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Mémoire des Martyrs Xavériens II/ Célébration Missionnaires Xavériens

Mémoire des Martyrs Xavériens

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Page 1: Mémoire des Martyrs Xavériens

Mémoire des Martyrs Xavériens

II/ Célébration

Missionnaires Xavériens

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Une veillée de prière

L’Eglise naît des persécutions et elle se développe par le sang des martyrs

Nous tous, nous savons que l’Eglise des origines est née dans la persécutionet dans des grandes difficultés. Le livre des Actes des Apôtres nous relatenombreuses persécutions contre la Première Communauté Chrétienne et lerécit du martyre d’Etienne en est un exemple concret.Tous savent que, à celui qui propose une vie contrecourant, un style et desmodalités de vie et de pensée qui ne coïncident pas avec la manière courantede penser et de vivre de la société, on lui réserve, certainement, beaucoup dedifficultés. C’est le cas de tant de martyrs qui ont proposé les modèlesévangéliques.A Rome, particulièrement, nous voyons grandir l’Eglise des catacombes. Lacommunauté chrétienne devient l’objet de terribles persécutions et d’égardstourmentés de la part de l’autorité suprême, notamment l’empereur, à partirde Néron. Malgré la situation difficile, l’Eglise se répand spontanément etrapidement dans toutes les catégories, en ayant des fidèles parmi les genssimples ainsi que les soldats, parmi les esclaves et les gardes de l’empereur.Les martyrs sont donc une constante expression du groupe chrétien, quigrandit parmi ces violentes persécutions, justement parce qu’il propose desvaleurs de loin supérieurs et contrecourant au regard de celles de la société.L’aphorisme se répand : “Sanguis martirum, semen cristianorum”, “le sangdes martyrs est la semence des chrétiens”. Plusieurs siècles de persécutionsse suivent, en produisant des centaines de milliers de martyrs immolés surl’autel de la nouvelle foi.

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Lorsque cette Eglise de martyrs sort enfin des catacombes et devient librede professer et de vivre sa foi, à l’intérieur du Pays et au-delà de sesfrontières, elle continue à être éprouvée et martyrisée. Ses nombreuxmartyrs, de toutes les époques et les milieux, sont le signe tangible quimanifeste comment la foi soit mise à l’épreuve sans cesse. De cette manière,la foi s’éprouve comme l’or au creuset. L’authenticité de la foi se prouve avecle sang versé.

Surtout quand elle traverse les frontières de l’empire et se propose, selonle commandement évangélique, d’annoncer à tous les peuples l’Evangile,d’offrir le baptême et la nouvelle vie, la foi rencontre sans cesse des obstaclesde toute sorte, avec les épreuves suprêmes, dans tous les coins de la terre.

En venant à nous, aujourd’hui, la situation n’a pas beaucoup changé.Jean-Paul II parlait du XX siècle comme le “Siècle des Martyrs”, tandis quele pape François définit le nôtre comme le “Siècle des plus grandespersécutions des chrétiens”.

Dans un monde qui prêche la liberté de culte et d’opinion, ainsi que ladémocratie des peuples, nous voyons réalisé l’Evangile des Béatitudes duChrist : “Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et sil’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grandedans les cieux ! C’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui vous ontprécédés” (Mt 5,11-12).

Nous serons heureux parce que, rien que de cette manière et avec ce forttémoignage, nous deviendrons “lumière et sel de la terre”. Aujourd’huiencore, l’Evangile nous invite à pourrir, à enfouir notre vie sous terre pourêtre comme la semence qui germe la vie pour la multitude, qui produitbeaucoup de fruit (cf. ci-dessous le commentaire du p. Ronchi sur la parabolede la semence tombée en terre).

Nous voulons nous souvenir de nos Martyrs Xavériens, dans le contextetourmenté où l’Eglise est aujourd’hui imprégnée du sang versé de tantd’hommes et de femmes qui, sans reculer, ont choisi de partager le mêmesort du Maître. Par cette Journée Annuelle, nous voudrions faire mémoire denos frères et sœurs qui ont vécu dans leur chair, pleinement, ici sur terre, lapassion et mort du Christ. C’est une manière d’encourager ainsi à persévérer,même jusqu’au martyre, si la Providence le prévoit.

Dans la tradition juive, quand on veut comprendre la cause de quelquechose et le sens d’un événement, on commence par raconter une histoire. Atravers l’écoute d’une histoire, celui qui raconte et celui qui écoute voientprojetée sur scène leur réalité de manière objective et ils peuvent en saisir lesens au sein d’un parcours plus vaste, en regardant le réel d’un point de vuedifférent.

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Faisons donc mémoire en racontant l’histoire de ces hommes et femmesqui ont subi des passions douloureuses dans le service de l’annonce del’Evangile. Une histoire qui, de près ou de loin, nous concerne et nous rendprésents tandis que nous la racontons.

p. Gerardo Caglioni sx

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Le grain de blé est prophétie de pain

Ermes Ronchi, Commentaire à Jn 12,20-33 (V Dimanche de Carême B)

Voulez-vous comprendre quelque chose de moi ? Regardez legrain de blé. Si le grain, tombé en terre, ne meurt pas, reste seul. S’ilmeurt, il produit beaucoup de fruit. Le visage et la vérité du grainconsistent dans son histoire brève et resplendissante.

Jésus se sert ici d’une comparaison très belle : il ne s’agit pasd’une allégorie externe, lointaine, séparée. Par cette parabole, il esten train de dire, ce qu’il manifeste par sa vie ; cela est inscrit mêmedans les lois les plus profondes de la vie.

La vie des créatures plus simples répond aux mêmes lois denotre vie spirituelle : Evangile et vie sont la même chose, car le réelcoïncide avec le spirituel. Et puisque le grain de blé est prophétie depain, Jésus affirme : moi aussi je suis “pain” pour la faim du monde.

Si nous cherchons le centre de la petite parabole de la semence,nous sommes d’abord attirés par un verbe fort, “mourir” : “Si legrain de blé ne meurt pas… mais s’il meurt…”. Mais l’accent logiqueet grammatical de la phrase tombe par contre sur deux autresverbes, qui, en fait, sont les verbes principaux : rester seul ou porterbeaucoup de fruit.

Le sens de la vie du Christ, et donc de chaque homme, se jouesur le fruit, sur la fécondité, sur la vie abondante qu’il est venuapporter (cf. Jn 10,10).

Ce n’est pas la mort qui donne gloire à Dieu, mais la vie enplénitude. Fleurir n’est pas un sacrifice. Le germe qui pousse dugrain n’est autre que la partie plus intime et vitale de la semence. Cen’est pas quelqu’un qui se sacrifie pour l’autre, mais l’un qui setransforme dans l’autre. Ce n’est pas une perte mais uneaugmentation.

Semence et germe ne sont pas deux entités différentes, mais lamême chose : une forme meurt mais pour renaître dans une formeplus pleine et développée. Voilà la logique pascale.

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Mémoire Annuelle des Martyrs Xavériens

2ème vendredi d’octobre

Si le grain tombé en terre meurt… alors il donne la vie !

Cette Veillée de Prière, qui fait “Mémoire des Martyrs Xavériens”présente une certaine richesse de matériel de célébration. L’onpourra sélectionner le matériel plus adapté à l’assemblée.Parmi les choses à retenir, nous indiquons le matériel suivant :

- Le Martyrologue (cf. n. 5)- La Parole de Dieu et des Pères de l’Eglise (cf. n. 7)- Les Prières litaniques (cf. nn. 10-11)

Une grande croix, avec un tissu rouge, posé à la manière d’unsuaire, pourrait être placée au centre de l’abside, entrel’assemblée et l’autel. Des lampes colorées, avec les couleurs descinq continents, pourraient être mises au pied de la croix.Le célébrant portera l’étole de couleur rouge.

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Célébration de la Parole

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1. Chant d’entrée et salutation

Chant d’entrée :on propose un chant qui dise : “qu’il est beau de vivre ensemblecomme le Seigneur nous a aimés car Dieu y est présent”.

PrésidentAu nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit.

Tous : Amen.

Président :Que le Seigneur bon et miséricordieux, qui écoute le cri de sonserviteur, soit toujours avec vous !

Tous : Et avec votre esprit.

2. Dialogue initial

Modérateur :Jésus dit : “Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé enterre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoupde fruit” (Jn 12,24). Jésus est le grain de blé qui meurt. Jésus nousappelle à vivre comme lui-même a vécu.

Président :Seigneur Jésus, pour nous tu as accepté le sort du grain de blé quitombe en terre et meurt pour produire beaucoup de fruit.

Tous :Tu nous invites à te suivre sur cette voie quand tu dis : “Qui aimesa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vieéternelle” (Jn 12,25).

3. Moment pénitentiel

Président :L’Eglise continue son parcours qui, depuis les origines, a été marquépar le sang versé, le sang des prêtres, religieux et religieuses,séminaristes et catéchistes, ainsi que nombreux fidèles laïcs. Noussommes désemparés et notre conscience est troublée devant larépétition, avec une force sans précédent, des atrocités et du sang quijaillit par le sacrifice suprême d’hommes et de femmes qui, avecfidélité, ont choisi de partager le même sort du Maître.

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Jean-Paul II nous le rappelle : “Le croyant qui prend au sérieux savocation chrétienne, pour laquelle le martyre est une possibilité déjàannoncée dans la Révélation, ne peut exclure cette perspective del’horizon de sa vie” (Bulle Incarnationis Mysterium, n. 13).

Notre famille missionnaire – dans un intervalle de plus ou moinscent ans – a connu cette épreuve d’amour et de courage dansplusieurs de ses fils et filles ; ceux-ci ont continué l’histoiremissionnaire authentique consistant à être don et lumière du monde.

De notre Martyrologe Xavérien – où nous reprenons les noms denos frères et sœurs – nous aimerions tirer un enseignement fructueuxqui puisse régénérer le style et la vie de la mission de noscommunautés et en promeuve le renouveau intérieur et l’engagementévangélique sans frontières.

Le témoignage suprême de nos frères et sœurs est - pour notreCongrégation Xavérienne et pour toute l’Église - un signe crédible dela floraison de témoignages prophétiques au service de l’homme.

L’Evangile - nous en sommes sûrs - tirera du sacrifice de nosmartyrs et de leur souvenir constant, une nouvelle force qui luipermettra d’atteindre la pluralité de l’expérience humaine.

4. Chant pénitentielMisericordias Domini, in aeternum cantabo.

5. Lecture du Martyrologe XavérienVous pouvez utiliser un audiovisuel (PowerPoint) pour projeter desphotos ou des portraits de chaque martyr.

Modérateur :Ecoutons maintenant les noms de nos frères et sœurs, tués en

plein service de proclamation de l’Evangile. Avec eux, il y a despersonnes associées à notre service missionnaire qui sont morts dansles mêmes conditions. Il en est d’autres dont les noms ne sont pasrepris sur cette liste, car tout en ayant partagé les mêmescirconstances de violence de ceux qui sont morts martyrs, eux, ilsn’ont pas été tués.

Entre tous, peut-être, nous en connaissons personnellementquelques-uns. Pour d’autres, nous en avons entendu parler. C’est bienle service des missionnaires : ils sont toujours dans les coulisses del’histoire. Dans le silence, ils travaillent ; dans le silence, ils meurent ;dans le silence et la prière, maintenant, nous les citons un à un.

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Les martyrs de la Chine

P. Caio RastelliIl naît à Ghiara de Fontanellato (Parme, Italie), le 25 mars 1872.Premier missionnaire xavérien à Shanxi (Chine), il passa une bonnepartie de son apostolat alors que la famine et une révolution violenteet persécutrice faisaient rage. Ses compagnons furent massacrés parles Boxers. Il mourut martyr de la charité pastorale le 28 février 1901.

P. Giovanni BottonIl naît à Carmignano di Brenta (Padoue, Italie) le 9 mai 1908. Il futtué sous les coups de baïonnette par deux soldats japonais, le 30 avril1944 à Hsuchang (Chine), à l’extérieur d’une cave de la mission où ils’était réfugié avec d’autres chrétiens chinois pour défendre leur vie.

Les martyrs du Congo

Fr. Vittorio FaccinIl naît à Villaverla (Vicence, Italie) le 4 janvier 1934. Il fut assassiné le28 novembre 1964 à Baraka (Congo) devant l’église qu’il avaitconstruite. Le bourreau, Abedi Masanga, qui tuera le même jour, lestrois autres confrères, était un muléliste qui combattait la foicatholique.

P. Luigi CarraraIl naît à Cornale de Pradalunga (Bergame, Italie) le 3 mars 1933, il esttué le 28 novembre 1964 à Baraka (Congo) alors qu’il administrait lesacrement de la Pénitence.

P. Giovanni DidonèIl naît à Cusinati de Rosà (Vicence, Italie) le 18 mars 1930. Le jour deson ordination sacerdotale, il demanda le don du martyre. Il fut tué le28 novembre 1964 dans la paroisse de Fizi où il a été le premier curé.

Abbé Albert JoubertIl naît à Saint Louis de Mrumbi (Moba, RDC), le 18 octobre 1908. Sonpère français, zouave pontifical et sa mère congolaise éduquèrentAlbert à se donner entièrement pour la dignité de la dignité humaine.Comme abbé, il travailla dans une dizaine de missions, très éloignéesentre elles. Après avoir subi des tortures par les mulélistes, il fut tué àFizi aussitôt après le père Didonè.

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Les martyrs du Bangladesh

P. Mario VeronesiIl naît à Rovereto (Trente, Italie) le 10 novembre 1912. Il fut abattupar des soldats pakistanais le 4 avril 1971, dimanche des Rameaux, àJessore (Bangladesh), après avoir rendu visite aux malades et avoirtransporté une femme malade à l’hôpital de la mission.

P. Valeriano CobbeIl naît à Camisano Vicentino (Vicence, Italie) le 14 janvier 1932. Il futpoignardé au cœur par des assassins à Shimulia (Bangladesh), le 14octobre 1974.

Les martyrs du Brésil

P. Salvatore DeianaIl naît à Ardauli (Oristano, Italie) le 17 juillet 1956. Après quatre ansde mission, il meurt le 26 octobre 1983 dans un "accident" au km 23sur la route transamazonienne pendant qu’il accompagnait l’évêqued’Altamira, défenseur des faibles et charitable envers les pauvres. Lescirconstances et les raisons de “l’accident” n’ont jamais été clarifiées.Les auteurs de “l’accident” ont disparu et les témoins n’ont jamais étéinterrogés. Tout laisse penser que c’était un accident provoqué pourtuer l’évêque.

P. Alberto PierobonIl naît à Cittadella (Padoue, Italie) le 14 décembre 1927.Le 31 juillet 1976, son corps déchiré et portant des traces de violencesfut retrouvé après une disparition de plusieurs mois. Il fut assassiné àcause de son grand amour pour les pauvres du Brésil.

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Les martyrs du Burundi

P. Ottorino MauleIl naît à Gambellara (Vicence, Italie) le 7 avril 1942.Il fut tué le 30 septembre 1995, au soir, à Buyengero, par des soldatsqui ne lui avaient pas pardonné d’avoir défendu des personnesinjustement tuées.

P. Aldo MarchiolIl naît à Udine (Italie) le 19 mars 1930. Il fut tué à coup de balles lemême jour et dans les mêmes circonstances que le père Ottorino etCatina : à Buyengero, le 30 Septembre 1995.

Catina GubertElle naît à Vigo di Fassa (Trente, Italie) le 8 Décembre 1921. Elleconsacre sa vie, en laïque, au service des pauvres et des démunis. Ellevivait en communauté avec les pères Ottorino et Aldo quand elle futtuée, à Buyengero, le 30 Septembre 1995.

Les Missionnaires de Marie - XavériennesOlga Raschietti, âgée de 83 ans, originaire de St Urbain deMontecchio Maggiore (Vicence, Italie) ; Lucia Pulici, âgée de 75 ans,originaire de San Giorgio de Desio (Monza-Brianza, Italie), etBernadette Boggian, âgée de 79 ans, originaire d’Ospedaletto Euganeo(Padoue, Italie), ont été sauvagement assassinées à Kamenge(Bujumbura, Burundi). Les deux premières, dans l’après-midi du 7septembre 2014 ; la troisième, la nuit du 7 au 8 septembre 2014.Toutes les trois ont été sacrifiées sur l’autel de la paix et de laconcorde.

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Page 13: Mémoire des Martyrs Xavériens

6. Chant de méditationOn propose un chant sur l’amour mutuel, signe de la présence etde l’action du Christ.

7. Parole de Dieu

Evangile de Jésus Christ selon Saint Jean (Jn 12, 24–26)

Jésus disait à ses disciples :“Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terrene meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoupde fruit. Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce mondela gardera pour la vie éternelle. Si quelqu’un veut me servir,qu’il me suive ; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur.Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera”.

Acclamons la parole de Dieu.

Modérateur :Jésus nous parle de l’aventure du grain de blé pour nous fairecomprendre le mystère de sa vie, de sa passion, de sa mort et de sarésurrection. Comme le grain meurt pour donner des fruits, Jésusarrivera au fruit mûr qu’est sa Pâque par la mort sur la croix. Ledisciple est appelé à partager le chemin parcouru par le Maître.Apprenons donc à être des grains capables de tomber en terre, d’êtreenterrées, de pourrir. Ainsi faisant, nous porterons des fruits quidéfient la mort et ont le goût de la vie éternelle.

PrésidentSeigneur, tu es la semence qui meurt dans la terre. Tous pensent aufruit, personne ne pense à la semence. Tu es la racine cachée. Tous enadmirent la fleur, personne ne se souvient de la racine. Tousregardent la lumière de l’étoile, personne ne pense à l’étoile quimeurt. Tu es cette semence, Seigneur. Tu es la racine du mondemeilleur. Tu es la lumière. Fais en sorte que nous ayons le courage dete suivre partout où tu es, sans calcules, heureux seulement d’êtreavec toi. Amen.

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Page 14: Mémoire des Martyrs Xavériens

Lecture de la lettre de Saint Ignace Antioche aux RomainsEpitre aux Romains (ch. 4,1-2; 6,1-8)

J’écris à toutes les églises et à tous j’annonce que je mourrai degrand cœur pour Dieu, si vous ne me l’empêchez pas. Je vous enconjure, épargnez-moi une bienveillance intempestive.Laissez-moi devenir la pâture des bêtes : c’est par elles qu’il mesera donné d’arriver à Dieu. Je suis le froment de Dieu et je suismoulu par, la dent des bêtes pour devenir le pain immaculé duChrist.Suppliez le Christ pour que ces animaux fassent de moi unevictime offerte à Dieu. Que me feraient les douceurs de cemonde et les empires de la terre ? II est plus beau de mourirpour le Christ Jésus que de régner jusqu’aux extrémités del’univers. C’est lui que je cherche, qui est mort pour nous ; c’estlui que je désire, lui qui a ressuscité pour nous. Monenfantement approche.De grâce, mes frères. Ne m’empêchez pas de vivre, ne complotezpas ma mort. Ne livrez pas au monde ni aux séductions de laterre celui qui veut appartenir à Dieu. Laissez-moi embrasser lalumière toute pure. Quand j’y aurai réussi, je serai vraiment unhomme. Acceptez que j’imite la passion de mon Dieu. Siquelqu’un le possède en lui, qu’il se laisse fléchir par mon appel;il connaît l’angoisse qui m’étreint ; qu’il ait pitié de moi.

PrésidentHeureux celui qui décide de perdre : comme le grain de blé tombé

en terre, il portera des fruits en abondance.Heureux celui qui montre l’autre joue : il brisera la chaîne de la

violence.Heureux celui qui ne fait pas recours aux méthodes malhonnêtes

pour faire carrière : il recevra la récompense de ses vertus.Heureux celui qui ne se décourage pas : il restera jeune comme son

optimisme.Heureux celui qui prend en mariage la pauvreté : il engendrera des

fils amoureux de la vie.Heureux celui meurt pour la non-violence : libre comme le vent, il

fera concurrence en beauté avec les étoiles et il créera sur la terre lacité de l’amour.

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Page 15: Mémoire des Martyrs Xavériens

8. Chant de méditationOn propose un chant qui reprenne la parabole du grain tombé en terre.

9. Homélie-réflexion

Plusieurs suggestions pour la réflexion sont disponibles dans les“annexes” de ce recueil ou dans la documentation présentée aupremier volume de cette Journée des Martyrs Xavériens.

10. Prière sous forme de litanie

Modérateur :Jean-Paul II, le 6 mai 1980, au cours de son voyage apostolique auZaïre (aujourd’hui République Démocratique du Congo), s’est rendu aucimetière de Makiso, à Kisangani, pour prier sur la tombe desmissionnaires tués en 1964. Son discours est devenu une prière pourtous les martyrs de l’Afrique.

Agenouillés en ce cimetière sur la tombe des missionnaires venus deloin, Seigneur nous te prions.

Béni sois-tu, Seigneur, pour le témoignage de tes missionnaires !C’est toi qui as inspiré à leur cœur d’apôtres de quitter à jamais leurterre, leur famille, leur patrie, pour rejoindre ce pays, jusqu’alorsinconnu pour eux, et proposer l’Évangile à ceux qu’ils considéraientdéjà comme des frères.

Béni sois-tu, Seigneur, d’avoir soutenu leur foi et leur espérance, aumoment des semailles et tout au long de leur labeur apostolique ; deleur avoir donné résistance et patience dans les fatigues, les difficultés,les peines et les souffrances de toute sorte.

Béni sois-tu, Seigneur, d’avoir fortifié leur attachement et leurconfiance envers les fils de ce peuple, au point de les estimer très vitecapables eux aussi d’une vie de baptisés et de leur ouvrir la voie à la viereligieuse, à la préparation sacerdotale, avec la volonté tenace defonder, avec eux et pour eux, une Église locale, dont nous recueillonsles fruits.

Béni sois-tu, Seigneur, pour toutes les grâces qui sont venues parleur parole, par leurs mains, par leur exemple. Ils ont consacré leur viejusqu’à son terme pour la mission, et ils ont laissé à cette terre leurdépouille mortelle ; certains après une vie abrégée par le travail,certains même après une vie risquée et offerte en martyrs de la foi.

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Page 16: Mémoire des Martyrs Xavériens

Il fallait que le grain de blé tombe en terre et meure pour qu’il portebeaucoup de fruits. Seigneur, fais que l’Église arrosée par leur sueur etleur sang arrive à sa pleine maturité.

Grâce à eux, d’autres peuvent récolter aujourd’hui dans la joie cequ’ils ont semé dans les larmes. Que nombreux se lèvent, parmi les filset filles de ce pays, ceux qui doivent prendre la relève, afin que ton nomsoit glorifié sur cette terre d’Afrique.

Garde-nous d’oublier ces pionniers de l’Évangile, dans la mémoiredu cœur et de la prière.

Amen.

11. Litanie de louange aux martyrs. Heureux es-tu …

Heureux es-tu, Père Caio Rastelli.Toi, le premier, en terre de Chine, tu as consommé ta vie enpartageant la pénurie et la famine de tes chrétiens jusqu’à devenirmartyre de la charité pastorale : fais que nous puissions nousdépenses avec générosité au service de plus pauvres et défavorisés denotre société.

Seigneur, écoute la prière de tes martyrs.

Heureux es-tu, Père Giovanni Botton.Toi, en terre de Chine, tu as été le premier Xavérien à verser ton sang.Comme bon pasteur, tu as donné la vie pour tes gens : fais que nouspuissions être généreux dans l’épreuve et persévérants dans lesdifficultés.

Seigneur, écoute la prière de tes martyrs.

Heureux es-tu, Frère Vittorio Faccin.Toi qui, avec la prière et la dévotion mariale tu as hérité d’être sacrifiéau Congo : fais que nous aussi nous lavions nos robes dans le sang del’Agneau pour être dignes de le suivre toujours et partout où il ira (cf.Ap 7,14).

Seigneur, écoute la prière de tes martyrs.

Heureux es-tu, Père Luigi Carrara.Toi qui, par le sang, tu as arrosé la terre du Congo, en la fécondantpour une nouvelle et riche floraison chrétienne : rends-nous généreuxavec tous nos frères et sœurs, capables de donner nous aussi quelquechose pour ceux que nous aimons.

Seigneur, écoute la prière de tes martyrs.

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Page 17: Mémoire des Martyrs Xavériens

Heureux es-tu, Père Giovanni Didonè.Toi qui, le jour de ton ordination presbytérale, tu as demandé àl’Esprit le don du martyre : tu as été exaucé en terre d’Afrique. Faisque nous aussi, nous puissions avoir un cœur grand et généreuxcomme le tien.

Seigneur, écoute la prière de tes martyrs.

Heureux es-tu, Abbé Albert Joubert.Toi qui as consommé ta vie au Congo pour que dans ton Pays, déchirépar les guerres, l’homme soit promu socialement et élevéspirituellement. Fais que nous puissions travailler avec dévouementpour la promotion humaine de nos frères et sœurs.

Seigneur, écoute la prière de tes martyrs.

Heureux es-tu, Père Valeriano Cobbe.Toi qui as été assassiné au Bangladesh, tu as été le grain de blé jeté enterre pour le rachat et la dignité de nombreux frères. Fais que noussoyons nous aussi le pain rompu et offert pour les autres.

Seigneur, écoute la prière de tes martyrs.

Heureux es-tu, Père Mario Veronesi.Toi qui as versé ton sang au Bangladesh où, avec un cœur grand etgénéreux, tu te donnais pour les pauvres et les souffrants. Fais quenous aussi nous puissions sentir de la compassion envers ceux quisouffrent comme toi-même tu as fait.

Seigneur, écoute la prière de tes martyrs.

Heureux es-tu, Père Salvatore Deiana.Toi qui as été tué au Brésil, en voyage avec ton évêque, vraie visée deceux qui t’ont tué : tu t’es sacrifié pour un autre. Fais que nous aussinous posions nos actes de charité au service des frères en difficulté.

Seigneur, écoute la prière de tes martyrs.

Heureux es-tu, Père Albert Pierobon.Toi qui n’as pas hésité à risquer ta vie pour défendre les droits desfrères brésiliens, pour qu’ils vivent dans la justice et la concorde :défends-nous tous de la méchanceté de ce monde et aide-nous àmarcher sans cesse dans ta paix.

Seigneur, écoute la prière de tes martyrs.

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Page 18: Mémoire des Martyrs Xavériens

Heureux es-tu, Père Ottorino Maule.Toi qui n’as pas hésité à sacrifier ta vie au Burundi, pour que dans cePays, blessé par l’injustice et la haine, fleurisse la justice et lafraternité : fais que nous aussi nous luttions contre toute injustice etviolence.

Seigneur, écoute la prière de tes martyrs.

Heureux es-tu, Père Aldo Marchiol.Toi, homme de prière fidèle et constante, tu as offert ton sang pourobtenir la paix et la réconciliation parmi les ethnies du Burundi. Faisque nous aussi nous travaillions fidèlement pour la paix et laréconciliation dans le monde.

Seigneur, écoute la prière de tes martyrs.

Heureuse es-tu, Catina Gubert.Toi, femme humble et serviable, tu as versé ton sang pour obtenir lapaix entre les peuples d’Afrique et élever la femme dans la conditionsubalterne: fais que nous aussi nous travaillions dans la promotionhumaine des catégories plus humiliées.

Seigneur, écoute la prière de tes martyrs.

Heureuses êtes-vous, Sœurs Olga, Lucia et Bernadette.Vous qui, dans la faiblesse de vos forces humaines, avez offert la viepour les burundais : aidez-nous, par la force de votre témoignage, àdépenser toutes nos énergies possibles pour le service de nos frères.

Seigneur, écoute la prière de tes martyrs.

PrésidentIl est juste et bon, nécessaire et méritoire, de te rendre grâce,

Seigneur Saint, Dieu éternel, Père Tout Puissant.La parole merveilleuse de notre Seigneur Jésus Christ est

éblouissante: si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il resteseul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit.

Sur toute la surface de la terre, nous voyons le grain germer dansune abondante récolte ; et la croix du Seigneur porte du fruit dans unemoisson de martyrs glorieux.

C’est ainsi que le Créateur, en versant son sang pour les serviteursinsensés, a préparé ses serviteurs pécheurs à donner joyeusement leurvie pour le Seigneur, sans tâche.

Pour cela, nous chantons le chant de ta gloire, pour les siècles dessiècles. Amen.

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Page 19: Mémoire des Martyrs Xavériens

12. ChantLaudate omnes gentes, laudate Dominum.

13. Conclusion et bénédiction

PrésidentQue le Père de miséricorde, qui, dans la passion de son Fils, nous adonné la meure de son amour, accorde à vous tous, dans le service deDieu et de l’humanité, le don de sa bénédiction.

TousAmen

PrésidentQue le Christ Seigneur, qui, dans sa passion, nous a sauvés de la mortéternelle, vous accorde la vie sans fin.

TousAmen

PrésidentVous, qui suivez le Christ humilié et souffrant : que vous puissiez avoirpart à sa résurrection.

TousAmen

PrésidentEt que la bénédiction de Dieu Tout Puissant, Père, Fils et Saint Esprit,descende sur vous et y demeure à jamais.

TousAmen

14. Chant finalOn propose un chant marial.

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Page 20: Mémoire des Martyrs Xavériens

BibliographieSur les martyrs :http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_academies/cult-martyrum/martiri/005.html,

Sur le livre “Memoria Martyrum”, du P. Victor Ghirardi :https://centro-documentazione.saveriani.org/biblioteca/ricerca

Sur les Serviteurs de Dieu, tués à Baraka et Fizi (R.D. Congo)Vivre la vie comme un don (audiovisuel de 30’)

Sur les biographies :“Il rischio di Amare”, “Sangue sul Lago”, “P. Giovanni Didonè, uomo per glialtri”, “Nella Cina dei Boxers”, “Con loro, sempre”, “Va, dona la vita!”,“Abbé Albert Joubert”, “P. Giovanni Didonè”, “Fratel Vittorio Faccin”, “P.Luigi Carrara”, “Una memoria feconda”, “Missionari Trentini – Martiri delNovecento – P. Mario Veronesi, Saveriano”, “iSaveriani n. 84, Memoria delMartirio dei nostri Confratelli”.

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Modérateur :Les nombreuses lettres du Frère Vittorio Faccin, adressées auxconfrères, témoignent de sa foi profonde et du climat de dangercroissant dans lequel son ministre se déroulait. Voici quelques extraits.

“Que va-t-il se passer ? Dieu seul le sait. Ne pleurez pas pour nous.Seulement priez pour nous pour que Dieu soit glorifié et qu’il nous accordela force de témoigner de sa gloire » (25 mai 1964). « Le climat est toujourstendu. Priez pour que le nom de Jésus soit glorifié » (2 juin 1964). « Il nousest impossible d’expliquer ce que nous avons vu et entendu en ces dernierstemps. Il restera toujours dans notre cœur. Vos prières sont bien accueilliesau ciel. Continuez à prier pour ce peuple bienaimé. Versez vos larmes surles pieds de la Maman Céleste, reine des apôtres. Priez. Je vous embrassetrès fort, vous tous : papa, maman, frères, sœur, neveux, beau-frère. Vôtreen Jésus et Marie. Vittorio”

(22 novembre 1964, six jours avant sa mort).

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1. Suggestions pour la réflexion

Modérateur :Celui qui a vécu de près le drame de la mort de nos confrères, noustransmet la profondeur des sentiments de leur témoignage. La semencetombée en terre a produit du fruit, un fruit qui a donné vie et qui a faitgrandir l’Eglise. Nous allons lire des paroles, à dire peu suggestives,parce qu’elles interprètent bien la raison de notre volonté de « fairemémoire » de nos martyrs Vittorio Faccin, Luigi Carrara, GiovanniDidonè et de l’abbé Albert Joubert. Comme Famille MissionnaireXavérienne, nous rendons ainsi hommage à ces chers confrères qui ontpayé de leur vie leur fidélité à Jésus Christ.

“Nous ne nous sommes pas limités à récupérer des ossements. Nousavons cherché de récupérer les membres du corps vivant de l’Eglise, quenos confrères ont planté et lavé de leur sang.

2. Suggestions pour la réflexion

Annexes

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Vittorio, Luigi, Giovanni et Albert, n’ont pas seulement baptisé, ontaussi beaucoup enseigné. Après avoir évangélisé. Les fruits de leur travailont survécu à leur holocauste. En ces derniers mois, nous sommes en trainde faire l’inventaire de ce qu’ils nous ont laissé de plus précieux (…).

Nous nous retroussons les manches et nous nous mettons à l’œuvre, enpriant que Dieu nous assiste par son Esprit, parce que “C’est lui, JésusChrist, qui est venu par l’eau et par le sang : non pas seulement avec l’eau,mais avec l’eau et avec le sang. Et celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit,car l’Esprit est la vérité. En effet, ils sont trois qui rendent témoignage :l’Esprit, l’eau et le sang” (1Jn 5,6-8)”.

3. Suggestions pour la réflexion

Modérateur :Dom Erwin, Évêque du Xingu, raconte le dernier voyage effectué avec lepère Salvatore Deiana, pour atteindre les pauvres cultivateurs quiréclamaient leurs droits. Nous lisons ici le sens de la mort du pèreSalvatore.

“Nous voulions célébrer une messe avec ce peuple sacrifié maisrésistant, un peuple des mains calleuses et du visage brûlé par le soleil.Mais, ce jour-là, la messe a suivi un rite différent. Ce n’était pas avec desparoles prononcées devant l’autel, ni avec les oblats du pain et du vindevenus le corps et le sang de Jésus.

Le rite cruel a été le corps du père Tore offert comme dernièreexpression de son amour, ainsi que son sang versé comme don à ce peuplequ’il a voulu servir depuis qu’il a quitté la Sardaigne, sa région natale.Maintenant son sang a été mélangé avec le sang du Seigneur et son derniermessage n’a pas été une parole prononcée, mais le corps incliné àl’intérieur de l’épave de la voiture, le visage ensanglanté.

C’est ainsi que le père Tore est mort. Le Seigneur a voulu le sacrifice de la viede celui qui a tant aimé la vie. Je ne comprends pas, mais que Dieu soit béni”.

4. Réflexions de quelques martyrs de 2014

Modérateur :Jésus ne laisse pas ses disciples dans le flou. Il leur parle clairement.Hélas, combien de fois, nous désirons que Ses Paroles soientprononcées à notre image et ressemblance !Seigneur, pardonne-nous et, par ta miséricorde, guéris notre foichancelante.

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Augmente notre foi jusqu’à la transformer en service, comme tu as faitavec les trois sœurs, Bernadette, Olga et Lucia, tuées au Burundi le 7-8septembre 2014 et qui nous laissent ces paroles.

“Il faut nourrir en nous un regard de sympathie, de respect,d’appréciation des valeurs des cultures, des traditions que nousrencontrons. (…) Malgré la situation complexe et conflictuelle des Pays desGrands Lacs, il me semble de percevoir la présence d’un Règne d’amour quise construit, qui grandit comme un grain de moutarde : c’est Jésus présent,donné à tous. A ce niveau de mon parcours, je continue le service à mesfrères africains, en cherchant de vivre avec amour, simplicité et joie”.

Sœur Bernadette Boggian

“Je suis déjà au seuil de mes quatre-vingts ans. Lors de mon derniercongé en Italie, mes supérieures doutaient de me laisser rentrer en Afrique.Un jour, pendant l’adoration, j’ai prié : “Jésus, que ta Volonté soit faite.Mais tu sais que je désire encore partir”. Ces paroles me vinrent clairementà l’esprit : “Olga, penses-tu de sauver l’Afrique, toi seule ? L’Afrique est àmoi. Cependant, je suis content que tu partes : Vas et donne la vie ! ”. Alors,je n’ai plus eu de doutes”.

Sœur Olga Raschietti

“Je vais rentrer bientôt au Burundi, à mon âge et avec un physiqueaffaibli et limité, qui ne me permet plus de courir jour et nuit, commeauparavant. Toutefois, intérieurement, je crois pouvoir affirmer que l’élanet le désir d’être fidèle à l’amour de Jésus, en le réalisant dans la mission,est toujours vivant en moi. La mission m’aide à dire dans la faiblesse :“Jésus, voici mon geste d’amour pour toi”.

Sœur Lucia Pulici

5. Pour la réflexion

Modérateur :Les saints nous tracent le chemin à parcourir vers la sainteté. Cechemin passe par le Gethsémani et le Golgotha.

“Celui qui appartient au Christ doit vivre toute la vie du Christ. Commelui il atteindra l’âge adulte et, un jour, entrera dans le chemin de la Croix,qui, par Gethsémani, conduit au Golgotha.

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Et toutes les souffrances qui nous atteignent extérieurement ne sontrien en comparaison de la nuit obscure de l’âme lorsque la lumière divinene l’éclaire plus et que la voix du Seigneur ne se fait plus entendre. Dieu estlà, mais il est caché et se tait.

Pourquoi en est-il ainsi ? Ce sont les mystères de Dieu que nousabordons et ils ne se laissent pas entièrement pénétrer. Nous ne pouvonsque commencer à les contempler. Dieu s’est fait homme pour nous donnerde participer à nouveau à sa vie. Participation qui était au principe et quiest l’ultime fin”.

Ste Thérèse Bénédicte de la Croix, Edith Stein (1891-1942)

6. L’Evangile et le Martyre

“La force du missionnaire consiste dans la conviction que l’Evangile estune proposition de vie pleinement humaine. Mais l’Evangile entre dans unmonde qui n’est pas humain, un monde qui ne connaît pas le Père et nereconnaît donc pas les frères. Un monde dans lequel chacun suit sonchemin, soucieux de lui-même et de son bien-être : à conserver, s’il l’a, ou àconquérir, s’il ne l’a pas. Il est donc impossible d’éviter une collision entrel’Evangile et la déshumanité, d’autant plus que celle-ci assume les formesdu libre arbitre violent qui ne supporte pas l’annonce désarmée et douce del’Evangile.

Jadis, au moins, il y avait une haute considération pour les personnesqui se sacrifiaient pour quelque chose. C’étaient les héros, quelque soit leursacrifice, pour la liberté ou pour la justice, pour la science ou pour laculture. Même s’ils n’étaient pas suivis par le grand public, ils étaientquand même appréciés et admirés par tout le monde. Aujourd’hui, parcontre, ils sont ignorés, voire ridiculisés : ils sont considérés, pour le direfranchement, comme des insensés. Le seul objectif, devenu sage et rusé, estde se réjouir de son existence. Ce principe est la source de ladéshumanisation de notre époque, car elle méconnaît son humanité et celledes autres.

En s’ouvrant à tout l’humain et à tous les humains, l’Evangile nousintroduit dans un chemin de croissance humble qui n’est pas facile à êtreembrassé. Le missionnaire, homme d’Evangile, entre ainsi inévitablementen collision avec la résistance intérieure et avec l’opposition extérieure.Dans la mesure où il résiste dans sa lutte, il deviendra témoin, martyr : ilest témoin d’une humanité plus pleine et de la foi qui en est la source”.

P. Francesco Marini, Con loro sempre, pp. 9-10.

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7. Conforti et le Martyre

“Vous ne pouvez pas utiliser des moyens différents de ceux que le Christa employés pour la fondation de son Règne. Lui, contrairement à l’espritdes conquérants du monde, il n’a pas fondé son Règne par la force desarmes, mais par la parole qui captive les esprits et par le charme de l’amourqui fascine les cœurs. (…)

La parole simple et lumineuse de l’Evangile : voilà l’arme que vousdevez empoigner comme une épée à deux tranchants qui pénétrerajusqu’au plus profond des cœurs, et y opérera le changement que la forceseule de Dieu peut réaliser. Cette parole, vous allez la confirmer parl’exemple d’une vie sainte, par l’exercice fécond de la charité, par l’esprit desacrifice qui vous permettra de dépasser toute difficulté, et même parl’héroïsme du martyre, si vous y êtes appelés”.

Conforti, Discours d’envoi, n. 16 (1927)

8. Conforti et le Martyre

“Le missionnaire est la personnification la plus belle et sublime de la vieidéale. Il a contemplé en esprit Jésus Christ montrant aux Apôtres lemonde à conquérir à l’Evangile, non par la force des armes mais par lapersuasion et par l’amour, et il en est resté ravi. A cet idéal il sacrifie lafamille, la patrie, les affections les plus chères et légitimes. (…) Il est arméexclusivement de la croix du Christ, toujours prêt à verser son propre sang,si cela est nécessaire pour le bien des frères, et bien plus encore, le cœuranimé du désir de sceller par le martyre son apostolat”.

Conforti, Discours d’envoi, n. 12 (1924)

9. Conforti et le Crucifix

“Le Crucifix est le grand livre dans lequel se sont formés les Saints etdans lequel nous devons nous former nous aussi. Tous les enseignementscontenus dans le Saint Évangile sont condensés dans le Crucifix. Il nousparle avec une éloquence qui n’a pas d’égal : avec l’éloquence du sang. (…)

Le Crucifix est le point le plus élevé qui ouvre à notre regard deshorizons immenses. Il est le livre sublime. (…) Aucun autre livre ne peutparler avec une plus grande efficacité à notre esprit et à notre cœur. Aucunautre livre ne peut nous aider à envisager des résolutions plus généreuseset à susciter en nous toutes les énergies nécessaires pour les mettre enapplication, même au prix des plus grandes renonciations et des plus durssacrifices.

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C’est pour cette raison qu’au Missionnaire qui part pour des payslointains annoncer la Bonne Nouvelle on ne donne d’autres armes que leCrucifix, car cette arme-là renferme la puissance de Dieu. Par elle, iltriomphera sur tout et sur tous, après avoir triomphé sur lui-même”.

Conforti, Parole du Père, n. 52 (1925)

10. Les vœux sont une sorte de martyre

“La vie apostolique, jointe à la profession des vœux religieux, constitueen soi ce que l’on peut concevoir de plus parfait selon l’Évangile. À traversla profession des vœux religieux nous en venons à mourir à tout ce qui estterrestre pour vivre d’une vie cachée en Dieu avec Jésus-Christ, réalisantainsi ce que l’Apôtre Paul écrivait aux premiers chrétiens : "Vous êtes mortset votre vie désormais est cachée avec le Christ en Dieu” (Col 3,3). Lesvœux religieux sont des liens saints qui nous attachent toujours plusétroitement au service divin. Ils sont un affranchissement total du démon,du monde et de la chair. Ils sont une continuelle aspiration à des chosestoujours meilleures.

Les vœux religieux sont une sorte de martyre. Il leur manque, c’est vrai,l’intensité des affres de la mort, mais cela est remplacé par la durée, c’est-à-dire, toute la vie. C’est pourquoi ils augmentent le mérite de nos actions,étant conformes à la doctrine traditionnelle des Pères de l’Église que ce quel’on accomplit moyennant un vœu religieux est doublement méritoire auxyeux du Seigneur. Celui qui accomplit une œuvre sans s’y être engagé parvœu, fait remarquer sagement saint Anselme, peut être comparé à celui quioffre le fruit d’un arbre ; celui qui accomplit cette même œuvre par le liend’un vœu, offre le fruit et l’arbre en même temps. Et le Docteur Angéliqueécrit que la profession des vœux religieux équivaut, en quelque sorte, à undeuxième baptême parce qu’elle marque le commencement d’une vienouvelle”.

Conforti, Lettre Testament, n. 2 (1921)

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11. La vie a un sens si elle est un don

Il y a ceux qui donnent peude l’abondance qu’ils possèdent,et ils le donnent pour susciter la gratitudeet leur désir secret corrompt leurs dons.

Et il y a ceux qui possèdent peuet qui le donnent en entier.Ceux-là ont foi en la vie et en la générosité de la vie,et leur coffre ne se vide jamais.

Il y a ceux qui donnent avec joie,et cette joie est leur récompense.

Et il y a ceux qui donnent dans la douleur,et cette douleur est leur baptême.

Il est bon de donner lorsqu’on vous le demande,mais il est mieux de donnerquand on vous le demande point.On comprend mieux les besoins des autres.

Tout ce que vous possédez, un jour sera donné.Donnez donc maintenant,afin que la saison du don soit la vôtreet non celle de vos héritiers.

Khalil Gibran, Le Prophète

12. L’audience du Pape Paul VI à Mgr Catarzi, en 1966

“Le Pape m’a reçu dans son bureau privé. Il m’a accueilli avec unegrande amabilité. Il a voulu savoir avec exactitude où la ville d’Uvira estsituée. Il m’a demandé des nouvelles de l’Institut qu’il connaissait à traversnotre communauté de Desio, à propos des pères et des sœurs qui travaillentdans notre mission. Il s’est montré très intéressé quand je lui ai rappelé nosdéfunts [de Baraka et Fizi] et je lui ai annoncé la libération des deuxconfrères de Nakiliza. À propos des morts, il m’a dit d’une voix forte :

“Ce sont vos martyrs. Recueillez les souvenirs. Vénérez les reliques”.

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Il a voulu savoir des peines que nous avons souffertes pendant les cinqmois de captivité à Uvira. “Eh bien, enchaîna le pape, saluez-moi aussi lescongolais de votre diocèse. Dites-leur que le pape les aime, qu’il leursouhaite la paix et qu’il les regarde avec admiration. Oui, je pense auxbonnes personnes qui souffrent beaucoup au milieu de cette longueépreuve et qui, malgré tout, gardent précieusement la foi et le courage. Etcela suscite en moi beaucoup d’admiration”“.

Mgr Danilo CATARZI, Notiziario Saveriano, n. 8 (1967), p. 48.

13. Martyre blanc

“Il y a des martyrs blancs qui n’ont pas versé leur sang. Au sens strict dumot, ils ne sont pas martyrs, parce que le martyr est celui qui donne la viepour la foi. A la rigueur, les martyrs blancs sont des confesseurs. Ils sontcomme le Christ au Jardin des Oliviers, où il souffrit les tortures de l’esprit.Ils ne sont pas comme le Christ au Calvaire. Dans les annales de l’Eglise, ilsauront une place spéciale. Ils demeureront comme Thérèse de Lisieux qui atoujours eu le désir du martyre sans jamais pouvoir le satisfaire : “Lemartyre fut le rêve de ma jeunesse et il a grandi en moi au long desannées”.

En donnant raison aux martyrs blancs, il faut rappeler que les tortures,les châtiments et les souffrances ne suffisent pas pour faire d’une personneun martyr. Saint Paul l’a bien dit : “J’aurais beau me faire brûler vif, s’il memanque l’amour, cela ne me sert à rien” (1Co 13,3). Les martyrs blancsn’ont pas versé leur sang et ne sont pas des martyrs au sens strict du terme.Être décapité pour la foi, être déchiré par les lions, être brûlé, sont despeines de quelques heures et pour lesquelles des milliers de chrétiens ontgagné la couronne du martyre. L’Eglise n’aura-t-elle pas une couronnespéciale pour ceux qui ont subi les tortures de l’esprit pendant plusieursmois, voire des années ? Saint Thomas affirme que la vertu du martyre nes’évalue pas par les peines, mais par le sacrifice de toutes les choses, mêmede la vie elle-même par amour de Dieu. La mort est moins importante desdispositions intérieures qui prouvent l’amour au Christ et à l’Eglise. Dansl’hymne pascale nous chantons que l’amour est le prêtre qui immole leChrist : “amor sacerdos immolat”. Nous, leurs contemporains, nous devonstrouver la manière d’honorer leur amour qui n’a pas été suivi par leversement de leur sang. Au moins, nous pouvons dire d’eux : ils sont desmartyrs, mais martyrs d’amour. “Martires sunt, sed amoris !”

Fulton Sheen, La Crise du Monde et l’Eglise, p. 73

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14. Nouveau printemps chrétien

“Nous élevons notre fervente prière auprès des grands Saints Africains– ceux qui fleurirent aux premiers siècles de l’Eglise et ceux qui, comme lesMartyrs d’Uganda, furent saisis par la persécution à l’aube du nouveauprintemps chrétien. Prions pour qu’ils continuent à intercéder pour leursfrères d’aujourd’hui, et qu’ils accélèrent le jour où sur toute l’Afriqueresplendisse la lumière du Christ. Que le continent soit renouvelé nonseulement dans ses formes de vie extérieure, mais surtout dans la grâce del’Esprit”.

Paul VI, Message à l’Afrique, 29 octobre 1967.

15. Témoignage

“Témoignage – Martyria. Il y a une chose que les gens pardonnentdifficilement : le fait d’être blanc. Il ne suffit que cela pour qu’ils me voientsupérieur à eux. Et ils viennent chez moi comme des éternels mendiantspour demander même les choses les plus inimaginables. J’ai beaum’efforcer d’être comme eux, de parler leur langue, de prendre leurshabitudes, d’oublier que je suis né à Salò et que ma famille est à Desio. Rienà faire ! De ma part, je cherche d’échapper à tout geste de paternalisme etde ne pas m’attribuer une importance quelconque.

Eux, ils me voient sur une estrade qui, en fait, n’existe pas. Ouvriers,enseignants, catéchistes et jeunes, tous parviennent peut-être à meconsidérer comme un frère au milieu des frères, tel que je suiseffectivement et que je désire d’être considéré. Peut-être, mais pas tout lemonde. Mais, pour tous, je demeure un étranger. Etranger, pèlerin,nomade, visiteur, quelqu’un qui n’est pas d’ici, quelqu’un qui est là depassage, qui vient d’ailleurs et qui va ailleurs : oui, en réalité je suis biencela.

Ma manière même de vivre est un témoignage d’un autre monde. Si jeprie, c’est parce que je crois en un monde de l’Esprit. Si je travaille, c’estparce que je crois que ce monde n’est pas seulement céleste. Si je prêche,c’est parce que j’ai reçu un message d’un autre qui n’est pas d’ici. Si je restefidèle à mes vœux, c’est parce que je ne les ai pas promis à un homme, maisparce que j’ai prêté serment à Dieu. Bref, si je continue à être ce que je suis,je dois avouer d’être témoin de quelque chose d’autre. Il me fait doncaccepter d’être mis entre guillemets”.

Vittorino Ghirardi (1931-1994), Mission et Martyre, vol 2, p. 533.

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16. La dernière lettre du père Luigi

Modérateur :Le père Luigi Carrara put écrire une petite carte à ses parents, en Italie,le 22 novembre 1964. Il l’a remise à un chrétien qui l’a postée àBujumbura et qui est parvenue à destination deux jours après leglorieux martyre.

“Chers papa, maman, frères, sœurs, je suis en forme. La Providence m’aassisté d’une manière admirable : pas de prison, pas de bastonnade. Je suisà Baraka, depuis le 16 octobre dernier pour remplacer les deux Pères quisont actuellement en Italie. Je ne suis pas seul. Nous sommes avec le frèreVittorio. Auparavant, je faisais la navette entre Fizi et Baraka. Mais ledéplacement était difficile. Maintenant j’ai déménagé ici.

L’atmosphère semble s’améliorer et les relations envers nous sont plussereines. Mais nous ne pouvons pas faire grand-chose. Nous nous limitonsà rester à la maison et nous ne nous rendons qu’à l’église. Je peux direqu’en ces jours, il y a une certaine tranquillité. Les frères séparés sont partisdepuis longtemps. Nous avons décidé de rester ici. Pour cela, les gens nousapprécient. Nous pourrions ainsi faire du bien. Je vous avais écrit en juindernier, mais, sans doute, la lettre ne vous est pas parvenue. Il y a dudanger.

Priez beaucoup le Seigneur pour moi, ainsi que pour les quatre autresqui vivent dans les mêmes conditions. Je pense souvent à vous. Je vousembrasse tous dans le Seigneur, surtout maman et papa. Nous sommesentre les mains de Dieu. Priez et faites prier beaucoup. J’espère que cettepetite carte vous parviendra et que bientôt je vous enverrai un écrit pluslong.

Je vous embrasse.Luigi Carrara”

NB : La nourriture ne nous manque pas. C’est bien la paix qui nousmanque. Nombreux sont au Calvaire.

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Table des matières

Présentation du Père Caglioni 3Le grain de blé est prophétie de pain (Ronchi) 6Veillée de la Mémoire des Martyrs Xavériens 7Bibliographie 20Annexes 21

Suggestions pour la réflexion (Faccin, Fizi, Dom Erwin, Xavériennes de Kamenge) 21Edith Stein 23Evangile et martyre (Marini) 24Conforti et le Martyre 25La vie: un don (Gibran) 27Audience à Catarzi (Paul VI) 27Martyre blanc (Fulton Sheen) 28Nouveau printemps chrétien (Paul VI) 29Témoignage (Ghirardi) 29La dernière lettre (Carrara) 30

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