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Honoré Vinck MUSIQUE INDIGÈNE ET MUSIQUE SACRÉE Author(s): G. Hulstaert Source: Aequatoria, 12e Année, No. 3 (1949), pp. 86-88 Published by: Honoré Vinck Stable URL: http://www.jstor.org/stable/25837947 . Accessed: 15/06/2014 10:32 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Honoré Vinck is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Aequatoria. http://www.jstor.org This content downloaded from 188.72.126.108 on Sun, 15 Jun 2014 10:32:10 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

MUSIQUE INDIGÈNE ET MUSIQUE SACRÉE

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Honoré Vinck

MUSIQUE INDIGÈNE ET MUSIQUE SACRÉEAuthor(s): G. HulstaertSource: Aequatoria, 12e Année, No. 3 (1949), pp. 86-88Published by: Honoré VinckStable URL: http://www.jstor.org/stable/25837947 .

Accessed: 15/06/2014 10:32

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MUSIQUE INDIGENE ET MUSIQUE SACREE

Sous ce titre le vivant hebdomadaire de Dakar, Afrique Nouvelle, publie dans ses n08 13 et 14 un interessant article. L'auteur, Pascal Idohou, pretre dahomeen, repond a la question si la musique indigene est ? capable d'exprimer les plus nobles sentiments du coeur humain ; et si, en particulier, il est possible de l'introduire dans la liturgie catholique, ainsi que les Beiges Font tente en editant la Messe Congolaise ? (celle-ci n'est pas specifiee, mais il semble bien qu'il s'agit de la composition du regrette P. A. Walschap, M. S. C).

L'auteur ne medit pas de la musique indigene ; au contraire l'aime comme la musique de son peuple. II s'ecarte done de la mentalite si repandue parmi les diverses categories d'^vo lues congolais, qui

? k part une rarissime exception ? montrent de l'engouement pour tout

ce qui est europeen-americain et du mepris pour tout ce qui est indigene-basenji. Peut-on voir dans la difference l'effet de Faction rehabilisatrice exercee au Dahomey par

le regrette P. Aupiais? M. l'abbe Idohou veut bien utiliser la musique indigene au dehors et meme organiser

des festivals pour attirer les paiens. Mais il estime qu'elle ne convient pas pour l'figlise. D'abord

parce qu'elle est monotone (mais n'est-ce pas la un de ces charmes? et la musique populaire de tous les pays et de tous les temps n'est-elle pas toujours, dans une certaine mesure, mono

tone? qu'on pense aux couplets et aux refrains de chez nous). Ensuite parce que cette mono

tonie, consequence (nous dit l'auteur) de sa nature primitive, rudimentaire, n'est pas pres d'evoluer : la musique indigene ne fera pas de ? progres tant qu'elle n'aura pas a sa disposition, pour relever sa monotonie ?, des instruments etc. autres que ceux qu'elle a maintenant. Enfin, cette musique ? ne peut etre qu'essentiellement bruyante... et, renfermee dans une salle close... elle cesse d'etre agreable pour devenir horripilante ?. Contre cette affirmation notre experience s'inscrit en faux : il y a bien moyen d'adapter meme l'accompagnement et de faire produire a

la musique indigene l'effet qu'on en attend pour le culte. Comme autres caracteres de la musique indigene, l'auteur indique : elle est surtout diver

tissante (je pense qu'il en est de meme ailleurs) ; elle exprime crument les sentiments et les instincts de l'homme (il n'en est certainement pas toujours ainsi dans les populations que nous

connaissons ; il existe de la musique crue, mais il existe aussi de la musique douce, polie, etc.

selon toute la gamme de la psychologie humaine et d'apres la diversite des circonstances). Si la musique indigene ? peut etre religieuse, guerriere, funebre, divertissante, elle ne peut

exprimer sa verite que pauvrement, banalement ou brutalement, sans nuances ? (je crois que,

pour le Congo, beaucoup de connaisseurs se recrieront ici). L'auteur ne trouvera pas de contradicteurs lorsqu'il affirme que pour le culte catholique

rien ne surpasse le plain-chant. Une question qui se pose, cependant, est si son effet sur le

peuple africain (ou autre) est le meme que sur les Europeens qui y sont habitues des leur tendre

enfance (et Ton sait quel role joue l'accoutumance dans l'appreciation de la musique comme

d'autres manifestations humaines ; comme une melodie peut etre charg^e de souvenirs ! tel

chant evoque toute une atmosphere dans laquelle on a passe ses plus belles annees). Une autre question est celle de la difficulte qu'il peut y avoir a apprendre et a executer

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telle sorte de musique ; et Ton sait combien le plain-chant possede, a cotes de morceaux sans

difficulty speciale, de compositions extremement compliquees pour les indigenes (et souvent

pour les Europeens memes). Or, le plain-chant mal execute n'est-il pas aussi horripilant, voire

endormant2.

Ici il n'est peut-etre pas inopportun de rappeler les paroles d'un specialiste de la question, le P. P. Jans, M. S. C. dans A. F. E. R., n? 13, 1938, p. 170 : ? Nous avons introduit la musi

que europeenne et, k quelques exceptions pres, cela a ete un fiasco. La bonne volonte n'a pas

suppMe au manque de comprehension, manque de gout, manque de tact. Les effets sont deplo rables, grotesques parfois. Nous avons obtenu que ce peuple, qui dans ses chants ne crie pas, ne trame pas, ne perd pas le rythme, dans nos eglises crie, traine lamentablement et n'a plus aucun sens du rythme ?. (Tout Particle serait a relire !)

Notre sage Mere PlSglise tout en maintenant son plain-chant n'a-t-elle pas admis k son

culte la musique dite profane a laquelle le gregorien n'a pas hesite k emprunter des melodies

qui comptent parmi les plus belles et les plus goutees ? C'est un dernier point de vue qui nous

parait digne du Corps Mystique du Christ. L'Eglise est catholique, universelle-sans-nivelle

ment. Les peuples Noirs comme tels n'auraient-ils pas leur role providentiel k remplir, aussi bien

que les Blancs et les Asiatiques? II y a une sorte de musique qui, dit l'auteur, ? a Fair de pouvoir cadrer avec le culte

chretien, mais foneierement plaintive comme elle est, je ne la juge admissible et recomman

dable que pour les veilMes funebres ?.

Ayant assiste a Pexecution d'une messe congolaise, l'auteur en temoigne qu'elle ? utilise tout le style et le rythme traditionnel de la musique africaine ?. Mais ? elle n'eveille pas Fame, ne porte pas a la priere, au recueillement, mais vous fatigue, vous abat. On en sort degoute de tout... C'est la musique des esclaves qui n'ont jamais de repos... elle exprime la terreur qui entoure les couvents des fetiches ?.

Nous ignorons sur quelle messe congolaise est porte ce jugement severe. S'il s'agit de la messe du P. Walschap on fera remarquer que cette musique est emprunte a un peuple qui n'a

jamais ete un peuple d'esclaves, qui a toujours ignore les couvents de fetiches, les sectes secre

tes, etc., qui n'a jamais connu de rois severes, voire de petits tyrans, qui a toujours ete tres

simple, patriarcalement democrate, joyeux et bon-vivant. Mais nous devons ajouter qu'une messe semble etre extremement difficile a composer (combien de messes en musique euro

peenne portent k la priere et au recueillement?). Je ne suis pas competent pour juger de la valeur musicale de la messe en question. Je Fai entendu executer par et chez la tribu ou le P. Walschap a pris son inspiration. L'impression qu'elle m'a faite ne compte guere comme

argument; mais j'ai pu constater que l'effet sur les fideles indigenes est nettement inferieur a celui produit par d'autres compositions (du meme auteur ou d'autres), qui, elles, eveillent vraiment Fame.

II n'est pas etonnant de voir ? plusieurs evolues et meme des Europeens sourire en enten dant cette musique enfantine ? (sic !). Ce qui peut etre explique de diverses fa9ons, sans rien

prouver (mais qu'on veuille se rappeler ce qui a 6te dit ci-dessus sur pareilles attitudes). L'article que nous commentons confirme une fois de plus les paroles de Fautorite deja

citee : ? Les adversaires (de la musique indigene) les plus dangereux se trouvent etre les noirs eux-m6mes. II y a Fopposition systematique de certains noirs evolues, entiches d'europea nisme au point de vouloir se defaire de tout ce qui est indigene ?. (T. c, p. 176.)

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88 AEQUATORIA - COQUILHATVILLE

En evoluant au contact de la civilisation occidentale les indigenes perdent leur self-respect national. C'est un phenomene universel k chaque rencontre d'une culture moins d^veloppee avec une civilisation notablement plus avanc^e, surtout si celle-ci est accompagnee d'une

force materielle superieure. Mais une reaction est possible et, si le temps s'y prete, plus que

probable, comme l'histoire nous l'enseigne. On peut done croire les Africains qui sugg^raient a J. F. Carrington que l'attitude presente des indigenes n'est peut-etre que passagere (I. R. M., n? 146, p. 204) et le P. Jans : ? l'obstacle... est s&ieux ; mais il n'est pas insurmontable. On

peut aider k l'^closion et au d^veloppement du self-respect ? (1. c. 177).

G. HULSTABRT, M. S. C.

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