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C O L L E C T I O N Nouveau Départ

Mon cancer, entre combats et découvertes

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Témoignage vécu à travers l'atteinte d'un cancer rare

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Faut-il souffrir d’un cancer pour lire ce livre ?Vous apprécierez un témoignage authentique. Sans fausse honte, sans complaisance, ni pitié de soi, plein d’espoir, de vitalité et d’optimisme ! Ne passez pas à côté de cette histoire bouleversante racontée avec talent.Vous y trouverez vos propres questions. Quand surviennent les difficultés, les questions surgissent : pourquoi le mal ? La souffrance ? La maladie est-elle une punition ? Agnès aborde ces interrogations sans détour, avec franchise et sincérité. Elle est bien placée pour le faire.Vous comprendrez mieux ceux qui souffrent.Le récit d’Agnès, son combat et ses découvertes, vont assurément vous aider à comprendre ceux qui sont atteints par la maladie, ainsi que leurs proches. Sa sensibilité et sa compassion vous encourageront dans vos relations si vous êtes désarmés par la souffrance des autres.Attention ! Si vous commencez ce livre, vous pourriez bien ne pas le reposer avant de l’avoir terminé ! Vous risquez fort d’avoir envie de l’offrir à ceux, dans votre entourage, qu’il pourrait encourager.

Alain Stamp

Agnès Baroncini •

Célibataire, Agnès enseigne la

communication et l’informatique en BTS à la Chambre de Commerce de

Strasbourg.Après un parcours mouvementé, elle

découvre la foi en Jésus-Christ il y a dix ans, foi

qu’elle est toujours enthousiaste à

partager !Touchée par un

cancer rare début 2008, en rémission

depuis peu, elle témoigne de son

vécu et apporte des réponses

aux questions existentielles que

pose la maladie.Elle signe ici un

premier ouvrage prometteur.

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C O L L E C T I O N

N o u v e a u D é p a r t

9 782910 246716ISBN 978-2-910246-71-6

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BLF Europe • Rue de Maubeuge59164 Marpent • France

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Mon cancer, entre combats et découvertes • Agnès Baroncini

© 2009 BLF Europe • Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • [email protected] • www.blfeurope.comTous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés.

Couverture, mise en page et impression :BLF Europe • Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France

Les citations bibliques sont tirées de la Bible du Semeur, © 2000, Société Biblique Internationale. Avec permission.

ISBN 978-2-910246-71-6Dépôt légal 4e trimestre 2009

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À Damaris et Norbert. Merci pour votre présence, votre amitié, vos conseils avisés. Sans vous, tout aurait été si différent. Ce livre est aussi le vôtre !

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Remerciements

Un grand merci à Alain Stamp. Juillet 2008, lors d’une Convention dans le Vaucluse, tu m’as vivement encouragée à mettre sur papier l’épreuve que je traverse. Après neuf mois de réflexions, j’ai relevé le défi. C’était en avril 2009. Aujourd’hui le projet est devenu réalité. Merci Alain pour ta foi en les autres, pour tes conseils, pour ton punch. Tu réponds toujours présent, un vrai plaisir de travailler avec toi.Un grand merci à Raphaël Anzenberger pour ses remarques pertinentes, ses encouragements. Toi aussi, t’y as cru !Toute ma reconnaissance envers vous tous qui avez prié pour moi. En France comme aux USA. Je me suis sentie portée.Merci également à toute l’équipe de BLF Europe qui prend le risque de lancer de nouveaux auteurs.Une pensée toute particulière aux équipes médicales qui m’ont accompagnée tout au long de la maladie : l’équipe du service de chirurgie digestive de la clinique Sainte Barbe, ainsi que l’équipe de l’hôpital de jour du service oncologie de la clinique Sainte Anne. Un grand merci pour votre dévouement, votre gentillesse, votre humour et votre disponibilité !

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Préface

Nos contemporains n’ont pas moins de questions existen-tielles que par le passé. Quel est le sens de ma vie ? Pourquoi le mal ? La religion est-elle source d’intolérance ?

En revanche l’Histoire, les guerres de religions, la philo-sophie, le développement de l’athéisme semblent avoir porté un coup fatal à la foi en Dieu. Plus précisément à la foi dans le Dieu de la Bible et son fils Jésus-Christ.

Plus sûrement encore, ce sont la méconnaissance, l’igno-rance, les préjugés et surtout l’absence de réponses satisfai-santes aux questions légitimes qui découragent nos contempo-rains de croire !

Le grand intérêt de ce livre est d’aborder clairement, avec pertinence mais également avec beaucoup de sensibilité, ces questions cruciales sur la foi qui pourraient être les vôtres.

J’ai eu le privilège d’intervenir avec Raphaël dans plu-sieurs soirées « questions-réponses » avec des étudiants, et en d’autres occasions. J’ai observé que l’auteur de ce livre a une double qualité : une tête bien faite ET une tête bien pleine, mais aussi le cœur au bon endroit !

Lecteur, vous allez apprécier ces qualités au fil des pages qui suivent.

Alain Stamp Président des Éditions BLF Europe

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Touchée par le cancer

Dimanche 16 décembre 2007. Le temps est froid, sec et lumineux. Le soleil plonge la cuisine dans une ambiance bien-veillante alors que tout indique que l’hiver s’est déjà bien instal-lé dans notre belle région d’Alsace. Assise, en train de prendre mon petit-déjeuner, j’assiste avec toujours le même émerveille-ment au lever de celui qui rythme nos journées depuis la nuit des temps. Jamais en pause, jamais en retard.

Je me fais du souci, ce matin. Depuis quelque temps, une grosseur s’invite dans mon abdomen. Elle disparaît aussi vite qu’elle apparaît. Étrange phénomène, pourtant bien réel, que je mets sur le compte d’une simple colite suite à un voyage en Égypte début octobre. Seulement, au fil des semaines, cette co-lite me semble de plus en plus suspecte.

Je me prépare pour partir au culte et décide d’en parler à Damaris, amie de longue date. Nous appartenons à la même église protestante. Peut-être que je pourrais voir Norbert, son mari et mon médecin, avant de rentrer chez moi. J’ai besoin d’être rassurée car encore ce matin, je l’ai vue. Elle n’apparaît

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jamais au même endroit, d’ailleurs. Bizarre ! Après l’office, je rejoins donc Damaris pour lui soumettre mes craintes.

– Aucun souci, me dit-elle, passe à la maison, Norbert est là.

Comme à son habitude, Norbert m’accueille chaleureuse-ment. Je lui expose la situation. Et après examen, il confirme mes soupçons :

– Pas de doute, tu as un problème. Pour moi c’est de l’ordre du kyste mais un petit tour aux urgences cet après-midi s’im-pose.

Fini le dimanche qui s’annonçait paisible. J’avais l’inten-tion de faire une virée au marché de Noël strasbourgeois, dont on entend tellement parler dans les médias en ces temps de fêtes. À la place, ce sont les longs couloirs impersonnels des urgences du CHU de Strasbourg qui s’offrent à moi. Au bout de trois heures, je sors avec un premier diagnostic : hernie ombilicale.

– Ce n’est pas une urgence. Prenez rendez-vous auprès de ma secrétaire pour prévoir une opération en début d’année, in-siste le chirurgien, après m’avoir auscultée.

Il m’invite aussi à passer un scanner pour confirmer ce gonflement douteux.

J’en informe Norbert. Il est perplexe face au résultat. Je ne le sens pas convaincu. Nous convenons que son assistante me prendra, demain, un rendez-vous en urgence pour le scanner.

De retour à la maison, je réalise qu’après une après-midi passée à l’hôpital, je ne suis pas plus avancée. L’entrevue médi-cale s’est révélée peu concluante. Pas de réelles investigations, juste une palpation rapide de mon ventre avec beaucoup de cer-titudes. Seul Norbert a su trouver les arguments pour me tran-quilliser en cette fin de journée.

Le soleil a disparu et la nuit tombe brusquement. Le froid s’intensifie. La soirée s’annonce calme. Il n’y a plus rien à faire pour aujourd’hui. À quoi bon ressasser mes craintes. Je n’ai pas de douleurs particulières, je ne me sens pas mal, au fond. Ras-

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surée par mes propres réflexions, je me plonge dans un de mes loisirs préférés : la lecture. Rien de tel qu’un bon roman pour se changer les idées, n’est-ce pas ?

Lundi matin, coup de fil du cabinet de Norbert. Je suis at-tendue vendredi après-midi à 15 heures pour une exploration approfondie de mon système digestif. Quelques jours à attendre et je serai fixée. La semaine à venir est chargée par mes obliga-tions professionnelles. Je n’aurai pas le temps de m’appesantir sur moi, et c’est tant mieux.

Plus qu’une heure, une demi-heure, un quart d’heure, dix minutes, ça y est. Le radiologue me reçoit dans son bureau. Je vais enfin savoir quel intrus se loge dans mes tripes.

– Désolé, ce n’est pas une hernie ombilicale mais quelque chose qui ressemble à une tumeur. Du jamais vu ! Je ne peux pas vous dire de quoi il s’agit mais ce dont je suis sûr est qu’il faudra l’enlever. Et surtout, pas de biopsie. Il faut être prudent !

Oups ! Droit au but le toubib. Il me faut quelques instants pour assimiler l’information. Là, tout de suite, je ne sais pas quoi répliquer. De toute façon, il ne s’engagera pas plus : ce n’est pas son rôle. Je le quitte donc sans plus tarder.

– Merci Docteur et au revoir.Arrivée dans la rue, je respire un bon coup. L’inquiétude

m’envahit peu à peu : Qu’est ce que c’est ce truc-là ? Troublée, je me précipite chez Norbert. Lui aussi est intrigué. La situation est peu banale.

Après discussions et coups de fils passés à des confrères, une consultation est prévue avec un nouveau chirurgien spécia-lisé en chirurgie digestive : lundi 24 décembre 2007 à 10 heures, sans faute. Encore un week-end à attendre ! Et lui, saura-t-il ? Aura-t-il une idée, un trait de génie qui puisse apaiser mes an-goisses qui se font de plus en plus oppressantes ?

J’ai hâte d’être à lundi. Une crainte vient se rajouter à mon état : et s’il fallait opérer de toute urgence ? Quelle horreur ! Mes projets pour les jours à venir sont tout autres. Passer Noël à l’hôpital, quelle perspective peu attrayante ! J’essaie tant bien

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que mal de vaquer à mes occupations habituelles, en cette fin de journée. Après de multiples efforts infructueux, je laisse libre cours à mes émotions. Seule dans mon appartement, affalée dans le canapé, je me confie en celui en qui je crois, Christ : Seigneur, toi qui sais tout, qui vois tout, qui entends tout… Viens à mon secours. Donne-moi ta paix !

Au bout de quelques instants, une chaleur indescriptible enveloppe tout mon être. Je me détends et m’endors paisible-ment. Merci Seigneur !

Je passe une fin de semaine apaisée, quoique pas totalement dégagée de mes peurs. Ménage, courses, visite à des amies, culte vont agréablement meubler ce temps d’attente. Vivre au jour le jour, difficile à mettre en œuvre lorsque nous sommes préoccupés. Nous y sommes pourtant encouragés dans la Bible : « Ne vous inquiétez pas pour le lendemain ; le lendemain se sou-ciera de lui-même. À chaque jour suffit sa peine 1. »

Un verset bien connu et si peu appliqué. Que de fois, je me suis gâchée une, voire plusieurs journées, tourmentée que j’étais par un souci. Bien souvent, je me laisse littéralement « bouffer » par les ennuis et j’oublie de jouir du moment présent. Pour en définitive, réaliser soit que le problème n’en était pas un, soit que la solution était plus simple qu’elle n’y paraissait au premier abord.

Chaque circonstance que je vis sert à éprouver ce que Dieu veut m’enseigner. Sinon lire, étudier ou méditer la Parole ont peu de sens à mes yeux. Être chrétien n’est pas une adhésion à une philosophie, à un courant de pensées. C’est un engage-ment concret, une pratique avec Dieu à mes côtés. Le champ d’expériences ? Ma vie ! Alors que ma santé occupe mon esprit, j’ose prendre, encore et toujours, le risque d’appliquer cette consigne. Le résultat est surprenant ! Pourquoi un tel verset ? La réponse est simple : éviter que nous souffrions inutilement. La vie apporte à chacun son lot de souffrances, nous en faisons tous l’expérience. Alors, pourquoi y mettre des doses supplé-mentaires, superflues de surcroît ?1 La Bible : Évangile selon Matthieu, chapitre 6 verset 34.

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Le jour « J » arrive. Je dévale les escaliers de mon im-meuble, direction le garage. Je saute dans ma voiture et une demi-heure après, je me retrouve dans la salle d’attente de ce chirurgien encore inconnu. J’appréhende toujours le premier contact. Comment est-il ? Sympa, pas sympa ? Ouvert, fermé ? Pourrais-je avoir confiance en lui ? Alors que mes pensées sont fixées sur ces points d’interrogations, une voix chaleureuse me surprend :

– Madame Baroncini ?– Oui, c’est moi.– Entrez et installez-vous, je vous prie.Cheveux gris, cinquantaine bien passée, poignée de main

amicale, plutôt bel homme. Ses propos sont simples et sans am-biguïté. Ça me plaît. Lui non plus ne sait pas ce que j’ai. Il le dit humblement. J’aime ça ! Nous nous quittons au bout de deux heures de discussions avec en ligne de mire une opéra-tion programmée au 15 janvier 2008. Pas d’alarmisme inutile. Par contre interdiction formelle de porter des charges lourdes. La prudence est tout de même de mise. Je serai hospitalisée la veille. Si tout se passe bien, je pourrai sortir le samedi suivant.

Si l’entretien n’apporte pas plus de renseignements sur cette grosseur, tout le monde s’accorde à dire qu’un cancer est peu probable. Les marqueurs sanguins sont négatifs et pas d’autres indices pour poser un tel verdict.

Déjà une semaine d’écoulée ! J’ai le pressentiment, malgré les paroles rassurantes des uns et des autres, que mon quotidien est en train de basculer. Basculer vers quoi ? À ce moment-là, je n’en sais strictement rien.

Voilà une veillée de Noël bien particulière. Entourée de mes amis les plus proches, je fête la naissance de Jésus-Christ. Noël, une fête de joie teintée d’une ombre pour moi.

– Seigneur, c’est quoi cette histoire ? Grave, pas grave ? Où m’emmènes-tu ?

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Que de questions en ce 24 décembre. Surtout que je me sens bien. Pas de fatigue spécifique, pas de signes avant-cou-reurs. Juste une masse qui se promène dans mon ventre et qui défie le corps médical avec insolence. Je décide de mettre de côté mes inquiétudes. Si les médecins consultés ces derniers jours ne s’affolent pas, pourquoi devrais-je paniquer ? Je fais confiance à la médecine. Aucun élément tangible n’existe qui permette de soupçonner un cancer. Des tumeurs bénignes tou-chent un nombre considérable de personnes et je décrète donc que je fais partie de cette catégorie.

Lundi 14 janvier 2008, 15 heures Accompagnée de ma voi-sine, je franchis les portes de la clinique Sainte Barbe à Stras-bourg, tout près de la gare. Le service de chirurgie digestive est au deuxième étage. Ma dernière opération, l’appendicite, date de plus de trente ans. Malgré moi, je vais pouvoir réactualiser mes connaissances hospitalières, me faire ma propre opinion. Avec tout ce que l’on entend ici et là, je dois dire, que je ne suis pas vraiment à l’aise. L’accueil de l’infirmière de service est sympa. Comme tout le personnel hospitalier dévoué, elle me met à l’aise, me fait sentir que je suis attendue. Quelle chance !

Tout se déroule selon ce qui était décidé avec mon chirur-gien. La machine est en route. Le scénario est lancé. Il ne reste plus pour chacun qu’à jouer son rôle et samedi, je quitte la scène. L’acte final. La fin de la journée sera rythmée par des examens préopératoires ainsi que la visite de l’anesthésiste et du chirurgien. Rien de plus que je ne sais déjà. Il est prévu que je passe au bloc vers 10 heures le lendemain matin.

La soirée est calme. Quelques coups de fils d’amis vien-nent rompre le silence de la nuit tombante. Je ne suis pas toute seule. Ils sont là et manifestent leur amitié, chacun à sa manière. Cela me fait du bien. Dans vingt-quatre heures, j’en saurai plus. Bientôt plus qu’un mauvais souvenir.

Lendemain, 10 heures. Quelqu’un frappe à ma porte. C’est l’heure ! Après quelques petites vérifications d’usage, je suis emmenée au bloc opératoire. Couloirs, ascenseur et à nouveau couloirs. Une véritable expédition enrichie par la gentillesse

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et l’humour de deux infirmières. Tout est mis en œuvre pour me distraire et me détendre. Et me voilà confiée dans d’autres mains. Sourires, paroles réconfortantes m’accompagneront jusqu’à la table d’opération. Là, tout est inox, acier aux couleurs restreintes – le gris et le blanc dominent. Il fait froid et je n’ai qu’une envie : retrouver ma chambre.

Sans mes lunettes, je ne distingue pas les visages. Je ne reconnais pas les voix. Les personnes qui m’entourent me sont inconnues. Où est mon chirurgien ? Je m’endors avant même d’avoir le temps de poser la question. C’est une petite opéra-tion, elle ne devrait durer qu’une heure. Après tout, il ne s’agit que de l’ablation d’une tumeur. Rien de plus.

Tout s’est bien passé et je réintègre ma chambre en début d’après midi. J’attends avec impatience la visite du chirurgien pour en savoir plus.

– Bonne nouvelle, me dit-il dans la soirée. Elle est impres-sionnante : douze centimètres de diamètre, un petit melon. Il y a 99 % de chance que ce soit bénin.

– Super ! Ça, c’est une bonne nouvelle ! Sur quoi vous fon-dez-vous pour l’affirmer ?

– Trop belle, trop lisse pour que cela soit cancéreux.Ouf ! Je suis soulagée, l’opération est à présent derrière moi

et tout va bien. Que de frayeur pour rien. Merci Seigneur !Vendredi, la veille de ma sortie, à 17 heures, coup de fil du

chirurgien. Je suis perplexe. Le matin même, nous avons discu-té sans que rien d’inquiétant n’en ressorte. Il a signé les papiers pour ma sortie (prévue le lendemain matin). Que se passe-t-il ?

– Je viens d’avoir le laboratoire au téléphone, me dit-il un peu gêné. Nous allons transmettre la tumeur à Paris pour une analyse plus pointue. Il semblerait que cela soit un cancer mais un cancer pas grave, rassurez-vous !

Vlan ! Le mot est lâché : cancer.– Un cancer pas grave ? Vous pouvez préciser car pour moi,

par définition, un cancer c’est grave Docteur.

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– Un cancer sans métastase si vous préférez. Mais nous ne savons pas de quel type de cancer il s’agit, il faut pousser les investigations plus loin. Je vous tiens au courant dès que je sais quelque chose.

99 % de chance que ce soit bénin, m’a-t-on dit depuis que cette histoire a commencé. « Trop belle, trop lisse pour parler de cancer ». Les phrases des uns et des autres s’entrechoquent dans ma tête. Et puis, renversement total de situation. Peut-être lisse, peut-être belle mais il y a un hic : elle est cancéreuse, cette fichue tumeur. Trois minutes de conversation, et mon univers vient de chavirer. J’essaie de réaliser ce que tout cela signifie. D’autant que la situation est encore obscure. Certes, je sais à présent que c’est un « cancer pas grave »… Quelle idée de formuler les choses ainsi ! Comment peut-on concilier le mot « cancer » et l’expression « pas grave » ? Pour moi c’est antino-mique, je ne me résous pas à donner un sens à cette expression.

Il n’est pas encore possible de donner un nom à ce cancer. Il faudra attendre quelques semaines avant d’en savoir plus et pour connaître la suite des événements. Car, qui dit cancer, dit, le plus souvent, chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie, bref un cortège de mots dont je connais le sens mais pas encore toutes les implications. Je suis abattue et complètement désarmée de-vant une telle nouvelle. Le soulagement vécu le jour de l’opé-ration se transforme en une immense déception. Un sentiment profond fait surface : celui d’avoir été « grugée », « trompée » quant à la nature de mon mal. Les certitudes énoncées jusqu’à présent se transforment en d’innombrables questions.

– De quel cancer s’agit-il ? Est-ce une tumeur récidivante ? Quelles sont les chances de s’en sortir ? Que va-t-il se passer ?

Mais au-delà de ces considérations médicales, que signifie pour moi le 1 % complètement occulté jusqu’à présent ? Com-ment concevoir tout à coup que le mal dont je suis atteinte soit aussi grave ? Je m’étais faite à l’idée que ma santé n’était pas menacée. Certes, il fallait passer par une opération, mais après, tout allait rentrer dans l’ordre et la vie reprendrait son cours

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normal… Comme avant. Bref un épisode banal dans une vie banale, rien à dire sur le sujet… Passez, il n’y a rien à voir !

En moins de trois minutes, tout est chamboulé. Le premier choc passé, une colère fait jour. J’en veux au corps médical d’avoir eu autant de certitude. Et je m’en veux surtout d’avoir cru que cette tumeur pouvait être bénigne. Je n’ai pas laissé la place à une autre éventualité que celle que l’on me présentait. Mais 99 %, ce n’est pas 100 %. Personne, ni les médecins, ni les amis à mes côtés ne peuvent être montrés du doigt. Ils ont été sincères et rien ne laissait entrevoir que la situation était plus grave qu’elle ne le paraissait. Colère aussi d’apprendre que je suis touchée par ce mal qui s’installe dans mon corps sans crier gare et que l’on nomme « cancer ». Ce mal qui ronge de l’intérieur sans y avoir été invité. Quelques instants me suffisent pour être complètement submergée par des sentiments comme la peur ou l’angoisse… Avec l’incapacité d’y répondre de façon logique et posée.

Je raccroche le combiné. Je suis seule à connaître le mal qui me ronge, seule dans cette clinique, un vendredi soir à lutter avec moi-même. Je n’ai pas la force d’appeler qui que ce soit. Impossible d’exprimer de vive voix ce que je ressens.

* * *Un cancer, j’ai un cancer ! Je me répète inlassablement

cette petite phrase sans en réaliser toute sa portée. Cette maladie dont on parle tant fait partie de moi. Jamais je n’avais envisagé une telle éventualité. Les autres, oui, mais pas moi. Suis-je en danger ? Combien de temps me reste-t-il à vivre ? Submergée par la douleur, la peur au ventre, recroquevillée dans ce lit d’hô-pital, la nuit s’annonce agitée.

Alors que la chambre est plongée dans le noir le plus total, je partage ma lutte avec l’ami le plus proche, le plus intime et le plus fidèle qui existe. Cet ami, à qui je peux tout exprimer sans crainte, sans retenue. Il me connaît et sait mieux que quiconque ce que je vis en ce moment. Cet ami, vous l’aurez reconnu, c’est Jésus. Il est le consolateur par excellence. Il console mais ne

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s’apitoie jamais. Il est présent quand je l’appelle. Il est l’oreille dont j’ai besoin. Il est la parole qui me ranime et me relève lorsque je suis dans l’abîme du désespoir. Oui, je ne suis pas toute seule face à cette nouvelle épreuve. Jésus est avec moi et il me le rappelle, ce soir-là, lorsqu’au bout d’une heure, je l’entends me chuchoter :

– J’entends ta colère et la comprends. Tu as le droit, mais ne te laisse pas démolir par elle. Un combat t’attend !

– Rappelle-toi que l’Esprit fait concourir « toutes choses au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui ont été appelés conformément au plan divin 2. »

Quel verset ! Je ne me lasse pas de le méditer, encore au-jourd’hui. Oui, toutes choses concourent à mon bien. Et si c’est l’épreuve qui est au cœur de « toutes choses », je ne peux que porter un regard différent à ce qui m’arrive.

– N’oublie jamais que je suis à tes côtés.Non, je ne l’oublie pas. Il a la première place depuis que je

suis chrétienne.

s Pour aller plus loin

1. Avez-vous eu de la colère à l’annonce de la maladie et en avez-vous voulu à quelqu’un ?

2. Trouvez-vous que c’est injuste d’avoir un cancer ?

3. Comment arrivez-vous à trouver la paix dans votre cœur ?

4. Dieu peut-il vous aider à traverser cette épreuve ?

2 La Bible : Lettre de Paul aux Romains, chapitre 8 verset 28.

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Pourquoi moi ? Et pourquoi pas toi ?

Samedi 19 janvier 2008, il fait froid et le ciel est bas, chargé de nuages. Le fond de l’air glacial m’attend à la sortie. Je quitte la clinique avec une boule dans la gorge. Mon appréhension de l’avenir est telle que je suis mal lorsque j’en franchis la porte. Je me sens fragile, vulnérable et prête à tomber. Ce corps qui, jusqu’à présent, fonctionnait à peu près normalement, me fait à présent une blague que je n’apprécie pas du tout. Certes j’ai des soucis de santé – une fibromyalgie plus précisément – mais j’ai appris à vivre avec. Elle fait partie de mon quotidien. Tout est bien rôdé. Une vie professionnelle bien remplie, trop peut-être ? J’occupe deux mi-temps. L’un comme professeure auprès de classes de BTS tertiaires à la Chambre de Commerce de Stras-bourg. L’autre mi-temps au sein d’une association. Je fais de la prévention dans le milieu scolaire contre les méfaits du tabac. Je m’occupe également du site Internet et gère quelques tâches ad-ministratives. Des amis, des loisirs et une vie d’Église occupent le temps que me laisse ma profession. Rien d’extraordinaire, un quotidien fait de joies et de peines comme tout un chacun.

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Il est convenu que je passe une partie de ma convalescence chez Damaris. Elle ignore encore la nouvelle. À mon arrivée, le seuil de la porte à peine franchi, je me réfugie dans ses bras et laisse libre cours à mes larmes. Au bout de cinq minutes, nous sommes deux à pleurer. Moi pour mes peurs et le stress de ces dernières heures, Damaris pour sa compassion et son soutien. En effet, il est écrit « Partagez la joie de ceux qui sont dans la joie, les larmes de ceux qui pleurent 3. »

Oui, il est bon de pouvoir exprimer librement ses émotions. C’est encore mieux de les partager avec un proche, qu’il s’agisse d’un conjoint, d’un enfant, d’un parent ou d’une amie. La Bible nous encourage à porter mutuellement nos fardeaux. La com-munion avec l’entourage nous aide à affronter les épreuves de la vie qui nous bousculent, nous bouleversent et peuvent nous précipiter dans le gouffre de la dépression. Nous pouvons être des garde-fous les uns pour les autres. Et Damaris en a été un aux jours les plus sombres de la bataille. Elle n’a eu de cesse de m’inviter à garder les yeux fixés sur Jésus, notre sauveur et consolateur.

Le moment d’émotions passé et les larmes séchées, la ré-volte et les points d’interrogations font leur apparition. Nous sommes installées dans sa cuisine, le lieu habituel de nos échanges. Le soleil nous baigne de (ses) timides rayons. Sou-dain, je lance comme un cri de désespoir :

– Pourquoi moi ? De quoi suis-je coupable pour être at-teinte à présent d’un cancer ? Et inconnu, de surcroît !

Une ribambelle de réflexions plus lugubres les unes que les autres débarquent sans crier gare dans notre conversation. Alors que j’essaie de trouver une explication raisonnable à mon drame, une remarque vient bousculer toute logique :

– Et pourquoi pas toi ? me lance Damaris.Quatre mots lancés sous forme d’interpellation ! Quatre

tout petits mots mis l’un à côté de l’autre et qui font l’effet

3 La Bible : Lettre de Paul aux Romains, chapitre 12, verset 15.

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d’une bombe ! Mais oui, pourquoi pas moi en définitive. Qu’ai-je fait ou pas fait pour que cela ne me touche pas ?

Dans les deux cas, la réponse est : rien de particulier. Il faut bien se rendre à l’évidence, les pensées qui me tourmentent n’ont qu’un seul but : me culpabiliser !

Il est vrai que certains cancers sont parfois, et ce n’est pas systématique, le résultat d’un comportement inadapté de la per-sonne. Cependant, nous ne sommes pas égaux devant la mala-die. Si la médecine peut donner des explications à la cause de certains cancers, il n’en est pas ainsi pour tous les cancers.

Un nouvel horizon s’ouvre alors. Si je ne suis pas « cou-pable » du mal qui m’atteint de plein fouet, le « pourquoi » accu-sateur peut alors se transformer par un « pour quoi : dans quels buts ».

« Cancer », un mot qui véhicule de multiples questions aux-quelles je ne peux échapper. Je suis prise, comme tant d’autres, dans un tourbillon de points d’interrogations dont il est impos-sible de m’y soustraire. Ils font partie intégrante de la maladie elle-même. C’est un réflexe inhérent à ce mal. Le cancer, tout comme le sida, a une spécificité particulière ; la condamnation ! C’est précisément ma première crainte : suis-je condamnée ? Suivie immédiatement par ce cortège inéluctable d’observa-tions telles que :

– Si je ne suis pas coupable, pourquoi la maladie, la souf-france ?

– Le cancer, c’est quoi au juste ?– La mort, une fin en soi, ou… ?– Où trouver la force pour traverser cette épreuve ?– Y a-t-il encore un avenir ?

Ces réflexions m’accompagneront sans relâche. Elles font partie intégrante de la maladie. Ce n’est pas seulement la ma-ladie qui est concernée mais ce qu’elle véhicule. Trouver des réponses à ces questions fait partie du combat. Guérir de la ma-ladie (ou être en rémission) sans avoir réfléchi sur ce qu’elle

Pourquoi moi ? Et pourquoi pas toi ?

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implique, ce n’est pas tout à fait guérir. Ces réflexions indisso-ciables de la maladie m’accompagneront sans relâche. À croire que le cancer ne peut se vaincre, disparaître à jamais que dans la résolution partielle ou totale de ces questions. À chaque étape de ma maladie je découvrirai des réponses au cœur de la Bible : la parole vivante qui fait cohabiter vérité et compassion. Jusque-là, je ne jugeais pas nécessaire d’approfondir ma relation avec Christ. Désormais, certaines portes que je me fermais en agis-sant ainsi vont s’ouvrir. Un monde nouveau s’offre alors à moi. Ce monde où je trouverai en premier lieu la guérison de mon âme, avant même celle du corps à laquelle nous aspirons tous, quand nous sommes atteints de ce mal. Une chose est certaine, Dieu ne se trompe jamais ! Il est inévitable que la première réac-tion soit celle de l’incompréhension. Si Dieu m’aime, pourquoi permet-il un tel drame ?

Je ferme un instant les yeux. Absorbée par mes pensées, j’oublie où je suis. Je ne vois plus Damaris devant ses four-neaux, attentive à mes paroles et toujours prête à prodiguer une parole d’encouragement, un conseil avisé. Silence inattendu… Propice à une réflexion intense. Une évidence s’impose à moi, alors que le temps semble suspendu. Une lutte s’annonce et pas n’importe laquelle : la vie ou la mort. Étrange combat que celui de la vie, alors que je n’ai aucun doute sur ma destinée après la mort. Je crois en la vie éternelle et je sais qu’en tant qu’enfant de Dieu, je serai à ses côtés dans l’éternité. Et pourtant, je ne suis pas prête à quitter cette terre. Tant de choses encore à ac-complir, à découvrir avant le grand départ ! Tant de personnes qui me sont chères et aucune envie de m’en séparer. Sans comp-ter les rencontres à venir. J’ai encore des rêves, des projets plein la tête ! J’aimerais tant les voir aboutir, au moins quelques-uns auxquels je tiens tout particulièrement. Chut ! Ils font partie de mon jardin secret ; seul Dieu sait !

La mort est plus énigmatique encore ! Ce mystère qui me dépasse et me laisse sans voix ! Passage obligé pour vivre l’éter-nité. Mais difficile de se préparer à cet instant furtif qui me fera basculer d’un monde à un autre, sans pouvoir en maîtriser le déroulement. Mourir, c’est accepter de vivre cet ultime souffle

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de vie, dans la paix et sans regret ; ce dernier battement de cœur qui me séparera à jamais de tout ce que j’aime ici-bas. C’est rejoindre cet autre monde qui ne se dévoilera qu’au moment où j’y entrerai. Mais quel monde ? Pour moi, chrétienne, il s’agit du royaume de Dieu, incontestablement. Je n’ai aucun doute là-dessus ! Et pour vous ?

Vivre et mourir, deux réalités qui s’interpénètrent et ne peuvent exister l’une sans l’autre.

Le bruit sourd d’une casserole posée sans ménagement sur la gazinière me ramène subitement à notre discussion.

– C’est vrai, tu as raison. Pourquoi pas moi. Et il va falloir que j’apprenne à me battre contre cette maladie. J’ai un combat à mener : celui de la vie.

Lorsque tout va bien, la vie semble acquise à jamais. Rare sont les fois où je me lève en me demandant si les cellules de mon corps sont prêtes à faire ce pour quoi elles ont été créées ? Le souffle de vie qui m’anime à chaque seconde me paraît évi-dent. À aucun moment je n’imagine que l’anarchie s’installe au cœur de mes cellules, secrètement, en silence.

Je prends conscience, tout à coup, que ce souffle de vie va avoir un prix : la victoire sur la maladie.

La vie avec Christ est une aventure extraordinaire, elle n’en reste pas moins semée d’embûches. Les difficultés de la vie ne nous sont pas épargnées, à nous croyants. Par contre, je peux af-firmer, de par mon vécu, que traverser une épreuve avec ou sans Christ ce n’est de loin pas la même chose. Un coup dur avec Dieu aux commandes : c’est une expérience où nous sommes toujours vainqueurs, aussi difficile soit-elle. Mais pour cela, en-core faut-il accepter l’aide qu’il nous offre. Et, une fois de plus, alors que je suis démunie face à ce qui s’annonce, j’accepte la main que me tend Christ. Je n’ai pas conscience de ce que va être ce combat. Je ne réalise pas encore que cela touchera tous les domaines de ma personne.

Cependant, avons-nous réellement besoin d’être aidés pour nous battre ? Ne suffit-il pas de se convaincre que nous avons, en

Pourquoi moi ? Et pourquoi pas toi ?

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nous, la force suffisante pour faire face à cette épreuve ? Com-bien de personnes atteintes de cette maladie sont aujourd’hui guéries ? Vous en connaissez très certainement dans votre en-tourage, tout comme moi. C’est vrai, des milliers de personnes s’en sortent et vivent, à nouveau, une vie normale. Quelle joie !

Si vous avez traversé victorieusement cette épreuve alors que votre croyance en Dieu est fragile voire inexistante, j’ose vous poser trois questions :

– Quel prix avez-vous investi pour combattre votre can-cer ?

– Quelles pertes, quels manques, quels regrets, quelles peurs, quelles angoisses avez-vous dû affronter tout au long de votre parcours médical ?

– Comment envisagez-vous l’avenir ?

De vraies questions ! J’ai eu l’occasion de discuter de ce délicat sujet avec des personnes touchées par le cancer, guéries ou non. Il se dégage toujours de notre conversation, en filigrane, des peurs encore bien présentes, des rancœurs vivaces vis-à-vis d’un entourage qui n’a pas su répondre aux besoins.

Espérance zéro ! C’est la vie, paraît-il !La peur de la récidive est toujours présente… Sans parler

de la peur existentielle de la mort, de la souffrance. Oui, des milliers de personnes, ont combattu le cancer. Oui, elles sont guéries physiquement, c’est indiscutable mais…

Mais ? Le cancer est-il vraiment un combat ? Pouvons-nous gagner la bataille du cancer ? Les personnes qui s’en sont sorties diront tout naturellement oui. Elles ont gagné et elles ont raison. Mais à quel prix ?

Vaincre un cancer, c’est tuer les cellules cancéreuses et per-mettre à l’organisme de se reconstituer un capital de cellules saines. C’est éradiquer à jamais ce mal avant qu’il n’arrive à se propager dans tout le corps. C’est effacer de la mémoire de notre organisme, ce processus, afin que la guérison soit totale et entière. Risque de récidive zéro ! Est-ce possible ?

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25 Pourquoi moi ? Et pourquoi pas toi ?

Oui, nous pouvons indéniablement parler de combat et la lutte est rude, longue, éprouvante pour le malade. Oui, nous remportons souvent la bataille sur cette maladie mais pas tou-jours la guerre, et le cancer a encore trop souvent le dernier mot.

Je suis face à un choix, à chaque fois que l’épreuve s’invite sur ma route. Et aujourd’hui, debout dans la cuisine de Dama-ris, ignorant encore tout de ce cancer atypique, je fais le choix d’affronter cette nouvelle épreuve avec Dieu. Mes armes seront les siennes et non les miennes. Et l’une d’elles, la prière ! Elle est puissante et apaisante lorsque l’âme souffre !

Espérance 100 %, la vie, la vraie !Mais pour cela, je mets Dieu à la première place, bien évi-

demment. Je suis toujours surprise de constater la violence des propos des hommes qui sont frappés de turbulences dans leur vie. Leurs colères se transforment vite, trop vite, en accusations contre Dieu. Mais je me pose cette question : ont-ils une relation personnelle et intime avec Dieu ?

Laissez-moi faire la comparaison suivante : imaginez que, atteinte d’un cancer, je refuse de consulter ma cancérologue pour des raisons personnelles et idéologiques. Puis, au bout de quelque temps, mon état se dégrade sérieusement. Furieuse de-vant les conséquences désastreuses de mon choix, je me précipite chez elle et l’accuse violemment de n’avoir rien fait pour éviter cette déchéance. Bizarre, non ? Je vous laisse deviner sa réaction.

La société ne fait-elle pas la même chose avec Dieu lorsque des catastrophes s’abattent dans nos vies ?

s Pour aller plus loin

1. Quel combat avez-vous mené ?

2. Quelle est votre espérance ?

3. Avez-vous mis Dieu aux oubliettes ?

4. Connaissez-vous les armes de Dieu pour combattre la maladie ?

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Comment mener le combat ?

15 février 2008. Nous sommes en plein cœur de l’hiver. Contrairement aux habitudes alsaciennes, le temps est plutôt clément. Pas de gelée, du soleil en journée annonciateur d’un printemps précoce. Bref, une saison plus douce qu’à l’ordinaire qui pourrait donner, à ma convalescence, un air de vacances. Une ombre au tableau, cependant : pas de nom pour ce cancer et je ne sais toujours pas ce qui m’attend. Du moins, c’est ce que je crois alors que je m’apprête à rejoindre mes amis à Reichstett.

Ce sont les congés scolaires et le fils de Damaris, Raphaël, ainsi que son épouse Karen et leurs quatre enfants ont débarqué la veille. Ils viennent de la région de Tours et font une brève halte dans la demeure familiale avant d’aller goûter aux joies des sports d’hiver. Sa fille Delphine, avec son époux Pierre et leurs deux enfants seront de la partie.

C’est toujours pour moi une source de joie de retrouver tout ce petit monde. Rien de plus merveilleux que de se faire accueillir par des rires d’enfants. Je sonne. Un, deux, trois, et hop ! Des petites frimousses font leur apparition dans l’entre-

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bâillement de la porte. En deux temps, trois mouvements, je me retrouve entourée d’une multitude de petits bras qui m’enlacent si fort que le risque de chute est imminent. Je m’assieds donc précipitamment sur le banc situé à l’entrée et salue avec bon-heur ces petites bouilles tout sourire.

Le temps des embrassades terminé, je rejoins les adultes à la cuisine. Cette cuisine propice à toutes les rencontres. Que de joies et de bonheur, que de peines et de drames partagés dans ce lieu. À croire que la maison se réduit à une seule pièce ! Non, non, rassurez-vous, la maison est grande et les pièces se répar-tissent harmonieusement entre les deux étages.

Il est midi et je me mêle à l’atmosphère joyeuse de la mai-sonnée. La table est prête pour accueillir les ventres affamés de la jeunesse présente. Nos bavardages vont bon train lorsque Norbert fait son apparition.

– J’ai des nouvelles toutes fraîches, me lance-t-il.– Et ? sans oser aller plus loin car j’appréhende la suite.À l’écart du chahut ambiant, j’écoute avec la plus grande

attention l’exposé médical de Norbert.– Tu as un liposarcome de l’épiploon, une forme très rare

de cancer.J’apprendrai par la suite qu’il n’existe que quinze cas ré-

férencés dans le monde. Je vous laisse calculer le pourcentage : infinitésimal, voire nul !

– Et… ?Je ne sais que dire. L’effet de surprise est tel que je reste

sans voix !– La commission pluridisciplinaire où siège ton chirurgien

n’a pas encore pris de décision définitive sur la suite à donner. Ton dossier est transmis à une sommité en matière de cancéro-logie. Elle est experte dans ce type de cancer.

– Ce qui veut dire, qu’il faut encore attendre avant d’en savoir plus ?

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– Oui, malheureusement. La situation est tellement excep-tionnelle qu’il faut être prudent avant de se prononcer sur un traitement.

Non seulement je suis atteinte d’un cancer mais en plus il est rare, très rare, hors du commun même.

À cet instant, je ne sais ni quoi penser ni quoi dire. Per-plexe, dubitative, je m’isole au premier étage. Loin de tous re-gards, je laisse libre cours à mes émotions. Quelques minutes s’écoulent avant que Damaris ne me retrouve. Elle est au cou-rant et comme à son habitude, elle me rejoint dans ma détresse.

Le premier choc passé, je m’aventure à disserter sur le su-jet. Des paroles qui permettent d’évacuer les craintes du mo-ment.

– En définitive, me dit Damaris, c’est peut-être mieux ain-si. Cela t’évitera de t’attacher à des chiffres, à des statistiques. Et je peux te dire, d’ores et déjà, que le suivi médical sera rigou-reux et très cadré.

Au fur et à mesure de notre discussion, la raison prend le dessus.

– C’est vrai ! Et puis être atteinte d’un cancer rare, ça ne veut pas dire qu’il soit incurable. Mais Damaris, le cancer, c’est quoi exactement ?

Lorsque nous évoquons le mot cancer, nous l’associons presque instantanément à la mort. Le dictionnaire le définit ainsi :

cancer […] II. 1 Tumeur maligne, maladie grave causée par une multiplication anarchique de cellules. […] 2 fig. Ce qui ronge, détruit 4.

Maligne… Anarchique… Toujours selon le dictionnaire, on lit :

malin, maligne […] 1. Qui se plaît à faire du mal. mau-vais, méchant. […] subst. Le malin : le démon, Satan. […]

4 Dictionnaire Le Robert pour tous, Paris, Éd. Club France Loisirs,1994 (avec autorisation des éd. Le Robert), s.v. « Cancer », p. 150.

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2. Se dit d’une maladie dont l’évolution est critique ; d’une tumeur susceptible de se généraliser et d’entraîner la mort. Tumeur maligne. cancéreux 5.anarchie […] 1. polit. Désordre résultant d’une absence ou d’une carence d’autorité. […] Confusion due à l’absence de règles ou d’ordres précis 6.

Si je résume, dans ce petit mot vont cohabiter le malin, l’anarchie et la destruction qui peuvent, grâce à une associa-tion sans faille, mener à la mort. Pas étonnant, d’ailleurs, que la question de la condamnation s’impose à moi avec force et vigueur. Suis-je condamnée ? Et si oui, combien de temps me reste-t-il à vivre ? Dans ma tête, la condamnation à mort est réservée aux personnes qui ont commis des choses très graves, comme le meurtre. Et encore, depuis 1981 en France, la peine de mort est abolie. Il n’y a plus de mise à mort pour les meur-triers. Et me voilà en train de me poser cette question ô com-bien cruciale pour moi-même. Comment envisager la guérison lorsque l’inconscient collectif a véhiculé, dans une si petite dé-finition, autant de tragédies ? Il n’y a pas d’espérance, pas de victoire sur la maladie.

Le cancer, rappel de la déchéance de l’humanité. Voilà le message implicite de ce mal. Il est la conséquence, lointaine, très lointaine certes, de la désobéissance de l’homme au jar-din d’Éden. C’est l’incarnation du péché originel qui, sous ses diverses facettes, nous rappelle nos origines. Suis-je coupable pour autant ? Non, mais c’est mon héritage, le vôtre aussi, ce-lui de la terre tout entière. Cancer, un des fruits du péché tout comme la souffrance, la maladie en général.

Dois-je en passer par là pour prendre conscience de qui je suis réellement ? Quelle sera la voie de sortie ? La guérison ? Et quelle guérison, celle du corps, de l’âme ? Je n’ai pas les réponses mais il est gravé dans mon cœur un fondement que

5 Dictionnaire Le petit Robert, Paris, Éd. Le Robert, 2004,s.v. « Malin », p. 1552.

6 Dictionnaire Le petit Robert, Paris, Éd. Le Robert, 2004,s.v. « Anarchie », p. 90.

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nul ne peut m’enlever : rien ne se fait en vain avec Dieu. Mais sortirai-je victorieuse de cette lutte ?

Est-ce pour me montrer comment combattre la maladie que tu me fais passer par là ? Ai-je besoin de cet enseignement-là pour aller plus loin dans ma relation avec toi, Seigneur ?

Au bout d’une heure, nous rejoignons la famille au rez-de-chaussée. J’essaie de mettre de côté mes soucis de santé. Il me faut patienter, encore et toujours. Rien n’est décidé. Combien de temps avant de se lancer dans la bataille ? Personne ne peut répondre et le soir venu, je rejoins mon appartement, abattue par la nouvelle du jour. Je fais quelques tentatives de recherche sur l’internet. Aucune information, aussi minime soit-elle, sur ce type de cancer : inconnu au bataillon ! Je n’ai pas d’autre solution que de faire confiance aux cancérologues qui décide-ront de la suite à donner, sous l’œil bienveillant de Dieu. Je lui confie tout, dans les moindres détails. Sa présence, un don qui n’a pas de prix.

Jeudi 13 mars 2008. Presque trois mois que toute cette his-toire a commencé. Je n’ai toujours pas d’indices sur la suite des événements. L’attente est longue : que se passe-t-il ? N’y aurait-il rien à faire ? Les questions vont bon train, alors que l’hiver nous délivre ses derniers frimas. Assise dans la cuisine, je prends mon petit-déjeuner. Il fait encore nuit et la rue semble ne pas vouloir s’animer. Complicité silencieuse et fugace d’une planète d’ordinaire agitée ?

Une porte claque subitement. Ma voisine de palier descend rapidement les escaliers. Elle part travailler. Me voilà rassurée, le monde qui m’entoure ne s’est pas arrêté subitement. Juste un petit retard au démarrage d’une journée semblable à tant d’autres.

Alors que tout s’agite autour de moi, je me plonge dans ma Bible. Besoin de me ressourcer, d’être réconfortée, apaisée. Bien qu’en arrêt maladie, j’en profite pour faire la mise à jour des sites Internet dont j’ai la charge. Celui de mon église, celui de l’association où je travaille et enfin la e-boutique de l’en-treprise de mon frère dans le Nord. À côté de cela, d’autres

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occupations rythment ma convalescence : lecture, préparation de cours bibliques pour adolescents, sorties ainsi que différents menus services que je rends avec le plus grand des plaisirs.

19 heures, je suis attendue à Reichstett chez Damaris. Une fois par mois, nous sommes plusieurs à nous réunir pour prier et étudier ensemble un passage biblique. Moments privilégiés de partage où chacun exprime, s’il le souhaite, ses joies, ses peines ou ses difficultés.

À mon arrivée, la porte de la maison est grande ouverte. Au loin, Norbert a les bras chargés de bois ; il se dirige vers moi. Nous entrons et sommes rejoints par Damaris, attirée par le bruit de la porte qui s’est brutalement refermée derrière nous. Tout en alimentant le poêle de faïence, un silence inhabituel supplante les bavardages d’usages. Que se passe-t-il ? Intuition féminine oblige, je comprends à demi-mot qu’une nouvelle étape se profile à l’horizon.

– Des nouvelles ? dis-je en me tournant vers Norbert afin de rompre la gêne ambiante.

– Oui : le Dr Escande, ta cancérologue, m’a contacté cette semaine. Elle a prévu, en accord avec le Professeur Bergerat, une nouvelle intervention chirurgicale suivie de séances de chimiothérapie.

Je suis littéralement paralysée. Repasser sur le billard, quelle horreur !

– Et l’opération, pour faire quoi ?Je suis catastrophée par l’idée d’un nouveau séjour à l’hô-

pital.– Enlever l’épiploon 7 ainsi qu’une partie de ton estomac.

Ta tumeur était rattachée à lui, donc, pour éviter tout risque de propagation des cellules cancéreuses, il est plus sage de faire une gastrectomie partielle. Ils appliquent le principe de précau-tion vu que ton cas est quasi unique.7 Épiploon : « Repli du péritoine qui relie entre eux les organes

abdominaux » (Dictionnaire Le petit Robert, Paris, Éd. Le Robert,2004, p. 925).

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Ca y est, la quiétude apparente de ma convalescence vient de basculer vers un nouveau séisme. Opération, chimiothérapie, des mots intimement liés à cancer. Me voilà à nouveau préci-pitée dans la maladie. Le sursis imposé par l’attente des traite-ments à mettre en œuvre s’achève.

La présence silencieuse de Damaris témoigne de sa com-passion. Elle me connaît et sait, qu’à cet instant-là, je suis bou-leversée.

Oui, le combat tant redouté ces dernières semaines va dé-buter. Jusqu’à présent, la maladie s’était arrêtée à un mot : « can-cer » – et tout ce qu’il impliquait bien entendu. À présent, ce mal prend vie. Le coup d’envoi est donné !

Nous passons à table sans plus tarder. La réunion com-mence dans une heure. Au cours du repas, j’apprends que mon chirurgien, en vacances à trois mille mètres d’altitude, a remué ciel et terre pour s’assurer des meilleurs conseils quant à la marche à suivre. Il a œuvré dans l’ombre en étroite collabora-tion avec le Dr Escande, cancérologue de renom qui, en l’espace d’une soirée, fait à présent partie de mon réseau relationnel. Et oui, elle s’ajoute à la liste de mes contacts. Elle devient « ma cancérologue ». Elle me connaît déjà alors que pour moi, elle n’est encore qu’un nom.

Alors que le repas prend fin, je suis rattrapée par une bouf-fée d’angoisse. Maladie, souffrance : Pour quoi Seigneur ? Un leitmotiv, réactivé régulièrement par l’alternance des temps d’attentes et des nouvelles distillées au compte-gouttes. Mon quotidien depuis décembre.

À chaque avancée dans ce périple, je dois réajuster mes émotions, mes craintes, mes angoisses. C’est un marathon où la résistance au stress est mise à rude épreuve. Mon souhait ? Que tout aille vite : l’opération, les séances de chimiothérapies sont encore à venir mais plus pour longtemps.

Mercredi 2 avril 2008. Encore quelques heures et je rejoin-drai, pour une seconde fois, la clinique Sainte Barbe. Le petit-

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déjeuner a une saveur toute particulière, alors que les rayons du soleil percent délicatement la fraîcheur matinale.

L’opération prévue demain matin est plus importante que celle de janvier. L’ablation des trois-quarts de l’estomac entraîne une diète totale les premiers jours. J’apprécie donc doublement cette collation accompagnée, cependant, d’une appréhension qui augmentera tout au long de la journée.

J’ai confiance en mon chirurgien. Lors de notre dernier en-tretien, nous avons passé en détail l’intervention. Il a pris son temps : je suis restée plus de deux heures dans son bureau. Outre l’acte chirurgical, la discussion s’est tout naturellement orientée vers la maladie. Pour lui aussi, la surprise a été grande. C’est une première dans son service et, à sa manière, il se bat avec moi. Sa gentillesse et sa voix chaleureuse me font du bien. Il me rassure avec son air un rien paternaliste. Il en profitera pour poser ce que nous appelons communément un site en vue des séances de chimiothérapies. Il s’agit d’une « chambre implan-table » (ou « cathéter »). Les perfusions sont posées directement sur ce dernier afin d’éviter toute torture au niveau des veines des bras. Un confort précieux pour le patient ! Après négociation, il est décidé que le séjour ne dépassera pas les dix jours, au lieu des quinze généralement préconisés pour ce genre d’acte. J’ai un argument de poids : le lieu de ma convalescence. Il connaît Norbert et me savoir à Reichstett à la sortie de mon hospitalisa-tion a fait pencher la balance dans le bon sens.

L’heure approche, la valise est prête. Un petit coup de son-nette retentit. Ma voisine est là, prête à m’accompagner. Der-nière vérification d’usage avant d’abandonner mon appartement pour un certain temps. Tout est bon, je peux y aller. En moins de deux, nous voilà dans sa voiture. À partir de cet instant, je sais que je ne contrôle plus rien.

L’accueil à la clinique est chaleureux. L’équipe me recon-naît. Et oui, mon petit séjour, en début d’année dans ce service, a laissé des traces. S’il n’y avait pas la perspective de l’opération le lendemain, les retrouvailles joyeuses donneraient presque un petit air de fête. Une chambre avec un seul lit, impersonnelle

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mais spacieuse, claire et aérée, va devenir un lieu d’échanges, de rires avec les infirmières, avec les aides-soignantes, avec mon chirurgien, avec l’aumônier et les ami(e)s. Sans comp-ter une des veilleuses de nuit avec qui, en janvier, j’ai refait le monde alors que le sommeil tardait à venir. Je me réjouis de la revoir : elle est de garde ce soir.

Le temps de poser ma valise et la valse des examens com-mence. Prise de sang, radiographie et autres préparatifs se suc-cèdent jusqu’au repas frugal du soir.

Puis viennent les visites : anesthésiste et chirurgien se croi-sent. L’un comme l’autre cherchent à me rassurer et à répondre aux questions qui seraient encore restées en suspens. Il y a tou-jours des risques lors d’une opération, mais je suis sereine en cette fin de journée. Le plus dur était de revenir à la clinique. À présent, j’y suis et je me laisse porter par les événements. Seule dans ma chambre, je remets tout dans les mains du Seigneur.

Neuf heures, tout se précipite. Les infirmières viennent me chercher plus tôt que prévu. Je suis attendue au bloc opératoire sur-le-champ. Après une balade dans les couloirs, j’arrive à des-tination et suis accueillie par l’infirmière anesthésiste. Un sou-rire, des mots rassurants et en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, je suis allongée, les bras en croix, sur le billard. Il fait froid et la position est inconfortable.

Je ferme les yeux… Et si je ne me réveillais plus ? Et si c’était la fin, là maintenant ? Suis-je prête pour partir ? La mort, une fin… ou le commencement de la vie, en définitive ? Je sou-ris intérieurement. Que de questions existentielles alors que je suis sur le point d’être endormie.

Trois mois déjà que je cogite intensément sur le sujet. J’ai beau savoir où je vais, je ne suis pas convaincue d’être mûre pour le grand départ. Ma vie n’est pas un cauchemar et je suis toujours curieuse et admirative de voir comment Dieu agit lorsque les tourments débarquent dans ma vie.

Devrais-je me priver de cela ?

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Je ne me souviens plus de la suite de mes réflexions, l’anes-thésie a fait son œuvre. J’émerge vaguement en salle de réveil. Des voix lointaines me font comprendre que je suis bien vi-vante.

– Tout s’est bien passé, me dit l’infirmière anesthésiste. Nous allons vous emmener en soins intensifs.

Me voilà rassurée bien que dans un brouillard complet.Après quelques heures passées en réanimation, la déprime

s’installe. Je suis mal dans ce service. Trop bruyant, trop d’al-lées et venues dans mon box. Tout est blanc, avec en bruit de fond les machines et une pendule qui égrène les heures au rythme d’un tic-tac insupportable. Je me sens exclue de la vie et de mes amis. Seigneur, permets que je puisse quitter cet endroit au plus vite, c’est ma prière le lendemain de mon opération. Et à ma grande surprise, visite inattendue du médecin anesthésiste de garde en plein milieu de l’après midi.

– Comment allez-vous ? me lance-t-elle– Si vous voulez parler physiquement, ça va. Par contre,

je n’ai qu’un souhait, retourner dans ma chambre au plus vite. Encore ce soir si c’est possible. Je ne suis pas bien ici.

– Je l’ai compris ce matin en vous voyant. J’accepte que vous quittiez le service demain matin.

– Merci Docteur ! est ma seule réponse, les larmes aux yeux.

Quelle réponse merveilleuse à ma prière. Que s’est-il pas-sé ? Aucune idée ! Seul Dieu peut faire basculer les événements de la sorte. Mon chirurgien est encore plus surpris que moi lorsqu’il vient me voir le soir. J’aurais dû y rester cinq jours minimum, c’est le tarif. Et là, moins de quarante-huit heures après, je réintègre ma chambre, encore branchée de partout. Les sondes, la pompe à morphine et les perfusions m’accompagne-ront dans ma chambre, au grand étonnement des infirmières du service de chirurgie digestive qui n’en reviennent pas.

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Les huit jours qui suivent sont aussi sympas que possible. L’humour est au rendez-vous, malgré la charge de travail. Tou-jours un mot pour rire. Ma chambre devient un lieu de détente pour le personnel et mon médecin qui, après une journée bien chargée au bloc, vient y faire une pause, histoire de souffler un peu.

Le jour de sortie arrive vite. Et avec ce départ, une nouvelle étape se dessine déjà à l’horizon : les séances de chimiothérapie. Le rendez-vous avec ma cancérologue est pris : c’est dans deux semaines.

s Pour aller plus loin

1. Croyez-vous que votre cancer soit une punition de Dieu ?

2. La mort est-elle une fin en soi pour vous ?

3. Votre vie a-t-elle un sens ? Lequel ?

4. Aimeriez-vous rencontrer Dieu ? Pour lui dire quoi ?

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Vivre le cancer au quotidien

Vendredi 25 avril 2008. Déjà quinze jours que je suis à Reichstett en convalescence. Le printemps s’est installé. Le jar-din commence à refleurir de toute part. J’admire, chaque jour, le renouveau de la nature qui se pare de ses meilleurs atouts pour s’offrir en spectacle, sans retenue, sans pudeur. Tout est beau ! Perfection absolue de la création.

La récupération est plus longue, plus lente qu’au mois de janvier. Manger avec un quart seulement d’estomac est une nouveauté pour moi. Les doses sont petites et la diversité des aliments est encore assez restreinte. Il faut environ un an pour retrouver une alimentation variée avec des quantités plus im-portantes. J’apprends donc, petit à petit, à gérer ce nouveau handicap.

Mais ce matin-là, ce qui me préoccupe tout particulière-ment est le rendez-vous avec ma cancérologue. Premier contact avec un monde qui m’est étranger : l’oncologie. Je redoute cet entretien car il signifie des traitements lourds, difficile à digérer. Et je m’en serais bien passé. Est-ce utile, vraiment nécessaire ?

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La réponse est évidente sinon pourquoi la rencontrer ? À chaque forme de cancer sa chimiothérapie. Les protocoles sont aussi nombreux que les cancers. Mais y en a-t-il un qui corresponde à mon cas ? Je le saurai sous peu. Plus qu’une heure à attendre avant d’être membre d’un cercle qui s’élargit de façon exponen-tielle : celui des cancéreux. Rien que de prononcer ce mot, un frisson parcourt ma colonne vertébrale. Jusqu’à présent, je sais que je suis atteinte d’un cancer mais il manque à ma conscience cette étape qui marquera à jamais cette maladie dans mon corps. Mes séjours à l’hôpital n’ont, en définitive, pas traité le can-cer en soi. L’ablation de l’épiploon et la gastrectomie partielle n’ont été que des mesures « prophylactiques » : préventives. Le combat contre le cancer, à proprement parler, n’a pas encore commencé. Mais là, je ne peux plus échapper au moment que je redoutais le plus et qui est imminent : la guerre contre cet ennemi mortel.

Une dizaine de kilomètres me sépare de la clinique Sainte Anne (là où exerce le Dr Escande, ma cancérologue). Au volant de ma voiture, j’essaie tant bien que mal d’apaiser les batte-ments de mon cœur. Ironie du sort, c’est dans cette clinique que je suis née, il y a une paire d’année ! Là aussi, que j’ai failli mourir, le jour même de ma naissance ! Le premier mois de ma vie fut une lutte entre la vie et la mort ! Quel retour aux sources ! Quel clin d’œil de Dieu ! Puisque nourrisson, j’ai remporté la victoire sur la mort, pourquoi pas encore aujourd’hui ?

Sur le parking d’une clinique en pleine rénovation, je véri-fie, avant de quitter ma voiture, que j’ai bien tous les documents nécessaires au bon déroulement de l’entretien.

Oppressée, tendue, je me présente à la secrétaire. Mon nom est inscrit sur la liste, je suis attendue. Après quelques informa-tions administratives d’usages, je rejoins la salle d’attente. Que de personnes. De tous âges. Des regards compatissants me sont adressés. Est-ce une invitation à la discussion ? Je reste muette, observant les allées et venues d’un personnel bien affairé. Des brochures sur les multiples façons de vivre au mieux la maladie sont jetées pêle-mêle sur un présentoir dans un coin de la pièce.

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Je n’ose me lever pour consulter ces différents fascicules : ce serait admettre publiquement mon état alors qu’en apparence, rien ne l’indique… sinon ma présence ! Et puis, chaque chose en son temps. Rien ne presse ! Les semaines à venir seront plus propices à ce genre d’exercice.

– Madame Baroncini ?– Oui, c’est moi.– Suivez-moi je vous prie.Après une poignée de main dynamique, j’accompagne le

médecin dans son cabinet. Elle est souriante, d’abord sympa. La quarantaine peut-être ? Peu importe, sa gentillesse et son calme m’inspirent confiance.

– Asseyez-vous, je vous prie. J’ai l’impression de vous connaître par cœur. Votre dossier est débattu à chaque réunion pluridisciplinaire. Mais je suis contente de pouvoir mettre un visage sur votre nom. Il m’appartient de vous expliquer le pour-quoi des décisions prises ainsi que le déroulement du traite-ment. Surtout n’hésitez pas à m’interrompre si vous avez des questions. Je suis là pour y répondre au mieux.

L’entrevue va durer une heure. Le traitement préconisé est assez violent. Il s’étale sur des séries de trois jours, avec, à chaque fois, des perfusions qui dureront cinq heures. Deux pro-duits chimio seront injectés. Une pompe branchée vingt-quatre heures sur vingt-quatre m’accompagnera jusqu’au dernier jour. Ce protocole s’échelonnera sur trois mois. Chaque série est, en principe, séparé par trois semaines de répit.

La liste des effets secondaires est conséquente. Mais cela ne veut pas dire que je les subirais tous : quelle chance ! Cepen-dant, il y en a un qui est incontournable : la perte des cheveux. Peu probable que j’y échappe. La preuve : une perruque m’est prescrite.

Je n’ai pas le temps d’assimiler le flot d’informations nou-velles. Je me les répète lentement afin de bien capter la suite des événements. Tout va vite dans ce service, trop vite. Je me sens catapultée dans un univers hostile. La première chimio est pré-

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vue lundi 5 mai à 13 heures. Je repars avec une flopée d’ordon-nances, des rendez-vous et une série d’examens à faire avant le début de la thérapie.

De retour à Reichstett, je suis accueillie par Damaris. Inca-pable de prononcer le moindre mot, je me réfugie dans ses bras et fond en larmes. Je n’imaginais pas un seul instant que cela serait aussi lourd. Il me faudra une bonne dizaine de minutes avant d’expliquer à mon amie l’entretien vécu quelques heures auparavant.

Pour l’achat de la perruque, nous décidons de nous en oc-cuper dès le lendemain après midi. Je ne veux pas la choisir seule, j’en suis incapable. Ce n’est pas mon choix de changer de look, ce n’est pas ma décision. C’est juste une conséquence liée aux soins nécessaires à cette maladie. En temps normal, j’aurais peut-être trouvé ça amusant mais là, c’est une corvée.

Le cancer, un révélateur pour soi et les autres

La machine est à présent lancée. Mon quotidien sera rythmé par le traitement, entrecoupé de temps de pause, d’examens et de rendez-vous. Pendant les chimios, je séjournerai chez Dama-ris et Norbert. Ils me soutiennent dans cette nouvelle étape. Bai-gnant dans le monde médical, ils savent ce qui m’attend alors que j’en ai encore qu’une vague idée. Juste ce que j’entends autour de moi. Mais attention au piège de vouloir comparer les cancers, les réactions, les traitements des uns et des autres. Nous réagissons tous avec notre propre logique. Ce qui est bon pour l’un ne le sera pas forcément pour moi. Je décide donc de ne pas me laisser influencer par les conseils promulgués au gré de mes rencontres. Le combat sera assez difficile en soi pour ne pas rajouter des peurs, des angoisses qui n’auront, sans doute, pas lieu d’être. Avant même que ne commence la chimio, je ressens déjà la nécessité de devoir me protéger.

L’annonce de la maladie pousse les uns à des commentaires plus ou moins subtils, plus ou moins justes, plus ou moins adap-

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tés à ce que je suis, à ce que je vis. Il pousse d’autres à un si-lence qui traduit un malaise psychologique, voire physique face au danger que représente le cancer. Il dérange plus que toute autre maladie. Il rend impuissant, vulnérable. Personne ne veut être confronté de plein gré à la réalité de la mort, qu’elle soit imminente ou différée.

Les proches doivent se repositionner, qu’ils le veuillent ou non. C’est quasi instinctif. Deux voies s’offrent alors à eux. Celle de l’accompagnement avec parfois des ratés dans les pa-roles ou dans les gestes ; des regards qui traduisent parfois de la crainte ou de la pitié. Mais ils sont présents, tout entiers : la co-médie n’a pas de prise dans une telle situation. L’autre voie est celle de l’indifférence apparente, du rejet, de l’abandon. Trop dur à vivre. Dans tous les cas, les personnes – intimes ou plus éloignées – ne sortent pas indemnes de cette confrontation à la maladie. Et c’est dans ce débat-là, que la souffrance morale viendra s’ajouter à la souffrance physique bien présente à tra-vers les différents traitements subis depuis début janvier.

Les visites, les coups de fils, les mails et les SMS prennent une place importante dans l’univers des malades. Je n’échappe pas à cette nouvelle réalité. Mes priorités ont, du coup, bien changé. La déception est alors grande lorsque l’absence de cer-tains remplace la rencontre, l’appel téléphonique, le petit cou-cou tant attendu. Que dire, que faire ? L’incompréhension est si forte que je risque bel et bien de me laisser prendre par la colère, celle qui génère ensuite rancunes et amertumes.

Ne suis-je plus fréquentable ? Pour certains, sans aucun doute. Je provoque, bien malgré moi, une gêne qui leur est in-surmontable. Pour eux, je ne suis plus qu’un cancer. Heureuse-ment, Dieu n’a pas honte de moi. J’ai toujours la même valeur à ses yeux, quoiqu’il m’arrive, quoique je fasse, Dieu est amour.

Dans ces moments d’affliction extrême, je me réfugie en lui, par la prière, par la lecture de la Parole, par les chants. Te-nez les psaumes, par exemple : ils sont des SOS lancés à Dieu. Ils traduisent toute la détresse humaine. Je m’y retrouve, je

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m’identifie à certains. Mieux encore, j’y puise la paix, la force et l’amour qui me permettent d’aborder une nouvelle façon de voir et de penser les événements. Ma colère se transformera graduellement en compassion pour ces personnes. Certes, je ne suis pas responsable de ce qui m’arrive. Mais dois-je pour au-tant réclamer de l’autre qu’il porte ma maladie alors qu’il n’en a pas la force ? Qui suis-je pour avoir une telle exigence ?

Tout comme nos réactions, face à un traitement médical, sont différentes les uns des autres, de la même manière, nous n’appréhendons pas les difficultés ou les épreuves de façon identique. Le silence, la fuite sont autant de réponses tout aussi légitimes que la présence et la compassion que peuvent apporter quelques proches, quelques amies. Au début, j’ai été surprise, comme beaucoup, par ce genre de comportements. Cependant, sous l’éclairage de la parole de Dieu et des discussions avec Damaris, j’ai compris que je n’étais pas directement concernée par de tels agissements. Ce n’était pas moi que ces personnes fuyaient, mais le spectre de la mort qu’induit le cancer. Com-ment, pourrais-je leur en vouloir ? Si en tant que chrétiens, vivre une telle épreuve n’est pas de tout repos, j’imagine la détresse dans laquelle peuvent se trouver ceux et celles qui n’ont pas Dieu dans leur vie. Quelle espérance pour eux ? Aucune ! Alors, quelle tragédie d’être confrontée à cela !

Un sentiment de compassion et de grâce a pris jour dans mon cœur alors que les séances de chimiothérapies se succé-daient inlassablement, sans répit. J’ai appris à contrôler mes réactions et, dès que cela m’a été possible, j’ai repris contact avec mon entourage et avec les personnes qui avaient été dé-munies face au contexte. Mon souhait était d’être en paix avec eux, avec moi, comme l’apôtre Paul nous y invite : « Autant que possible, et dans la mesure où cela dépend de vous, vivez en paix avec tous les hommes 8 ». Que de bonheur, au moment des retrouvailles. Ils sont venus avec sur les épaules une valise pleine de culpabilité. Je les ai accueillis les bras grands ouverts, sans rien à ajouter !

8 La Bible : Lettre de Paul aux Romains, chapitre 12 verset 18.

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Par le biais de la maladie, Dieu se manifeste. Il nous montre sa grandeur. Plus que jamais il s’est révélé à moi et j’ai pu af-fronter l’épreuve avec une sérénité que je ne m’imaginais même pas. J’ai pu voir l’autre à travers ses yeux, ceux de la compas-sion, de la tolérance, de l’amour.

Le cancer, un temps à partIl faut du génie à un être humain en pleine santé pour com-

prendre une personne en longue maladie et du mérite à un ma-lade pour supporter celui-ci. Au fil du temps, cela se traduit, pour le souffrant en une grande solitude, une exclusion quasi systématique du monde qui l’entoure habituellement. Deux dif-ficultés viennent s’ajouter à l’affection elle-même : accepter cet isolement temporaire et persévérer dans le combat alors que les bien portants se lassent où s’habituent à ma lutte.

Mes passages à hôpital de jour m’ont fait toucher du doigt cette autre facette. Que de fois j’ai pu voir dans le regard des patients en séance de chimiothérapie, la marque profonde de la solitude et du désespoir. J’ai moi-même vécu ces moments d’isolement, parce que les uns étaient aux abonnés absents tan-dis que d’autres ne comprenaient pas ce que j’étais en train de vivre. Est-ce parce que les mots sont limités ? Je crois surtout qu’ils ne peuvent pas véhiculer plus que ce que nous ne pou-vons saisir. Ils ne prennent toute leur signification que lorsque nous sommes personnellement affectés par leur sens profond. Les proches peuvent être présents mais leur intolérance risque de creuser un fossé entre eux et le malade.

Alors comment faire pour vivre ce temps particulier ? Mal-gré certaines souffrances dues à des attitudes que je n’ai pas toujours comprises, je me suis rapprochée de Christ. Il est l’ami le plus fidèle et le plus présent que je connaisse. Cette période de désert a été un temps de communion intense avec lui. Et bien qu’un ennemi mortel abîme ma vie professionnelle, sociale ou personnelle, il n’a en rien entamé ma vie spirituelle. Bien au contraire, le cancer a renforcé ma relation avec Christ car son

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amour pour moi est plus fort que la maladie, aussi grave et sé-rieuse soit-elle.

De la même façon que la chimiothérapie œuvre en profon-deur dans mon corps pour éradiquer à jamais ce mal, Christ m’a transformé en me rendant plus sensible aux souffrances des autres, plus à leur écoute.

Dans la Bible, un très beau psaume dit : « Si je devais tra-verser la vallée où règnent les ténèbres de la mort, je ne crain-drais aucun mal, car tu es auprès de moi : ta houlette me conduit et ton bâton me protège 9 ». Quelle vérité extraordinaire ! Je l’ai expérimentée depuis janvier. Et si la traversée devait m’amener à la mort, je sais que Christ m’accompagnera, encore et tou-jours, pour cet ultime passage avant la vie éternelle. Je ne suis pas seule, et même si l’homme défaille, Dieu répond toujours présent. Il suffit de se brancher sur sa « ligne téléphonique ». Pas de SOS qui se perd aux confins de l’univers sans même un écho ou une réaction. Décrochez votre combiné, vous verrez, c’est prodigieux !

Le cancer, comme d’autres maladies, provoque des séismes dans notre existence. Mais il rend aussi propice une pause pour faire le point sur qui on est, sur la vie, sur nos aspirations. C’est parfois un temps idéal pour remettre les pendules à l’heure. Avec le recul, je ne regrette pas cette période avec toutes ses souffrances, ses difficultés, ses points d’interrogations mais avec aussi ses bénédictions, et surtout une paix et une sérénité face aux événements que je n’échangerais pour rien au monde.

La solitude, source de désespoir peut devenir une invitation à se retrouver et, pourquoi pas, à rencontrer celui qui donne un sens à notre vie : Christ, notre sauveur.

Le cancer, pour passer du « faire » à « l’être »La maladie, une vie de simplicité. Tous les artifices, tous

les actes courants ou ponctuels de la vie prennent une autre dimension. J’apprends à vivre à cloche-pied entre deux rives : 9 La Bible : Psaumes 23 verset 4.

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celle de la vie, celle de la mort. Je suis passée de l’état « bien portante » à « malade », et au cœur de la maladie, je peux être à nouveau en bonne santé. Mais pour cela, j’accepte de vivre avec mon cancer et non contre lui ou malgré lui. La différence est de taille car l’intégrer dans mon quotidien va changer la donne du tout au tout. Je suis passée progressivement de la sphère du « faire » à celle de « l’être ». Éloignée malgré moi de toute vie sociale, je réalise peu à peu que je peux exister en dehors de toute action. Faire ne détermine en rien qui je suis. Au contraire, cela peut-être une fuite pour éviter tout face-à-face avec moi-même. Ou c’est un masque qui cache toute une réalité qui m’est totalement inconnue.

Être ce que je suis réellement, avec mes faiblesses que je n’ai plus la force de camoufler, et mes forces qui rejaillissent dans mes faiblesses. Seule la maladie offre une telle opportunité, encore faut-il la saisir au vol, ne pas passer à côté. Et lorsqu’en plus, je vis cet état avec Dieu à mes côtés, c’est tout bonheur. Car, à aucun moment, il ne m’a demandé d’avoir la capacité d’assumer ma maladie. Non : seulement d’être disponible ! Mon état de vulnérabilité m’a permis de découvrir ses ressources iné-puisables qui ont largement compensé les miennes qui étaient faibles, défaillantes, voire inexistantes.

Admettre mes faiblesses a été une démarche vitale pour moi car j’ai accepté de ne plus avoir la maîtrise sur ma propre vie, sur mon propre corps. Moi qui gérais tout, organisais tout dans les moindres détails, voilà que ce n’est plus l’axe central de ma vie. Mieux encore, aujourd’hui je me réjouis de voir comment Dieu prend ma vie en mains, comment il l’organise et la planifie.

Mes forces se sont révélées dans la persévérance, dans l’ac-ceptation de la maladie et de tout ce que cela entraîne : la mo-dification de mon regard sur autrui, mon cœur plus ouvert au monde, la reconnaissance de tous les petits « plus » que j’ai pu vivre quotidiennement. Je les ai puisés à la source : la Parole de Dieu. Parole de vie qui fortifie, qui encourage, qui édifie.

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La maladie dévoile également ce que nous sommes au plus profond de nous-mêmes. De multiples péchés rejaillissent dans ces moments-là, comme la colère, l’agressivité, la frustration, la jalousie, la pitié de soi… pour ne nommer que les plus habituels et les plus courants. Et l’être que je suis se reconnaît dans l’un ou l’autre. La frustration a été le plus fort des péchés. Le mettre en évidence et le reconnaître pour lutter contre lui m’ont consi-dérablement aidé à quitter la sphère du « faire » pour rejoindre celle de « l’être ».

Le cancer, une maladie bien particulière que la médecine a bien du mal à dompter, malgré les énormes progrès réalisés au cours de cette décennie. Un « mal qui ronge, détruit ». Il inter-pelle aussi car il est une des conséquences du péché originel. Il est source de souffrance et introduit la mort plus vite qu’on s’y attend. Avons-nous un avenir ? Et quel avenir ? Celui de passer sa vie entre l’hôpital et son domicile ? Ou un avenir d’espérance malgré la mort tapie au cœur même du mal et qui n’attend qu’un signe pour nous happer ?

La deuxième partie du livre examine ces questions. Je vous propose juste d’ouvrir quelques portes sur ces thèmes existen-tiels que le cancer balance sans pudeur et sans crier gare dans nos vies.

s Pour aller plus loin

1. La solitude est-elle pour vous un poids ou une occasion de vous retrouver ?

2. Avez-vous appris des choses sur vous-même à travers la maladie ?

3. Aimeriez-vous rencontrer Christ ?

4. Quel témoignage voulez-vous laisser à votre entourage ?

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La vie de chaque être humain est rythmée par des joies, des peines, des victoires, des défaites, des épreuves. Personne n’y échappe. Nous vivons cette valse des événements, petits ou grands, dès la naissance et cela nous poursuit jusqu’à notre mort. Mais à quoi cela peut-il bien servir ?

Rares sont les fois où nous nous posons cette question lorsqu’il s’agit de bonnes nouvelles et c’est dommage. Trop souvent, nous les trouvons « normales » et nous oublions même d’en être reconnaissants. Peut-être parce que nous ne savons pas toujours à qui dire merci. Dans tous les cas de figure, nous pouvons remercier Dieu d’avoir été gâtés par la vie, encore faut-il qu’il fasse parti notre existence.

En revanche, lorsque c’est l’épreuve qui frappe, mille et une questions nous assaillent. Incompréhension, injustice sont le plus souvent ressenties face à la situation Il nous faut trouver, coûte que coûte une explication raisonnable à notre drame : elle légitimera l’action que nous entreprendrons pour nous en sortir.

Chap

itre

5

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Mais il y a des circonstances où trouver ou donner une rai-son au malheur qui tombe sur nous est impossible. C’est très souvent le cas pour la maladie, le cancer par exemple, ou pour la perte brutale d’un proche. Rien, pas l’ombre d’un début de quelque chose qui puisse amorcer un début d’éclaircissement. Nous nous rabattons alors sur des phrases types : « C’est la vie », « C’est la société qui veut ça », « C’est la maladie de notre siècle » et que sais-je encore. Il y a très certainement des vérités dans toutes ces expressions énoncées avec conviction, mais est-ce suffisant ? L’épreuve n’a-t-elle pas autre chose à nous mon-trer ? Peut-elle servir dans notre vie ? Oui, je le pense.

Lorsque nous n’arrivons pas à la soumettre à notre raison, ou lorsque l’issue est dramatique, elle a une caractéristique propre : chercher dans l’irrationnel, dans ce qui nous dépasse, une voie de sortie. Elle nous fait prendre des risques qui dans d’autres circonstances ne nous effleureraient même pas.

C’est le cas dans la rencontre que je vous propose de dé-couvrir ci-dessous. Une femme, atteinte d’une maladie inguéris-sable, à bout de forces, va tenter le tout pour le tout pour s’en sor-tir. L’Évangile selon Marc nous raconte cette fabuleuse histoire :

Alors vint un des chefs de la synagogue, nommé Jaïrus, qui, l’ayant aperçu, se jeta à ses pieds, et lui adressa cette instante prière : Ma petite fille est à l’extrémité, viens, im-pose-lui les mains, afin qu’elle soit sauvée et qu’elle vive. Jésus s’en alla avec lui. Et une grande foule le suivait et le pressait.Or, il y avait une femme atteinte d’une perte de sang depuis douze ans. Elle avait beaucoup souffert entre les mains de plusieurs médecins, elle avait dépensé tout ce qu’elle pos-sédait, et elle n’avait éprouvé aucun soulagement, mais était allée plutôt en empirant. Ayant entendu parler de Jé-sus, elle vint dans la foule par-derrière, et toucha son vête-ment. Car elle disait : Si je puis seulement toucher ses vê-tements, je serai guérie. Au même instant la perte de sang s’arrêta, et elle sentit dans son corps qu’elle était guérie de son mal. Jésus connut aussitôt en lui-même qu’une force était sortie de lui ; et, se retournant au milieu de la foule, il

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dit : Qui a touché mes vêtements ? Ses disciples lui dirent : Tu vois la foule qui te presse, et tu dis : Qui m’a touché ? Et il regardait autour de lui, pour voir celle qui avait fait cela. La femme, effrayée et tremblante, sachant ce qui s’était passé en elle, vint se jeter à ses pieds, et lui dit toute la vérité. Mais Jésus lui dit : Ma fille, ta foi t’a sauvée ; va en paix, et sois guérie de ton mal 10.

Quelle rencontre !Jésus est interpellé par une autorité religieuse en proie à

une grande douleur : sa fille de douze ans est en train de mourir. Jésus se rend sur-le-champ chez lui, suivi par un attroupement. Dans cette foule, une femme inconnue de tous, silencieuse, elle-même malade depuis douze ans. Elle ose toucher le vêtement de Jésus pour se guérir. Surprenant. Notre premier personnage crie son désespoir au grand jour et demande à Jésus d’agir. Le second, noyé dans la foule, agit de lui-même. Plus étonnant en-core, Jésus, bien que pris par le drame vécu par le religieux, prend le temps de s’occuper de cette personne quelconque. Quelconque aux yeux de tous sauf aux siens. Alors qu’une pe-tite fille est sur le point de perdre la vie, Christ reste fixé sur ce qui est essentiel pour lui : venir au secours de toute personne qui demande son aide, peu importe la manière, peu importe qui elle est en définitive.

Elle est atteinte d’une perte de sang depuis douze ans. Nous ne savons pas exactement de quelle maladie il s’agit (nous sommes au ier siècle de notre ère). La maladie est apparemment incurable. Plusieurs médecins ont essayé en vain de la soula-ger, voire de la guérir. En l’absence de réponse médicale appro-priée, son état a empiré au cours des ans. Ce qu’on peut dire, par contre, c’est qu’à cette époque, la perte de sang est synonyme d’impureté selon la loi juive en vigueur en Israël. Les règles d’hygiène sont très strictes :

Si une femme a des pertes de sang pendant plusieurs jours en dehors de la période de ses règles ou au-delà du temps

10 La Bible : Évangile selon Marc, chapitre 5 versets 22 à 39– Version Segond.

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normal de son indisposition, elle sera impure tout le temps que durent ses pertes, comme au temps de ses règles 11.

L’impureté avait des conséquences draconiennes :Tout lit sur lequel elle se couchera pendant le temps que durent ses pertes, et tout meuble sur lequel elle s’assiéra seront impurs comme dans le cas de son indisposition 12.

Son impureté n’a pas seulement des retombées sur sa vie à elle, mais pour chacun de ses proches :

Quiconque les touchera sera impur ; il lavera ses vête-ments, se lavera à l’eau et sera impur jusqu’au soir 13.

Cette femme, très certainement mariée comme toutes les femmes de cette époque, ne peut plus dormir avec son mari de-puis douze ans : le lit sur lequel elle dort est impur. Son mari ne peut donc pas partager la même couche sous peine de de-venir impur à son tour. Partager un repas, un moment avec ses proches, avec ses amies est impensable : non seulement le ta-bouret, la chaise, la tasse, bref tout ce qu’elle touche est impur mais pire encore, les Juifs croyaient que l’impureté était conta-gieuse. Imaginez : elle ne pouvait plus embrasser son époux, ses enfants. Participer au quotidien de sa famille n’était plus possible et ce, depuis douze ans déjà. Pire, elle n’était même plus la bienvenue chez Dieu : l’exclusion de la synagogue allait de soi. Les Juifs la croyaient maudite par Dieu, punie pour ses péchés ! Terrible à vivre.

Voilà une femme bien ordinaire, exclue, insignifiante, af-faiblie, le teint pâle, maigre. Elle n’a plus un sou. Elle est sans avenir, sans perspective. Perte totale de confiance en elle, et pour cause.

Elle entend parler de Jésus. Ce prophète qui pardonne le péché, qui guérit les malades, qui délivre ceux et celles qui sont possédés par les démons, qui ressuscite les morts. Douze ans

11 La Bible : Lévitique, chapitre 15 verset 25.12 La Bible : Lévitique, chapitre 15 verset 26.13 La Bible : Lévitique, chapitre 15 verset 27.

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sont passés avant qu’elle puisse enfin avoir un nouvel horizon pour sa vie. Il existe une chance unique, une possibilité, la der-nière peut-être, pour sortir de son drame.

Et parce qu’elle croit ce qu’elle entend, elle se fond dans la foule le plus discrètement possible, pour interpeller à sa manière celui qui peut la guérir. Sa foi est remarquable, vu le contexte de la religion juive de son époque. Elle, l’impure, ose toucher Jésus qui est pur ! Pas un instant, elle pense rendre Jésus impur en le touchant. Elle croit, non seulement, que sa pureté, sa sainteté, sa puissance seront transférées en elle mais qu’elles vont agir pour vaincre son mal.

Quelle foi ! S’exposer à être huée par la foule car elle croit que Christ peut la guérir. Une belle leçon de courage ! Une belle prise de risque.

Elle a totalement confiance en lui. Sa foi l’amène à vouloir toucher (« Si je puis seulement toucher ») le vêtement de Jésus, et elle parvient à ses fins. Jésus, comme tout Juif pratiquant, portait des franges à son vêtement. Elles évoquent les comman-dements de Dieu :

Parle aux Israélites pour leur dire de se faire, eux et tous leurs descendants, des franges sur les bords de leurs vête-ments en passant dans chacune un cordon de pourpre vio-lette. Ainsi, lorsque vous verrez ces franges, vous penserez à tous les commandements de l’Éternel pour les appliquer et vous ne vous égarerez pas en suivant les désirs de votre cœur et de vos yeux qui vous incitent à l’infidélité. Ainsi vous vous souviendrez de tous mes commandements, vous y obéirez, et vous serez saints pour votre Dieu 14.

Ce signe extérieur servait à se rappeler tous les commande-ments mais aussi à les mettre en pratique selon ce que recom-mandait la loi. Rappelons que Jésus est juif (de la tribu de Juda). Bien qu’il s’oppose aux chefs religieux sur leur façon d’inter-préter les commandements, il ne refuse jamais de les observer :

14 La Bible : Livre des Nombres, chapitre 15 versets 38 à 40.

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Ne vous imaginez pas que je sois venu pour abolir ce qui est écrit dans la Loi ou les prophètes ; je ne suis pas venu pour abolir, mais pour accomplir15.

Toucher cet habit particulier est donc symbolique pour elle. C’est le témoignage direct de sa foi en la Parole de Dieu et en sa puissance. Elle établit une relation personnelle et immédiate avec Jésus !

Conséquence de sa croyance pleine et entière : elle est ins-tantanément guérie. Incroyable ! Sa foi est exaucée. Elle a rendu la chose possible parce qu’elle a mis en action ses propos. Le « si je puis seulement toucher » a été suivi par le geste. La pen-sée seule ne suffit pas. Son pas de foi a été indispensable pour recevoir la guérison. Cette femme s’est impliquée. Non pas en s’efforçant de faire quelque chose par elle-même pour guérir, mais en mettant sa confiance en Christ.

Simultanément, Jésus réagit à cela. Une force est sortie de lui. Il est au courant alors que ce geste s’est fait en catimini, à la dérobée des regards. Rien ne lui échappe et surtout pas cet acte de foi. Loin d’être indifférent, il veut que cette femme se montre.

Cette guérison spectaculaire entraîne, dans la foulée, la confession publique de son acte de foi. La femme se révèle à Christ, effrayée et tremblante. Elle n’a pas le choix, elle est dé-couverte. Elle ne se vante pas de sa guérison. Au contraire, elle est terrorisée. Elle craint avoir mal agi. Sa guérison va-t-elle être remise en question ? Que va-t-il lui dire ?

Jésus l’honore. Il lui confirme sa guérison définitive. Mais pas seulement : il la réhabilite aussi au sein de la société. La voilà de retour à la vie publique. Elle sort enfin de sa solitude pour rejoindre les siens. Il va encore plus loin : il lui annonce qu’elle est sauvée c’est-à-dire qu’elle a la vie éternelle. La re-lation avec lui est à présent établie. Le téléphone est branché ! Forfait illimité et gratuit, de surcroît !

La maladie a pleinement joué son rôle pour cette personne. Elle a été l’élément déclencheur d’un acte qu’elle n’aurait peut-

15 La Bible : Évangile selon Matthieu, chapitre 5 verset 17.

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être jamais fait autrement. L’espoir de guérison est tel qu’elle ose, au détriment de toute logique, aller à la rencontre de Jésus. Un si petit geste pour autant de bénédictions !

Un rendez-vous inoubliable pour cette femme !Oui, les turbulences de la vie peuvent servir à provoquer

en nous, ce désir irrésistible d’aller à la rencontre de celui qui peut tout, Christ. Impensable me direz-vous ! Peut-être que dans votre for intérieur, vous aimeriez bien faire ce pas de foi mais une petite voix vous murmure que si Dieu existait vraiment, il n’aurait pas permis que vous soyez touché par la maladie, n’est-ce pas ? Cependant, seriez-vous en train de vous poser la question si tout allait bien pour vous ? J’ai comme un doute…

Jésus n’attend qu’un tout petit pas de votre part, pour agir en votre faveur. Faut-il que vous soyez dans l’exclusion totale, complètement démunie, au seuil de la mort, comme dans notre exemple, pour que vous vous décidiez à sauter le pas ?

Un petit pas de foi ? Petit mais ô combien difficile à réa-liser aujourd’hui. Le christianisme est devenu un sujet tabou dans notre monde où l’homme est au centre de tout. Nous avons placé notre foi en nous-mêmes, en nos propres forces, dans les conséquences, parfois désastreuses, de la maladie. Notre foi dans la mort provoquée par le cancer est sans ambiguïté, ne pas y penser serait presque anormal, n’est-ce pas ?

Nous avons, en définitive, tous foi en quelque chose ou en quelqu’un. Ce n’est donc pas la foi, en elle-même, qui est un pro-blème. Dire que nous n’avons pas la foi est un non-sens. Toute la difficulté est de savoir en qui ou en quoi nous mettons notre foi.

Reprenons l’exemple de cette femme. Nous pouvons aisé-ment imaginer qu’au début de la maladie, elle avait mis sa foi en l’homme, les médecins, et en quelque chose, la médecine. Il aura fallu douze ans de croyance mal placée pour qu’elle prenne conscience que sa foi n’était pas ancrée là où il fallait. Douze ans de souffrances, d’exclusion avant de sortir d’elle-même et d’entrer en contact avec le seul qui peut tout, Christ. Par son geste, elle a recentré sa foi.

Rencontre extraordinaire avec une femme ordinaire

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En 2000, tout comme cette femme, j’ai placé ma confiance en Christ. Je me suis approchée de lui avec humilité et crainte. J’ai découvert ce que voulait dire « être aimée ». Par cette dé-marche, j’ai compris qu’il était celui qui sauve : celui qui donne la vie éternelle. Il me fallait cependant « remplir une condition », en quelque sorte : reconnaître mon état pécheur avec sincérité, me repentir en toute humilité et l’accepter dans ma vie comme le sauveur. Encore aujourd’hui, il est à mes côtés au cœur de la maladie et de la souffrance. Il est fidèle.

Si pour cette femme, la guérison physique a été opérée, elle n’est pas ce qui est le plus important au regard de Christ. La guérison physique n’est pas systématique. Être sauvé spirituel-lement prime sur la guérison physique. La guérison du cœur est plus importante que celle du corps aux yeux de Dieu.

Mais Sauvé ? Sauvé de quoi ? « Reconnaître Christ dans sa vie », c’est peut-être un mystère pour vous ?

La maladie, la souffrance, la mort, etc. : que d’interroga-tions auxquelles nos contemporains ne peuvent apporter de réelles réponses.

Pour comprendre et donner un sens à notre vie, je vous propose quelques pistes de réflexions sur ces thèmes dans les chapitres qui suivent. À commencer par le tout début, le péché originel. Pourquoi est-il possible d’associer cancer et péché ? Tout part de là, la suite n’est que la conséquence d’un démar-rage raté à l’aube de notre humanité, il y a bien longtemps !

s Pour aller plus loin

1. En qui ou en quoi avez-vous placé votre foi ?

2. Votre vie a-t-elle un sens ?

3. « Sauvé » : quelle définition pouvez-vous donner à ce mot ?

4. Pensez-vous que le péché originel ait un impact sur la maladie ou sur la souffrance, aujourd’hui ?

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Le péché, quelles conséquences pour nous ?

Notre femme du chapitre cinq était sous le joug de la loi. Preuve en est, son exclusion intimement liée non à la maladie elle-même mais à la loi juive qui la considérait comme impure. Obéir à la loi était synonyme d’obéissance à Dieu. Mais pour-quoi cette loi ? Quand a-t-elle pris naissance ?

Elle est née au moment même où l’homme s’est séparé de Dieu, même s’il a fallu attendre Moise et les dix commande-ments pour en avoir la première trace écrite. Elle était devenue le seul lien entre Dieu et l’homme puisque la relation directe avec lui était rompue.

Mais que s’est-il passé exactement ? Et pourquoi le cancer ou la maladie en général peuvent être considérés comme une des conséquences du péché ? Découvrons-le dans le livre de la Genèse, le premier livre de la Bible, celui qui raconte le tout début de notre humanité :

L’Éternel Dieu prit l’homme et l’établit dans le jardin d’Éden pour le cultiver et le garder. Et l’Éternel Dieu or-donna à l’homme :

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– Mange librement des fruits de tous les arbres du jardin, sauf du fruit de l’arbre du choix entre le bien et le mal. De celui-là, n’en mange pas, car le jour où tu en mangeras, tu mourras. […]Le serpent était le plus tortueux de tous les animaux des champs que l’Éternel Dieu avait faits. Il demanda à la femme :– Vraiment, Dieu vous a dit : « Ne mangez du fruit d’aucun des arbres du jardin ! » ?La femme répondit au serpent :– Nous mangeons des fruits des arbres du jardin, excepté du fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin. Dieu a dit de ne pas en manger et de ne pas y toucher sinon nous mourrons.Alors le serpent dit à la femme :– Mais pas du tout ! Vous ne mourrez pas ! Seulement Dieu sait bien que le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme Dieu, choisissant vous-mêmes entre le bien et le mal.[…] Elle prit donc de son fruit et en mangea. Elle en donna aussi à son mari qui était avec elle, et il en mangea. Aus-sitôt, les yeux de tous deux s’ouvrirent et ils se rendirent compte qu’ils étaient nus. […]Dieu dit :– Qui t’a appris que tu es nu ? Aurais-tu mangé du fruit de l’arbre dont je t’avais défendu de manger ?Adam répondit :– C’est la femme que tu as placée auprès de moi qui m’a donné du fruit de cet arbre, et j’en ai mangé.L’Éternel Dieu dit à la femme :– Pourquoi as-tu fait cela ?– C’est le serpent qui m’a trompée, répondit la femme, et j’en ai mangé.[…] Dieu dit à la femme :

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– Je rendrai tes grossesses très pénibles, et tu mettras tes enfants au monde dans la souffrance. Ton désir se portera vers ton mari, mais lui te dominera.Il dit à Adam :– Puisque tu as écouté ta femme et que tu as mangé du fruit de l’arbre dont je t’avais défendu de manger, le sol est maudit à cause de toi. C’est avec beaucoup de peine que tu en tireras ta nourriture tout au long de ta vie. Il te produira des épines et des chardons. Et tu mangeras des produits du sol. Oui, tu en tireras ton pain à la sueur de ton front jusqu’à ce que tu retournes au sol dont tu as été tiré, car tu es poussière et tu retourneras à la poussière.[…] Puis il dit :– Voici que l’homme est devenu comme l’un de nous pour le choix entre le bien et le mal. Maintenant il ne faut pas qu’il tende la main pour cueillir aussi du fruit de l’arbre de la vie, qu’il en mange et qu’il vive éternellement 16.

Quatre personnages entrent en scène : Dieu, Adam, Ève et enfin Satan (le Malin). La scène se déroule dans un décor somptueux, le jardin d’Éden. L’enjeu : l’ordre de Dieu. Ne pas manger le fruit de la connaissance du bien et du mal.

Désobéir à cet ordre, c’est ce que la Bible appelle pécher.Pourquoi cet ordre ? Parce qu’il est bien utile de savoir ce

qui est bien afin de ne pas faire ce qui est mal. Faire la diffé-rence devrait permettre de vivre harmonieusement les uns avec les autres. Belle théorie que voilà ! La mise en pratique en est malheureusement impossible. La vie en société, en famille et même avec soi, en solo, est plus difficile qu’il n’y parait. Preuve en est, le nombre toujours croissant de conflits des plus anodins ou plus graves.

Cet ordre trouve aux yeux de Dieu toute sa légitimité. Car tant qu’Adam et Ève vivront sous sa dépendance totale et abso-lue, connaître le bien et le mal est sans intérêt. Cela n’a de sens que pour celui qui veut faire sa vie hors de Dieu.

16 La Bible : Livre de la Genèse, chapitre 2 versets 15 à 25 ; chapitre 3 versets 1 à 22.

Le péché, quelles conséquences pour nous ?

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Dieu est bon et juste. Il est amour. Avec de tels attributs, Dieu ne peut que vouloir le meilleur pour ses enfants. La seule chose demandée à ce couple vivant au jardin d’Éden était une confiance absolue. Une vie de bonheur exempt de péché. Moi, j’y aspire !

Dieu n’est pas un dictateur. L’obéissance demandée doit être voulue et consentie librement par notre couple. L’homme est libre et responsable de ses choix. Et voilà qu’entre en scène un quatrième acteur, et pas des moindres : Satan ! Il est décrit comme étant le plus tortueux de tous les être vivants ! Voilà un personnage bien particulier. Il va semer avec beaucoup d’habi-leté le doute en Ève. Son but : lui faire croire qu’en transgres-sant l’ordre donné par Dieu, elle pourra devenir comme Dieu elle-même !

Rusé, l’ami ! Qui ne voudrait pas devenir calife à la place du calife ? En touchant la corde sensible, Satan pense arriver à ses fins ! Croire que Dieu va être déchu de son autorité ! Satan, un anarchiste de première !

Adam est convaincu par sa bien-aimée et tous deux tombent dans le piège. Oui, instantanément, ils acquièrent la possibilité de connaître le bien et le mal par eux-mêmes. Indépendants de Dieu, ils rompent leurs relations intimes avec leur Créateur pour prendre leurs décisions de manière autonome. La désobéissance voit le jour et le mal s’installe dans leurs vies et dans le monde comme Paul le soulignera plus tard :

Par un seul homme, le péché est entré dans le monde et par le péché, la mort, et ainsi la mort a atteint tous les hommes parce que tous ont péché 17.Satan avait-il raison pour autant ? Sont-ils devenus des

dieux comme il le prétendait ?Retournement magistral de situation ! Dieu sait tout, il voit

tout. Et les retombées désastreuses pour l’humanité ne se font pas attendre.

17 La Bible : Lettre de Paul aux Romains, chapitre 5 verset 12.

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Vont découler, de cette désobéissance, des conséquences que ce couple était loin d’imaginer.

– La souffrance. Elle accompagnera l’homme tout au long de sa vie – souffrances physique, morale et spiri-tuelle.

– La pénibilité du travail. La notion de labeur émerge. Tout s’obtient à la sueur de son front. Plus possible de recueillir d’un simple geste l’abondante nourriture qu’offrait le jardin.

– Le mal. Il prend vie dans l’histoire humaine à cet instant même. Il se déclinera sous toutes ses formes. Il suffit d’ouvrir les yeux sur notre planète pour trouver l’étendue de ce que « mal » signifie.

– Et le plus dramatique est que notre couple est chassé du jardin. La vie éternelle ne leur est plus offerte sur un plateau. Fini le temps où il suffisait de tendre la main pour prendre « du fruit de l’arbre de vie » 18. Pour y accéder, il y aura une décision à prendre, un choix à opérer !

Séparé de Dieu pour vivre une vie de souffrance, de labeur, pour subsister. Le péché est entré dans nos vies. Voilà notre hé-ritage.

La signification première du mot péché n’est pas celle que nous avons l’habitude d’entendre. Nous donnons à ce mot une connotation juridique de transgression de la loi. Et ceci nous conduit malheureusement à croire que Dieu est un despote in-traitable qui ne pense qu’à nous punir. Or, pécher signifie en hé-breu : « manquer le but, rater la cible ». Cette définition traduit bien ce qui s’est passé dans le passage que nous venons d’étu-dier. Il s’agit de la rupture unilatérale, voulue par l’homme, d’une relation harmonieuse entre Dieu et lui. Ce qui a entraîné les conséquences décrites plus haut. Par son attitude de doute ou

18 La Bible : Livre de la Genèse, chapitre 3 verset 22.

Le péché, quelles conséquences pour nous ?

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de rejet de Dieu, l’homme s’est coupé du plan de bonheur que Dieu avait pour lui.

Faire sa vie sans Dieu c’est manquer le but de la vie : c’est la mort ! Mort spirituelle qui donne à tant d’êtres humains cette sensation de manque. La vie n’a plus de sens, elle n’a plus de but, elle devient difficile. Qui n’est pas en recherche d’un sens à sa vie ? Surtout lorsqu’il est frappé par un cancer !

Non, Nos deux protagonistes ne se sont pas transformés en des dieux. Ils sont devenus, par leur choix insensé, des êtres humains éloignés de Dieu, éloignés de la source de toutes les bénédictions.

Oui, indéniablement, le cancer avec son lot de souffrances tant physiques que morales, comme d’autres maladies, peut être considéré comme une des conséquences du péché. C’est le pé-ché en nous et sur terre qui cause les maladies et la mort. Le danger est grand si nous nous maintenons dans cette situation : c’est la séparation éternelle avec Dieu après la mort qui nous attend si nous ne réagissons pas, ici et maintenant.

Rien de très réconfortant dans cette triste description, me direz-vous. Je vous l’accorde ! Si le débat s’arrêtait à cet épi-sode pas très glorieux, je vous inviterais à cesser toute lecture, sur-le-champ.

Mais Dieu est amour. Il veut nous pardonner et nous em-pêcher de subir les conséquences dramatiques de nos propres actes. Et pour cela, parce qu’il nous aime, il a fait le premier pas. Il a envoyé son Fils unique, Jésus-Christ pour nous donner la vie éternelle. Il est le trait d’union entre nous et Dieu, son père. Il veut nous sauver afin que nous soyons, à jamais, récon-ciliés avec Dieu. La perspective : retrouver cette intimité perdue avec le Créateur dans le jardin d’Éden. Plus encore : inaugurer une relation de Père à enfant avec lui !

Non, Le cancer n’est pas une « punition » infligée par Dieu. Il n’est que le résultat d’une rupture avec le Créateur. Mais si le cancer existe, ce n’est pas pour autant que Dieu a retiré toutes ses bénédictions. Il est amour et ne demande qu’à être

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présent dans ma vie pour m’entourer de son infinie bonté. Mon intimité avec lui s’affermit de jour en jour. Je lui renouvelle, tous les jours, ma confiance. Je lui suis fidèle comme il l’est à chaque instant. C’est dans ma souffrance que je trouve sa paix. Incroyable mais vrai !

Mais que veut dire « être sauvé » ? Une énigme pour vous, si vous ne connaissez pas Jésus ! Seule, la crucifixion explicite le sens de cette affirmation. Mort, résurrection et vie éternelle. Voilà ce que propose Jésus sur la croix. Plus de détails dans les pages qui suivent.

s Pour aller plus loin

1. Connaissiez-vous l’héritage laissé par Adam et Ève ? Qu’en pensez-vous ?

2. Croyez-vous que votre cancer soit une punition de Dieu ?

3. Votre vie a-t-elle un sens ? Lequel ?

4. Jésus est-il juste un personnage historique pour vous ?

5. Aimeriez-vous le rencontrer avec votre cœur ? Pour lui dire quoi ?

Le péché, quelles conséquences pour nous ?

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La mort, la fin de tout ou ...

Le cancer et la mort sont indissociables, même si au-jourd’hui les progrès sont prometteurs. Il est légitime d’être bouleversé par ce sujet. La mort nous échappe, elle est une énigme incompréhensible pour l’homme. Deux certitudes, ce-pendant, que nous ne pouvons réfuter.

La première est que « 100 % des êtres humains décè-dent » 19. C’est une lapalissade me direz-vous. Certes, mais elle a le mérite de mettre tout le monde sur un pied d’égalité. Per-sonne n’y échappe. Seule la cause de la mort diffère. Le cancer peut nous précipiter vers cette énigme : nous ne sommes jamais prêts à partir et plus nous sommes jeunes, plus la mort est un scandale. Pour soi, parce qu’il y a toujours plein de rêves, de projets à réaliser dans la vie et ne pas les voir aboutir est une frustration. Pour l’entourage parce que se séparer de quelqu’un que nous aimons est un deuil insupportable à endurer.

19 bernard shaw Georges, humoriste anglais, cité dans La mort point final ou deux points, Billy Graham, Éd. EBV, 1989.

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La seconde certitude, c’est que la vie sur terre ne peut se vivre qu’une seule fois. Autre tautologie appuyée par les Écri-tures : « Et comme le sort de tout homme est de mourir une seule fois 20 […] ».

Cette dernière évidence pose, en tout point, le fondement de notre vie ici bas.

Une vie, une mort, l’éternité. La destinée de l’homme, rien de plus ! Mais quelle destinée ! De quelle vie parlons-nous, de quelle mort est-il question ? L’éternité, laquelle ? Il s’agit de notre vie terrestre qui trouve son accomplissement dans l’éter-nité en passant par la mort physique de notre corps. Dit comme cela, tout paraît simple et rien de plus n’est à ajouter. Détrom-pez-vous, le débat est loin d’être clos.

Alors que nous sommes en vie, nous avons tous hérité d’une mort : la mort spirituelle issue du péché (cf. chapitre six). La mort de notre relation avec Dieu. Elle n’empêche pas de vivre mais elle plonge le monde dans le désespoir. Les guerres se succèdent les unes après les autres. Nos relations sont encras-sées de jalousie, de convoitise, de haine plus que d’amour. En définitive la connaissance du bien et du mal génère beaucoup plus de mal que de bien. Nous sommes pécheurs 21.

Vivre tout en étant mort, quel paradoxe ! Pas tant que cela. C’est cet illogisme apparent qui fait que l’homme cherche dé-sespérément un sens à sa vie. Il lui manque quelque chose de fondamental qui lui permette de vivre en harmonie avec la créa-tion. Notre vie est boiteuse, nous la vivons à cloche pied. Il y a un vide qui ne demande qu’à être comblé. S’en suit, tout au long de notre existence, une course effrénée pour remplir ce manque. En fin de compte, rien ne nous satisfait vraiment. Et lorsqu’un coup dur s’invite dans notre vie, le cancer par exemple, nous nous sentons abandonnés, livrés à nous-mêmes sans même comprendre le pourquoi de ce ressenti. Les paroles réconfor-tantes de l’entourage sont de pâles réponses à cet état. L’âme

20 La Bible : Lettre aux Hébreux, chapitre 9 verset 27.21 Pécheur : « Personne qui est dans l’état de péché » (Dictionnaire Le petit

Robert, Paris, Éd. Le Robert, 2004, p. 1880).

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est en berne, seule, perdue devant l’immensité de ce vide auquel nous n’avons pas pu ou su répondre.

Blaise Pascal, mathématicien, physicien, philosophe et écrivain, évoque avec pertinence, dans son recueil Les Pensées, le besoin humain d’une relation avec Jésus Christ. Il écrit en substance qu’il y a dans le cœur de l’homme un vide que seul Dieu peut remplir à travers son Fils, Jésus-Christ.

Depuis que je suis en âge de raisonner, j’ai toujours été en recherche. Ce « vide » me pesait ! J’ai erré de solutions en solu-tions, plus éphémères les unes que les autres, pendant presque quarante ans. Une conviction immuable a accompagné cette er-rance, celle d’une vie après la mort : l’éternité, sans pour autant la cerner de façon précise. Je ne pouvais concevoir que ma vie sur terre allait un jour cesser, sans autre forme de procès ! La mort, m’était alors insupportable. Elle me faisait peur. Elle re-présentait un saut dans un abîme sans fond… Pas d’atterrissage. Insupportable comme idée. Autre certitude, l’existence de Dieu. Et pourtant, il y avait un hic : il me manquait un pont entre Dieu et le sens de ma vie. Entre Dieu et ma certitude qu’il se passait quelque chose après.

Il y a quelques années, j’ai eu la réponse. Tout comme notre femme du chapitre cinq, j’ai vécu cette rencontre inoubliable, avec Christ ! Depuis, plus de vide, et la mort s’est transformée en un passage avec une destination. Ce n’est plus une errance dans un univers aussi froid que sombre. Ma vie sur terre est un lieu où j’expérimente la vie avec Jésus avant l’entrée dans l’éternité. Pressentie depuis toujours, elle a pris toute sa dimen-sion, celle de la vie éternelle. Quelle espérance ! Une perle pré-cieuse que Dieu nous offre.

Jésus, une destinée exceptionnelle. Il est venu sur terre non pas en touriste mais pour une mission toute particulière : nous sauver. Envoyé par son père, il est le cadeau inestimable de Dieu pour nous. Son amour à notre égard est tel que le sacrifice de son Fils s’est imposé à lui. Christ quitte donc son état supérieur de Fils de Dieu, tout-puissant et sans limite, et devient homme. Soyons conscients que son humanité a dû lui coûter cher, très

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cher. Il passe d’un état supérieur à une situation moindre, ce n’est pas une bénédiction pour lui. Sa venue était prévue avant même qu’il ne s’incarne. Les prophètes, dans l’Ancien Testa-ment, annoncent le Messie, le sauveur de l’humanité :

C’est pourquoi le Seigneur vous donnera lui-même un signe : Voici, la jeune fille sera enceinte et elle enfantera un fils, elle lui donnera pour nom : Emmanuel (Dieu avec nous) 22.

Et en effet, il y a plus de deux mille ans, son arrivée « aty-pique », « extra-ordinaire » est annoncée à Marie par un ange :

L’ange lui dit alors :– N’aie pas peur, Marie, car Dieu t’a accordé sa faveur. Voici : bientôt tu seras enceinte et tu mettras au monde un fils ; tu le nommeras Jésus. Il sera grand. Il sera appelé « Fils du Très-Haut », et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son ancêtre. […].Marie dit à l’ange :– Comment cela se fera-t-il, puisque je suis vierge ?L’ange lui répondit :– L’Esprit Saint descendra sur toi, et la puissance du Dieu Très-Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu 23.Naissance divine, incontestablement ! Le plan de Dieu est

en marche.Au moment de sa naissance, la terre d’Israël est sous l’oc-

cupation romaine. Il naît à Bethléem, dans une étable. Son en-fance est passée sous silence. Peu d’informations, si ce n’est qu’elle se passe bien et qu’il grandit dans une famille pieuse, comme la plupart des gens de l’époque.

Sa vie sur terre est brève, environ trente-trois ans. C’est l’âge où nous commençons notre vie d’adulte. Tout reste à construire : les projets, la famille, la vie professionnelle et so-ciale. Particulièrement en ce début de xxie siècle.

22 La Bible : Livre du prophète Ésaïe, chapitre 7 verset 14.23 La Bible : Évangile selon Luc, chapitre 1 versets 31 à 35.

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Il débute son ministère par le baptême, signifiant ainsi pu-bliquement qui il est par la voix même de Dieu :

Aussitôt après avoir été baptisé, Jésus sortit de l’eau. Alors le ciel s’ouvrit pour lui et il vit l’Esprit de Dieu descendre sous la forme d’une colombe et venir sur lui. En même temps, une voix venant du ciel fit entendre ces paroles :– Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui qui fait toute ma joie 24.

Son ministère est hors norme : enseignements dans les sy-nagogues, discours auprès des foules, guérisons multiples, mi-racles. Du lever du soleil à son coucher, Jésus ne fait que du bien autour de lui. Il accueille tout le monde, notamment les exclus de la société. Au nom de Dieu, il pardonne les péchés de ceux qui croient en lui. Il leur donne la force de recommencer leur vie de façon différente. L’histoire de notre femme en est un témoignage éloquent.

Partout où il va, les bruits courent qu’il est le Messie 25, c’est-à-dire l’envoyé de Dieu pour sauver le monde. Des mil-liers de gens se déplacent pour l’entendre, le voir, le toucher, être guéris, être pardonnés de leurs péchés. Sa renommée n’est plus à établir. Il est l’homme le plus populaire. Son amour pour nous échappe à notre entendement. Ses disciples ont parfois du mal à le comprendre et à le suivre. Malgré tout, ils croient en lui. Ils le reconnaissent comme le Messie, notre sauveur.

Pour les autorités juives, il est un concurrent à éliminer. Jésus dérange car il dénonce leurs hypocrisies. Il sera arrêté et mis à mort. Sa fin de vie sur terre est, à nos yeux, une tragédie. Mourir sur la croix, un scandale, lui qui est sans péché et tout amour !

Et pourtant, Jésus est venu nous dire que Dieu nous aime, qu’il veut être là, avec nous, dans notre vie quotidienne et qu’il veut, plus que tout, nous accueillir avec lui dans l’éternité. Mais

24 La Bible : Évangile selon Matthieu, chapitre 3 versets 16 et 17.25 Messie : « Libérateur désigné et envoyé par Dieu » (Dictionnaire Le petit

Robert, Paris, Éd. Le Robert, 2004, p. 1617).

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Jésus veut aussi nous montrer que Dieu est saint : le mal n’est pas en lui. Et le péché ne peut pas cohabiter avec la sainteté de Dieu. Or ce péché est en chacun de nous et c’est à cause de lui que nous sommes séparés de Dieu. Pour pouvoir l’entendre à nouveau, sentir son amour, une seule possibilité que Jésus est venu accomplir. Prendre sur lui la conséquence de notre péché, la mort, afin de nous en délivrer. Par son sacrifice, Christ nous offre le pardon de Dieu et le salut éternel.

Christ a subi cet outrage pour nous ouvrir la voie du salut. Par sa mort, il a vaincu le péché. Satan est définitivement mis à mort. Par sa résurrection, la communication avec Dieu est réta-blie. La ligne téléphonique est définitivement et à jamais réta-blie. Forfait illimité et gratuit ! Il suffit de brancher le téléphone dans la prise « Foi ». Souvenez-vous, de notre femme, elle a été sauvée !

La mort sans la résurrection n’a aucun sens. Et tout comme Christ est passé par cette étape, nous sommes appelés à faire de même.

L’obéissance absolue de Jésus à son père nous a rachetés de tous nos péchés. Croire en Christ, c’est retrouver le chemin pour aller vers Dieu. Mieux encore, comme le dit si bien Jésus :

Le chemin, répondit Jésus, c’est moi, parce que je suis la vérité et la vie. Personne ne va au Père sans passer par moi 26.

La désobéissance au jardin d’Éden est à jamais oubliée pour celui ou celle qui reconnaît Christ comme son sauveur.

La mort est le passage obligé pour accéder à l’éternité. Elle n’est pas une fin en soi ; elle est juste le point final du premier chapitre de notre vie. C’est la passerelle entre notre vie terrestre et l’éternité. Mais deux possibilités s’offrent alors, la vie éter-nelle ou la mort éternelle. L’éternité est une réalité pour vous comme pour moi. Personne ne peut y échapper. En revanche, nous avons le choix de la vivre soit auprès de Christ, soit loin de lui :

26 La Bible : Évangile selon Jean, chapitre 14 verset 6.

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Je suis la résurrection et la vie, lui dit Jésus. Celui qui place en moi toute sa confiance vivra, même s’il meurt. Et tout homme qui vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela 27 ?

Le disciple préféré de Jésus est clair, lui qui a également écrit :

Ne vous en étonnez pas : l’heure vient où tous ceux qui sont dans la tombe entendront la voix du Fils de l’homme. Alors, ils en sortiront : ceux qui auront fait le bien ressusci-teront pour la vie, ceux qui auront fait le mal ressusciteront pour être condamnés 28.

Vous comme moi, nous sommes tous concernés par cet état de fait. Pas d’exception ! Et comme Adam et Ève, il y a un choix à faire. Par l’obéissance sans faille de son fils, Jésus, l’occasion de prendre une nouvelle décision est offerte. Deux options à portée de mains ! Pas trois, pas quatre, par une. Deux !

Soit reconnaître Christ comme votre Sauveur et passer le reste de votre existence auprès de lui : sur terre comme au ciel. Comme moi, il y a dix ans – et pas un soupçon de regret.

Soit ne pas l’accepter et continuer le chemin avec vos ques-tions existentielles qui ne trouveront des réponses qu’une fois votre vie terrestre achevée.

Cette terre est le sas d’entrée dans l’éternité. Vous ne maî-trisez pas la durée de votre présence ici-bas… fort heureuse-ment. Et chaque minute qui passe est une chance perdue à ja-mais de faire le bon choix. Une vie terrestre est une occasion unique pour retrouver le chemin vers le Père en passant par le Fils. Rater ce rendez-vous, c’est donner à son éternité, une vie après la mort faite de remords, loin de Dieu.

Quelle que soit la décision, le roman de votre vie s’écrira. Soyez en sûr ! Seuls les mots, les anecdotes différeront, en fonc-tion de l’option prise.

27 La Bible : Évangile selon Jean, chapitre 11 versets 25 et 26.28 La Bible : Évangile selon Jean, chapitre 5 versets 28 et 29.

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Le cancer a accentué mes réflexions sur le sujet. Jusqu’à présent, bien que la mort ait trouvé un sens dans ma vie, elle ne faisait pas partie de mes préoccupations au quotidien.

Aujourd’hui, je ne vois plus les choses sous cet angle. Je sais qu’à tout moment, cette maladie peut m’emporter. La mort a pris vie en moi. Elle n’est plus un concept mais une réalité. Elle est plus présente que jamais. Sa présence m’encourage à profiter de chaque instant que Dieu me donne à vivre. Elle transforme ma façon de voir le monde. Le regard que je porte sur les autres et sur moi se modifie chaque jour qui passe. Elle met le doigt sur le sens profond de ma vie.

Oui, je suis sauvée et je sais où je vais.Et vous ?

s Pour aller plus loin

1. Avez-vous peur de la mort ?

2. Pensez-vous qu’il y a quelque chose après la mort ?

3. Avez-vous modifié votre façon de vivre suite au cancer ?

4. La mort, est-ce la fin de toutes choses ?

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Pourquoi la maladie, la souffrance

Nous avons vu au chapitre six que la maladie et la souf-france sont les retombées du péché. Elles sont notre héritage en quelque sorte. Sommes-nous contraints de les subir ? Ont-elles une raison d’être ? Nous ne pouvons nous y soustraire mais il est possible de les combattre et de faire en sorte qu’elles ne nous anéantissent pas. Rien ne se fait en vain avec Dieu ! Il ne se trompe jamais, soyez-en convaincu. Mais dans quel but ?

Pour nous, français, la maladie et la souffrance sont des affronts, des scandales face à l’évolution spectaculaire de notre médecine en ce début du xxie siècle. Cette dernière est censée répondre à tous nos maux. Nous avons perdu l’habitude d’avoir mal. Les recherches se mobilisent afin de pouvoir donner une réponse adéquate à chaque maladie.

Et pourtant, la douleur est une preuve que nous sommes bien vivants. Son absence totale est en fait une maladie, nom-mée « indifférence congénitale à la douleur ». Les effets en sont désastreux jusqu’à entraîner la mort ! Un exemple concernant ce sujet est éloquent :

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Depuis toujours, Michelle est un vrai garçon manqué […] Elle se blessait sans cesse, entraînant des points de suture, mais sans jamais pleurer. […] les médecins sont les pre-miers étonnés de la voir rire en plein travail d’accouche-ment alors que d’habitude les futures mères ont envie de hurler pour se soulager…Un jour en rentrant de travail à la maison, son mari dé-couvre sa femme avec 40 °C de fièvre et un abdomen dur et volumineux. Inquiet, il convainc celle-ci de se rendre à l’hôpital. Elle refuse catégoriquement, jusqu’au moment où elle s’évanouit.Diagnostic du médecin, il s’agit d’une péritonite aiguë. […] Il est impossible pour quelqu’un de supporter autant la douleur…Michelle est atteinte d’une indifférence congénitale à la douleur. […] Il n’existe malheureusement aucun traite-ment de nos jours pour soigner cette maladie 29.

Quel paradoxe ! Alors que nous faisons tout pour ne pas souffrir, l’absence de douleur est une maladie.

Je me souviens dans les années 1975-1980, d’un courant de pensée qui prônaient haut et fort l’accouchement sans douleur. Il ne fallait surtout pas que l’enfant souffre. La méthode était donc de diminuer le plus possible les douleurs par des tech-niques douces telles que mettre au monde un enfant dans l’eau. Des études ont été ensuite réalisées sur ces enfants et, faits in-téressants, ces derniers recherchaient par tous les moyens à se faire mal. L’absence de la douleur à la naissance était vécue comme un manque, un vide qui devait être comblé à tout prix par un acte douloureux, inconscient bien entendu. L’Écriture nous offre à lire ce rappel au début de la création :

Dieu dit à la femme :

29 Bladi. net – « Une femme surhumaine qui ne ressent pas la moindre douleur… », Phil Song (page consultée le 13 octobre 2009). Adresse URL : http://www.bladi.net/forum/7212-femme-surhumaine-ressent-moindre-douleur.

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Je rendrai tes grossesses très pénibles, et tu mettras tes en-fants au monde dans la souffrance. Ton désir se portera vers ton mari, mais lui te dominera 30.

Vouloir l’éviter n’est-il pas contre la nature humaine, tout simplement ? Contre ce qui est inscrit dans les gênes de l’hu-manité.

Dans les deux cas, nous observons que la douleur et la souffrance font parties de notre patrimoine génétique. Son ab-sence totale est, rappelons-le, signe de mort.

N’est-ce pas une première réponse au « pour quoi la souf-france » ? À méditer !

Allons plus loin dans la réflexion.Les souffrances sont également nos garde-fous. Elles nous

construisent et ont comme rôle, si nous acceptons de les vivre pleinement, de nous faire grandir. Elles nous poussent sur des chemins qu’autrement nous n’emprunterions pas. Et pour cause, ni vous, ni moi, du moins je l’espère, ne sommes masochistes. Souffrir pour souffrir, quelle idée !

Lorsqu’elles sont physiques, elles trouvent leur origine, dans la plupart des cas, dans la maladie 31 : le cancer par exemple. Les autres reflètent nos états émotionnels et spirituels.

Elles font partie intégrante des épreuves que nous sommes tous appelés à vivre. De la naissance à la mort, nous sommes et serons confrontés à elles. Ce qui les différencie sont leur in-tensité, leur durée, leur fréquence et surtout la façon dont nous allons les gérer.

Là est toute la question ! Car une vie sans épreuve existe mais pas sur terre : il s’agit de la vie éternelle. Celle que nous avons évoquée lors du chapitre sept sur la mort et comme l’at-teste Jean, le disciple préféré de Jésus :

30 La Bible : Livre de la Genèse, chapitre 3 verset 16.31 Maladie : « Altération organique ou fonctionnelle » (Dictionnaire Le petit

Robert, Paris, Éd. Le Robert, 2004, p. 1548).

Pourquoi la maladie, la souffrance ?

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Il essuiera toute larme de leurs yeux. La mort ne sera plus et il n’y aura plus ni deuil, ni plainte, ni souffrance. Car ce qui était autrefois a définitivement disparu 32.

Ici-bas, ni vous, ni moi n’y échapperons.La maladie et la souffrance font partie de notre vie et nous

lancent des défis. Nous pouvons les relever de plusieurs façons.Nous pouvons décider de devenir le centre de nous-mêmes.

Tout tourne autour de nous. Nous nous apitoyons sur nous et nous ne comprenons pas que les autres ne soient pas plus at-tentifs, plus tolérants, plus disponibles envers notre petite personne. La révolte devient le moteur qui nous permet, tant bien que mal, de réagir. Cette attitude génère des comporte-ments erronés, inadaptés voire exagérés vis-à-vis de l’entou-rage, et même vis-à-vis de soi. Le résultat est peu enviable. Le monde environnant s’éloigne progressivement, l’amertume et la rancœur prennent de plus en plus de place dans le cœur. Au bout de quelque temps, l’isolement s’accentue et ce avec, un sentiment d’échec et d’abandon qui ne peuvent être imputés aux autres. Ce cas de figure existe malheureusement et plus que nous pouvons l’imaginer.

C’est une conduite qui rentre dans une logique humaine tout à fait compréhensible. Nous pensons toujours que c’est une profonde injustice d’être touché par un cancer ou toute autre maladie, surtout lorsqu’il n’y a pas d’explication tangible qui puissent nous interpeller. Sans Dieu, avons-nous d’autres pos-sibilités pour affronter la maladie ? De toute évidence, ce n’est pas aussi simple que cela. L’individu est face à de tels question-nements que seul, en face à face avec lui, il n’a pas toujours les éléments pour sortir de lui-même et aller à la rencontre de ce Dieu qui rassure et accompagne. Est-ce une raison, pour autant, pour en imputer la faute à l’autre ? Non, bien sûr. Et il faut, dans ces cas-là, beaucoup de volonté, de ténacité et d’amour aux in-times pour braver cette situation. Et là aussi, si Dieu n’est pas dans la vie des proches et des amis, alors la fatigue, l’agacement

32 La Bible : Livre de l’Apocalypse, chapitre 21 verset 4.

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et le découragement peuvent prendre le dessus. Les visites s’es-pacent et puis, plus rien… C’est triste, dramatique même. Mais qui est responsable de cela ?

Il existe, bien entendu, d’autres manières de relever le défi. Et fort heureusement, nous entendons parfois des témoignages extraordinaires de gens malades qui se bagarrent et mordent la vie à pleines dents tant que cela leur est possible. Les chal-lenges sont leurs moteurs. Ils aiment se dépasser et se prouver que rien ne les arrête. Quelle force de caractère ! Ce n’est plus la personne elle-même qui se trouve au centre mais la maladie associée à un exploit, aussi minime soit-il. Et tout converge vers cela. Tout se fonde sur la volonté et les propres forces de l’in-dividu. Et parfois c’est surprenant. Je suis à la fois admirative et perplexe. Qu’arrivera-t-il le jour où la volonté s’amenuisera, où les forces diminueront ? En définitive, la maladie et la souf-france ont-elles été vraiment acceptées ?

Et entre ces deux extrêmes, il y a, le plus souvent d’ailleurs, la résignation. Le premier choc passé, nous nous adaptons aussi bien que possible à la nouvelle. Le fatalisme devient le moteur. Nous suivons les protocoles avec un espoir fragile, des certi-tudes prêtes à s’effondrer au moindre coup de vent. Lorsqu’il s’agit de maladie grave comme le cancer, nous sommes plus convaincus de l’issue fatale que de la guérison. Et si la souf-france est intolérable et que l’avenir est complètement bouché, la mort devient une échappatoire. Peu importe alors ce qu’il y a après, pourvu que nous soyons délivrés du moment présent qui nous abîme plus que tout autre chose.

Ces trois scénarios ont des points communs :– Le combat est fondé sur les propres forces de l’homme,

sa propre volonté, sa propre logique en fonction de son tempérament ;

– L’homme se ressource en puisant dans son capital « énergie » et ce jusqu’à ce que le réservoir soit vide sans possibilité de le réalimenter ;

Pourquoi la maladie, la souffrance ?

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– L’espérance en une vie meilleure est fondée sur ce que le monde peut offrir ici-bas. Et lorsqu’il n’y a plus d’espoir, humainement parlant, l’horizon s’assombrit ; le goût de vivre s’amenuise petit à petit ;

– Dieu est une théorie, voire inexistant.

Ces cas de figures, je les ai côtoyés tout au long de mon parcours médical. Mais à aucun moment je n’ai pu m’identi-fier à eux. Si l’épreuve est un défi sur ma route, j’ai aussi de quoi y faire face. En tant que chrétienne, avec Dieu à mes côtés, j’ai appris à supporter l’adversité avec patience et courage. La crainte de la souffrance a été remplacée par son acceptation. Du coup, je ne la subis plus : je vis avec. J’ai envisagé le combat avec la victoire au bout. La victoire de Christ sur la maladie. C’est mon moteur. Je suis donc passée par cette étape indispen-sable pour laisser ensuite Dieu se manifester à travers le cancer.

Dieu ne permet pas que nous soyons touchés dans nos corps sans que cela ait une raison. Très souvent, nous n’en com-prenons pas le sens et crions à l’injustice. Mais la maladie et la maladie ont plusieurs missions dont celle de manifester ses œuvres dans nos vies.

Un passage de l’Évangile selon Jean est clair sur le sujet :En partant, Jésus aperçut sur son chemin un homme qui était aveugle de naissance. Ses disciples lui posèrent alors cette question :– Dis-nous, Maître, pourquoi cet homme est-il né aveugle ? Est-ce à cause de son propre péché ou de celui de ses pa-rents ?Jésus répondit :– Cela n’a pas de rapport avec son péché, ni avec celui de ses parents ; c’est pour qu’en lui tous puissent voir ce que Dieu est capable de faire 33.

Quelle réponse !

33 La Bible : Évangile selon Jean, chapitre 9 versets 1 à 3.

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Mais quelles œuvres, me direz-vous ? Reprenons simple-ment l’exemple de notre femme du chapitre cinq. Soulevons quelques points qui nous permettent de voir plus clair :

– Si elle n’avait pas été malade pendant douze ans, au-rait-elle pris le risque de braver les autorités juives pour toucher le vêtement de Jésus ?

– Si les médecins l’avaient guérie, aurait-elle porté une attention particulière sur Jésus ?

– Sa foi en Jésus, avant sa rencontre, et son espérance en lui, l’ont portée au-delà de ses propres faiblesses.

Et pour quel résultat ?La guérison physique et l’assurance de la vie éternelle.

N’est-ce pas, là, une application directe de la manifestation des œuvres de Dieu dans la vie de cette femme ordinaire, non ?

Non seulement, l’épreuve permet aux œuvres de Dieu de se révéler, mais elle nous emmène encore plus loin. Elle fait ressortir, tout au long du processus, nos faiblesses, nos insuffi-sances. Elle nous dépouille de tous nos atouts afin de nous mon-trer tels que nous sommes et de nous faire prendre conscience de notre état de pécheur. Non pour nous humilier, Dieu n’est pas un tyran, mais pour nous transformer, pour nous régénérer. C’est en le laissant agir en nous, que son œuvre libératrice et rédemptrice peut s’exprimer par nous.

Cette confrontation avec nous-mêmes est une invitation à nous appuyer sur Dieu en tout temps et quelles que soient les circonstances.

Nous ne pouvons rien par nous-mêmes. Penser que nous nous en sortirons seuls est un leurre. Les forces physiques et morales s’épuiseront tôt ou tard. Alors que Dieu, par son amour infini, nous invite à venir puiser dans ses ressources, inépui-sables, inaltérables.

Combien de fois, alors que j’étais dans un état de faiblesse extrême, il a pris soin de moi. Il a comblé, plus que je ne pou-vais l’espérer, mes besoins tant sur le plan matériel que moral

Pourquoi la maladie, la souffrance ?

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et spirituel. J’ai expérimenté, dans un corps à corps permanent avec lui, la parole de Dieu adressée à Paul dans sa propre ma-ladie : « Ma grâce te suffit, c’est dans la faiblesse que ma puis-sance se manifeste pleinement 34. »

Le cancer a été le sol fertile d’où a germé une confiance de plus en plus forte et intense avec Dieu. Confiance en sa fidé-lité aux jours les plus sombres de la maladie. Confiance en son amour infini et indestructible alors que je pouvais être en lutte avec ce mal.

L’épreuve ne conduit pas l’homme dans la solitude mais dans une communion toujours plus profonde avec Dieu. Une dépendance, perdue dans le jardin d’Éden, peut enfin se retrou-ver. Il est notre ressource et notre refuge. Voilà ce que la mala-die et la souffrance peuvent nous apporter.

Elles sont les instruments de réconciliation avec Dieu. Elles nous font poser les questions existentielles du sens de notre vie, ici-bas. Et parfois, une transformation s’opère en nous, par un acte qui nous semble insensé car hors du commun ou inhabi-tuel. Un changement d’état se produit. Souvenez-vous de notre femme ordinaire qui, contre toute attente, fait le geste insensé qui l’a sauvée à jamais.

Plus encore, Dieu nous propose le repos dans la souffrance, comme nous y invite Jésus :

Venez à moi, vous tous qui êtes accablés sous le poids d’un lourd fardeau, et je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous, et vous trouverez le repos pour vous-mêmes, et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur. Oui, mon joug est facile à porter et la charge que je vous impose est légère 35.

Si le monde s’éloigne de vous, si tout espoir est perdu, sa-chez que Dieu peut se manifester à tout moment dans toute sa puissance. Il peut vous prendre sous son aile et traverser avec vous l’épreuve qui vous ronge et vous affaiblit aujourd’hui.

34 La Bible : Seconde lettre de Paul aux Corinthiens, chapitre 12 verset 9.35 La Bible : Évangile selon Matthieu, chapitre 11 versets 28 à 30.

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Une chose : donnez-lui la place qui lui revient ! Christ est là pour vous montrer le chemin !

s Pour aller plus loin

1. Voyez-vous les souffrances comme des garde-fous dans votre vie ?

2. L’épreuve vous a-t-elle permis de mieux vous connaître ?

3. Comment combattez-vous les épreuves dans votre vie ?

4. Quel témoignage voulez-vous laisser à votre entourage ?

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Y a-t-il un avenir ? Et si c'était un nouveau départ ?

Pour celui ou celle qui est atteint d’un cancer, l’avenir est parfois compté en jours, en mois ou en quelques années. Il est souvent vécu comme une retraite, anticipée par le temps qui lui reste à vivre. L’avenir de la mort est réel. Et là, la question de l’éternité peut prendre tout son sens. Que se passe-t-il après la mort ? Ou vais-je ?

Avec le cancer, il y a toujours un « avant » et un « après ». La vie prend un autre sens. Nous ne pouvons plus faire abs-traction de cette maladie alors même que nous sommes, pour beaucoup je l’espère, en rémission.

Avons-nous un avenir devant nous ? Oui, tant que nous avons un souffle de vie, il y a un futur aussi court soit-il. Et ce temps-là est précieux. Il peut être, pour certains, une revanche sur la maladie. L’envie de vivre et de réaliser des rêves s’im-pose alors avec force. D’autres cherchent à tout prix à oublier

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cette mésaventure en se lançant à corps perdu dans des activités professionnelles et ludiques. Ou ils prennent la vie comme elle se présente et goûtent aux joies de tous les jours, avec mesure et sagesse, sans défi, sans pression. Autant de façons de vivre l’avenir qu’il y a de personnes malades ou en rémission. Toutes légitimes, normales, naturelles. Avec juste un petit bémol : pen-sez-vous à envisager votre éternité ? Quelle place lui donnez-vous dans votre « après » ?

Revenons une dernière fois sur notre personnage principal étudié au chapitre cinq. Quel a été son avenir, à votre avis ? Nous le dit-on dans le passage que nous avons vu ensemble ? Oui, Christ lui parle, non seulement de son avenir mais aussi de son éternité, rappelez-vous : « Mais Jésus lui dit : Ma fille, ta foi t’a sauvée ; va en paix, et sois guérie de ton mal. » Son avenir est un temps où elle va enfin retrouver, au bout de douze ans de souffrance et d’exclusion, la paix. La maladie ne la torture plus et elle peut aller vivre son futur avec sa famille, ses amies dans la paix de notre Seigneur. Quel « après » extraordinaire. Et Jésus lui donne plus qu’un avenir, il lui offre la vie éternelle : « ta foi t’a sauvée » est le passeport qui lui permet de vivre auprès de Dieu, après sa mort. Jésus lui fait cadeau de cette vie faite d’es-pérance qu’elle va pouvoir fortifier au cours des années qui lui restent avant de quitter le monde. Quel nouveau départ !

Mais un point est à souligner dans cette histoire. Ce que Jésus fait dans la vie des autres n’a aucune incidence dans la vie de cette femme. Simplement entendre et croire que Jésus pardonne le péché et donne la vie éternelle, cela ne veut pas dire qu’elle est pardonnée et qu’elle est sauvée. Elle aurait pu rester prostrée dans sa maison en croyant que sa foi suffirait à la guérir. Rien n’aurait changé pour elle. Car la foi n’est pas passive. Elle doit agir, faire quelque chose. Sa guérison n’a pas eu lieu parce qu’elle a dit « si je puis seulement toucher ses vête-ments, je serais guérie » : sa guérison s’est opérée car elle a mis en action sa foi. Elle s’est approchée de lui, une première fois en catimini pour le toucher. Puis une seconde fois lorsqu’elle a été interpellée par Jésus. Là aussi, elle était timide, craintive, apeurée même. Elle a confessé ce qu’elle a fait. Elle a reconnu

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publiquement son état. Et c’est pour toutes ces raisons que Jésus l’a sauvée et guérie.

Lorsque nous lisons les récits de l’Évangile, nous consta-tons que Jésus demande souvent aux personnes de faire quelque chose par elles-mêmes, de faire un pas de foi, pour qu’elles puissent être sauvées. Dans les cas de guérison, Jésus attend qu’une relation personnelle s’établisse entre lui et le malade.

L’œuvre de Dieu, aussi parfaite soit-elle, ne peut s’appli-quer à nous que si nous nous approprions personnellement le sacrifice de Jésus sur la croix. Il ne s’agit pas d’une simple croyance, d’une idéologie, d’une simple adhésion intellectuelle de ce que Dieu dit. Non. Seule la foi active peut nous amener à nous rapprocher de Dieu.

Croire en Dieu, c’est :– Accepter le cadeau que Dieu nous a donné en la per-

sonne de son Fils, le salut éternel. Il faut simplement aller le chercher pour en bénéficier ;

– Décider de s’engager pour lui. L’évangéliste Marc est clair : « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné 36. »

– Agir.

Notre foi est active. Elle se démontre concrètement. Jean Baptiste encourageait ainsi ceux qui se faisaient baptiser : « Montrez plutôt par vos actes que vous avez changé de vie 37. » Il ne suffit pas de dire que nous avons la foi, il faut que nos actes soient conformes à ce que nous disons. Une foi qui refuse l’ac-tion est sans vie : « Car comme le corps sans l’esprit est mort, la foi sans les actes est morte 38. »

Nous ne savons pas de quoi sera fait notre avenir. Seul Dieu le sait. David nous le relate dans un de ses chants :

36 La Bible : Évangile selon Marc, chapitre 16 verset 16.37 La Bible : Évangile selon Matthieu, chapitre 3 verset 8.38 La Bible : Lettre de Jacques, chapitre 2, verset 26.

Y a-t-il un avenir ? Et si c’était un nouveau départ ?

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Je n’étais encore qu’une masse informe, mais tu me voyais et dans ton registre, se trouvaient déjà inscrits tous les jours que tu m’avais destinés alors qu’aucun d’eux n’exis-tait encore 39.

Entre le jour de notre naissance et le jour de notre mort, il nous propose d’aller à sa rencontre afin que nous ne soyons plus jamais séparés de lui. Ce temps, plus ou moins long, est semé d’épreuves adaptées à ce que nous sommes et à ce que nous pouvons supporter dans le seul but d’être sauvés et d’avoir la vie éternelle.

Pour moi, le cancer est une nouvelle rencontre avec Christ. J’ai appris à mieux le connaître. J’ai développé mon intimité avec lui alors que j’étais plongée dans une solitude parfois ex-trême. Ce sont des moments intenses et merveilleux que pour rien au monde je n’échangerais. Au moment où j’écris, je suis en rémission avec des contrôles stricts et rapprochés car les risques de récidives sur ce type de cancer sont élevés. Je n’ai pas eu la conviction que j’étais définitivement guérie. En revanche, j’ai été renouvelée dans mon âme et bien des souffrances morales ont diminué, voire disparu pour certaines.

Je vais reprendre, à temps partiel, une activité profession-nelle d’ici quelques jours. J’envisage mon avenir sereinement, peu importe le temps qu’il me reste à vivre. Je ne sais pas en-core de quoi il sera fait, mais je fais confiance à Dieu pour me guider dans cet « après-cancer ».

Le cancer, peut-être la dernière chance pour vous de prendre un nouveau départ en allant à la rencontre de celui qui peut tout pour vous comme dans cette petite histoire qui suit : un cadeau pour vous !

Un pasteur, de passage dans une église, demanda à ceux qui ressentaient le besoin que l’on prie pour eux, de s’ap-procher de l’estrade. Trente personnes s’avancèrent et il pria pour elles. En fin de semaine, une femme l’appela pour lui dire :

39 La Bible : Psaumes 139 verset 16.

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— Dimanche dernier vous avez prié pour mon mari. Il souffrait d’un cancer et il vient de mourir. Quand nous sommes arrivés à l’église, mon mari était rongé de colère. Il disait vouloir voir son petit-fils grandir, et n’arrêtait pas de maudire Dieu. Mais après votre prière, il a changé du tout au tout. Ses derniers jours ont été les meilleurs que nous n’ayons jamais vécus, poursuivit-elle. Nous les avons passés à discuter, à rire et à chanter des cantiques. Son cancer n’a pas disparu miraculeusement, mais c’était un homme transformé et guéri intérieurement !

Et vous, quel avenir, quel nouveau départ voulez-vous prendre ? La balle est dans votre camp !

Le 20 septembre 2009.

Fin

Y a-t-il un avenir ? Et si c’était un nouveau départ ?

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Annexes

À chaque épreuve, outre la bible, j’affectionne aussi cer-tains textes, livres ou musiques. Ils sont mes compagnons in-contournables. En voici trois parmi tant d’autres que j’apprécie plus particulièrement et qui m’ont accompagné tout au long de mon parcours médical.

Le premier est un poème, l’autre un chant et enfin un des psaumes les plus connus. Qu’ils puissent être pour vous un baume au cœur !

Emmanuel, Dieu avec nous, Dieu dans mes pas

J’ai fait un rêve, la nuit de Noël. Je cheminais sur la plage, côte à côte avec le Seigneur. Nos pas se dessinaient sur le sable, Laissant une double empreinte : La mienne et celle du Seigneur.L’idée me vint, c’était en songe, Que chacun de nos pas représentait un jour de ma vie. Je me suis arrêté pour regarder en arrière. J’ai vu toutes ces traces qui se perdaient au loin. Mais je remarquai qu’en certains endroits Au lieu de deux empreintes, il n’y en avait plus qu’une.J’ai revu le film de ma vie. Ô surprise ! Les lieux à l’empreinte unique

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Correspondaient aux jours les plus sombres de mon existence !Jours d’angoisse ou de mauvais vouloir, Jours d’égoïsme ou de mauvaise humeur, Jours d’épreuves et de doute, Jours intenables… Jours où moi aussi, j’avais été intenable.Alors me tournant vers le Seigneur, J’osai lui faire des reproches : Tu nous as pourtant promis d’être avec nous tous les jours ! Pourquoi n’as-tu pas tenu ta promesse ? Pourquoi m’avoir laissé seul ? Aux pires moments de ma vie ? Aux jours où j’avais le plus besoin de ta présence ?Mais le Seigneur m’a répondu : Mon ami, Les jours où tu ne vois qu’une trace de pas sur le sable, Ce sont les jours où je t’ai porté.— Poème brésilien, d’après Adémar de Barros

J’ai soif de ta présence

J’ai soif de ta présence, Divin chef de ma foi. Dans ma faiblesse immense, Que ferais-je sans toi ? Refrain : Chaque jour, à chaque heure, Oh ! J’ai besoin de toi ! Viens, Jésus et demeure Auprès de moi !Des ennemis dans l’ombre rôdent autour de moi Accablé par le nombre, Que ferais-je sans toi ?

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Pendant les jours d’orage, D’obscurité, d’effroi, Quand faiblit mon courage, Que ferais-je sans toi ?Ô ! Jésus, ta présence, C’est la vie et la paix La paix dans la souffrance, Et la vie à jamais.— Cantique du receuil À toi la Gloire

Psaume 23

L’Éternel est mon berger : je ne manquerai de rien. Il me fait reposer dans de verts pâturages, Il me dirige près des eaux paisibles. Il restaure mon âme, Il me conduit dans les sentiers de la justice, À cause de son nom. Quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort, Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : Ta houlette et ton bâton me rassurent. Tu dresses devant moi une table, En face de mes adversaires ; Tu oins d’huile ma tête, Et ma coupe déborde. Oui, le bonheur et la grâce m’accompagneront Tous les jours de ma vie, Et j’habiterai dans la maison de l’Éternel Jusqu’à la fin de mes jours.— La Bible, livre des Psaumes

Annexes

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Table des matières

Préface .............................................................................. 7

Chapitre 1 • Touchée par le Cancer ................................ 9 Pour aller plus loin .................................................. 18

Chapitre 2 • Pourquoi moi ? Et pourquoi pas toi ? ...... 19 Pour aller plus loin .................................................. 25

Chapitre 3 • Comment mener le combat ? ................... 27 Pour aller plus loin .................................................. 37

Chapitre 4 • Vivre le cancer au quotidien .................... 39 Pour aller plus loin .................................................. 48

Chapitre 5 • Rencontre exytraordinbaire avec une femme ordinnaire .......................................................... 49 Pour aller plus loin .................................................. 56

Chapitre 6 • Le péché, quelles conséquencespour nous ? ..................................................................... 57 Pour aller plus loin .................................................. 63

Chapitre 7 • La mort, la fin de tout ou ? ....................... 65 Pour aller plus loin .................................................. 72

Chapitre 8 • Pourquoi la maladie, la souffrance ......... 73 Pour aller plus loin .................................................. 81

Chapitre 9 • Y a-t-il un avenir ? Et si c’était unnouveau départ ? ........................................................... 83

Annexes ........................................................................... 89

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Renouvelez votre vision du Nouveau Testament ! Une lecture facile et lumineuse. Une version d’étude riche en nuances.

656 pages • Réf. 1941 • 6,50 €

Page 98: Mon cancer, entre combats et découvertes

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Page 99: Mon cancer, entre combats et découvertes
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Faut-il souffrir d’un cancer pour lire ce livre ?Vous apprécierez un témoignage authentique. Sans fausse honte, sans complaisance, ni pitié de soi, plein d’espoir, de vitalité et d’optimisme ! Ne passez pas à côté de cette histoire bouleversante racontée avec talent.Vous y trouverez vos propres questions. Quand surviennent les difficultés, les questions surgissent : pourquoi le mal ? La souffrance ? La maladie est-elle une punition ? Agnès aborde ces interrogations sans détour, avec franchise et sincérité. Elle est bien placée pour le faire.Vous comprendrez mieux ceux qui souffrent.Le récit d’Agnès, son combat et ses découvertes, vont assurément vous aider à comprendre ceux qui sont atteints par la maladie, ainsi que leurs proches. Sa sensibilité et sa compassion vous encourageront dans vos relations si vous êtes désarmés par la souffrance des autres.Attention ! Si vous commencez ce livre, vous pourriez bien ne pas le reposer avant de l’avoir terminé ! Vous risquez fort d’avoir envie de l’offrir à ceux, dans votre entourage, qu’il pourrait encourager.

Alain Stamp

Agnès Baroncini •

Célibataire, Agnès enseigne la

communication et l’informatique en BTS à la Chambre de Commerce de

Strasbourg.Après un parcours mouvementé, elle

découvre la foi en Jésus-Christ il y a dix ans, foi

qu’elle est toujours enthousiaste à

partager !Touchée par un

cancer rare début 2008, en rémission

depuis peu, elle témoigne de son

vécu et apporte des réponses

aux questions existentielles que

pose la maladie.Elle signe ici un

premier ouvrage prometteur.

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C O L L E C T I O N

N o u v e a u D é p a r t

9 782910 246716ISBN 978-2-910246-71-6