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Naturalisme Le naturalisme est un mouvement littéraire qui, dans les dernières décennies du xixe siècle, cherche à introduire dans les romans la méthode des sciences humaines et sociales, appliquée à la médecine par Claude Bernard. Le mouvement est en partie créé par Émile Zola. Définition Le Naturalisme est la suite logique du réalisme : ce dernier entendait décrire la réalité de la manière la plus précise possible, y compris dans ses aspects immoraux ou vulgaires. Le Naturalisme poursuit cette idée, mais en ajoutant un contexte physiologique et en montrant que le milieu où vit le protagoniste est l'une des raisons de son comportement. Le naturalisme est le reflet de la réalité : il s'intéresse autant à la bourgeoisie qu’aux individus pauvres, comme les ouvriers ou les prostituées. Cependant, l’école naturaliste exige, si l’on s’en tient à la théorie d’Émile Zola1, que l’écrivain applique une méthode strictement littéraire qui se rapproche de celle mise en œuvre par les sciences naturelles, et qui avait été utilisée pour la première fois dans la critique positiviste des phénomènes littéraires par Charles-Augustin Sainte-Beuve et Hippolyte Taine. Auguste Comte avait, en effet, affirmé dans son Cours de philosophie positive (1830-1842) que l’art, parvenu au stade « positif », obéissait aux mêmes lois que la science. Suivant le positivisme, Taine va alors s’attacher à découvrir les lois qui régissent la littérature. C’est ainsi qu’il soutient que la race, le milieu naturel, social et politique et le moment au cours duquel est créée une œuvre littéraire définissent ses traits spécifiques et son évolution 1

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Le naturalisme est un mouvement littéraire qui, dans les dernières décennies du xixe siècle, cherche à introduire dans les romans la méthode des sciences humaines et sociales, appliquée à la médecine par Claude Bernard. Le mouvement est en partie créé par Émile Zola.

Définition

Le Naturalisme est la suite logique du réalisme : ce dernier entendait décrire la réalité de la manière la plus précise possible, y compris dans ses aspects immoraux ou vulgaires. Le Naturalisme poursuit cette idée, mais en ajoutant un contexte physiologique et en montrant que le milieu où vit le protagoniste est l'une des raisons de son comportement. Le naturalisme est le reflet de la réalité : il s'intéresse autant à la bourgeoisie qu’aux individus pauvres, comme les ouvriers ou les prostituées. Cependant, l’école naturaliste exige, si l’on s’en tient à la théorie d’Émile Zola1, que l’écrivain applique une méthode strictement littéraire qui se rapproche de celle mise en œuvre par les sciences naturelles, et qui avait été utilisée pour la première fois dans la critique positiviste des phénomènes littéraires par Charles-Augustin Sainte-Beuve et Hippolyte Taine. Auguste Comte avait, en effet, affirmé dans son Cours de philosophie positive (1830-1842) que l’art, parvenu au stade « positif », obéissait aux mêmes lois que la science. Suivant le positivisme, Taine va alors s’attacher à découvrir les lois qui régissent la littérature. C’est ainsi qu’il soutient que la race, le milieu naturel, social et politique et le moment au cours duquel est créée une œuvre littéraire définissent ses traits spécifiques et son évolution (Introduction à l'histoire de la littérature anglaise, 1563-1764).

C’est dans la préface de Thérèse Raquin et surtout dans le Roman expérimental que Zola formule sa théorie. Prenant comme modèle le docteur Bernard de la Médecine expérimentale (1869), et suivant sa méthode pas à pas, Zola considère que « le romancier est fait d'un observateur et d'un expérimentateur ». L’observateur choisit son sujet (l’alcoolisme, par exemple) et émet une hypothèse (l’alcoolisme est héréditaire ou est dû à l'influence de l’environnement). La méthode expérimentale repose sur le fait que le romancier « intervient d’une façon directe pour placer son personnage dans des conditions » qui révéleront le mécanisme de sa passion et vérifieront l’hypothèse initiale. « Au bout, il y a la connaissance de l’homme, la connaissance scientifique, dans son action individuelle et sociale. »

Émile Zola s’est fixé un but pour faire partager sa théorie naturaliste : écrire vingt romans d’une famille vivant sous le Second Empire. Le nom de l’ensemble des livres est "Les Rougon-Macquart" ; titre utilisant le nom de famille des différents personnages. Le nom

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complet et également utilisé est "Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le second empire". Chaque roman met en scène un personnage de cette famille, montrant l'expression de ses caractères, héréditaires ou issus du milieu où il vit. Diverses conditions sociales sont décrites au fil des vingt romans : celle des mineurs dans Germinal, des artistes dans L’œuvre, des militaires dans La débâcle, etc.

Zola se met lui même en scène, dans l'Œuvre sous le patronyme transparent de Sandoz, dans le personnage de l'écrivain. Sandoz est visiblement composé de la réunion du nom de Sand (l'écrivain que dans sa jeunesse Emile disait admirer le plus) et de oz (le début de « Zola », retourné). Il fait dire à Sandoz : « ...J'en sais dont le crâne est trop différent du mien, pour qu'ils acceptent jamais ma formule littéraire, mes audaces de langue, mes bonhommes physiologiques, évoluant sous l'influence des milieux... ». Dans ce tome des Rougon Macquart, Émile Zola écrira ses pensées, ses convictions sur l'art moderne, et la difficulté qu'il éprouve à écrire ses romans.

D'autres écrivains sont cités comme étant naturalistes. On peut penser à Guy de Maupassant avec ses romans « Une vie », « Pierre et Jean » ou encore à Alphonse Daudet, qui toutefois ne se joindra jamais au mouvement.

Les années 1890 marquent en France le déclin du Naturalisme : Émile Zola, qui achève le cycle des Rougon-Macquart avec "Le Docteur Pascal" (1893), se tourne désormais vers le journalisme ; Maupassant meurt en 1893, Alphonse Daudet meurt en 1895.

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Surréalisme

Le surréalisme est un mouvement littéraire, culturel et artistique du xxe siècle, comprenant l’ensemble des procédés de création et d’expression utilisant toutes les forces psychiques (automatisme, rêve, inconscient) libérées du contrôle de la raison et en lutte contre les valeurs reçues. En 1924, André Breton le définit dans le premier Manifeste du surréalisme comme un « automatisme psychique pur, par lequel on se propose d'exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l'absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale [...] ».

Le surréalisme repose sur la croyance à la réalité supérieure de certaines formes d'associations négligées jusqu'à lui, à la toute-puissance du rêve, au jeu désintéressé de la pensée. Il tend à ruiner définitivement tous les autres mécanismes psychiques et à se substituer à eux dans la résolution des principaux problèmes de la vie1 (xxe siècle).

Historie

Dans le courant du xixe siècle, le « super naturalisme » de Gérard de Nerval, le « surnaturalisme » d'Emanuel Swedenborg[réf. nécessaire] et aussi le symbolisme de Charles Baudelaire et de Stéphane Mallarmé et, enfin surtout, le romantisme allemand de Jean Paul (dont les rêves annoncent l'écriture automatique) et d'Hoffmann peuvent être considérés comme des mouvements précurseurs du surréalisme. Plus proches, les œuvres littéraires d'Alfred Jarry, d'Arthur Rimbaud et de Lautréamont, et picturales de Gustave Moreau et Odilon Redon sont les sources séminales dans lesquelles puiseront les premiers surréalistes (Louis Aragon, André Breton, Paul Éluard, Philippe Soupault, Pierre Reverdy). Quant aux premières œuvres plastiques, elles poursuivent les inventions du cubisme.

À partir de 1917, et du ballet Parade, Cocteau et Apollinaire réfléchissent sur ce qu'ils ressentent être un esprit nouveau. Apollinaire reprend les Mamelles de Tirésias, qu'il avait rédigé en 1903, pour y ajouter des éléments qui lui semblent découler tout naturellement des sensibilités de l'époque : tout un peuple représenté par une seule personne, un kiosque à journaux parlant, ou diverses provocations. Ce courant, se nourrissant de la période Dada, trouve une nouvelle concrétisation avec la pièce Les Mariés de la Tour Eiffel, en 1921. Pour cette pièce, Cocteau, à une musique bruitiste, préfère un amalgame de music-hall et d'absurde,

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poussant autant que possible la pataphysique de Jarry. À partir de là, débordant Dada, mais nourris par ce mouvement, les artistes recherchent des idées nouvelles2.

Après avoir été séduit par Dada, les surréalistes s'inscrivent en rupture par rapport à ce mouvement : ils considéraient que le surréalisme susciterait l'arrivée de nouvelles valeurs, ce que n'acceptaient pas les dadaïstes3. Dada, absolu dans sa dénonciation, ne survit pas à une querelle relative à l'engagement suscitée par la Révolution soviétique et le risque d'une nouvelle guerre, et en 1924 naît le surréalisme avec la publication du premier Manifeste du surréalisme d'André Breton, soucieux d'agir sur la société, sinon l'individu, sans tomber dans l'embrigadement. Dali affirme d'ailleurs être sûr que le surréalisme « changerait le monde. » Étant lui-même adepte de ce mouvement, il s'y investit comme un devoir.

Cette aventure (« une attitude inexorable de sédition et de défi ») passe par l'appropriation de la pensée du poète Arthur Rimbaud (« changer la vie »), de celle du philosophe Karl Marx (« transformer le monde ») et des recherches de Sigmund Freud4 : Breton s'est passionné pour les idées de Freud5 qu'il a découvertes dans les ouvrages des Français Emmanuel Régis et Angelo Hesnard en 19176. Il en a retiré la conviction du lien profond unissant le monde réel et le monde sensible des rêves, et d'une forme de continuité entre l'état de veille et l'état de sommeil (voir en particulier l'écriture automatique). Dans l'esprit de Breton, l'analogie entre le rêveur et le poète, présente chez Baudelaire, est dépassée. Il considère le surréalisme comme une recherche de l'union du réel et l'imaginaire : « Je crois à la résolution future de ces deux états, en apparence si contradictoires, que sont le rêve et la réalité, en une sorte de réalité absolue. »

En 1966, la mort du poète et chef de file va entraîner la fin du surréalisme; trois ans plus tard, Jean Schuster signa officiellement, dans le quotidien Le Monde, l’acte de décès du mouvement dans un article intitulé « Le Quatrième Chant »7.

André Breton

Le poète et écrivain français André Breton (1896-1966) fut le principal fondateur du surréalisme, le seul artiste, avec Benjamin Péret, à avoir appartenu au mouvement depuis son origine et jusqu'à sa mort. En 1924, c'est lui qui pour la première fois décrit le surréalisme dans le premier Manifeste, puis, la même année, il contribue à la création du Bureau de la recherche surréaliste. Louis Aragon, Robert Desnos, Paul Éluard, René Magritte, Giorgio De Chirico, Philippe Soupault, Marcel Duchamp, Salvador Dalí et Jacques Prévert sont quelques-uns des plus connus de ses camarades écrivains, poètes, peintres, artistes en somme. Nombre

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d'entre eux vont également adhérer au Parti Communiste français pour soutenir leurs idées de révolution sociale : Breton rejoint le parti en 1927 et en est expulsé en 1933.

Étymologie

Le poète Arthur Rimbaud (1854-1891) voulait être un visionnaire, se mettre en état de percevoir la face cachée des choses, une autre réalité. C'est en poursuivant les tentatives de Rimbaud que Guillaume Apollinaire (1880-1918) part à la recherche de cette réalité invisible et mystérieuse. Le substantif « surréalisme » apparaît pour la première fois en mars 1917 dans une lettre de Guillaume Apollinaire à Paul Dermée : « Tout bien examiné, je crois en effet qu'il vaut mieux adopter surréalisme que surnaturalisme que j'avais d'abord employé ». Surréalisme n'existe pas encore dans les dictionnaires, et il sera plus commode à manier que surnaturalisme déjà employé par MM. les Philosophes. » C'est le poète Pierre Albert-Birot qui suggéra à Apollinaire de sous-titrer la pièce que celui-ci était en train d'achever, Les Mamelles de Tirésias, « drame surréaliste » plutôt que « surnaturaliste »8.

Le concept est divulgué par la plaquette de présentation qu'Apollinaire est chargé par Serge Diaghilev de rédiger pour la première de Parade, ballet réaliste en un tableau le 18 mai 1917 au théâtre du Châtelet à Paris. Du spectacle total conçu par Jean Cocteau conjuguant « le premier orchestre d'Erik Satie, le premier décor de Pablo Picasso, les premières chorégraphies cubiste de Léonide Massine, et le premier essai pour un poète de s'exprimer sans paroles » où « la collaboration a été si étroite que le rôle de chacun épouse celui de l'autre sans empiéter sur lui »9, il explique :

« De cette alliance nouvelle, (...) il est résulté dans Parade, une sorte de sur-réalisme où je vois le point de départ d'une série de manifestations de cet esprit nouveau qui, trouvant aujourd'hui l'occasion de se montrer, ne manquera pas de séduire l'élite et se promet de modifier de fond en comble les arts et les mœurs dans l'allégresse universelle, car le bon sens veut qu'ils soient au moins à la hauteur des progrès scientifiques et industriels. Jean Cocteau appelle un ballet réaliste. Les décors et les costumes cubistes de Picasso témoignent du réalisme de son art. Ce réalisme, ou ce cubisme, comme on voudra, est ce qui a le plus profondément agité les arts durant les dix dernières années »

— G. Apollinaire, Parade et l'esprit nouveau, in Programme des Ballets russes, Paris, mai 191710.

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Ainsi Apollinaire entend théoriser le sursaut poétique provoqué par la Première Guerre mondiale11 par lequel Jean Cocteau, comme quatre ans plus tard dans le spectacle des Mariés de la Tour Eiffel, dédouble la représentation « réaliste » du quotidien bourgeois du spectateur par celle de la fantaisie inhumaine12 et rêvée de personnages-machines. Dans ce manifeste se trouve déjà tout ce que ses détracteurs trouveront à reprocher au surréalisme : rupture avec tout traditionalisme, élitisme, modernité, c'est-à-dire progrès scientifique et, à l'instar des futuristes, industrialisme.

Dans une chronique de mai 1917 consacrée au même ballet, Apollinaire, admiratif des décors créés par Picasso, revient sur le concept d'« [...] une sorte de « sur-réalisme » où [il] voit le point de départ d'une série de manifestations de cet esprit nouveau qui [...] se promet de modifier de fond en comble les arts et les mœurs [...] Cette tâche « surréaliste » que Picasso a accomplie en peinture, [...] je m'efforce de l'accomplir dans les lettres et dans les âmes [...] »13. Dans une lettre du 16 juin 1917, adressée à Théodore Fraenkel, Jacques Vaché annonce la première des Mamelles de Tirésias pour le 24 : « [...] et j'espère être à Paris [...] pour la représentation surréaliste de Guillaume Apollinaire14. »

Pour Gérard Durozoi, le mot surréalisme est « désormais [...] victime de sa fausse popularité : on n'hésite pas à qualifier de surréaliste le premier fait un peu bizarre ou inhabituel, sans davantage se soucier de rigueur. Le surréalisme [...] est pourtant exemplaire par sa cohérence et la constance de ses exigences. »15 Cependant, Alain et Odette Virmaux pensent que cette « évolution sémantique n'est pas du tout déviante » et qu'elle « reste en accord avec le mot [...] les surréalistes ayant « une prédilection pour l'humour noir et le «nonsense»16. »

Influence internationale

Le surréalisme connaît une fortune particulière dans la littérature francophone belge. Paul Nougé, dont la poésie présente un aspect ludique très marqué, fonde en 1924 un centre surréaliste à Bruxelles avec entre autres les poètes Camille Goemans, Marcel Lecomte. Un autre groupe important, « Rupture », se crée en 1932, à La Louvière, autour de la personnalité d'Achille Chavée.

Le surréalisme belge prend ses distances à l'égard de l'écriture automatique et de l'engagement politique du groupe parisien. L'écrivain et collagiste E. L. T. Mesens fut l'ami de René Magritte, les poètes Paul Colinet, Louis Scutenaire et André Souris et plus tard Marcel Mariën appartiennent également à ce courant. La francophonie d'outre-mer trouvera notamment en Jean Venturini, poète franco-marocain révolté et rimbaldien, un porte-parole original et

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indépendant, mort trop tôt pour donner sa pleine mesure17, et auquel le poète Max-Pol Fouchet rendra un hommage fort18.

Le surréalisme exercera une action stimulante sur le développement de la poésie espagnole, mais à la fin des années 1920 seulement et en dépit de la méfiance suscitée par l'irrationalisme inhérent à la notion d'écriture automatique. Ramón Gómez de la Serna définit ses rapprochements insolites, « greguerias », comme « humour + métaphore ». Le courant « ultraïste » déterminera un changement de ton chez les poètes de la « Génération de 27 », Federico García Lorca, Rafael Alberti, Vicente Aleixandre et Luis Cernuda. Les principes surréalistes se retrouvent en Scandinavie et en URSS. Le « poétisme » tchèque peut être considéré comme une première phase du surréalisme. Il s'affirme dès 1924 avec un manifeste publié par Karel Teige, qui conçoit la poésie comme une création intégrale, donnant libre cours à l'imagination et au sens ludique. Ses représentants les plus éminents furent Jaroslav Seifert et surtout Vítězslav Nezval, dont Soupault souligna l'audace des images et symboles. Le mouvement surréaliste yougoslave entretient d'étroits contacts avec le courant français grâce à Marko Ristić.

En dépit d'une perte de prestige à partir de 1940, le surréalisme a existé comme groupe jusqu'aux années 1960, en se renouvelant au fur et à mesure des départs et des exclusions. Le surréalisme fut également revendiqué comme source d'inspiration par l'Alternative orange, un groupe artistique d'opposition polonais, dont le fondateur, le Major (Commandant) Waldemar Fydrych, avait proclamé Le Manifeste du Surréalisme Socialiste. Ce groupe, qui organisait des happenings, peignait des graffiti absurdes en forme de lutins sur les murs des villes et était un des éléments les plus pittoresques de l’opposition polonaise au communisme, utilisait largement l’esthétique surréaliste dans sa terminologie et dans la place donnée à l’acte spontané.

Parmi les grands noms du surréalisme japonais, nous trouvons entre autres Junzaburō Nishiwaki (1894 - 1982), Shūzō Takiguchi (1903 - 1979), Katsue Kitazono (1902 - 1978). Parmi les peintres peuvent être cités Harue Koga (1895 - 1933), Ichirô Fukuzawa (1898 - 1992), Noboru Kitawaki (1901 - 1951), ou encore le photographe et poète Kansuke Yamamoto (1914 - 1987). Quant aux romanciers, les œuvres les plus marquantes nous ont été laissées par Kōbō Abe (1924 - 1993). Concernant les mangas, une brèche fut ouverte à la possibilité d'emploi de tournures surréalistes avec l'œuvre Nejishiki(ねじ式) de Yoshiharu Tsuge (publiée dans le numéro de juin du magazine Garo en 1968), puis le secteur put obtenir un appui écrasant de la génération du Zenkyôtô (équivalent de mai 68) sous l'influence considérable d'artistes et de nombreux intellectuels non initiés à ce type d'œuvre. Le surréalisme japonais ne s'inscrit pas dans la continuité du dadaïsme. Au Japon, la quasi-totalité des écrivains appartenant au mouvement dadaïste (groupe d'écrivains faisant partie du MAVO) ne sont pas devenus surréalistes, et inversement, la plupart des surréalistes japonais n'œuvrent pas en tant que dadaïstes.

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Il appartenait à l'écrivain majeur de la Bolivie au xxe siècle, Jaime Sáenz, de porter le flambeau du surréalisme en Amérique latine, plus d'ailleurs en héritier libre et indépendant qu'en sectateur fanatique19.

Techniques d'écriture surréalistes

Les surréalistes cherchent à libérer l'inconscient. Pour ce faire, ils utilisent les diverses techniques ci-dessous.

L'écriture automatique est un mode d'écriture cherchant à échapper aux contraintes de la logique, elle laisse s'exprimer la voix intérieure inconsciente, dévie l'inconscient de la pensée. Il s'agit d'écrire ce qui vient à l'esprit, sans se préoccuper du sens. Par l'écriture automatique, les surréalistes ont voulu donner une voix aux désirs profonds, refoulés par la société. L'objet surréaliste ainsi obtenu a d'abord pour effet de déconcerter l'esprit, donc de « le mettre en son tort ». Peut se produire alors la résurgence des forces profondes : l'esprit « revit avec exaltation la meilleure part de son enfance ». On saisit de tout son être la liaison qui unit les objets les plus opposés, l'image surréaliste authentiquement est un symbole. Approfondissant la pensée de Baudelaire, André Breton compare, dans Arcane 17, la démarche du surréalisme et celle de l'ésotérisme : elle offre « l'immense intérêt de maintenir à l'état dynamique le système de comparaison, ce champ illimité, dont dispose l'homme, qui lui livre les rapports susceptibles de relier les objets en apparence les plus éloignés et lui découvre partiellement le symbolisme universel. »

Les récits et les analyses de rêves consistent à décrire ses rêves et à trouver le « fil conducteur » qui les relie à la réalité. Des jeux d'écriture collectifs faisant intervenir le hasard sont également pratiqués ; le cadavre exquis en est un. Dans ce jeu, tous les participants écrivent tour à tour une partie de phrase sur une feuille sans connaître ce que les personnes précédentes ont marqué. L'ordre syntaxique nom-adjectif-verbe-COD-adjectif doit être respecté : on obtient ainsi une phrase grammaticalement correcte. Le nom de « cadavre exquis » vient de la première phrase obtenue de cette manière : « Le cadavre – exquis – boira – le vin – nouveau ». Enfin, pendant les séances de sommeil hypnotique, les participants notent leurs délires et hallucinations parfois provoqués par prise de drogues ou d'alcool.

À l'opposée des techniques automatiques, se trouve la méthode paranoïaque-critique, « une méthode spontanée de connaissance irrationnelle, basée sur l’objectivation critique et

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systématique des associations et interprétations délirantes ». Patrice Schmitt20, à propos d'une rencontre entre Dalí et Lacan, nota que « la paranoïa selon Dalí est aux antipodes de l'hallucination par son caractère actif20 ». Elle est à la fois méthodique et critique20. Elle a un sens précis et une dimension phénoménologique et s'oppose à l'automatique, dont l'exemple le plus connu est le cadavre exquis20. Faisant le parallèle avec les théories de Lacan, il conclut que le phénomène paranoïaque est de type pseudo-hallucinatoire21. Les techniques d'images doubles sur lesquelles Dalí travaillait depuis Cadaqués (l'Homme invisible, 1929) étaient particulièrement propres à révéler le fait paranoïaque21

Changements humain et sociétal

Le mouvement Dada était antibourgeois, antinationaliste et provocateur. Les surréalistes continuèrent sur cette lancée subversive. « Nous n'acceptons pas les lois de l'Économie ou de l'Échange, nous n'acceptons pas l'esclavage du Travail, et dans un domaine encore plus large nous nous déclarons en insurrection contre l'Histoire. » (tract La Révolution d'abord et toujours). Ces principes débouchent sur l'engagement politique : certains écrivains surréalistes adhèrent, temporairement, au Parti communiste français. Aucun parti cependant ne répondait exactement aux aspirations des surréalistes, ce qui fut à l'origine de tensions avec le Parti communiste français. André Breton n'a pas de mots assez forts pour flétrir « l'ignoble mot d'engagement qui sue une servilité dont la poésie et l'art ont horreur. » Dès 1930, pourtant, Louis Aragon acceptait de soumettre son activité littéraire « à la discipline et au contrôle du parti communiste ». La guerre fit que Tristan Tzara et Paul Éluard le suivirent dans cette voie. Condamnation de l'exploitation de l'Homme par l'Homme, du militarisme, de l'oppression coloniale, des prêtres pour leur œuvre qu'ils jugent obscurantiste, et bientôt du nazisme, volonté d'une révolution sociale ; et plus tard, enfin, dénonciation du totalitarisme de l'Union soviétique, tels sont les thèmes d'une lutte que, de la guerre du Maroc à la guerre d'Algérie, les surréalistes ont menée inlassablement. Ils ont tenté la synthèse du matérialisme historique et de l'occultisme, en se situant au carrefour de l'anarchisme, et du marxisme, fermement opposés à tous les fascismes et aux religions.

Personnalités

La Biographie succincte des personnalités de la constellation surréaliste22 propose un recensement des artistes et intellectuels qui ont gravité autour du mouvement surréaliste, les conditions de leur participation et éventuellement celles de leur départ ou éloignement.

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Les principaux écrivains du siècle des lumières

Siècle des Lumières

Le siècle des Lumières est un mouvement intellectuel lancé en Europe au xviiie siècle (1715-1789), dont le but était de dépasser l'obscurantisme et de promouvoir les connaissances. Des philosophes et des intellectuels encourageaient la science par l’échange intellectuel, s’opposant à la superstition, à l’intolérance et aux abus des Églises et des États. Le terme de « Lumières » a été consacré par l'usage pour rassembler la diversité des manifestations de cet ensemble d’objets, de courants de pensée ou de sensibilité et d’acteurs historiques.

Denis Diderot

Denis Diderot, né le 5 octobre 1713 à Langres et mort le 31 juillet 1784 à Paris, est un écrivain, philosophe et encyclopédiste français des Lumières, à la fois romancier, dramaturge, conteur, essayiste, dialoguiste, critique d'art, critique littéraire, et traducteur.

Diderot est reconnu pour son érudition, son esprit critique et un certain génie. Il laisse son empreinte dans l'histoire de tous les genres littéraires auxquels il s'est essayé : il pose les bases du drame bourgeois au théâtre, révolutionne le roman avec Jacques le Fataliste, invente la critique à travers ses Salons et supervise la rédaction d'un des ouvrages les plus marquants de son siècle, la célèbre Encyclopédie. En philosophie également, Diderot se démarque en proposant plus de matière à un raisonnement autonome du lecteur plutôt qu'un système complet, fermé et rigide. Rien en fait ne représente mieux le sens de son travail et son originalité que les premiers mots de ses Pensées sur l'interprétation de la nature (2e éd., 1754) :

« Jeune homme, prends et lis. Si tu peux aller jusqu'à la fin de cet ouvrage, tu ne seras pas incapable d'en entendre un meilleur. Comme je me suis moins proposé de t'instruire que de t'exercer, il m'importe peu que tu adoptes mes idées ou que tu les rejettes, pourvu qu'elles emploient toute ton attention. Un plus habile t'apprendra à connaître les forces de la nature ; il me suffira de t'avoir fait essayer les tiennes. »

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Mal connu de ses contemporains, tenu éloigné des polémiques de son temps, peu enclin à la vie des salons et mal reçu par la Révolution, Diderot devra attendre la fin du xixe siècle pour recevoir enfin tout l'intérêt et la reconnaissance de la postérité dans laquelle il avait placé une partie de ses espoirs.

Roman, conte et théâtreEn tant qu'écrivain de fiction, Diderot s'est illustré dans le roman et au théâtre. Dans ces deux genres, malgré une production limitée il est parvenu à marquer l'histoire de la littérature par son style qui modernise le roman, et par le développement d'un nouveau genre théâtral, le drame bourgeois. Le Fils naturel ou Les épreuves de la vertu sont écrits et représentés pour la première fois en 1757.

Œuvres principalesPlan d'une université (réd. 1775). Il s'agit d'un plan idéal des études commandé par Catherine II. Transmis par l'intermédiaire de Grimm, elle semble ne jamais l'avoir lu, au grand regret de Diderot.

Lettre sur l'éducation des enfants à la princesse Nassau-Saarbruck, 1758.

Lettre à la comtesse de Forbach sur l'éducation des enfants (réd. vers 1772)

Réfutation d'Helvétius (réd. 1773-1778, Corr. 1783-1786)

Il aurait également contribué43 à la rédaction de De l'éducation publique, Dominique-François Rivard.

Montesquieu

Charles Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu, dit Montesquieu, est un penseur politique, franc-maçon, précurseur de la sociologie, philosophe et écrivain français des Lumières, né le 18 janvier 1689 à La Brède (Guyenne, près de Bordeaux) et mort le 10 février 1755 (à 66 ans) à Paris.

Jeune homme passionné par les sciences et à l'aise avec l'esprit de la Régence, Montesquieu publie anonymement les Lettres persanes (1721), un roman épistolaire qui fait la satire

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amusée de la société française vue par des Persans et met en cause les différents systèmes politiques et sociaux, y compris le leur. Il voyage ensuite en Europe et séjourne plus d'un an en Angleterre où il observe la monarchie constitutionnelle et parlementaire qui a remplacé la monarchie autocratique. De retour dans son château de La Brède au sud de Bordeaux, il se consacre à ses grands ouvrages qui associent histoire et philosophie politique : Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence (1734) et De l'esprit des lois (1748) dans lequel il développe sa réflexion sur la répartition des fonctions de l'État entre ses différentes composantes, appelée postérieurement « principe de séparation des pouvoirs ».

Montesquieu, avec entre autres John Locke, est l'un des penseurs de l'organisation politique et sociale sur lesquels les sociétés modernes et politiquement libérales s'appuient. Ses conceptions – notamment en matière de séparation des pouvoirs – ont contribué à définir le principe des démocraties occidentales.

ŒuvresEssai sur le goût (1757)

Éloge de la sincérité (1717)

Lettres persanes (1721), roman épistolaire

Le Temple de Gnide (1725), poème

Histoire Véritable

Arsace et Isménie

Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence (1734)

De l'esprit des lois (1748)

Défense de « L'Esprit des lois » (1750)

Pensées (recueil de réflexions personnelles)

Spicilège (recueil de notes, anecdotes, etc.)

Discours sur la cause de l'écho20

Discours sur l'usage des glandes rénales

Discours sur la cause de la pesanteur des corps

Mémoire sur le principe et la nature du mouvement (précédemment intitulé: Dissertation sur le mouvement relatif)

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Des manuscrits inédits furent édités par un descendant du Baron de Montesquieu dans les années 1890.

Jean-Jacques Rousseau

Jean-Jacques Rousseau, né le 28 juin 1712 à Genève et mort le 2 juillet 1778 (à 66 ans) à Ermenonville, est un écrivain, philosophe et musicien genevois francophone.

La vie de Jean-Jacques Rousseau est une vie d'indépendance et d'instabilité. Il quitte d'abord Genève à seize ans pour la Savoie, où il reçoit un complément d'éducation et une initiation à l'amour par Mme de Warens avant de gagner Paris en 1742, pensant faire carrière dans la musique. Il mène alors une existence difficile, cherchant divers protecteurs et vivant avec Thérèse Levasseur, qui lui donnera cinq enfants, tous confiés à l'Assistance publique. Dans le même temps, il rencontre Diderot et écrit des articles sur la musique pour l'Encyclopédie.

Son œuvre (« structurée et décidée » disait Raymond Trousson) participe à l'esprit des Lumières par son rejet des régimes autocratiques, mais il s'en distingue notamment quant à l'idée que le siècle serait un heureux siècle de fer et de progrès comme chez Voltaire : « Tout sert au luxe, au plaisir de ce monde. Oh ! le bon temps que ce siècle de fer ! », Voltaire, Le Mondain (1726).

Entretenant de façon générale des relations interpersonnelles difficiles, il se réfugie plusieurs fois dans la solitude, séjournant de nouveau en Suisse en 1762 après la condamnation de ses ouvrages par le Parlement de Paris. Il entreprend alors d'écrire son autobiographie pour se justifier et multiplie les lieux de résidence, pour finalement retourner à Paris en 1770 et vivre en copiant de la musique. Il meurt à 66 ans en 1778 et sa dépouille sera transférée au Panthéon par la Convention au moment de la Révolution française en 1794.

Rousseau entre dans l'histoire des idées avec ses brefs essais : Discours sur les sciences et les arts (1750) et Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes (1755), en opposant l'état de nature qui faisait le bonheur de l'humanité, à l'état social, source des insatisfactions générales. Ayant pris le contrepied de la philosophie de Hobbes, il sait néanmoins un retour à l'origine impossible et il poursuit une réflexion sur le fonctionnement d'une société démocratique basée sur le Contrat social (1762) dans lequel le peuple souverain

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organise la vie collective. Rousseau propose aussi, avec Émile, ou De l'éducation (1762), une réflexion sur l'éducation, qu'il affirme devoir s'appuyer sur la préservation des qualités naturelles de l'enfant et assurer plutôt des savoir-faire concrets que des savoirs livresques.

Dans le domaine littéraire, l'apport de Jean-Jacques Rousseau est également déterminant avec Julie ou la Nouvelle Héloïse (1761), roman par lettres sur le modèle anglais du Paméla ou la Vertu récompensée de Samuel Richardson, qui sera un des plus gros tirages du siècle en séduisant par sa peinture préromantique du sentiment amoureux et de la nature. Les Confessions (rédigées entre 1765 et 1770, avec publication posthume en 1782 et 1789) et Les Rêveries du promeneur solitaire (écrites en 1776-1778, publiées en 1782) fondent l’autobiographie ; l'auteur s'y livre à une observation approfondie de ses sentiments intimes.

Ainsi l'influence de Jean-Jacques Rousseau est-elle majeure aussi bien dans le domaine de la philosophie politique en nourrissant la réflexion sur la démocratie que dans le domaine de la littérature, et, au-delà, dans les comportements, avec la place nouvelle faite à la sensibilité, qui s'épanouira au début du siècle suivant avec le romantisme.

ŒuvresL'édition de référence, riche en introductions, notes et variantes, est pour l'heure, celle des Œuvres complètes, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 5 tomes, publiée sous la direction de Bernard Gagnebin et Marcel Raymond76 sous le patronage de la Société Jean-Jacques Rousseau et avec l'appui du Fonds national suisse de la recherche scientifique et de l'État de Genève.

On trouve l'intégrale des œuvres de Rousseau sur le site « rousseauonline ». Il s'agirait d'une numérisation de l'édition Du Peyrou-Moultou mais certains passages laissent à penser que le projet contient un mélange de plusieurs éditions. Il est également important de noter que le texte "OCRisé" n'a pas encore été relu, ni corrigé.

R. A. Leight (dir.), Correspondance complète de Rousseau : Édition complète des lettres, documents et index (Volumes 1-52), Voltaire foundation - University of Oxford, 343 ill., 20 474 p. (ISBN 9780729406857, présentation en ligne)

Discours sur l'oeconomie politique, 1758

Rousseau est l'un des auteurs de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, dont il a rédigé la plupart des articles sur la musique, ainsi que l'article « Économie politique » (publié en 1755 dans le tome V de l'Encyclopédie), plus généralement connu aujourd'hui sous le titre de Discours sur l'économie politique77.

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Chronologie des œuvres1742 : Projet concernant de nouveaux signes pour la musique

1743 : Dissertation sur la musique moderne — Voir la Dissertation sur la musique moderne sur Wikisource.

1750 : Discours sur les sciences et les arts

1751 : Discours sur la vertu du héros

1752 : Le Devin du village — Opéra représenté à Fontainebleau devant le roi le 18 octobre 1752. C'est un succès. Première représentation à l'Opéra le 1er mars 1753, c'est un désastre.

1752 : Narcisse ou l’Amant de lui-même, comédie représentée par les comédiens ordinaires du roi, le 18 décembre 1752.

1755 : Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes

1756 : Examen de deux principes avancés par M. Rameau

1755 : Jugement du Projet de paix perpétuelle de Monsieur l'Abbé de Saint-Pierre

1758 : Lettres morales, écrites entre 1757 et 1758, publication posthume en 1888[réf. nécessaire]

1758 : Lettre sur la providence

1758 : Lettre à D'Alembert sur les spectacles

1761 : Julie ou la Nouvelle Héloïse

1762 : Le Lévite d'Éphraïm

1762 : Émile, ou De l'éducation, dans lequel est inclus La profession de foi du vicaire savoyard au livre IV.

1762 : Du contrat social

1764 : Lettres écrites de la montagne

1764 : Lettres sur la législation de la Corse

1771 : Considérations sur le gouvernement de Pologne

1771 : Pygmalion

1781 : Essai sur l'origine des langues (posthume)

1765 : Projet de constitution pour la Corse (posthume)

1767 : Dictionnaire de musique (écrit à partir 1755 il paraît à Paris en 1767)

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1770 : Les Confessions (écrites de 1765 à 1770, publication posthume)

1777 : Rousseau juge de Jean-Jacques (posthume)

1778 : Les Rêveries du promeneur solitaire (écrites en 1776, publication posthume)

1781 : Émile et Sophie, ou les Solitaires (publication posthume en 1781, la suite inachevée de l'Émile)

Voltaire

François-Marie Arouet, dit Voltaire, né le 21 novembre 1694 à Paris, ville où il est mort le 30 mai 1778 (à 83 ans), est un écrivain et philosophe français qui a marqué le xviiie siècle et qui occupe une place particulière dans la mémoire collective française et internationale.

Figure emblématique de la philosophie des Lumières, chef de file du parti philosophique, son nom reste attaché à son combat contre le fanatisme religieux, qu’il nomme « l’Infâme », pour la tolérance et la liberté de pensée. Anticlérical et déiste en dehors des religions constituées, son objectif politique est celui d’une monarchie modérée et libérale, éclairée par les « philosophes ». Intellectuel engagé au service de la vérité et de la justice, il prend, sur le tard, seul et en se servant de son immense notoriété, la défense de victimes de l’intolérance religieuse et de l’arbitraire dans des affaires qu’il a rendues célèbres : Jean Calas, Pierre-Paul Sirven, chevalier de La Barre, comte de Lally.

Son œuvre littéraire est variée : son théâtre, ses poésies épiques, ses œuvres historiques, firent de lui l’un des écrivains français les plus célèbres au xviiie siècle mais elle comprend également des contes et romans, les Lettres philosophiques, le Dictionnaire philosophique et une importante correspondance, plus de 21 000 lettres retrouvées.

Tout au long de sa vie, Voltaire fréquente les Grands et courtise les monarques, sans dissimuler son dédain pour le peuple, mais il est aussi en butte aux interventions du pouvoir, qui l’embastille et le contraint à l’exil en Angleterre ou à l’écart de Paris. En 1749, après la mort d’Émilie du Châtelet, avec laquelle il a entretenu une liaison houleuse pendant quinze ans, il part pour la cour de Prusse mais, déçu dans ses espoirs de jouer un grand rôle auprès de Frédéric II à Berlin, se brouille avec lui après trois ans et quitte Berlin en 1753. Il se réfugie un peu plus tard aux Délices, près de Genève, avant d’acquérir en 1759 un domaine à Ferney,

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sur la frontière franco-genevoise, à l’abri des puissants. Il ne reviendra à Paris qu’en 1778, ovationné par le peuple après une absence de près de vingt-huit ans. Il y meurt à 83 ans.

Voltaire aime le confort, les plaisirs de la table et de la conversation qu’il considère, avec le théâtre, comme l’une des formes les plus abouties de la vie en société. Soucieux de son aisance matérielle, qui garantit sa liberté et son indépendance, il acquiert une fortune considérable dans des opérations spéculatives qui préfigurent les grandes spéculations boursières sous Louis XVI et dans la vente de ses ouvrages, ce qui lui permet de s’installer en 1759 au château de Ferney et d'y vivre sur un grand pied, tenant table et porte ouvertes. Le pèlerinage à Ferney fait partie en 1770-1775 du périple de formation de l’élite européenne éclairée. Investissant ses capitaux, il fait du village misérable de Ferney une petite ville prospère. Généreux, d'humeur gaie, il est néanmoins chicanier et parfois féroce et mesquin avec ses adversaires comme Jean-Jacques Rousseau ou Crébillon1.

Considéré par la Révolution française — avec Jean-Jacques Rousseau, son frère ennemi — comme un précurseur, il entre au Panthéon en 1791, le deuxième après Mirabeau. À cette même période, sur l'initiative du marquis de Villette qui l'hébergeait, le « quai des Théatins » où l'écrivain habitait à Paris au moment de sa mort sera baptisé « quai Voltaire ». Célébré par la IIIe République (dès 1870, à Paris, un boulevard et une place portent son nom), il a nourri, au xixe siècle, les passions antagonistes des adversaires et des défenseurs de la laïcité de l’État et de l’école publique, et, au-delà, de l’esprit des Lumières.

Jean le Rond D'Alembert

Jean le Rond D’Alembert1,2 ou Jean Le Rond d’Alembert3, né le 16 novembre 1717 à Paris où il est mort le 29 octobre 1783, est un mathématicien, philosophe et encyclopédiste français.

Il est célèbre pour avoir dirigé l’Encyclopédie avec Denis Diderot jusqu’en 1757 et pour ses recherches en mathématiques sur les équations différentielles et les dérivées partielles.ž

ŒuvresMémoire sur le calcul intégral (1739), première œuvre publiée

Traité de dynamique (1743 puis 1758) (notice BnF no FRBNF35209593s)

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Traité de l’équilibre et du mouvement des fluides : pour servir de suite au Traité de dynamique (1744) (notice BnF no FRBNF37366950k)

Réflexions sur la cause générale des vents (1747, Paris, David l'aîné) (notice BnF no FRBNF30009159g)

Recherches sur les cordes vibrantes (1747)

Recherches sur la précession des équinoxes et sur la nutation de l’axe de la terre (1749)

Discours préliminaire de l'Encyclopédie (1751)

Éléments de musique (1752)

Mélanges de littérature et de philosophie (2 tomes 1753, 5 tomes 1759-1767)

Essai sur les éléments de philosophie (1759)

Éloges lus dans les séances publiques de l’Académie française (1779)

Opuscules mathématiques (8 tomes, 1761-1780) (notice BnF no FRBNF300091553)

Œuvres complètes, Éditions CNRS,(2002) (ISBN 2-271060133)

Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Flammarion, (1993) (ISBN 2-080704265)

Trois Mois à la cour de Frédéric (lettres inédites de d’Alembert publ. et annotées par Gaston Maugras, Paris, C. Lévy, 1886) (notice BnF no FRBNF30009174c)

Correspondance avec Frédéric le Grand, éd. Preuss, (Berlin, Duncker 1854, et al.)

Inventaire analytique de la correspondance (1741-1783), éd. de Irène Passeron, CNRS éditions, 2009

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L'Étranger

L’Étranger est un roman d’Albert Camus, paru en 1942. Il prend place dans la tétralogie que Camus nommera « cycle de l’absurde » qui décrit les fondements de la philosophie camusienne : l’absurde. Cette tétralogie comprend également l’essai intitulé Le Mythe de Sisyphe ainsi que les pièces de théâtre Caligula et Le Malentendu. Le roman a été traduit en quarante langues et une adaptation cinématographique en a été réalisée par Luchino Visconti en 1967.

RésuméLe roman met en scène un personnage-narrateur nommé Meursault, vivant à Alger en Algérie française. Le roman est découpé en deux parties.

Au début de la première partie, Meursault reçoit un télégramme annonçant que sa mère, qu'il a internée à l’hospice de Marengo vient de mourir. Il se rend en autocar à l’asile de vieillards, situé près d’Alger. Veillant la morte toute la nuit, il assiste le lendemain à la mise en bière et aux funérailles, sans avoir l'attitude à attendre d’un fils endeuillé ; le héros ne pleure pas, il ne veut pas simuler un chagrin qu'il ne ressent pas.

Le lendemain de l'enterrement, Meursault décide d'aller nager à l'établissement de bains, et y rencontre Marie, une dactylo qui avait travaillé dans la même entreprise que lui. Le soir, ils sortent voir un film de Fernandel au cinéma et passent le restant de la nuit ensemble. Le lendemain matin, son voisin, Raymond Sintès, un proxénète notoire, lui demande de l'aider à écrire une lettre pour dénigrer sa maîtresse, une Maure envers laquelle il s'est montré brutal ; il craint des représailles du frère de celle-ci. La semaine suivante, Raymond frappe et injurie sa maitresse dans son appartement. La police intervient et convoque Raymond au commissariat. Celui-ci utilise Meursault comme témoin de moralité. En sortant, il l'invite, lui et Marie, à déjeuner le dimanche suivant à un cabanon au bord de la mer, qui appartient à un de ses amis, Masson. Lors de la journée, Marie demande à Meursault s'il veut se marier avec elle. Il répond que ça n'a pas d'importance, mais qu'il le veut bien.

Le dimanche midi, après un repas bien arrosé, Meursault, Raymond et Masson se promènent sur la plage et croisent deux Arabes, dont le frère de la maîtresse de Raymond. Une bagarre éclate, au cours de laquelle Raymond est blessé au visage d'un coup de couteau. Plus tard, Meursault, seul sur la plage accablée de chaleur et de soleil, rencontre à nouveau l’un des

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Arabes, qui, à sa vue, sort un couteau. Meursault tire une fois sur l'homme sans raison apparente , puis tire quatre autres coups de feu sur le corps.

Dans la seconde moitié du roman, Meursault est arrêté et questionné. Ses propos sincères et naïfs mettent son avocat mal à l'aise. Il ne manifeste aucun regret. Lors du procès, on l'interroge davantage sur son comportement lors de l'enterrement de sa mère que sur le meurtre. Meursault se sent exclu du procès. Il dit avoir commis son acte à cause du soleil, ce qui déclenche l'hilarité de l'audience. La sentence tombe : il est condamné à la guillotine. Meursault voit l’aumônier, mais quand celui-ci lui dit qu'il priera pour lui, il déclenche sa colère.

Avant son départ, Meursault finit par trouver la paix dans la sérénité de la nuit.

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J.P.Sartre, Huis clos

Huis clos est une pièce de théâtre en un acte de Jean-Paul Sartre, rédigée à la fin de l'année

1943 et représentée pour la première fois le 27 mai 1944 au théâtre du Vieux-Colombier, à

Paris. Cette pièce de théâtre est symbolique de l'existentialisme, mouvement littéraire du

début du xxe siècle où l'être humain est défini par ses gestes et ses non-gestes. Sartre pensait

avoir écrit une pièce drôle. Seules les mises en scène de Didier Van Cauwelaert à Nice en

19771 et certaines plus actuelles semblent avoir donné justice à cette conception.

RésuméTrois personnages se retrouvent à leur mort dans une même pièce. Il s'agit de Garcin,

journaliste, Inès, employée des Postes et Estelle, une riche mondaine. Ils ne se connaissent

pas, viennent de milieux très différents, ne partagent ni les mêmes convictions ni les mêmes

goûts. Dans cette pièce débute alors un procès à huis clos où chacun des trois personnages

juge et est jugé sur les actes qui composent son existence. Jean-Paul Sartre nous décrit ici «

son enfer » avec brio dans lequel il n'y a ni bourreau, ni d'instruments de torture physique : «

l'enfer, c'est les autres ». Cette phrase, qui a valu à Sartre les pires accusations, explique

seulement que la vie « se ressent, se perçoit » à travers les autres ; rien ne vaut les individus

qui nous font prendre conscience de nous-même, de la triste réalité humaine, mais qui restent

nécessaires pour se réaliser. Les trois protagonistes se débattent sans cesse pour échapper à

leur situation mais l'Enfer finit par reprendre le dessus. Cette pièce de théâtre est en un acte

composé de cinq scènes, dont la dernière est hypertrophiée.

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La Curée

La Curée est un roman d’Émile Zola paru en 1871. Deuxième volume de la série Les Rougon-Macquart, il a pour thème la vie débauchée de Paris au Second Empire, que Zola résume en ce groupe binaire « l’or et la chair ».

TrameLe personnage principal est Aristide Rougon, dit Saccard, qui va faire une rapide fortune en spéculant sur les futurs terrains à bâtir à l’époque des grands travaux menés à Paris par le baron Haussmann.

L’action se déroule à Paris. Eugène Rougon a fait carrière en politique grâce à son soutien à Napoléon III : il est ministre. Son frère Aristide commence en bas de l’échelle par un modeste emploi. Sa femme s’appelle Angèle. Ils ont une fille (Clotilde) et un garçon (Maxime), vivant encore chez ses grands-parents à Plassans . Ils vivent dans un modeste appartement de deux pièces. Eugène aide son frère à obtenir un emploi à la mairie de Paris, ce qui permet à ce dernier d’avoir accès à tous les plans des travaux d’Haussmann. Sa femme meurt. Il envoie sa fille chez Pascal, un de ses frères, et se marie, par intérêt, à une jeune fille nommée Renée Béraud du Châtel . Ayant pris le nom d’Aristide Saccard, il peut participer à la curée, le dépeçage de Paris par les spéculateurs, tâche dont il s’acquitte à merveille. Il accumule rapidement une grande fortune en achetant à bas prix des immeubles entiers, dont il sait qu’ils seront bientôt rachetés à prix d’or par la ville, qui souhaite les détruire afin de construire les futurs grands boulevards de la capitale. Pourtant, Aristide a un train de vie faramineux et ne refuse aucune dépense pour ses proches. Ayant besoin de toujours plus d’argent, et alors qu’il accumule les échecs spéculatifs, il escroque sa propre femme Renée, qui possède un important capital immobilier, sans aucun scrupule.

Le roman comporte également une intrigue amoureuse. Devenu veuf, Saccard a épousé Renée Béraud du Châtel, dont la fortune lui avait permis de se lancer dans la spéculation. Le couple est libre, chacun des deux époux ayant de nombreux amants sans que cela gêne l’autre le moins du monde. Jusqu’au jour où Renée, nouvelle Phèdre, tombe amoureuse de Maxime, fils que Saccard a eu de son premier mariage. La relation semi-incestueuse entre Renée et Maxime est finalement connue de Saccard, sans que celui-ci en soit vraiment affecté. Le roman se clôt sur une Renée abandonnée par Maxime, dépossédée de sa fortune par Aristide, et qui sombre dans la folie avant de mourir d’une méningite.

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PersonnagesAristide Rougon/Saccard : fils de Pierre et Félicité Rougon, il est le frère cadet de Eugène Rougon, qu’il admire. Déjà apparu dans La Fortune des Rougon, il y joue dans le premier roman de la série des Rougon-Macquart le rôle du journaliste républicain de province. Opportuniste, il change de camp au moment du coup d’État et soutient le parti de ses parents, assistant sans intervenir au meurtre par un gendarme de son cousin, jeune insurgé politique idéaliste. Aristide Rougon change de nom pour Saccard à son arrivée à Paris, en partie pour ne pas compromettre son frère en cas de découverte de ses malversations et, en partie car « il y a de l’argent dans ce nom là ; on dirait que l’on compte les pièces de cent sous1 ». Profondément cupide et fin stratège, son frère lui trouve une place à l’Hôtel de ville, ce qui lui permet de prendre part à la Curée, via des spéculations relatives à la vente d’immeubles et de terrains parisiens à l’occasion de la réalisation des projets d’aménagement du baron Haussmann. De son premier mariage avec Angèle Sicardot, il a deux enfants, Clotilde et Maxime. Après la mort, bienvenue, de son épouse, il se remarie par l’entremise de sa sœur, Mme Sidonie, avec Renée Béraud du Châtel, riche héritière à qui il volera discrètement son argent et ses biens. Devenu une grande fortune de Paris, malgré des risques sérieux de banqueroute, il survit à sa seconde épouse à la fin du roman, plus complice de son fils et du régime que jamais. Il réapparaît par la suite dans L'Argent.

Renée Saccard : née Béraud du Châtel, fille d’un ancien magistrat ayant démissionné après le coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte. Alors qu’elle sortait d’un couvent, elle est violée par un homme de quarante ans et tombe enceinte. Elle révèle à son père sa grossesse, mais non son viol, avec la complicité de sa tante. À la recherche d’un homme acceptant de se faire passer pour le père de l’enfant, elle trouve pour jouer ce rôle et l’épouser, via Mme Sidonie, Aristide Saccard. L’enfant ne voit pas le jour, Renée fait une fausse couche, permettant à Aristide de cumuler les avantages dans le monde que constituent une belle épouse, un grand nom, une grande fortune et de belles propriétés sans avoir l’inconvénient de les partager avec un héritier. Personne amorale, ponctuellement dévorée de remords liés à son éducation de grande bourgeoise classique, elle mène une vie de luxe insolent et de succès mondains, cherchant à satisfaire son désir de vices et de plaisirs. À l’arrivée au foyer familial de Maxime, elle le traite comme son enfant, rapidement comme son ami avant de former le projet de le séduire et d’en faire, avec succès, son amant. Lorsque Maxime la quitte pour se marier à Louise et que son mari lui vole ses biens, elle sombre dans le chagrin, le jeu, et finit par mourir d’une méningite.

Maxime Rougon/Saccard : fils de Aristide et Angèle Rougon, il passe les quinze premières années de sa vie à Plassans élevé par sa grand-mère, Félicité Rougon (La Fortune des Rougon). Arrivé à Paris après la mort de sa mère, son physique androgyne et sa malice lui ouvrent les faveurs des hautes bourgeoises parisiennes. Archétype de l’homme-femme, symbole de la décadence de la haute société impériale, il représente également le « petit crevé », fils de parvenu parisien du Second Empire vivant des rentes de ses parents.

Sidonie Rougon/Saccard : sœur d’Aristide Rougon/Saccard que tout le monde appelle Mme Sidonie. Effacée, doucereuse, vêtue d’une éternelle robe noire, elle dirige un commerce douteux, jouant à la fois le rôle d’entremetteuse et de commerçante. Elle vit de l’agio et de

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l’embarras des autres. Ce personnage fait clairement écho à celui de La Méchain, qui apparaît dans L'Argent. Comme toute la branche des Rougon, elle est animée d’une soif de l’argent, du gain. Elle n’hésite ainsi pas un instant à proposer à Saccard de se marier avec Renée alors que sa précédente femme, Angèle, agonise encore dans la chambre adjacente.

Angèle Rougon/Saccard : née Sicardot, calme et douce, folle de nourriture et de maquillage, elle est la première femme d’Aristide Rougon. Elle découvre le secret de la Curée lorsque son mari, ivre, lui révèle les plans secrets du baron Haussmann. À sa mort, des suites d’une maladie foudroyante, elle comprend les plans de remariage de son mari, mais semble dans son dernier regard lui pardonner cette cruauté.

Eugène Rougon : déjà apparu dans La Fortune des Rougon, il est un des proches de Napoléon III et soutient son frère Aristide tout le long de son ascension. Ministre du Second Empire, il est le personnage principal de Son Excellence Eugène Rougon et joue également un rôle occulte dans la conquête de Plassans.

Clotilde Rougon/Saccard : fille d’Aristide et Angèle Rougon/Saccard, après la mort de sa mère elle part vivre chez son oncle Pascal à Plassans. Elle réapparaît dans Le Docteur Pascal.

Louise de Mareuil : fille de bourgeois, très riche héritière, elle est une des premières à découvrir l’inceste entre Maxime et Renée. Fiancée de Maxime elle reste placide cependant et l’épouse. Atteinte d’une grave maladie, bossue et pleine d’esprit, elle finit sa vie en Italie avec son jeune mari dans la première année de son mariage.

Analyse'La curée' est surtout une histoire quasi stendhalienne (malgré l'anachronisme) d'un parvenu, d'un pervers, ici un affairiste 'politique' désireux de réussir à tout prix, qui ne le cache guère et y parviendra d'une curieuse et triple manière : d'une part la trahison et l'opportunisme qui vont jusqu'à la mort, y compris d'un parent en principe 'aimé' (changeant de casquette lorsqu'il sent tourner le vent en faveur de Napoléon III, il le laissera fusiller sans intervenir, donnant ainsi des gages au nouveau pouvoir qu'il a rallié in extremis), d'autre part la corruption (il spécule ensuite sur des biens qui vont lui être rachetés dix fois le prix qu'il les a payés, usant des informations d'un frère ministre -complice- qui connaît les projets de rénovation de Paris, c'est ce qu'on pourrait appeler de nos jours un délit d'initié) . Il exploite enfin des 'établis' de tous temps, riches personnages futiles et finalement désarmés, présentés comme décadents et naïfs, les femmes en premier. Alors que sa propre épouse, gravement malade, n'est pas encore morte... (elle expirera opportunément peu après), il va même se marier avec une jeune, belle et riche aristocrate, unique héritière d'une fortune, malencontreusement enceinte au sortir du couvent à la suite d'un viol (par un homme plus âgé qu'elle de 20 ans) que son père cherche à tout prix à établir (elle fera une fausse-couche et ce sera tout bénéfice).

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Zola pointe ici la fragilité des classes dominantes engluées dans des positions morales rigides, inadéquates et mortifères, dont les femmes font les frais en tout premier lieu, le père n'ignorant rien de ce que vaut Saccard et des raisons qui le fondent à épouser Renée et l'acceptant tout de même, la sacrifiant ainsi pour ce qu'il croit être l'honneur de son nom. Elle s'étourdira ensuite par une vie futile et dispendieuse et quelques amants de la même veine, dans l'indifférence d'un mari qui ne l'aime pas et auquel de telles dispositions conviennent parfaitement. Frustration? Irrespect pour cet homme qui la délaisse et sous des dehors aimables, la méprise ouvertement et l'exploite ? (il a accaparé tout son argent sans qu'elle n'en sache rien mais elle n’ignore pas qu'il ne l'a épousée que pour le profit.) Elle tombera follement amoureuse de son propre beau-fils, rappelé de Province par son père, un être comme elle (le cynisme en plus) léger, inconsistant, voguant au gré des circonstances et totalement dépendant d'un père qui a tout pouvoir sur lui. Un amour fou envers un homme-enfant qu'elle domine, qui ne lui semble pas dangereux ; son père l'a mariée de force avec un homme qui l'a violée, ce dernier n'en voulant qu'à sa position et sa dot. Aussi, les hommes lui semblent des personnages redoutables. Notons que la différence d'âge entre son beau-fils et elle est moindre que celle entre Renée et son mari. Maxime lui cède et ce sont quelques instants de gaieté, de bonheur pur et enfantin.

Puis Saccard découvre l'adultère et, en pragmatiste, occulte sa fierté blessée... et songe à s'en servir. Coup double encore une fois car il sait tirer profit et bénéfice de toutes situations, même les plus tragiques. Désireux à présent de se débarrasser d'une femme encombrante qui risque de le dénoncer (il a besoin de toute sa dot, du reste déjà investie dans ses affaires, se trouve à ce moment au creux de la vague.. et ne peut la rembourser). Il va alors utiliser son fils pour l'atteindre, le circonvenant pour qu'il la quitte en lui faisant miroiter un riche mariage avec une jeune fille infirme, seule issue pour le sauver de la banqueroute. Double but. Le jeune homme résiste.. puis cède sous la pression. Désespérée par la trahison du seul homme qu'elle ait aimé, Renée tentera de le reconquérir, en vain, et sombrera alors dans la folie. Peu après, elle mourra de douleur (et d'une méningite). Maxime est marié, sa jeune épouse ne vivra pas longtemps, la fortune de Saccard est une fois de plus sauvée par les femmes et les affaires.

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Robert de Boron, Merlin

Robert de Boron ou Robert de Borron (fin du xiie siècle - début du xiiie siècle) né à Boron (Territoire de Belfort), est un clerc ou un chevalier1 de Franche-Comté. C’est un écrivain français du xiie siècle, auteur d’un roman en vers sur le Graal.

Son œuvre, s'appuyant sur celle de Chrétien de Troyes et de Wace, marque une évolution du mythe du roi Arthur principalement par sa christianisation. C'est lui qui fait du Graal une relique chrétienne : le Saint Calice.

En effet, selon lui le vase de la Cène aurait recueilli le sang de Jésus sur la croix. Après la Crucifixion, les membres de la famille de Joseph d'Arimathie en devinrent les gardiens. Joseph, fils de Joseph d'Arimathie, et son gendre Bron le transportèrent ensuite en Bretagne.

À la fin de son poème, Robert de Boron indique qu’il est au service de Gautier de « Mont Belyal », qu’on identifie avec Gautier de Montbéliard, seigneur de Montfaucon, mort croisé en Terre Sainte en 12122.

Memnon ou la sagesse humaine, Voltaire

Memnon conçut un jour le projet insensé d'être parfaitement sage. Il n'y a guère d'hommes à qui cette folie n'ait quelquefois passé par la tête. Memnon se dit à lui-même : Pour être très sage, et par conséquent très heureux, il n'y a qu'à être sans passions ; et rien n'est plus aisé, comme on sait. Premièrement je n'aimerai jamais de femme ; car, en voyant une beauté parfaite, je me dirai à moi-même : Ces joues-là se rideront un jour ; ces beaux yeux seront bordés de rouge ; cette gorge ronde deviendra plate et pendante ; cette belle tête deviendra chauve. Or je n'ai qu'à la voir à présent des mêmes yeux dont je la verrai alors, et assurément cette tête ne fera pas tourner la mienne.

En second lieu je serai toujours sobre ; j'aurai beau être tenté par la bonne chère, par des vins délicieux, par la séduction de la société ; je n'aurai qu'à me représenter les suites des excès, une tête pesante, un estomac embarrassé, la perte de la raison, de la santé, et du temps, je ne mangerai alors que pour le besoin ; ma santé sera toujours égale, mes idées toujours pures et lumineuses. Tout cela est si facile, qu'il n'y a aucun mérite à y parvenir.

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Ensuite, disait Memnon, il faut penser un peu à ma fortune ; mes désirs sont modérés ; mon bien est solidement placé sur le receveur-général des finances de Ninive ; j'ai de quoi vivre dans l'indépendance : c'est là le plus grand des biens. Je ne serai jamais dans la cruelle nécessité de faire ma cour : je n'envierai personne, et personne ne m'enviera. Voilà qui est encore très aisé. J'ai des amis, continuait-il, je les conserverai, puisqu'ils n'auront rien à me disputer. Je n'aurai jamais d'humeur avec eux, ni eux avec moi ; cela est sans difficulté.

Ayant fait ainsi son petit plan de sagesse dans sa chambre, Memnon mit la tête à la fenêtre. Il vit deux femmes qui se promenaient sous des platanes auprès de sa maison. L'une était vieille, et paraissait ne songer à rien ; l'autre était jeune, jolie, et semblait fort occupée. Elle soupirait, elle pleurait, et n'en avait que plus de grâces. Notre sage fut touché, non pas de la beauté de la dame (il était bien sûr de ne pas sentir une telle faiblesse), mais de l'affliction où il la voyait. Il descendit, il aborda la jeune Ninivienne dans le dessein de la consoler avec sagesse. Cette belle personne lui conta, de l'air le plus naïf et le plus touchant, tout le mal que lui faisait un oncle qu'elle n'avait point ; avec quels artifices il lui avait enlevé un bien qu'elle n'avait jamais possédé, et tout ce qu'elle avait à craindre de sa violence. Vous me paraissez un homme de si bon conseil, lui dit-elle, que si vous aviez la condescendance de venir jusque chez moi, et d'examiner mes affaires, je suis sûre que vous me tireriez du cruel embarras où je suis. Memnon n'hésita pas à la suivre, pour examiner sagement ses affaires, et pour lui donner un bon conseil.

La dame affligée le mena dans une chambre parfumée, et le fit asseoir avec elle poliment sur un large sofa, où ils se tenaient tous deux les jambes croisées vis-à-vis l'un de l'autre. La dame parla en baissant les yeux, dont il échappait quelquefois des larmes, et qui en se relevant rencontraient toujours les regards du sage Memnon. Ses discours étaient pleins d'un attendrissement qui redoublait toutes les fois qu'ils se regardaient. Memnon prenait ses affaires extrêmement à coeur, et se sentait de moment en moment la plus grande envie d'obliger une personne si honnête et si malheureuse. Ils cessèrent insensiblement, dans la chaleur de la conversation, d'être vis-à-vis l'un de l'autre. Leurs jambes ne furent plus croisées. Memnon la conseilla de si près, et lui donna des avis si tendres, qu'ils ne pouvaient ni l'un ni l'autre parler d'affaires, et qu'ils ne savaient plus où ils en étaient.

Comme ils en étaient là, arrive l'oncle, ainsi qu'on peut bien le penser : il était armé de la tête aux pieds ; et la première chose qu'il dit fut qu'il allait tuer, comme de raison, le sage Memnon et sa nièce ; la dernière qui lui échappa fut qu'il pouvait pardonner pour beaucoup d'argent. Memnon fut obligé de donner tout ce qu'il avait. On était heureux dans ce temps-là d'en être

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quitte à si bon marché ; l'Amérique n'était pas encore découverte, et les dames affligées n'étaient pas à beaucoup près si dangereuses qu'elles le sont aujourd'hui.

Memnon, honteux et désespéré, rentra chez lui : il y trouva un billet qui l'invitait à dîner avec quelques uns de ses intimes amis. Si je reste seul chez moi, dit-il, j'aurai l'esprit occupé de ma triste aventure, je ne mangerai point ; je tomberai malade ; il vaut mieux aller faire avec mes amis intimes un repas frugal. J'oublierai, dans la douceur de leur société, la sottise que j'ai faite ce matin. Il va au rendez-vous ; on le trouve un peu chagrin. On le fait boire pour dissiper sa tristesse. Un peu de vin pris modérément est un remède pour l'âme et pour le corps. C'est ainsi que pense le sage Memnon ; et il s'enivre. On lui propose de jouer après le repas. Un jeu réglé avec des amis est un passe-temps honnête. Il joue ; on lui gagne tout ce qu'il a dans sa bourse, et quatre fois autant sur sa parole. Une dispute s'élève sur le jeu, on s'échauffe : l'un de ses amis intimes lui jette à la tête un cornet, et lui crève un oeil. On rapporte chez lui le sage Memnon ivre, sans argent, et ayant un oeil de moins.

Il cuve un peu son vin ; et dès qu'il a la tête plus libre, il envoie son valet chercher de l'argent chez le receveur-général des finances de Ninive pour payer ses intimes amis : on lui dit que son débiteur a fait le matin une banqueroute frauduleuse qui met en alarme cent familles. Memnon, outré va à la cour avec un emplâtre sur l'oeil et un placet à la main pour demander justice au roi contre le banqueroutier. Il rencontre dans un salon plusieurs dames qui portaient toutes d'un air aisé des cerceaux de vingt-quatre pieds de circonférence. L'une d'elles, qui le connaissait un peu, dit en le regardant de côté : Ah, l'horreur ! Une autre, qui le connaissait davantage, lui dit : Bonsoir, monsieur Memnon ; mais vraiment, monsieur Memnon, je suis fort aise de vous voir ; à propos, monsieur Memnon, pourquoi avez-vous perdu un oeil ? Et elle passa sans attendre sa réponse. Memnon se cacha dans un coin, et attendit le moment où il pût se jeter aux pieds du monarque. Ce moment arriva. Il baisa trois fois la terre, et présenta son placet. Sa gracieuse majesté le reçut très favorablement, et donna le mémoire à un de ses satrapes pour lui en rendre compte. Le satrape tire Memnon à part, et lui dit d'un air de hauteur, en ricanant amèrement : Je vous trouve un plaisant borgne, de vous adresser au roi plutôt qu'à moi, et encore plus plaisant d'oser demander justice contre un honnête banqueroutier que j'honore de ma protection, et qui est le neveu d'une femme de chambre de ma maîtresse. Abandonnez cette affaire-là, mon ami, si vous voulez conserver l'oeil qui vous reste.

Memnon, ayant ainsi renoncé le matin aux femmes, aux excès de table, au jeu, à toute querelle, et surtout à la cour, avait été avant la nuit trompé et volé par une belle dame, s'était enivré, avait joué, avait eu une querelle, s'était fait crever un oeil, et avait été à la cour, où l'on s'était moqué de lui.

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Pétrifié d'étonnement et navré de douleur, il s'en retourne la mort dans le coeur. Il veut rentrer chez lui ; il y trouve des huissiers qui démeublaient sa maison de la part de ses créanciers. Il reste presque évanoui sous un platane ; il y rencontre la belle dame du matin, qui se promenait avec son cher oncle, et qui éclata de rire en voyant Memnon avec son emplâtre. La nuit vint ; Memnon se coucha sur de la paille auprès des murs de sa maison. La fièvre le saisit ; il s'endormit dans l'accès, et un esprit céleste lui apparut en songe.

Il était tout resplendissant de lumière. Il avait six belles ailes, mais ni pieds, ni tête, ni queue, et ne ressemblait à rien. Qui es-tu ? lui dit Memnon. Ton bon génie, lui répondit l'autre. Rends-moi donc mon oeil, ma santé, ma maison, mon bien, ma sagesse, lui dit Memnon. Ensuite il lui conta comment il avait perdu tout cela en un jour. Voilà des aventures qui ne nous arrivent jamais dans le monde que nous habitons, dit l'esprit. Et quel monde habitez-vous ? dit l'homme affligé. Ma patrie, répondit-il, est à cinq cents millions de lieues du soleil, dans une petite étoile auprès de Sirius, que tu vois d'ici. Le beau pays ! dit Memnon : quoi ! vous n'avez point chez vous de coquines qui trompent un pauvre homme, point d'amis intimes qui lui gagnent son argent et qui lui crèvent un oeil, point de banqueroutiers, point de satrapes qui se moquent de vous en vous refusant justice ? Non, dit l'habitant de l'étoile, rien de tout cela. Nous ne sommes jamais trompés par les femmes, parceque nous n'en avons point ; nous ne faisons point d'excès de table, parceque nous ne mangeons point ; nous n'avons point de banqueroutiers, parcequ'il n'y a chez nous ni or ni argent ; on ne peut nous crever les yeux, parceque nous n'avons point de corps à la façon des vôtres ; et les satrapes ne nous font jamais d'injustice, parce que dans notre petite étoile tout le monde est égal.

Memnon lui dit alors : Monseigneur, sans femme et sans dîner, à quoi passez-vous votre temps ? A veiller, dit le génie, sur les autres globes qui nous sont confiés : et je viens pour te consoler. Hélas ! reprit Memnon, que ne veniez-vous la nuit passée pour m'empêcher de faire tant de folies ? J'étais auprès d'Assan, ton frère aîné, dit l'être céleste. Il est plus à plaindre que toi. Sa gracieuse majesté le roi des Indes, à la cour duquel il a l'honneur d'être, lui a fait crever les deux yeux pour une petite indiscrétion, et il est actuellement dans un cachot, les fers aux pieds et aux mains. C'est bien la peine, dit Memnon, d'avoir un bon génie dans une famille, pour que de deux frères, l'un soit borgne, l'autre aveugle, l'un couché sur la paille, l'autre en prison. Ton sort changera, reprit l'animal de l'étoile. Il est vrai que tu seras toujours borgne ; mais, à cela près, tu seras assez heureux, pourvu que tu ne fasses jamais le sot projet d'être parfaitement sage. C'est donc une chose à laquelle il est impossible de parvenir ? s'écria Memnon en soupirant. Aussi impossible, lui répliqua l'autre, que d'être parfaitement habile, parfaitement fort, parfaitement puissant, parfaitement heureux. Nous-mêmes, nous en sommes bien loin. Il y a un globe où tout cela se trouve ; mais dans les cent mille millions de mondes qui sont dispersés dans l'étendue tout se suit par degrés. On a moins de sagesse et de plaisir dans le second que dans le premier, moins dans le troisième que dans le second, ainsi du reste jusqu'au dernier, où tout le monde est complètement fou. J'ai bien peur, dit Memnon, que notre petit globe terraqué ne soit précisément les Petites-Maisons de l'univers dont vous me

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faites l'honneur de me parler. Pas tout-à-fait, dit l'esprit ; mais il en approche : il faut que tout soit en sa place. Eh mais ! dit Memnon, certains poètes, certains philosophes, ont donc grand tort de dire que tout est bien ? Ils ont grande raison, dit le philosophe de là-haut, en considérant l'arrangement de l'univers entier. Ah ! je ne croirai cela, répliqua le pauvre Memnon, que quand je ne serai plus borgne.

La Révolution est la chute de l'Ancien Régime

1789-1799La Révolution est la chute de l'Ancien Régime et la naissance de la France contemporaine.

Elle a mis en avant trois idées essentielles qui sont devenues les idées de la France contemporaine: la liberté, l'égalite, la fraternité qui sont devenues la devise de la République Française.

La Révolution de 1789 a créé la liberté.

l'égalité a été plus longue à venir. Il faudra attendre la Révolution de 1848

la fraternité a été encore plus lente à venir

La Révolution a duré dix ans, de 1789 à 1799. Dix ans, c'est une période à la fois très longue mais aussi très courte. Ce fut très long pour les contemporains qui l'ont vécue, mais ce fut également très court pour permettre un changement des mentalités.

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La Cinquième République

La Cinquième République, ou Ve République, est l'actuelle forme du régime républicain en vigueur en France. Elle succède, le 4 octobre 1958, à la Quatrième République, instaurée en 1946. Elle marque une rupture par rapport à la tradition parlementaire de la République française dans la volonté de renforcer le rôle du pouvoir exécutif.

Elle est régie par la Constitution du 4 octobre 1958, approuvée par voie référendaire. Son instigateur en est Charles de Gaulle et il en devient le premier président élu. Sur le plan de la durée, la Cinquième République, qui fête ses 57 ans en 2015, est le régime républicain français le plus stable après la Troisième République (1870-1940). Qualifié de régime semi-présidentiel en vertu des pouvoirs accordés au président de la République qui tient sa légitimité du suffrage universel direct, instauré par référendum en 1962, il a notamment fonctionné durant trois périodes de cohabitation depuis 1986.

Mise en placeLa crise de mai 1958, déclenchée par le putsch d'Alger mené par l'armée, conduit l'arrivée au pouvoir du général Charles de Gaulle.

Nommé président du Conseil le 1er juin 1958, il obtient du Parlement, deux jours plus tard, l'autorisation de faire procéder à la rédaction d'une nouvelle Constitution. Tandis que celle de 1946 avait été préparée par une Assemblée constituante élue à cet effet, la Constitution de 1958 est rédigée sous l'autorité du gouvernement par une équipe conduite par Michel Debré (Garde des Sceaux et futur Premier ministre). Le projet est alors approuvé par référendum (82,60 % de « Oui »1) le 28 septembre 1958, et devient la Constitution du 4 octobre 1958 souvent appelée Constitution de la Cinquième République.

Des juristes ont argué que la mise en place de la Cinquième République s'est opérée selon une procédure non constitutionnelle et doit être considérée comme un coup d'État : en effet, la Quatrième République ne prévoyait pas la possibilité de modifier la Constitution par référendum. Toutefois, en général, on considère que l'exercice du « droit souverain du peuple à disposer de lui-même », exprimé pour l'occasion par voie référendaire, prévaut sur le texte constitutionnel.

En vertu de la loi constitutionnelle du 3 juin 1958, le Parlement a exigé que le projet de Constitution respecte cinq principes. « Seul le suffrage universel est la source du pouvoir », ce qui excluait de facto l'idée d'une chambre socioprofessionnelle composée de délégués des

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organisations patronales, syndicales et des associations, projet défendu par De Gaulle dans son discours de Bayeux en 1946. Le texte doit également respecter le principe de la séparation des pouvoirs et celui de la responsabilité du gouvernement devant le Parlement, trait distinctif du régime parlementaire. L'indépendance de l'autorité judiciaire doit être garantie, et enfin « doivent être organisés les rapports de la République avec les peuples qui lui sont associés ».

La Cinquième République accorde un pouvoir plus important au président de la République. Dans son discours devant le Conseil d'État, le 27 août 1958, Michel Debré indique que le « président de la République doit être la clé de voute de notre régime parlementaire », c'est-à-dire un arbitre efficace susceptible d'intervenir pour assurer le bon fonctionnement des pouvoirs publics lorsque celui-ci est menacé. Au moyen de ses « pouvoirs propres », c'est-à-dire ses pouvoirs discrétionnaires non-soumis à contreseing ministériel (innovation majeure de la Constitution du 4 octobre 1958), il peut dégager les voies de la résolution d'un conflit compromettant le fonctionnement des pouvoirs publics. En ce sens, « le président de la République, comme il se doit, n'a pas d'autre pouvoir que celui de solliciter un autre pouvoir ». Cet arbitrage présidentiel renforcé s'inscrit dans le cadre du projet de rationalisation du parlementarisme porté par Michel Debré et qui est conçu pour permettre au gouvernement d'assurer sa mission même en l'absence d'une majorité parlementaire stable et disciplinée. Effectivement, « parce qu'en France la stabilité gouvernementale ne peut résulter d'abord de la loi électorale, il faut qu'elle résulte au moins en partie de la réglementation constitutionnelle, et voilà qui donne au projet son explication décisive et sa justification historique ». Cependant, le fait majoritaire et la conception extensive que les titulaires successifs de la fonction présidentielle vont avoir de leurs pouvoirs modifieront profondément l'équilibre du régime.

Vers l'élection du président au suffrage universelEn outre, le texte voté en 1958 introduit une nouveauté dans le mode d'élection du président de la République, auparavant élu par la réunion de l'Assemblée nationale et du Sénat. Le souvenir de l'élection laborieuse de 1954, où il avait fallu pas moins de treize tours de scrutins pour que députés et sénateurs s'accordent sur la candidature de René Coty, est resté dans les mémoires.

Aussi la Constitution confie-t-elle dans un premier temps le soin d'élire le président de la République à un collège d'environ 80 000 grands électeurs (députés, sénateurs, conseillers généraux, maires et délégués des conseils municipaux). Ce système n'est utilisé qu'une seule fois, le 21 décembre 1958, pour l'élection de Charles de Gaulle.

Un référendum est organisé en 1962 par le président de Gaulle pour modifier à nouveau le mode d'élection du président de la République. Il introduit le principe de son élection au suffrage universel direct. Le premier scrutin de ce type a lieu en 1965 et se conclut par la réélection du général.

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Cette élection du président de la République au suffrage universel direct, couplée avec l'apparition du fait majoritaire, modifie profondément le fonctionnement des institutions : apparaissent les notions de « présidentialisation du pouvoir » et de « cohabitation ». Élu au suffrage universel direct, c'est-à-dire par le peuple directement, le président de la République bénéficie d'une légitimité démocratique en concurrence à celle de l'Assemblée nationale.

L’élection du président au suffrage universel conduit à la personnification du pouvoir. L’obligation de choisir entre deux candidats au second tour la promeut. Le scrutin majoritaire aux législatives incite les partis à construire des alliances préélectorales pour être représentés au Parlement et confirme la bipolarisation de la vie politique. La dissolution discrétionnaire renforce l’autorité du président et augmente la discipline parlementaire. Le cumul de ces règles promeut la présidentialisation du régime. Il ne se retrouve que partiellement dans les autres démocraties européennes2.

Néanmoins, la bipolarisation de la vie politique n'est pleinement formée qu'à la fin de la présidence de François Mitterrand, qui incarne le premier l'alternance à la tête du régime. Ce phénomène est en contradiction avec la volonté initiale du général de Gaulle, qui entendait mettre fin à la prépondérance des partis, comme le résume l'universitaire Bastien François : « Laisser s'établir, dans la dénégation, le "régime des partis", tel est le destin imprévu de nos institutions »3.

L'équilibre des pouvoirs : nouvelles pratiquesLa Ve République est un régime parlementaire doté d'un pouvoir présidentiel fort : le pouvoir exécutif collabore avec le pouvoir législatif dans le cadre d'un système de séparation souple des pouvoirs. À la différence du régime présidentiel (type États-Unis, Mexique) où les deux pouvoirs sont strictement séparés, en France, chaque pouvoir dispose sur l'autre d'un moyen de pression :

l'Assemblée nationale peut renverser le gouvernement (l'unique cas étant celui du premier gouvernement Georges Pompidou le 5 octobre 1962 à la suite du vote d'une motion de censure) ;

le président de la République peut dissoudre l'Assemblée nationale, après consultation du premier ministre et du président de chacune des deux assemblées4 (ce qui survient à cinq reprises : Charles de Gaulle le 9 octobre 1962 puis le 30 mai 1968, François Mitterrand le 22 mai 1981 puis le 14 mai 1988, Jacques Chirac le 21 avril 1997).La majorité des constitutionnalistes français considère que la Ve République est un régime parlementaire moniste puisque l'article 20 dispose que le gouvernement est responsable devant le Parlement (ou plus précisément devant l'Assemblée nationale qui, en vertu des articles 49 et 50, est la seule des deux chambres à pouvoir renverser le gouvernement), tandis que le président de la République n'exerce qu'une fonction d'arbitrage (article 5) sans pouvoir révoquer le Premier ministre. Effectivement, d'après l'article 8, le chef de l'État ne peut mettre fin aux fonctions du chef du gouvernement que « sur présentation par celui-ci de la démission du gouvernement ».

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Néanmoins, certains constitutionnalistes, à la suite de Maurice Duverger, ont estimé que la Cinquième République connaissait un mode de fonctionnement trop atypique au regard de celui des autres régimes parlementaires contemporains, notamment en raison de l'emprise exercée, en fait plus qu'en droit, par le chef de l’État sur le pouvoir exécutif. Duverger élabora alors la catégorie des « régimes semi-présidentiels », dans lesquels seraient combinés trois critères : la responsabilité gouvernementale devant le Parlement, l'élection du chef de l’État au suffrage universel direct et la détention par le chef de l’État de pouvoirs propres non soumis à contreseing ministériel. La Cinquième République voisinerait alors avec la République de Weimar, la Finlande, le Portugal, l'Autriche, l'Irlande.

Sous l'impulsion de Charles de Gaulle et en raison du contexte de crise dans laquelle la Ve République s'est établie, le président de la République s'est érigé en chef du pouvoir exécutif. C'est sur la demande expresse du chef de l'État que le Premier ministre Michel Debré remet sa démission en avril 1962. Il est alors remplacé par Georges Pompidou, qui n'est pas un élu mais un ancien collaborateur du général de Gaulle. Cette tendance au renforcement des pouvoirs du président de la République bien au-delà de sa seule fonction d'arbitrage est confirmée à l'automne 1962 avec la révision de l'article 6 de la Constitution instituant l'élection présidentielle au suffrage universel direct. Dès lors, en période de concordance des majorités présidentielle et parlementaire, la Ve République prend l'allure d'un régime parlementaire dualiste dans lequel le Premier ministre est responsable également, en fait mais pas en droit, devant le chef de l'État qui peut l'inciter à démissionner (ce fut le cas par exemple pour J. Chaban-Delmas, P. Mauroy, É. Cresson, M. Rocard et J.-P. Raffarin). Sur le plan de la forme, Il n'y a jamais révocation du Premier ministre par le président.

Cependant, la majorité des constitutionnalistes français considère que les régimes dits « semi-présidentiels » ne constituent qu'une sous-variante de la famille des régimes parlementaires, dès lors que le gouvernement y est responsable devant le Parlement. Ultra-minoritaire au sein de la doctrine, la constitutionnaliste Marie-Anne Cohendet, par exemple, les a dénommés « régimes parlementaires bireprésentatifs ».

Lorsque les majorités parlementaire et présidentielle sont antagonistes (cohabitation), le gouvernement n'est plus lié au président mais seulement au Parlement au sein duquel il puise sa légitimité. On en revient à une lecture moniste de la Constitution bien que le chef de l'État conserve de façon coutumière un droit de regard sur le « domaine réservé » (affaires étrangères et militaires) qui tend à devenir alors un « domaine partagé » (c'est pourquoi les deux têtes de l'exécutif se présentent ensemble dans les sommets internationaux). Pour le reste, et conformément à l'article 20, le gouvernement détermine librement et conduit la politique de la nation. Il y a eu jusqu'à présent trois périodes de cohabitation : les deux premières durant les mandats de François Mitterrand, entre 1986 et 1988, puis entre 1993 et 1995, et la troisième sous la présidence de Jacques Chirac entre 1997 et 2002. Les périodes de cohabitation restent cependant relativement marginales dans l'histoire du régime (neuf ans au total). La Constitution de 1958 laisse suffisamment de liberté d'interprétation pour que le pouvoir y reste aussi stable qu'en période de concordance des majorités présidentielle et parlementaire, même si la collaboration entre chef de l'État et chef du gouvernement ne se fait

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pas toujours sans quelques heurts (tel le refus du président Mitterrand de signer des ordonnances le 14 juillet 1986).

Institutions

Élection

Il est élu au suffrage universel direct depuis la réforme constitutionnelle de 1962. Depuis le référendum sur le quinquennat présidentiel demandé par Jacques Chirac en l'an 2000, le président de la République est élu pour cinq ans. Depuis la loi constitutionnelle du 23 juillet 2008, il ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs. En cas de vacance du pouvoir, les fonctions de président de la République française sont assurées par le président du Sénat, ce qui est arrivé en 1969, à la suite de la démission de Charles de Gaulle et en 1974, à la mort de Georges Pompidou, tous deux alors remplacés par Alain Poher.

Pouvoirs

L'élection du président de la République au Suffrage universel direct confère à celui-ci une légitimité politique considérable. Mais de plus la Constitution attribue au président de la République des pouvoirs propres qui rompent avec le rôle purement honorifique qui lui était attribué sous la IIIe république et la IVe République.

En effet, la Constitution du 4 octobre 1958 prévoit que le président dispose, d'une part de pouvoirs qui sont dispensés du contreseing ministériel, et d'autre part de pouvoirs soumis à contreseing :

Pour les pouvoirs dispensés de contreseing5 :

nommer et mettre fin aux fonctions du Premier ministre sur la présentation par celui-ci de la démission du gouvernement (article 8 alinéa 1C),

organiser un référendum (article 11, C) sur proposition, du gouvernement ou, conjointe des deux assemblées,

dissoudre l'Assemblée nationale (article 12),

et dans certaines circonstances dramatiques (atteinte à l'intégrité du territoire national, interruption du fonctionnement des pouvoirs publics, etc.), endosser des pouvoirs

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exceptionnels (article 16) qui créent une sorte de pouvoir d'exception temporaire (6 mois), sous réserve que soient supposées être remplies certaines conditions prévues par les textes (avis du premier ministre, des présidents de l'Assemblée nationale, du Sénat et du conseil constitutionnel),

saisir le Conseil constitutionnel avant la promulgation d'une loi (Article 61, tout comme en nommer trois de ses membres et élire son président, article 56).

Pour les pouvoirs soumis à contreseing ministériel :

nommer et mettre fin aux fonctions des membres du gouvernements (article 8 alinéa 2),

promulguer la loi (article 10),

signer les décrets et ordonnances (article 13 alinéa 1),

nommer aux emplois civils et militaires (article 13 alinéas 2, 3 et 4),

exercer son droit de grâce (article 17),

ouvrir et clore les sessions extraordinaires du parlement (article 30),

réviser la Constitution par la voie du référendum (article 89).

Autres pouvoirs du président :

au titre de l'article 15 de la Constitution, il est le chef des armées, prérogative traditionnelle depuis 1791, il est aujourd'hui la seule autorité en matière de dissuasion nucléaire.

au titre de l'article 9, il préside le Conseil des ministres ; en sa qualité de garant de l'indépendance de l'autorité judiciaire il préside le Conseil national de la magistrature (article 65). Enfin, il préside de droit, les conseils et les comités supérieurs de la défense nationale (article 15).

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La France dans la Seconde Guerre mondiale

Alors que Charles de Gaulle lance sur les ondes de la BBC son fameux Appel du 18 juin appelant les Français à poursuivre le combat contre les Allemands, le nouveau gouvernement Pétain (appelé aussi gouvernement de Vichy car il siège dans la ville de Vichy) s'apprête à signer un armistice avec le Reich…

Le régime de Vichy

Après la démission de Paul Reynaud, le maréchal Pétain arrive au pouvoir. Ayant appelé les Français à se soumettre à la victoire nazie (appel du 17 juin 1940), il signe le 22 juin à Rethondes un armistice avec l'Allemagne. Vaincue par les Allemands, la France est divisée en deux par une ligne de démarcation au nord de laquelle s'installe l'occupation allemande.

Le gouvernement mis en place par Pétain se caractérise par son style autoritaire : Pétain obtient les pleins pouvoirs, devient chef de " l'Etat français " et met en place un culte de la personnalité entretenu par la propagande. Les partis et les syndicats sont suspendus, la presse censurée. Avec les chefs successifs de son gouvernement, Pétain cherche à faire appliquer sa doctrine : " Travail, famille, patrie ". Le modèle de société qu'il propose est fondé sur la discipline, l'autorité, la famille, l'Eglise et l'encadrement de la population. La démocratie et l'égalité sont bafouées. Le caractère policier du régime de Vichy s'affirme au fil du temps : la Milice traque les résistants.

Le régime de Vichy affiche très tôt son caractère antisémite : plusieurs lois amènent à l'exclusion des Juifs de la société française puis à leur déportation.

Le gouvernement de Vichy s'illustre enfin par sa politique de collaboration avec l'Allemagne, qui va souvent plus loin que les exigences formulées par l'occupant. En 1943, le Service du travail obligatoire (STO) oblige des millions de jeunes à aller travailler en Allemagne. Les policiers de l'Etat français organisent des rafles de Juifs. Le régime de Vichy s'occupe de leur déportation vers les camps allemands. Par conséquent, il est complice dans la réalisation de la " Solution finale ".

La vie en France pendant la Seconde Guerre

Les conditions de vie de la majorité de la population sont difficiles. Beaucoup de familles sont marquées par l'absence d'un proche, fait prisonnier au cours de l'offensive allemande ou, plus tard, envoyé en Allemagne pour le STO. Les habitants des régions voisines de l'Allemagne ont souvent quitté leur domicile en voyant arriver les chars nazis, suivant l'exode des populations vers le sud.

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Pour ceux qui ont pu rester chez eux, l'existence est marquée par la pénurie : les prélèvements effectués par l'Allemagne sur l'économie française et le ralentissement des échanges à cause de la guerre provoquent une baisse de la production. Les Français manquent de denrées alimentaires, mais aussi de cuir, de papier, de charbon. Les achats se font désormais avec des cartes de rationnement. Le quotidien est marqué par l'attente devant les magasins, par la réduction des rations caloriques et par le marché noir.

En outre, le caractère policier du régime de Vichy, la présence de la Gestapo et des militaires allemands sur le territoire limitent les libertés des Français. La propagande est intense, les seuls journaux autorisés sont ceux qui sont favorables au gouvernement.

Parmi la population, certaines catégories subissent plus encore la dureté des années de guerre. Les Juifs, exclus dès 1940 de certains métiers puis de certains lieux, soumis au port de l'étoile jaune à partir de 1942, sont bientôt victimes de rafles et envoyés en déportation.

La Résistance

Une minorité de Français refuse les conditions imposées par Vichy et entre en résistance contre ce régime et contre l'occupation allemande. L'acte de naissance de la Résistance est l'appel lancé le 18 juin 1940 par le général de Gaulle. Autour de lui se construit peu à peu une résistance dite " extérieure ", car elle se forme en dehors de la métropole, autour d'un gouvernement provisoire en exil. Elle se dote d'une armée et d'un emblème. Elle bénéficie du soutien parfois hésitant des Alliés et de celui de certaines colonies françaises, et participe à de nombreux combats en Afrique du Nord, Italie, France…

Parallèlement se développe une résistance dite " intérieure ", car située sur le sol même de la métropole française. Là, répondant à l'appel de De Gaulle ou à leur propre conscience, des Français entrent en lutte clandestine contre les Allemands. Ces hommes et ces femmes se regroupent dans des mouvements, en zone sud et nord, pour braver la censure, écouter la BBC, diffuser des informations clandestinement, saboter les voies de communication utilisées par les Allemands, perpétrer des attentats contre l'occupant. Traqués par la Milice et par la Gestapo, 30 000 résistants sont fusillés au cours de la guerre, et 60 000 déportés.

Au cours de la Guerre, Charles de Gaulle œuvre au rapprochement de la résistance extérieure et de la résistance intérieure. Il confie à Jean Moulin le soin de cette unification. C'est chose faite en mai 1943 avec la création du Conseil national de la Résistance, qui participe activement à la Libération.

GLAGOLSKI SUSTAV :

Le mode quasi-nominal (ou simplement mode nominal) est le premier mode de la chronogénèse. A ce stade très précoce, le verbe est encore proche du plan du nom dont il peut assumer d'ailleurs les fonctions (substantif et adjectif), d'où cette appellation.

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Il comporte en français trois temps : l'infinitif, le participe présent et le participe passé. Chacun de ces temps représente l'événement sous ses conditions les plus générales, dans l'ordre l'inaccompli (infinitif), l'accomplissement (participe présent), et l'accompli (participe passé).

Au stade qu'on peut qualifier d'embryonnaire du mode quasi-nominal, la construction de l'image-temps est à peine engagée et il en résulte une représentation très incomplète du temps. Le mode quasi-nominal ne fait pas comme l'indicatif de distinction entre époques et les qualificatifs présent et passé des participes sont erronés. On peut se représenter le temps d'univers à ce stade comme un vaste présent large intégrant. L'événement, par ailleurs, n'est pas référé à une personne spécifique mais à la personne virtuelle et ce mode est donc un mode impersonnel en ce sens. La personne spécifique n'apparaît qu'à partir du mode subjonctif, deuxième en chronogénèse.

En français, le mode quasi-nominal distingue le niveau d'incidence de l'événement au temps, du niveau de décadence et annonce ainsi l'architecture du présent de l'indicatif. L'infinitif est incident, le participe passé décadent et le participe présent est les deux à la fois. La structure du mode varie selon les langues qui le possèdent, l'anglais par exemple, représentatif en cela des langues germaniques, a un mode nominal descendant auquel répond le caractère ascendant de l'indicatif. Les temps s'y répartissent en fonction de ce dynamisme temporel descendant autour d'une limite dite anaclastique qui sépare l'inaccompli (l'infinitif avec to) et l'accomplissement/accompli des participes. En allemand, comme d'ailleurs en vieil-anglais, c'est l'accompli du participe passé, marqué par le préverbe ge- qui est séparé de l'ensemble systématique infinitif/participe présent.

L'imparfait de l'indicatif exprime un fait ou une action qui a déjà eu lieu au moment où nous nous exprimons mais qui peut encore se dérouler.

Exemple : Quand tu étais enfant, tu étais timide.

L'imparfait est souvent utilisé pour décrire une scène, un paysage.

Exemple : Le soleil descendait derrière la montagne.

» B. Terminaisons de l'imparfait

Les terminaisons de l'imparfait de l'indicatif sont les mêmes pour tous les verbes.

Les terminaisons 1er groupe 2e groupe 3e groupe

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je / j' -ais aimais finissais mettais

tu -ais aimais finissais mettais

il / elle / on -ait aimait finissait mettait

nous -ions aimions finissions mettions

vous -iez aimiez finissiez mettiez

ils / elles -aient aimaient finissaient mettaient

Remarque : Certains verbes peuvent s'écrire avec plusieurs i successifs, ou avec un y suivi d'un i !

Exemples : Nous criions, vous criiez, nous payions, vous payiez.

» C.Les auxiliaires ont une conjugaison spécifique qu'il faut maitriser car ils permettent de former le plus que parfait de l'indicatif de tous les autres verbes.

Les auxiliairesavoir être

je / j' avais étais

tu avais étais

il / elle / on avait était

nous avions étions

vous aviez étiez

ils / elles avaientétaient

Expression de l’ordre :

Les phrases injonctives

La phrase injonctive indique une action qui doit être réalisée par un

interlocuteur. Elle sert généralement à donner un ordre ou une interdiction,

parfois seulement un conseil ou une prière .

Elle se termine soit par un point soit par un point d’exclamation selon le ton

mis par celui qui parle.

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Page 41: NaturalisMe

L’injonction peut s’exprimer à l’aide de plusieurs moyens grammaticaux.

1. Le mode impératif

L’impératif n’existe qu’aux trois personnes du dialogue ( toi, nous et vous ) et

on distingue deux conjugaisons .

Ex. Travaille

Travaillons

Travaillez

Ex. Fais l’exercice 2 p.305 pour demain.

Faisons …

Faites …

2. Le mode infinitif

Ex. Faire l’exercice 2 p. 305 pour demain .

3. Le mode subjonctif

Ex. Que chacun fasse l’exercice 2 p.305 pour demain !

4. Le futur de l’ indicatif

Ex. Vous ferez l’exercice 2 p.305 pour demain .

Adverbes de temps

Aux adverbes de temps correspondent les questions sur des données temporelles (quand ?).

Les adverbes de temps sont : aujourd'hui, après, aussitôt, autrefois, avant, bientôt, d'abord, déjà, demain, encore, enfin, en même temps, ensuite, hier, jadis, jamais, maintenant, quelquefois, parfois, puis, rarement, soudain, souvent, tard, toujours, tôt, tout à coup, tout de suite, etc.

Les adverbes quelquefois, parfois, autrefois (à distinguer de d'autres fois) -- comme d'ailleurs la conjonction toutefois -- s'écrivent en un seul mot.

De même les adverbes sitôt, bientôt, aussitôt, tantôt, s'écrivent en un seul mot. Ces adverbes doivent être distingués des locutions :

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- si tôt : contraire de si tard

- bien tôt : contraire de bien tard

- aussi tôt : contraire de aussi tard

Certains adverbes de temps sont formés comme les adverbes de manière en « ment » :

- dernier : dernièrement...

Il y a lieu d'employer correctement les adverbes antan, naguère et jadis :

- antan, s'emploie toujours comme complément de nom avec « d' ». Au sens strict, cet adverbe signifie « l'année d'avant ». On lui donne cependant souvent le sens d'autrefois,

- naguère signifie il y a peu de temps (il n'y a guère de temps),

- jadis signifie il y a longtemps.

Les locutions tout de suite (immédiatement, à distinguer de de suite = successivement), tout à coup, tout d'un coup s'écrivent sans traits d'union.

LINGVISTIKA:

André

Martinet

Langage - système de signes

On entend souvent dire que le langage humain est articulé (...) . Il convient toutefois de préciser cette notion d'articulation du langage et de noter qu'elle se manifeste sur deux plans différents (...).

La première articulation est celle selon laquelle [tout message à transmettre] s'analyse en une suite d'unités douées chacune d'une forme vocale et d'un sens. Si je souffre de douleurs à la tête, je puis manifester la chose par des cris. (...) Mais cela ne suffit pas à en faire une communication linguistique. Chaque cri est inanalysable et correspond à l'ensemble,

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inanalysé, de la sensation douloureuse. Toute autre est la situation si je prononce la phrase "j'ai mal à la tête". Ici, il n'est aucune des six unités successives j', ai, mal, à, la, tête qui corresponde à ce que ma douleur a de spécifique. Chacune d'entre elles peut se retrouver dans de tout autres contextes pour communiquer d'autres faits d'expérience : "mal" par exemple, dans "il fait le mal", et "tête" dans "il s'est mis à leur tête". On aperçoit ce que représente d'économie cette première articulation (...). Quelques milliers d'unités, comme "tête", "mal", "ai", "la", largement combinables, nous permettent de communiquer plus de choses que ne pourraient le faire des millions de cris inarticulés.

(...)

[La deuxième articulation] Chacune de ces unités de première articulation présente, nous l'avons vu, un sens et une forme vocale (ou phonique). (...) La forme vocale est, elle, analysable, en une succession d'unités dont chacune contribue à distinguer "tête", par exemple, d'autres unités comme "bête", "tante", ou "terre". C'est ce qu'on désignera comme la deuxième articulation du langage. Dans le cas de "tête", ces unités sont au nombre de trois; nous pouvons les représenter au moyen des lettres t, e, t,(...). On aperçoit ce que représente d'économie cette seconde articulation (...). Grâce à la seconde articulation, les langues peuvent se contenter de quelques dizaines de productions phoniques distinctes que l'on combine pour obtenir la forme vocale des unités de première articulation.

PRAGUE CERCLE DE

Mouvement de réflexion et d'analyse linguistique fondé par le linguiste russe Nicolaï Troubetskoy et par Roman Jakobson, le cercle de Prague connut sa plus grande activité entre 1920 et 1930. Les membres du Cercle mettent l'accent sur la fonction des éléments qui constituent le langage, le contraste de ces éléments entre eux, et le modèle d'ensemble formé par ces contrastes. L'œuvre accomplie par le cercle de Prague dans le domaine de la phonologie a été particulièrement importante. Les linguistes de l'école ont développé une analyse des sons fondée sur leurs traits distinctifs ; de ce point de vue, chaque son distinctif d'une langue est considéré comme composé de traits acoustiques et articulatoires en opposition, et deux sons d'une même langue perçus comme distincts comprendront ainsi au moins une opposition de trait. L'analyse par traits distinctifs a également été reprise par les tenants des linguistiques générative et transformationnelle dans l'étude des systèmes phoniques des langues. C'est aussi au cercle de Prague qu'on doit la première formulation du concept de marque, employé en analyse grammaticale.

I. STRUCTURALISME LINGUISTIQUE

Le structuralisme, même restreint à son champ d'origine - l'analyse de la langue – ne constitue

pas à proprement parler une communauté de doctrine comme l'histoire de la grammaire a pu

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en connaître dans un passé proche ou plus lointain. Il se caractérise plutôt par le partage d'un

ensemble de principes très généraux qui peuvent orienter ou infléchir les recherches dans des

directions différentes: attention portée au signifiant phonique, tentative pour rendre compte de

la langue en termes de pure combinatoire, réflexion sur la forme dans les phénomènes

linguistiques, prise en compte de la diversité des codes et des normes qui règlent la langue

(écrit et oral)... Seule, d'ailleurs, cette orientation méthodologique et épistémologique du

structuralisme linguistique assure la continuité réelle à partir de F. de Saussure: le Cours de

linguistique générale propose une réflexion sur les conditions de possibilité les plus générales

d'une connaissance des langues plutôt qu'une doctrine linguistique développée.

Les Ecoles structuralistes en linguistique se développent à partir des années 20

essentiellement à Prague, Copenhague et aux Etats-unis. Genève et Paris (les deux villes où

Saussure enseigna) donnèrent plutôt naissance à des personnalités originales, informées, mais

relativement isolées. Le point de vue structural, dans ses différentes versions, dominera

l'avantgarde des recherches linguistiques jusqu'au début des années 60, (apparition du

générativisme de N. Chomsky). On pourrait schématiser les caractéristiques communes à ces

écoles, dans quelques principes généraux que nous présentons ici: - Le fonctionnement de

toute langue obéit à des règles que les sujets parlants adultes mettent en oeuvre

individuellement sans connaître explicitement le système dont elles relèvent. La description

de ce système (ainsi que la détermination des différents niveaux de l'analyse linguistique

(phonème, morphème ou monème, syntagme, phrase...) incombe au linguiste dans une

perspective délibérément non-normative et constructiviste (la langue est l'objet d'une

reconstruction à partir des données individuelles de la parole des sujets). Dans le

structuralisme américain, par exemple, le travail sur corpus (échantillon de langue constitué

d'énoncés oraux ou écrits) va devenir un enjeu de la théorie du langage et de ses méthodes.

L'orientation synchronique du structuralisme (on étudie un état de langue et non le devenir

d'une langue, son évolution diachronique) découle de ce premier principe: les sujets parlants

ignorent les lois d'évolution de la langue qu'ils parlent: ils obéissent à des contraintes de

structure. Ce principe méthodologique implique à son tour un choix fondamental: ce sont des

énoncés qu'il s'agit de rendre compte, et non de la situation de communication ou de

l'intention de l'émetteur. L'idée de structure implique bien, de ce point de vue, qu'on travaille

sur un ensemble clos de données: certains linguistes parlent à ce sujet de texte, dont le modèle

explicatif devrait pouvoir rendre compte de manière exhaustive, en ce qui concerne tant la

structuration du signifiant que celle du signifié. Par rapport à ce texte, les intentions du sujet

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parlant et les conditions concrètes de l'énonciation échappent à l'analyse structurale qui, sans

en dénier l'existence, en laisse la charge aux disciplines connexes: sociologie,

pychosociologie, psychanalyse, anthropologie... Si toutefois R. Jakobson, E. Benveniste, Ch.

Bally étudient certains aspects du procès de l'énonciation, c'est uniquement dans la mesure où

le code linguistique (dans le système des pronoms, des embrayeurs, du système verbal, des

modalisateurs...) porte la trace systématique et manifeste, objectivée, de la subjectivité des

locuteurs. Là encore, ce n'est donc pas la subjectivité toute puissante, infiniment variable dans

ses manifestations discursives, qui les intéresse, mais plutôt la subjectivation contrainte par le

jeu des règles systématiques de la langue. - La définition du signe arbitraire comme unité

indissociable du signifiant et du signifié implique non seulement la forclusion du référent (le

linguiste n'a pas affaire à une réalité extérieure à la langue, ou aux états mentaux des

locuteurs), mais une conception du sens comme pur effet de structure, et une conception de la

forme comme antérieure à tout contenu. Si le structuralisme place le signe au coeur de ses

constructions théoriques, c'est donc dans une perspective explicitement non-substantialiste,

qui suppose une réflexion renouvelée sur l'identité d'unités linguistiques purement

ifférentielle et oppositive. Le signe n'est signe que pour un autre signe, dans un faisceau de

relations qui lui confèrent sa valeur: Les Ecoles structuralistes interprètent, modulent,

explicitent et discutent là un thème fondamental de Saussure: la langue est une forme et non

une substance. Il résulte de cet axiome une certaine incommensurabilité entre les langues, et

le structuralisme est en ce sens un relativisme linguistique qui ne reconnaît pas d'universaux

linguistiques, même s'il peut en chercher dans l'axiomatique de leur description (c'est le cas de

la Glossématique). L'incommensurabilité des codes est l'affirmation - dont le statut

épistémologique varie d'une théorie à l'autre (fait empirique, décision théorique, culturalisme,

postulation de type logique...) - qu'il n'existe pas de langue neutre, de langue-étalon,

susceptible de rendre possible une transposition sans reste d'une langue à l'autre. Dans le

structuralisme américain cette thèse est discutée à partir de l'affirmation par B. L. Whorf et E.

Sapir selon laquelle la langue est une conception du monde, et elle nourrit de nombreux

débats sur les limites de la traductibilité - La langue est un fait social (et non un organisme

vivant). Elle est une émanation de la communauté sociale, de son histoire, et elle contribue à

la fonder en retour en tant que communauté parlante: elle constitue comme l’infrastructure de

la culture. Dans des styles épistémologiques différents, Benveniste et Jakobson insistent

particulièrement sur ce point, et contribuent de cette manière aux extrapolations extra-

linguistiques du structuralisme généralisé (non linguistique) qui se manifestent en

anthropologie et sociologie, dans la sémiologie et les théories du texte littéraire. Ces principes

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ne fournissent que le cadre général dans lequel différents courants scientifiques se

éveloppent, polémiquent ou s'ignorent. Et s'il n'y a pas d'accord unanime en ce qui concerne la

définition de la structure, c'est peut-être d'abord parce que son émergence, à partir de la notion

saussurienne de système n'a été ni linéaire, ni directe et reste même discutable du point de vue

épistémologique.

L´histoire du français

Le français porte mal son nom, qui vient du peuple germain qu´étaient les Francs Or notre

langue n'est pas germanique, elle est romane, c'est-à-dire d'origine latine, et ce n'est que plus

tard qu'elle subit l'influence des Francs. De plus, on a souvent tendance à faire remonter notre

langue au gaulois, langue celtique, ce qui est une erreur.

1. L'Europe linguistique à l'aube de l'Histoire

a) Avant les Indo-européens

Les Gaulois n'étaient évidemment pas les premiers habitants de la Gaule, mais on sait peu

de choses sur les populations qui les avaient précédés, si ce n'est quelques noms de peuples

comme les Aquitains, les Ibères ou les Ligures (voir carte ci-dessous). Les quelques traces de

ces langues non-indo-européennes se retrouvent surtout dans des noms de fleuve (comme la

Loire, anciennement Liger, ou Seine, … ) et de lieux (Manosque, Tarascon, Luchon, …), ainsi

que quelques rares mots que l'on peut qualifier de "pré-celtiques ", (comme avalanche, motte,

jabot, …). Cependant, si le ligure et l'ibère restent des langues mystérieuses, on en connaît

plus sur l'aquitain grâce à ses lointains descendants, les Basques, qui ont su résister au fil des

siècles.

b) Les Gaulois

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Le gaulois est une langue celtique, qui appartient à la grande famille des langues indo-

européennes.

Environs 6 mille ans avant notre ère, des populations parlant des langues dites indo-

européennes, occupaient les régions du Caucase et de la mer Noire : une partie de ces

populations s'est dirigée plus tard vers l'Inde, tandis que l'autre déferlait sur presque la totalité

de l'Europe et engendrait cinq grands courants de langues (hellénistique, germanique, slave,

romane et celtique ). C'est ainsi que les Celtes, nos Gaulois, sont arrivés dans la région qui

allait devenir la Gaule au cours du premier millénaire avant JC.

Le gaulois va donc à partir de -800 se mêler aux parlers locaux évoqués plus haut. Mais

la pénétration gauloise était plutôt superficielle et inégale, et cohabitait avec ces langues non-

indo-européennes. De même, ne subsiste aujourd'hui de la langue gauloise que quelques

dizaines de termes, ruraux en général, comme charrue, chêne, glaner, sillon, …).

L'Europe linguistique à l'aube de l'Histoire

2.Les temps romains

Quoi qu'il en soit, vers 120 avant JC, avait commencé la conquête romaine de la Gaule.

En un peu plus d'un demi-siècle, l'ensemble de la Gaule était dans l'orbite romaine et les

Gallo-romains abandonneront finalement leur langue celtique en faveur du latin. Ils se mirent

à parler latin à leur façon, avec leur accent, leur prononciation. Ainsi, dans leur bouche,

"auguste" par exemple, devint agosto, puis aosto, aoust et enfin août.

3. Les invasions barbares

Ainsi, ce latin ne ressemblait déjà plus guère à celui de Rome quand débarquent au

IIIieme siècle des envahisseurs germains (Burgondes, Wisigoths, et bien sûr les francs ).

L'installation des Francs en Gaule va laisser quelques 400 termes dans le vocabulaire gallo-

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Page 48: NaturalisMe

romain, en particulier des termes de la guerre (arquebuse, trêve, flèche,…) et du vocabulaire

rural (guêpe, bûche, roseau,…) . Mais ces envahisseurs vont peu à peu adopter la langue

gallo-romaine, en particulier grâce à la conversion au catholicisme de leur chef Clovis, ce qui

va contribuer à maintenir la pratique du latin ( comme véhicule de la vie religieuse ) . Trois

siècles plus tard, Charlemagne encourage lui aussi l'enseignement du latin. Ainsi, cette

duplicité Latin/germain va se généraliser et peser sur la langue française en gestation.

NB: Les invasions vikings du IXe et Xe siècle n'ont donné que des parlers locaux et un

peu de vocabulaire marin (cingler, hauban, vague,…) .

Les mouvements de population en Gaule du IVe au Xe siècle

Carte des mouvements de population du IVe au Xe

4. Les débuts du français

Il est difficile de déterminer avec exactitude la "date de naissance" du français car les

premiers textes en français sont rares. Le plus célèbre est celui des "Serments de Strasbourg",

signé en 842 par les petits-fils de Charlemagne, (voir extrait ci-dessous ), qui est considéré

comme le premier document officiel de la langue française; une langue encore bien loin de

celle que l'on parle actuellement !

On peut également citer la "Séquence de sainte Eulalie", suite de 29 vers qui raconte la vie

exemplaire d'une jeune fille martyrisée au IVe siècle. Dans ce texte en ancien français écrit au

IXe siècle, on reconnaît déjà mieux notre langue contemporaine.

5. Le Moyen-Age : le temps des dialectes

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Cependant, malgré ces premiers textes, il serait abusif de parler de LA langue française à

cette époque. Le latin ressassé par des bouches différentes avait fini par prendre des formes

aussi différentes dans chaque région. Ce morcellement en dialectes divers fut d'autant plus

facilité par le système féodal et le cantonnement autour de la terre du seigneur. On distingue

ainsi à cette époque trois principaux dialectes :

-la langue d'oc (dans laquelle oui se dit "oc" ) avec un parler plus proche du latin.

-la langue d'oïl (où oui se dit "oïl" ) influencé par les langues germaniques.

-le franco-provençal (parler de type occitan qui se rapproche de la langue d'oc)

-et de nombreux parlers plus régionaux : basque, catalan, breton, flamand, alsacien, …

Les principaux dialectes

Carte des dialectes au Moyen-Age

6. L'affirmation du français

Dès la fin du XIIe, la "langue du roi", c'est-à-dire le parler de la cour et d'Ile de France, est

mieux reconnue, et elle devient une langue de prestige élargissant ainsi son domaine.

C'est à partir de la Renaissance, quatre siècles plus tard, que la question de la fixation de

la "langue du roi" se pose fortement. Dans le domaine de la vie pratique, le français

remplacera désormais le latin dans tous les documents administratifs, à partir de 1539, date à

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laquelle François 1er prend la célèbre "Ordonnance de Villiers-Cotterêt". Il faudra dorénavant

que tous les textes officiels soient rédigés en "langage maternel françois" . Dans le même

temps, les auteurs littéraires se mettent aussi au français.

7. Le temps du bon usage: le français classique

Après le foisonnement de la Renaissance, le XVIIe va vouloir endiguer ce flot

d'innovations en fixant l'orthographe et la prononciation. La langue, instrument de

centralisation politique devient donc une affaire d'Etat: En 1635, Richelieu fonde l'Académie

française , qui est chargée de créer un dictionnaire, une grammaire et de prendre soin de la

langue française.

En effet, le langage patoisant et populaire a l'orthographe fantaisiste est encore aux portes de

Paris; en voici un exemple:

Piarot:"Le cardinal est py qu'anragé conte lé Parisian a cause qui l'avon confrisqué sn'office.

Le cardinal est plus qu'enragé contre les Parisiens qui lui ont confisqué son office.

Janin : Hé queul office avety?

Hé quel office avait-il?

Piarot: Je nan sçay par ma fy rian…"

Je n'en sais ma foi rien…

Agréables conférences de deux paysans de St Ouen et de Montmorency (1650)

8. Le français moderne-la fin des patois

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Un siècle plus tard, à l'époque de la Révolution, la Convention, éprise de centralisme

portera le premier coup à la vitalité des patois, jugés néfastes pour la République "une et

indivisible"; notamment par le rapport de l'Abbé Grégoire sur la nécessité absolue d'abolir les

patois.

Dans la France du XIXe, la langue française gagne du terrain, mais on parle encore patois

à 80% dans la plus part des circonstances de la vie quotidienne. A partir de 1880, Jules Ferry

instaurera l'école laïque, gratuite et obligatoire, dans laquelle l'enseignement se fait

naturellement en français. C'est ainsi que l'usage des patois commença à se raréfier.

9. Le français contemporain

Au XXe siècle, c'est encore le français, c'est-à-dire la langue commune, qui bénéficiera des

nouvelles techniques, permettant une plus large diffusion, (la T.S.F., la radio, la télévision,

…). Ceci a nettement contribué à l'uniformisation de la langue, tant au niveau du vocabulaire,

qu'au niveau de la prononciation qui tend à devenir plus neutre, et délaissant peu à peu les

parlers régionaux. Peut-on ainsi aller jusqu'à dire que le français perd lentement sa richesse?

En conclusion, on peut dire que le français est la plus germanique des langues romanes.

Son histoire est celle de l'évolution du latin parlé en Gaule et de son enrichissement constant,

apporté avec le temps au contact des langues voisines.

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