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CMJN Mensuel d’informations, d’analyse et de publicité, paraissant sur le campus d’Abomey-Calavi – N° 233 -Septembre 2020 N° d’enregistrement 691/MISD/DC/SG/DAI/SCC PRIX: 200F SOUTIEN 1000 F CFA Les élèves professeurs subissent, l’administration s’en moque Le parrainage des élus pour l’élection présidentielle EXAMENS NATIONAUX DE LICENCE ET MASTER La face cachée de BRIC-À-BRAC À L’ÉCOLE NORMALE SUPERIEURE/PORTO-NOVO T rois ans après l’instauraon des exa- mens naonaux de licence et de mas- ter, au profit des étudiants des éta- blissements privés d’enseignement supérieur (EPES), un bilan et des perspecves s’invitent. La réforme, prorogée pour un nouveau cycle de 3 ans, n’a pas manqué de susciter des polémiques dans sa phase praque. Une situation qui touche les plus démunis L’État béninois réitère sa démission, des ennuis pour le secteur FRAIS DE DOSSIERS DE CANDIDATURE AU CONCOURS DU CAMES ABOU ABDOUL-MOCTART Un ponte ingénieux FLAMBÉE DES PRIX DU GARI DANS LES MARCHÉS AU BENIN # Suite Page 3 Page 5 Page 8 Page 12 l’iceberg Page 4 Page 11 EN DÉBAT

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CMJN

Mensuel d’informations, d’analyse et de publicité, paraissant sur le campus d’Abomey-Calavi – N° 233 -Septembre 2020N° d’enregistrement 691/MISD/DC/SG/DAI/SCC PRIX: 200F SOUTIEN 1000 F CFA

Les élèves professeurs subissent, l’administration s’en moque

Le parrainage des élus pour l’élection présidentielle

EXAMENS NATIONAUX DE LICENCE ET MASTER

La face cachée de

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BRIC-À-BRAC À L’ÉCOLE NORMALE SUPERIEURE/PORTO-NOVO

T rois ans après l’instauration des exa-mens nationaux de licence et de mas-ter, au profit des étudiants des éta-

blissements privés d’enseignement supérieur (EPES), un bilan et des perspectives s’invitent. La réforme, prorogée pour un nouveau cycle de 3 ans, n’a pas manqué de susciter des polémiques dans sa phase pratique.

Une situation qui touche les plus démunis

L’État béninois réitère sa démission, des ennuis pour le secteur

FRAIS DE DOSSIERS DE CANDIDATURE AU CONCOURS DU CAMESABOU ABDOUL-MOCTART

Un ponte ingénieux

FLAMBÉE DES PRIX DU GARI DANS LES MARCHÉS AU BENIN

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N° 233 Septembre 2020

La source des légendes2

Le Héraut - Mensuel d’informations, d’investigations, d’analyses et de publicités paraissant sur le Campus d’Abomey-Calavi

Pêle - Mêle

Journal des Etudiants du Bénin crée en Novembre 1988 (29 ans) / N° d’enregistrement 691/MISD/DC/SG/DAI/SCCMembre du Carrefour International de la Presse Universitaire Francophone (CIPUF)

Siège B10 Campus d’Abomey-Calavi 09 BP 616 Jéricho - Tel : 64 01 58 89 Email : [email protected] Site Web : www.leherautbenin.info

Impression : Imprimerie Le Matinal

EditoPar Saturnin A. NOUKPO

«Chaque année l’Uni-versité d’Abomey Calavi met sur le

marché de l’emploi envi-ron 24.000 licenciés mais seulement 1% parvient à être exploité par l’État » Cette pensée du professeur Euloge Ogouwale met en exergue l’inadéquation entre la formation et l’in-sertion professionnelle des

jeunes après leurs études universitaires. Selon les données statistiques de l’INSAE en 2018, le taux du chômage au Bénin était de 2,3% tandis que celui du sous-emploi était de 53,9%.Malgré cette incohérence observée dans le rapport formation des jeunes/insertion professionnelle, les autorités tardent encore à trouver ce qu’il faut réellement pour corri-ger le tir. À partir du lundi 28 septembre prochain, l’univer-sité rouvrira après quelques semaines de vacances ses portes pour les nouveaux bacheliers. Combien seront-ils encore cette année? 5000 ou 10000 ? Ce qui est certain, « le haut lieu du savoir », va encore enregistrer un flot d’étudiants qui vont s’y ajouter. Ces novices, une fois dans la cité du haut lieu du savoir, certains qui auraient la chance de mieux se faire orienter et qui auraient opéré de bon choix telles les formations para académiques en plus de leur faculté et éviter d’être des étudiants ou étudiantes triangulaires que dis-je, des étudiants, qui ont pour itinéraire « maison-am-phi- resto » ou « maison -amphi- arrêt bus », pourront-ils s’en sortir. Hélas, il est un secret de polichinelle. Qu’il vous souvienne, plus que jamais, à notre époque en ce moment, l’auto formation, l’auto-acquisition des connaissances et de développement du leadership, et le développement person-nel deviennent des choses indispensables pour la nouvelle génération montante. Elle doit avoir soif d’apprendre et de rechercher les bonnes valeurs cardinales, la citoyenneté de solidarité et l’humilité qui constituent le socle de tout pro-grès des grands hommes de ce monde. En effet, les études scientifiques ont révélé que l’insuccès de la jeunesse au-jourd’hui est lié à quatre facteurs fondamentaux, à savoir l’éducation familiale, l’absence de valeurs cardinales et so-ciales, l’éducation reçue à l’école et une orientation vers le fonctionnariat. Victor Hugo disait « fermez les prisons, ou-vrez les écoles, car l’école est sanctuaire autant que la cha-pelle, l’alphabet que l’enfant avec son doigt épelle, contient en chaque lettre une vertu ; le cœur s’écrit doucement à cette humble lueur. Donnez au petit enfant un petit livre, marchez la lampe en main pour qu’il puisse vous suivre. Allumons les esprits, c’est notre loi première ».

Ce qu’il faut pour contrer le chômage au Bénin aujourd’hui c’est de transformer l’école en des lieux de formations entreprenantes où il faut agir sur l’esprit de créativité de la génération montante, il faut leur inculquer les valeurs cardinales comme l’éthique, l’intégrité, le courage, la ci-toyenneté, l’amour du prochain, la ponctualité pour ne citer que ceux-là. Les autorités universitaires auront beaucoup à gagner si elles travaillent pour mettre en place des pro-grammes qui permettront aux bacheliers depuis la première année d’être transformés et orientés vers les secteurs de l’entreprenariat à travers le service des volontaires juniors de l’uac.

Si nous voulons avoir une vie plus aisée, plus riche et plus épanouie demain, cela dépendra des décisions que nous allons prendre aujourd’hui. Sachons que l’école seule ne pourra pas répondre à toutes nos attentes.

Allumer leur Esprit !

Chefs Rubriques Campus : Emmanuel AZINHOU

Culture : Elvire AGOSSOU

Santé et Féminin : Stanislas HOUEDEMAGNON

Sport : Joseph TONOUKOUEN

Société : Alban TCHALLA

Afrique-Inter : Guy Stéphane AYEGBE

Entrepreneuriat et Dév : Jocelyne KOUKPOLIYI

Politique : Alban FAGNIHOUN

Arène des Collégiens: Arsène AZANGON

Direction de PublicationDirecteur de Publication

Saturnin A. NOUKPO (67 86 34 90/64 01 58 89)

Rédacteur en Chef

Taïwo A. ONIONKITON (62 02 42 83)

Secrétaire de Rédaction

Serge S. ADJAKOU (95 50 61 40)

Secrétaire Administratif

Aimé AKEKE (66 27 73 53)

Secrétaire aux Finances et au Marketing

Islamia O. AFFO (66 66 49 13)

Correcteurs

CoordonnateursSection Graphisme :

Wilfride KOSSOUHO

Section Web :

Alexandre AGBOZO

Section informatique :

Yanick YEYE-LOKO

Section photo journalisme :

Alexis DAKO

Section dessin de presse :

Imelda MEDEBOU

Comité de ContrôlePr : Messan KOTTOSG : Fidégnon HOUEDOHOUNMbre : Wilfride KOSSOUHO

* Carmel AHEHEHINNOU

* Jean Luc DAGAN

* Oscar MEDOADOKON

* Cédrique K. KOUDOKPON

* Arthur SELO

* Walter GBESSI

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N° 233 Septembre 2020

La source des légendes3

Le Héraut - Mensuel d’informations, d’investigations, d’analyses et de publicités paraissant sur le Campus d’Abomey-Calavi

CampusEXAMENS NATIONAUX DE LICENCE ET MASTER

La face cachée de l’icebergTrois ans après l’instauration des examens nationaux de licence et de master, au profit des étudiants des établissements privés d’enseignement supérieur (EPES), un bilan et des perspec-tives s’invitent. La réforme, prorogée pour un nouveau cycle de 3 ans, n’a pas manqué de susciter des polémiques dans sa phase pratique.

Trois années d’amours et de désamours. La

relation entre le gouver-nement et les promo-teurs des établissements privés d’enseignement supérieur n’est pas tou-jours au beau fixe depuis l’avènement du décret n°2017-194 portant or-ganisation des examens nationaux de licence et master dans les EPES en mars 2017. Pour l’État, l’objectif est de finir avec les diplômes fantaisistes et à polé-mique. Après les trois premières années d’ex-périmentation de la ré-forme, des responsables d’EPES sont convain-cus de la pertinence de la réforme qu’ils disent caresser déjà dans leur rêve. Pour le Directeur des Études de l’École Supérieure de Mana-gement (ESM-Bénin), Docteur Gbénou Lu-cien ASSOGBA, « c’est une bonne réforme en ce sens que cela a per-mis à certaines écoles qui donneraient des di-plômes fantaisistes de réellement former leurs étudiants puisque ces derniers sont désormais appelés à faire une com-pétition sur le plan na-tional ». En bouchant la même trompette, Pro-fesseur Geoffroy BO-TOYIYE, Directeur de l’Institut de Formation Avancée (IFA-TOS-SI) va un peu plus loin lorsqu’il affirme : « il était très nécessaire de procéder à ces réformes dans notre système dans lequel on allait dans toutes les directions. Moi j’ai soutenu la ré-forme parce que nous étions conscients qu’il y avait parmi les éta-blissements des brebis galeuses, qui faisaient des travaux mi-figue mi-raisin et qui, de par leurs comportements, portaient préjudice à l’ensemble ». Aux dires de l’un et de l’autre, la nécessité de la réforme est donc indiscutable. Les résultats aux diffé-rents examens viennent conforter d’ailleurs ces avis. En licence, les ré-

sultats enregistrés sur le plan national sont res-pectivement de 87,91% en 2017, 73, 91% en 2018 et 72, 21% en 2019. En Master, 69, 38% en 2018 et 74,86 % en 2019. Des acquis oui, mais il ne faut pas juger l’arbre par l’écorce.

L’arbre qui cache la forêt

Trois ans après les pre-miers examens natio-naux, certains étudiants déclarés admis sont toujours à la quête de leurs diplômes. Et pour-tant, toutes les formali-tés à accomplir ont été accomplies, disent-ils. « Depuis le dernier tri-mestre de 2018, après la proclamation défini-tive des résultats, je suis toujours en attente de mon attestation de réus-site. J’ai pourtant fait parvenir les pièces de-mandées à la Direction générale de l’enseigne-ment supérieur via mon école. Mes camarades et moi sommes blo-qués par le retard dans la délivrance de notre précieux sésame qui ou-vrira pour certains les portes d’un stage aca-démique et permettra à d’autres de s’inscrire en Master », a confié Andy ARABA, étudiant en sciences juridiques à l’Institut supérieur de Management Adonaï. Comme lui, Fernand KAKPA a passé l’exa-

men en 2018, mais reste toujours en attente de son diplôme. Interro-gé sur la question, le Dr Lucien ASSOGBA accuse le ministère : « beaucoup d’étudiants ont déposé leurs dos-siers depuis trois ans, mais ils n’ont pas de réponse. Ils fournissent les pièces demandées et c’est maintenant au niveau du ministère que les choses sont bloquées. Et c’est le même État qui lance des concours. Les gens ont eu l’information, mais ils ne peuvent pas pos-tuler pour les concours. C’est une situation qui ne dit pas son nom ». À l’en croire, la réforme n’est pas bien mûrie, ce qui empêche les uns de poursuivre norma-lement leur cursus, les autres de déposer des dossiers pour participer aux concours lancés. Pour le prof Geoffroy BOTOYIYE, la cause de ce retard est tout autre : « les gens à qui on a confié cette réforme ne sont pas à la hauteur du travail. Ils n’ont pas fait suffisamment l’état des lieux. Puisqu’il ne suffit pas qu’il y ait deux ou trois établissements qui soient soupçonnés pour qu’on décide d’étendre le mal à tout le monde ». Selon ses dires, cette réforme, quoique né-cessaire, souffre dans sa mise en œuvre, parce que confiée à des cadres peu inspirés. Et à une

autre source de l’École Supérieure de Com-merce et d’Administra-tion des Entreprises du Bénin (ESCAE-Bénin) de tempérer la situation quant au retard dans la délivrance des diplômes : « ce n’est pas encore tard ; et de toute façon, dès que l’étudiant fait sa soutenance, il y a l’attestation de l’école qu’il peut utiliser pour déposer des dossiers à certains endroits en attendant que les di-plômes d’État soient disponibles », a-t-il fait savoir. En outre, selon les informations recou-pées, des irrégularités au nombre desquels, l’attribution des notes fantaisistes, les rachats exagérés sont enregis-trés dans l’organisation de ces examens. À ces problèmes soulevés, la réponse du gouverne-ment ne s’est pas fait at-tendre. Contacté, Roga-tien Tossou, Directeur du Cabinet du MES-RS balaie du revers de main ces allégations : « C’est faux ! et plus, la Direction des Examens et Concours (DEC) a veillé à mettre à leurs dispositions des attes-tions provisoire sur ins-truction du ministère de tutelle. Même des gens sont venus de Parakou retirer ces attestations. Ceux qui se plaignent n’ont qu’à mettre sur papier ce qu’ils veulent et venir le déposer à la DEC. Nous allons te-

nir compte de ce qu’ils veulent ». Des voies de propositions pour améliorer ce qui se fait sont donc offertes. Un vœu cher aux promo-teurs et animateurs des EPES qui malheureu-sement confient ne pas être souvent écoutés et ne demandent qu’à être associés.

« Associez-nous les gardiens… »

Aux grands maux de grands remèdes. Les promoteurs des EPES n’ont pas manqué de proposer des pistes de sorties. Le gouverne-ment doit s’asseoir pour mûrir la réforme et as-socier les EPES à ces assises, ceux-ci étant des acteurs majeurs dans la formation des étudiants concernés par les examens nationaux. « C’est une bonne ré-forme, mais apparem-ment nous n’avons pas les reins solides pour l’exécuter comme il le faut. Si on peut associer les EPES pour qu’on ait une table ronde, ce serait bien. Je pense que l’État doit s’asseoir pour pen-ser encore plus. Mais j’ai l’impression que nous sommes dans un État beaucoup plus po-litique que pédagogique or, l’éducation est un domaine essentiel dans lequel on doit beaucoup réfléchir. Associez-nous les gardiens, les veil-leurs de l’éducation et discutons. » a affirmé Dr Lucien ASSOG-BA. Par contre, pour le professeur Geoffroy BOTOYIYE, la solu-tion est déjà trouvée par l’État. « Dès lors que le gouvernement s’est saisi de ce malaise, il a procédé à des reformes, des restructurations, des réaménagements voire remaniements par rap-port à la gestion des établissements privés », a-t-il laissé entendre.

Taïwo Ayola ONIONKITON & Ivon Christian TOMAVO

(Stag)

Eléonore Yayi Ladekan, MESRS

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N° 233 Septembre 2020

La source des légendes4

Le Héraut - Mensuel d’informations, d’investigations, d’analyses et de publicités paraissant sur le Campus d’Abomey-Calavi

CampusEn Vérité

Doit-on, et peut-on, avoir un pied à l’Université et un autre dans l’entrepreneuriat ? C’est à cette grosse interrogation que se propose de répondre votre chroniqueur aujourd’hui.

Vous le savez, les études universitaires, fussent-elles bril-lantes, ne garantissent pas un emploi à la fin des formations aujourd’hui. Le chômage, des jeunes surtout, devient de plus en plus criard. Et la malheureuse covid-19 a considérablement augmenté le nombre de chômeurs, même si la vie d’avant co-vid-19 renaît peu à peu de ses cendres. Jusque-là, les politiques mises en place par l’État pour juguler le problème ont montré leurs limites. Que faire alors dans ce contexte ? 2020 solutions sont proposées et l’une d’elles m’intéresse particulièrement : avoir un pied à l’Université et un autre dans l’entrepreneu-riat ou, pour faire court, étudier et entreprendre à la fois. La tendance aujourd’hui étant d’être créateur d’emplois et non demandeur d’emplois. Belle comme idée, logique comme proposition, mais quasiment impossible comme solution. Les raisons !

Primo, entreprendre, c’est mettre sur pied une organisation et être entouré des personnes qualifiées pour atteindre un objec-tif donné. Ici, mener une activité pour s’auto-employer et em-ployer les autres. L’entrepreneur doit donc avoir une idée claire et convaincante. Mais pas que cela. Des moyens financiers aussi pour commencer. Où va-t-il les trouver, ces moyens ? Généralement, on lui conseille d’aller faire un prêt à la banque qui non seulement alloue des prêts à des intérêts très élevés, peu s’en faut pour dépasser le taux de l’usure, mais demande aussi –sécurité oblige- des garanties notamment foncières ou immobilières. Peu de jeunes, très peu peuvent satisfaire à ces exigences.

Secundo, comment une entreprise sera-t-elle viable tant qu’il existe assez d’épines pour étouffer la plante que l’entrepreneur arrose ? Les impôts deviennent sans cesse croissants, la pre-mière source de revenus du pays étant essentiellement fiscale. Jour après jour, l’assiette fiscale s’élargit, alors que la ceinture ne desserre pas, et engouffre les petites économies. À côté, le secteur informel mène une concurrence déloyale atroce. Et ce n’est pas fini : bien sûr que des performances sont réalisées ces cinq dernières années, mais le monde des affaires est loin d’être assaini céans. Il ne suffit donc pas d’offrir à la jeunesse la liberté d’imaginer, de créer, de se projeter pour que le sec-teur privé prenne son envol. Il faut aussi, et surtout, lui offrir un climat favorable à l’éclosion de son plein potentiel. C’est à ces seules conditions que l’entrepreneuriat peut marcher.

Somme toute, l’État doit revenir dans son rôle providentiel, car la balle est dans son camp. Dans son camp à lui seul. Lui seul peut et doit tout déformer, tout assainir, puis tout réformer. Réformer la politique éducative en particulier. L’État a l’obli-gation de créer les conditions favorables à la création d’en-treprises, de richesses et d’emplois par le secteur privé et les programmes de formation doivent correspondre aux réalités du marché de l’emploi. Sauf s’il veut une crise sociale sans précédent, dans un contexte où des milliers de jeunes diplômés sortent des universités chaque année pour ne devenir encore que des fardeaux à porter par les parents.

Discours peu convaincants !Par Taïwo Ayola ONIONKITON

BRIC-À-BRAC À L’ÉCOLE NORMALE SUPERIEURE/PORTO-NOVO

Les élèves professeurs subissent, l’administration s’en moque

Ces dernières années, les élèves professeurs de l’École Normale Supérieure vivent le martyre. De la hausse des coûts de formation depuis 2016 au retard des soutenances, en passant par l’hécatombe des résultats des sessions et bien d’autres situations, l’équation devient difficile à résoudre.

Abdel Karim (Stag)

La plus grande école de formation des ensei-gnants au Bénin est à

l'épreuve du titre d’excellence dont elle se vante. Et les élèves professeurs ne cessent de le-ver le ton pour dénoncer plu-sieurs maux qui minent leur formation. Entre autres, le re-tard dans la programmation des soutenances de la septième promotion de BAPES est la véritable contrariété des élèves professeurs de cette promotion. Une programmation qu’ils attendent depuis le 31 juillet 2019. « La septième promotion a commencé sa formation au cours de l’année académique 2016-2017 et devra normale-ment finir au cours de l’année académique 2018-2019. Mais jusqu’à présent, notre école n’a pas encore délivré, après un an de retard, un seul diplôme » ; s’est plaint Marc Aurèle Ag-belessessi, étudiant en lettres modernes. Au porte-parole de cette 7e promotion, Maxime Adjahossou, d’ajouter que « dans quelques mois, l’école va ouvrir ses portes à la 11e pro-motion, alors que les étudiants de la 7e promotion n’ont pas encore soutenu ». Autre mal souligné par les élèves pro-fesseurs rencontrés, c’est la hausse des frais de formation dans cette école depuis 2016. Fixés entre-temps à 300.000 F CFA, les frais de formation sont passés à 400.000 F CFA depuis 2016. Bien plus, « une somme de 100.000 F CFA est perçue à titre de frais d’enca-drement chez les non-boursiers qui font l’école à titre payant », nous renseigne une source

anonyme.

L’hécatombe !

Le contenu des formations à l’ENS de Porto-Novo est l’autre affliction poignante que dénoncent les élèves profes-seurs. « Nous ne bénéficions pas des cours de grammaires. Alors que nous avons pour mission d’enseigner le français dans les lycées et collèges », se désole, dans un ton furieux, Florian OLOU, élève profes-seur en lettres modernes. Aus-si, les conditions d’évaluations ne permettent-elles pas aux élèves professeurs de donner le meilleur d’eux-mêmes, sur-tout en ces temps de Covid-19 où les horaires de cours et des évaluations ont été réaména-gés. À en croire une norma-lienne en philosophie, « il y a même des moments où vous êtes en classe pour un cours de 8h à 10h puis à 9h, on vous ap-pelle soi-disant que vous avez composition à 10h ; dans de pa-reils cas, le professeur finit son cours un peu plus tôt et vous allez composer ». Ceci consti-tue pour les élèves professeurs, les raisons des résultats catas-trophiques. Seulement 57 étu-diants sur 977 étudiants ont pu tirer leur épingle du jeu après affichage des notes des der-nières compositions de la ses-sion normale de l’année aca-démique 2019-2020 en plus de la nouvelle méthode appliquée par les autorités administra-tives. Selon le nouveau méca-nisme en vogue à l’ENS, il faut obtenir une note supérieure ou égale à 12/20 avant de valider

une Unité d’Enseignements. Une condition qui n’arrange guère les étudiants puisqu’ils ne s'y attendaient point. Ledit système ayant été introduit en pleine année académique. Face aux mouvements de revendica-tions des étudiants le 30 juillet 2020, l’administration a fait marche arrière et affiché le mercredi 12 août de nouveaux résultats. Avec ce dernier affi-chage, tout étudiant qui a pu to-taliser au moins une moyenne de 10/20 valide l’UE. Cepen-dant, la moyenne pour passer en année supérieure est restée 12/20 et sur ce point, beaucoup d’étudiants attendent de pied ferme la session de rattrapage, encore suspendue par les auto-rités. Autant d’irrégularités qui non seulement ne riment pas avec le système en vogue dans l’enseignement supérieur au Bénin, mais aussi ne manquent d’impacter négativement le parcours des « normaliens ».

Les embarras aux étudiants, les autorités

silencieuses

Les dysfonctionnements admi-nistratifs n’ayant pas permis aux normaliens de la 7ème promotion de l’ENS Porto-No-vo, de soutenir à temps, ces derniers ont raté plusieurs op-portunités professionnelles en l’occurrence les deux tests de préinsertion des aspirants aux métiers d’enseignement orga-nisés par le gouvernement. À l’heure où nous mettons sous presse, toutes les démarches entreprises pour avoir les avis du directeur de l'ENS, le Pro-fesseur Germain Gonzalo, sur tout ce qui précède, se sont avérées vaines. Or, « seule l’administration peut justifier de la nécessité de l’augmenta-tion des frais de formation », a fait savoir Célestin Azanman-so, enseignant de la didactique des SVT à l’ENS avant d’ajou-ter que les « soutenances se préparent et la qualité de la for-mation mérite d’être amélio-rée. Il faut aussi revoir la mé-thode d'évaluation certificative des normaliens en évaluant ce qui a fait effectivement objet d'enseignement ».

Marche de protestation du 30 Juillet 2020

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N° 233 Septembre 2020

La source des légendes5

Le Héraut - Mensuel d’informations, d’investigations, d’analyses et de publicités paraissant sur le Campus d’Abomey-Calavi

CampusBoulets Rouges

Par Serge S. ADJAKOU

La situation est alarmante. Et pourtant il a tout donné ! Il s’est dépouillé pour que ses enfants soient ‘’de grands hommes’’ dans la société. Il s’est sacrifié depuis son jeune âge pour que sa progéniture garde le flambeau de la légende, qu’elle soit estimée de tous et qu’elle perpétue à jamais son modeste Nom !

Il s’est assigné cette mission d’être à l’avant-garde et de se porter défenseur de toute la communauté estudiantine jadis brimée, oppressée, martelée voire traquée, juste pour leur droit d’expression. Même si aujourd’hui, ce combat qu’il a mené et qu’il continue de mener n’est pas encore à 100% de ses fruits, toute ‘’l’univers des cités’’ peut s’en réjouir et clamer haut et fort la détermination, l’abnégation et la persévérance de ce vaillant légendaire.

Protecteur de tous ceux qu’il a enfantés et sevrés, ces généra-tions d’hommes et de femmes au parcours exceptionnel, lé-gendaire et très…, faisant la fierté et la gloire de leur fameux géniteur. Ces hommes et femmes occupent de grands postes de responsabilités aujourd’hui : Docteurs, Enseignants-cher-cheurs, Coachs, Entrepreneurs, Journalistes de renoms, Direc-teurs de grandes organisations nationales et internationales, Président à la tête de grandes institutions étatiques, Promo-teurs d’universités privées et de grands médias internationaux ; bref, la liste est très longue.

Oh ! n’est-ce pas beau !

Chers lecteurs, pour un père qui s’est autant donné ; un père qui, comme Christ, s’est livré sur la « croix » pour le salut de ses biens aimés ; comment chers lecteurs, celui-ci peut-il en-core manquer du mini-minimum pour sa survie ?

Ahoo ! tcho ! Et pourtant, Le Héraut, la source des légendes, le Premier Journal des étudiants du Bénin et d’Afrique de l’Ouest qui incarne ce « père », attend toujours de ce mini-minimum. Oui ! ça m’écœure ! de continuer à voir cette institution spé-cialité de l’université d’Abomey-Calavi, cette presse école qui a formé la plupart des journalistes compétents de ce pays et d’ailleurs dans une précarité qui semble éternel.

Ça m’écœure de savoir que de nombreux membres du Jour-nal Le Héraut, aussi haut placés, certains témoignant même de devoir toute leur carrière au journal car, excellant de nos jours dans le domaine du journalisme et de la communication ne puissent prêter mainforte au journal.

Ça m’écœure d’avoir sous le regard cette kyrielle de grandes personnalités formées par Le Héraut, mais dont les répercu-tions ne se remarquent toujours pas, sur la dynamique et l’au-tonomisation de l’organe depuis 1988, année de sa création. C’est peut-être une indignation, que Le Héraut âgé de 32ans, peine encore à se doter d’un Plan Stratégique de Développe-ment (PSD) digne du nom ; alors que des cadres rompus à la tâche ayant pris par-là, continuent de mettre leur génie au ser-vice de grandes institutions nationales et internationales pour l’émergence de celles-ci.

Ça m’écœure davantage, que la rédaction qui abrite notre jour-nal soit toujours démuni du nécessaire que sont les ordinateurs, une imprimante et la connexion internet, très capitale pour le fonctionnement du site web du journal !

Je n’accuse cependant personne ! Car, nous sommes tous cou-pables. Mais si quelques idées émergent déjà pour corriger le tir, il importe beaucoup qu’elles soient soutenues par tous les moyens possibles, à travers la contribution de tous afin que Le Héraut, notre maison commune « ne périsse point, mais qu’elle ait la vie éternelle » !Vive Le Héraut !Vive la Source des légendes !

Ça m’écœure !

FRAIS DE DOSSIERS DE CANDIDATURE AU CONCOURS DU CAMES

L’État béninois réitère sa démission, des ennuis pour le secteur

Jadis, les frais de participations aux concours d’agrégation du Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur (CAMES) sont pris en charge par les pays membres des différents candidats. Mais depuis 2019, la donne a changé au Bénin. Lesdits frais reviennent à la charge des enseignants candidats. Une réforme qui, bien que justifiée par l’autorité de tutelle, ne manquera pas d’impacter négativement l’enseignement supérieur.

Emmanuel AZINHOU

Dorénavant, les frais de participation aux divers concours du CAMES sont

à la charge des candidats. Ainsi en a décidé le gouvernement du Bénin via la circulaire n°1541-b/MESRS/DC/SGM/DAF/SRHDS/DGCPER en date du 29 avril 2019 rappelée par la Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MES-RS), Éléonore Yayi Ladékan dans sa circulaire du 10 juillet 2020. En effet, selon la note signée de l’ex-MESRS Marie Odile ATA-NASSO, le Bénin ne pourra plus prendre en charge les frais de par-ticipation des différents candidats aux divers concours du CAMES parce qu’« il s’est révélé au fil des ans que ces dépenses ont une inci-dence financière assez lourde sur le budget du ministère ». Certes, les autorités n’ont pas manqué de justifier la nouvelle donne, mais les enseignants de leur côté ne partagent pas l’avis du gouver-nement. Ainsi, le Syndicat Na-tional de l’Enseignement Supé-rieur, le Syndicat Autonome de la Recherche de l’Enseignement Supérieur, le Syndicat National des Enseignants-Chercheur et Chercheur du Bénin ont, à travers différentes déclarations, manifes-té leur indignation par rapport à cette circulaire de l’autorité mi-nistérielle.

Les UNB s’enfoncent On ne peut occulter au chef de l’État le droit de définir sa poli-tique. Mais il serait mieux aussi de prendre en compte les pratiques en cours dans les pays membres du Conseil. Encore que l’uni-versité est un établissement où la gestion doit être faite en toute délicatesse. Son fonctionnement exige des ressources techniques et des compétences humaines. En conséquence, la décision prise par le gouvernement de mettre à la charge des enseignants les frais aux concours du Cames dans un contexte où le pays est en manque criard d’enseignants du supérieur laisse à désirer même si toute personne qui s’engage dans un avancement doit être en mesure d’en assurer les frais nécessaires. De plus, l’évolution en grade des enseignants du supérieur ne pro-fite, sur le plan financier qu’aux concernés, et nullement à la Ré-publique qui n’en ressent que les charges financières sans cesse

croissantes liées aux salaires. Il serait donc de l’ordre normal des choses que les enseignants assu-ment leurs frais de formation pour espérer cueillir les fruits ou le re-tour sur investissement à travers la récompense de leur indice sa-larial. Aussi, on peut souscrire à l’argumentaire du gouvernement sur le manque de moyen finan-cier. Encore que chaque gouver-nement vient avec sa politique de gestion et a ses priorités ; s’il ne retrouve pas de raison nécessaire d’engager des fonds publics à cet effet, il est de son droit de s’abs-tenir. Toutefois le gouvernement ne se retrouve-t-il pas du mauvais côté de la barre en bouchant seule une telle trompette dans les États membres du Conseil ? L’autre côté est que les concernés ont un pouvoir d’achat faible et c’est encore dans le même revenu qui déjà n’est pas à la hauteur des ef-forts fournis que sont déduits des frais pour assurer leurs besoins fondamentaux, les frais de publi-cation d’articles indispensables à la présentation à ces concours pour avancement. En outre, il est un secret de polichinelle que le développement d’un pays dé-pend de la qualité de son secteur éducatif et le supérieur occupe une place capitale. Ne dit-on pas souvent qu’un étudiant mal for-mé est une République à terre’’ ? Mais le Bénin semble toujours tergiverser à aller dans ce sens. Ceci pour plusieurs raisons. Déjà, le paiement de ces frais constitue une barrière pour certains ensei-gnants et d’autres vocations, ce qui pourrait limiter le nombre d’encadreurs déjà très insuffisant au vu du ratio enseignant-étudiant prescrit par le système LMD en cours depuis bientôt dix ans.

Accorder les violons et mettre des garde-fous

Le grand risque de cette décision

est de limiter la chance de parti-cipation de certains enseignants auxdits concours. En retour, c’est le niveau de la prestation qui en prend un coup. Cette décision peut s’avérer une source de démo-tivation pour les enseignants qui avancent pour se réinvestir dans la formation de l’intelligentsia au Bénin. Encore que malgré la prise en charge par l’État, certains n’ont jamais daigné fournir de grands efforts. Cette mise à charge des frais assumés par les États par-tout dans le CAMES, augmen-terait l’ego des enseignants qui estimeront ne plus rien devoir à l’État sachant que le contexte de redevabilité lié à la prise en charge par le budget national, ne les émouvait guère. Ce qui aura une répercussion sur la qualité des formations données, car, un enseignant démotivé ne donnera pas le meilleur de lui-même. Et ce sont les étudiants qui en subi-ront les conséquences, parce que formés au rabais dans un contexte mondial de concurrence. Ainsi, c’est l’espoir d’une république en progrès qui se trouve compromis. Il importe donc que le gouverne-ment revoie sa politique de ges-tion du secteur éducatif au Bénin et notamment cette décision. De même, les enseignants devront aussi revoir leur position dans l’intérêt supérieur de la nation. Cela suppose que les deux parties se comprennent et se conviennent du juste milieu. En clair, l’État peut assurer une partie des frais de participation aux différents concours du CAMES pour sou-lager et motiver les enseignants avec des garde-fous comme il en est des candidatures au concours d’agrégation où, les candidats n’ont plus qu’une et une seule chance de bénéficier de cet appui.

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N° 233 Septembre 2020

La source des légendes6

Le Héraut - Mensuel d’informations, d’investigations, d’analyses et de publicités paraissant sur le Campus d’Abomey-Calavi

CampusENTREPRENEURIAT À CÔTÉ DE LA FORMATION ACADÉMIQUE

« Les formations que nous donnons ne sont pas adaptées aux nouvelles orientations de notre économie » dixit le Prof. Euloge Ogouwale

La seule formation académique ne garantit plus aujourd’hui un avenir meilleur pour la jeune génération. En effet, le chômage des jeunes devient de plus en plus criard tant les différentes politiques jusque-là mises en œuvre n’y ont pas apporté des remèdes efficaces. Aujourd’hui, la tendance est d’embrasser l’entrepreneuriat pour échapper à ce problème. Approché, le Professeur Euloge Ogouwale, Enseignant à l’Uac et Fondateur de l’école formation en volontariat entrepreneuriat et développement (VED) nous relève ici les insuffisances du système éducatif actuel avant de jeter des jalons pour aider les étudiants à réussir dans le domaine de l’entrepreneuriat.

Selon vous, qu’est-ce qui explique le fait que le taux

de chômage des jeunes augmente chaque année

alors que les uns et les autres s’activent pour

dompter ce problème clef ?

Il est vrai que le chômage est une question structurelle dans toutes les

sociétés. Mais chez nous au Bénin, les formations que nous continuons d’offrir à nos enfants et nos frères ne sont pas adaptées avec les nouvelles donnes et les nouvelles orientations de notre économie. Nous formons des gens qui à la fin des études doivent chercher de l’emploi alors que plus personne ne recrute. Et le secteur privé n’est pas encore bien étoffé. L’heure du fonctionnariat a pris fin au Bénin et peut être dans

les autres pays du monde également. Or, l’éducation que nous avons mise en place depuis 50ans ne fait que surimposer à l’esprit le fonction-nariat. Heureusement que certains jeunes ont compris aujourd’hui et cherchent à suivre des formations qui leur permettent d’entreprendre, de développer les métiers, et donc de se créer des emplois et d’en créer pour les autres. Je peux vous dire que l’université est déjà dans ce mouvement depuis bientôt 10ans. Les collègues au niveau de toutes les facultés s’activent dans ce sens pour pallier les préoccupations liées à l’employabilité de nos étudiants.

Est-ce à dire qu’il ne faut plus se fier seulement aux

études académiques ?

Il s’agit de faire des études qui per-mettent de se faire valoir dans la société et d’aller au-delà des études académiques pédagogiques. Il faut suivre des formations en entrepre-neuriat, en leadership, en coaching afin de renforcer les formations académiques. Aux parents qui continuent de croire au système de

« akowé », je voudrais profiter de cette occasion pour leur dire de bien orienter leurs enfants.

Un étudiant peut-il associer étude et entrepreneuriat ?

C’est ce que les Américains ap-pellent « un pied à l’école, un pied dans le business ». Je crois que cela s’impose aujourd’hui. Mais en amont, les étudiants doivent choisir des métiers en lien avec leur talent avant de s’inscrire à l’université ou dans des centres de formation pour transformer maintenant ses ta-lents en compétences. Le courage, la justice, l’amour du travail bien fait, l’endurance, la persévérance, l’intégrité…, ce sont des éléments que nous devons forcement intégrer dans le cursus des formations pour que nos enfants sortent chevronnés des écoles. Bref, ils doivent être à même de créer des emplois pour eux-mêmes et pour les autres.

Mais l’entrepreneuriat est si facile ?

On n’a pas besoin forcément d’aller à l’Université avant d’entreprendre. D’ailleurs, ma maman l’a toujours fait. Cependant, il faut améliorer ce que les parents ont pu faire. Il faut aller vers les livres pour apprendre des gens qui ont réussi dans le do-maine, aller suivre les vidéos, les conférences pour comprendre com-ment cela fonctionne dans le monde professionnel. Nous sommes à l’ère de la communication numérique, avec la connexion internet où cha-cun peut chercher à s’informer et à se former. Ce qui manque aux Africains généralement, ce sont les valeurs cardinales telles que le courage, la discipline, l’amour du travail bien fait et l’amour du pro-chain. Ils n’aiment pas travailler en-semble alors qu’en entrepreneuriat, ils sont obligés de travailler avec les autres. Malheureusement, on nous a toujours appris à penser « Tché-jinnanbi». C’est l’éducation fonda-mentalement.

5E ÉDITION DE LA POUIPP

Le Héraut apporte sa contribution pour une relève de qualité Le premier journal des étudiants du Bénin, le Héraut, a organisé le samedi 19 septembre 2020 la 5e édition de la Plateforme d’Orientation et d'Information sur les Universités Publiques et Privées du Bénin (POUIPP) au profit des nouveaux bacheliers. C’est l'amphi Houdégbé de l'Université d'Abomey-Calavi qui a servi de cadre à cet événement.

Avoir le Bac, c'est une chose ; mais réussir à s’intégrer professionnellement en est

une autre. C'est dans ce contexte et pour permettre aux nouveaux bâche-liers de faire un choix judicieux quant à la formation à suivre après avoir franchi le cap du collège, que le journal Le Héraut a organisé la Plateforme d'orientation et d'infor-mation sur les Universités Publique et Privées du Bénin. Cet événement placé sous le thème "Étudiant, ton avenir professionnel dépend de ton orientation " est à sa cinquième édi-tion et a permis aux participants de s'enquérir des informations relatives au choix des filières ou encore de connaître les différentes universités publiques et privées du bénin ainsi que les formations qu’elles offrent. À en croire le Directeur de Publica-tion du journal, Saturnin NOUKPO, « il est aisé de constater qu’après l’obtention du premier diplôme uni-versitaire, des milliers d’étudiants n’arrivent pas à opérer un bon choix pour réussir leurs études univer-sitaires. C’est pour remédier à cet état de choses que le journal s’est

fait le devoir depuis 2016 d’appor-ter sa contribution pour une relève de qualité à travers une plateforme d’orientation ». Dans le même sens, l’un des communicateurs invités à cette plateforme, Serge Gbessou, ancien superviseur des sites d’ins-cription à l'Université d'Abomey

Réalisation : Justine LAOUROU

Arnaud Chamiloko (Stag.)

Calavi, a conseillé aux participants de bien réfléchir alors avant de se lancer, car avoir le bac n'est pas sy-nonyme de s'inscrire à l'Université ». Il les a invités à ne pas s'empres-ser pour choisir leurs filières de for-mation, car « si vous choisissez mal, vous allez avoir votre licence en

première année », a-t-il fait savoir. Il faut noter que des prestations ar-tistiques vachement applaudies ont tenu en haleine les nouveaux bâche-liers, les autorités universitaires, les promoteurs d’Etablissements Privés d’Enseignement Supérieur et les membres du journal présents à cette

plateforme. Et rendez-vous est donné pour l'année prochaine pour de nou-veaux défis.

SÉANCE D’ORIENTATION DE L'AEJAD

Les nouveaux bacheliers encadrés sur le choix des filièresL’association des Enfants et Jeunes Actifs pour le Développement (AEJAD) a organisé le vendredi 18 septembre 2020 une journée d’orientation au profit des nouveaux bacheliers. Ladite séance a eu lieu dans l’enceinte de l'EPP Kpodji les monts. Objectif : permettre à ces nouveaux bacheliers de savoir choisir leur filière et de s’imprégner des différentes opportunités et formations qu’offrent les entités universitaires.

« Quel choix opérer ? ». C’est le thème qui a fait objet d’échanges pour le compte de cette première édition de la journée d’orientation organisée par l’AEJAD. Sous la di-rection du docteur Théophile Odjo, enseignant à la faculté des sciences agronomiques (Fsa) à l’Université d’Abomey-Calavi, les bénéficiaires ont été entretenus sur les critères à définir quant au choix des filières et sur les opportunités de bourses dans

les universités publiques du Bénin. Selon cet enseignant, il est très im-portant de mûrir ses réflexions avant de faire le choix de sa formation académique, ceci en tenant compte de ses aspirations, de ses aptitudes professionnelles et des débouchés de la formation. « C’est en raison des choix mal faits que beaucoup de jeunes deviennent chômeurs », in-siste-t-il. Il n'a pas manqué d’inviter ces nouveaux bacheliers à aller vers

les filières qui pourront leur apporter de l’argent et les rendre autonomes. À son tour, Rodolpho DINANL, président de l’organisation n'a éga-lement pas manqué d’exhorter les participants à suivre fidèlement les instructions du communicateur pour mieux préparer l’avenir et contri-buer à fond au développement de la nation. Satisfaits, les participants ont exprimé leurs reconnaissances. « Après les explications du docteur sur

le choix des filières, je peux main-tenant faire un bon choix et m’au-to-employer » a confié Exaucée AS de-SOUZA. Il faut noter que cette journée s’est achevée par une pres-tation des institutions spécialisées notamment le journal Le Héraut et l’Union Culturelle et Artistique des Étudiants(UCAE) invitées pour la circonstance.

Arsène D. AZANGON

Professeur Euloge Ogouwale

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La source des légendes7

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Santé et FémininAVORTEMENT CLANDESTIN

Le choix d’un jour, les conséquences pour toujoursConsidéré aujourd’hui par une frange de la population comme un moyen sûr pour ne pas assumer les responsabilités parentales, l’avortement clandestin constitue une réalité en vogue dans le rang des femmes du 21ème siècle. Un choix qui expose la gent féminine à des conséquences préjudiciables à la santé.

COVID-19/TEMOIGNAGE D’UN DES CAS CONFIRMES

« J’ai commencé le traitement du paludisme …mais j’étais positive »Alors qu’elle pensait souffrir du paludisme, elle était en réalité positive au Coronavirus. Elle, c’est l’un des 2000 cas confirmés du Covid-19. Aujourd’hui guérie, elle ne veut plus revivre l’expérience de la quarantaine. Découvrez la raison.

Paterne Honfo (Stag)

« Refus d’assumer la paternité, inca-pacité à faire face aux dépenses liées à la grossesse, peur d’être disgraciée ». Voilà quelques raisons dans la longue liste, qui amènent certaines femmes à s’adonner de nos jours à la pratique de l’avortement clandestin. A en croire Mme Lucienne Alyko, Inspectrice d’action sanitaire, Sage-femme à la re-traite, l’avortement clandestin se définit comme la prise de certaines mixtures, de citron à haute dose et autres, dans le but d’interrompre une grossesse. Pour-tant, la loi a été très explicite quant à ce fait. Selon l’article 17 de la loi 2003-04 du 03 mars 2003 sur la santé de la re-production, « l’interruption volontaire de la grossesse n’est autorisée que dans les cas suivants et sur prescription d’un médecin : lorsque la poursuite de la grossesse met en danger la vie et la san-té de la femme enceinte ; à la demande de la femme lorsque la grossesse est la conséquence d’un viol ». Ces condi-tions légales sont malheureusement au-jourd’hui passées outre par bon nombre de femmes pour bien des raisons.

Raisons ….

Les raisons varient d’une personne à une autre. En premier lieu, l’incapaci-

té à assumer les charges inhérentes à une grossesse. Une jeune femme âgée de 21 ans et récquérant l'anonymat nous explique en effet le motif l’ayant poussé à recourir à cette pratique : « j’étais encore sur les bancs quand j’ai contracté une grossesse. Pire, l’auteur de la grossesse était lui aussi élève, donc incapable de gérer les dépenses liées à mon état, j’ai donc interrompu la grossesse » nous a-t-elle confié. En outre, il est à noter que le refus de cer-tains hommes de reconnaitre la paterni-té de la grossesse constitue aussi, une raison majeure qui pousse les femmes

à s’adonner à cette pratique. Le constat est courant et les témoignages çà et là glanés le confirment. Si pour certains, les raisons évoquées penchent pour le manque de moyens et la fuite de res-ponsabilité, pour d’autres, la peur d’être mal vue par l’entourage en est une autre raison. Pour preuve, dans la plupart des religions, c’est un sacrilège que de tom-ber enceinte hors mariage. Peu importe la raison qui le motive, l’avortement clandestin expose les femmes concer-nées à de grands problèmes sanitaires.

Des répercussions fâcheuses

Pour le gynécologue Charles Dotou, « l’avortement clandestin crée beaucoup de dégâts dans la mesure où il est le plus souvent l’œuvre de garçon ou de fille de salle, qui ne savent pas les risques qu’ils encourent en décidant d’inter-rompre une grossesse dont ils ne mai-trisent, ni les tenants, ni les aboutissants ». Les femmes recourant à cette pra-tique s’exposent à d’énormes risques sanitaires pouvant survenir aussi bien à court qu’à long terme. « Hémorragie allant jusqu’à la mort, endommagement de la trompe utérine » sont là quelques conséquences immédiates selon Mme Lucienne Alyko. Elle poursuit en expli-quant que plus tard, la victime pourrait développer une septicémie susceptible d’engendrer une stérilités. La perfora-tion de la poche amniotique n’est pas du reste. Aussi, est-il impérieux de no-ter les désastres enregistrés sur le plan spirituel. L’enfant qui arrive à survivre à l’avortement, en paie les frais toute sa vie bien qu’étant innocent : « cet enfant n’est pas équilibré, et manque d’affec-tion. Il se sent blessé dans son âme » nous a fait savoir un religieux. Au re-gard des conséquences liées à cette pratique, il faut agir au plus vite pour réduire les revers.

Endiguer la propagation du mal

Eu égard à tout ceci, les responsabili-tés se doivent d’être situées. Plusieurs solutions ont été proposées par l’Insti-tut Guttmache dans sa revue intitulée « Grossesse non désirée et avortement provoqué au Rwanda ». Il préconise en effet le renforcement des services de contraception pour une diminution des grossesses non désirées et par ricochet des avortements clandestins, une amé-lioration de la mise en œuvre des dis-positions actuelles pour l’avortement légal, et un approfondissement des études en matière d’avortement, pour une meilleure compréhension des types de barrière à l’avortement légal aux-quelles les femmes et les prestataires sont actuellement confrontés. Outre ces mesures, l'abstinence jusqu'au mariage serait selon Mme Lucienne Alyko, un moyen sûr de mettre un trait définitif sur ce mal.

À quel moment vous avez su que vous étiez malade de la

covid-19 ?

Le 8 juin, j'avais ressenti les premiers symptômes : la fatigue et les courba-tures. Cette nuit-là, je n’arrivais pas à dormir, je ressentais un malaise général. Puis le lendemain, mon état s'est un peu plus aggravé, je faisais alors une fièvre. Franchement, c’était difficile à suppor-ter, j'avais tantôt chaud, tantôt froid. J'étais très fripée et j’avais la bouche amère et pâteuse. Donc, j'ai commencé le traitement du paludisme. Le premier jour après le traitement, mon état s’était un peu amélioré. Cette réponse favo-rable au traitement pris me faisait pen-ser qu’il s’agissait effectivement d’un paludisme. Malheureusement le 10 juin, tous les symptômes étaient revenus. Je me suis donc résolue à faire le test de dépistage de la covid-19. Ce qui fut fait le 11 juin et le résultat revenait positif le 12 juin. J'étais positive à la covid-19.

Quels sont les symptômes que vous avez présentés ?

Les premiers symptômes étaient la fa-tigue et les courbatures. À cela se sont ajoutées, une forte fièvre, mais qui n'a pas vraiment duré longtemps et une diarrhée. J’allais à la selle plusieurs fois dans la journée. Les selles étaient liquides, très liquides et un peu noires. Je n’ai pas perdu le goût ni l'odorat. Je n’étais pas enrhumée et je n’ai pas tous-sé non plus.

La maladie vous a-t-elle alitée ?

Non, pas vraiment. Juste que j'ai été mise en quarantaine. Et là il n'y a pas grande chose à faire. Tu es seul dans ta chambre, on t'apporte à manger. Tu te laves, tu manges, tu prends les médica-ments et tu dors, c’était tout.

Comment avez-vous vécu cette période ?

C'est une maladie assez stressante. La maladie elle-même ne te donne pas beaucoup de symptômes. Mais, lorsque

le composant stress s’ajoute, ces symp-tômes sont décuplés. Dans mon cas, je n'ai pas vraiment voulu informer mon entourage pour éviter la pression et le stress de la famille. Donc j'ai géré la maladie seule.

Les autorités sanitaires vous ont-elles aidé ?

Énormément. Puisque j'ai été mise sur un site de quarantaine, j’étais donc nourrie. Quant au traitement, il était gra-tuit en ce qui concerne la chloroquine et l’azythromycine. Il fallait acheter la vi-tamine C et le Zinc en officine. Il y avait une équipe de suivi sur les sites qui es-sayait de prendre les nouvelles des pa-tients de façon quotidienne, et était pré-sente, si besoin il y avait.

Comment vivez-vous la période après la maladie ?

Après la maladie, il y a toujours la crainte de ne pas l’attraper à nouveau. Même si elle n'est pas éprouvante phy-siquement, la période de quarantaine

est assez éprouvante psychologique-ment. Rester seule sans pouvoir voir les personnes qu’on aime, les proches, les amis et en plus, le stress de ne pas sa-voir quand on sortira était assez difficile à supporter. Le premier test de contrôle que j’ai fait était négatif, mais le deu-xième était positif. Ce fut un véritable choc pour moi puisque je m’étais déjà apprêtée à sortir. Je n’avais pas imaginé que ce second résultat serait positif. J'ai encore fait d'autres jours de traitement avant de refaire deux autres contrôles qui, heureusement, étaient revenus né-gatifs. Vous voyez, le manque affectif, la solitude, tout cela fait que l’on n’a pas vraiment envie de retourner en quaran-taine. Mais plus les jours passent, plus tu rentres dans le monde, tu reprends tes nouvelles habitudes, tu essaies de relati-viser et tu finis par oublier cet épisode. Mais, pour rien au monde je ne voudrais revivre cela.

Que conseillez-vous à ceux qui continuent de croire que la

maladie n'existe pas ?

La maladie existe bel et bien. Mis à part mon cas, j'ai connu plein d'autres cas positifs dans mon entourage et j'en rencontre presque tous les jours. Donc c'est une réalité, c'est une évidence, il n'y a pas de doute ni de mythe autour de la maladie. J'en ai souffert et je suis guérie même si ça ne veut pas dire que je ne pourrai plus en souffrir. Proté-geons-nous au maximum parce que le pire dans tout ça, c'est qu’on ne détecte pas à l'œil nu une personne portant le virus. Personnellement, quand j’étais positive, personne ne pouvait savoir que j'étais malade, j'étais normale pratique-ment. Je pouvais tout faire. J’avais assez d'énergie pour tout faire. La solution est de se protéger au maximum. La protec-tion n'est peut-être pas une mesure de prévention à 100%, mais joue un rôle assez important. Prenons la maladie au sérieux et respectons les gestes barrière. Et que le Seigneur nous préserve !

Réalisation: Taïwo Ayola ONIONKITON

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La source des légendes8

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Entrepreneuriat et DéveloppementFLAMBÉE DES PRIX DU GARI DANS LES MARCHÉS AU BENIN

Une situation qui touche les plus démunisDepuis quelques mois, le prix des denrées alimentaires augmente dans la plupart des marchés au Bénin. Ainsi en est-il également du gari, l'un des principaux aliments de base de la po-pulation béninoise.

Du marché Tokpa en pas-sant par Allada et même celui de Savalou, le prix

du gari connaît une augmentation subite. Cette denrée autrefois ven-du en moyenne à 200 FCFA le kilo-gramme dans presque tous les mar-chés de la ville, n’existe aujourd'hui que pour les plus offrants. Actuelle-ment, le prix du gari varie entre 400 FCFA et 500 FCFA le kilogramme. Une situation qui touche plus d'un et porte à croire que la denrée devant servir à sa conception serait inexis-tante dans les régions du Bénin. Ce qui, pourtant n'est pas vérifié, car, le manioc est toujours cultivé dans presque toutes les régions. Victo-rine Bessan, revendeuse de Gari au quartier Ste Rita à Cotonou ex-plique que la bassine de cinquante mesures vendue auparavant à six mille (6000) FCFA est passée à dix-huit mille (18.000) F CFA. « Aujourd’hui le gari est devenu très cher », précise-t-elle. «On achète la bassine à dix-huit mille francs pour le ahaywé – farine raffinée de gari et à quinze mille le moins bon ». Pour cette raison, poursuit-elle, « nous sommes obligés de revendre le kilo à quatre cents francs ou à trois cent cinquante francs selon la quali-té du gari».Cette variation du prix

de ce produit de première nécessité peut être tributaire des saisons qui se succèdent, car à chaque saison correspondent des réalités pluvio-métriques où parfois les pluies sont illégalement réparties dans le temps et dans l’espace. Phénomène qui joue sur les rendements agricoles. Mais d’autres pointent du doigt la faible productivité du manioc pen-dant les derniers mois. Mieux, cer-tains commerçants évoquent la pan-démie de la Covid-19 comme cause de la situation actuelle. Un constat qui se confirme avec les observa-tions de l’Institut National de la Sta-

tistique et d’Analyse Economique (INSAE). Selon l’Institut National de la Statistique et d’Analyse, les produits à base de tubercules et de racines ont connu une augmentation des prix de 8,5%, en raison d’une baisse de production du gari notam-ment liée à la rareté des tubercules en période de grande soudure. Un état de choses qui expose la poche des consommateurs et le rendement des vendeurs à cause de la situation économique maigre.

Des nuisances toujours inquiétantes

La hausse du prix du kilogramme de gari impacte négativement la rentabilité des vendeurs et l’achat du produit chez le consommateur. Le constat qui se dessine au niveau des revendeuses est essentielle-ment l'installation progressive de la mévente. À ce sujet, Victorine Bessan, revendeuse témoigne « de quatre à cinq bassines vendues par mois auparavant, nous sommes passées à deux ou trois ». Une mévente qui vient du fait de l’in-capacité d’une frange de la popula-tion de pouvoir acheter le précieux produit à cause de la morosité éco-nomique. Mohamed Fadékon, la trentaine environ est un coiffeur au quartier Ste Rita Cotonou. « Quand le gari devient cher, je n’achète plus », soupire-t-il d’un air dépité, car ne pouvant pas supporter l’augmen-tation du prix malgré son avidité pour le gari. Pendant que la hausse des prix rebute certains consomma-teurs à s’en procurer, cette situation amène d’autres à décupler leur dose de consommation. Cette augmen-tation drastique du prix de la farine de manioc est fortement ressentie par Henri Kodjo, apprenti maçon, consommateur de gari. « Avant, avec deux sachets de 25f j’étais au top de ma forme, mais actuellement

IMPACT DE LA COVID-19 SUR LA FILIERE PALMIER A HUILE/BENIN

« Il n'y a pas du tout actuellement de marchés pour écouler nos produits » dixit Médard Egbeleye

Cultivé notamment dans les régions du centre et du sud pays, le palmier à huile autrefois première culture de rente Bénin, se voit de nos jours menacés par les aléas climatiques. Et comme si cela ne suffisait, elle subit de pleins fouets, les affres de la COVID-19. Médard EGBELEYE, commerçant et producteur de palmier à huile, nous révèle ici les difficultés auxquelles font face les acteurs productifs de la filière dans le plateau précisément à Pobè et les portes de sortie.

il me faut jusqu’à 150F de gari », a-t-il confié.

Que faire?

Cette augmentation rapide du coût du gari n’est pas liée à un facteur précis. Il urge donc que le minis-tère du Commerce et ses structures compétentes prennent rapidement les mesures idoines pour arrêter la saignée. Car, c’est une manière de rendre la vie plus dure aux popula-tions. D'ailleurs selon Louis Agbo-kou, entrepreneur agricole, il serait également crucial de réorienter nos politiques agricoles et d’investir en priorité dans les produits agri-coles de consommation locale. La filière manioc en est un exemple. Les denrées alimentaires issues de la transformation du manioc sont assez importantes à tel point qu’il faut repenser tous les maillons de la chaîne de valeur de cette filière. C’est une question d’intérêt natio-nal, de souveraineté et de sécurité alimentaire. Faire du Bénin une puissance agricole doit d’abord pas-ser par l’autosuffisance alimentaire de sa population.

Aïchath SALOU

Comment se porte la filière palmier à huile dans votre

localité ?

Il faut d’abord dire que la filière palmier à huile est une richesse vraiment particulière pour les popu-lations du plateau et du Sud-Bénin

en général. Nos aînés ont entre-pris cette activité et en ont fait une grande fortune. C'est d'ailleurs ce qui nous motive à faire la même chose aujourd’hui. Pour revenir à votre question, je dirai que la pro-duction, la transformation et la com-mercialisation du palmier à huile était florissante, mais ce n’est plus

le cas aujourd’hui, surtout en cette période du coronavirus.

Justement, parlez-nous un peu des impacts de la

Covid-19 sur vos activités.

Avant même la pandémie, nous avions connu en janvier et février une longue sécheresse. Cette situa-tion n'a pas permis d'obtenir assez de produits. Certes, les récoltes ont été faites, mais la quantité des huiles extraites était faible. De plus, les frontières avec le Nigéria, pays dans lequel tout ce qui est produit dans le plateau est exporté, ont été fer-mées. A cela, s’est ajoutée la crise sanitaire liée à la covid-19. Avec les mesures de protections prises par le gouvernement, le cordon sa-nitaire a été installé et les marchés également fermés. Tout ceci n’a pas été sans conséquence sur l’écoule-ment de l'huile rouge vers le Nigé-

ria. Conséquence : la baisse du prix du bidon de 25 litres d'huile sur le plan local. Autrefois, on vendait le bidon à 18.000 F CFA alors qu’au-jourd’hui, le même bidon ne coûte que 8000 F CFA.

Comment arrivez-vous à vous en sortir aujourd’hui ?

Sur le plan national, il nous arrive de trouver des marchés avant la transformation. Les bonnes dames font la commande d'huile. Cepen-dant, sur le plan international, il n'y a pas du tout actuellement de mar-chés pour écouler nos produits. Or, avant, les gens du Ghana, de la Côte d'Ivoire viennent acheter nos pro-duits qu’ils transitent directement vers le Nigéria. Chez le grand voisin de l’est, nos produits servent à fa-briquer des savons, des pommades et d'autres produits cosmétiques. En me référant à ce qui se passe

là-bas, je pense créer une usine de fabrication de produits cosmétiques qui consommera les huiles que nous produisons. J’ai déjà commencé avec les démarches.

Avez-vous un message à l'endroit des

autorités locales ou gouvernementales en vue

de l’amélioration de la filière au Bénin ?

Je souhaiterais que le gouvernement mette sur pieds des usines de fa-brication des produits cosmétiques afin de permettre une meilleure commercialisation de l'huile rouge au Bénin. Aussi, je suggèrerais que l'Etat contrôle la filière afin que le prix de vente soit accessible et pro-fitable à tous.

Réal: Jocelyne KOUKPOLIYI

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N° 233 Septembre 2020

La source des légendes9

Le Héraut - Mensuel d’informations, d’investigations, d’analyses et de publicités paraissant sur le Campus d’Abomey-Calavi

SociétéINTERDICTION D’UTILISATION DE TÉLÉPHONES CELLULAIRES PAR LES ELEVES EN MILIEU SCOLAIRE

Un bilan positif chez Mme Édith Ayobele

Le Héraut : Malgré l’interdiction

d’utilisation du téléphone cellulaire aux apprenants, les

sondages ont permis de constater que nombre

d’apprenants peinent à perdre cette habitude.

Quels effort sont-ils été consentis pour

l’application de cette mesure?

Madame Édith Ayobele : Dans notre établissement, l’utilisa-tiondu portable est à bannir. Les élèves ne doivent pas utili-ser les portables. Même hors de l’établissement, autant que nous pouvons, nous leur interdisons d’utiliser le téléphone portable. Mais il faut prendre en compte une réalité : les enfants de leur côté disent qu’ils ont des re-cherches à faire sur les moteurs de recherche. Dès lors, la res-ponsabilité des parents est aussi engagée. Il faudrait que ceux-ci orientent les enfants dans les re-cherches.

Les apprenants

L’usage du téléphone portable influence le résultat de fin d’année scolaire des élèves. Raison pour laquelle Madame Édith Ayobele, Directrice du complexe scolaire “Les Jardins D’Eden Ouga” a interdit à ses élèves l’usage des téléphones aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’établissements. Elle nous fait ici un état des lieux de la situation dans son complexe.

parviennent-ils à se conformer à cette

interdiction dans votre établissement ?

Oui, je n’ai pas encore surpris un enfant avec un portable. Pour le moment,ils suivent ces ins-tructions à la lettre. Les parents qui n’ont personne à la maison viennent déposer des portables pour qu’à 13h l’enfant qui veut rester dans l’établissement puisse être joint. Ces cas sont rares, mais nous permettons cela.Avez-vous rencontré des

difficultés en voulant faire respecter cette discipline dans votre

école ?

Nous n’avons pas eu de diffi-cultés, puisque les apprenants ont compris l’influence du por-table sur leurs études. Jusqu’à l’heure où nous parlons, nous ne sommes pas confrontés à des difficultés.

Qui sont ceux que vous avez impliqués dans le respect de cette

mesure?

Nous avons d’abord les appre-nants. Ils sont tenus de rester sans téléphone. Aussi, les res-ponsables de classesont-ils im-pliqués puisque l’apprenant peut dribbler le personnel et il revient à ces responsables de nous aler-ter si besoin il y en a.Quant aux parents d’élèves, ils doivent s’assurer que les apprenants ne sortent pas de leur maison avec les portables.

Quels impacts l’utilisation du

téléphone a sur le résultat des apprenants

?

L’utilisation du téléphone est un frein à l’assimilation de l’éduca-tion que nous donnons à l’enfant.Prenons un enfant A qui n’utilise pas de portable au moment d’ap-prendre.Il met le temps à profit et il apprend bien. Maisl’enfant B qui utilise le portable doit, chaque fois, suivre quelques choses sur son téléphone. Ainsi, il est déconcentré. L’enfant qui n’utilise pas le téléphone sait que c’est l’étude ou rien. S’il se sent fatigué,il se repose et se remet encore au travail. L’en-fant qui amène de portable à

l’école, même sur vibreur, n’est pas concentré en classe chaque fois que le téléphone commence par sonner. Et même si c’est mis sur silencieux, il ne s’em-pêche pas de prendre le portable pourvoirles messages. Si, par exemple, un message comme«-je t’attends à la fin des classes» lui est parvenu, cet enfant, déjà à quinze minutes de la fin des cours n’arrive plus à suivre ce que l’enseignant fait.

Avez-vous un appel à l’endroit des différentes

composantes concernées ?

Oui. Chacun doit jouer sa par-tition. Chacun doit amener sa pierre à l’édifice pour pouvoir réussir ce travail. Il faut aussi une collaborationd’actions. Si on dit que l’administration doit jouer son rôle à part,les parents, les leurs à part,ça ne va pas mar-cher.

Marie-Ange Homegnan & Crépin

Goudjo (Stags)

TRI DES MATÉRIAUX FERREUX HORS USAGE

Les réceptacles d’ordures valent de l'or à Abomey-Calavi

Des recycleurs de matériaux ferreux abandonnés, en quête de leur matière précieuse,déambulent régulièrement dans les rues de la ville de Calavi.Garnis de crochets, mains enroulées de sac,en arrière d'un pousse-pousse ...,ils parcourent les décharges pour déterrer de vieux morceaux de fers enfouis dans le sol.Et les vendent très cher.

Les dépotoirs et réceptacles d'ordures réputés en mine d'or dans la ville de Ca-

lavi reçoivent chaque seconde quasiment des visites.Ces lieux de stockage de déchets sont ha-bituellement vidés par des recy-cleurs ne ménageant aucun effort pour y récupérer toutes sortes d'objets métalliques usagés.Dès l'aube,son sac de récolte sur l’épaule,HassaneTahirou des-cend dans la rue avec des cris as-sourdissants.Casquette enfoncée sur la tête,il sillonne les dépotoirs d'ordures. Rapide comme les pattes d'une biche, il contourne les vons et carrefours pour dé-boucher sur les décharges.Là,il déblaie,déterre toutes sortes de fers rouillés.D’un bout à l’au-tre,il débarrasse ces métaux désuets,les récupère et les en-

fouit dans le sac.Tout comme lui,Yacoubou Ganda collecte quotidiennement ces ferrailles.Derrière une petite charrette rougeâtre qu’il a acquise en 2010,visage trempé de sueurs, il s'époumone ''gankpogblé-gblé'' '' gâté-gâté''.Un coup d’œil jeté sur son bagage et l'on retrouve des épaves d'équipements rou-lants, aluminium, de boîtes métalliques,d’acier,d’argent, de cuivre, de canettes ainsi que d'autres métaux divers.Aux abords de la rue menant vers le carrefour ''Bidossessi'' non loin de la pharmacie campus-Uac, l’ambiance est particulière. Sous un soleil de plomb, Aziz,te-nue débraillée, agite le contenu d'une poubelle à l’aide d’un cro-chet.Ces récupérateurs ambu-lants rencontrés dans les coins et

recoins de la ville rachètent éga-lement ces ferrailles selon des baromètres définis qui varient en fonction de l'état du produit.

De l'or dans les poubelles !

Très recherchés,ces fers recy-clés procurent de l'argent aux recycleurs et nourrissent son homme. « Ce que les autres ont trouvé hors usage, c'est avec ça que je me nourris »,témoigne-HassaneTahirouqui poursuit en expliquant avec fierté que le ki-logramme est vendu à 100 f ou 150 f, « ce qui me fait gagner en moyenne 5000 f par jour surtout quand j'achète pour revendre ; on arrive à vendre à 15000 f ce que nous rachetons à 5000 f ».

Comme lui, Aziz s’en sort bien avec cette activité lorsqu’il dit :« je rassemble ces ferrailles pour les acheminer vers les usines de stockage à Maria-Gléta. Je

gagne en moyenne 3000f par jour ».

Alban Tchalla& Élysée Togboé(Stag)

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Arène des CollégiensDIS-MOI SAGE

Par Arsène D. AZANGON

Pour réus-sir une an-née acadé-

mique, un certain nombre de dispo-sitions doit être pris par l’appre-nant. C’est ce qu’on retient de l’interview que nous a accordée Raymond SOS-SOU, Directeur du Complexe Scolaire Anatole France de Coto-nou.

Au début de la rentrée, l’appre-nant doit s’adapter aux réalités de la reprise des activités scolaires, mais aussi aux principes de ces enseignants. C’est indispensable pour qu’il puisse non seulement comprendre les cours, mais également pouvoir les rendre.

Par ailleurs, l’apprenant doit apprendre à mieux s’organiser et gérer son temps. Pour ce faire, il doit se doter d’un emploi de temps person-nel qui englobe à la fois l’emploi du temps de l’école et l’emploi du temps des activités hors classe. En somme, l’emploi du temps personnel prend en compte tous les programmes de la se-maine. Le temps qu’il faut pour chaque activité y est défini.

En outre, les parents ont le devoir d’aider psy-chologiquement l’enfant, de les accompagner à l’école, de leur prodiguer des conseils pour réussir l’année scolaire. Ce soutien moral est indispensable pour affronter l’année scolaire, un long fleuve qui n’est pas toujours tranquille pour un apprenant.

Enfin, l’État apporte sa contribution en instrui-sant les citoyens pour favoriser les conditions optimales d’éclosion des apprenants, sans ou-blier les ouvrages et infrastructures qui sont aussi très importants dans la transmission du savoir.

Raymond SOSSOUModerne court (séries scientifiques) ou mo-derne long (séries

scientifiques) après l’obtention du Brevet d’Études du Premier Cycle ? C’est le dilemme à fran-chir par les apprenants en transi-tion entre le premier cycle et le second. Et pour les aider, l’orien-tation apparaît aujourd’hui né-cessaire pour ajuster leurs aspira-tions et leurs capacités. C'est un jeu complexe où s’entremêlent les résultats scolaires, les acquis. Cependant, il est à noter que les décisions des parents influencent parfois ce choix si les concernés ne suivent pas le choix de leurs camarades. C’est le cas de Pau-line SALAKO, élève en seconde au CEG1 Akpro-Missérété, qui nous confirme avoir choisi la série D parce que ces amies ont fait le même choix. Plus, certains choisissent les séries en fonction de « l’honneur » accordée à ces séries.

Les fondements du mal

Selon les informations recou-pées, les responsabilités sont partagées entre l’État, les ensei-gnants et les parents d’élèves. À l’État, il est reproché de ne pas

faire de l’orientation des appre-nants une priorité. Or, l’article n°55 de la loi portant Orienta-tion de l’éducation nationale de 2003 dispose que « le droit aux conseils en orientation et à l’in-formation sur les enseignements et les professions fait partie in-tégrante du droit à l’éducation ». Béatrice KOUMENOUGBO, conseillère en orientation sco-laire et professionnelle témoigne à ce propos : « il n’y a pas une politique qui définit réellement l’organisation de l’orientation scolaire au Bénin ». Ensei-gnant au CEG Zounta, Martin Dah-Hlohounnon partage le même avis en soutenant que « l’orientation après le BEPC n’est pas considérée comme un souci majeur du système éducatif bé-ninois ». Quant aux parents, il leur est reproché de vouloir im-poser coûte que coûte une série à leurs enfants.

L’hémorragie

Démotivation, échecs répétés, découragement, changement de série après deux ou trois ans d’échecs, abandon de l’école sont les quelques conséquences des mauvais choix des appre-

nants après le BEPC. « Je suis obligé de faire plusieurs fois la seconde, car j’ai pendant long-temps été fait aider par les pro-fesseurs dans les notes, ce qui me faisait croire que j’avais les compétences qu’il faut alors que cela n’a jamais été le cas », nous a confié sous anonymat un ap-prenant qui reprend pour la troi-sième fois la classe de seconde. Son péché est d’avoir tenu compte de ses notes de classe de 3e pour choisir sa série. Pour vaincre le problème, Donatien ZANNOU, Instituteur dans le département de l’Ouémé suggère « d’orienter, d’accompagner et de suivre l’apprenant depuis le primaire selon ses aptitudes lit-téraires ou scientifiques ». À Ro-gatien SAOSSI, enseignant des mathématiques d’ajouter qu’« il serait bénéfique de faire la liste des filières pouvant garantir une mutation sociale parmi la plé-thore qu’il y en a aujourd’hui et aussi de tenir compte des filières et des aptitudes des élèves pour les orienter conséquemment ». Les dés sont donc jetés et les par-ties prenantes sont interpellées.

CHOIX DE SÉRIE APRÈS L’OBTENTION DU BEPC

Un exercice pénible pour les apprenants Il est impérieux pour les détenteurs du Brevet d’Études du Premier Cycle (BEPC) de choisir une série pour la poursuite de leurs études du second cycle. Cependant, ces derniers se heurtent à un problème : celui du choix de leurs séries. Et beaucoup font le mauvais choix. Si pour les uns le fait est dû à l’inconscience des apprenants, pour les autres, les responsabilités sont partagées.

Arsène D. AZANGON et Oyéyèmi AGANI

REMISE D’ATTESTATION DE FIN DE FORMATION À VIDÉO LEADER

64 Techniciens en audiovisuel mis sur le marché

La salle de conférence du centre Vidéo Leader Formation (VLF) a abrité le samedi 19 septembre 2020 une cérémonie de remise d’attestations de fin de formation.

Après deux ans de forma-tion et d’efforts consen-tis par les responsables

de VLF, les récipiendaires, au nombre de 64, dont 18 mentions très bien, 29 bien et 17 assez bien, ont reçu leur parchemin des mains du Directeur Didier TOULASSI, entouré pour la cir-constance des professionnels des médias.Pour le Directeur Didier TOULASSI, les récipiendaires ont acquis des capacités pouvant

désormais leur permettre non seulement de s’imposer dans le monde des médias, mais aussi d’être autonomes. «Vous ve-nez de franchir, ce jour, un pas important dans l’appropriation des médias. Vous aurez tout à l’heure vos certificats, faites-en bon usage » a-t-il déclaré. Il n’a pas manqué par ailleurs de saluer les efforts fournis par ces derniers et leur ténacité au cours de la formation. Avant de

leur demander de tout faire afin de maintenir très haut l’étendard de Vidéo Leader par une appli-cation rigoureuse de l’enseigne-ment reçu. Quant au parrain de la promotion, Roger Justin MI-GAN, c’est leur mode de vie qui est appelé à changer, car l’au-diovisuel est un domaine stra-tégique, qui permet de façonner ou de transformer le monde. «Le chemin pour l’acquisition d’une véritable culture en audiovisuel

est encore long, car seules la pratique quotidienne et l’appli-cation des notions acquises l’as-surent », a-t-il fait comprendre. Par ailleurs, le représentant du président des membres de jurys, Pascal ZOHOUN a invité les ré-cipiendaires à œuvrer pour faire du Benin, un pays des métiers de l’image. C’est à la suite de ces allocutions que les 64 lauréats sont passés tour à tour pour re-cevoir leur attestation de fin de

formation. Il faut signaler que ces récipiendaires ont reçu des formations dans le domaine du montage, d’infographie, d’opé-ration de prise de vue et de mon-tage, de prise de vue et de pilo-tage de drone, de Design et de graphisme.

Arsène D. AZANGON

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Droit et GouvernanceEN DÉBAT

Le parrainage des élus pour l’élection présidentielle

À six mois de l’élection présidentielle de 2021, le débat devient plus

vif. Et oppose les partisans de l’actuel Chef de l’État, Patrice Talon, à l’opposition politique et la société civile. Cette dernière, par la voix des représentants de syndicats, de communautés reli-gieuses, d’organisations socio-professionnelles, etc., réunis au sein du Cadre de concertation des organisations de la société civile pour des élections inclu-sives, libres et transparentes en 2021 (Coscel/2021) demande une seule chose à travers une lettre ouverte en date à Cotonou du 12 août 2020 : la suppression du parrainage des élus pour les candidats à l’élection du pré-sident de la République (article 41 de la loi n°2019-43 du 15 no-vembre 2019 portant code élec-toral). S’inscrit dans cette même ligne revendicative le hashtag #LaissezMoiChoisir2021 qui fleurit un peu partout sur la toile, les initiateurs croyant « en ce qu’une élection au Bénin sans perspective d’alternance n’est pas une élection démocratique ». À ces arguments d’en face, la mouvance répond par la né-cessité de finir avec les candida-tures fantaisistes aux élections présidentielles -33 candidats en 2016, 14 en 2011, 26 en 2006, 17 en 2001, 7 en 1996 et 13 en 1991-.

Deux versions officielles contradictoires

Les inquiétudes des uns et des autres semblent être légitimes. Car, en l’état, le système de parrainage ne profite qu’à la mouvance présidentielle. Cette mouvance, il faut le souligner, a 83 députés acquis à sa cause et, bien plus, les élections com-munales et municipales de 2020 n’ont fait que la conforter puisque l’opposition n’a obtenu qu’un reliquat de 6 maires. Sta-tistiquement, le jeu semble être gagné avant le coup d’envoi. Ce qui peut être préjudiciable à la stabilité sociale du pays, comme ce fut le cas les 1er et 2 mai 2019 avec les élections législatives du 24 avril 2019 auxquelles n’ont pris part que les deux partis poli-tiques acquis à la cause du Chef de l’État. Les mêmes causes produisant toujours les mêmes effets. Encore qu’à ce jour, rien ne garantit que les parrains (dé-putés et maires) peuvent parrai-ner le candidat de leur choix. Les pouvoirs exécutif et législatif se livrant à des interprétations op-posées. « Un député ne devrait pas de son propre choix ou bien un maire de son propre choix aller parrainer un candidat sans l’avis de son parti ; en principe, c’est le parti qui doit être fort et non l’individu », affirmait le lé-gislateur Louis Vlavonou, sur la télévision nationale le lundi 29 juin 2020 au cours de l’émission « Sur les chantiers législatifs ». En face, le porte-parole du gouvernement, Alain Orounla a invité au détour d’un point de presse le mercredi 9 septembre

2020 « ceux qui se sentent ca-pables d’aller à l’élection à dé-marcher des maires et des dépu-tés ». Quelle version faudra-t-il retenir maintenant ? Le temps le dira. Mais en attendant, des perspectives peuvent être envi-sagées.

Des pistes de sortie !

Faut-il alors supprimer le sys-tème de parrainage ? C’est une voie difficile à explorer. La CE-DEAO interdisant de réviser les

règles électorales 6 mois avant le scrutin. Certains objecteront que c’est bien possible puisque le législateur n’a pas tenu compte de cette exigence com-munautaire avant de réviser les lois ayant servi à organiser les élections législatives de 2019. Errare humanum est, perseve-rare diabolicum. L’erreur est humaine, persévérer dans l’er-reur est cependant diabolique. Dans l’immédiat, la seule issue possible pour l’ouverture du scrutin présidentiel de 2021, gage de stabilité et de paix qui ont toujours caractérisé le pays depuis 1990, c’est la possibilité pour le collège des parrains de cautionner le candidat de leur choix. Comme l’a dit le gouver-nement. Pour l’avenir, le législa-teur peut s’inspirer des modèles d’ailleurs. Le Bénin n’étant pas le premier à adopter « ce filtre démocratique ». Primo, le par-rainage des citoyens est une possibilité -c’est le cas au Togo, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Portugal, en Pologne, etc.-. Il s’agira d’imposer aux candi-dats à l’élection présidentielle le parrainage d’un nombre de citoyens, à raison d’un quota par communes ou départements. Comme c’est le cas d’ailleurs avec la constitution des partis politiques, l’article 16 de la loi la charte des partis politiques en République du Bénin disposant que « le nombre des membres fondateurs d'un parti politique ne doit pas être inférieur à quinze (15) par commune ». Dans ce sens, le constituant sénégalais (article 29) a prévu par exemple

que « toute candidature doit être accompagnée de la signature d’électeurs représentant, au mi-nimum, 0,8 % et, au maximum, 1 % du fichier électoral général. Ces électeurs doivent être do-miciliés dans au moins sept ré-gions à raison de deux mille au moins par région ». Au Portugal, l’article 127 de la Constitution de 1976 exige la signature de 7 500 électeurs au moins et 15 000 au plus. Secundo, le parrai-nage des élus mais plus ouver-tement, les conseillers commu-naux pris en compte. C’est le cas en France où, pour prendre part à la course, le candidat doit obtenir le parrainage de 500 élus d’au moins 30 départements ou collectivités d’outre-mer diffé-rents, sans dépasser un dixième pour un même département ou une même collectivité. Selon la loi organique du 25 avril 2016, les députés, les sénateurs et les représentants français au Parle-ment européen, les maires, les présidents des organes délibé-rants des métropoles, des com-munautés urbaines, des com-munautés d’agglomération, les présidents des communautés de communes, les conseillers de Paris et de la métropole de Lyon, les conseillers départementaux et régionaux, etc. sont habilités à parrainer un candidat. Reste tout de même une question : et si ce système devenait un foyer de corruption des élus ?

Taïwo Ayola ONIONKITON

Jusqu’où iront l’opposition et...

... les candidats indépendants ?

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CultureABOU ABDOUL-MOCTART

Un ponte ingénieux Il s’est fait remarquer sur la toile en réalisant le portrait-dessin du président de la cour constitutionnelle, Joseph Djogbenou. Graphiste de formation et artiste plasticien par passion, Abou Abdoul-Mouta’al alias MoctArt, s’impose peu à peu dans l’univers de l’art par la qualité de ses œuvres. Retour sur les traces d’un artiste aux talents exceptionnels qui fait la fierté des amoureux de l’art contemporain béninois.

Du stylo, des crayons à mine, des crayons graphites, de la pein-

ture, des feuilles de papier et des toiles. Ce sont entre autres les matériaux qu'utilise l’ar-tiste plasticien pour réaliser ses dessins. Ses œuvres d’art pour la plupart ont un aspect vif, coloré et pétillant. De teint noir, visage charismatique et légèrement élancé, Abou Ab-doul-Mouta'al est un homme calme, ambitieux et très créa-tif. Amoureux de la nature et du beau, il observe avec beaucoup d’attention ce qui se passe autour de lui et s’en ins-pire pour réaliser des tableaux d’art. « Le dessin est un ex-cellent moyen de communica-tion. Il révèle à la fois la beau-té intérieure de l'artiste et celle des merveilles de la nature », explique-t-il. Avec finesse et précisions, l’artiste arrive à représenter (presque iden-tiquement), sur ses supports de travail, des personnalités publiques. Il passe au peigne fin les contours, les lignes, les courbes, les muscles, et les dif-férents détails qui constituent le corps d’un homme. Mais ces œuvres ne s’arrêtent pas qu’aux portraits d’humains. Aussi bien pour les êtres hu-mains que pour les choses, en passant par les paysages, Moc-tart fait preuve d’un génie à nul autre pareil.

Son parcours !

Originaire d'un village ber-cé par le vent du nord, Abou Abdoul-Mouta’al vit le jour le 8 juillet 1992 sous le ciel ensoleillé de Cotonou. Issu d'un père commerçant et d’une mère ménagère, il grandit à Bembèrèkè auprès de son oncle où il suivit avec assi-duité son cursus scolaire et décroche son baccalauréat en 2013. Durant son cursus sco-laire, il s’intéresse très tôt au dessin. Il prit donc part à plu-sieurs concours de dessin qui lui permirent de remporter de nombreux prix. Après l’ob-tention de son baccalauréat, il revient à Cotonou et décide de poursuivre ses études en socio-logie à l’université d’Abomey Calavi (UAC). Mais, deux ans plus tard, il renonce à la so-ciologie pour se consacrer à sa passion. Autrefois sollicité et payé pour ses œuvres artis-tiques, il lui vient alors l’idée de travailler son talent et de se perfectionner en art plas-tique. Il enchaîne les forma-tions pour mieux cultiver son savoir-faire. Ainsi, en 2014, il s'inscrit pour trois ans de for-mation à l’EACE (l’Ensemble Culturel et Artistique des Étu-diants). Toujours en quête du savoir, il choisit en 2015 de se faire former en dessin de

presse et en graphisme au pre-mier journal des étudiants du Benin ‘’Le Héraut ‘’. Il accède au poste de coordonnateur de la section dessin de presse à la fin de sa formation.

Une kyrielle de réalisations qui force

admiration !

Son palmarès aujourd'hui

dans le domaine de l'art est riche et alléchant. Il a pris part à plusieurs expositions. En 2018 et en 2019, il a pris part au festival international de dessin Vootoon qui a eu lieu à la place des martyres de Cotonou. Actuellement, il est membre d'une association congolaise "LlssangArt" qui promeut des dessinateurs et artistes-plasticiens du Bénin et ceux internationaux.Grâce à cette association, il a parti-cipé à des expositions à "Best western nobila" en 2018. Aus-si, à cause de son savoir-faire, son expertise fut sollicitée par le ministère de la Santé sur programme national de lutte contre le sida (PNS). Il réalise également des dessins pour l'illustration des textes et ma-nuels. L'artiste n'hésite pas à travailler de concert avec d'autres personnes de son do-maine : « J’ai toujours de très bonnes collaborations avec les autres artistes plasticiens et j’ai déjà effectué plus d’une dizaine de collaborations avec certains d'entre eux » confie-t-il.

L'artiste au service de la culture béninoise !

Moctart a de grands pro-jets pour la valorisation de la culture béninoise. Il ambi-tionne créer un magazine de bande dessinée mensuelle. « Ce magazine aura pour but de

valoriser la culture béninoise. Nous mettrons en valeur les multiples facettes de notre culture, en utilisant notam-ment la peinture le dessin, le design » affirme-t-il. Sur le plan social, il pense travailler pour se rendre utile à la société et aider les jeunes à s'auto en-treprendre. « Plusieurs séances de formation ont été déjà mises sur pied pour former les jeunes aussi bien dans le graphisme que dans le domaine de l’art », ajoute-t-il. Abdoul Moctart est aussi un jeune entrepre-neur. Son entreprise mise sur pied depuis un bon moment, est spécialisée dans les forma-tions en dessin, des offres de prestations dans le domaine du graphisme, la mise en vente de matériels de dessin, mais surtout dans la formation des jeunes dans le domaine de l'art digital : « Je veux offrir la pos-sibilité à plusieurs jeunes de se faire former dans le dessin digital. C'est un domaine assez porteur quand on l'exerce avec passion ». Malgré les difficul-tés liées à l'acquisition des ma-tériaux de travail et la non-va-lorisation des œuvres d'art au Bénin, Abou Abdoul Moctart n'entend pas baisser les bras. Il compte travailler davantage pour faire découvrir au monde l'art plastique béninois.

Elvire AGOSSOU & Espérancia BRAHI

(Stag.)

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CultureENTRETIEN AVEC LE CONCEPTEUR DU CLAVIER FONGBÉ ET DES LANGUES NATIONALES

«Il faut mettre le numérique au service de la promotion de nos langues » dixit Fabroni Bill YOCLOUNON

Écrire en Fongbé sur les réseaux sociaux est désormais chose possible. Le jeune béninois, Fabroni Bill YOCLOUNON, journaliste-communicant, juriste de formation est créateur du concept "I AM YOUR CLOUNON. Il a officiellement lancé, le samedi 15 août 2020, le Clavier Fongbé et des Langues Nationales. C'est une application développée pour les appareils Android que nous vous proposons de découvrir à travers cette entrevue.

À voir votre parcours, on remarque que vous manifestez

un grand intérêt pour les langues africaines, surtout

le fongbé. Pourquoi cet attachement ?

Au Bénin, la langue la plus parlée est le fongbé. Du Nord au Sud, beaucoup de personnes comprennent cette langue et plusieurs autres langues telles que l'adja, l’Aïzɔ, le Goungbé, le mina etc ont des similitudes avec le fongbé . Pourtant sur internet, il n'y a pas assez de données sur cette langue. Je me suis donc dit qu'il faut mettre le numérique au service de la promotion de nos langues. Promouvoir le fongbé est donc pour moi l’expres-sion d’un attachement profond à la chose culturelle et nationale.

Vous venez de lancer officiellement un nouveau

produit, un clavier en langues africaines sur le marché

numérique béninois ; de quoi s’agit-il concrètement et

comment en êtes-vous parvenu ?

C'est une plateforme qui permet de faire la promotion de nos langues locales, sur-tout le fongbé. Avec un groupe d'amis,

nous publions chaque jour des citations, des proverbes ou des adages en langue fongbé. Nous réalisons depuis 2019, des calendriers en langue locale disponible en version PDF. Et le 10 janvier 2019, date de célébration de la fête du vodoun au Bénin, nous avons procédé au lance-ment des stickers en fongbé.Tout est parti d'un constat. Sur nos télé-phones, l’alphabet des langues africaines en général et celles béninoises en particu-lier n’est pas pris en compte dans les cla-viers Google. Il n'existe pas certains ca-ractères spéciaux, accents et diacritiques qui font toute la particularité des langues africaines. Par exemple : les lettres ɔ, ɛ,

ɛ́, ɔ̀, ā… et les diacritiques, il n’y en a pas vraiment sur les claviers habituels. Alors, ce sont ces lacunes, que nous avons vou-lu corriger.

Quelles sont les fonctionnalités disponibles sur

le clavier ?

Le Clavier Fongbé et des langues bé-ninoises est une application développée pour les appareils Android. Il est très simple et facile d'utilisation. C’est un clavier qui vous propose: des lettres, chiffres et différents symboles usuels.

Il a une palette de caractères spéciaux permettant d’écrire outre la langue fran-çaise, l'anglais, le fɔngbé, les langues lo-cales et toutes autres langues africaines utilisant l'alphabet latin. Un appui long sur chaque touche du clavier vous donne accès aux différents caractères spéciaux proposés, aux signes de ponctuation, etc. Nous y avons aussi intégré un moteur de saisie prédictif suggérant le mot suivant en fonction du contexte. Il y a aussi du contenu emoji, “Stickers en fongbé” pour rendre vos écrits plus expressifs. Un lien est disponible dans l’onglet « À propos » pour vous donner accès à l’application éponyme. Des options de personnali-sation du clavier à savoir: «modifier le thème du clavier en passant de la couleur sombre à la couleur claire en tant qu’ar-rière-plan du clavier». La vibration et le son sont déclenchés par la pression des touches. Je n'ai pas travaillé seul sur le clavier fongbé et des langues nationales. J'ai travaillé avec Aude Marcel Codjia un graphiste, Fulberto Tchiakpe un déve-loppeur, et Ricardo Ahouanvlame qui a créé un Robot fon.

Après quelque temps d'utilisation chez les

internautes, avez-vous noté des insuffisances au niveau du

clavier ?

Des insuffisances, nous n’en avons pas

recensé en tant que telles. Mais déjà, pour la mise à jour prochaine, il y a des fonctionnalités que nous pensons inté-grées. Pour certains claviers nous avons des propositions de stickers correspon-dant à certains mots. Le clavier lui-même vous propose de substituer un mot par un sticker. Cette prédiction intelligente des emojis n'est pas encore disponible sur le clavier actuel.

Y a-t-il d’autres projets en cours ? Lesquels ?

Oui, nous avons assez de projets en cours. Avec Bonaventure Dossou je tra-vaille sur la restitution d’une plateforme de traduction Fongbe-français qui sera bientôt disponible sur internet. Il y a aussi le dictionnaire français-fongbé sur lequel mon équipe et moi travaillons. Ce dictionnaire permettra à tous ceux qui ne parviennent pas à communiquer en fon, parce qu'ils n'ont pas suivi des cours d'al-phabétisation, de le faire plus aisément.

Un appel à lancer aux lecteurs

J'invite tous ceux qui n'ont pas encore téléchargé le clavier, à le faire. J'exhorte aussi tous les Africains à commencer par privilégier nos langues qui sont toutes aussi riches que celles occidentales en matière de communication.

Réalisation : Elvire AGOSSOU

LÉVIRAT AU BÉNIN

Une pratique qui déshumanise la femme veuveLe veuvage reste une pratique récurrente dans les habitudes au Bénin. Le hic, c’est que les veuves concernées sont victimes de sévices graves, corporels et psychologiques qui empêchent leur plein épanouissement. Pourtant, des textes de lois sanctionnant ces mauvais traitements existent.

On ne balaie pas d’un revers de main son passé. Néanmoins, la conservation de certaines pra-

tiques culturelles peut conduire à des fins malheureuses. Le lévirat en est un exemple. En effet, le lévirat est une pra-tique culturelle qui consiste à donner en mariage les veuves à l’un des frères du défunt époux. Parfois même aux fils aînés issus du premier mariage de l'époux décédé. Certes, la pratique du lévirat varie selon ses coutumes. Dans la tradition Mahi par exemple et comme dans bien d’autres régions, c’est le chef

de collectivité qui consulte le Fâ qui ré-vèle l’identité de celui qui est appelé à prendre la veuve pour épouse. Et celle-ci ne peut pas s’opposer à la décision de la famille ou de l’oracle. Si la pratique per-dure encore de nos jours, c’est pour bien de raisons. Selon Marcel SINDJI, Chef de collectivité dans la commune de Za-gnanado, « le lévirat permet de réinsérer socialement la femme et de maintenir la dot déjà payée. On renforce ainsi les liens de parenté et on évite l'éclatement du tissu familial. On perpétue la lignée de l'époux même après sa mort, car les

enfants issus de ce mariage porteront tou-jours le nom du défunt ». La raison est tout autre à en croire les dires de dame Huguette Sadonou. « Quand je me suis remariée avec mon beau-frère, c'était pour assurer l'éducation et les soins de mes jeunes orphelins », a-t-elle affirmé.

Les dérives

Les veuves contraintes de se remarier ainsi souffrent dans cette seconde vie. Consternée, une source anonyme confie : « durant mon second mariage, je n'ai pas eu la paix. Entre disputes et rivalités, j’ai finalement décidé de quitter malgré les risques que mes enfants et moi en cou-rions ». Par ailleurs, « la femme remariée de force se sent obligée d’avoir des re-lations sexuelles avec son nouveau mari, elle finit alors par perdre au jour le jour sa personnalité et mourir dans l’âme », déplore le sociologue Marius AGOSSA. Avant d’ajouter que la veuve est exposée aux maladies sexuellement transmis-

sibles, étant donné que des tests ne sont pas effectués au préalable alors que le beau-frère devenu nouvel époux a déjà sa ou ses femme(s). Vu tous ces maux, certaines veuves meurtries parviennent à refuser de se remarier avec le beau-frère imposé par la belle-famille en dépit du poids des coutumes et traditions. Au prix bien sûr d’être mal vues dans la société. Pour s'être opposée à son remariage, la maman de Stanislas Fantohou en a payé les frais. « Notre maman et nous avons été chassés de la maison les mains vides. Mes sœurs et moi avons été déscolarisés. Quelque temps plus tard, ma mère est tombée gravement malade et faute de moyens elle est décédée » témoigne Sta-nislas presque au bord des larmes.

Il faut sensibiliser

Les revers perdurent. Et pourtant, le Bé-nin a ratifié la convention sur l’élimina-tion de toutes les formes de discrimina-tions à l’égard de la femme en décembre

1979 à New York et signé en mars 2012 le protocole de la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) relatif aux droits des femmes en Afrique. Il importe donc de sensibi-liser les uns et les autres sur le contenu de ces textes. C’est d’ailleurs ce que propose le sociologue Marius AGOS-SA. « Il faut communiquer avec les po-pulations, les sensibiliser sur les peines qu’elles encourent en infligeant ces pra-tiques barbares à la femme. Les femmes doivent être sensibilisées sur leurs droits. Ainsi, pourront-elles mieux se défendre et faire recours à la justice si c’est néces-saire. Il faut aussi encourager, former et mieux outiller les ONG qui travaillent déjà dans la lutte contre ce phénomène », explique-t-il. Enfin, il importe aussi de tenir compte de l'avis de la veuve et de prioriser son épanouissement. Car après tout, l'on se marie par amour et non par obligation.

Ivon Christian TOMAVO (Stag)

Clavier Fongbé

Une Veuve

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N° 233 Septembre 2020

La source des légendes14

Le Héraut - Mensuel d’informations, d’investigations, d’analyses et de publicités paraissant sur le Campus d’Abomey-Calavi

Afrique-InterChronique continentale

Par Guy Stéphane AYEGBE

Le Chérif du chaos a posé de nouveau ses valises depuis plusieurs semaines sur le continent noir. Après avoir hésité à choisir ses destinations, c’est la terre de Sékou Touré et du vieux Nanan Boigny qu’il a trouvé confor-table pour bien s’installer. Les trains de troisième man-dat l’ont bien réveillé de son profond sommeil.

Comme à son habitude, il en a déjà pris le contrôle de la situation. Les « Gbaeurs » de rues ou encore les mar-cheurs sont bien en vues. Cependant, ces derniers temps, plusieurs d’entre eux trouvent domicile dans les prisons, puisqu’étant devenu trop agaçant et redoutés par les as-pirants empereurs.

Surement vous vous demandez pourquoi le retour du Chérif du chaos. Oui, c’est à cause de la sauce concoctée par ses alliés, l’Alpha et Alassane qui n’est pas douce. Non seulement la sauce est amère, mais elle est bien pimentée. Elle est inconsommable. Voyons un peu les ingrédients.

Première escale, le pays du père fondateur Houphouët Boigny, la Côte d’Ivoire. Les vieux démons semblent oublier cette patrie qui avait déjà été tant éprouvée. Mais avec son projet de troisième mandat qui vient s’ajouter à la corruption et à la promotion de la médiocrité qui a été le talon d’Achille de sa gouvernance pendant 10 ans, Alassane est en passe de bien replonger la Côte d’Ivoire dans la mauvaise ambiance.

Qui aurait cru à un tel revirement spectaculaire ? Même la mort inattendue de son dauphin Amadou Gon Couli-baly ne pourrait le dédouaner. Il a oublié très vite qu’il a juré de ne pas se représenter à l’issue de ses deux man-dats. Mais la volte-face ne doit surprendre guère puisque l’autre a déjà averti que les promesses électorales n’en-gagent que ceux qui y croient.

Cependant, contrairement à cet adage, vous pouvez croire votre chroniqueur que toutes les conditions sont réunies pour que la Côte d’Ivoire remémore son histoire de 2010 et de 2002. Et ce n’est pas le seul pays à remé-morer son histoire.

Deuxième escale, la Guinée. Oui, le professeur de ce pays a décidé d’emboiter le pas à son voisin. L’Alpha refuse que son second mandat soit l’Omega. Âgé de 81 ans, le vieux estime que le temps règlementaire qui lui est accordé est insuffisant. Ainsi, avec l’aide de ses aco-lytes, il s’autorise à jouer les prolongations. Apparemment, lui n’est pas fatigué. Mieux, dans son imagination, il est le seul à constater que la Guinée, son pays fait partir des nations les plus développées au monde. Mais chose étonnante, les Conakriens vivent au rythme d’un délestage quotidien et des coupures d’eau à répétitions. Je n’en parle même pas de la misère et du sous-développement chronique dont souffrent ce pays et ses habitants.

Malgré tous ces problèmes, l’Alpha veut toujours conduire le train. Même le rappel à l’ordre du président général de Naïja ne semble pas le dissuader. D’ailleurs avec un ton d’apathie, il affirme que « le train est déjà en marche et personne ne peut l’arrêter. Nous allons conduire le train jusqu’au jour où Dieu le voudra ».

Ah ! Apparemment il connait Dieu. Prions ensemble le père céleste afin que lui et son acolyte revoient les diffé-rents ingrédients de leur sauce, car elles sont trop amères et risquent de conduire leurs pays et même la sous-ré-gion dans une spirale de violence incommensurable.

Messieurs les présidents, votre sauce est amère !!!

ALTERNANCE AU POUVOIR EN AFRIQUE

Une cloison presque insurmontable Nombreux sont aujourd’hui ces présidents africains qui ont à leur actif plus de 10 ans de gestion du pouvoir contrairement aux recommandations de leur constitution. Une situation qui suscite d’interrogations sur la possibilité des changements de régimes en Afrique. Pourquoi le continent a du mal à tenir le rythme ? Quels sont les impacts de ce phénomène sur le développement de ces pays ?

Réussir à prendre le pouvoir en Afrique est sans doute une mission difficile. De même, le rendre à temps est une autre perle de manche et cette dernière semble être une aversion pour certains dirigeants du continent. Ils sont nombreux ces présidents africains qui ont décidément confondu le pouvoir d’État à un patrimoine personnel. Pour preuves, la Guinée équatoriale supporte Teodoro Obiang Mbas-sogo depuis 41 ans. Et que dire des Camerounais et des Ougan-dais qui sont habitués à Paul Biya et Yoweri Museveni depuis respectivement 37 et 34 ans ? Le Congo Brazzaville et le Rwanda ne restent pas en marge de cette longévité au pouvoir avec à leur actif plus de deux décennies à supporter respectivement Denis Sassou Nguesso et Paul Kaga-mé. Au Togo et au Gabon, la tendance est toute autre. C’est la dynastie qui a été mise en place. Après les pères Omar Bongo et Eyassingbé Eydéma, ce sont les fils Ali Bongo Ondiba et Faure Yassingbé qui ont pris la succes-sion avec le même goût. Les aspirants Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire puis Alpha Condé en Guinée semblent être bien contaminés.

La révision de la constitution, le mode

opératoire

La malléabilité de la plupart des constitutions africaines est la principale marge de manœuvre employée par les auteurs de plu-sieurs mandats. Certes, le méca-nisme est complexe, mais avec la faille que présentent les lois fondamentales, ces dirigeants

trouvent toujours des moyens pour atteindre leurs objectifs. Certains passent par la voie réfé-rendaire. Par contre, d’autres pré-fèrent le raccourci parlementaire en s’appuyant sur leur majorité à l’Assemblée nationale. C’est grâce à cette technique qu’en juillet 2005, Museveni s’est fait réélire pour un troisième man-dat en Ouganda. Faure Gnas-singbé n’est pas étranger à cette manœuvre, lui qui a procédé par le même moyen pour briguer un quatrième mandat en février 2020 au Togo. En plus, l’autre raison pour laquelle l’alternance au pouvoir paraît être une vision utopique est le passé de la plu-part de ces présidents en exer-cice. Paul Kagamé est un ancien militaire de même que Sassou Nguesso. Yoweri Museveni quant à lui est un ancien rebelle. Avec ces étiquettes, ils semblent disposer de la confiance abso-lue de leurs armées et peuvent donc faire face à toutes formes d’opposition tout en négligeant une possible relève. Avec tous ces soutiens concentrés, ils en-caissent peu les critiques. Du coup, ils n’hésitent pas à faire taire toute voix dissonante. Mis à part ces raisons, la crainte pour ces présidents de se retrouver en exil à leur descente du pouvoir paraît être aussi une autre cause qui les motive à s’accrocher au fauteuil présidentiel le plus long-temps possible. En effet, ayant déjà commis des crimes lors de leur gestion, ils redoutent des poursuites judiciaires, une fois devenus de simples citoyens.

Quelles implications pour le développement ?

Les conséquences de ce phé-

nomène varient d’un pays à un autre. Soulignons que, le Rwan-da est devenu en 25 ans sous Kagamé, un exemple de stabilité politique et de développement économique sur le continent. L’Ouganda aussi n’est pas res-té de marbre dans ce réalisme avec une croissance économique exemplaire ; et que dire du Togo qui possède, sous Faure Gnas-singbé, le 5e port le plus puissant d’Afrique selon un rapport de l’Agence EcoFin en 2019. Tant de biens qui masquent d’autres corollaires que ce phénomène a engendrés sous d’autres cieux. Au Burkina Faso, c’est une énième tentative de modifica-tion de la constitution qui a créé une insurrection dans le pays et provoqué en 2014 la chute de Blaise Compaoré, au pou-voir depuis 1987. Par ailleurs, la Côte d’Ivoire comme la Gui-née accueillent la candidature de Ouattara et d’Alpha Condé pour un troisième mandat, sous une haute tension qui peut dé-générer à tout moment. Surtout que les prémices s’observent déjà avec des manifestations. De toute évidence, le manque d’alternance au pourvoir reste la source de plusieurs frustrations. Et pour éviter celles-ci, il se-rait judicieux que les dirigeants africains respectent scrupuleu-sement les limites constitution-nelles de leur pays. Ils devraient prendre l’exemple des nations comme le Nigéria, le Ghana ou encore l’Afrique du Sud qui, malgré le changement des têtes, jouissent d’une stabilité socio-politique et d’un développement convenable.

Jonas TAYI (Stagiaire)

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N° 224 Septembre 2019

La source des légendes15

Le Héraut - Mensuel d’informations, d’investigations, d’analyses et de publicités paraissant sur le Campus d’Abomey-Calavi

Sport

ALPHONSO DAVIES

Vitesse, drible, qualité de centre et précision sont entre autres les quali-

tés qui définissent le prodige ca-nadien. Né le 2novembre 2000 à Buduburam au Ghana d’une famille de réfugiés libériensAl-phonso Boyle Davies, 1,81m la-téral gauche est un footballeur évoluant au Bayern Munich.For-mé au centre de formation d’Ed-monton international, il a fait ses débuts avec l’équipeWhite-capsResidency (2015-2016), puis Whitecaps de Vancouver (entre 2016-2018) avant de rejoindre en janvier 2019 le Bayern de Munich pour un transfert estimé à 13,5 millions de dollars, plus 8,5 mil-lions de dollars de bonus. Il sera peu utilisé lors de sa première sai-son en Bavière avec seulement 10 apparitions toutes compétitions confondues.

Hans Flick, l’élément déclencheur

Pouvant jouer sur l’aile gauche, mais aussi de temps en temps à droite, il peut dézoner pour drib-bler et ainsi marquer de loin, ou

alors donner une offrande à un coéquipier, Davies a su taper dans l’œil de son nouvel entraîneur. Contrairement à sa première sai-son, il a joué 40 matchs toutes compétitions confondues avec à la clé 3buts et 11 passes décisives. Il a notamment attiré les regards de la planète football lors de sa prestation XXL face au barca en ¼ de finale du final 8 à Lisbonne. Par un éclair de génie sur son aile, il s’est débarrassé successivement de Lionel Messi, Arturo Vidal et Nelson Semedo avant de servir Kimich pour le 5e but du match.

Palmarès impressionnant

Le désormais joueur canadien, bien que jeune, a déjà des titres et records à son actif. En effet,en marquant son premier but pour le Bayern Munich le 17 mars 2019 lors de la victoire de 6-0 contre Mayence 05,il est à 18 ans, 4 mois et 15 jours le deuxième plus jeune buteur de l’histoire du club, der-rière Jamal MUSIALA, vingt ans auparavant, à marquer pour le club. Il est le premier Canadien

à marquer pour le Bayern. Le 23 août 2020, il remporte la Ligue des champions à seulement 19 ans devenant le premier Canadienà remporter la compétition. Il a no-tamment remporté la Bundesliga et la coupe d’Allemagne en 2019 et 2020.En équipe nationale, il est convoqué pour la première fois en équipe du Canada pour un match amical contre le Curaçao le 13 juin 2017. Lors de ce match, il entre à la 53e minute de la rencontre, à la place deRaheem Edwards, et devient alors le plus jeune joueur canadien à devenir international.Avec lecanada, il prit part à de nombreuses compétitions dont le Gold CUP 2017 et 2019 et la ligue des nations Concacaf. Avec quatre buts inscrits avec the Canucks, Davies a été élu joueur canadien de l’année en 2016 et 2018, meil-leur joueur, soulier d’or et sélec-tionné dans le meilleur XI de Gold CUP 2017. Un sacré palmarès pour l’un des meilleurs latéraux au monde.

ÉLECTIONS A LA FEDERATION IVOIRIENNE DE FOOTBALL

Drogba dans l’œil du cyclone

Mathias VEDOGBETON (Stag)

La grande révélation du football mondialArrivé au Bayern Munich en janvier 2019, Davies s’est fait une place de titulaire indispensable dans l’équipe type de Hans Dieter Flick, se présentant ainsi comme un maillon essentiel du sacre européen des Bavarois.

Écarté de la liste des candidats en course pour la présidence de la fédération ivoirienne de football(FIF),Didier Drogba a sollicité l’intervention de l’instance faîtière du football mondial, la FIFA. Celle-ci, répondant à cet appel, a contraint la FIF le 28 août 2020 à suspendre le processus électoral. Une décision qui semble remettre l’ancien capitaine des éléphants dans la course.

Didier Drogba, prochain président de la maison de verre? La question reste posée,même si la validation de la candidature de l'ancienne légende des éléphants de la Côte d'Ivoire reste encore incertaine. L’ancien numéro 11 des blues de Chelsea a officiellement dépo-sé son dossier de candidature le 1eraoût 2020 et devra devancer Idriss Diallo,Sory Diabaté et Paul Koffi Kouakou qui sont également dans la course. Selon les textes, pour être candidat à la présidence de la FIF, il faut présenter une liste des membres du Comité exécu-tif composé d’au moins huit (8) membres actifs de la FIF à savoir trois (3) clubs évoluant en D1, deux (2) clubs évoluant en D2, deux (2) clubs évoluant en D3 et un (1) groupement d'intérêt du football.

Coup de tonnerre

La FIF a décidé de suspendre les élections jusqu’à la tenue d’une assemblée générale extraordinaire, prévue pour le 29 août 2020. Le Comité d’urgence, qui réunit les personnalités les plus importantes de la Fédération (dont le patron sortant Sidy Diallo), estime en ef-fet que « la commission électorale », mise en place pour l’occasion et présidée par l’ancien ministre des Sports René Diby, « a violé le Code électoral de la FIF et le man-dat qui lui a été donné par l’As-semblée Générale ». La raison ? Il y aurait eu un profond désaccord entre les membres de ladite com-mission concernant la candidature de Didier Drogba. En effet, l'Asso-ciation des footballeurs ivoiriens (AFI) a choisi Yassine Idriss Dial-lo après l'Assemblée générale ordi-naire du 4 juillet. Malgré l'appel de Yaya Touré, ancien capitaine des Éléphants, ils ont préféré choisir Idriss Diallo, vice-président sor-tant de la FIF. La Fédération Inter-nationale des associations de foot-balleurs professionnels (FIFPro),

structure mère de l'Association des footballeurs, s'est désolidari-sée dans un Tweet de la position de l'AFI et a suspendu l'organisation de joueurs. L’instance reproche à sa section ivoirienne d'avoir par-rainé Idriss Diallo plutôt que son vice-président, Didier Drogba. Le 8 juillet, les entraîneurs et les joueurs accordent leurs voix à Idriss Diallo. La dernière chance de Didier Drogba s'est envolée le 16 juillet quand l'association des médecins de la FIF a accordé son

parrainage à Sory Diabaté. Du côté de la FIF, on assure qu’un rapport du Secrétaire de la Commission électorale fait ressortir de graves manquements dans la conduite du processus électoral et le secrétaire Sam Etiassé aurait ainsi refusé de signer le dernier procès-ver-bal de délibération. La FIF dans son communiqué indique que : « Le Président de la Commission électorale a indiqué "avoir agi en toute naïveté, pour préserver la cohésion sociale, en cette période

sensible. Plusieurs proches de Di-dier Drogba assuraient pourtant que ses parrainages avaient été va-lidés par la commission électorale de manière officielle, à l’instar de son directeur de campagne Eugène Diomandé et de l’ex-gardien de but Copa Barry.

Les retombées

Craignant que le processus élec-toral ne soit pas libre et équitable, la FIFA à travers sa secrétaire gé-nérale Fatma Samoura a demandé la suspension de toute activité liée aux élections de la FIF le vendredi 28 août 2020. Elle a demandé à la commission électorale de la FIF d'envoyer les dossiers de tous les candidats, la liste complète des membres de la commission électo-rale et les comptes rendus de quatre réunions, dont une en juillet où le nouveau président de la commis-sion électorale a été élu. Mieux, la commission d’enquête de la FIFA trouve des éléments compromet-tants contre Sidy DIALLO et Sory DIABATE pour leur gestion de

la Fédération entre 2011 et 2020. Une procédure qui risque de retar-der la reprogrammation des élec-tions. Drogba pour sa part, habitué à multiplier les œuvres sociales pourrait décider de tourner défini-tivement dos à son pays. Pour rap-pel, il est le propriétaire du Club Williamsville AC d’Abidjan, ac-tionnaire de la mine d’or d’Ity en Côte d’Ivoire. Grand artisan de la réconciliation entre les pro-Gba-gbo et les pro-Ouattara, Drogba constituerait l’ultime espoir du rayonnement du foot ivoirien. Au vu des différends, une commission composée de deux membres de la FIFA et d’un représentant de la commission de la CAF sera mise sur pied pour écouter les différents candidats. Drogba pourra-t-il en fonction des auditions menées par la FIFA et la CAF défendre sa can-didature ? Ou sera-t-il courtisé par les candidatures en liste au cas où il ne puisse pas se présenter ?Le temps nous le dira.

Mathias VEDOGBETON et Stanislas SAGBO (Stags)

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