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Division Afrique Division régionale Sahel et Afrique de l’Ouest MUTILATIONS GÉNITALES FÉMININES AU BENIN Informations générales La République du Bénin (ancien Dahomey) est située sur une étroite bande de terre qui s’étend au nord du Golfe de Guinée en Afrique de l’Ouest. Les principaux groupes ethniques sont les Fon (30 % de la population), les Yo- rouba (12 %), les Adja (11 %), les Bariba (9 %), les Som- ba, et les Yom et les Aïzo (9 %). Les Béninois sont adep- tes de différentes religions traditionnelles africaines (62 %), du Christianisme (23 %) et de l’Islam (12 %). En- viron 2/3 des sept millions d'habitants du pays vivent en milieu rural. Un peu plus du tiers de la population a accès aux services de santé moderne. Le taux de mortalité ma- ternelle s’élève à 474,4 pour 100 000 naissances vivantes et l'indice synthétique de fécondité est de 6,3. Les fem- mes adultes ont des niveaux d’alphabétisation, d’éducation et d’emplois inférieurs à ceux des hommes (26 % des femmes sont alphabétisées contre 49 % des hommes). Dans le droit coutumier en vigueur et les tradi- tions ancestrales, les femmes sont victimes de discrimina- tions, entre autres en matière d’héritage, de mariage et de divorce. Prévalence Les estimations concernant la prévalence des mutilations génitales féminines (MGF) au Bénin diffèrent largement. Néanmoins, les taux avancés oscillent entre 17 et 50% au sein de la population féminine. On constate par ailleurs une grande disparité régionale, avec une incidence dans le nord étant plus élevée que dans le centre et dans le sud- est du pays. Les MGF qui n'existent quasiment pas dans les Départements de l’Atlantique et du Mono, sont peu pratiquées dans l'Ouémé et le Plateau, mais sont couran- tes dans l'Atakora, la Donga, le Borgou, l’Alibori, les Col- lines. Les principaux groupes ethniques qui pratiquent les MGF sont les Bariba, les Boko, les Nago, les Peuls et les Wama/Birwé, les Yom/Tanéka, les Lokpa/Sorwé et les Kotocoli. Différents types de MGF classés par l’OMS Type I : Excision du prépuce avec ou sans excision partielle ou to- tale du clitoris. Type II : Excision du clitoris avec excision partielle ou totale des petites lèvres. Type III : Excision partielle ou totale des organes génitaux externes et suture/rétrécissement de l’orifice vaginal (infibulation). Type IV: Autres pratiques non classées ; celles-ci comprennent le percement ou l’incision du clitoris et/ou des petites lèvres, la cautéri- sation, le grattage ou l’ablation de tissus vaginaux, etc. Ces interventions sont toutes irréversibles. Elles peuvent entraîner des complications aiguës telles que : mort, hémorragie, choc, infection et douleurs intenses. En outre, les femmes peuvent subir à long terme de graves préjudices pour leur santé reproductive et sexuelle, risquer l’infection au VIH et en garder de graves séquelles psychologi- ques. La forme la plus courante de MGF pratiquée au Bénin est le type II. L’âge au moment de la mutilation varie énor- mément d'un groupe ethnique à un autre, allant de 5 à 10 ans jusqu'à l’âge adulte. Les femmes Wama et certaines Nago par exemple ne sont excisées rituellement qu’après avoir accouché plusieurs fois. Les enquêtes révèlent que l’incidence des MGF est en baisse et que cette pratique tend à être désapprouvée. Dans une étude conduite sur une petite échelle par le Comité Inter-Africain sur les pra- tiques traditionnelles affectant la santé des femmes et des enfants (IAC), deux tiers des interviewés ont déclaré sou- haiter l'abandon des MGF, 19 % n’avaient pas d’opinion et 4 % désiraient leur maintien. Malgré la Loi qui existe depuis 2003 une étude « Etat des lieux de l’excision dans l’Atacora Donga » réalisée par le projet « Santé » de la GTZ en fin 2004 révèle non seulement la persistance du phénomène, mais aussi et surtout sa très grande com- plexité et diversité. En effet c’est un phénomène qui revêt plusieurs formes, allant du profane social au rituel sacré institutionnalisé. La raison principale avancée en faveur de cette pratique (comme l'a révélé une autre étude réalisée par l'IAC) est le respect de la culture locale ou de la tradition. Contrai- rement aux autres pays où cette pratique est également répandue, aucune corrélation directe n’a été constatée en- tre l’incidence des MGF et les confessions religieuses di- tes monothéistes. Un vieux musulman interrogé sur la question a répondu : « l’excision fait partie de nos coutu- mes, mais le Coran ne la prescrit pas comme une obliga- tion ». Les pressions sociales exercées par l’entourage, les membres de la famille et les maris potentiels semblent être des raisons importantes expliquant la persistance des MGF. Une jeune femme a fait la remarque suivante : « une femme qui n’est pas excisée avant le mariage n’a aucune valeur ».

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Division Afrique Division régionale Sahel et Afrique de l’Ouest

MUTILATIONS GÉNITALES FÉMININES AU BENIN

Informations générales La République du Bénin (ancien Dahomey) est située sur une étroite bande de terre qui s’étend au nord du Golfe de Guinée en Afrique de l’Ouest. Les principaux groupes ethniques sont les Fon (30 % de la population), les Yo-rouba (12 %), les Adja (11 %), les Bariba (9 %), les Som-ba, et les Yom et les Aïzo (9 %). Les Béninois sont adep-tes de différentes religions traditionnelles africaines (62 %), du Christianisme (23 %) et de l’Islam (12 %). En-viron 2/3 des sept millions d'habitants du pays vivent en milieu rural. Un peu plus du tiers de la population a accès aux services de santé moderne. Le taux de mortalité ma-ternelle s’élève à 474,4 pour 100 000 naissances vivantes et l'indice synthétique de fécondité est de 6,3. Les fem-mes adultes ont des niveaux d’alphabétisation, d’éducation et d’emplois inférieurs à ceux des hommes (26 % des femmes sont alphabétisées contre 49 % des hommes). Dans le droit coutumier en vigueur et les tradi-tions ancestrales, les femmes sont victimes de discrimina-tions, entre autres en matière d’héritage, de mariage et de divorce. Prévalence Les estimations concernant la prévalence des mutilations génitales féminines (MGF) au Bénin diffèrent largement. Néanmoins, les taux avancés oscillent entre 17 et 50% au sein de la population féminine. On constate par ailleurs une grande disparité régionale, avec une incidence dans le nord étant plus élevée que dans le centre et dans le sud-est du pays. Les MGF qui n'existent quasiment pas dans les Départements de l’Atlantique et du Mono, sont peu pratiquées dans l'Ouémé et le Plateau, mais sont couran-tes dans l'Atakora, la Donga, le Borgou, l’Alibori, les Col-lines. Les principaux groupes ethniques qui pratiquent les MGF sont les Bariba, les Boko, les Nago, les Peuls et les Wama/Birwé, les Yom/Tanéka, les Lokpa/Sorwé et les Kotocoli. Différents types de MGF classés par l’OMS Type I : Excision du prépuce avec ou sans excision partielle ou to-tale du clitoris. Type II : Excision du clitoris avec excision partielle ou totale des petites lèvres. Type III : Excision partielle ou totale des organes génitaux externes et suture/rétrécissement de l’orifice vaginal (infibulation).

Type IV: Autres pratiques non classées ; celles-ci comprennent le percement ou l’incision du clitoris et/ou des petites lèvres, la cautéri-sation, le grattage ou l’ablation de tissus vaginaux, etc. Ces interventions sont toutes irréversibles. Elles peuvent entraîner des complications aiguës telles que : mort, hémorragie, choc, infection et douleurs intenses. En outre, les femmes peuvent subir à long terme de graves préjudices pour leur santé reproductive et sexuelle, risquer l’infection au VIH et en garder de graves séquelles psychologi-ques. La forme la plus courante de MGF pratiquée au Bénin est le type II. L’âge au moment de la mutilation varie énor-mément d'un groupe ethnique à un autre, allant de 5 à 10 ans jusqu'à l’âge adulte. Les femmes Wama et certaines Nago par exemple ne sont excisées rituellement qu’après avoir accouché plusieurs fois. Les enquêtes révèlent que l’incidence des MGF est en baisse et que cette pratique tend à être désapprouvée. Dans une étude conduite sur une petite échelle par le Comité Inter-Africain sur les pra-tiques traditionnelles affectant la santé des femmes et des enfants (IAC), deux tiers des interviewés ont déclaré sou-haiter l'abandon des MGF, 19 % n’avaient pas d’opinion et 4 % désiraient leur maintien. Malgré la Loi qui existe depuis 2003 une étude « Etat des lieux de l’excision dans l’Atacora Donga » réalisée par le projet « Santé » de la GTZ en fin 2004 révèle non seulement la persistance du phénomène, mais aussi et surtout sa très grande com-plexité et diversité. En effet c’est un phénomène qui revêt plusieurs formes, allant du profane social au rituel sacré institutionnalisé. La raison principale avancée en faveur de cette pratique (comme l'a révélé une autre étude réalisée par l'IAC) est le respect de la culture locale ou de la tradition. Contrai-rement aux autres pays où cette pratique est également répandue, aucune corrélation directe n’a été constatée en-tre l’incidence des MGF et les confessions religieuses di-tes monothéistes. Un vieux musulman interrogé sur la question a répondu : « l’excision fait partie de nos coutu-mes, mais le Coran ne la prescrit pas comme une obliga-tion ». Les pressions sociales exercées par l’entourage, les membres de la famille et les maris potentiels semblent être des raisons importantes expliquant la persistance des MGF. Une jeune femme a fait la remarque suivante : « une femme qui n’est pas excisée avant le mariage n’a aucune valeur ».

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Publié par Projet supra régional: Deutsche Gesellschaft für Appui aux initiatives pour l’abandon Technische Zusammenarbeit (GTZ) GmbH des mutilations génitales féminines (MGF) Dag Hammarskjöld-Weg 1-5 Tel. +49(0)6196-79-1578, -1579, -1553 65760 Eschborn Fax +49(0)6196-79-7177 E-Mail [email protected] Web www.gtz.de/fgm

Dans l’Atacora et la Donga, l’excision a encore des fonc-tions sociales et des fondements sociologiques très encrés dans les consciences collectives et individuelles des grou-pes sociaux qui l’a pratiquent. L’excision en pays Wama par exemple a des fonctions thérapeutiques importantes allant de simples affections à l’infécondité/stérilité fémi-nine. Les MGF sont pratiquées en règle générale par des exci-seuses « traditionnelles », qui sont habituellement des femmes, mais chez les Wama, cette tâche est confiée uni-quement à des hommes. En effet pour ce groupe Wama l’excision et la circoncision constituent une même réalité institutionnelle sacrée. La fonction d’exciseur/ exciseuses est transmise de manière héréditaire. Les exciseuses re-çoivent de l'argent ou des cadeaux à titre de rémunéra-tion, mais pour beaucoup d’entre elles, il s’agit seulement d’une occupation secondaire, pratiquée en plus de l’agriculture, du commerce, de l’artisanat, etc. L’intervention est effectuée la plupart du temps dans des conditions non stériles et sans anesthésie. Malgré les ris-ques sérieux qu'elle comporte pour la santé, l’excision est perçue à tort dans certaines communautés comme ayant des effets médicaux positifs. Approches Le gouvernement, diverses organisations non gouverne-mentales ainsi que des groupes de femmes mènent une lutte de plus en plus active contre les MGF. Le Bénin dispose depuis mars 2003 d’une Loi réprimant sévère-ment la dite pratique. La Loi est déjà entrée en vigueur. Loi N°2003-03 de mars 2003 sur les MGF Cette loi prévoit des peines d'emprisonnement de six mois à trois ans pour les personnes pratiquant les MGF, ainsi que des amendes pouvant atteindre 2 millions de FCFA (2.858 $US). Lorsque l'intervention entraîne la mort des victimes, les peines passent de 5 à 20 ans d’emprisonnement et de trois à six millions de FCFA (4286 à 8574 $ US) d'amende. Et la non dénonciation est punie d’une amende de 50mille à 100mille FCFA (72 à 144 $US) Le Bénin a également ratifié la plupart des conventions et traités internationaux contre la discrimination des fem-mes et pour la protection des enfants. Cependant, un cer-tain nombre de contradictions subsistent par rapport au droit coutumier, en particulier en ce qui concerne les pra-tiques traditionnelles préjudiciables à la santé des filles. Les organismes internationaux recommandent vivement au gouvernement d’adopter une politique nationale sans équivoque et de prendre des mesures concrètes en vue de l’abolition des MGF. Ces mesures devraient inclure des campagnes d’éducation et des programmes de sensibilisa-tion pour les praticiennes et le public en général afin de parvenir à un changement d’attitude et de comportement favorable à l’abandon des MGF. Le Ministère de la Fa-mille, de la Protection Sociale, et de la Solidarité (MPFSS)

soutient déjà la section nationale des ONGs dans leurs campagnes d’information en ce qui concerne les effets des MGF sur la santé. Il est aussi actif sur le terrain à tra-vers ses Centres de Promotion Sociale qui mettent pro-gressivement en place des sentinelles de dénonciation. Enfin ce ministère bénéficie de l’appui financier de l’OMS, du FNUAP et de l’UNICEF. En outre, un service d'assistance téléphonique a déjà été mis en place pour permettre aux jeunes d'exprimer et de faire enregistrer leurs plaintes sur la violation de leurs droits. Notons qu’il est très peu connu dans le pays L’ONG allemande (I)NTACT appuie les groupes d’action suivants dans leurs efforts pour combattre les MGF : l’Association pour la Protection de l’Enfance Malheureuse (APEM) dans le Borgou, le Mouvement ré-gional des initiatives des travailleuses en zone rurale (MORITZ), ONGs culturels Wama (TIWINTI) et Peulh (POTALMEN) dans l'Atakora et la DONGA, et l’ONG Dignité Féminine basée à Cotonou pour Kouandé. La GTZ (Coopération technique allemande) a mis en œuvre, pour le compte du Ministère fédéral de la Coopé-ration économique et du Développement (BMZ), le pro-jet d'Appui aux initiatives pour l'abandon des mutilations génitales féminines (MGF). Ce projet soutient des activi-tés innovatrices dans plusieurs pays d'Afrique de l’Est et de l’Ouest, encourage la constitution de réseaux de coo-pération et évalue les approches adoptées face aux MGF. Au Bénin, il vise à assister plusieurs projets soutenus par la GTZ dans différents domaines, incluant la santé, la micro-finance, la décentralisation et l’agriculture. Le BMZ a identifié le développement rural comme sec-teur pilote pour s'attaquer au problème des inégalités des sexes (Gender Mainstreaming). Mais depuis Mai 2004, le Conseiller Technique en Santé Reproductive et Dévelop-pement Organisationnel du Projet GTZ-Santé est affecté à Natitingou pour asseoir une stratégie pour l’abandon des MGF et de lutte contre le VIH/SIDA large, appro-priée, communautaire et coordonnée. Cet projet a déjà à mis en place un Forum dirigé par un Cadre de Concerta-tion bien fonctionnel, et réalisé une étude descriptive et d’analyse de l’excision dans l’Atacora–Donga. Le volet Mainstreaming Plus Santé (VIH/SIDA, MGF, Palu-disme, et Maladies d’hygiène) est en cours de mise en œuvre dans la Zone de concentration GTZ-Bénin (Ata-cora-Donga). Par conséquent, les projets GTZ de déve-loppement sectoriel, de promotion des femmes, de Mainstreaming Plus et de l’abandon des MGF se prépa-rent à coopérer étroitement et à conjuguer leurs efforts pour créer les conditions favorables et durables de parti-cipation agissante des femmes Béninoises au développe-ment social global et aux changements de comporte-ments néfastes dans leur cadre de vie. Et la coordination régionale de Natitingou, zone de concentration des pro-jets sectoriels de la GTZ au Bénin constitue un cadre d’action pour la mise en œuvre efficace de développe-ment global intégré.

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MUTILATIONS GÉNITALES FÉMININES AU BURKINA FASO

Informations générales Le Burkina Faso a une population de plus de 12 millions d’habitants, dont la moitié sont des Mossi. Les autres groupes ethniques sont entre autres les Mandé, les Peuls, les Lobi et les Bobo. La grande majorité de la population est formée par des agriculteurs. Le produit national brut par habitant est de 300 $ US. Près de 50 % des habitants sont des musulmans, le reste, des chrétiens et des adhé-rants des réligions traditionelles. Près de la moitié de la population est âgée de moins de 15 ans et l’espérance de vie moyenne est estimée à 49 ans. L’indice synthétique de fécondité est de 6,5. Moins d’un dixième des femmes âgées de 15 à 29 ans utilise des méthodes "modernes" de contraception. 17 % des femmes adultes sont alphabétisées (comparé à 37 % chez les hommes). Entre l’âge de 6 et 10 ans, seu-lement une fillette sur trois fréquente l’école primaire ; le taux d’inscription total à l’école primaire étant de 52% pour l’année scolaire 2005-2006. Ces indicateurs socio-économiques, dans un contexte d’une société patriarcale avec un pouvoir de décision limité, une charge de travail excessive et diverses pratiques traditionnelles préjudicia-bles à leur santé et à leur statut social, constituent un envi-ronnement peu favorable pour les femmes. Prévalence Les MGF comprennent toutes les interventions impli-quant l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme et/ou la lésion des organes géni-taux, pratiquées pour des raisons culturelles ou toute autre raison non thérapeutique. Différents types de MGF classés par l’OMS Type I : Excision du prépuce avec ou sans excision partielle ou to-tale du clitoris. Type II : Excision du clitoris avec excision partielle ou totale des pe-tites lèvres. Type III : Excision partielle ou totale des organes génitaux externes et suture/rétrécissement de l’orifice vaginal (infibulation). Type IV: Autres pratiques non classées ; celles-ci comprennent le percement ou l’incision du clitoris et/ou des petites lèvres, la cautéri-sation, le grattage ou l’ablation de tissus vaginaux, etc.

Ces interventions sont toutes irréversibles. Elles peuvent entraîner des complications aiguës telles que : mort, hémorragie, choc, infection et douleurs intenses. En outre, les femmes peuvent subir à long terme de graves préjudices pour leur santé reproductive et sexuelle, risquer l’infection au VIH et en garder de graves séquelles psychologiques. Selon l’Enquête Démographique et de Santé (EDS) réali-sée en 2003, 77% des femmes burkinabè de 15 à 49 ans étaient excisées sur l’ensemble du territoire du Burkina Faso. La pratique se retrouve parmi toutes les confessions religieuses et chez la plupart des groupes ethniques. Les régions les plus touchées sont le plateau central mossi où la prévalence dépasse 80%, l’ouest du pays où résident le Sénoufo, le Sud-Ouest avec les lobis et dagara et l’Est avec les peulhs et une partie de gourmantché. Par contre, quelques sous groupes des gourounsis et gourmanchté ne pratiquent pas l’excision. Le type de MGF le plus courant est l’ablation du clitoris et d’une partie ou la totalité des petites lèvres (type II), suivi par l’excision du clitoris (type I). L’infibulation (type III) n’est pas pratiquée. L’opération est pratiquée par des praticiennes tradition-nelles, d’habitude avec un couteau ou une lame de rasoir non stérilisé. Alors que l’excision était autrefois une prati-que de groupe accompagnée de rites d’initiation, au-jourd’hui elle est devenue une affaire familiale sans rite, dans laquelle la mère organise l’intervention avec le consentement du père. L’âge moyen auquel est pratiquée la mutilation est de 6 ans et peut varier entre le septième jour après la naissance jusqu’à l’âge de 18 ans. Cette pra-tique est justifiée dans la majorité des cas par l’héritage culturel, l’obligation religieuse (non fondée) et parfois par des raisons hygiéniques ou médicales basées sur des croyances erronées. Le contrôle de la sexualité de la femme est la raison la plus importante évoquée ou non. C’est donc un amalgame fait de religion, de superstitions et de préjugés forgés dans les traditions ancestrales ren-forcé par l’analphabétisme et l’insuffisance de connaissan-ces sur les méfaits de la pratique qui contribuent de main-tenir le mythe autour de la question de l’excision. Les MGF sont devenues illégales depuis l’adoption des ar-ticles 380-382 du Code pénal en 1996. Cette loi a été im-

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Publié par Projet supra régional: Deutsche Gesellschaft für Appui aux initiatives pour l’abandon Technische Zusammenarbeit (GTZ) GmbH des mutilations génitales féminines (MGF) Dag Hammarskjöld-Weg 1-5 Tel. +49(0)6196-79-1578, -1579, -1553 65760 Eschborn Fax +49(0)6196-79-7177 E-Mail [email protected] Web www.gtz.de/fgm

médiatement appliquée dès son adoption et à ce jour près de 200 procès avec condamnation ont eu lieu et le nom-bre de cas de dénonciation anonyme par téléphone aug-mente. Certaines études récentes montrent pourtant une ten-dance à la baisse de la pratique ce qui est perceptible chez les fillettes de 0 à 10 ans. Au niveau national, la préva-lence est passée de 36% en 1996 à 20% en 2003 (EDSIII) et de 36,1% en 2001 à 7,2% en 2005 dans la province du Yatenga. Un autre signe d’espoir est que les jeunes ma-mans ont moins de filles excisées que leurs mères. On note aussi que plus le niveau d’instruction des mères est élevé, moins leurs filles sont excisées. Mais l’application de la loi entraîne aussi une certaine clandestinité. Dans des zones proches des frontières, des parents amènent les fillettes vers des pays voisins ne dis-posant pas de loi contre les MGF pour les faire exciser dans un cadre hors du Burkina (cas du Mali et du Ghana) ou avec loi non appliquée (cas de la Côte d’Ivoire). Si l’excision est toujours pratiquée, elle se fait de plus en plus à un age précoce. Faite auprès des toutes petites fil-les, les dégâts et conséquences tardives des MGF risquent d’être encore plus graves. Fort malheureusement, on as-siste à une augmentation de la prévalence chez les filles de moins de 5 ans. Selon l’EDSIII, les séances de sensibilisation, qui mettent l’accent sur les complications médicales et l’absence de fondement religieux et l’application de la loi, ont conduit 83% des hommes et 87% des femmes à dire qu’ils n’approuvent plus l’excision. Mais le niveau réel de la baisse de l’excision reste encore à déterminer dans un contexte marqué par la peur de la repression de la loi et conduisant parfois à des fausses déclarations des enquê-tées (cf Population Council, 2005). La pratique des MGF se poursuit dans des poches de résistance (par exemple à l’Est et dans le Sud-Ouest) où certains responsables cou-tumiers déclarent ouvertement ne pas avoir peur de la loi républicaine qui a à leurs yeux bien moins de poids que leur héritage ancestral. Approches Le gouvernement du Burkina Faso, en collaboration avec diverses organisations non gouvernementales (ONG) et groupements de femmes, a commencé dès 1985 à s’attaquer aux questions des MGF et a affirmer de plus en plus sa position. En 1990, le Comité National de Lutte contre la Pratique de l’Excision (CNLPE) a été créé. Il est composé de 45 membres issus de départements ministé-riels, d’ONG, d’associations, d’autorités religieuses et tra-ditionnelles et de personnes ressources. Dans les 45 provinces du pays, le CNLPE est représenté par les comités provinciaux de lutte contre l’excision et poursuit ses efforts de décentralisation au niveau des départements

et villages. Poursuivant les objectifs du Plan d’action de 1992-1995 (prolongé jusqu’en 1997) et de celui de 1999-2003, le CNLPE s’est engagé dans des activités de forma-tion, de plaidoyer, d’évaluation, de recherche, de répara-tions des séquelles et surtout de sensibilisation. Un troi-sième programme est en cours d’élaboration pour la « Tolérance zéro aux MGF en 2010 », une initiative régio-nale du Comité Inter Africain contre les pratiques tradi-tionelles néfastes (CI-AF). En 2006, le CNLPE s’est lancé dans un processus d’évaluatoin des stratégies employées depuis sa création, d’analyse d’impact des activités sur le terrain, et l’analyse organisationnelle et institutionnelle. Le CNLPE ainsi que des ONG et associations mènent avec l’appui des partenaires techniques et financiers des actions de sensibilisation comprenant des discussions de groupe, des conférences, des théâtres forum, des ciné-débats et d’autres campagnes médiatiques visant divers groupes cibles, y compris les femmes, leaders d’opinion, le personnel de santé, les enseignants, les jeunes, les exci-seuses, les agents de police, les juristes etc. Un autre axe stratégique est la réparation des complications de l’excision: 266 cas de complications ont été réparées chi-rurgicalement entre 1990 et 2004 et 412 cas au cours de la seule année 2004 et près 500 cas en 2005. Depuis 2000, le projet suprarégional « Appui aux initiati-ves pour l’abandon des MGF » mise en œuvre par la Coopération Technique Allemande (GTZ) sur l’ordre du Ministère de la Coopération Economique et du Dévelop-pement (BMZ) a appuyé les approches suivantes : − Le développement de matériels de sensibilisation et la

coordination ; − L’intégration de modules sur les MGF dans les pro-

grammes scolaires des niveaux primaire et secon-daire ;

− La sensibilisation des jeunes par d’autres jeunes sur le planning familial, la sexualité et la lutte contre les MGF (pair-éducation) ;

− L’implication des leaders coutumiers et religieux et des ex-exciseuses dans les actions de sensibilisation ;

− Le théâtre et d’autres activités culturelles avec des gri-ots et griottes ;

− L’utilisation de la radio et des femmes leaders ; − L’approche par des ex-exciseuses et des Imams ; − L'éducation communautaire par les droits humains

(approche TOSTAN du Sénégal). A partir de janvier 2004, le Programme Santé. Sexuelle, VIH/SIDA Droits Humains, Lutte contre le Trafic et les pires formes de Travail des Enfants (PSV DHTE) de la Coopération Germano Burkinabè, mis en œuvre par la GTZ en collaboration avec le DED et la KfW apporte son appui à des initiatives de promotion de l’abandon des MGF dans deux régions du pays à savoir le Sud-Ouest et l’Est.

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MUTILATIONS GÉNITALES FÉMININES AU CAMEROUN

Informations générales La République du Cameroun, située dans l’échancrure de l’Afrique occidentale, a une population d’environ 15 mil-lions d’habitants, formée de plus de 200 groupes ethni-ques, dont la majeure partie est d’origine bantoue. Près de la moitié de cette population est constituée de chrétiens, un quart d’animistes et un quart de musulmans. Près de 50 % de la population vit dans des centres urbains et deux tiers ont accès aux soins de santé. Une grossesse sur dix survient durant l’adolescence et l’indice synthétique de fé-condité est de 5,9. L’espérance moyenne de vie est de 55 ans. Certaines attitudes et pratiques culturelles discrimina-toires ainsi que certaines politiques et lois empêchent les femmes de jouir d’un statut social égal à celui des hom-mes. Cette situation est reflétée par exemple par un taux d’alphabétisation féminine plus faible (50 % des femmes contre 75 % des hommes), par un accès fortement res-treint des femmes à la terre et a des crédits et par des pra-tiques traditionnelles discriminatoires, incluant le mariage forcé et les mutilations génitales féminines (MGF). Prévalence Au Cameroun, il est estimé que les mutilations génitales féminines sont infligées à environ 20 % de la population féminine. Cependant, aucune étude nationale n’est dispo-nible sur ce sujet. Ce chiffre comparativement bas cache cependant de grandes disparités régionales : les MGF sont seulement pratiquées dans le sud-ouest et l’extrême nord du pays, notamment dans les départements de la Manyu et du Logone et Chari. Dans les communautés les plus af-fectées, la confession religieuse joue un rôle déterminant dans la pratique de l’excision. Alors que toutes les mu-sulmanes et deux tiers des chrétiennes sont excisées, au-cune animiste n’est victime de cette pratique. Parmi les femmes excisées, la moitié a subi les mutilations de type I, la plupart des autres, les mutilations de type II et environ 15 % l’infibulation. Différents types de MGF classés par l’OMS Type I : Excision du prépuce avec ou sans excision partielle ou to-tale du clitoris. Type II : Excision du clitoris avec excision partielle ou totale des pe-tites lèvres. Type III : Excision partielle ou totale des organes génitaux externes et suture/rétrécissement de l’orifice vaginal (infibulation).

Type IV: Autres pratiques non classées ; celles-ci comprennent le percement ou l’incision du clitoris et/ou des petites lèvres, la cautéri-sation, le grattage ou l’ablation de tissus vaginaux, etc. Ces interventions sont toutes irréversibles. Elles peuvent entraîner des complications aiguës telles que : mort, hémorragie, choc, infection et douleurs intenses. En outre, les femmes peuvent subir à long terme de graves préjudices pour leur santé reproductive et sexuelle, risquer l’infection au VIH et en garder de graves séquelles psychologiques. L’âge au moment de l’excision varie d’un village à l’autre et se situe entre trois ans et la naissance du premier en-fant. La tendance néanmoins, est d’exciser les fillettes pré-adolescentes. L’intervention est pratiquée sans anesthésie par une « grand-mère expérimentée » ou une accoucheuse traditionnelle. Parfois, elle est effectuée par le personnel des hôpitaux ou des centres de santé. Si une telle médica-lisation peut prévenir certains risques immédiats pour la santé, elle ne peut empêcher les conséquences néfastes à long terme et continue d’être une grave atteinte aux droits des femmes. Peu de gens semblent être conscients des problèmes causés par les mutilations génitales féminines. Au contraire, bien que la gravité des risques des MGF pour la santé soit bien établie, certaines communautés sont fermement convaincues que celles-ci préviennent certaines maladies ou la stérilité. Cependant, la raison la plus fréquemment avancée pour justifier la poursuite de cette pratique est le respect de la tradition (bien que cette pratique soit inconnue chez les animistes, religion étant considérée comme « traditionelle »). Apparemment, cette coutume repose sur une conception particulière de la sexualité de la femme et sur l’idée que l’excision préserve sa virginité et garantit sa fidélité ainsi que la satisfaction sexuelle de l’homme. « L’excision féminine est pratiquée uniquement au bénéfice de l’homme », a déclaré une femme d’âge mûr interrogée dans le cadre d’une étude nationale (IAC 1997). Dans les régions où la majorité des femmes sont excisées, ce sont souvent les sanctions sociales qui poussent les in-dividus à perpétuer cette pratique. En outre, des considé-rations matérielles jouent également un rôle, puisque les exciseuses sont rémunérées en argent et en nature pour leurs services et que la fille excisée reçoit des cadeaux.

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Publié par Projet supra régional: Deutsche Gesellschaft für Appui aux initiatives pour l’abandon Technische Zusammenarbeit (GTZ) GmbH des mutilations génitales féminines (MGF) Dag Hammarskjöld-Weg 1-5 Tel. +49(0)6196-79-1578, -1579, -1553 65760 Eschborn Fax +49(0)6196-79-7177 E-Mail [email protected] Web www.gtz.de/fgm

Néanmoins, une bonne proportion de femmes plus jeu-nes ont exprimé leur souhait d’abandonner les MGF, soit parce qu’elles jugent cette pratique inutile, soit parce qu’elles sont au courant des risques qui y sont liés. Approches Le gouvernement camerounais s’est engagé activement dans les efforts de lutte contre les MGF depuis le milieu des années 1980 et a adopté un Plan national d’action contre les MGF en 1999. Il a signé les principaux traités et conventions internationaux sur les droits des femmes et des enfants. Le Code pénal camerounais ne punit pas cette pratique, tandis que la Constitution reconnaît et pro-tège les « valeurs traditionnelles conformes aux principes démocratiques, aux droits humains et à la loi ». Aucune poursuite judiciaire n’a été enregistrée jusqu’ici en rapport avec les MGF, et la Commission nationale pour les droits humains créée par le gouvernement ne s’est pas encore at-taquée aux pratiques discriminatoires à l’égard des filles et des femmes. Nicolas Holazi, délégué aux affaires sociales et à la condition fémi-nine, a déclaré: « Notre objectif n’est pas de renier nos coutumes qui forment notre mode de vie et notre manière de penser, mais plutôt de distinguer cel-les qui sont positives pour les individus et la société ». Cependant, le Ministère de la Condition féminine met en œuvre des programmes d’éducation et de vulgarisation sur les MGF. Le Cameroun bénéficie aussi du Plan d’action régional parrainé par l’OMS, l’UNICEF, l’UNFPA pour accélérer l’abandon des MGF, lancé en 1997 à Yaoundé, et qui a débuté avec une « semaine de lutte contre les MGF ». Ce plan repose sur une approche à trois compo-santes : - Éduquer le public et les législateurs sur la nécessité

d’abandonner les MGF . - Combattre cette pratique comme une violation des

droits de la femme ainsi que du droit à la santé . - Encourager la conception et la mise en œuvre d’un

plan national de lutte contre les MGF spécifiquement adapté à la culture locale.

La section nationale du Comité Inter-Africain sur les pra-tiques traditionnelles affectant la santé des femmes et des enfants (IAC), une organisation non gouvernementale fondée en 1992, est membre de l’organisation mère basée en Éthiopie. Cette ONG a entrepris, entre autres, les acti-vités suivantes dans le cadre de la lutte contre les MGF : - Campagnes de sensibilisation . - Renforcement des capacités du personnel des médias

ainsi que des accoucheuses traditionnelles . - Conception et mise en œuvre de mesures innovatrices

pertinentes . - Constitution de réseaux de coopération avec d’autres

ONG. Le Projet d’appui aux initiatives pour l’abandon des muti-lations génitales féminines est exécuté par la GTZ (Coo-pération technique allemande) pour le compte du Minis-tère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ). Ce projet encourage des activités innovatrices dans divers pays d’Afrique occidentale et ori-entale, renforce la mise en place de réseaux et évalue les approches adoptées pour lutter contre les MGF. Au Cameroun, il a appuié des activités sélectionnées par la section nationale de l’IAC en vue du développement de matériel d’IEC (Information, Education, Communication) pour la mobilisation et la sensibilisation d’agents du chan-gement au niveau communautaire et pour l’organisation de séminaires de sensibilisation dans les régions où les MGF sont pratiquées. Les agents du changement peuvent être les membres d’une communauté donnée, susceptibles de jouer un rôle dans les processus décisionnels en rap-port avec la pratique des MGF, tels que les parents, le personnel sanitaire et pédagogique, les autorités religieu-ses et politiques ou les jeunes. Le projet intervient aussi auprès des institutions gouvernementales et non gouver-nementales en vue de renforcer les efforts de l’administration publique et des institutions judiciaires pour mettre fin aux MGF.

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MUTILATIONS GÉNITALES FÉMININES EN ÉTHIOPIE

Informations générales Les quelques 60 millions d’habitants de la République fé-dérale démocratique d’Éthiopie appartiennent à 80 diffé-rents groupes ethniques, dont les principaux sont les Amhara (38 % de la population), les Oromo (35 %), les Tigréens (9 %). La majorité de la population est ortho-doxe chrétienne, un tiers est musulman, un petit nombre animiste. L’urbanisation est relativement faible avec un taux de 16 %, mais elle s’accroît rapidement. L’espérance de vie moyenne est de 42 ans. Les filles se marient en moyenne à l’âge de 17 ans ; l’indice synthétique de fé-condité s’élève à 5,9. Un quart des femmes adultes sont alphabétisées, contre 45 % des hommes. L’infériorité pré-sumée de la femme est une opinion largement répandue en Éthiopie et s’exprime dans les disparités concernant aussi bien l’accès aux terres que le travail, l’éducation et la santé, une législation discriminatoire, ainsi que le risque de pratiques traditionnelles néfastes (PTN) telles que la mutilation génitale féminine (MGF). Prédominance Selon l’Enquête sur la population et la santé (EDS) effec-tuée en 2000, 80 % de la population féminine ont subi l’excision en Ethiopie. Cette pratique est quasi-générale dans les régions de Somalie, Afar, Dire Dawa et Harar. Ni le fait d’être issu d’un milieu urbain ou rural, ni le ni-veau d’éducation n’ont un effet sensible sur la prédomi-nance de la MGF. Cependant, la volonté de l’abandonner est plus explicite chez les jeunes résidant en ville et qui ont reçu une éducation formelle. Différents types de MGF classés par l’OMS Type I : Excision du prépuce avec ou sans excision partielle ou to-tale du clitoris. Type II : Excision du clitoris avec excision partielle ou totale des petites lèvres. Type III : Excision partielle ou totale des organes génitaux externes et suture/rétrécissement de l’orifice vaginal (infibulation). Type IV: Autres pratiques non classées ; celles-ci comprennent le percement ou l’incision du clitoris et/ou des petites lèvres, la cautéri-sation, le grattage ou l’ablation de tissus vaginaux, etc. Ces interventions sont toutes irréversibles. Elles peuvent entraîner des complications aiguës telles que : mort, hémorragie, choc, infection et douleurs intenses. En outre, les femmes peuvent subir à long terme de graves préjudices pour leur santé reproductive et sexuelle,

risquer l’infection au VIH et en garder de graves séquelles psycholo-giques. L’ablation du prépuce du clitoris représente la moitié des cas de MGF en Ethiopie. L’excision du clitoris ou aussi des petites lèvres a lieu dans le reste des cas. L’infibulation est limitée à cinq ethnies, mais elle semble diminuer en faveur des formes moins extrêmes. Au-jourd’hui, 90 % des femmes excisées chez les Somali sont infibulées, chez les Afar 63 %, chez les Berfa 10 %, chez les Harar 5 % et chez les Oromo 1 %. Dans la moitié des cas, par exemple dans les régions du Tigré, de l’Afar et de l’Amhara, les fillettes subissent l’intervention à un an ré-volu, chez les Somali entre 6 et 8 ans et chez certaines ethnies au moment de se marier. Les raisons avancées pour justifier les MGF sont variées : contrôle de la sexualité des femmes et leur instabilité émotionnelle, l’hygiène ou l’esthétique, respect de la tradi-tion ou des soi-disant impératifs religieux, bien qu’un nombre croissant de chefs religieux condamne les MGF. En général, cette pratique est perpétuée pour éviter l’ostracisme et la stigmatisation sociale des fillettes et leur familles. D’habitude, l’intervention est pratiquée en privé par des exciseuses traditionnelles dans des conditions non-hygiéniques et sans narcose. Quelquefois, elle est prati-quée par des professionnels de la santé. Nous refusons cette soi-disant « médicalisation » en conformité avec la position adoptée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Le contexte médical n’écarte pas les problèmes de santé et ne constitue pas moins une grave atteinte aux droits fondamentaux des femmes et des fillettes. Approches Le gouvernement de la République fédérale d’Ethiopie est signataire de conventions internationales sur l’élimination des discriminations à l’égard des femmes et des enfants. Par ailleurs, la Constitution éthiopienne ga-rantit les droits et libertés fondamentaux des citoyens et des femmes en particulier. Les politiques démographi-ques, sanitaires et nationales confirment ces droits. Elles visent toutes à améliorer la condition de la femme, entre

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autres par l’abolition de toutes les pratiques légales et coutumières qui entravent leur participation et statut so-cial à part égale, en particulier les MGF. En 2004. le gou-vernement Ethiopien a promulgué une loi contre les MGF. L’agence allemande de coopération technique pour le dé-veloppement (GTZ), chargée par le ministère fédéral al-lemand de la coopération économique et du développe-ment (BMZ), soutient le gouvernement de l’Ethiopie dans ses efforts pour lutter contre la MGF. Constitution nationale, Art. 4 : « Les femmes ont droit à la protection de l’Etat contre les coutumes nocives. Les lois et les pratiques qui les oppriment et leur causent un préjudice physique ou mental sont interdites ». Le Comité National sur les Pratiques Traditionnelles de l’Éthiopie (NCTPE) est composé de vingt représentants d’organisations gouvernementales, non gouvernementales (ONG)et des Nations Unies et s’appuie sur un réseau à grande échelle de bénévoles. Il diffuse d’une part des in-formations sur les dangers des PTN et, d’autre part, sen-sibilise les leaders religieux et traditionnels sur la nécessité de les éradiquer. L’accent est mis en premier lieu sur des campagnes d’information (médias, affiches) ainsi que les mesures d’éducation des jeunes dans les écoles, les cen-tres de santé et la communauté. Le NCTPE est membre du Comité inter-africain (CI-AF) sur les pratiques tradi-tionnelles préjudiciables à la santé des femmes et des en-fants. L’ONG HUNDEE s’engage pour les populations dému-nies, spécialement les femmes et les filles. Les approches de cette ONG se fondent sur les réalités locales. Dans le cadre de programmes d’éducation civique, HUNDEE a

depuis 1998 pour mission de promouvoir l’égalité des sexes et de renforcer des capacités d’action des femmes, ainsi que dans le cadre de la protection des PTN. La fiche d’information sur HUNDEE vous propose des informa-tions supplémentaires. En prenant les résultats d’une étude régionale comme point de départ, « Kembatta Women’s Self-Help Center-Ethopia » (KMG, Kembatta Menti Gezzima) vise à éliminer les PTN comme la MGF et le phénomène répandu du mariage forcé par le « vol » et le viol de la mariée. L’organisation est parvenue à opé-rer les premiers changements d’attitude encourageants par le biais de programmes scolaires et d’éducation civi-que au niveau communautaire. D’autres activités dans le cadre de la lutte contre la MGF : - Joint Action against FGM in Ethiopia Project

(JAAFEP) travail en coopération avec des journaux locaux et des chaînes radio. Des articles sont publiés régulièrement et des programmes radio diffusés.

- Du matériel IEC (information, éducation, communi-cation) est mis à disposition, des campagnes ambulan-tes et des spectacles de marionnettes sont organisés. Le groupe cible principal est celui des jeunes.

- Des ateliers de travail parmi différents groupes cibles encouragent la communication et la création de réseaux.

- Des femmes bénévoles au niveau communautaire sont formées sur des thèmes tels que la MGF, le planning familial et le VIH/SIDA.

- Un échange d’idées a lieu entre les journalistes et le personnel médical, afin d’animer le débat public.

- Des conférences communautaires ont lieu pour con-trôler si les engagements pris vis-à-vis la MGF sont respectés.

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MUTILATIONS GÉNITALES FÉMININES EN GUINÉE

Informations générales La République de Guinée, située en Afrique occidentale, a une population de 7,4 millions d’habitants. Les ethnies prédominantes en Guinée sont les Fulbe/Peuls (41 %), les Malinké (26 %), les Soussou (11 %), les Kissi, les Guerzé et divers autres groupes (8 %). Près de la moitié de la population est âgée de moins de 15 ans. L’espérance de vie est de 45 ans. Un tiers de la population a accès aux soins de santé et près de la moitié à l’eau potable. Le nombre moyen d’enfants par femme est de 5,5. Tous les ans, 16 % des jeunes femmes âgées de 15 à 19 ans don-nent naissance à un enfant vivant. Seulement 2 % des femmes âgées de 15 à 49 ans utilisent une forme quel-conque de contraception et seulement 1 % une méthode moderne. L’âge moyen des filles au premier mariage est de 16 ans. En termes d’éducation, le pourcentage des adultes anal-phabètes est de 73 % chez les femmes, contre 44,9 % chez les hommes. Le taux d’inscription des filles à l’école primaire est de 33 %, contre 62 % chez les garçons. Le produit national brut par habitant est de 550 $ US. Les femmes représentent 47 % de la main-d’œuvre adulte. Prévalence Tous les ans, environ 3 millions de filles sont soumises à des MGF, principalement dans 28 pays africains, et l’on estime à 130 millions le nombre des femmes et des filles mutilées à travers le monde. On entend par MGF toutes les interventions impliquant l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme et/ou la lésion des organes génitaux, pratiquées pour des raisons cultu-relles ou toute autre raison non thérapeutique. Différents types de MGF classés par l’OMS Type I : Excision du prépuce avec ou sans excision partielle ou to-tale du clitoris. Type II : Excision du clitoris avec excision partielle ou totale des petites lèvres. Type III : Excision partielle ou totale des organes génitaux externes et suture/rétrécissement de l’orifice vaginal (infibulation). Type IV: Autres pratiques non classées ; celles-ci comprennent le percement ou l’incision du clitoris et/ou des petites lèvres, la cautéri-sation, le grattage ou l’ablation de tissus vaginaux, etc.

Ces interventions sont toutes irréversibles. Elles peuvent entraîner des complications aiguës telles que : mort, hémorragie, choc, infection et douleurs intenses. En outre, les femmes peuvent subir à long terme de graves préjudices pour leur santé reproductive et sexuelle, risquer l’infection au VIH et en garder de graves séquelles psychologi-ques. Les MGF sont pratiquées partout en Guinée, avec seule-ment de légères différences selon les ethnies et régions. Les résultats préliminaires de l’Enquête démographique et sanitaire (EDS) effectuée en Novembre 1999 indiquent une prévalence de 98,6 % parmi les femmes âgées de 15 à 49 ans. En Guinée, le type de MGF le plus courant est le type II, suivi du type I (en général avec ablation totale du clitoris) et du type IV ; le type III est rarement mentionné (seulement en Moyenne-Guinée). Cependant, un certain recul de la pratique des MGF est perceptible : selon une enquête effectuée en 1997 en Haute et Moyenne-Guinée, le taux de probabilité des MGF chez les filles et les fem-mes a diminué de 100 % à 86 % entre 1984 et 1999. Le recours à des professionnels de la santé pour les inter-ventions est particulièrement important en milieu urbain (20 %), à Conakry (24 %). Les campagnes de sensibilisa-tion ont attiré l’attention sur les risques sanitaires de ces pratiques, une tendance grandissante à la médicalisation des MGF est observée, surtout en milieu urbain. Ceci n’empêche toutefois pas les complications à long terme, et ne change pas le fait qu’il s’agisse d’une violation des droits humains. L’âge auquel les fillettes subissent les MGF va de quel-ques mois après la naissance à 18 ans, avec une moyenne entre 9 et 10 ans. La principale raison indiquée pour justi-fier les MGF est la conviction des parents et de la société que cette pratique fait partie d’un rite de passage obliga-toire pour une fillette, permettant à celle-ci d’apprendre à se conduire comme il faut et de parvenir à un état de pu-reté. La religion et les coutumes sont invoquées pour fournir des arguments en faveur du maintien de cette pra-tique. Depuis plusieurs années, de nombreuses organisations non gouvernementales (ONG) critiquent sévèrement et luttent contre les MGF. Parmi les jeunes, aussi bien

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hommes que femmes, il y a une prise de conscience croissante sur les conséquences néfastes que ces pratiques ont sur la santé de la femme. Les MGF demeurent un su-jet très controversé tant dans les milieux religieux que po-litiques. Approches Le gouvernement de la Guinée a ratifié les diverses conventions internationales, comme par exemple celles relatives aux droits des enfants et des femmes ainsi que les conventions sur les droits civils et politiques. Plus im-portant encore en 1965, la constitution du pays, dans son article 265, interdit clairement les mutilations génitales tant chez les hommes que chez les femmes et ce crime est passible de la prison à perpétuité. Cependant, jusqu’à ce jour, personne n’a jamais été inculpé de pareil crime. En 1989, une déclaration gouvernementale se référant à l’article de la Constitution garantissant le droit à l’intégrité physique a condamné les pratiques traditionnelles noci-ves, y compris les MGF. Une loi en faveur de la promo-tion de la santé reproductive a été votée en 2000. Son ar-ticle 6 protège les femmes et les hommes contre la tor-ture et les traitements cruels affectant le corps et en parti-culier les organes génitaux. En collaboration avec l’OMS, le gouvernement a défini une stratégie sur vingt ans en vue d’éliminer les MGF. Cette stratégie, prévue pour la période 1996-2015, a été mise en œuvre et sera évaluée en 2003. Actuellement, un Plan d’action national de lutte contre les MGF pour la période 2001-2010 a été élaboré et harmonisé avec le Mi-nistère des Affaires Sociales, les partenaires au dévelop-pement et ONGs nationales. Au cours d’une visite en Guinée d’une délégation du Comité national burkinabé de lutte contre les MGF, le Président a lui-même souligné la nécessité de procéder par étapes et recommandé aux ONG et aux autres acteurs de s’engager eux-mêmes dans des activités visant à favoriser une mobilisation nationale.

Il n’existe actuellement en Guinée aucune structure na-tionale assurant la coordination des activités de lutte contre les MGF. Un grand nombre d’ONG et d’autres organisations travaillent dans ce domaine et poursuivent des stratégies et activités diverses. Des forums d’échanges d’expériences entre les partenaires sont organisées. L’ONG « Cellule de Coordination sur les Pratiques Tra-ditionnelles affectant la Santé des Femmes et des Enfants (CPTAFE) » fondée en 1984, a été officiellement recon-nue par le Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisa-tion en 1989, suite à la déclaration de 1989 mentionnée plus haut. La branche guinéenne du Comité Inter-Africain (CI-AF) est une institution largement reconnue, possédant une ri-che expérience, tant par la quantité que par la diversité de ses activités. Avec ses quatre antennes régionales et plus de 30 sous-sections, la CPTAFE est la seule institution représentée dans les différentes régions géographiques de la Guinée. La Coopération Technique Allemande (GTZ) soutient depuis Mai 2000 plusieurs organisations œuvrant contre les MGF à travers un projet sectoriel dénommé : « Appui aux initiatives pour l’abandon des mutilations génitales féminines (MGF) ». Le projet appuie des ONG locales basées à Conakry, Labé, Faranah, Kissidougou et Guéc-kédou, comprenant des groupes œuvrant pour l’éducation sanitaire, des groupements féminins luttant pour les droits de la femme et la protection de leur santé reproductive, et des groupes de théâtre. Ces ONG évo-luent en réseaux et sont supervisées par une équipe de coordination. L’approche d’écoute et de dialogue déve-loppée avec les groupes cibles a donné des résultats en-courageants. Les dialogues de générations et de genre, ré-alisés à Conakry, Labé et Faranah s’inscrivent dans cette logique.

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MUTILATIONS GÉNITALES FÉMININES AU KENYA

Informations générales Le Kenya, pays d’Afrique de l’Est, compte environ 30 millions d’habitants appartenant à plus de 30 groupes ethniques, dont les Kikuyu (21 % de la population), les Luyia (14 %), les Luo (13 %), les Kamba (11 %), et les Kalenjin (11 %). Près de la moitié de la population a moins de quinze ans. L’espérance de vie est inférieure à 48 ans. Plus des trois quarts des habitants ont accès à des services de santé et environ 50 % ont accès à l’eau pota-ble. Trois quarts des Kenyans âgés de plus de quinze ans sont alphabétisés. Dans la province du Nord-Est, 13 % des filles fréquentent l’école primaire, contre 90 % dans les provinces du Centre et de l’Ouest. Le produit national brut est de 320 $US par habitant. Les femmes représen-tent à peu près un tiers des salariés. Le taux de fécondité total s’élève à 4,9. Parmi les jeunes femmes âgées de 15 à 19 ans, une sur dix donne naissance à un enfant vivant chaque année. Un tiers des femmes entre 15 et 29 ans emploie une méthode de contraception, dont 32 % une méthode de type « moderne ». Prévalence Les mutilations génitales féminines (MGF) sont prati-quées dans plus des trois quarts du pays avec de grandes variations entre les groupes ethniques. Elles sont quasi universelles chez les femmes somali (97 %), kisii (96 %), kuria (96 %) et masaï (93 %), et sont également répan-dues chez les Kalenjin (48 %), Embu (44 %) et Meru (42 %). Les taux de prévalence sont inférieurs chez les Kikuyu (34 %) et les Kamba (27 %). Les MGF sont pra-tiquement inexistantes chez les femmes luyia et luo (moins de 1 % respectivement). Le type d’excision prati-qué varie selon les groupes ethniques (p. ex. le type III chez les femmes somali, le type II chez les Masaï, Kalen-jin, Meru, Kuria, le type I chez les Kisii). Depuis 1998, le pourcentage de femmes kalenjin, kikuyu et kamba décla-rant avoir été excisées a sensiblement diminué. Des enquêtes effectuées en 2004 par le ministère kenyan de la Santé et la Coopération Technique allemande (GTZ) auprès d’un grand échantillon de femmes dans trois districts du pays ont révélé les taux de prévalence suivants : Kajiado (Masaï 77 %), Tharaka (Meru 48 %) et Kuria (Kuria 78 %).

Différents types de MGF classés par l’OMS Type I : Excision du prépuce avec ou sans excision partielle ou to-tale du clitoris. Type II : Excision du clitoris avec excision partielle ou totale des petites lèvres. Type III : Excision partielle ou totale des organes génitaux externes et suture/rétrécissement de l’orifice vaginal (infibulation). Type IV: Autres pratiques non classées ; celles-ci comprennent le percement ou l’incision du clitoris et/ou des petites lèvres, la cautéri-sation, le grattage ou l’ablation de tissus vaginaux, etc. Ces interventions sont toutes irréversibles. Elles peuvent entraîner des complications aiguës telles que : mort, hémorragie, choc, infection et douleurs intenses. En outre, les femmes peuvent subir à long terme de graves préjudices pour leur santé reproductive et sexuelle, risquer l’infection au VIH et en garder de graves séquelles psychologi-ques. Selon l’enquête démographique et sanitaire (KDHS) réali-sée au Kenya en 2003, 32 % de toutes les femmes âgées de 15 à 49 ans ont subi l’excision. Cela signifie une dimi-nution de 6 % par rapport au taux de 38 % constaté par la KDHS de 1998. Le pourcentage des femmes excisées augmente en fonction de l’âge : de 20 % dans le groupe des 15 à 19 ans, il atteint 48 % chez les femmes âgées de 45 à 49 ans. Cela indique que la pratique des MGF a for-tement diminué (environ de moitié) durant les deux der-nières décennies. La prévalence de l’excision est plus éle-vée chez les femmes rurales (36 %) que chez les femmes urbaines (21 %). Selon la KDHS de 2003, c’est la pro-vince du Nord-Est qui affiche le plus fort taux de fem-mes excisées (99 %). L’âge moyen des filles au moment de l’excision est de 13 ans dans le groupe des 15 à 19 ans, tandis qu’il est de 15 ans dans la tranche d’âge de 19 à 49 ans. On observe ac-tuellement dans tous les districts un abaissement de l’âge moyen au moment de l’excision. Les facteurs expliquant cette tendance sont les suivants : la pauvreté qui pousse les familles à marier leurs filles à un âge plus précoce à cause de la dot, l’augmentation des grossesses chez les adolescentes, la crainte des parents de voir leurs filles, mieux informées de leurs droits, refuser l’excision.

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En outre, les formes de MGF pratiquées aujourd’hui sont moins sévères : 62 % des femmes excisées âgées de plus de 50 ans ont subi le type II de MGF, contre 39 % du groupe âgé de 15 à 19 ans (le reste ayant subi pour la plu-part le type I). Il y a une forte corrélation entre le niveau éducationnel et le statut de femme excisée. 58 % des femmes non scolari-sées déclarent avoir été excisées, contre seulement 21 % de celles qui ont fréquenté l’école secondaire au moins pendant un certain temps. Les raisons les plus couramment avancées pour justifier la poursuite de cette pratique sont : la nécessité de respec-ter les coutumes et les traditions, d’augmenter les chances de mariage des jeunes filles, de limiter le désir sexuel chez les femmes et d’observer un rite de passage à la vie adul-te. Les MGF sont pratiquées principalement par des exciseu-ses traditionnels, qui utilisent habituellement pour cela une lame de rasoir ou un couteau. À Kajiado et Kuria, la tendance actuelle est de faire effectuer les MGF par des infirmières qualifiées. 11 % des filles âgées de 15 à 19 ans déclarent avoir été excisées par une infirmière qualifiée dans des conditions hygiéniques. Une autre enquête a constaté que 71 % des filles âgées de 4 à 17 ans à Kisii ont été excisées par une infirmière ou un médecin. Selon la KDHS de 1998, 27 % des MGF sont pratiquées au-jourd’hui par des personnels de santé qualifiés, travaillant dans des hôpitaux publics ou privés. Bien que cette tendance contribue à réduire les souffran-ces ou les risques d’infection immédiats, elle n’empêche ni les complications à long terme, ni les traumatismes psychologiques. Les MGF doivent être considérées comme une menace pour la santé des femmes ainsi qu’une violation des droits humains. Par conséquent, la médicalisation de la pratique n’est pas acceptable. Approches Le gouvernement du Kenya a ratifié les diverses conven-tions internationales sur les droits des femmes et des en-fants. Il a également adopté les recommandations de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes à Beijing (1995), qui a identifié les MGF comme une menace pour la santé reproductive des femmes et une violation de leurs droits humains. Le Kenya est également signataire de la Convention relative aux droits de l’enfant (1990), de la Charte africaine sur les droits et le bien-être de l’enfant (1996) et du « Protocole de Maputo » relatif aux droits des femmes en Afrique (2003).

La Constitution du Kenya garantit les droits et libertés fondamentaux de tous les citoyens du pays. En novembre 1999, le ministère de la Santé a lancé un Plan d’action na-tional pour l’élimination des MGF en vue de réduire le pourcentage de filles, femmes et familles affectées par ce problème durant les vingt prochaines années. En 2001, une loi sur la protection de l’enfance a été promulguée, qui stipule que les fillettes, susceptibles d’être excisées de force, sont des enfants qui réclament une protection et des soins particuliers. La loi prévoit en outre la poursuite des coupables par les tribunaux. Stratégies du Plan d’action national pour l’élimination des MGF Établir au niveau national et au niveau des districts des mécanis-mes de coordination des programmes de l’abandon des MGF ; Établir une collaboration multisectorielle afin d’assurer une inter-vention appropriée dans les programmes de développement clés ; Faire l’inventaire et coordonner les actions nouvelles et déjà en cours contre les MGF ; Investir dans les ressources humaines et renforcer les capacités des organisations ; Établir des mécanismes favorisant la mobilisation de ressources pour les programmes d’abandon des MGF. Les activités de lutte contre les MGF au Kenya ont été entreprises tout d’abord par des organisations non gou-vernementales (ONG), telles que Maendeleo ya Wana-wake (MYWO). En coopération avec le Programme pour l’emploi de technologies appropriées dans le secteur de la santé (PATH), MYWO a développé un programme glo-bal pour mettre fin aux MGF. Celui-ci comprenait des études de base, des campagnes de sensibilisation au ni-veau des communautés, des plaidoyers pour la participa-tion des églises, la formation de femmes en tant que pairs éducatrices et l’information par le biais des écoles. En 1996, les deux organisations ont pris l’initiative de favori-ser des cérémonies de « rite de passage alternatif », per-mettant de préserver les traditions culturelles tout en ex-cluant l’excision, et d’apporter un soutien social aux jeu-nes filles et aux familles qui s’opposent aux MGF. Une formation d’une semaine est offerte aux jeunes filles sur le corps, la santé reproductive, l’hygiène personnelle, les rôles des deux sexes, l’empathie et l’estime de soi, ainsi que sur la sagesse « traditionnelle » et les règles de condu-ite de la communauté. Le programme est clôturé par une cérémonie de remise de diplômes et de cadeaux aux jeu-nes filles. Parmi les progrès réalisés durant les cinq dernières an-

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nées, il y a lieu de relever les éléments suivants : - le tabou entourant les MGF a été brisé ; - le savoir sur les effets nocifs des MGF a augmen-

té ; - les attitudes ont changé en faveur de l’éducation

des fillettes et de la pratique d’un rite de passage alternatif dans les communautés ;

- les formes de MGF pratiquées sont moins sévè-res ;

- la stratégie du rite de passage alternatif s’est avérée fructueuse chez un groupe de filles ;

- des représentants de communautés ont déclaré en public leur soutien à des activités anti-MGF ;

- des forums de parties prenantes ont été établis au niveau des districts ;

- le ministère de la Santé soutient la mise en place du Comité interministériel, coordonné par le mi-nistère de la Condition féminine ;

- Les résultats des travaux de recherche sont diffu-sés dans des enceintes nationales et internationa-les.

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MUTILATIONS GÉNITALES FÉMININES AU MALI

Informations générales Le Mali est situé au coeur de l’Afrique de l’Ouest. Un quart du territoire est occupé par le désert du Sahara. En-viron 10 % de la population, estimée à 10 millions d’habitants, sont des nomades et près de 80 % de la main-d’oeuvre pratiquent l’agriculture ou la pêche. A peu près un habitant sur trois a accès à l’eau potable et à des services de santé. Les ethnies prédominantes sont les Bambara (32 %), les Fulbe/Peuls (14 %), les Sénoufo (12 %), les Soninké (9 %) et les Touaregs (7 %). La popula-tion malienne est en majorité musulmane. Près de la moi-tié de cette population a moins de 15 ans. L’espérance de vie est de 46 ans. L’indice synthétique de fécondité est de 6,7. 7% des femmes âgées de 15 à 49 ans utilisent une forme quelconque de contraception. À peine 23 % des femmes, et un tiers de l’ensemble de la population adulte, sont alphabétisés. Les femmes constituent 15 % de la main d’œuvre adulte. Prévalence On entend par mutilations génitale féminines (MGF) tou-tes les interventions impliquant l’ablation partielle ou to-tale des organes génitaux externes de la femme et/ou la lésion des organes génitaux, pratiquées pour des raisons culturelles ou toute autre raison non thérapeutique. Différents types de MGF classés par l’OMS Type I : Excision du prépuce avec ou sans excision partielle ou to-tale du clitoris. Type II : Excision du clitoris avec excision partielle ou totale des petites lèvres. Type III : Excision partielle ou totale des organes génitaux externes et suture/rétrécissement de l’orifice vaginal (infibulation). Type IV: non classés ; elles comprennent le percement ou l’incision du clitoris et/ou des petites lèvres, la cautérisation, le grattage ou l’ablation de tissus vaginaux, etc. Ces inter ventions sont toutes irréversibles. Elles peuvent entraîner des complications aiguës telles que : mort, hémorragie, choc, infection et douleurs intenses. En outre, les femmes peuvent s ubir à long terme de graves préjudices pour leur santé reproductive et sexuelle, risquer l’infection au VIH et en garder de graves séquelles psycholo-giques.

L’âge auquel sont pratiquées les mutilations varie d’une ethnie à l’autre, de quelques jours après la naissance jus-qu’à l’âge de 20 ans, et aussi selon la signification attachée à la pratique. Chez les Yélimanté et les Dyala- Khassodé de la région de Kayes, par exemple, les fillettes sont exci-sées pendant la puberté, lorsqu’elles ont atteint l’âge d’être initiées à la féminité, et sont remises à leur mari par la même occasion. En plus de la préparation d’une fille au mariage, les femmes comme les hommes justifient cette pratique comme étant un moyen de maintenir les tradi-tions culturelles, de remplir des obligations religieuses et de contrôler la sexualité féminine. Là où la majorité des femmes sont excisées, la pression sociale pousse les gens à perpétuer cette pratique coutumière. La décision d’exciser une fillette était habituellement prise en groupe, et les principaux décideurs étaient les leaders religieux et les chefs de village, les chefs de famille et les grands -mères. Aujourd’hui cependant, la procédure est devenue plus individuelle et tend à être une affaire de femmes. L’excision est traditionnellement effectuée par des fem-mes de la caste des forgerons et parfois par des sages-femmes, mais un nombre grandissant de parents, surtout en milieu urbain, font appel aux services de santé pour cette pratique. Cette médicalisation peut réduire le risque d’infection, mais n’empêche pas les complications à long terme et les traumatismes psychiques. Malheureusement, un professionnel de la santé sur trois n’est pas conscient des risques liées aux MGF, même si celles-ci sont effec-tuées dans des conditions hygiéniques. La pratique des excisions a été officiellement interdite aux membres du corps médical dans une lettre ouverte qui leur a été adres-sée en 1999. Cependant certains d’entre eux continuent de le faire hors des établissements de santé. Au Mali, près de huit femmes sur dix souhaitent la conti-nuation des MGF, la plupart d’entre elles par respect pour la tradition. Les femmes plus jeunes tendent à ex-primer à peu près le même taux d’approbation que leurs aînées, ce qui suggère que les attitudes diffèrent peu entre les générations. Bien que les femmes urbaines soient plus prédisposées à s’opposer à la perpétuation des MGF que leurs homologues rurales moins instrui tes, 80 % des mè-res vivant en milieu urbain et ayant reçu une meilleure

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éducation déclarent que leur fille aînée a déjà subi l’excision ou la subira bientôt, ce qui montre qu’une attitude moins favorable à l’égard des MGF ne se traduit pas nécessai-rement par une incidence plus faible de ces pratiques. Approches Le gouvernement malien a abordé pour la première fois la question des MGF au début des années 1960 et a en-trepris de sérieux efforts pour lutter contre cette pratique, avec une intensité croissante depuis le milieu des années 1980. En 1997, il a été créé le Comité national de lutte contre les pratiques préjudiciables à la santé des femmes et des enfants, constitué entre autres du Ministère de la Condition féminine et du Ministère de la Santé, ainsi que de diverses organisations non gouvernementales (ONG). Le comité a élaboré le « Plan d’action national de lutte contre les MGF 1998-2005 », qui a pour objectif de ré-duire de 40 % la pratique des MGF. Les domaines d’intervention comprennent le lien perçu entre les MGF et la religion, les opinions divergentes des femmes sur cette pratique, l’absence de coordination entre les ONG et les groupements féminins, ainsi que les stratégies à adopter pour convaincre les exciseuses d’abandonner cette pratique. Le Mali a ratifié les traités et conventions sur les droits des femmes et des enfants. Le Mali a signé la plupart des principaux traités et accords internationaux sur les droits des femmes et des enfants. En 2005 il a ratifié le Protocole de Maputo relatif aux droits des femmes en Afrique. Un projet de loi est actuel-lement en préparation en vue de sanctionner la pratique des MGF, comme le font déjà d’autres États africains. Un texte législatif a été proposé à cet effet en 2002 par les ministères de la Santé et de la Condition féminine. Bien qu’il n’y ait aucun lien entre l’Islam et les mutilations génitales féminines, le vote de loi contre les MGF avait été alors bloqué au Parlement par des dignitaires reli-gieux. Depuis 2002, l’information des parlementaires et des autorités islamiques sur les conséquences néfastes des MGF a été intensifiée, et les chances pour l’adoption d’une loi contre ces pratiques sont meilleures aujourd’hui. Quelques trente groupements féminins et ONG agissent actuellement pour l’élimination des mutilations génitales. Le fait que plusieurs d’entre eux aient à l’origine focalisé leur attention sur certains sous -groupes de la population,

notamment les praticiennes traditionnelles, a donné nais-sance à une diversité d’approches. Le Centre Djoliba, à Bamako, figure parmi les pionniers dans la lutte contre les MGF au Mali. Ses domaines d’intervention compren-nent les campagnes de sensibilisation, la recherche et la documentation, le développement de matériels d’Information, d’Èducation et de Communication (IEC) et l’organisation de séminaires de formation pour les a-gents communautaires et de santé. En outre, le centre coordonne un réseau de 28 ONG engagées dans la lutte contre les MGF. Le projet suprarégional « Appui aux initiatives pour l’abandon des mutilations génitales féminines (MGF) » de la GTZ a soutenu, entre 2000 et 2003 plusieurs ONG dans la 5ème région de Mopti et à Bamako. Des activités anti-MGF sont intégrées dans un projet d’éducation de base depuis avril 2003. Le projet d’éducation de base de la GTZ coopère avec des écoles de la 5ème région depuis 1994. L’objectif des mesures mises en œuvre au Mali est d’intégrer la question des MGF dans les contenus de l’éducation tant scolaire qu’extrascolaire. Les groupes cibles sont les écoliers et écolières de cinquième et sixi-ème année et du cycle secondaire ainsi que la population entourant les écoles. En coopération avec le ministère de l’Éducation, les thèmes du VIH/sida et des MGF sont intégrés dans les programmes scolaires. Un guide péda-gogique a été élaboré et une formation initiale et conti-nue, tant thématique que didactique, est dispensée aux in-stituteurs et institutrices, aux conseillers pédagogiques, aux directeurs d’école et aux représentants d’organisations de femmes et de jeunes, afin de faciliter l’intégration du thème des MGF dans leurs activités. Parallèlement aux activités scolaires, la population en gé-néral est invitée à participer au débat sur les mutilations génitales féminines dans le cadre de rencontres d’échanges organisées à l’extérieur des écoles sur la vie familiale, les traditions et le changement. Les communau-tés sont impliquées dans le travail d’information sur les MGF au moyen du dialogue intergénérationnel et de dis-cussions en groupes. Les autorités locales et les groupes de femmes et de jeunes jouent un rôle important dans ce contexte.

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MUTILATIONS GÉNITALES FÉMININES EN MAURITANIE

Informations générales La Mauritanie, située entre le Maghreb et l’Afrique sub-saharienne, compte 2,7 millions d’habitants, appartenant aux groupes ethniques des Maures, Wolof, Peul et Sonin-ké. Ils vivent en grande partie de l’élevage et de la pro-duction agricole. D’autres sources de revenu importantes sont l’exploitation des ressources minières, la pêche et les prestations de services. Le revenu annuel moyen par tête se situe autour de 380 $US, et près de la moitié de la po-pulation (47,6% en 2004) dispose de moins d’un dollar par jour pour vivre. Le taux de croissance économique est de 6,2%. Le chô-mage affecte 32,5% de la population, dont deux tiers de femmes. 99% des Mauritaniens sont de religion musul-mane. L’Islam joue un rôle déterminant dans la vie de tous les jours. Le pays traverse actuellement une période de profondes mutations sociales : les formes de vie no-made cèdent de plus en plus la place à la vie sédentaire, et une part croissante de la population s’installe dans les grandes villes. Le taux de natalité est estimé à 2,6% et l’espérance de vie est de 52 ans en moyenne. La mortalité maternelle (747 sur 100.000) et infantile (123 sur 100.000) est relativement élevée. Le taux brut de scolarisation pri-maire s’élève à 76,7% (2004/2005) avec une augmenta-tion spectaculaire du pourcentage des filles scolarisées. Environ 30% des femmes savent lire, contre 50% des hommes. Les mahadras (écoles islamiques traditionnelles) jouent ici un rôle important. Le contexte socioéconomique a une incidence détermi-nante sur le mode de vie des femmes. Leurs sphères de décision se limitent avant tout au domaine domestique. Les charges de travail et la répartition traditionnelle des rôles influencent fortement le statut social des femmes aussi bien que leur état de santé. Prévalence Chaque année, 3 millions de filles environ subissent des mutilations génitales féminines (MGF), principalement dans 28 pays africains, et le nombre total de femmes et de filles excisées à travers le monde est estimé à 130 mil-lions. On entend par MGF toutes les interventions impli-quant l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme et/ou la lésion des organes géni-

taux, pratiquées pour des raisons culturelles ou toute au-tre raison non thérapeutique. Différents types de MGF classés par l’OMS Type I : Excision du prépuce avec ou sans excision partielle ou to-tale du clitoris. Type II : Excision du clitoris avec excision partielle ou totale des petites lèvres. Type III : Excision partielle ou totale des organes génitaux externes et suture/rétrécissement de l’orifice vaginal (infibulation). Type IV: Autres pratiques non classées ; celles-ci comprennent le percement ou l’incision du clitoris et/ou des petites lèvres, la cautéri-sation, le grattage ou l’ablation de tissus vaginaux, etc. Ces interventions sont toutes irréversibles. Elles peuvent entraîner des complications aiguës telles que : mort, hémorragie, choc, infection et douleurs intenses. En outre, les femmes peuvent subir à long terme de graves préjudices pour leur santé reproductive et sexuelle, risquer l’infection au VIH et en garder de graves séquelles psychologi-ques. Selon les résultats de « l’Enquête démographique et sani-taire » (EDSM, Mauritanie 2000-01), la pratique des MGF est largement répandue et touche 71% des femmes et des filles. La prévalence varie en fonction de l’appartenance ethni-que : ainsi, elle atteint 92% chez les Soninké, 72% chez les Peul, 71% chez les Maures et 28% chez les Wolof. Les types de MGF I et II sont pratiqués en Mauritanie, tandis que l’infibulation (type III) n’y est pas connue.

Les MGF sont plus répandues en milieu rural que dans les villes. L’EDSM a également relevé l’existence de muti-lations symboliques dans le Nord du pays.

Le plus souvent, les filles sont excisées à l’âge de huit jours, mais les MGF peuvent aussi être pratiquées entre deux et six ans. On connaît, en outre, des cas de mutila-tions génitales effectuées sur des femmes immédiatement avant la naissance de leur premier enfant pour faciliter, dit-on, l’accouchement.

Les mutilations sont pratiquées par des accoucheuses tra-ditionnelles, et les interventions sont effectuées sans anesthésie et en l’absence de conditions d’hygiène appro-

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priées. Toutefois, cette activité confère aux exciseuses un prestige social élevé et leur rapporte des revenus sûrs et réguliers. Selon l’enquête EDSM, les femmes souffrent de complications dans 53% des cas. Les raisons citées pour justifier cette pratique sont la tra-dition, des croyances, des pratiques ancestrales, des obli-gations religieuses présumées ainsi que des nécessités médicales. Selon les femmes et les hommes interrogés lors de l’enquête EDSM, l’excision comporte trois avan-tages : la reconnaissance sociale, l’apaisement du désir sexuel de la femme et le respect d’une obligation reli-gieuse. 60% des hommes et 57% des femmes pensent, à tort, que l’excision est exigée par la religion, mais 70% des hommes et 64% des femmes seraient prêts à l’abandonner. Approches La Mauritanie a signé, en 2000, la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW). Elle est membre du comité interafricain sur les pratiques traditionnelles affec-tant la santé des femmes et des enfants. Depuis le milieu des années 1980, le gouvernement mau-ritanien s’efforce, à travers différents ministères, de ré-soudre le problème des MGF et est de plus en plus ap-puyé dans cette tâche par des organismes internationaux, tels que le FNUAP, l’OMS, l’UNICEF, la GTZ, la Fédé-ration luthérienne mondiale et par des ONG nationales. Les organisations des Nations Unies développent des stratégies conjointes et organisent des conférences ou ateliers sur les droits de la femme et la lutte contre les

MGF. Elles aident le Secrétariat d’État à la Condition féminine (SECF) à organiser des séminaires pour les dif-férents groupes cibles et des tables rondes avec les autori-tés islamiques. En décembre 2005, une loi sur la protection de l’enfant a été adoptée, qui prévoit des poursuites pénales contre les personnes qui portent « …atteinte à l’organe génital d’un enfant de sexe féminin… lorsqu’il en a résulté un préju-dice pour celui-ci ». Le ministère de la Santé a officielle-ment interdit la pratique des mutilations dans les établis-sements médicaux. A l’occasion de la Journée internationale de tolérance zé-ro pour les MGF en 2006, l’Association des imams et ou-lémas a décrété une fatwa contre les MGF. Cette décision jurisprudentielle se fonde sur les hadiths attribués au pro-phète Mohamed, qui ne contiennent aucune indication explicite ou tacite sur l’excision des filles. Le SECF a créé une commission chargée de coordonner les activités des différents intervenants pour mettre un terme aux MGF. Actuellement, le SECF est en train d’élaborer une stratégie nationale de lutte intégrée contre les MGF. Depuis fin 2005, la GTZ collabore avec le SECF en Mau-ritanie dans le cadre de son programme de bonne gou-vernance et avec le concours de son projet suprarégional « Appui aux initiatives pour l’abandon des mutilations génitales féminines (MGF) ». Une étude des activités de lutte contre les MGF en Mauritanie est en cours de réali-sation ainsi que l’établissement conjointe d’un plan d’action.

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MUTILATIONS GÉNITALES FÉMININES AU SÉNÉGAL

Informations générales Le Sénégal est situé sur la côte occidentale de l’Afrique et a une population de 9 millions d’habitants. Les eth-nies prédominantes y sont les Wolof (43 %), les Sérer (15%), les Peuls (14 %), les Toucouleur (5 %), les Diola (5 %) et les Mandingue (4 %). Avec 58 % de sa popula-tion âgée de moins de 20 ans, le Sénégal est un pays jeune et l’espérance de vie y est inférieure à 50 ans. La moitié des habitants vivent en milieu rural et il existe une grande disparité entre les niveaux de vie en milieu urbain et rural. 40 % de la population a accès aux servi-ces de santé et 50 % à l’eau potable. Près des deux tiers de la population adulte totale et 77 % des femmes sont illettrés. 55 % des filles sont inscrites à l’école primaire (81 % en milieu urbain et 22 % en milieu rural). Les femmes représentent un peu plus du tiers de la maind’œuvre adulte. La grande majorité de la population est musulmane, de confession sunnite. Le mariage pré-coce et la polygamie sont largement répandus. L’âge moyen des filles au mariage est de 16 ans et une jeune femme sur dix, entre l’âge de 15 et 19 ans, donne nais-sance à un enfant vivant tous les ans. L’indice synthéti-que de fécondité est de 5,7. De par leur statut et leur en-vironnement socioculturel, les femmes sont confrontées à des facteurs limitant leurs activités et leurs possibilités d’avancement social et économique et qui aggravent leur marginalisation et leur appauvrissement. Prévalence On entend par mutilations génitales féminines (MGF) toutes les interventions incluant l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme et/ou la lésion des organes génitaux, pratiquées pour des rai-sons culturelles ou toute autre raison non thérapeutique. Au Sénégal, environ 20 % de la population féminine a subi l’excision. Ce pourcentage comparativement bas ca-che la grande disparité régionale dans l’incidence des MGF : elles sont à peine connues dans les régions du Centre et Nord-Ouest (à part chez certains migrants ré-cents), mais elles sont courantes dans le Sud et le Sud-Est, ainsi que le long du fleuve Sénégal au Nord et à l’Est. Dans la région de Kolda, 88 % des femmes ont subi des mutilations génitales et 60 à 70 % d’entre elles à St Louis et Tambacounda. L’ethnie et la religion sont les principaux déterminants de la prévalence des MGF. El-

les sont pratiquées parmi les Peuls, les Diola, les Man-dingue, les Sérer et les Soninké et sont plus fréquentes chez les musulmans que chez les catholiques. Différents types de MGF classés par l’OMS Type I : Excision du prépuce avec ou sans excision partielle ou to-tale du clitoris. Type II : Excision du clitoris avec excision partielle ou totale des petites lèvres. Type III : Excision partielle ou totale des organes génitaux exter-nes et suture/rétrécissement de l’orifice vaginal (infibulation). Type IV: Autres pratiques non classées ; celles-ci comprennent le percement ou l’incision du clitoris et/ou des petites lèvres, la cauté-risation, le grattage ou l’ablation de tissus vaginaux, etc. Ces interventions sont toutes irréversibles. Elles peuvent entraîner des complications aiguës telles que : mort, hémorragie, choc, infec-tion et douleurs intenses. En outre, les femmes peuvent subir à long terme de graves préjudices pour leur santé reproductive et sexuelle, risquer l’infection au VIH et en garder de graves séquelles psycho-logiques. Les types de MGF les plus couramment pratiqués sont l’excision du prépuce et du clitoris ou de parties de ceux-ci (type I), mais l’amputation du prépuce et du clitoris, jointe à la suture des petites lèvres, est pratiquée par exemple chez les Hal Pular. Les formes les plus extrê-mes de MGF sont toutefois en régression, avec une plus forte incidence chez les femmes âgées. L’âge auquel les mutilations sont pratiquées varie d’une ethnie à l’autre et tend à être de plus en plus précoce, peut-être en raison de la position prise par le gouvernement contre l’excision. Un tiers des MGF sont pratiquées juste après la naissance (par exemple chez les Hal Pular), un autre tiers avant l’âge de six ans (par exemple chez les Man-dingue) et le reste à l’adolescence. Pour la plupart des ethnies, cette pratique représente un rite de passage qui permet à la jeune fille de se préparer à la maternité. Des raisons perçues comme étant d’ordre hygiénique, sanitaire et reproductif, sont aussi avancées pour justifier la poursuite de cette pratique. La fonction hygiénique invoquée est souvent liée à des notions spiri-tuelles de pureté, bien que les MGF ne soient pas liées à une religion en particulier. Les MGF sont habituelle-ment effectuées par des praticiennes traditionnelles, gé-

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Publié par Projet supra régional: Deutsche Gesellschaft für Appui aux initiatives pour l’abandon Technische Zusammenarbeit (GTZ) GmbH des mutilations génitales féminines (MGF) Dag Hammarskjöld-Weg 1-5 Tel. +49(0)6196-79-1578, -1579, -1553 65760 Eschborn Fax +49(0)6196-79-7177 E-Mail [email protected] Web www.gtz.de/fgm

néralement avec des couteaux ou des lames de rasoir, sans anesthésie. En milieu rural surtout, la population n’est souvent pas consciente des dangers que cette prati-que représente pour la santé. Approches Depuis les années 1970, diverses organisations fémini-nes et le Ministère de la Santé et de la Condition fémi-nine ont pris position contre les MGF, mais avec peu d’efficacité et de coordination. Jusqu’à présent, il n’existe pas de comité national de lutte contre cette pratique. Toutefois, le gouvernement sénégalais a ratifié la plupart des traités et conventions contre la discrimination des femmes et pour la protection des enfants et a mis au point un plan d’action de 5 ans en faveur des femmes. Le 13 janvier 1999, le gouvernement a adopté l’article 299bis du Code Pénal, rendant les MGF illégales et pas-sibles de peines allant jusqu’à 5 ans d’emprisonnement. Des groupes œuvrant pour l’élimination des MGF s’opposent toutefois à la criminalisation et optent en même temps pour des mesures de conscientisation. Pour compléter la loi et sachant que la législation ne suf-fit pas à elle seule pour mettre fin à cette tradition pro-fondément ancrée, le Ministère de la Famille et des Af-faires Sociales et le Ministère de la Solidarité Nationale ont mis au point en 1999 un Plan d’action ayant pour but l’abandon total et définitif des MGF au Sénégal d’ici 2005. Les stratégies proposées comprennent la création d’un réseau de partenaires pour combattre les MGF, le renforcement des moyens de lutte, des programmes d’IEC, ainsi que la recherche et la documentation. Déclaration de l’ancien président du Sénégal Abdou Diouf au Congrès international de la FIDH sur les droits de l’Homme à Dakar le 20/11/1997 : « Les organisations gouver-nementales et non gouvernementales doivent œuvrer ensemble pour convaincre la population que [l’excision] constitue un danger pour la santé de la femme… Aujourd’hui, cette pratique ne peut plus être justifiée » Parmi les diverses organisations non gouvernementales (ONG) travaillant dans le domaine de la lutte contre les MGF, l’organisation internationale TOSTAN est la plus active. L’approche de TOSTAN comprend 4 volets : un programme éducatif, la mobilisation de la population, des déclarations publiques et des campagnes médiati-ques. Un programme d’éducation informelle destiné aux jeunes et aux adultes, et plus particulièrement aux fem-mes, est proposé en milieu rural sous la forme d’un pro-gramme d’alphabétisation de 2½ ans, ou d’un Pro-gramme de renforcement du pouvoir villageois (« Village Empowerment Pro-gramme ») étalé sur 7 mois. Ces deux programmes sont basés sur une approche partici-

pative, se référant à l’expérience personnelle des femmes et renforçant les valeurs culturelles positives. Les agents de santé locaux et les guérisseurs traditionnels aident à mettre en œuvre les activités. L’un des impacts positifs de ces programmes a été l’abandon officiel des MGF dans 148 villages au cours de la période 1997-1999. La Coopération Technique allemande (GTZ ) a appuié à travers le projet supra-régional « Appui aux initiatives pour l’abandon des MGF » le Programme de renforce-ment du pouvoir villageois. Le Programme de renforcement du pouvoir villageois, mis en oeuvre par TOSTAN, est constitué de quatre modules – droits humains, résolution de conflits, hy-giène et santé des femmes – intégrant le thème des MGF de différentes manières. Le programme d’éducation est étroitement lié à des campagnes de mo-bilisation et de sensibilisation réalisées par les partici-pants : Chaque participant(e) choisit une personne avec laquelle il/elle partage quotidiennement les nouvelles connais-sances acquises. À la fin de chaque module, les participants (avec l’aide de leurs facilitateurs) transmettent leurs connaissances à d’autres villageois par des sketches, poèmes ou chansons qu’ils composent eux-mêmes. Des visites sont organisées entre les villages pour élargir la discussion sur les MGF avec les villages voisins. Grâce à un financement du Ministère fédéral de la Coo-pération économique et du Développement (BMZ), la GTZ a prêté assistance au ministère sénégalais de la San-té dans la mise en œuvre du projet « Appui à la planifica-tion familiale et lutte contre les MST/SIDA », connu lo-calement sous le nom de FANKANTA. Entre 1999 et 2005, le projet a intégré à ses principaux champs d’activités des mesures de lutte contre les MGF. Compte tenu de l’incidence particulièrement élevée de cette pra-tique dans certaines régions, le projet a concentré ses ef-forts sur les districts de Kolda, de Sedhio et de Vélinga-ra. Initialement, la GTZ a organisé avec ses partenaires une série de discussions de groupe sur ce thème afin de mieux connaître les pratiques, expériences et attitudes de la population en ce qui concerne les MGF. Cette étude met en relief l’ancrage profond de cette tradition dans la société et réitère que seul un processus collectif - tenant compte des attitudes et sentiments de toutes les person-nes impliquées - peut conduire à l’élimination effective des MGF au Sénégal.

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MUTILATIONS GÉNITALES FÉMININES EN SIERRA LÉONE

Informations générales Située sur la côte occidentale de l’Afrique, entre la Guinée et le Libéria, la Sierra Léone compte 4,8 millions d’habitants. Les deux tiers d’entre eux vivent en milieu rural et pratiquent pour la plupart une agriculture de sub-sistance. Les zones rurales souffrent particulièrement du manque de services de santé et de réseaux de communi-cation adéquats. Les principaux groupes ethniques en Sierra Léone sont les Mendé et les Temné, qui consti-tuent chacun environ un tiers de la population totale, les Limba (8 %) et les Kono (5 %). Ils sont adeptes de diver-ses religions traditionnelles africaines (52 %), de l’Islam (40 %) ou du Christianisme (8 %). Les femmes ont un statut social inférieur à celui des hommes, ce qui s’exprime entre autre dans le fait que seulement 15 % des femmes sont alphabétisées, contre 45 % des hommes. La grande majorité des femmes se marient à l’âge de 18 ans et l’indice synthétique de fécondité est de 6,5. Les fem-mes ont en général peu d’influence sur la planification familiale. Pourtant, elles représentent les deux tiers de la force de travail adulte, ce qui est exceptionnellement éle-vé par rapport à beaucoup d’autres pays d’Afrique subsa-harienne. En Sierra Léone, l’espérance de vie à la nais-sance est très basse et se situe autour de 35 ans. Ces deux derniers aspects peuvent s’expliquer par les nombreuses années de guerre endurées par la population. Depuis 1991, 2 millions de personnes ont fui le pays. Prévalence En Sierra Léone, les mutilations génitales féminines (MGF) sont pratiquées chez tous les groupes ethniques, sauf chez les Krio chrétiens dans la région occidentale. Différents types de MGF classés par l’OMS Type I : Excision du prépuce avec ou sans excision partielle ou to-tale du clitoris. Type II : Excision du clitoris avec excision partielle ou totale des petites lèvres. Type III : Excision partielle ou totale des organes génitaux externes et suture/rétrécissement de l’orifice vaginal (infibulation). Type IV: Autres pratiques non classées ; celles-ci comprennent le percement ou l’incision du clitoris et/ou des petites lèvres, la cautéri-sation, le grattage ou l’ablation de tissus vaginaux, etc.

Ces interventions sont toutes irréversibles. Elles peuvent entraîner des complications aiguës telles que : mort, hémorragie, choc, infection et douleurs intenses. En outre, les femmes peuvent subir à long terme de graves préjudices pour leur santé reproductive et sexuelle, risquer l’infection au VIH et en garder de graves séquelles psycholo-giques. L’OMS estime à 90 % la proportion des femmes excisées, mais les groupes locaux pensent que ce taux est exagéré. Le type de MGF le plus courant est le type II, tandis que l’excision du prépuce ou sunna (type I) n’est pratiquée que par les Krio musulmans. Au moment de l’intervention, les filles sont généralement des adolescen-tes, mais chez les Madingo, dans le nord du pays, elles sont excisées avant l’âge d’un an. Les MGF font partie d’un rite de passage qui marque, chez les femmes, la transition de l’enfance à l’âge adulte. Cette pratique est liée à la société secrète appelée bundu chez les Temné et souwé chez les Mendé. Celle-ci rem-plissait traditionnellement la fonction d’un système d’éducation informel : les filles étaient initiées à leur futur rôle d’épouse et de mère et apprenaient l’usage des her-bes médicinales et l’hygiène personnelle. Puis elles étaient données en mariage avec ou sans leur consentement. Ce-pendant, à cause de l’éducation formelle dispensée au-jourd’hui et des coûts élevés occasionnés par une initia-tion de plusieurs semaines au sein de la Société Bundu, ce rite se réduit actuellement le plus souvent à l’excision. En même temps, l’âge au moment de l’excision tend à bais-ser. En dépit du changement de signification des MGF, il n’y a aucun signe évident de recul de cette pratique. Les femmes adultes des zones rurales et celles des commu-nautés musulmanes restent particulièrement attachées à la tradition. Cependant, une cause importante de la perpé-tuation de cette pratique réside dans les pressions sociales exercées, en particulier l’attitude des hommes à l’égard de la sexualité des femmes et par le nombre apparemment plus élevé d’opportunités matrimoniales pour les filles excisées.

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L’excision est habituellement effectuée par une femme importante et très respectée de la communauté. Elle exerce en même temps la fonction d’accoucheuse locale traditionnelle (digba chez les Temné, majo chez les Men-dé). À cause des risques sanitaires associés aux MGF, cer-tains parents instruits souhaitent l’abandon de cette prati-que. Les institutions qui s’opposent aux MGF condam-nent énergiquement la médicalisation (interventions pra-tiquées en milieu hospitalier sous la supervision d’un per-sonnel de santé qualifié) de la pratique, car elle ne permet pas d’écarter tous les risques pour la santé et constitue une violation des droits humains. Approches Alors qu’un certain nombre d’organisations non gouver-nementales (ONG) s’évertuent à informer la population sur les risques sanitaires des MGF et sur le fait que celles-ci constituent une violation des droits humains, les ac-tions nationales pour mettre fin à ces pratiques sont pour le moment peu nombreuses, à peine coordonnées et de faible efficacité. Des efforts mieux concertés contre l’excision des femmes sont menés au niveau régional et international. La Sierra Léone est membre du Comité In-ter-Africain sur les pratiques traditionnelles préjudiciables à la santé des femmes et des enfants (CI-AF), qui lutte énergiquement contre les MGF Bien que le gouvernement sierra-léonais ait ratifié de nombreux traités et conventions contre la discrimination des femmes et pour la protection des enfants, il n’existe en Sierra Léone aucune loi prohibant les MGF. Aucun plan d’action national n’a été élaboré. Les efforts qui sont quand même déployés dans le pays pour combattre les

MGF se heurtent à la résistance active de la Société Bun-du. En outre, quelques femmes titulaires de postes politiques influents s’opposent apparemment à des déclarations of-ficielles en faveur de l’interdiction des MGF. Certaines ONG œuvrant dans le domaine de la santé re-productive et des droits humains se montrent préoccu-pées par la pratique des MGF dans le pays. L’une d’entre elles est la « Planned Parenthood Association of Sierra Léone » (PPA-SL), qui est le principal fournisseur de ser-vices de planification familiale dans le pays et qui y a diri-gé la campagne contre la violence envers les femmes. Ce-pendant, compte tenu de la position du gouvernement sur la question et de la mission attribuée à la PPA-SL, qui est de compléter les initiatives du gouvernement en ma-tière de santé, l’ONG ne peut guère lutter ouvertement contre les MGF. Ses programmes se sont donc limités jusqu’à présent à aborder certains aspects des MGF, en particulier afin de sensibiliser la population sur les risques sanitaires associés à ces pratiques. La Coopération Technique Allemande (GTZ), met en œuvre pour le compte du Ministère fédéral de la Coopé-ration économique et du Développement (BMZ) le Pro-jet d’appui aux initiatives pour l’abandon des mutilations génitales féminines (MGF). Ce projet appuie des activités innovatrices dans plusieurs pays d’Afrique de l’Est et de l’Ouest, encourage la constitution de réseaux de coopéra-tion et évalue les approches adoptées dans le domaine en question.

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MUTILATIONS GÉNITALES FÉMININES AU TCHAD

Informations générales Situé en Afrique centrale sahélienne, le Tchad est un pays dont l’histoire a été marquée, depuis son indépendance, par de nombreux conflits, la guerre civile et une extrême pauvreté. La population de 7,5 millions d’habitants est en majorité rurale, et les principaux groupes ethniques qui la constituent sont les Sara (28 %), les Arabo-soudanais (12 %) et les Mayo-Kebbi (12 %). Environ la moitié de la population est musulmane, un tiers est chrétienne et un dixième animiste. Étayées par les pratiques législatives et judiciaires, les traditions culturelles tendent à maintenir les femmes dans un statut social subordonné à celui des hommes. Cette situation est reflétée par la rareté des pos-sibilités d’éducation et de formation pour les filles, le taux d’alphabétisation extrêmement faible chez les femmes (10 % contre 40 % chez les hommes) et le nombre res-treint de femmes employées dans le secteur formel. Les mariages précoces et forcés en échange d’une dot sont monnaie courante, et le mari exerce habituellement une stricte autorité sur son ou ses épouses. Une grossesse sur cinq survient durant l’adolescence, et l’indice synthétique de fécondité est de 6,6. L’espérance de vie moyenne est de 47 ans. Prévalence Au Tchad, les mutilations génitales féminines (MGF) sont infligées à environ 45 % de la population féminine et sont particulièrement répandues chez les groupes ethni-ques de l’est et du nord du pays, notamment dans les cinq provinces du Moyen-Chari, du Logone Oriental, du Cha-ri-Baguimi, du Guéra et du Ouaddaï. Cette pratique se re-trouve chez toutes les confessions religieuses. Les trois types de MGF sont pratiqués, mais la plus courante est l’excision du prépuce et du clitoris (type I). L’infibulation, la moins courante, mais aussi la plus traumatisante, est surtout confinée à la frontière orientale du pays avec le Soudan. Différents types de MGF classés par l’OMS Type I : Excision du prépuce avec ou sans excision partielle ou to-tale du clitoris. Type II : Excision du clitoris avec excision partielle ou totale des petites lèvres. Type III : Excision partielle ou totale des organes génitaux externes et suture/rétrécissement de l’orifice vaginal (infibulation).

Type IV: Autres pratiques non classées ; celles-ci comprennent le percement ou l’incision du clitoris et/ou des petites lèvres, la cautéri-sation, le grattage ou l’ablation de tissus vaginaux, etc. Ces interventions sont toutes irréversibles. Elles peuvent entraîner des complications aiguës telles que : mort, hémorragie, choc, infection et douleurs intenses. En outre, les femmes peuvent subir à long terme de graves préjudices pour leur santé reproductive et sexuelle, risquer l’infection au VIH et en garder de graves séquelles psychologi-ques. L’excision est habituellement effectuée par une femme âgée dans des conditions non stériles et sans anesthésie. Pour ce service, celle-ci reçoit des cadeaux et une rétribu-tion pouvant aller jusqu’à 10 000 FCFA (14 $US). Les infirmières des centres de santé se chargent de plus en plus de l’intervention. Une telle médicalisation peut réduire les risques immédiats pour la santé, mais ne peut empêcher les complications à long terme et continue de porter gravement atteinte aux droits des femmes. Les MGF font généralement partie d’un rite de passage des filles à l’âge adulte, qui a lieu entre huit et quatorze ans. Elles sont rarement pratiquées sur des enfants de moins de deux ans ou sur des femmes de plus de vingt ans. La cérémonie d’initiation féminine dure trois à quatre semaines, durant lesquelles les traits de caractère les plus appréciés sont inculqués aux filles, à savoir le courage, l’endurance, le respect du futur mari et des beaux-parents ainsi que la bonne tenue de la maison. Les mutilations génitales tendent à occuper une place centrale dans les ri-tes accomplis. Bien que peu de gens connaissent l’origine ou la justification de cette pratique, la plupart y adhèrent par respect pour une coutume ancestrale. De plus, la crainte d’être victime d’un fort ostracisme social contraint les femmes à perpétuer cette pratique. Les femmes non initiées sont considérées comme non éduquées, non fia-bles et immatures. Elles sont peu respectées par la com-munauté. En plus de la tradition, la religion joue un rôle décisif dans la perpétuation des MGF. Dans les provinces cen-tre-orientales, la plupart des autorités religieuses musul-manes préconisent l’excision comme une obligation reli-gieuse prescrite par le Coran. Par contre, beaucoup de

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prêtres protestants dans le sud du pays ont pris active-ment position contre les MGF. D’une façon générale – et plus particulièrement parmi les femmes et les mu-sulmans – le souhait de continuer la pratique demeure très fort. Cependant, les différentes perceptions et réac-tions vis-à-vis des MGF suggèrent des approches suscep-tibles de favoriser l’abandon de cette pratique. Approches Le gouvernement tchadien est signataire des principaux traités et conventions internationaux sur les droits des femmes et des enfants. Cependant, il n’a pas ratifié la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant qui invite explicitement les responsables gouvernementaux à « prendre toutes les mesures appropriées pour éliminer les pratiques sociales et culturelles nocives, affectant le bien-être, la dignité, la croissance et le développement normaux de l’enfant ». En 2003, une loi a été votée contre les MGF. Déclaration de N’Djamena sur les MGF Un réseau de parlementaires, de représentants d’ONG et de leaders religieux et traditionnels se sont engagés, dans une déclaration sur les MGF en novembre 1999, à unir leurs efforts en vue de l’adoption d’un Plan d’action na-tional pour l’élimination des MGF, ayant pour objectifs de : • Promouvoir la santé reproductive (SR) . • Éliminer les MGF . • Développer l’éducation des filles dans les zones rura-

les . • Introduire dans les écoles des modules sur la SR et

les pratiques traditionnelles préjudiciables . • Intégrer les exciseuses aux efforts en vue de

l’abandon des MGF.

Le Comité national de lutte contre les pratiques tradi-tionnelles préjudiciables à la santé des femmes et des en-fants/Comité inter-africain (CONA/CI-AF), créé en 1998, est membre de l’organisation mère basée en Éthio-pie. Cette organisation non gouvernementale a élaboré un Plan d’action 1998-2000 et, en ce qui concerne les MGF, elle propose de promouvoir les activités suivantes : − Sensibilisation des communautés . − Lobbying auprès des acteurs publics importants . − Formation du personnel sanitaire et enseignant . − Recherche dans les domaines pertinents. Une des principales approches qu’elle préconise est la conception et l’exécution de rites de passage alternatifs, excluant les mutilations. Une telle approche a déjà donné de bons résultats au Kenya. Les nouveaux rites d’initiation conserveraient des éléments essentiels de la sagesse traditionnelle et du code de conduite communau-taire. Ils assureraient également l’instruction des jeunes filles sur le corps humain, sur la santé reproductive, l’hygiène personnelle, le rôle des sexes, l’empathie et l’estime de soi. Leur effet le plus important serait de faire abandonner les mutilations génitales.