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CÉLINE MONAY [email protected] Des crackers avec un pâté rose à l'apéro, une soupe à l'avocat en entrée suivi de fettucini al fredo en plat principal et une tarte à la mangue comme dessert. Le menu concocté par France Droz est aus- si appétissant pour les yeux que dans la bouche. Un festival de sa- veurs avec une particularité qui, de prime abord, ne se remarque pas. Tout est cru: des crackers à la soupe à l'avocat en passant par les fettucini de courgettes et la sauce crémeuse. Par cru, enten- dez des aliments qui n'ont pas su- bi de cuisson. Pas de crème donc malgré un goût et une consistan- ce identiques mais une sauce à la base de noix de cajou et de maca- damia, de jus de citron et d'eau. Cette mère de famille habitant l'agglomération lausannoise a radicalement changé son ali- mentation il y a quelques an- nées. Une recherche de soi, de ses valeurs, accompagnée d'une envie de retrouver la santé l'ont amenées à s'intéresser à l'ali- mentation crue. Elle dévore des centaines d'ouvrages sur le su- jet pour en apprendre les bases et les bienfaits. Une première cure la conforte dans son choix. Aujourd'hui, Fran- ce Droz mange cru à 98% depuis une année. Un choix personnel parfaitement assumé qui n'entra- ve en rien sa vie de famille ni ses contacts sociaux. «Au restaurant, je privilégie les salades et les lé- gumes. Si j'ai envie d'un morceau de viande, je le mange mais je n'en ressens plus le besoin. Je me sens tellement en phase avec moi-même avec cette alimenta- tion que je ne reviendrais pas en arrière», assure-t-elle. Enzymes et vitamines intactes Pour se former, France Droz s'est rendue à Boston suivre les cours d'Alissa Cohen, grande prêtresse de l'alimentation crue. Un certifi- cat en poche, elle dispense au- jourd'hui en Suisse romande des cours sur le sujet, recettes à l'ap- pui. «Je ne conseille pas de suivre un régime cru à 100%, mais d'in- troduire plus d'aliments crus dans son assiette pour bénéficier de ses effets», relève-t-elle. Les salades, la Canadienne d'origine n'en man- ge presque pas. Elle raffole de tor- tillas, tacos et biscuits cuisinés sans cuisson mais aux mêmes sa- veurs. «L'alimentation crue n'est pas synonyme de monotonie et de fadeur!» Manger cru, c'est manger vivant, affirment les partisans du cru. La cuisson, au-delà de 100°C détruit vitamines et enzymes. L'organis- me doit piocher dans ses réserves et, à long terme, s'épuise. Les protéines sont également dénatu- rées par la cuisson et surchargent le foie. Crus, les aliments conser- vent tout leur potentiel de vitalité en gardant intactes leurs vita- mines et surtout leurs enzymes qui transforment les nutriments en énergie. «Les ali- ments crus vibrent d'une qualité particu- lière d'énergie. En les introduisant régulièrement dans l'organisme, on observe des changements physiques et mentaux: une force, une clarté d'esprit et un sentiment de bien-être qui donne envie de faire ce qu'il y a de mieux pour le corps», observe France Droz. Succès Outre- Atlantique Aux Etats-Unis et au Canada, l'ali- mentation crue fait partie du quo- tidien de nombreuses personnes. Magasins spécialisés, livres de re- cette, restaurants sont entière- ment dédiés à cette tendance. Plusieurs célébrités s'y sont mises: les acteurs Robin Williams et Demi Moo- re, les musiciens Sting et David Bo- wie. «Tout a commencé en Califor- nie, un état ensoleillé où les fruits et légumes frais sont légion, souligne France Droz. Même si la Suisse ne bénéficie pas du même climat, l'alimentation crue peut très bien se vivre ici, de manière variée et ludique». Très en vogue aux Etats-Unis, l'alimentation crue est encore peu connue en Suisse. Spécialiste et adepte de ce mode de consommation, la Lausannoise France Droz fait figure de pionnière en la matière. Si ses bienfaits ne sont pas contestés, les médecins prônent l'équilibre entre le cru et le cuit. LA SPÉCIALISTE DE L'ALIMENTATION CRUE EST LAUSANNOISE ÉCLAIRAGE 3 Lausanne-Cités - 16-17 avril 2008 Editeur: LC Lausanne-Cités SA. Rédaction, administration, régie des petites annonces et publi- citaire: 17, av. d'Echallens, 1000Lausanne7. Régie publicitaire pour la France: Swiss Media Press, ZAC de Marclaz 2, 74200 Anthy-sur-Léman. Directeur général: Jean-Marc Velleman. Directeur: Pascal Fleury. Directeur adjoint: Michel Billato. Rédacteur en chef: Charles- André Aymon. Rédacteur responsable: Philippe Kottelat. Distribution: Epsilon SA. Paraît tous les mercredis-jeudis. Composition/ montage: Sediprint. Impression: CIE Lausanne. Abonnement: Fr.75.–/an. CCP10-6959-5. PUB ●●● Pionnière de l'alimentation crue en Suisse romande, France Droz prépare des mets colorés et plein de saveurs. (Photo Hofer) Les radicaux et les libéraux du canton de Neuchâtel viennent de fusionner. Votre réaction? Ils viennent d'entériner l'option prise par leurs directions respectives. Ils ont ainsi exprimé un choix tout à fait cohérent. Je m'en félicite pour eux. En 2006, libéraux et radicaux fribourgeois avaient déjà fu- sionné. Qu'est-ce que vous at- tendez pour le faire au niveau vaudois? A la mi-janvier dernier, lors de notre Congrès de Grandson, nous nous sommes mis d'accord pour dire qu'il convenait de mieux écouter notre ba- se et nous avons décidé que cette question lui soit soumise. C'est donc à la base et non à la seule direction du parti de dire s'il convient ou non de fusionner avec les radicaux. Pour ce faire, une commission d'étude a été nommée. Elle doit nous rendre son rapport le 7 juin prochain. Nous pour- rons alors tirer les conclusions qui s'imposent. N'aurait-il tout de même pas été souhaitable, notamment au re- gard des pertes subies par vos deux formations lors des der- nières élections cantonales, d'accélérer le mouvement? Nous avons estimé que cette maniè- re de faire n'aurait pas correspondu aux spécificités et aux mentalités cantonales. Une fois encore, nous sommes partis du fait qu'une forma- tion politique, c'est d'abord ses mili- tants et qu'eux seuls doivent prendre ce type de décision. De plus, il n'y pas péril en la demeure. Aucune échéan- ce électorale ne nous pousse à accélerer le mouvement. Nous entendons prendre le temps de la réflexion. PK Interview Express Photo DR Fusion entre radicaux et libéraux: à quand le tour des Vaudois? Catherine Labouchère, présidente du Parti libéral vaudois Manger cru, un choix de vie qui intrigue Exprimez votre opinion sur lausannecites/forum ou par e-mail redaction@ lausannecites.ch (Toute réaction peut faire l’objet d’une publication dans notre courrier des lecteurs.) Du cru oui, mais pas exclusivement CM Vice-président de la Société suisse de nutrition, le professeur Roger Darioli reste mitigé quant à l'alimentation crue. S'il en reconnaît certains bienfaits dont l'apport en vitamines, le médecin met en garde contre certains effets secondaires qui peuvent devenir un vrai poison au quotidien. «Il y a souvent une confusion de concept (mar- keting, mode, croyances). Pour certains, cela si- gnifie un retour à la nature, le bonheur selon Rousseau. Mais la nature n'est pas si clémente; elle a ses droits, ses lois et l'homme doit s'en accommoder. Empiriquement, si l'homme a cuit et chauffé ses aliments, c'est bien pour se pro- téger», souligne Roger Darioli. Tout en précisant qu'il ne possède pas les bases scientifiques pour se prononcer de ma- nière catégorique, le professeur souligne sur- tout la complexité des liens entre alimentation et santé: «Les vitamines sont indispensables mais ce ne sont pas les seuls nutriments. Avec un régime végétal trop strict, il y a un risque de carences dans les apports en graisses et en protéines chez certaines personnes, en parti- culier les femmes enceintes et les personnes âgées. D'autres paramètres, comme les sai- sons, la provenance des produits jouent un rô- le important». Le cru peut aussi avoir ses re- vers, notamment au niveau des intestins. «Beaucoup de personnes ne tolèrent pas les poireaux, les choux qui provoquent des bal- lonnements. Ces dérèglements ne sont certes pas mortels mais empoisonnent la vie au quo- tidien». Le médecin prône donc l'équilibre: du cru oui, mais pas exclusivement. «En été avec les marchés qui regorgent de produits bio et frais, c'est idéal pour introduire une part plus impor- tante de cru. Mais le secret d'une alimentation équilibrée reste le plaisir de vivre, la variété des aliments et des méthodes de cuisine». (Photo Monay) (Photo DR)

ALIMENTATION CRUE EST LAUSANNOISE Ma r cru un choix de … · 2014. 6. 24. · veurs. «L'alimentation crue n'est pas synonyme de monotonie et de fadeur!» Manger cru, c'est manger

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Page 1: ALIMENTATION CRUE EST LAUSANNOISE Ma r cru un choix de … · 2014. 6. 24. · veurs. «L'alimentation crue n'est pas synonyme de monotonie et de fadeur!» Manger cru, c'est manger

● CÉLINE [email protected]

Des crackers avec un pâté rose àl'apéro, une soupe à l'avocat enentrée suivi de fettucini al fredoen plat principal et une tarte à lamangue comme dessert. Le menuconcocté par France Droz est aus-si appétissant pour les yeux quedans la bouche. Un festival de sa-veurs avec une particularité qui,de prime abord, ne se remarquepas. Tout est cru: des crackers àla soupe à l'avocat en passant parles fettucini de courgettes et lasauce crémeuse. Par cru, enten-dez des aliments qui n'ont pas su-bi de cuisson. Pas de crème doncmalgré un goût et une consistan-ce identiques mais une sauce à labase de noix de cajou et de maca-damia, de jus de citron et d'eau.Cette mère de famille habitant

l'agglomération lausannoise aradicalement changé son ali-mentation il y a quelques an-nées. Une recherche de soi, deses valeurs, accompagnée d'uneenvie de retrouver la santé l'ontamenées à s'intéresser à l'ali-mentation crue. Elle dévore descentaines d'ouvrages sur le su-jet pour en apprendre les baseset les bienfaits.Une première cure la confortedans son choix. Aujourd'hui, Fran-ce Droz mange cru à 98% depuisune année. Un choix personnelparfaitement assumé qui n'entra-ve en rien sa vie de famille ni sescontacts sociaux. «Au restaurant,je privilégie les salades et les lé-gumes. Si j'ai envie d'un morceaude viande, je le mange mais jen'en ressens plus le besoin. Je mesens tellement en phase avecmoi-même avec cette alimenta-

tion que je ne reviendrais pas enarrière», assure-t-elle.

Enzymes etvitamines intactesPour se former, France Droz s'estrendue à Boston suivre les coursd'Alissa Cohen, grande prêtressede l'alimentation crue. Un certifi-cat en poche, elle dispense au-jourd'hui en Suisse romande descours sur le sujet, recettes à l'ap-pui. «Je ne conseille pas de suivreun régime cru à 100%, mais d'in-troduire plus d'aliments crus dansson assiette pour bénéficier de seseffets», relève-t-elle. Les salades,la Canadienne d'origine n'en man-ge presque pas. Elle raffole de tor-tillas, tacos et biscuits cuisinéssans cuisson mais aux mêmes sa-veurs. «L'alimentation crue n'estpas synonyme de monotonie etde fadeur!»

Manger cru, c'est manger vivant,affirment les partisans du cru. Lacuisson, au-delà de 100°C détruitvitamines et enzymes. L'organis-me doit piocher dans ses réserveset, à long terme, s'épuise. Lesprotéines sont également dénatu-rées par la cuisson et surchargentle foie. Crus, les aliments conser-

vent tout leur potentiel de vitalitéen gardant intactes leurs vita-mines et surtout leurs enzymesqui transforment les nutrimentsen énergie. «Les ali-men t s

crus vibrent d'une qualité particu-lière d'énergie. En les introduisantrégulièrement dans l'organisme,on observe des changementsphysiques et mentaux: une force,une clarté d'esprit et un sentimentde bien-être qui donne envie defaire ce qu'il y a de mieux pour lecorps», observe France Droz.

Succès Outre-AtlantiqueAux Etats-Unis et au Canada, l'ali-mentation crue fait partie du quo-

tidien de nombreuses personnes.Magasins spécialisés, livres de re-cette, restaurants sont entière-ment dédiés à cette tendance.

Plusieurs célébrités s'y sontmises: les acteurs Robin

Williams et Demi Moo-re, les musiciens

Sting et David Bo-wie. «Tout a

commencéen Califor-nie, un étatensolei l léoù les fruitset légumes

frais sont légion,souligne France Droz. Même si laSuisse ne bénéficie pas du mêmeclimat, l'alimentation crue peuttrès bien se vivre ici, de manièrevariée et ludique».

● Très en vogue aux Etats-Unis, l'alimentation crue est encore peuconnue en Suisse.

● Spécialiste et adepte de ce mode de consommation, laLausannoise France Droz fait figure de pionnière en la matière.

● Si ses bienfaits ne sont pas contestés, les médecins prônentl'équilibre entre le cru et le cuit.

LA SPÉCIALISTE DE L'ALIMENTATION CRUE EST LAUSANNOISE

ÉCLAIRAGE ● 3Lausanne-Cités - 16-17 avril 2008

Editeur: LC Lausanne-Cités SA. Rédaction, administration, régie des petites annonces et publi-citaire: 17, av. d'Echallens, 1000Lausanne7. Régie publicitaire pour la France: Swiss MediaPress, ZAC de Marclaz 2, 74200 Anthy-sur-Léman. Directeur général: Jean-Marc Velleman.Directeur: Pascal Fleury. Directeur adjoint: Michel Billato. Rédacteur en chef: Charles-André Aymon. Rédacteur responsable: Philippe Kottelat. Distribution: Epsilon SA. Paraîttous les mercredis-jeudis. Composition/ montage: Sediprint. Impression: CIE Lausanne.Abonnement: Fr.75.–/an. CCP10-6959-5.

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Pionnière de l'alimentation crue en Suisse romande, France Droz prépare des mets colorés et plein desaveurs. (Photo Hofer)

Les radicaux et les libéraux ducanton de Neuchâtel viennent defusionner. Votre réaction?Ils viennent d'entériner l'option prisepar leurs directions respectives. Ilsont ainsi exprimé un choix tout à faitcohérent. Je m'en félicite pour eux.

En 2006, libéraux et radicauxfribourgeois avaient déjà fu-sionné. Qu'est-ce que vous at-tendez pour le faire au niveauvaudois?A la mi-janvier dernier, lors de notreCongrès de Grandson, nous noussommes mis d'accord pour dire qu'ilconvenait de mieux écouter notre ba-se et nous avons décidé que cette

question lui soit soumise. C'est donc àla base et non à la seule direction duparti de dire s'il convient ou non defusionner avec les radicaux. Pour cefaire, une commission d'étude a éténommée. Elle doit nous rendre sonrapport le 7 juin prochain. Nous pour-rons alors tirer les conclusions quis'imposent.

N'aurait-il tout de même pas étésouhaitable, notamment au re-gard des pertes subies par vosdeux formations lors des der-nières élections cantonales,d'accélérer le mouvement?Nous avons estimé que cette maniè-re de faire n'aurait pas correspondu

aux spécificités et aux mentalitéscantonales. Une fois encore, noussommes partis du fait qu'une forma-tion politique, c'est d'abord ses mili-tants et qu'eux seu ls doiventprendre ce type de décision. Deplus, il n'y pas périlen la demeure.Aucune échéan-ce électorale nenous pousse àaccélerer lem o u v e m e n t .Nous entendonsprendre letemps de laréflexion.PK

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Fusion entre radicaux et libéraux:à quand le tour des Vaudois?Catherine Labouchère, présidente du Parti libéral vaudois

Manger cru, un choix de viequi intrigue

Exprimez votre opinionsur lausannecites/forum oupar e-mail [email protected](Toute réaction peut faire l’objetd’une publication dans notrecourrier des lecteurs.)

Du cru oui, mais pas exclusivementCM Vice-président de la Société suissede nutrition, le professeur Roger Dariolireste mitigé quant à l'alimentation crue.S'il en reconnaît certains bienfaits dontl'apport en vitamines, le médecin met engarde contre certains effets secondaires

qui peuvent devenir un vrai poison auquotidien.«Il y a souvent une confusion de concept (mar-keting, mode, croyances). Pour certains, cela si-gnifie un retour à la nature, le bonheur selonRousseau. Mais la nature n'est pas si clémente;elle a ses droits, ses lois et l'homme doit s'enaccommoder. Empiriquement, si l'homme a cuitet chauffé ses aliments, c'est bien pour se pro-téger», souligne Roger Darioli.Tout en précisant qu'il ne possède pas lesbases scientifiques pour se prononcer de ma-nière catégorique, le professeur souligne sur-tout la complexité des liens entre alimentationet santé: «Les vitamines sont indispensablesmais ce ne sont pas les seuls nutriments. Avecun régime végétal trop strict, il y a un risquede carences dans les apports en graisses et en

protéines chez certaines personnes, en parti-culier les femmes enceintes et les personnesâgées. D'autres paramètres, comme les sai-sons, la provenance des produits jouent un rô-le important». Le cru peut aussi avoir ses re-vers, notamment au niveau des intestins.«Beaucoup de personnes ne tolèrent pas lespoireaux, les choux qui provoquent des bal-lonnements. Ces dérèglements ne sont certespas mortels mais empoisonnent la vie au quo-tidien».Le médecin prône donc l'équilibre: du cru oui,mais pas exclusivement. «En été avec lesmarchés qui regorgent de produits bio et frais,c'est idéal pour introduire une part plus impor-tante de cru. Mais le secret d'une alimentationéquilibrée reste le plaisir de vivre, la variétédes aliments et des méthodes de cuisine».

(Photo Monay)

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