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260 Cah. Nutr. Diét., 40, 5, 2005 aliments aliments NIVEAUX D’APPORT ET SOURCES ALIMENTAIRES DES PRINCIPAUX ACIDES GRAS POLYINSATURÉS N-6 ET N-3 DANS LA POPULATION ADULTE EN FRANCE* Pierre ASTORG, Nathalie ARNAULT, Sébastien CZERNICHOW, Nathalie NOISETTE, Pilar GALAN, Serge HERCBERG Les acides gras essentiels sont des nutriments de première importance pour le développement et la santé de l’homme, et les recherches des 15 dernières années ont démontré le rôle d’un apport adéquat en acides gras polyunsaturés (AGPI) en n-3 dans la prévention de plusieurs maladies, en particulier des mala- dies cardiovasculaires [1]. L’acide linoléique (18:2 n-6) et l’acide α -linolénique (18:3 n-3), précurseurs d’origine végétale des AGPI n-6 et n-3, respectivement, sont en compétition pour les mêmes enzymes qui les convertissent en AGPI à 20 et 22 atomes de carbone : en conséquence, leurs niveaux d’apport optimaux sont mutuellement dépendants. Dans les pays occidentaux, l’utilisation croissante, au cours des 50 dernières années, d’huiles végétales riches en acide linoléique et pauvres en acide α -linolénique dans l’alimen- tation animale et humaine a abouti à l’augmentation du rapport n-6/n-3 (ou linoléiquec/α -linolénique) dans le régime alimentaire des populations, au dessus des valeurs consi- dérées comme optimales [2-4]. L’évaluation des apports en acides gras essentiels d’une population implique l’esti- mation des apports tant des précurseurs (acides linoléique et α -linolénique) que des AGPI à longue chaîne des séries n-6 et n-3. En effet, la conversion des acides linoléique et α -linolénique en AGPI à longue chaîne n’a lieu chez l’homme qu’avec un rendement faible, l’ingestion même de faibles quantités d’AGPI à longue chaîne peut contri- buer significativement au statut en AGPI [4]. Au cours des dernières années, des apports recommandés ont été publiés dans plusieurs pays, dont la France, non seule- ment pour les acides linoléique et α -linolénique, mais aussi pour les AGPI à longue chaîne, notamment pour l’acide docosahexaenoïque (DHA) [5, 6]. Cependant, on manque encore de données sur les niveaux d’apports réels des différents AGPI n-6 et n-3 dans les populations. En parti- culier, les travaux ayant mesuré les apports en AGPI à longue chaîne sont peu nombreux, car ils dépendent de l’existence et de la qualité des tables des teneurs des ali- ments en AGPI individuels. Les rares études concernant la population française n’ont estimé que les apports en acides linoléique et α -linolénique [7]. Des travaux récents ont estimé la consommation d’AGPI à longue chaîne dans des pays d’Europe et d’Amérique du Nord, ainsi qu’en Australie et au Japon [8-15]. La présente étude utilise des données issues de l’étude SU.VI.MAX, une étude d’inter- vention prospective sur un échantillon d’adultes français Unité de Recherches en Épidémiologie Nutritionnelle (UMR INSERM 557/INRA/ CNAM). Institut Scientifique et Technique de l’Alimentation (ISTNA), 5 rue du Vertbois, 75003 Paris. Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM), 5 rue du Vertbois, 75003 Paris. Correspondance : P. Astorg, à l’adresse ci-dessus. Email : [email protected] * Article publié en anglais dans Lipids 2004 : 39 : 527-535, sous le titre : « Dietary intakes and food sources of n-6 and n-3 PUFA in French adult men and women ».

Niveaux d’apport et sources alimentaires des principaux acides gras polyinsaturés n-6 et n-3 dans la population adulte en France*

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260 Cah. Nutr. Diét., 40, 5, 2005

aliments

aliments

NIVEAUX D’APPORT ET SOURCES ALIMENTAIRES DES PRINCIPAUX ACIDES GRAS POLYINSATURÉS N-6 ET N-3 DANS LA POPULATION ADULTE EN FRANCE*

Pierre ASTORG, Nathalie ARNAULT, Sébastien CZERNICHOW,Nathalie NOISETTE, Pilar GALAN, Serge HERCBERG

Les acides gras essentiels sont des nutriments de première importance pour ledéveloppement et la santé de l’homme, et les recherches des 15 dernièresannées ont démontré le rôle d’un apport adéquat en acides gras polyunsaturés(AGPI) en n-3 dans la prévention de plusieurs maladies, en particulier des mala-dies cardiovasculaires [1]. L’acide linoléique (18:2 n-6) et l’acide α -linolénique(18:3 n-3), précurseurs d’origine végétale des AGPI n-6 et n-3, respectivement,sont en compétition pour les mêmes enzymes qui les convertissent en AGPI à20 et 22 atomes de carbone : en conséquence, leurs niveaux d’apport optimauxsont mutuellement dépendants.

Dans les pays occidentaux, l’utilisation croissante, au coursdes 50 dernières années, d’huiles végétales riches en acidelinoléique et pauvres en acide α -linolénique dans l’alimen-tation animale et humaine a abouti à l’augmentation durapport n-6/n-3 (ou linoléiquec/α -linolénique) dans le régimealimentaire des populations, au dessus des valeurs consi-dérées comme optimales [2-4]. L’évaluation des apportsen acides gras essentiels d’une population implique l’esti-mation des apports tant des précurseurs (acides linoléiqueet α -linolénique) que des AGPI à longue chaîne des séries

n-6 et n-3. En effet, la conversion des acides linoléique etα -linolénique en AGPI à longue chaîne n’a lieu chezl’homme qu’avec un rendement faible, l’ingestion mêmede faibles quantités d’AGPI à longue chaîne peut contri-buer significativement au statut en AGPI [4]. Au cours desdernières années, des apports recommandés ont étépubliés dans plusieurs pays, dont la France, non seule-ment pour les acides linoléique et α -linolénique, mais aussipour les AGPI à longue chaîne, notamment pour l’acidedocosahexaenoïque (DHA) [5, 6]. Cependant, on manqueencore de données sur les niveaux d’apports réels desdifférents AGPI n-6 et n-3 dans les populations. En parti-culier, les travaux ayant mesuré les apports en AGPI àlongue chaîne sont peu nombreux, car ils dépendent del’existence et de la qualité des tables des teneurs des ali-ments en AGPI individuels. Les rares études concernantla population française n’ont estimé que les apports enacides linoléique et α -linolénique [7]. Des travaux récentsont estimé la consommation d’AGPI à longue chaîne dansdes pays d’Europe et d’Amérique du Nord, ainsi qu’enAustralie et au Japon [8-15]. La présente étude utilise desdonnées issues de l’étude SU.VI.MAX, une étude d’inter-vention prospective sur un échantillon d’adultes français

Unité de Recherches en Épidémiologie Nutritionnelle (UMR INSERM 557/INRA/CNAM).Institut Scientifique et Technique de l’Alimentation (ISTNA), 5 rue du Vertbois, 75003 Paris.Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM), 5 rue du Vertbois, 75003 Paris.

Correspondance : P. Astorg, à l’adresse ci-dessus. Email : [email protected]

* Article publié en anglais dans Lipids 2004 : 39 : 527-535, sous le titre : « Dietary intakes and food sources of n-6 and n-3 PUFA in French adult men and women ».

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des deux sexes, au cours de laquelle les consommationsalimentaires des participants ont été mesurées, et une tablede composition des aliments établie pour permettre l’esti-mation des apports alimentaires en les principaux AGPIindividuels n-6 n-3.

Matériel et méthodes

Échantillon de population

L’étude SU.VI.MAX est un essai d’intervention primairerandomisé, en double aveugle, contre placebo, dont le butprincipal était de tester les effets d’une supplémentationquotidienne par un mélange de vitamine C, vitamine E,β -carotène, zinc, et sélénium sur l’incidence de maladiescardiovasculaires et de cancers dans une populationd’hommes et de femmes adultes en France [16]. D’autresobjectifs de l’étude étaient d’évaluer la consommationalimentaire de la population française adulte, et decontribuer à la connaissance des relations entre la nutri-tion et la santé. L’échantillon de population consistait en12 741 sujets (5 028 hommes et 7 713 femmes) de toutesles régions de France, recrutés en 1994-1995 en vue d’unsuivi de 8 ans. Les hommes étaient âgés de 45 à 63 anset les femmes de 35 à 63 ans à l’inclusion. D’autres détailssur le plan de l’étude, le recrutement, et les caractéristiquesdes sujets au départ de l’étude ont été publiés précédem-ment [16]. Tous les sujets ont donné leur consentementécrit pour participer à l’étude. L’étude a été approuvéepar le Comité Consultatif de Protection des Personnesdans la Recherche Biomédicale (CCPPRB n° 706, HôpitalCochin, Paris, France) et la Commission Nationale del’Informatique et des Libertés (CNIL n° 334641).

Questionnaire alimentaire

À l’inclusion et tous les deux mois jusqu’à la fin de l’étude,les sujets devaient remplir un questionnaire portant sur unenregistrement alimentaire de 24 heures, c’est-à-dire sixquestionnaires par an. Les jours de questionnaire étaientfixés pour chaque sujet, et randomisés de sorte à compor-ter 4 jours de semaine et deux jours de week-end par an.Les données d’enregistrement de 24 heures ont été trans-mises par Minitel. Au début de l’étude, les participants ontreçu une unité de traitement des données spécialementdéveloppée pour l’étude, et à coupler au Minitel. Cetteunité contenait un logiciel permettant au participants deremplir leur enregistrements alimentaires directement surle Minitel, et de transmettre les données par de brèvescommunications téléphoniques. Le logiciel permettait unenregistrement alimentaire détaillé. Un grand choix d’ali-ments et de boissons (environ 900 items) était offert pourchacun des trois repas (petit déjeuner, déjeuner, dîner) etpour 4 autres occasions de prise d’aliments ou de boissons(durant la matinée, durant l’après-midi, en fin de soirée etdurant la nuit). La liste comportait aussi bien des alimentssimples (par exemple : côte d’agneau, laitue, banane, ou jusd’orange) que des plats élaborés (par exemple : cassoulet,bœuf en daube ou paella). Les sujets pouvaient inclure desaliments ou boissons non présents dans la liste. Pour chaquealiment ou boisson mentionné, les sujets devaient indiquerla portion consommée. Ils disposaient d’un manuel remisau début de l’étude, et comportant des photographies detailles de portions de 236 aliments et boissons (trois taillesde portions par aliment ou boisson décrit). L’utilisation de

ce manuel de photographies de portions a été précédem-ment validée sur 687 sujets dans une étude pilote [17]. Lequestionnaire comportait aussi des questions sur les métho-des de cuisson, et sur les corps gras utilisés pour la cuissonet l’assaisonnement. Pour cette étude, nous avons sélec-tionné les participants ayant rempli au moins 10 question-naires dans une période de 2,5 ans entre l’inclusion et1998. On a pu montrer précédemment que 10 enregis-trements de 24 heures sont suffisants pour estimer laconsommation des principales classes d’acides gras (satu-rés, monoinsaturés, et AGPI) avec une bonne précision[18]. Pour chaque sujet, les données sont tirées de tousles questionnaires (10 ou plus) remplis dans la périodefixée.

Table de composition des aliments

Une table de composition adaptée à l’analyse des donnéesalimentaires collectées dans l’étude SU.VI.MAX a été déve-loppée [19]. Les teneurs des aliments en énergie, en lipidestotaux, en acides linoléique, α− linolénique, arachidonique,et en AGPI n-3 à longue chaîne : eicosapentaénoique(EPA), docosapentaénoique (DPA) et docosahexaénoique(DHA), ont été déterminées sur la base de tables existan-tes : la table de composition des aliments française [20] etses récentes additions [21] ; la table américaine US Depart-ment of Agriculture National Nutrient Database [22] ; et latable britannique McCance & Widdowson’s Food Compo-sition Table [23], et aussi sur la base de publications origi-nales. En particulier, beaucoup de données sur les teneursen AGPI des viandes, volailles, œufs, poissons et fruits demer sont tirés principalement de publications originales, lestables existantes étant souvent incomplètes.

Analyses statistiques

Les données ont été traitées sur un système Alpha-VMS,et les analyses statistiques ont été réalisées à l’aide du logi-ciel SAS (SAS Institute, Cary, NC, USA). Les corrélationsentre variables ont été calculées en utilisant le coefficientde corrélation de Spearman. Les moyennes des quintilesde consommation d’acides gras ont été comparées par letest de Bonferroni et par le test de tendance linéaire.

Résultats

4 884 sujets (2 099 hommes et 2 785 femmes), repré-sentant 38,3 % de l’ensemble de la cohorte (41,7 % deshommes et 36,1 % des femmes) ont fourni des donnéesalimentaires complètes provenant d’au moins 10 enregis-trements de 24 heures. Les quantités ingérées de lipidestotaux et des différents AGPI n-6 et n-3 figurent dansles tableaux I et II. Les hommes ont consommé plus delipides et plus de chacun des acides gras étudiés que lesfemmes (tableau I). Si on exprime les ingérés en % del’énergie (tableau II), il apparaît que les femmes ont con-sommé sensiblement plus de lipides que les hommes(38,1 % vs 36,3 % de l’énergie), mais il n’y a pas de dif-férence entre les sexes en ce qui concerne la consommationd’AGPI. Hommes et femmes ont ingéré, en moyenne,4,2 % de l’énergie sous forme d’acide linoléique, et moinsde 5 % de l’échantillon a consommé moins de 2,7 % del’énergie sous forme d’acide linoléique (tableau II). L’apportmoyen d’acide α− linolénique était environ 0,38 % del’énergie, et 95 % de l’échantillon avait un apport en

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acide α -linolénique inférieur à 0,5 % de l’énergie. Enconséquence, le rapport (apport en linoléique)/(apport enα -linolénique) était élevé : 11,3 en moyenne, au-dessus de7,6 pour 95 % de la population. La moitié de l’échantillon(56,8 % des hommes et 45,6 % des femmes) avait à lafois un apport en acide α -linolénique inférieur à 0,4 % del’énergie et un rapport linoléique/α -linolénique supérieurà 10. Alors que l’apport moyen en acide arachidonique

était de 0,08 % de l’énergie dans les deux sexes, celui desAGPI n-3 à longue chaîne représentait 0,21 % de l’énergie,à raison de 55 % de DHA, 30 % d’EPA et 15 % de DPA.À la différence des autres AGPI, les apports en AGPI n-3à longue chaîne, en particulier ceux d’EPA et de DHA,montrent une distribution asymétrique (moyenne/médiane= 1,27), avec un écart-type atteignant plus de 70 % de lamoyenne. Le rapport entre le 95e et le 5e percentile est

Tableau I.Apports en lipides totaux et en AGPI n-6 et n-3 (g ou mg/jour).

Lipides totaux (g/j )

18:2 n-6 (g/j)

18:3 n-3 (g/j)

18:2 n-6/18:3 n-3

20:4 n-6 (mg/j)

20:5 n-3 (mg/j)

22:5 n-3 (mg/j)

22:6 n-3 (mg/j)

LC n-3a (mg/j)

Hommes (n = 2 099) :

moyenne 94,06 10,64 0,94 11,5 203,9 149,9 74,8 272,6 497,3écart-type 22,42 3,28 0,25 3,0 66,0 112,1 33,0 191,3 325,1minimum 32,11 2,74 0,37 4,8 55,1 4,5 12,9 10,0 39,95e percentile 59,97 6,13 0,59 7,7 111,1 27,5 33,5 66,0 139,3médiane 93,32 10,12 0,92 11,0 197,0 119,6 68,2 221,3 408,395e percentile 134,42 16,74 1,37 16,9 323,2 375,1 138,4 668,4 1 159,3maximum 187,53 27,85 2,62 39,3 558,2 768,5 275,7 1 472,8 2 617,0Femmes (n = 2 785) :

moyenne 73,55 8,10 0,74 11,1 151,9 117,8 55,9 225,9 399,6écart-type 19,17 2,60 0,20 2,7 49,2 94,2 27,8 170,9 286,0minimum 19,46 2,10 0,21 4,8 14,5 2,0 2,3 6,5 10,85e percentile 44,29 4,29 0,45 7,6 79,2 19,2 22,9 50,0 101,3médiane 72,00 7,80 0,71 10,7 147,8 91,4 50,2 177,0 320,695e percentile 106,88 12,75 1,10 16,3 238,6 308,5 109,1 574,2 980,2maximum 172,15 21,11 1,98 32,1 347,4 853,3 269,5 1 770,2 2 893,0a AGPI n-3 à longue chaîne : somme de 20:5 n-3, 22:5 n-3 et 22:6 n-3.

Tableau II.Apports en lipides totaux et en AGPI n-6 et n-3 (% de l’apport énergétique).

Lipides totaux

18:2 n-6 18:3 n-3 20:4 n-6 20:5 n-3 22:5 n-3 22:6 n-3 LC n-3a

Hommes (n = 2 099) :

moyenne 36,29 4,13 0,36 0,08 0,06 0,03 0,11 0,21écart-type 4,58 1,08 0,07 0,02 0,05 0,01 0,08 0,13minimum 18,87 1,45 0,20 0,02 0,00 0,01 0,01 0,025e percentile 28,41 2,71 0,28 0,05 0,01 0,01 0,03 0,06médiane 36,30 3,95 0,35 0,08 0,05 0,03 0,09 0,1695e percentile 43,65 6,13 0,48 0,12 0,15 0,05 0,26 0,45maximum 56,11 11,04 1,11 0,19 0,48 0,10 0,54 0,97Femmes (n = 2 785) :

moyenne 38,12 4,22 0,38 0,08 0,06 0,03 0,12 0,21écart-type 4,44 1,06 0,07 0,02 0,05 0,01 0,09 0,16minimum 18,41 1,68 0,18 0,01 0,00 0,00 0,01 0,015e percentile 30,73 2,75 0,30 0,05 0,01 0,01 0,03 0,06médiane 38,33 4,08 0,38 0,08 0,05 0,03 0,09 0,1795e percentile 44,60 6,14 0,50 0,12 0,17 0,06 0,30 0,52maximum 53,65 10,20 1,04 0,22 0,53 0,17 1,11 1,81p (t de Student), hommes vs. femmes

< 0,0001 0,002 < 0,0001 0,42 0,40 0,37 < 0,0001 0,01

a AGPI n-3 à longue chaîne : somme de 20:5 n-3, 22:5 n-3 et 22:6 n-3.

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de 10-12 pour l’EPA et 13-16 pour le DHA, au lieu de2 à 3 pour les acides linoléique, α -linolénique et arachido-nique, ce qui montre que les variations individuelles desapports en AGPI n-3 à longue chaîne, en particulier enEPA et en DHA, sont nettement plus grandes que pourles autres AGPI.Les apport en acides linoléique et α -linolénique sont for-tement corrélés avec les apports en énergie et en lipidestotaux (tableau III), les coefficients de corrélation étant lesplus élevés avec l’acide α -linolénique. Les apports enacide arachidonique et en DPA sont également corrélésavec les apports en énergie et en lipides totaux, bien quede façon moins intense, alors que cette corrélation estbeaucoup plus faible avec les apports en EPA et en DHA(tableau III). Les apport en acides linoléique et α -linoléni-que sont fortement corrélés avec la consommation deproduits animaux autres que les produits laitiers (viande,charcuterie, abats, volaille, œufs), alors que seul l’apporten acide linoléique est corrélé à la consommation d’huilevégétale. L’apport en α -linolénique n’est que très faible-ment corrélé à la consommation d’huile végétales richesen acide α -linolénique (colza, soja, noix). L’apport enacide arachidonique est fortement corrélé avec la consom-mation de viande, volailles et oeufs, alors que les apportsen EPA et en DHA sont fortement corrélés avec laconsommation de poisson et de fruits de mer, en parti-culier celle de poisson gras. L’apport en DPA est corréléà la fois avec la consommation de poisson et de fruitsde mer et avec la consommation de viande, volailles etoeufs.Les contributions en pourcentage des différents alimentsaux apports en chacun des AGPI ont été calculés séparé-ment chez les hommes et chez les femmes, et sont prati-

quement les mêmes dans les deux sexes : les résultats sontdonnés pour l’ensemble de l’échantillon (tableau IV). Lescorps gras sont la principale source d’acide linoléique, etcontribuent à un tiers de l’apport. Parmi les corps gras,les huiles végétales, y compris celles contenues dans lessauces grasses, sont de loin la principale source, les mar-garines ne contribuant que pour une faible part à l’apporten acide linoléique. Les produits animaux autres que lesproduits laitiers sont aussi une source importante d’acidelinoléique. Presque tous les types d’aliments, sauf les pois-sons et les fruits de mer, contribuent de façon significativeà l’apport en acide α -linolénique. Les produits laitiers et lesautres produits animaux (autres que les poissons et fruitsde mer) sont des sources majeures d’acide α -linolénique,fournissant ensemble plus de 41 % de l’apport. Les fruitset légumes sont également une source importante d’acideα -linolénique, malgré leur faible teneur en lipides. Lescorps gras fournissent seulement 10 % de l’apport enacide α− linolénique, car les huiles riches en cet acide gras(colza, soja, noix) ne sont que faiblement consommées enFrance. Les huiles végétales consommées dans l’échan-tillon de population sont l’huile de tournesol (38,5 % desquantités d’huiles végétales consommées), l’huile d’olive(35,2 %), l’huile d’arachide (13,3 %), les huiles de mélange(8,0 %), l’huile de pépin de raisin (1,6 %), l’huile de maïs(1,6 %), l’huile de colza (0,9 %), l’huile de noix (0,6 %) etl’huile de soja (0,3 %), soit moins de 2 % du total pour leshuiles riches en acide α -linolénique. Les produits animauxautres que les produits laitiers sont de loin la principalesource d’acide arachidonique, les viandes, volailles et œufscontribuant à plus de 2/3 de l’apport. Les principalessources d’AGPI n-3 à longue chaîne sont les poissonset fruits de mer, et les produits animaux autres que les

Tableau III.Apports en AGPI n-6 et n-3 : corrélations avec les apports en énergie, lipides totaux, et quelques groupes d’aliments (cœfficients

de corrélation de Spearman).

18:2 n-6 18:3 n-3 20:4 n-6 20:5 n-3 22:5 n-3 22:6 n-3 LC n-3a

18:3 n-3 0,73b

20:4 n-6 0,54 0,5320:5 n-3 0,18 0,20 0,3622:5 n-3 0,39 0,39 0,70 0,8022:6 n-3 0,20 0,21 0,40 0,93 0,81LC n-3 0,22 0,23 0,44 0,97 0,86 0,99Energie 0,69 0,83 0,57 0,20 0,42 0,21 0,24Lipides totaux 0,74 0,85 0,63 0,19 0,44 0,21 0,24Poissons gras & demi-grasc 0,11 0,12 0,24 0,83 0,67 0,85 0,85Poissons & fruits de merd 0,17 0,18 0,27 0,75 0,54 0,73 0,74Viandes, volailles & oeufse 0,48 0,45 0,75 0,11 0,50 0,10 0,16Produits laitiers 0,04 0,16 – 0,01 0,01 – 0,02 0,02 0,01

p = 0,006 p > 0,1 p > 0,1 p > 0,1 p > 0,1 p > 0,1Huiles végétales 0,53 0,29 0,26 0,11 0,22 0,10 0,12Huiles de colza, de soja & de noix

0,05 0,11 0,00 0,05 0,03 0,05 0,05p > 0,1 p = 0,04

a AGPI n-3 à longue chaîne : somme de 20:5 n-3, 22:5 n-3 et 22:6 n-3. b Tous les coefficients de corrélation sont significatifs pour p < 0,001, sauf ceux où une valeur de p est indiquée. c Poissons gras (plus de 1,5 g d’AGPI n-3 à longue chaîne/100 g) : œufs de poisson, hareng, maquereau, saumon, sardines fraîches, thon frais ; poissonsdemi-gras (entre 0,5 g et 1,5 g d’AGPI n-3 à longue chaîne/100 g) : anchois, anguille, bar, carpe, flétan, mulet, saumonette, sardines en boîte, truite ;poissons maigres: les autres espèces de poissons mentionnées (moins de 0,5 g d’AGPI n-3 à longue chaîne/100 g ). d Comprend les poissons gras, les poissons demi-gras, les poissons maigres et les fruits de mer. e Comprend la viande, la charcuterie, les abats, la volaille, le gibier et les œufs.

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Tableau IV.Contributions des aliments aux apports en lipides totaux et en AGPI n-6 et n-3 (% de l’apport total en lipides ou en chaque acide

gras, moyenne de l’échantillon).

Groupes d’alimentsLipides totaux

18:2 n-6 20:4 n-6 18:3 n-3 20:5 n-3 22:5 n-3 22:6 n-3 LC n-3a

Viande et plats de viande 9,63 6,00 14,60 7,73 8,25 18,84 2,07 6,75Charcuterie 8,00 8,29 16,22 5,45 4,50 17,08 2,83 5,88Volaille & gibier 2,24 3,35 14,99 2,44 2,22 7,90 1,90 2,99Abats 0,42 0,33 4,44 0,24 1,92 5,17 1,34 2,27Oeufs 2,71 3,33 16,92 1,32 0,64 6,27 10,28 6,88Total Viande, volaille & oeufs 23,00 21,30 67,17 17,18 17,53 55,26 18,42 24,77

Lait 2,23 0,40 0,00 1,37 0,00 0,00 0,00 0,00Beurre & crème 11,57 1,91 0,00 9,24 0,00 0,00 0,00 0,00Fromages 11,94 2,14 1,06 11,83 0,00 0,00 0,00 0,00Fromages frais 1,15 0,23 0,00 0,86 0,00 0,00 0,00 0,00Yaourts 1,50 0,37 0,00 1,34 0,00 0,00 0,00 0,00Total Produits laitiers 28,39 5,05 1,06 24,64 0,00 0,00 0,00 0,00

Poissons grasb 1,13 0,30 4,66 0,99 32,93 19,99 33,00 30,87Poissons demi-grasc 0,33 0,25 1,62 0,36 11,15 3,90 8,14 8,50Poisson maigresd 0,61 0,54 2,04 0,28 14,39 4,55 15,03 12,73Mollusques & crustacés 0,27 0,12 2,74 0,12 13,51 3,96 8,51 9,06Total Poissons & fruits de mer 2,34 1,21 11,06 1,75 71,98 32,40 64,68 61,16

Huiles végétales 5,26 16,98 0,00 3,74 0,00 0,00 0,00 0,00Margarines 2,43 3,81 0,00 2,79 0,00 0,00 0,00 0,00Graisses animales 0,21 0,19 0,20 0,21 0,05 0,28 0,05 0,09Sauces grasses 4,73 12,56 0,84 3,24 0,03 0,33 0,48 0,31Total Corps gras 12,64 33,54 1,04 9,98 0,08 0,61 0,53 0,40

Céréales p. petit déjeuner 0,48 1,15 0,00 0,52 0,00 0,00 0,00 0,00Pains 1,99 6,44 0,01 5,86 0,00 0,00 0,01 0,00Viennoiseries 2,70 1,61 1,99 2,93 0,06 0,72 1,24 0,81Pâtes & rize 1,10 1,11 0,40 0,47 0,42 0,43 0,17 0,27Total Produits céréaliers 6,27 10,31 2,40 9,78 0,48 1,15 1,41 1,08

Fruits 0,77 1,88 0,00 6,36 0,00 0,00 0,00 0,00Noix & graines 1,39 3,16 0,00 3,12 0,00 0,00 0,00 0,00Légumesf 1,88 4,12 0,16 8,29 0,23 0,08 0,17 0,16Légumes secs 0,09 0,26 0,00 1,16 0,00 0,00 0,00 0,00Pommes de terreg 1,55 3,33 0,16 1,47 0,00 0,04 0,08 0,05Soupes 1,25 0,31 0,21 0,73 0,89 0,51 0,60 0,65Total Fruits & légumes 6,93 13,06 0,53 21,13 1,12 0,63 0,85 0,86

Biscuits 0,69 0,76 0,35 0,91 0,01 0,12 0,21 0,14Chocolat 1,41 0,64 0,00 0,28 0,00 0,00 0,00 0,00Pâtisserie, desserts 10,20 6,74 11,21 7,43 0,31 3,87 7,06 4,53Sucre & bonbons 0,04 0,07 0,00 0,35 0,00 0,00 0,00 0,00Total Produits sucrés 12,34 8,21 11,55 8,97 0,32 3,99 7,27 4,67

Épices & saucesh 0,28 0,22 0,04 0,45 0,02 0,04 0,01 0,01Boissons chaudes 1,07 0,33 0,00 0,58 0,00 0,00 0,00 0,00Produits diététiques 0,09 0,09 0,02 0,17 1,97 1,06 1,09 1,40Snacks 5,93 5,23 4,11 4,49 4,36 3,98 4,36 4,18Divers 0,71 1,42 1,03 0,85 2,13 0,87 1,37 1,45Total divers 8,08 7,29 5,20 6,54 8,48 5,95 6,83 7,04a AGPI n-3 à longue chaîne : somme de 20:5 n-3, 22:5 n-3 et 22:6 n-3. b Plus de 1,5 g d’AGPI n-3 à longue chaîne/100 g : œufs de poisson, hareng, maquereau, saumon, sardines fraîches, thon frais. c Entre 0,5 g et 1,5 g d’AGPI n-3 à longue chaîne/100 g : anchois, anguille, bar, carpe, flétan, mulet, saumonette, sardines en boîte, truite. d Les autres espèces de poissons mentionnées (moins de 0,5 g d’AGPI n-3 à longue chaîne/100 g ). e Y compris les plats à base de pâtes ou de riz. f Y compris les plats à base de légumes. g Y compris les plats à base de pommes de terre. h Sauf les sauces grasses, qui sont classées dans le groupe des corps gras.

Cah. Nutr. Diét., 40, 5, 2005 265

aliments

produits laitiers. Les poissons et les fruits de mer sont lesprincipales sources d’EPA et de DHA, contribuant à 72 %et 65 %, respectivement, de l’apport en ces acides gras.Le DPA est principalement apporté par les viandes, lesvolailles et les œufs, qui contribuent à 55 % de l’apport,les poissons et fruits de mer étant la seconde source(32 %). Globalement, 60 % des AGPI n-3 à longue chaînesont apportés par les poissons et les fruits de mer, et25 % par les produits d’animaux terrestres. Bien quellepuisse être importante chez certains individus, la contribu-tion des suppléments d’huile de poisson à l’apport enAGPI n-3 à longue chaîne est en moyenne très faible(environ 1 %).Quelques caractéristiques des quintiles d’apport en acideα -linolénique et en AGPI n-3 à longue chaîne (exprimésen % de l’apport énergétique) sont présentés dans lestableaux V et VI, respectivement. L’apport en lipidestotaux (exprimé en % de l’énergie) augmente à traversles quintiles successifs d’apport en acide α -linolénique,mais l’apport énergétique ne s’accroît pas parallèlement(tableau V). La consommation de viande, de volaille ded’oeufs est stable (chez les hommes) ou augmente (chezles femmes) travers les quintiles successifs d’apport enacide α -linolénique (tableau V). La consommation d’hui-les riches en acide α -linolénique (colza, soja, noix) est 15à 19 fois plus élevée dans le 5e quintile d’apport en acideα -linolénique que dans le premier, mais le niveau est trèsbas (moins de 0,2 g/j dans le 5e quintile). La consommationde fruits et légumes augmente sensiblement avec l’apporten acide α -linolénique (de 41-46 % entre le 5e quintile et

le premier) (tableau V). Les sujets situés dans le 5e quintiled’apport en AGPI n-3 à longue chaîne consomment 24 foisplus de poissons gras, 7 fois plus de poisson demi gras,deux fois plus de poisson maigre et 4 fois plus de fruitsde mer que les sujets situés dans le premier quintile(tableau VI). À l’inverse, l’apport énergétique diminueà travers les quintiles successifs d’apport en AGPI n-3 àlongue chaîne, et ceux de lipides (en % de l’énergie) et deviande, volailles et œufs restent stables.

Discussion

La qualité de l’estimation des apports en nutriments depopulations dépend de la méthode de mesure des consom-mations alimentaires. Une bonne estimation des apportsen énergie, en lipides et en acides gras exige une mesurede l’ingéré de tous les aliments, puisqu’un grand nombred’aliments contribuent aux apport de ces nutriments. Unpoint fort de cette étude est la méthode utilisée pourmesurer les consommations : les enregistrements de24 heures répétés, avec indications de taille de portions,permettent une mesure à la fois précise et détaillée desconsommations de chaque jour, et l’inclusion d’un nom-bre suffisant de jours d’enregistrement permet d’estimersans biais majeur les consommations individuelles moyen-nes de la plupart des aliments. D’autres points fort decette étude sont le recrutement national et la taille del’échantillon. Sa principale limite réside dans le recrute-ment de volontaires impliqué par les études d’intervention :

Tableau V.Caractéristiques des quintiles d’apport en acide α -linolénique (moyennes ± erreur standard) a.

Quintiles d’apport en 18:3 n-3

(% de l’énergie)

Hommes < 0,32 [0,33-0,34[ [0,34-0,37[ [0,37-0,40[ > 0,40p du test de Fisher

p du testde tendance

linéaireFemmes < 0,33 [0,33-0,36[ [0,36-0,39[ [0,39-0,42[ > 0,42

Nombre de sujets Hommes 419 420 420 420 420– –

Femmes 557 557 557 557 557

Apport énergétique (Mj/jour)Hommes 9,89 ± 0,1 9,85 ± 0,10 9,84 ± 0,10 9,66 ± 0,09 9,57 ± 0,09 0,075 0,006

Femmes 7,20 ± 0,07 7,35 ± 0,07 7,30 ± 0,07 7,23 ± 0,07 7,15 ± 0,07 0,240 0,314

Lipides totaux(% de l’énergie)

Hommes 32,4 ± 0,2 a 35,5 ± 0,2 b 36,6 ± 0,2 c 38,4 ± 0,2 d 38,6 ± 0,2 d < 0,001 < 0,001

Femmes 34,9 ± 0,2 a 37,5 ± 0,2 b 38,5 ± 0,2 c 3,5 ± 0,2 d 40,2 ± 0,2 e < 0,001 < 0,001

18:2 n-6 (% de l’énergie)

Hommes 3,64 ± 0,05 a 3,95 ± 0,05 b 4,04 ± 0,05 b 4,35 ± 0,05 c 4,65 ± 0,05 d < 0,001 < 0,001

Femmes 3,70 ± 0,04 a 4,04 ± 0,04 b 4,18 ± 0,04 b 4,39 ± 0,04 c 4,81 ± 0,04 d < 0,001 < 0,001

18:2 n-6/18:3 n-3Hommes 12,6 ± 0,2 a 12,0 ± 0,2 b 11,4 ± 0,1 c 11,3 ± 0,1 c 10,2 ± 0,1 d < 0,001 < 0,001

Femmes 12,0 ± 0,1 a 11,6 ± 0,1 b 11,1 ± 0,1 bc 10,9 ± 0,1 c 10,1 ± 0,1 d < 0,001 < 0,001

Viandes, volailles & oeufsb (g/jour)

Hommes 186 ± 4 188 ± 3 186 ± 3 191 ± 4 185 ± 4 0,609 0,481

Femmes 119 ± 2 a 129 ± 2 ab 133 ± 2 bc 136 ± 2 c 132 ± 2 bc < 0,001 < 0,001

Produits laitiers (g/jour)

Hommes 270 ± 8 268 ± 8 281 ± 7 259 ± 8 253 ± 7 0,262 0,698

Femmes 266 ± 7 253 ± 6 249 ± 6 255 ± 6 235 ± 6 0,201 0,193

Huiles végétales & sauces grasses (g/jour)

Hommes 9,7 ± 0,3 a 10,9 ± 0,3 ab 11,0 ± 0,3 bc 11,6 ± 0,3 bc 12,4 ± 0,3 c < 0,001 < 0,001

Femmes 7,4 ± 0,2 a 8,4 ± 0,2 b 9,1 ± 0,2 bc 9,8 ± 0,2 c 10,5 ± 0,2 d < 0,001 < 0,001

Huiles de colza, de soja & de noix (g/jour)

Hommes 0,01 ± 0,00 a 0,02 ± 0,00 ab 0,04 ± 0,01 ab 0,08 ± 0,01 b 0,19 ± 0,03 c < 0,001 < 0,001

Femmes 0,01 ± 0,00 a 0,02 ± 0,00 a 0,02 ± 0,01 a 0,04 ± 0,01 a 0,15 ± 0,02 b < 0,001 < 0,001

Fruits & légumes (g/jour)

Hommes 291 ± 7 a 333 ± 7 b 365 ± 8 c 373 ± 8 cd 426 ± 9 d < 0,001 < 0,001

Femmes 274 ± 7 a 294 ± 5 b 326 ± 6 b 357 ± 6 c 386 ± 6 d < 0,001 < 0,001a Dans chaque ligne, les moyennes suivies d’une lettre commune ne sont pas significativement différentes selon le test de Bonferroni (p < 0,05). b Comprend les viandes, la charcuterie, les abats, les volailles, le gibier et les œufs.

266 Cah. Nutr. Diét., 40, 5, 2005

aliments

des sujets acceptant de prendre quotidiennement un sup-plément alimentaire et de répondre à des questionnairespendant 8 ans ne peuvent être considérés comme repré-sentatifs de la population, mais sont vraisemblablementplus soucieux de leur santé et de leur alimentation que lamoyenne des français de la même tranche d’âge.Malgré de grandes différences dans les habitudes alimen-taires, les apports en acide linoléique ne montrent pasde grandes variations entre des échantillons de populationde divers pays (Canada, États-Unis, Japon, Norvège, Alle-magne, Belgique, Pays-Bas, Australie et France) : la plu-part des estimations de l’apport en acide linoléique sontcomprises entre 4 % et 6 % de l’apport énergétique [7-9,11-15, 24-27]. On a trouvé les valeurs les plus élevées enAllemagne [12] et aux Pays-Bas [27, 28] (environ 5-6 %),les plus basses en France (3,9-4,4 %) [7, 28]. Ces derniè-res estimations, obtenues sur de petits échantillons et pardes méthodes différentes, sont remarquablement prochesdes nôtres. Les Japonais consomment en moyenne moinsde lipides que les occidentaux : 20-29 % de l’énergie aulieu de 33-45 % [9, 26, 29, 30], mais leur apport en acidelinoléique est aussi élevé [9, 10, 26, 31]. À la différencede l’acide linoléique, l’apport moyen en acide α -linoléni-que varie très significativement entre populations : de 0,3à 1 % de l’apport énergétique. On trouve les apportsmoyens les plus élevés au Japon : 1,7-2,2 g/jour ou 0,7-

1 % de l’énergie, avec un rapport linoléique/α -linoléniquecompris entre 4 et 8 [9, 10, 26, 31, 32], en conséquencede l’usage répandu des huiles de colza et de soja dansce pays [29, 30]. Dans les pays occidentaux (États-Unis,Canada, Norvège, Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Aus-tralie), les apports moyens en α -linolénique se situent dansles fourchettes de 1,3-1,8 g/jour pour les hommes et 1,2-1,7 g/jour pour les femmes, ou 0,5-0,6 % de l’apporténergétique, avec un rapport linoléique/α -linoléniquecompris entre 6 et 10 [8, 11-15, 25, 27]. Combe et Boué[7] ont estimé à 0,6-0,8 g/jour, ou 0,30-0,36 % de l’éner-gie, l’apport en α -linolénique dans un petit échantillon defrançaises, en bon accord avec notre estimation (0,7 g/jourchez les femmes, ou 0,37 % de l’énergie). Le rapport lino-léique/α -linolénique trouvé par Combe et Boué [7] et parla présente étude est nettement plus élevé que dans la plu-part des autres études (11 à 14 vs 6 à 10). L’étude Trans-fair a comparé les apports en acides gras d’échantillonsde populations de 14 pays d’Europe [28]. Dans l’échan-tillon français de cette étude, l’apport en α -linolénique aété estimé à 0,6 g/jour chez les hommes et 0,5 g/jourchez les femmes, environ 30 % en dessous de notre esti-mation, et la valeur la plus basse parmi les pays étudiés,dans lesquels l’apport variait de 0,6 à 2,2 g/jour dans lesdeux sexes [28]. D’autres pays d’Europe du Sud (Grèce, Ita-lie, Portugal, Espagne) ont aussi des valeurs basses d’apport

Tableau VI.Caractéristiques des quintiles d’apport en AGPI n-3 à longue chaîne (moyennes ± erreur standard) a, b.

Quintiles d’apport en AGPI n-3

à longue chaîne (% de l’énergie)

Hommes < 0,09 [0,09-0,14[ [0,14-0,19[ [0,20-0,28[ > 0,28p du test de Fisher

p du test de tendance

linéaireFemmes < 0,09 [0,09-0,14[ [0,14-0,20[ [0,20-0,32[ > 0,32

Nombre de sujets Hommes 419 420 420 420 420– –

Femmes 557 557 557 557 557

Apport énergétique (Mj/jour)

Hommes 10,06 ± 0,10 a 9,86 ± 0,09 ab 9,86 ± 0,10 ab 9,63 ± 0,09 bc 9,40 ± 0,10 c < 0,001 < 0,001

Femmes 7,47 ± 0,07 a 7,35 ± 0,07 a 7,34 ± 0,07 a 7,21 ± 0,07 a 6,86 ± 0,06 b < 0,001 < 0,001

Lipides totaux (% de l’énergie)

Hommes 35,4 ± 0,2 a 36,0 ± 0,2 ab 36,7 ± 0,2 b 36,6 ± 0,2 b 36,8 ± 0,2 b < 0,001 < 0,001

Femmes 38,0 ± 0,2 37,8 ± 0,2 38,4 ± 0,2 38,3 ± 0,2 38,2 ± 0,2 0,129 0,150

Viandes, volailles & œufsc (g/jour)

Hommes 189 ± 3 192 ± 3 193 ± 4 180 ± 3 182 ± 3 0,044 0,012

Femmes 127 ± 2 ab 134 ± 2 a 133 ± 2 ab 131 ± 2 ab 124 ± 2 b 0,003 0,167

Poissons grasd (g/jour)

Hommes 0,6 ± 0,1 a 2,4 ± 0,1 b 5,8 ± 0,3 c 11,1 ± 0,3 d 26,5 ± 0,7 e < 0,001 < 0,001

Femmes 0,4 ± 0,0 a 1,5 ± 0,1 b 4,6 ± 0,2 c 10,3 ± 0,3 d 23,4 ± 0,5 e < 0,001 < 0,001

Poissons demi-grase (g/jour)

Hommes 1,1 ± 0,1 a 3,4 ± 0,3 b 5,2 ± 0,3 bc 7,0 ± 0,5 cd 9,7 ± 0,7 d < 0,001 < 0,001

Femmes 0,5 ± 0,1 a 2,7 ± 0,2 b 4,0 ± 0,3 c 5,0 ± 0,3 cd 6,7 ± 0,5 d < 0,001 < 0,001

Poissons maigresf (g/jour)

Hommes 13,8 ± 0,7 a 21,6 ± 0,9 b 24,6 ± 1,2 b 27,4 ± 1,2 b 27,6 ± 1,2 b < 0,001 < 0,001

Femmes 11,1 ± 0,5 a 18,3 ± 0,6 b 18,7 ± 0,7 b 20,3 ± 0,8 b 22,3 ± 0,8 c < 0,001 < 0,001

Mollusques & crustacés (g/jour)

Hommes 3,8 ± 0,3 a 8,2 ± 0,5 b 11,5 ± 0,7 b 15,1 ± 0,8 c 16,7 ± 0,9 c < 0,001 < 0,001

Femmes 2,8 ± 0,2 a 6,8 ± 0,4 b 9,9 ± 0,5 c 10,7 ± 0,6 c 12,6 ± 0,6 c < 0,001 < 0,001

Total poisson & fruit de mer (g/jour)

Hommes 19,3 ± 0,7 a 35,6 ± 0,9 b 47,0 ± 1,3 c 60,6 ± 1,4 d 80,4 ± 1,7 e < 0,001 < 0,001

Femmes 14,7 ± 0,5 a 29,3 ± 0,7 b 37,1 ± 0,8 c 46,4 ± 1,0 d 64,8 ± 1,2 e < 0,001 < 0,001a AGPI n-3 à longue chaîne : somme de 20:5 n-3, 22:5 n-3 et 22:6 n-3. b Dans chaque ligne, les moyennes suivies d’une même lettre ne diffèrent pas significativement selon le test de Bonferroni (p < 0,05). c Comprend les viandes, la charcuterie, les abats, les volailles, le gibier et les œufs. d Plus de 1,5 g d’AGPI n-3 à longue chaîne/100 g : œufs de poisson, hareng, maquereau, saumon, sardines fraîches, thon frais. e Entre 0,5 g et 1,5 g d’AGPI n-3 à longue chaîne/100 g : anchois, anguille, bar, carpe, flétan, mulet, saumonette, sardines en boîte, truite. f Les autres espèces de poissons mentionnées (moins de 0,5 g d’AGPI n-3 à longue chaîne/100 g ).

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en acide α -linolénique (0,6-0,8 g/jour chez les hommes) etdes valeurs élevées du rapport linoléique/α -linolénique(> 13), alors que des valeurs plus proches des recomman-dations sont observées dans les pays de l’Europe du Nord-Ouest (Royaume-Uni, Belgique, Pays-Bas, Danemark,Suède, Finlande et Islande) [28]. Parmi les habitudesalimentaires qui rendent compte de cette différence, laconsommation beaucoup plus faible de margarines enFrance et en Europe du Sud que dans l’Europe du Nord-Ouest est vraisemblablement déterminante [33]. Nous trou-vons, comme Combe et Boué [7], que les produits animauxsont les principales sources d’acide α -linolénique. Cepen-dant, la variation de l’apport en α -linolénique dans notreéchantillon n’est pas spécifiquement liée à la consomma-tion de produits animaux, mais principalement à l’apporten lipides et secondairement à la consommation de sour-ces mineures comme les fruits et légumes.Notre estimation de l ‘apport en acide arachidonique (envi-ron 200 mg/jour chez les hommes et 150 mg/jour chezles femmes, 0,08 % de l’énergie) est dans la fourchette decelles obtenues dans des études issues de différents pays :160-230 mg/jour chez les hommes et 120-200 mg/jourchez les femmes [9-14, 26, 31]. Des valeurs plus élevéesont été trouvées dans une étude sur une population dunord de l’Espagne (250 mg/jour en moyenne, hommeset femmes confondus) [34]. Des études australiennestrouvent des valeurs nettement plus basses : 130 mg/jourchez les hommes et 96 mg/jour chez les femmes [35],68 mg/jour chez les hommes et 41 mg/jour chez les fem-mes [15]. Pourtant, la consommation de viande et d’œufs,les principales sources d’acide arachidonique, sont aumoins aussi élevées en Australie qu’en France [36], et lesteneurs en acide arachidonique des viandes, des volailles,du foie et des œufs dans notre table sont comparables àcelles publiées dans l’une des études australiennes [35].Nous avons tenu compte dans notre table du fait que lagraisse de viande, en particulier de viande de porc, peutcontribuer significativement à l’apport en acide arachido-nique [37], mais ceci ne semble pas pouvoir expliquer lagrande différence entre les valeurs trouvées par Meyer etal. [15] et celles trouvées dans d’autres études, dont lanôtre. La méthode utilisée par Meyer et al. : le rappel uni-que de 24 heures, peut avoir sous-estimé la consomma-tion d’aliments riches en acide arachidonique.Les estimations des apports en AGPI n-3 à longue chaînemontrent de grandes variations selon les études et les pays.Les apports les plus élevés sont observés au Japon : 1-1,5 gd’EPA + DHA/jour chez les hommes et 0,7-1,1 g/jourchez les femmes [9, 10, 26, 31, 32], mais des valeursélevées ont été trouvées en Norvège (1 g/jour chez leshommes et 0,7 g/jour chez les femmes) [14] et en Espa-gne (0,7 g/jour chez les deux sexes confondus) [34], ce quis’explique par la plus grande consommation de poissondans les pays Scandinaves et en Espagne que dans le restede l’Europe [38]. Les valeurs les plus basses d’apport enEPA + DHA ont été trouvées aux États-Unis (210 mg/jourchez les hommes et 240 mg/jour chez les femmes) [24], enAllemagne (315 mg/jour chez les hommes et 215 mg/jourchez les femmes) [12] et en Australie (190 mg/jour chezles hommes et 135 mg/jour chez les femmes) [15]. Laconsommation moyenne de poisson et de fruit de meren France figure parmi les plus élevées d’Europe (aprèsl’Espagne et les pays scandinaves) [38].

Conclusion

En résumé, cette étude montre que l’apport moyen d’acideα -linolénique dans la population française adulte est bas :0,38 % l’apport énergétique, 95 % de la population ayantun apport inférieur à 0,5 %. Cet apport est plus bas queceux mesurés en Amérique du Nord, en Australie et auJapon, et est l’un des plus bas en Europe. L’apport enacide linoléique est comparable à celui trouvé dans beau-coup d’autres pays (4,2 % de l’apport énergétique). Il enrésulte un rapport linoléique/α -linolénique élevé : 11,3 enmoyenne. En termes d’adéquation des apports, la popula-tion française adulte est loin des actuelles recommandations :un apport en acide α -linolénique égal à 0,8 % de l’apporténergétique, avec un rapport linoléique/α -linolénique aussiproche que possible de 5 [5] ou même moins [6]. Cet étatde fait est dû, pour une grande part, à la consommationélevée d’huile riches en acide linoléique (tournesol) et àla faible consommation des sources concentrées d’acideα -linolénique : les huiles de colza, de soja et de noix, ainsique certaines margarines, celles qui contiennent des huiles decolza ou de soja. Le fait que l’apport en acide α -linoléniqueest fortement corrélé à l’apport en lipides pose un autreproblème : si l’actuelle recommandation de diminuerl’apport lipidique de la ration est suivie [5, 39], il est vrai-semblable qu’il en résultera une diminution concomitantede l’apport en acide α -linolénique si rien n’est changé dansle choix des corps gras et/ou dans leur composition enacides gras. Il serait théoriquement possible d’améliorerl’apport en acide α -linolénique sans augmenter l’apporten lipides ni l’apport en acide linoléique en encourageantl’utilisation d’huile riches en acide α -linolénique (huile decolza ou mélanges contenant de l’huile de colza) commehuiles pour assaisonnement, ainsi que des margarines etpâtes à tartiner à base d’huile de colza à la place dubeurre.En revanche, l’apport moyen en AGPI n-3 à longue chaîneatteint 400-500 mg/jour ou 0,21 % de l’apport énergéti-que, dont 0,11 % pour le DHA, soit bien au-dessus desapports recommandés pour les sujets adultes (0,2 % del’énergie pour tous les AGPI à longue chaîne, 0,05 % del’énergie pour le DHA). Cependant il y a de très grandesvariations individuelles, dues aux grandes variations dansla consommation de poissons et de fruits de mer. Les sujetsdans le quintile le plus bas d’apport en AGPI n-3 à longuechaîne ingèrent moins de 0,09 % de leur énergie sousforme d’AGPI n-3 à longue chaîne, et ne consomment enmoyenne que 15 g de poisson et fruits de mer/jour, dontmoins de 1 g/jour de poisson gras (tableau VII). Cepen-dant, l’échantillon de population étudié est plus soucieuxde sa santé que la moyenne des français, et mange vrai-semblablement davantage de poisson. Par conséquent, ildonne une image plutôt optimiste des apports en AGPIn-3 longue chaîne de la population française, en particulierpour les petits consommateurs de poisson. Encourager laconsommation de poisson pour atteindre au moins deuxportions par semaine, dont une portion de poisson gras,pourrait augmenter l’apport en AGPI n-3 à longue chaîneà au moins 0,2 % de l’énergie.À la différence d’autres espèces animales, la biosynthèsedes en AGPI n-3 à longue chaîne à partir de l’acide α -linolénique n’a lieu chez l’homme qu’avec un rendementfaible : moins de 5 % dans la plupart des études [40],0,2 % dans un travail récent [41]. Si l’on considère quel’acide α -linolénique exerce ses effets à travers sa conversion

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en AGPI n-3 à longue chaîne, ces données signifient que50 mg de ces acides gras, peut-être beaucoup moins, sontnutritionnellement équivalents à 1 g d’acide α -linolénique.Cependant, la question du rôle de l’acide α -linoléniqueper se est encore matière à débat [42]. En attendant denouvelles avancées, favoriser la consommation d’huiles etde margarines riches en acide α -linolénique et promouvoirla consommation de poisson sont deux moyens complé-mentaires d’améliorer le statut en acides gras essentiels dela population française.

Résumé

Les apports en énergie, en lipides, et en acides gras poly-insaturés n-6 et n-3 ont été mesurés chez 4 884 adultesdes deux sexes, volontaires de l’étude d’interventionSU.VI.MAX. En % de l’apport énergétique, les apportssont : linoléique 4,2, α -linolénique 0,38, arachidonique0,08, eicosapentaénoïque (EPA) 0,06, docosapentaénoïque(DPA) 0,03 et docosahexaénoïque (DHA) 0,11, avec unrapport linoléiquec/α -linolénique égal à 11,3. L’apporten acide α -linolénique est très en dessous de l’apportrecommandé (0,8 % de l’énergie) pour la quasi-totalité dela population, en raison de la faible consommation decorps gras riches en cet acide gras. Les apports en AGPIn-3 à longue chaîne (EPA, DPA et DHA) sont plus satis-faisants en moyenne, mais avec de grandes variationsinterindividuelles, dues aux très grandes différences dansla consommation de poisson, notamment de poisson gras.

Mots-clés : Apports alimentaires – Acide linoléique –Acide α -linolénique – Acide arachidonique – AGPI n-3 àlongue chaîne.

Abstract

The intake of individual n-6 and n-3 polyunsaturatedfatty acids (PUFA) have been estimated in 4,884 adultsubjects of both sexes, volunteers from the FrenchSUVIMAX intervention trial. On an energy basis, bothmen and women consumed 4.2% energy as linoleicacid, 0.38% as α -linolenic acid, 0.08% as arachidonicacid, 0.06% as eicosapentaenoic acid (EPA), 0.03% asdocosapentaenoic acid (DPA) and 0.11% as docosa-hexaenoic acid (DHA), with a mean linoleic/α -linolenicacid ratio of 11.3. The intake of α -linolenic acid waswell below the current recommendations (0.8% ofenergy) for almost all subjects, as a consequence of thelow consumption of α -linolenic acid-rich oils and fats.The mean intake levels of long-chain n-3 PUFA werehigher than the recommended levels, but showed greatinterindividual variations, due to very large differencesin the consumption of fish, especially of fatty fish.

Key-words: Dietary intake – Linoleic acid – Arachi-donic acid – α -linolenic acid – Long-chain n-3 PUFA.

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