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l’histoire Journal d’information semestriel des archives départementales
N°4
DÉPARTEMENT DU MORBIHAN
Édito
En ce début d’année 2015, je souhaite en premier lieu vous adresser à toutes et à tous mes meilleurs vœux. Après avoir fêté les 20 ans de l’ouverture de leur bâtiment, le Département a renouvelé les conditions d’accueil du public en salle de lecture et sur internet.
Avec la mise en ligne du nouveau site internet début septembre, l’ouverture de la salle de lecture réaménagée le 27 octobre dernier et enfi n le rafraîchissement des espaces verts en décembre, on peut dire que les Archives se sont modernisées en 2014. Cet effort doit se prolonger en 2015, avec pour objectif de proposer un service toujours plus adapté et performant aux Morbihannaises et aux Morbihannais.
2014 a également été l’année de la commémoration du centenaire de l’année 1914 avec, entre autres, la magnifi que exposition consacrée aux Morbihannais dans la guerre 14-18 présentée jusqu’en juin 2015. Ce travail de mémoire est indispensable et je suis heureux du succès qu’il rencontre, notamment auprès des scolaires, dont le rôle dans la transmission de ce souvenir est absolument essentiel.
Encore une fois, ces actions de commémoration se prolongeront en 2015 avec la mise en ligne de l’ensemble des registres matricules des combattants morbihannais de la Grande Guerre et la mise à disposition, après un travail de classement long et souvent complexe, de nombreux fonds d’archives relatifs à cette période. En attendant ces réalisations, j’ai le plaisir de vous présenter ce nouveau numéro des Coulisses de l’Histoire en compagnie duquel vous passerez je l’espère un agréable moment, plein de surprises et de découvertes.
2/12
Le Président du Conseil départemental
Sommaire Édito........................................
La numérisation, une solution d’avenir....................................
Les archives de Malestroit,cité millénaire...........................
Les poches de Lorient et de Saint-Nazaire.......................
Les Coulisses de l’histoire, journal d’information. N°4 - Janvier/juin 2015. Publication des Archives départementales du Morbihan. 80 rue des Vénètes. CS 52405. 56010 Vannes Cedex. Directeur de la publication : François Goulard. Directeur de la rédaction : Florent Lenègre. Rédacteur en chef : Bénédicte Piveteau. Rédaction : Florent Lenègre, Maud Sallansonnet, Michelle Ruz-le-Badézet, Bénédicte Piveteau, Marie Thouvenot. Réalisation graphique : Gwénaëlle Delsaut. Impression : Imprimerie départementale. Tirage : 5 000 exemplaires – ISSN 2274-1062 - Janvier 2015. Pour tout contact : [email protected]
Illustration de la couverture : Salle de lecture. © Gwénaëlle Delsaut
D comme instruction publique.....
Les élèves à l’épreuve de l’exercice public......................................
Le coin du paléographe.............
Actualités................................
Journal d’information des Archives départementales du Morbihan
p. 4
p. 2
p. 3
p. 6
p. 8
p. 9
p. 10
p. 11
Depuis le milieu des années 1950, les Archives départementales mènent une
politique de reproduction de certaines de leurs collections, sous forme de microfi lms d’abord, d’images numériques ensuite. La première raison qui sous-tend cette politique est de préserver les documents de la menace que fait peser sur eux la très grande fréquence dans leur consultation. La seconde, plus récente, vient de la volonté de les diffuser auprès du plus grand nombre, en recourant aux nouvelles technologies.
C’est l’état civil qui a le premier bénéfi cié de cette politique, les registres antérieurs à 1800 pour commencer. Déjà dupliqués sur microfi lms, ce sont leurs bobines qui ont été numérisées à partir de 1998. Viennent ensuite les actes du 19e siècle et du début du 20e siècle, numérisés en plusieurs phases qui s’échelonnent de 2002 à 2010, à partir de bobines ou de registres originaux. Ainsi, depuis 2010, la quasi-totalité des actes d’état civil et des tables décennales conservés aux Archives départementales, soit environ deux millions d’images, est accessible sur Internet.Les titres de presse parus dans le département entre le milieu du 19e siècle et la fi n de la seconde guerre mondiale ont fait l’objet de la même attention. Microfi lmés puis numérisés entre 1997 et 2003, 181 titres ont ainsi été mis en ligne en décembre 2007 ; ils représentent environ 390 000 pages.En 2007-2008, ce sont les plans du cadastre ancien (1802-1901), soit 6 240 planches de grand format, qui sont reproduits en couleurs et également mis en ligne.Dernière collection concernée par ce type d’opération, toujours en cours : les registres de recensement militaire des classes 1867-1921. Entre 2010 et 2013 ont été reproduits les registres des classes 1867-1912 ; ils sont actuellement consultables en ligne. Ceux des
classes 1913-1921 seront mis en ligne en 2015. Ces campagnes importantes ont été confi ées à des prestataires extérieurs.Le travail préparatoire a mobilisé d’importantes ressources au sein du service : estimation des vues, restauration, reconditionnement, préparation et suivi des prestations. Sans compter, en fi n d’opération, le contrôle des fi chiers produits et les travaux nécessaires à la mise en ligne.Parallèlement, depuis quelques années, le service a mené en interne une campagne de numérisation de documents petit format issus des fonds iconographiques : photographies, plaques de verres, cartes postales.Cette campagne va s’intensifi er prochainement du fait de l’acquisition d’un nouveau matériel qui permet de traiter les registres et documents grand format.
En coulisses
La numérisation, une solution d’avenir
Scanner à grand format. © Michel Frélézaux
Journal d’information des Archives départementales du Morbihan4/12
Zoom sur
Parmi les 261 communes du Morbihan, Malestroit renferme un riche patrimoine
architectural et archivistique témoin pres-tigieux du passé historique de cette cité millénaire dont les origines remontent à la construction d’un château féodal sur l’îlot de la Sauldraye en 987.
Avec huit mètres linéaires, le fonds malestroyen déposé aux Archives départementales se distingue par sa richesse documentaire qui se déploie sur plus de quatre siècles de l’Ancien Régime à la période contemporaine. Les registres paroissiaux représentent 1,25 ml dont le plus ancien est un registre des mariages de 1579. Outre les actes de baptême, mariage et sépulture, les prêtres consignent des événements peu ordinaires comme la présence de troupes de comédiens, ou encore la protestation des prêtres insermentés à la constitution civile du clergé le 5 juin 1791. Des publications de mariage et des tables décennales de 1792 à l’an X complètent cette collection.
Les archives anciennes constituent la principale richesse de ce fonds. À travers les délibérations de la communauté de ville (1697-1789), le lecteur découvre les répercussions des événements politiques et militaires sur les institutions, la vie quotidienne des habitants, l’économie et le commerce. Plus particulièrement, l’agitation politique de la fi n d’Ancien Régime et de la Révolution occupe une place importante à laquelle les édiles malestroyens participent activement. L’exploitation des apprécis
des grains et des mercuriales éclaire l’origine des émeutes frumentaires qui troublent l’ordre public. L’envolée du prix du pain et des denrées provoque la révolte des femmes confrontées aux diffi cultés pour assurer la subsistance de leur famille.
Les documents fi nanciers et fi scaux sont également nombreux ainsi que les dossiers de travaux de construction et d’aménagement des voies et des édifi ces publics.Les archives modernes sont plus nombreuses et variées. Sur le plan de l’administration générale, les registres de délibérations du conseil municipal (1791-1963) succèdent aux registres de la communauté de ville 1. Le dossier de police générale de la période révolutionnaire (1790 - an III) relate notamment l’affaire du Pré-clos (1791), la destruction des titres féodaux (an II), le transfert de l’administration et du tribunal de Rochefort-en-Terre à Malestroit (1793)
Acte de sépulture du 9 septembre 1781 de Marie Lefranc décédée à l’âge de 123 ans. Archives départementales du Morbihan, 3 E 124/15
Les archives de Malestroit,cité millénaire
1 Toutefois, le changement des institutions à la Révolution s’inscrit dans la continuité puisque le procès-verbal de la première municipalité élue le 3 février 1790 fi gure à la suite des délibérations de la communauté de ville, les dates extrêmes du registre allant du 23 mars 1789 au 16 janvier 1791
Bourg de Malestroit. Archives départementales du Morbihan, 9 Fi 164
soulignant ainsi l’importance stratégique de cette commune républicaine et révolutionnaire, chef-lieu d’un canton rural.Les recensements de la population (1831-1954), les recensements militaires (an VIII-1950), les documents fi scaux (an II-1964), budgétaires
(an IX-1912), électoraux (1808-1962) et agricoles (1817-1953) forment des ensembles sériels importants.
Les archives relatives à la première et deuxième guerre mondiale concernent les mesures d’exception, le ravitaillement, les réquisitions, les réfugiés. Les agendas des années 1943 à 1947 revêtent un intérêt majeur au vu des faits consignés. Enfi n, les documents du corps des sapeurs pompiers relatifs à sa création, son fonctionnement administratif, sa gestion fi nancière et budgétaire, ses équipements, constituent un ensemble très intéressant (1841-1960).
Aujourd’hui, en arpentant le cœur de la cité médiévale à proximité de la place du Bouffay, les maisons à colombages ornées de leurs sculptures « du Pélican ou de la Truie qui fi le » témoignent de son riche passé. Pour le découvrir, il reste au chercheur à explorer et étudier ces archives afi n d’appréhender l’histoire passionnante et attachante de cette commune pleine de charme.
Plan d’alignement de Malestroit. Archives départementales du Morbihan, 3 Es 124/176
Défi nition héraldique des armoiries :
De gueules à neuf besants d’or 3, 3 et 3.La devise inscrite au fronton de l’Hôtel de ville « Quae numerat nummos non est male stricta domus » peut être traduite par « le domaine qui compte (ses besans) n’est pas Malestroit » ou « Maison riche d’écus ne grince jamais ».
Témoignage du passage de résistants incarcérés dans une pièce des combles de la mairie durant la seconde guerre mondiale.
© Michelle Ruz-Le-Badézet
Journal d’information des Archives départementales du Morbihan
es combats de la libération du Morbihan en août 1944 maintiennent deux poches
de résistance allemande : l’une à l’ouest et l’autre à l’est du Morbihan. Ces deux enclaves persistent pendant près de neuf mois, alors que le reste du territoire français se libère peu à peu.
Les forces en présenceLe nombre de soldats allemands s’élève à environ 26 000 hommes dans la poche de Lorient et à 28 000 dans celle de Saint-Nazaire. Des fossés antichars et des champs de mines sont installés
Les poches de Lorient et de Saint-Nazaire
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Petites et grandes histoires
HouatBelle-Île
Loire-Inférieure
ErdevenCrach Arradon
BadenCarnac
Séné
Ambon
Le Hézo
St-Gildas
Arzon
Locmariaquer
Larmor-BadenSt-PhilibertLa Trinité-sur-Mer
St-Pierre
Quiberon
St-Armel
Plouharnel
Ploeren
Sarzeau
Groix
Sauzon
BangorLocmaria
Le Palais
Hoëdic
Île-aux-Moines
Île-d'Arz
Mohon
Ménéac
St-Brieuc-de-Mauron
Brignac
TaupontHelléan
Elven
Cruguel
Guégon
Trédion
Sérent
Lizio
St-Servant-sur-Oust
St-Guyomard
Le Cours
Pleucadeuc
MolacLarré
La Vraie-Croix
Sulniac Questembert
Pluherlin
Ploërmel
JosselinGourhel
Caro
RuffiacMissiriac
Augan
Campénéac
St-Abraham
St-Marcel
MonterreinChapelle
Quily
Réminiac
Tréal
Monteneuf
St-Martin
Porcaro
PeillacSt-Gravé
Malansac St-Jacut
Les Fougerêts
Caden
Limerzel
Noyal-Muzillac
Guer
Beignon
RieuxBéganne
Allaire
ThéhillacSt-Dolay
Nivillac
Péaule
Marzan
Muzillac
Rochefort-en-Terre
Lauzach
La Croix-Helléan
Montertelot
St-Nicolas-du-TertreSt-Laurent
St-Congard
St-Gorgon
Le Roc-St-André
Guillac
Le Guerno
Theix
FérelCamoëlCamoëlPénestin
ArzalBilliers
DamganLe Tour-du-Parc
Surzur
NoyaloLa Trinité-Surzur
St-Jean-La-Poterie
St-Perreux
St-Vincent-sur-Oust
Cournon
La Chapelle-Gaceline
Quelneuc
St-Malo-de-Beignon
Guilliers
Loyat
Néant
TréhorenteucLa GréeSt-Laurent
St-Malo-des-Trois-Fontaines
Ille-et-Vilaine
La-Trinité-Porhoët
ÉvriguetSt-Léry
Mauron
GourinRoudouallec
Le Saint
Guiscriff
Lanvénégen Meslan
St-Tugdual
St-Caradec-Trégomel
Lignol
Ploërdut
Berné
Inguiniel
LangoëlanSilfiac
Séglien
Guémené
Locmalo
Persquen
Guern
Bubry
Malguénac
Cléguérec
Ste-Brigitte
Melrand
Bieuzy
Pontivy
Neulliac
Kergrist
St-Aignan
Noyal-Pontivy
St-Gonnery
Gueltas
St-ThuriauLe Sourn
PluméliauRadenac
St-Barthélemy
St-Gérand
Croixanvec
Le Faouët
Finistère
Côtes-du-Nord
Kerfourn
NaizinRéguiny
Crédin
PleugriffetMoustoir-Remungol
Bréhan-Loudéac
Lantillac
Les Forges
Lanouée
Le Croisty
Langonnet
Priziac
Plouray
CléguerCalan
LanguidicInzinzac
Pluvigner
Landévant
Camors
Brech
Plumelin
Moustoir-Ac
Bignan
Grand-Champ
Colpo
Plaudren
Locmaria-Grand-Champ
Locqueltas
MonterblancPlumergat
Plescop St-Avé
Meucon
St-Jean-Brévelay
BrandérionBrandivy
La Chapelle-Neuve
Plouhinec
Ste-HélèneLocoal-Mendon
PloemelBelz
Étel
Pluneret
AurayVannes
Caudan
GuidelGestel
QuévenKervignac
NostangLandaul
Merlevenez
Riantec
Ploemeur
Hennebont
Lanester
Pont-Scorff
St-Nolff
Plumelec
Billio
Treffléan
Plouay
LanvaudanQuistinic
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RemungolMoréac
Locminé
BuléonSt-Allouestre
Guéhenno
Concoret
Glénac
La Gacilly
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Malestroit
Rohan
St-Samson
St-Gouvry
© Archives départementales du Morbihan
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Les poches de Lorient et de Saint-Nazaire. Septembre 1944.
Lorient
La Baule
Cordemais
sur les contours des poches. La maîtrise du littoral et des îles permet aux troupes allemandes de communiquer entre les deux Festung. Le mot d’ordre des nazis est de tenir au moins huit semaines ; les soldats tiendront neuf mois. Face aux Allemands, les forces alliées et des résistants morbihannais intégrés, fi n 1944, dans la 19e DI commandée par le général Borgnis-Desbordes. Ils sont aidés par des bataillons FFI bretons et du Loir-et-Cher, soit au total 25 200 hommes. La poche de Saint-Nazaire est encerclée par 16 383 hommes regroupés au sein de la 25e
DI sous le commandement du général Chomel.
Hennebont. Les obus tirés de la batterie du Bégo (Plouharnel) atteignent, quant à eux, Vannes le 16 février 1945 causant la mort de sept personnes. Coté est, les Allemands tentent plusieurs incursions dans la région de Rieux et d’Arzal.
La reddition des pochesLe 7 mai 1945 l’Allemagne capitule. Ce même jour, la reddition sans condition de la poche de Lorient est signée à Étel au café breton. Le cessez-le-feu entre en vigueur le 8 mai 1945 à 00 h 01. Au même moment la reddition de la poche de Saint-Nazaire est signée à Cordemais. Les Allemands ont trois jours pour lever tous les barrages, déminer les accès et regrouper leurs armes. Le 10 mai 1945, la cérémonie offi cielle de reddition de la poche de Lorient se déroule à Caudan. Les combattants américains et français entrent dans la poche de Lorient où ils font près de 24 500 prisonniers allemands. L’île de Groix n’est libérée que le 11 mai. Le même jour, à Bouvron a lieu la cérémonie offi cielle de la reddition de la poche de Saint-Nazaire. Le Morbihan est enfi n libéré. La joie est immense. Des défi lés et des bals ont lieu dans tout le département.
Les conditions matérielles des unités défendant le front des poches sont très précaires. Les hommes, dépourvus d’instruction militaire, sont souvent mal chaussés et faiblement armés.
Les « empochés »Dans les poches, la vie quotidienne est de plus en plus diffi cile au fi l des mois. Les civils de la poche de Saint-Nazaire sont privés d’électricité, le combustible se fait rare, plus de radio ni de journaux. Le ravitaillement devient le principal souci des « empochés ». Il faut attendre début 1945 pour qu’un premier train de ravitaillement soit acheminé vers les « empochés » de Saint-Nazaire.À Lorient, le terrain d’aviation de Kerlin-Bastard est transformé en zone de pâturage par les Allemands. Ceux-ci essayent de tirer au maximum profi t des ressources restées sur place. Les civils des poches sont évacués massivement et gonfl ent encore davantage le nombre de réfugiés dans le département. La poche de Saint-Nazaire compte entre 110 000 et 130 000 « empochés ». Du 5 au 10 septembre 1944 plusieurs milliers de personnes quittent la poche à pied ou à bicyclette. De 80 000 réfugiés dont 60 000 Lorientais et 10 000 de la région de Saint-Nazaire fi n mai 1944, leur nombre atteint dans le Morbihan 120 000 en octobre 1944. Les communes d’accueil sont bientôt saturées. Des collectes et appels à la générosité sont sans cesse répétés. Des trêves mensuelles sont instituées au début de l’année 1945 afi n de permettre à la Croix-Rouge d’intervenir dans les zones et de régler les problèmes liés à l’évacuation des réfugiés. En février 1945, 90% des habitants de la poche de Lorient sont évacués. Seuls 8 000 civils environ s’obstinent à rester sur place.
Les combatsÀ Lorient, le moral des soldats allemands n’est pas bon, les désertions sont nombreuses. À l’automne 1944, de durs combats ont lieu à Sainte-Hélène, Nostang, Merlevenez et Kervignac. Les assiégés cherchent à regagner des positions stratégiques ou à acquérir de nouvelles zones de ravitaillement au cours d’un hiver très rude. Le 8 décembre, les alliés coupent à Étel les liaisons entre Lorient et Quiberon. Depuis Lorient, l’armée allemande bombarde les communes frontalières comme Pont-Scorff ou Rapport des renseignements généraux décrivant la situation alimentaire des
Allemands dans la poche de Lorient. 27 janvier 1945.Archives départementales du Morbihan, 2 W 15941
Qu a t r i è m e série du
cadre de classement des Archives dépar-tementales, la série D
est consacrée à l’Instruc-tion publique, aux sciences
et aux arts. Composée d’un peu plus d’un mètre linéaire de documents datés du 15e au 18e siècle, elle ne comporte qu’un seul fonds : celui du collège de Vannes, devenu aujourd’hui collège Jules Simon.
Depuis le début du 14e siècle existe un préceptorat attaché à la cathédrale, noyau originel du collège de Vannes. La création
du collège est décidée en 1574 par la communauté de ville : il s’installe alors dans de vastes
bâtiments situés place du Marché avec le soutien de l’évêque de Vannes
et de particuliers comme Jan Briçon et René d’Arradon. Confi é aux jésuites en 1630 comme de nombreux autres collèges, il prospère grâce à de riches donations parmi lesquelles celles de Catherine de Francheville,
du roi Louis XIII ou encore du pape Innocent XII. Plusieurs projets sont alors à l’œuvre, dont
la construction d’une chapelle
– toujours debout aujourd’hui – entre 1661 et 1685. Après l’expulsion des jésuites en 1762, la communauté de ville confi e la direction du collège à des prêtres du diocèse. L’établissement se voit brièvement adjoindre une école de marine entre 1787 et 1791 puis s’essouffl e après le départ des professeurs ecclésiastiques ayant refusé de prêter le serment constitutionnel. Un décret de la Convention supprime fi nalement tous les collèges en 1795 pour leur substituer des écoles centrales.Le collège actuel est par certains aspects l’héritier du collège d’Ancien régime, ne serait-ce que par la numérotation des classes 1. Il s’en distingue cependant nettement : en témoigne le devenir des élèves du collège d’Ancien Régime, dont plus 40 % deviennent prêtres. Le fonds d’archives du collège de Vannes est entré aux Archives départementales pour l’essentiel dans la seconde moitié du 19e siècle ; quelques documents y sont adjoints par la suite au cours du 20e siècle. Si les documents conservés dans le fonds du collège restent fragmentaires et leur origine parfois incertaine, ils offrent cependant un précieux aperçu de l’administration et du temporel de l’établissement : des documents renseignent sur la gestion des biens du collège dans de nombreuses paroisses morbihannaises comme Séné, Ambon, Quistinic ou encore Saint-Avé ; d’autres font état de ses procès et de sa comptabilité. Quelques affi ches annonçant des exercices publics et des distributions de prix ou encore des pièces concernant les fondations de
chaires et l’achat d’instruments pour le cours de physique apportent quant à eux quelques
éléments sur la vie scolaire et l’enseignement dispensé.
8/12Journal d’information des Archives départementales du Morbihan
1 Les collèges qui proposent des cycles complets d’études s’organisent autour des classes suivantes : quatre classes de grammaire (de la 6e à la 3e), une classe d’humanités (la 2e), une classe de rhétorique (la 1ère), parfois suivies de classes de philosophie.
L’année scolaire des élèves du collège de Vannes s’achève, avant la distribution
des prix, par des exercices donnés en public. En témoignent quelques affi ches conservées dans le fonds du collège de Vannes (D 8).
Couronnement de l’année scolaire, les exercices publics sont l’occasion pour les élèves les plus brillants de montrer l’effi cacité de l’instruction reçue. Ils sont aussi le signe – au même titre que le développement du théâtre scolaire – de l’importance que revêt l’art de parler et de paraître dans les collèges des 17e et 18e siècles. Les affi ches qui annoncent la tenue des exercices publics donnent des informations détaillées sur la nature des enseignements : elles indiquent en effet, outre la classe concernée, les textes qu’il est prévu de commenter, les sujets sur lesquels les élèves doivent être interrogés et, le cas échéant, les œuvres qui seront déclamées. La lecture des affi ches frappe par l’omniprésence des auteurs latins comme Cicéron, Virgile, Horace, Tite-Live ou Ovide. Quelques exceptions existent cependant, comme en témoigne une affi che pour les exercices des élèves de seconde en 1767 annonçant des interrogations sur la sphère artifi cielle et la géographie d’après le manuel du jésuite Buffi er. Autant d’éléments qui rendent bien compte des tendances pédagogiques des jésuites et de leur successeurs : la connaissance des auteurs anciens et la langue latine sont au cœur des enseignements ; des matières comme les sciences, l’histoire et la géographie sont enseignées de façon plus marginale. Aux 17e et 18e siècles, les effectifs du collège avoisinent probablement les cinq cents écoliers, le plus souvent logés chez l’habitant. Les affi ches annonçant les exercices publics permettent de les connaître de plus près. Elles font parfois apparaître, à la suite des noms des élèves présents aux exercices, des mentions
concernant leur scolarité : certaines indiquent par exemple le nombre de fois où chaque élève a été « empereur », c’est-à-dire premier de la classe. Elles mentionnent également leur paroisse d’origine. Même si les listes de noms ne correspondent pas à la totalité des effectifs d’une classe donnée, elles fournissent un échantillon qui fait bien ressortir le caractère essentiellement rural du recrutement du collège : un tiers des élèves provient des villes tandis que les deux autres tiers proviennent des campagnes du diocèse. Croisées avec d’autres documents comme les sources judiciaires, ces données permettent de mieux appréhender la population estudiantine de Vannes de cette période, dont font partie des Morbihannais célèbres comme Alain-René Lesage, l’abbé Mahé ou encore Georges Cadoudal.
Autour d’un documentLes élèves à l’épreuve de l’exercice public
Affi che annonçant les exercices publics d’élèves de grammaire (1785). Archives départementales du Morbihan, D 8.
Ce document, concernant le statut d’un jeune homme plus enclin à l’aventure qu’aux études, est conforme à la
Coutume de Bretagne. Selon le commentaire de La Bigotière juriste français du 17e siecle, « le mineur non émancipé ne pourra valablement contracter ni comparaître en justice, mais il peut être émancipé si la justice et les parents le jugent raisonnable, savoir le noble à 20 ans et le bourgeois à 17. Et quand il est émancipé, il peut négocier et s’obliger pour fait de négoce comme les majeurs, et disposer de tous ses meubles et du revenu d’une année de ses immeubles ».
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Extrait d’acte d’émancipation de Gilles Bougret à la demande de son père François Bougret premier huissier du Parlement de Bretagne (1688). Archives départementales du Morbihan, B 240
Émancipation d’un mineur
Journal d’information des Archives départementales du Morbihan
Les lettres « e » formées ici par le scribe sont dites « à attaque fractionnée » : elles sont constituées de deux traits distincts entre lesquels la plume a été relevée.
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E t it d’ t d’é i ti d Gill B t à l d d d è F i B t i
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Nouvelles entrées
Archives du centre hospitalier de Josselin. 1830-1975. 15 mètres linéaires. 8 H dépôt 2. Au sein de ce fonds, sont conservés, entre autres, les registres d’entrées et de sorties, de naissances, de décès et d’accouchement.
Archives du commissariat de police d’Hennebont. 1945-1997. 43,5 mètres linéaires. 1998 W. Ces archives sont les témoins de l’activité d’un commissariat de police d’une ville moyenne : registres de main courante, dossiers d’enquête, enregistrement des dossiers des étrangers…
Archives du tribunal de commerce de Lorient. 1981-2000. 53,30 mètres linéaires. 1999 W. Dossiers des sociétés immatriculées entre 1981 et 2000 et radiées avant mars 2001.
Archives du préventorium de Plumelec. 1919-1972. 55 mètres linéaires. 210 J. Dossiers médicaux des patients, dossiers du comité départemental de lutte contre la tuberculose et l’alcoolisme. Ce fonds est une source précieuse pour qui souhaite étudier l’impact de la tuberculose sur la population morbihannaise.
Archives de l’association Umivem. 1969-2009. 17,40 mètres linéaires. L’association œuvre pour la mise en valeur esthétique du Morbihan. Parmi ce fonds, les dossiers de la commission départementale des sites.
Minutes notariales Notaires. Plumelec. Me Dréan-Guignard. 1885-1938. 14 mètres linéaires. 6 E.
Nouvelles acquisitions
Carte géologique des environs de Vannes. 19e
siècle. 1 Fi.Carte rare en couleur.
Ouvrage. 1841. HB 12981. L’auteur, Pierre Leblanc, architecte de son état, fait la description du pont qu’il a mis en œuvre à La Roche-Bernard en 1839. L’ouvrage comporte une lithographie et onze planches gravées parmi lesquelles les différents projets.
Projets en cours
Classement des fonds déposés de Malestroit et Ploërmel. Ils fi gurent parmi les fonds communaux les plus complets et les plus riches d’un point de vue historique. Leur classement permettra de connaître la vie de ces communautés de ville sous l’Ancien Régime ainsi que l’administration communale des époques moderne et contemporaine. Ces fonds fourniront également des renseignements précieux sur leurs administrés et sur les périodes de guerre (troubles révolutionnaires, guerres 1914-1918 et 1939-1945).
Nouveaux instruments de recherche
Les inventaires des fonds déposés par les communes d’Arradon, Baden, Berné, Billio et Crédin ont été réalisés et mis en ligne. Classés en 3 ES, ils couvrent essentiellement la période moderne (1790-1940). Ils comprennent des registres de délibérations, des recensements de la population et de la garde nationale, des documents relatifs au cadastre, aux fi nances et aux élections politiques.
Actualités
ENTRÉE GRATUITE www.archives.morbihan.fr www.uta-vannes.org
// Mardi 27 janvier 2015 à 18 h : Jean-Marc Michaud « La guerre vue de l’arrière par les peintres de Bretagne »
// Jeudi 19 février 2015 à 14 h 30 : Johan Vincent et Yves-Marie Evanno « Loin des tranchées, la plage. Réfl exions sur le tourisme dans le Morbihan »
// Mardi 24 mars 2015 à 18 h : Erwan Le Gall « La brigade des fusiliers marins en 1914 ou l’anticipation erronée de la guerre à venir »
// Jeudi 23 avril 2015 à 14 h 30 :Peggy Bette « La mobilisation des femmes en Bretagne pendant la Grande Guerre »
// Mardi 28 avril 2015 à 18 h : Didier Guyvarc’h « Les Morbihannais et Dieu dans la Grande Guerre »
// Mardi 19 mai 2015 à 18 h : Yann Lagadec « Des cavaliers dans la Grande Guerre. Le 2e chasseurs à cheval de Pontivy (1914-1919) »
// Jeudi 4 juin 2015 à 14 h 30 : Jérôme Cucarull « Les impacts de la mobilisation industrielle dans le Morbihan : un département peu impliqué par la guerre totale ? »
LES MORBIHANNAIS À L’ÉPREUVE DE LA GRANDE GUERRE
Cycle de conférencesorganisé par les Archives départementales du Morbihan
et l’Université Tous Âges
Amphithéâtre Alfred Sauvy IUT de Vannes - 8, rue Montaigne - Vannes