Nahoum-Grappe, Veronique. Le transport: une émotion suranée

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    TerrainRevue d’ethnologie de l’Europe

    Collect ion Ethnologie de la FranceCahiers d'ethnologie de la France

    22 | mars 1994 :Les émotionsLes émotions

    Le transport : une émotion

    surannée V ÉRONIQUE N AHOUM-GRAPPE

    p. 69-78

     Entrées d’index 

    Thèmes : émotions

    Texte intégral 

     Je vais la voir, la presser dans mes bras, Mon cœur ému palpite avec vitesse ;

     Des voluptés je sens déjà l'ivresse ;

     Et le désir précipite mes pas.

     Sachons pourtant près de celle que j'aime,

     Donner un frein aux transport s du dés ir ;

     Sa folle ardeur abrège le plaisi r,

     Et trop d'amo ur peut nuire à l'amo ur même1 .

    Dans sa « réflexion amoureuse », Evariste Parny nous offre le contexte leplus attendu de la notion de « transport » en cette seconde moitié du XV IIIe

    siècle :

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    Les poèmes de cet auteur se situent dans une tradition relativement stabled'écriture « galante », de rhétorique « amoureuse », voire « élégiaque ».Depuis au minimum le milieu du XVIIe siècle, on peut repérer un c ertain style,

    un certain choix d'adjectifs et de thèmes : « presser une beauté », cible destransports, invo quer les « A mours » (au pluriel et avec cette majuscule qui lesconstitue en images, dotés de petites ailes) sur des « gazons voluptueux ». Les« appas » de la « maîtresse », les « nec tars div ins », puis les « larmes amères »,etc., dressent une sorte de décor emblématique, de scène codée, pour les

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    http://www.editions-msh.fr/collections/?collection_id=37http://www.editions-msh.fr/collections/?collection_id=5http://terrain.revues.org/http://terrain.revues.org/http://terrain.revues.org/http://terrain.revues.org/652http://terrain.revues.org/652http://terrain.revues.org/652http://terrain.revues.org/1287http://terrain.revues.org/652http://www.editions-msh.fr/collections/?collection_id=37http://www.editions-msh.fr/collections/?collection_id=5http://terrain.revues.org/

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    premiers transports. Mais le temps passe et menace la beauté ; et dans cedécor de fleurs, d'arbres ou de nuit, la préférence se laisse pressentir pour lapremière fois, ainsi que la fin prévisible de la liaison. La dialectique est vitecalmée par la durée entre l'« amour » et l'« amitié » et la tension qui circule en

     bo uc le de la « beauté » aux « défaites » (Tout en secret/Pressait Ninette/A sadéfaite/Tout conspirait , etc. [Parny 1808 : 13]), des « soupçons » aux« trahisons ». Le « long calme qui succède au tumulte des sens » (id.  : 64) faitoublier les « premiers transports ». Le désir « bizarre » (id.  : 63) fait régner sa

    loi diachronique : Hélas on vieillit en un jour/ Quand le feu du désir nous brûle(id.  : 7 8), etc.

    Le sourire invo lontaire que suscite en plein XXe siècle la lecture de ce typede poésie est le signe d'une appropriation de plus en plus distante de leurmanière de dire, perçue comme de plus en plus désuète : elles sont drôlesinvolontairement parce que les mots employés semblent relever d'unecaricature sans panache d'un style inventé « jadis », un « jadis »décontextualisé, suranné, et cet effet de fossilisation si l'on peut dire jouaitdéjà peut-être à la fin du XVIIIe  siècle, en tant que genre rebattu au momentmême de leur publication2. Ces poésies comblent l'attente du stéréotype lié au

    genre : Ev ariste Parny trav aille sur un registre assez étroit de figures possibles,largement codées et transformées en tactique rhétorique dans le paysagelittéraire de la seconde moitié du XVIIIe  siècle, et en fossiles burlesques pournous. C'est en ce sens qu'il nous intéresse, car il nous restitue la circulation laplus dénuée d'originalité de certaines notions partiellement désaffectées,comme celle de « transport ».

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    Ces figures identifient donc un genre littéraire spécifique, chapitreinévitable dans le patrimoine culturel scolaire de tout jeune Français qui,« pour rire », sera capable d'en mimer la manière. Il y a actuellement enFrance une mémoire collective, non savante, du style « maniéré » et« précieux », perçu à la fois comme féminin, ridicule et mondain : parex emple, l'inventio n populaire d'une figure particulière du gro tesque maniéré,Marie-Chantal3, est peut-être le dernier avatar du genre précieux inventé auXVIIe siècle dans les sociétés de Cour.

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    Ce n'est pas le lieu ici de traiter d'un point de vue littéraire ou socio-historique cette production de tex tes, mais plutôt de les prendre au pied de lalettre, du point de vue d'une lecture rétrospective et contemporaine. Nousproposons ici seulement une interrogation sur l'une des expressionsconsacrées pour désigner l'émotion intérieure, celle de « transport » : dansquel sy stème d 'images cette notion s'inscrit-elle ? Quelles sont les implicationsesthétiques qu'elle nous semble enco re susciter , alors même qu'elle a « vieilli »

    tout au long de ses quatre siècles d'ex istence culturelle ?

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    Le vo lume paru en 17 7 8 des « poésies érotiques » de cet auteur ainsi quel'ensemble de nos sources seront donc ici l'objet d'un regardphénoménologique sur les associations implicites que suscite l'énoncé de telou te l mot ; elles nous instruisent sur ce que l'on peut appeler l'« esthétique denos émotions » à l'intérieur de notre c ulture, le tout sous forme d'hypothèse.

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    Précisons bien qu'il ne s'agit dans cet article que de propo ser quelque s pistesautour de la notion de transport et de sa déshérence, et non d'un véritabletravail d'explicitation des conditions d'apparition, de fonctionnement et deprogressive disparition de cette no tion.

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    Que représente de spécifique cette notion de transport dans l'histoire del'expression des émotions et dans celle de l'imaginaire du sujet ? Quelle est lasource de la topique émotive, d'où surgit-elle et qui lui donne son élanirrésistible ? Dans quelle direction le transport entraîne-t-il l'homme ? Enfin,peut-on isoler son vec teur, son unité cinétique ?

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    Le transport : une topique

     Je rougis, je pâlis, je soupire où vous êtes ,

     Sans que vous connaissiez mon amoureux transport ;

     Beaux yeux, beaux innocents, vous me donnez la mort,

     Et vous savez ce que vous faites. Bien que mon cœur brûlé de ces flammes discrètes

     N'espère aucun recours à son tragique sort,

     Beaux yeux, beaux innocents, je bénirais ma mort si vous saviez ce que vous faites

    (196 3 : 55).

    Un siècle avant Evariste Parny, Isaac de Benserade (1612-1691) nouspropose c es « Paroles pour un air » :

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     A plus d'un sièc le de distance, ce texte et celui de Parny illustrent l'usage duterme de transport dans le contex te des désirs amoureux . Contexte que nousappréhendons aisément dans la mesure où l'expression « être transporté »(par la musique par ex emple) nous est familière : elle év oque un élan intérieur

     v ers l'autre ou v ers le « haut », ce ciel des valeurs « élev ées », élan assezpuissant pour échapper aux mo ts et aux freins. Il y a comme une c énesthésieimplicite contenue dans cette ex pression év ocatrice d'un mouv ement internede ce qui est transporté et qui se soulève au rythme d'une profondeinspiration. Et puis la poussée vers le haut se fige dans un suspens, comme lafin d'un mouvement de balançoire, où toute parole, voire tout souffle sontretenus, et qui peut se transformer en état particulier de conscience (extase,délire, bonheur, etc.) avant la retombée dans la pesanteur, dans la matérialitétriviale.

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    La survie de la notion de transport à travers son verbe passif et intransitif aprivilégié la partie positive et plutôt exaltante de cette notion. « Êtretransporté » est une forme expressive usuelle qui fonctionne dans une longue

    durée d'exe rcice : on peut la rencontrer souv ent dans les lettres de madame deSévigné, dans des expressions assez codées pour pouvoir être retournéesironiquement (par exemple : « J'admire où m'a transportée la chaleur dudiscours » [1993, t. I : 488]) ou toutes simples (comme : « Sa Majestél'embrassa tout transporté de joie » [id. , t. II : 383] ou encor e : « Et comme ilsortit de son cabinet tout transporté ne connaissant personne, le Roi dit auMaréchal de Villeroy : « suivez le Maréchal de Créquy, il est hors de lui » [id. ,t. I : 485]). Le sens ici de c ette ex pression reste usuel et c ompréhensible pournous. Être transporté emporte « hors de soi » dans un mouvementirrépressible qui garantit la sincérité ponctuelle de ce qui est éprouvé et

    entraîne la sympathie du spectateur. L'argument, à la fois cause et fin dumouvement de transport, peut être de pure émotion ni gaie, ni triste, niamoureuse, mais d'intensification d'une intention généreuse, comme c'est lecas dans le dernier exemple cité. En écoutant de la musique, un poème o u undiscours, en face d'un paysage4 vertigineux, d'une scène tragique, à l'occasiond'une conversation intense, au détour d'une surprise, lorsqu'apparaît uneforme ou un signe « qui touche », l'espace intérieur peut être saisi et emporté« hors de soi » puis mis en suspens, sous tension, en direction d'un pointalternatif, d'un élément d'altérité.

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    Cette topique se retrouve à son point d'achèvement dans les descriptionsdes ex tases mystiques : « Mon âme était enlevée, e t même o rdinairement matête suivait ce transport sans qu'il y eût moyen de la retenir ; quelquefoismême, le co rps tout entier était emporté lui aussi, et ne touchait plus terre »(sainte Thérèse de Jésus 1949 : 194-196). Le transport est une victoire réelle,c'est-à-dire relevant des lois de la physique, contre la pesanteur : il pousse

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    irrésistiblement la tête puis tout l'ensemble corporel vers le haut, lorsquel'appel est entendu. Il faut noter la valeur transculturelle de cette figure ducorps soulevé, en état de lévitation, comme figuration de l'extase religieuse.Ici, les travaux de Gaston Bachelard devraient être relus en fonction desacquis nouveaux des sciences humaines5. Le transport vers le haut est aussicelui vers la lumière et la clarté, qui trouvent leur source dans l'objet qui asuscité l'élan intérieur : les cheveux de la « beauté », presque toujours blondsdans les tex tes poétiques avant le XI Xe siècle, les astres des valeurs suprêmes,

    ou la face impossible à fixer, trop éblouissante, trop éclatante de Dieu. Aufond, le transport co mpense une impossibilité de voir : il est une appréhensionnon visuelle, une tentative de saisir quand même  le trop, l'inouï, l'extrêmesuperlatif.

    Chaleur et lumière accompagnent l'intensification du mouvement detransport, qui finit par entraîner, pousser un corps alors mobilisé, mis en

     branle. Inv ersement, lorsque le corps est immobile, voire allo ngé, les peséesinternes changent de couleur : « Quand on se couche, on a des pensées qui nesont que gris-brun, comme dit M. de La Rochefoucauld et la nuit elledev iennent tout à fait noires » (madame de Sév igné 1 993, t. I : 27 2). Lorsque

    les idées sont plus sombres, le corps est plus pesant, et le ciel plombé plusoppressant : la nuit et l'ennui offrent une esthétique rec onnaissable de la peséeintérieure, cette « presse »6  quelquefois étouffante, à la mesure du videambiant, gris7   avant d'être ténébreux. Ces associations d'images semblentrésister aux évolutions historiques qui peuvent néanmoins frapper dedésuétude un mot, voire l'une de ces associations elles-mêmes. Il est difficilede saisir le point d'inflexion chronologique de la courbe, celui à partir duquelles variations à l'intérieur d'un système d'images deviennent irréversibles. Leschangements dans l'usage d'un terme comme celui de transport peuvent êtredes indices de bascules qui en fait se situent ailleurs. La thématique dumouvement intérieur, liée à celle, inverse, de la pesée interne, enveloppetoute l'imagerie de l'émotion, dernier mot qui est moins porteur de son senslittéral et éty mologique (movere) que la notion ici ex aminée.

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    Mais il faut revenir au texte d'E. Parny. Ici, le transport est le mouvementmême du désir, irrépressible, qui fait se ruer l'amoureux sur l'objet de saflamme. Les « premiers transports » sont l'équivalent des « premiers émois »,ou plutô t ils en sont l'ex pression c inétique ; les émois font s'échauffer les sangsqui montent alors au visage, et palpiter les poitrines ; ils sont à la fois pluscandides et plus spécifiquement sensuels que les premiers transports qui ontcho isi leur objet et qui font se précipiter les pas.

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    Les exemples sont nombr eux à trave rs la littérature galante (de tous genres)

    des XVIIe et des XVIIIe siècles qui répètent ce type de situation expressive o ù lanotion de transport intervient tout naturellement. Une recherche plussystématique pourrait saisir la circulation de cette notion à trav ers les lettres,les romans sentimentaux, la poésie élégiaque, les mémoires et lesautobiographies8.

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    Le mot même de transport ne semble pas investi d'une énergie esthétiquequi lui donnerait une séduction puissante dans son énoncé même, comme leserait le terme de « désir » par exemple, ou de « nuit », ou même d '« ardeur »,car son sens premier est plutôt trivial. Il s'agit d'une topique cinétique

     v éhiculée dans les termes mêmes : quelque chose est po rté « trans », à

    travers, quelque chose se transporte. Le mot même énonce un doublemouvement, celui d'un suspens (le port) et celui d'une traversée, d'unetranslation, comme dans le geste de porter un enfant qu'il faut soulever du solavant de l'amener quelque part. Dans la « Réflexio n » de Parny, les signes de cedouble mouvement sont multiples, les palpitations du cœur « ému » montrent

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    Le transport entre fusion et fureur 

    que ce mouvement est aussi intérieur, que son surgissement naît « en soi ».Puis la force de la poussée intime « précipite les pas ». La « folle ardeur »désigne une des composantes du transport, à savoir sa puissanced'échauffement, son énergie d'entraînement qui fait courir l'amant enflammé

     v ers l'objet de son désir. Tout transpo rt commence dans un inv isib lemouvement de l'espace intime dont la température s'élève, et se termine dansla propulsion du corps en son e ntier vers ce qui le transporte. Il y a donc deuxmome nts de ce même mouv ement : le premier se situe à l'intérieur de l'« âme »

    en feu, et le second concerne tout l'« être » devenu ardent : le transport faitsurgir « hors de soi » puis propulse v ers – le préfixe trans est ici informatif.

    Dans les paroles d'une chanson d'Isaac de Benserade, nous avons une v ersio n moins v iolente du transpo rt, ici utilisé comme accentuation légère dusentiment amoureux. Un « amoureux transport » est moins qu'un « transportamoureux », il n'est plus qu'un état intérieur qui agite et « brûle » en secre t. A la topique du transport qui précipite le mouv ement du dedans vers le dehors,on peut ajouter une dimension énergétique qui réchauffe, allume et illuminedans un afflux de sang et de chaleur centrifuge l'être en son entier, jusqu'à lacombustion, la fusion intérieure lorsque le transport doit rester invisible.

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    La notion d'« émotion » est un double, moins violent, de celle de transportmais met en jeu une topique et une énergétique identiques. Elle sembleaujourd'hui avoir pris la place de celle de transport sans toutefois remplacercertains aspects de cette dernière. En étudiant les associations d'imagesimpliquées dans le texte o ù le transport intervient, nous tentons ici de décrireune catégorie qui a fonctionné dans la caractérisation psy chologique du sujetpendant au moins deux siècles, dans ce qu'elle avait de spécifique,d'irréductible à notre notion d'émotion. Ces spécificités sont liées à laperception, datée historiquement, de la personne individuelle commecomposée d'instances particulières, l'« âme », la « raison », le « cœur », plusune matrice de production d'énergie cinétique située tout au fond de l'espaceintime, au plus près du corps comme le « désir » amoureux par exemple :cette instance peut bouleverser tout le dispositif identitaire dans la violencedu transport.

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    Si l'on considère les significations que donnent les dictionnaires, et quitémoignent à la fois d'un co nsensus co llectif sur le sens d'un mot à un moment

    donné et de la construction « idéale typique » d'une notion telle que lediscours savant la construit, nous pouv ons redéfinir la notion de transport defaçon plus décontextualisée que dans son c hamp premier d'exer cice, le champ(chant) du « désir amoureux ».

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    Premier point qui s'impose lorsqu'on lit la rubrique « transport » dans ledictionnaire d'Antoine Furetière, mais aussi dans le Littré comme dans nosdictionnaires récents, le sens émotif, figuré de cette notion est toujourssecond : son sens littéral premier garde dans le moy en terme de trois sièclestoute sa force sémantique et n'est pas tombé en désuétude : « Transport :action par laquelle on fait changer de lieu à quelque chose » est la premièredéfinition du Furetière ; « le fait de porter une chose pour la faire parvenir en

    un autre lieu », indique en premier lieu le Robert ; « action par laquelle ontransporte quelque chose ou quelqu'un d'un lieu dans un autre », définit leLittré. L'usage contemporain courant d'expressions comme « transportroutier » o u « transport aérien » montre que le mot même est d'un emploi toutà fait familier à nos ore illes et n'est pas tombé en désuétude dans sa matérialité

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    Une aventure de « tout l'être »

    sonore articulée : il y a quelque c hose de peu po étique, de tout à fait trivial etneutre dans le son de ce mot, très français avec ses deux r.  Le sens usuelcommode et courant de ce terme si peu susceptible de dévaluation offre uncontraste avec son second sens, proprement psychologique, qui, lui, estfranchement désuet au XXe  siècle et noté comme tel dans notre Robert : cesens figuré y est daté de 1614 et mentionné comme « vieilli dans le langageparlé » ; le transport est donc une « vive émotion, sentiment passionné (quiémeut, entraîne) ; état de c elui qui l'éprouv e » et reste en usage dans le langage

    écrit. La multiplication du « style oral » dans les écrits contemporains rendnéanmoins désuète l'inscription même dans l'écrit d'une telle notion. Le sens

     v ieilli de c e terme redo uble en l'accentuant celui du mot « émo tio n ».

    Mais si l'on se reporte quatre siècles en arrière, au moment où l'usage de cemot battait son plein, nous pouv ons lire dans le Furetière :

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    « Transport se dit aussi en médecine. Quand la fièvre est violente, on

    appréhende le transport au cerv eau qui cause le délire. Quand le transport deshumeurs se fait sur une partie, elle l'afflige et souvent la rend impotente. Cemalade n'est pas en état de so uffrir le transpo rt.

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    Transport se dit aussi assurément en choses morales du trouble ou del'agitation de l'âme par la violence des passions. Un transport de joye a causéquelquefois la mort ; un transport de colère cause souvent de grandsmalheurs. Les amoureux ont de doux, de violents, d'agréables transports. Ondit aussi un transport po ur une figure poétique. La métaphore est un transportd'un mot pr opre à son sens figuré. »

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    Dans cette dernière définition, nous pouv ons réaliser que c ertains usages duterme transport en leurs sens figurés ne sont pas tant que cela tombés endésuétude : dans un contexte médical par exemple, le cerveau est un lieutouché par le transport. L'efficacité organique de cette notion se rencontreaussi dans le « transport de joie ». Quel est ce corps si homogène, si uni entreâme et matière organique, lorsque l'aventure du transport le bouleverse ?Toute une dimension d'efficacité du sens sur la vie physiologique est iciintroduite avec cette notion concrète de transport qui relève des lois de laphysique. Le transport est donc une ave nture de « to ut l'être », dont il soudel'unité entre corps et âme dans un même mouv ement, quelquefois v iolent.

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    Une expression comme les « premiers transports » des jeunes amoureuxlaisse la place à cette circulation d'images implicites, plus que la notion de

    « désirs », ou bien celle de « pulsion ». Il faut l'ajout de l'adjectif « violent »pour que le transport soit irrépressible, menaçant : le transport entraînel'homme entre fusion et fureur. Cette violence « dans le cœur », cetteco ntrainte venue de l'intérieur ne s'appuient pas sur une théo rie implicite de lasexualité comme source énergétique spécifique, ce qui serait notreassociation rétrospective, liée à une diffraction profonde au XXe  siècle dansl'imaginaire du corps et du sujet des postulats des théories psychanalytiques.Sous l'Ancien Régime, le primat explicatif est accordé à la problématique deshumeurs corporelles, de leur circulation dans l'organisme, fondée sur touteune v ision du c orps et de la santé9 en partie périmée quatre siècles plus tard.

    L'expression encore courante de « transport au cerveau », citée dans notresource du XVIIe  siècle, nous met sur la voie : les transports des humeurscirculantes à l'intérieur du corps sont une menace pour les parties de celui-cienvahies, soit qu'elles soient excessives et que ce soit le trop qui menace (ilfaut donc faire saigner, purger, etc.), soit qu'elles empoisonnent par leur

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    S'envoler du dedans

    principe tox ique, il faut alors aussi faire sortir ce mal, ce ferment de mo rt.Le malade qui subit les transports dangereux d'humeurs internes ne peut

    plus alors être transporté extérieurement sans risque. Ce sont bien destransports d'humeurs qui constituent souvent l'aspect visible des maladies etdes dysfonctionnements organiques : les écoulements de sang, les

     v omissements, les diarrhées sont des transpo rts. Le cerv eau semble lepremier menacé par les transports, v oire les effluves, les fumées toxiques quimontent à lui. Ic i nous retrouv ons l'imaginaire de l'alambic défini par Claudie

     V oisenat (1992 : 17 -38). Le cerveau est un espace qui risque d'être envahi pardes substances étrangères, quelquefois toxiques, il entre alors en fureur ou endélire. Le transport trouve ici son point d'articulation avec la question del'ivresse, c'est-à-dire des tactiques volontaires de modification de conscience.

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    Toute humeur du corps qui sort de son lit et se transporte vers une partiequ'elle inonde intox ique cette partie ; la circulation de l'utérus féminin dans lecorps de la femme susceptible de produire les fureurs utérines (et que nousn'étudions pas ici) est bien un transport interne premier, une circulationpathologique d'humeurs et d'organes, qui produit en chaîne les autrestransports émotifs, érotiques, furieux, cruels ou délirants. L'histoire bien

    connue maintenant de la notion ancienne d'hystérie nous offre un exemple dece mécanisme qui perturbe l'espace intime organique jusqu'à provoquerl'agitation extérieure des membres et des paroles. Nous retrouvons ici touteune chaîne associative connue des historiens de la médecine et de lapsychiatrie et des anthropologues des humeurs1 0  : la circulation interne deshumeurs et aussi celle de substances étrangères ingérées produisent des effets

     bénéfiques ou maléfiques en fonctio n de certains mécanismes repérable s,comme ceux qui privilégient l'association du même avec le même ou dusemblable avec son contraire. Dans certains cas l'envahissement du corps parune substance excessive ou particulièrement virulente peut empoisonner lecorps qui entre alors en maladie, ou l'âme qui entre dans un délire furieux oumorose comme la mélancolie : un des plus beaux trav aux q ue l'on puisse liresur cette chaîne associative inscrite historiquement est  Saturne et lamélancolie   (Klibansky et al.  : 1989). Nous ne pouvons ici entrer dans cetteproblématique mais seulement noter cette perception spécifique dans l'imageancienne du c orps qui acc orde à la circulation des humeurs, à leur transportinterne, une forte efficacité organique et psychologique quand ce transportmonte vers le cerv eau.

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    La notion de transport, même amoureux , suppose pour être comprise danssa spécificité une topique implicite, un soulèvement intérieur puissant aurythme d'une vague, d'un envol en courbe, toutes ailes gonflées, mais aussiune force énergétique liée aux mystères de l'organisme où circulent dessubstances diverses, produites par des organes quelquefois inquiétants. Letransport est donc toujours une aventure du corps, de son centre de gravité,qui se soulève tout à coup et oblige l'amoureux comme le délirant à courir,mais le premier sait se freiner po ur ne pas to ut gâcher . Ce qu'il y a d'irrésistibledans le désir, sa force énergétique située en amont de la sensualité et en aval

    des choix « d'attaque », s'exprime assez efficacement dans ce terme detransport : ce qui transporte dans l'amour puise sa force et trouv e sa définitiondans une image ancienne du désir, un désir sans contenu, comme une forterafale de vent, comme le surgissement d'une fièvre, liés aux tempêteshumorales internes. Ce fondement dans un imaginaire médical du corps

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    conforte la morale implicite des passions : « La plus juste comparaison qu'onpuisse faire de l'amour, c'est celle de la fièvre : nous n'avons pas non plus depouvoir sur l'un que sur l'autre, soit pour sa violence soit pour sa durée »,écrit La Rochefoucauld (1665 : 487 ).

    La notion de fièvre est ici déterminante, elle implique chaleur et délire, elledonne à l'événement intérieur son niveau de réalité organique, elle permetl'union non artificielle de l'âme et du corps dans une aventure aussiincompréhensible et fatale qu'une tempête, c'est-à-dire perçue comme

     v iolente. Il est signific atif que le Littré cite comme premier sens figur é de lanotion de transport (présenté sans indication de vieillissement) :« Mouvement v iolent de passion qui nous met hors de nous-mêmes », où sontcomme verrouillées toutes les possibilités sémantiques dans une moraleclassique, celle des « passions » qui recouvre aussi la dimension de lapathologie organique, mais qui écrase l'envol du transport au bénéfice de lacontrainte du « pâtir ». Ce qui s'élance « hors de soi » dans cette perspectivese retrouv e enfermé dans la catégorie négative de la démence plutôt que danscelle du bouleversement exaltant, voire fécond. La haine peut être ainsitransportée, comme la bile, et entraîner les états de fureur ou de démence

    susceptibles d'être décrits en termes de transports. Les danses des« sauvages » fumant l'« herbe du diable », les ébats indécents et tragiques de

     bacchantes iv res, de femmes conv ulsiv es, les cruautés collectiv es des foules« hors d'elles », toujours suspectées d'être « ivres de sang et de vin » 1 1  serontlues sous la rubrique du « transport violent », irrationnel et féminin, qui lessaisit de l'intérieur et les entraîne vers le pire. Toute la palette des variationspossibles de la notion de transport no us fait parcourir l'ensemble de la famillehumaine, depuis l'enfant qui saute irrépressiblement dans son transport de

     joie, jusqu'aux v iolences collectiv es gratuites ; la femme et l'amoureux,l'esthète et l'ascète sont aussi susceptibles d'être « véhiculés », transportésdepuis leur tréfonds jusque vers les horizons d'appel. Mais le transport esttoujours une aventure du corps qu'il contraint à rejoindre l'âme, à l'envahir, àla menacer de « perte d 'elle-même » lorsque l'homme est « hors de lui ». Ainsi,Lorsque Valentin Jamerey Duval se souvient de sa première ivresse due au

     v in, il éc rit : « Mais quel fut mo n étonnement à mo n rév eil, lorsque, voulantrappeler mes affectueux transports, je me trouvay aussi insensible que lemarbre et sans la moindre étincelle de ce beau feu qui m'animait quelquesheures auparav ant » (1981 : 217 ). Le transport est une aventure discontinue,plus dépendante qu'une autre d'une stimulation artificielle, comme cellequ'offrent certaines substances susceptibles de provoquer le transport, etdonc la modification de conscience. Le transport a donc à vo ir avec les usages

    de tox iques internes ou externes, il peut co nstituer, mieux que d'autres étatsde conscience plus froids, « de marbre », le but frénétique d'une conduite dedépendance.

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    La forc e de cette notion tient à son enracinement dans un imaginaire anciendu corps, plus médical que moral ; celui qui fait circuler et bouillonner dessubstances diverses qui montent à la tête et transportent au cerveau desferments d'altérité. La notion de transport a vieilli parce qu'elle est marquéepar un usage stéréotypé dans une rhétorique datée, celle de l'expression dessentiments dans une société de ville et de cour sous l'Ancien Régime français,au double sens du terme, c our amoure use et co ur d'Ancien Régime, mais aussi

    parce qu'une de ses racines sémantiques a perdu son sens, à savoir soninscription dans un imaginaire ancien du corps et de son fonctionnement.Mais ce vieillissement n'est pas une disparition, car le mot reste trèscompréhensible, avec une teinte un peu ridicule, et le verbe sous sa formepassive fonctionne sans aucune atténuation oblique. Quelque chose demeure

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     Bibliographie

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    fort dans la notion de transport qui redouble pourtant assez platement celled'émotion, nous faisons l'hypothèse ici d'une efficacité spécifique, celle de laséquence cinétique supposée par cette notion et qui co nsiste à cro ire s'envo lerdu dedans.

    La notion de transport suppose donc en un premier temps le reco urs à uneimage du soulèvement d'un poids dont la clef semble relever de la mécaniquephysique, discipline réinterrogée au XVIIe siècle ave c passion ; mais lorsque cesoulèvement concerne l'espace intime de l'homme, les lois de la physique

    n'interviennent plus, et l'autonomie du mouvement interne semble v ertigineuse et irr éduc tib le. La courbe de l'env ol devient plus ample , pluspuissante lorsque l'envol est intérieur. La courbe de la retombée ou le suspensasymptotique dans l'ailleurs proposent comme un style d'action, une manièred'être : le saut parti de très haut qui s'arrondit doucement pendant la chuteimmense, la roue imaginaire d'un mouvement de balançoire, toutes cesséquences co urtes dénuées de to ute signification organisée en parole, et dontla liste pourrait être continuée (Nahoum-Grappe 1993), ont à voir avec laforce de l'idée de transport, ce qu'elle entraîne : l'exaltation sans contenuobligé, comme lorsque le v ent se lève sur un champ de blés, l'investissement

    tragique et vibrant d'une forme, la matière même de l'expression de l'émotioncomme style.

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    L'imaginaire du drapé ample, des capes rejetées en arrière, de la traîneimmense, du pli infini est lié à l'idée d'un transport pur ement formel : il est liéau soulèvement intérieur de la cénesthésie émotionnelle dans un mécanismeperceptif non encore clairement élucidé au plan cognitif. Une sorted'« immensité de forme » oblige à penser ensemble le v ent et la musique.

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    Car un vent puissant soulève l'ennui autant que la mer ou le drapeau, et sonmouvement profond au rythme involontaire a à voir avec l'émotion sansco ntenu, av ec sa po ssibilité formelle, en amont du langage : plus qu'une image,ici il s'agit en fait de la même chose, de cette identité non visuelle maisressentie do nt parle Rober t Musil dans son jour nal, lorsqu'il écrit sans en faireune théorie : « Je ne fais pas de différence entre la musique et les larmes »(1981 : 31 7 ). Car d'une certaine façon l'év énement intérieur, sorte de courbeinondée, sans contour, est le même alors, l'un ne servant plus de métaphore àl'autre et co nstituant le co rps même du transport émotif.

    33

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     Notes

    1 Extrait d'Œuvre d'Ev ar iste Parn y (1 808 : 7 9). Les poésies érotiques ont été publiéespour la première fois en 1 7 7 8.2Une relecture non savante, purement ludique du style poétique amoureux« précieux » du XVIIe  siècle, comme celui de Voiture par exemple, nous permet dereconnaître la plupart des images et du lexique de Parny. Déjà dans  Le romanbougeois   (1666) de Furetière, toute une critique du style précieux se donne à lire,dans les ma nières de décrire la beaut é féminin e par exem ple (1 981 : 36).3Dans les ly cées parisiens des ann ées 60-70, l'injure « Marie-Chantal » désignait unpersonnage féminin maniéré et prétentieux, qui s'exprimait avec affectation, unechochotte qui v oula it nettement « péter plus haut que son cul », etc.4Le prince de Ligne à la fin du XVIIIe  siècle décrira dans une lettre un état de

     boulev ersement intérieu r dev an t un pay sage mag nifiqu e, cf. Mémoires lettres et  pensées  (Bourin 1 989 : 505-51 4).5Surtout G. Bachelard (194 2). Voir aussi Hubert Damish (19 7 2).

    6« Mon cœur est soula gé d'une presse... » (ma dame de Sév igné 19 93 , t. I : 27 3).7 Nous avons travaillé sur l'esthétique du gris dans  La nouvelle revued'ethnopsychiatrie, Métissage n° 17 , 1 991 pp. 1 69-182.8Nous avons rencontré souvent la notion de transport en travaillant sur les récitsd'iv resses à trav ers ces sour ces pour les XVIe, XVIIe, XVIIIe siècles.9Cf. Georges Viga rello (1 99 3).

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    1 0Comm e sur tout en Fran ce Françoise Hérit ier.1 1 Cette image de la populace opposée au peuple est un topos que l'on peut suivredepuis les moralistes du gra nd siècle jusqu'aux théories hy giénistes du XIXe siècle ; cf.pour cette dernière période Susanna Bar rows (19 90).

     Pour citer cet article

     Référence papier

    Nahoum-Grappe V., 1994, « Le transport : une émotion surannée », Terrain, n° 22, pp.69-78.

     Référence éle ctronique

    Véronique Nahoum -Grappe, « Le transport : une émotion s urannée », Terrain [En ligne],22 | mars 1994, mis en ligne le 22 avril 2005, consul té le 16 juillet 2014. URL :http://terrain.revues.org/3086 ; DOI : 10.4000/terrain.3086

     Auteur 

    Véronique Nahoum-GrappeEHESS, Paris

     Artic les du m êm e au teur

    « Boire un coup... » [Texte intégral]

    Paru dans Terrain, 13 | octobre 1989

    L'échange des regards [Texte intégral]

    Paru dans Terrain, 30 | mars 1998

     Droits d’auteur 

    Propriété intellectuelle

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