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1 en partenariat avec le Federal European Register of Osteopaths PROMOTION 2016 présenté et soutenu publiquement à Paris, octobre 2016 par Cyrielle CORNEVIN pour l’obtention du Diplôme en Ostéopathie (D. O.) Natation et ostéopathie : Les dysfonctions communes chez les sportifs pratiquant la natation et souffrant du syndrome de l’épaule du nageur. Directeur de mémoire M. Phuong, Ostéopathe, D.O., Enseignant de l’IDO

Natation et ostéopathie : Les dysfonctions communes … · plutôt la conséquence de dysfonctions venant : - du rachis : notamment le rachis cervical puisquil est pourvoyeur des

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en partenariat avec le

Federal European Register of Osteopaths

PROMOTION 2016

présenté et soutenu publiquement à Paris, octobre 2016

par

Cyrielle CORNEVIN

pour l’obtention du

Diplôme en Ostéopathie (D. O.)

Natation et ostéopathie :

Les dysfonctions communes chez les sportifs

pratiquant la natation et souffrant du syndrome

de l’épaule du nageur.

Directeur de mémoire M. Phuong, Ostéopathe, D.O., Enseignant de l’IDO

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Je dédie ce mémoire à mes ami(e)s et futur(e)s collègues ostéopathes.

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Remerciements

Je remercie les professeurs de l’Institut Dauphine pour les cours et les connaissances acquises,

M. Bain, M. Pariaud et M. Phuong, professeurs à l’Institut Dauphine et ostéopathes D.O pour

leurs conseils et soutien lors des réunions mémoires ainsi que pour m’avoir remotivée quand

je pensais ne pas pouvoir faire ce mémoire, et plus particulièrement M. Phuong qui a accepté

d’être mon maitre de mémoire,

Mme Vasseur, ostéopathe D.O, pour son implication et sa patience à nous expliquer la structure

du mémoire,

Emmanuelle Phan, amie et ostéopathe D.O, pour son aide dans la relecture de mon mémoire,

Les nageurs de l’Espadon de Vélizy-Villacoublay, le nageur de Boulogne-Billancourt et ceux

du club de Vitry-sur-Seine pour leur participation à l’étude,

Anaïs De Lellis, amie et consœur ostéopathe D.O, pour s’être volontairement proposé à m’aider

à faire les tests sur un plus grand panel de nageurs,

Ma famille pour son soutien,

Mes ami(e)s pour leurs conseils et leur aide.

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Sommaire

Remerciements ..................................................................................................... 3

INTRODUCTION ............................................................................................... 7

1 - La natation .................................................................................................... 10

11 – Généralités ............................................................................................... 10

12 - La biomécanique des quatre nages ........................................................... 11

121 - Le papillon ....................................................................................................... 11

122 - Le dos ............................................................................................................... 12

123 - La brasse .......................................................................................................... 13

124 - Le crawl (3) (6) (7) .......................................................................................... 15

125 - Mise en application des nages : l’entrainement .............................................. 16

13 - Le syndrome de l’épaule du nageur.......................................................... 17

131 - Présentation ..................................................................................................... 17

132 - Physiopathologie des lésions ........................................................................... 18

133 - Résumé et conclusion des expérimentations réalisées sur le syndrome de l’épaule

du nageur .......................................................................................................................... 21

2 - Matériel et méthode ..................................................................................... 24

21 – Matériel .................................................................................................... 24

211 – Population ....................................................................................................... 25

212 - Critère d’éligibilité .......................................................................................... 25

213 – Lieu .................................................................................................................. 26

22 - Méthode .................................................................................................... 26

221 - Déroulement des tests ...................................................................................... 26

222 - Protocole de tests ............................................................................................. 27

3 - Résultats ........................................................................................................ 28

31 - Pourcentage de dysfonctions retrouvées chez les nageurs ....................... 29

32 - Répartition des douleurs ressenties par les nageurs ................................. 30

33 - Dysfonctions communes aux sportifs souffrant du syndrome de l’épaule

du nageur .......................................................................................................... 31

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4 - Discussion .................................................................................................... 32

41 - Dysfonctions du nageur ............................................................................ 32

42 - Dysfonctions communes pour le syndrome de l’épaule du nageur .......... 33

43 – Biais ......................................................................................................... 34

44 - Difficultés rencontrées .............................................................................. 35

45 - Autres approches ...................................................................................... 35

CONCLUSION .................................................................................................. 36

TABLE DES ILLUSTRATIONS..................................................................................... 41

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Soigner c'est écouter ce que le malade cherche à dire avec son corps."

Dominique Giniaux, ostéopathe.

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INTRODUCTION

En première année d’étude d’ostéopathie, en cours d’introduction aux techniques

ostéopathiques, une phrase d’un professeur, M. Bel, nous a profondément marqué : « d’ici

quelques années, vous vivrez, mangerez et boirez ostéopathie ». Sur le moment cette phrase

nous a fait sourire, ne nous imaginant pas si accaparés par cette discipline.

Or, il s’est avéré que ces propos se sont révélés fort justes.

Deux à trois années plus tard, alors que notre réflexion ostéopathique commençait à se

développer, je me suis surprise à réfléchir sur l’étiologie des douleurs d’épaules de certains

de mes camarades de natation. À ce moment-là, je me disais que leurs douleurs provenaient

de tendinopathies des muscles de l’épaule.

Puis, avec encore un peu de recul et l’expérience acquise en clinique, une nouvelle question

s’est présentée : pourquoi, alors que soumis aux mêmes conditions d’entrainements, certains

nageurs présenteraient-ils ces tendinopathies et pas les autres ?

Bien sûr des critères extérieurs peuvent influencer les nageurs tels que l’alimentation, le

nombre d’entrainements, ou la durée des entrainements. Cependant, j’ai pu remarquer que

ces douleurs d’épaules se déclenchent la plupart du temps lors des stages de natation : les

nageurs partent en séjour d’une semaine et vont nager deux fois par jour au lieu de la séance

journalière habituelle.

Lors de ces stages l’ensemble du groupe va se nourrir de la même façon, avoir le même

nombre d’entrainements, le même nombre d’heure de sommeil. La seule différence est

l’augmentation de la charge de travail.

En tant qu’ostéopathe, je me suis interrogée sur les possibles causes anatomiques de ces

douleurs d’épaules. D’après le principe d’interrelation de la structure et de la fonction, on

peut souligner que dans la vie courante les épaules ont un rôle d’orientation, d’engagement

dans l’action, de choix global, tout en ayant une grande mobilité et une certaine instabilité.

Cette fonction n’est donc pas respectée lors de la pratique de la natation, ce qui pourrait être

une piste étiologique.

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En considérant ensuite le principe de la globalité, je me suis demandée si les douleurs

d’épaules ne pourraient pas en fait être des douleurs projetées et si elles ne seraient donc pas

plutôt la conséquence de dysfonctions venant :

- du rachis : notamment le rachis cervical puisqu’il est pourvoyeur des nerfs moteurs

et sensitifs de l’épaule : l’étage C4-C5 pour la racine C5 pour le dermatome du

moignon et de l’étage C5-C6 pour l’innervation motrice par le nerf axillaire (12)

Les cervicales sont sujettes aux mobilisations répétées pouvant provoquer une

altération de leur biomécanique. Lors de la respiration le nageur réalise des rotations

cervicales permises à 55% par l’atlas et l’axis, 5% par C0-C1, le reste étant réparti

entre les étages C2 à C6 (7)

En considérant qu’un nageur effectue 6km par entrainement, à raison de 12 coups de

bras par 25 mètres et respirant tous les 3 coups de bras, on obtient la réalisation de

960 rotations cervicales en l’espace de 2 heures. Sachant que certains nageurs ne

respirent que d’un seul côté, il est intéressant de s’en préoccuper. En effet une hyper-

sollicitation unilatérale peut engendrer un déséquilibre de développement des

ligaments et des muscles qui à terme pourrait agir sur les épaules.

- du diaphragme : le diaphragme étant innervé par les mêmes racines C4-C5 que

l’épaule, une information nociceptive pourra être mal interprétée par le corps

- de l’articulation gléno-humérale et/ou omo-sératique : une dysfonction articulaire ou

une laxité avec défaut d’axe entrainant une usure précoce du tendon du court biceps

ou du sus-épineux

- de l’articulation du coude, par douleurs projetées

- de dysfonction de l’articulation temporo-mandibulaire (nommée ATM par la suite)

par son lien avec les cervicales et par leurs liens avec l’épaule

On trouve également d’autres étiologies de douleurs projetées telles que le foie pour l’épaule

droite ainsi que l’estomac et la rate pour l’épaule gauche. On mettra de côté ces douleurs

projetées en considérant que les sujets étant jeunes et sportifs, il y a peu de chance que leur

foie et rate soient dysfonctionnels.

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Je vais mettre en place un protocole permettant de tester ces structures afin de déterminer si

les nageurs qui souffrent des épaules présentent des dysfonctions communes.

Je présenterai dans un premier temps la natation afin d’en comprendre les mécanismes

lésionnels et de préciser la notion de syndrome de l’épaule du nageur. La population et la

description du protocole de tests seront décrites dans un second temps. J’analyserai ensuite

les résultats et les discuterai dans les dernières parties.

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1 - La natation

11 – Généralités

La natation est un sport aquatique régulièrement recommandée par les acteurs de santé

pour ses vertus non traumatisantes. Elle permet un renforcement des muscles des membres

supérieurs et inférieurs, ainsi qu’un travail cardio-respiratoire (7). Dans l’eau, la gravité est

compensée par la poussée d’Archimède : c’est grâce à cette loi physique que le corps flotte

à la surface. Ainsi le renforcement musculaire a lieu sans que la gravité ne mette en contrainte

les articulations.

La pratique de la natation repose sur le déplacement du corps à l’horizontale dans une grande

étendue d’eau. Cette dernière peut être une piscine pour la natation sportive et synchronisée

ou un lac, mer ou étang pour les épreuves de triathlon et d’eau libre.

90% de la propulsion est créé par les membres supérieurs (3), le nageur va utiliser en majorité

la force de ses bras et dans une moindre mesure la propulsion créée par ses jambes. Cela

constitue donc une différence majeure par rapport à la première activité physique de

l’Homme : la marche.

Dans la vie courante, ce sont les membres inférieurs qui permettent la propulsion, alors que

les membres supérieurs ont plutôt un rôle de préhension, très peu utilisé avec la

sédentarisation de la population.

Cette différence majeure entre déplacement terrestre et aquatique peut donc résulter de

l’altération facilitée des membres supérieurs chez le nageur. Nous allons donc étudier les

différentes nages afin de comprendre comment leur pratique peut altérer le physique du

nageur et aboutir au syndrome de l’épaule du nageur.

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12 - La biomécanique des quatre nages

Pour se déplacer dans l’eau, le nageur pourra utiliser quatre nages officiellement

reconnues par la fédération française de natation : le papillon, le dos crawlé, la brasse et le

crawl.

121 - Le papillon

Le papillon est une nage dite symétrique : les bras exécutent ensemble un mouvement

de circumduction et les jambes réalisent une ondulation.

Les bras vont rentrer dans l’eau en extension et rotation interne avec les mains en pronation.

Les muscles trapèzes supérieurs, sus-épineux et infra-épineux se contractent ainsi que, dans

une moindre mesure, les deltoïdes antérieurs, moyens et les rhomboïdes.

Sous l’eau les coudes vont légèrement se fléchir pendant que les bras alternent une abduction-

adduction-abduction au cours de leur flexion. On aura contraction du grand pectoral, grand

dorsal, dentelé antérieur, subscapulaire et du petit rond pour effectuer ce mouvement.

Le retour de bras est aérien, bras tendus en alternant une extension puis une abduction des

bras jusqu’à ce qu’ils reviennent à leur positions initiale, grâce aux muscles grands dorsaux,

deltoïdes postérieurs et rhomboïdes. La partie de la nage qui va créer des contraintes sur les

épaules du nageur est celle où les bras rentrent dans l’eau en rotation interne.

L’ondulation est un mouvement compliqué qui se réalise par une succession de flexion et

d’extension des articulations rachidiennes, lombo-sacré, coxo-fémoral, fémoro-tibial et tibio-

talienne

La respiration se fait grâce à des mouvements de flexions et d’extensions du rachis cervical

haut ou, selon la préférence du nageur, en rotation toujours unilatérale gauche ou droite.

L’ondulation se réalisant avec tout le corps, elle permet de limiter les contraintes en extension

et en flexion du rachis cervical. Le nageur inspire par la bouche lors de l’extension, maintient

son air en apnée jusqu’à l’extension suivante où il expulsera son air avant de le reprendre.

La respiration en natation présente donc une différence majeure par rapport aux sports

terrestres : l’inspiration et l’expiration se font par la bouche.

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En papillon et en brasse le nageur respire à chaque mouvement de bras et ne peut donc pas

gérer sa respiration, à la différence du crawl et du dos crawlé.

Le retour de bras en extension met en contrainte la longue portion du biceps.

Photo 1 : mouvement des bras et de la tête en papillon

122 - Le dos

Le dos crawlé est la seule nage qui se réalise sur le dos.

C’est une nage asymétrique : les bras réalisent des mouvements de circumduction en

alternance c’est-à-dire que lorsqu’un bras est à la cuisse l’autre bras se trouve près de la tête.

La main rentre dans l’eau en pronation bras tendu, le coude se fléchit sous l’eau pour

diminuer le bras de levier et réalise un mouvement de vague qui permet la propulsion. Pour

faciliter le mouvement le nageur réalisent des rotations de son buste afin de pouvoir amener

son bras plus en profondeur : lorsque que le bras droit est sous l’eau, le nageur réalise une

rotation droite de la ceinture scapulaire et du rachis thoracique ce qui

plonge l’épaule droite sous l’eau et permet de sortir l’épaule gauche. Dans la phase de

propulsion, les muscles grands dorsaux, grands pectoraux et grands ronds sont mis en jeux,

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tandis que dans la phase aérienne ce sont les muscles deltoïdes antérieurs, supra-épineux et

biceps brachiaux qui se contractent.

Le dos crawlé sollicite les épaules dans des amplitudes extrêmes ce qui entraine une hyper

laxité multidirectionnelle avec une distension de la capsule antérieure et des ligaments gléno-

huméraux. (6)

Les jambes réalisent des battements qui partent de l’articulation sacro-iliaque jusqu’à

l’articulation tibio-talienne.

L’inspiration se fait au début du mouvement quand un bras rentre dans l’eau, l’expiration se

fait quand ce bras revient à la cuisse. La respiration se fait par le nez ou par la bouche. Lors

de cette nage, les muscles de la face antérieure du cou sont sollicités pour garder la tête hors

de l’eau ce qui peut engendrer une hyper-flexion du rachis.

Photo 2 : mouvements des bras et position de la tête en dos

123 - La brasse

La brasse est une nage symétrique. Les bras partent d’une position bras tendus dans

l’alignement de la tête, reviennent sous le corps coudes fléchis. Les bras partent en

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abduction, puis les mains se rejoignent devant la poitrine pour enfin finir en tendant les bras

et les coudes vers la position initiale. Le brasseur utilise surtout les grands dorsaux, les

trapèzes supérieurs, les subscapulaires, les sus-épineux et les dentelés antérieurs.

Les lésions du brasseur sont celles de l’articulation acromio-claviculaire : lors de la prise

d’appui, la combinaison entre adduction et élévation antérieure des épaules entraine une

atteinte de l’articulation. (6)

Au cours de son mouvement le buste du nageur va faire une extension en s’aidant de l’appui

crée par ses bras. Grâce à cette extension du tronc, les cervicales du nageur sont moins mises

en contraintes lors de la respiration. Plus haut le nageur sort son tronc, moins il aura à faire

d’extension cervicale. Les jambes réalisent le ciseau de brasse. Elles partent tendues,

calcanéus collés. Le nageur va ensuite faire une légère abduction de hanche associée à une

flexion de genou. Le mouvement se termine par une extension du genou et une adduction de

hanche.

Photo 3 : mouvement des bras et de la tête en brasse

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124 - Le crawl (3) (6) (7)

Le crawl est de loin la nage la plus pratiquée, et c’est également la nage la plus rapide.

C’est une nage asymétrique sur le même principe que le dos crawlé, à la seule différence que

le crawl se réalise sur le ventre. Les bras sont en opposition constante. On lui différencie trois

temps.

Lors du temps de glisse, la main rentre dans l’eau en pronation, bras tendu le coude

légèrement plus haut que la main puis le coude se fléchit. Durant cette phase, le trapèze

supérieur, les rhomboïdes et le dentelé antérieur stabilisent et élèvent la scapula pour

découvrir la tête humérale. Le rhomboïde va fixer l’angle supérieur de la scapula pour que

les deux autres muscles fassent une élévation et une antépulsion de la glénohumérale.

Durant le temps de propulsion, le coude est fléchi et le bras réalise un mouvement de légère

abduction-adduction-abduction lors de son extension, pour enfin terminer bras tendu à la

cuisse. Le mouvement se fait en chaine cinétique fermée : la main est un point fixe et le corps

du nageur se déplace par rapport à elle. La flexion de coude permet au nageur de recruter les

rotateurs de l’épaule et les muscles du torse. Au début de cette phase, le grand pectoral et le

petit rond travaillent en un couple de force pour faire une extension, une adduction, et une

rotation interne de l’humérus. À la fin, le grand dorsal se contracte pour faire une extension

de l'articulation glénohumérale et aider le subscapulaire avec la rotation interne. Tout au long

de la propulsion, le grand dentelé, le grand pectoral et le grand dorsal sont actifs pour

propulser le corps vers l'avant sur la main fixe.

Le retour de bras est aérien, il part du bras tendu à la cuisse, le bras commence son abduction,

le coude se fléchit légèrement, jusqu’au retour de la main à sa position initiale. Durant cette

phase le deltoïde postérieur initie l’extension, le deltoïde moyen l’abduction et le deltoïde

antérieur la flexion

Les battements de crawls sont réalisées par une alternance de flexion et d’extension

majoritaires des coxo-fémorales et, dans une moindres mesure, des fémoro-tibiales. Les

chevilles sont en constante flexion plantaire.

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En crawl la norme voudrait que le nageur respire tous les trois coups de bras. Cependant en

fonction de la distance réalisée, il pourra gérer sa respiration selon ses besoins : sur de courtes

distances où la vitesse prime, le nageur va chercher à respirer le moins possible afin de gagner

du temps, alors que sur de longues distances il pourra respirer sur deux ou trois coups de bras

afin de gérer son effort.

Le sus-épineux est mis en contrainte lors de l’entrée dans l’eau par hyper-rotation interne de

l’épaule et en fin de poussé quand il doit ramener l’épaule, et est fragilisé par son défaut de

vascularisation (6)

Photo 4 : mouvement des bras et de la tête en crawl

125 - Mise en application des nages : l’entrainement

La natation en club commence à l’âge de six ans avec deux entrainements par

semaine. Les apprentis nageurs vont ensuite évoluer dans le groupe supérieur tous les deux

ans, avec un niveau et un nombre d’entrainements qui vont progressivement augmenter pour

atteindre jusqu’à six entrainements par semaine.

La carrière du nageur se termine entre 20 et 30 ans.

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Au cours de sa formation, le nageur se spécialise dans une nage pour laquelle il aura le plus

de facilités. Les entrainements ne se spécifient par nage qu’à l’âge de treize ans. Lors des

compétitions, le sportif va chercher à se qualifier au plus haut niveau possible :

départemental, régional, national voir européen, mondial et jeux olympiques.

Pour cela, l’entraineur va mixer des exercices travaillant la techniques de nages, les jambes,

les bras, la vitesse, l’endurance, l’apnée…

Afin d’optimiser la progression du sportif, les clubs organisent des stages permettant

d’augmenter le volume d’entrainements. Lors de ces stages, les nageurs vont pratiquer la

natation deux fois par jour dans des bassins de 50 mètres : le double de leur piscine habituelle.

Le nombre de coup de bras est donc doublé car les nageurs nagent deux fois plus et les

longueurs étant plus longues, les épaules du nageur profitent moins des virages au mur pour

reposer leurs articulations.

C’est souvent au cours de ces stages que les nageurs vont souffrir des épaules. Les périodes

de repos étant diminuées et leur corps étant sur-sollicité, ils vont être plus sujets aux douleurs

et notamment au syndrome de l’épaule du nageur

13 - Le syndrome de l’épaule du nageur

131 - Présentation

Malgré les nombreuses qualités attribuées à la natation, on retrouve des pathologies

typiques liée à la sur-sollicitation articulaires et aux microtraumatismes à répétition. Il existe

ainsi un syndrome particulier lié à la pratique de la natation : le syndrome de l’épaule du

nageur. Ce syndrome a été décrit pour la première fois en 1978 pour nommer une douleur

antérieure d’épaule pendant et après l’effort,

D’après Richardson (3), les douleurs d’épaules sont présentes chez 52% des nageurs d’élites

et 27% des nageurs de niveau inférieur et pour McMaster (3) 47% des 10-18 ans, 66% des

séniors et 73% des nageurs d’élite ont des antécédents d’omalgie.

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En fonction de son niveau, un nageur nage entre 5 et 13 kilomètres par jour soit 2400 à 6000

mouvements complets au niveau d'un membre supérieur. Les nages touchées par ce

syndrome sont : le crawl, le papillon et le dos car elles sollicitent l'épaule dans des amplitudes

extrêmes que ce soit en flexion-extension, abduction-adduction, ou rotation interne-rotation

externe.

Une douleur d’épaule sévère peut entrainer la fin de carrière précoce du sportif, ce qui

nécessite une bonne prévention de sa cause.

132 - Physiopathologie des lésions

D’après Henry Pollard et Danny Croker, l’épaule est ainsi soumise au stress, à la

fatigue, aux microtraumatismes à répétitions, à la laxité des ligaments de l’épaule et à un

déséquilibre entre les muscles agonistes et antagonistes qui en altèrent la biomécanique.

Un bon fonctionnement de l’épaule passe par une bonne mobilité des articulations gléno-

humérale, acromio-claviculaire, sterno-claviculaire.

Pour que ces articulations fonctionnent bien plusieurs muscles vont être mis en jeux :

- La coiffe des rotateurs constituée des muscles subscapulaire, sus et sous-épineux et

du petit rond

- Les trapèzes

- Les biceps

- Les deltoïdes

- Les dentelés antérieurs

Plusieurs étiologies ont été avancées afin d’expliquer le syndrome de l’épaule du nageur : (1)

- Pour Kennedy et Neer, le peu de vascularisation des tendons du long biceps et du

supra-épineux les rendent plus sujets aux tendinopathies et vont être mis en conflit

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lors de l’antéflexion et de l’abduction du bras pendant les mouvements de bras en

papillon, dos et crawl. Cette théorie est également soutenue par Rathburn et Macnab

qui ont montré l'absence de vascularisation de tous les tendons de la coiffe lors de

l’abduction (le mouvement du retour aérien) notamment à 1 cm de l'insertion sur le

trochiter pour le sus-épineux et à 2 cm de la glène pour la longue portion du biceps

en adduction (fin de phase aquatique).

- Un conflit secondaire résultant de l’instabilité de la gléno-humérale causée par le

stress et la fatigue des stabilisateurs ligamentaires et musculaires de l’épaule.

L'instabilité multidirectionnelle est pour Neer, la cause majeure des problèmes

tendineux du nageur. Ceci rejoint les propos de Jobb qui explique la tendinopathie de

l'épaule du sportif par l'existence d’une laxité.

- Une altération de la mobilité de l’articulation omo-sératique due à l’instabilité gléno-

humérale, augmentée par la faiblesse musculaire du faisceau supérieur du trapèze et

du sus-épineux. Plusieurs études ont été réalisées afin de savoir si la laxité de l’épaule

était une cause ou une conséquence du syndrome de l’épaule, et les résultats qui en

ressortent sont que la laxité gléno-humérale n’est probablement pas la cause primaire

de douleur (3)

- Un déséquilibre entre les agonistes et les antagonistes de l’épaule : une hypertonicité

des grands pectoraux et des grands dorsaux avec une hypotonie des rhomboïdes,

trapèze moyens, grands dorsaux supérieurs, deltoïdes postérieurs, petits ronds et

infra-épineux. Un déséquilibre des muscles antérieurs et postérieurs du rachis sont

également une cause possible ce qui est soulignée par la posture typique du nageur

avec les épaules enroulées vers l’avant, une sonnette externe des scapulas et la tête

avancée vers l’avant. Cette posture réduit l’efficacité du grand pectoral et du grand

dorsal, et altère le dégagement de la tête huméral et de l’acromion. (7)

Les études réalisées donnent les facteurs favorisants suivants:

- un sur-entrainement, ce qui expliquerait pourquoi les nageurs de compétition élite

souffrent plus des épaules que les nageurs de niveaux inférieurs. Ainsi en 1978, sur

2496 nageurs de compétition canadiens seulement 3% avait des douleurs d’épaules

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alors que lors d’études réalisées plus tard, ce nombre passait de 15 à 80% (4). Ceci

prouverait donc qu’avec les performances et le développement de la natation, les

lésions ont augmentées.

- une mauvaise technique de nage favorisant les lésions anatomiques. En crawl, une

adduction trop importante, durant la phase aquatique, si la main dépasse la ligne

médiane du corps et en dos, durant la phase aérienne, ou le risque d'adduction

apparaît. Ces défauts techniques sont cependant trop importants pour qu'un sportif de

compétition les garde lors de sa carrière.

- une matériel inadapté tel que l’abus d’utilisation des plaquettes qui augmentent la

prise d’appui dans l’eau et mettent encore plus en contraintes les structures.

- un déséquilibre métabolique : il est reconnu qu’une alimentation trop acide favorise

les tendinopathies

- une atteinte du contrôle moteur des muscles du cou et de l’épaule : une atteinte du

contrôle neural de la moelle cervicale peut engendrer des cervicalgies et vice versa,

et par conséquent altérer la fonction biomécanique et neuromusculaire de l’épaule et

de la ceinture scapulaire (5)

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21

133 - Résumé et conclusion des expérimentations réalisées sur le syndrome de

l’épaule du nageur

Le tableau ci-après regroupe l’ensemble des expériences menées dans le but de

trouver l’étiologie du syndrome de l’épaule du nageur entre 1985 et 2014 (8)

Facteurs de

risques

Études prouvant une

corrélation avérée

Études démontrant une corrélation

non avérée

Laxité

ligamentaire et

instabilité

- McMaster et al (1998)

sur 40 nageurs élites

américain

- Borsa et al (2005) sur 42

nageurs

- Santos et al (2007) sur 8

nageurs souffrant d’omalgie et

8 sans omalgie

- Walker et al (2009) sur 74

nageurs de compétitions

hommes et femmes

Différence

entre rotation

interne et

rotation externe

- Walker et al (2009)

- Bansal et al (2012)

sur 161 nageurs

élite

- Beach et al (1995) sur 32

nageurs universitaires

- Rupp et al (1995) sur 22

nageurs de compétition et 22

témoins

- Harrington et al (2014) sur 37

nageuses universitaires

Nombres

d’annees de

natation

effectuées

- Sein et al (2010) sur

80 nageurs

- Tate et al (2012) sur

236 nageuses de 8 à

77 ans

- Hidalgo-Lozano et al (2012)

sur 17 nageurs de compétitions

et 17 témoins

- Chase et al (2013) sur 50

nageurs de compétitions

- Harrington et al (2014)

Charge

d’entrainement,

volume (km) et

intensité

- Sein et al (2008)

- Tate et al (2012)

- Kruger et al (2012)

sur 282 nageurs

masters de

compétitions

- Ristolainien et al

(2014) sur 268

nageurs finlandais

- Sulet et al (2004) sur 22

nageurs de compétition et 20

témoins

- Walker et al (2009)

- Hidalgo-Lozano et al (2012)

- Hidalgo-Lozano et al (2013)

sur 50 nageurs de compétitions

élite

- Harrington et al (2014)

Utilisation de

matériel

d’entrainement

type plaquettes,

pull-boy

- McMaster et al

(1989) sur 473

nageurs

- Stocker et al (1995) 532

nageurs universitaires et 395

nageurs en masters

- Puckree & Thomas (2012) sur

96 nageurs de compétitions

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- Tate et al (2012)

Spécialité et

distance de

spécialité

- Mcmaster et al

(1989)

- Griep (1985) sur 168 nageurs

de compétitions de 12 à 23

ans)

- Walker et al (2009)

- Wolf et al (2009) sur 94

nageurs universitaires

- Sein et al (2008)

- Tate et al (2012)

- Kruger et al (2012)

- Wymore et al(2012) sur 187

nageurs universitaires élite

Latéralité de la

respiration en

crawl

- Tate et al (2012) -

Stocker et al (1995)

Mobilité

scapulaire,

force,

dystatisme

- Sulet et al (2004) -

-

Tate et al (2012) sur 236

nageuses de 8 à 77 ans

Harrington et al (2014)

Translation

gléno-humérale

- aucun -

-

Borsa et al (2005) sur 42

nageurs et 44 témoins Lynch

et al (2010) sur 14 nageurs

universitaires et 14 témoins

Longueur du

grand et petit

pectoral

-

-

Tate et al (2012)

uniquement sur le

groupe 15-18ans au

repos

Harrington et al

(2014)

- aucun

Longueur du

triceps

- aucun - Tate et al (2012)

Longueur du

grand dorsal

- Tate et al (2012)

uniquement sur le

groupe de 8 à 11ans

- aucun

Flexibilité de

l’epaule

-

-

Griepp (1985)

Ozcaldiran (2002)

sur 42 nageurs de

compétitions et 31

témoins

- Stocker et al (1995)

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Tableau : résumé des résultats d’études sur l’étiologie des douleurs d’épaules chez le nageur

N.B : Afin de faciliter la compréhension, le nombre de nageurs testés pour les études

apparaissant plusieurs fois n’ont pas été réécrit.

Ces données récapitulatives montrent l’ensemble des résultats obtenu par les expériences

cherchant une étiologie au syndrome de l’épaule du nageur, depuis la parution de l’article en

novembre 2015.

Pour établir ce tableau, les auteurs ont cherché des études sur les portails de ScienceDirect,

PubMed et SpringerLink en cherchant les mots clés "(Injury OR pain) AND (Swim*)" and

"(Shoulder) AND (Swim*)". Ils ont ainsi obtenu 2731 articles qu’ils ont triés de manière à

ne garder que les articles à niveau de preuve allant de I à

III.

Les niveaux de preuve sont classés selon le respect de certaines exigences : (9)

- la sélection de la patientèle et la répartition du traitement entre eux

- la manière de traiter l’analyse

- une évaluation impartiale et indépendante des résultats importants

- une co-intervention équitable pour les différents groupes

- un suivi d’au moins 85% des patients

- des échantillons de patients identiques dans chaque groupe - un contrôle pour

éviter les confusions.

Les niveaux sont ensuite définis en fonction du respect de ces exigences :

- le niveau I est défini comme une étude contrôlée randomisée de bonne qualité

- le niveau II est une étude qui ne respecte pas un des critères ci-dessus mais qui inclut

une répartition impartiale et indépendante, un suivi de 85% des patients, des

échantillons de patient corrects et un contrôle des confusions.

- Le niveau III est une étude qui ne respecte pas un des critères.

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Ce classement leur a permis de sélectionner 29 articles d’études qui ont été classés afin de

réaliser ce tableau.

L’avantage de ce tableau est qu’il permet de confronter les études réalisées. Ainsi on

s’aperçoit que les théories avancées ont pour la plupart été validées par des études et réfutées

par d’autres, ce qui ne permet de tirer aucune conclusion des résultats.

Même si certaines études ont plus de 20 ans, elles sont généralement confirmées par d'autres

études plus récentes utilisant donc une technologie de mesure plus moderne. Le nombre de

patients dans certaines études sont également peu élevés mais sont contrebalancés par

d’autres études au nombre plus significatifs.

Parmi tous les facteurs favorisants cités dans ce tableau, seule la longueur des muscles grand

et petit pectoral ainsi que du grand dorsal montre un impact significatif sur le syndrome de

l'épaule du nageur.

On peut cependant souligner que dans ces deux théories seule une étude en démontre la

véracité.

Pour les muscles pectoraux, seul le groupe d’âge de 15 à 18 ans confirme la théorie qu’un

raccourcissement de ces muscles engendrerait le syndrome de l’épaule du nageur. En ce qui

concerne le grand dorsal, seul le groupe de nageurs de 8 à 11 ans indique qu’une anomalie

de longueur entrainerait des souffrances.

En conclusion, bien que très étudiée en médecine, l’étiologie du syndrome de l’épaule du

nageur reste encore mal expliquée. Nous allons nous y intéresser d’un point de vue

ostéopathique, en nous préoccupant de la globalité du corps du nageur et aux structures qu’il

met en contraintes par sa pratique.

2 - Matériel et méthode

21 – Matériel

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211 – Population

Pour cette étude j’ai sollicité les nageurs du club de ma ville. Les 15 nageurs sur

lesquels je réaliserai les tests sont âgés de 11 à 17 ans. Les plus jeunes pratiquent la natation

à raison de quatre entrainements hebdomadaires de deux heures, les plus âgés s’entrainent

cinq à six fois par semaines durant deux heures avec en complément trois heures de

musculations (cardio, gainage, abdominaux, appareil de musculation).

Un deuxième groupe de nageurs sera étudié par un autre ostéopathe au cours d’un stage de

natation du club de Vitry-sur-Seine, composé de 16 nageurs de 15 à 34 ans.

Ces nageurs s’entrainent cinq à six fois par semaine à raison d’1h30 à 2h par entrainement.

Les 31 nageurs ont réalisés un stage dans une piscine de 50m, dans un lieu extérieur à leur

piscine habituelle (mais différent entre les deux groupes) où ils sont logés et nourris de la

même façon.

L’étude sera constituée de 16 garçons de 12 à 28 ans et de 15 filles de 11 à 34 ans.

La diversité d’âge du panel permet de couvrir chaque catégorie d’âge de la carrière du nageur.

A 11 ans, le sportif pratique les quatre nages avec une technique de nage correct et vers 30-

34 ans il prend sa retraite.

Le panel est constitué de sujet jeunes, ce qui limite les altérations biomécaniques du corps

extérieures à la pratique de la natation et qui pourrait influencer les résultats de mes tests.

Réaliser les tests sur des nageurs de deux clubs différents permet de diversifier les nageurs

et les types d’entrainements réalisés.

212 - Critère d’éligibilité

Critères d’inclusion

- Patients volontaires acceptant l’expérimentation et ayant signé la lettre de

consentement

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- Patients majeurs ou mineurs dont les parents ont signé une autorisation

- Sexe non important

- Savoir nager et pratiquer les quatre nages reconnues par la fédération française de

natation

- Réaliser le stage dans son entièreté

Critères d’exclusion

- Patient ne réalisant pas le stage en entier

- Patients ayant eu une intervention chirurgicale récente

- Patients ayant eu un traitement ostéopathique dans le mois précédent le stage.

213 – Lieu

Les tests se dérouleront dans l’infirmerie de la piscine de Canet-en-Roussillon pour le club

de l’Espadon de Vélizy-Villacoublay et dans l’infirmerie de la piscine de palma de Majorque

pour le club de Vitry-sur-Seine.

22 - Méthode

221 - Déroulement des tests

Les tests ont eu lieu du 18 au 23 avril pour le club de Vitry-sur-Seine et du 24 au 30

avril pour le club de Vélizy-Villacoublay. Ils ont été effectués dans les premiers jours de

stages afin d’éviter que la sur-sollicitation des entrainements n’entrainent de nouvelles

dysfonctions.

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Les nageurs ont répondu à une brève anamnèse sur leur nom, prénom, âge, latéralité,

antécédents (notamment d’omalgie), nages de spécialités, côté de respiration préférentiel en

crawl et papillon.

À l’issue du stage les nageurs ont été interrogés sur la présence de douleurs à l’épaule.

Le nageur devait préciser localement sa douleur, et la coter selon l‘échelle de Neer (4)

- Stade I : douleur après un effort intense

- Stade II : douleur sans handicap pendant et après l’effort

- Stade III : douleur handicapantes pendant et après l’effort qui altère les performances

du nageur

- Stade IV : douleur empêchant la pratique de la natation en compétition.

Le nageur devait localiser la zone douloureuse. Le praticien se chargeait ensuite de réaliser

des tests de contractions résistées, d’étirements et de palpations du ou des muscles pointés.

Le muscles étaient considérés comme souffrant à partir du moment où l’un de ces trois

paramètres était douloureux.

222 - Protocole de tests

Les tests ont été réalisés selon le même protocole que ceux réalisés au Centre

ostéopathiques des Halles.

Les tests comprennent l’ensemble du rachis du sacrum au cervicales, puis l’épaule, la ceinture

scapulaire, le coude, le diaphragme et l’ATM.

Les tests commencent debout, le praticien teste :

- Les iliaques (testing positionnel)

- Les sacro-iliaques

- Le dépistage lombaire puis le testing lombaire et thoracique

- Le dépistage cervical

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Assis

- Les sternoclaviculaires

- Les 1eres côtes

- Les gléno-humérales

En décubitus dorsal

- L’iliaque (analytique)

- Le diaphragme selon les techniques viscérales, genoux pliés

- Les dépistages et testing cervicales

- L’ATM

- Les ulno-radiales

- Les ulno-humérales

- Les radio-humérales

L’ensemble des données ainsi collectées ont ensuite été traités dans des tableaux afin de

mettre en évidence des dysfonctions majoritaires.

3 - Résultats

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31 - Pourcentage de dysfonctions retrouvées chez les nageurs %

60

50

40

30

20

10

0

C0 C1

vertèbres

48

45

42

29 32 32

26 26

19

19

19 19

19 19

22

0

10

3

10 13 10 13

6 6 6

Schéma 1 : fréquence des dysfonctions pour chaque étage vertébrale chez les nageurs

68 71 81

58

74 81

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90

%

structures dysfonctionelles

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Schéma 2 : fréquence des dysfonctions des autres structures anatomiques

32 - Répartition des douleurs ressenties par les nageurs

Schéma 3 : répartition des zones douloureuses chez les nageurs

Schéma 4 détails de la répartition des douleurs multiples du membre supérieur

pas de douleur ou autres douleurs

42 %

deltoïde 29 %

douleurs multiples du membre

supérieur 13%

long biceps % 10

infra - épineux % 6

biceps et infra-épineux

deltoïde et triceps

coracoïde et biceps

coracoïde et triceps

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33 - Dysfonctions communes aux sportifs souffrant du syndrome de l’épaule du

nageur

% 70

60

50

40

30

20

10

0

C0 C1

vertèbres

58

53 53

26

32

26

21

21 21

21 21

21 21

21 21

16

16

0

11 11

0 11

0 5 5

Schéma 5 : fréquence des dysfonctions vertébrales chez les nageurs souffrant des épaules

Schéma 6 : fréquence des dysfonctions des autres structures chez les nageurs souffrant

68 63

89

68

79 79

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90

100 %

structures anatomiques

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des épaules

4 - Discussion

41 - Dysfonctions du nageur

NB : pour une meilleure analyse des résultats un groupe témoin doit être testé et réparti de

la même façon entre les deux ostéopathes qui ont testé les nageurs pour que les biais lors

des tests des nageurs soit les mêmes pour le panel témoin.

Plusieurs éléments ressortent des tests.

En ce qui concerne les dysfonctions de l’ensemble des nageurs, on retrouve des dysfonctions

plus fréquentes, notamment au niveau du rachis cervical. Les 2e, 5e et 7e vertèbres cervicales

sont dysfonctionnelles chez presque la moitié des nageurs testés (respectivement 48%, 42%

et 45%). Ces dysfonctions peuvent s’expliquer par les microtraumatismes à répétition subis

par les cervicales au cours de la respiration aquatique.

En effet, en crawl le nageur exécute des rotations répétées des cervicales afin de respirer.

Comme précisé précédemment, le crawl est la nage la plus réalisée, et un nageur va faire

approximativement 960 rotations cervicales par entrainement. Lors des stages ce nombre est

doublé puisque le nageur va s’entrainer deux fois dans la journée.

En ce qui concerne les autres structures anatomiques, on remarque que les nageurs sont

nombreux à présenter des dysfonctions gléno-humérales, ce qui est sensé au vue du sujet

d’étude de ce mémoire. Sur le même principe que les cervicales, les gléno humérales réalisent

en moyenne 2880 mouvements complets et vont être doublés lors des stages.

Les dysfonctions d’ATM sont toutes aussi présentes que les dysfonctions de glénohumérales.

Une théorie que l’on pourrait avancer serait qu’il existe une différence entre la respiration

terrestre, qui se fait principalement par le nez, et la respiration aquatique qui se fait plutôt par

la bouche. Le nageur ainsi va sursolliciter sa mâchoire pendant les entrainements. Cependant,

on peut émettre des réserves sur cette hypothèse compte tenu de l’absence de gravité en

milieu aquatique, ce qui diminue les contraintes sur les muscles. D’autre part, du fait de la

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jeunesse du panel, la présence d’appareillages dentaires tels que les « bagues » ne peuvent

être sous-estimés.

Les dysfonctions de ceintures scapulaires regroupent les dysfonctions de clavicules et

d’articulations sterno-claviculaires. C’est la 3e dysfonction la plus courante, ce qui pourrait

s’expliquer par le lien anatomique créée par la scapula : l’humérus s’articule avec la glène

de la scapula, qui, via l’acromion s’articule à la clavicule, elle-même articulée avec le

sternum. Une dysfonction somatique de la gléno-humérale a donc des répercutions sur toute

la ceinture scapulaire.

Le diaphragme est lui aussi plutôt dysfonctionnel chez les nageurs, ce qui peut s’expliquer

comme dit précédemment par le mode de respiration différent et également par l’absence de

la gravité terrestre sur les viscères sur lesquels le diaphragme ne s’appuiera pas plus.

42 - Dysfonctions communes pour le syndrome de l’épaule du nageur

Plusieurs dysfonctions sont intéressantes à relever pour le syndrome de l’épaule du

nageur.

Quand on compare le tableau de dysfonctions présentes chez tous les nageurs à celui des

sportifs souffrant du syndrome de l’épaule, on constate une plus grande présence de

dysfonctions des étages C2, C5, C7 et T12.

Chez les nageurs souffrant des épaules, on obtient ainsi une augmentation de 10% des

dysfonctions de C2, 26% de C5, 29% de C7 et de 40% de T12

Les dysfonctions de C5 et C7 sont intéressantes dans le cas du syndrome de l’épaule du

nageur car c’est entre ces étages que va sortir le plexus brachial qui va innerver les muscles

lésés dans cette pathologie.

Le plexus brachial innerve les muscles (10) :

- élévateur de la scapula, grand et petit rhomboïde pour la racine C5

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- supra-épineux, infra-épineux, deltoïde, subscapulaire, grand et petit rond pour C5 et

C6

- dentelé antérieur, grand pectoral et biceps brachial pour les racines C5 à C7

L’ensemble de ces muscles sont utilisés par le nageur au cours des nages décrites

précédemment. On peut donc en conclure qu’une altération de la biomécanique cervicale

pourrait être à l’origine d’une fatigue musculaire précoce.

En ce qui concerne la forte présence de dysfonction de T12, on peut supposer que c’est une

adaptation de la charnière dorso-lombaire aux dysfonctions de la charnière cervicodorsale.

Par ailleurs, il est également intéressant de souligner que le muscle trapèze s’insère sur toutes

les vertèbres thoraciques. En cas de dysfonctions du trapèze, on pourra donc retrouver une

dysfonction de cette vertèbre.

43 – Biais

Les tests étant opérateurs dépendants, il existe un biais dans les résultats puisqu’ils

ont été réalisés par deux ostéopathes. Cela était nécessaire afin d’augmenter la population

d’études et de diversifier les entrainements subit par les nageurs.

Les deux groupes de natations testés n’ont pas réalisé les mêmes entrainements puisqu’ils ne

s’entrainaient pas dans la même piscine. Ainsi, si des entrainements plus exigeants au niveau

des membres supérieurs ont été réalisés par l’un ou l’autre club, les dysfonctions peuvent

différer entre eux.

Un autre élément entraine un biais dans nos tests : il s’agit de la pratique d’exercices de

musculations en complément de la pratique de la natation. En fonction de leur niveau,

certains nageurs ont effectué des séances d’exercices aux poids du corps et d’autres avec des

appareils de musculation.

Par ailleurs la préparation à sec avant chaque entrainement diffère en fonction de l’âge du

nageur.

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44 - Difficultés rencontrées

Pour réaliser ce mémoire, un contexte particulier a été nécessaire ; il s’agit d’un stage

de natation. Afin que les sujets soient dans les mêmes conditions, le stage devait se dérouler

à l’extérieur de la piscine habituelle des nageurs. Cela permettait aux nageurs d’avoir

exactement les mêmes conditions de vie et de pouvoir ainsi éliminer certains facteurs

externes (alimentation différente, temps de repos différent, nombre d’entrainements

différents…).

Cependant, ce genre de stage n’a lieu que deux fois par an : une fois à la toussaint,

uniquement pour les meilleurs nageurs du club (ce qui limite le nombre de sportifs testés), et

une fois à pâques avec un plus grand nombre de participants. Cela limite donc la marge de

manœuvre pour réaliser les tests.

Une autre difficulté rencontrée est le peu de temps libre qu’il reste aux nageurs après avoir

nagé, être rentré dans leur chambre, avoir mangé et dormi. Cela a énormément limité le temps

disponible pour les tester, d’où l’utilité de faire appel à une consœur pour tester un autre

groupe.

Le nombre de nageurs testé est également restreint dans chaque catégorie d’âge. Il est difficile

d’avoir une population d’âges similaires au vue de l’investissement que demande le niveau

pour réaliser ces stages. En effet seuls les meilleurs nageurs peuvent y assister car le club

finance une partie du stage.

Le manque de documentation parlant de la natation et de l’ostéopathie a également

compliqué ma recherche bibliographique.

45 - Autres approches

Une autre hypothèse étiologique aurait été de tester la dure-mère. En effet, celleci est

en lien et a une action sur les courbures primaires et secondaires en position verticale tout en

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étant sous l’influence de la gravité. Il aurait été intéressant d’évaluer d’éventuelles

dysfonctions de la dure-mère qui auraient pues, en position horizontale et sans influence de

la gravité, entrainer des dysfonctions d’épaule via les courbures.

Une étiologie dure-mèrienne du syndrome de l’épaule du nageur aurait ainsi expliqué le peu

de résultats probants dans les études menées par les médecins et kinésithérapeutes puisque

la dure-mère n’est réellement approchée que par les ostéopathes.

CONCLUSION

Il est recommandé par l’Organisation Mondiale de la Santé de réaliser au moins trois

fois par semaine des activités d’intensité soutenue chez les enfants de 5 à 17 ans et entre 2h30

à 5h d’efforts modérés chez les adultes de 18 à 65 ans. (13)

La natation pratiquée en club est un excellent moyen de respecter ces recommandations.

La pratique d’un sport en milieu aquatique présente en plus l’avantage de limiter les

contraintes sur les articulations par l’absence de gravité, tout en renforçant l’ensemble du

système musculo-squelettique.

Cependant comme pour toute activité, lorsqu’elle mal pratiquée ou pratiquée excessivement,

des lésions peuvent apparaitre. Pour la natation, la plus courante est celle du syndrome de

l’épaule du nageur.

Malgré le fait que ce syndrome touche entre 40 et 80% des nageurs, il reste encore quelques

parts d’ombres le concernant.

Un grand nombre d’études ont été réalisées par les médecins et les kinésithérapeutes afin de

déterminer les facteurs déclenchants ce syndrome.

Parmi ceux-ci on peut compter : les sur-sollicitations du membre supérieur au cours de

l’entrainement, un déséquilibre musculaire des rotateurs internes et externes, la laxité de

l’épaule, l’utilisation de matériel renforçant les appuis dans l’eau, la spécialité du nageur, le

niveau (et donc le nombre d’entrainement) du nageur, ou encore un déséquilibre dans la

musculature du nageur entrainant une mauvaise posture…

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Malgré le grand nombre d’hypothèse émise, aucune théorie n’a réellement pu se distinguer

des autres.

Au cours des recherches effectuées pour ce mémoire, très peu de données ont pu être récoltées

en rapport avec l’ostéopathie. Cela peut s’expliquer par le fait que les douleurs musculaires

à type de tendinopathie relèvent plus de la kinésithérapie.

On trouve donc peu de recherches et de textes mettant en relation ces deux sujets…. Et si la

clé de cette énigme résidait dans l’ostéopathie ?

En repartant des principes de base de celle-ci, notamment la globalité, une série de tests a été

réalisée afin de rechercher des dysfonctions majoritaires chez les nageurs souffrant

d’omalgie. À la différence des autres médecines traditionnelles qui se focalisent

essentiellement sur l’articulation gléno-humérale, nous avons cherché à tester l’ensemble

des structures qui pourrait donner des douleurs projetées.

Les résultats montrent qu’en effet chez ces nageurs, les vertèbres C2, C5, C7 et T12 sont plus

dysfonctionnelles que chez les autres nageurs. On peut donc en retirer une supposition quant

à l’étiologie du syndrome de l’épaule du nageur.

Lors de la respiration, le rachis cervical est sur-sollicité lors des rotations. La présence de

dysfonctions au niveau d’étages vertébrales va altérer la biomécanique cervicale et engendrer

une altération de l’innervation des muscles en lien avec eux. Ceci va alors créer une faiblesse

musculaire qui pourra être à l’origine de tendinopathie de la coiffe des rotateurs de l’épaule

et ainsi créer ce syndrome de l’épaule du nageur.

Ces tests montrent cependant certaines limites notamment au vu du nombre de participants

et des nombreux biais liés aux différents niveaux d’entrainements entre chaque nageur, ainsi

que leurs activités terrestres complémentaires telles que la musculation ou d’autres sports.

Il pourrait être intéressant de réaliser un suivi ostéopathique des clubs de natation au cours

de leur stage, voire de l’année sportive complète. En effet un suivi régulier permettrait de

limiter la présence de dysfonctions qui altèreraient leur biomécanique de nage et leur

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fourniraient ainsi une meilleure qualité de vie et d’entrainement. Ceci faciliterait alors leur

progression en diminuant le nombre de blessures.

Une autre piste pourrait être de tester une éventuelle prise en charge bi-disciplinaire du

syndrome de l’épaule du nageur : l’ostéopathe soignant les restrictions trouvées et le

kinésithérapeute rééquilibrant les muscles nécessiteux.

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ANNEXES

QUESTIONNAIRE NAGEUR

Partie à remplir au début du stage

NOM Prénom

Age

Latéralité : gaucher / droitier

Spécialité (nage et distance) :

Latéralité préférentielle de respiration : Gauche / droite

Nombre d’entrainements par semaine et durée de l’entrainement

Antécédents (accident de voiture, fracture, tendinopathie, entorse…)

À demander en fin de stage

Douleur pendant et/ou après les entrainements ? Si oui, montrer la localisation

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BIBLIOGRAPHIE

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ACO volume 8, number 3

(2) DUFOUR Michel, 2010, Anatomie de l’appareil locomoteur membre supérieur, 2e

édition, édition Masson

(3) HEINLEIN Scott A., PT, COSGAREA Andrew J., MD, novembre 2010,

Biomechanical considerations in the competitive swimmer’s shoulder, sports health

(4) BAK Klaus, FAUNØ Peter, mars-avril 1997, Clinical findings in competitive swimmers

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(5) HIDALGO-LOZANO Amparo, CALDERÓN-SOTO Carmen, DOMINGOCAMARA

Antonio, FERNÁNDEZ-DE-LAS-PEÑAS César, MADELEINE Pascal, ARROYO-

MORALES Manuel, juin 2012, Swimmers With Unilateral Shoulder Pain Demonstrate

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volume 42 , numéro 6 , p552-558, journal of orthopaedic & sports physical therapy,

(6) TIXIER Arnaux , BARETTE Gilles, LOUBIÈRE Matthieu, DUFOUR Xavier,

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(10) TORTORA et DERRICKSON , Principe d’anatomie et de physiologie, 4e édition, édition

de boeck, p480

(11) TORTORA et DERRICKSON, Principe d’anatomie et de physiologie, 4e édition, édition

de boeck, p384

(12) DUFOUR Michel anatomie de l’appareil locomoteur, tome 2, membre supérieur, 2e

édition, p328.

(13) OMS, 2010, recommandations mondiales sur l’activité physique pour la santé.

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TABLE DES ILLUSTRATIONS

Photo 1 : mouvement des bras et de la tête en papillon………………………………..12

Photo 2 : mouvement des bras et position de la tête en dos……………………………13

Photo 3 : mouvement des bras et de la tête en brasse………………………………......14

Photo 4 : mouvement des bras et de la tête en crawl…………………………………...16

Schéma 1 : fréquence des dysfonctions pour chaque étage vertébrale chez les

nageurs ........................................................................................................................... 29

Schéma 2 : fréquence des dysfonctions des autres structures anatomiques ................. 29

Schéma 3 : répartition des zones douloureuses chez les nageurs ................................... 30

Schéma 4 détails de la répartition des douleurs multiples du membre supérieur ....... 30

Schéma 5 : fréquence des dysfonctions vertébrales chez les nageurs souffrant des épaules

............................................................................................................................. 31

Schéma 6 : fréquence des dysfonctions des autres structures chez les nageurs souffrant

des épaules ....................................................................................................................... 31

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RÉSUMÉ

Bien que souvent recommandée pour ses vertus non traumatisantes, la natation -quand elle est

pratiquée à haute dose- provoque des microtraumatismes et une altération des structures de

l’épaule. Ces mécanismes de lésions vont aboutir à l’apparition d’un ensemble de signes appelé

syndrome de l’épaule du nageur. Quand on sait que la carrière d’un nageur peut s’arrêter à cause

d’une telle blessure mal guérie, il est important de chercher à comprendre son étiologie.

Nous allons nous intéresser d’un point de vue ostéopathique à cette pathologie. Un protocole

de test sera mis en place afin d’évaluer si les nageurs souffrant de l’épaule présentent des

dysfonctions articulaires communes. Les nageurs seront évalués au cours d’un stage de natation

d’une semaine car les conditions d’entrainements seront plus importantes et les nageurs

évolueront dans les mêmes conditions.

Mots clés : natation, ostéopathie, épaule, douleur

ABSTRACT

While wholly recommended for its gravity-free advantage, swimming –when practiced heavily-

can be quite traumatizing for the athlete’s body with strains and impingements of the shoulder’s

composites. Those strains will provoke a set of symptoms called swimmer’s shoulder

syndrome. It’s alleged that a non-well treated injury can ruin an athlete’s career, therefore great

attention must me put to its etiology. We are going to investigate this pathology with an

osteopathic insight. A test protocol will be performed to investigate if swimmers suffering from

their shoulder present mutual musculoskeletal dysfunctions. Swimmers will be tested during a

one week swimming training course, as the training session during this course are increased

and the swimmers of this group will have the same lifestyle for the week.

Key words : swimming, osteopathy, shoulder, pain