Modalités et effets du transfert technologique par les firmes multinationales L’évolution du

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    rudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos de l'Universit de Montral, l'Universit Laval et l'Universit du Qubec

    Montral. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche.rudit offre des services d'dition numrique de documents

    scientifiques depuis 1998.

    Pour communiquer avec les responsables d'rudit : [email protected]

    Note

    Alain Boutattudes internationales , vol. 20, n 4, 1989, p. 817-836.

    Pour citer cette note, utiliser l'adresse suivante :http://id.erudit.org/iderudit/702580ar

    Note : les rgles d'criture des rfrences bibliographiques peuvent varier selon les diffrents domaines du savoir.

    Ce document est protg par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'rudit (y compris la reproduction) est assujettie sa politique

    d'utilisation que vous pouvez consulter l'URIhttp://www.erudit.org/apropos/utilisation.html

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    Modalits et effets du transfert technologique par les firmes multinationales : Lvolution ducontexte dans les pays en dveloppement (Note)

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    NOTES

    Modalits et effets du transferttechnologique par les firmes

    multinationales :L'volution du contexte dans les pays

    en dveloppement

    Alain BOUTT*

    Sous la pousse de nouveaux systmes de production, les frontires nationales clatent et

    l'on voit apparatre [...] les firmesmultinationales, qui, par la concentration et la

    souplesse de leurs moyens peuvent mener desstratgies autonomes [...] .

    Pape PAUL VF.

    L'accs la technologie exige des investissements parfois considrables;il faut la fois des capitaux et des structures d'organisation appropries. Orces lments font le plus souvent dfaut dans les pays en dveloppement(PED),qui s'efforcent en consquence d'attirer les investisseurs trangers pardes incitations diverses.2 Ce phnomne semble, en outre, fond sur l'opinionselon laquelle les socits transnationales constituent un vecteur majeur destransferts de technologie (80 90% des transactions).3 De fait, une propor-tion notable de flux technologiques transite par l'investissement direct quiapparat non seulement comme un moyen d'accder immdiatement auxtechniques avances de production, mais aussi un moyen d'instruire et de

    * Sciences politiques,HEC, dipl. postgrade en informatique et organisation, docteur en conomie,chef de projets l'ADIES, Lausanne. L'auteur exprime sa grande reconnaissance au Professeur Pierre Goetschin, avec lequel il a collabor la chaire de Finance et Politique d'entreprise del'Universit de Lausanne.

    1. In Lettre apostolique de sa Saintet le Pape Paul VI au Cardinal Maurice Roy, l'occasiondu 80me anniversaire de l'EncycliqueRerum Novarum , Cahiers de l'actualit religieuse et sociale, n 17, 1er ju in 1971, p. 36.

    2. Certains auteurs estiment que de telles incitations sont de nature crer des distorsions dans

    l'conomie nationale , rduire son efficacit e t entran er un manque gagner pour l' tathte (Cf. A. GALENSON,Systmes d'incitations dans l'industrie: cadre d'analyse pour les paysen voie de dveloppement,Banque mondiale, (BK.0498), Washington, 1984).

    3. ONUDI,Technological coopration between developing countries including exchange of information and expriences in technology and know-how arrangements,( ID/WG.272/1) ,Vienne, p. 3.

    Revue tudes internationales, volume XX, n" 4, dcembre 1989

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    former ses nationaux l'emploi d'informations technologiqueset de techniques professionnelles. 4

    Si les transferts technologiques devaient toutefois aboutir un processuslocal d'enrichissementdes connaissances industriellement opratoires,lesmodalits misesen oeuvre et l'impact des prestations sont diversementapprcis. Nous nous proposons d'aborder cette question sous l'angle aussibien des entreprises que des conomies intresses. Dans cette optique,ilnous a paru utile de dgager les traits essentielsdu phnomne multinational y affrent et d'insistersur l'volutiondu contexte,en prenant soinquele commentairen'en altre le sens primordial.Il apparatraen dfinitivequeles attentesdes firmes engages dansles oprationsde transfert international de technologiene devraientpas exclure cellesdes tats. Ce n'est qu'au

    momento les stratgies conjointesdes partenaires rencontrentune perspective de comptabilit - manifestation simultanede la reconnaissancedesniveaux d'aspirationset des utilits mutuelles- qu'une vritable cooprationnous semble possible.

    I Les modes d ' intervention des firmes multinationales

    Si la dlocalisationde la production diffre d'une firme multinationale(FMN) l'autre, les principaux modes d'intervention susceptibles d'entraner

    un transfert technologique concernentla sous-traitance internationale,l'investissement directet la ven te d'ins tallations cls ou produits enmain . 5 Une distinction es t cependant utile pour prvenirune ventuellemprise: attenduque la FMN,en installant une filiale l'tranger, n'a paspour vocation premirede cder sa technologie, l'investissement directentrane plutt un transfert indirect de technologie, tandis qu'un transfertdirect obit la logiquede l'investissement indirect (sous-traitance soutenue,ventes d'installations cls ou produitsen main). 6

    A L a sous-trai tance internat ionaleIl existe diffrentes approchesde la sous-traitance internationale.Les

    dfinitions qui en dcoulent restent nuances selonles proccupationsdeleurs auteurs. Nousla considrons simplement,ici, commeune associationla ralisationd'un processus de productionde biens ou services d'un par-

    4. ONUDI,Principes directeurs pour l'valuation des accords de transfert technologique, NationsUnies, (ro/233),New York, 1982, p. 37.

    5. J. PERRIN,Les transferts de technologie, ditionsLa Dcouverte, Coll.Repres , Paris,1984,pp. 52-55;R.-F. BIZEC,Les transferts de technologie, PUF, Coll. Que sais-je? , Paris,1981,p. 95.

    6. Pour un e discussion approfondiede ces concepts, voir:A. BOUTT,Les transferts internationaux de technologie comme instrument de dveloppement industriel, META-DITIONS,Lausanne, 1989, pp. 58-60.

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    tenaire tranger sur la base, soit de la dfinition des activits, des mthodes,procds, rgles et modes opratoires, soit de leur excution. travers cette

    association, le sous-traitant se substitue partiellement ou totalement audonneur d'ordre dans les phases de sa participation au processus d'ensembleet se subordonne ses directives. Traditionnellement, elle s'organise autourde trois axes: la nature de la relation avec le partenaire, la dure de larelation (occasionnelle, conjoncturelle, structurelle), le caractre de la prestation par rapport la comptence du donneur d'ordre.7

    Si l'on tient compte des contraintes inhrentes aux relations Nord-Sud,cette forme de coopration devient plus complexe; car elle devrait tre lie des stratgies dcoulant aussi bien des conditions environnementales (prexistence d'une force de travail docile,8 rseaux informels...) que de la politique conomico-industrielle des tats (ouverture aux changes internationaux, intgration de l'conomie nationale...) et de la politique dedveloppement desFMN (conomie sur les cots de production, niveau d'affiliation du sous-traitant, contrle des flux technologiques par le donneurd'ordre...). titre d'exemple, l'chec de la politique indienne visant promouvoir la sous-traitance sur le modle japonais peut s'expliquer par lesdiffrences dans les proccupations des parties prenantes et les contextessocio-culturels des deux pays.9 Ce modle a, en revanche, connu un succsnotable auprs de certains nouveaux pays industriels(NPI), notamment enAsie du Sud-Est.

    Gographiquement, cette forme de dlocalisation de la production semblepourtant revtir un caractre provisoire. Sur ce point, le Secrtariat de laCNUCEDtente d'apporter la lumire dans le domaine de l'industrie lectronique.10 partir d'une analyse comparative de la structure des cots de laproduction ralise dans le cadre d'accords de sous-traitance entre paysdvelopps conomie de march et pays en dveloppement, le rapportconclut sur l 'existence d'un effet de ruissel lement , rsultant d'un processus de glissement des relais gographiques de la sous-traitance internationale, en fonction des capacits techniques et des avantages comparatifs

    potentiels.En admettant toutefois que la sous-traitance internationale est fonction

    de l'lvation du niveau technologique des pays d'accueil et de la maximisa-tion des avantages pour les firmes intresses, on doit s'interroger sur sesrapports avec le transfert et la matrise technologiques. Cela suppose une

    7. P.Y. BARREYRE, M. CARLE, Le dveloppement de la sous-traitance: consquences pour lesentreprises franaises de sous-traitance, ministre de l'Industrie, Paris, Septembre 1979,p. 18.

    8. ASIAN PRODUCTIVITY ORGANIZATION,International Sub-contracting: a Tool of TechnologyTransfer, APO, Tokyo, 1978, 132p.9. S. WATANABE, Le dveloppement de la petit e ent repr ise et de la sous-traitance ,Revue

    Internationale du Travail, n 5, vol. 110, Novembre 1974, pp. 437-456.10. CNUCED,Accords de sous-traitance internationale dans le domaine de l'lectronique entre pays

    dvelopps conomie de march et pays en dveloppement, (TD/B/c.2/144/supp. 1), N.U., NewYork, pp. 20 et suiv.

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    application la sous-traitance de l'tude non seulement de la production maisgalement de la circulation des informations techniques et du savoir-faire quiaccompagnent l'exercice d'une telle activit. n Au cours de nos investigations,il est apparu que le donneur d'ordre encourageait parfois le sous-traitant dvelopper des techniques complmentaires, utilisables dans la valorisationde ses produits. 12 Certaines firmes jugent ainsi ncessaire d'accorder uneaide concrte la gestion de l'unit de sous-traitance, sous forme de mthodesde management relativement avances et de critres de contrle comparables ceux qui existent dans la grande entreprise .13 ce titre, quelques PEDsemblent bnficier des effets de la dsintgration verticale engage dansnombre de FMN des pays industrialiss; plusieurs d'entre elles reconnaissantdsormais l'obsolescence du critre du cycle de production verticalementintgr. u Pour acclrer le temps de dveloppement des nouveaux produits etlimiter les investissements fixes, elles se tournent de plus en plus vers lasous-traitance de composants et sous-ensembles spciaux.

    Dans certains secteurs, la dsintgration de la production aboutit laconstitution d' entreprises-rseaux .15 Plutt que de regrouper l'intrieurd'une mme structure l'ensemble des fonctions classiques, la firme intresseprfre en confier une grande partie des sous-traitants et partenairesextrieurs, avec lesquels elle forme un rseau plus ou moins dense. Alors quela sous-traitance traditionnelle se limite gnralement des productionsannexes et spcialises, c'est l'essentiel de la production qui est ici confi l'tranger. On peut supposer que, dans l'avenir, peu de fonctions chapperontdans les industries non comptitives des pays dvelopps cette nouvellepossibilit d'clatement. Mais c'est actuellement dans la micro-lectroniqueet le textile que la tendance la constitution de rseaux connat son expression la plus accomplie. 16

    Cette tendance parat pourtant oppose la logique industrielle ne auXIX me sicle, o la volont de puissance imposait l'intgration verticale ethorizontale. Aussi la prise de contrle du capital n'apparat-elle plus forcment comme la meilleure solution pour s'associer avec les entreprises despays bnficiant d'avantages comparatifs. Derrire les nouvelles politiquesqui en dcoulent se cachent finalement, quelques variantes prs, une mmestratgie: la constitution d' entreprises satellites auxquelles on apporte lesconnaissances techniques et le soutien logistique ncessaires pour la production des biens qui seront distribus par le donneur d'ordre sur son march.

    11 . C'est ce que nous avons tent de montrer dans notre ouvrage: Les transferts internationauxde technologie comme instrument de dveloppement industriel, op. cit.

    12. Ibidem, pp. 78-95.13. Entretien avec Franco MARIOTTI, Prsident Directeur Gnral de Hewlett-Packard S.A.

    (Genve), novembre 1986.

    14. L'efficient, Le capital-risque: o en est-on? , n10, Club d'Efficience de Suisse Romande,Lausanne, Dcembre 1986, pp. 5-11.15. F.-X. BESLU, Entreprises de demain: sous-traiter pour rgner , Science & Vie Economique,

    n24, Janvier 1987, p. 68.16. Rappelons, ce propos, l'exemple du producteur franais d'ordinateurs Forum-International

    et celui de l'entreprise de confection bisontine Socit Industrielle de Diffusion.

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    Celui-ci parvient, chemin faisant, valoriser techniquementla productiondes sous-traitants sans dperdition d'nergie, touten gardant une structure

    lgre dansle pays d'origine.17

    A fortiori, le regroupement des capacits scientifiqueset organisationnel-les propres . la firme revient conserveret dvelopper les fonctions quilu ivalent des avantages spcifiques (recherche-dveloppement, marketing, distribution...), puis laisser celles pour lesquelles ellene prsente pas d'aptitudes particulires aux partenaires susceptiblesde s'en acquitter efficacement.Il convient toutefoisde souligner quede telles associations n'impliquentunematrise technologique additionnelle que dans des situations ole partenairelocal assimiledes connaissances supplmentaires, indispensablesau respectdes spcifications imposespa r le donneur d'ordre. Dansle cas contraire,l'augmentation ventuelledu potentiel technologique chezle sous-traitantdcoule essentiellement d'un processus d'apprentissageet de valorisation destechniques dj existantes;les transactions portantsur des oprations complexes, ou difficilement excutables sans l'interventiondu donneur d'ordre,auront alorsle caractred'un projet plus importantet utiliseront,de prfrence, les autres canauxde l'investissement international.

    B L'investissement direct multinational

    S'il est vrai quela pratiquede l'investissement direct remonte la fin dusicle dernier,il faut cependant constater qu'ellen'a commenc s'affirmernettement qu'aprsla Seconde Guerre mondiale. Maisce n'est qu'au coursdes deux dernires dcennies qu'ellea connu un dveloppement marquant.Une statistiquedu Centre d'tudes Prospectiveset d'Informations Internationales (c.E.P.l.l.), portantsur les sorties de capitaux destins financerdesinvestissements directs, montreque les flux mondiauxs'y rapportantontenregistr un taux de croissance annuel moyende 13,9 % entre1967 et1980.18 S'agissant prcismentdes PED, le montant cumuldes investissements directs reprsentait, la fin de l'anne 1970, $42,3 milliards, $58,2milliards la fin de 1973 et $83,5 milliards la fin de 1976.19 Il s'agit d'undoublementen six ans, mais qui, comme nousle verronsinfra, sera suivi parune stagnation, voireu n dclin.

    D'aprs les donnes de l'ONU,20 les flux d'investissement direct taientprincipalement orients, la fin des annes 1970, soit versles industriesextractives localisesau Moyen-Orient (87,8 % contre 7,3 % dansle secteurdes industries manufacturireset 4,9 % dans celui des services)et en Afrique

    17. F.-X. BESLU, cit supra, p. 71. L'auteury parle d' entreprise sans usine pour dsignerla

    socit amricaineNIKE dont la productiones t base en Core du Sud.18. CEPII,conomie mondiale: la monte des tensions, Economica, Paris , 1983, pp. 84-85.19. R. CHAPONNIRE,P. JUDET, P. VERNET,La coopration industrielle: l'volution du contexte, les

    problmes et les ouvertures, I.R.E.P., Grenoble, Avril 1978,p. 17.20. ONU,Transnational Corporation in World Development :A Re-Examination, U.N., New York,

    1978, pp. 259-260.

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    (61,5% contre 17,6% et 20,9% dans les mmes secteurs), soit versunerpartition sectorielle plus quilibreen Amrique latineet aux Carabes(33,2 % dansles industries extractives,39,4% dansles industries manufacturires, 27,4 % dansles services), ainsi qu'en Asieet en Ocanie (respectivement 37 %, 30,9 %et 32,1%). L'objectif initialement vispar ces firmes fut,en Amrique latine,de pntrerle march intrieur avant qu'elles n'envisageassentpar la suite une rexportationde la production locale versles payslimitrophes.21 Au Mexique s'est d'ailleurs dveloppe, toutau long de lafrontire avecles tats-Unis,une petite industrie tourne versle voisinduNord: les maquiladoras. Quant aux pays asiatiques, l'investissement directse justifiait singulirementpar l'incitation publiqueet la disponibilit d'unemain-d'oeuvre relativementbon march, engage dansles productions destines prioritairement l'exportation.

    Globalement, l'investissement direct revt nanmoinsun caractre cyclique. Sur la base des estimationsde l'OCDE,son volution peut tre dcomposeen quatre priodes distinctes, dontles deux premiresse situent avantles crises ptrolires:

    1960-1968: forte croissance;1969-1973:net ralentissement;1974-1981:croissance trs leve;1982-1986:net dclin.

    La troisime priode concide avecles annesde recyclagedes ptrodollars en qute de placement, tandisque la dernire semble davantage marque par la rcessionqui a persist dansla plupartdes pays dvelopps,etqui s'est traduite par une contraction notabledes investissements directsdans le Tiers Monde. titre d'exemple, dansla massedes $100milliardsdetransferts nets versles PED en 1983, ils ne reprsentaient plusque $9,3milliards, soit donc seulement9 % du total, alors qu'ils s'tablissaient 20 %en 1970, encore peu prs autanten 1975 et 12% en 1976.22 Selon lerapportde la Banque mondiale,23 cette tendancene s'est gure inverse entre1984et 1986, eu gard l'orientation prfrentielledu capital international

    vers l'conomiede crdit.L'ide selon laquelle l'endettement aurait prisla place de l'investisse

    ment direct dansle Tiers Monde, semble d'ailleurs raliserla quasi-unanimit parmi les conomistesdu dveloppement.24 Elle se retrouve notammentdans les affirmationsdes expertsdu Centre sur les socits transnationales

    21 . B. MADEUF,L'ordre technologique international: production et transferts, Notes et tudesdocumentaires,nos 4641-4642,La Documentation franaise, Paris,1981, p. 139.

    22. P.-F. SMETS, Problmeset perspectivesdes investissements internationaux directs danslespays en voie de dveloppement, Mondes en dveloppement, n 49, Tome 13, 1985, pp. 155-

    179.23 . Banque Mondiale,Rapport sur le dveloppement dans le monde 1986, Washington,D.c, 1986,pp. 62-63.

    24. W. ANDREFF, Alternativeou complmentarit entre endettementet investissement directtranger dansles PED, Congrs de l'Association internationale des conomistes de langue

    franaise, Fribourg, Juin1987.

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    de I'ONU et du FMI. 25 Les implications de cette ide de la substitution de ladette l'investissement direct dans le Tiers Monde ne sont pourtant pasmodestes: un recours plus vaste l'investissement direct ne devrait-il paspermettre, aux yeux des tenants de ladite thse, de rsoudre le problme dufinancement de la formation du capital et de contourner les obstacles ns dusur-endettement ?

    En ralit, si l'investissement direct peut tre considr comme unmoyen de rduire l'encours de la dette extrieure, que ce soit par la stimulation de la production ou par la conversion d'une partie de la dette eninvestissement direct, il est discutable d'attribuer une volution strictementen sens inverse aux deux phnomnes. D'une part, les besoins de financementdes FMN ne sont pas sans en tr ane r la croissance des oprations de prts

    bancaires internationaux, notamment en euro-devises. D'autre part, les critres qui gouvernent l'octroi des crdits internationaux ne sont pas fondamentalement diffrents de ceux qu'appliquent les FMN pour valuer le risque-payslors d'une implantation de filiale. Ce doute est galement confirm par lacomparaison statistique de l'volution des deux variables sur des priodespluriannuelles. Les calculs de corrlation effectus par le Professeur Wladi-mir Andreff, de l'Universit de Grenoble II, et l'quipe de recherche URGEMSE(CERES) montrent en effet que les deux variables voluent dans le mme sens : C'est l'hypothse de complmentar it qui s'impose. Complmenta rit forteentre les prts bancaires et les flux d'investissement direct tranger [...] . 26

    Bien plus significative nous semble l'attraction exerce par les nouvellesformes d'investissement (NFl), en particulier les possibilits de transferttechnologique 27 dont les recettes ont sensiblement progress ces derniresannes. Dans le cas du Cameroun par exemple, nous avons pu constater quele part enai re tr anger y jouait un rle de premier plan lors de l'exploitationde l'unit technologique implante. 28 En fait, dans certaines situations, l'apport en capitaux de la FMNapparat secondaire et tend tre remplac parune contribution immatrielle, fonde sur une circulation d'actifs intangibles caractre technologique, dont la rmunration peut tre fonction des rsultats de l'activit entrepreneuriale. Les politiques de protection des industries

    nationales, observes dans quantit de PED,participent sans doute cetteredfinition des stratgies d'investissement, surtout lorsque les mesures sontprises pour restreindre le rapatriement des capitaux. Les NFl permettent

    25. ONU, Les socits transnationales dans le dveloppement mondial. Troisime tude,Centre surles socits transnationales, New York, 1983 ; D. GOLDSBROUGH,Foreign Private Investmentin Developing Countries, A Study by the Research Department of the International Mone-tary Fund, Occasional Paper, n33, Janvier 1985; PH. NOREL, L'volution conflictuelle despolitiques de dveloppement , Le Monde diplomatique,Mai 1987, p. 25.

    26. W. ANDREFF, End ett eme nt et inve stiss ement direct trang er dans le tiers-monde , cono-mie et Humanisme, n297, Septembre-Octobre 1987, p39.

    27. C. OMAN,Les nouvelles formes d'investissement dans les pays en dveloppement,Centre deDveloppeme nt de l'OCDE, Pa ri s, 1984, pp. 132 et su iv.

    28. A. BOUTT,Les transferts internationaux de technologie comme instrument de dveloppement industriel, op. cit.,pp. 393-398.

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    alors aux FMNd'viter les risques lis la possession de filiales 100 %, sansqu'elles aient en contrepartie renoncer au bnfice de leurs savoir-faire etcomptences industrielles.

    Cette tendance rsulte galement de la volont commune de modifiercertaines rgles du jeu.29 Elle se manifeste notamment par la crationd'entreprises conjointes, 30 c'est--dire des associations comprenant un investissement en capital et un transfert de la technologie spcifique d'entreprise.Destines dsamorcer la sitation conflictuelle parfois latente lors desimplantations de filiales, elles apportent juridiquement la socit trangrele droit une part de proprit, aux dcisions et la gestion d'une nouvelleunit industrielle dans le pays hte. Dans ces conditions, les autorits dupays d'accueil esprent mieux concilier leur volont de tirer profit desinvestissements internationaux (dissmination technologique, effets d'entranement...) et celle de prserver l'conomie nationale de l' l'emprise trangre ;les FMN, quant elles, sont censes y trouver une srie d'avantagescomme la rcupration de leur capital, la scurit d'approvisionnement enmatires premires, la sauvegarde d'un certain pouvoir dcisionnel et lesgains sur les prestations complmentaires (maintenance technique, formation, soutien la gestion...).

    Outre la joint venture, les exemples les plus souvent cits pour illustrer lethme des NFI sont: les accords de licence et d'assistance technique, lescontrats de gestion ou de services... travers lesquels l'apport en informa

    tions techniques et en savoir-faire devient un substitut l'investissementinternational sous sa forme traditionnelle. 31 De mme que les annes 60avaient vu monter les investissements directs, de mme les annes 80 voientse constituer diffrentes modalits intermdiaires d'accs aux marchs trangers. 32 La liste n'est videmment pas close, et on pourrait encore adjoindre,dans le cadre par exemple des risques industriels et d'oprations de garantie l'tranger, les prts long terme, assimilables des participations encapital et faisant intervenir des ingnieurs-conseils dlgus par une sourcede financement extrieure (banque exerant le suivi du projet, reprsentantsde l'Etat ayant accord la garantie ou l'aide financire, etc.). De grandes

    entreprises comme British Petroleum ou General Electric, ont d'ailleurs pris

    29. Ce qui n'est pas sans rappeler les suggestions entretenues au dbut de la premire criseptrolire, visant limiter le s tensions dans le secteur des industries primaires. Voir pa rexemple : Z. MIKDASHI, Les industries primaires nationales et la socit multinationale : lenouvel environnement international . tudes internationales, n 1, vol. 7, Qubec, 1976,pp. 67-109.

    30. R.L. LARCIER,Les joint ventures, vecteurs de diversification; in E. BORSCHBERGet al., Diversification, intgrationet concentration. Presses Polytechniques Romandes, Lausanne,1982, p. 273.

    31. ONUDI,La coopration industrielle au niveau des entreprises, (UNIDO/PC.101),Vienne, 30 avril1984, p 14.

    32. Pour de plus amples dtails, voir: A. BOUTT, La coopration technologique et industrielle:une voie no n ngligeable de transfert international de technologie , Revue conomiqueet sociale, 46 me anne, n 4, Dcembre 1988, pp. 221-225.

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    conscience du fait que leur s directions financires font un mtier peu diffrentde celui d'une inst itu tion financire inte rnati onale. 33

    Les mutations technologiques en cours ne manqueront cependant pas defavoriser un repli plus prononc des firmes sur les nations dveloppes. Nonseulement les nouveaux progrs techniques autorisent dsormais une certaine relocalisation industrielle dans les pays du Nord (p.e. automation dansl'horlogerie), la tendance la substitution des matires premires provenantdu Sud (p.e. vulgarisation des matriaux synthtiques) semble amoindrir lesavantages comparatifs qui s'inscrivaient prioritairement, jadis, dans les stratgies d'insertion des FMN dans les PED.

    C La ve nt e d' ins tal la tio ns cls et pro dui ts en ma in Nombre de pays du Tiers Monde, notamment ceux disposant de ressour

    ces minires ou de ga rant ie s financires inter nationales, ont choisi la formulede l'achat d 'us ines cls en main pour acclrer la mise en place d'unitsindustri elles . Nous ver rons pou rtan t qu'au point de vue de la captat ion technologique, cette modalit ne laisse pas de prsenter d'assez graves imperfections.

    Dans le cont rat cl en main , on assiste gnra lement un forfaitglobal portant sur la livraison d'une unit de production prte fonctionner,sans que l'acqureur soit contraint de matriser les oprations d'ingnierie oude coordination du projet. De telles formules paraissent davantage utiliseslors de l'installation d'ensembles industriels complexes (raffinerie de ptrole,usine ptrochimique ou sidrurgique, centrale thermique ou hydro-lectrique,etc.), mais ga lement lors de la ral isat ion des projets d'inf rastructures.

    La collaboration Sud-Sud est de plus en plus remarque dans ce domaine. 34 C'est ainsi que la socit corenne Daewoo a remport, devant cinqfirmes japonaises, un contrat de $120 millions pour la ralisation en ArabieSaoudite d'une usine de polythylne basse densit. 35 Daewoo devait assurer

    l'ingnierie, la construction d'une partie des quipements et la transmissiondu savoir-faire requis. Au-del du Moyen-Orient, les entreprises originairesdu Sud largissent leur prospection l'ensemble des pays ptroliers; versl'Irak o une firme brsilienne a obtenu un contrat global dans le secteurferroviaire; vers la Lybie o des socits sud-asiatiques participent laralisation et la maintenance des units de production; vers l'Algrie ol'Inde a sign un accord de coopration technique dans la charpente et la

    33. A. BRESSAND, L'entreprise-rseau, Le Monde, Dossiers et documents, no 142, Mars 1987,p. 2.

    34. A. BOUTT, Exportation de technologie: la relative perce de certains pays du Sud , Revueconomique et sociale, 46me anne, n4, Dcembre 1988, pp. 215-220.

    35. Financial Times, 2 juin 1982. Voire aussi: R. CHAPONNIRE,A. GAULE,P. JUDET,Lesnouveaux pays industriels dans le commerce mond ial , Problmes conomiques, n 1835, LaDocumentation Franaise, 3 juillet 1983, p. 21.

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    chaudronnerie lourde (Annaba II et Oran III); vers le Cameroun o ungroupe sud-coren, aprs de multiples pripties et une rude comptition auxcontours parfois ambigus avec la firme anglaise Blue-Circle, s'est vu confier

    un projet d'implantation d'une nouvelle cimenterie (protocole d'accord signle 7 janvier 1987) ; etc.

    Mais beaucoup d'acqureurs on t fait l'exprience de l'insuffisance desprestations cls en main ; d'autres formules ont alors t proposes pourpallier les difficults communment rencontres. Celles-ci prvoient notamment la transmission du savoir-faire et la responsabilit technique du fournisseur jusqu'au moment o le personnel local est en mesure d'assumer lesoprations de production. Aussi est-on arriv parler de contrats par tage dela production , service risque ou, encore, produits en main (monito-

    rage). Les deux premires formules sont couramment utilises dans l'extraction minire. Elles restent, tout bien considr, spcifiques ce type d'industrie. Par contre, le monitorage devrait en principe prmunir les PED contre lenon-respect des performances de production dans le secteur manufacturier.Nonobstant, des incertitudes demeurent: hormis la prcarit d'un systmed'assurance et de garantie, la tendance la globalisation des contrats et desmcanismes qui y ressortissent, 36 n'aboutit pas ncessairement l'appropriation des techniques qui accompagnent pourtant ces interventions. Si l'entreprise rceptrice n'a gure particip aux phases de conception et de mise enoeuvre du projet correspondant, le transfert technologique ne commence

    qu'avec la transmission du mode d'emploi des quipements et installationstechniques, ds lors que celui-ci comporte des lments de savoir-faire impliquant un certain recyclage des oprateurs concerns.

    En fait de contrat global, deux formes solidaires de transfert technologique peuvent y tre apprhendes 3 7 : la premire porte sur la diffusion dusavoir d'usage des biens de consommation intermdiaire et d'quipement; laseconde concerne la transmission du savoir de fabrication proprement dit.Dans la premire forme cependant, si la transaction ne porte que sur lesproduits finis imports, leur utilisation peut certes entraner une modification du comportement socio-conomique des intresss, mais la vente

    simple implique pratiquement peu de savoir matrisable. 38 Les produitscommercialiss s'intgrent un processus de production relativement contrlable, l'exception toutefois des cas o ils sont suffisamment sophistiquspour faire appel un service aprs-vente (assistance, maintenance, entretien...), introduisant a fortiori des connaissances nouvelles. Encore faut-ilprciser que de tels projets ne conduisent pas indubitablement, en aval, unematrise du produit ou de l'information et du savoir-faire qu'ils contiennent.

    36. Voir par exemple: J .H. MUROYAMA, H.G. STEVER, Globalization of Technology, NationalAcademy Press, Council of Acadmies of Engineering an d Technological Sciences, Washington, D.C., 1988, 216p.

    37. B. MADEUF, L'ordre technologique international: production et transferts, op. cit., pp. 76 etsuiv.

    38. L. BOYER, Exportation d'quipement et transfert de technologie , Revue Franaise deGestion, Mars-Avril 1977, p. 21.

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    MODALITS ET EFFETS DU TRANSFERT TECHNOLOGIQUE... 827

    titre d'exemple, une enqute du Centre Nord-Sud de l'Institut del'ent reprise donne une ide de l'tat de l'industrie africaine: Sur les 343

    projets analyss parmi les 1 800 recenss, 274 sont en dysfonctionnement,dont 79 totalement arrts. 20 % seulement utilisent leur capacit de production au-dessus du seuil jug satis faisant. Ceci ne signifie pas que ces 20 %constituent des affaires florissantes: certains de ces projets fonctionnant pleine capacit connaissent de grosses difficults financires et sont en faitdes affaires non rentables, soutenues bout de bras par les pouvoirs publicset, travers eux, par les organismes internat ionaux de financement .39 Onne peut, ds lors, s'empcher de constater que c'est moins d'une pnuriegnrale de flux technologiques dont souffrent le plus les acqureurs solva-bles que d'une abondance d'apports peu utilisables dans un contexte dematrise industrielle.

    Comme la technologielato sensu ne tire ses lettres de noblesse que de saconfrontation une ralit spatiale et temporelle donne, l'apprentissagetechnico-industriel ne peut faire facilement abstraction du milieu dans lequelil est pratiqu. En tout cas, l'entreprise rceptrice devrait possder unecapacit d'assimilation: si elle est organise uniquement pour exploiter lesinstallat ions cls en main et au tres systmes techniques imports, sansaptitudes particulires les prolonger, le transfert technologique est rarement contribut if long terme; car son objet risque fort d'tre prim aumoment o il sera effectivement matris.

    II - Les effets du tran sfer t techno lo giqu e par les firmesmultinationales

    Il est possible de distinguer comme consquences de l'intervention desFMN, les effets directs et les effets indirects; car l'internationalisation desentreprises, en dpit de certaines limites videntes, a pour rsultat nonseulement de modifier les fonctions productives et les ressources disponibles long terme mais galement d'entraner des aptitudes techniques et des

    retombes diverses. Toutefois, il est particulirement difficile de dgager desdonnes prcises sur le fonctionnement de tels effets et d'en saisir l'ensembledes aspects. Sans prtendre l'exhaustivit sur ce sujet, au demeurantinpuisable, nous retiendrons, afin d'en limiter le foyer, quelques interrogations simples: Quel est l'impact commercial des prestations caractretechnologique desFMN dans les PED? Quel est le niveau des crationsd'emplois? Quelle est l'importance des savoir-faire induits? Quelles sont, endfinitive, les consquences rtroactives de l'implantation l'tranger dessystmes techniques de production?

    En guise de rponse ces questions, nous verrons que l'analyse des effetsdu transfert technologique emprunte deux problmatiques: l'une s'appuyant

    39. In Pour un vrai partenariat industriel avec l'Afrique: bilan et perspectives de l'industrieafricaine, Paris, 1986, p. 15. Voir aussi: A.BOUTT,Les transferts internationaux de technolo-gie comme instrument de dveloppement industriel, op. cit., pp. 13-14.

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    sur les grandes variables macro-conomiques(p.e. changes commerciauxetemploi),et l'autre reposantsur le comportementdes partenaires(p.e. comptenceset organisationdes entreprises).

    A L'impact sur les changes commerciauxet l'emploi

    Sur le plan du commerce mondial,les effets en retour du transferttechnologique sont nettement perceptibles:il ne fait plus de doute que lesindustries lourdesdes PED(sidrurgie, ptrochimie...)on t introduitune nouvelle donnesur le march mondial, crant sectoriellementdes difficultsdiverses (reconversion, restructuration...) dansla plupart des pays de l'OCDE.Les importations occidentalesde fer et d'acier en provenancedes PED sontainsi passesde 2,8 % en 1970 4,3 % en 1976, pour s'tablir 16,4 %en1983, malgrdes limitations justifies, dans certains Etats,par des raisonsdepolitique intrieure.De mme, entre 1970 et 1976, les importationsdeproduits manufacturs furent multipliespar quatre, passantde $6,9 milliards $27,9 milliards.40

    En fait, la part des PED dans les exportations mondialesde produitsmanufactursn'a cess d'augmenter. Quelques chiffres soulignentde leursobre loquence l'allurede cette progression:de 4,2 % en 196341 ces exportations ont atteint 10,9 %en 1983, au momento l'on observaitun tassement

    de la part des pays dvelopps conomiede march. Si l'on considre larpartitionde la valeur ajoute dansle secteur manufacturier mondial,il enressortque la part des pays en dveloppement( l'exclusionde la Chine)estpassede 9,8 % en 1979 10,7 % en 1982, alors que celledes pays dvelopps conomiede march es t descendue, durantla mme priode,de 64,6 %60,8 %.42 En 1984, la contributiondu Sud aux exportationsa encore progresspour s'tablir 13 %. Ils occupaient alorsla deuxime place devant l'Allemagne et les tats-Unis.43

    Mais les chiffres prcitsne prennent leur sensque si l'on y ajoute laliste des principaux exportateursdu Tiers Mondeet importateursde latechnologie contrlepar les FMN,44 savoir la Core du Sud, Hong Kong,Tawan, Singapour,le Brsil,le Mexiqueet l'Argentine,qui ralisent conjoin-

    40. CNUCED,Produits dynamiques dans les exportations d'articles manufacturs des PVD vers les pays dvelopps conomie de march, Genve, 1978. Voir aussi:R.-F. BlZEC,Les Transfertsde technologie, op. cit., p. 100.

    41. ONUDI,Analyse statistique de la situation industrielle mondiale, (UNlDO/is.506), Vienne,03-01-1985, p. 13.

    42. Source: Base de donneset estimationsde I'ONUDI.Informations fourniespar le Bureaude la

    recherche et de l'analyse des politiques en matire de dveloppementet le Bureau destatistiquesdu Secrtariatde I'ONU;documentUNIDOIIS.506, 3.1.1985,p. 6.43. J. LEMPERIRE, Quelle place pourles pays sous-dvelopps?, Le Monde, Dossiers et

    documents, n 142, Mars1987, p. 2.44. Voir ce sujet: A. BOUTT,Les transferts internationaux de technologie comme instrument de

    dveloppement industriel, op. cit., pp. 97-106.

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    tement 60 75 % du score . Mmesi leur contributionaux changesmondiauxa dclin au cours de la dcennie 60, passantde 6,7 % en 1960 5,4 %en 1970, la part du Brsil,du Mexiqueet de Singapour descendant au-dessousde 1 %,45 partir de 1970, cette tendances'est inverse, leur contribution passant 7,6 % en 1980. Alors que les biens manufactursnereprsentaientque 18 % de leurs exportations totalesen 1963, ils s'levaient 48 % en 1970 avant d'a tteindre 60 %en 1980.

    En somme,le s exportations manufacturires desNPI ont augment plusvite que cellesdes pays industrialiss, sous l'impulsionde FMN fournissantleurs prestations technologiques, soit par ventes d'usines ou par crationsdefiliales, soiten vertu d'investissementsen portefeuilleou de sous-traitancessusciteset soutenues, impliquantun apport de techniqueset de connaissances industrielles.En 1987, quatre pays considrs comme tels (Hong Kong,Singapour, Core du Sud, Tawan) sont d'ailleurs apparus comme des champions du monde toutes catgoriesen matire d'exportation .46 Il en estvidemment autrement dans les pays commele Sngal, o les prestations decertaines socits-mreset leurs achats auprs des filiales seraient effectus des prix disproportionns par rapport ceux pratiqussur le marchmondial.47

    Du ct des effets-emplois ,les filiales des FMN ne reprsentent,premire vue, qu'un faible pourcentagede collaborateurs dansle TiersMonde. Certa ins auteurs vont d'ailleurs jusqu' juger antinomiquesauxproccupations d'emploides pays en dveloppement le s oprations effectues par ces firmes.48 Selonun rapport publi en 1981 parle Programme desentreprises multinationalesdu BIT49, leurs filialesn' y occupaient que 4millions de travai lleurs environ, soit 0,5 %de la main-d'oeuvre mondialetotale forte de 840 millions de personnes (abstraction faitede la Chinepopulaire).En 1988,le personnel employ par les FMNa atteint le chiffre de7millions.50 Toutefois, de telles estimations ne concernent que les effets directs,et non le s effets indirects.

    Une autre tudedu BIT a pourtant tent d'valuerles deux typesd'effets,51 travers des rapports gnraux concernant le Brsilet le Kenya,et

    45. P. JUDET, R. CHAPONNIRE,A. GAULE, Les Nouveaux p ays indu strie ls dan s l'volution ducommerce mondial ,Problmes conomiques,n 1835, La Documentation Franaise, Paris,3aot 1983, p. 17.

    46. OSEC, L'exportationen pratique , 1/88, Lausanne,22 mars 1988, p.6.47. G. GRELLET, Structures et stratgies du dveloppement conomique,PUF, Coll. Themis ,

    Paris, 1986, pp. 291-292.48. C.V. VAITSOS, Employment Problemsand Transnational Enterprisesin Developing Coun-

    tries: Distorsionsand Inequality (with particular rfrenceto Andean Pact Countries).

    Working Paper, n l l , BIT, Genve, 1976, p. 52.49. BIT, Effets des entreprises multinationales sur l'emploi dans les paysen dveloppement,BIT,Genve, 1981, pp. 54-55.

    50. J . DECORNOY, Les multina tiona les, omniprsentes et... impuissantes ,Le Monde Diploma-tique, n 416, Novembre 1988, p.9.

    51 . BIT, Choix de technologies et cration d'emploispar les entreprises multinationales dansles pays en dveloppement, BIT, Genve, 1984, 102p.

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    quinze tudes de cas conduites auprs d'entreprises de secteurs divers (mtallurgie, production de matriel lectrique, de vhicules, de textiles et de fibressyn tht iques, lect ronique, informatique) dan s diffrents aut res PED (Inde,Nigeria, Singapour...). Au Kenya, vingt filiales de FMN employaient directement 8 120 per sonnes en 1982, les effets ind irec ts vert icaux, en amont et enaval, ont t es tims respectivement 19 830 et 34 800 postes de t ravailnouveaux. Au Niger ia, deux ent repr ises employaient 2 800 et 800 personnes,les effets d' ent ranemen t en aval y aura ien t reprsent 4 000 et 800 personnes. Au Brsil, les deux cas tudis concernent des firmes o les emploisdirects a tteign aien t les chiffres de 15 000 et 1 230 ; les effets d'entranementen amont se seraient tr ad ui ts par 15 000 et 1 650 emplois. Citons encoreSingapour o les t rois fil iales re tenues occupaient 2 130, 4 326 et 2 731personnes, les effets d'entranement en amont auraient contribu respectivement l'emploi de 1000 , 3 000 et 1200 personnes. 52

    Les conclusions dgages par cette tude ne sont sans doute pas l'abride quelque critique, elles donnent nanmoins un certain nombre d'enseignements. Il y est reconnu, par exemple, que les effets-emplois des FMN sontminors en l'absence d'une prise en compte des effets indirects verticaux, cesderniers s'exerant de diffrentes manires, notamment par le biais dudveloppement progressif des comptences techniques locales et de l'apport enmatire d'organisation du travail. Dans le temps, de tels effets dpendent,d'une part, de l'influence des politiques en matire d'industrialisation, d'accueil des investissements trangers, de formation de la main-d'oeuvre, et,d'autre part, de la capacit de la filiale de prendre progressivement des dcisions technologiques judicieuses . 53 En fait de dcisions judicieuses de la filiale, celles-ci peuvent principalement fournir trois types d'impactindirect, suivant le degr d'intgration locale: les liens d'entranement enamont avec les fournisseurs et sous-traitants; les effets qui apparaissent enaval sur les distributeurs et consommateurs de produits semi-finis; les effetshorizontaux sur les firmes nationales de la mme branche.

    Sur le plan des effets rtroactifs dans les pays d'origine des FMN, s'il estvrai que l'absence de donnes globales ne peut conduire qu' des estimationsfragmentaires, il apparatra nanmoins infra que la plupart des pays occidentaux ont conserv des emplois malgr l'accroissement des exportations desPED. 54 Sans pour autant exclure les consquences videntes dans les rgionsmonoproductrices ou dans certaines branches industrielles dclinantes, onpeut supposer que les effets sur l'emploi se trouvent partiellement compensspar le redploiement sectoriel et la livraison induite d'autres produits.

    Suivant les pays, le contenu en termes d'emploi des importations deproduits manufacturs en provenance des pays du Sud est toutefois suprieur

    52. Ibidem, p. 61.53. N. JEQUIER, Technology Choice and Employment Gnration by Multinational Enterprises in

    Developing Countries, I.L.O., Genve, 1984, p . 34.54. OCDE, Les enjeux des transferts de technologie Nord-Sud, Centre de dveloppement de l'OCDE,

    Paris, 1981, chap. 3.

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    celui des exportat ions occidentales de mme montant. Ainsi, le rapport enemplois crs par unit d'exportation, en emplois perdus par suite d'importations serait-il dfavorable aux pays industrialiss.55 Selon les estimationsfaites en 1969 par le Secrtariat de l'OCDE,56 ce rapport aurait vari entre 0,96en RFA, 0,93 au Pays-Bas, 0,84 en Belgique et 0,65 aux tats-Unis. partirdes hypothses alternatives, un institut de Kiel(RFA)57 concluait que, pourdes raisons structurelles, l'volution de la Division internationale du travaildans le domaine industriel s'accompagnerait de la disparition d'un nombred'emplois, compris entre 250 000 et 600 000 de 1973 1985. En France, unequipe de chercheurss'est penche sur l'analyse de ces effets;58 la combinaison des hypothses extrmes fait apparatre une volution de l'emploi industriel entre +5 0 000 et - 2 5 0 000.

    La situation dans la Confdration helvtique semble plus claire. Letransfert de la production l'tranger a entran, depuis 1970, une formeparticulire de dsindustrialisation. Le processus de contraction industriellese double, dans le cas des multinationales, d'une spcialisation dans certainesfonctions de l'entreprise comme la R-D, l'informatique, le marketing, l'organisation, la formation des cadres.59 Selon la statistique rvise de l'emploi, lesecteur secondaire a perdu quelque 250 000 emplois entre 1970 et 1985.Paralllement ce recul, il y a eu un accroissement de 338 000 emplois dansle secteur des services. En tenant compte du secteur primaire, il apparat quele nombre total des personnes actives a augment(+ 27 000).60 Ces chiffresmontrent quel point le march du travail a ragi la modification de lasituation de l'emploi, puisque le taux de chmage helvtique tait estim 1% en 1985, 0,7% en 1986 et 0,8% en 1987,61 pour une population activeapprochant le chiffre de 3,3 millions.62 S'il ne fait pas de doute que ce rsultata t favoris par de nouveaux investissements locaux, y compris dans larationalisation de la production, il n'est pas moins vrai qu'avec la transnationalisation des entreprises et les mutations structurelles, le niveau desemplois restantss'est lev aussi bien quantitativement que qualitativement.

    55. R.-F. BIZEC,Les transferts de technologie, op. cit., p. 102.56. OCDE,L'incidence des nouveaux pays industrialiss sur la production et les changes mon

    diaux de produits manufacturs, Centre de Dveloppement de l'OCDE, Paris, 1969, pp. 32 etsuiv.

    57. Institut fur Weltwirtschaft; In R. CHAPONNIRE, P.JUDET,P. VERNET,La coopration industrielle, op. cit., p. 73.

    58. SETEF,Les changes franais de produits industriels avec les pays en voie de dveloppement,Paris, novembre 1977, p. 76.

    59. Journal suisse des associations patronales 5, Investissements directs et transfe rts deproduction (II) , 29 ja nvie r 1987, p. 80.

    60. S. BORNER,C. KNPFEL,Internationale Wettbewerbsfhigkeit: Strategische Herausforderung fur Schweizer Unternehmen, Universit de Ble, 1986, pp. 10 et suiv.

    61. Schweizerische Arbeitergeber-Zeitung, 14 fvrier 1988, p. 27;Financial Foreign Oprations,Business Int ern at ion al Corp., Dcembre 1986, p. 2.

    62. Source:OFIAMT; in La lutte syndicale, FTMH, Berne, 20.1.1988, p. 8.

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    B - L' impac t sur les compt ences et l 'organ isation des entr epri ses

    Partant du constat que l'insuffisance de l'apprciation statistique rduitla porte d'une tude empirique sur les effets des prestations de FMN, RenSieber tente de les cerner dans le cadre d'une approche d'quilibre gnral, partir de trois modles d'inspiration no-classique. 66 Le premier est un modle lmentaire un secteur et deux facteurs de production homognes, tirantsa substance de la contribution de MacDougall 67 et reposant sur un dveloppement formel du volet consacr aux effets sur le revenu, sa distribution et ladiffusion du savoir-faire. Les deux autres modles, deux secteurs, permetten t de rduir e l'abs trac tion leve du premier par l'introduction d'lmentscomme les conditions de la demande des biens produits. Sieber conclut pardes arguments favorables des politiques d'ouverture et d'encouragementaux investissements directs, compte tenu de leur aspect d'instrument d'allocation des ressources et des comptences.

    De tels enseignements mritent d'tre considrs la fois avec attentionet avec prudence:

    Avec attention, en raison de la contribution souvent essentielle des FMNau dveloppement des carrires industrielles; non seulement certainesparviennent suppler la faiblesse de la culture technique des payshtes et des ressources propres aux partenaires locaux, 68 mais galement, par leur prsence et leur recrutement, elles ne favorisent pasmoins indirectement la mise sur pied de structures productives oud'enseignement pour divers types de techniciens. 69

    Avec prudence, compte tenu de la nature thorique des modles dvelopps et des hypothses qui y sont sous-jacentes; concurrence parfaite surtous les marchs, plein-emploi et homognit des facteurs de production, linarit de la fonction de production agrge, inlasticit parfaitede l'offre des facteurs domestiques, non-taxation des revenus du capitaltranger...

    Dans le domaine de la recherche-dveloppement par exemple, si lescapacits des FMN sont considrables, celles-ci restent gnralement concentres prs de la socit-mre. Cette caractristique, souvent justifie entermes de rationalisation, a des implications particulires. D'une part, lacentralisation des laboratoires et services techniques rend parfois coteuse

    66. R. SIEBER, L'analyse des effets de l'investissement direct sur le revenu et sa distribution dans le pays d'accueil, Thse de doctorat es sciences conomiques et sociales, mention conomiepolitique , Ed. Peter Lang, Berne, 1983, 207p.

    67. G.D.A. MACDOUGALL, The Benefits and Costs of Private Investment from Abroad: A

    Theoretical Approach ; in International Investment, Penguin Modem Economies Readings,1972, pp. 129-158.68. Voir par exemple: A. BOUTAT, Les transferts internationaux de technologie comme instrument

    de dveloppement industriel, op. cit., pp. 408-416.69. A. EMMANUEL, Technologie approprie ou technologie sous-dveloppe ?, Publications de I'IRM,

    PUF, Paris, 1981, pp. 49-51.

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    leur duplication au niveau des filiales, attendu que la socit-mre fournitl'ensemble des prestations technologiques comprenant aussi bien les tudesde faisabilit d'un projet initial d'investissement que les conseils en marke

    ting pour les produits finis, les quipements, les informations industrielles, lesavoir-faire, les normes comptables... Autrement dit, lorsque l'intgration desfiliales l'espace d'opr ations de la socit-mre es t forte, elle peut setraduire par une circulation intense de flux de toutes sortes de nature compliquer leur absorption dans le milieu de rception. D'autre part, si l'onen croit l'ONUDl, l' internalisation des circuits de la technologie dfavorisele transfert des agents nationaux situs l'extrieur de la firme ;70 le savoirtransmis demeure ainsi parcellaire, finalit troitement circonscrite. Demme, la conception des projets et l'tude des dtails techniques sontgnralement labores l'tranger, ou bien confies des experts de

    nationalit trangre engags cet effet .71

    Ce qui entrane quelquefois, dela part des autorits du pays d'accueil, la fixation des rgles de conduite contraignantes comme les obligations de compensation des importations,d'intgration nationale de la filiale, de participation locale la mise enoeuvre des projets ou au capital, d'adaptation des produits 72 ....

    Du ct des effets en retour , les prestations des FMN ne devraient pastre regardes uniquement sous l'angle des flux de revenus directs, car lesrtroactions agissent le plus souvent avantageusement aussi bien sur l'innovation que sur le renforcement des capacits techniques et l'organisation dutravail.

    En fait, les interventions effectues sont habituellement prcdes d'uninventaire des comptences, ainsi que d'une formalisation pralable desoprations et de leur contenu. Or la formalisation de processus de cettenature constitue dj, par elle-mme, une activit de r-appropriation technologique susceptible de conduire des innovations. Si l'on admet paralllement que l'tude ventuelle de faisabilit vise modifier les apports enfonction des ressources en facteurs, des habitudes, des valeurs sociales et desobjectifs du partenaire rcepteur, on est en droit de penser que ces momentsd'analyse peuvent dboucher su r des amliorations et rationalisations du ct

    de la FMN. Cette mobilisation du capital intangible peut finalement avoirpour effet indirect un renforcement de son propre potentiel technologique.

    D'autre part, il est apparu au cours de nos enqutes que les transferts detechnologie vers les PED ne se rduisaient pas la cession stricto sensu desdroits sur le savoir de production protg, bien qu e cette composante en

    70. ONUDI, L'autosuffisance technologique des pays en dveloppement: Vers l'adoption de strat-gies oprationnelles, (ID/262) , Srie Mise au point et transfert des techniques , n 15, N.U.,New York, 1984, p. 7. Nous conviendrions cependant que ce n'est pas le but premier d'une

    cration de filiale.71. D. GERMIDIS.Le transfert technologique par les firmes multinationales, Centre de Dveloppe

    ment de l'OCDE, Vol. I, Paris, 1977, p. 314.72. ONUDI. La coopration industrielle au niveau des entreprises, (UNIDO/PC.101),Vienne, 30 avril

    1984, p. 18.

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    MODALITS ET EFFETS DU TRANSFERT TECHNOLOGIQUE... 835

    constitut parfois le noyau.73 Il va de soi que la firme intresse a lapossibilit de dvelopper d'autres dbouchs internationaux , en entranant dans le sillage de son savoir-faire et de ses biens de capital les semi-

    produits et les services complmentaires ncessaires. Mais, dira-t-on, cetenrichissement des domaines d'intervention ne s'effectue pas sans contraintes. Signalons cet gard que toute extension internationale des activitsindustrielles n'est pas exempte de nouvelles difficults; celles-ci s'articulant,entre autres, autour de la matrise des procds d'exportation, de l'ingnierie,de la formation, des questions stratgiques et politico-lgales.

    Il convient galement de noter l'impact sur la structure et l'organisationde la FMN. Compte tenu en effet de la spcificit du type des prestationsconsidres, les collaborateurs de l'entreprise seront souvent convis lesexcuter hors de leur lieu de travail habituel (contacts directs, insertion dansl'environnement d'accueil...). Cependant, la direction devra elle aussi disposerde la facult assurer conjointement ses responsabilits courantes et celleslies la ralisation des projets envisags. L'allgement de la structureorganisationnelle pourrait, par exemple, tre obtenu grce la cration deservices d'tat-major, aptes jouer le rle essentiel de support dans larecherche des solutions aux problmes d'ordre juridique, commercial oufinancier. Cet aspect organisationnel apparat encore dans le cas o lesprestations remettent en cause les habilits et l'exprience des collaborateursde l'entreprise. Lorsqu'en plus on est oblig de composer avec des agentsintermdiaires et une lgislation contraignante, toute l'expertise et la forcede l'quipe managriale devraient tre mises contribution. Ce qui n'est passans effet sur l'efficacit de la firme concerne.

    C o n c l u s i o n

    Eu gard la complexification croissante des savoir-faire, des informations industrielles et des produits technologiques, leurcration exige unpotentiel d'innovation et d'normes budgets de recherche-dveloppement quine sont pas toujours faciles runir. La voie ducopiage n'est pas plus aise:elle implique une reproduction des systmes techniques et des connaissancesprotges ne donnant pas lieu contrepartie sous la forme, par exemple, dedroits et redevances. Mme s'il existe aujourd'hui certains tats dans le TiersMonde trop importants pour tre inquits par des actions en justice de lapart des dtenteurs de brevets,74 tous lesPED ne disposent cependant pas de lacapacit financire, scientifique et technique ncessaire cette reproduction;la plupart d'entre eux prfrant recourir l'importation directe, ou l'acqui-sition indirecte des technologies dont ils ont besoin.

    73. A. BOUTT.Les transferts internationaux de technologie comme instrument de dveloppement industriel, op. cit., pp. 28-76.

    74. G. GRELLET.Structures et stratgies du dveloppement conomique, PUF, Coll. Thmis ,Paris, 1986, p. 294.

  • 8/3/2019 Modalits et effets du transfert technologique par les firmes multinationales Lvolution du

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    Plusieurs canaux sont utiliss cette fin: des flux de connaissances debase vhiculs par les hommes (instructions techniques accompagnant l'ordrede sous-traitance, programmes de formation, contacts directs, sminaires...) la technologie incorpore et transmise dans le sillage des biens de capital(quipements, us ines cls en main , filiales, entrepr ises mixtes...). Durantles deux dernires dcennies, l'internationalisation des entreprises, sous desformes diverses, a t un phnomne majeur de l'organisation et de la miseen oeuvre de la diffusion de ces flux. Des tats qui, jadis, s'en mfiaient parcrainte d'une domination culturelle ou conomique, acceptent dornavantles interventions deFMN faute de pouvoir dvelopper une pargne intrieure.

    Les effets qui en rsultent ne s'expriment pas partout de la mme faon;les intrts des pays d'accueil, aussi bien que ceux des firmes concernes, sontnombreux et varis. Suivant les critres retenus, les buts des uns et des

    autres ne sont ni forcment incompatibles, ni ncessairement convergents. Ilreste nanmoins hasardeux de prjuger sur l'volution future des relationsentre lesFMN et leurs partenaires desPED. On peut toutefois souhaiter que lesrapports de force ne donneront pas le champ aux seules prrogatives conflictuelles, mais devraient aussi intgrer la dimension cooprative utile touteperspective de relations durables. En effet, pour tirer parti de cette invitablelogique de conflit-coopration , les uns et les aut res auront prendre encompte les buts respectifs, dpasser le climat de mfiances rciproques, viterdes mesures extrmes sur la gamme des attitudes possibles et prvoir desorganismes de conciliation ou d'arbitrage.

    Fondamentalement, la radicalisation mconnat le fait que le transfert technologique, qu'il soit direct ou indirect, est fond sur la confiance. Sicette dernire est inexistante, on devrait s'interroger sur la ncessit d'uneventuelle collaboration ou sa prennit. L'loignement permettrait pourtantde valoriser les relat ions de confiance en proportion mme de l'amenuisement des possibilits de contrle.75 Un peu d'ordre et de souffle dans lesrapports internationaux, en dpit des diffrences notables qui les caractrisent, ne serait qu'un atout pour les changes technologiques une priode derelations montaires, commerciales et conomiques qui s'annonce encore plustrouble, accentue de surcrot par le problme de l'endettement.

    75. P. GOETSCHIN. Un monde en transes ,Revue UNI, n 49, Lausanne, 1986/4, p. 12.