236
Samedi 28 novembre 2015 - 71 e année - N o 22042 - 4 € - France métropolitaine - www.lemonde.fr ― Fondateur : Hubert Beuve-Méry Directeur : Jérôme Fenoglio Algérie 180 DA, Allemagne 2,50 €, Andorre 2,40 €, Autriche 2,80 €, Belgique 4 €, Cameroun 1 900 F CFA, Canada 4,50 $, Côte d'Ivoire 1 900 F CFA, Danemark 30 KRD, Espagne 2,50 €, Finlande 4 €, Gabon 1 900 F CFA, Grande-Bretagne 1,90 £, Grèce 2,80 €, Guadeloupe-Martinique 2,40 €, Guyane 2,80 €, Hongrie 950 HUF, Irlande 2,50 €, Italie 2,50 €, Liban 6 500 LBP, Luxembourg 4 €, Malte 2,50 €, Maroc 13 DH, Pays-Bas 2,50 €, Portugal cont. 2,50 €, La Réunion 2,40 €, Sénégal 1 900 F CFA, Slovénie 2,50 €, Saint-Martin 2,80 €, Suisse 3,50 CHF, TOM Avion 450 XPF, Tunisie 2,50 DT, Turquie 10,50 TL, Afrique CFA autres 1 900 F CFA Dossier neige hors pistes De “Journal intime” à “Mia Madre” Nanni Moretti, l’ami italien M Le magazine du Monde n 219. Supplément au Monde n 22042 — SaMedi 28 noveMbre 2015. ne peut être vendu séparément. disponible en France métropolitaine, belgique et Luxembourg. M Le magazine du Monde– 28 novembre 2015 – N 219 UNIQUEMENT EN FRANCE MÉTROPOLITAINE, EN BELGIQUE ET AU LUXEMBOURG CULTURE & IDÉES ÉTAT D’URGENCE : LE DÉBAT PIÉGÉ SPORT & FORME BASKET : STEPHEN CURRY, LA NOUVELLE STAR « ILS ÉTAIENT LA JEUNESSE DE FRANCE » François Hollande a rendu hommage aux 130 victimes des attentats du 13 novembre dans la Cour d’honneur des Invalides « Ils sont morts au nom d’une cause folle et d’un dieu trahi », a déclaré le président Au-delà des souf- frances individuelles, le deuil collectif de la France La jeunesse s’empare des couleurs bleu-blanc-rouge « Le Monde » poursuit la publication des portraits des victimes LIRE PAGES 6-7, 16, 17 ET LE SUPPLÉMENT « CULTURE & IDÉES » LA COURBE DU CHÔMAGE, OU LE FARDEAU DU PRÉSIDENT LIRE PAGE 24 SYRIE HOLLANDE ACHÈVE UN MARATHON DIPLOMATIQUE AUX RÉSULTATS INCERTAINS LIRE PAGES 2-3 DROITS TÉLÉVISÉS COMMENT DRAHI A RAVI À BOLLORÉ LE FOOT ANGLAIS LIRE LE CAHIER ÉCO PAGE 8 La cour des Invalides, le 27 novembre. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE/ FRENCH POLITICS POUR « LE MONDE » P arlant pour la première fois, Mathieu Valbuena ra- conte au Monde l’affaire du chantage à la « sextape » dont il a été victime. Le footballeur re- vient notamment sur le rôle joué par son coéquipier en équipe de France Karim Benzema, mis en examen pour avoir servi d’inter- médiaire entre lui et les maîtres chanteurs. « Je suis déçu, plus que déçu, assure-t-il. (…) Je ne peux pas défendre l’indéfendable. Même à mon pire ennemi, je ne ferais pas ça. » Il décrit en détail le déroulé des faits et comment il a refusé de céder au chantage. « On ne m’escroque pas. » Par ailleurs, grâce à des inter- ceptions téléphoniques, les en- quêteurs ont découvert qu’un autre international, Samir Nasri, avait été pressenti par les hom- mes à l’origine du chantage pour servir d’intermédiaire auprès de Mathieu Valbuena. « Je n’ai pas voulu m’en mêler », assure Samir Nasri au Monde. p LIRE LE SUPPLÉMENT « SPORT & FORME » PAGES 4-5 «Sextape»: Valbuena «plus que déçu» par Benzema Victime de chantage, le footballeur évoque le rôle joué par son coéquipier chez les Bleus JULIEN GOLDSTEIN/ PRESSE SPORT Quelques jours avant l’ouverture de la COP21, dimanche 29 novem- bre, plusieurs assignations à résidence et perquisitions ont visé des militants proches des mi- lieux zadistes et écologistes. Les assignations courent jusqu’au 12 décembre, le lendemain de la fin de la conférence sur le climat. Et visent donc clairement les éventuels mouvements revendicatifs qui pourraient entourer l’événement. A Rennes, Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), la Cendronne (Dordogne), les mêmes scènes se sont multipliées ces derniers jours. Réveil brutal par les forces de l’ordre, fouilles musclées… La Marche mondiale pour le climat, prévue dimanche, a été annulée après les attentats du 13 novembre, et toutes les ma- nifestations ont été interdites à Paris et en Ile-de-France jusqu’à lundi. Mais plusieurs associations et collectifs n’avaient pas pour autant renoncé. p LIRE PAGE 8 Perquisitions et assignations à résidence chez des militants écologistes ÉTAT D’URGENCE

Monde 5 en 1 Du Samedi 28 Novembre 2015

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Journal Le Monde Du Samedi 28 Novembre 2015Plus supliments

Citation preview

  • Samedi 28 novembre 2015 71e anne No 22042 4 France mtropolitaine www.lemonde.fr Fondateur : Hubert BeuveMry Directeur : Jrme Fenoglio

    Algrie 180 DA, Allemagne 2,50 , Andorre 2,40 , Autriche 2,80 , Belgique 4 , Cameroun 1 900 F CFA, Canada 4,50 $, Cte d'Ivoire 1 900 F CFA, Danemark 30 KRD, Espagne 2,50 , Finlande 4 , Gabon 1 900 F CFA, Grande-Bretagne 1,90 , Grce 2,80 , Guadeloupe-Martinique 2,40 , Guyane 2,80 , Hongrie 950 HUF, Irlande 2,50 , Italie 2,50 , Liban 6 500 LBP, Luxembourg 4 , Malte 2,50 , Maroc 13 DH, Pays-Bas 2,50 , Portugal cont. 2,50 , La Runion 2,40 , Sngal 1 900 F CFA, Slovnie 2,50 , Saint-Martin 2,80 , Suisse 3,50 CHF, TOM Avion 450 XPF, Tunisie 2,50 DT, Turquie 10,50 TL, Afrique CFA autres 1 900 F CFA

    D o s s i e rn e i g e h o

    r s p i s t es

    DeJournal intime MiaM

    adre

    NanniMoretti,

    lami italien

    MLe

    magazinedu

    Monde

    no219.Supp

    lmentau

    Monde

    no22042Sa

    Medi28

    noveMbre20

    15.

    nepeut

    trevendusparment.dispo

    nibleen

    France

    mtropo

    litaine,belgiqueetLuxembo

    urg.

    MLemagazine

    duMonde

    28

    novembre

    2015No219

    UN

    IQU

    EM

    EN

    T E

    N F

    RA

    NC

    E M

    T

    RO

    PO

    LITA

    INE

    ,

    EN

    BE

    LGIQ

    UE

    ET

    AU

    LU

    XEM

    BO

    UR

    G

    CULTURE & IDES

    TAT DURGENCE :LE DBAT PIG

    SPORT & FORME

    BASKET : STEPHEN CURRY, LA NOUVELLE STAR

    ILS TAIENT LA JEUNESSE DE FRANCE Franois Hollande a rendu hommage aux 130 victimes des attentats du 13 novembre dans la Cour dhonneur des Invalides

    Ils sont morts au nom dune cause folle et dun dieu trahi , a dclar le prsident

    Audel des souffrances individuelles, le deuil collectif de la France

    La jeunesse sempare des couleursbleublancrouge

    Le Monde poursuit la publication des portraits des victimes

    LIRE PAGES 6-7, 16, 17 ET LE SUPPLMENT CULTURE & IDES

    LA COURBE DU CHMAGE, OU LE FARDEAU DU PRSIDENT LIRE PAGE 24

    SYRIE

    HOLLANDE ACHVE UN MARATHON DIPLOMATIQUE AUX RSULTATS INCERTAINS LIRE PAGES 2-3

    DROITS TLVISS

    COMMENT DRAHIA RAVI BOLLORLE FOOT ANGLAIS LIRE LE CAHIER CO PAGE 8

    La cour des Invalides,le 27 novembre.

    JEAN-CLAUDE COUTAUSSE/

    FRENCH POLITICS POUR LE MONDE

    P arlant pour la premirefois, Mathieu Valbuena raconte au Monde laffairedu chantage la sextape dontil a t victime. Le footballeur revient notamment sur le rle jou par son coquipier en quipe de France Karim Benzema, mis en examen pour avoir servi dintermdiaire entre lui et les matreschanteurs. Je suis du, plus que du, assuretil. () Je ne peux pasdfendre lindfendable. Mme mon pire ennemi, je ne ferais pasa. Il dcrit en dtail le droul

    des faits et comment il a refus de cder au chantage. On ne mescroque pas.

    Par ailleurs, grce des interceptions tlphoniques, les enquteurs ont dcouvert quun autre international, Samir Nasri, avait t pressenti par les hommes lorigine du chantage pour servir dintermdiaire auprs de Mathieu Valbuena. Je nai pas voulu men mler , assure Samir Nasri au Monde. p

    LIRE LE SUPPLMENT SPORT & FORME PAGES 4-5

    Sextape : Valbuena plus que du par Benzema Victime de chantage, le footballeur voque le rle jou par son coquipier chez les Bleus

    JULIEN GOLDSTEIN/PRESSE SPORT

    Quelques jours avant louverture de la COP21, dimanche 29 novembre, plusieurs assignations rsidence et perquisitions ont vis des militants proches des milieux zadistes et cologistes. Les assignations courent jusquau 12 dcembre, le lendemain de la fin de la confrence sur le climat. Et visent donc clairement les ventuels mouvements revendicatifs qui pourraient entourer lvnement. A Rennes, IvrysurSeine (ValdeMarne), la Cendronne (Dordogne), les mmes scnes se sont multiplies ces derniers jours. Rveil brutal par les forces de lordre, fouilles muscles La Marche mondiale pour le climat, prvue dimanche, a t annule aprs les attentats du 13 novembre, et toutes les manifestations ont t interdites Paris et en IledeFrance jusqu lundi. Mais plusieurs associations et collectifs navaient pas pour autant renonc. p

    LIRE PAGE 8

    Perquisitions et assignations rsidence chez des militantscologistes

    TAT DURGENCE

  • 2 | international SAMEDI 28 NOVEMBRE 20150123

    L A G U E R R E C O N T R E L E I

    Hollande scelle le rapprochement avec PoutineLa France et la Russie ont affich leur volont de lutter contre lEI, sans masquer leurs dsaccords

    moscou - correspondante

    Un pas en avant, deuxsur le ct. A lissue desa rencontre avec leprsident franais

    Franois Hollande, qui achevait Moscou, jeudi 26 novembre, une tourne diplomatique sur le thme de la lutte contre lorgani-sation Etat islamique (EI), Vladi-mir Poutine sest dit prt davan-tage cibler les frappes ariennesrusses en Syrie sur des objectifs communs . Aujourdhui, a d-clar le prsident russe, nous som-mes daccord pour renforcer notre travail dans la lutte antiterroriste,intensifier lchange dinforma-tions oprationnelles () et vitertoutes frappes contre des territoi-res o des forces armes sont pr-tes combattre elles-mmes les terroristes.

    Cest un pas important qui a tfait. Accuse depuis le dbut de son intervention militaire, le 30 septembre, de bombarder sansdiscernement les groupes armsen Syrie, et surtout ceux qui sop-posent au rgime de Bachar Al-As-sad, la Russie inflchit sa position.Le chef du Kremlin la rpt de-vant la presse jeudi soir : Nous al-lons changer des informations sur les territoires occups par lapartie saine de lopposition sy-rienne, et non par des terroristes,et, dans cette zone-l, nous abste-nir de les viser. Franois Hol-lande tait venu chercher cette garantie, obtenue non sans mal dans un climat alourdi par la des-truction, deux jours auparavant, le 24 novembre, dun bombardier russe SU-24 par les forces turques membres de lOTAN, la frontire turco-syrienne un incident re-grettable , a assur le prsident franais. Mais, comme toujours avec son homologue russe, les in-tentions affiches Moscou res-tent soumises interprtation.

    Sur le terrain, une opration ter-restre est indispensable, a en effet

    fait valoir M. Poutine, et il ny a pas dautre force militaire capable de combattre Daech [acronyme arabe de lEI], Al-Nosra [groupe af-fili Al-Qaida] et dautres quelarme syrienne fidle au rgime de Bachar Al-Assad, qualifie dallie naturelle . Il se peut quil existe dautres groupes , a-t-ilajout du bout des lvres, tout en douchant tout espoir sur la nces-sit mise en avant par la partie franaise dengager en parallle des ngociations pour instaurer une transition politique avectoutes les composantes de la so-cit , dans laquelle, M. Hollande la redit, le dirigeant syrien napas sa place . Le destin de Ba-char Al-Assad est 100 % entre les mains du peuple syrien , a rpli-qu M. Poutine. Un pas de ct. Et les rcentes incursions des bom-bardiers russes dans des zones turkmnes, la frontire turco-syrienne, thtre de lincident a-rien, o lEI nest pas prsent, inci-teraient plutt la prudence.

    Echange dinformations Aussi le chef de lEtat franais na-t-il eu de cesse, lors de la conf-rence de presse commune, de re-cadrer les termes de l accord destin combattre Daech et les groupes terroristes et rien que les terroristes . Avec le prsidentPoutine, nous sommes tombs daccord sur trois points essentiels,a-t-il insist. Augmenter lchange dinformations et de renseigne-

    ments (), intensifier nos frappes en se coordonnant pour amliorer leur efficacit, notamment sur le transport ptrolier, et viter les for-ces luttant contre Daech qui ne doivent pas tre vises. Il y a ceux qui doivent tre frapps et ceux quine peuvent pas tre frapps. Aplusieurs reprises au cours de ses

    changes avec son homologuerusse, le prsident franais a faitpasser ce message quil a redit lasortie : Nous, la France, allons ac-crotre notre soutien ceux qui se battent sur le terrain contre Daech. Nous ne frappons paslarme syrienne de toute faon, soulignait-on dans la dlgation franaise. Limportant, cest lenga-gement pris. LASL [Arme sy-rienne libre, composante de lop-position syrienne soutenue par les Occidentaux] est prserve.

    Dans les faits, la coordination,sur le plan militaire, est dj deve-nue pour partie une ralit, no-tamment autour dun objectif partag, y compris par les Etats-Unis : couper les ressources finan-cires de lEI tires du ptrole.Mais, aux yeux du Kremlin, ce do-maine exclut la Turquie, avec la-

    quelle les relations se sont srieu-sement dgrades depuis qua-rante-huit heures, aprs la des-truction du SU-24, au point que M. Poutine a refus, jeudi, deprendre les appels du dirigeantturc. Nous voyons que les vhicu-les [du trafic] vont et viennent en Turquie de jour comme de nuit et jene crois pas que les dirigeants turcs

    La coordinationest dj une

    ralit, autour

    de lobjectif

    de couper

    les ressources

    ptrolires de lEI

    lignorent , a-t-il lanc, ajoutant : Cest un vritable tuyau vivant de ptrole, des volumes indus-triels ! Pour le prsident russe,Ankara ferme dlibrment les yeux : Ceux qui appliquent desdoubles standards avec les terro-ristes (), en sengageant dans un business illicite avec eux, jouent avec le feu , a mis en garde M. Poutine.

    Ces tensions avec la Turquiedonnent surtout loccasion la Russie dcarter, comme elle le souhaitait, loption de se rallier lactuelle coalition internationale qui intervient en Syrie et en Irak sous la bannire des Etats-Unis. A la place, le chef du Kremlin a sug-gr un front antiterroriste sous les auspices des Nations unies . Ledernier pas de ct. p

    isabelle mandraud

    Un marathon diplomatique aux rsultats incertainsLElyse parle dsormais plutt de coordination que de coalition , qui suppose un consensus politique aujourdhui introuvable

    A prs des passages clairs Washington et Moscou,Franois Hollande va sesaisir de louverture de la COP21, dimanche 29 novembre, Paris, pour poursuivre ses intenses con-sultations en vue de renforcer lalutte contre lorganisation Etat is-lamique (EI). Plusieurs des princi-paux acteurs de la crise syrienneseront en effet prsents en France,du prsident de lIran, Hassan Ro-hani, celui de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan. Ds dimanche, le prsident franais sentretiendra avec le secrtaire gnral des Na-tions unies, Ban Ki-moon, et il re-cevra dner, lundi, son homolo-gue amricain, Barack Obama.

    Deux semaines aprs les atten-tats de Paris, le prsident Hollandeachve un exceptionnel mara-thon diplomatique destin acc-

    lrer la mobilisation politique et lacoordination militaire contre lEI. Au-del de la multiplication des rencontres, force est de constater que le rsultat des efforts dployspar M. Hollande est encore incer-tain. Les contours de la grande et unique coalition contre les djiha-distes prne par le prsident lors de son intervention devant le Con-grs, le 16 novembre, demeurent flous. Dailleurs, lElyse parle d-sormais plutt de coordination que de coalition , tant cette der-nire suppose un consensus poli-tique sur les objectifs recherchs, aujourdhui introuvable.

    Avant de sengager dans cettetourne diplomatique au pas de charge, Franois Hollande a fait unpari ambitieux : profiter de londe de choc des attentats de Paris pourtenter de faire bouger les lignes

    sur la crise syrienne, dont les m-tastases se font sentir bien au-deldu Proche-Orient. M. Hollande at le premier bouger en propo-sant une main tendue la Russie,principal alli, avec lIran, du r-gime de Bachar Al-Assad.

    Impact limit

    En dclarant devant le Congrs que la lutte contre lEI tait dsor-mais la priorit de laction fran-aise, le chef de lEtat a attnu la position de Paris qui estimait, jus-qualors, que le combat contre les djihadistes ne pouvait se conce-voir que sil y avait aussi une pers-pective claire dviction de Bachar Al-Assad. Le mouvement de la France a consist rviser ses prio-rits pour ne pas poser un obstacle un rapprochement avec la Rus-sie , observe Camille Grand, direc-

    teur de la Fondation pour la re-cherche stratgique.

    Vladimir Poutine a visiblementsaisi cette ouverture. A lissue des entretiens, jeudi soir Moscou, entre les prsidents franais et russe, M. Hollande a dclar queles deux pays allaient dornavant coordonner leurs frappes en Syrie contre lEI, mais aucun pro-grs na t enregistr sur le front politique, concernant le rle de Bachar Al-Assad.

    A Washington, mardi, BarackObama avait fait assaut de bonne volont pour soutenir M. Hol-lande, en dfendant un renforce-ment du partage du renseigne-ment, une coopration militaire plus troite et une monte en puissance des frappes contre lEI, notamment contre les convoisptroliers qui alimentent le trsor

    de guerre de lorganisation terro-riste. Mais Obama na pas fonda-mentalement chang sa stratgie de guerre distance, essentielle-ment arienne , note CamilleGrand. Et le prsident amricain na pas dissimul son scepticismeface un rapprochement avec la Russie, tant que Moscou dfend lergime syrien.

    Mme si Franois Hollande peutse targuer davoir obtenu, Mos-cou et Washington, des avances sur le terrain de la cooprationmilitaire, leur impact demeureralimit en labsence dun accord a minima sur lavenir politique de la Syrie. Seules les troupes dj prsentes au sol pourront conso-lider les ventuels reculs de lEI,dsormais soumis des bombar-dements plus soutenus. Or, les combattants locaux et leurs par-

    rains rgionaux ne pourront ac-cepter de se mobiliser dans le ca-dre dune coalition anti-EI quesil existe une perspective politi-que conduisant au dpart du pr-sident Assad.

    La Russie et lIran participentcertes aux discussions multilat-rales sur la Syrie, entames Vienne, aux cts de leurs adver-saires du Golfe. Mais le processus nen est qu ses balbutiements. Et, ce stade, aucun mouvement majeur nest perceptible entre les protagonistes. Les attentats de Paris ont provoqu un tremble-ment de terre politique, constate Marc Pierini, ancien ambassadeurde lUnion europenne en Syrie et expert de la Fondation Carnegie.Mais ils nont pas encore conduit un sisme diplomatique. p

    yves-michel riols

    Sassocier larme dAssad contre lEI ?

    Le chef de la diplomatie franaise, Laurent Fabius, a envisag, ven-dredi 27 novembre, que des forces du rgime syrien puissent tre associes la lutte contre lEtat islamique (EI). Pour lutter contre lEI, il y a deux sries de mesures : les bombardements () et des forces au sol, qui ne peuvent pas tre les ntres, mais qui doivent tre des forces de lArme syrienne libre [soutenue par les Occidentaux], des forces arabes sunnites, et pourquoi pas des forces du rgime , a dclar M. Fabius sur RTL. Il a dit que M. Poutine sest engag ne pas bombarder ceux qui combattent lEI, ds lors que nous lui fournissons cette carte [des forces qui ne sont pas terroristes] .

  • 0123SAMEDI 28 NOVEMBRE 2015 international | 3

    Vladimir Poutine accueilleFranois Hollande, Jean-Yves

    Le Drian et Laurent Fabius,au Kremlin, le 26 novembre.

    STEPHANE DE SAKUTIN/AFP

    Cameron dans le rle du meilleur alli de ParisLe premier ministre britannique veut frapper en Syrie et relance les dpenses militaires

    londres - correspondant

    L a rhtorique de la solidaritavec la France nest pasdusage frquent dans la viepolitique au RoyaumeUni. Jeudi 26 novembre, elle a t au cur delintervention solennelle de David Cameron la Chambre descommunes. Le premier ministre britannique veut convaincre les dputs dtendre la Syrie des frappes ariennes que la Royal AirForce limite jusqu prsent lIrak. Si nous nagissons pas maintenant, quand la France, no-tre amie et allie, a t frappe cepoint, alors nos amis et allis se-ront fonds demander : Alors quand ? , a-t-il lanc. La pro-fonde motion suscite au Royau-me-Uni par les attentats de Parisconduit M. Cameron prner uneriposte militaire contre lorgani-sation Etat islamique (EI) qualifiede menace fondamentale pour la scurit des Britanniques.

    Ayant essuy une cinglante re-buffade en 2013 lorsquil avait de-mand au Parlement de lautoriser frapper le rgime de Bachar Al-Assad, le premier ministre estime que les attentats du 13 novembre ont chang la donne. Jeudi, il a pr-sent aux dputs un plan glo-bal associant actions militaire, diplomatique et humanitaire afin de rsoudre le conflit syrien et bat-tre lEI . Nous devons frapper im-mdiatement ces terroristes au cur de leur territoire , a-t-il dit.

    Selon un sondage, 59 % des Bri-tanniques sont favorables aux frappes et M. Cameron souhaite un vote Westminster ds la se-maine prochaine. Mais il ne le sus-citera que sil est certain de le ga-gner. Or le traumatisme de lenga-gement de 2003 en Irak sur la base

    des mensonges de Tony Blair restevif. Certains dputs tories ne sontpas prts autoriser des frappes. Jeudi, ils ont exprim des doutes sur les 70 000 soldats syriens mo-drs capables, selon M. Came-ron, de prendre le relais au sol.

    Le premier ministre met enavant limpossibilit pour le Royaume-Uni de dlguer sa s-curit dautres pays et la nces-sit pour Londres de tenir sonrang sur le plan diplomatique. Mais dautres proccupations laniment : il nest pas mcontent de mettre en lumire la zizanie quirgne chez les travaillistes et dbranler leur chef, Jeremy Cor-byn. Le dluge de sollicitude lgard de la France, lui, nest pas sans rapport avec le souci dama-douer Paris, peru comme peu comprhensif dans la ngociationsur le maintien ou la sortie de lUnion europenne (UE).

    Ambiguts

    Du ct franais, le contexte est fa-vorable laffichage dune en-tente cordiale , alors que Paris fait le compte de ses allis volontaires pour participer un effort mili-taire contre lEI. Parmi eux, le Royaume-Uni occupe une place dechoix. La rsolution 2249 sur la lutte contre lEI, propose lONU par la France, najoute pas de marge de manuvre dans lusage de la force, mais elle a t prsen-te lElyse comme un coup de main aux Europens : On tra-vaille pour augmenter les chances de Cameron au Parlement , expli-quait-on le 23 novembre.

    Les deux pays sont lis par letrait de Lancaster House de 2010 dans un partenariat de dfense tendu larme nuclaire. Ils se d-finissent comme les deux nations

    Nous devons

    frapper

    immdiatement

    les terroristes

    au cur de

    leur territoire

    DAVID CAMERON

    europennes disposant du spectre complet des capacits militaires et de la volont politique de protger [leurs] intrts de faon globale selon la Revue stratgique de d-fense et de scurit, le nouveau Li-vre blanc britannique publi lundi 23 novembre. Le document indi-que que les deux pays travaillentensemble la scurit et la sta-bilit du Moyen-Orient et de lAfri-que , o Londres va envoyer des forces contre Boko Haram.

    Ce Livre blanc, assorti dune dci-sion de stopper la saigne budg-taire pratique par les conserva-teurs dans la dfense depuis 2010, rassure Paris. Il confirme le renou-vellement complet de la force nu-claire sous-marine et rtablit une capacit perdue en matire davi-ons de patrouille maritime ac-

    LE CONTEXTE

    LES COALITIONSCoalition internationale

    Pilote par Washington, elle ras-semble aujourdhui une soixan-taine de pays (France, Royaume-Uni, Allemagne, pays arabes, Turquie), impliqus des de-grs divers dans les frappes et dans le soutien aux forces loca-les sur le terrain.Russes et Iraniens

    Allis de Bachar Al-Assad, ils in-terviennent aussi en Syrie : les premiers en bombardant des cibles terroristes ; les seconds avec des conseillers et des volontaires sur le terrain.

    COORDINATIONLa Jordanie a t charge de s-lectionner parmi les diffrents groupes rebelles syriens ceux qui peuvent tre considrs comme frquentables et de soumettre une liste lONU.

    DISCUSSIONSLe 29 octobre, les principaux ac-teurs internationaux du conflit syrien ont dbut, Vienne, des ngociations pour tenter de par-venir un rglement politique. Ils butent toujours sur le sort rserver au prsident Bachar Al-Assad.

    Au-del des discours solidaires, lAllemagne sengage modestementAngela Merkel entend dployer plusieurs avions de reconnaissance en Syrie, mais le pays ne participera pas aux bombardements anti-EI

    berlin - correspondant

    E n recevant la chancelireAngela Merkel lElyse,mercredi 25 novembre,Franois Hollande a publique-ment demand lAllemagne de sengager encore davantage aux cts de la France dans la luttecontre lorganisation Etat islami-que (EI). La rponse na pas tard.Jeudi, aprs une runion la chan-cellerie, Berlin a annonc mettre trois composantes disposition : une protection, de la reconnais-sance et de la logistique , selon la formule de la ministre de la d-fense, Ursula von der Leyen.

    En loccurrence, une frgatequipe de missiles antiariens qui protgera le porte-avions Charles-de-Gaulle, quatre six avi-ons de combat Tornado, quips de systme de reconnaissance(mais sans armement), ainsi quun satellite dobservation qui travaillera avec le systme fran-ais Helios. Et pour la logistique, un avion-ravitailleur qui fait d-faut la France.

    Solution politique

    Par ailleurs, lAllemagne devraitfaire passer de 100 150 le nom-bre de militaires assurant la for-mation des peshmergas com-battants kurdes dans le nord delIrak. Autant de dcisions quali-fies de difficiles, mais importan-tes et ncessaires par la ministre de la dfense.

    Lengagement allemand aux c-ts de la France en Syrie nallaitpas de soi. Le ministre des affairestrangres, Frank-Walter Stein-meier (Parti social-dmocrate,

    SPD), expliquait encore rcem-ment que la coalition mene par les Etats-Unis contre lEI navait pas besoin davions supplmen-taires. Le 17 novembre, Ursula vonder Leyen avait seulement promis son homologue franais, Jean-Yves Le Drian, denvoyer 650 sol-dats au Mali pour soulager Paris.

    Une promesse qui avaitdautant plus du les Franais que cette dcision datait en faitdoctobre, avant les attentats du vendredi 13 novembre. Cette d-ception, explique aussi ClaudiaMajor, chercheuse la SWP, undes principaux cercles de r-flexion allemands, vient du fait que les Allemands expriment pu-bliquement leur solidarit et leur soutien, mais se contentent une fois de plus de partager le fardeau sans partager le risque .

    En intervenant directement enSyrie, lAllemagne sera sur le prin-cipal terrain dintervention. Nanmoins, elle ne participera pas aux bombardements contrelEI. Les Franais espraient sansdoute davantage, mais nont pas rendu publiques leurs demandes pour ne pas avoir afficher leur d-

    Lengagement

    allemand devrait

    tre formalis

    lors dun conseil

    des ministres

    exceptionnel,

    suivi dun vote

    au Bundestag

    ception , analyse Mme Major.Mme modeste, lengagement

    allemand est rel. Celui-ci devrait tre formalis lors dun conseil desministres exceptionnel, mardi 1er dcembre, suivi, peut-tre ds lasemaine prochaine, dun vote au Bundestag. La majorit gouverne-mentale y disposant de 80 % des siges, le suspense est limit. Ce-pendant, certains parlementaires sociaux-dmocrates pourraient, ainsi que les Verts, demander dagir dans le cadre dun mandat de lONU. La loi fondamentale alle-mande prvoit que la Bundeswehr (larme) ne peut sengager que dans le cadre de systmes de scu-rit collective . Ce nest pas un ha-sard si, ds jeudi soir, Frank-WalterSteinmeier a affirm que linter-vention en Syrie se ferait sur la base du droit en vigueur et du droit international , notamment la r-solution du Conseil de scurit de lONU adopte une semaine aprs les attaques de Paris.

    De mme, M. Steinmeier a in-sist sur la ncessit de poursui-vre les efforts pour trouver une is-sue diplomatique la crise en Sy-rie. Car si les Allemands admet-tent maintenant que la rsolutionde la crise passe en partie par un engagement militaire, nul ne croit que celui-ci sera suffisant. Ilfaut une solution politique , rap-pelle rgulirement Angela Mer-kel. Comme le rsume Sigmar Ga-briel, prsident du SPD et vice-chancelier, lAllemagne na pas dautre possibilit que de soute-nir la France. Une faon de recon-natre quelle ne sengage en Syrie qu reculons. p

    frdric lematre

    tuellement, la France comble cette lacune britannique pour surveillerles sous-marins russes. Le docu-ment confirme la volont britan-nique de jouer un rle avec une force dployable de 50 000 hom-mes, contre 30 000 auparavant, et, partir de 2023, lappui de deux nouveaux porte-avions. Enfin, le dveloppement conjoint dun drone de combat est sauvegard.

    Mais toutes les ambiguts dunerelation souvent compromise par les divergences des calendriers po-litiques et des intrts industriels ne sont pas leves. Aucun accord politique nencadre lemploi de la future force expditionnaire con-jointe de 10 000 hommes ne du trait. Les deux pays se compa-rent et se rassurent , rappelle Claire Chick, prsidente du Con-seil franco-britannique de d-fense. Mais il faudra sassureren 2016 que la perspective dun d-part britannique de lUE nhypoth-que pas le partenariat , indique-t-elle dans son rapport annuel. D-but novembre, le cinquime anni-versaire du trait de Lancaster a t clbr sans trompette dans un climat politique plomb par lhypothse du Brexit . p

    philippe bernard

    et nathalie guibert ( paris)

    ALBIN MICHEL

    Un regard neuf sur un personnage lgendaire. Marianne

    UN HEROSDE LEGENDE

    UNE HERONEDE ROMANDERRIERE

  • 4 | international SAMEDI 28 NOVEMBRE 20150123

    Petrobras : le pouvoir brsilien un peu plus fragilisAccus dentrave la justice, le chef du groupe du Parti des travailleurs au Snat a t plac en dtention

    sao paulo - correspondante

    Delcidio do Amaral a tpris la main dans lesac. Le prsident dugroupe du Parti des

    travailleurs (PT, gauche) au Snat a t lch par ses amis snateurs,incapables de sopposer son placement en dtention provi-soire, mercredi 25 novembre, Brasilia, dans le cadre du scandalede corruption politique entou-rant lentreprise ptrolire dEtat Petrobras et les gants du bti-ment et des travaux publics (BTP).

    Le mme jour, ces parlementai-res ont approuv, par 59 voix pour, 13 contre et une abstention, la dcision du procureur. Quelleidiotie ! Une histoire imbcile ,aurait lch, agac, Luiz Inacio Lula da Silva, lancien prsident etfondateur du PT.

    Dcrit comme PT mais pastrop , le snateur Amaral est ac-cus dentrave la justice. Lhomme aurait tent dacheter le silence de Nestor Cervero, ancien directeur de Petrobras, arrt en janvier pour corruption. Pour cou-per court toute dlation intem-pestive, le snateur aurait hon-tment propos de verser 50 000 reais (12 600 euros) la famille de M. Cervero et 4 millions de reais laccus, rgls par la banque BTG Pactual, en orchestrant sa fuite parFalcon 50 en direction de lEspa-gne, via le Paraguay, sans sarrterpour faire le plein . Dtail embar-rassant, la transaction, qui sest d-roule le 4 novembre dans une suite de lhtel Royal Tulip Brasi-lia, a t enregistre par le fils de M. Cervero, Bernardo.

    Placer un snateur en dtentionest contraire la Constitution br-

    silienne, sauf en cas de flagrant d-lit. Or, la presse sest immdiate-ment saisie de lenregistrement pour en diffuser des extraits. Toute manigance politique de der-nire minute pour sauver la peau de M. Amaral savrait impossible. Devenu encombrant, lhomme a t lch sans tat dme par le PT. Les tractations attribues au s-nateur nont rien voir avec son ac-tivit politique au sein du parti. Par consquent, le PT ne sestime daucune faon solidaire , a fait sa-voir la formation de la prsidente Rousseff dans un communiqu.

    Gros gibier

    Dans le tableau de chasse de laf-faire Petrobras-BTP, qui fait trem-bler Brasilia, Delcidio do Amaral fait figure de gros gibier. Avant lui, les prvenus du monde politique appartenaient au second cercle. Avec son arrestation, et celle du banquier Andr Esteves, prsi-dent-directeur gnral de BTG Pac-tual, la plus grande banque din-vestissement dAmrique latine, laffaire prend une autre dimen-sion. Les snateurs savent quils nesont plus labri du petit juge deCuritiba , Sergio Moro, quadrag-naire qui fait avancer lenqute au pas de course et manie les mdias avec habilet.

    Les politiques sont tous mena-cs, mais le plus affect ce jour estle PT, dont le trsorier, Joao VaccariNeto, a t condamn en septem-bre quinze ans de prison. Dautant que larrestation du sna-teur sajoute une autre, survenuevingt-quatre heures plus tt. Celle de lhomme daffaires Jos Carlos Bumlai, un proche de Lula. Le juge Moro a beau avoir assur navoir aucune preuve contre lancien pr-

    sident, le discrdit envers le PT ne fait que grossir. La situation nest assurment pas idale pour le PT. Leparti est identifi dans cette affaire. Mais cela ne profite pas non plus nos adversaires , observe un pro-che de Lula, dpit mais croyant encore aux chances du PT lors des lections municipales de 2016.

    Laffaire Petrobras-BTP, qui a misau jour des malversations et des

    pots-de-vin impliquant les grands groupes du BTP et des politiques de tout bord, conduit, de fait, un dgot des Brsiliens envers len-semble de la classe politique. A cette crise morale sajoutent les turbulences conomiques et bud-gtaires aggraves par laffaire Petrobras-BTP. Les dommages de la corruption se chiffrent dsor-mais quelque 42 milliards de

    reais. Et la descente aux enfers de lentreprise ptrolire, poids lourd de lconomie brsilienne, para-lyse les investissements dun pays dj confront une svre rces-sion. Un vritable cauchemar pourla prsidente Dilma Rousseff.

    La dauphine de Lula, menacepar une procdure de destitution brandie par ses adversaires, se bat pour sa survie politique depuis sa

    rlection de justesse en 2014. Im-populaire et isole, elle gouverne avec un Congrs qui lui est de plus en plus hostile. Les mesures quellejuge ncessaires pour redresser lconomie et assainir les finances publiques donnent lieu dinter-minables batailles ou sont reje-tes. Le dpart de M. Amaral du S-nat narrangera pas les choses. p

    claire gatinois

    Lassassinat dun dirigeant social-dmocrate vnzulien fait monter la tension prlectoraleLopposant Luis Manuel Diaz a t tu en plein meeting, dix jours des lections lgislatives

    bogota - correspondante

    A dix jours dlections lgis-latives qui sannoncenttrs disputes, le 6 d-cembre, la tension est monte dun cran au Venezuela aprs las-sassinat dun opposant en plein meeting lectoral. Le syndicalisteLuis Manuel Diaz a t tu mer-credi 25 novembre, Altagracia deOrituco, dans lEtat de Guarico (centre du Venezuela). Dirigeant local du parti Action dmocrati-que (AD, social-dmocrate), il a tatteint par des balles alors quil se tenait devant une foule anime sur lestrade de campagne de lacoalition dopposition, la Table de lunit dmocratique (MUD).

    Nous avons dabord cru desptards, avant de voir Luis Manuelscrouler , a racont un tmoin. Lilian Tintori, pouse deLeopoldo Lopez, lopposant con-damn treize ans de prison,assistait galement au meeting. Jai cru que cest moi qui tais vi-se. Ils veulent me tuer , a-t-elle dclar jeudi. Henry Ramos Allup,dirigeant national dAD, a attribule meurtre de Luis Manuel Diaz des bandes armes lies auParti socialiste unifi duVenezuela (PSUV), la formationprsidentielle. La MUD a rendu le gouvernement responsable par action ou par omission de tout acte de violence au Venezuela .

    Jeudi, en fin de journe, le prsi-dent, Nicolas Maduro, a affirm que les premiers lments delenqute voquaient un meur-tre li un rglement de comptesentre bandes rivales . A en croireles mdias proches du pouvoir,Luis Manuel Diaz avait un pass

    de dlinquant. Peu avant le crime,le prsident de lAssemble natio-nale, Diosdado Cabello, avait qualifi de montages les agres-sions dnonces plusieurs reprises par des candidats delopposition.

    Tout est possible ici, soupire undiplomate latino-amricain en poste Caracas. Et il nest pas facilede savoir qui profite le crime. De-puis des semaines, le pouvoir agitela menace du chaos si lopposition devait lemporter. Les faits de vio-lences avant les lections peuventsembler lui donner raison. Ou se retourner contre lui.

    Stratgie dintimidation

    Le 6 dcembre, les Vnzulienssont appels lire les 167 dpu-ts de lAssemble nationale. Les sondages annoncent une vic-toire de lopposition. Pour la pre-mire fois en seize ans, le PSUV etses allis pourraient perdre leurmajorit parlementaire. La MUDdnonce le risque de fraude etsinquite des ventuelles rac-tions du pouvoir.

    LOrganisation des Etats amri-cains (OEA), lUnion des nationssud-amricaines (Unasur), Washington et lUnion euro-penne ont condamn le meurtrede lopposant. Le secrtaire gn-ral de lOEA, lUruguayen Luis Almagro, y a vu une blessure mortelle la dmocratie . Le di-plomate a dnonc une stratgiedintimidation de lopposition . Entre le Venezuela et lOEA, les re-lations ont depuis longtemps tourn vinaigre. Caracas, qui neveut pas entendre parler dobser-vation lectorale, a refus la pr-sence de lOEA, comme elle a re-

    fus celle de lONU ou de lUnion europenne. Seule lUnasur a t autorise dployer une mission dite daccompagnement .

    Dans une longue lettre adresseau Conseil national lectoral,M. Almagro stait inquit, en oc-tobre, du manque de transpa-rence et dquilibre de la campa-gne lectorale. En voquant lin-carcration dopposants, lvic-tion de candidats et le contrle dupouvoir sur les mdias, M. Amal-gro avait rappel quune lectionse joue ds avant le jour du vote.

    Jeudi, M. Maduro est mont sur ses grands chevaux. Cela ne faitpas douze heures que lenqute[sur la mort de M. Diaz] a dmarret voil que lordure de Luis Amal-gro se prononce contre le Venezuela, contre le peuple et con-tre la rvolution bolivarienne. Jat-tends une rectification de votrepart, Monsieur lordure. M. Alma-gro avait t le ministre des rela-tions extrieures du charismati-que prsident uruguayen Jos Pepe Mujica. p

    marie delcas

    Delcidio do Amaral, le prsident du groupe du PT au Snat, Brasilia, le 29 juillet. EVARISTO SA/AFP

    TURQUIEDeux journalistes arrtsDeux journalistes du quoti-dien dopposition turc Cum-huriyet ont t arrts, le 26 no-vembre, en Turquie, accuss davoir aid des terroristes. Le rdacteur en chef Can Dndar et le correspondant Ankara, Erdem Gl, avaient publi un

    article et diffus fin mai une vido cense montrer que les services de renseignement turcs livraient des armes des groupes combattant en Syrie. Un tribunal a o rdonn leur ar-restation pour appartenance une organisation terroriste arme et atteinte la sret de lEtat . (AFP, Reuters.)

    Dimensions, faades, amnagements...composez le dressing dont rventvos vtements.

    Penderie haute inclinable,miroir orientable, porte pantalonscoulissant, clairage intelligent...une multitude dastuces etdinnovations.

    LE DRESSING VOS MESURESQUALIT FRANAISE GARANTIE 5 ANS

    Prixdouverture !

    Canaps : 63 rue de la Convention, 01 45 77 80 40

    Literie : 66 rue de la Convention, 01 40 59 02 10

    Armoires lits : 60 rue de la Convention, 01 45 71 59 49

    Mobilier Design : 145 rue Saint-Charles, 01 45 75 06 61

    Dressing Celio : 143 rue Saint-Charles, 01 45 79 95 15Meubles Gautier : 147 rue Saint-Charles, 01 45 75 02 81

    CANAPS, LITERIE, MOBILIER :3 000 M2 DENVIES !

    PARIS 15e 7J/7 M BOUCICAUT P. GRATUIT WWW.TOPPER.FR

    Le dcryptagede lco

    du lundi au vendredi 8h10

    avec Vincent Giret,

    journaliste auMonde

    avec

  • 0123SAMEDI 28 NOVEMBRE 2015 international | 5

    Chine : la militante Gao Yu relcheUn autre dissident clbre, Guo Feixiong, est condamn six ans de prison

    pkin - correspondant

    La journaliste Gao Yupourra purger sa peine en dehors de prison pourraison mdicale , a an-

    nonc, jeudi 26 novembre, lagence Chine nouvelle au terme du procs en appel de lune des plus clbres dissidentes chinoi-ses. La dcision a t confirme auMonde par lun de ses avocats,Zhang Baojun. Elle est sortie ducentre de dtention , a confirm M. Zhang. Mais elle nest pas compltement libre. En thorie, ilest aussi possible quelle retourneen prison, ou se retrouve en rsi-dence surveille , tempre-t-il. Mme Gao a en outre t prive de ses droits politiques pour un an, ce qui lui interdit de sexpri-mer en public.

    Le tribunal de grande instancede Pkin avait rduit mercredi cinq ans la peine de sept ans de prison laquelle avait t con-damne Gao Yu en avril 2015 pour divulgation de secret dEtat une

    entit trangre . Laccuse sest repentie , avait justifi la cour. Juste aprs le verdict, les avocats de Gao Yu avaient laiss entendre que ce choix personnel de leurcliente revenait une ngocia-tion de plaidoyer la chinoise etquelle pourrait peut-tre bn-ficier de lindulgence des autori-ts en raison de la dtrioration de son tat de sant. Age de 71 ans, Gao Yu souffre de troublescardiaques et dune maladie chro-nique de loreille interne, provo-quant des vertiges.

    Menaces contre son fils

    Larrestation en avril 2014 de GaoYu, couronne de plusieurs prix ltranger pour son obstination dfendre la libert de la presse,avait choqu les milieux librauxen Chine : la journaliste, djdeux fois emprisonne aprs les vnements de Tiananmen pourle mme dlit, collaborait essen-tiellement avec des mdiastrangers en raison de la censuredans son pays.

    Mise au secret par la police chi-noise, elle avait d produire de-vant les policiers une confession force que la tlvision centrale chinoise, CCTV, avait diffuse quelques semaines plus tard.Mais lors de son procs, en no-vembre 2014, Gao Yu avait plaidnon coupable et soutenu quelletait passe aux aveux en raison des menaces qui pesaient sur son fils, lui aussi aux mains de la po-lice chinoise. Autoriser Gao Yu purger une peine rduite en dehorsde la prison est certes un soulage-ment pour elle, mais cela nenlve rien au fait vident que sa con-damnation est un usage politis dela loi dans le but de sanctionner la libre expression , a dclar dansun communiqu Sharon Hom, ladirectrice de lONG Human Rightsin China, base New York.

    Les secrets dEtat que Gao Yuest accuse davoir divulgus un site dinformation chinois en exil en 2013 sont une circulaire internedu parti, le Document n 9 , qui se lit comme un plan daction

    pour rprimer la socit civile. Mais le site dissident Mingjing News, qui fut lpoque le premier le publier dans son intgralit, a toujours dmenti quil venaitdelle. Or, explique lavocat ZhangBaojun, la cour na jamais voulu prendre en compte le tmoignage circonstanci de ses responsables qui font partie de ce que le r-gime qualifie de forces hostiles .

    En outre, la presse officielle a faitrfrence au Document n 9 dsle printemps 2013, et les mdias trangers en avaient aussi dvoil la teneur. Deux ans aprs, il se con-firme chaque jour que le volet so-cit civile du durcissement s-curitaire du prsident Xi Jinping qui devait dner dimanche 29 no-vembre Paris avec Franois Hol-lande a bien t suivi point par point par les organes de scurit chinois, qui nont cess de faire la chasse aux dfenseurs des va-leurs universelles et de la dmo-cratie constitutionnelle occiden-tale au motif quils uvraient renverser le Parti communiste.

    La relative indulgence du pou-voir vis--vis de Gao Yu ne semble pas signaler un relchement de cette politique : Canton, un tribu-nal a condamn, vendredi 27 no-vembre, six ans de prison un autre dissident important, Guo Feixiong, pour avoir cherch que-relle et perturb lordre public en raison de paroles prononces face aux camras de la presse trangrelors de manifestations de soutien au magazine cantonais Nanfang Zhoumo, en janvier 2013. p

    brice pedroletti

    Cela nenlve

    rien au fait que

    sa condamnation

    [avait pour] but

    de sanctionner la

    libre expression

    SHARON HOM

    directrice de Human Rights in China

    LHISTOIRE DU JOURToll contre Donald Trump, qui se rit dun journaliste handicap

    washington - correspondant

    D onald Trump a d bnir Thanksgiving, jeudi 26 no-vembre. La pause que sautorisent les Etats-Unis ensouvenir du repas partag par les passagers du May-flower avec les autochtones du Nouveau Monde a pargn au milliardaire, candidat linvestiture rpublicaine pour la prsi-dentielle de 2016, une borde de critiques plus violentes encoreque celles essuyes jusqu prsent. Car M. Trump est accus davoir franchi une nouvelle ligne rouge en moquant, mercredi,au cours dune runion lectorale en Caroline du Sud, le handi-cap qui frappe un journaliste du New York Times.

    Lquipe du candidat stait appuye deux jours plus tt sur unarticle de Serge Kovaleski, cocrit avec un autre journaliste le 18 septembre 2001, pour tirer M. Trump dun mauvais pas. Aprs

    les attentats de Paris et une srie dinsi-nuations malveillantes contre lislam,le magnat de limmobilier avait en effetassur se souvenir, contre toute vi-dence, que des milliers de personnes avaient ft dans le New Jersey, l oest concentre la population musul-mane , les attaques contre le WorldTrade Center, le 11 septembre 2001.

    Larticle publi par le WashingtonPost, le quotidien pour lequel travaillaitalors le journaliste, ne mentionnaitquincidemment des enqutes visant

    des personnes qui auraient prtendument clbr les atten-tats. Interrog par plusieurs chanes de tlvision, M. Kovaleski a dclar navoir gard aucun souvenir de telles clbrations.

    Furieux, M. Trump a rpliqu en moquant un pauvre gars . Il faut voir ce type dire : Oh, je ne sais pas ce que jai dit. Oh, je ne me rappelle pas (). Cest peut-tre ce que jai dit , a-t-il assn surun ton mprisant, qui a attir les rires de lassistance. Il a accom-pagn sa diatribe dune mimique particulirement douteuse voquant le handicap qui frappe le journaliste. Ce dernier souffredune arthrogrypose qui affecte les articulations de ses bras.

    Dans un communiqu, le New York Times a dplor uncomportement scandaleux . Sur son compte Twitter, lint-ress a exclu le moindre dbut dexcuses, ni toute imitation etinvectiv le quotidien new-yorkais. Une tactique rode par les controverses souleves depuis cinq mois et qui lui a plutt russi jusqu prsent. p

    gilles paris

    TRUMP AVAIT ASSUR SE SOUVENIR QUE DES MILLIERS DE PERSONNES AVAIENT FT LES ATTAQUES DU 11 SEPTEMBRE 2001

    Pkin admet ouvrir une base Djibouti

    Pour la premire fois, la Chine a admis publiquement jeudi 26 no-vembre quelle tait en discussion avec Djibouti pour ouvrir une base navale dans ce pays qui dispose dinstallations portuaires en eaux profondes. Selon un porte-parole du ministre de la d-fense, il sagira dun centre logistique qui jouera un rle positif pour que les forces armes chinoises puissent remplir leurs obliga-tions internationales . Depuis 2008, Pkin a envoy soixante navi-res militaires au large des ctes somaliennes et dans le golfe dAden dans des missions de contre-piraterie et fourni des trou-pes aux missions de lONU au Soudan et au Mali. La Chine ne dis-pose daucune base militaire ltranger.

  • 6 | france SAMEDI 28 NOVEMBRE 20150123

    AT T E N TAT S D U 1 3 N O V E M B R E

    Lhommage aux victimes du terrorismeVendredi 27 novembre, Franois Hollande a prsid la crmonie solennelle dans la cour des Invalides

    Cest 10 h 30 dans lacour dhonneur desInvalides, le plushaut niveau protoco-

    laire dhommage la nation, qua t rendu, vendredi 27 novembre, celui aux 130 morts du 13 novem-bre. Le ministre de la dfense, Jean-Yves Le Drian, avait initialement propos une crmonie lEcole militaire ; le prsident FranoisHollande a tranch en faveur de lhtel des Invalides. Le chef des ar-mes y a dj prsid plusieurs c-rmonies dhommage aux militai-res morts en opration, celles en-gages avant son lection, mais aussi celles quil a dcides.

    Cest extrmement rare [dy ho-norer des civils], explique la d-fense. Quand des honneurs sont rendus un civil, cest parce quil avait un pass de rsistant ou unhaut grade dans la Lgion dhon-neur. Mais le prsident a voulu cettecrmonie aux Invalides du fait du caractre trs solennel de cette courcarre et de ce quelle reprsente dans la mmoire collective.

    Deux Marseillaise

    La crmonie a dur prs dune heure. Sa scnographie dfinitive afait lobjet dultimes ajustements. Une Marseillaise joue par lorches-tre de la garde rpublicaine pour commencer, une autre pour con-clure. Entre les deux, les honneurs militaires rendus au chef de lEtat, la revue des troupes et des mor-ceaux de musique. Quand on a quelamour de Jacques Brel devait tre interprt par Camelia Jordana, Yael Naim et Nolwenn Leroy pen-dant qutaient affichs les por-traits des victimes dcdes, du moins celle dont les familles ont accept de fournir les photos. Per-limpimpin de Barbara, chant par Nathalie Dessay, accompagne par Alexandre Tharaud, devait prc-der la lecture des prnom, nom et ge des assassins. Un seul restera anonyme selon le souhait de la fa-mille. Lhypothse dune sonnerie aux morts a t carte, considrecomme non pertinente pour des victimes civiles.

    Si loption dune succession deportraits photographiques des vic-times sur un grand cran a finale-

    ment t carte, des portraits se-ront poss dans la cour dhonneur.Mais il a fallu trouver le moyen quipermettrait lassemble de les voir sans que les camras filment ceux pour lesquels les familles sy opposent. Le discours du prsi-dent de la Rpublique a rendu hommage aux victimes : Ces hommes, ces femmes incarnaient le bonheur de vivre. Cest parce quils taient l quils ont t tus. () Ils taient la jeunesse de France, la jeunesse dun peuple libre qui chrit la culture. () Lattaque du 13 novembre restera dans la m-moire de la jeunesse daujourdhui comme une inititaion terrible la duret du monde, mais aussi

    pas , a crit sur Facebook Emma-nuelle Prvost, la sur de Fran-ois-Xavier Prvost, tu au Bata-clan. La jeune femme tient le gou-vernement comme en partie res-ponsable de ce qui [lui] arrive .

    En France, les attentats perp-trs du 7 au 9 janvier de cette anneont fait dix-sept victimes. Depuis,rien na t fait. Si des textes ont tvots, aucun dcret dapplication na encore t publi. Dix mois plus tard, les mmes hommes sont enmesure de recommencer. Elle ne comprend pas quen France, il[soit] possible dtre en lien avec un

    rseau terroriste, de voyager en Sy-rie, et de revenir, librement .

    Proche de la famille, le maire deLambersart, Marc-Philippe Daubresse, ministre du gouverne-ment de Jean-Pierre Raffarin, sas-socie ce message : On ne peut sempcher de se demander com-bien de vies auraient pu tre sau-ves si les pouvoirs publics avaient agi plus tt. La dcision des pro-ches dAurlie de Peretti est pluspersonnelle, du moins nappelle-t-elle pas les autres familles au boycott de la crmonie officielle. La sur de la jeune femme se de-mande comment un pays en tat dalerte depuis les vnements du 7 janvier, avec un plan Vigipirateau maximum, na pu dceler la pr-paration du drame du 13 novem-bre ? Delphyne de Peretti vit Londres depuis des annes. Com-bien de fois a-t-elle pest contre la politique big brother de cette capitale , la vidosurveillance, les mesures de scurit excessives dans les muses, les salles de con-cert, les bars ? Aujourdhui, elle

    en comprend la ncessit , dit-elle.

    Le procs en rcupration politi-que tait invitable. Mais ctait compliqu, voire impensable, dor-ganiser un hommage aux Invali-des sans que le prsident parle, es-time un conseiller ministriel.Est-ce que chacun se retrouve l-dedans ? Ce nest pas certain. Avec un prsident qui a pris 10 points, dix jours dun scrutin, avec un dis-cours trs clivant tenu par la gau-che, tout cela nallait pas de soi .

    Des actes symboliques taientncessaires , complte un second conseiller, qui prcise que le pr-sident, ce moment-l, nest plusFranois Hollande, mais le repr-sentant lu de toute la nation . Il est normal que certaines familles lerefusent. , comprend-il malgr tout. La majorit des proches des victimes taient toutefois pr-sents. Par besoin de se rassembler,de partager un destin commun. Sitragique soit-il. p

    emeline cazi

    et david revault dallonnes

    Aux Invalides, Paris, vendredi 27 novembre.JEAN-CLAUDE

    COUTAUSSE/FRENCH

    POLITICS POUR

    LE MONDE

    Les fabricants de drapeaux dbords par la demandeDans lune des rares entreprises franaises spcialises, les ventes ont doubl en novembre

    F ranois Hollande, en invi-tant les Franais pavoiserleur domicile vendredi27 novembre, lors de lhommage aux victimes des attentats, a donn un coup de pouce aux fabri-cants de drapeaux tricolores.

    Depuis le 13 novembre, les com-mandes taient dj montes en flche. La suggestion du prsidentde la Rpublique, en marge du conseil des ministres de mer-credi, darborer des drapeaux bleu-blanc-rouge sur les balcons afait exploser les ventes. Les sitesMaison des drapeaux, Drapeau France ou encore Amazon sont assaillis. Ce dernier prvient quil ne pourra pas livrer avant le30 novembre.

    Hormis quelques boutiques defarces et attrapes, ou des brocan-tes, les magasins qui commerciali-sent les tendards restent trs ra-res. La quasi-totalit des ventes seffectue aujourdhui sur Internet.

    Dans lHexagone, les fabricantsne sont pas lgion non plus. Lusine Faber France, Wavrin (Nord), arrive faire face une trs grosse demande , selon son codirigeant Georges Charlet, qui a repris lentreprise voici huit mois. Nous avons vendu des milliers de drapeaux tricolores depuis le 13 no-vembre, dit-il. En quinze jours, cest exceptionnel. La prise de consciencenationale passe, aprs ces vne-ments, par la volont darborer un drapeau franais, ce qui navait pas t le cas aprs les attentats de Charlie Hebdo, o tout le monde avait exhib Je suis Charlie.

    Nous ralisons les drapeaux ici

    Nous ralisons directement les drapeaux ici, Wavrin, en cousant des bandes de couleur. On en fabri-que en permanence pour faire face la demande et, aujourdhui, toute lquipe donne un coup de main laconfection et au service des expdi-

    tions, les plus dbords , ajoute M. Charlet. Jeudi matin, une petite boutique phmre a galement t ouverte dans lusine pour per-mettre au public de venir directe-ment sapprovisionner. Plusieurs centaines de drapeaux ont dj trouv preneurs.

    Mme fbrilit au sein de lentre-prise Doublet, installe Avelin, prs de Lille. L aussi, une petite boutique a t inaugure jeudi ma-tin pour faire face la demande. Nous ne sommes pas en rupture de stock, mais tous les modles ne sont plus disponibles, explique Agathe Doublet, charge du dve-loppement international. Nous avons pris les commandes jusqu jeudi 15 heures pour les acheminer avant vendredi matin dans lHexa-gone , dit-elle.

    Comme chez Faber France, lesite dAvelin fabrique les dra-peaux assembls par bandes.Lusine allemande de Doublet,

    elle, met les bouches doubles pour les drapeaux raliss par im-pression. La PME familiale a rare-ment vu une telle demande. Il faut remonter aux trs grandsmatchs de lquipe de France de football, se souvient Agathe Dou-blet. Au cours dun mois de novem-bre classique, on vend environ 5 000 drapeaux. Cette anne, ondevrait atteindre 10 000 la fin dumois , explique-t-elle.

    Selon son pre, Luc Doublet, pr-sident du conseil de surveillance, au dbut de la semaine, les com-mandes venaient de particuliersmais, depuis peu, ce sont des coll-ges et des institutions qui achtent ces drapeaux franais . Le patron de cette PME familiale, qui ralisela moiti de son chiffre daffaires linternational, ne peut semp-cher de soupirer : Jaurais vrai-ment prfr ne pas en vendre autant. p

    nicole vulser

    comme une invitation laffronter. () La France mettra tout en uvre pour dtruire larme des fanati-ques qui ont commis ces crimes odieux () mais la France restera el-le-mme, telle que les disparus lavaient aime.

    En comptant les officiels, lesmembres de lexcutif, les ambas-sadeurs (trente et un pays sont concerns par des morts ou des blesss), les parlementaires, prs de 2000 personnes taient prsen-tes dans la cour des Invalides. Plus de la moiti sont des proches des victimes la majorit a rpondu prsent , des blesss, mais aussi des personnes qui se trouvaient enterrasse ou dans la salle de concertdu Bataclan le soir des attentats, et qui ont t choques.

    Deux familles ont fait savoir pu-bliquement quelles nassiste-raient pas cette messe rpubli-caine et quelles se dsolidari-saient de cet hommage. Mon-sieur le prsident, Messieurs les politiciens, () votre main tendue, votre hommage, nous nen voulons

    Les 130 prnoms,

    noms et ge

    des victimes

    devaient tre

    grens sauf un

    seul, les proches

    sy tant oppos

    La griffe couturede votre sjour

    Depuis 1870, le N1 anglais habille lespace enconciliant tradition de meubles faits main et nouvellestechnologies. Dcouvrez une collection exceptionnelle,tant par le confort dune large gamme de canaps quepar la qualit des revtements.

    Certainement les canaps tissusles plus confortables au monde

    PARIS 15e

    EN PRSENTATION EXCLUSIVE

    Offresautomnales !

    www.topper.fr7J/7 M BOUCICAUT P. GRATUIT

    Canaps : 63 rue de la Convention, 01 45 77 80 40Literie : 66 rue de la Convention, 01 40 59 02 10

    Armoires lits : 60 rue de la Convention, 01 45 71 59 49Mobilier Design : 145 rue St-Charles, 01 45 75 06 61Dressing Celio : 143 rue Saint-Charles, 01 45 79 95 15Meubles Gautier : 147 rue St-Charles, 01 45 75 02 81

    CANAPS, LITERIE,MOBILIER : 3 000 M

    2 DENVIES!

  • 0123SAMEDI 28 NOVEMBRE 2015 france | 7

    La jeunesse sempare des couleurs bleu-blanc-rougeLycens et tudiants renouent avec le drapeau et La Marseillaise , sans unanimisme et sans navet

    Lls sont une quinzaine delycens stre runis,jeudi 26 novembre, dansun caf de la place Stanis-

    las, Nancy. L mme o, depuis le 13 novembre, sentassent bou-gies, fleurs et petits mots en hom-mage aux victimes des attentatsde Paris. Des dessins, aussi, o se distingue le drapeau bleu-blanc-rouge, un peu comme certains de ceux qui ornent le mur dexpres-sion inaugur il y a une dizaine de jours dans leur tablissement, le lyce Loritz, pour mettre enforme ou en mots lmotion deces jeunes. Pas besoin de grandesactions pour montrer quon est touchs et solidaires, tmoigne Ra-phal. Afficher sur son profil Face-book lemblme tricolore, certains trouvent peut-tre que cest un ef-fet de mode. Mais mes yeux, a fait sens : les terroristes, cest bien notre mode de vie occidental quils veulent combattre, nous de leur montrer quon ny renonce pas.

    Au soir des attentats, cest de manire virale que des milliersdinternautes ont fait le choix de personnaliser leur compte avec le drapeau franais. Lide, lance par Facebook, na pourtant sduit quune petite frange de ces lves de 1re. Deux sur quinze, prcis-ment. Jai suivi le mouvement pour montrer que moi aussi jtais mobilis, peut-tre pas physique-ment mais au moins virtuelle-ment , explique Maxime. a re-venait, pour moi, montrer que tout le monde tait touch, que la souffrance tait partage , ren-chrit Titouan.

    Se sentir en groupe

    Un regain de patriotisme ? Le motparat un peu fort pour ces jeunesde 15 18 ans, abreuvs dinforma-tions par les mdias en ligne et lesrseaux sociaux, mais qui se di-sent mfiants lgard des modes,des slogans. La plupart dentre eux, comme Baptiste, Nicholas,Alexandre, Quentin, Guillaume,Arthur ou Stanko, ne se sont toutsimplement pas sentis de dtour-ner ce symbole quest le drapeau . Pour Titouan, cest aussi parce queces symboles sont mal matriss : Aux Etats-Unis, le patriotisme estinscrit dans les gnes ds lenfance,souligne-t-il, les enfants hissent le drapeau, prtent serment Nous,dans un moment comme celui des attentats, on a fait comme on a pupour montrer, notre faon, quonest aussi patriotes.

    Une partie du petit groupe a faitle choix dentonner, spontan-ment, La Marseillaise le lundi qui a suivi les attentats. a sest im-provis dans les vestiaires aprsun cours de sport, juste entrenous autrement dit, sans en-seignant , raconte Lys. Une ini-tiative qui, l encore, ne fait paslunanimit : Ce nest pas un chant pacifique , estiment Tho-mas et Sullivan. Il ne faut pas y voir du nationalisme, leur rpond Maxime, cest juste une ractionpour se sentir en groupe.

    La dferlante tricolore au lende-main des attentats na pas unifor-mment mobilis la jeunesse ly-cenne ou tudiante. Mais elle a surgi comme un cri, lundi 16 no-vembre, aprs les minutes de si-lence en France, o La Marseillaisea retenti par surprise dans des universits ou des lyces. Comme sur le campus de Nanterre, qui a

    vu natre Mai 68 : Il y avait nor-mment de monde, raconte So-lne Druais, tudiante en licence de sociologie. La minute de silencetait longue et lourde. Ensuite, jai eu limpression que La Mar-seillaise jaillissait, dans lmotion, du milieu de la foule.

    Au lyce Victor-Duruy, Paris,les lves runis dans la cour lontspontanment chante : Je laconnais par cur, tmoigne Elie, en 2de, mme les couplets y com-pris le cinquime ! Cest trs impor-tant de la chanter, a marque quon est ensemble, unis. Ins,lve de terminale S au lyce Buf-fon, Paris, confie le mme en-gouement : Je narrte pas de lavoir en tte ! Pour moi, cest le symbole quon est tous unis. Quel-les que soient nos origines, notrereligion, on est tous franais.

    Les grands symboles de la Rpu-blique leur ont servi dabri. Ctait dj le cas aprs les atten-tats de janvier, mais cest aujourdhui plus fort, analyse Anne Muxel, directrice de recher-che au Centre de recherches poli-tiques de Sciences Po (Cevipof).Car cest une appartenance collec-tive, un vivre-ensemble quils veu-lent dfendre. Ils cherchent se rassurer, affirmer une identit commune qui, cependant, ne re-lve pas dun nationalisme de repliou de fermeture. Entre Charlie Hebdo et le 13 novembre, la grande mobilisation pour la d-fense des valeurs de la Rpubli-que , sonne par la ministre delducation en janvier, est certes passe par l, encourageant llan patriotique dans les tablisse-ments scolaires. Mais parmi lesjeunes, trs rares sont ceux qui syrfrent : cest leur lan spon-tan quils racontent.

    Non sans questions : Jai pasmal hsit mettre le drapeau sur mon compte, dit Hugo Gimenez, 23 ans, lve de lInstitut dessciences et techniques de ling-nieur dAngers. Javais peur de lamalgame avec le Front natio-nal. Mais, oui, jaime mon pays. Ce geste darborer le bleu-blanc-rouge, les jeunes lont fait pour manifester leur solidarit avec les victimes, en France comme de-puis ltranger. Et cela na rien voir avec une attitude vindicative ou va-t-en guerre , analyseFabrice dAlmeida, professeur dhistoire luniversit Pan-thon-Assas (Paris-II).

    Laccaparement du symbole dudrapeau tricolore par le Front na-tional, qui a nomm sa fte celle des bleu-blanc-rouge , a en-tran dans la socit une prise dedistance lgard du drapeau, en-tretenue par une mconnaissance voire des contresens historiques.Voil o on tait le 13 novembre. Enlespace dune nuit, on est revenu une interprtation plutt pacifiste

    Clarisse, lve en terminale au ly-ce Victor-Duruy Paris. Ramzi,lycen Buffon, voudrait bien y croire : Depuis les attentats, jai lesentiment que les gens changent. Ils deviennent gentils, solidaires. En mme temps, ils ont peur. a se manifeste par des regards, des pe-tites phrases envers ceux qui ne sont pas blancs. Tous unis, oui, mais jai limpression que cest plu-tt unis entre Franco-Franais.

    et prolibert de lemblme trico-lore , conclut Fabrice dAlmeida.

    Les tudiants ont parfaitementconscience que lobjectif de Daech [lorganisation Etat islamique] est de diviser notre socit. Cest juste-ment ce quils ne veulent pas, et les valeurs de la Rpublique le per-mettent , analyse Didier Boisson,directeur de la facult des lettres, langues et sciences humaines dAngers, qui a organis une prise de parole des tudiants, lundi 23 novembre. Cette raction pa-triotique me parat tout fait saine. La rappropriation du dra-peau par lensemble de la socitest une bonne nouvelle. Jusquprsent on ne le voyait que dans lesmanifestations dextrme droite .

    Et cette Marseillaise, ce ntaitpas une musique officielle de lEtat franais, comme elle est joue aux Jeux olympiques, par exemple. Ctait llan du peuple franais, et pour lui rendre hommage , expli-que Aymen Nouibet, tudiant en Paces (premire anne commune aux tudes de sant) luniversitLille-II, o les tudiants ont en-tonn lhymne dans les amphis la fin des cours du lundi, aprsstre donn le mot sur Facebook. N Alger et arriv en seconde en France, Aymen a appris les parolespour loccasion. Et il a vu dans ce mouvement le refus dun amal-game : Je pense que les Franaissont plus forts quavant, car surtout le territoire, les musulmans,les juifs, les chrtiens, les bouddhis-tes et les athes se sont regroupsautour du drapeau et de leur ap-partenance la nation.

    Plutt Peace and Love

    Mais la jeunesse ne renonce pas ses questionnements : Oui, jai utilis les trois couleurs pour moncompte Facebook, mais je me de-mande si on nen a pas trop fait dans la clbration. Parce quil y a aussi du terrorisme en Afrique, pireque chez nous, et a, on nen parle pas , explique Lonard Bailleul, 19 ans, lve lEcole suprieure des sciences commerciales dAn-gers. Certains gardent aussi en tte le dbat sur les paroles guer-rires de La Marseillaise, commeBenot, lve en 1re ES au lyceBuffon : Le Peace and Love meparle plus, parce que la France nestpas le seul pays menac , expli-que-t-il. Dans cet tablissementdu 15e arrondissement de Paris, des lves ont dessin sur le sol dela cour le symbole Peace and Love en bleu-blanc-rouge, avecla devise de Paris, Fluctuat necmergitur .

    Les fractures de la socit fran-aise nen sont pas rgles pour autant : Le peuple franais est di-vis il y a du sexisme, du racisme,un rejet des trangers Ce nest pasvrai de dire quil est uni , explique

    Tous unis,

    oui, mais jai

    limpression que

    cest plutt unis

    entre Franco-

    Franais

    RAMZI

    lve au lyce Buffon, Paris

    Les tudiants

    affirment

    une identit

    commune qui,

    cependant,

    ne relve pas dun

    nationalisme

    ANNE MUXEL

    directrice du Cevipof

    Pour Anne Muxel, il ny aurapas de gnration Bataclan, peut-tre des gnrations Bata-clan , car les attentats risquent deredoubler la motivation de la par-tie de la jeunesse qui vote pour le Front national et adhre une vi-sion nationalo-centre des symboles rpublicains. p

    mattea battaglia,

    aurlie collas, benot floc'h

    et adrien de tricornot

  • 8 | france SAMEDI 28 NOVEMBRE 20150123

    Les militants de la COP21, ciblede ltat durgenceDepuis le 14 novembre, de nombreuses perquisitions et assignations rsidence ont t lances contre les milieux zadistes , cologistes et alternatifs

    Quelques jours avantlouverture de laCOP21, plusieurs assi-gnations rsidenceet perquisitions ont

    vis des militants proches des mi-lieux zadistes , cologistes et al-ternatifs, mercredi 25 et jeudi 26 novembre, dans toute la France.Selon nos informations, au moins six personnes ont t assignes rsidence Rennes, ainsi quun membre de lquipe juridique de laCoalition Climat21, qui rassemble 130 associations, organisations non-gouvernementales et syndi-cats. Des perquisitions ont eu lieu Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) et chez des marachers bios de Dordogne.

    Les assignations que Le Monde apu consulter prennent fin le 12 d-cembre, soit au lendemain de la fin de la confrence sur le climat. Elles visent clairement les ven-tuels mouvements revendicatifs qui pourraient entourer lvne-ment. Des mots dordre ont cir-cul pour appeler des actions re-vendicatives violentes , assurent les arrts, avant daffirmer que la forte mobilisation des forces de scurit pour lutter contre la me-nace terroriste ne saurait tre d-tourne pour rpondre aux risques dordre public lis de telles mani-festations . La loi sur ltat dur-gence autorise lassignation rsi-dence dune personne sil existe des raisons srieuses de penser que son comportement constitue une menace pour la scurit et lor-dre publics .

    Les dbordements ventuels dela grande Marche mondiale pour le climat qui devait avoir lieu le 29 novembre inquitent le gou-vernement depuis des semaines.

    Elle a finalement t interdite la suite des attentats du 13 novem-bre. Si les organisateurs ont prvu des modes dexpression alterna-tifs, plusieurs associations ou col-lectifs nont pas renonc. Mardi 24,plusieurs intellectuels ont ainsi lanc, dans Libration, un appel braver ltat durgence et lv-nement Marche mondiale pour le climat (appel la dsobis-sance) cr sur Facebook runis-sait, vendredi, 4 700 participants.

    Au squat du Massicot, Ivry-sur-Seine, le rveil a t plus mouve-ment que dordinaire. Vers 8 heures, jeudi, un ami ouvre la porte, il se fait menotter. Puis deuxflics braquent leur arme sur moi et me disent genoux ! Regrou-ps dans un coin de la pice , les squatteurs assistent aux investiga-tions. Ils devaient tre une tren-taine. Ils ont fouill partout, vid lesplacards, soulev les lits, cherch dans nos papiers. Mais ils nont rientrouv. Lun des dix habitants est plac en garde vue. On ma posdes questions sur la COP21. On ma demand si on allait recevoir des blacks blocs dans le squat, si jallais la manif de dimanche. Il est rel-ch vers midi-13 heures , un peu traumatis.

    COP21 toujours : en Dordogne,mercredi, 7 heures, les forces de lordre perquisitionnent la ferme dun couple de marachers bios. Ils nous ont parl de la COP21, per-suads de viser dans le mille. Lun des gendarmes nous a demand : La COP21, les sommets europens, les manifestations pour lenviron-nement, a ne vous dit rien ?, ra-conte Elodie. Puis ils nous ont de-mand si on avait des bombes ou des armes. En fait, ils ne savaient pas trop ce quils disaient

    Membre de la Confdration na-tionale du travail, un syndicat dinspiration anarchiste, la culti-vatrice a occup Notre-Dame-des-Landes pour protester contre le projet daroport. Ctait il y a trois ans et ctait le seul truc tangi-ble quils avaient ! Depuis, nous avons ce marachage, jai un enfantde 2 ans Ordinateurs, tlpho-nes portables, tout y passe : Ils ont branch des machines sur mon tlphone, ils mont dit que ctait un logiciel pour dtecter des mots-cls. Mais je ne sais pas ce quils ont fait des donnes Ses carnets sont compulss. Une inscription

    Bruxelles attire lattention des enquteurs. Mon mari a tout sim-plement habit l-bas. Je leur ai dit :Srieusement, on a t perquisi-tionns parce quon fait partie lex-trme gauche et vous vous mettez maintenant imaginer un lien avec lislamisme radical ?

    On sait pas si cest pas vous

    A Rennes, six personnes se sont vusignifier une assignation rsi-dence. Dans lun des apparte-ments, les fonctionnaires sont ar-rivs jeudi vers 9 h 30. Une quin-zaine de policiers sont entrs arme au poing, en nous criant de nous allonger au sol. Puis ils nous ont menott. Jai pens quils allaient nous interpeller, ils ne nous disaientrien sur le cadre ou lobjet de leur prsence. Ils ont fouill chez nous, et cest seulement la fin quils nousont parl des assignations , expli-que lun des habitants.

    Le texte des arrts rserve dessurprises. Pour lun des militants, il est ainsi voqu une participa-tion aux manifestations violentes anti-NDDL [aroport de Notre-Da-me-des-Landes] du 22 fvrier 2014 Nantes , alors quil na jamais tinquit ce sujet, et une partici-pation active aux manifestations violentes lencontre de la police Pont-De-Buis (Finistre), les 23, 24, 25 octobre 2015 , alors quil peut tablir quil ny tait pas. Des re-cours devant le tribunal adminis-tratif devaient tre dposs, ven-dredi 27 novembre.

    Limprovisation est encore plusflagrante dans dautres villes. A Rouen, la police sest prsente dans un appartement que les per-sonnes assignes noccupaient plus depuis plusieurs mois. A Lyon, plusieurs policiers en civil

    ont dbarqu vers 18 heures dans une maison en colocation pour dlivrer une assignation rsi-dence un homme qui nhabitait plus l depuis prs dun an. La si-tuation sest tendue lorsque les for-ces de lordre ont souhait inspec-ter la maison. Le petit jeu a dur

    Manifestation contre ltat durgence, Paris, le 26 novembre. CHRISTOPHE MORIN/IP3 POUR LE MONDE

    Ils devaient tre

    une trentaine

    de policiers.

    Ils ont fouill

    partout mais ils

    nont rien trouv

    KON D.habitant dun squat

    deux semaines aprs son entre en vi-gueur, ltat durgence dispose dsormais de son guide pratique . Il na pas t dit par le ministre de lintrieur, mais par leCollectif contre lislamophobie en France (CCIF), jeudi 26 novembre. Perquisitions, as-signations rsidence, fermetures admi-nistratives : le document dtaille les mesu-res dexception et, surtout, les recours quipeuvent leur tre opposs.

    Linitiative du CCIF intervient alors que lestmoignages de musulmans ayant subi cesmesures et contestant leur bien-fond se multiplient. Des requtes devant le tribunaladministratif ont t dposes et les imagesde portes dfonces et de domiciles sens dessus dessous accentuent limpression dun gouvernement qui emploie la manireforte. Mercredi 25 novembre, le ministre de lintrieur, Bernard Cazeneuve, a prcis aux prfets qu une ouverture volontaire de la porte doit tre privilgie.

    Le rythme des interventions, lui, ne dc-lre pas. Le ministre de lintrieur fait tat de 1 616 perquisitions administratives. Elles ont donn lieu 211 interpellations, 181 pla-

    cements en garde vue et 293 armes saisies.Trente de ces perquisitions visaient des lieux de culte : plusieurs ont t ferms Nice, Gennevilliers (Hauts-de-Seine) ou Pontoise (Val-dOise), o la salle de prire dun foyer social a t ferme mercredi soir. La prfecture voque des profils islamistes radicaux et des prches extrmement durs . Accusations que rfute Abou Jawad, un des responsables de la mosque de Pon-toise. Tous les prches sont enregistrs et il ny a jamais eu darrestation. Tout cela est po-litique. Lorsque le propritaire dun chien veutlabattre, il dit quil a la rage.

    Je suis juste barbu

    Certaines oprations suscitent des interro-gations. Comme cette perquisition mene, mercredi, dans une librairie musulmane dArgenteuil (Val-dOise). Je nai pas de ca-sier judiciaire, je nai pas de problme de vie en socit. Je suis juste barbu , stonne le grant. Il ny a rien darbitraire , rplique le porte-parole du ministre de lintrieur,Pierre-Henry Brandet. Tout a, cest du marketing politique , dnonce Idriss Siha-

    medi, prsident de lONG islamique Baraka City dont les locaux, Courcouronnes (Es-sonne), ont t perquisitionns jeudi. Leprfet voque les membres musulmans fondamentalistes de lONG qui effectuent des voyages en Syrie . M. Sihamedi pr-cise : Dans les camps de rfugis et avec leCroissant-Rouge, on distribue du pain. On a aussi fait don dune vingtaine dambulances des hpitaux. Les policiers sont repartis bredouilles.

    Mercredi, des islamologues, des ensei-gnants et dautres associatifs ont lanc un appel intitul Encadrer ltat durgence, cest urgent ! . La question est de savoir surquels critres un certain nombre de perquisi-tions et assignations ont t effectues, ex-plique lune des signataires, rdactrice en chef du site Saphirnews.com, Hanan Ben Rhouma. Une partie est en tout cas sans fon-dement et cela rejaillit sur toute la commu-naut musulmane. Quand on touche aux li-berts fondamentales des musulmans, ontouche aux liberts fondamentales de tous les citoyens. p

    julia pascual

    Des responsables musulmans protestent contre les perquisitions

    vingt minutes, explique lun des habitants du logement. Ils nous di-saient : On ne sait pas si cest pas vous, il y a des gens en haut, on veutaller vrifier. On fait juste notre tra-vail. On leur a rpondu que sils voulaient faire leur travail, ils pou-vaient tout simplement appeler la

    caisse dallocations pour vrifier les adresses. Des renforts ont t ap-pels, puis, aprs un coup de fil reu par lun des policiers, les fonc-tionnaires ont battu en retraite. Sans plus dexplications. p

    laurent borredon

    et adrien pcout

    VERBATIM

    Il faut faire trs attention la manire dont

    sont mises en uvre les condi-tions de ltat durgence. Cela est utile, mais il ne faut pas que cela se fasse nimporte comment.

    a soulign Bernard Caze-neuve, le ministre de lint-rieur, en voquant les perquisi-tions administratives et les assignations rsidence, jeudi 26 novembre, lors de lmis-sion Des paroles et des ac-tes sur France 2. Vendredi matin, aucune des plus de 1 600 perquisitions ralises depuis le 14 novembre navait donn lieu un signalement la section antiterroriste du par-quet de Paris. Le ministre na pas exclu une prorogation de ltat durgence au-del de trois mois.

  • 10 | france SAMEDI 28 NOVEMBRE 20150123

    Le calcul mental et les jeux pour sauver les mathsLe Conseil national dvaluation du systme scolaire prconise des rformes pour enrayer la baisse de niveau

    Apprendre les math-matiques en jouant, enutilisant des jetons oudes cubes, privilgier

    le calcul mental, donner du sens aux nombres et aux oprationsAlors que sempilent les tudes sur la dtrioration du niveau des lves franais en mathmati-ques, le Conseil national dvalua-tion du systme scolaire (Cnesco) a communiqu, jeudi 26 novem-bre, ses prconisations pour infl-chir cette tendance.

    A la lecture de ses 33 recomman-dations qui rsultent de deux journes de confrence de con-sensus entre scientifiques et pra-ticiens, mi-novembre, sur lap-prentissage des nombres et opra-tions au primaire se lit la volontde redonner got et sens une dis-cipline pour laquelle beaucoup dlves nont gure dapptence. Il y a deux jours, Bruxelles, alors que les coles taient fermes en raison de lalerte terroriste, une lve interroge la tlvision ex-pliquait quelle tait contente de ne pas avoir cours de maths, raconte Jacques Grgoire, prsident du jury de la confrence et professeur lUniversit catholique de Lou-vain (Belgique). Cest une matire qui fait peur, quon naime pas.

    Situations ludiques

    Une matire, aussi, dans laquelle les lves ne brillent gure. Car si, dun ct, la France se distingue par ses mdaills Fields le No-bel des mathmatiques , du ct des lves, la situation a de quoi proccuper. Environ 40 % ont des acquis fragiles la fin du CM2, selon une valuation du mi-nistre de lducation nationale, parue en mai. Problme : ces lacu-nes ont tendance saccrotre toutau long de la scolarit. A 15 ans, 22,4 % des lves ont un niveau trs bas, selon ldition 2012 de lenqute PISA de lOrganisation de coopration et de dveloppe-

    ment conomiques. Il y a dix ans, ils taient 16,6 % dans ce cas.

    Sur quoi butent les lves ? Pre-mier problme, les grands nombresentiers, suprieurs 10 000. A la findu primaire, un lve sur quatre ne sait pas les crire, rapporte Jean-Franois Chesn, le directeur scientifique du Cnesco. La deuxime difficult, ce sont les nombres dcimaux. Par exemple, trs peu dlves associent 1/4 0,25. Si les tables daddition sont acquises, ce nest pas le cas des ta-

    seignants. Ce quon propose, cenest pas la rvolution, prvient Jacques Grgoire. Beaucoup de choses se font dj. Comme manipuler des objets (jetons, ds, bouliers, cubes embotables, etc.), en maternelle comme en lmen-taire. Pour ce docteur en psycho-logie, il est essentiel de ne pas br-ler les tapes : Trs vite, on entredans labstraction et les symboles.Il faut davantage articuler abstraitet concret, avec des objets ou des choses du quotidien.

    Autre prconisation : privilgierle calcul mental par rapport au cal-cul pos lcrit. Les enseignants devraient lui consacrer plus de temps, car il permet la comprhen-sion profonde des nombres et des oprations. Et cest un outil de la vie de tous les jours : pour calculerun pourcentage, comprendre une facture, valuer une distance Pralable au calcul mental, lap-prentissage des tables daddition et de multiplication, sur lesquellesles enseignants doivent insister

    davantage pour que leurs lves les connaissent par cur.

    En maternelle, plutt que dap-prendre compter jusqu 30, lesexercices de composition-d-composition de petites collec-tions faire dcouvrir, par exem-ple, que 5, cest 2 et 3, ou 1 et 4 doivent tre favoriss pour faire comprendre aux enfants que lesnombres sont embots les uns aux autres. Cest une rupture avec les programmes de 2002 et de2008 qui privilgiaient le comp-tage, observe Rmi Brissiaud, sp-cialiste de lenseignement des mathmatiques. Ces activits de composition-dcomposition, ab-sentes des anciens programmes, favorisent la comprhension des nombres.

    Le jury de la confrence na pasoubli les parents. Ils sont encou-rags proposer leurs enfants des situations ludiques dappren-tissage , comme jouer des jeuxde socit, observer le calendrier, lire lheure, utiliser la monnaie, faire un gteau pour huit person-nes quand la recette est prvue pour quatre Le jury recom-mande aussi dvaluer les pro-grammes, qui changent rgulire-ment sans quaucun bilan en soit fait, et enfin d adapter la forma-tion des enseignants du primaire, alors que 80 % dentre eux nontpas suivi de cursus scientifique dans lenseignement suprieur. p

    aurlie collas

    FLORENCE LEVILLAIN/SIGNATURES

    bles de multiplication. A la ques-tion dans 56, combien de fois 8 ? , la moiti des lves s-chent. Sagissant des quatre opra-tions poses lcrit (addition, soustraction, multiplication et di-vision), on sait que les performan-ces baissent depuis une vingtaine dannes , rappelle M. Chesn.

    Sur la base des futurs program-mes de 2016, qui dfinissent lesobjectifs atteindre, le jury de laconfrence de consensus entend faire voluer les pratiques des en-

    Il faut plus

    articuler abstrait

    et concret,

    avec des objets

    ou des choses

    du quotidien

    JACQUES GRGOIREdocteur en psychologie

    La CEDH valide linterdiction du voile lhpitalUne assistante sociale contestait le non-renouvellement de son CDD en dcembre 2000

    L assistante sociale du ser-vice de psychiatrie refu-sait dter son voile. Le di-recteur des ressources humaines du Centre daccueil et de soinshospitaliers de Nanterre (Hauts-de-Seine) avait donc dcid de nepas renouveler son CDD. Ctait il y a quinze ans. Jeudi 26 novembre,la Cour europenne des droits de lhomme (CEDH) est venue con-forter cette dcision, dj valide par les tribunaux administratifs franais devant lesquels Chris-tiane E. demandait lannulation de son non-renouvellement.

    La Cour constate que le port duvoile a t considr par les autori-ts comme une manifestation os-tentatoire de la religion incompa-tible avec lobligation de neutralit des agents publics dans lexercice de leur fonction , taye la juridic-tion europenne.

    Cette exigence de neutralit d-coule du principe de lacit au sens de larticle Ier de la Constitu-tion franaise , rappellent les ju-

    ges de Strasbourg. Elle protge ainsi les patients de lhpital de tout risque dinfluence ou de par-tialit au nom de leur droit leur propre libert de conscience . Et,surtout, elle ne viole pas le droit la libert de religion.

    La Cour estime que les autoritsnationales nont pas outrepassleur marge dapprciation en cons-tatant labsence de conciliation possible entre les convictions reli-gieuses de Mme E. et lobligation desabstenir de les manifester .

    Pour Nicolas Hervieu, juristespcialis de la Cour europenne des droits de lhomme, la positionde la CEDH nest pas tonnante : Elle stait dj exprim en cesens, notamment lorsquelle avaitt saisie, en 2009, de la loi de 2004sur les signes religieux dans lescoles publiques.

    Crucifix tolrs en Italie

    Surtout, larrt de la Cour doit tre apprhend comme une volont de la CEDH de respecter la lacit lafranaise , insiste Nicolas Hervieu. Sous-entendu : une mme situa-tion, intervenue dans un autre Etat membre du conseil de lEurope, aurait pu tout fait dboucher sur un arrt diffrent car la Cour ad-met des positions diamtralement opposes dans la manire de grer lefait religieux dans les Etats .

    De manire gnrale, elle tend reconnatre un droit trs fort lalibert de religion et de manifester ses convictions religieuses, mmesur son lieu de travail .

    Pour preuve : dans un arrtde 2013, les juges europens ont

    retoqu le Royaume-Uni quiavait admis que la compagnieBritish Airways interdise le portdune petite croix . La CEDH avait jug que ctait une viola-tion excessive du droit de mani-fester ses convictions religieusessur son lieu de travail , soulignele juriste. De la mme manire,en 2011, la Cour avait tolr descrucifix dans des salles de classeen Italie .

    Dans le cas de Christiane E., laCour europenne des droits delhomme a tenu compte du principe trs particulier de lacit la franaise . Ou, autrementdit, de la conception trs stricte de la lacit , qui prvaut enFrance. De la mme faon quellelavait fait, en 2004, en autorisaitla Turquie interdire le port duvoile luniversit. p

    julia pascual

    RELIGIONUne charte pour les imams BziersLe maire de Bziers (Hrault), Robert Mnard, a prsent, jeudi 26 novembre, une charte en six points, quil souhaite faire signer aux diri-geants des mosques de la ville et aux imams. Lappro-bation sans rserve de cette charte sera de nature rassu-rer lensemble des habitants

    de la ville , affirme la mairie, proche du FN.Cette charte impose aux imams de ne prcher quen franais et en toutes circons-tances . Elle interdit gale-ment aux responsables des mosques dappeler des prires dans la rue et d en-tretenir des liens avec des as-sociations extrmistes, sala-fiste et Frres musulmans . (AFP.)

    Selon le juriste

    Nicolas Hervieu,

    larrt doit tre

    apprhend

    comme

    une volont

    de respecter

    la lacit

    la franaise

    Confrence

    Bernadette Bensaude

    Vincent

    & Baudouin Jurdant

    Le public face au savoirscientiique

    Lemercredi2 dcembre 2015 19 h 00.

    Rservation obligatoire :

    01 53 85 93 93

    Fondation Calouste Gulbenkian - Dlgation en France

    39, bd de la Tour-Maubourg, 75007 Paris / www.gulbenkian-paris.org

    MOZART / Intgrale des quatuors cordes / Quatuor TALICH Un must dans la discographie mozartienne

    BEETHOVEN / Intgrale des quatuors cordes / Quatuor TALICH Le sommet de la musique de chambre

    JS. BACH / Intgrale de luvre pour orgue / Andr ISOIR emporter sur une le dserte

    estore.ladolcevolta.com

  • lissue des concertations de2009, un dispositifdexprimentation a t mis enplace dans chacune des filires.Il repose sur un rseau dunetrentaine de fermes et parcellesde rfrence rparties dans lesbassins dapprovisionnement deMcDonalds. Entre 2010 et 2014(une chelle de temps suffisantepour tenir compte notamment de

    la variation des conditionsclimatiques), des agriculteurset leveurs volontaires y onttest plus de 50 pratiques deculture et dlevage innovantes.Les rsultats obtenus ont tvalus sur des critresenvironnementaux,agronomiques et conomiques,voire sociaux lorsque la pratiqueles rendait pertinents.

    Ces 5 annes dexprimentationgrandeur nature ont permis deretenir une trentaine depratiques probantes, cest--direcelles qui combinent progrsenvironnemental, rendementset qualit. En fvrier 2015, lesparticipants de la concertationet les acteurs engags dans lastratgie agrocologique se sont nouveau runis pour partagerces rsultats et dfinir les plansde dploiement. Lenjeu estmaintenant leur diffusion

    progressive lensemble desproducteurs des diffrentesfilires. Cest pour dterminerles conditions et lavancementde cette diffusion quefournisseurs et producteursse runissent en comits danschaque filire.Ils ont ainsi labor des plansde dploiement qui tablissentdes objectifs prcis de mise enuvre dici 2020 pour chacunedes pratiques retenues.

    Chez McDonalds, la qualit,cest aussi une afaire dagriculture.

    Avec lensemble des acteursde nos principales ilires,nous travaillons rduire

    signiicativementlimpact environnementalde notre amont agricole.

    1,837000

    74%

    million de repas ont tservis chaque jour dans1 340 restaurants

    agriculteurs et leveurs franais,sur un total de 58 000,ont fourni McDonalds France*

    des achats alimentairesont t raliss auprsde sites franais(soit 602millions deuros)

    Les fermes de rfrence,un terrain dexprimentation

    Je mintresse depuis plus de 10 ans auxproblmatiques environnementales et jainotamment obtenu en 2009 une certificationcollective ISO 14001 au sein du groupeTerrAvenir Nord-Pas-de-Calais. Cette dmarchefonctionne sur un principe damliorationcontinue. McCain et McDonalds, avec lesquelsje suis sous contrat depuis 1985, mont proposdtre une ferme de rfrence. Il sagit devaloriser les bonnes pratiquesenvironnementales dj en place sur monexploitation et de tester de nouvelles solutionspour la filire pomme de terre.La mise en place de haies et de jachres apicoles,par exemple, permet de lutter contre lrosiondes sols, dattirer la faune auxiliaire (coccinelles)dans les parcelles et de favoriser le butinagedes pollinisateurs. Pour rduire lutilisationdengrais azots, je combine des outilsdagriculture de prcision avec lutilisationde compost et de fumier. Les outils daide la dcision permettent doptimiser lutilisationde leau et des produits phytosanitaires.Jai par ailleurs choisi douvrir les portes dema ferme la visite pour expliquer cettedmarche et partager toutes ces expriences.

    Rduire lempreinteenvironnementalede mon exploitation :un principe damliorationcontinue !

    Ghislain Leprince,producteur de pommes de terre Bhagnies, prs dArras.

    mi-parcours, les plans de dploiementsur lensemble des bassins de production

    Un solide apport :le conseil scientiiquePour conserver la dynamiquedes concertations et bnficierdun regard extrieur,McDonalds et ses fournisseurssappuient sur un conseilscientifique indpendantconstitu dexperts spcialistesdes questions

    agroenvironnementales.Ils ont un rle de consultationsur les pratiques en test etde proposition sur les pistesde travail. Ce conseil se runitchaque anne pour valueret enrichir les programmesdactions.

    > Rduire de 20 % les missions de gaz efet de serre*

    > Prserver la ressource en eau

    > Favoriser le maintien de la biodiversit

    > Amliorer le bien-tre animal (filires pouletet buf)

    *Sur le primtre global dici 2020, par rapport 2005 et par client servi.Le primtre global prend en compte toutes les missions, directes et indirectes,depuis les filires amont agricoles jusquaux dplacements des clients.

    * Estimations sur la base des volumes de produits achets en 2014.

    4 objectifs communsaux 5 ilires

    Notre stratgie agrocologique 2010 - 2020 est issue dune dynamique de dialogue :cest dans cette mme logique collective que se construisent les plans de dploiementde pratiques respectueuses de lenvironnement testes dans les fermes de rfrence.

    La qualit de nos produits,cest aussi dans les champs

    que nous la cultivons.

    AgricultureProgresser avec nos ilEn 2014, prs de 2 millions de repas ont t servis chaquejour dans nos restaurants et 74% de nos achats alimentairesont t raliss en France. Nous reprsentons undbouch important pour nos principales filiresagricoles avec lesquelles nous avons mis en place au fildes annes un modle original de relation solide,prenne et de proximit. Cest ce qui nous permet doffrirdes produits de qualit nos clients. Et la qualit estpour nous une ralit plurielle : de la qualit des relationsque nous entretenons avec nos partenaires agricoles la qualit des matires premires et des produits servisen restaurants, sans oublier le travail sur la qualitenvironnementale de nos modes de production.

    Un de nos axes phares :dvelopper la contractualisation

    Nous entretenons avec nos principaux fournisseursdes relations de proximit et de fidlit : ils nousaccompagnent depuis plus de 20 ans, voire 30 ans pourcertains ! La constance de cet engagement mutuel nouspermet dtre un acteur majeur du dveloppement de lacontractualisation avec les agriculteurs de nos principalesfilires. Nous encourageons depuis plus de 10 ans cettedmarche avec nos fournisseurs. Nous allons plus loindepuis quelques annes en dveloppant unecontractualisation de long terme, selon des schmas adaptsaux spcificits des filires. Notre fournisseur de frites parexemple, qui pratique la contractualisation depuis prs de30 ans sur 100%des volumes, dploie depuis 2009 des contratspluriannuels. Ce mode de fonctionnement installe un soclede confiance qui permet de travailler ensemble sur desenjeux partags, avec leffet dentranement que cela implique.

    La responsabilit dagir, et lenviede bien le faire