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8 Direction des Relations Internationales / Enseignement DOSSIER PÉDAGOGIQUE A la recherche d’un emploi Université libanaise ENTRETIEN Un plan d’action pour le français Le ministère des Affaires étrangères s’engage Sophie Lovy-Laszlo NOUVEAUTÉS ÉDITION RECHERCHE EN DIDACTIQUE DU FOS ET DE L’ÉVALUATION Contextualiser les activités de simulation dans un programme FOS intensif Chantal Cali Piloter une simulation sur objectifs spécifiques Francis Yaiche PAGES DE LA SANTÉ Le métier d’infirmière libérale en France Catherine Rubin numéro 31 • mai 2007 La revue du français à visée professionnelle Points Communs

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  • 8 €€ Direction des Relations Internationales / Enseignement

    DOSSIER PÉDAGOGIQUEA la recherche d’un emploi Université libanaise

    ENTRETIENUn plan d’action pourle françaisLe ministère des Affairesétrangères s’engageSophie Lovy-Laszlo

    NOUVEAUTÉS ÉDITION

    RECHERCHE ENDIDACTIQUE DU FOS ET DEL’ÉVALUATIONContextualiser les activités de simulationdans un programme FOSintensifChantal Cali

    Piloter une simulation surobjectifs spécifiquesFrancis Yaiche

    PAGESDE LA SANTÉ Le métier d’infirmièrelibérale en FranceCatherine Rubin

    numéro 31 • mai 2007

    La revue du français à visée professionnelle

    PointsCommuns

    PointsCommuns

    PointsCommuns

  • Chers lecteurs,

    En ce mois de mai, l’évaluation est au cœurde notre actualité. En effet, dans le cadre desactivités du comité scientifique du TEF, la DRI/E et l’Université Jean Monnet deSaint-Etienne organisent ensemble un colloque sur « l’évaluation des productions

    complexes dans l’enseignement supérieur ». Cette manifestation, qui réu-nira différents acteurs pédagogiques et chercheurs en sciences de l’éduca-tion et en didactique des langues et des cultures, se déroulera le 31 mai prochain dans les locaux de l’Université de Saint-Etienne. Les personnesintéressées peuvent s’inscrire gratuitement en ligne à partir du bloghttp://univ-saint-etienne.ccip.over-blog.com/ où vous trouverez égalementtoutes les informations consacrées à cette journée.

    Je vous rappelle aussi, en cette période pré-estivale, que la 34ème universitéd’été de la CCIP se déroulera du 9 au 27 juillet dans les locaux de l’ESCP-EAP. Vous pouvez encore vous inscrire et faire votre choix parmi les18 stages que nous vous proposons et qu’animera une équipe de formateursexperts des différents domaines du français de spécialité, auteurs deméthodes ou concepteurs d’outils pédagogiques innovants.

    Venons-en à présent au contenu de ce numéro, particulièrement riche parla qualité de ses contributions :

    Je souhaite tout d’abord remercier vivement Mme Sophie Lovy-Laszlo, sous-directrice du français au ministère des Affaires étrangères, pour l’entretienqu’elle nous a accordé sur les différentes actions de la Direction générale dela Coopération internationale et du Développement en faveur de la promotion du français.

    Chantal Cali, formatrice à l’Académie diplomatique de Vienne et FrancisYaiche, maître de conférence à l’Université Paris IV Sorbonne, reviennentquant à eux sur une technique d’enseignement toujours en évolution dans ledomaine du FOS et dont ils comptent parmi les meilleurs spécialistes : lasimulation. Je les remercie pour leurs deux articles passionnants.

    Le dossier pédagogique a été réalisé par trois enseignants de l’Universitélibanaise de Beyrouth et porte sur la recherche d’emploi, une thématiquerécurrente dans les programmes d’enseignement du français des affaires.

    Enfin Catherine Rubin, infirmière diplômée d’État (qui a également décidéde s’orienter vers l’enseignement du FOS), nous propose une synthèse très intéressante sur le métier d’infirmière libérale en France.

    J’adresse tous mes remerciements aux auteurs de ces différents articles etje souhaite une agréable lecture et un été fructueux aux abonnés de PointsCommuns !

    J’aurai plaisir à vous retrouver dans notre numéro d’octobre.

    Guilhène Maratier-Decléty

    Directeur des relations internationales de l’enseignementAdjoint au directeur de l’enseignement

    ÉDITOENTRETIEN ..................................................P. 4 - 7

    Un plan d’action pour le françaisLe ministère des Affairesétrangères s’engageSophie Lovy-Laszlo

    RECHERCHE EN DIDACTIQUE DUFOS ET DE L’ÉVALUATION..........P. 9 - 17

    Contextualiser les activités desimulation dans un programmeFOS intensifChantal Cali

    Piloter une simulation sur objectifsspécifiquesFrancis Yaiche

    DOSSIER PÉDAGOGIQUE ........ P. 18 - 28

    A la recherche d’un emploi Université libanaise

    NOUVEAUTÉS ÉDITION ...................... P. 30

    APPEL À COMMUNICATIONS........ P. 31

    EN DIRECT DE LA DRI/E .................. P. 32

    PAGES DE LA SANTÉ .................... P. 33-35

    Le métier d’infirmière libérale enFranceCatherine Rubin

    BULLETIN D’ABONNEMENT ..........P. 37

    AGENDA .............................................................. P. 38

    SOMMAIRE

  • Vous êtes sous-directrice du français au ministère desAffaires étrangères.

    Quels sont les axes importants du nouveau plan d’ac-tion en faveur du français dans le monde ?

    En effet, les deux ministres de tutelle de ce ministère,M. DOUSTE-BLAZY et Mme GIRARDIN, ont tous deuxfait le constat, lors de leurs voyages dans les différentspays du monde, en Afrique francophone tout particuliè-rement, d’une mise en danger du français dans sa zoned’expansion traditionnelle, si l’on peut dire les chosescomme cela. Ils ont en particulier constaté une grande difficulté dans la maîtrise de la langue française par lesenseignants qui enseignent en français, une difficultéégalement de renouvellement des générations d’ensei-gnants de et en français. C’est donc partant de ce constatet de cette préoccupation que nous avons élaboré un plande relance pour le français. Une première version en a étéprésentée en Conseil des ministres en février 2006, uneseconde à la presse en mai 2006. Ce plan a maintenanttrouvé ses contours définitifs. Il comporte tout d’abord unemesure très forte en direction des enseignants de français qui sont au cœur de ce plan de relance pour lefrançais.

    Il s’agit de dégager des crédits pour former 10 000 professeurs de français en trois ans, en formation initiale ou continue. Nous nous en sommes donc donnéles moyens. Il pourra aussi s’agir, dans les pays qui disposent de la technologie nécessaire, de formation enligne et à distance. C’est là le premier point.

    Il y a également des mesures partenariales et régionales ;la plus symbolique est celle qui concerne l’Asie du Sud-Est. C’est ce que nous appelons le Plan « valorisa-tion du français en Asie du Sud-Est » (« Valofrase »). Ilvise à créer un continuum entre le français languevivante, le français enseigné dans les classes bilingues,le français dans les filières francophones à l’université,et le français professionnel. L’objectif est que l’offre defrançais acquière, sur les trois pays concernés, une

    densité qui permette de mutualiser certaines actionstelles que, par exemple, la formation de formateurs, etqui permette surtout de déboucher sur des emplois,puisque ce dernier point est de première importancepour les publics concernés.

    Autre dimension régionale, nous avons mené un trèsbeau projet de mise en réseau des centres de françaislangue étrangère en Afrique occidentale.

    Ces deux projets régionaux sont des projets partenariauxdéveloppés avec l’O.I.F.1, l’A.U.F.2 et les partenaires decoopération bilatérale. C’est pour nous très nouveau.En effet, nous n’avions pas encore mené d’actions ainsiconçues en commun entre les coopérations bilatéraleset multilatérales et, bien sûr, avec les bénéficiaires despays concernés.

    Nous avons aussi une dimension nouvelles technologies.Là, l’idée est d’agir pour promouvoir le français et pouren moderniser l’image, en misant sur la modernité deses vecteurs de diffusion, c’est-à-dire des moyens decommunication. Ceci est certes beaucoup plus facile àdire qu’à faire, mais nous avons déjà avancé, en particu-lier par la mise au point d’un portail pour le français enAsie : « france-asie.net ». Ce portail, qui rassembletoute l’offre de français sur la zone, permet aux ensei-gnants de trouver des ressources et aux apprenantspotentiels de s’orienter dans l’offre très vaste du réseaufrançais. Nous avons aussi pour ambition d’aller vers lestrès nouvelles technologies en la matière, vers les fichiersMP3, les podcasts, la téléphonie mobile, afin de renou-veler, de rajeunir les moyens mis au service de la diffu-sion de notre langue.

    Une dimension importante de notre action concerne lespays où le français est langue d’enseignement et oùl’imparfaite maîtrise du français pèse sur les acquisfondamentaux à l’école, notamment au Maghreb. LaFrance y appuie la création de pôles de référence péda-

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    Un plan d’action pour le françaisLe ministère des Affaires étrangèress’engage

    Sophie Lovy-LaszloSous-directrice du français au ministère des Affaires étrangères

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    1 Organisation internationale de la francophonie. 2 Agence universitaire de la francophonie.

  • gogiques, tels en quelque sorte les I.U.F.M.3 en France,destinés à la formation linguistique des maîtres, afind’irriguer le système éducatif des trois pays du Maghrebavec des enseignants de haut niveau linguistique pouvantporter des enseignements en langue française.

    Enfin, un aspect essentiel du plan de relance pour le fran-çais concerne l’Europe. En effet, si le français ne restepas une langue européenne, il ne pourra pas rester unelangue de communication internationale. Or l’élargisse-ment de l’Union européenne représente un défi considé-rable pour le français, puisque tous les paysnouvellement entrés ne maîtrisent pas la langue fran-çaise qui est l’une des principa-les langues de travail de l’Union.L’enjeu est donc pour nous d’ac-compagner l’élargissement parun effort intense de formationdes responsables (fonctionnai-res et diplomates) des nouveauxpays membres et, si possible,d’anticiper ce mouvement envisant les pays voisins de l’Unioneuropéenne afin qu’ils puissent,eux aussi, être déjà formés aufrançais.

    Nous menons cette action dansle cadre du plan pluriannuel pourle français dans l’Union euro-péenne qui, depuis 2002, estgéré par l’O.I.F. Il cible en pre-mier lieu les fonctionnaires,diplomates, journalistes et tra-ducteurs de ces nouveaux paysadhérents, et aussi ceux despays voisins. L’idée est que lesdélégués qui se rendent à Bruxelles depuis les capita-les de ces nouveaux pays, que les ambassadeurs etdiplomates en poste à Bruxelles maîtrisent la languefrançaise, du moins suffisamment pour comprendre lefrançais dans les réunions de travail qui se font sans tra-duction – c’est le cas pour deux langues : l’anglais et lefrançais –, pour suivre les travaux, lire les documents,prendre la parole ou présider une réunion en français.Il ne faut en aucun cas que ces personnes se sententmises en difficulté du fait d’une imparfaite connaissancede notre langue. C’est tout l’enjeu de ce plan pluriannuelpour le français dans l’Union européenne qui a permisde former, en 2006, 11 000 fonctionnaires. C’est dire ladimension de l’effort réalisé, même s’il n’a pas encorepermis d’inverser la courbe, cette diminution de l’usagedu français dans l’Union européenne élargie, qui nouspréoccupe tant aujourd’hui.

    Quelles sont les zones géographiques où le français aun fort potentiel de développement ?

    Je dirais : le monde entier. Contrairement à ce qui est ditet redit, le français n’est pas en régression dans lemonde ; il est en expansion. Le rapport de laFrancophonie dans le monde 2006-2007 vient d’en appor-ter une éclatante démonstration puisque, pour la pre-mière fois, le nombre de francophones s’élève à plusde 200 millions. Bien sûr, il s’agit d’estimations – les sys-tèmes statistiques des différents pays ne sont pas tou-jours totalement fiables –, mais elles marquentnéanmoins une progression.

    Aux 200 millions de francopho-nes s’ajoutent 90 millions d’ap-prenants de français. Nousconstatons une très forte aug-mentation dans les bassins deforte démographie, c'est-à-direessentiellement en Afriquesub-saharienne et dans leMaghreb, mais aussi d’unemanière générale sur tous lescontinents, y compris en Asieet en Amérique latine.

    La seule ombre à ce tableau,ombre très préoccupante, estl’Europe. L’Europe est la seulezone au monde où le françaisrégresse en pourcentage. Or,pour que le français reste unelangue de communication inter-nationale, il faut évidemmentqu’il reste une langue vivanteet rayonnante dans notre zonela plus proche, l’Europe.

    L’opération « Oui, je parle français », à laquelle sontassociés la Chambre de commerce et d’industrie deParis, l’Alliance française et le Forum francophonedes affaires, est une initiative qui vise à développerl’utilisation du français dans les filiales d’entreprisesfrançaises à l’étranger. Sur quelle idée repose cette initiative ?

    C’est en vérité un défi que nous nous sommes lancécollectivement. Avec nos amis de la Chambre de com-merce, de l’Alliance française, du Forum francophone desaffaires, nous avons souhaité lancer une opération quiatteigne deux objectifs :• d’une part, sensibiliser les entreprises françaises à cetenjeu que représente la langue française et dont elles onttrop peu conscience aujourd’hui ;• d’autre part, leur démontrer, par des expériences

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    3 Instituts universitaires de formation des maîtres

  • réussies, et des arguments commerciaux et financiers,qu’il est dans leur intérêt d’intéresser leurs recrutéslocaux à la langue française.Nous sommes convaincus, en effet, que la francophonieentraîne la francophilie, ouvre des débouchés à nosentreprises, crée des marchés à l’exportation. La fran-cophonie des employés locaux est aussi, pour une entre-prise, le moyen de développer son image de marque, sonimage maison, son esprit maison, de fidéliser ses personnels, et parfois de les récompenser. Nous avonsdonc commencé par mener une enquête.

    Cette enquête portait surles motivations et lespratiques des entrepri-ses françaises à l’étran-ger. Elle a rendu desconclusions très intéres-santes. Ainsi, dans 99 %des filiales interrogées,on pense que les entre-prises ont un rôle à jouerpour le rayonnement culturel de la France, mais … seu-lement 59 % d’entre elles ont déjà réalisé une opérationen rapport avec une ambassade de France. Il existe donclà un fort potentiel. De la même manière, concernant lespratiques linguistiques, l’emploi du français au sein dela filiale intéresse 69 % des directeurs interrogés. C’estbeaucoup. Mais 36 % seulement, soit un peu plus dutiers des filiales, utilisent le français comme langue detravail en interne, la tendance étant l’utilisation conjointedu français et de l’anglais.

    Je retiens un autre chiffre de cette enquête, un chiffre quiétaye notre conviction que le français est un outil très fortde fidélisation des personnels. Aujourd’hui, seules 15 %des sociétés françaises à l’étranger utilisent le françaiscomme moyen de fidélisation. Or 32 % des filiales inter-rogées, donc le double, constatent une meilleure fidéli-sation de leur personnel dès lors qu’il est formé aufrançais. Notre optique est donc de faire maintenant lapreuve, de démontrer aux responsables de filiales ou deP.M.E. françaises présentes à l’étranger qu’en formantleurs personnels locaux au français, elles font un parigagnant, doublement gagnant même, pour la franco-phonie dans le monde et pour leur propre intérêt.Fidéliser le personnel, c’est éviter les coûts de renouvel-lement, c’est aussi former une équipe plus soudée. Voilànotre idée et je crois que nous commençons à en consta-ter les premiers effets.

    Le public des entreprises représente-t-il un publicporteur pour le développement du français aujourd’huiet dans les années qui viennent ?

    La francophonie aujourd’hui est un ensemble très vasteet très divers : 53 Etats avec 2 Etats associés et 13 Etats

    observateurs. À travers ces 53 Etats, au fond, c’est 11 %de la population du monde, sur tous les continents, quiest concernée. C’est aussi 12 % du revenu de la planèteparce que les États les plus riches comme les États lesplus pauvres y figurent. Ils sont tous rassemblés au seind’une même famille francophone, aux équilibres certes très différents, mais qui représente 19 % desexportations et importations du monde entier, c'est-à-dire un chiffre gigantesque. Le marché est donc là ; leschiffres parlent d’eux-mêmes. Les entreprises sont hautement concernées par le développement du français :il faut qu’elles en prennent conscience. Il s’agit davantage d’une difficulté de prise de conscience qued’une difficulté de marché.

    Cela a-t-il des implications sur les offres de forma-tion et sur les outils méthodologiques ?

    Quelques expériences ont été menées qui me semblenttrès porteuses, également en termes de méthodologie.Il s’agit par exemple de ce qu’ont mis en place les groupes PSA4 et AXA5.

    La filiale de PSA en Slovaquie a instauré tout simplementdans le contrat d’embauche l’apprentissage de la languefrançaise. PSA offre donc des cours intensifs à ses sala-riés et depuis la fin de l’année 2003, l’Institut français deBratislava a formé plus de 1 068 personnes pour legroupe automobile qui a prévu en outre de créer 3 500nouveaux emplois en 2007. C’est un symbole fort lorsque l’on considère que la France est le deuxièmeinvestisseur étranger en Slovaquie. PSA met d’autrepart à la disposition de ses salariés un glossaire de termes techniques français qui ont été traduits avecsoin de l’anglais.

    De la même manière, AXA Assistance a mis en place, àl’échelle du monde, une commission de terminologieafin de pouvoir affiner la communication interne dugroupe. Certains termes anglais, mal traduits, étaient eneffet utilisés sans que les salariés aient une connaissanceprécise du sens même des mots.

    Ce sont là quelques exemples. Il y en aurait beaucoupd’autres. Je crois que ce qu’il importe de retenir, entermes de méthodologie, c’est au fond que le français surobjectifs spécifiques, le français des entreprises, nepeut pas être qualifié d’une phrase ou d’un mot parcequ’il recouvre des situations très diverses. Notre rôle ànous, au ministère des Affaires étrangères, est d’élabo-rer des supports de marketing, des stratégies de com-munication, pour convaincre – en synergie avec laChambre de commerce et d’industrie de Paris, l’Alliancefrançaise et le Forum francophone des affaires –, lesentreprises qu’il est de leur propre intérêt de formerleurs salariés en français. Les formations elles-mêmesrelèvent de chaque situation locale. Notre rôle est alors

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    4 Peugeot SA (PSA Peugeot Citroën)5 Groupe spécialisé dans les assurances et les services bancaires.

  • de mettre l’entreprise en relation avec l’offre locale.Bien souvent, il s’agit d’un Institut français, d’un Centreculturel ou d’une Alliance française, ou encore des formations de la Chambre de commerce et d’industriede Paris.

    La meilleure formation est celle qui s’adapte au plusprès à la demande. Il est nécessaire de procéder à uneanalyse fine de la demande, pour chaque cas particulier,afin de définir exactement les besoins de l’entreprise enquestion. Ces derniers peuvent être extrêmement diffé-rents selon le domaine d’activité de l’entreprise : droitdes affaires, tourisme, production industrielle, etc. Seulel’entreprise peut définir avec le prestataire de la for-mation quelle sera la réponse à son besoin spécifique.

    Que doivent faire les pays francophones s’ils veulentcontinuer à promouvoir la langue française ?

    Promouvoir est un mot extrêmement important. Leministère des Affaires étrangères considère que nousdevons promouvoir notre langue plutôt que de la défen-dre. Nous ne sommes pas dans une approche défensiveoù le français serait en position d’agressé. Nous nesommes pas en train de défendre notre langue contre lesattaques d’autres langues. Nous sommes bien dansl’optique de promotion et de coopération par le biais denotre langue. Nous nous efforçons de la promouvoirdans les pays développés, les pays de notre zone derayonnement ; nous nous efforçons de gérer des projetsde coopération et d’éducation assis sur la langue fran-çaise dans les pays de la zone dite « de la solidarité ».

    Il ne s’agit pas de livrer bataille, ni contre d’autres lan-gues, ni contre une langue universelle ; il s’agit de la pro-motion de notre langue dans un monde de pluralismeculturel et linguistique.

    Promouvoir, c’est ne pasêtre timide. Promouvoir sanstimidité notre langue, c’estjouer pleinement le jeu dela francophonie, insister surle respect des règles linguis-tiques et sur le pluralismedes institutions internatio-nales, s’exprimer en fran-çais dans les instancesinternationales, etc. Je croisque cela implique aussi lasolidarité au sens où la fran-cophonie, la langue française, dépasse la seule France.La francophonie est l’affaire de tout un ensemble depays. Cela signifie pour nous que nous devons cesser deconsidérer la langue française comme notre seul bien,à nous seuls Français, que nous devons l’aborder defaçon plus collégiale, en ouvrant par exemple les curri-

    cula des départements d’études françaises à la littéra-ture francophone. Nous n’avons pas encore suffisammentacquis ce genre de réflexes. Enfin, je dirais : que devons-nous faire collectivement, nous autres pays francopho-nes, pour promouvoir notre langue ?

    Être solidaires les uns des autres, comme je viens de ledire, signifie aussi être solidaires avec les professeursde français, parfois bien démunis, qui sont organisésen associations et regroupés au sein d’une Fédérationinternationale des enseignants de français. Notre devoirde pays francophones est de les soutenir parce qu’ils sontle principal support de la langue française.

    Enfin, que pouvons-nous faire les uns et les autres pourpromouvoir la langue française ? Il nous faut veillerautant que possible à moderniser l’image de notre lan-gue, la langue que nous avons en partage. Veiller qu’ellerepose toujours sur des contenus modernes, des conte-nus d’aujourd’hui, qu’elle continue de prendre appui surles sciences, sur le rayonnement des idées d’aujourd’hui,sur la poésie d’aujourd’hui, sur le langage des jeunes,sur les vecteurs modernes, sans toutefois oublier sonpassé, sans rien renier de ses beautés, de sa littérature,de ses œuvres majeures.

    Sur Internet, le français arrive en seconde position aprèsl’anglais. Notre langue est donc stratégiquement bienplacée pour rayonner par le biais des nouvelles techno-logies. Nous devons accompagner ce mouvement quiest l’un de nos principaux atouts pour la langue françaisedans un monde globalisé n

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    ENTRETIEN

  • RECHERCHE ENDIDACTIQUE

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    Contextualiser les activités de simulationdans un programme FOS intensif : biland’une formation à la création de scénariosde simulationLes simulations dans le domaine del’apprentissage des langues, qu’ellessoient globales, globales fonctionnel-les, fondées sur des scénarios plus oumoins brefs ou non, ont fait l’objet denombreuses publications ces derniè-res années. J’aimerais dans cet articlefaire le point d’une expérience de for-mation de professeurs à l’élaborationde scénarios de simulation en contexteprofessionnel, quel que soit le domainede spécialité choisi. J’adopterai pour cefaire à la fois la perspective des profes-seurs, puisque je m’appuierai surl’analyse de près de 70 formulairesd’évaluation d’une demi-douzaine deséminaires de ce type, mais aussi celledu formateur chercheur, en tentantde mettre en lumière les moments quime paraissent a posteriori les plusimportants pour tenter de décrire cequi constitue la transversalité d’uneanimation de simulation en contexteFOS. J’aborderai ainsi la notion detâche, celle de parcours de didactisa-tion complexe et d’élaboration de pro-gramme, la problématique du rôle duprofesseur dans la conduite de pro-grammes centrés sur la simulation,pour conclure sur une brève réflexionsur la place de l’interculturel.

    FORMER AUX ACTIVITÉS DESIMULATION EN FOSCette formation à l’élaboration de scé-narios de simulation (Cali, 2004) visaità donner aux participants la compé-tence à créer à la carte des program-mes FOS centrés sur cette activité.Elle répondait aux besoins apparusces dernières années avec la demandede nouveaux formats – plus intensifs etplus brefs – dans l’apprentissage deslangues pour les publics profession-nels. Très souvent ceux-ci, sous lapression du temps, ne sont plus dispo-

    nibles que quelques jours pour s’en-traîner à des compétences de plus enplus partielles en français, comme lanégociation au niveau européen, laconduite de réunion, la communica-tion professionnelle au téléphone, parcourrier électronique, etc. On a vu ainsiapparaître une demande de plus enplus ciblée sur des compétences prag-matiques, où l’outil de la simulationconstitue une réponse de choix, parcequ’il permet de focali-ser le programme surles événements de communication et lecontexte pertinents pourle public cible.Le séminaire lui-mêmefonctionnait, après uneintroduction théoriqueprécisant les cadresdidactiques dans lesquels s’inscrit cetype d’activité pédagogique, comme unatelier de production d’un dossier desimulation, chaque groupe restant libredu choix de ses objectifs et de sondomaine d’intervention : hôtellerie, entre-prise, ministère, etc. Ce dossier étaitensuite testé en simulation par le groupequi n’avait pas participé à son élabora-tion. Chaque dossier se composait :• du scénario de cadrage (une pagemaximum) exposant et contextuali-sant suffisamment la tâche de simu-lation demandée ;• d’un dossier de documentationétayant le scénario sur les plans thé-matique et lexical ; • de la feuille de route de chacun desacteurs de l’événement de communi-cation choisi ;• de tous les documents fonctionnelsnécessités par la simulation (ordre dujour, règles de procédure, invitations,mais aussi consignes diverses rédi-gées par le professeur pour guider letravail des groupes, etc.) ;

    • tout ceci complété par tous les docu-ments d’accompagnement – au moinsesquissés dans leurs grandes lignes,de nature pragmatique, linguistiqueou sociolinguistique – à utiliser avantla simulation à proprement dite, ou aposteriori.Cette démarche expérimentielle avaitété choisie pour permettre aux pro-fesseurs de réfléchir ensemble à leurshypothèses de scénario par rapport

    aux objectifs pédago-giques visés, de testerleurs qualités rédac-tionnelles dans la création des fiches,mais aussi de vivre ànouveau, à leur niveauprofessionnel, uneexpérience de produc-tion en groupe. Il

    s’agissait de (re)prendre consciencede la dimension de la gestion dutemps, des conflits, des compétencesnécessaires à la rédaction collabora-tive, à l’organisation d’un groupe detravail, et enfin de l’implication de toutela personne au moment du jeu. Touteschoses caractéristiques de ce que l’ondemande aux apprenants de faire dansune simulation, mais qu’un professeurde FOS a peu l’occasion de vivre, tra-vaillant rarement en équipe ou en co-animation. Cette dynamique del’échange a d’ailleurs été évaluée posi-tivement par beaucoup de participants,sous des formulations diverses : « prendre en considération les apportset idées des autres », « apprendre lesuns des autres », « le travail et le pro-cessus de groupe », « les interactionsentre participants ».1

    Et ceci est un premier point importantà noter : travailler en FOS avec l’outilde la simulation, c’est (re)donner enclasse beaucoup de place à la négocia-

    Chantal Cali, Académie diplomatique de Vienne

    Associée au CEDISCOR-SYLED (Paris III)[email protected]

    <

    On a vu ainsi apparaître unedemande de plus en plus cibléesur des compétences pragmati-ques, où l’outil de la simulationconstitue une réponse de choix,parce qu’il permet de focaliserle programme sur les événe-ments de communication et lecontexte pertinents pour lepublic cible.

    1 J’aimerais remercier ici tous les participants des séminaires B2 du plan FOS-Allemagne, dont l’engagement, la réflexionet le travail ont fait que chacun d’entre eux a pris un visage unique, par le biais des scénarios élaborés.

  • RECHERCHE ENDIDACTIQUE

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    tion – des tâches, des productions, dusens –, aux échanges de savoirs etsavoir-faire professionnels entre par-ticipants experts dans leur domaineet participants novices, et à la com-munication entre pairs en général, quece soit pour la préparation du jeu oupour toutes les activités de feedbacklangagier a posteriori. L’expérimenterà son propre niveau permet d’accorderensuite toute sa valeur à ces typesd’échanges qui se nouent dans etautour de l’activité de simulation, etde savoir leur donner suffisammentde place dans le programme, sans lesconsidérer comme du temps perduparce qu’ils se font en partie hors de laprésence du professeur. Si leur natureest programmable en termes de plagehoraire, leur contenu, lui, se développedans l’instant et le dialogue entre pairs,accompagné, s’il s’agit d’un moment engroupe classe, par l’animateur en posi-tion de feedback.

    A l’issue de ce séminaire, une desquestions du formulaire d’évaluationdemandait aux participants de citerles points qui leur avaient paru les plusutiles dans la formation, et de direpourquoi. Nous avons choisi d’expo-ser ci-dessous ceux qui sont revenusle plus souvent, en y apportant noscommentaires.

    LA NOTION DE TÂCHE ENSIMULATION : TRAVAILLERSUR UN SYSTÈME OUVERT ETCRÉATIF

    Il a été ressenti comme utile de reve-nir en introduction sur cette notion detâche, au cœur des activités de simu-lation, mais aussi de la perspectiveactionnelle du Cadre européen com-mun de référence pour les langues,pour comprendre notamment la dif-férenciation que l’on peut établirentre un jeu de rôles, et une simula-tion à partir d’un scénario d’interac-tion complexe. Nous avons repris ladéfinition élaborée par Ellis (2003-16)dans son ouvrage sur l’apprentissageet l’enseignement basé sur la tâche.Celui-ci souligne qu’un critère décisifde toute tâche est sa focalisation surle sens, l’utilisation du langage à desfins pragmatiques, pour réaliser unobjectif communicatif. Pour ce faire,l’apprenant peut mobiliser librement

    toutes ses ressources linguistiques,même s’il n’est pas exclu que certai-nes tâches – et nous pensons ici encontexte FOS aux genres profession-nels, quels qu’ils soient – appellentdans une certaine mesure des for-mes linguistiques ou discursives par-ticulières. D’autre part, la tâche viseà faire utiliser la langue d’unemanière qui soit ressemblante à celleen usage dans le monde réel. Enfin,comme d’autres activités langagiè-res, une tâche peut mobiliser descompétences productives ou récepti-ves, écrites ou orales, et des proces-sus cognitifs variés.Autant un jeu de rôles peut être unexercice linguistique contraint peucontextualisé, de type essentielle-ment reproductif, focalisé sur les for-mes linguistiques qu’il va s’agir demémoriser par la (re)production eninteraction, autant une activité desimulation vise une dynamique forte-ment contextualisée et focalisée surun objectif pragmatique, où les inter-locuteurs ont le choix des armes lin-guistiques qui les amèneront à réali-ser leur but. Certes, le contexte FOSfait que l’analyse préalable par l’en-seignant des aspects discursif etinteractionnel des genres visés – uneprésentation en public, une négocia-tion, une réunion, etc. – aura dégagéun certain nombre de régularités oude contraintes dans la prise deparole, qu’il conviendra en amont derendre conscientes aux apprenants,mais à l’intérieur de ce cadre, et lorsdu jeu de simulation, la liberté deslocuteurs est totale : c’est à eux deconstruire leurs échanges, d’organi-ser leur gestion du temps et destours de parole, de négocier les che-mins qui les conduiront à l’objectiffixé. La simulation appartient à uneapproche constructiviste des échan-ges, comme de la didactique (Wolff,2002).On voit également qu’en contexteFOS, une simulation va s’organiserautour de tâches professionnellesplus ou moins complexes, et qu’ils’agira de définir, selon le publiccible, son niveau et la nature desbesoins qu’il a d’améliorer ses com-pétences linguistiques. Une tâchecomplexe comme « organiser uneconférence entre plusieurs organisa-tions partenaires », par exemple,constitue ce qu’on pourrait appeler

    une « macro-tâche », aisément sub-divisable en « micro-tâches » comme :prendre contact avec les partenaires,par téléphone et par courrier électro-nique, rédiger un programme prévi-sionnel, organiser une réunion pré-paratoire, etc. Focalisation sur le sens et les objec-tifs de communication profession-nels, liberté de parole, donc ouver-ture et créativité des échanges : c’estsur ce type de production que le professeur-animateur va avoir àconstruire son intervention pédago-gique, et prendre conscience duchangement de paradigme dans sonécoute des productions des appre-nants. Il y a là matière à s’interrogersur le rôle du professeur, mais avantde revenir sur cette problématique,j’aimerais aborder un autre pointsouvent cité.

    UN PARCOURS DE DIDACTISA-TION COMPLEXE : L’ÉLABORA-TION D’UN PROGRAMME FOSCENTRÉ SUR LA SIMULATION

    Les échanges en formation m’ontpermis de constater que souvent lesprofesseurs associent avec le terme« activités de simulation » le momentmême du jeu, voire les activitésdirectement préparatoires à celui-ci,mais n’ont pas toujours une visiontrès précise de la contextualisation etde l’intégration de ces activités dansl’ensemble d’un programme linguis-tique à visée professionnelle. Làencore, Ellis (2003-31), dans ce qu’ilappelle « une question pédagogiqueclé », celle de l’intégration de la tâchedans un cycle d’enseignement, pro-pose, en s’appuyant sur les travauxrécents de chercheurs en la matière,une structuration ternaire constituéepar une phase préparatoire, la phasede la tâche elle-même, puis la phasepost-tâche. On retrouve là la structu-ration proposée également parTrocmé-Fabre (1999) se référantpour sa part aux travaux des spécia-listes de l’apprentissage et de la cognition. Nous avons adopté sa terminologie, appelant ce cycle pournos besoins de formation : le T-1, le T qui représente le moment du jeu ensimulation, et le T+1, qui regroupetoutes les activités de feedbacklinguistique et pragmatique.

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    La pertinence d’un dossier de simu-lation est un enjeu fort en FOS, où lemonde réel est généralement pré-sent en classe par le biais desexperts du domaine simulé ; ellerepose sur la qualité des informa-tions recueillies sur le monde profes-sionnel à reconstituer, même demanière fictive, sur ses cadres inter-actionnels, sur la nature discursivedes documents produits, etc. Ensuitese pose une question de cohérenceentre les compétences mises enœuvre par la tâche proposée ensimulation, les objectifs pédagogi-ques affichés, et la nature des docu-ments et des activités proposéesdans le cycle T-1 / T / T+1. L’évaluation des dossiers en grandgroupe portait à la fois sur la qualitéde l’étayage apporté par la fiche decadrage, le dossier documentaire,voire les autres documents de consi-gne, et sur la qualité rédactionnelleet la précision des consignes auxacteurs dans les feuilles de routeindividuelles. Elle considérait aussi lanature des documents et activitésproposés en T-1, par rapport à latâche choisie, et enfin regardait, parrapport au jeu qui s’était développépendant une trentaine de minutesdans la classe, quels autres élé-ments intéressants, de nature prag-matique, sociolinguistique ou lin-guistique, étaient spontanémentapparus et demanderaient à êtretraités en T+1. Une grande partie duT+1 était consacrée dans ce sémi-naire de formation à l’activité d’au-toscopie – c’est-à-dire de visionne-ment commenté de l’enregistrementde la simulation – des prestations surle plan pragmatique et linguistique,et à la conduite de cette activité, trèsprésente dans les évaluations, maissur laquelle nous ne nous étendronspas dans le cadre de cet article,l’ayant déjà fait abondamment parailleurs. (Cali 1999 et 2004).Ce cycle ternaire peut, suivant levolume horaire à disposition avec ungroupe, se répéter une ou deux foisdans le cours du programme pro-posé, en s’articulant autour desmicro-tâches pertinentes.Cela permet de donner à la simula-tion à visée professionnelle, tout enlui conservant son caractère fictif etcréatif, une grande rigueur dans l’ex-

    ploration en amont et en aval desparticularités interactives et discur-sives du monde professionnel parrapport aux tâches visées. On voitqu’il est aisé ensuite, sur des volu-mes horaires d’une vingtaine oud’une trentaine d’heures, d’ajouterdes activités d’exploration lexicale oude documentation thématique à par-tir de documents vidéo en ligne ou enarchive, voire des rencontres débatsavec des experts du domaine consi-déré. Le type de macro-tâches envi-sagées ici en simulation se prête àune utilisation dans des formatsintensifs de cours, et à un niveau aumoins B1+. Il reste ensuite au profes-seur à décider, selon le tempsimparti, jusqu’à quel niveau il peuttraiter en T+1 le plan linguistique, etprogrammer les éventuelles remé-diations grammaticales repéréesdans le cours des échanges. Celafera l’objet des points linguistiques aposteriori, l’idée étant de trouverl’équilibre entre leur traitement et lanécessité de conserver au pro-gramme axé sur la simulation sadimension pragmatique prédomi-nante.

    Les participants ont souligné que cerappel de la nature d’une simulationet de son positionnement au seind’un cycle d’enseignement leur apermis de prendre conscience de laglobalité du travail à fournir, et dutravail de « distanciation par rapportau rôle traditionnel de l’enseignant »,que nous allons aborder maintenantplus en détail.

    LA TRANSFORMATION DURÔLE DU PROFESSEURLe respect du caractère ouvert etcréatif des interactions dans unesimulation entraîne pour l’animateurla prééminence d’autres rôles, car ilne peut plus « programmer » lecontenu de son cours dans la mesureoù il y était habitué. Toute une partiede son intervention pédagogique vase faire ad hoc, en suivant les produc-tions du groupe dans la simulation.Expert linguistique, le professeur tra-vaillant avec l’outil de la simulationen milieu d’intervention FOS doitajouter d’autres cordes à son arc,l’idéal étant pour sa propre compé-tence pragmatique qu’il puisse suivre

    une formation en communication auxtâches visées lorsqu’elles sont parti-culièrement complexes (négociation,conduite de réunion, présentationsdiverses, etc.). Une immersion dansle milieu cible ou un contact préala-ble avec des professionnels permetégalement de prendre consciencedes discours en circulation, desfaçons de dire associées à des façonsde faire particulières à un milieu. Cequi a paru dans cet esprit particuliè-rement utile aux professeurs en for-mation a été l’expérimentation dufeedback, son organisation, après laphase de jeu. Ils ont souligné :

    • La nécessité d’une décentration del’enseignant, qui doit se mettre enposition d’écoute active lors du jeu, etsauf extraordinaire, sans possibilitéd’intervention de sa part. C’est unmoment d’analyse ad hoc critériéeselon les objectifs d’apprentissagedéclarés pour l’exercice, mais aussiselon tous les éléments sur les planspragmatique, sociolinguistique et lin-guistique qui pourront émerger dansles échanges, et qui seront intéres-sants à commenter ensuite avec legroupe.• L’importance de veiller à travailleren priorité sur la dimension pragma-tique du langage, pour pouvoir éva-luer la justesse de la simulation pro-posée : les règles du contexte profes-sionnel sont-elles respectées, lesinteractions pertinentes, la construc-tion du sens et de l’argumentation, lecas échéant, assurée ? La rétroactionpourra porter sur les interactionsréussies, en faisant analyser les stra-tégies – implicites, explicites, verba-les, non-verbales – qui ont conduit àl’objectif communicationnel, lesfaçons de dire qui ont convoyé lemessage, ou, à l’inverse, reprendredes moments moins réussis, où onpeut alors en grand groupe recher-cher des variantes, apporter du voca-bulaire, une phraséologie complé-mentaire, commenter un phéno-mène syntaxique plus approprié, oule suggérer.• La focalisation sur le résultat et lefond de l’interaction plus que sur saforme linguistique oblige à prendreen compte d’autres phénomènes dela communication : à ce niveau, tou-tes les compétences comptent,

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    notamment les compétences géné-rales de l’apprenant, son savoir sur lemonde professionnel visé, sessavoir-être et savoir-faire souventnon partagés avec l’animateur. Celui-ci doit savoir donner la parole auxexperts du groupe, et organiser enT+1 un dialogue réflexif entre noviceset experts participants, et compléter,pour sa part, par les façons de dire.• L’importance d’organiser les activi-tés de rétroaction après le jeu à par-tir de critères objectifs et profession-nels, en nombre limité – le volumehoraire impose pratiquement tou-jours la nécessité d’un choix – etqu’on peut établir avec le groupe.L’impact du non-verbal prend touteson importance en contexte FOS. Enl’absence d’une formation corres-pondante, le professeur peut tou-jours avec son groupe élaborer descritères d’observation objectifs etrespectueux de la personne.

    ET L’INTERCULTUREL ?La mention de cette dimension estpratiquement absente des élémentsévalués comme utiles dans la forma-tion à la simulation, même si cetaspect a fait l’objet de discussionsdans l’évaluation des jeux des grou-pes. En effet, s’il est toujours utiled’aborder en amont et en aval d’unetâche simulée l’aspect intercultureldes échanges, comme par exempleles rituels de salutation et de prise deparole, dans tel ou tel contexte natio-nal, ou international, l’intégrationdirecte de la dimension intercultu-relle dans le jeu, par le biais desconsignes par exemple, peut danscertains cas représenter unegageure, voire créer un biais certain. Comment jouer en effet un parte-naire français dans une négociationcommerciale franco-allemande, si onest allemand ? Un délégué nationallituanien, si on ne connaît pas encorebien les partenaires de ce nouvel Étatmembre dans une simulation d’ungroupe de travail du Conseil euro-péen ? A partir de stéréotypes, aumieux, les acteurs ayant recours aumoment du jeu aux représentationsqu’ils ont du profil français ou allemand des interactions. A cemoment-là, le risque de surjouer la

    scène, de la jouer de façon fausse etgênante pour les partenaires estgrand. La vraisemblance pragmati-que du dialogue – cet effet « commedans la réalité » des échanges pro-fessionnels simulés, si souvent souli-gné par les participants experts aposteriori – risque d’être perturbée.Une autre option – et c’est celle quenous adoptons, à titre de piste de tra-vail et de réflexion – est de laissercette dimension, dans les consignesaux acteurs et au moment de lasimulation, « hors jeu », de ne pas laspécifier explicitement. Cela crée unespace autre, transculturel si l’onveut, ou - pour reprendre une problé-matique lancée par les écrivains delangue française, décidant de créernon une littérature « francophone »,ce qui à leurs yeux les renverrait sanscesse à un modèle français, mais unelittérature-monde écrite en français -espace transculturel ouvrant la voie àune « simulation-monde » , de lan-gue française, pragmatiquement suf-fisamment juste d’un point de vueprofessionnel, mais se situant ail-leurs d’un point de vue culturel. Lesacteurs jouent alors leur rôle avecleur profil culturel propre, en fran-çais. Cette idée d’appropriation de lalangue pour réaliser une tâche parti-culière, sans référence au modèleculturel ni à la norme native qui ysont habituellement associés, faitpenser aux travaux de Seidlhofer(2003) sur l’appropriation par le locu-teur anglophone de l’anglais ditinternational. Cette approche de l’an-glais langue véhiculaire nous offre làune focale de réflexion qui pourraitvaloir aussi pour le français, langueinternationale.On pourrait considérer que les simula-tions, du point de vue culturel, sont desobjets intrinsèquement hybrides, qu’ily a création d’un objet international « la simulation-monde », où chaqueparticipant, indépendamment de laculture visée, prend une place,construit avec les autres un dialoguecommun fondé sur la substance del’évènement de communication, avecsa propre histoire et sa propre culture.

    CONCLUSION

    La conduite d’activités de simulationressortirait ainsi plus à un art de lacomplexité et du continuum qu’à larupture et à la dichotomie. Une viséeprofessionnelle toujours particulièredétermine le choix de l’activité desimulation la mieux adaptée aupublic cible et à ses besoins, commeà la nature des genres professionnelsvisés, puis la composition de chaquegroupe d’apprenants relève à safaçon le défi communicationnel posépar le scénario. Nous avons dans ces formations tenté de montrerquelles compétences professionnellesessentielles les professeurs devaientmettre en œuvre pour conserver larigueur des analyses et des pro-grammes proposés tout en accompa-gnant activement la créativité desgroupes dans leur dynamique de jeu n

    RÉFÉRENCESBIBLIOGRAPHIQUESCali C. (1999) Rituels langagiers dansles prises de parole en contexte mul-tilingue : la simulation globale „ Laconférence internationale“ à l’épreuvedu discours, Thèse de doctorat,Université Paris III- Sorbonne nouvelle.

    Cali C. (2004) « La simulation globale :élaboration de programmes et forma-tion » . in Le Français dans le Monde,Recherches et Applications, numérospécial sur „ Français sur objectifsspécifiques : de la langue aux métiers“,Janvier 2004, Paris, Clé International.

    Ellis R. (2003) : Task-based Learningand Teaching. Oxford : Oxford UniversityPress.

    Seidlhofer B. (2003) : « English forEurope, or European English ? » inEuropäische Sprachenpolitik, R.Ahrens ed., Heidelberg, Winter Verlag.123-138.

    Trocmé-Fabre (1999) : Réinventer lemétier d'apprendre, Paris, Editionsd'Organisation.

    Wolff D. (2002) : Fremdsprachenlernenfür eine konstruktivischeFremdsprachendidaktik. Frankfurt amMain. Peter Lang Gmbh. EuropäischerVerlag der Wissenschaften.

    1 Voir Le Monde du 16 mars 2007 : « Pour une littérature-monde en français »

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    Piloter une S.O.S. : rallyes classiques, nouveaux circuitset tout terrainPÉRIMÈTRE ET FRONTIÈRESAlors que les simulations globalesgénéralistes sont destinées à unapprentissage général de la langue,les simulations sur objectifs spécifi-ques (S.O.S.) visent un français pro-fessionnel. C’est le cas, notamment,de l’Hôtel, (pour le français de l’hôtel-lerie et du tourisme), de l’Entreprise(pour le français des affaires), del’Hôpital (pour le français de la méde-cine), de la Conférence internatio-nale (pour le français de la diplomatieet de la négociation), du Tribunal(pour le français du droit), du Port(pour le français des relations mar-chandes), de l’Ecole (pour le françaisde la pédagogie), etc. La liste n’estévidemment pas close puisqu’on peutimaginer tout ce que l’on veut dèslors que les participants sont réunisautour d’un thème et d’un objet d’in-térêt professionnel. Ainsi on a pusimuler ici ou là une Plate-formeoffshore (pour le français des techni-ques d’extraction du pétrole ou dugaz), un Voyage interstellaire ou uneAutre Planète (pour le français de labiologie, de la physique-chimie ouencore pour le français des missionsintergalactiques !), le Club ou leCamping (pour le français des vacan-ces !), le Camp ou le Village de tran-sit (pour le français des relations avecles réfugiés), le Monastère, laCommunauté religieuse, voire laSecte (pour le français des religionset de la spiritualité), la Fourmilière oula Ruche (pour le français des obser-vations entomologistes), le Journal(pour le français des médias), lesJeux Olympiques (pour le français dusport), la Croisière (pour le françaisde l’hôtellerie maritime), l’Expédition(pour le français des missions scien-tifiques ou pour celui du tourisme-aventure), le Parti ou le Mouvement

    (pour le français de la politique), leSalon littéraire (pour le français de lacritique littéraire), la Foire commer-ciale (pour le français des relationsmarchandes), le Village médiéval(pour le français de l’histoire et de lagéographie ), etc1.

    Mais où passe alors la frontière entresimulations généralistes et simula-tions sur objectifs spécifiques ? Toutsimplement par le public auquel l’en-seignant s’adresse et par sa décisiond’assigner tel ou tel objectif au « lieu-thème » choisi. Ainsi l’Immeuble, ini-

    tialement conçu comme unesimulation généraliste, devient unesimulation sur objectifs spécifiquesdès lors que le public avec lequel on la« monte » s’intéresse à des questionsd’architecture, d’urbanisme, de socio-logie ou « d’écologie urbaine »2. Et l’Iledevient une simulation pour architec-tes travaillant sur des scénarios depolitique fiction et imaginant une « îleflottante » censée faire échapper auxcatastrophes du XXIème siècle les élitesfortunées du monde. Le Quartier, ou laRue, succédanés du Village, devien-nent des modèles construits par etpour des sociologues de la ville, deshommes politiques, des responsablesd’associations ou des animateurs de lavie des « cités ».

    Mais inversement, l’Hôtel peut êtredégagé de sa visée professionnellepour ne retenir que la dimensionromanesque du lieu. De même pourl’Entreprise dont on peut ne retenirque les aspects créatifs de la concep-tion de produits ou de services (etdes campagnes publicitaires), queles aspects socio-grammatiques(romans de vie des employés) plutôtque les aspects organigrammatiques.

    LA FAÇON LA PLUS COURANTELa plupart des simulations globales« Entreprise » proposent aujourd’huide simuler - de façon réaliste - lacréation d’une entreprise dans sesdimensions professionnelle, techni-que mais aussi personnelle et roma-nesque, dans ses phases de création,de développement et de crise. Chaqueparticipant est invité à prendre uneidentité fictive et une fonction pouragir et interagir en situation ordinairecomme en situation extraordinaire(incidents).Ceux-ci travaillent le plus souvent en« agences » ou en « team » (petitsgroupes de deux à six personnes)pour développer des jeux de rôles etdes productions écrites collectéespour devenir le « grand roman » del’entreprise. Les créations et discus-sions portent essentiellement sur :• le concept de produit ou de service

    et ses déclinaisons ;• la dénomination du produit et de la

    marque ;• l’identité visuelle, le packaging, le

    logo, la signature, la publicité, lacommunication, etc. ;

    • l’implantation stratégique del’entreprise ;

    • l’architecture et l’agencement del’entreprise ;

    • l’organigramme et le sociogrammede l’entreprise ;

    Francis Yaiche, Maître de conférences habilité à diriger des recherches

    CELSA – Sorbonne Paris IV

    <

    1 Voir à ce sujet quelques lieux-thèmes de simulations imaginés par les étudiants de maîtrise dans le cadre du cours de F. Mangenot à Grenoble 3.http://w3.u-grenoble3.fr/espace_pedagogique/maitrise.htm.

    2 Park R, The City.1915.

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    • les biographies et portraits desgrandes figures de l’entreprise(patron, ingénieur, syndicaliste,inventeur, etc.) ;

    • l’histoire et le « roman » de l’en-treprise ;

    • les écrits spécifiques de l’entreprise ; • les décisions stratégiques à pren-

    dre à partir d’un compte d’exploita-tion à étudier.

    C’est ainsi que les étudiants deM’Gimo3 de Moscou imaginèrent en2005 une usine Wawaboots de« Chauchaudes », chaussures conte-nant des résistances électriques dansla semelle permettant de les conser-ver toujours chaudes malgré les bas-ses températures et la neige. Ceux dela CCIP conçurent, quant à eux, despetites turbines installées dans lesplinthes des appartements et mai-sons aspirant les poussières de l’air.Plus de ménage. Plus de pollutionnon plus dans les villes puisque l’en-treprise déclinait le concept pour ins-taller d’énormes turbines dans lesquartiers pollués. D’autres étudiantsinventèrent des canapés convertiblesà commande vocale, des « Sésame »équipant les chambres d’étudiantset commandés par un « Sésameouvre-toi !».

    Dans le domaine du français commelangue diplomatique, on négocierasur des questions comme les zonesde pêche, le paiement d’une éco-taxe,les droits des enfants, la démocratiecomme critère d’aide au développe-ment ou, d’une façon plus réaliste,on refera le sommet de la Terre deRio ou de Kyoto, le sommet sur l’élar-gissement de l’Union européenne oul’entrée de la Turquie dans l’U.E.

    Dans le domaine de l’hôtellerie et dutourisme, un secteur en pleine expan-sion créative, on recherchera desniches et des concepts attractifs d’hô-tels. Judith Humery et SébastienFauveau, enseignants ayant participéà un stage que j’avais animé en 2006à Rostov-sur-le-Don4 sur la simula-tion « l’Hôtel », à la suite de celuitenu à Togliatti l’année précédente,

    annoncent une floraison quasi-déli-rante d'hôtels de grand luxe danstoute la France, sur la base d'inves-tissements russes !!! « Nous avonsl'honneur et le plaisir, écrivent-ils,de vous faire part de la naissance del'hôtel « les Légendes deBretagne » en Bretagne,dont la décoration est baséesur les légendes celtiques(elfes et compagnie, bou-gies au bord de la baignoire,ambiance mystique), del'hôtel « Paradis » dans leGers avec au programmefresques célestes, draps en soie, spa,gastronomie (notamment la saladecaviar + truffes + foie gras), toilettesen OR (véritable), de l'hôtel « Sousles Etoiles » dans les Alpes, un hôteltroglodyte creusé à même la monta-gne, évoquant parfois les cavernespréhistoriques mais avec un luxe quivous surprendra (sachant que vouspouvez déguster de l'ours importéde Russie, du renne importéde Finlande, du chamois localet de la marmotte du terroir,allongés sur une peau de bêteet contemplant les étoiles àtravers un plafond vitré) etenfin de l'hôtel « Sous laTreille » (treille rimant avecsoleil et bouteille), installé dansun château du Bordelais et pro-posant des dégustations de vinsdans un contexte novateur (l'alcootestest proposé à la fin de chaque repas aucas où vous viendrait l'idée saugrenue denous quitter).5 »

    LES NOUVELLES MANIÈRESDE FAIRECes dix dernières années auront vécuune véritable révolution dans lamanière de faire vivre les simulationsglobales dans le monde de l’éducationet de la formation. A l’origine, trèsprescriptives et très balisées par lescanevas d’invention élaborés par leschercheurs du Belc6, les simulationsglobales, notamment dans les domai-nes professionnels où les temps deformation sont plus courts, se sontaffranchies de ces modèles pour

    devenir progressivement des cadres(ou des « scénarios de cadrage »7)co-existant avec d’autres activités :par exemple des activités tutoréesde consultation et de recherche docu-mentaire, des activités linguistiques

    (lexique, grammaire, ortho-graphe) ou phonétiques,des activités dites « kios-que », c’est-à-dire de lec-ture de livres ou de revuesspécialisées donnant lieu àdes exposés suivis dedébats, des activités de pré-sentation et d’analyse de

    films ou de documentaires donnantmatière à information, discussion,modélisation de certains rituels etcomportements professionnels. Defaçon étonnante, la simulation perdalors son statut héliocentrique pourassurer une mission de lien, de coor-dination et de recentrage des activi-tés dans des moments où le groupese retrouve après des phases de

    pédagogie différenciée. Lasimulation n’est plus –dans ces cas-là – l’activitéphare par laquelle toutesles acquisitions passent,elle est l’activité de réem-ploi, de réactivation desconnaissances terminolo-giques acquises et parfoispassives, de routinisationdes rituels d’interaction,

    des comportements professionnels.Elle permet aussi de construire unlien entre les différentes activités, deconstruire le groupe grâce à la dou-ble projection des apprenants : 1-dans un lieu-thème et dans un tempsautres que celui de la réalité de laclasse ; 2- dans des identités fictives.

    Les simulations élaborées depuis dixans par Chantal Cali (de l’Académiediplomatique de Vienne en Autriche)et par moi-même, pour former auxdifférents français de spécialité desgroupes d’avocats et de juges, demédecins, de diplomates ou de hautsfonctionnaires, de gestionnaires et decadres d’hôtels de la zone Caraïbe,8 relè-vent de ce modèle baptisé par nos soins« La Rencontre », un modèle qui déve-

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    Ces dix dernièresannées auront vécuune véritable révolu-tion dans la manièrede faire vivre lessimulations globalesdans le monde del’éducation et de laformation.

    3 M’Gimo est une grande école de Moscou formant les élites russes à l’économie d’entreprise et aux relations diplomatiques.4 http://www.afrostov.com/index.php?id=1725 [email protected] - [email protected] Bureau d'études pour les langues et les cultures (ex-Bureau pour l'enseignement de la langue et de la civilisation)7 Cali C., Mourlhon-Dallies F. : Actualité des simulations globales, article en ligne, Carmal de Créteil.8 Plusieurs séminaires ont été effectués de 1997 à 2006 pour l’Association des Etats de la Caraïbe (A.E.C.) et l’Institut français de coopération franco-caraïbe (ICFC).Un cursus universitaire en hôtellerie est élaboré en 2002 pour l’Université PUCMM de Saint-Domingue.

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    loppe une simulation de colloques,congrès ou rencontres profession-nelles : la première rencontre du droitcaribéen, de la médecine caribéenne,etc.

    Ces recherches et ces actions dans ledomaine de la formation des élitescaribéennes en français de spécialitésont emblématiques d’une synergierecherche/action :• recherche de nouveaux modes d’en-seignement/apprentissage pour denouveaux terrains, de nouveauxpublics, de nouvelles problématiques ;• construction de nouveaux modè-les, prenant en compte la richesse, lavariété, la complexité des objectifsexplicites ou implicites.

    Ces « opérations » revêtent en effetune importance particulière parceque, au-delà de l’objectif explicite dela formation linguistique, elles ontun caractère « stratégique » et politique pour la France et ses opérateurs (AEC/CARICOM/ICFC) :provoquer des « rencontres » de pro-fessionnels d’une même zone pourles fédérer à partir d’une réflexionsur des problématiques communes,par exemple, comment lutter contrela drépanocytose, le trafic de drogue,l’argent sale et la corruption.

    Ces séminaires de formation au fran-çais de spécialité fonctionnentcomme des rencontres propédeuti-ques – et cela d’autant plus qu’il yest proposé de simuler, par exemple« Le premier Symposium de méde-cine caribéenne » ou la « premièreRencontre des juristes de la Caraïbe ».La France, à travers sa régionAntilles-Guyane et l’I.C.F.C.9, se« positionne », comme un acteurmajeur catalysant ces énergies dansune zone géographique où elle veutexister – et où elle doit exister du faitde son histoire (y compris linguistique etculturelle) avec des pays comme laRépublique dominicaine, Haïti, Cuba, etc.

    Ces « séminaires-rencontres » fontl’objet, bien sûr, d’une couverturemédiatique et d’un lobbying profes-sionnel et ils permettent d’établir des

    liens avec des professionnels desAntilles, mais aussi de métropole, enmatière de formation et de technolo-gie (cf. le couplage de l’hôpital de LaTimonne de Marseille et de celui deSaint-Domingue en neuro-chirurgie).

    Les bénéfices de telles opérationssont nombreux mais il est surtoutclair que cette conception « stratégi-que » du rôle de l’enseignant-cher-cheur en FLE est une dimension àprendre désormais en compte : parcequ’elle procure des bénéfices politi-ques mais aussi marketing.« Attaquer » de la sorte le segmentsupérieur de la pyramide sociale peutpermettre – bien souvent – de faireapparaître le « produit » langue fran-çaise comme un produit consommépar les élites ou les CSP+ , comme unproduit de classe et de distinction (cequ’il était autrefois dans de nombreuxpays), et donc comme un produit dési-rable pour les CSP–.10

    Ce positionnement entrera égale-ment en cohérence et en synergieavec l’image de la France et de sesproduits (positionnement sur l’axe duluxe et de la culture).

    Le terme « rencontre », de par sapolysémie, laisse entendre que lasimulation joue désormais une autre« partie », a une autre fonction dansl’économie de la classe, une fonctionplus orientée sur la dynamique dugroupe.

    On constate ainsi l’extraordinairemultiplicité des scénarios inventésde par le monde. Inventés ou rejoués.

    LES SCÉNARIOS CATASTRO-PHE : JOUER, REJOUER POURDÉJOUER LE SORTLes scénarios catastrophe ne sontpas le seul apanage des écrivains descience-fiction. Il y a longtemps quela menace de conflits nucléaires oubactériologiques fait l’objet de simu-lations en grandeur réelle. Les pré-fets commandent d’ailleurs chaqueannée des exercices de simulationqu’ils souhaitent organiser en fonc-tion des risques présents dans leur

    département : une marée noire, unaccident nucléaire, un barrage quilâche, une avalanche de montagne,un accident d’avion, un empoisonne-ment au cyanure ou à la ricine, dessouches de virus disséminés par aéro-sols dans le métro, le passage d’uncyclone de type Katrina comme à laNouvelle-Orléans, une inondation ouun tsunami nécessitant des évacua-tions massives de populations, etc. Un exercice d’alerte après une simula-tion d’attaque chimique à la stationInvalides avait ainsi lieu dans la nuit du22 au 23 octobre 2003. Policiers, secou-ristes, médecins et pompiers coordon-nent leurs efforts dans le cadre du planPiratox adopté en 2002.11

    La grippe aviaire a donné lieu, cesdeux dernières années, dans les paysanglo-saxons et en France, à l’orga-nisation d’exercices de simulation decatastrophes, avec des questions crucia-les à débattre comme : Où se réunira leParlement en cas de pandémie ?Comment réquisitionner les méde-cins et « contrôler » les médias ? Etil est tentant pour certains ensei-gnants de s’en inspirer. « En juin 2001, écrit Ariane Chemin,quelques mois avant l’attaque terro-riste contre les Twin Towers, à NewYork, l’un des plus spectaculaires exer-cices de politique-fiction imaginé dansle monde – une attaque bioterroristeintitulée «Dark Winter » – avait conduitles Américains à la conclusion que leursservices de santé étaient mal préparésà une attaque de ce type.Le plus grand test nature s’est tenu auxEtats-Unis en janvier (2005). Nom decode : « Atlantic Storm ». Scénario :une attaque terroriste à la variole. Cettefois l’attaque fictive touchait aussil’Europe. Et le scénario associait de « vrais » responsables politiques – sou-vent d’anciens chefs de gouvernement– dans un casting réalisé à l’échellemondiale. Bernard Kouchner jouaitJacques Chirac, le président de laRépublique française, MadeleineAlbright « faisait » le président desEtats-Unis, Gro Harlem Bruntland tenaitson ancien rôle de directrice del’Organisation mondiale de la santé(OMS). »

    9 Institut de coopération franco-caraïbe.10 Catégories socio-professionnelles supérieures/inférieures.11 Le Monde du 29 octobre 2005 (Ariane Chemin).

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    RECHERCHE ENDIDACTIQUE

    LA RÉALITÉ DE LA VIRTUALITÉ

    LA VIRTUALITÉ DE LA RÉALITÉ

    VIE ET MORT EN SIMULATIONOn le voit, les « décideurs » (hom-mes politiques et chefs d’entreprise)ne reculent pas devant l’utilisationde l’outil simulation pour éprouverle réel et s’éprouver eux-mêmes dansdes situations de réel en crise. Maisla réalité rejoint parfois la fiction dansdes affrontements tournant à la folie.Ainsi, le 18 novembre 1978, un députéà la Chambre des Représentants desEtats-Unis d’Amérique, Léo Ryan,deux journalistes et un photographe,étaient assassinés sur un aérodromede brousse du Guyana par les hom-mes de mains d’un gourou illuminé,Jim Jones. Ils étaient venus enquêtersur les conditions de vie déplorablesdes adeptes de la communauté « LeTemple du Peuple », retenus dans undomaine de 11 000 hectares, en pleincoeur de la jungle équatoriale.

    Le même jour, le même révérend JimJones, qui prêchait le socialisme, la fra-ternité chrétienne et l’égalité raciale,persuadait 914 personnes, retirées à « Jonestown », de l’accompagner dansla mort en se suicidant avec lui : hom-mes, femmes, enfants, vieillards.

    Jim Jones avait créé un monde à part,un monde à lui, pour lui, en couperéglée, un monde de simulation (depuislongtemps il simulait des suicides col-lectifs), avec des lieux et des personna-ges soumis à sa volonté, un monde surlequel il avait le droit de vie et de mort,un monde dont il était le Grand Maître.

    Cette folie collective avait été renduepossible par la déconnexion de la réalitédu monde extérieur de pauvres bou-gres persuadés qu’à l’extérieur de leur« Eden » les nazis avaient pris le pouvoiret que l’Amérique sombrait dans la vio-lence et la guerre. Le monde étaitdevenu mauvais, satanique, acharné à laperte de leur « Père » et d’eux-mêmes.Ce « domaine » perdu, au milieu denulle part, était, pour ces prisonniersde la secte, le refuge le plus sûr, la seuleréalité tangible et crédible à laquelle seréférer et croire. Un cauchemar éveillé.

    BIENVENUE SUR « SECONDLIFE »« Gad City »12 est un jeu de simulationqui permet de rentrer dans la peaud'un GAD qui doit suivre des forma-tions pour obtenir de l'argent et ainsidévelopper ses usines et sa ville. Onpeut adopter un Gad, c’est-à-dire unpersonnage qu’on prend en main pourle faire évoluer, créer ses usines etcréer sa ville. Il suffit de choisir sonclan et de partir avec lui à la conquêtedu monde libre, pour gagner ou défen-dre des terrains. On peut produire desobjets envoyés dans la ville afin de lafaire prospérer. On peut vendre et ache-ter des matières premières entrejoueurs. La carte mondiale permetd'installer usines, marchés, casernes,champs de blé, scieries et bien d'autreschoses encore.

    En septembre 2004, l’américain WillWright lance la deuxième version du jeuvidéo le plus vendu dans le monde (« Sim City », 37 millions de titresdepuis sa sortie en 1989), « Les Sims 2débarquent ». En quelques semaines,plus d’un million d’exemplaires sontvendus. Ces jeux, « où il s’agit de don-ner vie à des personnages, du pipi audodo », sont fondés sur une mêmeidée, copiée par des centaines d’au-tres depuis : la simulation. Simuler unplan d’urbanisme, la vie d’une fourmi-lière, d’une ferme ou d’une familleaméricaine… ni monstres sanguinai-res ni dragons mâtinés d’heroic fan-tasy, mais la reproduction de plus enplus réaliste du cauchemar pavillon-naire américain. Et un paradoxe béant,face à l’apparente banalité des scéna-rios : à chacune de ses créations, lejeu vidéo gagne une nouvelle dimen-sion. L’écrivain Chloé Delaume, qui estdevenu « simaniaque », parle de la« générosité de sa démarche : ildonne des outils pour que chacun

    puisse créer son propre monde. »13

    Ce jeu, dans lequel il fallait se préoc-cuper de conduire son personnageaux WC sous peine de le voir souillerle tapis, est toutefois un jeu qui sesitue délibérément « du côté de la vie »,assure le psychanalyste Michael Storaqui l’utilise avec ses patients.

    Mais la forme la plus riche, la plus ache-vée de la simulation est sans doute la lit-térature romanesque, cette activité trèsparticulière qui consiste à inventer deshistoires et à embarquer des lecteursconsentants dans des mondes faits debruit et de fureur (car on ne fait pas biensûr de bonne littérature avec de bonssentiments). On ne reviendra pas surles émotions que telle ou telle œuvre apu susciter par le passé. C’est le proprede la bonne littérature que de nous per-mettre de nous évader de notre mondepour nous projeter dans un autre(inconnu, exotique, terrifiant, etc.). Qu’onse souvienne seulement que la lecturedes « Souffrances du jeune Werther » deGoethe provoqua, dit-on, une vague deplusieurs milliers de suicides en Europe,de personnes fragiles qui avaientéprouvé de l’empathie pour ce destinromantique.On ne reviendra pas non plus sur lamode des romans arborescents (ditsaussi d’arcades) qui ont eu leur heure degloire dans les années 80/90. Rappelonsseulement l’intérêt considérable sus-cité par les storylines parallèlement àl’essor des simulations globales.

    On sait aujourd’hui que l’auteur de « Bourlinguer », Blaise Cendrars,racontait des voyages magnifiquesdont on sut bien plus tard qu’il ne lesavait faits que dans son imagination,vaticinant dans sa chambre.Mystification classique de la littéra-ture. La multiplication récente desblogs sur Internet donne un tour nou-veau aux questions de l’auto-fiction14

    et de la simulation. Beaucoup d’inter-nautes ne se contentent pas en effetde créer leur blog pour raconterbanalement leur vie ordinaire et

    12 gadcity.com (to gad : vagabonder)13 Libération des 9 et 10 octobre 2004. Annick Rivoire.14 Doubrovsky Srege, Fils, roman, Galilée, 1980.

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    RECHERCHE ENDIDACTIQUE

    écrire leur journal intime. Certains,les plus hardis et les plus créatifs,se situent d’emblée entre réalité etimaginaire, telle Chloé Zinalla faisantle récit de ses voyages, via un bloginteractif, poétique et drôle, et de sur-croît, magnifiquement illustré.15

    Les métamorphoses médiatiques inter-venues dans la dernière décennie ontbrouillé les frontières entre jeu et réa-lité, entre réalité et fiction, entre réalitéet virtualité. Le site désormais célèbredepuis que Ségolène Royal et Jean-Marie Le Pen l’ont investi en fanfare, « Second Life » en est un exemple par-fait16. « Monde virtuel persistant en troisdimensions », Second Life est « un jeugrâce auquel trois millions de person-nes, d’êtres de chair, dirigent, du bout dela souris, un personnage virtuel (« ava-tar ») en le faisant devenir un entrepre-neur, dirigeant de supermarché,designer, peintre ou star du X. Il ne s’agitpas d’un jeu de rôle, où l’objectif est detuer le plus d’ogres en dix minutes. Ici,il n’y a qu’un terrain, plat, et la possibi-lité de créer tout et n’importe quoi, de levendre ou de l’offrir. En décembre on ya échangé une trentaine de millions dedollars. C’est un des chiffres effarants deSecond Life : à partir du moment oùchacun peut créer des objets, maisons,terrains, vêtements, on les achète ouon les donne. Avec du vrai argent. »17

    Sur ce site, chacun peut se créer uneidentité fictive (de préférence en sup-primant défauts, handicaps et tares) etinteragir avec les autres « avatars ».Mais ce qui est le plus étonnant est quele programme du jeu est conçu de tellesorte que les alias n’ont pas besoin deleur géniteur pour continuer à vivre leurvie. Même si votre ordinateur est éteint,votre double vit sa vie de façon auto-nome, connaît ses propres aventures. Ilest programmé pour vous échapper etpour vous surprendre. Et les autres peu-vent s’en emparer si vous n’y prenezpas garde. Et chacun s’enrichit des ren-contres avec les autres « alias »18. A propos d’enrichissement, quelquesmarques prestigieuses ont déjà investile monde de Second Life : IBM, Pontiacet surtout Dior qui a présenté une col-lection de bijoux virtuels dont les prixvariaient entre 150 000 et 1,2 milliond’euros. Même s’il y a un risque debulle spéculative, certains consultants

    commencent à vanter l’intérêt desmarques à investir ce territoire.

    HOMO LUDENS/HOMO SAPIENSPourquoi donc évoquer ces jeux desimulation dans une publication consa-crée aux simulations sur objectifs spé-cifiques ? La caractéristique principalede cette époque post-moderne auraété de faire fondre les hiérarchies, dediluer les frontières, notamment celleexistant entre jeu et travail. On ne saitplus toujours si un internaute qui jouene travaille pas à construire et si untravailleur ne joue pas. Le jeu est entrédans la réalité du travail et le jeu néces-site sérieux et travail. Il apparaît sur-tout que les clivages existant entresimulations généralistes et simula-tions professionnelles ne sont plus for-cément pertinents.

    Inventer des mondes et s’éprouverdans des modèles de réels construitsn’est pas une chose nouvelle dansl’histoire de l’humanité. L’homme atoujours simulé pour faire l’expériencepropédeutique de la réalité. Il semblemême que cela constitue un besoinvital pour lui, une manière de s’épar-gner et d’épargner le réel contre demauvaises manipulations. Et le petitd’homme simule dès l’enfance pourroder, routiniser des rôles, des situa-tions, un lexique, une phraséologie,des rituels d’interaction de façon àmieux affronter la réalité lorsqu’ellese présentera : « Alors toi tu serais lamaman et moi le papa. Et elle, le doc-teur et lui le malade, etc. »Les formes de la simulation sontdiverses, riches, innombrables. Dujeu de rôles précédemment évoquéaux manœuvres de soldats de plombou de militaires engagés dans des « répétitions générales » sur le théâ-tre des opérations, en passant parles jeux de rôles de type « Donjons etDragons » ou encore les simulations

    technologiques (comme par exem-ple les « essais » nucléaires), on « essaie » la réalité construite, on « s’essaie » soi-même pour mieuxcontrôler ensuite la réalité n

    BIBLIOGRAPHIEMourlhon-Dallies, F. : Y a-t-il un fran-çais sans objectif(s) spécifique(s) ?Former à enseigner le français de spé-cialité : l’exemple du français médical.Cahiers de l’ASDIFLE n° 14.

    Mourlhon-Dallies, F : Du français lan-gue étrangère au français languematernelle et langue seconde : actua-lité des simulations globales, Carmal,Académie de Créteil, dossier « Transferts du FLE au FLS et FLM ».

    Pradier C., Schaffner I. : La langue despécialité comme véhicule d’apprentis-sage de savoir-faire professionnels.Point Commun n° 15, la revue du fran-çais des affaires et des professions(CCIP), janvier 2002.

    Cali C., Cheval M., Zabardi A. : LaConférence internationale et sesvariantes. Paris, Hachette-F.L.E., col-lection CIEP Simulations globales,1995.

    Pacthod A. : L’Hôtel. Paris, Hachette,1996.

    Yaiche F. : Photos Expressions. Paris,Hachette, 2002.

    Yaiche F. : Simulations globales, moded’emploi. Paris, Hachette,1996.

    Yaiche F. : Contribution à une réflexionsur la nouvelle définition de la relation àla langue étrangère. Synergies Russien°3, 2005.

    SITESwww.management.fr : pilotez une entreprise, juillet-août 2004

    http://www.afrostov.com/index.php?id=172

    http://users.skynet.be/beatola/wot/simulglobal.html

    http://www.edufle.net/article123.html

    http://www.u-grenoble3.fr/espace_pedagogique/maitrise.htm

    15 http://clozinalla.over-blog.com16 www.secondlife.com17 Gregory Kapustin, Libération du 26 janvier 2007.18 Gregory Kapustin, Libération du 26 janvier 2007.

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    DOSSIER PÉDAGOGIQUE

    THÈME

    Ce dossier pédagogique se propose de faire connaîtreaux apprenants les grandes étapes de la recherched’un emploi à travers l’analyse de documents écritsvariés : offres d’emploi, curriculum vitae, lettre decandidature et extraits d’articles.

    OBJECTIFS

    Objectifs professionnels

    • approfondir ses connaissances sur les différentesdémarches liées à la recherche d’emploi ;

    • savoir présenter sa candidature.

    Objectifs langagiers

    • acquérir et enrichir la terminologie du recrutement(activités lexicales) ;

    • décrire sa profession, ses actions, ses tâches aupassé ;

    • savoir rédiger un curriculum vitae, une lettre demotivation, de candidature spontanée ;

    • savoir s’exprimer lors d’un entretien d’embauche.

    Objectifs communicatifs

    • savoir parler de son travail, de son expérienceprofessionnelle, de sa formation, de ses projets, deses centres d’intérêt ;

    • savoir se comporter lors d’un entretien d’embauche.

    PUBLIC

    Les activités de ce dossier pédagogique s’adressent enpriorité à des apprenants d’un niveau B1-B2 (CECR).

    PLANOFFRE ET RECHERCHE D’EMPLOI

    A - Trouver des offres d’emploi : prospecter lesentreprises

    B - Les étapes d’un recrutement

    LE CURRICULUM VITAEA - Comprendre un CV B - Du récit au CVB - Rédiger un CV

    LA LETTRE DE MOTIVATIONA - Structure et lexique de la lettre de motivationB - Répondre à une annonceC - Rédiger une candidature spontanée

    L’ENTRETIEN D’EMBAUCHEA - Conseils de comportement pour l’entretien B - Savoir parler de soi C - L’entretien de recrutement

    À LA RECHERCHED’UN EMPLOIPar Ghazwa Dayeh, Reina Sleiman etRima Mawloud, enseignantes à la Facultéde gestion et sciences économiques del’Université libanaise de Beyrouth

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    DOSSIER PÉDAGOGIQUE

    Trouver un travail après ses études n’est pas toujours facile et il faut souvent faire preuve d’ini-tiative. Voici quelques « trucs » qu’il est utile de connaître.

    A - TROUVER DES OFFRES D’EMPLOI : PROSPECTER LES ENTREPRISES

    Oser prendre les devants. Parents, amis, voisins, camarades de promo, professeurs, commerçants...n'hésitez pas à dire à tous ceux que vous côtoyez que vous cherchez un travail. Adhérez à une association(professionnelle, d'anciens élèves, de demandeurs d’emploi). Partez à la pêche aux relations en fréquen-tant les forums, salons, manifestations, colloques... Participez à une recherche d'emploi en groupe.Résultats garantis !

    A vous de jouer ! N'attendez pas que ça vous tombe entre les mains. Soyez actif ! Ciblez l'entreprisequi vous intéresse, et écrivez-lui une lettre de candidature spontanée. Ou téléphonez-lui directement.Utilisez Internet pour déposer votre CV dans une candidathèque, créer votre site perso ou votre blog.

    Le conseil de l'expert. "Prospecter le marché du travail ne se fait pas au hasard. Il faut structurersa démarche et surtout la cibler : 70 % des emplois se décrochent grâce à l'envoi de candidatures spon-tanées et 30 % en activant son réseau. Ce sont donc deux pistes incontournables sur lesquelles il faut s'in-vestir à fond." Gisèle ATWELL, responsable Espace jeunes diplômés à l'ANPE.

    www.emploi.france5.fr

    COMPRÉHENSION ÉCRITE

    1. D’après le texte, quels sont les deux moyens les plus efficaces pour trouver un travail ?2. A quels mots correspondent les abréviations suivantes : promo et perso ?3. Selon vous, que signifient ces deux expressions : “partir à la pêche” et “… que ça vous tombe entre

    les mains” ?4. Complétez le texte suivant avec les mots manquants.Liste des mots manquants :entreprise – école – cherché – CV – spontanées – anciens – envoyé – emploi – élèves – études

    Témoignage.

    « Pour trouver un .................. plus rapidement, j’ai ...................

    des entreprises en consultant les pages jaunes* et en naviguant

    sur Internet.

    J’ai .................. plusieurs .................. et candidatures .................. .

    J’ai aussi recontacté l’.................. où j’avais fait mon stage de

    fin d’.................. . De plus, je suis entrée dans

    l’association des .................. .................. de mon .................. .»

    Lucie, 22 ans, infographiste, à Strasbourg

    * annuaire professionnel

    OFFRE ET RECHERCHE D’EMPLOI

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    DOSSIER PÉDAGOGIQUE

    B - LES ÉTAPES D’UN RECRUTEMENT

    1 • LA LETTRE, À QUI ET POURQUOI ?Il existe plusieurs méthodes pour contacter l’entreprise et offrir ses services. Vous avez envoyéou reçu des lettres relatives à votre candidature. Faites correspondre chaque extrait de lettreà la case qui convient en notant le bon numéro.

    Extraits de lettres1 • Vous recherchez sans doute un responsable commercial alors je me permets de poser ma

    candidature […]2 • Nous avons le plaisir de vous informer que nous vous engageons en qualité de responsable

    commercial à partir du mois prochain […]3 • Comme suite à notre entretien, nous regrettons de ne pas pouvoir retenir votre candidature […]4 • Votre dossier a retenu notre attention et nous aimerions vous rencontrer lors d’un entretien […]5 • Votre offre d’emploi parue ce jour dans le Figaro m’a vivement intéressé(e) […]6 • Après une étude approfondie de votre dossier, nous regrettons de ne pas pouvoir donner suite à

    votre candidature.7 • Votre assistante de direction, Madame GÉRARD, m’a vivement encouragé(e) à m’adresser à vous. Très

    intéressé(e) par vos activités, j’aimerais bien participer au développement de votre entreprise […]

    2 • QUI FAIT QUOI ?Cochez la case qui convient.

    CANDIDAT RECRUTEURa. Il fait paraître une offre d’emploi. ……………... ....................………..r ..............rb. Il consulte les offres d’emploi. ……………. ............................………..r ..............rc. Il actualise son CV. ……………………………...............................………..r ..............rd. Il rédige une lettre de motivation. ……………... ....................………..r ..............re. Il reçoit les CV et fait une première sélection. … ................………..r ..............rf. Il est convoqué à un entretien. …………………........................………..r ..............rg. Il pose la plupart des questions. ……………….. ....................………..r ..............rh. Il a le profil recherché. ………………………… ..........................………..r ..............ri. Il embauche un nouveau salarié. ………………. ....................………..r ..............rj. Il obtient le poste. ………………….................. ........................………..r ..............r

    Réponse à une annonceLettre n°...

    Lettre de candidaturespontanée Lettre n°...

    Utiliser ses relationsLettre n°...

    Candidature retenue Candidature en attente Candidature rejetéeLettre n°...

    Convocation pour unentretien

    Lettre n°...Entretien défavorable

    Entretien favorable –Lettre d’engagement

    Lettre n°...

    Lettre de regretLettre n°...

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    DOSSIER PÉDAGOGIQUE

    LE CURRICULUM VITAE

    A/ COMPRENDRE UN C.V

    Dites si les affirmations sont vraies ou fausses

    1 • Monsieur Durand a commencé àtravailler après ses études.å vrai / faux.

    2 • Il a suivi des cours pour entrer à HEC.å vrai / faux.

    3 • Il est diplômé.å vrai / faux.

    4 • Il parle couramment trois langues.å vrai / faux.

    5 • Il a été animateur commercial à pleintemps.å vrai / faux.

    6 • Il a financé des projets publicitaires.å vrai / faux.

    7 • Il a été chargé de la gestiondes ressources humaines.å vrai / faux.

    8 • Lors de son dernier travail, il a développé descompétences en management.å vrai / faux.

    B/ DU RÉCIT AU CVÀ partir du témoignage de Clément VIVET, construisez les rubriques formation et expérience pro-fessionnelle de son CV.« Après mon bac série économique et sociale en 2002, au lycée Colbert de Lorient, j’ai fait un BTS tech-nico-commercial en agroalimentaire, au lycée Anne de Bretagne de Locminé, pendant deux ans. A lafin du BTS, j’ai été stagiaire trois mois à la Banque du Grand-Ouest de Lorient où j’animais une opé-ration commerciale auprès de la clientèle. Je suis ensuite allé à l’université Rennes 1 où je suisentré en Master de management en commerce et distribution pendant deux ans. Les derniers six moisj’ai fait un stage chez Assura à Bruxelles. Là, j’ai préparé le plan d’action commerciale 2007 et j’ai déve-loppé la stratégie client. Depuis janvier, je suis revenu à Rennes et je travaille au laboratoire Energil,où je suis chargé du projet marketing : je mets en place des opérations marketing et j’accompagneles commerciaux sur le terrain. »

    C/ RÉDIGEZ UN CVRédigez votre propre CV en respectant les différentes rubriques qui le composent.

    • Données personnelles (nom, prénom, âge, état civil, coordonnées).• Formation (diplômes obtenus, établissement et année d’obtention).• Expérience professionnelle (stages et emplois).• Compétences linguistiques et informatiques.• Renseignements complémentaires divers.

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    DOSSIER PÉDAGOGIQUE

    La lettre de motivation constitue un exercice de style à part entière. Répondant à une mise en page et à desrègles bien précises, elle doit aussi être pour le candidat un moyen d’exposer l’originalité de son parcourset de présenter en quelques mots les traits de sa personnalité qui peuvent intéresser l’employeur.

    A/ STRUCTURE ET LEXIQUE DE LA LETTRE DE MOTIVATIONChristophe Royan a répondu à l’annonce ci-dessous. Reconstituez la lettre de motivation en plaçantles passages (de a. à m.) dans la bonne case. Aidez-vous, entre autres, des connecteurs logiques.

    a • Azur TourismeÀ l’attention de M. Roy35, avenue Victor Hugo06000 Nice

    b • Christophe Royan14, rue Gioffredo06000 [email protected]

    c • Nice, le 15 avril 2006

    d • PJ : CV

    e • Monsieur,

    f • Christophe Royan

    g • Objet : candidature à un poste de vendeur dans l’agence de Nice

    h • Je reste à votre disposition si vous souhaitez me rencontrer lors d’un entretien au cours duquelje pourrai vous présenter plus amplement les motivations qui m’animent.

    i • Enfin, d’un naturel dynamique et autonome, je souhaite mettre mes compétences à la dispositiond’une société telle que la vôtre et plus particulièrement dans le secteur du tourisme et du voyage.

    j • En effet, attiré par le contact avec la clientèle, j’ai suivi un cursus commercial qui m’a permis deme familiariser avec les techniques de ventes les plus récentes.

    k • Veuillez agréer, Monsieur, mes salutations distinguées.

    l • De plus, grâce à mon expérience acquise à l’étranger dans les secteurs de la vente et de la res-tauration, j’ai eu l’occasion de côtoyer diverses populations et cultures passionnantes, et d’appré-cier le contact avec une clientèle très variée.

    m • L’annonce que vous avez publiée dans le “Nice-Professionnel” du 11 avril, concernant un postede vendeur dans votre nouvelle agence de Nice, a retenu mon attention.

    LA LETTRE DE MOT