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m e n s u e l
page 1
à emporter ou à consommer sur place
Revue culturel le à tendance musicale…Actua l i té non exhaust ive , en thous iasmes e tfulgurances.Quelques fondus polyvalents se répandent surle Web et act ivent le bouche à orei l le en vousmettant le doigt dans l ’œi l .
éditoUn ami avouait récemment qu’il suffisait qu’on lui dise
« écoute ça, lis ça, je t’ai reconnu, tu vas adorer » pour
lui couper l’envie de s’y intéresser.
Personne ne détient la vérité absolue quant à la qua-
lité d’une chanson ou d’un spectacle. A chacun son
histoire et son propre ressenti. Comment expliquer
que « Caravane » de Raphaël en fait pleurer certains
d’émotion et en agacera d’autres ? Que les résultats
des victoires de la musique seront toujours décevants
bien que votés par un nombre dit représentatif ?
Notre vocation première est d’attirer l’attention sur ce
qui nous touche, c’est pourquoi Le doigt dans l’œil
dirait plutôt « Ne nous faîtes pas confiance, faîtes vous
votre propre opinion ».
La f i l le de la chèvre
sommairechroniquescd/dvd/spectaclesrdv manquéreprise du mois“viens papy que j’t’explique...”la porte ouverte
interrogations écritesdis-moi qui tu suisau doigt et à l’oeilviolon d’ingres
rencontresinterview décryptéele jeu de la barbichetteles insolites
décryptagereportagehistoire de ...
le doigt dessussur les ondes
l’air du tempspar ignatus
les doigts de la mainla rédaction
dans ce numéro : François Morel, La Grande Sophie,Chanson en Allemagne, Alain Chamfort, Pierre Barouh,Dave, Claire Diterzi, Franck Monnet, Thiéfaine, JacquesHigelin, Chraz, Nano, Chanson Plus Bifluorée, MarieCherrier, Camille, Jamait, Pierre Perret, Ukulélé Clubde Paris, Tom Novembre, Nina Morato, Henri Salvador,Emmanuel Donzella, Lo’Jo, Pierre Richard, Evasion,Ray Lamontagne, Michèle Bernard, Emilie Simon,Gainsbourg, Diam’s, Les Tit’Nassels, Albin de laSimone, Bastien Lallemant, JipéNataf, BertrandBelin,...
Le point de vue d’EricMie
VICTOIRE DE LA MUSIQUE ! ...
c h r o n i q u e s
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cd / dvd
Pour écouter le dernier album de Michèle Bernard j’ai
pris mon baladeur et je me suis assis sur la grosse
pierre. Et je ne savais pas encore à quel point j’avais
bien fait.
Car l’une des perles qui illuminent cet album parle de
ce geste familier, mais ô combien poétique : s’asseoir
sur une grosse pierre à côté d’une rivière et penser,
regarder ou rêver. « Et chacun chauffe un peu la place
pour le suivant (…) » (Sur la grosse pierre).
Une chanson qui peut toucher tout le monde car cette
pierre peut se trouver partout, en France comme au
Tonkin, au Tonkin comme à New York. Comme cette
Fleur de Cacahuète qui nous parle de la décrépitude
humaine tout en espérant garder « dans l’œil cet éclat
de noisette comme un dernier lampion d’la fête (…) ».
Cet album est un album qui se veut tendre au milieu
d’un monde plus enclin à se haïr qu’à se dorloter. « Des
belles histoires y en a pas tant que ça non plus. Dans
les journaux on fait rien, rien que d’se haïr (…) » Cerise
et potiron.
Car Michèle Bernard n’est pas une poétesse naïve. Si
depuis toujours ses chants sont des hymnes à l’amour
et à la vie, elle ne se voile pas la face. C’est un regard
lucide, qui vaut tous les discours des pseudo intellec-
tuelles médiatiquement modernes, qui dépeint notre
Paris d’aujourd’hui (« C’est quoi ce désert, c’est quoi ce
décor, c’est quoi cette mort ? Chut ! c’est de l’argent qui
dort (…) » (Les appartements vides) ou la complexité
d’un métier qui se dit être le plus vieux du monde :
« Fatima, on s’dira pas un mot / mais dis-moi que t’ai-
mes ton boulot / Qu’est vieux comme le monde / Qui a
tant de peine à changer / Dis-moi seulement qu’t’es pas
obligée (…) » (La vierge noire).
En fait c’est un disque de Michèle Bernard quoi…
Tendrement libertaire… comme une Louise Michel qui
aurait pris le temps d’aimer réellement.
Côté musique c’est toujours l’excellent Pascal Berne
qui arrange, d’une manière acoustique et intemporel,
ses mélodies inspirées de ses différents voyages à tra-
vers le monde.
Anoter que le disque se termine dans une croustillante
réflexion sur la chanson contemporaine avec le « Roger
Riffard de l’an 2000 » (allez y ! Tapez Roger Riffard dans
Google) : Gérard Morel.
Enfin bref c’est très très bien !...
J’aurais du commencer par là en fait.
Eric Mie
Il y a les cocktails givrés dans des verres délicats ; l’al-
cool s’y diffuse dans les fruits exotiques. On les sirote
en mordillant négligemment la paille, on s’enivre dou-
cement, c’est terriblement agréable.
Et puis il y a le verre de rhum qu’on avale cul-sec. L’effet
est foudroyant: ça brûle, on tousse, on pleure, parfois
même on recrache… On adore ou on déteste.
Est-il bien nécessaire de préciser que Camille est plu-
tôt du genre alcool fort. Qui part en live sans dentelles
pour faire joli, et marche au rentre-dedans, à la qui
m’aime me suive, avec assez d’assurance pour savoir
qu’elle sera suivie. Suivie dans ses accès de provoc
potache et autres éructations incongrues, dans ses inter-
ventions à l’intérêt relatif ; dans ses moments de grâce
ou de folie furieuse. Et, qu’on soit admiratif, perplexe
ou agacé, il faut lui reconnaître une sacrée audace pour
jouer du corps comme d’une percussion jusqu’à se défi-
gurer, pour se frotter dans tous les sens du terme à ses
trois –excellents- musiciens, pour tester LA note, bref
pour faire le show.
Alors oui, comme la chanteuse, la voix peut dérailler, et
les expérimentations vocales masquent parfois les paro-
les, mais des chansons à la facture plus ‘classique’ per-
mettent d’éviter l’écueil de l’album purement concep-
tuel. Accessoirement, c’est pour cette tournée que
Camille a reçu le prix de la révélation scène de l’an-
née aux dernières victoires de la musique.
Mélanie Plumail
www.camille-lefil.com
MichèleBernard. Le nez en l’air
Camille. Live
Dave est un homme br i l lant .Dans tous les sens du terme.Et ou i , c ’es t v ra i , i l a eu des succès popu-l a i r es g igan tesques . Ma is s i l ’ é l i t i smeambiant tendra i t à fa i re cro i re que les ven-tes de disques sont inversement proport ion-ne l l es à l eu r qua l i t é , ses chansons son téga lement e f f i caces , po in tues ou entê tan-tes !Dave es t un homme b r i l l an t e t i l assumetou t . Ses tubes comme ses coups d ’épéedans l ’eau.Au jourd ’hu i so r t un nouve l a lbum, dans lacont inu i té du précédent («Doux Tam-Tam»)avec le même Phi l ippe Uminski à la réal isa-t ion mais la d i f férence majeure rés ide dansle choix des chansons, ce ne sont p lus desrepr ises et adaptat ions rock des années 70mais des inédi ts .Pou r tan t , c ’ es t é t range comme ces mor -ceaux peuvent sonner anc iens et actue ls àla f o i s , peu t -ê t re pa rce que l es Bu r tBacharach e t au t res Dav id Whi taker, com-posi teurs et arrangeurs mythiques de l ’épo-
Marie Cherrier. Ni vue niconnue
« Et la lune
- attendrie par leurs yeux
- perce la brume
- et ne brille que pour eux…
- sans rancune
- Et gloire aux amoureux… »
Elle s’aventure à conter même l’amour interdit d’une
femme pour un homme d’église dans Le curé, avec
beaucoup de grâce et de légèreté.
Elle swingue (Marchand d’froufrous ), valse (Manouche),
et se laisse aller sur un air langoureux avec 7e ciel à
faire un charmant pied de nez aux hommes et aux dés-
illusions amoureuses en tous genres « Bel endroit que
le septième ciel, j’vous l’dis messieurs j’redescends
pas».
Paysage perdu, autre petit bijou de cet album, rendant
gloire aux bonheurs d’antan et dépeignant avec une
grande poésie la vie rêvée d’une époque à jamais per-
due, à savoir le « bon vieux temps, celui des bouillottes
et de la compote des grand-mères d’antan ».
Marie Cherrier sait faire rêver et emmener le public dans
une dimension parallèle, bien plus jolie parfois, et bien
à elle en tout cas. À écouter sans modération.
Séverine Gendreau
www.mariecherrier.com
Un joli brin de voix mâtiné de fragilité, des airs mutins,
cette fille-là vous accroche l’oreille avec ses textes faus-
sement naïfs et ses mélodies tantôt rayonnantes et
enjouées, tantôt rêveuses.
Avec Ni vue, Ni connue, chanson éponyme, Marie
raconte, très joliment et sans haine aucune, la résigna-
tion amoureuse, les moments où, sans être vu, on aper-
çoit l’objet de son amour au bras d’un ou d’une autre
et où l’on préfère s’effacer…
DaveLevenbach. Tout le plaisir...
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que rev iennent en force.Peut-êt re auss i parce que les music iens etcomposi teurs de cet a lbum ont d igéré avecbr io les in f luences de leur jeunesse tout enexpr imant leu rs insp i ra t ions con tempora i -nes…I l semblera i t que les chansons de Dave lu ia i en t é té t a i l l ées su r mesu re pa r l e l oya lPa t r i ck Lo i seau ou enco re l ’ i na t t enduThierry Stremler. Tant de textes profonds etsuper f ic ie ls , quand sagesse et légèreté neson t p lus an t i nom iques…Tan t de pa ro lesque l ’on imagine, malgré la pudeur, de p lusen p lus p roches de ce qu ’es t l ’ homme qu iles interprète. Avec des ambiances en formed’ intermèdes ou de ‘pr ivate jokes’ : une introen ho l l anda i s , des scènes de s tud io , desenvolées fest ives, cuivres ou dél ire rock andro l l , p résenta t ion k i tsch e t acc lamat ion dupubl ic (p iquée à un v ie i l a lbum l ive) , r i res ,s i f f lo tements…Sur ce t a l bum auss i , un c l i n d ’œ i l àPolnareff avec ‘exi l idéal ’… une chanson deJean -Chr i s tophe Urba in , « l e me i l l eu r demes souvenirs » qu’ i l aurai t , paraî t - i l , écr i teen pensan t à J i pé Na ta f , anc ien co l l èguedes Innocents…et un t i t re écr i t e t composépa r Dave l u i -même en hommage àMademoise l le Lucy, sa ch ienne défunte…‘Mes pr in temps sont par t is , j ’en a i pr is monpar t i , t an t que du temps me res te , ça meva…Malg ré l es coups du rs e t que lquescoups bas, les passages à v ide et les aléas,mes creux de la vague et tous mes faux pas,j ’ en a i vu de p lus ma lheu reux quemoi…/…mais je pourrai d i re quand mon tourv iend ra que tou t l e p la i s i r a é té pou r mo i ’(Tout le p la is i r a é té pour moi )Dave est un homme br i l lant e t ressemble às ’y méprendre à l ’ami idéal…Alo rs , qu i que vous soyez , t r i nquez : « àDave ! » Et pu isqu’ i l tend la perche, « Tout le p la is i rest pour nous… ! »Valér ie Bourwww.douxtamtam.com
vres ’ ceux de Bernard Dimey ? Mais ou i , dugenre i ron ie gr inçante. . .
’Quand i ls sont venus’, t iens donc, cette foisc ’es t sû r, Femmes de p le in ven t n ’es t pasune b lue t te anod ine , voyons , voyons , l el ivret, les auteurs sont de haut vol , i l y a destradi t ionnels de plusieurs pays, et i l est évi -dent que ces femmes ne chantent pas pourpasser le temps, ou a lors pour le passer aucr ib le e t en iso ler les scor ies , ou les dom-mages co l la téraux, ou les fa i ts de soc ié té ,t ous ces mo ts hypoc r i t es pou r cache r l esdrames habi tue ls qu i accablent l ’humani té ,la misère, la fa im, la guerre. . . Mais ce qui est remarquable dans cet album,c ’est ce formidable é lan de v ie e t d ’espoi r,de fo i en l ’ human i té . Vo i r les choses avecluc id i té , e t les d i re mais sans mièvrer ie n iha rgne , avec humour, avec g rav i t é , avecamour, et avec une cur iosi té tendre pour lesau t res , l es f r è res huma ins , g i t ans deSév i l l e , ou d ’A lban ie , ou du Por tuga l tousceux qui mettent un peu de solei l dans leursvies diff ic i les avec les chants des hommes...e t des femmes de p le in vent .Ces t rès be l l es vo i x t r anspo r ten t de l aSardaigne à l ’Afr ique du Sud en passant parl a Russ ie , avec une mus i ca l i t é t on ique . . .des choeu rs a f r i ca ins , des po l yphon ies ,avec par fo is un accordéon, un p iano, quel -ques percuss ions pour soul igner, c ’est tou-jou rs un hymne à tou t ce qu i pour ra i t rap -procher les peup les à t ravers les d i f fé ren-ces , à l a man iè re de Roma in Gary /Emi leA ja r, ‘ Je su i s d i f f é ren t , comme tou t l emonde.. . ’Cet orchestre de voix sai t modulerdes mélod ies aér iennes ou des harmoniesde violoncel les colorées comme les marchésméditerranéens, aux parfums mêlés sucrés-salés, doux-amers, un souff le incoercible dev ie bat tante. ’Femmes d ’Af r iqueNe baissons pas les brasEt cont inuons not re combatSans dét ru i re not re prochainJ’avais faim et vous faisiez le tour de la luneJ ’ava is fa im et vous avez d i t i l y a tou joursdes pauvresJ ’ava i s f a im e t vous avez d i t D ieu l eu rv ienne en a ideMais je ne mourra i pas avantPas avant d ’avo i r un peu dérangéTous ces masques rongésPar tant d ’entendementMais je continuerai avec mes extases et mesreculs , mes doutes, mes cont rad ic t ionsMes tendresses e t mes chansons , ma is jene mourra i pas avantLu i mon rêve ne se ra j ama is mor t l o rsquemoi je mourra i d ’avo i r t rop rêvé. ’Norbert GABRIELwww.evasion-vocal26.com
D'accord, l 'a lbum est sor t i i l y a longtempsdéjà, e t vous avez sans doute entendu sonhymne "Trouble" hurlé de cette voix incroya-b le , dé l i c i eusemen t vo i l ée , en t re f o r ce e tf rag i l i té , ent re le Nei l Young enfant e t Ot isRedding ado!Les copines me demandent tou jours " I l es tbeau?" Des vo ix comme i l n 'en ex is te p lus!Un m i rac le ! Ce gen re de mus i c i en , ça necour t pas l es rues , e t même s i j ' a i un bonmétro de re tard sur la chronique, ça vaut lecoup d 'en reme t t re une couche r i en quepou r écou te r l es chansons à t é l écha rge rpou r l e p rocha in a lbum du Troubadour duMaine; on va pas rent rer dans un débat surle Peer to peer, de toutes façons vous i rezache te r l ' a lbum en p lus ieurs exempla i respour l ’o f f r i r.Le p rocha in cd se ra dans l a con t i nu i té dupremier : fo lk power !Les secrets de Ray sont s imples: 3 accordsde gu i t a re ( so l -do - ré e t pa r fo i s un m imineur. . . ) , des chansons d 'amour bas iques(souven t ) , l e t ou t chan té avec des t r i pes(pas s i courant de nos jours) , sans s 'excu-se r d ' ê t re l à même quand i l susu r re àl 'ore i l le "can I s tay ?" . C 'es t su r i l n ' a r i en i nven té , ma is , quedemander de p lus ?Tou t es t l à . La base . Pour l es ré fé rences :marqué au fe r pa r Dy lan ( comme d 'au t respar Lennon , e t compagn ie ! ) ; un pe t i t cô téCat Stevens pour la fougue.En ce moment , c 'es t le re tour du fo lk , tou tl e monde en pa r l e ! Ma is a t t en t i onLamontagne n 'a r ien a vo i r avec son com-pat r io te néo-myst ico-baba-bobo DevandraBanhar t qu i lu i ava i t tout basé sur son looket le murmure so i t d isant insp i ré .I l es t v ra imen t éne rvan t l e Ray : au tan td 'émot ion avec s i peu (autant?) de choses!I l nous a pondu enco re que lques pe r l es :"Unt i l the sun turns black", "She's your gir l " ," p l ease " , " coun t r y g i r l " , "wa te r f r om thewel l " . Encore des chansons que l 'on n ’écr i ra pas.La nouvel le scène f rançaise ferai t b ien d 'enprendre de la gra ine.Fred Pal lemwww.raylamontagne.com
Evasion. Femmes deplein vent
RayLamontagne. Trouble
Attent ion, s i l ’ in t i tu lé du d isque, Femmesde ple in vent , avec 6 femmes qui chantentvous évoque une cho ra le au répe r to i regenre Evas ion bucol ique et rose bonbon,vous vous fourvoyez.L’ image es t p lus exp l i c i te , c ’es t un vent -t ou rb i l l on m i - s i r occo m i -ha rma t tan ,ensu i te , je tez un oe i l sur les t i t res , ah, ya p le in de t i t res aux consonances ‘monde’sera i t -ce de la wor ld music ? Tiens ‘La plus drôle des créatures’ . . . maisc ’es t de Naz im H ikme t , e t c ’ es t pas s idrô le que ça. . . Montand l ’ava i t mis à sonrépertoire, en texte parlé, et part iel lements i ma mémoire est bonne, t iens, ‘Les pau-
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Pour l a so r t i e de l eu r a lbum BAZAR
SAVANT, Lo' jo a largué les amarres, pour un
nouveau voyage vers « un jard in qu i donne
sur l ’envers du monde ». J ’embarque sur un
navi re bondé et nous appare i l lons, specta-
teu rs i t i né ran ts , pou r su i v re l es c i r convo -
lu t ions de ce c i rque de Calder.
La musique de Lo'Jo est un kaléidoscope de
langues , de paysages , de c l ima ts , de
saveurs . Une poés ie de mots en équ i l i b re
précaire où la réal i té évoquée plus qu’expo-
sée , t i s se des l i ens avec l e rêve e t nous
la i sse vo i r que lque par t , i ns tan t mag ique ,
une l ueu r d ’espo i r. Des con tes où nous
emmène l a vo i x é ra i l l ée de Den i s Péan ,
morceau de roche au tou r duque l se
déploient les amples volutes des choeurs de
Nadia e t Yamina, les er rances co lorées du
vio lon ou de la kora, les saveurs d ’une foul -
t i tude d’ instruments des 4 coins du monde…
Des regards gorgés d’humanité qui accusent
pou r tan t l es aveug lemen ts de l a v i e . Une
poésie et une musique pour évoquer et nous
accompagner dans notre di ff icul té à v ivre le
monde.
No t re g rand radeau vogue ra , sa vo i l e
[comme cette to i le de fond froissée] gonf lée
de tous les ven ts , les couran ts , les lumiè-
res et les songes de ces compagnons noma-
des. Avec le p la is i r de descendre À L 'arène
des audac ieux pou r, comme L’une des
s iens, rencontrer le Pet i t homme.
En f i n , un de rn ie r t ou r de p i s te rend ra un
cour t hommage à un f r ingant René Lacai l le
qu i fê ta i t ces so ixan te ans que lques jours
p lus tô t . Sacrebleu, je n ’y é ta is pas !
Cél ine Durante
Alors là , je vous c loue le bec!
Celui - là, à moins d 'avoir eu 20 dans les s ix-
t ies ou être un fét ichiste des vieux chanson-
n ie rs , pe rsonne ne l e conna î t . Ac teu r de
théâ t re e t t re i z ième cou teau au c iné dans
des polars ou des nanars comico-érot iques,
le monsieur a un phys ique. . . d isons. . . par -
t icu l ier.
Bref tout pour êt re l 'ant i -héros par fa i t . Mais
attention mesdames et messieurs, et là c'est
p lus des b lagues : le Roger est une p lume
et un mélod is te de haut vo l !
I l fa isa i t les premières par t ies de Brassens
à Bob ino tou t de même, i l a éc r i t des
romans , des nouve l les , e t au t res a r t i c les .
Des tex tes pa r fo i s ( souven t ) su r réa l i s tes
(Mon copain d'Espagne), drôles (Les pâque-
re t t es , Timo léon l e j a rd in ie r - l e t ube de
Ri ffard! ) e t des mélod ies à l 'anc ienne dou-
cement a lambiquées (auteur / composi teur
le Ri f fard) .
C 'es t sû r au n i veau vo i x , c ' es t pas Ba r r y
Whi te mais ses faussetés , approx imat ions
et déca lages ry thmiques (sur des ar range-
men ts pa r con t re au raso i r e t t ou t bonne -
men t c l ass ieux ! ) , r enden t l e Roge r p lus
qu 'a t tachant : après la première écoute, on
ne peut p lus se passer de lu i .
Le t ou t es t exécu té dans l e p lus g rand
sé r i eux pa r un Roge r R i f f a rd imp l i qué ,
concentré, bref à donf dans ce qu ' i l fa i t !
B re f de l a g rande poés ie . R i f f a rd es t LE
chaînon manquant entre Brassens, Groucho
Marx , Boby Lapo in te , Bourv i l e t le gard ien
de pal ier de vot re immeuble.
Le g rand homme nous a qu i t t é en 1981
(même année que Brassens) .
I l reste son oeuvre INDISPENSABLE!
Fred Pal lem
rogerr i ffard. free. fr
Lo’Jo. Bazar savant Roger Riffard
D’abord, on se dit « t iens, les Pow vow ? Les
Dalton ? Les Vi l lage People ?.. .Ah non, i l en
manque un. . . » .
I l s son t 4 , à éga l i t é sous l es f eux de l a
rampe.
I ls sont bien du genre à faire ça pour le plai-
s i r, comme à l a ma ison , sans tambour n i
t r ompe t te , sans j ama is se p rend re au
sér ieux.
S ’ i l s s ’ appe l l en t « Mons ieu r » , c ’ es t pou r
rappe ler avec une fe in te sub l imina le e t un
énorme c l i n d ’œ i l à A lb in tê te en l ’ a i r que
c’est le moment de bricoler des percussions.
Au p lus g rand p la i s i r des spec ta teu rs , i l s
jouent la car te de l ’approx imat i f pour met -
t r e l a pou rsu i t e su r l eu r cu i s i ne
in te rne…accordage, changement d ’ ins t ru -
men ts , b lagues pou r meub le r, p résen ta -
t ions, rappels non préparés ou alors un pet i t
R i ta Mi tsouko rap idement dans les loges…
Tout pa ra î t s i s imp le e t l es gars te l l ement
ta len tueux e t s i modes tes en dé f i n i t i ve
(Séverine dirai t qu’ i ls sont choupinou) qu’on
se demande pourquoi ces in i t iat ives ne sont
pas p lus f réquentes.
Ce n’est que du plaisir partagé dans une for-
mule assez légère f ina lement .
3 gu i tares vo i re 4 quand Alb in n ’est pas au
piano, ça peut fa i re peur en théor ie mais i ls
savent y fa i re , sans monotonie.
I l s se cha r r i en t mu tue l l emen t dans une
ambiance bon enfant .
Club des 4 > Albin de LaSimone/ Bertrand Belin /Bastien Lallemant/ JipéNataf . Astrolabe Orléans
spectacles
c h r o n i q u e s
page 5
spectacles
(25 bénévoles et 5 permanents en 2006) est
née d 'un groupe fa isant par t ie de c lubs de
foo t , a ins i es t apparu le p ro je t de fa i re un
fest iva l de chanson. . .é tonnant , non ?
Ces occ i t ans ne fon t r i en comme tou t l e
monde. . .
En tout cas, c ’est sans doute une des bases
de l a pé renn i t é de ce f es t i va l , une rée l l e
ass i se popu la i re assoc ia t i ve t rès é la rg ie .
Ce la permet un rayonnement du ran t tou te
l ’année, et des retombées diverses, de rési-
dence chanson en spectac les tous az imuts
et toutes générat ions.
Le ju ry ‘B ravos du pub l i c ’ a t t r i bue chaque
année un pr ix parmi les ar t is tes "découver-
tes", et ces art istes bénéf ic ient d 'un sout ien
eff icace de Michel -Edouard Lec lerc , par le
biais d’un CD Découvertes 2006 t iré à 11000
exempla i res e t d i f fusé dans la grande d is -
t r ibut ion.
Le P r i x Fé l i x Lec le rc es t déce rné ma in te -
nan t à Mon tauban , a ins i que l ’Académie
Char les Cros qui annonce ses pr ix durant le
fes t i va l . E t un t r ava i l g l oba l amp l i f i e l es
re tombées avec en t re au t res Ph i l i ppe
A lba re t pou r des s tages p ro fess ionne l s
autour de la chanson. . .
La présentat ion de l ’éd i t ion 2006 avai t l ieu
au Divan du Monde, en présence sur scène
des a r t i s tes ‘ découve r tes ’ pou r un b re f
aperçu , une chanson, e t en fo rmat ion t rès
rédui te pour la p lupar t .
Cet te année, Bénabar sera l ’ inv i té vedet te ,
ou t re une so i rée conce r t , i l se ra p résen t
durant tout le fest iva l , v ie i l le connaissance
de Montauban où i l a fa i t sa première appa-
r i t i on en 98 avec Bénabar e t Assoc iés ,
depu is , i l a su iv i l ’ ascens ion log ique , p re -
m iè re pa r t i e , pu i s spec tac le so lo e t ce t t e
année inv i té vedet te .
Différentes formules ‘passeport ’ permettent,
comme le nom l ’ indique, d ’acheter pour une
somme for fa i ta i re l ’ent rée à tous les spec-
tac les ou une sé r i e de spec tac les , ce qu i
rédui t sensib lement le pr ix uni ta i re des p la-
ces , à vous de compose r l e pa rcou rs e t
vot re programme pour en prof i ter au maxi -
mum.. .
Du Mag ic Mi r ro rs , au Théât re , à la g rande
sa l l e Eu ry thm ie , vous avez l e cho i x en t re
une sa l le in t im is te , un chap i teau baroque,
et un grand espace de 1800/2000 places, et
l à , vous au rez Ca l i , Geo rges Mous tak i ,
Ol iv ia Ruiz, Bénabar.. . Voyez le programme
déta i l lé sur le s i te .
A noter la t rès for te progress ion du jeune
publ ic , qu i a doublé ses ent rées, de 2004 à
2005 ce qu i es t p lu tô t encourageant pour
l ’aveni r.
Trad i t i onne l l emen t s i t ué f i n Ma i , dans l a
semaine de l ’Ascension, ça déborde un peu,
prévoyez donc carrément la semaine.
Ca se passe à Montauban, du 23 au 28 Mai
2006, e t en p lus c ’est b ien.
Norbert GABRIEL
perso.wanadoo.fr /a lors-chante
FestivalAlors Chante !Montauban
Qu ’ i l es t j oyeux de vo i r danse r l e d i sc re t
Bast ien qui s ’ impose pourtant à chacune de
ses chansons, d ’entendre Ber t rand démon-
t rer qu’en a l ignant les c lés de la sa gui tare,
c ’ é ta i t p l us es thé t i que ma is ça sonna i t
moins bien, forcément, d’observer Albin ten-
tan t l ’ expé r i ence de l a b lague absu rde
devan t un g rand pub l i c dub i t a t i f ( un peu
comme on se jet terai t avec une at t i tude très
rock and ro l l dans une fou le qu i s ’écar te ) ,
e t J ipé d ’oser jouer le doyen barbu en fa i -
san t ré fé rence à son expé r i ence
d’ Innocent…
4 vécus , 4 ta len ts , 4 tempéraments qu i se
comp lè ten t dans l eu rs s t y l es , dans l eu r
façon d ’app réhende r l a scène , dans l eu r
humour « je su is là pour respecter le quota
de chansons s in i s t res » d i t Be r t rand
Be l i n…sans j ama is se f a i r e d ’ombre…un
peu les 4 fan tas t iques sans les comb ina i -
sons moulantes malheureusement .
Valér ie Bour
Alors Chante ! e t Montauban, c ’est une h is-
to i re de plus de 20 ans, un fest ival de chan-
son au cha rme pa r t i cu l i e r, une so r te de
conviv ia l i té pr intanière dans une pet i te v i l le
cha leu reuse , où on se re t rouve de rue en
théât re , de théât re en chapi teau, de b is t ro t
en restau pour par tager, échanger, e t v ivre
que lques jours dans un même re f ra in d 'a l -
légresse.
Fes t i va l c réé e t an imé pa r une équ ipe de
bénévoles autour de Jo Masure, e t soutenu
par l a v i l l e depu is l e débu t . L ' assoc ia t i on
JacquesHigelin. Cluses
Pour qu i n ’a jamais vu Hige l in sur scène,
Cluses éta i t le concer t idéal .
Pe t i te sa l le de 600 p laces , cha leureuse ,
tout comme le publ ic .
Un o rgan i sa teu r ama teu r e t son équ ipe ,
aux pet i ts so ins pour Jacques ont encore
renforcé l ’ambiance fami l ia le de la soi rée.
Accompagné de Mahut, toujours aussi d is-
c re t e t subt i l , H ige l in es t accue i l l i par un
publ ic debout , auss i ému que lu i . I l d i t se
sen t i r b i za r re , en t re rêve e t r éa l i t é ,
c h r o n i q u e s
page 6
spectacles
puisqu’en pér iode de créat ion.
Ayan t rendu hommage à Trene t , i l en per -
ço i t encore l ’âme auprès de lu i , te l le ce l le
d ’un père. I l s ’ ins ta l le au p iano (quel son ! )
et commence par « Banl ieue boogie b lues »
et « Pars ». Pet i t p lantage qui donne le ton:
« Ce so i r, j ’ a i déc idé de ne pas m’en fa i re
p lus qu ’ i l ne faut » .
H ige l i n a l ’ a i r en f o rme , dé tendu , con ten t
d ’ê t re là . I l nous o f f re que lques - unes de
ses nouve l l es c réa t i ons . La p rem iè re ,
magni f ique, est une chanson d ’amour, ina-
chevée.
Entre « J’aime me blott i r contre toi » et « Je
voud ra i s t an t t e revo i r » , une mé lod ie
subl ime, où l ’on ferme les yeux pour reteni r
l es l a rmes e t l a i sse r cou r i r l es f r i s sons .
Bouleversant .
I l nous bouscule ensui te avec « Aoûtput » ,
avan t de nous fa i r e découv r i r « Beau té
crue l le » , une chanson qu i par le de pr ison
men ta le , d ’ évas ion…La mus ique res te en
tête, dé jà . Superbe improv isat ion.
La dern ière vaut le détour. La musique est
loin d’être f inie, mais les paroles sont génia-
l es . Du H ige l i n , quo i ! «Passe r l ’ h i ve r au
Labrador…passer l ’h iver au l i t à Liverpool».
Humour décalé, mélodie entraînante repr ise
auss i t ô t pa r l e pub l i c conqu i s e t mor t de
r i re .
Rassu ré pa r l ’ accue i l de ses de rn iè res -
nées, l ’ar t iste nous balade ensuite dans son
réper to i re hétéroc l i te , anc ien ou récent .
En habitué de la scène et de l ’ improvisat ion,
Jacquot embarque tout le monde, au gré de
ses env ies et ses émot ions, du r i re aux lar -
mes.
« Ce qu i es t d i t do i t ê t re f a i t » : t r ou de
mémoire. Toute la sa l le souff le les paro les,
mais les sons se mélangent . Mahut , h i la re
pendant quas iment tout le concer t , regarde
avec dél ice son Jacques ramer pour ret rou-
ve r l es pa ro les de sa p rop re chanson .
S’exécute alors un bal let entre «Je demande
le carnet de textes, non, ça n ’y est pas, j ’a i
besoin de lunet tes, non, je les mets pas…»
Touchants instants où Higel in apparaît dans
son émouvante f rag i l i té . F ina lement , pour
l ’a ider, i l fa i t monter une jeune femme près
de l u i . I n t im idée , e l l e p rend su r e l l e e t
ensemble, i ls nous off rent un moment rare.
Rep r i se du re f ra in pa r t ou t l e monde ,
moment d ’euphor ie .
Jacques s ’excuse pour ses er rances.
«Des fo is , on manque de que lque - chose,
quelqu’un arr ive et i l se passe autre chose».
C’est exactement ça. Et c ’est magique.
« Le parc Montsour is » lu i permet de retrou-
ve r ses repè res . C ’es t beau , sens ib le , l a
voix a t rouvé toute sa pléni tude. Moment de
grâce.
Après 3 heures de concer t , i l termine par
« L’av ia teu r dans l ’ ascenseu r » e t nous
qui t te sur une note rempl ie d ’espoi r :
« Su ivons nos en fan ts . S ’ i l s on t conf iance
en eux , i l s peuven t f a i r e des m i rac les , e t
nous avec . Merc i pou r ce so i r. Pou r mo i ,
c ’é ta i t le paradis » . Pour nous auss i .
Une amie qui voyait Higel in pour la première
fo i s , a rencon t ré « un homme aux m i l l e
facet tes, humain ». El le a vu en lu i l ’enfant ,
l ’ ado lescen t facé t ieux e t l ’ homme mûr qu i
par tage tout , sans ca lcu l , nous fa isant pas-
se r pa r t ou tes l es émo t ions . Touchée en
ple in cœur !
Ce so i r - l à , Jacques H ige l in é ta i t v ra imen t
l ibre. I l a su, une fo is encore, t isser autour
de son publ ic , un cocon de tendresse et de
comp l i c i t é avec beaucoup d ’amour e t de
respect .
Merc i Jacques et « Encore ! »
Nicole Fracheboud
www.higel in.com
débu t des pa ro les ? ! » . E l l e manque un
démarrage et fa i t mine de voulo i r présenter
le bat teur pour recommencer…Nina es t un
ange mal ic ieux. Tout à coup lu i prend l ’en-
v ie de danse r avec Adanovsky qu i do i t
l âche r son c lav ie r. Spon tanémen t , A lb in
‘ t rop fort ’ de la Simone vient à la rescousse!
Du pur bonheur…Le publ ic est f r iand de ces
pet i ts p lantages quand Nina se rat t rape aux
branches. E l le se penche vers le bar, ava le
un verre de whisky cu l sec et s ’ ind igne
«c ’es t du j us d ’o range que j ’ ava i s
demandé!»… Nina ne fa i t pas les choses à
moit ié…quand el le ne t ient plus en place sur
scène, e l le emmène son micro à la rencon-
t re des spectateurs du fond de la sa l le .
I ls connaissent déjà la r i tournel le de Bazbaz
sur le bout de la langue. Nina rencontre des
gens, des hommes surtout, e l les les aiment,
i ls « enfantent » dans la p lus grande s incé-
r i t é . E l l e racon te qu ’un dé jeune r avec l e
g roupe Tange r a donné na i ssance à une
chanson dans la fou lée . N ina es t f i dè le e t
i l s le lu i rendent b ien en l ’en tourant a f fec-
tueusement dans tous les reg is t res. Le duo
avec Arthur H, par exemple, «en harmonie»,
radieux, sur un t i t re profondément émouvant
avan t l e ske tch « es t - ce que tu a imes ? »
(vo i r pho to ) . Su r scène auss i C laude
Vadasz, gui tar iste et composi teur de longue
date (« Ni lui , ni moi »…), Jam’ba, le repère,
depuis toujours, Christophe, Maxime, Idr iss,
Jean, Vit to le brési l ien aussi…Bruno Maman
sera cité pour la musique d’un nouvel hymne
« Au jou rd ’hu i y a des nuages , i l s son t de
passage , s ’ i l f au t nous danserons sous la
pluie, i l fa i t beau, i l fa i t beau, y a du c ie l , du
sole i l à vous rendre bon » qui d i t en résumé
« s i tu n ’es pas heureux, a ie au moins envie
de l ’ê t re » . N ina n ’oub l ie r ien n i personne.
Et e l le a du goût ! Qui ne succombera i t pas
au charme sans f ront ières d ’Antonin Maurel
éructant le « p lu ie v io let te » de Pr ince ou le
« monde de l ’ homme » de Jacques
Brun/James Brown avec humour, c l in d ’œi l
et torse nu. Nina ne manque pas de ressour-
ces, t ransforme les pet i ts désagréments en
é lémen ts de m ise en scène , e t hop ,
p i roue t te cacahuè te , une cho rég raph ie l e
temps d ’un rég lage. Tout a une ra ison d ’ar -
r iver, Nina, le mei l leur comme le pire, le pire
comme le mei l leur, comme les applaudisse-
ments d i - thy- ram-biques ! A bientôt…
Valér ie Bour
Nina Morato. Carte blanche
« Nina ? »… « Nina ! » , appel le ou soupi re
la vo ix f lue t te de Ju l ien Cot tereau, tout en
mimes et bru i tages, saut i l lant sur le comp-
to i r du ba r…Nina se l a i sse dés i re r…El le
apparaît d’abord en ombre derr ière un voi le.
Rapidement , N ina ne nous cache p lus r ien,
pas même une diapo de ses parents pendant
« l es ch iens ne fon t pas des cha ts » , pas
même son dos pe int à la bombe par un v is i -
teur masqué, pas même les ant isèches dans
un décor truffé de subterfuges malins (éven-
ta i l , mur, bras, …). Rien ne marche comme
prévu mais r ien n’est grave. C’est un joyeux
bordel . Nina rate une in t ro et ruse : « On va
essaye r un t ruc…qu i peu t me chan te r l e
c h r o n i q u e s
page 7
spectacles
Et si toutes ces années on avait forcé le trait
du looser magni f ique et déchi ré qu i s 'auto-
dét ru i t , se t ient à l 'écar t par cyn isme et se
rédui t à de fo l les compla in tes ha l luc inogè-
nes ?. . .e t s i la major i té à laquel le i l re fuse
d 'adhérer s 'é ta i t t rompée. . . ?
Son t - ce des po in tes d ' op t im isme que l ' on
voi t apparaî t re dans le no i r ? " Et je me d is
stop...et je me remonte mon col, j 'appuie sur
le starter et je vais voir ai l leurs, encore plus
lo in , a i l l eu rs " ou "e t t u remon tes à con t re
coeur l 'escal ier de serv ice, tu voudrais qu ' i l
y a i t des ascenseurs au fond des p réc ip i -
ces. . . " ?
Th ié fa ine ose encore e t tou jours . On pou-
vai t cra indre une compi lat ion de ses succès
scén iques avec un pub l i c acqu is d 'avance
ma is non . . . l es i n t ros son t dé l i c i eusemen t
t rompeuses e t les ar rangements servent à
merve i l le les v ie i l l e r ies sor t ies du p lacard
ou l es nouveau tés échappées de l a sa l l e
d’accouchement.. .Souvent même i l a l 'a ir de
se la isser a l ler, de se la isser por ter, de ten-
dre des perches pour le re jo indre dans son
univers.. .on redécouvre sans cesse de vieux
textes que personne ne peut retenir excepté
un prompteur magique a idant à " la réadap-
ta t ion fonct ionne l le du chanteur" . . . tout es t
no rma l e t pou r tan t ex t rao rd ina i re . . . t ou t
sonne juste.
De jeunes music iens (dont un manque peut-
êt re un peu d 'humi l i té) semblent se régaler
de ces matér iaux nobles, devenus ré féren-
ces , e t pa r t i c i pen t à l a j eunesse de
Thiéfa ine. Et s i te l un Dylan farceur, i l tente
de les semer par fo is en a l lant p lus v i te que
la musique, i ls retombent v i te sur leurs pat-
tes . Le concer t fa i t p reuve d 'une vér i tab le
un i t é , chanson anc ienne ou récen te se
mélangent e t b rou i l l en t les p is tes , tou t en
gardant des nuances surprenantes, reggae,
t ranse, b lues, hardcore. . .
E t sub t i l avec ça , même dans l a p rovoca -
t ion. . . i l faut oser fa i re le gu igno l e t c lamer
" j e ne chan te pas pou r passe r l e t emps ,
mais pour me rendre in téressant" , même s i
l 'on imagine b ien qu ' i l s 'adresse à p lus gu i -
gnol que lu i . . . i l faut oser a t t iser la fou le en
décr iant l ' ido lâ t r ie avec un sour i re en co in :
"so le i l , n 'est -ce pas merve i l leux de se sen-
t i r p iégé ?! " .
Eros Hubert Al les, le regard pénétrant, i l gr i-
mace et se tord dans des gestes maladro i ts
ma is res te beau comme un funambu le . . .e t
b ien qu ' i l a i t fondé le par t i de la so l i tude et
de l a mé lanco l i e , des i nd i v i dus sans âge
seront toujours prêts à le rat t raper. . . jusqu’à
danser encore lo rsque l ’a r t i s te aura qu i t té
la scène.
At ten t ion , une des p lus fo r tes tournées de
Thiéfa ine est en marche ! A cro i re que ce la
fa i t b ientôt 58 ans qu’ i l la prépare et l ’écr i t ,
qu ’e l le t ransp i re l ’honnête té . L’homme qu i
n’a de cesse d’être en avance sur son temps
sera i t - i l en phase ? Celu i qu i a souvent é té
qua l i f i é d ’he rmé t i que nous pa r l e enco re ,
nous secoue l ’ âme e t l a bo î te
crânienne…sans complaisance ni faci l i té ou
s i peu. Seul bémol , t rès personnel : quand
osera- t - i l NE PAS chanter « la f i l le du cou-
peur de joints » pour faire place au «Portrai t
de femme en 1922» ?
Tant d ’ impress ions , de suppos i t ions , d ’ in -
terprétat ions, de po ints d ’ in ter rogat ion, qu i
nous poursu ivent e t dont lu i seu l dét ient la
vér i té .
Valér ie Bour
A l i re : « Huber t -Fé l ix Th ié fa ine , Jours
d’orage » par Jean Théfaine
aux édit ions Fayard/Chorus
www.thiefaine.com
Que dire en sortant d’un tel spectacle, sinon
qu’ i l n ’y a pas de mot . Comment l ’expr imer
s inon par les pa lp i ta t ions, les yeux qu i br i l -
l en t , l es sour i res d ignes ou béa ts , par les
larmes ou les entrai l les qui vibrent. Le corps
par le e t la isse la cerve l le au vest ia i re .
Essaye encore…
C’é ta i t à Ing ré , v i l l age d ’o r ig ine de Nano .
Les cabanes de son en fance on t l a i ssé
place au gymnase qui accuei l la i t l ’émouvant
retour aux sources de l ’accordéonis te par t i
s i l lonné le monde ent ier durant 20 ans.
Sur scène, les « f r iends » éta ient 4 :
Ken t , Jame l /Au pe t i t bonheu r, Ca the r i ne
Es tou re l l e , chan teuse l y r i que , e t He rvé
R igaud , gu i t a r i s te punk , i ns ta l l és su r des
canapés derr ière Nano.
Tour à tour, i ls s ’avancent et prennent p lace
au cœur des tab leaux v isuels créés par les
éc la i rag i s tes -pe in t res , accompagnés pa r
l ’accordéon Barbapapa de Nano prenant la
forme et s ’adaptant par fa i tement à tous les
carac tè res tou t en gardan t sa p ropre cou-
leur.
Jamel , l ’or ienta l , est du genre à a lpaguer le
pub l i c , Kent es t du genre à se t rémousser
et à taper dans les mains sur les chansons
des au t res , Ca the r i ne , sop rano d ’au -
j ou rd ’hu i , en impose dès qu ’e l l e ouv re l a
bouche , He rvé ma in t i en t l ’ i n tens i t é à son
comble par ses interprétat ions et son jeu de
gui tare ha l luc iné.
Et soudain, i ls se mélangent , i ls chahutent ,
i ls courent au micro pour fa i re les chœurs,
i l s va l sen t (une spec ta t r i ce manque de
s ’évanoui r dans les bras d ’Hervé ! )…lumiè-
res majestueuses, prouesses sonores quand
s’enchaînent le « Trash Sat isfact ion » made
in Rigaud, le classique La Wally de Catalani,
les composi t ions t ranse futur is tes de Nano,
les tubesques « j ’veux du solei l » ou « al lons
z ’à la campagne » avec le p lus grand natu-
rel . Les répertoires ne se confrontaient pas,
i ls s ’accordaient dans un f lot de sensat ions,
d’émot ions palpables et grandissantes pour
f in i r en standing ovat ion et saluer le chemin
pa rcou ru pa r Nano , f i l s du pays au ta len t
reconnu par son publ ic e t ses pa i rs .
Nano &Friends. Orléans
Thiéfaine. La Cigale
Cet te nu i t - là , monsieur Tabel -Oued d isa i t :
« subl ime, magni f ique, grandiose, sont des
mots « bateau » mais ce serai t dommage de
rester à quai… »
Valér ie Bour
www.nanomusic. fr
c h r o n i q u e s
page 8
spectacles
J ’me sens bê te…ça ne m ’é ta i t pas venu àl ’ idée que les Ti t ’nassels pu issent avo i r unpub l i c s i nombreux e t conna i ssan t l eu rsparo les par cœur… Je n ’ava is pas imaginé une seconde qu ’onpuisse être s i complets à 2 et sans machinesur scène…Un peu comme Rémi Br i cka à l ’ époque oùl ’ homme o rches t re pouva i t t ou t à l a f o i smarcher, j oue r de la gu i ta re , de la g rosseca i sse , f a i r e des é t i nce l l es e t cu i re unecolombe. Je ne me dou ta i s pas non p lus qu ’une s ipet i te scène puisse contenir autant d’ instru-men ts d i f f é ren ts . Vous au r i ez vu l es a i r smutins de Sophie à chaque fois qu’el le sem-b la i t découvr i r un de ces joue ts ex t raord i -na i res ! Et s i Axl la fa i t passer pour une bécasse quioccupe un peu trop de place sur scène, i l enprend également pour son grade lorsqu’e l leme t l ’ accen t su r son co rps de pou le tdép lumé dans des habi ts de jeune f i l le . I lsson t pé t i l l an ts , poé t iques , comme ce c ro -che t dans l eu r déco r qu i accue i l l e ra pou rchaque ambiance un ob je t d i f fé rent : tour -neso l , bou le à f ace t te , l oup io t t e , mach inmusica l…Ce spectac le a un par fum de récréat ion, çainvente , ça se chamai l le , ça improv ise , çadéconne, entre une imitat ion électr isante deClaude François e t une repr ise gr imaçantedes Cranberr ies en passant par Kent qui lesrejoint d ’a i l leurs sur scène pour 3 morceauxen at tendant davantage (sans doute que les2 aut res n ’é ta ient pas d isponib les) . Ces t i t ’ bê tes- là , c ’es t s imp le , ça p rend dup la i s i r e t ça en donne e t pa r chance , çatourne pas mal…la recet te du bonheur vra ipar des gens pas banals !Valér ie Bourwww.lest i tnassels.com
Quinze ans dé jà que Serge Gainsbourg estpar t i e t le monde ent ie r découvre ou redé-couvre son oeuvre.Un vér i tab le t résor musica l .Une source d ' insp i ra t ion pour de nombreuxart is tes,auteurs, composi teurs nat ionaux etin ternat ionaux.Qua t re ans , c ' es t l e temps qu ' i l au ra fa l l upour réunir la crème de la crème de la scènepop ang lo-saxonne ac tue l le pour in te rpré -ter les adaptat ions anglaises, made in Bor isBergman (parol ier d 'Alain Bashung, MaximeLe Forest ier ou encore Paul Personne), deschansons de Monsieur Gainsbourg.F ranz Fe rd inand (accompagné de JaneBi rk in ) ouvre le ba l e t la compi la t ion dansune vers ion t rès rock de "A song for a sorryangel " .The Rakes rev is i tent " Le po inçonneur desL i l as " un peu ne rveusemen t . ( commeStarshooter à une époque )Br ian Molko est présent sur deux morceaux:avec P lacebo su r " The ba l l ad o f Me lodyNelson" et avec Faut l ine et Françoise Hardysur "Requiem for a jerk" .Ambiance no i re , pesan te e t g lauque hab i -t ue l l e pou r Tr i cky su r "Au revo i rEmmanuel le" .Les ment ions spécia les sont remises incon-testab lement à :Michael St ipe de R E M qui reprend "L"hotelpar t icu l ie r " de l 'a lbum "His to i re de MélodyNe lson " dans une ve rs ion envou tan te e tmagni f ique.Ca t Power e t Ka ren Ne lson pou r un " Jet ' a ime mo i non p lus " 100% fém in in d ' unesensual i té désarmante.Reste à ajouter tous les autres: Carla Bruni ,Dani , Fe is t ,Gonzales, Mar ianne Fai th fu l l ,Po r t i shead , K id Loco , Ja rv i s Cocke r dePulp. . .L ' hommage es t pa r fa i t , dé l i ca t , t ouchan t ,insp i ré e t subl ime à la fo is .L 'homme à la tê te de choux aura i t d i t : "e t on fa i t durer le p la is i r " .Isabel le Dupuy
Un samedi de Févr ier 2005, le temps n ’es t
pas terr ible, à la télé Patr ick Sébastien nous
ser t son c lass ique « cabaret » avec cer tes
d ’exce l l en t s numéros ma is n ’é tan t pas
f r iand de son humour, je la i sse ma femme
et ma f i l le devant la té lé , me co l le un cas-
que sans f i l sur la tête et br icole sur mon pc.
Ent re 2 chansons, une in t ro à la gu i tare e t
une vo ix éra i l lée me sor tent de mes br ico-
les. Je découvre Yves Jamai t e t son
« d imanche à la gueule t r is te » e t sa
« dépr ime à f leur de peau ». Charmé par ce
que j e v i ens d ’en tend re , j e f i l e su r l e ne t
pou r chope r des i n fos su r ce Mons ieu r
Jamai t . Je t rouve des extra i ts de son a lbum
« de verre en vers » e t su is immédiatement
sédu i t pa r l ’ un i ve rs g r i s ou co lo ré de ses
chansons . On sen t l ’ us ine , l a ga lè re , l a
moutarde de Di jon, la teuf , l ’a lcool , les fem-
mes, l ’amour. Ses mots vont dro i t au cœur,
sa mus ique nous be rce , nous fa i t va l se r,
nous f i le le blues ou nous entraîne dans des
pensées lointaines ou dans des réal i tés tou-
tes p roches pa r ses « y ’ en a qu i s ’ r on t
jamais dans la merde…..ceux qu i nous d i r i -
gent e t nous gouvernent » ou son « on m’a
volé la lune quand j ’a l la is la toucher » . Dès
la première chanson, l ’a lbum me prend aux
t r ipes, les paro les nous narrent des h is to i -
res dont on sent le vécu, les guitares accen-
tuen t l a rage ou l a mé lanco l i e des tex tes
avec goût e t v i r tuos i té , l ’accordéon p leure
ou swingue, les pensées changent à chaque
chanson e t même un an ap rès , à chaque
fo is que je vo is l ’a lbum dans mon range-cd,
j e l e me ts e t r epa rs pou r une écou te de
ce lu i - c i dans son i n tég ra l i t é , savou ran t
d ’avance les morceaux à veni r.
Un second a lbum « l es coque l i co t s » es t
annoncé pour le mois d ’Avr i l , une tournée a
déjà débuté et se poursuivra tout au long de
l ’ année ( t ou tes l es da tes son t su r l e s i t e
off ic ie l ) , Jamait nous emmènera-t - i l encore
une fois dans cet univers musette-blues aux
textes percutants ? Le rendez-vous est pr is
Jean-Michel Pfortner
perso.wanadoo.fr / jamait
Les Tit’Nassels. La Maroquinerie
MonsieurGainsbourg. Revisited
Jamait. De verreen vers
reprise rdv manqué
c h r o n i q u e s
page 9
rdv manqué
La no to r ié té es t une chose tou te re la t i ve .
Les panthéons personnels f luctuent au f i l de
tous ceux qu ’on découv re , ma is auss i de
ceux qu ’on es t amené à en tend re avan t
même de les écouter, ceux qu i nous imprè-
gnent sans qu ’on l ’a i t déc idé.
C’est a insi qu’à la d izaine approximat ive, je
véné ra i s ass idûmen t Do ro thée , E r i c
C lap ton , A la in Souchon e t Tom Novembre
(ent re aut res) .
I l m’a fa l lu p lus ieurs années pour compren-
dre que mes inaccessib les idoles pouvaient
ne pas êt re un iverse l les .
Et en fa i t , au jourd ’hu i encore, s i je conçois
vo lont iers qu ’on ne possède pas l ’ in tégra le
de Doro thée , j e ne m ’exp l ique pas le seu l
succès d ’est ime de Tom Novembre.
Non pas que j e l u i souha i te une omn ip ré -
sence méd ia t i que ou un pa r ra inage de l a
p rocha ine S ta r Ac , ma is seu lemen t l es
moyens d ’a l ler au bout de sa créat iv i té .
Ca r en f i n , ce t homme a tou t . Une vo i x de
c rooner, d ’abord . Une éc r i tu re un tan t ine t
bipolaire ensuite, avec la lucidité pour équa-
teur : i l peut passer d ’un humour tendre ou
plus féroce à un désespoir poignant. Le tout
sans api to iement car i l a le goût des autres,
lo in de l ’ombi l ico-cent r isme qui caractér ise
l ’époque…
Ses chansons sont souvent de vra is pet i ts
cour ts métrages, , e t ce jeu d ’ images, cet te
reche rche du v i sue l r esso r t de f açon f l a -
grante dans ses prestat ions scéniques, dont
l ’un ivers e t l ’audace sont à la hauteur d ’un
Arthur H ou d ’un M. Lequel M ne s ’y est pas
t rompé pu isqu ’ i l appara î t dans Bandes de
Pions, sort i en 2002 – avec également Kent,
Pr incess Er ika , Faude l , D ieudonné, Sarah
Mod iano ou Ged Mar lon , quand on vous
disa i t qu ’ i l ava i t le sens du par tage…
Tom Novembre sor t un a lbum qu i s ’ in t i tu le
André le 21 avr i l prochain.
Une act iv i té brû lante pour un Novembre en
avr i l…
Fermez les yeux et off rez vous le grand fr is-
son.
Mélanie Plumai l
À l ’heure où le pr intemps pointe t imidement
le bou t de son nez , pourquo i ne pas p ren-
dre une longueur d ’avance e t o f f r i r à vot re
tê te un avan t goû t d ’é té…L’a lbum du
Uku lé lé C lub de Pa r i s , c ’ es t d ’ abo rd une
odeur de Tiaré qui se répand dans l ’a i r, puis
une envie, (commune avec les musiciens du
groupe lo rsqu ’ i l s se produ isent sur scène)
de revê t i r une chemise hawa ïenne e t de
chalouper généreusement dans votre salon.
Un pur moment de bonheur en perspect ive,
le p la is i r de se la isser a l ler à la rêver ie , de
longues ba lades sur une p lage déser te , le
b ru i t du ven t dans les coco t ie rs , un sen t i -
men t de p lén i t ude , une douceu r qu i vous
envahi t au fur et à mesure des mélodies qui
s ’enchaînent e t v iennent rav i r vos ore i l les
Les chansons vous i nv i t e ron t à l a danse
(Honolu lu Baby, Cabo Azulado…), en écou-
tant Chanson païenne, i l vous prendra l ’en-
v ie de vous déhanche r t e l l e une vah iné
(c ’est gonf lé , c ’est vra i ) . Vous aurez égale-
ment le p la is i r de découvr i r sur cet a lbum la
chanson La Nouve l le Ève , où pour l ’ occa -
s ion la chan teuse C la i re E lz iè re re jo in t l e
g roupe pou r un magn i f i que duo avec
Domin ic Crav ic , e t d ’apercevoi r un ovni :
La chanson Soi rée mousse de Tony Truant .
Chanson que nous pourr ions qual i f ier d ’en-
gagée , pu i squ ’e l l e f a i t r é fé rence au fa i t
d’être refoulé à l ’entrée de certaines soirées
(mousse en l ’occur rence) , sur une orches-
trat ion ukulélé percussions, cet air vous res-
tera en tête, qui entonnera le refrain en bou-
c le « oub l ie la so i rée mousse - i l s me co l -
lent les v ideurs aux t rousses - i l faut que je
dégage - j ’ a i t r op de c lasse pou r l e vo i s i -
nage »…
Manuia ! est donc un album à découvrir d’ur-
gence, i l a ide à lu t te r con t re la s in is t rose
amb ian te , e t f a i t du b ien de l a t ê te aux
pieds.
Séverine Gendreau
Rendez-vous pris au Casino de Paris pour la dernière
de Détournement de mémoire, spectacle co-écrit et
interprété par Pierre Richard, le grand blond avec une
belle histoire.Pierre Richard, c’est un peu un ami, on
a l’impression de le connaître depuis longtemps main-
tenant, on l’aime, beaucoup même s’il nous énerve
aussi parfois, il est gaffeur, maladroit, distrait, il nous
fait rire, il est aussi touchant, sincère et grave. Il livre
sa quête du bonheur tout au long de ce spectacle truffé
d’anecdotes (débuts au théâtre, tournage avec Mireille
Darc ou Bernard Blier, Jean Carmet et son havre de
pets…). Quête qui nous rassemble tous finalement.
Les rires étouffés et les éclats tonitruants dans le
public laissaient souvent la place au questionnement,
il suffisait de tourner la tête vers son voisin pour voir
que l’ami Pierre avait frappé juste. C’est quoi le bon-
heur ? se demande-t il. « Le bonheur c’est changer
d’ennui », comme le disait Colette (et un gardien de
prison). Ces tergiversations nous renvoient bien sûr
à nos propres interrogations sur le véritable sens de
la vie, - à quoi rêvons-nous ?, à quoi aspirons-nous ?,
et mettent en lumière « la difficulté à trouver sa place
dans un monde aussi absurde » comme il se plaît à
dire. Les chapitres de sa vie s’enchaînent, et servi par
un texte magistral, Pierre Richard l’ami, l’acteur, nous
emmène. Nos univers se rejoignent, nos doutes s’unis-
sent, nos rires se mêlent. Il se raconte, tremble aussi,
la chèvre est devenue la vieille bique, il ne veut pas
devenir le vieux blond avec une chaussure orthopé-
dique. À travers les histoires qu’il raconte, il exprime
aussi la difficulté à dire aux autres qu’on les aime
quand c’est le cas, avec des mots quand on y parvient,
ou bien des attitudes, pour n’avoir aucun regret quand
vient la fin, souvent trop vite et sans prévenir. Ainsi,
lorsqu’il il clame que sans le public il n’existe plus,
Pierre Richard bouleversant de sincérité tombe les
armes et le public en fait de même. On ressort heu-
reux, on a vibré avec lui, oublié un instant les tour-
ments qui peuplent notre vie. Pierre Richard joue avec
classe sur nos cordes sensibles, toujours avec grâce
et délicatesse, et non sans une certaine dose d’iro-
nie. Nous avons eu la chance d’assister à un grand
spectacle servi par un grand acteur, au moins 1m80,
dit-il avec une pincée d’autodérision. « Le bonheur ça
dépend d’où on se place » dit Monsieur Richard, et
bien placé dans la salle du Casino de Paris, nous
l’avons pour sûr touché du doigt l’espace d’un ins-
tant…
Séverine Gendreau
Pierre Richard. Détournementde mémoire
TomNovembre.
Ukulélé Clubde Paris. Manuia !
la porte ouverte
c h r o n i q u e s
page 10
les petits plus
A l ’ado lescence c ’es t b ien s imple , dès quej e v o y a i s u n e e n s e i g n e l u m i n e u s e , j e m eme t t a i s à f r edonne r « 2 4 i m a g e s t r è s f l o u e s p a r s e c o n d ed ’ a m o u r f o u » . M o n p r o c h e e n t o u r a g e ,g r â c e à m o i , c o n n a i s s a i t b i e n J e a nFranço is Coen e t mo i j ’ava is env ie de v is i -t e r l a Tou r de P i se . G râce à qu i ? A M iche l Gond ry e t son c l i pf a i t d e p l a n s s u c c e s s i f s d ’ e n s e i g n e sp u b l i c i t a i r e s é g r é n a n t l e s p a r o l e s d e l ac h a n s o n . M a g n i f i q u e . I d é e s i m p l e m e n tgén ia l ca r év i den te e t j ama i s r éa l i sée . Depu is , je me cons t ru is des h is to i res avecles néons de la v i l l e e t j ’ a i ache té tous lesa l b u m s ( t r o p r a r e s ) d e J e a n F r a n ç o i sCoen .J e m e s o u v i e n s a u s s i d u m é t r o n o m e d eDomin i que A dans l e c l i p de Kên H ige l i n « Tw e n t y Tw o B a r » . C e p e t i t c o u r tm é t r a g e m ’ a v a i t f a i t a c h e t e r l ’ a l b u m e tdepu i s ce son t t ous l es d i sques du chan -t eu r su r mon é tagè re . J e m e s o u v i e n s a u s s i d e s c h e v e u x l o n g sde Ma th i eu Boogae r t s su r « Ondu lé » qu ir accou rc i s sa i en t l e t emps de l a chanson .M a t h i e u B o o g a e r t s t e r m i n a i t r a s é e t m o ij e commença i s à l ’ a ime r.Vo i l à c ’ é t a i t l e bon t emps du beau c l i p . D e c e s a p r è s - m i d i s o ù s u r M 6 o n d é c o u -v r a i t n o n s e u l e m e n t d e s c h a n s o n s m a i sauss i des r éa l i sa teu r s . E n s u i t e , j ’ a i d û a t t e n d r e l e r e n d e z v o u sdes chasseurs insomniaques pour me ras -sas i e r d ’ images mus i ca l es . M a i s n ’ a y a n t p a s t r o p d e p r o b l è m e a v e cmes nu i t s , j ’ a i pa r fo i s usé mon magné tos -cope pou r ne pas l oupe r l e passage d ’ unc l i p de M comme « Mach i s t ado r » r éa l i sép a r E m i l i e C h e d i d ( t o u t c o m m e c e l u i d eMa th i eu Boogae r t s ) .L e c l i p a v a i t u n s t y l e . E t p a r f o i s j e m ed e m a n d a i s s i c e n ’ é t a i t p a s l e c l i p q u im ’ a v a i t f a i t a i m e r l a c h a n s o n o u v i c ev e r s a . L e s t a l e n t s s ’ a l i m e n t a i e n t , l ’ é v e i lé t a i t i n t ac t . …E n s u i t e , l e s c h a n t e u r s s e s o n t f a i t p l u sd i s c r e t s d a n s l a p e t i t e l u c a r n e e t j ’ a ien levé la té lév i s ion de ma ma ison . Le c l i pa v a i t d i s p a r u d e m a v i e … . M a i s c ’ é t a i tsans compter sur les jo ies de la modern i tée t l ’ a r r i vée d ’ i n t e rne t e t du hau t déb i t . L e s i d é e s o n t r e c o m m e n c é à f u s e r , l e schan teu rs à se me t t re en scène . Les c l i psé ta ien t de re tou r su r un au t re pe t i t éc ran . A l o r s , f a i t es comme mo i , a l l e z v i s i t e r l e ss i t es des chan teu r s ….C ’ e s t d i m a n c h e s o i r , v o u s ê t e s u n p e uca fa rdeux , souc i eux devan t l a sema ine àven i r, vous che rchez va i nemen t une ac t i -
v i t é q u i p o u r r a i t v o u s s o r t i r d e c e t t el é t ha rg i e encombran te . J ’ a i un remède : www.v incen tde le rm.com,rub r i que v i déo e t doub l e c l i c su r « na ta -t i on synchron isée » . Ce s i te c ’es t ce lu i duc h a n t e u r q u e l ’ o n n e p r é s e n t e p l u s e t «na ta t i on synch ron i sée » l e t i t r e d ’ une deschansons de son de rn i e r a l bum. Vous vo i l à i n s t a l l é devan t l e t ou t p rem i e rc l i p d e V i n c e n t D e l e r m . N o n , n o n l e t i t r ees t que lque peu mensonge r, j e vous l ’ a c -c o r d e , j e d i s c e l a p o u r t o u t e s c e l l e s q u ip e n s a i e n t v o i r l e u r c h a n t e u r f a v o r i e nm a i l l o t d e b a i n , p o u r l e s a u t r e s p a s d ebonne t de ba i n non p l us . Ma i s de l a j ub i -l a t i o n e t d e l a j o i e p o u r u n c h a n t e u r q u is e p r e n d p o u r t o u t , f o o t b a l l e u r , t e n n i s -m a n , d a n s e u r, j e d i s d o n c b i e n t o u t s a u fpou r l u i -même… I m a g i n e z v o u s V i n c e n t D e l e r m e n f r è r eJ a c q u e s d u X X I e s i è c l e . L e s s o u s p u l l sr e m p l a c é s p a r d e s s w e a t s , l e s c o l l a n t spar un jean (que l dommage ! ) , e t les s tanss m i t h s b i e n b l a n c h e s à l a p l a c e d e schaussons… tou t ce l a su r un f ond no i r e tu n e c h o r é g r a p h i e p o u r l e m o i n s c h a l o u -p é e . O u i , V i n c e n t D e l e r m d a n s e … E n f i n ,d i sons qu ’ i l bouge son co rps . Là où on l ’ a t t enda i t dans un ca r te pos ta leno i r e t b lanche de r r i è re un p iano , V incen tDe le rm pré fè re pour son p remier c l ip nousf a i r e r i r e e t p r e n d r e à c o n t r e - p i e d ( c ’ e s tl e cas de l e d i re ) ce t t e so i d i san te ob l i ga -t i on de savo i r chan te r, j oue r, danse r, t ou tc e l a e n r y t h m e e t a v e c u n m i c r o . C e l an ’es t j ama is méchan t ma is tou jou rs d rô le .B r u n o S e v a i s t r e , r é a l i s a t e u r d é v o u é e ta t t e n t i f d e l ’ é c u r i e T ô t o u Ta r d , e s t d e r -r i è r e l a c a m é r a . D e v a n t , c e s o n t c i n qDe le rm pou r l e p r i x d ’ un . A l o r s a l l e z d a n s e r a v e c l e V i n c e n tD e l e r m ’ s b a n d … l e d i m a n c h e s o i r e t l er e s t e d e l a s e m a i n e , c ’ e s t c o m m e u n ec h r o n i q u e d e F r a n ç o i s M o r e l , o n n e s ’ e nl asse j ama i s…Clément ine D er oud i l l e
Voilà, c’est comme dans ce festival de chan-
son francophone des bords d’océan que je
fréquentais naguère, chaque année, je me
programmais promis-juré pour aller explorer
ce qu’il en est du hip-hop du rap et toutes ces
choses modernes qui me sont parfaitement
étrangères. L’étrange, pourtant, ça m’attire,
ça m’intrigue, j’attends toujours une surprise,
bonne, si possible...
Et puis, chaque année, j’ai raté le rendez-
vous, détourné par d’autres sirènes aux char-
mes irrésistibles (eh oh je parle de chanson,
ne vous méprenez pas) qui me prenaient dans
leurs filets du côté de La Coursive. Il faut dire
que, au bénéfice (ou au passif ?) de l’âge, on
se laisse moins avoir par les épiphénomènes
qui bombardent révolution, révélation, créa-
tion inouïe, des nouveautés qui ne sont sou-
vent que des vieilleries ripolinées de frais.
Quand j’entends Dranem et sa rate qui se
dilate et son foie qu’est pas droit, je me dis
que ce mec faisait du rap rigolo sans le savoir.
Ce qui m’agace souvent, tous genres confon-
dus, c’est d’avoir la sensation que la forme
prime sur le fond, comme le french rock à ses
débuts, on choisissait sa guitare avec un
miroir en pied pour voir si elle était seyante à
l’image et coordonnée avec le costume, ses
qualités de son étant accessoires... Avec le
rap, le hip-hop, je ressens la même chose,
tout dans le look, si t’as pas la casquette US
vissée sur le crâne, t’es pas rap coco... et tout
dans l’agitation...
Sur ce plan, je risque pas la contagion de
l’imitation je danse comme une pantoufle, tou-
tefois, cette incapacité à gigoter sous l’effet
de musiques diverses ne m’empêche pas de
swinguer à l’intérieur.
Les mots, ça devrait me parler, moi qui aime
les textes…Paradoxe…Et parfois ces mots
sont utilisés dans un sens ambigu, comme
‘respect’ qu’on peut comprendre comme un
rapport d’estime. C’est là que ça coince, ce
que j’entrevois dans le monde du rap, c’est
un respect coup de poing, pas un respect
mutuel… Evidemment, il faut aussi se poser
la question, qui a commencé? Je veux dire à
ne pas respecter les autres.
Les Clips
viens papy que j’t’explique
Diam’s
c h r o n i q u e s
page 11
viens papy que j’t’explique
C’est comme les filles, au 15/16ème siècle, on
avait toujours prétendu qu’elles n’avaient pas
besoin d’aller à l’école et apprendre à lire
pour faire la cuisine, la vaisselle et torcher les
mômes et après on expliquait que ça ne ser-
vait à rien de leur enseigner quoi que ce soit
puisqu’elles ne savaient rien. Je vous laisse
réfléchir à ça si ça vous dit, et je reviens à la
chanson.
Et au rap.... Parce qu’Isabelle a choisi de me
faire écouter Diam’s... Etant donné mes réser-
ves, résumées ci-dessus plutôt gentiment,
l’entreprise est don quichottesque, mais cette
fille n’a peur de rien, elle y tient, alors, bon,
Isabelle, vas-y, explique, pourquoi faut-il que
j’écoute Diam’S ?
Note utile: le débat s’est enrichi de la pré-
sence de Sophie, ci-devant graphiste et vété-
rane (ça se dit comme ça vétéran au féminin?)
des Francos, leprestophile fondamentale, je
n’en dirai pas plus...
- Isabelle : ... il faut dire que je n’écoute jamais
de rap, c’est pas une musique qui me parle, mais
on entend NTM, IAM, comme tout le monde, à la
radio... quand même, je trouve que ce qu’il y a
de plus intéressant dans le rap, c’est les sam-
ples, surtout dans le rap américain...
- Sophie: ... ce n’est pas comme la techno ?
- Isabelle : les samples c’est à part, la techno les
util ise aussi, mais pas de la même
manière…Pour Diam’s, j’ai été intriguée, le per-
sonnage est extrêmement intéressant, elle a son
langage à elle, on sent qu’à 25 ans elle est bien
dans sa tête...
- Norbert: ... ça c’est vrai, on voit tout se suite
qu’elle n’est pas formatée, elle parle vrai...
- Isabelle: ... elle a eu une vie assez mouvemen-
tée, elle vient de Chypre je crois, elle n’a pas
connu son père, sa mère l’a élevée seule, et bien
élevée, i l y a le respect des gens, vraiment...
j’aime beaucoup le personnage, et puis c’est une
femme dans le rap, la seule, première Victoire
de la Musique pour le rap, dans ce milieu de
mecs, c’est extraordinaire…Des femmes, il y en
a quelques unes dans le R&B , mais pas dans
le rap, sauf Diam’s... C’est avec le single « la
boulette » que j’ai eu envie d’écouter l’album.. la
boulette, c’est son surnom, des copains qui lui
disaient « t’es comme une boulette de shit, tu
nous fais du bien ». J’ai vu qu’elle est bien dans
sa vie, bien dans son temps, elle écrit très bien
sur tous les problèmes que connaît la banlieue,
elle n’élude rien, la drogue, le viol, t’as le senti-
ment qu’elle est en prise directe avec ce qui se
passe, par exemple, elle est contre le mouve-
ment ‘Ni putes ni soumises’, parce que ce genre
d’association ne devrait pas exister...
- Sophie: C’est comme le Sidaction, les
Enfoirés...
- Isabelle: Ben oui, Diam’s parle de beaucoup de
choses qui ne devraient pas exister, elle en parle
avec des mots simples.
- Norbert: oui ça sonne juste, elle sait trouver le
sens sans affectation, elle assume sans frimer,
j’aime bien quand elle dit qu’elle a toujours un
dictionnaire sur elle, pour comprendre les mots
qu’elle ne connaît pas, c’est une attitude que
beaucoup devraient adopter, la sincérité plutôt
que l’esbroufe...
Mais bon, c’est un personnage, d’accord, et si
on parlait de musique. Diam’s, je ne l’aurais
jamais identifiée ‘rap’... je me demande d’ailleurs
en quoi je l’aurais classée…j’ai un souvenir de
l’avoir vue aux Francos, elle chantait en dansant
et en traversant la scène avec une belle énergie,
pas particulièrement rap...c’est quoi son public?
- Isabelle: La Rochelle, c’était l’époque de DJ,
un album assez classique dans le style post ado,
maintenant, dans ce dernier album, elle récupère
le public rap, et puis un autre public qui la décou-
vre aujourd’hui, elle est la première à faire du rap
sur de la pop, du spoken-word, elle rappe sur du
piano, du violon, de la guitare, c’est une évolu-
tion vers un autre rap…
- Norbert: En effet, une évolution qui élargit, qui
fédère au lieu de sectoriser...
- Isabelle: C’est une fille qui sait trouver à partir
de sa vie les thèmes généraux qui concernent un
maximum de gens...
- Norbert : oui, sûrement, c’est pour ça que ça
me parle plus que les propos stéréotypés que
j’entends dans le rap, j’ai l’impression qu’il y a
une duplication d’un type de discours convenu,
parfois copié texto sur le rap US d’ailleurs... et
je crains que ce ne soit plus un côté bizness
qu’une vraie expression personnelle
- Isabelle: les premiers, c’est IAM, NTM,
Ministère Amer qui ont été les dénonciateurs des
problèmes des banlieues et des dérives , avec
un côté chef de bande et les autres qui suivent…
c’est une violence qui s’exprime, et c’est dom-
mage que cette musique soit associée à cette
violence…alors que Diam’s, c’est un respect
mutuel toujours présent, c’est son éducation, et
c’est ce qu’elle pratique... Dans le milieu du rap,
elle s’est imposée avec ses valeurs, sans
concession, en s’assumant le plus possible sans
se défausser sur les autres, le pouvoir, la société,
les entités abstraites dites responsables...
- Sophie: je crois qu’elle est respectée, en géné-
ral, parce qu’elle a réussi à faire les choses avec
ses valeurs humaines simplement... `
- Isabelle : d’ailleurs elle est souvent invitée à
participer à des compiles, de Disiz la peste à
Amel Bent , c’est large...
- Norbert : son look garçon manqué, c’est par
obligation-banlieue, stratégie ou par nature?
- Isabelle : je crois que c’est sa nature, elle se
sent bien dans sa peau, elle se fout de la stra-
tégie…
- Norbert : oui, je ne la vois pas « fabriquée »...
comme certains que je ne citerai pas...
- Sophie : qu’est-ce que tu as le plus aimé dans
son album?
- Isabelle : j’ai aimé les mélodies, il faut que les
4/5 premières notes m’accrochent sinon je
n’écoute pas... et puis c’est très diversifié...
- Sophie : en fait, c’est parce que ça sort du
rap...ce n’est plus du rap…
- Isabelle : si en fait, ‘la boulette’ c’est du rap, le
phrasé c’est vraiment rap…
- Sophie : voilà, c’est hyper rapide, la façon dont
c’est dit, ça gâche l’écoute, ça tue le discours
censé être mis en avant... tu crois qu’ils écou-
tent vraiment ?
- Isabelle : c’est ce que tu penses toi, mais je
crois que les jeunes sont vraiment captivés...
- Norbert : et voilà, Sophie, t’as moins de 40 ans
et t’es même plus jeune... le rap, ça doit avoir
une sorte de date de péremption, passé les 35,
t’es has been, bon pour... tiens le rock... qui va
sur ses 50 bien sonnés...
En conclusion oecuménique, on peut faire un
parallèle: comme le rock sommaire-binaire a
évolué vers des univers plus riches, plus
complexes, le rap va se défaire de ses rugo-
sités initiales pour s’étoffer d’atours musi-
caux accessibles à un plus large public, et il
apparaît que Diam’s soit une des toutes pre-
mières à chercher, et trouver, ces nouvelles
voies.
L’essentiel, en musique comme en toute
forme de communication étant d’être entendu
et compris par le plus grand nombre, souhai-
tons-lui, à mademoiselle Diam’s, de faire
école et j’irai, promis-juré, m’agiter sur les
esplanades hip-hop, c’est dit.
Isabelle Dupuy, Sophie Tournel,
Norbert Gabriel
i n t e r r o g a t i o n s é c r i t e s
page 12
dis-moi qui tu suis
v isue l ? con tex te ? pourquo i vous a -t -e l le touché ?)« In between days » de the cure… Ona vainement tenté avec mon frère derefa i re le c l ip où on vo i t la camérasuspendue se ba lancer…un vra if iasco.
9) Le 1er concer t vu ? (Dans que l lesc i rconstances ? Vous a- t - i l p lu ? Vousa- t - i l marqué ?)Jay Mc Shann, un bluesman jazzmanamér ica in…j ’ava is 8 ans e t j e su ismontée sur scène à l a f in pourdemander un autographe
10 ) Comme Géra rd Leno rman , vousê tes é lu P rés iden t de l aRépub l i que…qu i voyez -vous commeMin is t re de la Cul ture ?J’en prof i tera i pour é l i re Cather ineDeneuve….
11) On vous donne Carte Blanche. Quirêvez-vous d ’ inv i te r sur scène (mor t ,v ivant, réel ou imaginaire) et pour quelduo ?Prince pour « my hearts belongs todaddy »….
12) Si vous deviez comparer votre uni-vers à un f i lm, quel sera i t - i l ?Les demoise l les deRochefor t….J ’a ime b ien jouer descont ras tes , b rou i l l e r l es p is tes :musique légère sur des textes plussombres
13) Hibernatus se réve i l le d ’un s ièc lede c ryogén i sa t i on e t découv re l ec inéma . A vo t re av i s , que l s f i lmsanciens ou récents sont à v is ionner enpr ior i té ? Les e f fe ts spéc iaux des f i lms deMél ies , Myst ic R iver, Peau d ’Ane ,Charl ie et la Chocolater ie
14) Ecr ivez un sms à Cél ine Dion.Je n’ai pas son numéro
15 ) Que l l e chanson n ’avez -vousjamais osé chanter ? (pourquoi ?)aucune…je chante ce qu’j’écris et ceque j ’a ime reprendre….
16) Qui prend le vo lant en tournée ?on a une automatique….
17 ) Ma cous ine Be r the déba rque ,quels spectacles nous consei l lez-voussans hés i ter ?Gad E lma leh pour qu ’e l l e sedétende….
18) A quo i ressemb le vo t re voyageidéal ?c ’est un voyage ou je peux dépl ie rmes jambes
19) Quel est vot re dern ier rêve racon-tab le ?aucun n’est racontable…
20) Que fai tes-vous quand vous ne fai-tes r ien ?nothing
21) A l ’ instar de Lady Di , qui voudr iez-vous vo i r chanter à vos funéra i l les ?la grenoui l le du cl ip de « Love is a l l»
22) Quels sont vos derniers pet i ts bon-heurs banals ?quand, a l longée sur mon canapé lesolei l s ’ instal le sur ma joue
23) Qu ’es t - ce qu i vous fe ra t ou jou rsr i re ?tapadaka
24) Qu ’es t - ce qu i vous agace ra tou -jours ?mon lacet défai t
25) Quel est vot re luxe dans la v ie ?de vivre de mon métier….
26) Vous découvrez un nouveau moded’express ion ar t is t ique, par qu i a ime-r iez-vous êt re in i t ié ?Sophie Cal le
27) Je n ’ar r ive pas à dormir…pouvez-vous m’a ider à y remédier ?oui…arrête de fumer, bois moins decoca et de café…
propos recuei l l is par Valér ieBour
par La Grande
1 ) Que l es t l e de rn ie r p ro je t auque lvous ayez ré f léch i ? A ma set l ist
2) Quel l ieu où vous retournez régul iè-rement vous insp i re e t vous rassure ?(Pour la vue, les odeurs, les gens… ?)La scène…J’y fa is de fur t ives maisbel les rencontres…
3 ) Je qu i t t e l a t e r re pou r que lquesmo is , que l s l i v res e t d i sques meconsei l lez-vous d’emporter ? (et pour-quoi ?)Le pe t i t p r ince e t tous les contesque j ’a i lus dans mon enfance (per-rault, grimm ou Andersen)…ce seraitl ’occas ion rêvée de les re l i re .J ’empor te ra is éga lement un cd dePapas Fritas avec le t i tre « say goodbye to al l my fr iends » ….le t i t re estexpl ic i te
4) Vous n ’avez enco re j ama is osé l efa i re…de quoi s ’ag i t - i l ?de manger des mikados à l ’envers
5) Où p ré fé rez -vous ê t re p lacé dansune sa l le de spectac les ?au dessus pour voir tout ce qu’on nevoit pas….
6) Ci tez-nous les paro les d ’une chan-son qu i vous ressemble.« Je ne conf iera i pas ma peine, j ’a imes 2 yeux pour pleurer »
7) Que vous évoquent les d imanches?les loukoums rebelles…une associa-t ion qu i an ima ien t l es d imanchesparisiens
8) Quel le est la 1ère chanson qui vousa retourné la tê te ? (Souveni r préc is ?
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1 ) E n p r e m i e r l i e u , c h o i s i s s e z u n d o i g t ! Q u ’ e s t - c eq u i m o t i v e c e c h o i x ? l ’ i n d e x . c ’ e s t l e s e u l q u i f a i t l e l a p i n . L ' a n n u l a i r eg a u c h e , c e l u i q u i d i t o u i2 ) C o m m e n t s ’ a p p e l l e c h a q u e d o i g t d e v o t r e m a i n ?L ' a u t o - s t o p , l e s d e u x N i r o , l ' a n n u l a i r e à m a r i e r,l e r i q u i q u i p o u r b o i r e l e t h é a v e c l e s o r e i l l e s3 ) Q u e l l e p l a c e o n t l e s m a i n s d a n s v o t r e a c t i v i t é ?E c r i r e à l a m a i n a v e c u n s t y l o p l u m e , j o u e r d el a p e r c u s s i o n4 ) Q u ’ a l l e z - v o u s f a i r e d e v o s d i x d o i g t s d e m a i n ?P r e n d r e m o n c o u r a g e à d e u x m a i n s5 ) Vo u s ê t e s à 2 d o i g t s d e f a i r e q u o i ?R é a l i s e r m o n r ê v e6 ) Q u e f a î t e s - v o u s “ l e s d o i g t s d a n s l e n e z ” ?L a c u i s i n e à p a s d ' h e u r e7 ) Q u i o u q u ’ e s t - c e q u i e s t à “ 2 d o i g t s d e v o u sé n e r v e r ” a c t u e l l e m e n t ?7 q u e s t i o n n ° c e t t e8 ) Q u e f e r i e z - v o u s v o l o n t i e r s “ à l ' o e i l ” ?C h a n t e r à L i s i e u x9 ) Q u e s i g n i f i e p o u r v o u s “ L e d o i g t d a n s l ’ o e i l ” ?S e t r o m p e r d e r e g a r dp r o p o s r e c u e i l l i s p a r D i d i e r B o y a u dw w w. p i a - c a t h e r i n e . c o m
S.R. : Coquin ,Vilain, Poète,Romarin ,Fragile et à l’enverspour le pied droitX.C. : Lady commandements!
3) Quelle place ont les mains dans votre activité ?M.P. : Main gauche sur le manche et main droite sur la table(d’harmonie) et en voiture Simone !S.R. : Aucune, je suis faché avecX.C. : Enorme!
4) Qu'allez-vous faire de vos dix doigts demain ?M.P. : « Doigts demain » ha ha très bon !.. Les recompterpour être sûr. Je fais ça tous les matins. Et quand je suisbien sûr qu’ils sont tous là, je les ballade sur le dos dema douce amie…S.R. : Je vais aller au marché de Lunel acheter des carot-tes en botte de pluie(mais que c’est beau !)X.C. : Me gratter
5) Vous êtes à « 2 doigts » de faire quoi ?M.P. : La cuisine. « Deux doigts coupe-faim »…S.R. : De dormir car j’ai bien mangéX.C. : La sieste
6) Que faites-vous « les doigts dans le nez » ?M.P. : Rien, mais je fais beaucoup de choses une bananedans l’oreille.S.R. : Je dribble ZizouX.C. : Pas grand-chose
7) Qui ou qu'est-ce qui est « à 2 doigts » de vous énerveractuellement?M.P. : L’ampleur de la connerie humaine et son cortège d’in-tolérance, de racisme et d’idées pré-pensées… et NicolasSarkozy, aussi.S.R. : Que Zizou vient de me dribbler à son tour mais il neperd rien pour attendre…X.C. : Ce questionnaire
8) Que feriez-vous volontiers « à l'œil » ?M.P. : Plein de trucs bien, comme l’entr’aide dans tous lesdomaines...S.R. : Jouer pour le Medef parce qu’ils sont si gentilsX.C. : Presque tout
9) Que signifie pour vous « le doigt dans l'œil » ?M.P. : Quand j’étais petit, ça voulait dire « le truc du gar-çon dans le machin de la fille ». Mais maintenant que jesuis grand, « se fourrer le doigt dans l’œil », c’est croirequ’un dieu hypothétique résoudra tous les problèmes dumonde en refusant de comprendre que c’est la ferveur reli-gieuse qui les crée. S.R. : Qu’il faut être très souple, parce que comme c’est lepetit doigt de pied…X.C. : Que je ne l'ai pas dans l'oreille!
Propos recueillis par Séverine Gendreauwww.chansonplus.free.fr
par Pia-Catherine
par Chanson Plus Bifluorée
au doigt et à l’oeil
i n t e r r o g a t i o n s é c r i t e s
1) En premier lieu, choisissez un doigt ! Qu'est-ce qui motivece choix?Michel Puyau : L’auriculaire, car c’est le petit kiki qui n’arien eu du tout… C’est trop injuste.Sylvain Richardot : Le petit doigt de pied parce qu’il estsi fragileXavier Cherrier : L'auriculaire parce qu'il est mignon!
2) Quel nom donnez-vous à vos doigts ?M.P. : Le pouce s’appelle « Cui-là est allé au marché », l’in-dex « Cui-là a acheté des légumes », le majeur « çui-là lesa fait cuire », l’annulaire « çui-là les a mangés » et l’auri-culaire « Et le petit kiki il n’a rien eu du tout ».
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1 – P l u t ô t c u i s i n e o up l u t ô t g a s t r o n o m i e ?
L e s d e u x . S i j ’ a p p r é c i el a g a s t r o n o m i e o c c a -s i o n n e l l e m e n t j ’ a i m e l ac u i s i n e s i m p l e e tl é g è r e a u q u o t i d i e n
2 – A q u e l l e f r é q u e n c ee t à q u e l ‘ ’ n i v e a u ’ ’p r a t i q u e z - v o u s ?
To u s l e s j o u r s a t t e n t i f àc e q u e j e m a n g e , a u xp r o d u i t s e t à l a f a ç o nm ê m e s i m p l e a v e cl a q u e l l e c ’ e s t r é a l i s é
3 – P a r t a g e z - v o u sc e t t e a c t i v i t é a v e c v o s p r o c h e s? a v e c v o s ‘ ’ c o l l è g u e s ’ ’ ? o u l ac o n s i d é r e z - v o u s p l u t ô t c o m m eu n j a r d i n s e c r e t q u i v o u s c o u p ed e v o t r e m é t i e r , d e v o t r e q u o t i -d i e n ?
O u i j e f a i s ‘ ’ p r o f i t e r ’ ’ t o u s c e u xq u e j ’ a i m e d e c e q u e j e f a i s
4 - Y v o y e z - v o u s u n r a p p o r ta v e c v o t r e m é t i e r d ’ a r t i s t e ?( d a n s l a p h i l o s o p h i e , d a n s l e ss e n s a t i o n s , d a n s l ’ i n s p i r a t i o n )
O u i c ’ e s t d e l a c r é a t i o n a u s s i
5 - Vo u s a r r i v e -t - i l d e c r é e r , d ec o m p o s e r o ud ’ é c r i r e e n c u i s i -n a n t ?
A n ’ i m p o r t e q u e lm o m e n t . M ê m e e nc u i s i n a n t
6 - Q u e l s s o n tv o s p o i n t s f o r t s ?( m e r c i d e d é c r i r ep o u r l e s n o v i c e s )
L e s s a u c e s , l e sv i n a i g r e t t e s , l e s‘ ’ r é d u c t i o n s ’ ’ , l e sv o l a i l l e s , l e s p o i s -s o n s , l e s c h a m p i -g n o n s
7 - Q u ’ e s t - c e q u e c e t t e a c t i v i t év o u s a p p o r t e d e m a n i è r e g é n é -r a l e ?E l l e m ’ a p a i s e
par Pierre Perret
violon d’ingres
i n t e r r o g a t i o n s é c r i t e s
rencontres
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interviews décryptées
A la veille d'un nouveau départ pour le Japon, lors d'un spec-tacle singulier donné à la Moquette, lieu empreint de rencon-tre et de générosité, Pierre Barouh nous éclaire sur son trian-gle magique, Japon-Québec-Brésil...
Déjà au Brésil, il y a un brassage fantastique, on le sait donc il ya tout un terreau créatif entre la présence africaine qui est là ettout ça, c’est un pays magnifique, la création populaire… La chan-son joue un rôle énorme dans le quotidien, j’y ai vécu des aven-tures magnifiques.Le Québec ce qui me fascine c’est que pour moi les québécoisils sont comme des insulaires finalement cernés par l’océan anglo-saxon, celui de la langue, celui de l’économie donc les mots gar-dent une importance incroyable.Moi il peut m’arriver d’être là-bas dans un bistrot avec 3 potes,de chanter une chanson et d’être obligé de la chanter 3 fois tel-lement ils veulent plonger au cœur des mots et voilà c’est un paysaussi faut réaliser que le Québec c’est une province qui fait 3 fois_ la France et il y a 6 millions d’habitants et quand on se promènedans tout le Québec, c’est absolument incroyable. Et là dans leprolongement de ce que j’évoquais, une qualité d’écoute magni-fique.Quant au Japon, les japonais sont des insulaires…moi je dis tou-jours qu’il y a une mentalité insulaire et je me répète avec ça,mais c’est même pas de l’humour, que les anglais sont toujoursplus anglais qu’on s’y attend. Mais là, c’est une insularité trèsparticulière, parce qu’on a du mal à réaliser que si au point duvue superficie générale c’est plus petit que la France, au pointde vue latitude, ça va du Québec à Cuba, de l’île d’Hokkaïdo aunord aux dernières ïles d’Okinawa qui sont plus bas que Taïwan; au-delà de ça je dis une insularité particulière parce que côtéouest t’as la mer du Japon, Tokyo/Séoul c’est rien, c’est commeParis/Londres mais elle est tellement sauvage que dans leur his-toire ça les a protégés de toute invasion et côté ouest c’est lepacifique à l’infini, essaye de réaliser que Tokyo est aux antipo-des de Santiago du Chili et qu’il y a que le pacifique entre les 2.Donc un état d’isolement vraiment particulier et un ‘état de pro-visoire’ parce que c’est les tremblements de terre, les ras demarée…Donc le rapport au temps contrairement à ce qu’on imagine estavant tout spirituel.Ça les projette vers un présent qui repose sur l’éphémère et versun futur qui n’est pas structuré comme nous.Nous, on a des références spirituelles aussi du passé, beaucoup,mais liées à un confort géographique dont il n’est pas questionde se plaindre, on porte sur notre dos les châteaux de la Loire,c’est très bien…Juste un exemple pour aller vite, il y a des tem-ples shinto qui sont construits selon des règles architecturalesplus que bimillénaires en bois et qui sont volontairement détruitstous les 20 ans et reconstruits selon les mêmes règles, ce quiillustre le non cas de la matérialité et la persistance de la spiri-tualité.Au-delà de tout ça, il y a un abîme qui sépare le Japon de tousles clichés qu’on nous balance constamment dans les médias.
Un élément qui me fascine vraiment c’est l’anachronisme total,je dis toujours ‘ils ont les pieds dans les racines et la tête dans le22ème siècle’ et ça, c’est complètement fascinant.
Ces cultures vous influencent-elles dans votre métier ?Je ne voudrais pas que ça paraisse indécent mais j’ai vécu quede mes passions toute ma vie. J’ai pas de métier, j’ai commencéà écrire à 14/15 ans mais j’ai toujours trop aimé la chanson pourdevenir chanteur donc j’ai jamais eu d’impresario, ni d’agent.Donc je me laisse porter par mes rencontres, si on me provoqueje dis ok, comme ce soir, c’est vraiment ça.Par contre ce qu’il y a d’intéressant, c’est que je reste un peuspectateur par rapport à la France. Par exemple, un auteur à suc-cès, c’était mon cas, qui passe 40 ans de sa vie à la reconnais-sance du talent des autres, en France, c’est suspect. Si j’essaye d’expliquer que c’est par passion, c’est tellement infan-tile qu’il vaut mieux que je m’écrase.Et je suis dans un état d’ambiguïté incroyable par rapport auxmédias. Là, cette année, on va célébrer les 40 ans de Saravah,ok ? Est-ce que j’entends un truc de temps en temps à la radio,que ce soit radio France ou n’importe quoi ?C’est gommé par les médias, mais je ne fais pas de parano, il ya pas d’intention malveillante vis-à-vis de moi mais si tu veux,c’est toute cette démarche qui a créé une ambiguïté qui n’estmême pas analysée en ce qui me concerne.Et justement si je parle du Japon, de Brésil ou du Québec, il y apas d’équivoque, Saravah survit en grande partie par le Japon.Tout ce qui est en France me fait traiter d’utopiste ou marginal.Utopiste, je veux bien mais marginal ça m’énerve vraiment parceque pour moi les marginaux sont inventés par les grands médiasqui ont leurs marginaux comme on a son bon arabe ou son bonjuif et qui cessent de l’être dès que ça marche. Mais là–bas par exemple au Japon ou Québec, Saravah estreconnu comme un mouvement culturel et on survit beaucoupplus par eux que par la France. Pour le moment. Quand je dis queje reste spectateur, depuis quelques temps, c’est en train de bou-ger un peu, il y a des rivières souterraines qui se manifestent,mais ça prend un parfum un peu nécrologique pour tout dire. Jesuis en train de passer du ghetto de l’utopie au mythe.Il y a plein de gens qui commencent à mythifier et moi et mon par-cours alors que je continue à aller faire mon flipper le matin aubistrot et tout ça, quoi…
De quand date cette ambiguïté dans les médias ?Tu sors d’un homme et une femme, tu fais partie d’une famille, tues invité dans les cocktails, on me proposait 5 films par semaineet puis moi avant ça, ça marchait bien mes premiers disques doncqu’est-ce que je fais, j’ouvre la porte à des gens qui symbolisaientla subversion totale à l’époque…Higelin, Brigitte Fontaine, Areski,David Mac Neill, Pierre Akendengué…je suis sensible à la recon-naissance du talent des autres, donc ça, c’est dans ma nature,je sais que ça peut paraître atypique pour un créateur que je suiset demeure. Donc pour moi, c’est tout, j’ai pas prévu de devenirproducteur ou je ne sais pas quoi mais j’ai eu l’opportunité, parles circonstances, de pouvoir ouvrir la porte à des gens pour quipersonne n’allait poser une oreille sur ce qu’ils faisaient et puisbon je l’ai fait et je me suis retrouvé funambule, ça fait 40 ans queça dure…mais je m’amuse bien, hein ?! »propos recueillis par Valérie Bourphoto Didier Boyaud
Pierre Barouh
r e n c o n t r e s
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interviews décryptées
Le MALELA (tu avais oublié le L) : Mouvement pour l'Absorptionde L'Europe par L'Auvergne, dont l'un des buts principaux est d'élar-gir l'usage du sabot de bois à toutes les danses, y compris la danseclassique.Côté mélodie tu ne signes rien et tu laisses des potes à toicomposer sur tes textes. Parmi eux on peut citer l’excellentWally. C’est une amitié qui dure ? On se connaît depuis 18 ans, je crois. A l'époque, il jouait dansWally et Freddy Trio (à quatre) et je tenais un camping où je lesavais fait venir. Puis ils se sont séparés et on a joué ensemble(sketchs et chansons) pendant quelques années. Ca nous arriveencore à l'occasion. Notre spectacle s'appelait : "Faudrait qu'onrépète !"Il y a également dans ce disque un clin d’œil à FrançoisBéranger. Tu regrettes ce temps où la chanson était autrechose qu’un divertissement ? J'ai toujours été fan de la chanson à texte. Je ne regrette aucuntemps. Je trouve qu'il y a encore beaucoup de gens qui cherchentà s'exprimer en chanson (tu ne vas pas me dire le contraire ?) Jeconstate seulement, mais sans amertume (mon prénom estJacques, ça m'a peut-être incité à être fataliste), que le systèmeest à fond la caisse dans le business et que les deux parallèles quesont la qualité et la réussite se croisent de moins en moins, mêmeà l'infini ... euh ... "des questions ?", comme dirait Sarclo, le chan-teur suisse que j'ai oublié de citer dans mes influences, et c'est unegrave erreur car c'est pour moi, actuellement, le meilleur auteurcompositeur interprète francophone (méconnu, comme il se doit,parce qu'il n'est pas doué, mais alors pas doué du tout pour la pros-titution)Après les chroniques d’humour, les one man show, es-tu tentépour faire de la littérature, du cinéma, de la danse ou des tri-ples sauts périlleux arrière?J'ai participé à quelques courts-métrages, mais c'est un métierde rencontres, et je ne cherche pas. De plus, comme j'habite dansun village de 2000 habitants, je trouve rarement des producteurspar hasard au bistrot du coin.Pour la littérature, j'ai un roman (noir, qui se passe dans le milieude la télé) sur le feu mais pas le temps, car ce n'est pas commedes sketchs ou des chansons, il faut s'y tenir plusieurs jours sinontu es obligé de tout relire et c'est galère.La danse, je commence bientôt. Quant aux triples sauts arrière, jem'en méfie. J'ai un peu fréquenté le show biz, et bien que je n'airien contre les systèmes auto-reverse, en ce qui me concerne,quand je saute, j'aime autant rester de face.Tu reviens quand sur France Inter ?Dès que la direction choisit de remplacer les comiques par deshumoristes (il en reste quelques uns, comme Didier Porte, mais ilsne sont plus très nombreux). La maison ronde me manque, mêmesi j'en fais tous les vendredis (quand je ne joue pas) sur FranceBleu Pays d'Auvergne. J'ai toujours écouté Inter, que je continueà considérer comme de la famille, même si elle m'a laissé sur l'au-toroute à Montélimar. J'en profite pour leur rappeler mon mail. C'[email protected]. Ils peuvent aussi me laisser un message surmon site http://www.chraz.com C'est quand ils veulent ! Tes projets pour l’avenir ? Rester vivant jusqu'à demain matin si possible. Et ça me paraîtdéjà assez ambitieux.Fromage ou dessert ?Fromage.
Bonjour Chraz ! Tu sors ton deuxième album de chansons àta sauce humoristique. Depuis toujours la chanson est quel-que chose qui te titille. Dans tes chroniques pour France Intertu en parlais souvent et tes spectacles humoristiques se ter-minaient souvent en chanson. Quel rapport as-tu avec elle ?J'ai de bien meilleurs rapports avec elle qu'elle n'en a avec moi. Jevois ça comme une autre façon marrante de militer contre toutesles rigidités et les conneries que les intégrismes tentent de nousimposer (pas seulement les intégrismes religieux, mais aussi lespolitiques, les économiques, etc...), mais de façon plus légèrequ'avec des sketchs, grâce à la musique, qui sert de vaseline.Quelles sont tes influences et tes préférences en la matière ?J'ai aimé et j'aime beaucoup de chanteurs, de la chanson à texteau rock, d'Higelin à Bob Dylan en passant par Béranger, lesWriggles, les Stones, les Joyeux Urbains, les Who, LouisDeprestige (resté inconnu, malheureusement, mais qui m'a mar-qué), Richard Desjardins, Alain Leprest, Gilbert Laffaille, LéonardCohen, Ange, Brassens, Bruce Springsteen, etc, et tellement d'au-tres que je vais regretter d'avoir zappés. Apparté : j'ai redécouvertClarika sur scène récemment (j'adore sa légèreté apparente). Maisfranchement, pour les influences, je ne sais pas trop, parce quele chanteur que j'ai le plus écouté, c'est Gérard Manset, et on nepeut pas dire que ce soit un rigolo ... En y réfléchissant, ce seraitpeut-être Boris Vian. C'est en tout cas les premières lignes de"l'écume des jours" qui m'ont donné envie d'écrire mes premierstextes.Es-tu un chanteur rigolo ou un rigolo qui chante ?Ni l'un ni l'autre. Je suis trop fainéant et sans doute trop lâche pourêtre militant, alors je me cache derrière l'humour, avec ou sansmusique, pour dire ce que je pense en prenant moins de risquesque face à un cordon de CRS ... quoique j'ai quand même eu deuxprocès et quelques menaces pour des propos mal interprétés (etdéformés).Où as-tu trouvé tes arrangeurs et tes musiciens ? Beaucoup de musiques sont faites par Wally, qui est un copain (uncomplice !) de longue date. Sinon c'est par le hasard des rencon-tres. Pour Philippe Faurie, avec lequel le spectacle "Chantons sousla pluie ... de bombes" tourne, c'est pareil. On se connaît depuislongtemps. J'aime bien les gens simples, qui ne posent pas desproblèmes inutiles, qui s'adaptent facilement et ne se prennent pasla tête. Avec Philippe, on arrive, on se branche, on fait trois essaisde micro et c'est parti ! Pour les arrangements, vu le budget nul enautoproduction, ça s'arrange bien un peu tout seul.Tu joues d’un instrument ?Je fais semblant de jouer de l'harmonica (trois ou quatre notes) et,coïncidence, j'ai pris aujourd'hui mon premier cours d'accordéon(pas pour savoir bien jouer, juste pour tenter de frimer sur un oudeux morceaux)Ton disque est produit par le MALEA mais c’est quoi le MALEA? La mafia auvergnate ?
Chraz
r e n c o n t r e
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interview décryptée
Si vous avez eu la chance d’entendre et de voir en concertRomane, Angelo Debarre, Birel i Lagrene, Patr ick Saussois,Babik Reinhardt, Christophe Larti l leux, toute la f ine f leur dela guitare jazz-manouche, vous avez sûrement aperçu PhilippeDoudou Cui l ler ier, un de ces indispensables music iens quisavent porter le soliste vers des improvisations fulgurantes.Il faut assurer le soutien rythmique sans hypothéquer la libertédu ‘ leader ’ et dans cette discipl ine les classes se font obl i -gato i rement par quelques années de ‘pompe’ , par uneconnaissance approfondie de l ’accompagnement, qui n’estpas seulement un exercice de rythmicien.Devenu un des compagnons favor is de ces hér i t iers deDjango, Doudou Cui l ler ier a vu ‘qu’ i l n ’éta i t pas tout-à- fa i tBireli Lagrène ou Saussois…’ Modestie ? peut-être à la façonde Joseph Reinhardt, et plutôt que chercher à être un Romane-bis, i l a mis en avant un de ses atouts, les chansons-récréa-t ions... Les concerts jazz sont souvent découpés en 3 setspour donner une pause au publ ic, un autre moyen étant deconfier à Doudou une pause chanson… Un peu à la manièrede Salvador au temps des Collégiens de Ray Ventura, ou deCab Calloway, faire un intermède mi-cartoon mi-délire en scatenragé, et toujours en swing funambulesque. De ces momentsglissés en cl in d’oeil , naît Doudou Swing, un groupe qui faitpenser aux rencontres ludiques entre Jean Sablon et Django,où, d’une chanson assez f leur bleue que Sablon interprèteavec sérieux, la guitare de Django fait un petit chef d’oeuvred’humour, avec une broderie musicale gentiment ironique, etle tout dans un swing impeccable…La jo ie de v ivre de cesdeux-là est formidablement communicative. Et c’est ce qu’on retrouve dans le groupe Doudou Swing, lesens du jeu, dans tous les sens du terme, jouer de la bonnemusique, jouer avec le public, se faire plaisir et faire plaisir.Pas besoin d ’êt re un expert de ceci ou cela, on at t rape letempo, ça décomplexe et on en ressort épanoui , genre labanane du ravi de la crèche, et même pas honte.Phil ippe "Doudou" Cuil lerier ‘ . . . j ’ai commencé à faire de lamusique très tôt, vers 7 ans, avec mon père qui jouait dansles fanfares. . . c ’est t rès formateur, d ’abord parce qu’onappend à jouer en groupe, c ’est toujours une fête, ensui teon apprend à marcher au pas, à prendre le rythme, ou à mar-cher à contretemps, et à faire des broderies ce qui est de l’ im-provisat ion. . . je voyais mon père encadrer la fanfare, a l lerdevant, derrière, soutenir, faire des variations, et nous les jeu-nes, on faisai t parei l , on nous disai t , les autres musiciens,joue la partition, mais on brodait... ça m’a donné le goût d’unemusique festive, à partager, ensuite, toujours dans cette opti-que, j’ai eu envie de chanter, je me suis mis à la guitare, avecla base solfège, fanfare, j ’ai travail lé sérieusement (faire leschoses sér ieusement sans se prendre au sér ieux) et c ’estgrâce à Brassens que j ’ai vraiment appris la guitare, ensuiteavec Dadi et le picking, mais Brassens, c’est une base de for-mation exigeante, i l y a de ces accords d’une richesse harmo-nique incroyable....
Rolling Stones ou Beatles ? Rolling Stones Buster Keaton ou Charlie Chaplin ? ET Véronique ou Davina ? Davinique Pit ou Rik ? Connais pas, sorry ! Mais surtout : Font ou Val ? J'ai eu une longue période Font ET Val, puis une période Font, maisVal me surprend toujours dans ses éditos de Charlie, même si je nesuis pas toujours d'accord. J'ai moins aimé sa façon (apparente) deréagir en chef d'entreprise à l'affaire de Patrick, bien qu'en coulisse,il me semble que ce soit moins manichéen que ça en a l'air (je croisque tu as une chanson sur les apparences trompeuses, je me trompe?). Par contre, pour les chansons, incontestablement (pour moi),Patrick est plus drôle!Et sinon c'est quoi ton conseil pour aimer la vie ?Je ne suis pas assez prétentieux (ou trop ?) pour me permettre dedonner des conseils. Je peux seulement m'en donner à moi, bien quece soit plus instinctif que réfléchi :- Ne pas oublier que tout ce bazar est provisoire. Pour faire une com-paraison pratique, tu as peut-être remarqué que quand on croit quesa femme va se barrer, on l'aime plus que quand on pense qu'elle estlà pour toujours ?- Sois aussi respectueux envers les gens qui ne pourront jamais teservir à rien qu'envers les autres.- Attends toi au pire, tu ne seras jamais déçu (c'est dur, mais bon !)- Quand quelque chose ou quelqu'un t'emmerde, si tu en as la pos-sibilité : fuis, sauve toi, va voir ailleurs !- Tente de ne jamais agir de façon à avoir trop honte de toi-même,etc etc. - N'oublie pas que tu aurais pu devenir plus riche si tu avais su renon-cer à une partie de ton intégrité, mais n'oublie pas non plus que situ étais devenu plus riche, aujourd'hui tu ne serais peut-être plus toutà fait toi-même.- Fais le maximum pour ce que tu peux changer. Laisse tomber cepour quoi c'est impossible et utilise ton énergie ailleurs (exemple :plutôt que de râler parce qu'il pleut, cours te mettre à l'abri)- Prends les problèmes un par un. Tous ensemble, ils te paraîtrontinsurmontables.Etc etc etc etc etc, plein de trucs comme ça ou dans le genre, plusquelques autres machins simples, pour ne pas dire simplistes, commeêtre sympa avec les caissières, sourire à l'abruti qui te double engueulant, donner un pourboire au serveur qui te fait la gueule en luidisant "Merci beaucoup, j'ai passé un moment merveilleux", etc. Nepas oublier les conseils de Georges "Gloire à celui qui, n'ayant pasd'idéal sacro saint, se borne à ne pas trop emmerder ses voisins". ... Enfin : essaye tout ça. Et si tu ne t'en sors pas et si tu décides dete suicider, d'une balle dans la tête par exemple, n'oublie pas de net-toyer après.Propos recueilli par Eric Miewww.chraz.com
Doudou swing
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I l y avai t beaucoup de chanson f rançaise à la maison,Brassens, puis Montand que j ’ai beaucoup écouté... ensuite,j ’a i découvert Django, Char l ie Parker, c ’est monstrueuxDjango... j’ai beaucoup voyagé en Allemagne, avec les manou-ches allemands qui sont restés proches des traditions de l’Est,des musiques tziganes, les czardas... et c’est avec eux quej’ai perfectionné l ’accent manouche, je me suis fait une sortede yaourt-manouche, et au fur et à mesure, j ’apprenais lesmots, le bon accent...(et même les recettes traditionnelles, voir Latcho raben, pour2/3 personnes... vin à volonté)Le groupe Doudou Swing est composé de Victorine Martin gui-tare (une des très rares femmes, voire la seule dans ce styleà ce niveau, elle joue avec Raphaël Fays, Patrick Saussois...elle est actuellement en tournée africaine et nous vous la pré-senterons prochainement NDLA)et Antonio Licusati contrebasse, vieux compagnon des routesmusicales de Latcho Drom, Angelo Debarre, Max Robin, BiréliLagrène....Ce sont des gens de scène du genre rompus à tous les gen-
res, c’est comme la formation balloche, savoir jouer partout,pour tous les publics, du club de jazz sélect au bistrot du coin,ou dans la rue, savoir s’adapter et prendre le publ ic, savoirimproviser et faire un jeu de tout. On fait le métier, mais onessaye de le faire en se marrant le plus possible, et c’est cequi accroche des auditoires très divers, d’âge et de culture.I l y a plusieurs projets en cours d’élaborat ion, axés vers ladécouverte, la vulgar isat ion de cet te musique popula i re,concerts Jeunesses Musicales de France et une comédiemusicale ludique et didactique, ‘Mr Django et Mlle Swing’, i ls’avère que les enfants sont extrêmement réceptifs au réper-toire de Doudou Swing, répertoire dont on ne peut pas direque les grands médias fassent la promotion intensive... Cequi montre que malgré les efforts de certains di f fuseurs, lepublic n’est pas si bête que ça.Et Doudou Swing Cuillerier travaille à un nouvel album, musi-ques or iginales sur des textes retrouvés, entre courr iers etjournal intime, écrits en 1910 par un fusillier-marin Ange-MarieGrézil, embarqué sur le ‘Jules Ferry’, et disparu sur ce mêmebateau en 1914 pendant la guerre de Crimée. Recueil de chan-sons d'amour, d’humour, chansons tr istes, chansons grivoi-ses à l 'ancienne, aux jeux d’écr i ture habi les, qui vont vivreaprès un siècle de silence... Projet original qui montre que Doudou Swing ne reste pas lemême sil lon, et explore les chemins de traverse, les sentiersinattendus, en quête de cette petite f leur amicale qu’on aimegarder entre les pages d’un bouquin famil ier, comme un petitcoquelicot ou un myosotis, forget me not, mon frère.. et lat-cho drom.Norbert Gabriel www.doudouswing.com
Avec Col lect ion part icul ière, François Morel donne unspectacle de chanson au théâtre du Rond-Point jusqu’au22 avri l…I ls sont 2 sur scène, Reinhardt Wagner, le pianiste , etlui-même…mais on se demande parfois si en réalité, i lsne sont pas plutôt 3, avec Jean-Michel Ribes, le metteuren scène, dont la présence est très marquée…Quelquessemaines après les débuts de ce récital , François Morelraconte la découverte des sensations de l ’ interprète quia toujours aimé la chanson sans jamais osé chanter…FM : Que l rappor t j ’ a i avec la chanson ? Comme tou t lemonde, d ’abord. Tout le monde a des souvenirs l iés à deschansons, une époque souvent c’est une chanson, un amour,c’est une chanson, une amitié, c’est souvent en rapport avecdes chansons donc les chansons nous accompagnent et per-sonnellement, j ’ai l ’ impression d’avoir appris à l ire et à écrireavec certa ins auteurs de chansons que j ’a imais beaucoupquand j ’ava is 15 ans ou même un peu p lus jeune, commeBrassens ou Moustaki . Moustaki pour moi, c ’étai t l ’hommel ib re fo rmidab le qu i par la i t de fa i re l ’amour, du temps devivre, c ’étai t une phi losophie que j ’a imais beaucoup, peut-ê t re que j ’a ime tou jours b ien d ’a i l leurs . Brassens, c ’é ta i tle goût pour les mots, i l m’a semblé être le grand humoristede la chanson, g rand au teur de chanson, comme tou t lemonde le sai t mais par Brassens aussi je me suis d i t « aht iens, Marcel Aymé, ça vaut peut-être le coup de le l i re, ouJules Renard, c ’étai t aussi une ouverture sur plein de cho-ses. Et puis j ’ai continué à en écouter, j ’ai du faire des chan-sons très désespérées quand j ’avais 15/16 ans, t rès dépr i -mantes, e t que je ne chanta is pas parce que je ne sava ispas jouer de la guitare et que quand même à l ’époque le pluss imple, c ’est de s ’accompagner à la gui tare et j ’avais pasd’ interprète pour le fa i re donc je suis devenu plutôt comé-dien et puis souvent dans les soirées les gens me disent «d is donc, tu connais p le in de t rucs par cœur ! »…ce n ’estpas que je les sais par cœur mais quand on les chante, f ina-lement, les paroles me viennent assez faci lement parce queje les a i beaucoup écoutées…Rappor t avec la chanson ?Jul iet te qui me demande de faire un duo avec el le…VincentDelerm qui m’envoie une K7 quand i l a 22 ans que je décou-vre, que j ’adore, que j ’essaie de défendre…et voilà, la chan-son qui cont inue…VB : Quel est le f i l conducteur de ce spectacle ?FM : Moi j ’avais envie de faire un réci ta l , c 'est-à-dire pou-voir fa ire un réci tal obl ique avec des chansons qui puissentê t re de s ty les d i f fé rents , des drô les , des pas drô les , dessentimentales, des méchantes, des r igolotes, enfin des tonsext rêmement d ivers , e t j ’ava is env ie auss i que ce so i t duthéât re e t qu ’ i l y a i t la d is tance de l ’humour e t du théât reet c’est ce que m’a apporté Jean-Michel Ribes…on s’est ren-dus compte, parce que au départ je ne savais pas exacte-ment ce que je voulais fa i re, je voulais à la fo is du théâtre
François Morel
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et de la chanson…c’était di f f ic i le de mettre des monologueslà-dedans parce que ça correspondait pas, le pianiste al la i ts ’ennuyer au moment où j ’a l la is me met t re à par le r doncf inalement, ça s ’est construi t autour des relat ions entre lepianiste et le chanteur. J ’avais un peu en tête les relat ionsde Bob Caste l la e t d ’Yves Montand dans « la so l i tude duchanteur de fond » de Chris Marker, i ls avaient des rapportsext rêmement conf l ic tue ls e t je me su is d i t que ça pouvai têtre une piste formidable et ce que Jean-Michel a écr i t et adéveloppé, le chanteur étant tout sour i re pour son publ ic etune vraie teigne avec son pianiste c 'est-à-dire comme dansla vraie v ie quoi…Quand on voi t le spectacle, i l y a plein de références à deschanteurs , même qu i son t c i tés…comme Bourv i l ,Nougaro…il y a Barbara qui est évoquée à un moment donnéjuste par la main qui s’élève vers le ciel donc tous ces gens-là m’ont inspiré. C’est aussi un peu comme un hommage ten-dre et iconoclaste à la chanson et aux chanteurs qui m’ontfai t voyager…VB : Où est le plaisir de l ’ interprète ?FM : J ’a i écr i t i l y a 2 ans un spectacle pour Nora Kr ief , eti l y a une chanson qui est écri te au féminin que Nora n’a paschantée parce que ça n ’ent ra i t pas dans son spectac le e tf inalement je l ’a i pr ise et je l ’ interprète et pour moi je n’au-ra is pas osé écr i re quelque chose comme ça et ça me fa i ten même temps t rès p la is i r parce que justement i l y a deschansons comme ça qui sont comme des chansons de comé-dien…quand Char les Aznavour chante « Comme i ls d isent», on ne se demande pas s ’ i l est homosexuel ou pas et cen’est pas la quest ion et je t rouve que c’est ça aussi le plai -s i r d ’êt re chanteur quand on est comédien, c ’est tout d ’uncoup se mettre dans la peau de quelqu’un d’autre et se dire« t iens, aujourd ’hui je su is une grande star du théâtre quiva faire ses adieux » ou je ne sais pas…c’est s’amuser avectous ces codes- là.VB : Plus le spectacle avance, plus les chansons vousressemblent…FM : Là , Jean-Miche l R ibes a é té ex t rêmement impor tantpour moi, i l m’a di t « t iens, on pourrai t commencer par cettechanson- là , e t après tu peux fa i re ce l le- là , moi je n ’ava isaucune idée de l ’ordre des chansons, j ’aurais pas su com-poser moi -même un réc i ta l de chansons…donc je ne sa ispas ce qu’i l avait derrière la tête, en tout cas, ça me va bien,c’est à dire que ça commence de façon assez classique entout cas, un type en costard derr ière un micro qui se met àchanter, ça permet d’ inquiéter un peu le monde, on se di t «s i ça dure une heure _ comme ça, ça r isque d ’ê t re long »et puis juste après i l y a du théâtre, on se di t « ah, i l va bou-ger donc ça va al ler, on est rassuré »…et puis c’est vrai queça va plutôt vers quelque chose de plus int imiste, oui c ’estvrai , je m’en rends compte parce que vous me le dî tes…DB : Que gardez-vous de 10 ans de t rava i l avecDeschamps?FM : Sans doute ce qui est le plus important pour moi, c ’estde dire que le publ ic est extrêmement intel l igent et que i l aà t rava i l le r auss i pendant un spectac le , c 'es t -à -d i re qu ’ i lappor te auss i des choses à lu i e t on n ’es t pas ob l igés detout lu i d i re, i l fa i t aussi le l ien entre les choses et dans unspectac le , ce qu i est beau, c ’est ce qu ’on montre e t c ’est
Mes rencontres avec Henri Salvador
Première rencontre avec Henri SalvadorJe chante mes chansons à l’Olympia en première partie d’ElieSemoun et, à l’entracte, on me dit que Monsieur Henri Salvadorest là et qu’il veut me saluer. A ce moment-là, j’ai la sensationsoudaine d’être un catholique à qui on va présenter le Pape (ouun bouddhiste à qui on va présenter bouddha bref… j’ai les jam-bes qui tremblent !). Il vient vers moi, me félicite et me donnequelques conseils sur ma présentation. Nous échangeons encorequelques phrases, puis il termine en me lâchant en pleine gueuleson (fameux !) rire, rien que pour moi. Je suis comblé, j’ai rencontré le personnage
Rencontre suivante avec Henri SalvadorNous déjeunons ensemble pour travailler sur une de ses chan-sons. Je suis à la fois acteur et témoin du bonheur d’être là aveclui pour travailler. Il est passionné, et enthousiaste. Je m’étonnede son énergie… Je l’écoute me parler de Boris Vian, de QuincyJones, de toutes ses chansons qui m’ont donné envie de faire cemétier… Nous mangeons thaïlandais, c’est très bon, je digèremal, mais je suis comblé, j’ai rencontré l’artiste
Autre rencontre avec Henri SalvadorNous nous retrouvons dans le studio où j’enregistre mon album.Nous passons l’après-midi ensemble, à parler, à travailler et sur-tout nous chantons des bossas. Extasiés tous les deux par leBrésil, je découvre alors la sensibilité qu’il y a en lui. Je suis comblé, j’ai rencontré l’homme.
photo : Lionel MartinezRemerciements à Henri Salvador
r e n c o n t r e
Henri Salvador parEmmanuel Donzella
la barbichette
auss i ce qu ’on dev ine , ce que le pub l i c reconnaî t de lu i -même et comment à t ravers ces chansons- là, i l se raconteà lu i -même…Avant d ’avo i r t rava i l lé avec Deschamps, jepense que j ’avais moins confiance justement peut-être dansl’ intel l igence du spectateur, dans sa sensibi l i té et je me sen-ta is p lus ob l igé de sou l igner les choses…là, je me rendscompte que p le in p le in de choses passent à t ravers quel -ques fois r ien, juste un si lence, une respirat ion, une façonde tourner la tê te e t pu is s i des gens son t d ’accord pours’embarquer avec moi et qu’ i ls comprennent tous et mêmepeut-être i ls comprennent des choses que je savais pas quej ’avais mises dans ce spectacle. . .propos recueil l is par Valérie Bour et Didier Boyaudphoto Didier Boyaud
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insolite
Parmi les artistes qui font de leur vie un kaléidoscope aux éclatsinattendus, Claire Diterzi brille d'un éclat particulier. Elle appa-raît sur la scène francophone avec un groupe de rock "Forguettemi note" (9 ans et plus de 600 concerts), groupe qui splite endeux entités distinctes. Mais the show must go on, autre cheminavec Claire Touzi Dit Terzi, puis le trio Dit Terzi, puis une aven-ture hors piste chanson, théâtre avec le metteur en scène AlexisArmengol et avec Philippe Découflé en 2003, puis retour de ClaireDiterzi en 2005/2006, avec un album, une musique de film...Chemin d'artiste qui déconcerte parfois le public et les médiastrop enclins à sérier et classer en catégories simplifiées. Maisla vie d'artiste n'est pas simple, la création est multiple quandil ne s'agit pas d'exploiter un filon jusqu'à l'épuisement...
Déjà, en 1998, l'album "Dit Terzi" est considéré comme un OVNIinclassable, invendable :« .. Pendant longtemps, en groupe, on balance des bombes et on
rigole de l'effet produit... Aujourd'hui, j'ai envie de déposer des bom-bes, en faisant attention de ne faire mal à personne... J'ai plus envie de poser les choses...au cinéma ou dans la peinture,c'est cette maîtrise qui me touche car elle permet de tout dire, c'estça, l'intensité.»(extrait de l'entretien avec Marc Sapolin, Standards mai 2000)
En 2006, voici " BOUCLE " pour se retrouver - retrouver l'expres-sion chanson, avec intensité et simplicité, et enrichie de détoursthéâtre, danse, musique de film..."... d'abord, l'expérience théâtrale...j'ai composé la musique d'unepièce, IKU d'Alexis Armengol auteur et metteur en scène, c'est monmari... après il y a eu Decouflé et IRIS en 2003, on a tourné jusqu'en2005 avec ce spectacle... Philippe Decouflé m'avait vue en concertil y a au moins 5 ans... à la Villette, pour les 50 ans de Télérama... ilm'a écrit…et je suis en train de faire la musique d'un film, d'AnneFeinsilber... elle m'avait vue dans IRIS, et elle m'a appelée…le filmc'est " Requiem pour Billy The Kid"...ce sont des gens qui me voientsur scène, et qui m'appellent...Les milieux artistiques sont très compartimentés en France, je suisun peu une extra terrestre, je suis venue du rock pour aller au théâ-tre, puis à la danse, puis la musique de film... les programmateursont du mal à me situer...
NG :Nougaro a dit : "je ne veux pas être défini comme un arti-san, un artisan connaît à fond les techniques pour refaire lamême chose, moi je ne fais pas toujours la même chose, je nesuis pas un artisan"CDT : .. je ne suis pas tout à fait d'accord…peintre, tu deviens bonquand tu as une technique affirmée, personnelle... des impression-nistes aux cubistes, les collages des dadaïstes, ou Pierre Soulagesavec ses noirs, ses grattages, je trouve que c'est aussi un travail d'artisan...l'artisan a un savoir faire qu'il reproduit, il a moins ce soucide technique mêlée à l'art, mais c'est indissociable, c'est ce qui faitles bons artisans ... en variété on n'a pas ça, c'est un moule uniforme,la variété, ce qui les intéresse c'est de reproduire ce qui marche lemieux.... elles chantent toutes pareil, les nanas, ça me déprime...la recherche d'une technique adaptée à ses idées, c'est la base... jeviens d'une famille d'ouvriers, de manuels, et le rapport à un instru-
ment c'est de l'artisanat, on développe une technique, et quand onest artiste, on exprime une sensibilité, on va inventer des choses…deschansons des tableaux des films, des musiques…NG : Avec une façon de jouer de la guitare très particulière... CDT :"... ma technique, ah... C'est comme le vin, il faut du temps...j'ai commencé par la guitare électrique, puis je suis revenue à uneréplique Selmer cordes nylon... je joue un peu comme un luth, j'airéinventé les doigtés à partir d'un accordage open…c'est une façonde jouer que je pourrais pas apprendre à qui que ce soit…mes cor-des sont détendues, je ne peux pas expliquer vraiment... c'est macuisine ....j'ai mis du temps... et c'est ce qui fait la richesse de mamusique... c'est important d'avoir un son particulier... ça ne m'inté-resse pas de jouer comme tout le monde, c'est une sorte de plagiat...dans les métiers qu'on fait, le but du jeu, c'est d'inventer... de fairesa bulle à soi... »NG : Comment voyez-vous le public qui vous suit ?CDT : « ...je n'ai pas de public précis…pour le moment, le fait d'avoirfait pas mal de choses, du rock, de la danse, de Chaillot à L'Européen,impose un vrai travail : rassembler tout ce public, il faut que j'aille àlui, faire venir le public de la danse à la chanson etréciproquement...J'ai un projet de concert chanson à Chaillot en2007... Dans le cas d'une carrière atypique comme la mienne, c'esttrès riche, il y a beaucoup de gens... IRIS le spectacle de Decoufléa été vu par 100 000 personnes... c'est une richesse cette diversité,mais ça prend du temps... le public est très large, il y a des gens àcheveux blancs, des gens de 18 ans, de 35 ans, c'est un publiccurieux... chez Decouflé, c'est très familial, alors qu'en concert il n'ya pas beaucoup d'enfants... NG : Votre avis sur un sondage récent " votre chanson préféréesur la femme "... la plus citée étant "femmes je vous aime", laseconde "être une femme" ?CDT : « j'aurais pas été crétine au point de citer un titre de chansonavec femme dedans…je me pencherais plutôt sur un projet global...je penserais à quelque chose de plus général , à l'univers deDominique A qui parle bien de la femme et de la place de l'amour...Madame rêve, j'aime beaucoup... Ne me quitte pas, de Brel, c'est unedes plus belles... » NG : Votre Coup de coeur ce 3 mars 2006 ? CDT : ¶\ C'est Pepping Tom, spectacle de danse d'une compagnieflamande, et un album Coco Rosie un duo de deux soeur américai-nes, ça tourne en boucle à la maison, c'est un film, aussi " le secretde Brokeback mountain ", les deux cow-boys homos... » NG : et un coup de gueule ? CDT : ¶\ Pourquoi il n'y a pas de place pour les projets comme moi,dans les grands médias ? Pourquoi on fabrique de faux chanteurs,la Star Academy pour moi c'est épouvantable…NG : Si vous deviez donner un coup de projecteur ou un coup dechapeau à un projet, un spectacle ?CDT : « ...les spectacles "Théâtre à Cru" d'Alexis Armengol comme"Sept fois dans ta bouche " Avignon en 2005, pièce sur la parole) et" I'm sorry" ... c'est un théâtre très divertissant, très fort, ça parle del'amour, du bonheur…je n'allais jamais au théâtre, trop statique, priseen otage dans un fauteuil... La pièce IKU m'a donné envie de reprendre la guitare électrique quej'avais laissée depuis longtemps, et puis jouer en scène , avec uncomédien, jouer sur son texte, c'est très agréable, très jouissif, c'estcomme la danse, j'ai beaucoup appris au contact des danseurs... » Après le café de la Danse en Février, Claire Diterzi sera àl'Européen le 5 Avril, mais c'est complet. Patientez jusqu’au 29/30Avril, à la Cité de la Musique, et pensez à réserver. En attendant,consolez-vous avec l'album "Boucles" (dont on vous a parlé dansle numéro précédent) attendez patiemment "Requiem pour Billythe Kid" en fin 2006, et surveillez les annonces de concert. Norbert Gabriel
Claire Diterzi
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reportage
Portrait :Jeune étudiant, Gerd Heger fait sa maîtrisede lettres à Mannheim sur « l’univers deSerge Gainsbourg comme microcosme de lavie urbaine du 20ème siècle ».A 46 ans, il est devenu une référence, l’homme de la situation,lorsqu’il s’agit de Serge Gainsbourg bien sûr (il est le traduc-teur officiel en allemand), lorsqu’il s’agit de chanson franco-phone en Allemagne et parfois même en France ! Sur la radiosarroise, il anime notamment la seule émission hebdomadairede chanson française (‘Rendez-vous chanson’ : tous styles,toutes générations, dimanche de 21h à 22h) en Allemagnealors qu’il y a 30 ans, chaque radio allemande avait son émis-sion de chanson française…Dans leur base de données musicales sont référencés environ43 000 titres français dont un nombre important de morceauxinédits en France puisque enregistrés spécialement àSarrebruck.Il diffuse en intégralité les concerts des soirées Bistrot musique(cf interview de Susanne Wachs) sur SR2, qui étant une radiotransfrontalière, touche le public lorrain, luxembourgeois etsarrois (zone de diffusion : Vosges - Metz – Nancy -Luxembourg - Trèves – Kaiserlautern…et sur internet…).A côté de ça, il fait également des portraits pour le servicepublic, des chroniques sur les nouveautés, des émissions encollaboration avec France Bleu Lorraine Nord…Selon lui, « Sarrebruck est la capitale clandestine de la chan-son française en Allemagne ».Son dernier coup de cœur serait Anaïs et son cheap show…etil attend avec impatience de revoir Marie-Jo Thério àSarrebruck !Tous les dimanches, il finit son émission par ces mots :« Merci de votre curiosité ».
A écouter sur www.sr2.de/webradiohttp://www.sr-online.de/musiquehttp://www.sr2.de/rendezvous-chanson
Interview :Susanne Wachs a créé sa propre société SFG, « sans fron-tières-grezenlos », en 1998. De quoi s’agit-il ?Grezenlos étant la traduction allemande de Sans Frontières, çaveut dire surtout que pour la musique, il n’y a pas de frontières.Je travaille à transporter la culture d’un pays à l’autre, à traversles médias, les spectacles, les conférences à l’université…cequi marche paradoxalement dans le sens France-Allemagnemais pas l’inverse ! En France, c’est difficile de faire marcherun chanteur allemand…à part Nena et les Luftballons, NinaHagen, Falco avec ‘der kommissar’ ou Camillo avec ‘sagwarum’, il y a très très longtemps…aujourd’hui, il y a bienSchnappi, ‘das kleine krokodil’ mais c’est affreux, ce n’est pasdu tout représentatif ! J’aimerais être une ambassadrice de la
chanson et de la culture française enAllemagne, faire connaître des gens en dehorsde Charles Aznavour, Gilbert Bécaud, JulietteGréco, Edith Piaf, Mireille Mathieu…
Quelles sont vos actions concrètes ?Depuis 10 ans, nous organisons des Bistrotmusique, spectacles de chanson française àSarrebruck, avec et pour la radio sarroise. Lebureau export paie les frais de voyages et lesrepas des artistes. Un hôtel 4 étoiles prend en
charge toutes les chambres et la radio met à disposition lasalle et la technique.Les artistes qui viennent acceptent de ne pas toucher decachet. En revanche, ils repartent avec un enregistrement deleur prestation, ils peuvent assister au mixage et après un petitcontrat avec la radio, dérisoire par rapport au prix d’un studiomobile, ils ont la possibilité de sortir un album live ! C’était lecas de Romain Didier, Le Petit Jézu, Francis Lemarque, Kent,Jacques Haurogné, Jean-Pierre Réginal, Mouron…par exem-ple. Parfois, c’est la maison de disque allemande qui a proposédes concerts, dans le cadre de la promotion d’Isabelle Boulayou Coralie Clément par exemple… Les concerts sont diffusésen intégralité par Gerd Heger sur la radio sarroise. Les artistesarrivent toujours la veille, on fait une soirée « fête des amis »où un artiste de la région fait de la musique pour celui qui seproduira le lendemain…en général, à la fin, tout le mondechante ensemble ! Le lendemain, on leur propose une petitevisite guidée avant les balances. Il y a toujours un apéritif pourles spectateurs, une troupe de théâtre qui fait des animations…Sinon, je programme aussi au casino de Sarrebruck. A l’ouver-ture de cette salle, ça ne marchait pas très fort, sans douteparce que les gens craignaient que ce soit trop chic. Alors lesgérants nous ont demandé d’y organiser des Bistrot musiqueBel étage, comme un label de qualité, pour que le lieu devienneplus populaire…du coup, ce n’est plus pour la radio et les artis-tes sont payés.Pour les 10 ans de Bistrot musique, on va faire un hommage àFrancis Lemarque qui a enregistré son dernier album cheznous et qui est une des rencontres les plus importantes de mavie personnelle aussi. On a invité une dizaine d’artistes, en for-mule légère, qui se sentent proches de Lemarque, commeEnzo Enzo, Jacques Haurogné ou FrançoiseKucheïda…D’abord, en 1ère partie, chacun chantera une chan-son de son propre répertoire puis après l’entracte, chacunreprendra une chanson de Lemarque à sa façon. J’ai l’idéedans la tête de faire diffuser des photos et des extraits d’inter-views synchronisées en allemand de Lemarque pour qu’il soitencore plus présent.
La ChansonFrançaise enAllemagne
décryptage
Il était une fois l’histoire d’une poignée d’allemands, parmi eux SusanneWachs et Gerd Heger, follement épris de chanson française. Contre touteattente, ils se mirent en tête de partager cette passion avec leurs compatrio-tes et cela de diverses manières : en la diffusant dans les médias, en organi-sant concerts et festivals ou encore en l’utilisant comme outil pédagogiquedans les écoles. La musique est un langage universel mais ce n’est pas sisimple. Le doigt dans l’œil s’est penché sur le travail accompli par Susanneet Gerd. Ce serait réducteur de dire qu’elle est sensible aux chanteurs et luidavantage sous le charme des chanteuses, qu’elle aime plutôt la chansonet lui, la pop. Mais ce qui est certain, c’est qu’ils sont complémentaires dansleurs goûts et dans leurs activités étroitement liées.
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reportage
Comment vous est venu cet amour de la chanson fran-çaise?J’avais 13/14 ans quand j’ai commencé à écouter de la chan-son française…je ne comprenais pas grand-chose…j’apprenaisun peu la langue à l’école et j’étais en vacances chez ma cor-respondante en Haute-Marne…et il y avait les jeunes du villagequi chantaient à la guitare en 78 du Brel, Le forestier…et je mesuis dit « c’est magnifique ! ». A cette époque-là, il n’y avait pasde chanson française en Allemagne, on entendait uniquementde la très mauvaise variété,…alors en rentrant j’ai tout fait pourapprendre la langue, acheter des disques…Brassens, je necomprenais rien ! Moustaki, il chantait très lentement, c’étaitparfait ! et j’avais aussi ma maman qui com-prenait le français…et puis il y avait uneémission à la radio sarroise qui s’appelait «Chansons de Paris » animée par un autri-chien qui, suite à ses activités dans la résis-tance, avait pris un nom français : PierreSéguy. La radio sarroise faisait tous les 2ans une semaine française où elle organisaitun spectacle d’artistes français et c’est là en81, que j’ai vu mon 1er spectacle en français,c’était Yves Duteil et Isabelle Aubret ! J’aiencore la K7 de l’émission aujourd’hui !Autour de moi, personne ne comprenait…ils écoutaient tous dela disco, Genesis et des trucs en vogue…alors j’étais un peuexotique !Tous les dimanches j’écoutais l’émission ou je l’enregistrais.Ce monsieur Séguy, c’était un peu mon maître et je ne leconnaissais pas. Et à la mort de Brassens, il a écrit un articledans le journal de Sarrebruck. Je me souviens, il disait quec’était un « conformiste ». Et à l’époque, en philo, je venaisd’apprendre ce que ça voulait dire. Alors je me suis dit « il atort ! » et lui ai écrit une lettre pleine d’arguments, de textes.Un jour, je rentre de l’école et ma mère me dit « tu ne devinerasjamais qui t’a téléphoné aujourd’hui ?...Pierre Séguy !...j’ai ditque tu étais à l’école alors il croyait que tu étais institutrice ! ».Je suis allée le rencontrer à une conférence sur la chansondonnée à l’université. En fait de compte, il avait écrit « non-conformiste » et c’était une faute du journal ! Suite à ça, on esttoujours restés en contact, il me présentait comme safille…Ensuite il a créé un festival de chanson et c’est là où j’aivu pour la 1ère fois Leprest, Romain Didier, Maurane qui n’étaitpas encore connue en France…il faisait ce que Gerd et moi fai-sons aujourd’hui, se balader sur les festivals pour repérer desartistes. Pierre Séguy est décédé il y a un petit peu plus d’unan. Gerd et moi, avec les émissions et les spectacles, onessaye de poursuivre son projet. Sinon, avec SFG, j’organise des choses sur demande…parexemple, la logistique d’un spectacle de Moustaki àSarrebruck…même pour la fête de la musique à Thionville, lesorganisateurs français ont fait appel à moi pour programmerdes artistes français en France !
Quel est votre public ?On peut dire qu’au fur et à mesure, ce sont des fidèles que l’ona « éduqués »…ils viennent par confiance et sont de plus enplus nombreux, notamment grâce aux interventions dans lesécoles qui montrent aux jeunes allemands que la chanson fran-çaise n’est pas forcément niaise.Notre public est à 25% francophone et le reste, francophile, ilscomprennent quelques mots. Pour les Bistrot musique, on dis-tribue des résumés traduits des chansons et la salle est tou-jours un petit peu éclairée pour pouvoir lire…même si tu com-
prends rien du tout, tu sais de quoi ça parle. Il y a même des lorrains qui viennent en groupe en Allemagneparce qu’ils ne trouvent pas beaucoup de cette chanson fran-cophone du côté français !
Y a-t-il encore des réticences des uns ou des autres au vude l’Histoire douloureuse qui a marqué nos pays ?Non, au contraire, j’ai même eu une médaille de l’amitié franco-allemande…Il y a même une dame de 80 ans qui vient depuis 10 ans et quim’a appelée en début d’année pour me dire « je dois aller encure et comme moi je peux choisir, donne-moi les dates des
Bistrot musique, je ne veux pas les rater »…etelle ne comprend pas un mot de français !Entre temps, son mari est mort mais elle vientseule !Les artistes m’envoient souvent des lettresaprès leur passage pour dire merci et aussiparler de leur inquiétude avant de venir. Je mesouviens que Francis Lemarque avait peur,des membres de sa famille ont été déportésalors ce n’était pas facile. C’était la 1ère foisqu’il venait en Allemagne. Son appréhensionl’a quitté après son passage.
On ne voulait pas que les concerts chez nous soient une datequelconque au milieu des autres. Déjà, la coutume est de finirle concert par un duo avec un artiste de la région. MêmeIsabelle Boulay s’y est pliée ! La dernière fois, il y avait lesFouteurs de joie avec Amélie les Crayons, tout le monde a finipar chanter ensemble, c’était génial, mission accomplie !
www.sfg-chanson.depropos recueillis par Valérie Bourphotos : Valérie et Murielle Bour
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histoire de ...
E x t r a i t : « E l l e t e p l a î t s a q u e u e , v a s - y ,f o n c e … l a j a l o u s i e m ’ a b r u t i t , v o u s p a s s e z e nl i m o u s i n e , e l l e t e p l a î t s a q u e u e v a s - y , s u u u rl e P o n t d ’ A v i g n o n … » ( F. M o n n e t / F. M o n n e t )
F r a n c k M o n n e t : L ' h i s t o i r e d e ‘ S u r L e P o n t D ' A v i g n o n ’ , e l l ea p p a r t i e n t à C l a i r e , d é s o r m a i s . J e p e u x c e p e n d a n t d i r e c e c i :J ' a i c o m p o s é p u i s é c r i t c e t t e c h a n s o n t r è sr a p i d e m e n t , e n d é c e m b r e 2 0 0 1 , a p r è s u n e c o n v e r s a t i o n t é l é p h o n i q u et r è s t r o u b l a n t e a v e c u n p o t e . L e r i f p l e u r e u re t l e r y t h m e l a n c i n a n t , l e t o n i n s o l e n t , g r o s -s i e r , m a l a d r o i t e m e n t i r o n i q u e , n a r c i s s i q u e ,m a n i a c o - d é p r e s s i f , j a i l l i r e n t d e l a g u i t a r en y l o n . C e f u t u n e f ê t e s o l i t a i r e n o c t u r n e , p a s -s i o n n a n t e . L a c h a n s o n a é t é c r é e e n a v r i l 2 0 0 2a u t h é â t r e d ' I v r y e t c ' e s t l à q u e C l a i r e l ' ae n t e n d u e , j e c r o i s . E n t o u t c a s , e l l e m ' a d i tq u ' e l l e e n v o u l a i t b i e n . J e t e n a i s à c e t t e c h a n -s o n . C ' e s t d e v e n u u n e b l a g u e . C e n e f u t p l u su n e b l a g u e p o u r m o i q u a n d , l a m o r t d a n sl ' â m e , j e l u i a b a n d o n n a i s l e t é m o i n f i n j u i l l e t2 0 0 4 . M a v e r s i o n e s t a u d i b l e s u r f r a n c k m o n -n e t . n e t d a n s u n e r u b r i q u e " 4 5 t o u r s " . J e l aj o u e s u r s c è n e . J e s u i s u n g r o s f a n d u d i s q u ed e C l a i r e D i t e r z i . P a r d i .
C l a i r e D i t e r z i :J e l ' a i e n t e n d u e e n c o n c e r t , j ' a i e u l e c o u p d ef o u d r e p o u r c e t t e c h a n s o n , c e q u i e s t r a r e p o u rm o i , e t j e l ' a i m e n d i é e à F r a n k M o n n e t p e n d a n td e s a n n é e s , i l v o u l a i t l a m e t t r e s u r s o n a l b u mm a i s i l n ' a p a s p u . . . . u n j o u r , F r a n k m ' a p p e l l ep o u r u n e b o n n e e t u n e m a u v a i s e n o u v e l l e : - l a m a u v a i s e , c ' e s t q u e j e n e p e u x p a s m e t t r em a c h a n s o n s u r m o n a l b u m , l a b o n n e , c ' e s t q u ej e t e l a d o n n e . . .- M a i s c ' e s t d e u x b o n n e s n o u v e l l e s !. . . Vo i l à , l e p r o b l è m e a v e c c e t t e c h a n s o n , u n eh i s t o i r e d e j a l o u s i e m a s c u l i n e d a n s u n c o u p l eh é t é r o , i l a f a l l u q u e j e m e f a s s e u n f i l m e tq u e j e l ' a d a p t e a u f é m i n i n , j e l a c h a n t e c o m m eu n e f e m m e j a l o u s e q u i v o i t s o n m a r i l a q u i t t e rp o u r u n a u t r e h o m m e . . . c e q u i é t a i t d r ô l e ,c ' e s t q u ' a u m o m e n t o ù c e t t e é q u a t i o n e s t d e v e -n u e é v i d e n t e , m o n m a r i q u i e s t m e t t e u r e ns c è n e t r a v a i l l a i t e n b i n ô m e a v e c u n a c t e u r q u ie s t d e v e n u s o n a c t e u r f é t i c h e , e t i l s p a r t a i e n tà A v i g n o n j u s t e m e n t , p o u r p r é s e n t e r l e u rp i è c e , e t c e s d e u x t r è s b e a u x g a r ç o n s q u i p a r -t a i e n t e n s e m b l e . . . o n a b e a u c o u p r i g o l é . . . !C e t t e c h a n s o n e m p l o i e d e s m o t s t r è s c r u s , e tt r è s p r é c i s , m a i s ç a n e m e p o s e p a s d e p r o -b l è m e , à m o n e n t o u r a g e n o n p l u s … N a ï v e e s tu n l a b e l q u i e n c o u r a g e m a b i z a r r e r i e , e t m er e s p e c t e c o m m e j e s u i s , à c e n t p o u r c e n t . . . i l sm e d o n n e n t l e u r s a v i s , j ' e n f a i s c e q u e j ev e u x . . . c ' e s t v r a i m e n t u n e c o l l a b o r a t i o n d a n sl a q u e l l e o n n e m ' i m p o s e r i e n … j e p e u x t r a v a i l -l e r e n t o u t e l i b e r t é , e t a v a n c e r c ' e s t c o m m e ç aq u e j e g r a n d i s . . . j e s a i s q u e c e n ' e s t p a s l ec a s p o u r t o u t l e m o n d e . . . J e n ' a i r i e n à p e r d r e ,t o u t m o n p r o j e t e s t b a s é l à - d e s s u s , i l e s té t r a n g e , m o n p a r c o u r s e s t é t r a n g e , c ' e s t c eq u i t o u c h e l e s g e n s …
« Sur le Pont d’Avignon »chanson controversée
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sur les ondes
" c h a n s o n - h o n " q u i o u v r e l ' é m i s s i o n , v o u s p o u -v e z d é c o u v r i r d e s m e r v e i l l e s d e . . . d é c a l a g eh u m o r i s t i q u e a u q u e l v o u s ê t e s c o n v i é s à p a r t i -c i p e r e n s i g n a l a n t v o t r e c h a n s o n
" H o n " . . .
E t c o m m e d i t l ' h ô t e d e s l i e u x , v o u s ê t e s a t t e n -d u s i c i m ê m e l e m o i s p r o c h a i n .
B i e n é v i d e m m e n t c e s é m i s s i o n s s o n t d i s p o n i -b l e s à l ' é c o u t e t o u t e l a s e m a i n e s u i v a n t l e u rd i f f u s i o n , g r â c e a u x b o n s o f f i c e s d u w e b .J e v o u s s o u h a i t e l e b o n j o u r , n o u s v i v o n s u n eé p o q u e m o d e r n e .
N o r b e r t G A B R I E L
S a c h e z p a r a i l l e u r s q u e
L E H A L L D E L A C H A N S O N
m e t e n l i g n e s o n p r e m i e r f o r u md e d i s c u s s i o n , c o n s a c r é
à l a c h a n s o n f r a n c o p h o n e ,s o n p a t r i m o i n e
a i n s i q u el e s m u s i q u e s a c t u e l l e s .
Vo i c i s o n a d r e s s e
w w w. l e h a l l . c o m / c o n v e r s a t i o n s
l e d o i g t d e s s u s
L e s r a d i o s
A u t r o i s i è m e t o u r , l e p a y s a g e d e s r a d i o s p r o p o -s a n t d e s c o n c e r t s e n p r e s q u e d i r e c t s e r e s t r e i n tc o n s i d é r a b l e m e n t . A v a n t d e r e f a i r e u n e s s a i d ' e x -p l o r a t i o n d a n s l e s d é p a r t e m e n t s , ( s i v o u s a v e zd e s i n d i c a t i o n s , c h e r s e t a t t e n t i o n n é s l e c t e u r s ,m e r c i d e m ' e n f a i r e p a r t ) f a i s o n s u n e p a u s e a v e cl e s é m i s s i o n s s p é c i a l e m e n t c o n s a c r é e s à l ac h a n s o n .
L ' o f f r e l a p l u s d i v e r s i f i é e r e v i e n t à R a d i o F r a n c e ,e t à F r a n c e - I n t e r , p o u r u n e r a d i o " q u i p a r l e " o nc o n s t a t e q u e F r a n c e I n t e r d i f f u s e 1 6 0 0 0 t i t r e sp a r a na l o r s q u e l a m o y e n n e d a n s l e s r é s e a u x d e r a d i o sm u s i c a l e s e s t d e l ' o r d r e d e 6 0 0 0 .( s o u r c e T é l é r a m a )
E t d a n s l e s c h o i x d e s p l a y - l i s t , l a t e n d a n c e e s tp l u t ô t v e r s l a j e u n e c h a n s o n . S i l ' o n n ' e n t e n d p a ss o u v e n t M i c h è l e To r r , L a r a F a b i a n , Y v e s M o n t a n do u J e a n F e r r a t , c ' e s t p a r c e q u e l a s t a t i o n s e v e u to r i e n t é e v e r s u n e c h a n s o n d i t e p l u s m o d e r n ed a n s l a f o r m e . E n c o r e q u e , l e s t e m p s q u e n o u sv i v o n s e n 2 0 0 6 p o u r r a i e n t s ' a c c o m p a g n e r d eq u e l q u e s n o t e s f a ç o n " E n g r o u p e e n l i g u e e n p r o -c e s s i o n . . . j e s u i s d e c e u x q u i m a n i f e s t e n t … "
To u t e f o i s , i l f a u t s a v o i r q u e l a f a m e u s e p l a y - l i s tF r a n c e - I n t e r n ' e s t p a s u n d i k t a t i m p é r i e u x , i l y ad e l a s o u p l e s s e , e t u n e p a r t d ' a u t o n o m i e l a i s s é eà l ' a n i m a t e u r q u i p e u t c h o i s i r u n o u p l u s i e u r st i t r e s p l u s p a r t i c u l i è r e m e n t a d a p t é s a u s u j e t , o uà l ' i n v i t é . E t l a d i s c o t h è q u e d e R a d i o F r a n c e e s tu n e m i n e q u a s i i n é p u i s a b l e .
P a r m i l e s é m i s s i o n s q u i o f f r e n t d e l a c h a n s o nv a r i é e , " L a p r o c h a i n e f o i s , j e v o u s l e c h a n t e r a i . . "L e s a m e d i , e n t r e 1 0 e t 11 h , P h i l i p p e M e y e r b r o d es u r u n t h è m e , a v e c d e s c h a n s o n s d ' h i e r o u d ' a u -j o u r d ' h u i , P a r i s , l e t r a i n , l a b i c y c l e t t e , l a g u e r r e ,l e s a n i m a u x . . . p u i s , u n e s é q u e n c e " à d e u x c ' e s tm i e u x " d o n n e à e n t e n d r e u n e m ê m e c h a n s o ni n t e r p r é t é e p a r d e u x a r t i s t e s d i f f é r e n t s , e tl ' é m i s s i o n s e t e r m i n e p a r u n c o u p d e c o e u r , " l at o c a d e " , u n e c h a n s o n d é c o u v e r t e d a n s l e s d i s -q u e s a r r i v é s p a r c o u r r i e r , d i s q u e a u t o p r o d u i t o ua r t i s t e e n c o r e p e u c o n n u , c ' e s t t o u j o u r s u n e s u r -p r i s e . C ' e s t u n e d e s r a r e s é m i s s i o n s d e m é l a n g e e n t r en o u v e a u t é s e t c h a n s o n s p l u s a n c i e n n e s a v e c u np a r t i p r i s a f f i r m é d ' é c l e c t i s m e , e t a v e c l a
l ’a i r du temps
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par ignatus
Quelles différencesy-a-t-il entre la Star’Acet le Grand Prix del’Eurovision?
À mon avis, pas tant que ça, mais un peu quand même.
Je m’explique.
Ce sont les mêmes paillettes, le même désir de détendre les bra-ves gens qui, après une journée de travail harassante, ont bienmérité de ne plus avoir à penser à rien. Mais si on y regarde deplus près, les chanteurs et chanteuses de la Star ’Ac (ou de larecherche de la nouvelle conne, c’est pareil) se différencient deceux de l’Eurovisionsur un point essentiel. Là où ces derniers neprétendaient à offrir qu’un simple moment de détente, ceux de laStar’Ac prétendent nous proposer de véritables moments d’émo-tion !
Ça, qu’est-ce qu’on peut nous emmerder toute la journée avecl’émotion !Le sport, les jeux, les bagnoles, les supermarchés… faut qu’çaémotionne, faut qu’ça vibre !Du coup, les dociles interprètes de TF1 apprennent simplementà en faire des tonnes.Tu dois sur-jouer ta joie, ta tristesse, ton envie de pisser, n’im-porte quoi, mais surtout, il faut en faire des tonnes. Et bien sûr, le plus important, c’est de sur-jouer la sincérité.Wouah !Et c’est là où on commence à avoir peur.Tous ces sentiments galvaudés, toute cette mascarade, cette tri-cherie… et quand il y a un mec vraiment sincère, comment on lereconnaît au milieu de tous les mauvais acteurs ?Ben justement, on peut pas, et c’est ça le problème. Finalement, tous ces chanteurs sont comme ces joueurs de footqui font 17 tonneaux quand ils se font tacler pour que l’autre seprenne un carton.À force d’en rajouter, on ne sait jamais quoi penser.Mais nous, en attendant, qu’est-ce qu’on va faire de toutes cestonnes !Au moins, le Grand Prix de l’Eurovision, c’était léger.
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Les tonnes
les doigts de la main
la rédaction
Rédact r ice en chèvreValér ie Bour
Webdoigt /WebcamDidier Boyaud
Graphis teSophie Tournel
Rédacteurs
Valér ie Bour . Didier Boyaud . Clémentine Deroudi l le
Isabel le Dupuy . Cél ine Durante . Nicole Fracheboud
Norbert Gabriel . Séverine Gendreau . Er ic Mie
Jean-Michel Pfortner . Mélanie Plumai l . Sophie Tournel
Rédacteurs except ionnels
Muriel le Bour (photos Al lemagne)
Michel Fowler (photo Nano&Friends)
Fred Pal lem (chroniques) . Ignatus ( l ’a ir du temps)
Franck Monnet et Claire Diterzi (Histoire de…) Donzel la(Barbichette à Salvador)
Laurence Leblanc (photo Higel in)
Pierre Perret . la Grande Sophie . Chanson PlusBif luorée . Pia-Catherine (quest ionnaires)
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Rendez-vous au prochain numéro, le 30avr i l« Faî tes passer, s i vous br isez la chaîne
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