tour de France en minibus est prévu cet automne afin desensibiliser les scolaires et les étudiants à la mobilitéinternationale. une seule date en bretagne : le 29 septembreà rennes. erasmus sera aussi le thème de la semaineinternationale de l’université de rennes 1, du 10 au 14 octobre. tables rondes, retours d’expériences et activitésculturelles et sportives sont au programme. Rens. : www.generation-erasmus.fr/agenda/erasbus https://international.univ-rennes1.fr/calendar/national-days-celebrate-erasmus-30th-anniversary

ÉVÉNEMENT

UN CHERCHEUR PORTUGAIS D’AMSTERDAMhonoré Par L’universitéDe rennes 1 Pour ses travaux sur Les siGnaux De L’éPiLePsie.

LES CERvEAux DE L’EuRoPE!

POUR EN SAVOIR PLUS

CONTACTFabrice Wendling, tél. 02 23 23 56 05,[email protected]

Le titre de docteur honoris causan’estpas spécifique à l’Europe. Créé en

1918, il est l’une des plus prestigieusesdistinctions décernées par les univer-sités françaises pour honorer “des per-sonnalités de nationalité étrangère enraison de services éminents rendus auxsciences, aux lettres ou aux arts, à laFrance ou à l’université”. NB

En Europe et dansle reste du monde

Isabelle Merlet et FabriceWendling, du LTSI,encadrent Fernando Lopesda Silva et sa femme.UNIVERSITÉ DE RENNES 1

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CONFÉRENCES16 MAILes défis futurs de lagrande vitesse ferroviaire

� Plusieurs défis attendentles TGV, comme la sûreté etla sécurité ou encore ladisparition annoncée del’avantage énergétique etenvironnemental du train.Michel Lebœuf, président dudépartement Grande vitesseà l’Union internationale deschemins de fer etcommissaire scientifique del’exposition Grande vitessede l’Espace des sciences,vous invite à les découvrir.Conférence en lien avec le projetLGV1H25 aux Champs Libres.

30 MAIAntibiotiques :indispensables mais...jamais anodins

� Les bactéries faisant de larésistance, les antibiotiquespeuvent devenir inefficaces.Ce risque majeur pour lasanté publique rendnécessaire la recherche denouvelles molécules, dontles mécanismes d’actionsont inédits. C’est l’objectifde Brice Felden, directeur duLaboratoire de biochimiepharmaceutique, àl’Université de Rennes 1.En partenariat avec la Caisse primaired’assurance maladie d’Ille-et-Vilaine.

6 JUIN Un train à remonter le temps � Les travaux de la nouvelleLigne à grande vitesse entreLe Mans et Rennes ont étéprécédés de fouilles, qui ontrenouvelé notreconnaissance de l’histoiredes paysages et de leurshabitants depuis lepaléolithique. Jean-YvesLanglois, archéologue àl’Institut national derecherches archéologiquespréventives (Inrap), partagerales découvertes qui ont étéfaites.

Conférence en lien avec le projetLGV1H25 aux Champs Libres.En partenariat avec L’Inrap.

Conférences : 20h30, salle Hubert-Curien, Les Champs Libres, RennesRéservation possible au 02 23 40 66 00,100 places disponibles sans réservationle soir même à partir de 20h - Entrée libre.

À MORLAIX12 MAI Homo sapiens sur leschemins des mers : duvoyageur à l’océanographe � L’écosystème océan nedeviendra réellement unsujet d’étude qu’à partir dumilieu du 19e siècle. AndréToulmond, professeurhonoraire à la Stationbiologique de Roscoff,reviendra sur l’histoire del’homme et de la mer.

Conférences : 20h, CCI de Morlaix -Entrée libre.

Pour en savoir plus et s’abonner à nos lettres d’information :www.sciences-ouest.org, Twitter @sciences_ouest et Facebook

Mai 2017 N°352 SCIENCES OUEST 19

À L’ESPACE DES SCIENCES

EXPOSITION

PETITS TRAINS

L’exposition sur la grande vitesse ferroviaire est peuplée demaquettes. Tout d’abord, celle du train V150 qui, en 2007, a battule record du monde de vitesse sur rail, et qui livre ici ses secrets.Dans un autre coin de la salle, la rame Iris 320 (photo) expose son

intérieur, bourré d’appareils de mesure. Elle parcourt inlassablement lesvoies, et traque les moindre défauts, tant sur les rails qu’au niveau descaténaires. Le tracé d’une ligne à grande vitesse n’est pas simple : il fautnotamment calculer la bonne courbure des virages. Là encore, rien de mieuxqu’un modèle réduit, façon jeu de petits trains, pour comprendre l’ampleurdu problème. Et pour finir, qui n’a jamais rêvé d’être à la place duconducteur ? C’est possible, en montant dans le simulateur, à l’échelle 1 !

Rens. : Exposition Grande vitesse, jusqu’au 7 janvier 2018, à partir de 6 ans, tél. 02 23 40 66 00,www.espace-sciences.org/expositions/grande-vitesse

CAFÉS DES SCIENCES

LA LGV, QUEL CHANTIER !

Lors de cafés des sciences, organisés sur trois jours consécutifs, vouspourrez rencontrer certains des acteurs de la Ligne à grande vitesse(LGV) entre Le Mans et Rennes. Le premier, Marc Legrand, présidentd’Eiffage Rail Express, évoquera le chantier hors norme nécessaire

pour poser les rails. Le ballast qui les maintient doit avoir des propriétésparticulières. C’est le sujet du second café avec Franck Legout et Jean-LucSaez, de la Société des carrières de Brandefert. Enfin, Serge Michel, en chargedu projet Atlantique 2017 au sein de SNCF Réseaux, expliquera le casse-têtequ’a été l’élaboration de la grille des horaires en prévision de l’arrivée de laLGV en gares de Rennes et de Bordeaux.Rens. : 17, 18 et 19 mai, 18h30, espace Magenta, www.espace-sciences.org/evenements

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L’agenda de la rédaction

ET AUSSI... COLLOQUES ET CONFÉRENCES

Dr

BRETAGNE MOUSSEDu 15 Au 17 MAi Pint of Science� 4e édition en France, plusde quinze pays concernés.Pour sa cuvée 2017, lefestival va faire mousser lascience dans huit bars detrois villes bretonnes. Une occasion convivialed’échanger avec desscientifiques sur desthématiques très variées.Programmes et inscriptionsen ligne.

Brest, Lannion, RennesGratuitwww.pintofscience.fr

3 RAISONS D’ALLER VOIR

LES GRANDSBARRAGES DU MONDEPAR ASTRID CAILLETEAU, CHARGÉE DEMÉDIATION ET DES COLLECTIONS

PLOUZANÉ (29)17 MAI Les effets desnitrates etphosphatesdes fleuvesfrançais enManche etdans le golfede Gascogne� Par AlainMénesguen,océanographebiologiste.15h30Ifremer Salle de conférencesLucien-Laubier GratuitTél. 02 98 22 40 07www.ifremer.fr/brest

NANTES (44)IMMORTELDu 19 MAi Au 12 MARS 2018 Éternité - Rêve humain etréalités de la science � La vie éternelle est un rêveancien qui s’insinue dansnotre réalité grâce auxprogrès technologiques etmédicaux. Ceux-ci semblentpouvoir nous aider àrepousser toujours plus loinles limites de la vie. Tel est lecœur de cette exposition quireplace l’homme dans ladiversité du vivant, del’histoire de la Terre etpropose un voyage dans letemps.Muséum d’histoire naturelle de NantesTél. 02 40 41 55 00www.museum.nantes

EUROPEOUVERTURE 20 MAi Nuit européenne des musées � Visites éclairées, parcoursludiques, ateliers,projections, dégustations,spectacles vivants... Desanimations exceptionnellesdonneront à vivre au publicune expérience du muséedifférente et ouverte à touslors de cette 13e édition. Gratuit jusqu’à minuitRetrouvez le programme des manifestations surhttp://nuitdesmusees.culturecommunication.gouv.fr

DINARD (35)DU 28 MAI AU 2 JUIN Biodiversité et sociétés,enjeux conceptuels etméthodolo-giques d’uneinterdisciplina-rité élargie � Six joursd’ateliers et deconférences sontau programme de cette écolethématique duCNRS. Manoir de la Vicomtéhttps://project.inria.fr/berder2017

20 SCIENCES OUESTN°352Mai 2017

BREST (29)29 MAI Activitéphysique et santé : quoide neuf ? � Conférence-débat avecYannick Guillodo,médecin dusport, et Matthieu Muller,gynécologueobstétricien,dans le cadre des lundis de la santé.18h30 UBO - Faculté dedroit, d’économie etde gestionGratuitTél. 02 98 01 60 00www.sante-brest.net

APPELS À PROJETS � L’Apecs, association brestoise dédiée à l’étude des requins et des raies, appelle, jusqu’à la fin de juin, à signaler le plusrapidement possible toute observation de requin pèlerin en téléphonant au 06 77 59 69 83. � La 9e édition du congrès européen ERTS2 (Embedded Real TimeSoftware and Systems) aura lieu à Toulouse du 31 janvier au 2 février 2018. Cette année, autour de la thématique des systèmes et logiciels embarqués, les domainesd’intérêt sont : l’IoT, les systèmes de transport intelligentet l’industrie digitale. Promouvez vos publications scientifiques avant le 18 juin. Rens. : www.erts2018.org.

BREST (29)24 MAI Concours decroissancecristalline � L’Union desprofesseurs dephysique et dechimie et ledépartement dechimie de l’UBOdistingueront leslauréatscollégiens etlycéens de cette2e édition. 14hUBO - Faculté des scienceshttp://rennes.udppc.asso.fr

1. Découvrir les barrages. Ici, nous nousintéressons à l’eau comme énergie renouve-lable pour la production d’électricité. Le pivotde cette exposition est le barrage de Guerlédan.Mis en lumière en 2015, deux millions decurieux avaient fait le déplacement pour voir lelac à sec.

2.Voyager sur les cinq continents. Des liensse sont tissés avec les entreprises exploitantles barrages. C’est en confiance qu’elles ontproposé leurs plus belles photographies. Treize pays, dont les États-Unis et le Brésil, sontreprésentés. Visiteurs à pied, à cheval ou à vélopourront voyager à travers le monde tout endécouvrant le cœur de la Bretagne.

3. Participer à des animations. Des visitescommentées sont proposées certains samediset/ou dimanches. Les groupes sont accueillissur réservation. Un livret-jeu est disponible surdemande pour les familles et les scolaires.

GUERLÉDAN (56)Du 2 MAi 2017 Au 31 oCToBRE 2018

Électrothèque du lac de Guerlédan Musée de l’ÉlectricitéTél. 02 97 27 51 39www.musee-electricite-guerledan.com

VANNES (56)17 MAI Les papillonsde nuit � Gérard Sineau,naturaliste deBretagne Vivante,est l’invité duCafé nature. Il recense lespapillons de nuitdepuis plusieursannées etparticipe à larédaction d’unatlas régional. 20h30Bar Au TableauGratuitTél. 02 97 66 92 76www.reservedesene.bzh/evenements

RENNES (35)23 MAILa santéconnectée � Et si l’adage “mieux vautprévenir queguérir” prenaitaujourd’hui toutson sens grâce à des objets ditsconnectés ?Conférenceanimée par Michel Cymes. 20hLe LibertéGratuit sur inscriptionTél. 06 09 26 86 23http://club-prevention-sante.fr/conferences

Dr

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ET AUSSI... SORTIES ET EXPOSITIONSEXPOSITIONS... MUSÉES... CONFÉRENCES... COLLOQUES...L’ÉVÉNEMENT DU MOIS

UNDER THE POLE III :DÉPART DECONCARNEAU

Nouvelle expédition autour du monde, d’un pôle àl’autre, de 2017 à 2020. La goélette Why sillonnera lePacifique avec à son bord une équipe pluridisciplinairede scientifiques, plongeurs, marins, caméramans,

photographes, médecins... pour explorer une partie des océansencore méconnue : la Twilight Zone ou zone mésophotique(entre 50 et 150 m de profondeur). Under the Pole a pourvocation d’émerveiller le plus grand nombre et d’éveiller auxbeautés cachées de notre planète, afin que naisse l’envie de lespréserver. Les documentaires, expositions et livres font partiede ce travail de partage tout comme le partenariat mis en placeavec l’Éducation nationale. Enseignants et élèves pourront suivrel’expédition à travers différentes thématiques en lien avec lesrecherches menées à bord.

CONCARNEAU (29)DéPART LE 20 MAi

Tél. 02 98 10 72 05www.underthepole.com

LES ACTUS DE BRETAGNE ENVIRONNEMENT�Qu’en est-il de l’érosion et des submersions marines sur les côtes bretonnes ? �Plus de 200 sorties et spectacles dans les espacesnaturels sensibles du Morbihan sur www.bretagne-environnement.org

HILLION (22)ICHTYORIGOLOGIE JuSqu’Au 25 Juin Ouïes-dire et récits natatoires � Cette exposition vous plonge dans lascience qui étudie l’humour chez nos amis lespoissons. Parfois noir, il côtoie aussi la poésiepure. “Pêcheurs poètes spécialistes en vers”,ces Ouïes-dire et récits natatoires font sourireles grands et peuvent aussi se voir avec lespetits, pour les initier à l’art du jeu de mots.

Maison de la BaieGratuitTél. 02 96 32 27 98www.saintbrieuc-agglo.fr

CHÂTEAUBOURG(35)20 MAI Fête de la nature � Animationsinterassociatives,avec laparticipation de laLPO et le soutiendu Conseildépartemental.Prêt de jumelleset mise àdisposition delongues-vues. 14hForêt de la CorbièreGratuitTél. 02 99 27 21 13http://ille-et-vilaine.lpo.fr

Mai 2017 N°352 SCIENCES OUEST 21

LORIENT (56)JUSQU’AU 3SEPTEMBRE Très toucher � Interactive etludique,l’exposition invite à explorer le sens tactile en le stimulant detoutes les façons :toucher actif,toucher passif,mais aussi aspectémotionnel (êtretouché).Cité de la voileÉric-Tabarly /L’AnnexeTél. 02 97 65 56 56www.citevoile-tabarly.com

LORIENT (56)LET’S DANCE31 MAi Robofesta � Chorégraphies sur desthèmes de comédiesmusicales, épreuves desauvetage... Les différentsrobots autonomes réalisés et programmés par descollégiens et lycéens vont ànouveau nous épater pourcette 15e édition. Parmi lesingrédients : relever le défi et faire preuve de créativité,et en musique !

Faculté des sciences - UBSTél. 06 74 25 17 99www.toutatice.fr/portail/cms/espace-educ/e-d-d/daac/robofesta

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HILLION (22)28 MAI La grandetraversée � Une aventureconviviale, richeen découverteset en émotions. Dix kilomètresdans la baie deSaint-Brieuc, à ne pas rater !14h Maison de la BaieSur inscriptionTél. 02 96 32 27 98www.saintbrieuc-agglo.fr

SAINT-ERBLON(35)JUSQU’AU 21 JUIN L’eau, uneressourcevitale � Exposition de dixphotographies,la plupart deYann Arthus-Bertrand,accompagnéesde textes, pourfaire réfléchir surles enjeux de lapréservation del’eau.Médiathèque Papyrus & Pixel GratuitTél. 02 99 05 11 89www.mediatheque-saint-erblon.net

SAINT-MALO(35)JUSQU’AU 27 MAI Sommes-noustous de lamême famille ?� Cetteexposition vousinvite à tournerles pages d’uncarnet derecherches pourdécouvrir jouraprès jour lesnotes et lesréflexions dedifférentsscientifiques. Centre de la ValléeSalvador-AllendeTél. 02 99 81 20 59www.saint-malo-tourisme.com

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« J’aime cette idée de m’être laisséguider par le hasard. »

22 SCIENCES OUESTN°352Mai 2017

Président de l’Espace des sciences : Jacques Lucas. Directeur de la publication :Michel Cabaret. Rédactrice en chef : Nathalie Blanc. Journalistes :Maryse Chabalier, Nicolas Guillas. Pigistes : ClaireVuillermoz. Comité de lecture :Louis Bertel (télécommunications), Gilbert Blanchard (biotechnologies-environnement), Jean-Claude Bodéré (géographie), Bernard Boudic (information et communication),Daniel Boujard (génétique-biologie), Michel Branchard (génétique-biologie), Leszek Brogowski (sciences humaines et sociales), Valérie Deborde (délégation CNRS Bretagne-Pays de la Loire), AlainHillion (télécommunications), Boris Le Guennic (chimie), Gérard Maisse (agronomie), Dominique Petit (directrice de l’Espace des sciences/Maison de la mer Lorient), Nicolas Thély (sciences humaineset sociales), Paul Trehen (biologie-environnement), Béatrice Viale (transfert de technologies), Christian Willaime (physique-chimie-matériaux).Abonnements :Loren Costiou, tél. 02 23 40 66 59, [email protected]. Publicité : Ouest Expansion - Vincent Denis, tél. 06 08 73 66 15.sciences ouest est publié grâce au soutien de la Région Bretagne, des départements du Finistère et d’Ille-et-Vilaine. Édition : Espace des sciences. Réalisation :Pierrick Bertôt création graphique, 35510 Cesson-Sévigné. Impression : TPI, 35830 Betton. Tirage du n°352 : 4000 ex. Dépôt légal n°650. ISSN 1623-7110.

Toute la science en Bretagne. sciences ouest est rédigé et édité par l’Espace des sciences,Centre de culture scientifique technique et industrielle (association)Espace des sciences, Les Champs Libres, 10, cours des Alliés, 35000 [email protected] - www.espace-sciences.org - Tél. 02 23 40 66 66 - Fax 02 23 40 66 41

3€

1Qu’auriez-vous fait si vousn’aviez pas été chercheuse ? Historienne. Au lycée, j’étais

fascinée par l’histoire. Puis lesrencontres en ont décidé autrement.Mais j’y reviens quand même : avec labiologie évolutive, je retrace l’histoiredes populations et des espèces !

2Aujourd’hui, qu’avez-voustrouvé?J’ai trouvé l’importance de

croiser ces deux disciplines : l’écologieet la biologie évolutive. En particulierdepuis que je travaille sur lesprocessus d’introductions biologiques,liés aux activités humaines. L’étudedes espèces introduites montre quel’évolution n’est pas qu’un processusqui agit sur le temps long. C’est aussiun processus qui agit sur des échellesde temps écologiques, beaucoup pluscourtes, avec des conséquencesmultiples qui se voient aussi bien surl’architecture des génomes que sur la diversité des écosystèmes.

3Le hasard vous a-t-ildéjà aidée ?Oui, avec certitude ! Mais je

n’ai pas d’exemple concret tant moncheminement, aussi bien personnelque professionnel, s’est construitavec le hasard. Celui des rencontresnotamment. J’aime cette idée dem’être laissé guider par le hasard...

4Qu’avez-vous perdu?Je vais peut-être manquerd’originalité, mais je pense

avoir perdu de la liberté d’action dansmon travail. Je fais ce métier depuisplus de vingt ans et je trouve

qu’aujourd’hui la recherchefondamentale est sous le feu descontraintes. Pas seulementfinancières, mais aussi descontraintes d’orientation. Les deuxmanières de faire de la recherche,fondamentale et appliquée, doiventabsolument coexister, et la liberté dechoix, par les chercheurs, desorientations de recherchefondamentale est primordiale.

5Que vaudrait-il mieuxne pas trouver?C’est une question impossible

à poser à un chercheur ! Ladécouverte et la connaissancescientifiques sont intrinsèques ànotre métier. La question renvoieplutôt aux applications qui endécoulent, qui peuvent pervertir lesdécouvertes initiales.

6Quelle est la découverte quichangerait votre vie ?Aucune idée... À part peut-être

mes rêves d’enfant : la découvertede nouveaux mondes et les voyagesdans le temps !

7Qu’est-ce qui vous feraitdouter de la rationalité ?Je suis quelqu’un de

fondamentalement rationnelle. Mais,on le voit notamment via les médias,l’irrationalité semble gagner duterrain et cela me fait réfléchir. Est-ceparce que les nouveaux savoirs sontplus complexes et peu accessibles ?Parce que les scientifiques ont dumal à communiquer ? Ou est-ce dû à la surinformation ? Ces questionsm’interpellent.

L’épreuve par 7

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FRÉDÉRIQUE VIARD, 47ANSCHERCHEUSE EN ÉCOLOGIE ET BIOLOGIE ÉVOLUTIVE À LA STATION BIOLOGIQUE DE ROSCOFF Fraîchement distinguée par la médaille d’argent du CNRS, elle a été interviewéepar téléphone par Nathalie Blanc.

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Mai 2017 N°352 SCIENCES OUEST 23

Pour vos communications dans

contactez : Vincent Denis06 08 73 6615

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Le prochain dossier :Les marées

10, rue de la Santé - 35000 RENNES02 99 35 10 10

L’actualité scientifique en Bretagne

Cryptologie : Stéphanie sécurise lespaiements sans contact

Géochimie : Stefan et Pierrereconstituent l’air primitif

Biochimie : Mari combat le cancer du cerveau

DOSSIER

Alimentation La digestion desproduits laitiers à l’étude

Santé Quand trop de fer nuit

L’actualité scientifique en Bretagne n° 352 - Mai 2017 - 3 € www.sciences-ouest.org

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Ingénierie La navigationà voile réinventée

Biologie Contre l’invasiondes étoiles de mer

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Soutien et diffusion à l’International 2 ANS (20 numéros) 76€

Soutien et diffusion à l’International 1 AN (10 numéros) 50€

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6 acteurs labellisés :� Espace des sciences Rennes� Océanopolis Brest� Cité des télécoms Pleumeur-Bodou� Planétarium de Bretagne Pleumeur-Bodou� Maison de la mer Lorient� Les Petits débrouillards Bretagne

Le Pôle Bretagne culture scientifique est une initiative de la Région Bretagne, animé par l’Espace des sciences de Rennes

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