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Les collabolecteurs, Visages-cibles de la presse en ligne

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Les collabolecteurs, Visages-cibles de la presse en ligne

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GUILLAUME BLOT EUROMED MANAGEMENT / KEDGE BUSINESS SCHOOL MASTER 2. 2012-2013

Mémoire de recherche

Les collabolecteurs, visages-cibles de la presse en ligne

SOUS LA DIRECTION DU

DR DARDO DE VECCHI

Guillaume BLOT
Guillaume BLOT
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/ REMERCIEMENTS /

A Dardo de Vecchi, mon Directeur de Mémoire, pour ses retours à mes allers chargés de questions.

A Mélanie Briée, mon élenfant d’Asie, pour sa patience et son soutien complice.

A Fabrice Blot, mon père, pour ses articles archivés et sa relecture estivale.

A Françoise Blot, ma mère, pour ses encouragements maternels.

A Mathilde Blot, ma sœur, pour avoir pris des nouvelles de l’avancée des travaux.

A Thibault Savary, mon ami du 85, pour avoir testé et validé le questionnaire « lecteurs

potentiels de titres de presse en ligne ».

A Laurette Lecomte, mon amie, pour sa fine relecture anglaise, aidée de Paris Penman Davis.

A M. Héry, professeur d’espagnol ami, pour m’avoir fait parvenir le livre Le caractère fétiche

de la musique, d’Adorno en Argentine. A Marina Romanin, propriétaire de la maison où je résidais à Buenos Aires, pour m’avoir fait

bénéficier de conditions de travail confortables.

A Anaïs Carayon, Rédactrice en Chef de Brain Magazine.fr, Thibault Dusser, Fondateur de La Nuit Mag.com, Sophie Guignard, ex-directrice de la publication de Los Inrockuptibles,

Tom Le Bourhis, co-fondateur de Phonographe Corp.fr, la Rédaction en chef de Bibiche et celle de Paulette pour leurs réponses à mon entretien « managers de titre de presse en ligne

».

A Diane Guinot de We Are From Paris.com, Itsaoao.com, Megaconnard.com et Chanel News.com ; Alexandre Hervaud de Slate.fr, LesInrocks.com, Vodkaster.com, Rue89.com,

Ecrans.fr, Fragil.org, Télérama.fr, Reviewer.fr et du Mouv.fr ; Côme Tessier de Journal Europa et Horsjeu.net, Cindy Thierriaz d’Empreintes-digitales.fr et Thomas Rietzmann de

Brain Magazine pour m’avoir fait part de leur point de vue respectif quant à mon entretien « collabolecteurs-rédacteurs ».

A Solène Di Paolo donatrice pour Bibiche, Aziliz Le Brun pour Journal Europa, Naima Orville

pour Paulette, Paoli pour Gonzaï, Alexia Peytour pour Paulette, Claire Poupoulpe pour Gonzaï, Sinclair Ringenbach pour Crumb Magazine, et Lauren de Samonac pour Paulette

pour avoir partagé leur opinion au sujet de mon entretien « collabolecteurs-donateurs ». Aux 96 personnes ayant répondu au questionnaire en ligne, notamment les grands-pères de

Karen Le Marec et Victor Choppin de Janvry.

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/ SOMMAIRE /

REMERCIEMENTS 2 SOMMAIRE 3 LISTE DES IMAGES, FOCUS, TABLEAU & SCHEMA 5 TABLE DES ANNEXES 6 INTRODUCTION 7 A. PROBLEMATIQUE 8 B. OBJECTIFS 8 C. CONTRIBUTION 9 D. METHODE 9 I. REVUE CRITIQUE DE LA LITTERATURE & HYPOTHESES A. REVUE DE LITTERATURE Chapitre 1. Les titres de presse en ligne se positionnent en « médias-marques »

1.1. Une nécessaire adaptation : la « créativité organisationnelle » Digitalisation des titres de presse 10 Innover pour se démarquer 11 1.2. Diversification et Marketing éditorial comme preuves Baisse des investissements publicitaires 12 Une diversification recherchée 12 L’essor du « marketing éditorial » 15 Un risque de « publicitarisation » 15 1.3. De l’essor du concept de « média-marque » Un nouveau positionnement 16 Le concept de « marque » 17 Un processus logique 17 Fidélité des lecteurs et des annonceurs recherchée 18 Chapitre 2. Convertissant l’empowerment des lecteurs

2.1. « Capacitation » des individus Un phénomène individuel 19 mais aussi collectif 20 2.2. Et Convergence Culture L’apport de Jenkins 20 Media Convergence 21 Participatory Culture 21 Collective Intelligence 22 2.3. Plus qu’un collectif : une tribu Le tribalisme 22 Le Web participatif comme stimulant 23 Le sentiment d’appartenance, propice à la fidélité 24 2.4. Ne pouvant se passer du Web Augmentation du temps passé sur le Web 25 Se divertir 25 Se faire plaisir, avant tout 26 Chapitre 3. En une stratégie de communication pragmatique visant l’implication

3.1. Du « knowledge marketing » à la « communication pragmatique » Marketing de procuration 28 Communication « pragmatique » 29 3.2 De la participation encouragée

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Le Web 2.0, l’écrin 30 Le journalisme 2.0 et son pendant participatif 31 L’hébergement de blogs 32 3.3 A la collaboration impliquante Engager pour mieux fidéliser 33 Implication rédactionnelle: le journalisme collaboratif 34 Implication financière : le crowdfunding 36 B. HYPOTHESES 38 II. METHODOLOGIE A. POSITIONNEMENT EPISTEMOLOGIQUE 42 B. ECHANTILLONAGE B.1. Questionnaire à l’intention de lecteurs potentiels de titres de presse en ligne 43 B.2. Entretien auprès de managers de titres de presse en ligne 43 B.3. Entretien auprès de collabolecteurs-rédacteurs 44 B.4. Entretien auprès de collabolecteurs-donateurs 44 C. METHODE DE COLLECTE C.1.1. Lecteurs potentiels de titres de presse en ligne : questionnaire 45 C.1.2. Managers de titres de presse en ligne, collabolecteurs-rédacteurs et collabolecteurs-donateurs: entretien 49 C.2. Précautions 54 D. TRAITEMENT DES DONNEES 55 III. ANALYSE DES RESULTATS A. LECTURE ET COMPREHENSION DES DONNEES RECOLTEES 56 B. REPONSES AUX HYPOTHESES FORMULEES 95 CONCLUSION 100 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES A. ARTICLES 101 B. OUVRAGES 103 C. VIDEOCONFERENCE 104 D. COLLOQUES 104 ANNEXES 105 RESUME FINAL A. FRANÇAIS 117 B. ANGLAIS 118 DISCIPLINE 119 MOTS-CLES 119

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/LISTE DES IMAGES, FOCUS, TABLEAU & SCHEMA /

Image 1 : détail de la dernière une papier de Newsweek, paru le 23 décembre 2012 10 Image 2 : capture-écran d’un méta-tweet : tweet proposant une définition de Twitter 11 Image 3 : M, le magazine du Monde avec en une Arnaud Lagardère

(septembre 2011) 16 Image 4 : première photo Instagram utilisée en une du The New York Times

(mars 2013) 24 Image 5 : campagne La Vie Comme Un Conte – Ariel la Petite Sirène (été 2010) 40 Image 6 : capture-écran du tweet envoyé à Pierre Haski (2 mai 2013) 54 Focus 1 : présentation Les Inrocks Labs 14 Tableau 1 : motivations des individus-lecteurs vis-à-vis d’un média-marque et auteurs associés aux concepts 29 Schéma 1 : schéma de la communication de Jakobson (1963) 30

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/ TABLE DES ANNEXES /

Annexe 1 : dernière une papier du quotidien économique La Tribune (30 janvier 2012) 105 Annexe 2 : mail de vœux 2013 adressé par Lionel Barber aux salariés de The Financial Times 106 Annexe 3 : recettes publicitaires des principaux médias en France (IREP, chiffres 2012) 107 Annexe 4 : exemple de croisière organisée par Psychologies Magazine 108 Annexe 5 : capture-écran d’Objectif Budget, newsgame du Figaro 109 Annexe 6 : visuel utilisé pour célébrer la sortie de la 20ème édition internationale de Grazia, en Afrique du Sud (février 2012) 109 Annexe 7 : capture-écran de la campagne de promotion d’Oceanic Airlines, compagnie aérienne phare de la série Lost (ABC, janvier 2008) 110 Annexe 8 : photographie d’un Lomowall à Londres (septembre 2007) 110 Annexe 9 : capture-écran de la page d’accueil du Big Internet Museum 111 Annexe 10 : capture-écran d’une recherche Google portant sur Whitney Houston (25 juillet 2013) 111 Annexe 11 : schéma simplifiant les relations entre les différentes branches du marketing 112 Annexe 12 : extrait du Journal Officiel recommandant l’utilisation du mot-dièse en lieu et place de l’expression hashtag (janvier 2013) 112 Annexe 13 : capture-écran du live-blogging proposé par The Guardian couvrant les attentats du métro de Londres (juillet 2005) 113 Annexe 14 : capture-écran de l’outil participatif Newsdesk Live de The Guardian (février 2012) 114 Annexe 15 : capture-écran de la présentation du site collaboratif streetpress.com 114 Annexe 16 : capture-écran de la page d’accueil de la plateforme de financement J’aime l’Info 115 Annexe 17 : capture-écran de la page du projet de financement participatif du magazine Paulette via le site My Major Company 115 Annexe 18 : capture-écran de la page du projet de financement participatif du magazine Bibiche via le site Ulule 116

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/INTRODUCTION /

« Tout livre a pour collaborateur son lecteur ». Ces mots du journaliste français d’un autre siècle Auguste-Maurice Barrès témoignent du lien indéfectible qui unit un texte à son liseur, comme si une co-construction était nécessaire pour donner du sens aux mots. A défaut de reculer loin dans le temps, Jean-Paul Sartre prend lui de la hauteur en évoquant un « effort conjugué de l’auteur et du lecteur qui fera surgir cet objet concret et imaginaire qu’est l’ouvrage de l’esprit » dans Qu’est-ce que la littérature ? (1947). Au delà de ces citations tantôt du passé, tantôt aériennes, la participation de lecteurs à la naissance d’écrits qui leurs sont eux-mêmes destinés n’a jamais été aussi visible que depuis l’apparition du Web 2.0.

Média au sens défini par McLuhan - the medium is the message - le Web 2.0 utilise le réseau Internet et tend à se différencier des médias traditionnels par la limite floue que son interactivité engendre, entre émetteurs et récepteurs. C’est Tim O’Reilly, célèbre professionnel du triple « w », qui baptise le premier le Web participatif/collaboratif à travers une conférence désormais culte donnée en 2004 : « What is Web 2.0 ? ». Postérieur au Web 1.0, le Web « actuel » repose sur des échanges interpersonnels plus libres qu’auparavant et une culture fortement contributive. Il représente une évolution culturelle notable, souvent présentée comme la base d’une nouvelle période sociétale. Guidé par l’empowerment qui l’anime, l’usager n’est plus un simple consommateur, mais un potentiel producteur de contenus. Aux acteurs qui croiseront sa route numérique, l’objectif sera alors de le faire s’arrêter à leur (bonne) adresse URL, pour le convertir en visiteur monétisable. La presse, timidement du voyage depuis 2004, prend à son rythme le virage digital, attitude prudente face au brouillard tenace: « La nouvelle presse est si jeune qu’elle n’a ni théorie, ni histoire, ni manuel à jour de ses innovations » (Fogel & Patino, 2005). Certains parlent de crise, d’autres de révolution industrielle. Toujours est-il que l’apparition du Web 2.0 a contraint magazines et journaux à repenser leur business model, en renouvelant leurs produits et en cherchant des opportunités de croissance ailleurs. Accoler « média » à « marque » - en tant que « nom, terme, signe, symbole, dessin ou toute combinaison de ces éléments servant à identifier les biens et services d'un vendeur et à les différencier des concurrents » (Kotler et al. 2009) - est désormais sensé pour bon nombre de titres. L’utilisation du Web 2.0, elle, est devenue incontournable pour tous : la totalité des magazines et journaux ont aujourd’hui leur site Web, prolongement naturel du papier. Certains titres n’existent même que sur la toile, communément appelés pure players. Devant le désir de consommation interactive, communautaire et personnalisable de leurs lecteurs, les sites Web de magazines et journaux en ligne se muent à la fois en supports de contenus et en plateformes de communication interpersonnelle. Les titres de presse en ligne feraient dorénavant plus qu’informer : ils communiqueraient littéralement avec et pour leurs lecteurs. L’on serait ainsi passé d'une communication consistant à diffuser des informations véhiculées de manière unidirectionnelle à une diffusion d'informations bâtie sur le dialogue. Coloré de marketing, cet aspect peut se fondre dans une stratégie visant à gagner en audience à court-terme et à fidéliser le lectorat déjà présent à plus long terme. Cibles-idéales, des lecteurs prêts à prendre la casquette de collaborateurs sont dans le viseur de titres de presse en ligne, conscients de l’importance d’impliquer leur audience pour la rendre captive. Cette approche, aussi créative que pragmatique, donne naissance à un mot-valise que Boris Vian n’aurait pas bouclé : le collabolecteur.

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A. PROBLEMATIQUE /

Le Web 2.0 encourage l’infidélité des lecteurs, c’est un fait. Infinies, les possibilités de s’informer engendrent des comportements de « grappillages » et de nomadisme. Dès lors, la nécessité de rendre assidu un internaute devient une gageure pour les managers de titres de presse en ligne. Un pari pas si irréalisable que cela puisque l’aspect participatif, voire collaboratif du Web d’aujourd’hui, permet de nouer des liens plus forts avec les lecteurs. Les impliquer davantage tendrait-il pour autant à les fidéliser ? Donner du pouvoir à ces nouveaux collabolecteurs tant recherchés ne reviendrait-il pas à en perdre pour les titres de presse ? La question générique qui se pose réellement est : Dans quelle mesure les titres de presse 2.0 peuvent-ils impliquer leurs lecteurs dans

l’optique de les fidéliser autour de la marque ?

L’interrogation concerne les titres de presse en ligne du monde entier, tant l’Internet libre par définition - Chineternet et Ahmadinejadternet étant exclus - est un réseau mondial et le Web 2.0 une de ses utilisations les plus utilisées sur la planète. La période évoquée se rapporte surtout à celle courant de 2004 - année de baptême du Web 2.0 - jusqu’à aujourd’hui. Même si le substrat théorique actuel s’est enrichi de nombreux concepts datant du XXème siècle, voire de la fin du XIXème.

B. OBJECTIFS /

L’objectif principal de ce mémoire de recherche est de montrer que l’arrivée d’un nouveau média s’accompagne inexorablement d’une nouvelle idéologie. « Introduisez l’alphabet dans une culture et vous changez ses habitudes cognitives, ses relations sociales, ses notions de communauté, d’histoire et de religion. Idem pour la presse à imprimer : introduisez la transmission d’images à la vitesse de la lumière et vous faites une révolution culturelle » observait à ce propos Neil Postman. L’émergence du Web 2.0 a ainsi bouleversé la relation anciennement verticale entre titres de presse et lecteurs. D’une transmission unilatérale d’informations, les magazines et journaux ont entamé un véritable échange et dialogue avec leur audience.

Un journalisme 2.0 serait apparu, modelé par un changement dans les formes, la vitesse, le contexte et le volume d’informations. L’objectif sous-jacent relève alors de l’analyse du mélange de communication et de journalisme résultant de ce nouveau lien horizontal. Un lien qui peut se retrouver dans un vaste ensemble de produits et services estampillés « médias », qui par leur diversification, se comportent toujours plus en « médias-marques ». Ainsi, l’un des buts est également d’examiner cette nouvelle étiquette accolée aux médias, notamment de la presse en ligne.

La finalité est surtout dans la déconstruction du néologisme collabolecteur afin d’implémenter une stratégie de fidélisation à destination des lecteurs. Un désir fort de collaboration, nourri par l’empowerment et la possibilité technique d’interagir facilement avec les médias serait à l’origine de ces lecteurs-collaborateurs dont cette thèse cherche à donner un visage et à déterminer ses contours.

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C. CONTRIBUTION /

Le Web 2.0 a bouleversé le monde des médias et de la presse, c’est un fait. Alors que de nombreux essais s’y sont penchés, rares sont ceux ayant pris le temps d’analyser l’évolution dans la manière de communiquer et de fidéliser des titres de presse avec l’arrivée du Web collaboratif.

A une époque où le brandsperanto est parlée par beaucoup, notamment par la Génération Y, il apparaît habile de communiquer indirectement et d’utiliser ainsi une forme de communication pragmatique. Surtout s’il s’agit de mettre en place une stratégie de fidélisation à l’intention d’un weblectorat encouragé par le nomadisme. L’apport essentiel de ce mémoire de recherche concerne en somme le recours à la collaboration, plus qu’à la simple participation, des lecteurs du Web avec les titres de presse en ligne et leurs managers et journalistes. Il nuance très fortement la vision aujourd’hui dépassée de Jean Baudrillard qui dans Requiem pour les media caractérisait les médias de masse comme « anti-médiateurs, intransitifs, (!) (fabriquant) de la non-communication (!). Ils sont ce qui interdit à jamais la réponse, ce qui rend impossible tout procès d’échange » (1972).

Ce mémoire de recherche est aussi d’un modeste apport à la problématique du lecteur et de la réception, principalement initiée dans les années 1960. Hans Robert Jauss fondait alors à travers Literaturgeschichte als Provokation une approche de « l’esthétique de l’influence et de la réception » (1967) par l’idée que le récepteur d’un texte est un « partenaire » indispensable à la construction d’une œuvre littéraire.

Enfin, ces pages visent à montrer que « Web participatif » et « Web collaboratif » ne sont pas tout à fait synonymes, et de facto, qu’il est nécessaire d’être vigilant quant aux dérivés sémantiques du « Web 2.0 ».

D. METHODE /

Le positionnement épistémologique adéquat est mixte. Il est en effet sensé de se

baser sur une approche à la fois positiviste et constructiviste, en fonction du rôle des personnes interrogées.

L’angle sera positiviste pour les potentiels lecteurs de titres de presse en ligne. L’idée est de récolter un grand nombre de données, via un questionnaire évidemment diffusé sur l’Internet à un panel représentatif des internautes français, dans le but d’expliquer les grands traits définis dans la revue de littérature. Il est nécessaire de savoir si le quidam du Web a conscience des transformations numériques de la presse pouvant l’affecter, en bien avec une parole plus libre et des une presse en ligne plus démocratique, ou en mal à travers une perte de crédibilité et d’indépendance des titres de presse, supplantant la qualité de l’information à l’audience.

L’angle sera en revanche constructiviste concernant les « déjà impactés », soit les managers de magazines/journaux en ligne, mais aussi les collabolecteurs-rédacteurs et collabolecteurs-donateurs. Le but est de comprendre les intérêts des deux parties, notamment du point de vue de l’indépendance et du sentiment d’implication, en leur posant des questions précises où la qualité de la réponse importe plus que la quantité de répondants. Des entretiens individuels et virtuels sont dès lors appropriés. Le terrain choisi est principalement français, avec une ouverture sur l’Argentine pour élargir la vision. Les thématiques des magazines/journaux en ligne choisis sont volontairement diverses, avec un penchant pour le sociétal et le culturel.

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I. REVUE CRITIQUE DE LA LITTERATURE & HYPOTHESES /

A. REVUE DE LITTERATURE /

Chapitre 1. Les titres de presse en ligne se positionnent en « médias-marques »

(Ellipse). Boris Vian aurait-il aimé l’adaptation de ses romans de papier jauni, fleurant bon le renfermé, sur des tablettes froidement numériques, couleur argent, qui n’ont pas d’odeur ? La transposition d’une œuvre, fut-elle un texte, sur un support différent ne trahit-elle pas l’authenticité de celle-ci ? « Je pose ces deux questions auxquelles personne ne répond »1. Les titres de presse en ligne, eux, répondent à leur manière à cette interrogation, par l’innovation. Même si elle reste bien moins originale que ne l’est le célèbre écrivain-musicien français.

1.1. Une nécessaire adaptation : la « créativité organisationnelle »

Digitalisation des titres de presse

La « numérisation » de la presse est en marche. Elle court même, tant les derniers mois post-fin du monde ont connu des évolutions dans celui des journaux et magazines papiers. Que ce soit Newsweek aux Etats-Unis, La Tribune ou France Soir en France (remontant à 2012 pour les deux premiers cités, voire même décembre 2011 pour France Soir, finalement disparu en juillet 2012), tous ont fait le choix de basculer dans le tout numérique.

Image 1 : détail de la dernière une papier de Newsweek, paru le 23 décembre 2012

1 Phrase tirée de Je bois, Boris Vian (1955)

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C’est également le cas du The Financial Times, qui a clairement donné la priorité au numérique en janvier 2013, à travers ces quelques mots adressés par l’Editor du journal Lionel Barber à ses salariés dans un mail de vœux : « Nous devons nous assurer de travailler pour une plateforme digitale d’abord, puis pour un journal ensuite» 2 et d’en expliquer l’une des motivations : « La marque The Financial Times liée à un journalisme précis et expert peut prospérer, mais uniquement si elle s’adapte à la demande de ses lecteurs »3. La question des pratiques de lecture des consommateurs de presse se pose donc. Tenter la prédiction qu’à l’avenir le numérique supplantera le traditionnel papier dans les habitudes de lecture de tout à chacun n’est cette fois-ci guère risqué. Le journal Le Monde s’y est même essayé dans un article - sortie dans un hors-série papier (!) - intitulé Mon journal en 20254. L’actuel boom spectaculaire des tablettes numériques, dont les ventes fin 2012 auraient dépassé celles des smartphones et devraient quadrupler d’ici à 2017 en Europe (Source : Cabinet Forrester), n’est qu’une observation de plus allant en ce sens.

Cette nouvelle forme de consommation des titres de presse engendre de facto une évolution dans la manière d’appréhender l’information. A travers un accès facile, fluide, immédiat et le plus souvent gratuit à une multitude de sources, le Web favorise les habitudes de « grappillages » et de nomadisme. Il est possible de passer d’une production à une autre d’un seul clic. Le réseau social Twitter5 pourrait se présenter comme l’archétype de ce constat : une liste de titres courts, provenant de différents médias-sources, renvoyant vers des liens, le tout défilant dans une timeline infinie.

Image 2 : capture-écran d’un méta-tweet : tweet proposant une définition de Twitter

L’attachement entre un lecteur et son journal ou magazine se retrouve difficilement sur la toile, qui encourage plutôt l’infidélité et une consommation hétéroclite de l’information. Au delà des changements structurels prônés par le rédacteur en chef de The Financial Times, les titres de presse en ligne doivent innover, et faire preuve de « créativité organisationnelle ».

Innover pour se démarquer Ce concept, abordé dans le numéro 161 de la Revue française de gestion (2006), est défini par le professeur en stratégie Rodolphe Durand comme la faculté d’une organisation à se renouveler elle-même pour « accueillir et accepter la nouveauté ». Selon lui, les processus d’évolution peuvent être internes, comme la création de nouvelles fonctions, mais aussi externes, avec l’adoption de nouvelles technologies par exemple, le tout concourant à transformer les organisations dans leur ensemble. « Il existe une aptitude particulière du corps collectif organisé à se re-designer lui-même » explique-t-il, avec l’optique de rassembler les ressources mis à sa disposition pour faire évoluer ses aptitudes stratégiques

2 « We need to ensure that we are serving a digital platform first, and a newspaper second. » 3 « The FT's brand of accurate, authoritative journalism can thrive, but only if it adapts to the demands of our readers.» 4 Article disponible à la lecture en cliquant sur le lien ci-après : http://bit.ly/Y4svMD 5 https://twitter.com/

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et métiers-cœurs et tirer de ce morphisme architectural un avantage compétitif vis-à-vis de ses concurrents. Plus que d’innover uniquement pour satisfaire leurs clients, les entreprises doivent en effet se transformer pour se démarquer de leurs rivaux, leur mettre la pression, et conserver leur compétitivité. Qui plus est, la créativité organisationnelle propose une vision dynamique des entreprises, non fermée sur une clientèle figée ou bornée dans des « sentiers de dépendances ». Une innovation libre en somme, supplantant l’idée de performance dans la formation de la valeur. « L’entreprise doit donc être un réceptacle souple des envies humaines, d’une puissance d’être et de faire librement, plutôt qu’un mode de coercition oppressif. » tranche Durand. Un bel exemple pourrait être trouvé dans le cas du Monde.fr, qui a récemment fait le choix d’envoyer deux journalistes à l’étranger en décalage horaire inversé pour couvrir « fraichement » l’information mondiale 24h/24. Les managers de titres de presse semblent avoir pris leur liberté ces dernières années, comme en attestent les nombreuses évolutions amenées, notamment dans l’optique de différencier leurs produits de ceux de la concurrence.

1.2. Diversification et Marketing éditorial comme preuves

Baisse des investissements publicitaires

Une dépêche AFP tombée le 7 février 2013 a fait grand bruit dans de nombreuses rédactions : « The New York Times affirme qu’il gagne plus d’argent avec ses lecteurs et abonnés qu’avec la publicité pour la première fois en 2012 »6. Au-delà de la stratégie de développement des abonnements payants sur Internet du titre américain (augmentation de 13% du nombre d’abonnés numériques entre octobre et décembre 2012), cette nouvelle est révélatrice d’une tendance de fond qui touche les médias en général, la presse écrite en particulier : la part que représente la publicité dans leur chiffre d’affaires décroit au fil des ans. Pour avancer des sommes, les investissements publicitaires ont été en repli en France de 3.5% en 2012 pour les médias, comparés à 2011, selon une étude de l’IREP7. « Le marché publicitaire a perdu en cinq ans deux milliards d’Euros sur les cinq médias historiques (Télévision, Presse, Publicité Extérieure, Radio et Cinéma, hors leurs activités Internet), dont 1,5 milliard " pour la (seule) Presse » pointe de l’index cette même étude. Et si les investissements sont en hausse sur l’Internet (+6.2%), le cabinet Oliver Wyman8, associé à la chaire média de l'Essec, s’empressent de tempérer cet optimisme naissant : la croissance de la publicité sur les sites de titres de presse ne profiterait que peu de la croissance de la publicité sur le Web en général. Et de conclure : « Les médias traditionnels devront donc trouver leurs ressources hors du marché publicitaire » (R. Botbol, G. Vialle, & G. Thibault, 2011).

Une diversification recherchée

Pour autant, les entreprises de presse n’ont pas attendu cette recommandation avant de repenser leurs activités-cœurs, et de finalement relayer l’information, leur produit-phare, à un élément de plus d’un vaste ensemble de services et produits qu’elles proposent désormais. Cette redéfinition prend le nom de « diversification », stratégie matérialisée par diverses formes.

A titre d’exemple, le Groupe britannique Hearst s’est lancé dans l’organisation de 6 « New York Times says it made more money from readers & subscribers than advertising for first time in 2012 ». Dépêche apparue sur le fil Twitter de l’AFP disponible en cliquant sur le lien ci-après : https://twitter.com/AFP/status/299550715527974913 7 Etude « Le marché publicitaire français en 2012 » disponible en cliquant sur le lien ci-après : http://www.irep.asso.fr/marche-publicitaire-chiffres-annuels.php 8 Article disponible à la lecture en cliquant sur le lien ci-après http://bit.ly/YCAddd

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courses à pied Runner’s World en marge du magazine de running éponyme. En Argentine, le Groupe Clarin a innové en proposant aux internautes de revêtir l’habit d’entraineur virtuel à travers le jeu Gran DT9. Apparu en 1995, il a été remis au goût du jour 2.0 en 2008. En France, de nombreux cas d’école existent. Psychologies Magazine en fait partie. Créé en 1970, le magazine va connaître de nombreuses évolutions : dans son positionnement d’abord, dans ses activités ensuite. Se sont ainsi rajoutées à la revue en tant que telle des Croisières Psychologies Magazine10 proposant « de voyager autrement : circuits originaux, conférences d’experts renommés, ateliers-découvertes, échanges avec des journalistes de la Rédaction, bateau prestigieux à taille humaine! Des moments uniques alliant découverte et partage, autour de thèmes qui nous sont proches ». Le journal La Tribune s’est également lancé dans l’évènementiel en organisant les Tribune Women’s Awards11, soirées au cours desquelles sont récompensées des femmes contribuant au rayon économique d’une région en particulier. Le pure player Atlantico.fr a lui convenu d’un accord avec les Editions Eyrolles début 2013 pour vendre des résumés de livres «de 30 à 50 pages» sur son site, arguant que «les gens n'ont plus le temps de lire 300 pages». Le magazine L’Express a aussi diversifié ses activités, participant notamment à la création fin 2012 d’un fond d’amorçage destiné à accompagner de jeunes entrepreneurs désireux de se lancer dans le monde du digital. Le Figaro a su opter pour une diversification numérique, rachetant entre autres leconjugueur.fr, evene.fr, bertrandvacances.com, ticettac.com, bazarchic.fr, cadremploi.com ou encore queljob.com. Son site Web a même conçu un jeu en ligne12 qui a connu un grand succès en septembre 2011 : celui-ci proposait aux internautes de se mettre à la place du ministre du budget du Gouvernement et de prendre les commandes des finances publiques.

D’un point de vue culturel, le magazine Les Inrockuptibles organise depuis 2001 un concours musical destiné à donner un coup de projecteur à la carrière d’artistes en devenir (CQFD puis les InRocks lab13), alors que le magazine sportif So Foot a monté en octobre 2012 son propre label musical, baptisé Vietnam. Ce dernier exemple est d’ailleurs relativement parlant. Difficile de croire que So Foot ait fait le choix de lancer ce label pour générer une nouvelle source de revenu, tant l’industrie musicale traverse une période délicate. Non, cette stratégie de diversification participe davantage d’une volonté d’élargir le socle de l’audience du magazine, dans l’optique pourquoi pas de monétiser à terme cette dernière. Aux Etats-Unis, ce marché de « données » est en plein boom : le Groupe de magazines Meredith réaliserait selon le cabinet Oliver Wyman un chiffre d’affaires de 300 millions de dollars à travers l’exploitation de ses bases de données (chiffres 2011). Dans le même sens, le Groupe NBC Universal serait désormais capable de monétiser une audience d’environ 60 millions de visiteurs uniques par mois (2011). 9 http://www.grandt.clarin.com 10 http://www.psychologies.com/Planete/Les-croisieres-de-Psychologies!11 http://www.latribunewomensawards.fr/ 12 http://www.lefigaro.fr/economie/objectif-budget.php 13 http://www.lesinrocks.com/lesinrockslab/

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Lancé en 2003 sous le nom de CQFD (Ce Qu’il Faut Découvrir), le concours Les InRocks Lab (baptisé ainsi depuis février 2011) a pour vocation de faire découvrir aux lecteurs déjà en place et ceux en devenir la nouvelle scène musicale française. En 2013, Les InRocks Lab s’associent à Sosh - marque d’Orange - pour l’édition n°11. Le partenaire décrit sur son site le déroulement et l’essence du concours : ---------- au programme de cette nouvelle édition des open-mics (scènes ouvertes) dans 15 villes de France à partir du 22 janvier et jusqu’à mai 2013 pour auditionner les jeunes artistes des concerts de demi-finales dans 5 régions une grande soirée finale en public à Paris en septembre 2013, également accessible en livestream. une mécanique digitale et participative Les internautes seront invités à voter sur Facebook pour soutenir leurs artistes préférés via l’application disponible début février sur les pages Sosh et inRocKs lab, et sur le site www.lesinrockslab.com. Le gagnant sera choisi par le public présent à la soirée et en ligne par la communauté. Le site proposera des vidéos exclusives pour suivre l’évolution des groupes. une association de deux marques à l’ADN commun "Sosh aime les inRocKs lab" c’est l’association de deux marques natives du digital, deux marques aux communautés engagées et très actives sur les réseaux sociaux, qui partagent les mêmes centres d’intérêt : la musique & la culture, la découverte et la créativité. Rapprochement naturel, Sosh et les inRocKs lab partent à la découverte de nouveaux talents sur la Toile et sur les routes de France. Ils mobilisent leur communauté pour mettre en lumière les artistes de demain... et de tout à l'heure ! ---------- La compétition est organisée par le magazine d’actualité Les InRockuptibles, hebdomadaire né en 1986 sous l’impulsion de Christian Fevret et Arnaud Deverre, ses deux pères-fondateurs. A l’origine exclusivement consacré au rock, Les InRocks – diminutif utilisé jusqu’au nom de sa déclinaison Web – ont progressivement fait évoluer leur ligne éditoriale jusqu’à proposer en septembre 2010 une nouvelle formule axée « politique, social et culturel », accompagnée d’une charte graphique inédite. Le magazine a toujours revendiqué son côté critique et fan à la fois. Cette diversification est un prolongement logique de l’identité même de l’hebdomadaire. Site Web du concours : http://www.lesinrocks.com/lesinrockslab/

Focus 1 : présentation Les Inrocks Labs

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L’essor du « marketing éditorial »

L’audience et ses lecteurs se retrouvent dès lors au cœur de stratégies où le mot « marketing » n’est plus qu’un demi-tabou. « Longtemps, l’édition a relevé d’une intuition de journalistes - le « nez » autant que le savoir faire-faire d’un rédacteur en chef -, avant que, peu à peu, le marketing s’insinue dans les logiques de conférences de rédaction, sans vraiment être assumé » opine à ce propos Thierry Thuillier, directeur des rédactions de France Télévisions dans Journalisme 2.0 (Paris, 2012). Associer « marketing » et « éditorial » ne date pourtant pas tout à fait d’hier. Si une classification des lecteurs fait une première apparition dans le management des médias dès la création des magazines féminins dans les années 1880 aux Etats-Unis, et se précise sous le fordisme des années 1920, il faut attendre les années 1930 pour voir la raison probabilitaire s’inscrire dans une forme de rationalisation de la communication de masse. Le concept semble même relativement assumé dans les années 1970, à travers la voix de Harold Evans, rédacteur en chef légendaire de la presse dominicale anglaise, qui s’exprime alors : « Un titre n’est pas un acte de journalisme, c’est un acte de Marketing ».

Ce qui va bien au-delà de la simple création d’une boutique en ligne ou du développement d’une ligne de produits dérivés à l’effigie du titre de presse repose sur une véritable réflexion éditoriale. Il faut à la fois affiner les cibles - quelles sont les personnes prêtes à payer pour de l’information ? - mais aussi le produit offert - quel type d’information et sur quel support ? - à celles-ci. L’on s’interroge sur la manière dont sont perçus les contenus par les lecteurs, et leurs attentes. Ainsi, l’on passe d’une stratégie de diffusion à une stratégie d’audience. Le Web 2.0 a grandement contribué à cette transition, tant les supports digitaux permettent aujourd’hui de mesurer très précisément l’audience et de dresser le portrait des lecteurs consultant un site. Cette quantification/qualification de la demande simplifie alors l’évaluation des choix éditoriaux établis et la concordance entre l’offre de contenus et les attentes des weblecteurs. L’idée est de « marketer » cette offre : par quel biais attirer le lecteur ? Sur quel avantage compétitif le titre de presse doit-il se concentrer ? Le premier objectif du marketing éditorial doit en effet rester une exigence de contenus qualitatifs, seule manière de se différencier visiblement des médias type agrégateurs, à l’instar de Google News14. Qualité et originalité dans le traitement de l’information recréent ainsi de la rareté dans la surabondance de contenus que peut proposer le Web.

Il faut dire que sans marketing, l’érosion du lectorat d’un titre de presse en ligne est quasi assurée. Dans le but d’affirmer sa position, ou dans l’idéal de se développer, un journal ou un magazine doit savoir lutter contre l’effritement inexorable de l’ensemble de ses lecteurs les plus anciens. Dans les faits, ceux-ci peuvent évoluer dans leurs goûts, déménager à l’étranger, ou tout simplement mourir, le tout se soldant généralement par une perte de 5% à 15% des lecteurs chaque année si rien n’est fait. L’objectif est donc de faire constamment évoluer le contenu, introduire des sujets complémentaires recherchés, en se focalisant surtout sur la séduction de nouveaux lecteurs potentiels et en conservant une cohérence avec la mission et la ligne éditoriale sans offenser les plus fidèles. Ce sont les consommateurs « moyens » qu’il faut attirer, ceux qui n’achètent ou, pour le cas du Web, ne consultent qu’une parution sur deux à quatre sur dix environ. Pour continuer dans les statistiques, ils représentent entre 20 et 40% des lecteurs, et ont déjà une relative affinité avec le journal ou magazine.

Un risque de « publicitarisation »

Mais par-delà la recherche du meilleur ajustement à la demande des consommateurs, ce qui se profile, c'est une tentative pour se conformer à la demande des annonceurs. C’est notamment ce que pense Patrin-Leclère lorsqu’elle évoque le concept de publicitarisation. Elle le définit comme « l’adaptation de la forme et des contenus

14 https://news.google.fr/!

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des médias à la nécessité d’accueillir la publicité ». Cette adaptation consiste à la fois en un aménagement destiné à réduire la rupture sémio- tique entre contenu éditorial et contenu publicitaire et en un ménagement éditorial des acteurs économiques susceptibles d’apporter des revenus publicitaires au média. Elle s’accompagne de la propagation d’une « pensée publicitaire, qui concerne l’ensemble des pratiques professionnelles en lien avec les médias » (Patrin-Leclère, 2004). M, le magazine du Monde est une très bonne illustration de ces logiques qui expliquent en partie l’évolution des médias. Lancé en 2011, calqué sur le modèle du T15, le supplément magazine du New York Times, M semble vouloir attirer davantage la publicité que l’audience, et ainsi équilibrer son business model. Cet exemple illustre surtout la transformation de médias qui s’assument toujours plus comme des marques, jusqu’à devenir littéralement des médias-marques.

Image 3 : M, le magazine du Monde avec en une Arnaud Lagardère (septembre 2011)

1.3. De l’essor du concept de « média-marque »

Un nouveau positionnement

En introduction au séminaire de l’Institut de Recherches et d’Etudes Publicitaires (IREP) « Médias-marques, jeux de frontières » (2010), Jean-Maxence Granier, directeur fondateur de Think Out 16 et Valérie Patrin-Leclère, maître de conférence au CELSA, soulignent les deux principaux phénomènes qui attestent ce nouveau positionnement du média comme marque : « lorsque le média se diversifie à travers des produits dérivés (déclinaisons médiatiques et/ou objets « matériels » ou services) et lorsque le média communique sur lui-même ».

En plus d’une diversification désormais bien visible, que penser donc à la vue de l’article L’année où j’ai participé à la naissance des Inrocks17 du journaliste Serge Kaganski,

15 http://www.nytimes.com/pages/t-magazine/index.html 16 http://www.think-out.fr/ 17 Article disponible à la lecture en cliquant sur le lien ci-après : http://bit.ly/OSR11u!

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racontant les débuts du magazine Les Inrockuptibles en trois mille signes d’où sont tirés les mots suivants : « ce qui frappe aussi dans ce numéro inaugural, que l’on refeuillette comme on regarde une photo de classe jaunie, avec une pointe d’embarras, ce sont les erreurs techniques, pâtés typographiques, bugs de maquette et autres naïvetés stylistiques! » ? Certainement, au-delà du fait que le Web en 1985 aurait permis aux fondateurs du magazine d’avoir moins d’appréhension à revenir sur ce numéro un, que les propos de Granier et Patrin-Leclère prennent tout leur sens. Les médias, titres de presse en ligne inclus, seraient devenus des marques comme les autres.

Le concept de « marque »

Avant tout, qu’est-ce qu’une marque ? Kotler propose la définition suivante : « une marque est un nom, un terme, un signe, un symbole, un dessin ou toute combinaison de ces éléments servant à identifier les biens et services d'un vendeur et à les différencier des concurrents » (Kotler et al. 2009). En d’autres termes, une marque est la matérialisation du positionnement produit. Il y a là une logique de différenciation de l’offre, de nécessité de distinction (A. Ries & L. Ries, 2000). C’est même la première vocation de la marque : sortir de l’anonymat, se distinguer visuellement. Aaker invente la notion de « mental box » : elle aurait un rôle de « marqueur mental » (D. Aaker, 1996). Sicard évoque également l’aspect « marqueur » en rappelant que « branding » vient du fer rouge qui marquait le bétail aux Etats-Unis lié à un élevage extensif, où, pour reconnaître les bêtes, il fallait une marque : « une marque possède seule cette capacité de faire émerger le produit banalisé hors de la foule » (Sicard, 2001). La mission d’une marque est aussi de se rendre désirable puis indispensable pour le consommateur. Elle doit créer de la valeur ajoutée utile en comparaison d’un produit similaire ou substituable sans marque. Semprini opine qu’elle joue avant tout un rôle symbolique majeur, qu’elle est elle-même un processus de communication, une instance sémiotique, une multitude d’éléments exprimés, signifiés (Semprini, 1995). Quant à Pringle, celui-ci considère que la marque joue un rôle d’intégrité et lui attribue quatre fonctions : un engagement rationnel, émotionnel, politique et spirituel en commentant : « les marques sont des promesses fermes et auxquelles le consommateur a droit. Cet engagement induit que l’entreprise applique complètement et totalement son discours de marque dans toutes ses actions » (Pringle, 2001). Découle alors la notion d’image de marque en tant que dimension intangible de la marque qui est nourrie par le rêve, l'imaginaire, les connotations. Une marque s'inscrit dans une légende, une épopée.

Un processus logique Terme moins suprême, mais tout aussi symbolique : l’histoire. L’histoire des médias veut que pour nombre d’entre eux, le lien tissé avec le public est devenu tellement fort qu’ils ont acquis ce statut convoité de « marque » (Patrin-Leclère, Granier, 2010). C’est une marque qui reste même particulière, avec une relation bien au-delà de celle que le consommateur peut avoir avec des marques banalisées. Cette relation est extraordinairement passionnelle et intellectuelle, ou distractive, entre le public et le média. C’est un échange, un reflet par rapport à soi-même, comme s’il s’agissait d’un dialogue avec une entité qui viendrait nourrir le lecteur, d’autant plus vrai aujourd’hui avec les possibilités d’interactions qui existent. Il y a surtout une prise de conscience de plus en plus prégnante de la part des managers des médias qui, pour vivre ou survivre dans un contexte économique difficile, sont amenés à considérer leur capital image et de nouvelles sources de revenu. Devenir « marque » a cet avantage qu’elle les autorise à exploiter leur logo, leur image sur des activités qui peuvent parfois être éloignées de leur légitimité première, celle d'être des médias. Ils se mettent également à penser « marketing » donc, mais un marketing qui aurait davantage un rôle d’information, d’éclairage, plus que d’action directe sur la ligne éditoriale, le journalisme étant encadré par une déontologie stricte. Vis-à-vis de cette éthique, Granier et Patrin-Leclère opinent que le média doit désormais paradoxalement autant assumer son statut de marque, pour préserver son cœur

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de métier, la marque étant considérée comme une garantie (Kapferer, 2007), que son capital symbolique. En ce sens, les titres de presse doivent maintenir les limites qui opposent information et consommation, au cœur même de l’hybridité. Ils doivent surtout articuler ensemble « fonds de marque », qualifiant leur essence et leurs traits intangibles, et « contrat de lecture », soit un contrat qualifié d’implicite entre un titre de presse et l’ensemble de ses lecteurs au sujet de son contenu et de son ton. Ce même contrat qui a tendance à se réactualiser à travers l’enrichissement de son aspect participatif et qui évolue dans ses formes en un « contrat d’écriture », dans l’idée de fidéliser des consommateurs en communautés.

Fidélité des lecteurs et des annonceurs recherchée La fidélisation est à ce propos le principal avantage du fait d’accéder au rang de marque pour les médias. La marque créé ainsi le socle pour fidéliser le lectorat et la diffusion, tout en conservant une capacité de conquête. Idéal lorsque l’on sait que l’attachement entre un lecteur et son journal ou magazine est plus délicat sur le Web, tant l’offre et les possibilités d’infidélité sont grandes. Mais les lecteurs ne sont pas les seuls visés : la fidélité des annonceurs est également recherchée. La volonté d’allier leur marque à d’autres étant forte, les investisseurs publicitaires voient d’un très bon œil ce nouveau concept. Il y a une réelle valorisation engendrée lorsqu’un média a gagné son statut de marque, puisque les marques dites « classiques » peuvent toucher des cibles grâce à des supports qui peuvent aussi amener de la valeur. Les titres de presse se retrouvent en position plus forte dans le cadre d’une négociation de prix. Accéder au rang de « marque » offre aux médias une visibilité à moindre coût, en faisant par exemple du co-branding, concourant à un transfert mutuel de valeurs, à condition d’être sur une même échelle de rayonnement. Ce statut offre également la possibilité de s’internationaliser. Le magazine hebdomadaire italien Grazia, par exemple, a développé une quinzaine d’éditions dans le monde grâce à son rang de marque. Elle18 et Marie-Claire ont acquis leur statut de marque internationale grâce à l’art de vivre à la française et son raffinement, reconnus dans le monde entier. Les évolutions récentes dans le statut des médias laissent à penser que les journalistes n’écrivent désormais plus pour un journal, mais travaillent pour une marque d’information. L’idée étant de créer, plutôt d’assumer, les conditions idoines à une plus grande fidélisation des lecteurs, toujours plus nomades, infidèles mais aussi plus impliqués dans leur consommation des médias depuis l’apparition du Web.

18 Elle a par ailleurs remporté le Prix de la meilleure marque 2013, décerné par le Syndicat des Editeurs de Presse Magazine (SEPM)

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Chapitre 2. Convertissant l’empowerment des lecteurs

« Nomades », « infidèles », « impliqués ». Assemblés hors-contexte, ces mots

pourraient très bien coller à ces consommateurs au sens large qui critiquaient la société de consommation dès les années 1960-1970, regroupés sous le terme d’ « hippies ». Outre le Flower Power, les adeptes du mouvement éponyme ont su mettre en valeur un autre pouvoir : le leur, celui d’agir. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le Social Media Club Talks a récemment baptisé l’une de ses émissions : « Empowerment, des hippies au numérique »19. Car si Woodstock était l’indice visible d’une prise de pouvoir des individus, c’est aujourd’hui le Web qui s’en fait le témoin, à travers un concept où l’anglicisme a été privilégié.

2.1. « Capacitation » des individus

Un phénomène individuel

L’empowerment, traduit notamment par « capacitation », « autonomisation » ou encore « émancipation », trouve son origine au début du vingtième siècle aux Etats-Unis dans le combat des femmes pour la reconnaissance de leurs droits civiques. Le mouvement « noir », particulièrement des cités de Chicago, dans les années 1930, participe également au fondement involontaire de cette expression. L’écrivain Alinsky base même les méthodes du Community Organizing - se structurer pour mener une action commune - sans prononcer le mot sur l’idée d’Empowerment dans Reveille for Radicals (1946). C’est Rappaport le premier qui va mettre un nom sur cette notion, définissant le terme : « L’empowerment est vu comme un processus : le mécanisme par lequel les individus, organisations et communautés gagnent du pouvoir sur leurs vies »20 (1984). En fonction du contexte, l’empowerment peut faire référence tour à tour à une théorie, une idéologie, un processus, un plan d’action, un cadre de référence, un but ou un résultat (Hawley McWhirter, 1994), voire une conséquence (Gibson, 1991). Mais c’est surtout l’analyse du concept faite par Lavallée et Le Bossé dans empowerment et psychologie communautaire : aperçu historique et perspective d’avenir (1993) qui a permis de mettre en valeur certaines constantes dans la tentative de définitions relatives à l’empowerment. L’idée de caractéristiques propres à l’individu, la notion d’action, et une vision liée au dynamisme vis-à-vis de l’environnement ressortent principalement.

Ainsi, d’un point de vue individuel, Eisen approfondit l’empowerment en soulignant la manière par laquelle l’individu étend ses capacités encourageant « l’estime de soi, la confiance en soi, l’initiative et le contrôle » (Eisen, 1994). Gibson, lui, envisage plutôt le concept comme un « processus social de reconnaissance, de promotion et d'habilitation des personnes dans leur capacité à satisfaire leurs besoins, à régler leurs problèmes et à mobiliser les ressources nécessaires de façon à se sentir en contrôle de leur propre vie»21 (Journal of Advanced Nursing, p359, 1991). Kieffer dénote un changement de point de vue de la part de l’individu, passant du statut de victime à celui de « citoyen efficace et sûr de soir »22. Quant à Zimmerman et Rappaport (1988), les deux examinent l’empowerment sous l’angle de la compétence personnelle perçue et de la volonté de participer à l’action sociale. La dimension psychologique est donc forte, mais sa concrétisation par la participation l’est

19 Emission disponible au visionnage en cliquant sur le lien ci-après : http://dai.ly/13r0KCX 20 « Empowerment is viewed as a process: the mechanism by which people, organizations, and communities gain mastery over their lives. », Rappaport (1984) 21 « A social process of recognizing, promoting and enhancing people's abilities to meet their own needs, solve their own problems, and mobilize the necessary resources in order to feel in control of their own lives. », Gibson (1991) 22 « Assertive and efficacious citizen », Kieffer (1984)

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tout autant, le processus d’empowerment ne débutant qu’une fois ses quatre composantes - conscience critique, estime de soi, compétence et participation - en interaction. Très tôt, Katz pointe que des individus reliés entre eux peuvent agir comme un collectif, où la collaboration est stimulée et les ressources réparties : « L’empowerment n’est pas limité à ou identifiable avec les individus, il devient une ressource dépassant le soi-même. Il se produit à travers les individus et à l’intérieur des communautés » 23 (Katz, 1984). Il démontre la dimension transactionnelle du concept, celui-ci sous-entendant une interaction avec d’autres personnes.

mais aussi collectif Au-delà de l’aspect individuel, l’empowerment peut en effet s’appréhender d’un point de vue communautaire. Il ne s’enclencherait que lorsqu’il y a interférence entre la coopération, la synergie, la transparence et la circulation de l’information. Dans Healty Communities : The Goal of Community Development (1987), Lackey, Burke & Peterson soulignent les phases nécessaires au bon déroulement du processus : il y a tout d’abord la rencontre des membres du groupe, puis l’échange et le développement d’un sentiment d’appartenance à la communauté. Vient ensuite l’étape de la concertation, avant l’énonciation d’un diagnostic de la situation actuelle et l’énumération d’objectifs à poursuivre. A une échelle organisationnelle, le concept fait surtout référence au transfert, même partiel, du pouvoir de l’équipe à priori responsable et dirigeante vers un ensemble de consommateurs/clients (Cornwall 1994). D’une considération politique, l’observation permet de souligner l’importance d’associer la population à sa propre gestion dans le cadre de mise en place de nouveaux programmes la concernant. Celle-ci se sentirait valorisée, et d’un point de vue économique, cette coopération offrirait de meilleurs coûts et engendrerait des bienfaits plus élevés pour le collectif. Wallerstein & Bernstein pensent à ce sujet que l’empowerment nécessite un effort personnel, nourri par des efforts collaboratifs et une transformation de l’environnement (1988). La notion relève ainsi d’un pouvoir acquis et non conféré, se révélant au travers de supports, d’outils et Peugeot de conclure : « Les hippies avaient le LSD, les dômes géodésiques! Aujourd’hui les individus ont l’Internet et les communautés virtuelles comme instrument pour se transformer soi-même et collectivement. » (Peugeot, 2012).

2.2. Et Convergence Culture

L’apport de Jenkins La rencontre entre la prise de pouvoir des individus et l’Internet en tant que média est dépeinte et analysée à travers un concept cher à Jenkins : la Convergence Culture. Dans son livre référence Convergence Culture : Where Old and New Media Collide (2006), le chercheur considéré comme le « le McLuhan du XXIème siècle » situe le concept « où ancien et nouveau média s’interférent, où média populaire et média entreprise se rencontrent, où le pouvoir du producteur-média et celui du consommateur-média interagissent vers des chemins imprévisibles »24.

Tout laisse à croire qu’il se soit inspiré de la théorie de la Convergence liée à la communication, énoncée au début des années 1980 par Rogers. Ce dernier définissait alors la communication comme « convergence », « un processus où les participants créent et 23 « Empowerment is not limited to or identifiable with individuals, it becomes a resource beyond the self. It occurs across individuals and within communities », Katz (1984)!24 « Welcome to convergence culture, where old and new media collide, where grassroots and corporate media intersect, where the power of the media producer and the power o the media consumer interact in unpredictable ways », Jenkins (2006)

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partagent de l’information afin d’arriver à une compréhension mutuelle »25 (Rogers & Kincaid, 1981). Rogers préconise une « analyse du réseau de communication »26 en lieu et place de l’ancien modèle diffusionniste. Le réseau est ainsi formé de personnes connectées entre elles, à travers des flux structurés de communication. L’arrivée imminente des techniques de communication dites « légères » comme la micro-informatique paraissait corroborer les propos du co-auteur de Communication networks: A paradigm for new research (1981) au sujet du sacre du modèle horizontal face au discours pesant des médias centralisés se basant sur un schéma vertical de persuasion.

Media Convergence L’interaction exprimée se décline autour de trois concepts soulignés par Jenkins : Media Convergence, Participatory Culture et Collective Intelligence. Il entend tout d’abord la notion de Media Convergence comme « le flux de contenu passant par de multiples plateformes médiatiques, la coopération entre plusieurs industries culturelles, et le comportement migratoire des audiences de chaque média qui vont se rendre n’importe où à la recherche du genre de divertissement qu’elles souhaitent »27. Cette définition est à rapprocher de la notion de Transmedia. Ce terme, résolument à la mode, surfe sur la tendance des individus à être de plus en plus multi-écrans. Selon Médiamétrie, un foyer français compterait effectivement en moyenne 6,3 écrans. C’est une « pratique qui consiste à développer un contenu narratif sur plusieurs médias en adaptant le contenu et les capacités d’interaction aux spécificités médiatiques » (Chaumont, 2012). Le Transmedia se base donc sur différents supports. Chaumont prend l’exemple de la série télévisuelle Lost qui a créé un « réseau tentaculaire de fausses marques, entreprises et sites Internet inventés pour la narration, exploités dans et hors du cadre télévisuel » et qui a su finalement utiliser ce concept « comme un moyen détourné de communiquer auprès d’une audience beaucoup plus large pour tenter de la rediriger vers la télévision ». Le Transmedia encourage ainsi une action de la part des individus, qui doivent suivre l’ensemble des médias pour comprendre la fiction. L’individu en général, le téléspectateur en particulier, deviennent de facto participant de l’histoire. Transparait alors que ce sont bels et bien les publics, en tant que « media audiences », qui sont les moteurs de la Convergence, pour en revenir à Jenkins.

Participatory Culture Cette culture participative28 contraste selon le chercheur « avec les anciennes notions d’attentisme médiatique de la part des spectateurs »29. Il continue et, évoquant le système médiatique émergeant, note que les « producteurs et consommateurs média se transforment en participants supposés interagir entre eux selon de nouvelles règles qu’ils ne maîtrisent pas totalement »30. Apparaît alors l’idée du « consommateur actif » à qui la nouvelle culture participative lui offrirait « les outils pour archiver, annoter, s’approprier et retransmettre les contenus » 31 (Jenkins, 2006). Ce nouveau consommateur, « débouchés médiatiques » 25 « Communication is a process in which participants create and share information with one another to reach a mutual understanding », Rogers & Kincaid (1981)!26 Communication Network Analysis 27 « The flow of content across multiple media platforms, the cooperation between multiple media industries, and the migratory behavior of media audiences who will go almost anywhere in search of the kinds of entertainment experiences they want », Jenkins (2006) 28 Participatory Culture 29 « With older notions of media spectatorship. », Jenkins (2006) 30 « Media producers and consumers are transformed into participants who are expected to interact with each other according to a new set of rules which none of us fully understands. », Jenkins (2006) 31 « Tools and technologies enable consumers to archive, annotate, appropriate, and recirculate media content », Jenkins (2006)

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(Shirky, 2008), saurait se manifester, se distinguer, et serait créatif et engagé dans un mécanisme collectif de « création-consommation », bien loin des pratiques médiatiques jugées « discrètes » et « passives » des « anciens ».

Collective Intelligence Ce processus d’innovation communautaire, Jenkins le conceptualise sous l’étiquette d’intelligence collective32 : « personne ne connaît parfaitement tout ; chacun de nous maîtrise quelque chose ; nous pouvons rassembler les pièces ensemble si nous mettons en commun nos ressources et combinons nos savoirs »33 (Jenkins, 2006). L’intelligence collective peut dès lors être considérée comme une alternative possible au pouvoir des médias. Maffesoli souligne ce constat : « Sur Internet, on accède à un savoir collectif. On appelle ça en sociologie la loi du frère, avec des informations partagées, discutées, à opposer à la loi du père, une information qui nous serait en quelque sorte imposée »34. Dans la continuité, Jenkins opine que le Web 2.0 aurait été conçu par des fans devenus entrepreneurs, dans le but de rendre visible des communautés, des fans désormais au centre du système de production de contenus. Le Web 2.0 serait un « instrument » destiné à libérer la créativité des individus et à finalement leur redonner leurs « droits ». Il y aurait un partage du pouvoir entre fans-amateurs et les principaux acteurs de l’économie médiatique. La différenciation entre offre et demande se trouve repensée, de même que la place du consommateur dans la société.

2.3. Plus qu’un collectif : une tribu

Le tribalisme La place des consommateurs, devrait-on même dire, tant une étude des habitudes journalières des individus souligne que le consommateur d’aujourd’hui, au delà de chercher par tous les moyens à se singulariser, vise de manière paradoxale à renouer du lien social et à appartenir à des regroupements à tendance tribale. « Le tribalisme est (!) une métaphore utile pour essayer, provisoirement, de prendre acte (!) du fait que l'individu ou l'individualisme s'estompe désormais au profit de micro-ensembles, de formes communautaires » pense Maffesoli à ce propos dans un article intitulé Société ou communauté. Tribalisme et sentiment d'appartenance (2007). Il poursuit : « On a trop souvent l'habitude d'insister de nos jours sur l'individu ou l'individualisme. En fait, maintenant prévalent des affinités électives qui ne sont plus le fait de quelques uns, mais qui sont le fait d'un assez grand nombre et qui nous constitue en tribus au sein de nos institutions ». Une trentaine d’années a été nécessaire à ce passage au concept dominant de « communauté ». Alors que le consommateur des années 1980 était en effet surtout qualifié d’individualiste et plutôt mouton dans sa façon de suivre les courants prépondérant, celui des années 1990 se remarquait davantage par son hédonisme, axé sur son propre plaisir, avant de devenir pleinement créatif et se positionnant dans les années 2000 en tant que leaders d’opinion pour certains (Cf 2.1 « Capacitation » des individus), guidant les masses vers leurs idées. Ce rassemblement des masses, Enzensberger l’avait repéré dès la fin des années 1970, lorsqu’il comparait point par point deux modèles de communication dans un article titré Constituents of a Theory of the Media. Il opposait déjà à l’immobilisation des individus isolés la mobilisation des masses, et à la conduite passive du consommateur l’interaction des 32 Collective Intelligence 33 « None of us can know everything; each of us knows something; we can put the pieces together if we pool our resources and combine our skills. », Jenkins (2006) 34 Cité dans un article disponible à la lecture en cliquant sur le lien ci-après : http://bit.ly/VG5lXL!

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concernés. Quelles caractéristiques globales ces tribus sont-elles finalement tributaires ? Ces nouvelles communautés de consommateurs sont tout d’abord globalement prêtes à vivre quelque chose de fort collectivement, en partageant des passions semblables, sans raison d’être ni cohérence et encore moins obligation de consommer à priori. Les personnes ne se connaissent pas obligatoirement, mais ont conscience de former un groupe à part et sont marquées par un réel besoin de ressentir la communauté. Cette communauté permettrait à l’individu de développer et faire connaître ses compétences et concourrait à l’effacement de la frontière entre producteur et consommateur. Une forme d’obligation morale d’entraide entre membres et l’existence de rituels, traditions, vocabulaire et hiérarchie terminent de brosser le portrait générique de ces regroupements (Cova, 2002).

Le Web participatif comme stimulant Le lien à la marque est évidemment étroit, et l’arrivée du Web participatif – plus que de l’Internet en lui-même – a considérablement renforcé la relation entre communautés de consommateurs et enseignes. C’est ce que conçoit Cova : « l’avènement d’Internet a amené l’idée que les marques pouvaient créer des communautés de consommateurs autour de leurs sites Web. Réintégrant les récents travaux sur la relation complexe entre les marques et les consommateurs à cette idée de communauté de consommateurs, le concept de communauté de marque (brand community) est alors apparu sur le devant de la scène marketing où il voisine avec celui de tribu de marque (brand tribe) »35. Cova est même un visionnaire quand il perçoit et signale dès 2001 les prémisses d’une communauté autour de la marque d’appareils photo Lomography36, exemple-phare de son article37 paru dans le European Journal of Marketing. D’après lui, Lomo (diminutif couramment utilisé) aurait réussi très tôt par des événements IRL38 (Festival Lomo à Madrid, Lomo Tourbus en Allemagne!) à constituer une communauté de Lomographes autour de la marque et de ses appareils photos argentiques au look rétro et à l’utilisation simple. Ce n’est en effet qu’à partir de la fin des années 2000 que la marque est réellement devenue un « mouvement socio-culturel international utilisant la photographie en tant qu’approche créative pour communiquer, absorber et capture le monde» 39 dixit Lomography. Les articles de presse pointant le phénomène au travers d’expressions types « démarche communautariste » (Avec Lomo, la pellicule reprend des couleurs, Laure Caprentier in Le Monde) ou « la marque (!) a donné son nom a un mouvement : la lomographie (Lomographie : la photo argentique en mode ludique, Cédric Cousseau in Le Nouvel Obs), n’ont noirci les pages des journaux français qu’à partir de 2009. D’un clic argentique à une claque numérique reçue fin octobre 2010 avec l’arrivée de l’application de photographie Instagram,40 il n’y a que le support qui change, pas l’ampleur du mouvement collectif qui s’est formé en parallèle. Et la publication pour la première fois41 en première page du The New York Times, le 31 mars 2013, d’une photo passée sous filtre de l’application ne devrait qu’encourager les membres-en-devenir à se joindre au mouvement dans l’espoir de caresser le statut d’iPhone-toreporter.42 35 « La fidélisation : de la personnalisation à la tribalisation », Cova (2005) 36 http://www.lomography.com/ 37 Article disponible à la lecture en cliquant sur le lien ci-après : http://bit.ly/UD1rPb!38 In Real Life 39 « International socio-cultural movement using photography as a creative approach to communicating, absorb and capturing the world. » 40 http://instagram.com/ 41 Article à ce sujet disponible à la lecture en cliquant sur le lien ci-après : http://huff.to/10rcXm3!42 Néologisme basé sur les mots « iPhone » et « photoreporter » décrivant le phénomène de montrer des images journalistiques d’un événement par le biais de l’appareil photo de son téléphone portable.

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Image 4 : première photo Instagram utilisée en une du The New York Times (mars 2013)

Le sentiment d’appartenance, propice à la fidélité Le Web et les technologies numériques sont donc bien souvent le terreau nécessaire à une communauté pour éclore, et facilitent le travail des marques dans l’optique de faire naître un sentiment d’appartenance chez les consommateurs. Un sentiment d’appartenance qui, selon McAlexander et Rosenbaum, aurait une influence sur la fidélité des individus. Effectivement, « en amenant de manière pro-active un contexte propice aux échanges, les marketeurs encourageraient l’intégration des consommateurs dans une communauté (IBC) et augmenteraient ainsi leur fidélité »43 (Mc Alexander, 2002). Rosenbaum, lui, va plus loin, en soulignant l’importance de l’aspect émotionnel véhiculé par une communauté pour le degré de fidélité des consommateurs : « différents programmes de fidélité peuvent être distingués en fonction du sens communautaire perçu par les membres. En outre, les consommateurs sont plus fidèles à des programmes communautaires qu’à des programmes utilisant des incitations financières. Et les programmes communautaires font davantage appel à de forts liens émotionnels »44 (Rosenbaum, 2005). Il existe tout d’abord une distinction entre fidélité comportementale, où un consommateur est admis comme fidèle quand il achète assidûment une même marque, et fidélité attitudinale, qui rajoute à la fidélité comportementale l’essor d’une attitude positive envers la marque (Lehu, 1999). Et c’est à l’intérieur même de ce dernier type de fidélité qu’il est en effet possible de mettre en avant une fidélité centrée sur l’affection en opposition à une axée sur le cognitif (Oliver, 1999). La fidélité affective se base sur une inclination émotionnelle, elle-même bâtie sur un lien durable noué avec une marque et une certaine

43 « By proactively providing the context for relationships to develop, marketers can cultivate community in ways that enhance IBC (Integration Brand Community) and thereby increase customer loyalty. », McAlexander (2002) 44 « Loyalty programs can be distinguished based on the sense of community which members perceive. Furthermore, consumers are more loyal to communal programs than to programs that simply use financial incentives. Communal programs elicit stronger emotional connections », Rosenbaum (2005)

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forme de dépendance. En d’autres termes, l’implication des consommateurs dans une communauté de

marque encouragerait la protection de l’intégrité de celle-ci, donc la fidélité à son égard et le lien serait d’autant plus durable entre les deux que l’attachement se trouverait basé sur l’affectif. Et Maffesoli, serein, d’ajouter : « L’homo politicus ou l'homo economicus, va de plus en plus laisser la place, pour le meilleur et pour le pire, à un homo estheticus. Ce dernier va se constituer sur les émotions partagées».

Cet homo estheticus va ainsi acquérir son identité « au travers de la communion et de l’émotion générée par une marque ou un produit » (Cova, 2007), la consommation occupant un rôle toujours plus prépondérant dans la caractérisation identitaire du quidam (Cova et Cova, 2001), cherchant à se différencier au travers de signes (Baudrillard, 1970). Et si Baudrillard était encore vivant, ne préciserait-il pas en « 140 signes »45, tant le Web 2.0 a pris une place considérable dans la manière de consommer pour les individus et donc de se construire ?

2.4. Ne pouvant se passer du Web

Augmentation du temps passé sur le Web Comme un symbole de la place prise par le Web dans la vie quotidienne de tout à chacun : l’inauguration récente du Big Internet Museum46, un musée consacré à l’histoire de l’Internet, ouvert uniquement sur la toile, évidemment. Outre cette trivialité, les chiffres restent parlants : en l’espace de dix ans, le nombre d’utilisateurs surfant sur le Web a été multiplié par cinq à l’échelle mondiale, passant de 569 millions de personnes en 2002 (9,1% de la population planétaire) à presque 2,27 milliards d’individus en 2012 (33% de la population mondiale). En parallèle, le temps passé sur la toile a lui également plus que quadruplé pour la même période, faisant un bond entre les 46 minutes quotidiennes de 2002 et les 4 heures par jour de 201247. L’augmentation du nombre d’écrans par foyer n’est certainement pas étrangère à cette tendance. Rien que sur la période 2011-2012 en France, l’on est passé de 5,2 à 6,3 écrans par habitat, selon Médiamétrie 48 . Surtout quand dans le même temps, la consommation Web explosait sur les écrans autres que l’ordinateur : +24% sur smartphone entre 2011 et 2012 (source : Médiamétrie-Net Ratings)49. Bouquillion et Matthews tentent d’éclairer le phénomène en expliquant que « le Web collaboratif contribue à forger des modes d’occupation du temps qui sont autant de niches dans lesquelles les utilisateurs des baladeurs, des smartphones et des autres plateformes électroniques personnelles viennent se glisser »50.

Se divertir Maffesoli propose lui une approche plus qualitative. Se basant sur les mots les plus recherchés sur Google dans le monde en 2012 51 (notamment «Whitney Houston », 45 https://twitter.com/ 46 www.thebiginternetmuseum.com 47 http://www.bestedsites.com/the-internet-a-decade-later/ 48 Résultats de l’étude Médiamétrie disponibles en cliquant sur le lien ci-après : http://bit.ly/16xWr6y 49 Résultats de l’étude Médiamétrie-Net Ratings disponibles en cliquant sur le lien ci-après : http://bit.ly/16qmESu 50 In « Le Web collaboratif. Mutations des industries de la culture et de la communication » (2010) 51 http://www.google.com/zeitgeist/2012/#the-world/images!

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« Gangnam Style » et « Diablo 3 » dans les cinq premiers du classement), il justifie l’augmentation du temps passé devant un écran d’ordinateur par une recherche de divertissement toujours plus grande sur le Web : « il y a beaucoup de mentions à des personnages, des figures emblématiques auxquelles l’internaute veut s’identifier. C’est une plongée dans l’imaginaire importante dans la vie quotidienne de chacun »52 (Maffesoli, 2012). Le Web pourrait donc être le prolongement naturel de cette télévision divertissante tant appréciée par une majorité d’individus, tant décriée par Postman. Un parallèle, plutôt une réactualisation de ses pensées traduites dans son livre 53 datant de 1985 est alors envisageable. Certainement nouveau méta-média dans le sens conféré par Postman « instrument qui dirige non seulement notre connaissance du monde, mais aussi notre connaissance des moyens de connaissance », le Web est devenu le berceau de « futilités », pour emprunter ses propos au sujet des contenus présentés à la télévision. Et lorsqu’il déclare : «les gens qui ont une culture télévisuelle ont besoin d’un langage simple, à la fois sur plan auditif et visuel », il suffirait simplement de remplacer « télévisuelle » par « Web » pour que le théoricien des médias ne nous dépeigne parfaitement le phénomène de pensée Powerpoint (Barbanti, 2012) lié au développement de Twitter. Le danger qu’il pointe au sujet de cette télévision modifiant « le sens « d’être informé » en créant un type d’information, qu’il serait plus correct d’appeler la désinformation, en tant qu’information trompeuse, déplacée, hors de propos, superficielle. » pourrait dès lors lui aussi se transférer au Web. L’utilisation de ce même adjectif « superficiel » par Maffesoli pour qualifier les recherches sur Internet54 viendrait de facto confirmer cette pensée. La boucle semble bouclée, et le cercle vicieux inéluctable : les générations nées après 1950 qui ont grandi avec la télévision et ses « fadaises », utiliseraient désormais le Web pour chercher à se divertir, lequel devenu participatif se façonnerait de plus en plus à l’image de ses internautes. Mais au-delà de ces « futilités » qui finalement « ne menacent rien ni personne » (Postman, 1985), le réel danger concernant le Web 2.0 pourrait bien se trouver dans une forme de perversion de la liberté offerte par l’Internet participatif qui engendrerait une véritable dépendance au Net.

Se faire plaisir, avant tout Dans L’Emprise numérique – Comment Internet et les nouvelles technologies ont colonisé notre vie, Cédric Biagini critique cet asservissement au virtuel, où la machine prend le pas sur l’homme : « Les journalistes eux-mêmes pourraient être remplacés par des logiciels d’écriture automatique. Le magazine économique Forbes en utilise déjà ponctuellement. » (Biagini, 2012). Et même si d’un point de vue médical, « l’addiction à Internet n’est (!) pas reconnue par le DSM55 » comme le souligne Oullier, professeur de psychologie cognitive à l’université d’Aix-Marseille, des cas extrêmes ont souvent été observés, notamment en Asie où beaucoup d’adolescents se retrouvent enfermés dans une bulle virtuelle. « La Corée du Sud est particulièrement touchée par ces cas d’addiction pathologique. Un véritable enjeu de santé publique pour le gouvernement coréen qui a lancé de nombreuses études pour mieux comprendre le phénomène. Des cliniques de désintoxication à Internet et aux jeux vidéo ont été ouvertes. Une échelle - la K-Scale - a même été inventée pour mesurer la gravité de la dépendance. » explique ainsi le journaliste Comte dans un article56 paru en mars 2013. Mais le lien de dépendance au Web d’un point de vue participatif semblerait tout simplement naître d’un excès de narcissisme et d’une envie de se faire plaisir (Tamir & Mitchell, 2012). Parler de soi sur les réseaux sociaux, éléments clés du Web 2.0, activerait davantage le circuit de la récompense dans le cerveau 52 Propos relayés dans un article des Inrockuptibles, disponible à la lecture en cliquant sur le lien ci-après : http://bit.ly/VG5lXL 53 Se distraire à en mourir, Postman (1985) 54 « Il ressort de ces recherches (sur le Web) un côté superficiel qui traduit le théâtre du monde. », Mafessoli (2012) 55 Diagnostic and Statistical Manual : manuel de référence sur les troubles mentaux 56 Article disponible à la lecture en cliquant sur le lien ci-après : http://bit.ly/Yjr6BP!

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et donnerait ainsi plus de plaisir que de se mettre en avant dans la réalité. L’empowerment des individus, et donc lecteurs, est désormais une variable à considérer pour les médias, d’autant plus pour ceux présents sur la toile où a émergé depuis l’apparition du Web 2.0 une véritable culture participative. De nouvelles tribus du triple « w » hyper-connectées se sont ainsi formées, désireuses d’échanger toujours plus avec la marque et d’être reconnues par celle-ci. Au point d’être la cible d’une stratégie de communication déguisée de la part des titres de presse en ligne.

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Chapitre 3. En une stratégie de communication pragmatique visant l’implication

Avec le Web interactif, magazines et journaux présents sur le Net sont passés d’un schéma unidirectionnel de « donneurs d’informations » à un schéma bidirectionnel où ils communiquent littéralement avec leurs lecteurs. Premier pas vers la constitution d’un lectorat assidu, cette communication mériterait de rentrer pleinement dans une stratégie de fidélisation.

3.1. Du « knowledge marketing » à la « communication pragmatique »

Marketing de procuration Transformer le pouvoir virtuel de communautés de lecteurs en un actif solide pour constituer une audience fidèle semble une idée facile à écrire sur le papier (ou sur une page Word). Dans les faits, interagir avec un tel corps collectif apparaît compliqué, tant les consommateurs du Web sont devenus difficilement contrôlables car plus que jamais insoumis, actifs, voire activistes (McWilliam, 2000 ; Broderick, MacLaran & Ma, 2003 ; O’Guinn & Muniz, 2004). Conséquence logique, une forme de résistance à l’emprise marketing de la part des internautes se remarque visiblement. « Les communautés virtuelles sont en passe de devenir d’importantes arènes pour une résistance organisée des consommateurs »57 déclare à ce sujet Kozinets, dès 1999. Les individus du XXIème siècle ne sont plus dupes des artifices marketing. Comme signale Brown : « ils possèdent un réflexe marketing, un système intégré d’alerte qui détecte tous les messages commerciaux - quelque soit leur subtilité - et les neutralise automatiquement »,58 avant de renforce son propos à l’égard des Générations Y et Z59 : « celles qui ont tété le sein marketing depuis la naissance et qui parlent couramment le brandsperanto »60. Dès lors, la solution selon Cova & Cova prendrait le nom de « marketing par procuration » ou « knowledge marketing » : « seule une approche très légère, très modeste et très humble, type marketing de procuration semble pouvoir éviter ce réflexe à l’encontre de toute tentative de contrôle par les marketeurs » (Cova & Cova, 2001). Prenant comme élément de base l’empowerment des consommateurs, le « knowledge marketing » se définit comme l’opérationnalisation du concept précédemment cité. En d’autres termes, ce type de marketing trouve ses fondements dans l’utilisation des compétences et de l’expertise des individus et une approche collective « clients-entreprises », pour une co-création de valeurs. Et Bouquillion associé à Matthews (2010) de louer l’importance du Web collaboratif dans ce concept « supposé donner le pouvoir aux utilisateurs et réparer le péché originel des industries culturelles, en réintégrant le public et les productions réalisées hors de la sphère industrielle dans la production de la culture et de l’information. »

57 « Virtual communities are becoming important arenas for organizing consumer resistance », Kozinets (1999) 58 « They possess a “marketing reflex,” an inbuilt early warning system that detects incoming commercial messages – especially formulaic commercial messages – and automatically deletes them. », Brown (2003) 59 Génération X : née entre 1977 et 1994. Génération Y : née entre 1995 et 2012. 60 « Those who suckled at the marketing teat from birth and speak Brandsperanto like a native. », Brown (2003)

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Communication « pragmatique »

Décliné en termes de communication - le marketing-mix étant composé de quatre variables dont la promotion - le « marketing de procuration » prendrait alors une teinte « pragmatique ». C’est ce que sous-entend Cova lorsqu’il insiste : « pour communiquer avec une tribu de marque, l’entreprise doit changer de registre, mais aussi de grandeur : il faut passer du discours marchand au discours non marchand » (2007). Communiquer de manière déguisée, induite, Garric en a fait sa spécialité surtout si l’on considère son livre Introduction à la pragmatique comme un véritable appel pour suivre ses conférences à ce sujet.

Ce que l’on définit communément comme « parler pour obtenir une conséquence, une action » et pointer tout le symbolisme et la force des mots, Garric va le développer en se basant sur un substrat théorique fort. Elle rappelle que malgré son ancienneté, le terme « pragmatique » n’a été relié à la discipline des sciences du langage qu’avec l’apport du logicien Morris, à travers son ouvrage Foundations of the Theory of Signs, en 1938. Distinguant la pragmatique de la syntaxe et de la sémantique, il la définit comme le traitement des rapports entre les signes et leurs utilisateurs. Hansson propose par la suite (1974) une différenciation entre trois degrés d’analyse pragmatique. Outre la « pragmatique du premier degré » évoquant pêle-mêle unités, référent et contexte d’usage et le troisième faisant allusion à la théorie des « actes de langage » chère à Austin, celle du second degré se penche plus particulièrement sur l’apparition d’interprétations non tout à fait déclarées dans l’énoncé. Il amène alors la pragmatique sur le terrain des contenus implicites. Grice (1975) confirme ce point de vue en signifiant que l’acte de langage peut comporter un aspect communicatif implicite venant se joindre à ce qui est énoncé. Il met ainsi en avant le terme d’implicitation ou autrement dit l’exposé oral ou écrit communique davantage que ce qu’il entend simplement exprimer. Enfin, une nouvelle précision va venir de Ducrot, qui va classer dans les implicites les notions de présupposés, soit des informations dites implicites qui sont provoqués par les mots constituant l’énoncé, et de sous-entendu, soit le cas d’informations implicites qui seraient dépendantes du contexte de l’énoncé.

A l’heure des conversations numériques - troisième âge après les Mass Medias du second, frisé entre le XIX et le XXème siècle, et les Conversations brutes du tout premier défini - il convient de se baser sur les théories précédemment citées et d’actionner des leviers de communication implicite pour faire face aux réticences marketing des internautes, notamment des dernières générations. Pour ce faire, les médias doivent en premier lieu se baser sur les motivations de leurs lecteurs, explicitées cette fois dans les lignes précédentes, et résumées dans le tableau ci-dessous :

Motivations Auteurs et années Faire reconnaître sa prise de pouvoir et ses

compétences Zimmerman et Rappaport, 1988

Etre considéré comme un créateur Cova & Cova, 2001 Jenkins, 2006

Construire symboliquement son identité Baudrillard, 1970

Avoir la sensation d’appartenir à une communauté et échanger avec elle

Lackey, Burke & Peterson, 1987 Cova, 2002

McAlexander, 2002 Jenkins, 2006

Partager ses idées et ses émotions Cova 2002

Rosenbaum, 2005 Jenkins, 2006

Se divertir Postman, 1985 ; Mafessoli, 2012 Se faire plaisir Tamir & Mitchell, 2012

Tableau 1 : motivations des individus-lecteurs vis-à-vis d’un média-marque et auteurs

associés aux concepts

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L’idée est ensuite de se mettre à la place du lecteur et de prendre en compte ses attentes à l’égard des titres de presse en ligne pour mieux le fidéliser autour de la marque et le considérer comme un véritable attaché de presse en puissance. Avant d’utiliser comme tremplin les possibilités d’échanges avec ses consommateurs que la presse dispose, plus que tout autre secteur.

3.2 De la participation encouragée

Le Web 2.0, l’écrin De « tremplin » à « plongeoir », il n’y a qu’un synonyme. Bien que la relation semble froide entre l’opinion publique et les journalistes au Québec, où seulement 39% des sondés ont confiance envers les professionnels de l’information, soit derrière les chauffeurs de camion (56%) ou les facteurs (87%),61 il est préférable de prendre de la hauteur en considérant l’apport du Web 2.0 en terme de communication.

Du recul même, si l’on se demande que penserait aujourd’hui Jakobson de la place du Web participatif dans la conception de son « schéma de communication ». Lui qui peaufine les contours d’une théorie de l’énonciation en définissant au début des années 1960 « les facteurs inaliénables de la communication verbale » représentés par le schéma ci-dessous :

Contexte

Destinateur -------- Message --------- Destinataire

Contact

Code

Schéma 1 : schéma de la communication de Jakobson (1963) Au-delà des deux instances classiques - le destinateur à l’origine d’une activité de production et le destinataire comme source d’interprétation - Jakobson souligne toute l’importance du support physique de transmission, appelé contact. Canal phonique, canal graphique et ou gestuel sont ainsi mis en avant, en soutien d’individus pouvant être coprésents, distants dans l’espace ou dans le temps. Le Web « deux-point-zéro » de Tim O’Reilly a cette particularité qu’il peut être à la fois support pour personnes distantes dans l’espace (échange en temps réel sur un tchat), dans le temps (réponse à un message Facebook), voire coprésentes (cas d’open-space où des personnes d’une même salle échangent via messagerie instantanée). A la différence du Web 1.0 baptisé a posteriori, le Web 2.0 offre les bases d’interactions « libres entre usagers générateurs de contenus sur le réseau Internet » (Bouquillion & T, Matthews, 2010). Il concourt surtout à une forme d’échange symétrique, notamment entre consommateurs et marques, une évolution que remarque Le Champion : « Les médias traditionnels, pour reprendre la terminologie internet, fonctionnent (!) sur le mode « push », ils envoient leurs contenus sans voie de retour. L’heure est à l’échange davantage symétrique et moins à l’asymétrique, autrement dit à une forme de partenariat, à de la co-construction, à une 61 Sondage Leger Marketing, 2011

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association bien comprise ». La participation est donc plus que jamais au centre pour les lecteurs vis-à-vis des titres de presse en ligne, et le processus va même jusqu’à bouleverser le métier de journaliste.

Le journalisme 2.0 et son pendant participatif A Web 2.0, journalisme 2.0. L’équation est simple et le constat clair : le passage du Web 1.0 - caractérisé par des pages statiques - à un Web 2.0 - pages interactives - a permis l’essor des propriétés participatives d’un journalisme en ligne. Désormais, les membres de cette corporation font bien plus que d’informer leurs lecteurs, ils communiquent avec eux, les encouragent même à réagir. « Longtemps assez peu soucieux de tenir compte des suggestions et critiques du public à leur égard, les journalistes sont dorénavant contraints de prendre davantage en compte son avis, de dialoguer (!). La relation journalistes/public qui était autrefois verticale, devient de plus en plus horizontale » déclare à ce sujet Rieffel (2012). Le « courrier des lecteurs » paraît déjà loin, trop sclérosé face à une telle évolution technologique : « le mouvement ne s’inscrivait pas dans le temps de l’information, dans la voie de retour immédiate » (Le Champion, 2012). Le Web n’a certes pas inventé le « commentaire », mais la réactivité qu’il génère permet aux lecteurs de répondre beaucoup plus rapidement, quasi instantanément même. Une conversation peut dès lors s’engager avec le journaliste pouvant mener jusqu’à la rédaction d’un nouvel article face aux réactions des internautes. La considération est donc tout autre : finie la simple publication d’un courrier reçu à la rédaction qui n’avait finalement tout autre but que de faire plaisir au lecteur en flattant son égo réactionnaire. Purs produits de l’ère 2.0, les réseaux sociaux ont évidemment une influence sur ce phénomène et influent de plus en plus sur la manière de communiquer l’information pour les rédactions. Cette prise en compte est justifiée au regard du dernier classement de l’institut Harris Interactive (novembre 2012) qui pointe les pages médias au premier rang des pages les plus suivies sur Facebook : 43% appartiennent à cette catégorie, contre 38% pour les célébrités, 30% pour les marques ou produits ou encore 9% pour les entreprises. Assurer la promotion des informations sur Twitter et Facebook est devenu un enjeu tel pour les rédactions en chef qu’un nouveau métier est apparu, un métier à ce point récent que le Journal Officiel n’a jusque là, au contraire du mot hashtag, rebaptisé mot-dièse en janvier 2013, pas encore francisé le terme : « Community Manager ». Le phénomène est mondial, comme l’atteste Martinez Concha & Rincon (2012) : « (en Colombie), les grands organes de presse disposent d’une rédaction web (!) où est apparue une nouvelle fonction baptisée éditeur de réseaux » 62 . Littéralement « gestionnaire de communauté », ce journaliste d’animation aurait comme missions principales selon Rieffel (2012) de « modérer et animer les forums » et d’«organiser (!) la conversation via les réseaux sociaux pour bâtir des communautés d’opinion autour de leurs productions » 63 ou plutôt de celles réalisées par le média pour lequel il travaille. C’est d’ailleurs une caractéristique fondatrice des médias collaboratifs selon Alexandre Michelin - Directeur Général de Microsoft Online - en opposition aux médias traditionnels qui ont davantage pour fonction de créer des « audiences ». A titre d’exemple, le quotidien français Le Monde compte désormais dans ses rangs deux Community Managers chargés de scénariser les formats et contenus. En termes de statistiques, le journal posterait sur sa page Facebook entre 20 et 60 articles par jour, contre 20 à 50 sur son compte Twitter. Alors que ce dernier réseau social serait un support pour relayer les tout derniers articles du site web du magazine/journal, Facebook entretiendrait davantage l’aspect communautaire. Les deux se complémenteraient donc. Mais à peine mise en place que cette nouvelle fonction ne suffirait « déjà plus à elle- 62 Chapitre 19 - L’apprentissage très progressif de la liberté de la presse en Colombie in “Journalisme 2.0 – Nouvelles formes journalistiques, nouvelles compétences”, La documentation française, Paris, 2012 63 Chapitre 1 - L’évolution des pratiques journalistiques in “Journalisme 2.0 - Nouvelles formes journalistiques, nouvelles compétences”, La documentation française, Paris, 2012

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même » comme le pense Vuillod (2012) : « chaque journaliste va devoir assurer lui-même la diffusion de son dernier article sur un blog de spécialiste, va afficher sur Facebook la vidéo enregistrée dans le studio de télévision du journal ou va diffuser la « petite phrase » de sa dernière interview aux membres de la communauté sur Twitter. (!) dans l’objectif ultime, pour les groupes de médias, de diffuser l’information le plus largement possible, afin de garantir leur notoriété et de continuer d’exister. »64. Il pointe ici l’objectif sous-jacent : capter des audiences complémentaires. Le but est ainsi de toucher d’autres populations, comme les 18-24 ans par exemple, lecteurs de demain et pas forcément abonnés au journal papier.

Malgré l’idée louable d’encourager une interaction entre médias et lecteurs, laissant la possibilité à ces derniers de pouvoir commenter, réagir voire questionner les titres de presse, des critiques s’élèvent à l’encontre de cette nouvelle manière d’appréhender le rôle de journaliste. « Les frontières, déjà floues, du métier s’estompent dans la mesure où apparaissent des formes d’emploi aux marges du journalisme et de la communication. »65 opine à ce propos Rieffel (2012). Quant à Barbanti, celle-ci souligne comment « Twitter modifie la façon de s’exprimer publiquement, faisant émerger de nouvelles stratégies discursives visant à assurer un écho à son discours » et désapprouve le mécanisme des petites phrases courtes, simples et percutantes, « se suffisant à elles-mêmes » (2012)66. Bien plus que de tomber dans l’égocentrisme twitosphérique, les médias en ligne cherchent avant tout à personnaliser la relation entretenue avec leurs lecteurs.

L’hébergement de blogs Devant la réussite des sites de réseautage social, les journaux et magazines en ligne se sont emparés des outils du Web 2.0. Est ainsi apparu le concept de live-blogging, plébiscité depuis 2005 et les attentats du métro de Londres67, son « moment CNN ». Cet « Open Journalism » permet à l’internaute de suivre toute l’actualité d’un évènement - qu’il soit sportif, politique, économique, relatant une catastrophe naturelle, de l’ordre du fait divers - sur une seule et même page et en temps réel. Les chiffres sont parlants : 233% de visiteurs en plus sur un même sujet comparé à un article en ligne classique (Etude City University London)68. Il rencontre en effet parfaitement les nouvelles préférences de consommation d’informations : un format court, continu et transparent.

Les titres de presse en ligne se sont également penchés sur l’importance de la personnalisation du lien avec leurs lecteurs. En France, Le Figaro a été le premier média d’information à se lancer dès 2008 dans la réalisation d’une plateforme communautaire à travers « mon Figaro », permettant aux internautes de gérer un profil virtuel récapitulant commentaires et derniers articles lus notamment. Libération suivait dans la foulée en lançant « Libé+ », qualifié de « Facebook de l’info ». Le Monde, lui, a créé en 2012 un « pôle audience » dans l’optique d’établir une discussion plus profonde avec son lectorat. Autre manière de resserrer le contact, le site des Echos propose sur son site Web des modules personnalisables, dans l’esprit des huit pages d’accueil possibles suivant le profil de l’internaute mises en place par le site Web de la chaîne de télévision CNN. Enfin, en Colombie, le site du journal La Silla Vacia69 possède une partie uniquement dédiée au contenu généré par ses lecteurs en ligne. Au-delà de mettre en valeur l’opinion quantitative de leurs lecteurs via les sondages 64 Chapitre 2 - Journaliste pluri-média : produire pour plusieurs supports in “Journalisme 2.0 – Nouvelles formes journalistiques, nouvelles compétences”, La documentation française, Paris, 2012 65 Chapitre 1 - L’évolution des pratiques journalistiques in “Journalisme 2.0 - Nouvelles formes journalistiques, nouvelles compétences”, La documentation française, Paris, 2012 66 Souriez, vous êtes tweetés in « Revue Effeuillage. N°1 » Juillet 2012. Paris 67 Extrait du live-blogging des attentats du métro de Londres disponible en cliquant sur le lien ci-après : http://bit.ly/bG3njv 68 Résumé de l’étude disponible en cliquant sur le lien ci-après : http://bit.ly/124OiaC!69 http://www.lasillavacia.com/circles

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en ligne, les titres de presse offrent de plus en plus la possibilité d’héberger l’opinion qualitative des internautes par l’accueil de blogs sponsorisés. lemonde.fr rassemblerait ainsi plus de 6 000 blogs lancés par les abonnés du Monde Interactif, rejoints par quelques signatures du quotidien. On estime de manière globale qu’il s’en créerait un par seconde dans le monde, avec un « m » minuscule cette fois-ci. Cet outil montre aux individus qu’il est possible de s’affranchir des conventions journalistiques pour donner son point de vue, en utilisant les technologies multimédias offertes où peuvent cohabiter images, textes, vidéos et sons. Les blogs hébergés sur les sites Web des journaux et magazines dynamisent généralement la visibilité des titres de presse en amplifiant le volume de contenus. Dans le même temps, ils permettent d’attirer de nouveaux lecteurs, conquis par un ton plus informel et subjectif que les articles classiques de journalistes. Les médias en ligne aiment également mettre en avant les blogs de personnalités, autrement appelés « leaders d’opinion ». Ces derniers possèdent la faculté de rassembler autour d’eux, et donc de générer du trafic. La théorie du « double flux de la communication » soulignée dans les années 1950 est à l’origine de ce processus. En effet, une étude menée en 1955 par Lazarsfeld et Kaltz et intitulée Personal influence : The Part Played by People in the Flow of Mass Communication fait ressortir l’idée de two-step flow : à un premier niveau, il y a des individus plutôt bien informés car confrontés directement aux journaux et magazines alors qu’à un second niveau, il y a des personnes qui sont beaucoup moins liées aux médias et qui sont dépendantes des autres pour recevoir les informations. Entre la recherche directe de l’exposition aux grands nombres à travers les réseaux sociaux, et une stratégie plus élitiste en hébergeant idéalement les blogs de plumes ou d’enclumes de l’opinion publique, les titres de presse en ligne favorisent pleinement la participation de leurs lecteurs. Celle-ci est valorisée sur le Web et tranche pleinement avec le papier et sa consommation d’information linéaire. Les outils du Web 2.0 ne pourraient-ils cependant pas être mis à profit pour solliciter au-delà de la simple participation-interactive des lecteurs ?

3.3 A la collaboration impliquante

Engager pour mieux fidéliser Derrière ce titre pompeux se cache une tendance prégnante chez les titres de presse en ligne : la quête toujours plus élevée de l’implication des lecteurs autour de la marque. De facto, un transfert s’opérerait du concept de « participation », consistant à prendre part à une initiative en se pliant à des règles définies et un résultat attendu, à celui de « collaboration », terme supposant des responsabilités et une coopération plus accrues. Souvent utilisés naïvement comme synonymes, notamment pour éviter les redondances autour de l’expression « Web 2.0 », les deux mots ne partageraient tout au plus que le même nombre de lettres. Cet engagement croissant des lecteurs, recherché par les journaux et magazines du Web, serait un élément clé dans une optique de fidélisation des internautes (Bénavent & Meyer-Waarden, 2004). Prahalad & Ramaswany vont plus loin en associant la notion d’ « engagement » à celle d’ « expérience » : « pour exploiter efficacement les compétences du consommateur, les managers doivent : engager celui-ci à poursuivre un dialogue actif, explicite et continu (avec les gestionnaires de la marque), mobiliser des communautés de consommateurs, gérer la diversité des individus et co-mener des expériences personnalisées avec ces derniers »70 (2000). Nul doute que cette réflexion n’est pas éloignée 70 « To effectively harness the competence of the consumer, managers must: engage their customers in an active, explicit, and ongoing dialogue; mobilize communities of customers; manage customer diversity; and cocreate personalized experiences with customers »,

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de celle tenue par The Guardian lorsque le quotidien anglais a intronisé au poste de responsable du digital engagement une anthropologue. Les pressions simultanées de l’empowerment des lecteurs d’un côté, et du désir de fidélisation des internautes autour du média-marque de l’autre, concourraient à la naissance d’une véritable collaboration expérientielle entre les « consommateurs d’articles » et les titres de presse en ligne.

Implication rédactionnelle: le journalisme collaboratif Facette incontournable de l’intromission grandissante des lecteurs dans l’activité des magazines et journaux : la collaboration dans l’écriture d’articles. Une deuxième phrase sans verbe pour signifier la possibilité également de publication pure et simple d’écrits au même titre qu’un papier journalistique. Bien plus que d’écrire un simple commentaire relatif à un article du Guardian, répondre à un tweet de Jean-Michel Apathie ou réagir à chaud par un billet d’humeur sur son blog hébergé par El Pais, les lecteurs veulent collaborer et bénéficier d’une reconnaissance de la part des titres de presse. Réagir ne leur suffit plus, ils veulent agir. Dès lors, le journalisme se mettrait au niveau, 2.0 évidemment. Sauf que derrière cette étiquette globale se distingue dorénavant le journaliste participatif, incitant les lecteurs à répondre via leurs comptes sociaux ou leur blog hébergés aux articles déjà édités, du journalisme collaboratif impliquant les internautes dans des projets éditoriaux. C’est la force de ce dernier aspect qui donne littéralement du sens à la définition du journalisme 2.0 par Chang « Par le peuple, du peuple, pour le peuple »71. Les barrières à l’entrée du journalisme se fendent, des profanes toujours plus nombreux osent l’expérience, brisant tout monopole de diffusion de l’information. La métaphore filée assujettie à l’économie se poursuivrait jusqu’au terme de crise si les médias ne s’ouvraient pas à leur audience : « leur survie dépend d’une meilleure prise en compte de ce que le public souhaite dire, le tout par un effort conjoint pour produire de meilleurs contenus journalistiques »72 (Rennie, 2012). « La somme des velléités rédactionnelles émises par chacun des lecteurs contribue au bien-être du journalisme en général » aurait donc pu s’exprimer Smith aujourd’hui, comme pour mettre un point d’honneur à clore ces comparaisons capitalistiques. Sauf que sa main invisible appliquée à la presse du XXIème siècle s’est plutôt métamorphosée en petites mains, bien visibles celles-là.

Ces petites mains, shootant une scène à travers l’œil numérique de leur smartphone puis tapotant quelques signes qui viendront s’afficher sur leur timeline Twitter, forment la nouvelle matière première des journalistes. La première façon d’appréhender le journalisme collaboratif est ici : partir d’un contenu brut délivré par l’internaute lambda pour en faire une information travaillée. Les évènements récents, notamment les Révolutions Arabes, ont parfaitement illustré ce phénomène : certaines photos prises par des manifestants, certains témoignages émis par des rebelles sur les réseaux sociaux ont constitué un matériau irremplaçable pour les rédactions. « Les réseaux sociaux, les smartphones transforment chaque citoyen en journaliste potentiel » opine ainsi Thuillier (2012). Au terme de journalisme citoyen souvent avancé dans pareil cas, Jarvis lui préfère l’expression journalisme de réseau : « le journalisme de réseau prend en compte la nature collaborative du journalisme d’aujourd’hui : professionnels et amateurs travaillant ensemble pour mettre au point une histoire vraie, liés les uns et autres au-delà des marques et des limites anciennes pour partager des faits, des questions, des réponses, des idées, des perspectives. Cette notion reconnait les relations complexes qui feront l’actualité de demain. Et elle se

Prahalad & Ramaswany (2000) 71 « By the people, of the people, for the people » 72 Chapitre 14 - Les médias britanniques et le journalisme 2.0 aux prises avec le futur in “Journalisme 2.0 - Nouvelles formes journalistiques, nouvelles compétences”, La documentation française, Paris, 2012!

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focalise davantage sur le processus que sur le produit »73 (Jarvis, 2006). The Guardian occupe une place de pionnier de cet esprit coopératif. Après avoir publié pendant un temps une newslist quotidienne des sujets sur lesquels la rédaction travaillait - Newsdesk Live -, laissant la possibilité à l’internaute de contacter directement à travers Twitter le journaliste concerné par l’information détenue, le journal anglais a lancé mi-avril 2013 sa plateforme collaborative. Celle-ci permet aux lecteurs de déposer leurs photos, vidéos et « breaking news », vérifiées par les journalistes avant d’être éventuellement incorporées aux articles, visibles sur le site Guardian Witness74. Autre méthode, le journal colombien El Tiempo75 utilise quotidiennement Twitter pour « mener des enquêtes et interroger les internautes. Il recourt à ce matériel pour alimenter les articles ou même en susciter. Il a lancé récemment par exemple une enquête en ligne afin de choisir, à travers des votes, trois usagers de Twitter pour qu’ils deviennent panélistes à l’occasion d’un débat politique en vue des élections législatives tenues en 2010 » (Concha & Rincon, 2012)76. Un nouveau mot est même apparu récemment lors de l’affaire Wikileaks : le crowdsourcing. Ce terme est utilisé lorsqu’une communauté d’internautes participe au traitement d’une matière brute présente en très grand nombre, des fichiers la plupart du temps. Ainsi, le feu Owni avait mis au point en 2010 une application baptisée « War Logs » qui encourageait les lecteurs à aider les journalistes du pure player à traiter environ 75 000 fichiers relatifs aux incidents de l’OTAN sur les terres afghanes en indiquant si ceux-ci étaient au cas par cas « intéressants » ou « pas intéressants ». Il s’agissait bien évidemment derrière cette logique binaire d’un journalisme d’investigation, une forme de journalisme qui plait aux internautes, car impertinente.

La coopération entendue du journalisme collaboratif peut prend une forme beaucoup plus intense sous l’écriteau journalisme pro-am. Ce journalisme rassemble journalistes professionnels (possédant une carte de presse) et amateurs (citoyens lambda) dans la mise au point de sujets. Ou comment mêler déontologie, vocabulaire, méthode des uns et faculté de recueil d’informations, connaissance du terrain, production de contenus des autres. Le site streetpress.com77 en a fait son crédo : un reporter volontaire peut contacter la rédaction avec une proposition de sujet, puis il est invité à une conférence de rédaction où l’angle de son article potentiel est défini, avant d’être accompagné dans l’écriture par le pure player, fact-checké, et publié. Le cercle se veut vertueux : le journal en ligne prodigue des conseils techniques à ses contributeurs, qui améliorent ainsi la qualité de leurs contenus, profitant de facto au média.

Offrir une tribune collaborative aux internautes, c’est bien souvent attirer dans son escarcelle, pour le magazine ou journal, l’éclairage avisé d’un potentiel expert. Cet expert, le site Rue8978 en a fait l’une de ses trois voix qui commentent l’information : journaliste, lecteur et spécialiste. Cette parole laissée aux techniciens marque une autre tendance du journalisme collaboratif : celle de laisser le lecteur autonome dans l’écriture de son article, le titre de presse ne jouant plus que le rôle d’hébergeur d’articles, publiés au même titre que ceux des journalistes salariés et autres pigistes. Evolution du blogging classique, cette collaboration repose sur une forte responsabilisation des lecteurs, accédant au statut de contributeurs. D’ailleurs, ces derniers 73 « Networked journalism” takes into account the collaborative nature of journalism now: professionals and amateurs working together to get the real story, linking to each other across brands and old boundaries to share facts, questions, answers, ideas, perspectives. It recognizes the complex relationships that will make news. And it focuses on the process more than the product. », Jarvis (2006) 74 https://witness.guardian.co.uk/ 75 http://www.eltiempo.com/ 76 Chapitre 19 – L’apprentissage très progressif de la liberté de la presse en Colombie in “Journalisme 2.0 – Nouvelles formes journalistiques, nouvelles compétences”, La documentation française, Paris, 2012 77 http://www.streetpress.com/ 78 http://www.rue89.com/

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sont bien souvent d’ancien bloggeurs à la recherche d’une nouvelle expérience éditoriale, d’une crédibilité nouvelle accordée par le média-marque convoité, d’une rémunération et/ou d’une audience plus fournie vis-à-vis de leurs écrits. Différents sites se sont fait cadres en la matière, laissant de grands pouvoirs à leurs collaborateurs. C’est le cas du site sud-coréen OhMyNews79 qui dès 2000 lançait le concept d’un journalisme encadré : 65 journalistes chargés de mettre en valeur les travaux de plus de 50 000 membres. A noter que les lecteurs peuvent rémunérer les reporters amateurs en leur donnant un « pourboire », les rétributions étant jusque là surtout symboliques, sous forme de visibilité notamment. Food for thought, le Huffington Post80 américain est devenu un site de référence mondial basé sur la contribution de personnalités, plus que de personnes, postant des billets relatifs à leurs champs d’actions. Face au succès de la version originale, une variante française81 a vu le jour en 2012, en partenariat avec Le Monde et Les Inrockuptibles.

L’envie des lecteurs de participer individuellement à une aventure collective et la quête d’une reconnaissance de leurs compétences rédactionnelles trouvent donc leur place dans des titres de presse en ligne spécialement façonnés pour accueillir la collaboration des internautes. Des internautes qui peuvent accéder au rang de rédacteur en chef, via Digg82, avant même d’être journaliste. Des internautes pouvant aspirer à remporter le précieux prix Albert-Londres qui récompense le meilleur reportage écrit et audiovisuel de l’année sans à avoir pour autant à justifier la détention d’une carte de presse. Trois mille euros sont promis au vainqueur, une somme qui pourrait être directement réinvestis dans un journal ou magazine par exemple, la collaboration pouvant prendre parfois une tournure beaucoup plus économique.

Implication financière : le crowdfunding

« Investir pour s’investir », tel pourrait être le crédo de ces nouvelles plateformes de financement collaboratif qui ont su séduire internautes, mais aussi journaux et magazines.

Démocratisé en 2009, notamment aux Etats-Unis à travers KickStarter 83 , le crowdfunding est actuellement en plein essor : 85 nouvelles plateformes ont été lancées dans le monde entre avril et décembre 2012. Le fondement est simple : un entrepreneur lance un appel aux internautes en fixant le montant nécessaire pour conduire à bien son projet. Inscrivant ce dernier sur une plateforme en ligne, il propose une description en images et mots relativement « vendeuse ». Démarre alors la période de récolte, définie par l’entrepreneur lui-même et pouvant aller de quelques jours à quelques semaines voire des mois entiers. A la fin de celle-ci, deux cas de figure se présentent alors : s’il atteint 100% de la somme désirée, son projet est financé. Dans le cas contraire, il ne pourra aspirer à récupérer l’argent initialement engrangé, la transaction est avortée.

Les médias y ont flairé davantage le bon coup que le bon scoop : même si bon nombre d’articles éclosent à ce sujet, ce sont surtout les appels encadrés aux dons de la part des titres de presse en ligne qui fleurissent. La plateforme française J’aime l’info, créée dans le but de financer les projets de sites et blogs d’information, a en effet permis aux éditeurs de récolter plus de 95 000 euros en 2012, autrement dit huit fois plus qu’en 2011. Cette source d’argent est considérée comme une alternative toute relative aux recettes publicitaires dont l’évolution positive sur le Web - +4,8% entre 2011 et 2012 - ne permet pas de compenser les pertes enregistrées depuis cinq ans pour la presse en général, avec une rétractation du marché d’environ 1,5 millions d’euros (Source : IREP). Les projets déposés par les titres de presse du Web concernent cependant plus un désir de concrétisation d’idées bonus qu’un besoin vital. Passage du Web au papier - joli pied de nez -, distribution nationale dans les kiosques ou refonte du site en trois « w » : la majorité vise à s’offrir une 79 http://www.ohmynews.com/ 80 http://www.huffingtonpost.com/ 81 http://www.huffingtonpost.fr/ 82 http://digg.com/!83 http://www.kickstarter.com/

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bouffée d’air jouissive et un développement inespéré dans un climat où l’instabilité règne. Exemple parlant de l’application du crowdfunding à la presse : le cas du magazine

français Paulette84. Lancé en 2010 par un simple site Web, ce féminin façonné par une équipe de bénévoles a très tôt compté sur la collaboration autant rédactionnelle que financière de ses lecteurs-trices. Neuf mois après sa création, Paulette mettait au point son système de « lecteurs-fondateurs » offrant la possibilité à ces derniers de s’abonner pour neuf euros aux trois premiers numéros. Telle une « prévente », ce mode de fonctionnement lui permettait alors de payer en amont l’impression et la distribution. Le financement collaboratif va prendre une autre tournure fin 2012, quand le magazine fait le pari de récolter via la plateforme My Major Company85 les 25 000 euros dont il a besoin pour sortir une version en kiosque. Résultat quatre vingt jours plus tard : 35 390 euros ont été glanés, soit 10 000 euros de plus que le montant initial envisagé. La réussite du projet a évidemment tenu grâce à la très forte mobilisation d’une communauté déjà constituée et fédérée autour du magazine. Cette expérience a agi comme une forme de team-building pour ses lecteurs, dynamisant leur sensation d’appartenance au collectif, si importante pour l’enjeu de fidélité (Cova 2002 ; McAlexander, 2002 ; Rosenbaum 2005).

Un autre cas de crowdfunding permet de voir aussi comment l’appel aux dons peut servir cette fois-ci à créer une communauté : Bibiche. Sous ce nom mignon se dissimule un magazine bordelais gratuit qui a lancé via Ulule86 un projet de financement de son site Web et d’une version papier qui serait distribuée dans le chef-lieu de Gironde. Toute récente, cette aventure éditoriale comptait sur ses lecteurs en devenir pour contribuer à la réussite de la levée de fonds, avec l’idée corollaire de fédérer un collectif derrière elle. L’acte de don en lui même implique en effet un engagement de la part des internautes, qui suivent avec d’autant plus d’attention l’évolution du projet, une forme d’affect vis-à-vis de celui-ci se dégage alors. Les lecteurs deviennent ainsi de véritables « ambassadeurs » du projet. Financée à 132%, la demande d’investissement de Bibiche a été couronnée de succès.

Implémenter une stratégie de fidélisation de ses lecteurs implique en conséquence pour un titre de presse en ligne de communiquer de manière subtile, pragmatique, en cherchant à valoriser les compétences de ses derniers pour co-créer de la valeur. L’essor du Web 2.0 a propulsé le concept d’échange symétrique entre internautes et rédactions au statut de « normal », concourant à l’apparition d’un journalisme éponyme. Le journalisme 2.0 cherche ainsi aujourd’hui à encourager la participation des lecteurs et dans une autre mesure à les impliquer pour mieux les rendre captifs, par le rédactionnel voire le financier. La participation prend dès lors une teinte fortement collaborative, allant jusqu’à l’apparition d’un terme inédit postulant à une entrée future dans le blanc Larousse : collabolecteur. Des collabolecteurs qui changent la face des rédactions. Des collabolecteurs désormais considérés comme les visages-cibles des titres de presse en ligne. 84 http://www.paulette-magazine.com/fr 85 http://www.mymajorcompany.com/!86 http://fr.ulule.com/

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B. HYPOTHESES /

A partir de cette réflexion où théories et concepts se sont entremêlés pour arriver à l’émergence de la notion de collabolecteur, il est possible de distinguer quatre champs d’hypothèses posant les questions nécessaires au cadrage par les magazines/journaux en ligne de l’implication de leur lectorat.

• Les visages des collabolecteurs

Hypothèse 1 : Devant le processus d’empowerment, encouragé notamment par le Web 2.0, le recours aux collabolecteurs par les titres de presse en ligne est aujourd’hui courant.

Le processus d’empowerment des individus, défini par Rappaport comme le « mécanisme par lequel les individus, organisations et communautés gagnent du pouvoir sur leurs vies » (1984), qu’il soit individuel (Zimmerman, 1988) ou collectif (Cornwall, 1994), devrait pouvoir s’appliquer aux lecteurs de titres de presse en ligne. Ces derniers ressentiraient plus fortement une prise en compte de la communauté qu’ils représentent de la part des médias en question, surtout depuis la démocratisation du Web 2.0, véritable « instrument pour se transformer soi-même et collectivement » (Peugeot, 2012). Ils chercheraient donc à s’impliquer. Une implication qui serait toujours plus encouragée via l’utilisation de leurs compétences rédactionnelles, une recherche de co-réalisation d’articles (base du « knowledge marketing ») ou à travers le don symbolique (« crowdfunding »). Hypothèse 2 : Les motivations des collabolecteurs sont relatives à un besoin de reconnaissance de la part des magazines/journaux en ligne.

Outre la volonté d’être considéré comme un auteur-créateur (Cova & Cova, 2001 ; Jenkins, 2006), celle de prendre part à une aventure dont la ligne éditoriale serait proche de ses valeurs pour construire symboliquement son identité (Baudrillard, 1970), de partager ses opinions et ressentis (Cova, 2002 ; Rosenbaum, 2005 et Jenkins, 2006), de se divertir (Postman, 1985 ; Mafessoli, 2012) ou simplement de se plaisir narcissiquement plaisir (Tamir & Michell, 2012), la motivation principale des collabolecteurs serait d’être reconnus par les titres de presse en ligne. Les rédacteurs ou donateurs chercheraient à sortir de l’anonymat froid d’un écran LED pour entretenir une liaison plus personnalisée avec les médias 2.0 qu’ils fréquentent.

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• Quel pouvoir leur accorder ? Hypothèse 3 : Les collabolecteurs sont fidèles au(x) titre(s) pour le(s)quel(s) ils écrivent ou ont donné de l’argent.

Il semblerait que les titres de presse en ligne aient de plus en plus recours au « marketing éditorial » pour affiner les caractéristiques de leur lectorat respectif. Un passage d’une stratégie de diffusion à une stratégie d’audience visible qui aurait comme conséquence d’attirer de nouveaux lecteurs, mais aussi et surtout de fidéliser ceux déjà présents. Augmenter la qualité des contenus est une piste, impliquer davantage les lecteurs en serait une autre (Bénavent & Meyer-Waarden, 2004). La collaboration qui naitrait, qu’elle soit rédactionnelle ou purement financière, permettrait de tisser un lien durable entre les collabolecteurs et les magazines/journaux en ligne concernés. Hypothèse 4 : Les collabolecteurs sont des attachés de presse efficaces pour le média-marque.

Les collabolecteurs, engagés dans une expérience contributive, se plairaient à partager celle-ci à leurs cercles plus ou moins proches : conjoint, famille, amis, collègues, partenaires d’association! Cette forme de communication, pétrie la plupart du temps d’un désir de reconnaissance de la part de leur entourage, servirait par rebond aux magazines/journaux en ligne ayant accueilli des collaborations extérieures. L’affect permettrait ainsi d’attirer de nouveaux lecteurs ou d’en consolider d’autres. Le tout serait bénéfique pour la notoriété, voire l’image des médias en ligne concernés, se positionnant de plus en plus en tant que marques, dans l’optique de marquer plus facilement et plus durablement les internautes (« branding »). Hypothèse 5 : Un magazine/journal en ligne discrédite son « contrat de lecture » avec ses lecteurs en ayant recours à des collabolecteurs-rédacteurs.

Le « contrat de lecture », en tant que contrat implicite entre un titre de presse et l’ensemble de ses lecteurs au regard de son contenu et de son ton, représente une réelle obsession éditoriale. C’est en somme une garantie pour les lecteurs de retrouver au fil des jours des sujets, des angles et des points de vue conformes à ses attentes, animés par des rédacteurs qu’il a pour ainsi dire adoubé. Cela reste donc un formidable vecteur de fidélisation. Or, confier l’écriture d’articles à des « étrangers » de l’écosystème éditorial propre à un magazine/journal en ligne comporte le risque de porter atteinte à une confiance durement acquise par un média Web. Le crédit rédactionnel des collabolecteurs-rédacteurs ne pourrait-être jugé que moindre vis-à-vis de celui accordé aux journalistes habituels de magazines/journaux en ligne. En pâtirait alors le nécessaire « contrat de lecture », gagnant certes en lien avec ses collabolecteurs, mais s’appauvrissant de facto avec ses lecteurs en général.

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Hypothèse 6 : Un magazine/journal en ligne perd de son « fond de marque » en donnant du pouvoir à ses lecteurs.

Caution d’identité, le « fond de marque » d’une marque (sic) fait principalement référence aux valeurs de cette dernière. En tant que tel aujourd’hui, tout média atteste à ses lecteurs une constance dans son essence, magazines et journaux en ligne compris. Les managers et contributeurs en sont donc les garants. Néanmoins, ouvrir ses pages ou son capital à des lecteurs désireux de s’impliquer revient à se séparer d’autant de son indépendance. Les traits intangibles peuvent s’ébranler non pas dans l’immédiat, mais à terme. Donner du pouvoir aux collabolecteurs reviendrait, même de manière limitée, à altérer l’identité propre d’un titre de presse.

• Comment communiquer pour recruter de nouveaux collabolecteurs ? Hypothèse 7 : Les lecteurs du Web sont rétifs à toute forme de communication les encourageant à s’impliquer dans un magazine/journal en ligne.

Rompus aux codes marketing, les internautes ne se laissent pas convaincre ni facilement séduire par les sirènes des campagnes de communication, fussent-elles d’Hermès. Ils seraient devenus insoumis, déconstruisant systématiquement toute publicité ou action de communication à leur encontre. Dès lors, les stimuler relèverait de l’épique 2.0, une sorte de combat pacifique où l’issue s’annonce pour les titres de presse en ligne aussi noire que l’encre papier qu’ils délaissent.

Image 5 : campagne La Vie Comme Un Conte – Ariel la Petite Sirène (été 2010)

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• Existe-t-il d’autres moyens que l’implication pour fidéliser un lectorat Web ? Hypothèse 8 : Il existe d’autres moyens que le recours à la participation/collaboration au magazine/journal en ligne des lecteurs pour les fidéliser.

Imaginer que la recherche de l’engagement de ses lecteurs est le seul moyen de fidéliser ces derniers pour un magazine/journal en ligne est réducteur. La fidélité peut se baser sur des critères beaucoup plus rationnels. Cela revient surtout à analyser les différentes motivations des internautes, celles-ci pouvant être tour à tour liées à l’appartenance à un groupe, à la possibilité de gagner des cadeaux, à la considération du magazine/journal en ligne! Le support utilisé peut également très bien ne pas être le Web. Des hypothèses clés définies pour ne pas devoir enfoncer des portes ouvertes.

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II. METHODOLOGIE /

A. POSITIONNEMENT EPISTEMOLOGIQUE /

Au choix radical que la doxa scientifique réclame entre constructivisme et positivisme, je réponds : les deux. Et ce n’est pas Luckerohff et Nguyên-Duy qui viendront contredire ce choix non-binaire : « le constructivisme ne s'oppose pas au positivisme, loin s'en faut. Suggérer le contraire induit un télescopage conceptuel qui tend à amalgamer constructivisme, subjectivisme, relativisme et recherche qualitative dans un tout dont la principale caractéristique serait d'entrer en opposition radicale avec un autre ensemble résultant cette fois de l'amalgame du positivisme, du réalisme et des sciences dites exactes »87 (2007).

Ainsi, selon l’angle et la place des concernés vis-à-vis de ma problématique, j’opte tour à tour pour un positionnement :

Positiviste concernant les possibles lecteurs en ligne lambda, véritables collabolecteurs en puissance, prêts à dérider leurs doigts sur le clavier ou à taper les seize chiffres de leur carte bancaire pour collaborer avec un magazine/journal du Web. La démarche a une orientation déductive, l’idée est d’expliquer des tendances dégagées lors de la critique littéraire. Pour alimenter le substrat théorique, la réalité existe en dehors de moi, et je peux la connaître au travers d’hypothèses. Je cherche à prouver en récoltant un grand nombre de données par exemple, qu’il y a eu une réelle prise de pouvoir des individus au regard des titres de presse en ligne, que la motivation d’écrire pour un magazine/journal en ligne est surtout nourrie par la reconnaissance du magazine/journal, l’appartenance à une communauté, le partage des idées, le divertissement ou la rétribution financière ou en cadeaux, ou encore qu’il n’est possible d’être attaché à un titre de presse en ligne que de quatre manières possibles : rationnellement, émotionnellement, politiquement ou spirituellement.

Constructiviste vis-à-vis des managers de magazines/journaux en ligne, mais aussi des collabolecteurs-rédacteurs et collabolecteurs-donateurs affirmés, premiers concernés. La démarche a davantage un penchant compréhensif, la volonté est de comprendre. Par ce positionnement, je cherche à cerner les intérêts réciproques des deux bords : les rédactions et les rédacteurs/donateurs lecteurs. Je tiens à pousser la réflexion sur les dangers d’un tel recours, notamment vis-à-vis d’une possible perte de crédibilité, et vise à découvrir s’ils en sont conscients. Je souhaite également aborder la question de la communication la plus adéquate pour encourager les lecteurs à écrire/donner, en me basant sur le vécu des déjà collabolecteurs. 87 in Constructivisme/positivisme : où en sommes-nous avec cette opposition ? (2007)

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B. ECHANTILLONAGE /

B.1. Questionnaire à l’intention de lecteurs potentiels de titres de presse en ligne

Taille de l’échantillon : 130 personnes Périmètre de l’étude : France Cible : personnes âgées de 15 à 65 ans Quotas : représentatifs de la population française des internautes en fonction:

- de l’âge de l’interviewé (21% entre 15 et 24 ans, 20% entre 25 et 34 ans, 30% entre 35 et 49 ans, 22% entre 50 et 64 ans, 7% à partir de 65 ans)

- sexe de l’interviewé (50% femmes, 50% hommes) Mode de recueil : interviews en ligne (via adresses mail ou adresses Facebook) Puis échantillonnage de volontaires.

B.2. Entretien auprès de managers de titres de presse en ligne Taille de l’échantillon : 10 personnes Périmètre de l’étude : France et Argentine Cible : managers de titres de presse en ligne Quotas : représentatifs de différents types de magazines/journaux du Web Anaïs Carayon – Rédactrice en Chef de Brain Magazine Sylvain Chantal – Ancien rédacteur en Chef de Paplar Mag Thibault Dusser – Fondateur de La Nuit Mag’ Sophie Guignard – Ex-directrice de la publication de Los Inrockuptibles Pierre Haski – Fondateur de Rue89 Tom Le Bourhis – Fondateur de Phonographe Corp Raphaël Malkin - Rédacteur en chef adjoint de Snatch Rédaction en chef de Bibiche Rédaction en chef de Crumb Rédaction en chef de Paulette Mode de recueil : Entretiens en ligne Puis échantillonnage de volontaires.

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B.3. Entretien auprès de collabolecteurs-rédacteurs Taille de l’échantillon : 8 personnes Périmètre de l’étude : France Cible : collabolecteurs-rédacteurs Quotas : représentatifs de différents types de magazines/journaux du Web Guillaume Blot (moi), Brain Magazine, BETC Music, Phonographe Corp, etc. Coline Clavaud, Vice Magazine Diane Guinot, We Are From Paris, Itsaoao.com, Megaconnard.com et Chanel News.com Alexandre Hervaud, Slate.fr, LesInrocks.com, Vodkaster.com, Rue89.com,Ecrans.fr, Fragil.org, Télérama.fr, Reviewer.fr et Le Mouv.fr Marine Salama, Pleaz le Blog Côme Tessier, Journal Europa et Horsjeu.net Cindy Thierriaz, Empreintes-digitales.fr Thomas Rietzmann, Brain Magazine Mode de recueil : Entretiens en ligne Puis échantillonnage de volontaires. B.4. Entretien auprès de collabolecteurs-donateurs Taille de l’échantillon : 9 personnes Périmètre de l’étude : France Cible : collabolecteurs-donateurs Quotas : représentatifs de différents types de magazines/journaux du Web Solène Di Paolo, Bibiche Tiphaine Gault, Journal Europa Aziliz Le Brun, Journal Europa Naima Orville, Paulette Paoli, Gonzaï Alexia Peytour, Paulette Claire Poupoulpe, Gonzaï Sinclair Ringenbach, Crumb Lauren de Samonac, Paulette Mode de recueil : Entretiens en ligne Puis échantillonnage de volontaires.

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C. METHODE DE COLLECTE /

Pour un mémoire pointant les avantages du Web 2.0 pour la collaboration, il était normal, et même presque un devoir, de collecter les données en ligne.

C.1.1. Lecteurs potentiels de titres de presse en ligne : questionnaire

Pour collecter un grand nombre de données concernant les potentiels lecteurs de titres de presse en ligne, j’ai opté pour un questionnaire fermé. Seule une réponse « autre » permettait aux questionnés d’apporter une réponse ouverte. Certaines questions étaient donc de type semi-ouvertes.

Le questionnaire a été généré via la plateforme Web Google Docs. Soit 18 questions générales, amenant en fonction des réponses d’autres questions.

Les questions posées étaient faites pour apporter une réponse partielle aux hypothèses, partielle dans le sens où elles ne proposaient une vision que du côté des lecteurs potentiels de titres de presse en ligne. Plusieurs questions étaient nécessaires pour chacune des hypothèses :

• Les visages des collabolecteurs Hypothèse 1 : Devant le processus d’empowerment, encouragé notamment par le Web 2.0, le recours aux collabolecteurs par les titres de presse en ligne est aujourd’hui courant. Lecteurs potentiels de titres de presse en ligne 1/ Considérez-vous qu’il y a eu une prise de pouvoir des individus vis-à-vis des magazines/journaux depuis l’apparition du Web 2.0 ? Oui / Non 1.1/ Si Oui, est-ce selon vous une prise de pouvoir : Individuelle / Collective 2/ Vous sentez-vous pris(e) en compte par les magazines/journaux en ligne ? Oui / Non 3/ Vous est-il déjà arrivé de réagir aux articles de magazines/journaux que vous lisez en ligne ? Oui / Non 3.1/ Si Oui, comment réagissez-vous généralement ? Commentaire en bas de l’article / Mail envoyé à la rédaction du magazine/journal / Mail envoyé directement au journaliste / Post sur Facebook / Tweet sur Twitter / Autre 4/ Avez-vous déjà écrit un article pour un magazine/journal en ligne ? Oui / Non 4.1/Si Oui, le(s)quel(s) ? 4.2/ Si Oui, combien d’articles (tous magazines/journaux en ligne confondus) avez-vous écrit ? 1 / 2-5 / 6-10 / 11-25 / + de 25 5/ Avez-vous déjà fait un don pour un magazine/journal en ligne ? Oui / Non 5.1/ Si Oui, le(s)quel(s) ? 5.2/Si Oui, combien de don(s) différents avez-vous fait? 1 / 2 / 3 / 4 / 5 ou +

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Hypothèse 2 : Les motivations des collabolecteurs sont relatives à un besoin de reconnaissance de la part des magazines/journaux en ligne. Lecteurs potentiels de titres de presse en ligne 7/ Qu’est-ce qui vous motiverait le plus pour écrire un article pour un magazine/journal en ligne ? La reconnaissance du magazine/journal / L’appartenance à une communauté / Le partage de vos idées / Le divertissement / La rétribution financière ou en cadeaux / Autre 9/ Qu’est-ce qui vous motiverait le plus pour faire un don pour un magazine/journal en ligne ? La reconnaissance du magazine/journal / L’appartenance à une communauté / Le divertissement / Le(s) cadeau(x) en contrepartie / Autre

• Quel pouvoir leur accorder ? Hypothèse 3 : Les collabolecteurs sont fidèles au(x) titre(s) pour le(s)quel(s) ils écrivent ou ont donné de l’argent. Lecteurs potentiels de titres de presse en ligne 10/ Etes-vous fidèle à un magazine/journal en ligne ? Oui / Non 10.1/ Si Oui, à combien ? 1 / 2 / 3 / 4 / 5 ou + 10.2/ Etes-vous attaché(e) à ce(s) magazine(s)/journal(aux) en ligne de manière : Rationnelle / Emotionnelle / Politique / Spirituelle / Autre Hypothèse 4 : Les collabolecteurs sont des attachés de presse efficaces pour le média-marque. Lecteurs potentiels de titres de presse en ligne 11/ Considérez-vous qu’un magazine/journal est une « marque » ? Oui / Non 12/ Avez-vous dans votre entourage un(des) journaliste(s) ? Oui / Non 12.1/ Si Oui, lisez-vous plus facilement ses(leurs) articles ? Oui / Non 13/ Avez-vous dans votre entourage un(des) collabolecteur(s) rédacteur(s) ? Oui / Non 13.1/ Si Oui, lisez-vous plus facilement ses(leurs) articles ? Oui / Non

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!Hypothèse 5 : Un magazine/journal en ligne discrédite son « contrat de lecture » avec ses lecteurs en ayant recours à des collabolecteurs rédacteurs. ! Lecteurs potentiels de titres de presse en ligne 14/ Lorsque vous lisez un article dans un magazine/journal en ligne, êtes-vous sensible au statut de la personne qui à écrit (journaliste, expert, internaute) ? Oui / Non 15/ Trouvez-vous normal que des articles de collabolecteurs-rédacteurs soient publiés à côtés d’articles de journalistes ? Oui / Non 16/ Le recours à des collabolecteurs-rédacteurs nuit-il à la qualité des contenus d’un magazine/journal en ligne? Oui / Non 17/ Considérez-vous que les collabolecteurs-rédacteurs aient une crédibilité suffisante pour écrire dans un magazine/journal en ligne ? Oui / Non Hypothèse 6 : Un magazine/journal en ligne perd de son « fond de marque » en donnant du pouvoir à ses lecteurs. Lecteurs potentiels de titres de presse en ligne 18/ Considérez-vous que le magazine/journal en ligne perd de sa promesse identitaire en ouvrant sa rédaction ou son capital à ses lecteurs? Oui / Non

• Comment communiquer pour recruter de nouveaux collabolecteurs ? Hypothèse 7 : Les lecteurs du Web sont rétifs à toute forme de communication les encourageant à s’impliquer dans un magazine/journal en ligne. Lecteurs potentiels de titres de presse en ligne 6/ Seriez-vous sensible à une communication vous encourageant à écrire pour un magazine/journal en ligne ? Oui / Non 6.1/ Si Non, pourquoi ? Je ne souhaite pas écrire d’article / Je suis indifférent à toute forme d’encouragement marketing / Je veux écrire et proposer mes articles de mon « propre chef » / Autre 8/ Seriez-vous sensible à une communication vous encourageant à faire un don pour un magazine/journal en ligne ? Oui / Non 8.1/ Si Non, pourquoi ? Je ne souhaite pas faire de don à un magazine/journal en ligne / Je suis indifférent à toute forme d’encouragement marketing / Je veux faire un don de mon « propre chef » / Autre

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• Existe-t-il d’autres moyens que l’implication pour fidéliser un lectorat Web ? Hypothèse 8 : Il existe d’autres moyens que le recours à la participation/collaboration au magazine/journal en ligne des lecteurs pour les fidéliser. Lecteurs potentiels de titres de presse en ligne 10/ Etes-vous fidèle à un magazine/journal en ligne ? Oui / Non 10.1/ Si Oui, à combien ? 1 / 2 / 3 / 4 / 5 ou + 10.3/ Qu’est-ce qui vous fidélise chez ce(s) magazine(s)/journal(aux) en ligne ? Un accès gratuit à tous les contenus du site / Des sujets et angles d’articles originaux / Un point de vue du magazine/journal dans lequel vous vous reconnaissez / Des cadeaux à gagner régulièrement / Un sentiment d’appartenir à la communauté du magazine/journal en ligne / Une considération de la part du magazine/journal en ligne / Autres

Un test a été réalisé auprès d’une personne-cobaye. Celui-ci s’est avéré positif.

Le lien du document Google Docs a ensuite été envoyé par mail classique ou message Facebook, de manière personnalisée pour respecter les quotas envisagés. Le message accompagnant le lien était : (Prénom), je t'ai choisi dans mon panel représentatif (30 personnes entre 15 et 24 ans, 30 entre 25 et 34 ans, 20 entre 35 et 49 ans, 15 entre 50 et 64 ans, 5 plus de 65 ans) pour répondre à mon questionnaire. Pour y accéder, cliquer ici : https://docs.google.com/forms/d/11svLYfT7TzTFjIyBuHYpf8hdRbAt1zR1A7T0jzzYpqM Peux-tu le faire avant dimanche 5 mai, idéalement dès aujourd'hui si possible ? Merci de ton aide. Guillaume Ce choix a permis une large diffusion, qui plus est rapide, pour un coût nul.

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C.1.2. Managers de titres de presse en ligne, collabolecteurs-rédacteurs et collabolecteurs-donateurs: entretien

L’objectif étant de comprendre la position des différentes parties prenantes : managers de magazines/journaux en ligne d’un côté, collabolecteurs de l’autre, il a été préférable de mener un entretien avec ces personnes, bien identifiées.

L’entretien s’est tenu de manière virtuelle, via la plateforme Web Google Docs. Un schéma d’entretien spécifique a été généré pour chacun des trois types d’acteur : 13 questions pour les managers de titre de presse en ligne, 12 pour les collabolecteurs-rédacteurs et 8 pour les collabolecteurs-donateurs.

Un guide d’entretien figurait en en-tête : (Prénom), Dans le cadre de mon mémoire de Master à Euromed Management, je réalise une enquête. Mon sujet traite de l'implication croissante de lecteurs dans les magazines et journaux en ligne, à travers la rédaction d'articles et l'envoi de dons. Ces collaborateurs-lecteurs, conceptualisés sous le néologisme "collabolecteurs", rentrent de plus en plus dans une stratégie de fidélisation de la part des titres de presse du Web. Cette enquête prend la forme d'un entretien basé sur (nombre) interrogations majeures. Tes réponses me seront utiles pour donner un visage à ces "collabolecteurs", évaluer les avantages et les risques pour les magazines/journaux en ligne à donner du pouvoir à leurs lecteurs, et proposer des recommandations pour communiquer à leur encontre. Le vouvoiement est pour la forme, bien entendu. Merci. Guillaume Blot [email protected] +33.6.95.36.97.64

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Les questions amenaient pour la plupart des réponses ouvertes, et partielles pour confirmer ou infirmer les hypothèses :

• Les visages des collabolecteurs Hypothèse 1 : Devant le processus d’empowerment, encouragé notamment par le Web 2.0, le recours aux collabolecteurs par les titres de presse en ligne est aujourd’hui courant. Managers de titres de presse en ligne 5/ Avez-vous ou avez-vous déjà eu recours à un(des) collabolecteur(s)-rédacteur(s) ? Oui / Non 5.1/Si Oui, quel(s) est(sont) son(leur) profil (âge, sexe, occupation) ? 5.2/Si Oui, quelle dénomination et quel statut lui(leur) donnez-vous ? 6/ Avez-vous ou avez-vous déjà eu recours à un(des) collabolecteur(s)-donateur(s) ? Oui / Non 6.1/Si Oui, quel(s) est(sont) son(leur) profil (âge, sexe, occupation) ? 6.2/Si Oui, quelle dénomination et quel statut lui(leur) donnez-vous ? Collabolecteurs-rédacteurs 1/ Pour quel(s) magazine(s)/journal(-aux) en ligne écrivez-vous ou avez-vous déjà écrit ? 1.1/ Indiquez pour chacun le nombre d’articles écrits ? 4/ Quelle dénomination vous définirait le mieux ? Journaliste / Collaborateur / Pigiste / Rédacteur / Chroniqueur / Lecteur fanatique / Autre Collabolecteurs-donateurs 1/ Pour quel(s) magazine(s)/journal(-aux) en ligne avez-vous déjà fait un don ? 1.1/ Indiquez pour chacun le nombre de dons effectués et le montant ? Hypothèse 2 : Les motivations des collabolecteurs sont relatives à un besoin de reconnaissance de la part des magazines/journaux en ligne. Managers de titres de presse en ligne 7/ Selon vous, quelle(s) serai(en)t en général la(les) motivations des collabolecteurs-rédacteurs ? 8/ Selon vous, quelle(s) serai(en)t en général la(les) motivations des collabolecteurs-donateurs ? Collabolecteurs-rédacteurs 2/ Quelle(s) est(sont) votre(vos) motivation(s) à écrire pour un magazine/journal en ligne ? Collabolecteurs-donateurs 2/ Quelle(s) est(sont) votre(vos) motivation(s) à faire un don pour un magazine/journal en ligne ?

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• Quel pouvoir leur accorder ? Hypothèse 3 : Les collabolecteurs sont fidèles au(x) titre(s) pour le(s)quel(s) ils écrivent ou ont donné de l’argent. Managers de titres de presse en ligne 2/Que représente pour vous un lectorat fidèle ? 4/Avez-vous recours au « marketing éditorial » (étude du lectorat) ? Oui / Non 4.1/ Si Oui, pourquoi ? Collabolecteurs-rédacteurs 5/ Etes-vous attaché(e) au(x) magazine(s)/journal(aux) pour le(s)quel(s) vous écrivez ? Oui / Non 5.1/ Si Oui, est-ce : Rationnellement / Emotionnellement / Politiquement / Spirituellement / Autre 6/ Etes-vous fidèle au(x) magazine(s)/journal(aux) pour le(s)quel(s) vous écrivez ? Oui / Non 6.1/ Si Non, qu’est-ce qui vous rendrait fidèle à celui(ceux)-ci ? Collabolecteurs-donateurs 4/ Etes-vous attaché(e) au(x) magazine(s)/journal(aux) pour le(s)quel(s) vous avez fait un don? Oui / Non 4.1/ Si Oui, est-ce : Rationnellement / Emotionnellement / Politiquement / Spirituellement / Autre 5/ Etes-vous fidèle au(x) magazine(s)/journal(aux) pour le(s)quel(s) vous avez fait un don ? Oui / Non 5.1/ Si Non, qu’est-ce qui vous rendrait fidèle à celui(ceux)-ci ? Hypothèse 4 : Les collabolecteurs sont des attachés de presse efficaces pour le média-marque. Managers de titres de presse en ligne 1/Vous considérez-vous comme un « média-marque » ? Oui / Non 1.1/Pourquoi ? 9/ Pensez-vous que les collabolecteurs soient des « attachés de presse » efficaces pour vous ? Oui / Non 9.1/ Pourquoi ? Collabolecteurs-rédacteurs 7/ A qui parlez-vous du(des) magazine(s)/journal(aux) en ligne pour le(s)quel(s) vous écrivez ? Famille / Amis / Conjoint / Collègues / Partenaires sportifs / Autre 8/ Quand l’un de vos articles est publié, comment communiquez-vous dessus ? Collabolecteurs-donateurs 6/ A qui parlez-vous du(des) magazine(s)/journal(aux) en ligne pour le(s)quel(s) vous avez fait un don? Famille / Amis / Conjoint / Collègues / Partenaires sportifs / Autre 7/ Quand vous avez fait un don pour un(des) magazine(s)/journal(aux) en ligne, comment communiquez-vous dessus ?

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!Hypothèse 5 : Un magazine/journal en ligne discrédite son « contrat de lecture » avec ses lecteurs en ayant recours à des collabolecteurs-rédacteurs. ! Managers de titres de presse en ligne 10/ Considérez-vous que les collabolecteurs aient une crédibilité suffisante pour écrire dans votre magazine/journal en ligne? Oui / Non 10.1/ Pourquoi ? Collabolecteurs-rédacteurs 9/ Pourquoi pensez-vous que le(s) magazine(s)/journal(aux) en ligne vous laisse(nt) écrire et publie(nt) votre(vos) article(s) ? 10/ Adaptez-vous votre style d’écriture en fonction du(des) magazine(s)/journal(aux) en ligne pour le(s)quel(s) vous écrivez ? Oui / Non 10.1/ Si Non, pourquoi ? Hypothèse 6 : Un magazine/journal en ligne perd de son « fond de marque » en donnant du pouvoir à ses lecteurs. Managers de titres de presse en ligne 11/ Considérez-vous perdre du pouvoir lorsque vous en donnez à vos lecteurs ? Oui / Non 11.1/ Pourquoi ? 12/ Le magazine/journal en ligne remet-il en question la promesse identitaire faite à ses lecteurs en ouvrant sa rédaction ou son capital à ses derniers? Oui / Non 12.1/ Pourquoi ? 13/ Quel(s) rôle(s) donner aux lecteurs finalement ? Collabolecteurs-rédacteurs 11/ Partagez-vous les valeurs du/des magazine(s)/journal(aux) pour le(s)quel(s) vous écrivez ? Oui / Non 12/ Considérez-vous que le magazine/journal en ligne perd de sa promesse identitaire en ouvrant sa rédaction à ses lecteurs? Oui / Non 12.1/ Si Oui, pourquoi ? Collabolecteurs-donateurs 8/ Partagez-vous les valeurs du/des magazine(s)/journal(aux) pour le(s)quel(s) vous avez fait un don ? Oui / Non 9/ Considérez-vous que le magazine/journal en ligne perd de sa promesse identitaire en ouvrant son capital à ses lecteurs? Oui / Non 9.1/ Si Oui, pourquoi ?

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• Comment communiquer pour recruter de nouveaux collabolecteurs ? Hypothèse 7 : Les lecteurs du Web sont rétifs à toute forme de communication les encourageant à s’impliquer dans un magazine/journal en ligne. Managers de titres de presse en ligne 5.3/Si Oui, comment aviez-vous communiqué pour qu’il(s) se mette(nt) à écrire pour vous ? Collabolecteurs-rédacteurs 3/ Etait-ce suite à une(plusieurs) campagne(s) de communication de la part d’un(des) magazine(s)/journal(aux) en ligne que vous avez décidé d’écrire pour lui(eux)? Oui / Non 3.1/ Si Oui, qu’avai(en)t-elle(s) de particulier ? Collabolecteurs-donateurs 3/ Etait-ce suite à une(plusieurs) campagne(s) de communication de la part d’un(des) magazine(s)/journal(aux) en ligne que vous avez décidé de faire un don pour lui(eux)? Oui / Non 3.1/ Si Oui, qu’avai(en)t-elle(s) de particulier ?

• Existe-t-il d’autres moyens que l’implication pour fidéliser un lectorat Web ? Hypothèse 8 : Il existe d’autres moyens que le recours à la participation/collaboration au magazine/journal en ligne des lecteurs pour les fidéliser. Managers de titres de presse en ligne 3/Par quel biais fidélisez-vous aujourd’hui votre lectorat ? 4/Avez-vous recours au « marketing éditorial » (étude du lectorat) ? Oui / Non 4.1/ Si Oui, pourquoi ? Collabolecteurs-rédacteurs 6/ Etes-vous fidèle au(x) magazine(s)/journal(aux) pour le(s)quel(s) vous écrivez ? Oui / Non 6.1/ Si Non, qu’est-ce qui vous rendrait fidèle à celui(ceux)-ci ? Collabolecteurs-donateurs 5/ Etes-vous fidèle au(x) magazine(s)/journal(aux) pour le(s)quel(s) vous avez fait un don ? Oui / Non 5.1/ Si Non, qu’est-ce qui vous rendrait fidèle à celui(ceux)-ci ?

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Le lien du document Google Docs a été envoyé de manière personnalisée par mail classique, message Facebook, voire même message Twitter, à l’instar de celui envoyé à Pierre Haski, fondateur de rue89.fr :

Image 6 : capture-écran du tweet envoyé à Pierre Haski (2 mai 2013)

Ce choix m’a permis de rencontrer virtuellement et en peu de temps les interviewés qui étaient intéressants pour mon étude. Qui plus est, ils répondaient de manière dactylographiée, assurant aucune trahison possible de leurs mots, inhérente à la retranscription qui aurait nécessairement eu lieu avec un enregistrement audio ou la copie de notes manuscrites.

C2. Précautions

Que ce soit pour le questionnaire transmis aux lecteurs potentiels de presse en ligne ou pour les supports d’entretiens à destination des managers de magazines/journaux en ligne, collabolecteurs-rédacteurs et collabolecteurs-donateurs, les questions se dévoilaient au-fur-et-à-mesure. Il n’était donc pas possible au questionné ou à l’entretenu d’anticiper sa réponse en fonction de la question d’après.

Le questionnaire a été envoyé à cent-trente personnes, avec l’objectif d’avoir le retour

d’au moins cent répondants. Idem pour les supports d’entretien, envoyés respectivement à dix managers et à huit collabolecteurs-rédacteurs & collabolecteurs-donateurs dans le but d’obtenir à minima cinq réponses pour chacun des groupes.

Les liens redirigeant vers les questions ont été envoyés de façon nominative et ce

afin de respecter les quotas prédéfinis, l’identité des entretenus mais aussi pour personnaliser voire humaniser le lien virtuel et ainsi augmenter mes chances de retour.

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D. TRAITEMENT DES DONNEES /

Les données récoltées seront traitées de deux façons différentes :

Un traitement quantitatif quant aux réponses fournies par les lecteurs potentiels de titres de presse en ligne. Des diagrammes circulaires générés par Google Docs permettront de présenter de manière brute les résultats par question posée. Celles-ci étant souvent liées les unes aux autres, une analyse multivariée montrant les relations entre les différentes variables sera la plus à même de donner du sens aux statistiques.

Un traitement qualitatif vis-à-vis des réponses fournies par les enquêtés : managers de magazine/journal en ligne, collabolecteurs-rédacteurs et collabolecteurs-donateurs. Des tableaux synthétiques par type d’enquêtés, surlignant les mots-clés écrits, sauront dégager des tendances et des réponses d’ensemble. Certaines seront traitées conjointement.

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III. ANALYSE DES RESULTATS /

A. LECTURE ET COMPREHENSION DES DONNEES RECOLTEES / / Lecteurs potentiels de titres de presse en ligne Age

Sexe

La première lecture des résultats du questionnaire adressé aux lecteurs potentiels de titres de presse en ligne montre que le panel des internautes tiré des 96 répondants n’est pas tout à fait représentatif de celui habituellement mis en avant en France. Que ce soit en terme d’âge (surreprésentation des 15-24 ans, sous-représentation des 35-49 ans et 50-64 ans) et de sexe (légèrement plus masculin que féminin).

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1/ Considérez-vous qu’il y a eu une prise de pouvoir des individus vis-à-vis des magazines/journaux depuis l’apparition du Web 2.0 ?

1.1/ Si oui, Selon vous, est-ce une prise de pouvoir

2/ Vous sentez-vous pris(e) en compte par les magazines/journaux en ligne ?

Les questionnés considèrent par une forte majorité qu’il y a eu une prise de pouvoir des individus concernant les titres de presse en ligne avec l’apparition du Web 2.0 (78%). Une prise de pouvoir selon eux plus collective (79% des personnes ayant répondu oui à la question précédente) qu’individuelle. Fait notable, bien qu’une très grande partie des interrogés perçoivent un empowerment des lecteurs vis-à-vis des magazines/journaux en ligne, « seulement » 57% affirme être pris en compte par ces médias 2.0.

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3/ Vous est-il déjà arrivé de réagir aux articles de magazines/journaux que vous lisez en ligne ?

3.1/ Comment réagissez-vous généralement ?

33% des répondants déclarent avoir déjà réagit aux articles des titres de presse en ligne qu’ils lisent, la plupart du temps en écrivant un commentaire à la suite. Peu utilise les réseaux sociaux pour se manifester.

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4/ Avez-vous déjà écrit un article pour un magazine/journal en ligne ?

4.1/ Le(s)quel(s) ? L'Express Oui,j'ai écrit un article sur la ville de Bogota pour le journal Libération dans le cadre d'un concours. Il est disponible en suivant ce lien: http://voyages.liberation.fr/portraits-de-villes/bogota-la-rage-de-vivre Si oui, Blog Web 2.0 dans le domaine des nouveaux marketing de la chaussure. SportVox FN , féminisme, sondage, masculinisme, populisme, Dsk.............. Le monde Rue 89 Huffington post Mediapart Libération LES ECHOS foot13.fr Le Rugbynistère (plus de 1000 articles), un des sites les plus importants de la planète ovale en France Le trait d'union, a Buenos Aires LA Gazette universitaire, à Paris 4.2/ Combien d’articles (tous magazines/journaux en ligne confondus) avez-vous écrit ?

A une immense majorité, les lecteurs potentiels de titres de presse en ligne n’ont jamais écrit un article pour un magazine/journal sur le Web (92%). Seule une poignée des répondants a déjà rédigé des lignes pour une publication. Les médias et domaines d’écriture sont divers : Sport (La Rugbystinière, SportVox, Foot13.fr), Société (L’Express, Le Trait d’Union à Buenos Aires, Huffington Post, Le Monde, Rue89, Médiapart), Economie (Les Echos) ou encore Voyages (article sur Bogota paru dans Libération). Parmi les huit lecteurs potentiels du panel ayant répondu oui à la question, trois ont à leur actif plus de 26 articles écrits. Quatre ont rédigé entre 2 et 10 articles.

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5/ Avez-vous déjà fait un don pour un magazine/journal en ligne ?

5.1/ Le(s)quel(s) ? Gonzai Terra eco 5.2/ Combien de dons différents avez-vous fait ?

Autant il y avait peu de lecteurs-rédacteurs, autant le nombre de lecteurs-donateurs est insignifiant : 2 seulement sur les 96 personnes interrogées. Ces deux personnes en question ont fait un don et un seul, respectivement pour Terra Eco et Gonzaï.

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6/ Seriez-vous sensible à une communication vous encourageant à écrire pour un magazine/journal en ligne ?

6.1 / Si non, pourquoi ?

7/ Qu’est-ce qui vous motiverait le plus pour écrire un article dans un magazine/journal en ligne ?

Plus des deux-tiers des personnes interrogées (65%) déclare être sensible à une communication les encourageant à prendre la plume numérique. Parmi les réticents, la plupart admette simplement ne pas souhaiter écrire de texte pour un titre de presse en ligne. Parmi les motivations pouvant pousser un lecteur de magazine/journal en ligne, le partage des idées arrive nettement en tête (43%), suivi de manière très serrée par l’appartenance à une communauté (16%) et le divertissement (15%).

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8/ Seriez-vous sensible à une communication vous encourageant à faire un don pour un magazine/journal en ligne ?

8.1/ Pourquoi

9/ Qu’est-ce qui vous motiverait le plus pour faire un don pour un magazine/journal en ligne ?

En revanche, un faible nombre (30%) concède être sensible à une éventuelle campagne les encourageant à faire un don pour un titre de presse en ligne. Les réfractaires déclarent également simplement ne pas souhaiter faire de donations (57%). La motivation de donner viendrait avant tout de la recherche de l’appartenance à une communauté (30%), juste devant la reconnaissance du magazine/journal (26%).

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10/ Etes-vous fidèle à un magazine/journal en ligne ?

10.1/ A combien ?

10.2/ Etes-vous attaché(e) à ce(s) magazine(s)/journal(aux) en ligne de manière :

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10.3/ Qu’est-ce qui vous fidélise chez ce(s) magazine(s)/journal(aux) en ligne ?

Une faible majorité se réclame fidèle à un magazine/journal en ligne (61%). La plupart le sont à deux (31%), voire à trois (26%) titres de presse du Web. La raison de leur fidélité est à chercher principalement du côté des sujets et angles d’articles originaux (51%). Seul 18% des questionnés ne le sont qu’à une unique publication. L’attachement est le plus souvent rationnel (49%) ou émotionnel (27%). 11/ Considérez-vous qu’un magazine/journal est une "marque" ?

Un chiffre fort : 78% des personnes issues du panel considère qu’un magazine/journal en ligne est une marque.

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12/ Avez-vous dans votre entourage un(des) journaliste(s) ?

12.1/ Lisez-vous plus facilement ses(leurs) articles ?

13/ Avez-vous dans votre entourage un(des) collabolecteur(s)-rédacteur(s) ?

13.1/ Lisez-vous plus facilement ses(leurs) articles ?

Une symétrie intéressante : 52% des interrogés ont dans leur entourage autant un journaliste qu’un collabolecteur-rédacteur. Et parmi eux, une faible majorité confesse lire plus facilement ses articles, comparé à un journaliste ou une personne lambda, plus généralement.

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14/ Lorsque vous lisez un article dans un magazine/journal en ligne, êtes-vous sensible au statut de la personne qui a écrit ?

15/ Trouvez-vous normal que des articles de collabolecteurs-rédacteurs soient publiés à côtés d’articles de journalistes ?

15.1/ Pourquoi ? (facultatif) Je trouve intéressant l'idée de mêler les articles de personnes dont c'est le métier avec ceux de contributeurs lambda. Les démarches d'écriture sont différentes et cela peut aider à mieux comprendre/à donner un autre éclairage à un fait. Plus simplement, il est intéressant de connaître l'avis d'un simple citoyen. les savoir se partage, il ne doit pas être le seul fait de ceux attestant d´un diplôme pour le divulguer les collaborateurs/ rédacteurs sont choisis par le magazine, au même titre que les journalistes. La cohérence avec le magazine, l'orientation etc est donc intacte. De plus les statuts journaliste, expert, internaute...sont stipulés, laissant donc une réelle transparence et permettant au lecteur de se pencher sur la signature si il en a envie l'ouverture d'esprit et d'opinion est ouverte à tous, certains anonymes sont plus compétents que certains journalistes. L'honnêteté intellectuelle est partagée par tout le monde. pour la liberté d' expression, et le respect du droit de réponse. point de vue different /plus de liberte Ils n'ont pas forcément le même talent et surtout les mêmes sources d'informations. cela permet au citoyen lambda de s'exprimer. Echange d'avis entre professionnel de la rédaction et autres. Différence de point de vue et de style d'écrire intéressant. cela donne un autre point de vue et évite la pensée unique et le politiquement correct attention cependant aux dérives et bétises donc filtrer et choisir des interventions sensées pas de n'importe quoi. Les journalistes/chercheurs/doctorants ont souvent un avis différent des collabolecteurs, d'où la nécessité de prendre en compte le témoignage de ces derniers. même si la liberté d'expression est indispensable tout le monde ne peut s'improviser journaliste au même niveau Car certains internautes ont un talent, des idées qui peuvent (doivent?) être mis en confrontation avec le point de vue formel journalistique les gens disent n'importe quoi sur le net cela peut être un défouloir, voire la parole donnée à des C...s, l'expression d'un sectarisme , de racisme ou de prosélytisme Le statut est différent, même si l'article ou la contribution peut être de bonne qualité. Il me semble malgré tout important que l'on sache qui écrit quoi. Idée de "chaque personne à sa place". les journalistes ou les experts représentent trop souvent la pensée unique A condition qu'ils soient pertinents et bien écrits, je trouve cela normal puisque la presse est un espace d'échanges, de débats, d'idées qui doit rassembler tous les points de vue. Une personne ne possédant pas le statut de journaliste peut avoir des idées claires et définies sur un sujet dans lequel il est plus ou moins "expert" ( de par son travail ou pas). C'est le cas par exemple des Lettres ouvertes publiées dans des des grands journaux. Le savoirs et la connaissance des faits n'est pas forcément détenu par une seule catégorie de producteur de contenus sous réserve d'une mention indiquant le statut du "journaliste" La question n'est pas de savoir si l'article est écrit par un journaliste de profession, elle concerne bien plus les idées transmises par cet article, ou son écriture. Je ne pense que le fait d’être journaliste soit nécessaire à l'écriture d'un bon article. Chaque point de vue est intéressant ( sans être extrémiste dans son point de vue ) Le Collabolecteurs peut-être aussi un expert de son domaine Un avis, une expérience intéressante et constructive peut toujours faire avancer une réflexion, un débat. A partir du moment ou l'article signale le statut de son auteur, le lecteur sait a quoi s'en tenir quant ce qu'il lit (subjectivité, qualité). En revanche, cela deviendrait un problème si les articles de journalistes et collabos venaient à être mélangés sans possibilité de les distinguer. Parce que des gens qui ne font pas la profession de journaliste ont des talents certains au moins dans les domaines qui les intéressent, où

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ils sont engagés, dans leur(s) domaine(s) de compétences ... Manque de légitimité Parce qu'un journaliste n'a parfois pas toutes les clefs en main pour répondre à mon désir envie de lecture - un internaute peut avoir une excellente plume, + divertissante qu'un expert - le concept web 2.0 permet justement un meilleur contre-pouvoir Parce que nous sommes enfin arrivés au véritable sens de la "liberté d'expression". Prendre enfin en compte l'avis (souvent pertinent) de personnes qui ne sont pas que formatés par une formation de journaliste. Si l'on prend le cas de la critique cinéma, il y a souvent un glissement de l'expert vers un avis formaté et policé (en fonction de ce que les lecteurs attendent désormais de lui) quand le collabolecteur, qui n'a rien à prouver, va s'exprimer d'une façon plus tranchée et honnête (mais peut tendre à glisser vers la provocation ou le bon mot pour se faire remarquer par le magazine, chaque écrivain ayant son défaut de plume) Un article écrit pas un individu lambda peut être tout aussi intéressant qu'un article écrit par un professionnel, voire plus ! En revanche internet pose le problème de la fiabilité des informations que l'on peut lire ! Parce que chacun son métier... Après pourquoi pas faire une rubrique spéciale avec des articles de fonds écrits par ce genre de personne Un peu de mal à me prononcer pour cette question. Un collabolecteur devient légitime et diffusé si ce dernier est considéré comme un journaliste à part entière. De ce fait, il me paraît cohérent que journalistes et collabolecteurs soient logés "à la même enseigne" justement pour encourager l'éclosion et la participation des collabos ! Mais d'un autre côté, je ne serai pas surpris de voir apparaître une rubrique "quartier libre" dans un magazine ou les articles des collabolecteurs seraient répertoriés. Attention ce oui est tout relatif. Tout cela dépend de la qualité de l'article. Un internaute peut écrire quelque chose de très intéressant, qui mérite ça place dans un journal en ligne. Mais aussi prise du pouvoir du lecteur veut dire pour moi appauvrissement du contenu, je constate la diminution de la longueur des articles en ligne qui deviennent plus des billets, aux analyses étriquées et parfois à l'emporte-pièce. Je prends énormément de recul par rapport à ce que je lis sur internet, je lis beaucoup mais je mets beaucoup de distance et peu de confiance. C'est pour cela que je me sens obligé de varier les journaux pour pouvoir réussir à avoir une vue à peu près globale. Mais je constate aussi que la reprise des sujets et des contenus des articles se multiplient appauvrissant encore l'information. Le format court et la redondance sont les maîtres en ligne. Cela montre l'ouverture d'esprit d'un journal, et son implication vis à vis de ses collabolecteurs. Parce qu'ils donnent une autre vision, souvent plus neutre ou plus personnelle que celle d'un journaliste qui est encadré par la rédaction du journal pour lequel il travaille. Je pars du principe que la rédaction a le recul nécessaire pour juger de la qualité d'un article, qu'il provienne d'un collabolecteur ou d'un journaliste à part entière. Si le ton, l'angle de vue ou encore le style correspondent à la ligne éditoriale du magazine alors il a toute sa place à côté d'articles de journalistes. A chacun son expertise, les collabolecteurs peuvent apporter un point de vue plus nuancé. Cependant il est préférable que ce soit précisé. Démocratie Mais pas assez pro Parce que je ne pnese pas qu'il y ait de hiérarchie entre ces différents statuts, par ailleurs la richesse des journaux en ligne provient de sources différentes S'ils sont impartiaux, réfléchis, correctement écrits, utilisant des éléments vérifiables et vérifiés et/ou des sources de qualité, sur un sujet fondé et pouvant intéresser les lecteurs, ils ont le droit d'avoir leur rubrique si le journal/magasine y trouve son compte liberté d'expression monde participatif partage d'idées Car cela permettrait d'atténuer la déconnexion entre le monde des journalistes et leurs lecteurs. Il n'est pas rare de voir des articles qui font l'unanimité contre eux dans les commentaires, souvent à cause d'un décalage entre le vécu des gens et l'article. La condition est évidemment que le contributeur ait des qualités journalistiques solides. le droit d'expression pour tous légétimité, véracité De la part leur statu de non-journaliste affilié à un magazine/marque (freelance en quelque sorte), ils ont une plus grande liberté d'expression et une certaine objectivité qui va peut-être plus séduire/sensibiliser le lecteur Concurrence déloyale et mise en danger de la profession de journaliste. Parce qu'il est important de confronter journalistes et lecteurs et de les mettre sur un même pied d'égalité. C'est la même rédaction qui jugera des articles, donc il n'y a pas de raison de les hiérarchiser. Si on déclasse d'entrée le collabolecteur, on le discrédite. Cela permet d'avoir plusieurs idées et points de vue sur un même sujet Je pense qu'il n'est pas nécéssaire d'etre journaliste pour émettre son opinion. Chaque personne peut avoir quelque chose d'intéressant à faire entendre

72% des lecteurs potentiels de titre de presse en ligne sont sensibles au statut de la personne qui a écrit l’article qu’ils parcourent. Dans le même temps, une très forte majorité (80%) affirme trouver normal que des articles de collabolecteurs-rédacteurs soient publiés à côtés d’articles de journalistes. Parmi eux, certains mettent en avant l’importance du partage de l’outil journal pour la liberté d’expression : « monde participatif », « partage d’idées » ; ou pour éviter tout monopole de la parole écrite : « Le savoirs (sic) et la connaissance des faits n'est pas forcément détenu par une seule catégorie de producteur (sic) de contenus », « Le savoir se partage, il ne doit pas être le seul fait de ceux attestant d´un diplôme pour le divulguer » et « Prendre enfin en compte l'avis (souvent pertinent) de personnes qui ne sont pas que formatés par une formation de journaliste. ». Dans cette lignée, ouvrir sa rédaction aux collabolecteurs permet une pluralité des opinions : « cela donne un autre point de vue et évite la pensée unique et le politiquement correct », « le concept web 2.0 permet justement un meilleur contre-pouvoir » et « cela permettrait d'atténuer la déconnexion entre le monde des journalistes et leurs lecteurs. Il n'est pas rare de voir des articles qui font l'unanimité contre eux dans les commentaires, souvent à cause d'un décalage entre le vécu des gens et

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l'article ». Cela peut être également l’occasion de s’entourer d’un potentiel expert : « le Collabolecteurs (sic) peut-être aussi un expert de son domaine ». Certains lecteurs potentiels rappellent que le choix des collabolecteurs est fixé par le magazine/journal en ligne lui-même : « les collaborateurs/ rédacteurs sont choisis par le magazine, au même titre que les journalistes. La cohérence avec le magazine, l'orientation etc est donc intacte. » et « je pars du principe que la rédaction a le recul nécessaire pour juger de la qualité d'un article, qu'il provienne d'un collabolecteur ou d'un journaliste à part entière. ». Tant que chaque rôle est clair, finalement : « à partir du moment ou l'article signale le statut de son auteur, le lecteur sait a quoi s'en tenir quant ce qu'il lit (subjectivité, qualité) ». Mais pour d’autres, cela ne suffit pas. Pire, il y aurait un risque de dérive : « les gens disent n'importe quoi sur le net cela peut être un défouloir, voire la parole donnée à des C...s, l'expression d'un sectarisme, de racisme ou de prosélytisme » ou d’appauvrissement des contenus : « je constate la diminution de la longueur des articles en ligne qui deviennent plus des billets, aux analyses étriquées et parfois à l'emporte-pièce ». Enfin, certains pensent que le métier de journaliste ne s’improvise pas : « parce que chacun son métier » et l’idée de "chaque personne à sa place" fait son chemin.

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16/ Le recours à des collabolecteurs-rédacteurs nuit-il à la qualité des contenus d’un magazine/journal en ligne ?

16.1/ Pourquoi ? (facultatif) Sans dévaloriser les articles de professionnels, ce recours à des collaborateurs nourrit le journal de points de vue qui diffèrent de ceux de professionnels, apporte de la profondeur à un sujet. Parce qu'ils ne sont pas journalistes, n'ont pas l'objectivité essentielle à ce métier, n'ont pas l'éthique indispensable à la rédaction d'article. Les motivations de ces collabolecteurs sont, à mon avis, trop éloignées des intérêts des lecteurs : un collabolecteur peut plus faire ça pour 'la gloire', l'image publique, pour s'amuser ... Ça ne devrait sans doute pas être mis au même niveau que le travail des journalistes. Au contraire cela permet d'enrichir un magazine , d'avoir une plume supplémentaire tout en restant cohérent si leur apport est de qualité, il me semble qu'il est intéressant d'avoir des points de vue différents et non formater par un style journalistique. important d'avoir plusieurs opinions On juge l'article et son contenu et pas la personne qui le fait. Les "professionnels" n'ont pas la propriété de l'intelligence et de l'esprit d'analyse. La société ne doit pas être élitiste, chacun doit pouvoir s'exprimer. non si les articles sont de qualite: credibles,reels et objectifs Je pense que la majorité des collaborateurs-rédacteurs écrivent pour gagner un complément de revenu ou des cadeaux. Ils sont prêts à publier des informations plus facilement que des journalistes traditionnels qui vérifient leurs sources. Ceci entraîne une dégradation du métier des journalistes qui doivent travailler plus vite pour moins. La qualité de leur rédaction en pâtit par conséquent! cela permet d'avoir une diversité, d'avoir des articles avec un autre point de vue. Elargir la communication et les échanges de point de vue Oui et Non. Parfois la pertinence de leurs réponses n'est pas à la hauteur de l'article. je suppose qu'un community manager sélectionne à minima idem question précédente voir réponse précédente Il permet d'apporter un autre regard a l'intérieur même du journal/magazine verifient-ils les sources et la fiabilités de leurs informations? Cela dépend de la qualité des contenus publiés. oui, à condition que leur participation soit encadrée. Celà peut compléter l’analyse des "pros" A condition qu'ils soient sélectionnés sur leur pertinence et leur style, ils sont vecteurs d'idées nouvelles. Idem précédemment les articles sont revus par la rédaction, donc ont une légitimité égale au contraire Diversité +++ réponse précédente Lorsque le contenu rédigé par le magazine/journal en ligne est bien distinct de ce qu'écrivent les collaborateurs, cela ne nuit pas. C'est au contraire un plus d'offrir la possibilité a des non-professionnels d'exprimer leur avis. Les lecteurs sont toujours intéréssés par l'avis de personnes qui leur ressemblent. On pourrait comparer cela au courrier des lecteurs que beaucoup de magazines faisaient/font apparaître. Pour la même raison. Je connais des gens dont la plume est vive voire acérée lorsqu'ils sont motivés par tel ou tel sujet. De plus le fait de ne pas en faire une profession est souvent gage d'authenticité. Décrédibilisation de l'objet. Non si cela est clairement indiqué : il y a tout de même une déontologie des journalistes (particulièrement d'enquête - mode verif des sources 3 fois etc) qu'un collabolecteur n'endosse pas. Pour la raison que je viens de citer, à savoir qu'il enrichit le magazine d'un avis 'hors du cadre" peut-être moins expert mais également moins formaté que le journaliste lambda. L'occasion aussi de découvrir des écrivains avec un angle de traitement plus original que des journalistes faisant partie du journal depuis des années... La rédaction d'un bon article est elle réservée seulement aux Journalistes avec un grand J ? Je ne le crois pas, l'implication des collabolecteurs dans un magazine prône une certaine ouverture d'esprit journalistique et rédactionnelle à laquelle je suis assez sensible. Parce que chacun peut être pointu dans son domaine, les laisser participer, pas de manière automatique, mais en filtrant, c'est jouer intelligemment. Surtout le collaborateur prendra plus de temps pour fouiller son sujet celui-ci n'ayant pas forcément de contrainte de temps. La dimension plaisir est essentielle ici, c'est ce qui permet des travaux plus fouillés parfois.. Cela apporte une point de vue plus distant qu'un journaliste qui à la tête plongée dans le sujet. Cela peut aussi refléter le sentiment (une partie) de la communauté vis à vis d'un sujet. Il force les journalistes à être plus actifs. Il repousse les censures. Diversification des points de vue et surtout une forme de désintéressement et de non-course à la quantité de la part de collabolecteurs (ie je fais un article quand j'ai quelque chose d'intéressant à dire et pas parce que je dois écrire des articles sinon je n'ai rien à manger) Différents points de vue, approche. Pas toujours pro Dépend de l'historique de collaboration, s'il est de qualité ou non. Il ne s'agit évidemment pas de laisser n'importe qui publier n'importe quoi il revient au journal de modérer la part faite aux collabolecteurs-rédacteurs Tout dépend des qualités du contributeur. Certains d'entre eux n'ont rien à envier aux journalistes. j'ai dis OUI car cela peut arriver qu'un article rédigé par un collabolecteur puisse porté préjudice à l'image du magazine si par exemple le ton est différent ou alors l'opinion trop démarquée et dérangeante pour le lecteur fidèle au magazine. Tout dépend du niveau d'expertise du "collabolecteur". Parce que certains sont aussi intéressants que les journalistes Plus de compétition, plus de sélection. Règle libérale. Il ne nuit pas, il enrichit Si il y a une sélection, et que c'est en adéquation avec le magazine je n'y vois pas d'inconvénients.

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A 84%, le panel considère que le recours à des collabolecteurs-rédacteurs ne nuit pas à la qualité des contenus d’un magazine/journal en ligne. Les justifications invoquées concernent un plus pour la diversité et l’apport d’un autre regard : «cela permet d'avoir une diversité, d'avoir des articles avec un autre point de vue », « diversité +++ », « sans dévaloriser les articles de professionnels, ce recours à des collaborateurs nourrit le journal de points de vue qui diffèrent de ceux de professionnels, apporte de la profondeur à un sujet » et « l'occasion aussi de découvrir des écrivains avec un angle de traitement plus original que des journalistes faisant partie du journal depuis des années... oui, à condition que leur participation soit encadrée ». Une sélection à l’entrée s’avère clé en revanche : « à condition qu'ils soient sélectionnés sur leur pertinence et leur style, ils sont vecteurs d'idées nouvelles » et « tout dépend du niveau d'expertise du "collabolecteur" ». Les rétifs soulignent surtout le manque de professionnalisme des collabolecteurs : « vérifient-ils les sources et la fiabilités (sic) de leurs informations? », « Parce qu'ils ne sont pas journalistes, n'ont pas l'objectivité essentielle à ce métier, n'ont pas l'éthique indispensable à la rédaction d'article », « il y a tout de même une déontologie des journalistes (particulièrement d'enquête - mode verif des sources 3 fois etc) qu'un collabolecteur n'endosse pas ». Une personne évoque même un intéressement nuisible de la part de ces derniers : « je pense que la majorité des collaborateurs-rédacteurs écrivent (sic) pour gagner un complément de revenu ou des cadeaux. Ils sont prêts à publier des informations plus facilement que des journalistes traditionnels qui vérifient leurs sources. Ceci entraîne une dégradation du métier des journalistes qui doivent travailler plus vite pour moins. La qualité de leur rédaction en pâtit par conséquent! ». Une autre enfin pense qu’il y a une véritable « décrédibilisation (sic) de l’objet ».

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17/ Considérez-vous que les collabolecteurs-rédacteurs aient une crédibilité suffisante pour écrire dans un magazine/journal en ligne ?

17.1/ Pourquoi ? (facultatif) Tout dépend bien entendu de l'internaute et du thème. Mais par exemple, un professeur est selon moi tout à fait crédible s'il écrit un article à propos d'une réforme de l'école. Tant que son statut est précisé et que tout est lisible et facile d'accès, pour un site en ligne, cela semble logique en fonction du sujet traité, un insight de collabolecteur peu-être le bienvenu là où pêche la connaissance du journaliste car si cette personne est choisie par le magazine c'est qu'elle possède les qualités nécessaire pour contribuer à la publication de la revue en question. c'est finalement le nombre de vues d'un article qui fait la différence sur le web, pas le statut de la personne qui a écrit La crédibilité vient du sérieux de l'enquête et de l'argumentation. Pas besoin d être journaliste pour parler de ce que l on connaît/maîtrise Au nom de la démocratie, ce vecteur d'info doit permettre à tous ceux qui le souhaitent de s'exprimer. Le courrier des lecteurs dans les journaux éxiste depuis longtemps. s'ils sont reels, verifiables,de source controlable Toute personne peut s'exprimer et avoir des idées à développer. Ces ceux qui permet la pluralité de notre société. Toutefois, ce qui me dérange, c'est de voir ces articles aux mêmes niveaux que des articles écrits par des pro. la crédibilité va être donner par le responsable des articles en ligne. Point de vue extérieur au magazine/journal a condition de ne pas faire n'importe quoi éviter les dérives excentricitées avoir de collaborateurs sensés tout de même. ils sont souvent experts sur un sujet et membres d'une communauté idem : certains internautes sont tout aussi cultivés et aptes à partager leurs idées ur le net on peut avoir l'identité de n'importe qui et les diplomes les plus extraordinaires...sans controle ni problème Cela dépend évidemment de leur compétence et LEGITIMITE sur le sujet traité!! pourquoi pas ? Même réponse que précédemment. les journalistes ne sont pas forcément attirés et concernés par tous les domaines, les collabo peuvent apporter un savoir unique et original tout dépend de ses qualités rédactionnelles malgré tout Réponse précédentes Tout cela reste à nuancer, difficile de répondre par oui, par non. Qui écrit, sur quoi, à quelle fréquence ? La question de légitimité se pose dès lors que le "collabolecteurs" se voit offrir une liberté totale - écrire sur tout, tout le temps, aucun filtre avant mise en ligne. Tout un sachant qu'un collabo-lecteur n'est pas aussi crédible qu'un journaliste à priori, le lecteur doit être capable, grâce à son sens critique, de déterminer s'il accorde son crédit à l'auteur. Libre à lui de ne plus/pas lire ses articles si ce n'était pas le cas. Bien sûr il faut être prudent et je suppose que l'article est vérifié( éthique du journal, ses objectifs, son orientation...) mais dans ce cadre un non professionnel peut tout à fait avoir une crédibilité lièe à son vécu, sa compétence ... Tendance actuelle au syncrétisme des genres et des fonctions, qui amoindrit la qualité au profit de la quantité et du 1/4 de célébrité Warholien. Parce qu'ils apportent des points de vue significatifs, parfois plus percutants que ce qu'un journaliste se permettrait, ils n'ont pas nécessairement une "crédibilité" à défendre, donc moins de limites et moins de politicly-correct à respecter, pas de ligne éditoriale contraignante ou de rédac-chef mal-luné : leur liberté de prise de parole est appréciée Parce qu'à partir du moment où ils ont les connaissances, la plume, et un ton cohérent avec le magazine qui publie, je ne vois pas pourquoi on devrait leur interdire de s'exprimer. C'est même selon moi enrichissant pour le magazine et le lecteur. En revanche, je peux comprendre que certaines personnes soient encore rétifs à cette pratique, et notamment un lectorat bien particulier (peut-être plus difficile d'être collabolecteurs" à alternatives économiques que sur brain, vice ou pitchfork. Parce qu'ils apportent un point de vu différent et moins formaté. 10h19, un premier mai, laisser libre court à la rédaction et à l'imagination des collabolecteurs en donnant, tout de même, la possibilité au rédacteur en chef du magazine de pouvoir vérifier et valider le travail de chacun ! Mais importance du filtrage La motivation d'écrire un article sur un sujet, implique un intéressement à minima sur le point abordé. Le lecteur en lisant ce type d'article ne cherche pas des informations précises mais un nouvel angle de vue sur le sujet. Donc la crédibilité du collabolecteur n'est pas remise en cause. Les personnes qui prennent le temps d'écrire et de participer sont souvent gens engagés, ils apportent des details de qualité. Si son expérience permet d'écrire sur un sujet x ou y, alors il a la légitimité d'écrire sur ce dernier. Par ex un physicien aura la légitimité pour écrire un article sur les avancées dans le champ de la physique quantique, sujet en outre assez complexe pour un journaliste néophyte en la matière. A la rédaction de décider si le collabolecteur prend le recul journalistique nécessaire pour un tel article, surtout sur des sujets plus touchy (la physique quantique n'en est pas forcément un) Là, c'est selon. Il faut tout de même un certain "tri" de l'équipe éditoriale. Ben ça dépend ! Chercheur contre citoyen Ce n'est pas pareil Chercheur : leur métier Même réponse le statut seul ne fait pas la valeur de l'écrit. Beaucoup d'idées peuvent être exprimées et sont intéressantes, y compris chez des personnes qui n'ont pas le pouvoir ou le statut pour écrire "officiellement". Au titre de leur vécu, souvent différent des journalistes à qui le

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reproche d'appartenir à une caste est souvent fait. Par ailleurs, les écoles de journalisme sont une vaste fumisterie, le métier de journaliste ne s'apprenant pas particulièrement entre 4 murs. Observation, analyse, synthèse et qualité d'écriture sont des qualités indépendantes d'une quelconque formation (même si cette dernière peut aider à leur développement). ce devrait être l'objet de forum de discussion annexe au journal ça dépend vraiment de la personne, de son interactivité et implication avec le lecteur, du type d'article qu'il écrit et du type de journal également. Encore une fois, ça dépend de l'expertise de l'internaute. Cf ci -dessus Plus il y a de compétition, plus y a de sélection Crédibilité peut etre pas, il faut la gagner au fil du temps.

Dans une proportion similaire, les interrogés affirment à 89% que les collabolecteurs ont une crédibilité suffisante pour écrire dans un magazine/journal en ligne. Beaucoup de sondés se justifient par la même réponse que cité précédemment : « cf ci-dessus », « même réponse que précédemment », « réponse précédentes (sic) ». Un interrogé lie même qualité rédactionnelle et crédibilité : « tout dépend de ses qualités rédactionnelles malgré tout ». Du côté des pour, ressort encore une fois l’idée qu’il n’y a pas forcément besoin d’entrer dans un rôle pour pouvoir s’exprimer : « pas besoin d être journaliste pour parler de ce que l on connaît/maîtrise » et « au titre de leur vécu, souvent différent des journalistes à qui le reproche d'appartenir à une caste est souvent fait. Par ailleurs, les écoles de journalisme sont une vaste fumisterie, le métier de journaliste ne s'apprenant pas particulièrement entre 4 murs. Observation, analyse, synthèse et qualité d'écriture sont des qualités indépendantes d'une quelconque formation (même si cette dernière peut aider à leur développement) ». Les collabolecteurs-rédacteurs peuvent ainsi être expert dans un domaine : « cela dépend évidemment de leur compétence et LEGITIMITE sur le sujet traité!! », « ils sont souvent experts sur un sujet et membres d'une communauté » et « les journalistes ne sont pas forcément attirés et concernés par tous les domaines, les collabo peuvent apporter un savoir unique et original ». Ceux qui ont répondu oui à cette question opine également que les collabolecteurs sont plus libres : « parce qu'ils apportent des points de vue significatifs, parfois plus percutants que ce qu'un journaliste se permettrait, ils n'ont pas nécessairement une "crédibilité" à défendre, donc moins de limites et moins de politicly-correct à respecter, pas de ligne éditoriale contraignante ou de rédac-chef mal-luné : leur liberté de prise de parole est appréciée ». La nécessité d’une sélection ressort aussi, une fois : « la crédibilité va être donner (sic) par le responsable des articles en ligne ». Les interrogés ayant répondu non pense qu’un collabolecteur n’est pas aussi crédible qu’un journaliste : « Tout un sachant qu'un collabo-lecteur n'est pas aussi crédible qu'un journaliste à priori, le lecteur doit être capable, grâce à son sens critique, de déterminer s'il accorde son crédit à l'auteur. Libre à lui de ne plus/pas lire ses articles si ce n'était pas le cas ». L’intérêt néfaste est également souligné par une personne : « tendance actuelle au syncrétisme des genres et des fonctions, qui amoindrit la qualité au profit de la quantité et du 1/4 de célébrité Warholien. »

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18/ Considérez-vous que le magazine/journal en ligne perd de sa promesse identitaire en ouvrant sa rédaction ou son capital à ses lecteurs ?

18.1/ Pourquoi? (facultatif) Non puisque selon moi l'une des premières motivation à écrire pour un journal est le désir de partager son avis avec la communauté de lecteurs dont ce sent membre, celle du dit-journal. parce que le lecteur risquerait de trop définir le contenu du journal alors que la presse ne doit pas être tenue par des intérêts économiques. Un site ne vit que par des recettes publicitaires, il risquerait de devenir l’esclave des lecteurs pour pouvoir se maintenir. Un journaliste devrait pouvoir être libre d'écrire sur ce qu'il veut, et sur ce qui est pertinent, sans avoir besoin de plaire à son auditoire non, à partir du moment ou les articles sont bien sélectionnés et corrigés par le lecteur si besoin. Cependant je visualise ces articles comme minoritaires pour que le magazine garde son identité. parce que ce sont les lecteurs qui donnent aussi son identité à un journal (c'est eux qui achètent...) parce qu'il y a toujours la présence d'un garde fou comme un rédacteur ou les "collabolecteurs" Il l'enrichit ! non s il reste majoritaire dans ses ecrits ,dans son capital Généralement, un lecteur choisit les journaux qui sont affinités avec ses idées. (une personne de droite va lire le figaro, un communiste lira l'huma: schématiquement). Le lecteur écrira donc des articles partageant les idées du journal et des autres lecteurs par conséquent. Ça ouvre à un autre horizon et permet de diversifier les points de vue. Non, du moment que cela ne prend pas une place majoritaire dans le journal. au contraire il s'enrichit de ses lecteurs et vice versa non, car c'est ça le web 2.0, la collaboration de tous à tout son capital pourquoi pas : le gens font ce qu'il veulent de leur argent, mais ce n'est pas toujours une garantie d'indépendance journalistique dans certains cas!!! quant à la rédaction , certains lecteurs peuvent s'avérer intéressants mais il faudrait savoir CLAIREMENT QUI ils sont et que les articles soient signés en connaissance de cause pour les simples lecteurs Il paraît plus a l'écoute, plus accessible PARCE QUE DANS TOUS LES CAS LES LECTEURS ONT DROIT DE DONNER UN AVIS Déjà répondu plus ou moins! A mon avis les collabolecteurs peuvent même aider à renforcer l’identité du support Non, s'ils sont sélectionnés en amont les articles écrits par des collabo sont revus par la redaction du journal, de ce fait elle peut ou non décider de le publier en fonction de son orientation. L'identité du journal est donc protégé, puisqu'il ne s'assimile pas à un forum de libre-penseurs un journal participatif est enrichissant pour chacun Oui et non, cela dépend de la qualité et de la profondeur de connaissance du collabolecteur. Idem. Je suppose que les articles ne sont pas pousser online sans une relecture par un rédacteur du magazine, garant du respect de la ligne éditoriale constituante de l'identité du média. Le magazine sélectionnera évidemment ces personnes qui seront impliqué dans sa vie journalistique, et pourra donc les choisir en fonction de leur correspondance avec l'identité qu'il s'est construite. parce que la démarche ne sera pas neutre, relèvera d'un intérêt même si le ton peut être critique ... Bien au contraire, si cela est bien amené et marketé (identification facile, avertissement), cela renforce l'expertise sur un sujet, apporte de nveaux angles, permet aussi au média de s'appuyer sur un socle plus large de connaissance Parce que le journal sélectionne des collabolecteurs qui lui ressemble, les articles ne sont jamais publiés au hasard (et heureusement, il ne faut pas que ce soit l'anarchie la plus complète) Au contraire ! Les personnes souhaitant écrire pour ce journal ont sûrement le même style et partagent généralement les mêmes idées. Donc cela renforce l'identité a condition de rester sélectif Non, c'est une vraie ouverture et encore cela dépend, je pense que le pure player est nécessaire Si le lecteur sait faire la part des choses ou si le magazine/journal le signal par une chartre graphique cela n'enlève rien à l'identité propre du magazine. Bien entendu avec une certaine modération des articles des collabolecteurs en termes de quantité. Car c'est à l'internaute lecteur de savoir faire la part des choses et de distinguer un journaliste d'un collabolecteur. Ca apporte de la fraicheur mais à prendre avec du recul. Oui cela peut être perçu comme une perte si l'on estime que la qualité provient d'une sélection stricte de collaborateurs professionnels, et non du premier venu - même s'il adhère à la même vision que celle promue par le magazine. Ils gardent le control ? Car les lecteurs adhèrent à cette promesse identitaire et y contribuent en ce sens; ou mieux, n'y adhèrent pas forcément et permettent de lever de nouvelles arguments sur le sujet traité pour les mêmes raisons que la question précédente Rien interdit de fixer une ligne éditoriale aux contributeurs. Si ce n'est pas la volonté du média de le faire, la perte d'identité peut être évitée grâce à l'ouverture à la pluralité des idées. cela dépend du degré d'ouverture. Si les articles sont filtrés de par la qualité d'écriture et que la véracité des faits est démontrée, pourquoi pas. Cependant je pense qu'il faut faire une sélection pointue et laisser une majorité aux journalistes afin que leur métier reste reconnu à leur juste valeur tout en laissant une part de liberté aux collabolecteurs. Il peut se faire que la ligne directrice se perde et que les lecteurs ne s'y retrouvent plus Eviter la bulle, confronter acteurs et lecteurs S'ouvrir sur ses lecteurs et leur participation renforce l'identité du journal selon moi

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A un niveau comparable aux questions précédentes relatives à la qualité des articles et à la crédibilité des collabolecteurs, une forte proportion (87%) ne pense pas que le magazine/journal en ligne perde de sa promesse identitaire en ouvrant sa rédaction ou son capital à ses lecteurs. Selon eux, l’identité du média est donnée par les lecteurs eux-mêmes : « parce que ce sont les lecteurs qui donnent aussi son identité à un journal (c’est eux qui achètent!) et « à mon avis les collabolecteurs peuvent même aider à renforcer l’identité du support ». Surtout si les rédactions jouent les garde-fous du point de vue de l’éditorial : « les articles écrits par des collabo sont revus par la rédaction du journal, de ce fait elle peut ou non décider de le publier en fonction de son orientation. L’identité du journal est donc protégé (sic), puisqu’il ne s’assimile pas à un forum de libre-penseurs » et « je suppose que les articles ne sont pas pousser (sic) online sans un relecture par un rédacteur du magazine, garant du respect de la ligne éditoriale constituante de l’identité du média ». La seule limite semble être de l’ordre du quantitatif, les collabolecteurs devant rester minoritaires : du moment que cela ne prend pas une place majoritaire dans le journal », « s’il (le média) reste majoritaire dans ses ecrits, dans son capital », « je visualise ces articles comme minoritaires pour que le magazine garde son identité » et « bien entendu avec une certaine modération des articles des collabolecteurs en termes de quantité ». Les questionnés s’étant positionnés du côté de la perte d’identité justifie leur opinion par un moindre contrôle du média : « oui cela peut être perçu comme une perte si l’on estime que la qualité provient d’une sélection stricte de collaborateurs professionnels, et non du premier venu » ; par le risque de brouiller le lecteur lambda : « il peut se faire que la ligne directrice se perde et que les lecteurs ne s’y retrouvent plus ». Enfin, un questionné soulève la question d’une démarche intéressée de la part des collabolecteurs-rédacteurs : « parce que la démarche ne sera pas neutre, relèvera d’un intérêt même si le ton peut être critique! »

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/ Managers de titres de presse en ligne 1/2

Nom & Prénom Anais Carayon Thibault Dusser Sophie Guignard Poste Rédactrice en chef Fondateur Ex-directrice de la rédaction

Magazine Brain Magazine La Nuit Mag Los Inrockuptibles 1/ Vous considérez-vous comme un « média-marque » ?

Oui Oui Oui

1.1/ Pourquoi ? Brain n'est pas seulement un magazine en ligne. Nous organisons des événements, nous publions des livres et nous faisons des t-shirts. Il y a un esprit et un univers Brain. Aujourd'hui, Brain est donc un media marque.

Je considère personnellement La Nuit Magazine comme une marque-média dans la mesure où l’ensemble de notre contenu répond à une certaine ligne éditoriale, aussi bien dans la forme que dans le style, pour développer une image de marque qui nous est propre.

Nous produisons des contenus, pas uniquement un magazine. Ces contenus suivent tous une ligne directrice et une vision qui définissent et correspondent à la marque, à son positionnement et aux "valeurs" qu'elle souhaite vehiculer. Ces contenus sont le fond, la base de notre activité. La forme, elle, évolue et se réinvente autour de la vision de la marque. Les contenus peuvent donc etre diffusés à travers une plateforme internet, des évenements (expositions, concerts, masterclass etc) et des numéros spéciaux. La marque est ce qui fait le lien entre ces différentes activités, les rend cohérentes entre elles et leur permet de se positionner rapidement face au public.

2/ Que représente pour vous un lectorat fidèle ?

Un lectorat qui consulte régulièrement le site, qui vient à nos soirées et qui achète nos produits.

L'essentiel de nos lecteurs sont très fidèles, car notre contenu est de fait ultra ciblé (géographiquement et socialement). A titre personnel je définirais nos lecteurs fidèles comme ceux qui visitent notre site une à deux fois par semaine. Ces lecteurs jouent un rôle capital pour le magazine car c'est eux qui vont assurer une diffusion à leur entourage via les réseaux sociaux ou le bouche à oreille.

Un lecteur est considéré fidel lorsqu'il achète et/ou lit au moins 4 éditions par an, ou qu'il visite regulierement le site (une fois par mois en moyenne). Aujourd'hui et dans le cas des Inrocks il faudrait amplifier la définition de maniere à inclure les fans et les followers des réseaux sociaux, qui interragissent fréquemment sur nos pages.

3/ Par quel biais fidélisez-vous aujourd’hui votre lectorat ?

La Page Pute est une rubrique qui fidélise particulièrement nos lecteurs. Les gens y viennent plusieurs fois par jour pour certain. On est arrivé à créer une certaines addictions. Evidemment le relai se fait aussi par le biais des réseaux sociaux, qui contribue grandement à la fidélisation du lectorat.

Nous n'avons pas, à proprement dit, de stratégie de fidélisation définies. Toutefois nous entretenons une relation et une proximité forte avec notre lectorat, à travers la mise en place de nombreux concours leurs permettant de gagner des places de concerts et un stratégie de community management management très organique permettant une forte interaction avec nos lecteurs.

En continuant de leur fournir des contenus de qualité et respectant l'"ADN" du magazine. En interractuant avec eux via les reseaux sociaux. En les invitant régulierement à nos evenements. En leur offrant des bénéfices lorsqu'ils s'abonnent.

4/ Avez-vous recours au « marketing éditorial » ?

Oui Oui Oui

4.1/ Pourquoi ? En toute logique, pour en savoir plus sur nos lecteurs. Le résultat de cette enquête peut se trouver ici: http://maison-brain.com/docs/

Je crois que l'on peut parler de marketing éditorial, dans le sens où il nous arrive de produire quelques vidéos, mais celles-ci sont plus souvent utilisé comme

Il est imporant de bien connaitre ses lecteurs afin de bien répondre à leurs attentes.

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complément de contenus que comme réel outil marketing.

5/ Avez-vous ou avez-vous déjà eu recours à un ou des collabolecteur(s)- rédacteur(s) ?

Oui Oui Oui

5.1/ Quel(s) est(sont) son(leur) profil (âge, sexe, occupation) ?

Entre 20 et 30 ans. Aussi bien femme que homme. Le plus souvent étudiant ou prof.

Deux types de collabolecteurs:- Les pro-acts : étudiants d'euromed qui ont validés un pro-act grâce à La Nuit Magazine en participant à la stratégie de développement et partenariats ainsi qu'en collaborant sur la production de contenus (articles, photo, interview). Au total deux filles, un garçon, âgés de 20 à 24 ans.- Collabolecteurs classiques : Travaillent avec nous, surtout pour nous apporter leurs compétences (principalement graphistes, photographie et montages de films, djs et producteurs de musique). Pour le moments aucuns de ces collabolecteur n'a réellement écrit d'article pour La Nuit, bien que nous soyons totalement ouvert à la publication d'un article rédigé par un lecteur. Beaucoup de ces collaborateurs sont étudiants, certains sont dans la vie active. Age entre 20 et 30 ans. Sexe : 60% hommes / 40% femmes

Très rarement, car nous essayons de rémunéner les plumes dans la mesure du possible.

5.2/ Quelle dénomination et quel statut lui(leur) donnez-vous ?

Journaliste pigiste. Pour faire simple.

Pas de statut officiel. Chaque participation est signée et le collaborateur est systématiquement crédité.

Bloggeur invité, collaborateur.

5.3/ Comment aviez-vous communiqué pour qu’il(s) se mette(nt) à écrire pour vous ?

Cela se fait par le biais de rencontres. Ou alors ils viennent à Brain par mail pour proposer des idées.

Comme dit précédemment, nous n'avons pas reçu d'articles spontanés de la part de lecteurs. Toutefois dans notre page à propos de nous, il est clairement indiqué que les lecteurs peuvent nous envoyer des articles ou suggestions.

Ce sont eux qui se manifestent en général, et très peu ecrivent, et principalement pour notre site. Tous les collaborateurs de l'édition papier sont rémunérés.

6/ Avez-vous ou avez-vous déjà eu recours à un(des) collabolecteur(s)-donateur(s) ?

Non Non Non

6.1/ Quel(s) est(sont) son(leur) profil (âge, sexe, occupation) ?

/ / /

6.2/ Quelle dénomination et quel statut lui(leur) donnez-vous ?

/ / /

6.3/ Comment aviez-vous communiqué pour qu’il(s) fasse(nt) un don pour vous ?

/ / /

7/ Selon vous, quelle(s) serai(en)t en général la(les) motivations des collabolecteurs-rédacteurs ?

Se faire plaisir. Avoir des revenus complémentaires. Se faire un nom pour piger dans d'autres magazines.

Visibilité, légitimité, gains d'expérience, fierté... Il est tout simplement gratifiant de voir un contenu que l'on a publié, cautionné et relayé par un média auquel on accorde soit même beaucoup de crédit.

Ecrire aujourd'hui est facile mais etre publié dans un magazine, journal ou site établi est extremement difficile. Les gens écrivent d'abord parce qu'ils ont besoin de partager et donc d'etre lus. Les apprentis journalistes ont également besoin d'etre publiés afin de se faire connaitre et

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eventuellement de décrocher un poste ou des piges dans d'autres rédactions.

8/ Selon vous, quelle(s) serai(en)t en général la(les) motivations des collabolecteurs-donateurs ?

Aucune idée. Soutenir un média que l'on apprécie afin qu'il ne périclite pas. On peut considérer ça comme une petite rétribution gracieuse du plaisir ou service que le média procure au lecteur.

Participer.

9/ Pensez-vous que les collabolecteurs soient des « attachés de presse » efficaces pour vous ?

Oui Oui Oui

9.1/ Pourquoi ? Tout simplement parce qu'ils parlent de Brain, in real life mais aussi sur les réseaux sociaux.

De par leur nombre et leur diversités, ils permettent de couvrir plus de sujets, offrant parfois des points de vues différents.

Oui s'ils sont contents de leur traitement, non si ils finissent frustrés apres quelques collaborations, soit par le manque de perspective, soit par le manque de reconnaissance, ou la non publication de leurs écrits... Il est dfficile de donner baucoup et longtemps sans ne rien attendre en retour.

10/ Considérez-vous que les collabolecteurs aient une crédibilité suffisante pour écrire dans votre magazine/journal en ligne?

Oui Oui Oui

10.1/ Pourquoi ? Brain s'est monté avec ces profils, des gens qui n'avaient jamais écrit avant ont commencé par écrire sur Brain. Aujourd'hui, ils écrivent pour beaucoup des romans ou pigent pour la presse papier.

Nous ne sommes bien entendu pas prêt à laisser tout et n'importe quoi en ligne sur notre site. Toutefois dès lors que le sujet concerne de pret ou de loins notre sujet de prédilection, il est toujours intéressant d'avoir un maximum de contenu. En ce qui concerne la question de la crédibilité, celle-ci est étudiées au moment de la réception du document et le rédacteur en chef (en ce moment Clément) se réserve le droit d'émettre des commentaires sur tout article soumis.

Cela depend bien évidemment de la personne. Les Inrocks sont rédigés par des fans et des specialistes des sujets traités, non par des journalistes professionnels.

11/ Considérez-vous perdre du pouvoir lorsque vous en donnez à vos lecteurs ?

Non Non Non

11.1/ Pourquoi ? J'ai répondu non mais il est vrai que les commentateurs ont une place importante sur un site. Bien trop. On a plusieurs fois songé à supprimer l'option commentaire d'ailleurs.

Avoir des lecteurs actifs permet d'avoir plus de contenus, de resserrer les liens du magazine avec ses lecteurs (même non actifs), d'étendre l'espace de diffusion aux amis ds contributeurs et incite d'autres lecteurs à devenir actif (cercle vertueux).

La decision finale de publier ou nous un papier revient toujours à l'éditeur

12/ Le magazine/journal en ligne remet-il en question la promesse identitaire faite à ses lecteurs en ouvrant sa rédaction ou son capital à ses derniers ?

Non Non Oui

12.1/ Pourquoi ? Je n'y ai pas réfléchi. Le magazine à toujours la décision en dernière instance de publier ou non. D'autre part l'identité du magazine est définie à la fois par ce qu'il

Là encore tout dépend de la façon dont le processus est mené.

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communique, mais aussi par ceux qui suivent ce magazine.

13/ Quel(s) rôle(s) donner aux lecteurs finalement ?

Lire. Et se taire. Nous percevons notre site comme une plateforme fournissant gratuitement un service (que nous pourrions qualifier d'utilité publique). Pour nous le lecteurs est principalement un usager car nous n'avons pas de relation commerciale avec lui. Toutefois comme sur beaucoup de plateforme, l'usager peut à tout moment devenir aussi lui même acteur. Finalement je crois que plus encore que la place du lecteur, c'est la place du média qui à changé, notamment avec les médias en lignes qui offrent une grande place à la participation des lecteurs. Ces médias réussissent à fédérer une communauté autour d'un sujet ou d'une ligne éditoriale et offrent une l'opportunité aux lecteurs de s'exprimer, notamment parce que ces mêmes lecteurs ne sont bien souvent plus des clients, l'essentiel des contenus étant gratuits. Aujourd'hui les principaux clients des médias sont les annonceurs qui cherchent à communiquer via le magazine ou journal, papier ou en ligne. Par conséquent la principal préoccupation des annonceurs sont l’ampleur de la diffusion, la typologie des lecteurs et la relation que le journal peut avoir avec ses lecteurs. Les annonceurs aussi bien que le média lui même trouvent donc tout intérêt à maximiser le nombre de collabolecteurs car ceux-ci permettent d'augmenter quasi-gratuitement le nombre de pages web/print, donc le nombre d'impression pub ; d'augmenter l'audience du magazine ; et renvoient l'image d'une communauté fédérée autour du magazine communiquant presque de lecteurs à lecteurs par l’intermédiaire du journal et par extension lorsqu'une publicité apparait, de consommateur à consommateur.

De plus en plus, les lecteurs souhaitent participer. Il faut leur laisser la possiblite de réagir, d'opiner, mais un magazine ne pouvant et ne devant pas plaire à tout le monde, il faut rester maitre de sa ligne éditoriale en dernier ressort, et savoir intégrer les bons commentaires et les bonnes participations et ignorer ceux et celles qui ne sont pas constructifs, ou qui ne sont pas pertinents pour le titre.

Avez-vous un commentaire quant à cet entretien 2.0 ?

Non. Ton google doc est très beau ! Je t'embrasse.

Tres bien, Mais eviter de faire des questions qui donnent envie de répondre ca dépend... (cad etre le plus specifique possible et appeler à des reponses simples).

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2/2 Nom & Prénom Tom Le Bourhis

Poste Fondateur Rédaction en chef / Equipe fondatrice

Rédaction en chef

Magazine Phonographe Corp Bibiche Paulette 1/ Vous considérez-vous comme un « média-marque » ?

Non Non Oui

1.1/ Pourquoi ? Non dans la mesure où le média-marque est une marque qui devient producteur / éditeur de contenus médiatiques. Pour Phonographe Corp, l'idée de base était de créer un blog traitant des musiques électroniques et des cultures urbaines, donc d'être un média. C'est une activité qui a été inhérente à la création et au développement de la structure.

Bibiche n'est pas une marque, mais un état d'esprit!

car nous l'avons pensé comme tels dès le début avec une identité visuelle forte des valeurs qui nous sont propre et notre histoire et concept singulier autour de la communauté qui crée le magazine

2/ Que représente pour vous un lectorat fidèle ?

Un lectorat qui vous lit et vous suit parce qu'il sait que ce qu'il peut trouver sur le média est de qualité e correspond à ses attentes.

Réactif et actif, sur les réseaux sociaux comme en face à face, qui sait à la fois nous dire quand ça va et surtout quand ça va pas, nous soutenir de n'importe quelle manière (amicalement, financièrement, etc), qui n'a pas peut de prendre notre défense

des lecteurs qui restent actifs dans la communauté et connaissent l'actu du mag même s'ils n'ont pas acheté le dernier numéro

3/ Par quel biais fidélisez-vous aujourd’hui votre lectorat ?

Via les réseaux sociaux, des articles débats, des interviews et du contenu exclusifs, et les jeux-concours.

Facebook, Twitter, distribution du Mag dans des lieux de dépôt proches des lecteurs, jeu concours, soirées événementielles

on essaye de les impliquer le plus possible, c'est notre concept et c'est une super façon de les fidéliser en même temps.

4/ Avez-vous recours au « marketing éditorial » ?

Oui Non Oui

4.1/ Pourquoi ? Pour l'organisation d'évènements principalement. Le site met en valeur et promeut les artistes que nous allons faire jouer à nos propres évènements. C'est une manière pour nous d' "éduquer" notre public.

/ le mieux on connait ses lecteurs, le mieux on se positionne.

5/ Avez-vous ou avez-vous déjà eu recours à un ou des collabolecteur(s)-rédacteur(s) ?

Oui Oui Oui

5.1/ Quel(s) est(sont) son(leur) profil (âge, sexe, occupation) ?

Le même profil que les rédacteurs actuels: étudiants, entre 20 et 25 ans, passionnés de musique.

Âge : entre 23 et 56 Sexe : gros - plus sérieusement, majoritairement féminin Profession : diverses (métiers du web, graphite, rédacteurs)

divers et variés, notre magazine étant participatif il ya tout type de profils et le plus jeune avait 12 ans mais une plume incroyable !

5.2/ Quelle dénomination et quel statut lui(leur) donnez-vous ?

Celui de contributeur. Les Bibichons rédacteurs - bénévoles

des Paulette et des Georges, des contributeurs aux magazine, bénévoles car non rémunérés.

5.3/ Comment aviez-vous communiqué pour qu’il(s) se mette(nt) à écrire pour vous ?

Les contributeurs appartenaient à nos cercles d'amis ou à notre entourage.

Ce sont des amis comme c'est notre concept d'être participatif, les gens se font passer le mot, c'est écrit sur notre site et on communique beaucoup sur les réseaux sociaux

6/ Avez-vous ou avez-vous déjà eu recours à un(des) collabolecteur(s)-donateur(s) ?

Non Non Oui

6.1/ Quel(s) est(sont) son(leur) / / divers et variés

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profil (âge, sexe, occupation) ? 6.2/ Quelle dénomination et quel statut lui(leur) donnez-vous ?

/ / contributeurs bénévole

6.3/ Comment aviez-vous communiqué pour qu’il(s) fasse(nt) un don pour vous ?

/ / via mymajorcompany, et nos réseaux sociaux

7/ Selon vous, quelle(s) serai(en)t en général la(les) motivations des collabolecteurs-rédacteurs ?

Aider au développement d'un projet qui met en avant une culture ou un univers qu'ils apprécient.

Qu'ils en aient pour leur argent! être publié, se faire connaitre, avoir une jolie référence, tester sa plume, sentir qu'on participe à l'élaboration d'un projet collectif

8/ Selon vous, quelle(s) serai(en)t en général la(les) motivations des collabolecteurs-donateurs ?

L'aide au développement. Qu'ils en aient pour leur argent! sentir qu'on participe à l'élaboration d'un projet collectif

9/ Pensez-vous que les collabolecteurs soient des « attachés de presse » efficaces pour vous ?

Non Oui Oui

9.1/ Pourquoi ? Le terme "attaché de presse" est un peu péjoratif ici. Je pense que ce sont des personnes qui aident au développement du média et à la diffusion des articles via leur propre réseau.

Parce qu'on ne vend jamais aussi bien quelque chose que quand on y croit sur comme fer

il se sentent partie prenante du succès du magazine, impliqué dans le projet, ils deviennent d'ailleurs de véritables ambassadeurs du magazine !

10/ Considérez-vous que les collabolecteurs aient une crédibilité suffisante pour écrire dans votre magazine/journal en ligne?

Oui Oui Oui

10.1/ Pourquoi ? Si leur style est bon, s'ils ont des références et qu'ils savent de quoi ils parlent, alors oui ils ont une crédibilité suffisante pour écrire dans mon webzine.

Parce que ! ils sont les premiers lecteurs donc oui + nous avons une equipe de redac interne pour recadrer et maintenir la ligne editoriale, impulser des sujets...

11/ Considérez-vous perdre du pouvoir lorsque vous en donnez à vos lecteurs ?

Non Non Non

11.1/ Pourquoi ? Parce qu'une ligne éditoriale est quelque chose d'important, c'est l'essence du média et elle ne peut être décidé par les lecteurs eux-mêmes.

Sans lectorat, on n'existe pas on choisi nos contributeurs

12/ Le magazine/journal en ligne remet-il en question la promesse identitaire faite à ses lecteurs en ouvrant sa rédaction ou son capital à ses derniers ?

Non Non Non

12.1/ Pourquoi ? Car les lecteurs participent directement à l'élaboration de cette promesse identitaire en leur ouvrant le capital ou la rédaction de certains médias.

Le collaboratif, y'a que ça de vrai

nous sommes là pour maintenir la ligne editorial et l'identité de la marque

13/ Quel(s) rôle(s) donner aux lecteurs finalement ?

De diffuseur de l'informations. Participatif, consulatif, partenaire, critique, etc

celui de lecteurs - pas compris la question

Avez-vous un commentaire quant à cet entretien 2.0 ?

Non, rien de plus. Je l'ai fait à temps en tout cas !

Non! ça prend plus de 2 min :D

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1/ et 1.1/ Les managers de titres de presse en ligne interrogés considèrent pour la plupart que

leur média est une marque. Ceux de Paulette mettent en avant l’aspect différenciateur que leur positionnement procure : « concept singulier ». Les termes « identité » et « valeurs » ressortent également chez eux, tout comme chez Sophie Guignard, ex-directrice de la rédaction de Los Inrockuptibles. Pour ce dernier magazine, l’important reste les contenus, qui suivent une « ligne directrice » et « une vision » correspondant à la « marque ». Cette « marque » représente alors le dénominateur commun des « différentes activités ». L’ensemble forme selon Anais Carayon de Brain Magazine « un esprit et un univers », accompagnés d’une « image de marque » selon Thibault Dusser (La Nuit Mag). Pour Tom Le Bourhis (Phonographe Corp) et la co-fondatrice de Bibiche, leur magazine respectif n’est pas une marque, ne voyant leur média avant tout comme un « éditeur de contenus médiatiques » et un « état d’esprit ». Soit deux approches nébuleuses non vraiment justifiées. 2/

Les six managers de titres de presse en ligne sont unanimes pour définir un lectorat fidèle comme un ensemble de personnes qui « consulte régulièrement le site » (Anais Carayon), « visite régulièrement » voire « achète et/ou lit au moins 4 éditions par an » (Sophie Guignard), ou « une à deux fois par semaine » selon Thibault Dusser. Les « fans » et « followers » (Sophie Guignard), ceux qui « li(sent) et vous sui(vent) » (Tom Le Bourhis) sur les « réseaux sociaux » (Bibiche) en font également partie. Bibiche met surtout l’accent sur la notion de « soutient » de lecteurs « réactif(s) et actif(s) » tout comme Paulette (« actifs »). Anais Carayon, elle, va plus loin : « qui vient à nos soirées et qui achète nos produits ». 3/

La fidélisation de leur lectorat passe en majorité par les « réseaux sociaux » (Anaïs Carayon, Thibault Dusser, Sophie Guignard, Tom Le Bourhis et Bibiche), des « concours » (Thibault Dusser, Tom Le Bourhis, Bibiche), ou des « soirées » (Sophie Guignard, Bibiche). La « qualité » des contenus est également à considérer, mis en valeur notamment par des rubriques comme la « Page Pute » de Brain Magazine qui court à « l’addiction » chez certains lecteurs. Pour La Nuit Mag et Paulette, même s’il n’y a « pas à proprement dit (sic) de stratégie de fidélisation » (Thibault Dusser), ils essayent « de les (lecteurs) impliquer le plus possible » (Paulette). Offrir des « bénéfices » exclusifs aux « abonnés » est enfin un autre moyen pour Los Inrockuptibles de fidéliser leur audience. 4/ et 4.1/ Des six managers de magazine/journal en ligne, seul Bibiche admet ne pas avoir recours au marketing éditorial. Pour Brain Magazine, Los Inrockuptibles et Paulette, il s’agit de « savoir plus », « bien connaître » pour se « positionner » ou répondre aux « attentes » des lecteurs. La Nuit Mag et Phonographe Corp, par la voix de leur représentant, évoquent davantage des « contenus » comme des « vidéos », ou une promotion d’artistes jouant à leurs « propres évènements », pour « éduquer (leur) public » (Tom Le Bourhis). 5/ et 5.1/

Les six magazines interrogés accueillent dans leur rédaction des collaborateurs-rédacteurs. Même si cela se fait « rarement » pour Los Inrockuptibles, les autres titres de presse eux l’assument et mettent en avant un profil proche de leur cible, finalement : « entre 20 et 25 ans » pour Phonographe Corp, « entre 23 et 56 » pour Bibiche, « entre 20 et 30 ans » pour Brain Magazine. Ils sont souvent « étudiants » (Brain Magazine, La Nuit Mag) ou « profs » (Brain Magazine), autant « hommes que femmes ». De manière globale, ils viennent d’horizons « divers et variés » (Paulette).

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5.2/ Les termes employés pour désigner les personnes extérieures au titre de presse en

ligne écrivant des articles, synonymes de collabolecteurs-rédacteurs finalement, restent classiques : « contributeur » (Phonographe Corp), « rédacteurs – bénévoles » (Bibiche), « contributeurs » et « bénévoles » (Paulette), « journaliste pigiste » (Brain Magazine), « collaborateur » (La Nuit Mag, Los Inrockuptibles). Bibiche avec ses « Bibichons » et Paulette avec ses « Paulette » et « Georges » ont même personnalisé le nom utilisé. 5.3/

Bien qu’ils mettent en avant la possibilité de participer à leur magazine, notamment La Nuit Mag : « il est clairement indiqué que les lecteurs peuvent nous envoyer des articles ou suggestions » ; et Paulette : « c’est écrit sur le site » et « on communique beaucoup sur les réseaux sociaux » ; la plupart des collabolecteurs-rédacteurs se présentent spontanément aux titres de presse en ligne : « Ce sont eux qui se manifestent » (Los Inrockuptibles) ; par le bouche-à-oreille : « les gens se font passer le mot » (Paulette) ; ou sont directement des « amis » (Phonographe Corp, Bibiche, Brain Magazine) ou des personnes de leur « entourage » (Phonographe Corp). 6/ et 6.1/ et 6.2/ et 6.3/

Seul Paulette a déjà eu recours a des collabolecteurs-donateurs, de profils« divers et variés » dénommés « contributeurs bénévole (sic)», attirés sur les « réseaux sociaux ». 7/

Selon les managers de titres de presse en ligne, leurs collabolacteurs-rédacteurs sont motivés par la volonté de « se faire connaître » (Paulette) ou d’avoir une « visibilité » (La Nuit Mag), se « faire un nom » (Brain Magazine), « avoir une jolie référence » (Paulette) pour ensuite piger dans « d’autres magazines » (Brain Magazine) ou « d’autres rédactions » (Los Inrockuptibles), contribuer à un projet (« aider au développement » selon Tom Le Bourhis, « sentir qu’on participe à l’élaboration d’un projet collectif » pour Paulette). La motivation financière ne ressort que chez Brain Magazine : « avoir des revenus complémentaires ». 8/

La visée des collabolecteurs-donateurs reste pour les managers de magazine/journal en ligne la collaboration: « participer » (Paulette, Los Inrockuptibles) ; ou le soutien, « une rétribution gracieuse » (La Nuit Mag), synonyme « d’aide » (Tom Le Bourhis). 9/ et 9.1/

Les managers interrogés opinent pour la forte majorité que leurs collabolecteurs sont de bons « attachés de presse » : ce sont de « véritables ambassadeurs » (Paulette) qui parlent du magazine « in real life » (Brain Magazine) et sur les « réseaux sociaux » (Brain Magazine) car « partie prenante », « impliqué » (Paulette). Los Inrockuptibles tient cependant à nuancer : « oui s’ils sont contents », « non s’ils finissent frustrés » par « le manque de perspective », « le manque de reconnaissance », ou la « non publication de leurs écrits ». Pour Tom Le Bourhis, le terme « attaché de presse » est même considéré comme « un peu péjoratif ».

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10/ et 10.1/ A l’unanimité, les six managers de titres de presse en ligne pensent que les

collabolecteurs-rédacteurs ont une crédibilité suffisante pour écrire dans le magazine/journal : « si leur style est bon, s’ils ont des références et qu’ils savent de quoi ils parlent » (Phonographe Corp). Pour Los Inrockuptibles : « Les Inrocks sont rédigés par des fans et des spécialistes » avant tout. Brain Magazine avance même que leur titre s’est monté avec « ces profils, des gens qui n’avaient jamais écrit avant ». Le tout sous réserve d’un « cadre » : la crédibilité est étudiée par le « rédacteur en chef » (La Nuit Mag), « nous avons une équipe de rédac interne pour recadrer et maintenir la ligne éditoriale » (Paulette). 11/ et 11.1/ Les six titres de presse en ligne, par l’intermédiaire de leur manager respectif déclarent ne pas perdre du pouvoir lorsqu’ils en donnent à leurs lecteurs. Sophie Guignard rappelle que « la décision finale de publier (!) revient toujours à l’éditeur ». Paulette, lui, « choisi (sic) » ses contributeurs et Phonographe Corp souligne que la « ligne éditoriale est quelque chose d’important » et qu’elle « ne peut être décidé (sic) par les lecteurs eux-mêmes ». La Nuit Mag voit ce recours comme un « cercle vertueux » tandis que Brain Magazine pense que les commentaires prennent une « place importante sur un site. Bien trop ». 12/ et 12.1/

Pour presque tous - sauf Los Inrockuptibles qui a nuancé son propos - il n’y a pas remise en question de la promesse identitaire faite aux lecteurs. Là ici, l’argument principalement avancé est que « le magazine a toujours la décision en dernière instance » (La Nuit Mag) : « nous sommes là pour maintenir la ligne éditorial (sic) et l’identité de la marque » (Paulette). Tom Le Bourhis pour Phonographe Corp précise que les lecteurs participent par ce biais « directement à l’élaboration de cette promesse identitaire ». Et Thibault Dusser de rappeler : « l’identité du magazine est définie à la fois par ce qu’il communique, mais aussi par ceux qui suivent ce magazine ». 13/

Les managers questionnés, hormis l’assurément second degré d’Anaïs Carayon (« Lire. Et se taire. ») ont conscience que le rôle des lecteurs s’est enrichi : « participatif, consultatif, partenaire, critique, etc » (Bibiche). La Nuit Mag opine que cette « participation des lecteurs » permet de « fédérer une communauté ». Selon ce magazine en ligne, ils sont certes « usager(s) », mais bien « souvent plus (que) des clients ». Los Inrockuptibles ajoute une variable qualité à cette participation autorisée : il faut « savoir intégrer les bons commentaires et les bonnes participations et ignorer ceux et celles qui ne sont pas constructifs ou qui ne sont pas pertinents pour le titre ».

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/ Collabolecteurs-rédacteurs 1/2

Nom & Prénom Guillaume Blot Diane Guinot Alexandre Hervaud 1/ Pour quel(s) magazine(s)/journal(aux) en ligne écrivez-vous ou avez-vous déjà écrit ?

Brain Magazine, Los Inrocks, Radio Nova, Paplar, BETC Music, Phonographe Corp

www.from-paris.com, http://www.itsaoao.com/, http://www.megaconnard.com/, www.chanel-news.com

Slate.fr / LeMouv.fr / LesInrocks.com / Vodkaster.com / Rue89.com / Ecrans.fr / Fragil.org / Telerama.fr / Reviewer.fr

1.1/ Indiquez pour chacun le nombre d’articles écrits ?

Brain : 10, BETC : 2, Phonographe : 2, Los Inrocks : 1, Paplar : 1

En moyenne 5 pour chaque Ecrans, Slate, Vodkaster : beaucoup LesInrocks : une dizaine Fragil.org 4 ou 5 Reviewer : 2 Rue89 : 3 Télérama : 1

2/ Quelle(s) est(sont) votre(vos) motivation(s) à écrire pour un magazine/journal en ligne ?

M'exprimer, exercer ma plume, faire partie d'une équipe rédactionnelle, affirmer mon identité, accéder plus facilement à des événements.

Envie de partager mes centres d'intérêts, appartenir à une team qui partage mes centres d'intérêts, gagner en crédibilité (auprès de futurs employeurs, par exemple pour justifier d'une réelle passion pour la mode) et en compétences.

1) volonté de partager une trouvaille (artiste, etc.) ou une analyse en touchant un plus ou mois large public 2) ne pas subir le formatage (en taille/style) du papier 3) choper des accreds 4) gagner des sous

3/ Etait-ce suite à une(plusieurs) campagne(s) de communication de la part d’un(des) magazine(s)/journal(aux) en ligne que vous avez décidé d’écrire pour lui(eux)?

Non Non Non

3.1/ Qu’avai(en)t-elle(s) de particulier ?

/ / /

4/ Quelle dénomination vous définirait le mieux ?

Collaborateur Autre Pigiste, chroniqueur

5/ Etes-vous attaché(e) au(x) magazine(s)/journal(aux) pour le(s)quel(s) vous écrivez ?

Oui Oui Oui

5.1/ Est-ce : Emotionnellement Emotionnellement Emotionnellement / Politiquement 6/ Etes-vous fidèle au(x) magazine(s)/journal(aux) pour le(s)quel(s) vous écrivez ?

Oui Non Oui

6.1/ Qu’est-ce qui vous rendrait fidèle à celui(ceux)-ci ?

/ Mise en place d'une newsletter interne ou d'un cercle privé avantageux pour les rédacteurs/contributeurs

/

7/ A qui parlez-vous du(des) magazine(s)/journal(aux) en ligne pour le(s)quel(s) vous écrivez ?

Amis Autre Amis

8/ Quand l’un de vos articles est publié, comment communiquez-vous dessus ?

Réseaux sociaux & IRL Facebook, Twitter, Instagram Je fais ma grosse chienne des réseaux sociaux et balance la purée via Twitter / Facebook / Tumblr / Google Plus, en tentant de varier la formulation pour chaque réseau.

9/ Pourquoi pensez-vous que le(s) magazine(s)/journal(aux) en ligne vous laisse(nt) écrire et publie(nt) votre(vos) article(s)

Equipe rédactionnelle plus fournie, recours à des experts, fidéliser

Intérêt du sujet, par amitié, pour mon réseau

Parce que je sais écrire (j'espère), que j'ai (un peu) d'expérience et une (relative) force de frappe sur les réseaux sociaux.

10/ Adaptez-vous votre style d’écriture en fonction du(des) magazine(s)/journal(aux) en ligne pour le(s)quel(s) vous écrivez ?

Oui Oui Oui

10.1/ Pourquoi ? La ligne éditoriale et le lectorat ne sont pas les mêmes.

Pour rester cohérent dans la ligne éditoriale, l'idendité du webzine = Chanel <>

Le lectorat de télérama.fr n'est pas celui de lesinrocks.com (souvent)

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Megaconnard ! 11/ Partagez-vous les valeurs du/des magazine(s)/journal(aux) pour le(s)quel(s) vous écrivez

Oui Oui Oui

12/ Considérez-vous que le magazine/journal en ligne perd de sa promesse identitaire en ouvrant sa rédaction à ses lecteurs?

Non Non Non

12.1/ Pourquoi ? / / / Avez-vous un commentaire quant à cet entretien 2.0 ?

C'était très bien. Mis à part un choix trop limité pour répondre à la question quant aux personnes en direction desquelles je communique mes articles. Bisous.

Il faut cependant souligner que tout le monde ne peut etre rédacteur ou contributeur. Si le lecteur peut être fan du webzine, il n'en est pas moins reporter/rédacteur/contributeur. Cela nécessite en effet de vraies capacités journalistiques, organisationnelles ou de communication, qui vont au delà d'un simple intérêt pour le sujet pour lequel le lecteur s'intéresse.

Non c'était sympa.

2/2 Nom & Prénom Côme Tessier Cindy Thierriaz Thomas Rietzmann

1/ Pour quel(s) magazine(s)/journal(aux) en ligne écrivez-vous ou avez-vous déjà écrit ?

Journal Europa, Horsjeu.net. empreintes-digitales Spank Magazine, Brain Magazine, Pose Mag.

1.1/ Indiquez pour chacun le nombre d’articles écrits ?

Environ 60 pour Horsjeu (estimation à la louche), une dizaine pour le Journal Europa.

une quinzaine 5 pour Pose Mag, 4 pour Spank Magazine, plus d'une quarantaine pour Brain Magazine.

2/ Quelle(s) est(sont) votre(vos) motivation(s) à écrire pour un magazine/journal en ligne ?

Tout d'abord une question de plaisir ; puis la volonté de faire partie d'une démarche collective (pour Europa) ; enfin une démarche quasi « formatrice », avoir l'occasion de m'entraîner à écrire, d'être publié...

la passion pour le/les sujets choisis, une liberté d'ecriture, appartenance à un projet

Pouvoir rebondir de façon instantané sur l'actualité. J'aime aussi cette possibilité que nous laisse l'écriture sur internet de parsemer nos articles d'hyperliens en tous genres, pour indiquer au lecteur une référence qu'il serait peut-être autrement incapable de comprendre, parfois même une blague.

3/ Etait-ce suite à une(plusieurs) campagne(s) de communication de la part d’un(des) magazine(s)/journal(aux) en ligne que vous avez décidé d’écrire pour lui(eux)?

Oui Non Non

3.1/ Qu’avai(en)t-elle(s) de particulier ?

Pas grand chose, si ce n'est de rappeler que la porte était ouverte.

/ /

4/ Quelle dénomination vous définirait le mieux ?

Rédacteur Pigiste, rédacteur Collaborateur, pigiste, rédacteur

5/ Etes-vous attaché(e) au(x) magazine(s)/journal(aux) pour le(s)quel(s) vous écrivez ?

Oui Non Oui

5.1/ Est-ce : Emotionnellement, spirituellement, autre

/ Emotionnellement / Spirituellement

6/ Etes-vous fidèle au(x) magazine(s)/journal(aux) pour le(s)quel(s) vous écrivez ?

Oui Oui Oui

6.1/ Qu’est-ce qui vous / / /

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rendrait fidèle à celui(ceux)-ci ? 7/ A qui parlez-vous du(des) magazine(s)/journal(aux) en ligne pour le(s)quel(s) vous écrivez ?

Amis Autre Amis

8/ Quand l’un de vos articles est publié, comment communiquez-vous dessus ?

Si je communique dessus, Twitter. (+ lien sur le Facebook de mon pseudonyme pour Horsjeu)

Facebook/bouche à oreille Via partage “Twitter, Facebook/Twitter/Blog personnel.

9/ Pourquoi pensez-vous que le(s) magazine(s)/journal(aux) en ligne vous laisse(nt) écrire et publie(nt) votre(vos) article(s)

Parce qu'on apporte du contenu (et plus y en a, mieux c'est). Mais aussi un peu parce qu'ils « s'en foutent », et un peu parce qu'on est cool au fond. Et surtout, parce que si on a fait le choix d'écrire pour eux, ils font confiance.

une vision exterieure et neuve/ sans rémunération/ une personnalité qui colle à la ligne éditoriale

Le ton de mes articles est raccord avec celui du magazine en question. L'avantage de ce type de magazines est également de jouir d'une liberté quasi totale quant aux sujets que l'on souhaite traiter.

10/ Adaptez-vous votre style d’écriture en fonction du(des) magazine(s)/journal(aux) en ligne pour le(s)quel(s) vous écrivez ?

Oui Non Non

10.1/ Pourquoi ? Ecrire pour Horsjeu, c'est avoir un espace entièrement libre. Long, court, images à outrance... Tout est permis. Au final, les deux médias se ressemblent dans le ton, qui est toujours « décalé » (encore qu'il y a moins de blagues « anales » à Europa) mais Europa a une démarche plus sérieuse et surtout plus calibré, auquel il faut s'adapter.

car c'est l'interet d'ecrire pour des magazines en ligne de maniere bénévole, c'est de pouvoir s'exprimer à travers l'ecriture, traiter des sujets avec son propre ton.

Un peu d'ajustement a été nécessaire sur les tout premiers articles, mais très vite, j'ai saisi ce qu'on attendait de moi et l'ai conjugué avec ce que j'étais capable de proposer.

11/ Partagez-vous les valeurs du/des magazine(s)/journal(aux) pour le(s)quel(s) vous écrivez

Oui Oui Oui

12/ Considérez-vous que le magazine/journal en ligne perd de sa promesse identitaire en ouvrant sa rédaction à ses lecteurs?

Non Non Non

12.1/ Pourquoi ? / / / Avez-vous un commentaire quant à cet entretien 2.0 ?

C'est assez perturbant ce choix de néologisme, « collabolecteur ». Et je ne sais pas si ça transparaît dans mes réponses, donc j'insisterai un peu sur le fait que ce qui a compte pour moi, dans ma démarche de commencer à rédiger pour des articles, c'est l'amour pour ces deux médias que j'avais et l'envie d'apporter ma pierre à l'édifice, de participer au projet parce que j'y crois, à l'un comme l'autre. Et aussi que ces formes de collaborations, ce sont des moyens d'avoir une relative indépendance dans l'écriture, chose très appréciable. Bon courage à toi !

A l'heure actuelle, les magazines en ligne sont tellement nombreux que forcement les lecteurs assidus et les "rédacteurs" en quête de pige ont des affinités avec le magazine qu'ils vont suivre. C'est une bonne chose, car ils ont une vision nouvelle et un large panel de sujets à mettre à disposition du magazine gratuitement. Le turn-over est en général assez elevé mais ça augmente sans aucun doute la viralité.

J'espère t'avoir été d'une quelconque utilité, aussi minime soit-elle !

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1/ et 1.1/ Les collabolecteurs-rédacteurs interrogés écrivent la plupart du temps pour des pure

players : Brain Magazine, BETC Music, From Paris, Slate.fr, Reviewer.fr, Empreintes Digitales, Horsjeu.net, Spank Magazine! Chacun a écrit en moyenne une vingtaine d’articles, sauf Alexandre Hervaud, Thomas Rietzmann (plus de 50) et Côme Tessier (plus de 70). 2/

A part Thomas Rietzmann, dont l’unique motivation est de « pouvoir rebondir de façon instantané (sic) sur l’actualité » et Alexandre Hervaud qui en évoquent d’autres, tous les enquêtés ont mis en avant l’appartenance à un groupe : « faire partie d’une démarche collective » (Côme Tessier), « appartenance à un projet » (Cindy Thierriaz), « faire partie d’une équipe rédactionnelle » (Guillaume Blot), « appartenir à une team » (Diane Guinot). L’envie de s’exprimer est également cité de nombreuses fois : « m’exprimer » (Guillaume Blot), « partager mes centres d’intérêts » (Diane Guinot), « partager une analyse » (Alexandre Hervaud). L’aspect formateur est aussi à souligner : « m’entraîner à écrire, à être publié » (Côme Tessier), « gagner en (!) compétences » (Diane Guinot), « exercer ma plume » (Guillaume Blot). Pouvoir accéder à des événements est aussi mis en avant : « choper des accreds » (Alexandre Hervaud), « accéder plus facilement à des événements » (Guillaume Blot). Enfin, l’aspect rémunérateur de la pige est mis en valeur par Alexandre Hervaud, en dernier sur sa liste : « gagner des sous ». 3/ et 3.1/

Seul Côme Tessier a été sensible et encouragé par une communication de la part du/des magazine(s) en ligne pour lequel il écrit (Horsjeu.net et Journal Europa). Une campagne qui, selon ses dires, n’avait « pas grand-chose » de particulier, « si ce n’est de rappeler que la porte était ouverte ». Les autres ont tous répondu par la négative. 4/

Les collabolecteurs-rédacteurs se dénomment principalement comme « rédacteur » (Côme Tessier, Cindy Thierriaz, Thomas Rietzmann), « collaborateur » (Guillaume Blot, Thomas Rietzmann), « pigiste » (Alexandre Hervaud, Cindy Thierraz, Thomas Rietzmann). Diane Guinot ne s’est, elle, pas auto-baptisée : « autre ». 5/ et 5.1/

Tous les enquêtés, hormis Cindy Thierriaz, admettent être attachés aux magazines/journaux en ligne pour lesquels ils écrivent. L’attachement « émotionnel » fait l’unanimité, « spirituel » ressort pour Côme Tessier et Thomas Rietzmann et « politique » uniquement pour Alexandre Hervaud. 6/ et 6.1/

Mis à part Diane Guinot qui deviendrait fidèle à la condition de recevoir une « newsletter interne » ou de faire partie « d’un cercle privé avantageux », les cinq autres collaborateurs-rédacteurs considèrent être loyaux envers les titres de presse en ligne pour lesquels ils écrivent. 7/ et 7.1/

Les collaborateurs-rédacteurs communiquent leurs articles principalement à leurs amis. Surtout via les « réseaux sociaux » : « Facebook, Twitter, Instagram » (Diane Guinot), « Twitter, Facebook, Tumblr » (Alexandre Hervaud), « Twitter (!) Facebook » (Côme Tessier), « Facebook » (Cindy Thierriaz) et « Facebook/Twitter/Blog personnel » pour Thomas Rietzmann. Cindy Thierriaz (“bouche à Oreille”) et Guillaume Blot (“IRL”) mettent en avant la transmission physique de l’information.

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8/ et 9/ Les enquêtés pensent que leurs magazines/journaux en ligne les laissent écrire

parce qu’ils apportent « du contenu » (Côme Tessier), font que l’équipe rédactionnelle est « plus fournie » (Guillaume Blot), une « vision extérieure et neuve » (Cindy Thierriaz), peuvent être « des experts » (Guillaume Blot), savent « écrire » (Alexandre Hervaud). Diane Guinot avance « par amitié » et Alexandre Hervaud loue lui sa « force de frappe sur les réseaux sociaux ». 10/ et 10.1/

L’opinion globale est moins tranchée au sujet de la nécessité ou non d’adapter son style d’écriture au magazine/journal en ligne. Du côté de ceux pensant qu’arranger le ton est primordial, Alexandre Hervaud met en avant son expérience personnelle : « Le lectorat de télérama.fr n’est pas celui de lesinrocks.com (souvent) » tout comme Diane Guinot : « Chanel ! Megaconnard ! ». Guillaume Blot opine également que « la ligne éditoriale et le lectorat ne sont pas les mêmes ». Thomas Rietzmann, admet avoir quelque peu ajusté son style au début. Cindy Thierriaz considère a contrario que le collaborateur-rédacteur doit traiter les sujets avec son « propre ton ». 11/

Les six collabolecteurs-rédacteurs enquêtés déclarent à l’unanimité partager les valeurs des magazines/journaux pour lesquels ils écrivent respectivement. 12/

Dans le même sens, tous jugent que les titres de presse en ligne ouvrant la rédaction à leurs lecteurs ne perdent en aucun cas la promesse identitaire faite.

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/ Collabolecteurs-donateurs 1/2

Nom & Prénom Solène Di Paolo Aziliz Le Brun Naima Orville Paoli 1/ Pour quel(s) magazine(s)/journal(aux) en ligne avez-vous déjà fait un don ?

Juste Bibiche pour le moment

Pour le "Journal Europa" : magazine indépendant d'information européenne. (Gratuit) http://www.journaleuropa.info/

Paulette J'ai fait deux (modestes) donc pour Gonzai. J'écris pour une web-revue culturelle qui s'appelle "La revue Y", on a un blog et la revue est téléchargeable en pdf. C'est une ex-camarade de cours qui a eu cette idée de monter ce truc, ça m'a bien plu, donc j'ai accepté. On fait tous ça pour le plaisir, c'est totalement informel (on n'est même pas une asso...) et c'est assez drôle car on ne s'est jamais réunis en vrai (je ne connais que 2 autres rédacteurs, sur une petite dizaine) : merci Internet !

1.1/ Indiquez pour chacun le nombre de dons effectués et le montant

20" Je n'ai effectué qu'un don le mois dernier d'une"modeste" somme de 7 euros.

2" Gonzai : 2 dons de 7 " La revue Y : une petite dizaine d'articles données ;)

2/ Quelle(s) est(sont) votre(vos) motivation(s) à faire un don pour un magazine/journal en ligne ?

Les créatrices sont des amies d'une amie proche, elle m'a parlé de leur projet. Par curiosité, je me suis abonnée à leurs différents médias de communication (Facebook, Twitter) et visionné les différents teaser. Leur personnalité et le tonde leurs post sur les réseaux sociaux m'ont plus ainsi que les échos que je pouvais avoir de la part de mon amie sur l'avancée du projet. Quand elles ont lancé un appel de don pour franchir la dernière ligne droite Ulule je me suis lancée. Il ne leur manquait pas grand chose comme somme, 20" c'est un Mac Do et là c'était beaucoup plus productif comme dépense :-)

Je connais personnellement le rédacteur en chef et trois collaborateurs de ce journal. Je le lis depuis deux ans et j'apprécie tout particulièrement le style de ce magazine. Sans hésitation, et avec mon petit budget étudiant, j'ai soutenu ce projet que je juge intéressant. Il existe depuis 9 ans et fait parti de la scène nantaise, je trouvais donc inconcevable qu'il disparaisse du paysage médiatique de cette ville. Par ailleurs je pourrai recommencer à faire un don pour ce magazine ou un autre dans l'avenir puisque je pense que la diversité des médias est importante.

Le trouver dans un kiosque et de dire " grâce a mes 2" j'ai contribué a sa création

(donnés*) Je suis tombée totalement par hasard, à plusieurs reprises, sur le projet Gonzai : leur site, leurs statuts facebook, leurs conférences à la Gaité Lyrique... J'y ai donc jeté un coup d'oeil, et leur aspect totalement "à l'arrache", m'a vraiment fait rire. Alors je me suis dit pourquoi pas donner un peu, même si c'est pas beaucoup, pour les aider à atteindre leur objectif de récolte et aussi pour pouvoir les lire ! J'ai aussi partagé ce lien Ulule (je crois) via la page facebook de ma revue, pour essayer de diffuser un peu plus leur projet...

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3/ Etait-ce suite à une(plusieurs) campagne(s) de communication de la part d’un(des) magazine(s)/journal(aux) en ligne que vous avez décidé de faire un don pour lui(eux)?

Oui Oui Oui Oui

3.1/ Qu’avai(en)t-elle(s) de particulier ?

Le ton des publications et leur leitmotiv: Differgent, dissipé, différent ! Leur implication et leur transparence (photos de moment de boulot...) Leur effort de communication: teaser vidéo l'implication de l'entourage (j'ai été amenée à leur parler d'évènements et de personnes à contacter pour leur promotion, elles ont toujours tenu compte de ça et m'ont toujours fait un retour)

La campagne médiatique de ce journal pour récolter des dons était assez amusante (vidéo en particulier) et énormément relayée sur les réseaux sociaux (Facebook / Twitter ...). Et bien sûr le journal utilisait "Ulule" le site de financement participatif le plus connu.

Ludique Comme je viens de le dire, c'est pas vraiment les campagnes de com en elles-mêmes qui m'ont incitées à donner (Y-a t'il réellement eu une campagne de com pour Gonzai ?) mais plutôt la répétition du message... J'ai du tomber 5 ou 6 fois ur des publications à propos de Gonzai, ça a été efficace !

4/ Etes-vous attaché(e) au(x) magazine(s)/journal(aux) pour le(s)quel(s) vous avez fait un don ?

Oui Oui Oui Oui

4.1/ Est-ce : Emotionnellement Rationnellement, spirituellement

Rationnellement, emotionnellement

Autre

5/ Etes-vous fidèle au(x) magazine(s)/journal(aux) pour le(s)quel(s) vous avez fait un don

Oui mais on verra à terme il n'y a eu qu'un numéro zero pour le moment

Oui Oui Oui

5.1/ Qu’est-ce qui vous rendrait fidèle à celui(ceux)-ci ?

/ / / /

6/ A qui parlez-vous du(des) magazine(s)/journal(aux) en ligne pour le(s)quel(s) vous avez fait un don ?

Personne à part mon amie qui m'en avait parlé et avec qui on a échangé sur nos premières impressions

Amis Collègues Conjoint

7/ Quand vous avez fait un don pour un(des) magazine(s)/journal(aux) en ligne, comment communiquez-vous dessus ?

Je ne m'en vante pas, s'il manque des fonds je republie leurs appels de fond à certains contacts potentiellement intéressés.

Je partage le lien sur Twitter et Facebook.

Via Facebook J'en ai parlé de 3 façons : - à mon copain : "on va recevoir un magazine dans la boite aux lettres, c'est à moi !", "toujours pas de courrier ?", etc. - aux lecteurs de la revue dans laquelle j'écris, pour les inciter à donner (comme dit précédemment) - aux amis qui viennent chez moi, qui le feuillettent et qui me demandent "qu'est-ce que c'est ?"

8/ Partagez-vous les valeurs du/des magazine(s)/journal(aux)

Oui Oui Oui Oui

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pour le(s)quel(s) vous avez fait un don ? 9/ Considérez-vous que le magazine/journal en ligne perd de sa promesse identitaire en ouvrant son capital à ses lecteurs?

Non alors que dans le cadre de publicité je dirai oui!

Non Non Non

9.1 / Pourquoi ? / / / / Avez-vous un commentaire quant à cet entretien 2.0 ?

Merci à toi ! Entretien agréable ! Bonne continuation à toi pour cette enquête ! (je me permets le tutoiement !!)

Non Pas vraiment, je serai néanmoins ravie de lire le résultat de cette étude, ça m'intéresse ! Si d'autres questions, me voici : @paooli

2/2

Nom & Prénom Alexia Peytour Claire Poupoulpe Sinclair Ringenbach

Lauren de Samonac

1/ Pour quel(s) magazine(s)/journal(aux) en ligne avez-vous déjà fait un don ?

Paulette Gonzaï Crumb Magazine Uniquement Paulette Magazine, c'était également la première fois que je faisais un don pour un magazine

1.1/ Indiquez pour chacun le nombre de dons effectués et le montant

Un don de 10 euros. 2 fois 7" Crumb Magazine - 1" (symbolique)

J'ai fais partie des "lecteurs fondateurs", c'est le nom qu'ils ont donné aux personnes qui se sont abonnées dans un premier temps, l'abonnement est de 19,90", un prix tout à fait correcte.

2/ Quelle(s) est(sont) votre(vos) motivation(s) à faire un don pour un magazine/journal en ligne ?

Paulette est un magazine original, et le côté collaboratif est quelque chose que j'apprécie. Cela permet à chacun de s'exprimer, on se sent impliqué dans la réalisation même du magazine. Faire un don pour soutenir ce genre de magazine est tout naturel pour moi.

L'originalité du contenu et sa correspondance avec mes goûts personnels. J'étais déjà lectrice du blog et je lis beaucoup la presse musicale et culturelle papier même si elle ne me satisfait que partiellement. Donc quand un de mes webzines préférés a tenté l'aventure en papier, j'ai eu envie de les soutenir et de voir si le contenu serait à la hauteur de mes espérances. Et il l'est.

Mes simples motivations ont été de montrer mon attachement au journal et à promovoir son action afin qu'il puisse réaliser son objectif.

Je suis blogueuse mode depuis janvier 2012 et comme beaucoup je lis pas mal de presses féminines, cependant ce qui m'exaspère de plus en plus, ce sont les publicités qui hornent les pages et les sujets de plus en plus bateaux, et Paulette Mag n'a pas tout cela. De plus on y trouve bien d'autres sujets intéressants et son côté artistique et créatif donne confiance et est attrayant. Prônant cela, j'ai décidé de m'abonner afin de pouvoir leur offrir la possibilité d'être en kiosque et ainsi pouvoir de mon côté le trouver facilement sans être obligé de courrir les rues de Paris pour obtenir LE fameux tant attendu.

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3/ Etait-ce suite à une(plusieurs) campagne(s) de communication de la part d’un(des) magazine(s)/journal(aux) en ligne que vous avez décidé de faire un don pour lui(eux)?

Oui Oui Oui Non

3.1/ Qu’avai(en)t-elle(s) de particulier ?

Un côté plus culturel et moins superficiel que les autres magazines féminins. La collaboration des lecteurs. Une proximité avec son public.

Le second degré de Gonzai, la mise en avant de la prise de risque et de la prise d'initiative.

La campagne ne poussait pas le lecteur à donner le maximum de dons possibles mais simplement à faire un geste envers le magazine pour que nous, lecteurs, puissent continuer à profiter du contenu sous une autre forme (journal papier)

/

4/ Etes-vous attaché(e) au(x) magazine(s)/journal(aux) pour le(s)quel(s) vous avez fait un don ?

Oui Oui Oui Oui

4.1/ Est-ce : Emotionnellement Emotionnellement, spirituellement

Autre Autre

5/ Etes-vous fidèle au(x) magazine(s)/journal(aux) pour le(s)quel(s) vous avez fait un don

Oui Oui Oui Oui

5.1/ Qu’est-ce qui vous rendrait fidèle à celui(ceux)-ci ?

/ / / /

6/ A qui parlez-vous du(des) magazine(s)/journal(aux) en ligne pour le(s)quel(s) vous avez fait un don ?

Amis Amis Amis Amis

7/ Quand vous avez fait un don pour un(des) magazine(s)/journal(aux) en ligne, comment communiquez-vous dessus ?

Via les réseaux sociaux, principalement Twitter et Facebook et via mon blog de l'époque.

Par oral a mes amis. Un peu via le net, notamment par le biais de commentaires d'articles que personne de mon entourage n'a lu parce qu'ils n'ont pas fait de don. Après, je n'en parle pas plus que ça..

Par les réseaux sociaux.

Il m'est arrivé de créer des articles qui parlaient du magazine sur mon blog, d'en parler aussi avec mon entourage ou avec des personnes qui ne le connaissait pas.

8/ Partagez-vous les valeurs du/des magazine(s)/journal(aux) pour le(s)quel(s) vous avez fait un don ?

Oui Oui Oui Oui

9/ Considérez-vous que le magazine/journal en ligne perd de sa promesse identitaire en ouvrant son capital à ses lecteurs?

Non Non Non Non

9.1 / Pourquoi ? / / / / Avez-vous un commentaire quant à cet entretien 2.0 ?

Bonne chance pour le mémoire ! C'est un thème original qui promet d'être intéressant à traiter.

Les questions orientent malheureusement un peu les réponses, je vois déjà les conclusions vers lesquelles vous tendez et j'espère que cela ne vous portera pas préjudice à la correction. Tous mes voeux de réussite pour vos travaux.

Intéressant en vue de l'ampleur que prend le phénomène où les internautes eux-même participent au financement d'un magazine ou, pour ouvrir le sujet, comme My Major

L'idée d'en parler est bonne, car cela nous permet de voir l'évolution de la communication avec un grand C. En effet, il fut un temps où internet était une absurdité, aujourd'hui il est un facteur de

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Company qui aide les musiciens

développement conséquent, grâce à cela tout le monde peut tenter sa chance, de ce fait tout le monde ayant l'accès à pleins de choses, les avis sont partagés, donc il y a une sorte de mobilisation, pourquoi pas même un phénomène de mode, puis confiance, puis DON. Plus on est... Plus cela à des chances de fonctionner.

1/

Les collabolecteurs-donateurs interrogés ont effectué différents dons pour Gonzaï (Paoli, Claire Poupoulpe), Paulette (Alexia Peytour, Lauren de Samonac, Naima Orville), Crumb Magazine (Sinclair Ringenbach), Bibiche (Solène Di Paolo) et Journal Europa (Aziliz Le Brun). 1.1/

Deux types de dons semblent ressortir de l’expérience des six enquêtés : les symboliques, souvent petits : « modeste somme de 7euros » (Aziliz Le Brun), « 1euro (symbolique) » ; et les véritables apports financiers : « un don de 10 euros » (Alexia Peytour), « 2 fois 7 euros » (Claire Poupoulpe), « 19.90euros » (Lauren de Samonac), « 20euros » (Solène Di Paolo) 2/

Les motivations des donateurs sont variées. L’affection et l’amitié en est une première : « les créatrices sont des amies d’une amie » (Solène Di Paolo), « je connais personnellement le rédacteur en chef et trois collaborateurs de ce journal » (Aziliz Le Brun). « Montrer mon attachement au journal » (Sinclair Ringenbach », « Soutenir » un projet « intéressant » (Aziliz Le Brun), avec des contenus en « correspondance avec mes goûts personnels » (Claire Poupoulpe), qui me font « rire » (Paoli) en est une autre. D’autres voient en ce don un moyen de continuer à « pouvoir les lire ! » (Paoli) car « inconcevable qu’il disparaisse » (Journal Europa). L’aspect collaboratif, « quelque chose que j’apprécie » (Alexia Peytour) est également mis en avant, tout comme un geste pouvant sembler politique : « la diversité des médias est importante » (Aziliz Le Brun). 3/ et 3.1/

Hormis pour Lauren de Samonac, tous les collabolecteurs-donateurs ont été sensibles à une campagne de communication pour les inciter. Une campagne le plus souvent « amusante » (Aziliz Le Brun), « ludique » (Naima Orville), « le second degré de Gonzaï » (Claire Poupoulpe), passant par des « photos », des « vidéos » « teaser » (Solène Di Paolo, Aziliz Le Brun) et relayée sur les « réseaux sociaux » (Aziliz Le Brun). Le côté « transparence » et « implication » (Solène Di Paolo) bien visible ont également plu. La répétition du message a aussi permis d’accrocher : « j’ai du tomber 5 ou 6 fois sur des publications à propos de Gonzaï, ça a été efficace ! » (Paoli). Enfin, l’humilité semble avoir été un choix payant : « la campagne ne poussait pas le lecteur à donner le maximum de dons possibles mais simplement à faire un geste envers le magazine » (Sinclair Ringenbach).

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4/ et 4.1/ Tous se déclarent attachés aux magazines/journaux pour lesquels ils ont effectué un

don. Un attachement résolument « émotionnel » (Alexia Peytour, Claire Poupoulpe, Solène Di Paolo, Naima Orville), voire « spirituel » (Aziliz Le Brun, Claire Poupoulpe) ou « rationnel » (Aziliz Le Brun, Naima Orville). Trois collabolecteurs-donateurs ont un attachement visiblement « autre ». 5/ et 5.1/

Les huit collabolecteurs-donateurs affirment être fidèles aux titres de presse en ligne pour lesquels ils ont donné. Seule nuance de la part de Solène Di Paolo : « oui mais on verra à terme. Il n’y a eu qu’un numéro zéro ». 6/

Même si une courte majorité des enquêtés parlent principalement à leurs « amis » (Alexia Peytour, Claire Poupoulpe, Sinclair Ringenbach, Lauren de Samonac, Aziliz Le Brun) du magazine/journal en ligne pour lesquels ils ont donné, les destinataires restent variés : « collègues » pour Naima Orville et « conjoint » pour Paoli. 7/

Les collabolecteurs-donateurs ont principalement communiqué sur leur(s) don(s) via les « réseaux sociaux » (Alexia Peytour, Sinclair Ringenbach), principalement « Facebook » et « Twitter » (Alexia Peytour, Aziliz Le Brun, Naima Orville). Leur blog ou magazine respectif est également un support utilisé : « aux lecteurs de la revue dans laquelle j’écris » (Paoli), « il m’est arrivé de créer des articles qui parlaient du magazine sur mon blog » (Lauren de Samonac). Le bouche-à-oreille, à travers des discussions amicales, a été également incontournable : « par oral à mes amis » (Claire Poupoulpe), « à mon copain (!) aux amis qui viennent chez moi » (Paoli). Deux interrogés tiennent à nuancer leur réponse : « je ne m’en vante pas » (Solène Di Paolo), « je n’en parle pas plus que ça » (Claire Poupoulpe). 8/

Les huit collabolecteurs-donateurs déclarent partager les valeurs des magazines/journaux pour lesquels ils ont effectué un don. 9/

Même unanimité quant à la réponse à la question « considérez-vous que le magazine/journal en ligne perd de sa promesse identitaire en ouvrant son capital à ses lecteurs? » : tous ont répondu par la négative.

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B. REPONSES AUX HYPOTHESES FORMULEES /

• Les visages des collabolecteurs Hypothèse 1 : Devant le processus d’empowerment, encouragé notamment par le Web 2.0, le recours aux collabolecteurs par les titres de presse en ligne est aujourd’hui courant. Hypothèse confirmée

Le phénomène d’Empowerment des individus vis-à-vis des organisations est aujourd’hui prégnant.

La prise de pouvoir croissante des quidams est loin d’avoir accouchée d’une souris classique : les internautes utilisent de plus en plus leur clavier pour s’exprimer au travers d’articles publiés. Et ils s’en rendent compte. Accueillir des collabolecteurs-rédacteurs est ainsi devenu une pratique courante pour les titres de presse en ligne. Signe qui ne trompe pas : l’absence de réelle dénomination pour les définir - ou plutôt la variété des substantifs généralement utilisés parmi lesquels « contributeurs », « bénévoles » et « pigiste » - montre bien la relative nouveauté du recours à leur plume. Une plume faite d’aluminium la plupart du temps puisque ces collabolecteurs-rédacteurs rédigent surtout pour des pure players. L’oiseau s’entraine avant de s’envoler vers le papier où les sujets sont généralement plus aériens, plus poussés. Point important, les collabolecteurs-rédacteurs sont pour une majorité à l’image du lectorat ciblé, notamment du point de vue de la tranche d’âge. Une marque qui tend à prouver que ce sont bel et bien des potentiels lecteurs desdits magazines/journaux du Web.

Cependant, le phénomène est nettement moins tranché concernant les collabolecteurs-donateurs. Il faut dire que les sites de crowdfunding, principaux supports de récolte, ne se sont démocratisés qu’à partir de 2009. L’unique terme mis en avant pour définir les donateurs est « contributeur bénévole », qui donnerait plus de son argent que de son temps. Et encore : les dons sont généralement faibles, de l’ordre du« symbolique » davantage que du ressort de la véritable aide financière.

L’implication des individus vis-à-vis des titres de presse en ligne passe donc surtout par l’écrit. Jusque là rien d’anormal pour des organes d’expression.

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Hypothèse 2 : Les motivations des collabolecteurs sont relatives à un besoin de reconnaissance de la part des magazines/journaux en ligne. Hypothèse infirmée

Les motivations des collabolecteurs vont au-delà du simple besoin de reconnaissance venant directement des titres de presse en ligne.

Une distinction dans la visée de l’implication entre le rédactionnel et le don est une nouvelle fois à opérer. Même si les deux profils se rejoignent dans leur volonté d’appartenir à une communauté, un intérêt bien perçu par les managers de magazines/journaux en ligne, les collabolecteurs-rédacteurs écrivent surtout des articles pour partager leurs idées et s’exprimer. C’est d’ailleurs ce qui motiverait l’internaute lambda à rédiger des lignes sur un Word en vue d’être publié. Tandis que chez les collabolecteurs-donateurs, l’incentive principal est d’ordre affectif : ils donnent pour aider un proche, ou un magazine/journal qu’ils leur ressemblent, auquel ils sont attachés. Les collabolecteurs-rédacteurs mettent également en avant la recherche d’une pratique régulière pour se former, façonner leur écriture et plus tard se faire un nom, gagner en légitimité grâce à la référence octroyée par l’expérience, comme pensent les managers de titres de presse en ligne. La motivation des collabolecteurs-donateurs peut être aussi politique : donner pour que survivent des publications visant à assurer une pluralité d’opinions chez les médias écrits.

• Quel pouvoir leur accorder ? Hypothèse 3 : Les collabolecteurs sont fidèles au(x) titre(s) pour le(s)quel(s) ils écrivent ou ont donné de l’argent. Hypothèse confirmée

Les collabolecteurs, qu’ils soient rédacteurs ou donateurs, se réclament fidèles vis-à-vis du/des titre(s) de presse dans le(s)quel(s) ils se sont impliqués.

Cette fidélité est renforcée par un attachement résolument émotionnel pour les deux profils, doublé d’une estime parfois spirituelle, parfois rationnelle. Un ressenti principal qui diffère de celui des potentiels lecteurs de magazines/journaux en ligne, qui ont une relation moins affective et plus rationnelle avec les médias qu’ils fréquentent. Aller voir ailleurs n’est d’ailleurs pas tromper pour ces derniers, qui se réclament souvent fidèles à plus d’un titre (de presse en ligne). Les sujets choisis et l’angle des articles sont pour une majorité les deux éléments décisifs qui feront s’unir lecteurs et publications web. Les médias en ligne l’ont bien compris et l’ont clairement formalisé à travers le marketing éditorial, implémenté pour bien se positionner et répondre aux attentes des lecteurs. Accepter en somme de céder de leur identité pour plaire au plus grand nombre, sans pour autant tomber dans une forme de« prostitution » face à leur lectorat. Ces mêmes titres de presse en ligne qui attendent de leurs fidèles lecteurs plus qu’une visite régulière sur leur site ou un retweete de post, mais un soutien actif, voire une présence sur leurs événements.

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Hypothèse 4 : Les collabolecteurs sont des attachés de presse efficaces pour le média-marque. Hypothèse confirmée

Les médias se positionnent aujourd’hui en tant que marque pour la plupart, entité relayée positivement par ses parties prenantes, collabolecteurs inclus.

Véritable piédestal communiquant pour un média, le positionnement en tant que marque aujourd’hui assumé des titres de presse en ligne leur permet de « marquer » davantage leurs lecteurs, affichant clairement par ce biais esprit, valeurs et ligne directrice. Cette identité est aisément communiquée par les personnes impliquées par le média. Les collabolecteurs autant donateurs que rédacteurs, prennent alors le rôle de véritables attachés de presse, parlant de leurs articles et/ou de leur geste à leurs amis principalement via les réseaux sociaux - Facebook et Twitter en tête - et autres blogs, mais aussi In Real Life générant un effet de bouche-à-oreille. Soit de véritables pèlerins prêchant la bonne parole auprès de leur entourage. A espérer évidemment que la collaboration fut heureuse, le retour de bâton pouvant s’avérer rude pour les plus mécontents. De manière générale, un effet se ressent quant à l’intérêt porté par l’entourage au sujet dudit magazine/journal en ligne : une majorité admet lire plus facilement les articles écrits par une connaissance, qu’il soit journaliste ou collabolecteur-rédacteur par ailleurs. Hypothèse 5 : Un magazine/journal en ligne discrédite son « contrat de lecture » avec ses lecteurs en ayant recours à des collabolecteurs-rédacteurs. Hypothèse infirmée

Des collabolecteurs-rédacteurs qui adaptent leur style d’écriture et des médias se portant garants du respect de l’identité éditoriale concourent à préserver le crédit du « contrat de lecture » propre à chaque publication. Et les lecteurs ne s’en plaignent pas.

De prime à bord, les managers de titres de presse en ligne semblent accorder de la crédibilité aux collabolecteurs-rédacteurs qu’ils accueillent dans leur rédaction virtuelle, surtout si ces derniers ont des connaissances ou une expertise sur un domaine en particulier et des références qui viendraient conforter le tout. Du côté des principaux concernés, même si tous n’adaptent pas leur style d’écriture au magazine/journal, la majorité est consciente que la ligne éditoriale et le lectorat sont différents d’une publication à l’autre. Ils contribuent de facto à préserver à leur manière la promesse de contenus, de sujets et d’angles du(des) magazine(s)/journal(aux) en ligne avec le(s)quel(s) il(s) collabore(nt). Le « contrat de lecture » passé avec ces lecteurs particuliers vient alors s’enrichir d’un« contrat d’écriture ».

Quant aux lecteurs lambda, seconds signataires tacites du contrat, bien qu’ils soient sensibles au statut de la personne qu’ils lisent, une très forte majorité accepte tout à fait l’idée que des articles de collabolecteurs-rédacteurs soient à côté de ceux de journalistes. Mieux, ils apportent une fraicheur, des idées originales et un traitement neuf vis-à-vis de certains sujets, surtout s’ils sont experts, selon les weblecteurs. Ils pourraient même former une sorte de contre-pouvoir au classique contre-pouvoir, les médias gardant toutefois le privilège de filtrer les contributeurs. Un écrémage s’avère en effet nécessaire : bien que les collabolecteurs-rédacteurs jouissent d’un bon crédit, l’écriture visiblement intéressée de certains nuirait au lien de confiance établi entre lectorat et média, vecteur de fidélité.

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Hypothèse 6 : Un magazine/journal en ligne perd de son « fond de marque » en donnant du pouvoir à ses lecteurs. Hypothèse infirmée

La décision finale de publier ou non revenant toujours en dernière instance aux médias, un titre de presse en ligne qui recourt aux collabolecteurs garantit à ses lecteurs le respect de ses valeurs, de son essence même.

Bien que les lecteurs acceptent les articles de collabolecteurs-rédacteurs dans les magazines/journaux en ligne qu’ils lisent, la plupart souhaite un contrôle autant qualitatif - ignorer les collaborations non constructives - que quantitatif : les écrits des rédacteurs extérieurs doivent rester minoritaires. Aucun bémol, en revanche, pour l’aide financière octroyée par les collabolecteurs-donateurs pour financer un ou des projets. Surtout que tous, qu’ils soient donateurs ou rédacteurs, semblent partager les valeurs du(des) titre(s) de presse en ligne pour le(s)quel(s) ils ont donné du temps ou de l’argent.

L’essor du collaboratif participe même aux dires de certains managers de magazine/journal en ligne du renforcement de l’identité, celle-ci étant en partie façonnée par leur lectorat.

• Comment communiquer pour recruter de nouveaux collabolecteurs ?

Hypothèse 7 : Les lecteurs du Web sont rétifs à toute forme de communication les encourageant à s’impliquer dans un magazine/journal en ligne. Hypothèse infirmée

Les lecteurs ne sont pas tant rétifs que peu réceptifs à une forme de campagne de communication les incitant à donner ou écrire, et ce particulièrement pour les donateurs. Quand il s’agit de passer à l’acte en revanche, ces derniers ont tendance à se mobiliser davantage.

Bien que les weblecteurs se déclarent théoriquement sensibles à une communication leur offrant la possibilité d’écrire dans un titre de presse en ligne, la pratique montre qu’une majorité des collabolecteurs-rédacteurs établis a commencé de manière pro-active à rédiger des articles. Un simple rappel « participatif » visible sur le site peut bien souvent suffire. Si une campagne venait à voir le jour, celle-ci devrait mettre l’accent sur le partage des idées, bien plus que sur l’appartenance à une communauté ou le moyen de se divertir.

Quant aux collabolecteurs-donateurs, le don effectué a très souvent été enclenché après qu’ils aient été touchés par une campagne. Une campagne généralement amusante, animée, faisant preuve d’humilité et relayée de nombreuses fois sur les réseaux sociaux.

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• Existe-t-il d’autres moyens que l’implication pour fidéliser un lectorat Web ? Hypothèse 8 : Il existe d’autres moyens que le recours à la participation/collaboration au magazine/journal en ligne des lecteurs pour les fidéliser. Hypothèse confirmée

La qualité des contenus d’une publication Web, notamment l’originalité de ses articles, est également un fort vecteur de fidélisation des lecteurs.

La communication, sous-entendue la forme, ne saurait outrepasser la nécessité de fond. C’est en somme le message qu’aimerait faire passer les lecteurs potentiels de titres de presse en ligne. La majorité considère en effet que leur fidélité à un ou des magazine(s)/journal(aux) en ligne est basée sur la reconnaissance de sujets bien traités, avec un angle et un ton particuliers. Et si l’accès aux informations du site est gratuit, c’est encore mieux. L’offre de cadeaux ou d’avantages particuliers semblent ne pas être un facteur de fidélisation clé, bien que de nombreux titres de presse Web utilisent ce procédé.

A cet effet, le recours au marketing éditorial pour connaitre son lectorat et lui proposer des sujets susceptibles de lui plaire semble inéluctable. Attention toutefois à ne pas verser dans la « prostitution » éditoriale, et une logique de la demande trop prononcée, en maintenant une identité forte.

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/ CONCLUSION /

Chercher à dessiner le contour des visages des collabolecteurs suppose implicitement ceux-ci à découvert.

Le processus d’empowerment enclenché au siècle dernier et récemment théorisé vis-à-vis du Web par Jenkins aidait déjà à mieux discerner le faciès de ces « consommateurs-créateurs». Leur implication toujours plus visible par les titres de presse en ligne permet aujourd’hui de dessiner schématiquement leurs traits, que cette présente recherche affine. Le recours à ces collabolecteurs est en réalité la seconde étape d’une stratégie de fidélisation du lectorat dont la première - le positionnement en tant que média-marque - concourt à créer un socle identitaire solide.

Face aux interrogations relatives à la crédibilité et à la légitimité des collabolecteurs, leur influence sur le contenu et l’identité des titres de presse concernés et intrinsèquement la limite à considérer par les médias quant à l’horizontalité de l’échange, ce mémoire de recherche apporte des réponses teintées de recommandations pour les managers de titres de presse en ligne.

Le statut de collabolecteurs-rédacteurs est aujourd’hui plus démocratisé que celui de collabolecteurs-donateurs, même si ce dernier est plus facile à atteindre, le financier prenant le pas sur la compétence. Ceci tient à l’apparition toute récente du phénomène de crowdfunding, popularisé en 2009 aux Etats-Unis. L’absence de réelle dénomination précise pour les « pigistes », « collaborateurs » ou encore « rédacteurs bénévoles » nuance toutefois cette observation, l’identité des collabolecteurs-rédacteurs étant encore nébuleuse. Leur motivation à s’impliquer l’est en revanche beaucoup moins : partager leurs idées, s’exprimer relèvent de leur principal intérêt à écrire. Faire partie d’une communauté également, dessein majeur des collabolecteurs-donateurs, aussi. L’optique « fidélisation » ne faisait guère de doute, elle est confirmée - avec une connotation émotionnelle principalement - et bonifiée par le rôle d’ambassadeur que prennent les collabolecteurs vis-à-vis de leurs proches. En supposant évidemment que la collaboration soit/fut bonne. L’acceptation des lecteurs quant au recours aux collabolecteurs par les médias est signe d’une grande confiance, notamment vis-à-vis de la sélection des rédacteurs pouvant signer dans les titres de presse en question. Des rédacteurs qui eux-mêmes jouent le « jeu » en adaptant leur style d’écriture au magazine/journal leur ayant « offert » une visibilité. Outre le « contrat de lecture » préservé, le « fond de marque » est lui aussi conservé par le rôle de censeur exercé par les magazines/journaux en ligne envers les articles des collaborateurs extérieurs. Aucun droit de regard n’est en revanche exigé quant aux donateurs dans le cadre d’une levée de fonds participative. Après étude de l’audience, une campagne de communication - amusante et animée à destination des possibles donateurs, faisant preuve d’humilité en rappelant qu’il est possible de « participer » pour les futurs rédacteurs - peut aisément encourager les lecteurs à s’impliquer, et à donc devenir collabolecteurs.

Ces réponses aux hypothèses formulées ne sauraient être remises en question par les relatives limites de la recherche. Seul un échantillonnage de lecteurs potentiels de titres de presse en ligne respectant parfaitement le quota représentatif de la population française des internautes aurait levé totalement ce doute.

Ce qui est certain, en revanche, c’est le réel bénéfice qui ressort à travers ce mémoire du recours aux collabolecteurs. Alors qu’un appel aux collabolecteurs-donateurs via une opération de crowdfunding se révèle salutaire pour façonner ou mobiliser une communauté, l’ouverture de la rédaction aux collabolecteurs-rédacteurs est avantageuse pour tisser un lien durable avec ces derniers, flanqués du rôle d’ambassadeurs privilégiés du média-marque.

Reste à espérer que dans cette « Ville Globale » (Brzezinski), où les communautés se retrouvent numériquement, les producteurs de contenus ne deviennent pas plus nombreux que leurs consommateurs. Cette ouverture appartient à l’ancienne directrice de Los Inrockuptibles, qui a préféré refermer son expérience « magazine ». Rendons à Guignard ce qui appartient à Guignard.

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/ ANNEXES /

Annexe 1 : dernière une papier du quotidien économique La Tribune (30 janvier 2012)

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“Dear Colleagues, In my New Year message, I said 2013 would test our resolve to move further and faster to support top quality journalism in a rapidly changing media landscape. I now want to set out in detail how we propose to reshape the FT for the digital age. We need to do less in certain areas and more in others, we need to be much more nimble, and we need to reshape our teams. Today we have started consultations with the NUJ with the aim of opening up an initial voluntary redundancy scheme. The intention is is to reduce the cost of producing the newspaper and give us the flexibility to invest more online. Our common cause is to secure the FT's future in an increasingly competitive market, where old titles are being routinely disrupted by new entrants such as Google and LinkedIn and Twitter. The FT's brand of accurate, authoritative journalism can thrive, but only if it adapts to the demands of our readers in digital and in print, still a vital source of advertising revenues. My visit to Silicon Valley last September confirmed the speed of change. Our competitors are harnessing technology to revolutionise the news business through aggregation, personalisation and social media. Mobile alone, for example, now accounts for 25 per cent of all the FT's digital traffic. It would be reckless for us to stand still. Of course, we must stick to the tested practices of good journalism: deep and original reporting based on multiple sources and a sharp eye for the scoop. But we must also recognise that the internet offers new avenues and platforms for the richer delivery and sharing of information. We are moving from a news business to a networked business. In order to engage more deeply with our readers, we need to introduce a more intelligent, balanced and efficient deployment of our investment and our people. So we are proposing a shift of some resources from night work to day and from print to digital. This requires an FT-wide initiative to train our journalists to operate to the best of their abilities. And it requires decisive leadership. I am determined that we do everything we can to secure the FT's future as a world class, financially sustainable news organisation. Our earlier decisions to raise prices, charge for content, and build a subscription business have proven to be bold and wise. While many of our rivals have struggled to find a profitable business model, and have therefore announced heavy job losses, we have been industry pioneers. This is not the moment to falter. Of course, change is wrenching. I therefore want to assure you that serious consideration and consultation have gone, and will go into the proposals that follow. So too our desire to be fair, honest and transparent. We are now entering into a consultation with the National Union of Journalists and staff to consider the FT's future and these proposals so that we take the right path forward, in a fair and open dialogue. Let me make several points clear at the outset. I want to sharpen our commissioning to produce more selective, relevant, high quality content. I would like to implement measures to simplify the newspaper to lighten the work load and reduce the resources devoted to print. These include: 1. Common ad shapes across editions – reducing unnecessary tweaks and edits between editions. 2. A more common international edition with common fronts and second fronts. 3. A possible move to a common running order between UK and international editions with World at the front of the run 4. Restrictions on the number of changes requested for US second edition. 5. A paring back of the UK 3rd edition. 6. A far more disciplined adherence to copy delivery times, and improved forward planning 7. An end to "octopus commissioning" — we need fewer commissioning channels. Equally, news editors must clearly identify priority stories. 8. Tighter control of pagination We need to ensure that we are serving a digital platform first, and a newspaper second. This is a big cultural shift for the FT that is only likely to be achieved with further structural change. We must find a way to reduce production resources at night and increase them in the day; these same resources must also be increasingly devoted to the web and less to the newspaper. On unified news desks, we need to become content editors rather than page editors. We must rethink how we publish our content, when and in what form, whether conventional news, blogs, video or social media. In our UK and international reporting network, we must seek to have people in the right places ready to devote their talents to covering the big FT stories and not risk becoming isolated in silos or geographies. Pearson, the FT's parent company, is firmly behind our strategy and our proposed transformation and is providing financial support for the reorganisation we are planning for the first quarter of this year. The proposed voluntary redundancy programme will help us to reshape structures and reduce our costs by £1.6m in the current year. We estimate this could translate into a net headcount reduction of about 25 people after the introduction of 10 more digital jobs, some of which we are advertising already. We encourage people wanting to leave the paper to step forward. We will also be consulting with the NUJ as to what further steps we might have to propose if we do not achieve the right level of take-up for the planned VR scheme. Finally, we will be launching new products and services online in 2013, starting with our "Fast FT" markets and a new Weekend FT app. This will be an opportunity for all of us to think harder about a more dynamic and inter-active form of FT journalism beyond the printed word. This is vital to drive deeper engagement with readers and build our subscriptions business. I will be taking part in meetings with team leaders to explain these changes, to listen to your ideas, and answer any questions In the meantime, James Lamont, the managing editor, will supply details of the voluntary redundancy programme and consult widely with you. Assistant Editors and team leaders will be briefed on the outline of the proposals. They will do their best to answer your questions and offer you their support Throughout the FT's history, we have made great progress in a changing industry. You have taken impressive strides to modernise the FT and I am deeply appreciative of your willingness to adapt to change. This is not an easy transition, but we are obliged to take the difficult steps to secure the FT's future as one of the world's great news organisations. And with your support in this 125th anniversary year, we can do that and continue to do what we do best: the business of quality journalism.”

Annexe 2 : mail de vœux 2013 adressé par Lionel Barber aux salariés de The Financial Times

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Annexe 3 : recettes publicitaires des principaux médias en France (IREP, chiffres 2012)

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Annexe 4 : exemple de croisière organisée par Psychologies Magazine

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Annexe 5 : capture-écran d’Objectif Budget, newsgame du Figaro

Annexe 6 : visuel utilisé pour célébrer la sortie de la 20ème édition internationale de Grazia,

en Afrique du Sud (février 2012)

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Annexe 7 : capture-écran de la campagne de promotion d’Oceanic Airlines, compagnie aérienne phare de la série Lost (ABC, janvier 2008)

Annexe 8 : photographie d’un Lomowall à Londres (septembre 2007)

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Annexe 9 : capture-écran de la page d’accueil du Big Internet Museum

Annexe 10 : capture-écran d’une recherche Google portant sur Whitney Houston (25 juillet 2013)

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Annexe 11 : schéma simplifiant les relations entre les différentes branches du marketing

Annexe 12 : extrait du Journal Officiel recommandant l’utilisation du mot-dièse en lieu et place de l’expression hashtag (janvier 2013)

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Annexe 13 : capture-écran du live-blogging proposé par The Guardian couvrant les attentats du métro de Londres (juillet 2005)

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Annexe 14 : capture-écran de l’outil participatif Newsdesk Live de The Guardian (février 2012)

Annexe 15 : capture-écran de la présentation du site collaboratif streetpress.com

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Annexe 16 : capture-écran de la page d’accueil de la plateforme de financement J’aime l’Info

Annexe 17 : capture-écran de la page du projet de financement participatif du magazine Paulette via le site My Major Company

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Annexe 18 : capture-écran de la page du projet de financement participatif du magazine Bibiche via le site Ulule

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/ RESUME FINAL /

A. FRANÇAIS /

Ce mémoire de recherche ne sera pas signé @heyguillaume. L’auteur de ces lignes n’étant pas plus une URL qu’un journaliste. Dans un monde presque virtuel où les articles se voient ponctués d’un compte Twitter en guise de signature, la relation entre rédactions et lecteurs s’est réellement « horizontalisée », faisant s’enrichir le terme « informer » d’une connotation « communication ». Cause et conséquence, le Web 2.0 se repose sur le phénomène d’empowerment des individus/lecteurs, souligné dès le milieu du XXème siècle par Alinski puis Rappaport et récemment appliqué à l’Internet par la notion de Convergence Culture de Jenkins. Transformer le pouvoir virtuel de communautés de lecteurs en un actif assidu devient de facto une stratégie de fidélisation possible, dont la première étape reste le positionnement en tant que marque pour renforcer l’identité du média. Interagir avec un tel corps collectif se révèle cependant compliqué, tant les internautes ont adopté des réflexes webmarketing et parlent couramment le brandsperanto. Seule une approche en knowledge marketing définie par Cova et se basant sur les compétences des consommateurs rendrait captif ces derniers. Ainsi, au-delà d’encourager la participation de leurs lecteurs via notamment l’apparition du métier de #CommunityManager, les titres de presse en ligne tenteraient d’impliquer leur audience en privilégiant la collaboration. Ce dernier terme sous-entend en effet plus de responsabilités accordées aux désormais collabolecteurs, néologisme transparent. Dès lors, la coopération pourrait prendre une facette autant rédactionnelle - journalisme citoyen, crowdsourcing, journalisme pro-am & journalisme encadré - que financière via les plateformes de crowdfunding. Après enquête auprès de managers de magazines/journaux en ligne, de leurs potentiels lecteurs et de collabolecteurs affirmés, cette quête - campagne de communication résolument animée et amusante - de liseurs prêts à investir et à s’investir et finalement ce recours s’avèrent bénéfique pour fidéliser ces derniers et les muer en véritables ambassadeurs du média-marque. Aux titres de presse en ligne de faire respecter en amont par leur sélection le « fond de marque » et le « contrat de lecture » déjà établis. Et de l’enrichir d’un « contrat d’écriture », signé implicitement cette fois-ci.

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B. ANGLAIS /

This research thesis will not be signed ‘@heyguillaume.’ The author of these lines being no more a URL than a journalist. In an almost exclusively virtual world, where articles are punctuated with a Twitter account masquerading as a signature, the relationship between texts and their readers has been definitively ‘horizontalized,’ enriching the notion of ‘to inform’ with the connotation of ‘communication.’ Cause and effect, the Web 2.0 rests upon the so-called ‘empowerment’ of individuals/readers, a concept developed in the middle of the 20th century by Alinski and Rappaport and recently applied to the Internet in Jenkins ‘Convergence Culture.’ Transforming the virtual power of reading communities into a permanent asset therefore becomes a possible loyalty building strategy. Where the first step is to position the brand in order to reinforce its media identity. However, interacting with this collective body is complicated given the number of Internet users who have developed webmarketing ‘reflexes’ and who speak fluent ‘brandsperanto.’ Only an approach built on the principles of ‘knowledge marketing’ as defined by Cova and based on the individual expertise of the consumer will succeed in swaying them. As such, beyond encouraging active reader participation through the relatively new concept of the ‘#CommunityManager,’ online media outlets are trying to involve their audience in a collaborative process. Indeed, the latter term hints at the increasing responsibility placed on these aptly named ‘Collabolecteurs’ [(Editor’s note: French neologism composed of two words: collaborateurs (contributors) & lecteurs (readers)]. Thus, cooperation can develop a facet which is as much editorial – popular journalism, crowdsourcing, pro-am and supervised journalism – as financial through crowdfunding platforms. According to a survey of online magazine and newspaper managers concerning their potential reading audience and their self-confessed ‘collabolecteurs’: the quest by those who are ready to invest both their money and themselves in search of an entertaining and amusing communication campaign bears fruit through the loyalty it engenders amongst the target and its ability to transform them into actual brand ambassadors. Online publications then only need to filter this content to ensure that it respects the principles of the brand and the ‘readership contract’ that already exist. And to enrich it with a ‘writing contract,’ which, this time, is implicitly signed.

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/ DISCIPLINE /

Sciences de l’information et de la communication

/ MOTS-CLES /

Collabolecteur Collabolecteur-rédacteur Collabolecteur-donateur

Médias

Média-marque Diversification

Presse en ligne Web 2.0

Réseaux sociaux Transmedia

Convergence Culture

Lecteurs Tribalisme

Empowerment Marketing éditorial

Publicitarisation Contrat de lecture Contrat d’écriture

Participatif Collaboratif

Engagement Implication

Information

Communication pragmatique Knowledge Marketing

Marketing de procuration Fidélisation

Journalisme 2.0

Journalisme collaboratif Journalisme citoyen

Journalisme de réseau Journalisme pro-am Journalisme encadré

Crowdsourcing Blogs

Crowdfunding

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CONTACT

[email protected]

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