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Publication du secteur culturel de la Fédération de la Gironde du PCF CET ÉTÉ NOUS AVONS QUAND MÊME DANSÉ C ’ÉTAIT AU DÉBUT JUILLET, avant que le sang ne commence à cou- ler sur les promenades de l’été. L’Eu- rope du football commençait à ranger ses crampons, nos centre-villes à retrouver leur calme et nos soirées à s’animer de concerts et spectacles. Ce soir là, sur les coteaux de Bassens, le saxophoniste guinéen Mama- dou Barry 1 était chargé de faire danser les filles, les garçons et les enfants métissés dans ce petit bout d’hexagone. Il s’y pre- nait bien, le bougre, entre deux bavardages footballistiques. Assis dans l’herbe, regardant ce peuple danser et n’apercevant pas un seul képi, pas un seul treillis à l’horizon, on imagi- nait presque que l’état d’urgence était levé. Une semaine à peine plus tard s’est passé ce que vous savez… On s’était bien dit, dans le parc bassenais, qu’il y avait là comme un air incongru à cette légèreté collective. À manifester entourés des gendarmes pen- dant six mois, à passer devant les synago- gues surveillées, à prendre des nouvelles du camarade qui avait été arrêté, on avait presque pris l’habitude de l’État policier… Il y avait de la douceur dans cette soirée de début d’été, comme certainement dans les milliers de festivals qui n’en finissent pas d’émerger dans le pays. On pensait passer l’été de fêtes de villages en concerts endia- blés. Mais la bête immonde ne l’entendait pas ainsi ; point de tranquillité, peu de légè- reté et surtout, jamais une note de musique, une réplique de théâtre ou un vers de poésie sans être inquiété. Nos amis algériens ont payé pour savoir ce qu’il en est… Non, chers experts à la petite semaine télévisée, ce n’est pas notre « mode de vie » que ces meurtriers exècrent. C’est la vie tout court qu’ils veulent anéantir ; la vie de nos communautés, joyeuses, diverses, colorées, mélangées.  « Nous serons un peuple lorsque le poète pourra faire une description érotique du ventre de la danseuse. (…) Nous serons un peuple lorsque le chanteur sera autorisé à psalmodier un verset de la sourate du rah- mân dans un mariage mixte » a écrit Mah- moud Darwich à son peuple de Palestine. SE MÉLANGER, SE RENCONTRER. Nous étions un peuple, ce soir de juillet sur les hauteurs de Bassens, et les larmes aux yeux, la boule au ventre sûrement, les musiciens ont continué de jouer tout l’été, les gens de théâtre ont usé les planches, les poètes déclamé leurs vers, les artificiers ont fait briller les yeux encore humides. Et le peuple a dansé, écouté, vibré, s’est embrassé, a pleuré et regardé les étoiles de cet été san- glant. Déjouant donc un peu, pour l’heure, les calculs des assassins, notre pays a conti- nué son joyeux été. Comment aurait-il pu en être autrement ? L’insouciance en moins, évidemment. Mais l’instinct de vie intact. Et, déjouant les calculs de ceux qui vou- laient ficher, enfermer, cliver, le peuple a continué de se mélanger, de se rencontrer. Pour l’instant… Car tout menace dans cette France meurtrie et, disons le, terrorisée. Fin juillet, nous étions avec les com- munistes bordelais sur la place Saint- Michel à nous demander « Que demande le peuple ? » et à le lui demander 2 . Beaucoup d’inquiétude se lisait sur les visages, de la désespérance aussi devant ce camp du pro- grès qui n’en finit pas de se déliter. Mais de la reconnaissance, souvent, pour ces mili- tants qui continuent d’occuper le terrain et restent à leurs côtés. Elles étaient là, les forces de résistance de notre pays. Interro- gatives, se croyant impuissantes mais tel- lement désireuses que nous sortions de ces impasses. Elles étaient là, avec la volonté de danser encore, de chanter, de rêver. À l’heure où j’écrivais ces lignes et j’espère pour longtemps, le peuple de France résistait donc encore aux divisions et à la violence. Les curés invitaient les imams à prier dans les églises et le peuple se détournait majoritairement des petites polémiques et des grandes phrases des va- t-en-guerre. Le peuple résistait donc. Mais il en faudra plus, beaucoup plus, pour éviter que d’autres bêtes immondes ressortent du bois. Il faudra de la danse, des chants, des mots et beaucoup, mais alors beaucoup, de politique. C’est l’œuvre qui attend les com- munistes et les gens de progrès en ce mois de septembre qui, comme le calendrier est bien fait, débute par la grande Fête de l’Humanité. Une fête qui réunit ceux qui peuvent décrire le ventre de la danseuse, psalmodier, et veulent prendre le temps de construire ensemble les rêves impossibles qui font avancer l’humanité. Bref, une fête qui réunit tout un peuple. Vincent BORDAS –––––––– 1. En concert le 8 juillet au Parc Beauval. 2. Des militants du PCF proposaient aux habitants du quartier la rédaction de doléances. En 1936, aux Chantiers navals de Bordeaux. N° 110. AOÛT/SEPTEMBRE/OCTOBRE 2016. 5 €

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Publication du secteur culturel de la Fédération de la Gironde du PCF

CET ÉTÉNOUS

AVONS QUAND

MÊME DANSÉ

C’ÉTAIT AU DÉBUT JUILLET, avant que le sang ne commence à cou-ler sur les promenades de l’été. L’Eu-

rope du football commençait à ranger ses crampons, nos centre-villes à retrouver leur calme et nos soirées à s’animer de concerts et spectacles. Ce soir là, sur les coteaux de Bassens, le saxophoniste guinéen Mama-dou Barry 1 était chargé de faire danser les filles, les garçons et les enfants métissés dans ce petit bout d’hexagone. Il s’y pre-nait bien, le bougre, entre deux bavardages footballistiques.

Assis dans l’herbe, regardant ce peuple danser et n’apercevant pas un seul képi, pas un seul treillis à l’horizon, on imagi-nait presque que l’état d’urgence était levé. Une semaine à peine plus tard s’est passé ce que vous savez… On s’était bien dit, dans le parc bassenais, qu’il y avait là comme un air incongru à cette légèreté collective. À manifester entourés des gendarmes pen-dant six mois, à passer devant les synago-gues surveillées, à prendre des nouvelles du camarade qui avait été arrêté, on avait presque pris l’habitude de l’État policier…

Il y avait de la douceur dans cette soirée de début d’été, comme certainement dans les milliers de festivals qui n’en finissent pas d’émerger dans le pays. On pensait passer l’été de fêtes de villages en concerts endia-blés. Mais la bête immonde ne l’entendait pas ainsi ; point de tranquillité, peu de légè-reté et surtout, jamais une note de musique, une réplique de théâtre ou un vers de poésie sans être inquiété. Nos amis algériens ont payé pour savoir ce qu’il en est…

Non, chers experts à la petite semaine télévisée, ce n’est pas notre « mode de vie » que ces meurtriers exècrent. C’est la vie tout court qu’ils veulent anéantir ; la vie de nos communautés, joyeuses, diverses, colorées, mélangées.  « Nous serons un peuple lorsque le poète pourra faire une description érotique du ventre de la danseuse. (…) Nous serons un peuple lorsque le chanteur sera autorisé à psalmodier un verset de la sourate du rah-mân dans un mariage mixte » a écrit Mah-moud Darwich à son peuple de Palestine.

SE MÉLANGER, SE RENCONTRER. Nous étions un peuple, ce soir de juillet sur les hauteurs de Bassens, et les larmes aux yeux, la boule au ventre sûrement, les musiciens ont continué de jouer tout l’été, les gens de théâtre ont usé les planches, les poètes déclamé leurs vers, les artificiers ont fait briller les yeux encore humides. Et le peuple a dansé, écouté, vibré, s’est embrassé, a pleuré et regardé les étoiles de cet été san-glant. Déjouant donc un peu, pour l’heure, les calculs des assassins, notre pays a conti-nué son joyeux été. Comment aurait-il pu en être autrement ? L’insouciance en moins, évidemment. Mais l’instinct de vie intact.

Et, déjouant les calculs de ceux qui vou-laient ficher, enfermer, cliver, le peuple a continué de se mélanger, de se rencontrer. Pour l’instant… Car tout menace dans cette France meurtrie et, disons le, terrorisée.

Fin juillet, nous étions avec les com-munistes bordelais sur la place Saint-Michel à nous demander « Que demande le peuple ? » et à le lui demander 2. Beaucoup

d’inquiétude se lisait sur les visages, de la désespérance aussi devant ce camp du pro-grès qui n’en finit pas de se déliter. Mais de la reconnaissance, souvent, pour ces mili-tants qui continuent d’occuper le terrain et restent à leurs côtés. Elles étaient là, les forces de résistance de notre pays. Interro-gatives, se croyant impuissantes mais tel-lement désireuses que nous sortions de ces impasses. Elles étaient là, avec la volonté de danser encore, de chanter, de rêver.

À l’heure où j’écrivais ces lignes et j’espère pour longtemps, le peuple de France résistait donc encore aux divisions et à la violence. Les curés invitaient les imams à prier dans les églises et le peuple se détournait majoritairement des petites polémiques et des grandes phrases des va-t-en-guerre. Le peuple résistait donc. Mais il en faudra plus, beaucoup plus, pour éviter que d’autres bêtes immondes ressortent du bois. Il faudra de la danse, des chants, des mots et beaucoup, mais alors beaucoup, de politique. C’est l’œuvre qui attend les com-munistes et les gens de progrès en ce mois de septembre qui, comme le calendrier est bien fait, débute par la grande Fête de l’Humanité. Une fête qui réunit ceux qui peuvent décrire le ventre de la danseuse, psalmodier, et veulent prendre le temps de construire ensemble les rêves impossibles qui font avancer l’humanité. Bref, une fête qui réunit tout un peuple.

Vincent BORDAS––––––––

1. En concert le 8 juillet au Parc Beauval. 2. Des militants du PCF proposaient aux habitants du quartier la rédaction de doléances.

En 1936, aux Chantiers navals de Bordeaux.

N° 110. AOÛT/SEPTEMBRE/OCTOBRE 2016. 5 €

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2 _ L’ORMÉE 110

LETTRE OUVERTE ET TARDIVE À PHILIPPE MEYERV

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ON

DE

D ANS votre émission La Prochaine fois… du 14 mai à France-Inter, Monsieur Meyer, vous avez « osé déclarer » (Jean Ferrat) qu’Aragon était la « honte de la littérature ».

Notre amie Marie-France Boireau 1, spécialiste d’Aragon et de ses rapports à l’Histoire, a réagi sur le champ ; et vous lui avez répondu sèchement, citant un extrait de Persécuté Persécuteur (1931) exaltant la police politique soviétique (Guépéou) et une déclaration d’Aragon, parue dans l’Humanité et justifiant l’intervention soviétique en Hongrie en 1956. 2

Que vous n’ayez pas trouvé mieux – ou pire ! – est proprement affligeant... Votre aménité est bien connue, votre amour pour les chansons et pour les mots paraît sans limites, mais il les a trouvées, et ce sont les limites d’une haine de classe. Une haine mûrie, pesée, raisonnée, mais une haine de classe... sans classe aucune. Aragon est mort en décembre 1982, les régimes pseudo-socialistes se sont éteints au début des années 90 pour la plupart, avec au moins le silence approbateur des peuples concernés : tout cela relève de l’Histoire. Cette histoire est encore fraîche, et douloureuse. Ses suites ne permettent pourtant pas le moindre triomphalisme, même venu des anti-communistes les plus acharnés ou les plus cohérents.

Mais Aragon ? Est-il si insupportable qu’il soit un des plus grands écrivains et poètes du xxe siècle, en même temps que communiste. Pas de chance, il partage ces deux qualités avec Paul Éluard, Pablo Neruda, Nazim Hikmet, Yannis Ritsos... Voici des « hontes de la littérature » qu’on pourrait élargir à la peinture (Picasso, Fernand Léger...), à l’architecture (Oscar Niemeyer, avec le « coucou » des deux dernières syllabes), au spectacle vivant (Antoine Vitez) ; encore laissé-je à tort sur le bas côté nombre de compagnons de route, dont Elsa Triolet ! Tous ceux-là étaient-ils communistes de cœur ou par confort, par pré-science médiatique, par mansuétude ou par bêtise ?

Franchement non. Beaucoup ont connu la prison, certains l’ont payé cher, parfois de leur vie. Ils ont souvent donné des gages, mais ils n’en ont guère réclamé, et Aragon a d’autant plus souffert de ses excès ou des catastrophes des siens qu’il se donnait à corps et âme perdus dans les combats qu’il pensait justes. Il a bien sûr eu raison de chercher l’envol avec fougue, quand bien même il s’est brûlé les ailes. Il le chantait déjà dans Le Cri du butor (1946) : C’est déjà bien assez de pouvoir un moment

Ébranler de l’épaule à sa faible manièreLa roue énorme de l’histoire dans l’ornièreQu’elle retombe après sur toi plus pesamment

Et ces vers, sévères, précédaient dans le recueil ce poème qui allait devenir une très célèbre... chanson, Maintenant que la jeunesse.

L’anar Léo Ferré a été le premier à rencontrer Aragon et à le mettre en musique, en toute liberté non seulement musicalement, mais aussi pour les textes et leur adaptation aux exigences de l’interprétation, ce dont nombre de chanteuses et de chanteurs ensuite ont usé. Et cela donne des œuvres superbes et peut superbement donner envie de lire, sans railler et sans rallier, Aragon.

Est-ce une « honte de la littérature » d’avoir fait paraître (en 1966 !) dans l’Humanité un article dénonçant la décision soviétique de condamner à 5 ans et 7 ans de goulag les écrivains Andréi Siniavski et Iouli Daniel, pour avoir publié en Occident... En tout cas, ils ont fini par être libérés.

Si Aragon avait claqué la porte et vendu sa plume au Figaro ou au Monde, ne vous l’en glorifieriez pas encore ?

Quant à l’intervention en Tchécoslovaquie en août 68 et à ses suites, faut-il – mémoire sélective – oublier qu’il la dénonça comme un « Biafra de l’esprit » ?

Il est très bête de qualifier Aragon de « honte de la littérature ». Mais, je vous l’accorde, il serait tout aussi indigent de proposer un bilan comptable sur deux colonnes, l’une positive, l’autre négative, de la vie et de l’œuvre, pour lui ou pour tout autre artiste.

Monsieur Philippe Meyer, vous persistez et signez, semble-t-il. Quels dommages, pour vous, et pour vos auditeurs… Eh bien, nous signons et nous persistons, nous autres Aragonautes, naviguant à vue, à la godille, dans cet archipel littéraire et humain aux richesses immenses, et je dis avec Aragon à chaque abordage : « Terre, terre, voici vos rades inconnues ».

Vincent TACONET––––––––

1. Marie-France Boireau, Girondine, est l’auteure de Aragon romancier de la Grande Guerre et penseur de l’Histoire (Les Presses universitaires du Septentrion, 2013).2.  Lisez donc La Folie des miens, du dessinateur à l’Huma, romancier et jadis chroniqueur sur France-Inter, je veux bien sûr dire de Jean-Pierre Chabrol.

Collage de Mustapha Boutajdine, paru dans l’Humanité du 15 décembre 2015 pour présenter

ARAGON, L’ÉCRITURE EN MAJESTÉHors série, contenant sur DVD un remarquable documentaire de Sandra Rude, Aragon un écrivain dans le siècle (105 mn). Paroles de Georges Aillaud, Olivier Barbarant, Patrick Besson, Daniel Bougnoux, Romain Ducoulombier, Jean d’Ormesson, Philippe Forest, Pierre Juquin, Bernard Lavilliers, Marc Lazar, Daniel Mesguich, Jean Ristat, Philippe Sollers, Maryse Vassivière. Hors-série de l’Humanité (15 €)

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L’ORMÉE 110 _ 3

«  L’Huma, c’est ma copine du matin, je l’attends avec impatience. Elle le sait, alors elle se fait désirer. Comme je suis

abonné, je suis puni : pas moyen de la feuil-leter avant le passage du facteur vers onze heures ! Quand elle arrive enfin, je m’ins-talle avec un petit café.

« Je commence toujours par la fin. "Cac-tus". Le dessin : Adèle, Coco, Babouse. Je ne me console pas de ne plus retrouver, de temps en temps, les petits bonshommes jaunes de Charb. Un petit coup d’œil à la citation du jour, souvent magnifique : Aimé Césaire, Victor Hugo, Paul Éluard… Tiens, je vous en propose une d’Albert Einstein : "Il y a deux infinis : l’univers et la bêtise humaine. Mais pour l’univers, j’ai des doutes !" Puis le "Bling-bling" en haut à droite : un iPhone incrusté de diamants à 11,8 millions d’euros. Hallucinant ! Le billet d’Ulrich et son ironie décontractée qui fait mouche. "Pinocchio". Le menteur, aujourd’hui, c’est Julien Dray, avec qui j’étais plutôt copain dans le temps : "François Hol-lande a protégé notre modèle social. C’est un bon président." Julien, tu devrais renon-cer aux drogues dures ! J’arrête là, mais cette page est une petite merveille quotidienne, une savoureuse mise en bouche.

« Je peux maintenant remonter en zigzag la pente douce de mon quotidien préféré. Tiens, voyons dans quel merdier infernal s’est encore fourré mon copain Pierre Bar-bancey, l’un des meilleurs reporters de toute la presse nationale. Et le plus dingue !

«  Puis un petit détour par les pages culturelles, toujours très riches. Comment se fait-il que des grandes plumes comme Émile Breton, véritable érudit du cinéma mondial, ou Jean-Pierre Léonardini, extra-ordinaire passionné de théâtre, ne soient

jamais invitées dans les débats radio ou télé aux côtés du spécia-liste du Figaro, qui, lui, ne manque jamais à l’appel ? De même Jean Roy ou Dominique Widemann ? Dans tous les domaines il y a de grandes pointures à l’Huma. Dans les rubriques média, par exemple. La rubrique sociale, la plus riche de toute la presse fran-çaise (Thomas Lemahieu). Les éditos : Ducoin, Paule Masson, etc.1 Puis la poli-tique, l’international, selon mon humeur ou selon l’info du jour.

« Cela n’a pas toujours été le cas mais les débats pluralistes sont presque quotidiens dans l’Huma. Aucun journal ne fait autant appel aux écrivains (la rubrique de Taillan-dier), aux philosophes (Cynthia Fleury), aux scientifiques, aux universitaires. Aucun journal ne défend aussi fidèlement les réfu-giés, les travailleurs sans papiers, les parias de notre société de plus en plus inégalitaire.

« J’apprécie beaucoup, par ailleurs, que le PC ait son encart hebdomadaire bien

séparé du domaine des journalistes. Bien sûr, il m’arrive de piquer ma mouche à la lecture d’un article manquant de recul ou de pertinence, mais il n’est plus temps de faire la fine bouche, il y a urgence absolue : il faut sauver l’Huma à tout prix et se battre pour l’améliorer encore. Je ne supporte-rais pas que l’on me prive injustement du grand plaisir de la lire et du petit plaisir de lui chercher des poux dans la tête et de me chamailler avec elle chaque matin, tout seul dans mon coin. L’Huma, c’est ma copine. Bas les pattes !

« Je vous aime tous. Avec mes amitiés. »Marcel TRILLAT

––––––––1. Pardon pour tous ceux et celles que je ne cite pas.

ILS, ELLES DÉFENDENT L’HUMANITÉ

Plus qu’une institution, l’Humanité est un phare dans l’histoire politique, sociale et médiatique de notre pays. Qu’il faut soutenir et diffuser. C’est l’un des grands défis de la presse écrite « libre » qu’il faut relever, comme l’assume Marcel Trillat.

Cet article est paru dans l’Humanité du mardi 7 juin 2016. Notre ami Marcel Trillat, jour-naliste et documentariste, n’est pas girondin, mais Femmes précaires, son superbe et émouvant documentaire, doit beaucoup aux terres, aux villes et aux femmes de Gironde. En 2015, il a animé autour de la radio et des luttes un débat aux Colonnes de Blanquefort. Par trois fois (2005, 2006 et 2016), il a présenté ses films aux Rencontres Utopia-Espaces Marx « La Classe ouvrière c’est pas du cinéma ». Vous l’avez sans doute rencontré dans Uzeste et ses environs si vous fréquentez en août l’Hestejada de las arts…

La UNE du premier numéro de l’Huma, le 18 avril 1904.

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4 _ L’ORMÉE 110

Au cœur de cet été morose, l’Hestejada de las arts uzestoise est apparue comme une oasis réconfortante pour celles et ceux qui refusent ce que Spinoza appelait les passions tristes. Du 14 au 20 août, le lien fort entre concerts, théâtre, cinéma, conférences et débats… était l’exigence d’une création de qualité rejoignant des perspectives de luttes et de libération sociale. J’ai témoigné de la permanence de ces engagements auprès de chercheurs et d’étudiants de Paris VIII qui menaient, en immersion, une étude sociologique sur les festivaliers. Édouard Glissant aurait aimé ce pont transartistique entre la Martinique et Uzeste du Caraïbe Jazzcogne Freedom Unit et cette recherche de créolisation culturelle qui offre de beaux horizons. Le festival, qui aura quarante ans en 2017, doit continuer de s’affirmer comme un front culturel de résistance populaire… Quelque chose me dit que nous aurons besoin de culture et d’esprit de résistance dans l’année à venir !

Christian POURTY

LES PROMESSES D’UZESTE

Swimming in the b(l)ouse. Une œuvre collective éphémère à base de la terre extraite du lieu (le ruisseau du village à Uzeste) réalisée pendant toute la semaine précédant l’Hestejada lors d’un atelier conduit par Gérald Guérin et Philippe Richert (Association prise de Terre).

Traîne pas trop sous la pluie. Bernard Lubat et Richard Bohringer,l’homme qui boxe avec ses souvenirs.

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L’heure de lecture.Tous les jours à 10h30 au patio de

l’Estaminet, Martine Amanieu a proposé à l’écoute

des textes de Albert Camus, Lydie Dattas, Philippe Jaccottet, Julio

Cortazar, Ivo Andrich, Charles Juliet…

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L’ORMÉE 110 _ 5

Au cœur de cet été morose, l’Hestejada de las arts uzestoise est apparue comme une oasis réconfortante pour celles et ceux qui refusent ce que Spinoza appelait les passions tristes. Du 14 au 20 août, le lien fort entre concerts, théâtre, cinéma, conférences et débats… était l’exigence d’une création de qualité rejoignant des perspectives de luttes et de libération sociale. J’ai témoigné de la permanence de ces engagements auprès de chercheurs et d’étudiants de Paris VIII qui menaient, en immersion, une étude sociologique sur les festivaliers. Édouard Glissant aurait aimé ce pont transartistique entre la Martinique et Uzeste du Caraïbe Jazzcogne Freedom Unit et cette recherche de créolisation culturelle qui offre de beaux horizons. Le festival, qui aura quarante ans en 2017, doit continuer de s’affirmer comme un front culturel de résistance populaire… Quelque chose me dit que nous aurons besoin de culture et d’esprit de résistance dans l’année à venir !

Christian POURTY

LES PROMESSES D’UZESTE

V OILÀ DES ANNÉES que j’écoute Michel Macias, en concert, petit ou grand, en solo ou avec ses comparses,

là où il se produit, là où il peut insuffler de la joie et de la vie. Il faut être attentif au jeu de cet artiste, avec son air de « je vais vous jouer un petit air entraînant… et occitan », mais qui est plutôt virevoltant voire « vir-tuosant ». Parce que c’est un sacré musicien qui peut jouer une biguine et enchaîner par du Bach... à l’accordéon. Et quand il joue comme ça, on sent qu’il est toujours un peu plus proche des gens et reste, pour tous, « concertant ».

Michel Macias conçoit son art avec le public, élevé musicalement qu’il fut dans l’esprit des bals populaires des années 1970-80. Et ces baloches, il y en avait tant alors dans son Lot-et-Garonne natal et familial.

Si sa pratique s’est enrichie du swing gascon, c’est peut-être au contact de Lubat and co, de cette sphère de musiciens gravi-tant dans un grand Sud-Ouest et puisant au jazz&blues, des Pyrénées jusqu’aux Landes uzestoises. Il y a découvert feu, tout feu, Eddy Louiss ou encore Victor Azzola, déjà virtuoses du clavier… et il s’est engagé dans leurs pas. Des pas qui l’ont conduit encore vers la 39e Hestejada, cet été, dans les bois, et à l’église, pour que vive l’accordéon chro-matique, près du maître et compère Lubat.

Mais avant, il fallait aussi voir Michel, en « quartet » comme on dit, faire vibrer une autre « fest » et clore le festival estival des Arts de la rue de Libourne. La fête fut belle, la soirée endiablée par cette musique venue de partout et si dansante qu’on en oublie les lourdes menaces qui ont plombé

voire dézingué le calendrier de bien des festivités. Mais cet été, nous avons quand même dansé, hé !

En attendant 1, écoutons, recherchons ce/son dernier opus, il y montre l’éten-due de son « savoir jouer » pour tous et

avec tous. Je l’avais découvert, à Libourne encore, en ouverture de saison théâtrale au Libournia, voilà quelque mois... On ne pouvait valser ce soir là, peut-être médusé par une « accordeonesque » Sarabande de Bach magistralement offerte à nos oreilles in-averties. Michel Macias avouait en fin de concert qu’il lui fallait de la concentra-tion pour maîtriser ce monument de l’art baroque. Certes, et la modestie en plus, une façon de faire qui ne peut que nous inciter à suivre ce baladin au fil de son parcours hors les sentiers commerciaux, hors de la « société du spectacle » médiatique et à fric.

Emmanuel FARGEAUT––––––––

1. Daqui, label des Nuits atypiques (Harmonia Mundi).

MACIAS, DE LIBOURNE À UZESTE

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6 _ L’ORMÉE 110

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TUTTI QUANTIL’ÉLITISME POUR TOUS

L A PREMIÈRE de cette initiative musicale, organisée avec le soutien de la Fondation Orange, aurait dû se

tenir l’an dernier, en plein air, devant le Grand-Théâtre de Bordeaux. Pour cause de menace d’orage, musiciens, choristes et public s’étaient repliés à l’Auditorium tout proche.

Personne ne s’en est plaint, tant ce lieu est une merveille d’architecture et d’acous-tique, hormis les centaines de personnes n’ayant pu assister au concert malgré les deux séances proposées…, et surtout pas les intervenants, enchantés de «  redou-bler » l’Ode à la joie, ce final de la 9e Sym-phonie de Beethoven ! Il y avait là l’ONBA et son chœur, de nombreux groupes vocaux

amateurs, jeunes et moins jeunes, et le public invité à reprendre le thème princi-pal. Tout ce monde – tutti quanti – préparé, chapitré et dirigé par Paul Daniel, directeur musical de l’ONBA depuis trois ans.

On a déjà dit ici tout l’intérêt de la ren-contre entre professionnels et amateurs, dont chacun tire profit, toute l’urgence à ouvrir la musique au public le plus large avec un positionnement ambitieux  : l’éli-tisme pour tous. C’est l’esprit qui prévaut pour l’opération « Tutti ! »

Succès en 2015, ce pari a été plébiscité cette année, le 2 juillet. Pour cette deuxième édition, treize chorales amateurs, essen-tiellement de Gironde, s’étaient préparées depuis plusieurs semaines pour chanter

des « tubes » de la musique classique. Après une Colonelle la semaine précédente ani-mée par Alexis Duffaure, chef du Grand Chœur du Conservatoire de Bordeaux, et une Générale supervisée par Paul Daniel le jour même, le public a pu investir l’Audito-rium face au chœur et à l’orchestre. Cette fois, point de tee-shirts orange pour distin-guer amateurs et pros tout en noir : tenues noir et blanc pour les officiants… et public en civil ! Face à ce dernier, un écran promp-teur lui permettant de suivre les paroles et de chanter, au signal, à l’unisson du chœur.

L’orchestre s’accorde ; salut du Premier violon  ; Paul Daniel s’avance  ; les acteurs sont debout… La magie commence par l’Ouverture enlevée du Carmen de Georges

Pour la Chorale des Amis de l’Ormée, le dernier dimanche de juin fut un jour de fête teinté de mélancolie. Pour-

tant, nous avions tout lieu d’être satisfaitEs puisque l’assemblée générale de la chorale avait fait le bilan d’une année riche en pres-tations et concerts. Sauf que nous savions que nous voyions Claire Baudouin pour la dernière fois en tant que « cheffe » de notre groupe vocal.

Comme à chacun de nos dimanches de répétition (trois dans l’année !), nous avions prévu de partager ensuite le repas à la manière de l’auberge espagnole. À en juger par tout ce qui encombrait les tables, on était plus près de l’abondance de l’Escorial que de la frugalité d’une ferme de la Mancha ! Une profusion exceptionnelle toutefois  :

nous voulions faire la Fête à Claire… et ce fut une belle fête ! Méritée !

Chaque choriste a dit au cours de la journée tout ce que nous devons à Claire depuis qu’elle a pris, voici quatre ans, la direction de la Chorale des Amis de

L’Ormée. Elle nous a redonné le goût du chant, la joie d’être ensemble, le bonheur de partager la musique avec les publics les plus divers : concerts classiques, cabarets, pres-tations solidaires…

Nous savions toutes et tous que ce moment arriverait ; celui où elle nous dirait qu’elle ne pouvait continuer à mener tous les fronts à la fois, qu’elle devait penser à sa carrière de soprano soliste. Nous, qui avons profité de sa voix merveilleuse, nous ne pouvons que nous réjouir qu’elle privilégie le métier qu’elle a choisi depuis toujours.

Avant le repas, nos chants, témoins de la complicité qui nous a réunis pendant quatre ans, ont résonné pour lui dire toute notre admiration et exprimer notre ami-tié. Claire, flambeau du monde  : même

Jean-Philippe Rameau l’avait composé par anticipation !

Bonne chance, Claire… et bienvenue à Elizabeth Pétillot, notre nouvelle cheffe de chœur. Originaire des États-Unis, en France depuis deux ans, Elizabeth n’est plus une inconnue en Gironde. Déjà, ses talents de chef et d’alto soliste ont marqué les mélomanes avertis. Elle est à la tête de plusieurs groupes vocaux, et enseigne le chant à l’école de musique de Floirac.

Le plaisir d’être ensemble. Notre cho-rale, qui vient passer le cap des vingt ans, va donc poursuivre sa route avec Elizabeth et le positionnement de toujours : ne rien s’in-terdire en matière de musique et de chant, le profane comme le sacré, les chants tradi-tionnels comme les chants de lutte.

Son fonctionnement reste le même. En continu, des chants populaires pour les prestations qu’on nous réclame : des chants de marins en décembre pour Pucéart. Nous donnerons une œuvre classique, qui reste à définir, au printemps 2017. Le thème du prochain Cabaret, en 2018, rapprochera sans doute femme et avenir.

LES AMIS DE L’ORMÉELE SERMENT

Elizabeth Pétillot, nouvelle cheffe de chœur de la Chorale des Amis de L’Ormée.

Paul Daniel, directeur musical

de l’ONBA.

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L’ORMÉE 110 _ 7

ALVA-CARCÉ, Complot et agression contre la République et le peuple espagnols (1936-1939)

Après la lecture de cet ouvrage, com-ment peut-on encore qualifier de « guerre civile » la période 1936-1939 en Espagne ? Pourtant certains journalistes ou histo-riens, superficiels ou affligés de myopie idéologique, persistent à réduire la Guerre d’Espagne à un affrontement entre républi-cains et nationalistes conduits par Franco. Alva-Carcé rappelle que le « soulèvement » du 17 juillet 1936 n’aurait pas eu la moindre chance d’aboutir sans l’implication mas-sive, dès le début, de l’Allemagne nazie et de l’Italie fasciste, sans la politique de « non-intervention  » des démocraties occiden-tales, mauvaise farce et véritable trahison.

De la fin de la monarchie en avril 1931 au déclenchement de la guerre, l’auteur pré-sente un panorama précis des forces sociales et politiques en présence, sur fond de bouil-lonnement des luttes de classes… Il met l’accent sur les avancées sociales, sociétales et démocratiques des premières années de la Deuxième République. Pas de surprise donc si, d’emblée, clergé, armée, et grands possédants se sont coalisés pour la com-battre. La victoire du Front Populaire en février 1936 leur fut insupportable.

La question d’une certaine naïveté ou

mansuétude des dirigeants républicains quant à la fidélité des droites et au loyalisme des généraux n’est pas éludée : coup d’État de Sanjurjo en 1932, condamné puis gracié, répression de la Révolution des Asturies en 1934, par Franco notamment…, prépara-tifs connus du coup d’État.

La présentation des épisodes de la résistance héroïque du peuple espagnol est plutôt originale, rythmée par l’analyse des principales batailles, de la Défense de Madrid au Passage de l’Ebre. On sait que, malgré le formidable élan de solida-rité culminant avec les Brigades interna-tionales, malgré le soutien de pays comme l’URSS et le Mexique, la République espagnole fut vaincue. On sait aussi que la guerre froide, après la victoire des Alliés, a permis à Franco d’imposer quarante ans de souffrances au peuple espagnol.

Quoi qu’il en soit, la légitimité de la Deuxième République justifie le combat mené actuellement, en Espagne et au-delà, pour une vérité longtemps occultée : les massacres et les fosses communes du franquisme. Ce livre, extrêmement docu-menté, permet de dépasser tous les clichés et approximations qui subsistaient ici ou là sur une guerre qui fut, dans tous ses aspects, le prélude à la Deuxième guerre mondiale.Fidélis Éditions, Le Bouscat, 2014, 19 €. J.-J. C.

Sylvie NONY, Les Variations du mouvement. Abu al-Baraka t, un physicien à Bagdad (VIe/XIIe siècle)

Sur l’espace et le tempsPourquoi la pierre lancée en l’air poursuit-elle son mouvement loin de la main

du lanceur ? Pourquoi ralentit-elle pour accélérer ensuite ? Ce mouvement serait-il possible dans le vide infini ? S’arrête-t-il un temps, en haut de la trajectoire ? Depuis l’Antiquité, les interprétations de ce mouvement ont suscité des discus-sions passionnées, et la controverse est encore vivante lorsqu’un philosophe juif, médecin du calife de Bagdad, Abū al-Barakāt (m. 1152), en renouvelle l’approche.

Le présent ouvrage nous guide dans un réseau complexe de textes abordant les notions d’espace, de vide, de temps, d’infini, de continu et met en lumière les apports de la physique médiévale arabe. L’auteur interroge la nature des filtres qui ont empêché jusque là d’en restituer toute la portée. L’histoire des sciences, parfois obnubilée par la recherche des continuités, peine à identifier les inventions audacieuses lorsque celles-ci ne semblent pas aller dans le sens de l’histoire. Institut français d’archéologie orientale, 2016, 27 €

NOTE

S DE

LECT

URE

La chorale a reçu de nouveaux ren-forts au cours de l’année écoulée mais elle cherche toujours à s’étoffer. Rappelons qu’elle accueille les choristes débutants aussi bien que les pratiquants de longue date. Et qu’elle a les moyens de vous faire chanter (!) grâce à tous les outils mis à disposition  : enregistrements et supports divers. Le pré-ambule de ses statuts le souligne  :  « Elle fait une large place au plaisir d’être et de construire ensemble ; elle veille à ne poser aucun préalable d’ordre musical ou finan-cier à la participation des choristes. »

La Chorale des Amis de L’Ormée continue donc son chemin. Nous le devons à sa fondatrice, Michelle Cérentola, aux cheffes et chefs qui ont assuré sa succession, et à nos publics.

J.-J. C.Les répétitions ont lieu chaque mercredi, de 20 h à 22 h,à l’École de musique de FLOIRAC. Mais la rentrée se fera au siège du SPF, 95 quai de Paludate à Bordeaux,le mercredi 7 septembre, à 20 h.Renseignements au 06 32 40 74 10.

Bizet. Une entrée en matière à couper le souffle ! Suit l’air de bravoure d’Escamillo, interprété magistralement par le baryton David Ortega. L’Ouverture de La Force du destin de Guiseppe Verdi a été le moment le plus poignant, à mon sens, particuliè-rement la deuxième interprétation. Autre moment fort, le Chœur des esclaves de Nabucco où les inflexions commandées par Paul Daniel ont été parfaitement suivies. Le concert s’achève sur le Hallelujah final du Messie de Haendel, puissamment scandé par des choristes aux anges.

Près de deux mille spectateurs ont pu gratuitement assister à ces deux représen-tations successives sans faire cette fois de déçus, les places devant être réservées à l’avance. Un public ravi, si on en juge par les nombreux rappels et les reprises exigées. Chaque fois, Paul Daniel a tenu à partager les ovations avec les chefs des différents groupes, Salvatore Caputo, chef du chœur de l’ONBA, Alexis Duffaure, coordina-teur des chœurs amateurs Tutti, et David Ortega jouant le toréador en queue de pie.

Comme Paul Daniel a pu le dire, ce lieu et cette musique sont notre patrimoine commun. Alors souhaitons que le proverbe ne mente pas qui dit : « Jamais deux sans trois. » On en redemande  !

Jean-Jacques CRESPO

DU CHŒUR

L’Italie fasciste et l’Allemagne naziecontre l’Espagne républicaine

Alexandre FERNANDEZ, Le Mexique des insoumis. La grande révolution de 1910

Un grand mouvement populaireDes cavaliers, des sombreros, des cartouchières, la mort partout – celle que l’on donne et celle que l’on reçoit… Toute une imagerie forgée par le cinéma et les arts popu-laires. Pittoresque et romantique, la Révolution mexicaine reste cependant largement méconnue : on en ignore généralement les causes, le déroulement et les implications sociales. Or cette séquence qui dura plus de dix ans, de 1910 à 1920, compte parmi les plus importantes de l’histoire contemporaine de l’Amérique latine ; ses répercussions se font encore sentir dans la tragédie que connaît actuellement le pays, où règne un chaos politique sans précédent.

Un récit alerte et minutieux, où l’on retrouvera aussi bien Zapata et Pancho Villa que les milliers d’insurgés anonymes, forces vives de ce grand mouvement populaire. Vendémiaire Éditions, 2015, 20 €

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POUR NOUS CONTACTER

[email protected]

L’OrméePublication du secteur culturelde la Fédération de la Gironde du PCF.15, rue Furtado - 33800 Bordeaux - 05 56 91 45 06Directeur de la publication, Michel Dubertrand.Rédacteur en chef, Emmanuel Fargeaut.Vente au numéro, 5 euros.Abonnements - 1 an : 15 euros soutien : 25 euros, 50 euros.Tirage 3 000 exemplaires.Composition et impressionLes Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest15, rue Furtado - 33800 BordeauxCPPAP n° 0718 P 11493

L’Ormée15, rue Furtado 33800 Bordeaux

DÉPOSÉ LE 02.09. 2016

Dispensé de timbrageBORDEAUX MERIADECK

P R E S S EDISTRIBUÉE PAR

ÉDITO. Cet été, nous avons quand même dansé, Vincent Bordas 1

VISION DU MONDE. Lettre ouverte et tardive à Philippe Meyer,

Vincent Taconet 2Ils, elles défendent l’Humanité, Marcel Trillat 3ŒUVRIERS.Les promesses d’Uzeste, Christian Pourty 4Michel Macias, de Libourne à Uzeste,

Emmanuel Fargeaut 5CRÉATEURS AUSSI.Tutti quanti, l’élitisme pour tous

Jean-Jacques Crespo 6/7Les Amis de l’Ormée, Le serment

du chœur, J.-J. C. 6/7NOTES DE LECTURE. 7

Sylvie Nony, Un physicien à BagdadAlexandre Fernandez, Le Mexique des insoumisAlva-Carcé, Contre la République et le peuple espagnol, J.-J. C.

CHOIX DE L’ORMÉE. 8

n° 110

CHOIXDE L’ORMÉERENCONTRESESPACES-MARXLA MACHINE À LIREÀ partir de cette rentrée,

ces rencontres prendront leurs quartierssalle de LA MACHINE À MUSIQUE 13/15 rue du Parlement-Sainte-Catherine,Bordeaux

Jeudi 22 septembre à 18 h 30avecJean-Marie HARRIBEY, Vanessa OLTRA, auteure de la pièce Adam Smith, Le Grand Tour, et Gérard DAVID, qui l’a mise en scène, présentent Les Lumières d’Adam Smith, la philosophie et l’économie en scène, reprise de la pièce, analysée et com-mentée par sept universitaires (Éditions Le Bord de l’eau, 2016, 16,50 €).

Jeudi 27 octobre à 18 h 30avec Pascal CHARBONNAT, Les Inégalités économiques et leurs croyances. Analyse de cinq chimères mentales, diversement intériorisées par les individus désireux d’en finir avec les inégalités économiques. (ÉditionsMatériologiques, 2016, 15 €)

PROJECTIONS-DÉBATSÀ L’UTOPIAPlace Camille Jullian, Bordeaux

Mardi 4 octobre à 20 h 30avec les Rencontres Espaces-Marx / La Classe ouvrière c’est pas du cinémaLa Sociale, Vive la Sécu, de Gilles PERRET, en avant-première et en présence du réalisateur. L’histoire d’une longue lutte vers la dignité qui dresse, en parallèle, le portrait d’un homme, Ambroise Croizat, et celui d’une institution incarnée par ses acteurs du quotidien. Documentaire, 84 mn, Rouge Productions.

Jeudi 6 octobre à 20 h 30Ayotzinapa, Chronique d’un crime d’État, de Xavier ROBLÈS MOLINA.Documentaire, Mexique, 101 mn, Vostf. Débat animé par Françoise ESCARPIT, journaliste, et Françoise LESTAGE, direc-trice du Centre d’études mexicaines et centro-américaines (CEMCA) à Mexico.La projection a lieu dans le cadre du colloque organisé par l’Université Bordeaux Montaigne « Amérique : oubli(s) et abandon » (6 et 7/10).

aGiTpour Gilbert TiberghienJeudi 17 novembre à 20 h 30 Théâtre Jean Vilar - EYSINES

Ce film de Yvan BLANLOEIL, réalisé avec la collaboration de Michelle Ferrière et de Guy Lenoir, est un montage hors chronologie d’archives et de témoignages de compagnons de route de l’ami Tiber.

12,50 € / Réduit 10 € / Carte culture 5 € Cette carte blanche-invitation de Éric CHEVANCE se prolongera au cours de la saison 2016/2017 (voir le programme d’Eysines).

Après Les Jours heureux, sorti en 2014 , Gilles Peret

raconte l’histoire de la Sécurité sociale,

d’où elle vient, ce qu’elle est devenue

et ce qu’elle pourrait devenir. Une histoire

qui nous concerne tous.Sortie nationale

le 9 novembre 2016