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Mise en page 1 - sos-mains-trappes.com · cours d’anatomie fut un véritable choc. Pour la ... Pour finir, j’ai fait 2 ans de résidanat en vue de faire de la méde-cine générale,

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Qu’est-ce qui vous a conduità faire médecine?Christian Couturier : Je n’aimais pas l’école. Enclasse, j’étais loin d’être exemplaire, et jamaisle dernier pour faire une bêtise. Pour dire, j’airedoublé deux fois. Mes professeurs d’écoledésespéraient de moi et disaient que je feraisun métier manuel avec des études courtes.Je leur ai donné tort et raison, en fin de compte.La médecine, et la chirurgie en particulier, ontvraiment été une révélation.

Comment cela s’est-il produit?Mon premier souhait était de devenir vétéri-naire. La chirurgie et la technique médicalem’intéressaient plus que les animaux. À ma sor-tie du lycée, j’ai postulé dans plusieurs écolespréparatoires. Toutes ont refusé, évidemment.Le directeur du lycée a accepté de me faire re-doubler en section scientifique. Malgré tout, jen’ai pas souhaité relancer les prépas, j’avaisdéjà assez perdu de temps en redoublements.Mon bac C (scientifique) en poche, je me suisinscrit à la faculté de médecine. Mon premiercours d’anatomie fut un véritable choc. Pour lapremière fois de ma vie, je travaillais par plaisir.Comme un forcené, mais avec envie. Moi quioccupais toujours le fond de la classe, je nequittais plus le premier rang. Je n’ai plusredoublé depuis.

Comment vous êtes vous dirigévers la chirurgie orthopédiqueet la chirurgie de la main?Lors de mes études médicales j’ai effectué monpremier stage en neurotraumatologie. J’ai as-sisté à des interventions de microchirurgie ab-solument fascinantes. Le travail de précisionm’intéressait par dessus tout. Pour finir, j’ai fait2 ans de résidanat en vue de faire de la méde-cine générale, cependant la chirurgie m’attiraittoujours. J’ai donc passé le concours de l’inter-nat. J’ai été nommé à Paris avec un bon classe-ment qui me permettait d’envisager toutes lesspécialités. La chirurgie de la main est trèsriche et variée avec de nombreuses interven-tions en microchirurgie. Pour devenir chirurgiende la main, on peut être soit chirurgien plasti-cien, soit chirurgien orthopédiste. J’ai opté pourla seconde filière.

Vous devez avoir un emploi du tempstrès chargé…Si je suis autant débordé aujourd’hui, c’estparce que je cumule les fonctions. Rien que mavie de chirurgien m’occupe beaucoup. Mais toutest fonction d’organisation. J’ai été récemmentnommé coordinateur Île-de-France des centresSOS Main. Je participe également à des forma-tions universitaires et suis membre du conseild’administration de l’organisme qui accréditeles chirurgiens de ma spécialité. Dans mon em-ploi du temps, chaque activité a un emplace-ment délimité. Sans compter que là-dessus,viennent s’ajouter mes activités associatives ; jepréside un réseau de santé qui vise à aider lespatients traumatisés de la main à se réhabilitersocialement et professionnellement. Dans toutça, les moments en famille sont comptés maisils sont réservés. Je passe tout l’après-midi dumercredi avec les enfants. Ce soir-là, je prendségalement une heure pour jouer du saxophone.Mon heure à moi, en quelque sorte.

On parle assez peu des blessuresà la main. Qu’en pensez-vous?La traumatologie de la main reste méconnue enFrance. Une personne se blesse toutes les 20 se-condes. Il y a beaucoup d’accidents du travailmais aussi ce que j’appelle les pathologies des35 heures : les maladresses de la vie courantecausées en bricolant. Curieusement, je reçoisbeaucoup d’hommes qui se blessent en faisantla vaisselle… On compte en France 1,4 milliond’accidents de la main par an. 650000 peuventlaisser des séquelles si les lésions ne sont pasbien réparées, avec une indemnisation quicoûte souvent une fortune à la collectivité. Au-jourd’hui, seulement 38% de ces accidents sontopérés dans des centres spécialisés. J’ai pourobjectif de créer de nouveaux centres avec lelabel SOSMain, afin de donner lesmeilleurs soins.Ces pôles d’excellence appliquent des tarifs inté-gralement remboursés par la sécurité socialepour les patients qui se présentent en urgence.

On imagine que vos mains font l’objetd’un soin particulier…J’y fais très attention. Je mets systématique-ment des gants de chirurgien quand je bricole.J’adopte ensuite quelques consignes élémen-

taires : je ne fais pas de travaux à la tombée dujour ou la nuit, en étant fatigué, ou quand lesenfants ne sont pas loin. Je protège mes mainscar sans elles, je ne gagne pas ma vie, c’est clair.

D’être chirurgien, c’est gratifiant?Ça dépend. Le métier se judiciarise de plusen plus. Depuis que je suis médecin libéral, j’aieffectué plus de 10000 opérations. Je n’ai étépoursuivi qu’en deux occasions. À chaque fois,je n’étais pas personnellement mis en cause.Dans le secteur, c’est plutôt une procédurepar an. Cette tendance a considérablementaffecté nos relations avec le patient. Dans notrecentre SOS Main, à Trappes, on les suit detrès près pour dépister les complicationséventuelles. Cela dit, j’aime le contact, et c’esten partie pour cette raison que j’ai choisimon métier. Je me rappelle du cas d’un menui-sier. Un accident de scie circulaire l’avait privéde quatre doigts. Deux ans et six opérationsplus tard, il a pu reprendre son travail. Le voirà nouveau monter des meubles a été uneimmense satisfaction. RG

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EXPRESSBIO

1967 Naissanceen Vendée1987-93 Études demédecine à la facultéde Nantes

1993-94: Résidanaten médecine générale àNantes

1995-2000 Internat dechirurgie à Paris2001Met au point unsubstitut de greffonnerveux durant une annéede recherche2002-2003 Clinicat àParis

2003 Quitte l’hôpitalpublic pour ouvrirun centre SOS main à laclinique de Trappes

2006 Installationsecondaireà l’Institut françaisde la main, centreSOS main, à Paris

2011 Rejoint un espacemédical à Paris et opèreen clinique à Neuilly

MÉDECINE C’est à se demander comment il fait. On dit de certains qu’ils ont plusieurscasquettes, Christian Couturier enfile les paires de gants. Entre son cabinet et les sallesd’opération franciliennes, le chirurgien de la main trouve encore le temps de s’investir dansle milieu associatif médical. Un emploi du temps compartimenté mais vécu tambour battant.

RENCONTRE

26 / CHLOROVILLE / N°91 / DÉCEMBRE 2011

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Entre de bonnesmains

“La médecine, et la chirurgieen particulier, ont vraiment étéune révélation

On compte en France 1,4 milliond’accidents de la main par an.