Modes Temps

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    Cours,Documents

    &Travaux Dirigs

    Prof : Yacoub GHRISSI

    Institut Suprieur de lducation et de la Formation Continue

    UV : FR 106

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    Le fascicule Modes et Temps (FR 106) soulve certains problmes de syntaxe propres au verbe franais, etnotamment ceux relatifs aux notions de mode, de temps et daspect.

    La premire partie est consacre la thorie ( Cours ), o, aprs une introduction qui prsente le verbe, sonttraits, chacun dans une leon part, les diffrents modes, ainsi que les notions de temps et d aspect .

    La deuxime partie, appele Documents , propose quelques rappels, ainsi que des mises au point que le tempsimparti au cours en classe ne permet pas de dvelopper. Ce choix est dlibr car ltudiant rechigne souvent

    consulter des manuels ou tout simplement ignore leur existence.La troisime et dernire partie est consacre aux Travaux Dirigs., o ltudiant trouvera un assez large ven-tail dexercices lui permettant de vrifier les connaissances quil connat dj et celles quil vient dacqurir ainsique trois corrigs complets.

    Une liste des symboles est place en dbut du fascicule pour habituer ltudiant aux notations quil rencontretrs souvent dans les ouvrages de rfrence.

    Enfin une bibliographie donnera les plus importantes et les plus rcentes rfrences qui traitent du verbe.

    Les objectifs de cet enseignement sont de deux ordres :

    Des objectifs gnraux :

    - faire la distinction entre les diffrents niveaux de lanalyse linguistique ;

    - identifier correctement la partie de discours laquelle appartient une unit linguistique ;

    - faire la distinction entre lemploi dune unit linguistique en langue et son fonctionnement en discours ;

    - faire la distinction entre la nature et la fonction dune unit linguistique ;

    - faire la distinction entre mode, modalit et modalisation ;

    - manipuler correctement les tests de vrification ;

    Des objectifs spcifiques :

    - identifier une forme verbale : forme simple, locution verbale, priphrase verbale ;

    - faire la distinction entre les diffrents fonctionnements dun verbe linfinitif ;

    - faire la distinction entre les diffrents fonctionnements dun participe pass ;

    - faire la distinction entre les diffrents fonctionnements dun participe prsent ;

    - faire la distinction entre un participe prsent et un adjectif verbal ;

    - matriser les notions d poque et d aspect ;

    - classer les verbes lindicatif selon le type de texte : discours / rcit ;- faire la distinction entre les valeurs temporelle, aspectuelle et modale dun verbe lindicatif ;

    - justifier lemploi du subjonctif.

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    Listes des abrviations et des symboles

    1.Abrviations d'ordre linguistique

    Adj. adjectifAdjV adjectif verbalAdv. adverbeCod complment d'objet direct

    Coi complment d'objet indirectCplt. complmentDt. dterminantInd. mode indicatifInter. Ind. (SII) propositionsubordonne interrogative indirecteN nomN[+hum.] nom humainN[-hum.] nom non humainNrgent nom rgentP phrase ou propositionPP participe passPPa participe prsent

    Qu + P proposition subordonneQuP Ind propositionsubordonne avec verbe lindicatifQuP Sub propositionsubordonne avec verbe au subjonctifSA syntagme adjointSAdj. syntagme adjectivalSAdv. syntagme adverbialSInf syntagme infinitifSN syntagme nominalSNE syntagme nominal tenduSNsujet (SN0) syntagme nominal fonctionnant comme sujet du verbe principalSP syntagme prpositionnelSV syntagme verbal

    Subj. mode subjonctifV verbeVInf verbe linfinitif (appel galement temps non-fini)Vnom. nom issu d'une Transformation de nominalisation dun verbeVop verbe oprateurVsup verbe support

    2. Symboles typographiques

    * plac gauche dune structure, signifie quelle est agrammaticale ou inacceptable? lexemple donn est difficilement acceptable?? lexemple donn est trs difficilement acceptable

    donne, aboutit est driv de, est la transformation de lment effac ou vide/ spare deux variantes ou deux structures complmentaires[...] une squence dans le mme paragraphe ne comportant aucun des lexmes tudis(...) les points de suspension sont dans le texte original cit(x) l'lment unique entre parenthses est facultatif= symbole signifiant que les structures sont synonymes ou quivalentes+ dans une cellule dun tableau, signifie que la structure existe- dans une cellule dun tableau, signifie que la structure nexiste pas# le symbole # qui suit un exemple signifie que la frontire de la structure est atteinte

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    Cours

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    LE VERBE

    1. Introduction

    1.1. DfinitionNous nous servons du verbe pour exprimer principalement des faits (actions, changements d'tat, etc.) quenous situons dans un temps o ces faits occupent, lorsqu'ils sont actualiss, une certaine dure et une certainedate :

    est sorti, sort, sortira.Dans une phrase comme Paul est sorti, l'association du nom Paul et du verbe est sorti permet de dcrire une rali-t dans ses deux dimensions : l'espace et le temps. Cest ce quon appelle le procs.Le verbe est donc une catgorie grammaticale qui joue un rle fondamental dans la phrase. C'est le noyausyn-taxique et smantique de la proposition laquelle il donne un ancrage pragmatique par les marques morphologi-ques de lapersonne, du nombre, du temps et de l'aspect, du mode et de lavoix.

    1.2. La morphologie des verbesSyntaxiquement, en tant que noyau de la phrase (ou de la proposition), le verbe constitue le procs de part etdautre duquel se placent les arguments. Il dtermine les fonctions des syntagmes qui lentourent, puisque cestpar rapport lui que se dterminent les fonctions primaires ou essentielles de sujet, complment dobjet, attributdu sujet, etc.

    Morphologiquement, le verbe, conjugu ou non, prsente une structure binaire. Sauf cas dellipse delauxiliaire, la forme verbale est toujours compose dune base lexicale unique (appele lexme) qui correspond la partie porteuse de sens, laquelle est adjointe une terminaison (flexion), qui est en ralit la combinaison deplusieursgrammmes1.

    1.2.1. La forme simpleDans Je verrai , le verbe est une forme simple (un seul mot), compose du lexme VER- qui est la base lexi-cale2 du verbe VOIR. Sont souds, la droite de ce lexme, un premier grammme R signifiant le futur ainsiquun second grammme AI renvoyant aussi bien au mode, la personne, au nombre, etc. ; ce qui donnelanalyse suivante3 :

    Lexme Grammmes

    VER- -R- -AIbase lexicale : voir

    grammme du futur mode : indicatifpersonne : 1renombre : singuliertemps : prsent

    On aura remarqu que le grammme R du futur combin au temps prsent donne le tiroir de conjugaison futur simple , alors avec le temps imparfait , il donne soit le tiroir conditionnel prsent , soit le tiroir futur dans le pass .

    1.2.3.. La forme compose

    Dans les formes composes, le verbe prsente une structure deux lments spars, o llment de gauche rassemble les

    grammmes et celui de droite constitue le lexme. Trois cas de figures se prsentent :

    1.2.3.1. Le verbe est conjugu un tiroir composIl sagit dupass compos, dufutur antrieur, dupass antrieur, duplus-que-parfaitet du conditionnel pass, o le verbese compose dun auxiliaire de conjugaison (tre ou avoir) et dun participe pass.Dans Tu auras vu , par exemple, le verbe VOIR est reprsent par le lexme V- qui forme le radical du Vppcharge de vhiculer le contenu smantique du procs.Pour les grammmes, le morphme discontinu AU--U, reprsente la base de lauxiliaire AVOIR. Il sagit delun des allomorphes du radical de AVOIR auquel on ajoute la terminaison du Vpp (-, pour les verbes du

    1 Dans ce cours, nous considronsgrammme et morphme comme provisoirement synonymes et nous les utiliserons indiffremment.2 Selon le cas, le verbe peut avoir une, deux, trois bases ou plus. A partir de deux bases, on parle de variantes contextuelles (ou combinatoires)

    : ce sont des formes qui ont le mme sens, appartiennent la mme classe grammaticale et prsentent gnralement un minimum d'iden-tit formelle, mais sont spcifiques des contextes exclusifs. Ce sont les radicaux de certains verbes Pour le verbe aller, par exemple, leradical (ou base) se ralise sous les allomorphes all-, i-, v-, aill-, dans "alla, ira, va, aille" (car il existe au moins trois tymologie pour leverbe aller. Voir Le Petit Robert1 qui signale : (1) alerXIe ; alare VIIIe ; rduction mal explique du latin ambulare, synonyme de (2) ire al-ler dans la langue familire ; futur et conditionnel, du latin ire ; (3) vais, vas, vont, du latin vadere).

    3 En ralit, la segmentation de la partie grammaticale du verbe en grammmes est plus complexe que nous semblons le montrer.

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    premier groupe, -I pour les verbes du deuxime groupe, par exemple), ce qui ajoute par rapport la forme sim-ple laspect accompli et donne au procs la valeur temporelle de futur antrieur . Enfin, le grammme ASrenvoie aussi bien au mode, la personne, au nombre, etc.Le tableau suivant rcapitule cette segmentation :

    Grammmes Lexme

    AU- -U -R- -AS V-aspect : accompli grammme du futur mode : indicatif

    personne : 2menombre : singuliertemps : prsent

    base lexicale : voir

    Dans les formes surcomposes, comme dans il avait eu rapport ,on a deux structures imbriques : la pre-mire structure eu rapport,compose de lauxiliaire AVOIR (EU) et du Vpp du verbe RAPPORTER, la se-conde structure de lauxiliaire AVOIR conjugu limparfait. Lanalyse de ces formes surcompose se fait donccomme pour les formes simples mais en deux temps.

    1.2.3.2.Le verbe est une locution verbaleDans ce cas, la locution se compose dune forme verbale, conjugue ou non, suivie dun SN, un Adjectif ou unAdverbe. Les lment situs droite du verbe sont smantiquement et syntaxiquement lis au verbe et nesanalysent nullement comme des complments.

    a)V + SN = {( + Dt.) + N}avoir faim ; avoir soif; avoir peur; avoir chaud ; avoir froid ; savoir gr; etc.

    b) V + Adjrester interdit ; voir rouge ;fairebeau ; etc.

    c) V + Advsentir bon , parler fort

    Voici le tableau de la segmentation de ils sentiraient bon :

    Grammmes Lexme

    -IR- -AI- -EN- -T SENT- BONgrammmedu futur

    tps : imparfaitmode : indicatifvoix : active

    nombre : plu-riel

    personne :3me

    base lexicale : sentir bon

    1.2.3.3. Le verbe est une priphrase verbalePour exprimer certaines valeurs comme le dbut du procs ou la probabilit , la langue franaise utilisecertains verbes polysmiques pour leur faire jouer le rle dauxiliaire. Le procs est alors compos de deux for-mes verbales (V1 + V2). Le premier (V1) est susceptible dtre conjugu mais prsente la caractristique davoirun sens ou plutt une valeur trs loigne de son sens premier. Il est appel semi-auxiliaire. Il sert donner aunoyau verbal une valeur temporelle : aller/ venirde (au prsent et imparfait de lindicatif), une valeur aspec-

    tuelle : commencer , continuer ,ou une valeur modale : devoir,pouvoir.

    1.3. La forme impersonnelle

    On distingue deux types de verbes impersonnels :a) les verbes proprement impersonnels :

    les verbes dits de mto :faire (chaud, froid, sec, humide), grler, neiger, pleuvoir , tonner, venter ; les verbesfalloir, valoir mieux, s'agirb) les verbes construction impersonnelle :arriver ; tomber ; tre ; etc.

    Lagent (le sujet rel) est extrapos au verbe. Dans certaines grammaires, on parle de monte du sujet.Forme personnelle : Un accident arrive toutes les dix minutes

    Forme impersonnelle : Ilarrive un accident toutes les dix minutes.

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    1.4. La voix4La voix est une catgorie grammaticale associe au verbe et son auxiliaire, et qui indique la relation gram-maticale entre le verbe, le sujet ou l'agent et l'objet ; chaque voix se manifeste par des flexions verbales spci-fiques (dsinences ou prfixes, formes diffrentes des auxiliaires, etc..). On parle galement de diathse.

    1.4.1. La voix activeLorsque le sujet du verbe est l'agent d'une action qui s'exerce sur un objet, le verbe est la voix active ; la phraseest unephrase active. Ainsi, comme dans Pierre coute Paul il s'agit des verbes transitifs directs qui ont un com-

    plment dobjet direct.

    1.4.2. La voix passiveLorsque le sujet de la phrase est en fait l'objet d'un verbe actif dans une phrase sous-jacente, le verbe est la voix

    passive, la phrase est une phrase passive. Ainsi, Pierre a t bless par Paul est issu de la phrase Paul a blessPierre .Le Complment d'objet direct (cod) de la voix active devient sujet grammatical du verbe et le sujet de-vient le complment d'agent. Donc seuls les verbes transitifs directs ( l'exception de obiret de ses composs)sont concerns par la transformation passive. Dans la phrase Pierre a t bless, le sujet de la phrase sous-jacente,devenu l'agent de la phrase ralise, n'est pas spcifi : la voix passive a pour principal objet de raliser des phrasessans agent spcifi. La voix passive est marque par l'auxiliaire tre suivi du partic ipe pass du verb e transi-tif.

    1.4.3. La voix moyenneEnfin, si le sujet de la phrase est en mme temps l'objet de l'action indique par le verbe (que ce sujet soit on nonl'agent de l'action), le verbe est la voix moyenne ; cette voix moyenne correspond (1) soit la voix pronominale, ex.: Pierre lave Pierre = Pierre se lave, o Pierre est la fois le sujet, l'objet et l'agent, (2) soit la forme intransitive duverbe, ex. : le rocher bouge, o le rocherest le sujet, mais pas ncessairement l'agent de l'action (la voix moyenne estproche alors de la voix passive qui, historiquement, en grec, en est issue), (3) soit la forme pronominale avec undouble objet, le sujet (agent) exerant l'action sur un objet distinct, mais au bnfice de lui-mme, ex.: Pierre se cireses chaussures.

    On distingue cinq types de verbes pronominaux :1.4.3.1.les verbes essentiellement pronominaux qu'on ne rencontre pas sous la forme non pronominale :

    s'absenter, s'abstenir, s'vanouir, se souvenir, etc.

    A ces verbes on ajoute ceux qui changent de sens en devenant pronominaux :s'apercevoir ; etc.1.4.3.2.les verbes pronominaux rflchisLe sujet et l'objet du procs sont co-rfrents

    se voir, se dire, se regarder, etc.1.4.3.3.les verbes pronominaux rciproquesLe sujet et l'objet du procs exercent mutuellement le procs l'un sur l'autre

    se parler, se plaire, se regarder, se voir, etc.1.4.3.4.les verbes pronominaux passifs

    se vendre, etc.1.4.3.5.les verbes pronominaux impersonnels

    se dire, se raconter, etc.

    1.5. Les auxiliairesComme nous lavons signal plus haut, pour exprimer certaines valeurs aspectuelles ou modale comme ledbut du procs ou la probabilit , ou encore pour former les formes composes, la langue franaise utilisecertains verbes quelle polysmise dans des emplois spcifiques quon appelle auxiliaires.

    1.5.1. Les auxiliaires de conjugaisontre et avoirsont les auxiliaires de conjugaison qui servent construire les formes composes et surcomposes.

    1.5.2. Les semi-auxiliairesIl existe une catgorie de verbes et de locutions verbales qui entrent dans des emplois o ils perdent leur senspremier pour ne signifier que le temps, la modalit ou encore l'aspect sous lequel le locuteur prsente le procs

    de la phrase :1.5.2.1.semi-auxiliaire temporelallerau prsent et l'imparfait uniquement (valeur temporelle = futur proche) ;

    4 Ce qui suit est largement repris du Dictionnaire de linguistique, de J. Dubois, et alii, , Paris, Larousse, 1973.

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    tre sur le point de (futur immdiat) ;venir de, au prsent et l'imparfait uniquement(= pass proche) ;

    1.5.2.2.semi-auxiliaire aspectuelcommencer (inchoatif) ;tre en train de (progressif) ;cesser de (terminatif) ;

    finir de (rsultatif immdiat) ;1.5.2.3.semi-auxiliaires modaux (de modalit)

    devoir(probabilit) ;pouvoir(permission) ;etc.

    1.6. Cas particuliersa) verbes dfectifsCertains verbes ne se dclinent pas tous les temps ni avec toutes les personnes (sauf emploi mtaphorique) :

    natre ; etc.b) verbes emploi absolu ( objet zro)Certains verbes transitifs directs (attendre, fumer, ...) ou transitifs indirects (obir, ...) peuvent tre employs defaon absolue, sans complment d'objet. Ces emplois sont distinguer des vrais emplois intransitifs :

    Mon prefume = verbe construction intransitive

    La cheminefume = verbe intransitif.

    2. La transitivitLa transitivit, c'est la possibilit pour un verbe d'avoir un complment d'objet. On parle d'intransitivit pourles verbes dont le smantisme se suffit lui-mme et qui se construisent donc sans complment d'objet. Cepen-dant un mme verbe peut admettre aussi bien un emploi transitif quun emploi intransitif.

    2.1. Emploi transitif et emploi intransitifDans une phrase comme :

    Il gesticule tout le temps,le verbe prsente un sens achev et la squence tout le temps est un complment circonstanciel : lemploi est doncintransitif. Mais un syntagme verbal peut inclure un complment, appel complment d'objet, qui prolonge le

    sens du verbe. On dit alors que lemploiest transitif. Lemploi est transitif direct si l'objet est construit sans pr-position :Il regarde le ciel,

    et transitif indirect si l'objet est construit avec prposition :Je doute de sa sincrit.

    Dans lemploi intransitif, le verbe n'a qu'un actant : le sujet. On lappelle, selon la terminologie de Lucien Tes-nire, monovalent. Dans lemploi transitif, il en a deux (bivalent) : le sujet et l'objet (pouvant tre reprsents parplusieurs termes)

    Pierre et Marie regardent le ciel et les toiles.On trouve aussi des verbes doublement transitifs, avec trois actants (trivalent), le sujet, l'objet premieret l'objet se-cond :

    Il a offert un tableau sa tante.

    Le complment d'objet second est toujours construit indirectement, trs souvent avec , et souvent aussi, maispas toujours, plac aprs l'objet premier.Il a offert sa tante un tableau.

    2.2. Construction transitive et construction intransitiveCertains verbes transitifs comme mangersont toujours construits directement, d'autres toujours indirectement(douter de, compatir ), d'autres enfin connaissent les deux constructions, souvent avec des nuances de sens (dci-der quelque chose, dcider de quelque chose). L'tude de la construction d'un verbe peut donc servir de point dedpart en lexicographie la rpartition des acceptions (sens). Cependant, certains verbes dits intransitifs peuvent tre construits transitivement. Quand un complmentd'objet direct dveloppe le sens du verbe lui-mme comme dans les deux exemples :

    Il vit sa vie ;

    Il vit une vie d'enfer ;Il dort dun sommeil profond ;on parle de complment d'objet interne. Si le complment constitue un vritable objet, le verbe peut prendre unevaleur factitive :

    Il grandit les difficults (= il fait que les difficults grandissent).

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    Certains verbes commeparlerpeuvent cumuler plusieurs constructions avec un changement de sens :1. intransitif : "tre muet"2. transitif direct : V + SN o N est le nom d'une langue ou d'un dialecte :parler l'anglais ;3. transitif indirect : V + SP :parlerde quelque chose ;4. doublement transitif : V + SP1 + SP2 : parler de quelque chose quelqu'un ;Un verbe comme descendre connat trois constructions :

    il descend (construction intransitive),il descend l'escalier(avec complment d'objet direct),

    il descend son adversaire (factitif). Certains verbes transitifs peuvent tre employs intransitivement. L'indtermination de l'objet peut, danscertains contextes, exprimer l'habitude :

    Il boit. Les verbes doublement transitifs (trivalents puisqu'ils supposent trois actants) appartiennent une liste limi-te ; beaucoup appartiennent au champ lexical du don et de la parole (c'est pour eux, et seulement pour eux,que l'expression de complment d'attribution, appliqu leur complment d'objet second, se justifie). L encore,des variations de construction sont possibles : avec le verbepardonner, l'objet second employ seul se substitue l'objet direct :

    pardonner quelque chose quelqu'un, pardonner quelqu'un ;en construction doublement transitive, le verbe viterprend un sens factitif :

    viter quelque chose, viter quelque chose quelqu'un (faire que quelqu'un vite quelque chose).

    2.3. Transitivit indirecteLorsqu'un verbe transitif se construit avec un complment d'objet indirect, on parle de transitivit indirecte. Cetteconstruction peut ne pas tre marque par la prsence d'une prposition dans deux cas :- Le complment d'objet indirect est exprim par un pronom qui intgre la prposition :

    Il pense ses vacances Il y pense.- Le complment d'objet indirect peut tre une proposition conjonctive introduite par la simple conjonction quequi subsume en ralit la locution conjonctive de ce que :

    Il se rjouit de ta venue quivaut Il se rjouit que tu sois venu Il sEN rjouit.

    2.4. Le complment du verbe et le complment circonstancielCe qui caractrise le complment d'objet indirect par rapport un complment circonstanciel prpositionnel, c'est que

    la construction et le choix de la prposition dpendent troitement du verbe et ne sont donc pas libres (parlerdans la cour, parler sur le palier, etc. = complment circonstanciel, mais toujours douter de quelque chose ou de quel-qu'un = complment d'objet indirect).Cependant, plusieurs prpositions peuvent tre en concurrence pour un mme verbe, avec des nuances de sensplus ou moins sensibles ou des niveaux de langue diffrents. Par exemple, la prposition alterne avec la pr-position avec pour les verbes contenant l'ide d'union (joindre, mler,fiancer, etc.) ; la prposition de alterne avecla prposition avec ou d'avec pour ceux contenant l'ide de sparation, de diffrence (divorcer, distinguer, etc.) ;contre avec aprs ou surpour ceux contenant l'ide d'hostilit (jurer, crier, etc.). Certaines de ces constructionssont considres comme fautives ou populaires (se fcher aprs quelqu'un au lieu de contre quelqu'un) ou encorergionales (se fcher sur quelqu'un dans le franais de Belgique), d'autres sont nettement littraires car archaques(se mprendre au lieu de se mprendre sur).

    3. Mode et modalit3.1. RappelNous avons vu que le verbe se distingue de toutes les autres classes grammaticales par ses marques morpholo-giques. La saisie du procs va du moins prcis (linfinitifet lesparticipes) au plus prcis (lindicatif). Le mode est la

    faon dont le procs est apprhend ou prsent.Ainsipartir(au mode infinitif) nest que la dsignation dun concept, lide de partirpar opposition lide derevenirou celle de dormir, par exemple. Le procs na ni agent ni repre temporel propres. Cest cette formeque les dictionnaires adoptent dans leur prsentation des verbes. Par contre, le procsparte (au mode subjonctif),dans Il faut que je parte, a, certes, un agent je mais sur le plan temporel, il est indtermin. Enfin,partirai (aumode indicatif), dans Je partirai, a aussi bien un agent je = le locuteur quun temps futur.Les grammaires traditionnelles distinguent sept modes (linfinitif, le participe pass,leparticipe prsent, le subjonc-tif, lindicatif, le conditionnel et limpratif. Pour des raisons de commodit, nous nen retenons que trois quon

    classe selon quils ont ou non un agent et un temps :modes impersonnels et intemporels : linfinitif, leparticipe passetleparticipe prsent,mode personnel et intemporel : le subjonctif.mode personnel et temporel : lindicatif

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    Le mode est distinguer de la modalit. La modalit est une catgorie grammaticale qui permet dexprimer des moda-lits telles que lassertion, linterrogation, la volition, lexclamation, le doute, etc.La difficult lie lanalyse des modes est due linadquation entre modalits et modes. Le mode delindicatif par exemple peut servir exprimer des modalits autres quassertives. Par exemple tu dois venirestun prsent de lindicatif et pourtant il sagit de la modalit injonctive ou volitive. De la mme faon, on netrouve pas de mode interrogatif. Pour exprimer linterrogation, on peut puiser dans les modes indicatif ou sub-jonctif. Par exemple, Dois-je venir? Faut-il quil vienne ? Le procd morphologique ntant pas le seul possible,on peut galement exprimer linterrogation par dautres moyens, ici syntaxique et lexical.

    Il nexiste donc pas en franais de mode spcifique pour exprimer une modalit particulire.

    3.2. Distinctions smantiquesA la suite de Gustave Guillaume, on distingue dsormais trois modes : le mode quasi-nominal (infinitif et parti-cipes), le subjonctif et lindicatif.Nous allons emprunter Guillaume les deux notions de chronogense et chronotype

    chronotype 1 chronotype 2 chronotype 3

    IN POSSEmode quasi-nominal

    IN FIERIsubjonctif

    IN ESSEindicatif

    Les chronotypes 1, 2 et 3 sont les tapes de la langue ;chronotype 1 : IN POSSE : en puissance ; image temps en puissance de reprsentation. Le verbe ne reprsentepas le temps (modes nominaux : infinitif, participes prsent et pass) ;chronotype 2 : IN FIERI : en devenir ; image temps en devenir, non compltement ralise (subjonctif) ;chronotype 3 : IN ESSE : en tre (ralis) ; image temps qui ralise le temps (indicatif).On a forcment remarqu labsence de limpratif et du conditionnel.

    3.2.1. Linfinitif et les participes correspondent une image arrte du temps :Cest puisant de marcher.

    Lide de temps est quasiment absente tant sur puisant que sur marcher. Donc, nous sommes loin des caractris-tiques du verbe ; nous sommes plutt plus proches de la catgorie des noms et des adjectifs.

    3.2.2. Le subjonctif nous amne immanquablement de par son sens profond dans le domaine du possible et nondu probable, c'est--dire du virtuel et non pas de lactuel. Comparons :

    Il estprobable quil viendra / Il estpossible quil vienne.Du temps donn comme rel, actuel avec lindicatif, on passe au temps donn comme virtuel, comme mis endoute avec le subjonctif.

    3.2.3. Lindicatif donne une vision du temps compltement ralis. Cette vision du temps Guillaume lappelle image temps .

    Je viens, je viendrai, je suis venu.On envisage ncessairement que ce qui est nonc sest ralis (pass compos),.se ralise (prsent) ou se rali-sera (futur).

    On remarque donc que le choix du mode pour exprimer une modalit se fait en fait en fonction du besoin plusou moins grand de prcisions sur les personnes, le temps et laspect.Pour les modalits assertive et interrogative, on a besoin de grandes prcisions, on comprend donc que ces deuxmodalits se formule avec le mme mode, celui qui fournit le plus grand choix de formes : lindicatif.Mais pour la modalit volitive, tant donn que le procs est envisag comme potentiel, les marques dpoquesnont aucune importance ; la seule chose qui peut tre importante, cest ventuellement laspect. Cest pourquoion peut utiliser aussi bien le subjonctif que lindicatif :

    Je veux que tu viennes / Tu dois venir / Viens !

    3.3. Rcapitulons.

    a.- Le mode quasi-nominal : On regroupe sous cette rubrique lInfinitif, leparticipe pass, leparticipe prsent et legrondifo le verbe est a-temporel et non personnel. Le procs est donc virtuel.b.- Le mode subjonctif : Cest un mode a-temporel mais personnel. Le procs y est prsent comme gale-ment possible etimpossible.c.- Le mode indicatif : Cest un mode personnel et temporel. Le procs est prsent comme probable ou cer-tain. Il est actualis.

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    Le mode conditionnel, qui prsente un procs soumis une condition ou qui sert de futur dans un contextepass (futur du pass) combine les dsinences du futur et celles de l'imparfait ce qui a fait que certains linguistesrefusent de parler de mode sauf pour la proposition principale des subordonnes de condition (J'irais les voir sij'avais le temps). Son prsent est form d'une base de radical qui concide parfois avec l'infinitif, suivie ventuel-lement d'une voyelle, d'un -r- caractristique commune du futur et du conditionnel et des dsinences -ais, -ais, -ait, -ions, -iez, -aient. Le conditionnel pass, dont la formation est rgulire comme celle de tous les tiroirs com-poss, sert l'expression d'une ventualit qui n'a pas t ralise :

    Il serait all les voir s'il avait eu le temps.

    4. L'aspectL'Aspect (ou valeuraspectuelle) pourrait tre dfini comme l'angle sous lequel le locuteur voit et prsente les diffrentsmoments du droulement du procs exprim par le verbe. La difficult de l'tude de l'aspect provient d'une part del'absence de marques flexionnelles propres et de l'autre du fait qu'une valeur temporelle soit parfois lie unevaleur aspectuelle. Ainsi le pass compos dans Il est sorti exprime la fois le temps pass et l'aspect accom-pli, achev. La valeur aspectuelle est soit intrinsque au smantisme du verbe, soit donne par lenvironnementphrastique.Toutefois, le smantisme du verbe, sa flexion ainsi que sa construction grammaticale sont autant d'indices quipermettent d'en apprcier la valeur aspectuelle.On distingue galement dun ct la valeur aspectuelle lexicale, que le verbe possde en langue et indpen-damment du contexte phrastique, c'est--dire indpendamment des complments que peut comporter la

    phrase, et de lautre la valeur aspectuelle grammaticale, qui est lie le plus souvent au tiroir dans lequel le verbeest conjugu (simple ou compose).Nous y reviendrons avec plus de dtails quand nous aborderons ltude de lindicatif.

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    L'INFINITIF

    1. DfinitionL'Infinitif, tout comme le Participe pass, le Participe prsent et le Grondif, sont lorigine des formes verbalesimpersonnelles et a-temporelles. Ces modes, qui ont reu le nom de modequasi-nominal (Gustave Guillaume), secaractrisent par la non actualisation (virtualit) du procs. En effet, le procs signifi par le verbe l'infinitif neporte ni la marque de la personne (on parle parfois de sujet phontiquement nul), ni celle du temps. Avec l'infini-tif, nous sommes la frontire du verbe et du nom (coucher le coucher). C'est la forme d'entre que les diction-

    naires donnent au verbe.Dans les noncs :

    Je veuxTu voulais

    Nous voudrions

    partir.partir.partir.

    le procs exprim par le verbepartirn'a ni valeur temporelle ni agent propres. Il se repre toujours par rapportau verbe principal (conjugu et donc actualis).Cest cette impersonnalitet cette a-temporalitqui sont recherches dans les maximes, les proverbes, les ordres,etc., o le locuteur cherche produire un nonc valable pour toutes les personnes et tous les temps :

    laisser faire laisser passer; prendre ou laisser ; prendre un comprim le soir.

    Au niveau de la langue, linfinitif est un mot dont le statut est hybride. En tant que verbe non encore actuali-s par la conjugaison, il est susceptible de deux emplois diffrents, mais dans le discours, cest le locuteur quidcide de son fonctionnement. Soit il lutilise (1) comme un simple nom, soit (2) comme un verbe, avec ce quechacune de ces deux parties du discours implique.

    Il faut ici prciser ce que nous entendons par emploi et par fonctionnement. Lemploi correspond la forme delunit lexicale en langue telle que le dictionnaire la prsente avant son actualisation dans le discours. Parcontre, dans le discours, elle va occuper une position syntaxique qui correspond unfonctionnement. Autrementdit, si le verbe linfinitif, au PP ou au PPa, occupe la position du noyau verbal, on parle de fonctionnementverbal, sil occupe une position autre que le noyau verbal, grce au test de la commutation, nous pouvons direquil a un fonctionnement adjectival sil commute avec un adjectif, ou un fonctionnement nominal sil commute avecun SN, ou encore un fonctionnement adverbial sil commute avec un SA. Dans les trois derniers cas, l o la forme

    verbale noccupe pas la position de noyau verbal, lanalyse consiste en prciser la fonction syntaxique.

    2. MorphologieL'infinitif prsente diffrentes formes selon qu'il est actif ou passif :

    L'Infinitif actif L'Infinitif passifsimple compos surcompos (vieilli) compos surcompos

    manger avoir mang avoir eu mang tre mang avoir t mangpartir tre parti

    3. Les emplois de l'Infinitif

    L'infinitif est un mot qui peut avoir deux emplois diffrents.

    3.1. emploi nominalIl sagit dun problme de lexicologie. Dans certains cas, l'infinitif accepte, d'tre affect d'un dterminant. Ilperd alors toutes les caractristiques de la classe grammaticale du verbe pour devenir un simple nom :

    Verbe Nomalleravoirdevoircouchertre

    gotermangerpouvoirsavoir

    un allersimpleles avoirsun devoir domicilele coucherdu soleilltre humain

    prendre songoterle mangerunpouvoirabsolule savoir

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    Cette opration est appele par la lexicologie traditionnelle drivation impropre ou substantivation du verbe. Ellereoit galement les noms de transfert ou translation. Cet emploi est exclu de lanalyse du verbe.

    3.2. emploi verbalQuand linfinitif possde les proprits syntaxiques dun verbe conjugu, savoir lagent et la transitivit 5, ondit quil a un emploi verbal.3.2.1. Sur le plan morphologique, l'opposition entre la forme simple et la forme compose, qui rappelle formel-

    lement l'opposition prsent/pass compos, permet d'exprimer une diffrence aspectuelle (mais non tempo-relle), celle du non accompli pour la forme simple et de l'accompli pour la forme compose :Aprs avoir hsit, il s'lana ;Le plombier est parti sans avoir fini son travail

    Il connat galement la forme passive :tre aim ; avoir t aim

    3.2.2. Sur le plan syntaxique, il connat tous les emplois distributionnels des formes conjugues. L'infinitif d'unverbe transitif est suivi de son objet nominal ou prcd du pronom:

    Je dsire voirce film ;Je dsire le voir;

    celui d'un verbe attributif est suivi d'un adjectif ou d'un SN attributs :Il ambitionne de devenirastronaute

    Comme les verbes actualiss par la conjugaison, il admet les adverbes et les complments circonstanciels.Le pre dcide de partir laube

    4. Les fonctionnements syntaxiques de l'InfinitifComme nous venons de le voir, mme sil nest pas conjugu (c'est--dire que le procs nest pas actualis dansune phrase), linfinitif peut garder les proprits syntaxiques dun verbe, savoir la prsence dun agent expli-cite ou non et la transitivit dans les cas des verbes transitifs. Son analyse dpend de la position quil occupedans la phrase et de ses rapports avec le co-texte. Le test de la commutation permet didentifier aisment cetteposition.Selon 1) quil joue le rle de noyau verbal de la proposition, ou 2) quil commute avec un SN ou 3) avec un SA,linfinitif intransitif ou le SI (syntagme infinitif) va alors avoir lun des trois fonctionnements suivants : fonc-tionnement verbal, fonctionnement nominal ou fonctionnement adverbial :

    4.1.. Un fonctionnement verbalL'Infinitif fonctionne comme noyau verbal dans les propositions indpendantes, les propositions infinitives etles phrases dont le verbe est une priphrase verbale.

    4.1.1. L'Infinitif est le noyau dans une phrase simple (proposition indpendante)Employ comme prdicat d'une phrase simple, l'Infinitif est autonome. Il sert exprimer diffrentes modalits :

    a. l'Infinitif impratif (impersonnel)Analyserles valeurs du participe pass dans le texte ;

    b. l'Infinitif exclamatifMoi,faire cela!

    c. l'Infinitif dlibratif (gnralement associ une interrogation)Quefaire ?d. Linfinitif de narrationDans les textes narratifs, on rencontre le type de phrase :

    Et grenouille de sauter dans les ondes (La Fontaine)dont la structure peut tre schmatise par la formule suivante :

    [Jonctif + SN] + [de + Vinfinitif]- le jonctif, qui est le plus souvent la conjonction de coordination et, assume du point de vue smantique la rela-tion conscutive (de consquence) quentretient linfinitif de narration avec son contexte, et, du point de vuestructural, il remplit la position frontale (tte de phrase) ;- le SN est quantifi en extensit minimale sil est nom, et sil est pronominal, il est de forme tonique ;- linfinitif est porteur de laspect dynamique, ou bien il est interprter comme dynamique en contexte. Il est

    obligatoirement de forme simple et affirmatif.

    5 Les verbes intransitifs sont bien videmment pris en considration.

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    4.1.2. L'Infinitif est un lment dans un verbe (priphrase verbale)Pour exprimer certains aspects du procs (l'inchoatif, l'accomplissement, le terminatif, l'accompli), la langue fran-aise recourt certains verbes avec lesquels linfinitif forme despriphrases verbales.Dans la phrase Il bouge la terminaison verbale -e indique la personne (3me personne, singulier), le mode(l'indicatif) et le temps (le prsent) du procs, mais la forme du verbe est inapte exprimer certaines valeursaspectuelles comme le dbut de l'action (l'inchoatif) par exemple. Pour exprimer l'aspect, le franais a recours certains verbes susceptibles de perdre leur sens plein et qu'il transforme en semi-auxiliaires temporels (aller, venir

    de, etc.) aspectuels (se mettre , commencer , cesser de, etc.) ou modaux (devoir,pouvoir, etc.) :

    Procs non encorecommenc

    Dbut du procs(Inchoatif)

    procs en coursd'accomplissement

    Procsaccompli

    allertre sur le point dedevoir

    se mettre commencer

    tre en train decesser de

    finir de

    venir deavoir fini de

    Dans la phrase Il va partir, c'est le semi-auxiliaire va qui porte les marques de la personne, du mode, du temps etde l'aspect, l'infinitif, lui, se charge uniquement du sens du procs.En outre, quelques Grammaires considrent la structure aller + grondifde certains verbes qui expriment la pro-gression comme un cas de priphrase verbale :

    La temprature du bb va augmentant.6

    4.1.3. L'Infinitif est le noyau d'une proposition infinitiveAprs certains verbes comme :les verbes de perception (sentir, voir, entendre, couter, apercevoir, regarder) ;les verbes factitifs (faire, laisser, permettre, autoriser, empcher, etc.) ;les verbes causatif de mouvement: (conduire, mener, emmener, venir, etc.),

    l'Infinitif a son propre agent explicitement exprim et qui fonctionne comme complment direct ou indirect duverbe principal :

    J'autorise ma sur accompagner son fiancsujet de autoriser= le locuteur ; agent de accompagner= ma sur ;On parle, dans ces cas, deProposition infinitive.

    Tous les verbes intransitifs de ce cas admettent l'inversion de lagent de l'infinitif :Je vois Jean venir;Je vois venirJean ;

    Aprs les verbes de perception, l'infinitif admet la paraphrase avec une compltiveJe sens que l'orage va clater;

    ou avec une relativeJ'entends l'orage qui clate.

    Signalons enfin que la grammaire gnrative propose de donner la p roposition infinitive en rapport avec unecompltive le nom de compltive infinitive. Il s'agirait d'une subordonne temps non-fini, par opposition auxautres temps fini (conjugus).

    4.2. Un fonctionnement nominal

    L'Infinitif, ainsi que les lments qui dpendent immdiatement de lui, fonctionnent comme un SN. Sur le plansyntaxique, l'infinitif garde aussi bien son statut de procs que sa transitivit mais occupe toutes les fonctionsdun SN. La prsence parfois de la forme DE devant linfinitif ne veut pas toujours dire que lemploi est indirect.Il faut vrifier, dabord, avec le test de la commutation, avec quoi linfinitif commute :

    Il craintIl craint

    deparlerla pluie

    SNComplment d'objet directIl renonceIl renonce

    parler la victoire

    SPComplment d'objet direct4.2.1. Sujet

    4.2.1.1. Sujet syntaxiquePartirne me fait pas peur (= le dpart ne me fait pas peur) ;D'tre rput habile (...) n'tait pas pour l'offenser ;

    6 Effectivement, il sagit dun grondif dont la prposition en est lide. Le sens est va en augmentant .

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    4.2.1.2. Sujet relLe sujet rel est utilis avec les verbes employ impersonnellement. La phrase a subi une transformation quiconsiste dplacer le sujet (ici, il sagit dun Vinf. ou dun SI) droite du SV et de le faire prcder du mor-phme DE, appel indice dinfinitif7 et parfois de QUE. La place du sujet, reste vide, est occup par le pro-nom impersonnel IL ou le dmonstratif neutre CE.

    Il est inutile de discuter avec lui (=discuter avec lui est inutile) ;N'est-ce pas beaucoup pour une femme vertueuse qued'avoirpousun homme incapable de faire des sottises ?

    4.2.2. Complment d'objet direct :

    Je veuxpartir;Il craint deparler;4.2.3. Complment d'objet indirect :

    Il renonce parler;4.2.4. Attribut :

    Mourir n'est pas mourir, mes amis, c'est changer(Lamartine) ;4.2.5. Apposition :

    Je navais quune ide en tte,partirle plus vite possible ;4.2.6. Complment de nom :

    La peur demourirle rend insupportable ;4.2.7. Complment de l'adjectif :

    Il est prt partir.

    4.3.. Un fonctionnement adverbialDans les cas o il commute avec un SA ( valeur circonstancielle), linfinitif fonctionne comme un complmentcirconstanciel. Le plus souvent, il est introduit par une prposition

    Il est condamnpouravoircommis plusieurs dlits (= cause).Cependant, dans

    Pierre va cherchersa fille lcole,nous avons deux interprtations selon que 1) le procs de dplacement contenu dans le verbe allerest en coursde ralisation (le tiroir de conjugaison est le prsent de la parole) ou 2) quil sagit du semi-auxiliaire suivi dunVinf :

    1) Pierre va (de ce pas / pour) cherchersa fille lcole ;2) Pierre va chercher(cherchera) sa fille lcole.

    Dans 1) nous avons deux procs distincts : allerau sens de se dplacer et chercher. La prposition pourestsous-entendue, et le SI cherchersa fille lcole sanalyse comme un SA complment circonstanciel de but.Dans 2) nous avons un seul procs: allercherchero allerna plus le sens de dplacement. Il sagit donc dunepriphrase verbale temporelle.

    5. L'infinitif et la prpositionSouvent l'Infinitif est introduit par une prposition (le plus souvent de, parfois ) tantt facultative, tantt obli-gatoire :

    Je souhaite departir; Je souhaitepartir;D'avoirtant d'ides ne sert rien ;Avoirtant d'ides ne sert rien.

    MaisPierre est heureux departir;

    * Pierre est heureuxpartir.Il ne faut donc pas considrer systmatiquement l'infinitif prcd d'une prposition comme un SP (Syntagmeprpositionnel) et l'analyser comme complment indirect. Il faut essayer toujours de lui substituer un SN et voirsi la construction nominale est directe ou non.

    Il renonce partir (au dpart : COI) Il y renonce ;mais

    Il dcide de partir (le dpart : COD) Il ledcide.Certains grammairiens analysent la prposition prcdant l'infinitif comme un subordonnant comparable dansson rle la conjonction de subordination (cf. Je crois que vous plaisantez.) et lappellent indice dinfinitif.

    6. L'infinitif et la ngationSi la ngation porte sur le verbe l'infinitif lui-mme, les deux lments de la ngation prcdent normale-ment le verbe l'infinitif et les pronoms qui en dpendent :

    Nous sommes dsols de ne paspouvoir venir.Je lui ai demand de ne pas vous ledire.

    7Il ne sagit donc pas de la prposition de, puisque le Vinf commute avec un SN et non un SP.

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    Si la ngation porte sur un complment du verbe l'infinitif, elle prend le verbe l'infinitif en sandwich :Elle lui a demand de nerencontrerpersonne pendant son absence.J'aimerais mieux n'allernulle part plutt que d'aller chez eux.Le ministre pourrait bien neprendreaucune mesure.

    Seule la ngation ne rien se place toujours avant le verbe linfinitif.Il vaut mieux ne rien faire.Nous sommes rests l sans rien lui dire.

    7. Concurrence entre l'Infinitif et une subordonneSur le modle latin, la tradition grammaticale franaise privilgie l'emploi de l'infinitif la place d'une subor-donne (conjonctive, interrogative indirecte ou relative). Linfinitif est apprci donc pour ses qualits stylisti-ques (brivet, absence de rptition) mais prsente parfois l'inconvnient de l'ambigut, comme dans laphrase :

    Pierre demande Paul departir;o selon le contexte, il s'agirait du dpart 1) de Pierre, 2) de celui de Paul ou 3) de celui de Pierre et de Paul lafois.

    7.1. Infinitif / ConjonctiveNous avons tabli que l'infinitif peut occuper toutes les fonctions dun SN. Ce paralllisme existe forcmentavec la conjonctive qui peut, elle aussi, occuper toutes les fonctions dun SN comme le montre les noncs sui-

    vants :

    sujet : [Que Pierre ne soit pas encore arriv] m'inquite beaucoup.[(De) n'avoir pas vu partir ses invits] ne le vexait pas.

    objetdirect : Je ne supporte pas [qu'il triche.]Il ne supporte pas [de voir les filles exprimer leur joie.]

    objetindirect : Il naccepte pas [que tu le regardes de cette manire.]Il naccepte pas [de vous voir souffrir.]

    attribut : L'idal est [qu'il russisse.]Le programme du groupe est [de partir ds potron-minet.]8

    apposition : Je ne dsire qu'une chose, [que vous soyez heureux.]Elle ne dsirait qu'une chose, [(de) vous rencontrer pour vous parler de son bonheur.]

    Compl. de nom Il parle toujours de sa difficult [ apprendre langlais.]Il parle toujours de la difficult [quil a apprendre langlais.]

    Compl. de lAdj. Il est heureux [qu'ellefasse partie des invits.]Il est heureux [de te revoir.]

    Compl. circonst. Il tait mort [avant que tu narrives.]Il est mort [avant de terminer la construction de sa maison.]

    a.- L'infinitif est concurrenc par la conjonctive :Avec quelques verbes dclaratifs ou d'opinion (dclarer, esprer, promettre, savoir, ignorer, etc.), l'emploi de l'infini-tif peut dans certains cas, tre concurrenc par celui de que et de l'indicatif quand le sujet des verbes est identi-que :

    Il dclare l'avoir dit /Il dclare qu'il l'a dit ;Il esprepouvoir venir / Il espre qu'il pourra venir.

    b.- L'infinitif est en relation de complmentarit avec la conjonctive :Avec des verbes comme aimer(), apprendre , demander, ordonner, renoncer , souffrir, vouloiret tous ceux qui seconstruisent au subjonctif avec complment d'objet indirect dsignant la personne, si les agents des deux verbessont identiques, c'est l'infinitif qui s'impose :

    Jaime lefaire / * Jaime que je lefasse / Jaime que tu lefassesPierre veut me parler/ * Pierre veut quil me parle / Pierre veut que tu me parles

    Les verbes sembler,paratre, s'avrer, suivis d'un infinitif ou d'une conjonctive ne sont pas des verbes attributifs.Il semble que Paul ait raison / Paul semble avoir raisonIl s'avre que le rsultat dpasse nos espoirs/ Le rsultat s'avre dpasser nos espoirs

    Cependant, pour les verbes modaux :- certains comme dsirer,penser, etc., acceptent les deux structures:

    Je pense qu'il partira demain

    8 Ds potron-minet est une expression qui signifie ds laube, trs tt .

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    Je pensepartirdemain- d'autres comme devoir, pouvoir, commencer, courir, etc., et savoir, au sens de avoir la capacit , n'acceptentque la structures avec infinitif :

    Je peuxpartirdemain /* Je peux qu'il partira demainIl sait nager / *Il sait qu'il nage.

    Dans les phrases :Je veuxpartir/ Je veux que tu partes

    je veuxgoter ce gteau / je veux que tugotes ce gteau.L'emploi de la subordonne ou de l'infinitif est le plus souvent en troite relation avec le sujet :Dans le cas de l'identit des sujets dans les deux procs, on emploie l'infinitif. Une proposition temps non-fini( linfinitif) perd en effet de son autonomie puisqu'elle n'a plus de relation directe l'acte d'nonciation. Elle estun simple constituant d'une autre phrase.Dans le cas de deux sujets diffrents, on emploie une compltive au subjonctif.

    7.2. Infinitif / Interrogative indirecteLe sujet de l'infinitif est corfrentiel au sujet du verbe principal ou un gnrique.

    Il ne sait plusquoifaire ;Je ne saisoaller.

    7.3. Infinitif / Relative

    Introduite par des pronoms comme quoi, o, qui, la relative peut avoir un verbe l'infinitif. Dans ces cas,lagent de l'infinitif est un gnrique ou corfrentiel au sujet du verbe principal. Le verbe pouvoirest toujourssous-jacent.

    Je cherche un endroit o me cacher /ojepuisse me cacher;

    8. Rcapitulation

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    LE PARTICIPE PASS

    1. IntroductionLe participe pass est une forme verbale qui se combine avec l'auxiliaire tre ou l'auxiliaire avoirpour produireles formes composes et surcomposes :

    Il a dpannson ami.Il est sorti indemne de l'accident.Il a t bless.

    A lui seul, le participe pass peut former le noyau dune proposition participiale. Dans ce cas, lauxiliaire tre esttoujours sous-entendu et le participe a un sujet propre diffrent du sujet du verbe principal :Les voitures vendues, il partit en vacances.Le gazon tondu, il s'allongea pour un petit somme.

    Smantiquement, beaucoup de participes passs relchent leur lien avec le verbe dont ils sont issus et tendent devenir de vritables adjectifs qualificatifs :

    un homme ouvert ;un pantalon serr.

    La question est de savoir sil sagit dune forme verbale ou dune forme adjectivale, et pour la forme verbale, silsagit dun fonctionnement verbal ou dun fonctionnement adjectival.

    2. Syntaxe : les emplois et les fonctionnements du participe pass

    Il faut se rappeler que lemploi correspond la nature de la forme en langue avant son actualisation dans lediscours, et lefonctionnement correspond la position syntaxique quelle occupe dans la phrase ou dans le syn-tagme o il se trouve.

    En langue, le participe pass possde trois emplois : un emploi de base (verbe) et deux emplois par driva-tion impropre :

    un emploi verbal : il est accompagn de ses complments dans le cas des verbes transitifs, mais en dis-cours, il peut occuper, soit compltement ou partiellement, le rle de noyau verbal, soit la position dune expan-sion dun nom ;

    un emploi adjectival, o il fonctionne, par rapport au nom auquel il se rapporte, comme un simple adjec-tif, avec toutes les proprits syntaxique de la classe grammaticale de ladjectif (ex : un homme trs ouvert) ;

    et un emploi nominal, o il fonctionne comme un simple nom (ex : un accus).Dans ce qui suit, nous allons nous intresser uniquement lemploi verbal qui connat deux fonctionnement

    distincts, savoir un fonctionnement verbal quand la forme occupe la position de noyau verbal de la proposi-tion et un fonctionnement adjectival dans les cas o la forme ainsi que ses complment ventuels serventdexpansion dun nom et commutent ainsi avec un simple adjectif pithte.

    2.1. Fonctionnement verbal2.1.1.Leparticipe pass fait partie dun verbe conjugu

    Quand le verbe de la phrase est conjugu un tiroir compos, ou un tiroir surcompos, seuls les cas aveclauxiliaire tre posent problme. Avec lauxiliaire avoir, il sagit toujours aussi bien dun emploi verbal que dunfonctionnement verbal. Cependant avec lauxiliaire tre, nous avons trois cas :

    a) les verbes qui se conjuguent toujours avec lauxiliaire tre:Ce sont certains verbes intransitifs qui signifient une modification simple dans l'existence9

    b) les verbes pronominaux ;c) verbes transitifs directs la voix passive.Pour les deux premiers types de verbes (a et b), le fonctionnement du participe pass est sans ambigut, il

    sagit dun fonctionnement verbal.Cependant, si le participe pass dun verbe transitif direct est construit avec tre, deux possibilits sont offer-

    tes :- le verbe est rellement la voix passive ; il se compose alors de lauxiliairetre et dun Vpp ;- il pourrait bien sagir du verbetre (et non de lauxiliaire tre) suivi dun attribut, donc dune forme fonc-

    tionnement adjectival.Il nest toujours ais de faire la distinction entre la forme adjectivale du participe, la forme verbale fonc-

    tionnement adjectival et la voix passive :Ma chambre est (dj) repeinte neuf. (= forme verbale, fonctionnement adjectival)

    ex. : Ma chambre est (en train dtre) repeinte par mon frre. (= forme verbale, fonctionnement verbal = lavoix passive)

    9 Voir plus loin, Documents, Lauxiliaire, p.54.

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    Afin de distinguer les deux formes (adjectivale et verbale), le recours au dictionnaire est indispensable poursavoir si le mot appartient la classe des adjectifs ou non. Pour faire le dpart entre les deux fonctionnementsde la forme verbale, on recourt au test dinsertion dlments comme dj ou en traindtre . Le problmese situe au niveau de tre, sagit-il dun auxiliaire ou dun verbe ?

    1) si le sens de lnonc supporte linsertion de dj qui suppose lide dachvement, cela signifie quele procs est statique ; il sagit dun fonctionnement adjectival ; donc tre est un verbe.

    2) si, au contraire, le sens de lnonc reste le mme avec linsertion de la structure en train dtre quisuppose que le procs est dans une phase dynamique ; il sagit dun fonctionnement verbal. Donc tre est un

    auxiliaire.

    2.1.2.Le participe pass est le noyau dune proposition participialeDans ce fonctionnement, le participe pass est le noyau dun prdicat secondaire, diffrent du prdicat prin-

    cipal de la phrase. Il apporte une information autonome, qui s'applique un thme (son support nominal). Ilforme ainsi avec le thme une proposition (thme + prdicat) qui entretient un rapport circonstanciel avec leverbe principal.

    Loragepass, les campeurs ont dcid de rester.L'hiver venu, les troupes se sont retires.

    Dans ces cas, le verbe de la proposition souligne se trouve rduit sa forme la plus simple (participe pass),et l'auxiliaire tre est toujours sous-entendu. Le participe pass apparat dans ces exemples comme noyau d'une

    proposition participiale, appele galement subordonne participiale, dont voici les principales caractristiques.a) Prsence d'un support nominal autonomeLe participe pass s'appuie, comme toujours, sur un support nominal (lorage, l'hiver). Mais celui-ci fonc-

    tionne ici comme thme d'une proposition logique, Lorage estpasset L'hiver est venu.b) Fonction dune circonstancielleLaproposition ainsi constitue est relativement autonome par rapport sa principale, ce que traduit son d-

    tachement ( l'crit, elle est spare du reste de la phrase par une virgule, lcrit, et par une pause) et sa posi-tion en tte de phrase.

    Ces deux traits, entre autres, sont caractristiques de la majorit des propositions subordonnes circonstan-cielles, dont fait partie la proposition participiale. Cette proposition participiale est le plus souvent analysecomme proposition subordonne circonstancielle de temps :

    (Quand / Ds que) lorage (est) pass, ils ont dcid de rester

    On observera enfin que la proposition participiale n'est introduite par aucun mot subordonnant.

    2.2. Fonctionnement adjectivalTout en continuant tre un procs (forme verbale), le participe pass occupe une position autre que noyau

    de la proposition : il est smantiquement comparable l'adjectif. S'il s'appuie toujours sur un support nominal,on observera cependant que ce support n'est plus autonome dans la phrase, mais y occupe au contraire unefonction syntaxique. Le participe entre alors comme constituant facultatif du groupe nominal ainsi form.

    Il occupe ainsi les diverses fonctions de l'adjectif.

    pithte lieex. : Les fleurs fanes par la chaleur de la chambreperdent leurs ptales.

    pithte dtacheex. : Rveill tard, il a rat son train.

    Attribut du sujetex. :Quand je lai appel, il tait occupdepuis deux heures.

    Attribut de lobjetex. : Je lai trouve tale sur le sol.Cette fonction se rencontre avec des verbes transitifs attributifs.

    2.3.Les drivations impropresLe participe et la forme adjective du verbe peuvent, sans aucune modification morphologique, quitter leur

    classe d'origine pour entrer dans une autre catgorie grammaticale : c'est le phnomne de drivation impro-pre.

    2.3.1. Le participe pass devient un adjectifrflchir, mourir un garon rflchi, un homme mortDevenus adjectifs part entire, ces anciens participes perdent ainsi toutes les proprits syntaxiques du

    verbe, et, comme les vrais adjectifs, deviennent variables en genre et nombre, prennent les marques du degr(un garon trsrflchi).

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    2.3.2. Le participe devient pass un nom

    venir, passer la venue, le pass.On observe que, conformment leur nouvelle classe d'accueil, ces participes devenus des noms varient en

    nombre mais leur genre est stabilis. Ils peuvent, pour occuper la fonction de sujet, tre prcds d'un dtermi-nant (ici l'article).

    2.3.3. Le participe devient un mot invariable

    excepter Exceptta fille, je n'ai invit personne.On notera que, devenue prposition, la forme adjectivale du verbe nevarie plus.Cette recatgorisation estpossible avec les formes suivantes : approuv, attendu, compris, except, suppos, vu, condition qu'elles soientplaces avant le nom.

    Remarque : Il suffit que la forme passe droite du nom (postpose) pour quelle soit de nouveau sentiecomme participe, et l'accord redevient possible :

    ex. : Mes amis intimes excepts, je n'invite personne.De la mme manire, les tours ci-joint et ci-inclus, antposs, sont invariables (ci-joint copie de ma lettre),

    mais redeviennent variables en emploi adjectival (la lettre ci-jointe).

    2.4. Rcapitulation

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    LE PARTICIPE PRSENT

    Le participe prsent est une forme verbale caractrise par la dsinence -ANT quil partage avec le grondif.Comme linfinitif et le participe pass, il fait partie des modes impersonnels et a-temporels. Il est susceptible dedeux emplois : lun adjectival o il est un vrai adjectif, lautre verbal o il continue comme le verbe avoir sonagent et sa transitivit. Cependant pour les PPa des verbes pronominaux, il sagit toujours dun emploi verbal.

    1. L'emploi adjectival

    Certains participes prsents deviennent par drivation impropre des adjectifs verbaux. A la suite de cette op-ration, ils perdent les caractristiques syntaxiques verbales (comme la transitivit, par exemple) pour devenir desimples adjectifs qui varient en genre et en nombre selon le nom par rapport auquel ils sont parfois antpossou dtachs. Ils occupent alors toutes les fonctions de l'adjectif et acceptent les adverbes de degr (trs, si, telle-ment, etc.).

    Des propos blessants (pithte)Un filmpassionnant(pithte)De charmantes filles (pithte antpose)Les filles arrivrent, haletantes (pithte dtache)Il trouva la dmonstration trs convaincante (attribut du complment d'objet)

    Mais, dans lnonc :Les actes violant la loi sont toujours condamnables ;

    il sagit dun participe prsent (invariable) suivi d'un complment d'objet.Certains adjectifs verbaux se distinguent des participes prsents par une flexion diffrente :Un enfant violent (adjectif verbal)

    Il faut galement noter que tous les participes prsents n'ont pas un adjectif verbal correspondant.

    2. L'emploi verbalDans son emploi verbal, le participe prsent est un mot invariable. Fonctionnellement, selon quil se repre parrapport un Nom de la phrase ou au verbe principal, il va avoir (1) soit un fonctionnement adjectival, (2) soitun fonctionnement verbal.

    2.1. Fonctionnement adjectivalTout en rfrant aussi bien au temps et la personne du verbe de la phrase, c'est--dire que son repre temporelainsi que son agent concident avec ceux du verbe principal (conjugu).Nous pouvons dire :

    Partantde bonne heure, le voyageurestarriv lheure.Partantde bonne heure, les fillesarriveront lheure.

    La grammaire moderne parle propos de Partantde bonne heure de phrase sujet phontiquement nul quioccupe la position dun SAdj (syntagme adjectival).En tant que forme verbale, le participe prsent garde sa transitivit :

    Voulantun visa, il se prsente au bureau du consulat.Cependant si linfinitif occupe les positions (fonctions) dun SN, le participe prsent, lui, occupe les positionsdun adjectif (pithte, attribut) :

    Les voyageurs disposantde visa pourront passer la frontire (pithte restrictive).Paul brandissait un drapeau arborantles couleurs de son quipe (pithte non-restrictive).

    Jai vu un bb rampant au bord de la piscine.2.2. Fonctionnement verbal : la proposition participialeDans certaines phrases, le participe prsent a son propre sujet qui est diffrent du sujet du verbe principal. Ilconstitue alors le noyau d'uneproposition dite participiale. Dans :

    Le cours de remplacement concidant avec le match tlvision, on enregistra plusieurs absences.le verbe "concider" a pour sujet " le cours de remplacement " et le verbe "enregistrer", "on".La proposition participiale possde une valeur smantique circonstancielle qui dpend du contexte. Elle peutexprimer le temps (la simultanit), la causalit, la concession, etc., donc elle fonctionne comme un complmentcirconstanciel.

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    4. Rcapitulation

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    LE GRONDIF

    1. IntroductionTout comme l'infinitif et les participes, le grondif fait partie des modes quasi-nominaux qui sont non person-nels et non temporels. Il est morphologiquement compos dun PPa prcd du morphme en. Il est invariableet ne possde pas d'opposition temporelle puisquil est inapte dater le procs dans la chronologie.Conformment au sens temporel de en, le grondif est un circonstant. En effet, il partage avec l'adverbe la fonc-tion de complment circonstanciel.

    En travaillant bien tu russiras.Si tu travaillant bien tu russiras.Grce un bon travail, tu russiras.

    2. La prposition ENLa singularit du grondif tient la prsence du morphme en. Originellement, cette prposition a une valeurtemporelle (issue de la prposition latine in), mais elle est devenu part entire un lment de formation dugrondif. Aussi l'appelle-t-on parfois indice de grondif, pour bien marquer la perte de son statut de prposi-tion et son rle purement morphologique d'identification en franais moderne.Le morphme en ne peut tre spar du PPa que par un pronom clitique :

    En le voyant, il commena crier trs fort.Parfois en est prcd de l'adverbe tout, qui insiste alors sur la simultanit des procs:

    Tout en regardant la tlvision, il sempiffrait de chocolat.Cpt certains auteurs continuent suivre lusage classique en supprimant parfois la prposition en, ce qui peutentraner des risques de confusion avec le participe prsent. On retrouve cet usage dans quelques locutions :

    chemin faisant ; argent comptant, tambour battant, etc.Il sagit souvent dun choix stylistique. Les auteurs modernes qui continuent de refuser la distinction nette entregrondif et participe, emploient ainsi le grondif sans en , aprs des verbes de mouvement

    Hannes pousse une fausse note Quand Schulz vientportant un baquet. (G. Apollinaire)Il est ainsi parfois difficile de distinguer entre deux analyses. Dans cet exemple :

    Aprs s'tre jete sur un petit canap, [...] la baronne indiquant Crevel un fauteuil [...], lui fit signe des'asseoir.

    la forme indiquant est-elle un participe prsent qualifiant le sujet la baronne , ou un grondif compltant leverbe conjugu fit signe ? Difficile de trancher !

    Par ailleurs, quand deux grondif sont coordonns, trs souvent le second voit sa prposition lide :Il parlait en plaant sa main droite sur son cur etroulant des yeux qui font presque rire

    3. Lagent du grondifSon sujet tant nul, il partage le plus souvent le mme rfrent avec le sujet du verbe principal.En tant que forme verbale, ce mode exprime un procs, c'est--dire une action ou un tat soumis une dureinterne, reconnaissable aux diffrents moments qui la composent.Ce procs prsuppose ncessairement un support : l'tre ou la chose qui est dclar le sige du procs.Celui-ci se confond obligatoirement, en franais moderne, avec le sujet du verbe principal :

    En entrant chez lui,je l'ai crois.C'est--dire lorsque, moi, j'entrais chez lui, et non lorsque, lui, entrait chez lui.Il arrive cependant quon rencontre dans la langue classique le grondif avec pour support un autre actant que

    le sujet, comme dans l'exemple suivant o le support du grondif reste implicite, renvoyant un agent indiff-renci :

    La Fortune vient en dormant. (La Fontaine)

    Quand le verbe est impersonnel, il est trs rare davoir le grondif dont lagent est corfrentiel au sujet duverbe conjugu :

    * Il pleut en inondantmais il est possible davoir

    Il pleut en tonnant.

    Smantiquement, l'interprtation du grondif varie selon le contexte (cause, simultanit, manire, etc.).Les enfants parlaient en marchant. (complment circonstanciel de temps)

    Les enfants parlaient en criant. (complment circonstanciel de manire)En travaillant, vous russirez. (complment circonstanciel de supposition)Il s'est bless en tombant du toit. (complment circonstanciel de temps ou de cause)

    Quand le verbe de base du participe prsent est transitif, le grondif est suivi dun complment.

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    4. Voix, forme et aspect du grondifPour les grondifs issus de verbes transitifs, il existe une forme active et une forme passive :

    en aimant (actif) en tant aim (passif)On notera galement qu'on rencontre parfois une forme compose du grondif, partir du participe pass (etnon du participe prsent): enayant aim(actif)/en ayant t aim(passif), pour les verbes transitifs, en tant sorti,en ayant marchpour les verbes intransitifs. Cette forme est d'emploi rare, en raison de la valeur temporelle de enqui dnote avant tout un rapport de simultanit entre les procs, tandis que la forme compose voque unprocs accompli, donc antrieur au procs principal :

    En ayant travaillplus srieusement, tu aurais russi.Dans ces cas, ladverbe tout est exclu.

    5. Le fonctionnement du grondif5.1. Fonctionnement adverbialDans la phrase, le grondif occupe la fonction syntaxique de complment circonstanciel, appelencore Syn-tagme Adjoint.Il modifie en effet l'ensemble de tous les lments de la phrase minimale. Aussi est il relative-ment mobile dans la phrase :

    En me penchant, j'ai pu voir toute la scne.J'ai pu voir toute la scne en me penchant.

    La fonction de complment circonstanciel tant lexpression dun rapport logique entre le procs de la phrase

    et le procs du grondif, le grondif peut prendre plusieurs valeurs logico-smantiques, selon l'interprtationcontextuelle : La valeur de temps est conforme au sens originel de prposition en. Elle est toujours prsente et se rencontredans la grande majorit des cas. Elle marque la simultanit des procs

    En rentrantchez lui, je l'ai crois.D'autres valeurs peuvent s'ajouter celle-ci, le grondif occupant les fonctions de : complment circonstanciel d'hypothse

    En ayant travaillplus srieusement, tu aurais russi. complment circonstanciel de concession (alors prcd de adverbe tout) :

    Tout en sachantla vrit, il gardera le silence. complment circonstanciel de cause ou de moyen :

    En baissantses prix, il a remport de nouvelles parts de march.

    On notera enfin que, dans le cas de complment circonstanciel de manire, le grondif perd sa mobilit pour neplus porter que sur le verbe seul, dont il prcise les conditions de droulement. Les complments circonstancielsde manire sont en effet des complments intgrs au verbe, et non des complments adjoints.Elle travaille souvent en coutant de la musique.

    5.2. Fonctionnement verbal : la priphrase verbaleBien que rarement employ avec cette valeur, le grondif employ sans le morphme en peut tre accompagndu semi-auxiliaire aspectuel allerpour former une PPV :

    La temprature va augmentant.Attention, si le verbe allergarde son sens de dplacement , il ne sagit pas de PPV, le grondif a un fonction-nement adverbial :

    Le matre alla de chevalet en chevalet,grondant, flattant, plaisantant, et faisant, comme toujours, craindre plutt sesplaisanteries que ses rprimandes. Balzac,La vendetta.

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    L'expression du temps : les poques

    Le mot temps est ambigu et on va essayer de ne pas l'employer. Le mot temps rfre la fois la grammaire, autemps grammatical, et au temps rel en terme d'poque. Or ce sont des choses bien diffrentes. DansC'est en1881 que la France colonise la Tunisie l'nonc est au prsent de l'indicatif (temps grammatical) tandis que le mo-ment envisag dans le procs est au pass.Pour viter de dire quon utilise le temps prsent pour parler du temps pass, ce qui est source de confusion,la linguistique moderne propose de parler de tiroirs grammaticaux pour dsigner les temps de la conjugaison et

    d'poque pour dsigner la valeur temporelle relle en fonction du temps qui s'coule.

    1. Les trois poquesAlors que les tiroirs sont nombreux, les poques, elles, ne sont que trois : le pass et le futur qui sont rpartis depart et d'autre d'un instant ponctuel, le prsent, qui concide avec le moment de la parole du locuteur.Le prsent pose des questions philosophiques trs graves puisque c'est un tout petit point de rupture entre lepass et le futur. De fait, le prsent n'existe pas, ou plutt, il n'est pas saisissable. En linguistique, le prsent, c'estle moment de l'nonciation. C'est en fait le prsent de celui qui parle. C'est le repre absolu, qu'on notera To,c'est--dire le repre temporel zro. C'est en quelque sorte le prsent absolu (PA) autour duquel le discours s'or-ganise pour permettre de relater des faits passs antrieurs To - ou futur postrieurs To - ou prsent,c'est--dire concidant avec To. On reprsente schmatiquement les trois poques de la manire suivante :

    ToPass (-) Prsent Futur (+)

    Sur un axe allant de la gauche vers la droite et qui symbolise le sens de lvolution de - (moins linfini) + (plus linfini), on place dabord au centre le repre To qui correspond au moment de la prise de parole du locu-teur, ensuite les diffrents procs par rapport To, suivant l'poque laquelle ils renvoient.Le terme deprocs est un terme gnral qui renvoie tout ce qui est exprim globalement par le verbe. Du pointde vue de son sens, le verbe peut exprimer des actions, des sentiments, des tats, des changements dtat, maison dsignera sous le terme unique deprocs le sens profond de tous les verbes. Le procs, c'est donc le sens desverbes envisag d'une faon trs gnrale : tout procs implique une dure. Tout procs a un dbut, un milieu etune fin. Cette dure ncessairement implique est comprise dans le sens du motprocs, et ainsi tous les procs

    seront reprsents schmatiquement comme ceci.

    2. Valeurs chronologiques relativesOn peut facilement dmontrer que les vritables indications d'poque ne sont supportes que par les tiroirs del'indicatif. Cependant, les modes subjonctif et infinitif sont mme d'exprimer des valeurs d'poques relatives,ce qu'on appelle gnralement des valeurs chronologiques relatives en termes cette fois-ci non plus de prsent /pass / futur, mais en termes de droulement d'un procs, avant, aprs ou pendant un autre procs.

    Une fois de plus, on se rend compte quel point la terminologie grammaticale peut tre trompeuse : les tiroirsde l'infinitif sont nomms (abusivement !) infinitif prsent et infinitif pass, or l'infinitif ne donne aucune indica-tion d'poque, ce qui est exprim, c'est toujours une valeur chronologique relative. (P = procs)

    L'information apporte ici par les infinitifs n'est qu'une information de chronologie, puisque l'poque reste am-bigu.

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    On a soit demain, il regrettera d'tre venu cette fte qui a eu lieu hier (P2 avant To) soit aprs demain, il regretterad'tre venu cette fte qui aura lieu demain (P2 aprs To).

    Ce qui est donc exprim dans ces exemples, c'est la valeur chronologique relative d'un procs par rapport unautre procs. Trois rapports sont donc possibles entre les deux procs.

    - Simultanit : le deuxime procs est contemporain au procs n 1, quelque soit l'poque envisage.

    (1) je le vois arriver - (2) je l'ai vu arriver - (3) je le verrai arriver

    - Postriorit ou ultriorit : le procs n 2 a lieu aprs le procs n 1.

    Le smantisme du verbe aide percevoir la postriorit. Avec le verbe voirqui implique l'instant, on fait pluttune interprtation en terme de simultanit, tandis qu'avec un verbe comme esprer, on interprtera plutt parl'ultriorit.

    - Antriorit : le procs n 2 (P2 = avoir travaill) a lieu avant le procs n 1 (P1 = regretter).

    Je regrette d'avoir travaill - Jai regrett(P1 avant To) -Je regretterai (P1 aprs To)

    C'est sur ces valeurs temporelles relatives (sur la chronologie relative) que se joue la concordance des temps. Laconcordance des temps, c'est un peu le jeu des contraintes et des liberts dans l'utilisation d'un tiroir dans unesubordonne, puisque, aprs l'ouverture d'un tiroir dans la principale, le choix se restreint parfois pour l'ouver-ture d'un autre tiroir dans la principale.

    3. Concordance des tempsLa concordance des temps, c'est en fait une relation qui s'tablit entre les tiroirs d'une proposition principale etceux d'une subordonne. En terme de valeur d'poque ou de valeur modale, le choix du tiroir n'est pas mcani-que. Il n'est pas toujours le rsultat d'une loi, d'une contrainte syntaxique, d'une rgle de grammaire qu'on ap-

    pliquerait btement.Cependant, sil existe bien quelques contraintes, (voir TD), il existe bien videmment de liberts aussi, laissesau locuteur pour exprimer ce qu'il veut dire. Force est de constater que les liberts, parce qu'elles servent l'ex-pression du sujet parlant sont plus nombreuses que les contraintes. A tel point que F. Brunot, grand historien dela langue franaise, pouvait crire, sans quelque exagration : "le chapitre de la concordance des temps se rsume enune ligne : il n'y en a pas".

    3. Lindicatif attendu dans la subordonne- Verbes de la principale (VP) au prsentIci effectivement, il n'y a pas de contraintes autres que celles lies ce que le locuteur veut dire, ce quil veutexprimer en matire de chronologie.Les emplois des tiroirs de la subordonne prsentent autant de latitude qu'en emploi libre.

    ex : je sais que tu es venu, que tu tais venu, que tu viens, que tu viendras, que tu viendrais, que tu seras venuAvec videmment toutes les possibilits d'exprimer des chronologies relatives quand deux procs sont expri-ms dans deux subordonnes diffrentes(1) je sais que tu arriveras quand il sera partitout autant que

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    (2) je sais que tu seras arriv quand il partirapuisque la grammaire du franais n'impose pas que l'ordre chronologique soit rendu dans la phrase. En 1, leprocs arriverexprim en premier sur l'axe syntagmatique se ralise en deuxime dans la ralit des faits expri-ms.

    - VP au futurIci aussi on a pratiquement les mmes possibilits qu'en emploi libreIl saura que tu travailles, que tu as travaill, que tu avais travaill, que tu travaillais

    On doit cependant remarquer que l'utilisation d'un tiroir futur dans la subordonne sera peu frquente, car cetiroir est difficilement interprtable sans l'adjonction de circonstants temporels plus prcis.Ilsaura ce soir que tu travailleras partir du mois prochain est acceptablealors que* ? Ilsaura que tu travailleras (est-ce avant, pendant, ou aprs P1 ?) lest difficilement.

    - VP au passIci les rgles sont plus nettes dans la mesure o seuls des tiroirs du pass peuvent tre utiliss. L'imparfait dansune principale organise un discours sur un repre relatif partir duquel les relations chronologiques vont s'ta-blir en utilisant des tiroirs bien prcis, ces relations chronologiques ne pouvant dpasser To.

    - simultanitMichel disait qu'il travaillait

    - antrioritMichel disait qu'il avait travaill

    (Le Plus-que-parfait, qui est antrieur l'Imparfait, est considr en franais moderne comme le tiroir le plusloign sur l'chelle des temps ; il est le pass de tous les passs.)

    - postrioritMichel disait qu'il travaillerait

    (Comparez avec Michel disait qu'il aurait travaillfutur antrieur (compos) du pass. La diffrence est aspec-tuelle : dans le second cas, on se place l'extrieur du procs (valeur d'accompli) et on pourrait imaginer plusfacilement ce type de phrases accompagne d'indications temporelles : Michel disait qu'il aurait travaill avant la

    fin du mois, alors que dansMichel disait qu'il travaillerait avant la fin du mois, on ne sait pas si son travail va conti-nuer au dbut du mois prochain. On peut gnraliser cet exemple en disant que toutes les formes simples ontvaleur d'inaccompli et toutes les formes composes ont valeur d'accompli.Ceci dit, l'intrieur de ce cadre strict, on peut faire jouer aussi le tiroir prsent, quand le prsent a valeuromnitemporelle (gnomique), notamment dans le discours rapport ex : Galile soutenait que la terre tourne ouencore dans Pierre m'a dit l'autre jour que Jacques est malade o la stricte concordance exigerait un imparfait, maiso l'emploi du prsent introduit une nuance de sens, puisque il est clair ici que le locuteur pense que Jacquesest encore malade (alors qu'avec l'imparfait l'ambigut n'est pas leve). Il est de mme dans j'ai appris qu'il netravaille pas j'ai appris qu'il ne travaillait pas. Lemploi du prsent est possible cause de la valeur du PC qui tire

    vers le prsent avec son auxiliaire au prsent.

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    LaspectI. Dfinition1.1. Temps expliqu et temps impliquRappelPour se raliser, tout procs implique un certain temps. On dit que le procs implique du temps.Cette dure ncessaire la ralisation, on lappelle temps impliqu ou, comme lappelle H. Bergson (1859-1941)qui sest beaucoup intress au temps, temps vcu dans sa dure. Et comme la notion de dure est une notionsubjective, ce temps est un temps dessencesubjective.

    Le ptard clata (temps impliqu : 1 seconde)Mais cette seconde qui est une mesure objective de la dure, personne ne peut la vivre de la mme faon : quel-qu'un dun peu fragile des oreilles peut dire :

    Le ptard nen finissait pas dclater.Cette notion subjective du temps impliquest, par exemple, trs exploite dans le cinma o la technique permetdacclrer ou de ralentir les mouvements et donc le temps. Par des ralentis dimages, on peut faire voir un p-tard qui clate pendant 10 minutes.Laspect est en quelque sorte cette faon de prsenter les procs.Ce temps impliqu soppose au temps expliqu, c'est--dire au tempsconu, celui qui est le fruit dun raison-nement, dune abstraction mentale. Le temps est une rflexion sur le devenir, un temps donc plus philosophi-que, qui permet de dater (temps-date), ce quon a appel poques.Le temps qui nous intresse dans ltude de laspect est le temps impliqu, c'est--dire le temps ncessaire la

    ralisation dun procs.A nimporte quelle poque, c'est--dire nimporte o sur laxe temporel, on peut reprsenter nimporte quelprocs, et on peut lenvisager dans son droulement.Ce quon appelle laspect, cest prcisment ceci : toutes les informations qui ne sont pas dordre temporel, maisqui renvoient au droulement du procs, et la vision subjective, la faon dont celui qui parle envisage cedroulement.L'aspect a t longtemps nglig par les grammairiens. Les linguistes se sont attels relativement rcemment cette question et actuellement le domaine est en pleine recherche. Ceci sexplique par le fait qu'en franais, l'as-pect n'a pas de marque flexionnelle propre. Ensuite, l'aspect tient la fois au lexique du verbe, ses marquesflexionnelles (morphmes de conjugaison) et la construction grammaticale. Ainsi on peut opposer le sens deverbes comme il chantait il chanta, et une construction simple comme il chante une construction priphrasti-que comme il commence chanter.

    Du coup, il y a beaucoup de problmes de terminologie, les termes sont nombreux et le sens des termes n'estpas toujours exactement le mme d'un auteur l'autre. Et sans doute y a-t-il encore de nombreuses choses dcouvrir.Revenons notre dfinition de l'aspect : il y a un temps-date qui correspond des valeurs d'poques / chrono-logiques et un temps-dure qui correspond ce qu'on appelle les valeurs aspectuelles. On peut prendre unemtaphore photographique pour bien montrer la diffrence.

    1.2. La mtaphore photographiqueS'intresser du temps-date, c'est s'intresser un tout petit point de l'axe du temps. Ce qui importe, c'est que lepoint soit situ dans un temps infini. Pour une photographie, cela correspondrait photographier en prenantdu champs, en prenant du recul, dans la photo un objet quelconque qui serait un petit point situ dans l'infinitde l'espace.

    Maintenant le mme objectif, je peux le photographier de prs, je peux faire un effet zoom, un grossissement etne plus m'intresser ce qui entoure l'objet, l'espace dans lequel il s'inscrit mais uniquement l'objet. S'int-resser la valeur aspectuelle, c'est exactement cela, c'est ne s'intresser qu'au procs et son droulement ind-pendamment du temps-date o il est situ.

    Ceci dit, on peut s'intresser de deux faons diffrentes l'aspect, on peut s'y intresser de faon qualitative etquantitative.

    1.3. Point de vue quantitatif / Point de vue qualitatifLa faon qualitative consiste s'intresser la faon dont le procs se droule, on parle alors du mode de drou-lement du procs.

    La faon quantitative consiste s'intresser la quantit de droulement. Le procs n'est pas envisag dans sonensemble, mais l'une ou l'autre de ses tapes. On s'intresse donc dans cette optique aux tapes du droule-ment (juste au dbut, pendant, juste la fin, etc.) On ne regarde qu'une certaine quantit du temps impliqu.En fait, l'aspect est une catgorie linguistique, car il trouve son expression travers le langage, mais en franais,les marques de l'aspect tant du point de vue qualitatif que du point de vue quantitatif ne sont pas homognes.

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    Il faut bien noter en premier lieu que les informations concernant le mode de droulement du procs sont don-nes par divers moyens :- par le sens profond du verbe sa base (la base verbale) ;- par les morphmes (flexions) ;- par les lments de complmentation du verbe (sujet, objet(s), circonstants).Comparons :Il tombe, la pluie tombe et la pluie est tombe ; il crit un livre et il crit son nom, etc.Il n'y a pas en franais de marques propres qui seraient donnes par un seul lment. Rsultat : tout ce qui gra-

    vite autour du verbe peut venir inflchir le signifi aspectuel contenu dans la base lexicale du verbe. Parfoismme le signifi aspectuel du lexme peut tre compltement ananti par la valeur aspectuelle des morphmes.Par exemple, le verbe savoirest un imperfectif mais au pass simple qui est un temps valeur aspectuelle per-fective (ou plus exactement globale ou ponctuelle), il sut que a une valeur perfective. La valeur imperfective desavoira compltement disparu.Si on tudie le mode de droulement du procs, on peut trouver plusieurs sries d'oppositions qu'on va main-tenant regarder.

    II. Etude aspectuelle qualitative : mode de droulement du procs

    1. Aspect itratif / semelfectifCette opposition concerne le caractre rptitif ou le caractre unique du procs.

    rptitif : itratif ;semelfectif : "fait" une seule fois (du latin semel)Cette opposition peut tre ralise :- par la base lexicale

    mordillermordre- par le contexte, et notamment l'apport des prcisions des circonstants valeur de temps ou de dure :

    Il a appel deux heures ;Il a appel pendant deux heures.

    Faute de prcision, les deux aspects peuvent tre interprts librement :La semaine dernire, il a ramass des champignons (une fois ? toute la semaine ?)

    2. Aspect inchoatif / non inchoatifAu niveau qualitatif, il s'agit de savoir ici si on a une indication d'une certaine entre dans un tat ou la mention

    du dbut d'un procs.Les marques peuvent tre lexicales : dormirs'endormir, comme elles peuvent tre donnes par des morphmesverbaux appropris (notamment le futur et le pass simple) complts par des circonstants de valeur temporelle: Il mangea deux heures.Ici le pass simple et la prcision temporelle donnent au verbe mangerune valeur inchoative (le dbut du procsest particulirement mis en vidence) que le verbe seul n'a pas, ni le pass simple tout seul : il mangea n'est pasncessairement inchoatif, ce peut tre global.L'aspect inchoatif correspond la fois un mode de droulement du procs et on le verra plus loin un regardplus prcisment port sur le moment o le procs commence se drouler et donc sur la quantit de temps dudbut du procs, cet aspect plus spcifiquement quantitatif est marqu par des semi-auxiliaires ( se mettre ,commencer, etc.)

    3. Aspect ponctuel / duratifRappel :Je me suis ras pendant une heure (l'activit est envisage dans sa dure) ;Je me suis ras en cinq minutes (l'activit est envisage dans sa globalit, comme un point (ponctuel).

    Attention : cette opposition ne se confond pas avec l'opposition itratif / semelfectif, les deux oppositions secroisent comme le montre le tableau suivant :

    duratif ponctuelrptitif

    ou itratifcette anne, j'ai fait cours aux tudiants de 2me anne L'enfant a appel pendant deux heures

    semelfectif Elle a dormi pendant deux heures L'enfant a appel deux heures

    4. Aspect perfectif / imperfectifCette opposition est tout fait centrale. Prcisons la terminologie : on verra qu'il y a des aspects de type quanti-tatif qui se rapprochent de cette notion qualitative. On va rserver le couple perfectif / imperfectif pour lesinformations de type lexical, c'est--dire contenues dans le smantisme du verbe. Etymologiquement, perfectum

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    vient du latin : "fait de bout en bout" et im (ngation) : qui n'est pas fait de bout en bout. En deux mots et enrappel, les perfectifs sont donc des verbes dont le sens implique ncessairement un terme : par exemple fermer.Ces verbes sont des verbes dont le droulement du procs va transformer la situation initiale, c'est--dire lasituation avant le procs.Attention : DansJe ferme la porte, le procs n'est pas donn comme fait de bout en bout, mais le verbe reste per-fectif, mme si l'aspect est inaccompli.Donc, rappelons-le, le perfectif est un verbe qui, indpendamment de tout effet extrieur, comporte un termencessaire.

    On va ici distinguer le terme qui est la clture ncessaire implique chacun des bouts du procs (terme initialet terme final) par le sens du verbe, auquel on va opposer le mot de limite qui sera rserv une interruptionarbitraire du procs, due au fait que toute action humaine ne saurait durer indfiniment.Ces remarques tant faites, on peut tenter des reprsentations des perfectifs et imperfectifs.

    5. Reprsentation graphique

    Je ferme la porte ; il est entrFermeture. Rsultat diffrent du procs : le rsultat change le monde.

    Il travaille ; il admire son preLimite arbitraire : pas de rsultat.

    On a parfois des hsitations sur la valeur perfective ou imperfective d'un lexme.

    6. Test du pass composOn peut appliquer un petit test avec le pass compos. Le pass compos est un temps qui exprime soit un ac-compli du prsent, soit une valeur temporelle de pass trs claire avec une vision globale du procs (emploi dupass simple).On pourra donc pour les verbes perfectifs adjoindre facilement le circonstant "maintenant" au pass compos,tandis que pour les verbes imperfectifs on pourra plus facilement adjoindre l'adverbe "longtemps".

    vendre : Il a maintenant vendu sa maison (*longtemps) ;fermer : Il a maintenant ferm la porte (*longtemps) ;aimer : Il a longtemps aim cette femme (maintenant : sens perfectif)Cette notion est donc importante car elle explique des contraintes.On voit avec ces exemples qu'il y a des affinits entre certains aspects inclus dans le sens du verbe et certainsemplois de tiroirs compte tenu de la valeur aspectuelle des tiroirs employs.

    ConclusionEn conclusion, on peut dire que les modes de droulement du procs sont toujours exprims de faon com-plexe, et parfois amenant des contradictions, par des marques :- lexicales (donnes par la base) ;- grammaticales (portes par le morphme verbal) ;

    - contextuelles (donnes par des lments de complmentation).

    III. Etude aspectuelle quantitativeC'est beaucoup plus simple.Le droulement du procs peut tre envisag en cinq points remarquables :

    Dans ce schma, chaque petite flche a un point de vise, c'est--dire l'tape de droulement qui est envisag

    dans le discours du locuteur.

    Les diffrents aspects1. Marquage par semi-auxiliaire tape a : antrieur au procs ou prparatoire au procs : aspect prospectif ou prparatif

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    tre sur le point de ; aller ; tre pour(franais rgional) ; se prparer + INFINITIF

    tape b : aspect inchoatif ou ingressifcommencer ; se mettre + INFINITIF

    tape c : c'est qu'il y a plthore de mots et qu'il est parfois difficile de dire si ces mots ont bien le mme sensd'un auteur l'autre

    - aspect scant (vient de secare : couper voir scateur) : on coupe le p