12
LA REVUE ROMANDE POUR UNE COOPéRATION SOLIDAIRE | E-CHANGER Inter-Agire Bethlehem Mission Immensee CHF 4.- | Abonnement annuel de soutien CHF 20.- Décembre 2014 No 4 Noémie Pulzer, coopér-actrice d'E-CHANGER-COMUNDO avec des femmes paysannes au Nicaragua LEONARDO BOFF APRÈS NOUS LE DÉLUGE ? INITIATIVES POUR UN NOUVEAU PARADIGME DE CIVILISATION www.e-changer.ch NOTRE ACTION AUX PHILIPPINES UN POTENTIEL EXTRAORDINAIRE FORUM SOCIAL MONDIAL 2015 BILAN ET PERSPECTIVES POUR LES MOUVEMENT SOCIAUX ÉCHANGES SUD-NORD SUCCÈS D’UN PROJET PILOTE COMUNDO AU NICARAGUA COOPÉR-ACTION SOLIDAIRE AU QUOTIDIEN

No 4 · lEs MOUvEMEnt sOCIaUX ÉCHANGES SUD-NORD sUCCÈs D’Un PrOJEt PIlOtE COMUNDO AU NICARAGUA COOPÉr-aCtIOn sOlIDaIrE aU QUOtIDIEn. 2 DÉCEMBrE 2014 eDitO Frédérique sorg

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: No 4 · lEs MOUvEMEnt sOCIaUX ÉCHANGES SUD-NORD sUCCÈs D’Un PrOJEt PIlOtE COMUNDO AU NICARAGUA COOPÉr-aCtIOn sOlIDaIrE aU QUOtIDIEn. 2 DÉCEMBrE 2014 eDitO Frédérique sorg

La revue rOMaNDe pOur uNe cOOpératiON sOLiDaire | E-ChangEr • Inter-agire • Bethlehem Mission Immensee

chf 4.- | Abonnement annuel de soutien chf 20.-

Décembre 2014 No 4

COMUNDO – Alliance suisse pour une coopération solidaire :

E-CHANGER · Inter-Agire · Bethlehem Mission Immensee

noé

mie

Pul

zer,

coo

pér-

actr

ice

d'E-

Ch

ang

Er-C

OM

Un

DO

ave

c de

s fe

mm

es p

aysa

nnes

au

nic

arag

ua

Er-C

OM

Un

DO

ave

c de

s fe

mm

es p

aysa

nnes

au

nic

arag

ua

LEONARDO BOFF APRÈS NOUS LE DÉLUGE?InItIatIvEs POUr Un nOUvEaU ParaDIgME DE CIvIlIsatIOn

www.e-changer.ch

LEONARDO BOFFAPRÈS NOUS LE DÉLUGE?

POUr Un nOUvEaU ParaDIgME DE CIvIlIsatIOn

www.e-changer.ch

NOTRE ACTION AUX PHILIPPINESUn POtEntIEl EXtraOrDInaIrE

FORUM SOCIAL MONDIAL 2015BIlan Et PErsPECtIvEs POUr

lEs MOUvEMEnt sOCIaUX

ÉCHANGES SUD-NORDsUCCÈs D’Un PrOJEt PIlOtE

COMUNDO AU NICARAGUACOOPÉr-aCtIOn sOlIDaIrE

aU QUOtIDIEn

Page 2: No 4 · lEs MOUvEMEnt sOCIaUX ÉCHANGES SUD-NORD sUCCÈs D’Un PrOJEt PIlOtE COMUNDO AU NICARAGUA COOPÉr-aCtIOn sOlIDaIrE aU QUOtIDIEn. 2 DÉCEMBrE 2014 eDitO Frédérique sorg

2 DÉCEMBrE 2014

eDitO Frédérique sorg Guigma responsable du programme Philippines

Le drame de Haiyan, le typhon dévastateur de novembre 2013. c’est l’image qu’évoque encore aujourd’hui, pour beaucoup d’entre nous, l’archipel des philippines. vingt jours durant, cet automne, nous avons rendu visite aux par-tenaires de cOMuNDO dans ce pays. et nous souhaitons ici partager avec vous l’intense émotion de cette découverte et de ces rencontres.

Un potentiel extraordinaire! tels sont les mots qui nous viennent pour décrire ce pays d’une grande richesse, tant en termes de ressources naturelles que de gentillesse et de générosité de ses habitants. Mais richesse également pour ce qui est du nombre et de la qualité des entreprises locales. Cependant, minées par la corruption et l’exploitation mas-sive et abusive de leurs ressources (pêche, forêts, sols, sous-sols…), les Philippines, qui semblaient promises à un bel avenir de développement en 1945, au sortir de la guerre, sont maintenant l’un des pays les plus appauvris d’asie.

les raisons de ces difficultés sont principalement liées à la corruption – un phénomène très important aux Philippines – à un fort taux de croissance démographique et aux crises envi-ronnementale et climatique. En effet, malgré une croissance économique constante ces dernières années, la pauvreté n’a pas baissé, et la proportion des personnes sans emploi (7-10%) ou sous-employées continue à augmenter (21%, un des taux les plus élevés d’asie). 28% de la population, prin-cipalement en zone rurale, dont les revenus sont liés à la production agricole, vit sous le seuil de pauvreté (moins de 1 Us$ par jour). Dix pour cent des Philippins résident ou tra-vaillent à l’étranger.

la république des Philippines est également un pays très iné-galitaire: les deux personnes les plus riches du pays ont le même revenu que les 20% les plus pauvres de la population; les 40 familles les plus fortunées accaparent 76% du PIB, ce qui constitue le taux le plus élevé de toute l’asie.

Depuis plus de 20 ans, COMUnDO appuie des diocèses et, depuis peu, également des organisations de la société civile dans le nord de l’île de luçon. au cours de notre voyage, nous avons rencontré nombre d’acteurs courageux et enga-gés dans la lutte contre la pauvreté, pour la protection de l’environnement ou pour la bonne gouvernance. Dix coopér- acteurs/actrices sont actif-ve-s dans des projets, très proches des communautés, très engagé-e-s auprès des organisations partenaires, parlant souvent non seulement l’anglais mais également une, voire deux langues locales.

Dans les prochaines années, COMUnDO entend poursuivre les projets en cours avec les organisations partenaires actuelles. Elle va, en complément, développer l’appui à des organisa-tions de la société civile et à des mouvements sociaux. Cette complémentarité n’est pas nouvelle aux Philippines: la longue histoire de résistance du peuple philippin (contre la colonisa-tion espagnole, puis américaine, ainsi que contre la dictature Marcos) a vu les mouvements sociaux et l’Eglise s’engager côte à côte pour opposer un contrepouvoir et faire avancer les débats sociaux et environnementaux.

nous nous sentons proches des organisations partenaires locales, qui s’engagent pour améliorer les conditions de vie des populations les plus défavorisées et pour défendre leurs droits. nous sommes fiers de pouvoir les appuyer grâce à des coopér-acteurs/actrices professionnel-le-s et expérimenté-e-s. Ensemble dans la lutte, solidaires dans l’engagement!

©P

hoto

E-C

h, s

ergi

o Fe

rrar

i.

pHiLippiNes

Des parteNaires LOcauX De GraNDe vaLeur et uN pOteNtieL prOMetteur

les coopér-acteurs/actrices COMUnDO aux Philippines pendant la visite de la responsable du programme Frédérique sorg guigma (première à gauche) et de la secrétaire générale d’E-Ch/COMUnDO, Josée Martin (au milieu, troisième à partir de la gauche)

Page 3: No 4 · lEs MOUvEMEnt sOCIaUX ÉCHANGES SUD-NORD sUCCÈs D’Un PrOJEt PIlOtE COMUNDO AU NICARAGUA COOPÉr-aCtIOn sOlIDaIrE aU QUOtIDIEn. 2 DÉCEMBrE 2014 eDitO Frédérique sorg

DÉCEMBrE 2014 3

Le MaGHreB cONvOQue a NOuveau Le FOruMsOciaL MONDiaL eN 2015sergio Ferrari et claude Desimoni

Le printemps arabe vit actuellement une phase de recul. La prochaine édition du Forum social Mondial, qui se tien-dra pour la seconde fois à tunis, du 24 au 28 mars 2015, s’avère donc particulièrement importante. La société civile suisse sera présente avec une délégation co-organisée par e-cHaNGer/cOMuNDO et alliance sud.

«Les mouvements sociaux doivent jouer un rôle essentiel», selon l’économiste marocain Mimoun rahmani, membre actif du Forum social du Maghreb.

Le FsM se tiendra de nouveau à tunis, en mars 2015. pourquoi conserver le même lieu qu’en 2013?Mr: le FsM tunis 2013 a été l’un des plus réussis, depuis sa naissance à Porto alegre, en 2001. le processus révolution-naire et les soulèvements populaires, un peu partout dans le monde arabe, y sont pour quelque chose. C’est en raison de ce bilan très positif que le Conseil international a pris la décision d’organiser la prochaine édition à tunis.

La situation post-printemps arabe a connu certains reculs... Quelle est votre évaluation de la situation, comparée à celle de 2013?Mr: si les soulèvements populaires, en 2011, ont pu faire chuter la tête des régimes en tunisie et en Egypte, ils n’ont pas pour autant entraîné de profondes transformations poli-tiques et économiques. le processus révolutionnaire est un combat qui nécessite une force politique qui le conduit. Or une telle force politique n’existe malheureusement nulle part dans la région. les gouvernements en place, élus ou imposés, ne mènent pas des politiques postulant des chan-gements en rupture avec le passé. En d’autres termes, ce sont les mêmes choix économiques néolibéraux, les mêmes politiques publiques, les mêmes orientations dictées par les institutions financières internationales ayant conduit à la révolution et aux soulèvements populaires qui continuent à être mises en œuvre, et plus de rigueur encore. Elles ne pourront donc que produire les mêmes effets, en particulier sociaux.

Quels devraient être, du point de vue des organisateurs maghrébins, les principaux axes de la prochaine édition?Mr: sur le plan régional, il y a tout d’abord le processus révolutionnaire en cours, notamment en tunisie (puisque le processus a avorté en Egypte et ailleurs). le FsM sera l’occasion pour les mouvements sociaux de tirer un bilan. D’autres thématiques seront à l’ordre du jour: l’islam poli-tique, les conflits régionaux, la guerre et la militarisation, les droits humains et la liberté d’expression et d’opinion (face aux arrestations et emprisonnements politiques que connait la région, notamment en Egypte, au Maroc, en tunisie…).

À l’échelle internationale, le contexte est marqué par la pour-suite de la crise globale et ses retombées sur les populations aussi bien au nord qu’au sud: austérité et plans de rigu-eur, endettement, accords de libre-échange... Et puis il y a la problématique du climat, qui représentera l’un des axes les plus importants et mobilisera plusieurs mouvements inter-nationaux.

©P

hoto

E-C

h, s

ergi

o Fe

rrar

i.

Délégation suisse au Forum social monDial à tunis, Du 20 au 28 mars 2015

Une nouvelle édition du forum Social Mondial se tiendra fin mars 2015 à Tunis. En choisissant à nouveau ce lieu, les organi-sateurs ont voulu faire écho aux changements politiques et sociaux qui, depuis 2010, sont survenus en Afrique du Nord ainsi que dans d’autres pays du Proche et Moyen-Orient. Ils souhaitent ainsi contribuer au renforcement des forces progressistes sur place.

Pour la dixième fois consécutive depuis 2001, E-chANGER/cOMUNDO et Alliance Sud conduiront à ce forum Social Mondial 2015 une nombreuse délégation suisse (presque 60 participants), comprenant parlementaires, professionnel-le-s des médias ainsi que représentant-e-s d’ONG et de syndicats. comme lors des éditions précédentes, un programme de visites intéressant sera proposé aux participant-e-s, avant le début du forum.

Page 4: No 4 · lEs MOUvEMEnt sOCIaUX ÉCHANGES SUD-NORD sUCCÈs D’Un PrOJEt PIlOtE COMUNDO AU NICARAGUA COOPÉr-aCtIOn sOlIDaIrE aU QUOtIDIEn. 2 DÉCEMBrE 2014 eDitO Frédérique sorg

4 DÉCEMBrE 2014

enzo ritterEx-volontaire et ex-secrétaire général d’I-a

«petite mais forte», ainsi pourrait-on définir notre association. Nous sommes devenus forts au travers de nos 44 années d’existence et de résistance car, de temps à autre, les difficultés n’ont pas manqué de se présenter.

Difficultés dont nous avons su triom-pher avec la détermination et l’engage-ment de nos membres. Mais nous de-meurons petits (70 adhérents), puisque la suisse italienne dans son ensemble ne totalise qu’environ 360'000 habi-tants, mais également parce que, dans la Fédération de la suisse italienne (FOsIt), on ne compte pas moins de 64 Ong!

Inter-agire (I-a) est la seule, en suisse italienne, qui s’occupe exclusivement de l’envoi de personnel qualifié en tant que coopér-acteurs/actrices. Et c’est là que réside notre force. si nous sommes bien connus et enracinés dans notre région, c’est en raison d’une histoire qui a vu plus de 130 volontaires partir pour l’afrique, l’asie et l’amé-rique latine. C’est aussi grâce à notre présence ponctuelle lors de tout évé-nement ou manifestation permettant de sensibiliser la population aux pro-blématiques des relations nord-sud-nord.

la structure d’Inter-agire comporte un comité de sept membres qui se réunit régulièrement. Ces réunions sont tantôt restreintes, tantôt ouvertes aux adhérents, notamment aux can-didats coopér-acteurs/actrices, pour lesquels il s’agit d’une manière de par-ticiper à la vie de l’association et donc de se préparer à leur engagement sur le terrain. le secrétariat d’Inter-agire est fort de cinq personnes à temps par-tiel, correspondant à un plein temps de 250%.

Elles se distribuent les tâches, qui vont de la sélection des candidats volon-taires à leur formation, de la sensibi-lisation à la recherche de fonds, de la rédaction de la revue CartaBIanCa à la responsabilité du programme pour l’amérique centrale, sans oublier les tâches administratives. Il va de soi qu’avec des forces aussi limitées une étroite collaboration entre les secteurs est indispensable lors d’actions ponc-tuelles. le travail d’Inter-agire compte aussi beaucoup sur la collaboration, à titre bénévole, des membres du comité, des simples adhérents, des anciens volontaires et des candidat-e-s.

au cours des dernières années, avant la création de cOMuNDO, les volon-taires d’inter-agire, étaient essen-tiellement actifs en amérique Latine, notamment au Nicaragua et en Boli-vie. Mais depuis peu les opportunités

d’engagement se sont ouvertes éga-lement à l’afrique et à l’asie. actuel-lement nos coopér-acteurs/actrices engagé-e-s au sud sont au nombre de sept: au nicaragua, un des pays où nous sommes le plus «enracinés», ils sont cinq, dont une jeune stagiaire et un coopér-acteur local, actifs-ves dans les secteurs sociaux, économiques, agricoles et écologiques; au salvador, une coopér-actrice locale travaille en tant que journaliste dans la défense des droits des travailleuses de l’in-dustrie textile; pour le moment nous n’avons qu’un volontaire en Bolivie, un architecte actif dans un projet d’habita-tion dans les banlieues.

au début de l’année prochaine un couple et leurs deux enfants partiront pour la Bolivie. Une première volontaire tessinoise se rendra aux Philippines où elle collaborera au travail d’un centre pour enfants handicapés. D’ici la fin de l’année 2014, cinq autres personnes n’attendent que le signal du départ pour le Burkina Faso, la Colombie, le Brésil ou encore la Bolivie.

tout cela montre la vitalité de notre petite organisation qui, grâce à sa collaboration avec E-ChangEr et Bethleem Mission Immensee, acquiert une envergure nationale.

cOMuNDO eN actiON

anna Mumenthaler, éducatrice d'Inter-agire au nicaragua ©Photo r. Colombi

iNter-aGire etLa FOrce De sON eNGaGeMeNt

Page 5: No 4 · lEs MOUvEMEnt sOCIaUX ÉCHANGES SUD-NORD sUCCÈs D’Un PrOJEt PIlOtE COMUNDO AU NICARAGUA COOPÉr-aCtIOn sOlIDaIrE aU QUOtIDIEn. 2 DÉCEMBrE 2014 eDitO Frédérique sorg

DÉCEMBrE 2014 5

cOMuNDO eN actiON

Maarten hofland, coopér-acteur BMI en Zambie ©Photo Marcel Kaufmann

campagne «starke Frauen – Fokus müttergesunDheit»BMI a lancé une campagne de sensibi-lisation suisse sur la santé des mères, thème qui fait partie des Objectifs du Millénaire: d’ici à 2015, la morta-lité maternelle devrait être réduite de trois-quarts. En 2014, le focus se fait sur les grossesses des adolescentes et les problèmes qui en découlent, en Suisse et dans le monde: chaque année, dans les pays en développe-ment, 7,3 millions de jeunes filles en-dessous de 18 ans deviennent mères. Or, les conséquences des grossesses et des accouchements sont pour elles dévastatrices, tout particulière-ment au niveau de leur santé: envi-ron 200 jeunes filles meurent chaque jour, alors que d’autres souffrent parfois toute leur vie des séquelles de ces maternités précoces. c’est cette réalité que BMI souhaite souligner en 2014, au travers de sa campagne, avec la soirée de sensibilisation «Mutternacht» qui s’est déroulée en mai 2014 sur le thème de la santé maternelle et particulièrement des grossesses précoces.

LOrsQue Les eNFaNts FONt Des eNFaNts

Lilian Hässig*responsable de presse de BMI

Ibenga est situé dans une région rurale de Zambie, pays qui compte environ 13 millions d’habitants dont plus de la moitié vit sous le seuil de pauvreté. «la pauvreté est l’une des raisons pour lesquelles les adolescentes sont déjà mères», affirme Marteen hofland, parti avec son épouse heleen van Mieghem, en juillet 2013, pour y oeuvrer en tant que coopér-acteur de Bethlehem Mis-sion Immensee (BMI), qui fait égale-ment partie de COMUnDO. BMI est une association fondée en l’an 2000 à partir de la société missionnaire de Bethle-hem (sMB) et, en 2013, elle a regroupé ses forces au sein de COMUnDO aux côtés d’E-ChangEr et d’Inter-agire.

Marteen hofland s’est donc envolé en famille pour l’afrique afin de mettre ses compétences en gynécologie au ser-vice de l’hôpital missionnaire de sainte thérèse à Ibenga, au sein duquel sa femme collabore également comme spécialiste de médecine tropicale. la Zambie présente malheureusement un taux élevé de mortalité maternelle: pour 100'000 enfants qui voient le jour chaque année, 440 femmes meurent durant la

grossesse, l’accouchement ou après ce dernier. Ce taux était de 470 décès en 1990 et il n’a que très peu évolué en 20 ans; à titre de comparaison, en suisse, il s’élève à 8 décès pour 100'000 naissances.

relations sexuelles et pauvreté

«les adolescentes enceintes sont un grand problème», constate Marteen hofland. Il est en effet très courant, particulièrement dans les villages, que les jeunes filles entre 14 et 16 ans se marient et tombent très vite enceintes. le gynécologue voit également de nombreux cas de jeunes filles sco-larisées, non-mariées, qui tombent accidentellement enceintes. les rela-tions sexuelles avec des hommes déjà mariés ou en position de pouvoir – les adolescentes n’ayant pas leur mot à dire – sont en effet fréquentes durant le parcours scolaire.

l’un des facteurs les plus importants expliquant le nombre élevé de jeunes filles qui ont déjà des relations sexuelles est la pauvreté: pour quelques cadeaux ou un peu d’argent, quelques-unes sont très vite consentantes alors que les moyens contraceptifs sont dispo-nibles mais très peu utilisés. Or, l’ave-nir de ces adolescentes change com-plètement avec leur grossesse: elles doivent quitter l’école et s’occuper de leur enfant alors qu’elles sont elles-mêmes à peine adultes. souvent, des complications surviennent durant l’ac-couchement et le risque est élevé pour

les nouveau-nés de souffrir de dénutri-tion. «en tant que gynécologue, mon travail quotidien est, ici, très complexe et exigeant, si je le compare à ce que je connais en europe», précise Marteen.

pas de chiffres exactsle gynécologue tente d’obtenir une représentation plus claire de la situa-tion actuelle dans la région d’Ibenga. Confronté aux chiffres nationaux, le taux de mortalité maternelle de l’hôpi-tal de sainte thérèse est relativement bas. Cependant, il reste très difficile à évaluer dans les villages car, dans le district, il n’existe aucun chiffre précis sur les accouchements qui se déroulent à la maison. Combien de fois quelque chose va-t-il de travers? Com-bien de mères meurent-elles à la mai-son? autant de réponses que Marteen hofland doit trouver. Dans le même temps, il souhaite instaurer un dia-logue avec les chefs des villages pour travailler ensemble à des solutions.

*traduit et adapté de l’allemand par Céline Pellissier

cOMuNDO eN actiON

Page 6: No 4 · lEs MOUvEMEnt sOCIaUX ÉCHANGES SUD-NORD sUCCÈs D’Un PrOJEt PIlOtE COMUNDO AU NICARAGUA COOPÉr-aCtIOn sOlIDaIrE aU QUOtIDIEn. 2 DÉCEMBrE 2014 eDitO Frédérique sorg

6 DÉCEMBrE 2014

Jasmine Balmer, responsable du recrutement d'E-ChangEr/COMUnDO

nous avons la chance de pouvoir vous proposer un cycle de formation en par-tenariat avec Eirene et DM Echange et Mission. En effet, s’engager pour un monde plus juste implique de la motivation, de la volonté, mais aussi le développement de compétences, tant au niveau du savoir-faire que du savoir-être. Il s’agit d’un tout indissociable où chaque aspect joue un rôle important dans l’accomplissement d’un engage-ment solidaire, durable et respectueux des populations locales.

Les formations s’organisent sous forme de modules de 2 ou 3 jours en utilisant des outils de méthodologies participatives et d’éducation popu-laire. Ces méthodes permettent de mettre les expériences de vie et les connaissances pratiques au centre du processus d’apprentissage. Durant ces ateliers, vous avez la possibilité de confronter vos idées, de partager une vie de groupe, de vous exprimer en public, d’écouter, etc. le cycle cherche à favoriser une formation interactive où chacun trouve sa place.

les formations sont ouvertes à toute personne concernée par la probléma-tique du développement, en suisse ou au sud. les thèmes abordés sont très enrichissants, pour votre vie tant privée que professionnelle.

Êtes-vous intéressé/e par un départ en tant que coopér-acteur/trice? la pre-mière prise de contact s’effectue lors d’une séance d’information ou lors d’un rendez-vous avec le/la représentant/e de votre canton. Ensuite, après avoir obtenu de précieuses informations, vous pourrez décider de déposer votre dossier de candidature! la chargée de recrutement le lira avec beaucoup d’intérêt et, s’il correspond aux pro-fils recherchés, vous invitera pour un entretien. si ce dernier est concluant, tant à votre niveau qu’au nôtre, vous pourrez alors entamer une étape pas-sionnante: votre parcours de formation.

Nous demandons à chaque can-didat-e de participer à 5 modules au minimum qui seront sélection-nés selon votre parcours de vie et vos expériences professionnelles. Un seul module est obligatoire pour tous: «Engagement dans la coopéra-tion au développement: motivations

et compétences». Il permet une réelle introspection, une remise en question fondamentale de ses propres motiva-tions et compétences pour un éventuel départ au sud. grâce à de nombreuses mises en situation, vous pourrez réflé-chir sur votre propre comportement et sur celui des autres. suite à ce module, vous recevrez un feed-back de notre part et nous pourrons, ou non, confir-mer votre candidature.

Cette étape passée, vous serez présenté/e aux différent-e-s chargé-e-s de programme lors d’une séance. C’est à ce moment-là que les possi-bilités d’engagement dans des projets seront discutées. nous recherchons la concordance la meilleure possible pour respecter au mieux les besoins des organisations partenaires, tout comme ceux des coopér-acteurs/trices. nous vous accompagnerons durant tout le processus de préparation au départ, avec la formation comme pilier central.

alors, prêt/e pour de nouvelles décou-vertes, ici ou ailleurs?

prÊt-e pOur Des NOuveLLes DécOuvertes, ici Ou aiLLeurs?

Formation en suisse avant le départ ©Photo Jasmine Balmer

Les FOrMatiONs à veNir

Vous trouverez le programme détaillé de la formation et toutes les infor-mations utiles sur notre site internet www.e-changer.ch13-14 décembre 2014 :analyse et gestion de conflits24-25 janvier 2015 :renforcement institutionnel20-22 février 2015 :engagement dans la coopération au développement;Motivations et compétences20-22 mars 2015 :Les incontournables du développement17-19 avril 2015 :Les coulisses de la formation- animation

Page 7: No 4 · lEs MOUvEMEnt sOCIaUX ÉCHANGES SUD-NORD sUCCÈs D’Un PrOJEt PIlOtE COMUNDO AU NICARAGUA COOPÉr-aCtIOn sOlIDaIrE aU QUOtIDIEn. 2 DÉCEMBrE 2014 eDitO Frédérique sorg

DÉCEMBrE 2014 7

uN prOJet NOvateur et uNe tOtaLe réussite!corine Duc et sergio Ferrari

sam Barthélémy et alessandra ceregatti – un Burki-nabé et une Brésilienne engagé-e-s pour e-cHaNGer/cOMuNDO dans leurs pays respectifs – ont fait le voyage vers la suisse pour partager, durant trois mois, leurs connaissances et leurs compétences avec des organisa-tions partenaires. spécialisée dans les échanges Nord-sud et sud-sud, e-cHaNGer/cOMuNDO –avec le soutien actif d’uNite- innove et boucle la boucle en invitant un coopér-acteur et une coopér-actrice du sud afin d’appuyer des organisations ici, en suisse.

Jusqu’ici, certaines Ong se limitaient à inviter ponctuel-lement des partenaires ou des personnalités du sud afin d’enrichir leur travail d’information et de sensibilisation en suisse.

le projet-pilote novateur dont il est ici question est plus conséquent, plus large et ambitieux. son but est d’assurer un appui professionnel et humain de qualité, d’apporter au travail quotidien en suisse un regard extérieur et des com-pétences interculturelles ainsi que d’inciter au changement des idées et des comportements. En effet, dans bien des domaines de la vie autres que simplement économiques, les partenaires du sud ont beaucoup à partager et à nous apprendre: une vision souvent différente du monde et de l’humain, un autre rapport au travail, au temps et à la nature, mais aussi des savoirs et des pratiques sociales et profes-sionnelles innovantes. En outre, ce projet transmet concrè-tement un signal fort d’ouverture et de reconnaissance aux compétences du sud utiles au nord.

sam Barthélémy – titulaire d’un master en économie et en gestion d’organisation des entreprises – compte dans ses bagages une riche expérience dans le renforcement d’Ongs et d’organisations paysannes dans son pays. Il a épaulé avec succès pendant trois mois, en matière de suivi-évaluation, la Fédération Interjurassienne de Coopération et de Déve-loppement (FICD), dont le secrétariat se trouve à Delémont.

Pendant le même laps de temps, alessandra Ceregatti – au bénéfice d’une formation en langues, littérature et com-munication – a été accueillie par le secrétariat suisse de la Marche Mondiale des Femmes (MMF), à neuchâtel. Elle a ainsi pu faire profiter son employeur de sa riche expérience en matière de communication.

sam Barthélémy a notamment pris part, entre autres activi-tés, à certaines séances des commissions techniques char-gées de l’évaluation des projets de développement auprès des Fédérations vaudoise et genevoise de coopération. Il a en outre, conjointement avec Jonas Crevoisier, coopér-acteur de retour, et Frédérique sorg guigma, chargée de programme, présenté le programme d’E-ChangEr/COMUnDO au Bur-kina Faso à un prestigieux parterre de représentants de la Direction pour le Développement et la Coopération suisse (DDC), à Berne, dans une activité organisée par UnItE.

alessandra Oshiro Ceregatti, de son côté, chargeant quelque peu son agenda, à l’instar de sam, a participé aux premières réunions initiant la création d’une antenne régionale de la Marche Mondiale des Femmes à Fribourg. Cela dans le but notamment de mobiliser la MMF dans notre pays, de renfor-cer la communication et de mettre en place la 4e action inter-nationale de la MMF aux niveaux national et supra-national.

Ces quelques exemples et la belle réussite dont ils témoignent, établissent sans conteste la nécessité de déve-lopper largement, à tous les niveaux, par tous les moyens

et dans un esprit de totale réciprocité, les échanges rendus possibles par cette forme de coopération spé-cifique qu’est l’échange de personnes.

suD-NOrD

sam Barthélémy et alessandra Ceregatti ©Photo sergio Ferrari

Page 8: No 4 · lEs MOUvEMEnt sOCIaUX ÉCHANGES SUD-NORD sUCCÈs D’Un PrOJEt PIlOtE COMUNDO AU NICARAGUA COOPÉr-aCtIOn sOlIDaIrE aU QUOtIDIEn. 2 DÉCEMBrE 2014 eDitO Frédérique sorg

8 DÉCEMBrE 2014

Noémie pulzer Coopér-actrice d’E-ChangEr/COMUnDO, nicaragua

voilà maintenant un peu plus d’une année et demie que nous nous sommes installés au Nicaragua, plus exacte-ment à ticuantepe, à une dizaine de kilomètres de Mana-gua, au milieu de palmiers, manguiers, de poules et d’oi-seaux tropicaux multicolores…

Un peu plus d’une année et demie que je collabore avec le secrétariat de la Femme de l’asociación de trabajadores del Campo (association des travailleurs agricoles du nicaragua). Cette organisation partenaire d’E-ChangEr-COMUnDO regroupe des syndicats et des coopératives agricoles et vise à améliorer les conditions d’existence des personnes qui vivent dans les campagnes. le secrétariat de la Femme s’occupe plus spécifiquement des questions qui touchent à la défense des droits des femmes. Parmi les thèmes princi-paux auxquels nous travaillons: la prévention de la violence envers les femmes, la promotion de la participation féminine à tous les niveaux de l’organisation, ou encore la défense de l’accès à la propriété de la terre pour les paysannes.

Mon travail consiste, en grande partie, à animer, en colla-boration étroite avec mon collègue eduardo, psychologue, des ateliers visant à sensibiliser les membres de l’orga-nisation sur des thèmes liés à l’équité entre les sexes. Dernièrement, nous avons abordé le thème de la violence envers les femmes dans un atelier mixte auquel ont parti-cipé une vingtaine de personnes. nous leur avons notam-ment proposé de jouer et analyser différentes scènes : par exemple un mari qui interdit à son épouse, enceinte, de subir les contrôles médicaux nécessaires au suivi de sa grossesse, car il ne veut pas qu’un homme médecin voie sa femme nue. situation relativement courante dans les campagnes au nicaragua.

C’est un travail passionnant mais pas simple. Questionner des représentations ainsi que des manières d’agir fortement ancrées est un énorme défi (et pas seulement au nicaragua, d’ailleurs). le principal défi, surtout pour moi qui suis étran-gère au contexte dans lequel j’interviens, est de favoriser une réflexion et l’élaboration d’alternatives par les participant-e-s eux/elles-mêmes, sans imposer une manière de voir ou d’agir. les techniques d’éducation populaire, très utilisées en amérique latine, m’aident beaucoup à relever ce défi. l’édu-cation populaire, inspirée de la pédagogie de Paulo Freire, part du principe que chacun-e peut contribuer à la construc-tion de savoirs, en se basant sur sa propre expérience. Et je dois dire que j’ai effectivement beaucoup appris en écoutant les récits d’hommes et de femmes, notamment de femmes leaders qui ont réussi à surmonter des situations person-nelles de violence et/ou de précarité et qui, aujourd’hui, défendent les droits d’autres femmes.

De mon côté, les modestes contributions que je peux appor-ter, dans cette réalité complexe, visent notamment à appuyer mes collègues dans la construction de projets, la formula-tion d’objectifs, l’élaboration d’outils de suivi et d’évaluation.l’échange de compétences fait vraiment pour moi la richesse de l’expérience: j’apprends beaucoup, notamment à flexibili-ser mon esprit encore parfois très suisse et un peu carré, à improviser et être plus créative. De mon côté, je transmets à mes collègues quelques outils méthodologiques qui per-mettent de travailler de manière un peu plus systématique et de tenter ainsi de renforcer l’impact des actions menées.

prOMOuvOir Les DrOits Des FeMMes par L’éDucatiON pOpuLaire

teMOiGNaGes

noémie Pulzer avec des femmes de l'association des travailleurs agricoles du nicaragua ©Photo r. Colombi

©P

hoto

E-C

h, s

ergi

o Fe

rrar

i

Page 9: No 4 · lEs MOUvEMEnt sOCIaUX ÉCHANGES SUD-NORD sUCCÈs D’Un PrOJEt PIlOtE COMUNDO AU NICARAGUA COOPÉr-aCtIOn sOlIDaIrE aU QUOtIDIEn. 2 DÉCEMBrE 2014 eDitO Frédérique sorg

DÉCEMBrE 2014 9

christophe terrettaz, coopér-acteur d’E-ChangEr/COMUnDO, nicaragua

5h25, le réveil sonne, je me lève en même temps que le soleil. à 6h, je me rends dans le centre scolaire Juan XXiii, une école primaire de Fe y alegría qui se situe en bordure de Managua. le quartier est un mélange de différentes classes sociales mais, comme me l’a précisé la directrice, les enfants des belles zones résidentielles vont étudier dans des écoles privées. Cette année, l’école accueille environ 300 enfants de familles à bas revenus de plusieurs quar-tiers avoisinants. l’association partenaire Fé Y alegría est un mouvement de promotion sociale dont le but est d’améliorer les conditions de vie des populations défavorisées. grâce à son réseau de 22 centres scolaires, elle promeut la justice, l’équité, la liberté, la participation, le respect et la solidarité. Un jour, María helena, l’enseignante de 6ème primaire (8ème harmos en suisse) m’a expliqué que les enfants côtoient ou sont parfois victimes de violence dans leur communauté. Que se soit sous forme verbale, physique, et parfois même sous forme d’abus sexuels.

nous sommes mercredi. aujourd’hui, je travaille dans la classe de 1ère primaire (3ème harmos en suisse) et dans celle d’enfantine. En 1ère primaire, sur les 48 élèves, 21 sont ou étaient en renforcement scolaire. l’objectif prin-cipal de cette année de programme étant l’apprentissage de la lecture, je travaille avec eux spécifiquement ce thème par groupes de quatre à huit élèves. Ce matin, donc, je com-mence ma journée professionnelle en contrôlant le travail fait à la maison par les 15 élèves en difficulté aujourd’hui

présents. Pendant la matinale (chants et prière) puis durant leur déjeuner (financé par le Ministère de l’Education et pré-paré par des parents), j’écris un devoir dans leur cahier.

Un peu plus d’une heure plus tard, je me rends dans la classe enfantine. En fait, toutes les deux semaines, je me déplace dans le nord du pays pour recevoir une formation en méthodologie Montessori. J’introduis ensuite les activi-tés étudiées auprès de la quarantaine d’élèves de la classe. Dans un premier temps, je prépare le matériel. Puis, avec l’enseignante, nous divisons la classe en deux groupes. le premier pratique les activités avec elle, alors que je guide un exercice de silence avec le deuxième groupe avant d’in-troduire les nouvelles activités. Puis on inverse les groupes. C’est un vrai plaisir de travailler avec ces élèves: je retrouve en eux l’humilité et la chaleur humaine présentes chez la plupart des nicaraguayens.

après la récréation de 9h, je retrouve les élèves de 1ère pri-maire. aujourd’hui, on révise la lettre j et ses syllabes ja-je-ji-jo-ju. après avoir appris l’écriture de la lettre et une petite séance de devinettes, un groupe réalise une fiche que j’ai préparée et que les parents ont financée. Pour terminer la matinée, chaque élève du groupe réalise une auto-dictée: grâce à des images et leurs syllabes, ils recomposent le mot. 11h50, la cloche sonne, la journée d’école est terminée.

Je rentre à la maison pour dîner, puis je me mets à plani-fier la semaine suivante. les élèves ont très peu de matériel: trois cahiers, deux livres, une gomme, un crayon, éventuelle-ment un taille-crayon ou des crayons de couleur. Je termine donc ma journée de travail en préparant du matériel: des fiches de lecture, des mots-croisés, du matériel Montessori, du matériel en carton… pour donner plus d’attrait à mon enseignement.

©P

hoto

E-C

h, s

ergi

o Fe

rrar

i

eNseiGNer au NicaraGua

JuNt@s, espace De sOLiDarité active

Notre groupe de soutien s’appelle Junt@s, «ensemble», en espagnol. Son comité, constitué de 4 personnes, nous aide à dif-fuser nos lettres de nouvelles ainsi que les autres informations que nous envoyons en Suisse, dans le cadre de notre travail de communication. Ses membres, famille, ami-e-s, ancien-ne-s collègues, nous ma-nifestent leur présence et leur soutien de multiples manières: des messages par mail, des discussions par skype, des pa-quets (contenant, entre autres, du chocolat suisse ou d’autres produits du terroir) qui nous permettent de surmonter les petits moments de nostalgie, organisation de fêtes lors de nos passages en Suisse, etc. Nous avons même eu droit à une lettre pour notre premier Noël d’expatriés, du même type que les lettres de nouvelles que nous leur envoyons tous les 3-4 mois, mais avec les rôles inversés!Si vous souhaitez connaître la suite de notre engagement, rendez-vous sur notre blog: www.terrezer.wordpress.com

noémie Pulzer et Christophe terrettaz ©Photo r. Colombi

Page 10: No 4 · lEs MOUvEMEnt sOCIaUX ÉCHANGES SUD-NORD sUCCÈs D’Un PrOJEt PIlOtE COMUNDO AU NICARAGUA COOPÉr-aCtIOn sOlIDaIrE aU QUOtIDIEn. 2 DÉCEMBrE 2014 eDitO Frédérique sorg

10 DÉCEMBrE 2014

après NOus Le DéLuGe ?Leonardo Boff*théologien, partenaire et ami d’E-ChangEr/COMUnDO

Nous vivons une époque pas si éloignée de celle de Noé. Lorsqu’il a pressenti le déluge, Noé a appelé ses pairs à changer de vie, mais personne n’a voulu l’écouter. au contraire, «les hommes mangeaient, buvaient, se mariaient et mariaient leurs enfants, jusqu'au jour où noé entra dans l'arche; le déluge vint, et les fit tous périr» (luc 17, 27; genèse 6-9)

les 2000 scientifiques du gIEC (groupe d’experts intergou-vernemental sur l’évolution du climat) qui étudient le climat de la terre sont les noé des temps modernes.

leur dernier rapport, publié en avril 2014, lançait une alerte très sérieuse: nous disposons d’à peine 15 ans pour empê-cher que la température de notre atmosphère augmente de plus de 2°centigrades. si ce seuil est dépassé, alors nous commencerons à avoir une bonne idée de ce qu’est le dé-luge. aucun des 196 chefs d’Etat ne s’est exprimé à ce sujet. la plupart d’entre eux continuent à exploiter les ressources naturelles, à négocier, à spéculer et à consommer sans re-lâche, comme à l’époque de noé.

Je relève trois irresponsabilités graves: l’ignorance du Congrès nord-américain, qui a imposé son veto à toutes les mesures contre le réchauffement global, la mauvaise volonté manifeste de la majorité des chefs d’Etat et le manque de créativité pour commencer à construire une arche salvatrice.Comme un fou dans une société de «sages», je me risque à proposer quelques initiatives conduisant à un nouveau para-digme de civilisation qui pourrait fixer un nouveau cap à l’his-toire. Ces propositions s’inspirent de la Charte de la terre, à la rédaction de laquelle j’ai contribué.

I. Compléter la raison instrumentale–analytique–scientifique domi-nante par l’intelligence émotionnelle ou conviviale. sans elles, nous ne ressentons aucune émotion face à la dévastation de la nature et ne pouvons nous engager à la libérer et à la sauver.

II. Passer de la simple compréhension de la terre comme un grand magasin rempli de ressources à une vision de la planète en tant que super organisme vivant qui s’autorégule.

III. Comprendre qu’en tant qu’humains, nous sommes cette partie de la terre qui ressent, pense et aime et dont la mission est de prendre soin de la nature.

Iv. Passer du paradigme de conquête/domination à celui de soin/res-ponsabilité.

v. Comprendre que la durabilité ne pourra être garantie que si nous respectons les droits de la nature et de notre Mère la terre.

vI. articuler le contrat naturel, passé avec la nature, au contrat social, qui suppose la collaboration et l’inclusion de tous.

vII. Puisque le milieu naturel n’existe pas, envisager l’environnement dans son intégralité: une communauté de vie qui dispose du même code génétique de base établissant un lien de parenté entre tous.

vIII. abandonner l’obsession croissance/développement pour adopter la redistribution de la richesse accumulée.

IX. Produire pour répondre aux demandes humaines, mais en respec-tant toujours les limites de la terre et de chaque écosystème.

X. Mettre sous contrôle la voracité productiviste et la concurrence sans limites au profit de la coopération et de la solidarité. nous dépendons tous les uns des autres.

XI. Dépasser les individualismes pour collaborer tous ensemble, parce que c’est la logique suprême du processus d’évolution.

XII. Faire primer le bien commun humain et naturel sur le bien com-mun particulier et corporatif.

XIII. Passer de l’éthique « utilitariste et axée sur l’efficience » à une éthique du soin et de la responsabilité collective.

XIv. Passer de la surconsommation individualiste à la sobriété parta-gée. Ce que nous avons en trop manque à d’autres.

Xv. Passer de la maximisation de la croissance à l’optimisation de la prospérité, en partant de ceux qui en ont le plus besoin.

XvI. au lieu de moderniser en permanence, « écologiser » tous les savoirs de même que les processus de production. Offrir un repos à la nature et à la terre.

XvII. Opposer à cette ère, qui fait de l’être humain une force géophy-sique destructive, une ère qui « écologise » et inclut tous les êtres et savoirs au sein du grand système terrestre et cosmique.

XvIII. valoriser le potentiel humain/spirituel inépuisable de préférence au capital matériel épuisable. le premier alimente les valeurs humaines/spirituelles de la solidarité, du soin, de l’amour et de la compassion. autant de bases pour une société juste, équitable et respectueuse de la nature.

XIX. Combattre la désillusion et le désespoir engendrés par les pro-messes, non tenues, de bien-être général, propagées par la culture du capital, en entretenant le principe d’espérance, source de fantaisie créatrice, de nouvelles idées et d’utopies viables.

XX. Croire et témoigner qu’au final, le bien triomphera du mal, la vérité du mensonge et l’amour de l’indifférence.

*traduit par Céline Pellissier

leonardo Boff

carte BLaNcHe

Page 11: No 4 · lEs MOUvEMEnt sOCIaUX ÉCHANGES SUD-NORD sUCCÈs D’Un PrOJEt PIlOtE COMUNDO AU NICARAGUA COOPÉr-aCtIOn sOlIDaIrE aU QUOtIDIEn. 2 DÉCEMBrE 2014 eDitO Frédérique sorg

DÉCEMBrE 2014 11

Départ Des cOOpér-acteurs/ actrices De cOMuNDO Depuis sept. 2014

anna-Karina Bayer et Jan Barrientos sont partis à Bogotá, Colombie. anna-Karina est politologue et collaborera avec l’organisation KairEd. Jan, édu-cateur social, va travailler avec l’orga-nisation Creciendo Juntos.eva tempelmann, journaliste, et Mattes tempelmann, géographe, se sont engagés pour appuyer notre par-tenaire red Muquis, à lima, Pérou.

aGeNDa e-cHaNGer

soirée raquettes, contes et fondueUne date importante à réserver: le samedi 24 janvier 2015, à partir de 17h00virginie Moret Clément, notre repré-sentante cantonale à Fribourg orga-nise à Charmey une sortie raquettes au clair de lune, suivie par une déli-cieuse fondue à savourer dans un chalet d’alpage. Une conteuse viendra enchanter cette soirée avec des belles histoires et un coopér-acteur appor-tera son témoignage. Un beau moment d’échange en perspective!Plus d’informations par téléphone au 026 436 30 06 ou par e-mail: [email protected]

Jury des Jeunes, Festival internatio-nal de Films de Fribourg (FiFF)le Festival International de Films de Fribourg (FIFF), du 21 au 28 mars 2015, donne une voix à la jeunesse. Chaque année, E-ChangEr décerne un prix pour favoriser l’expression des jeunes des quatre régions linguistiques de suisse et encourager un film de la compétition internationale qui rend compte de leur situation, en suisse comme ailleurs. veux-tu encourager des films? as-tu entre 18 et 24 ans? souhaites-tu deve-nir porte-parole de ta génération? Deviens membre du Jury des Jeunes! Dès maintenant et jusqu’au 20 jan-vier 2015, tu peux envoyer ta candida-ture, ton curriculum vitae, ta lettre de motivation et ton accord pour la par-ticipation à la journée de formation à Fribourg (samedi 21 février 2015), à [email protected]

Délégation suisse au Forum social Mondial à tunis, du 20 au 28 mars 2015Pour la dixième fois consécutive depuis 2001, E-ChangEr/COMUnDO et alliance sud conduiront à ce Forum social Mondial 2015 une nombreuse délégation suisse (presque 60 parti-cipants), comprenant parlementaires, professionnel-le-s des médias ainsi que représentant-e-s d’Ong et de syndicats.

campagne publique d’information et de sensibilisation, du 18 mai au 2 juin 2015après le Brésil, c’est la Colombie qui sera à l’honneur lors de notre prochaine campagne de printemps, puisqu’elle aura pour thème « Colom-bie: une coopération solidaire pour la construction de la paix ». En tournée dans toute la suisse romande avec des événements dans les 5 cantons francophones, Berne, le tessin et lucerne. Cette campagne a pour ambition de donner une autre image de la Colombie dans un moment particulièrement important de son histoire politique, celui du processus de construction de la paix après 50 ans de conflit.a cette occasion, notre coopér-acteur jurassien, samuel Bouille, engagé avec sa famille en Colombie depuis septembre 2012, rentrera en suisse accompagné par un représentant du CaPs, l’organisation partenaire qu’il appuie et qui est un centre de récu-pération qui offre ses services psy-chosociaux et un accompagnement thérapeutique complet aux victimes du conflit.

eN MOuveMeNt

le Jury des Jeunes E-ChangEr, édition 2014 du FIFF ©Photo s. Ferrari

Page 12: No 4 · lEs MOUvEMEnt sOCIaUX ÉCHANGES SUD-NORD sUCCÈs D’Un PrOJEt PIlOtE COMUNDO AU NICARAGUA COOPÉr-aCtIOn sOlIDaIrE aU QUOtIDIEn. 2 DÉCEMBrE 2014 eDitO Frédérique sorg

12 DÉCEMBrE 2014

impressum responsables d’édition: sergio Ferrari et Corine Duc, E-ChangEr, rue st-Pierre 10, 1700 Fribourg | rédacteurs-rédactrices, traduc-tions et photos: leonardo Boff, Frédérique sorg guigma, Claude Desimoni, lilian hässig, Enzo ritter, noémie Pulzer, Christophe terrettaz, Pauline garcia, Céline Pellissier, Jasmine Balmer, Josua schaedelin, Maria Eugenia Barras, Douglas Mansur, Marcel Kaufmann, roberto Colombi | Correction-édition: Claude Desimoni | Mise en page: Jacques Berset studio | Impression: Coopérative Cric-Print, Fribourg (5'700 ex) | www.e-changer.ch

NOtre eNGaGeMeNt auprès De NOs parteNaires au suD

au Brésil et au Burkina Faso, les coopér-acteurs/actrices d’e-cHaNGer/cOMuNDO accompagnent des populations dans la préservation de leur environnement, en favori-sant leur autonomie par des activités génératrices de re-venus et en soutenant la promotion de leurs droits ainsi que leur intégration dans la société.

la vallée de Jequitinhonha, au Brésil, est une zone semi-aride. la plantation excessive d’eucalyptus a engendré une érosion des sols et amené le déplacement des petits agri-culteurs. C’est dans ce contexte difficile que Judith reus-ser, ingénieure en environnement, soutient le Cav (Centro d'agricultura alternativa vicente nica) dans l’amélioration durable des conditions de production agricole et de la gestion de l’eau, indispensable pour assurer des récoltes suffisantes et permettre aux agriculteurs locaux et leurs

Votre Don est important

Participez au changement:

Fr. 50.– | Fr. 100.– | Fr. 200.– | Fr. …

Quel que soit le montant de votre participation, elle est utile : ccp 17-7786-4 merci!

familles de conserver leurs terres et de subvenir à leurs besoins.

À Fada n’gourma, au Burkina Faso, l’aFaUDEB s’engage pour la conservation et la valorisation de zones fores-tières et accompagne les populations villageoises, en ma-jorité des femmes, dans la transformation et la commer-cialisation de produits forestiers, comme les noix de karité ou le baobab. En appuyant l’aFaUDEB et ses bénéficiaires dans l’amélioration des filières de production-commercia-lisation locale de ses produits, rené Emmenegger, agent technico-commercial suisse, contribue à l’autonomie de ces villages et des femmes, ainsi qu’à la préservation de zones protégées et fertiles qui sont génératrices de de revenus.

E-chANGER, rue St-Pierre 10, ch-1700 fribourgtél. +41 (0)58 854 12 40 | fax +41 (0)58 854 12 [email protected] | www.e-changer.ch

COMUNDO – Alliance suisse pour une coopération solidaire :

E-CHANGER · Inter-Agire · Bethlehem Mission Immensee

Fabrication du savon de karité au Burkina Faso Photo ©r. Emmennegger