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Le temps qui passe kvol Psychiatr 2001 ; 66 : 5 16-26 0 2001 kditions scientifiques et mbdicales Elsevier SAS. Tous droits rkservts r Nos psychotherapies sont-elles modernes ? A. Ducousso-Lacaze * Les problbmes posds par la prise en charge de patients issus de cultures non europkennes ont suscitk des dtbats intenses aussi bien dans la presse que dans les revues sptcialides (voir par exemple la rkente mise au point dans la revue Esprit [ 11).Nous aborderons ici une question que les &changes d’anathtmes ont conduit A passer sous silence, B savoir celle de la possibilitk de proctder Aune comparaison entre thtkapies (( traditionnelles 1)et thkapies d’inspiration psycha- nalytique. Cette question reste de premikre importance car elle engage une r&Iexion de fond sur les mkanismes de l’effkacitk psychothkrapeutique. Toutefois elle requiert une discussion prkalable en termes de philosophie de l’histoire. Car ce travail de comparaison, et pour l’imagi- naire occidental, convoque nkcessairement une certaine conception historique des rapports entre Tradition et Modemitk. Du rbgime de la rupture au r6gime de I’analogue Les comparaisons entre thkapies traditionnelles et psychanalytiques ont dkj&une longue histoire [2-4]. Chez les auteurs d’oMdience psychanalytique, la m&ode utiliske a longtemps reposC sur ce que nous appelons le rkgime intellectuel de la rupture. On comparait les pratiques pour mieux dgager une relation d’irr&ductibiliti (voir par ex. [3]), reprenant en cela un des grands ticits de !a modemiti [5] qui veut que l’avknement du monde modeme naisse d’une rupture radicale avec le monde censC l’avoir ptict%, celui de la tradition, Port& B ce point de radicaliti, l’idke de rupture, qui peut avoir une valeur heuristique, permettait d’arrimer solidement les ressorts des thtrapies traditionnelles Aun moment historique rkolu et Aun lieu culture1 dkfini et, en vertu de I’opposition particulier/universel, de (X situer M la pratique psychanalytique, hors culture et hors histoire. Or nous avons fait remarquer ailleurs’ que le renouveau de ce travail de comparaison est contemporain d’une forme d’incrkdulitt A1’Cgarddes grands r&its de la modemiti [5]. Celle-ci a ouvert la voie k la reprise d’une demarche intellectuelle qui, dans ce domaine comme dans celui de I’histoire des idCes avait mauvaise presse, le rkgime de l’analogue [6]. Que faut-il entendre par 18? * Alain Ducousso-Lacaze, make de confkrence, Laboratoire de psychologie clinique, universiti V. Segalen Bordeaux 2. 3 ter. olace de la Victoire. 33076 Bordeaux cedex ; TCI. : 05 56 89 32 36 : e-mud : ducousso- lacaze@w&adoo% Les grands r&its de la modemite face anx thbrapies traditionnelles, article soumis.

Nos psychothérapies sont-elles modernes ?

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Le temps qui passe

kvol Psychiatr 2001 ; 66 : 5 16-26 0 2001 kditions scientifiques et mbdicales Elsevier SAS.

Tous droits rkservts

r Nos psychotherapies sont-elles modernes ? A. Ducousso-Lacaze *

Les problbmes posds par la prise en charge de patients issus de cultures non europkennes ont suscitk des dtbats intenses aussi bien dans la presse que dans les revues sptcialides (voir par exemple la rkente mise au point dans la revue Esprit [ 11). Nous aborderons ici une question que les &changes d’anathtmes ont conduit A passer sous silence, B savoir celle de la possibilitk de proctder A une comparaison entre thtkapies (( traditionnelles 1) et thkapies d’inspiration psycha- nalytique. Cette question reste de premikre importance car elle engage une r&Iexion de fond sur les mkanismes de l’effkacitk psychothkrapeutique. Toutefois elle requiert une discussion prkalable en termes de philosophie de l’histoire. Car ce travail de comparaison, et pour l’imagi- naire occidental, convoque nkcessairement une certaine conception historique des rapports entre Tradition et Modemitk.

Du rbgime de la rupture au r6gime de I’analogue

Les comparaisons entre thkapies traditionnelles et psychanalytiques ont dkj& une longue histoire [2-4]. Chez les auteurs d’oMdience psychanalytique, la m&ode utiliske a longtemps reposC sur ce que nous appelons le rkgime intellectuel de la rupture. On comparait les pratiques pour mieux dgager une relation d’irr&ductibiliti (voir par ex. [3]), reprenant en cela un des grands ticits de !a modemiti [5] qui veut que l’avknement du monde modeme naisse d’une rupture radicale avec le monde censC l’avoir ptict%, celui de la tradition, Port& B ce point de radicaliti, l’idke de rupture, qui peut avoir une valeur heuristique, permettait d’arrimer solidement les ressorts des thtrapies traditionnelles A un moment historique rkolu et A un lieu culture1 dkfini et, en vertu de I’opposition particulier/universel, de (X situer M la pratique psychanalytique, hors culture et hors histoire.

Or nous avons fait remarquer ailleurs’ que le renouveau de ce travail de comparaison est contemporain d’une forme d’incrkdulitt A 1’Cgard des grands r&its de la modemiti [5]. Celle-ci

a ouvert la voie k la reprise d’une demarche intellectuelle qui, dans ce domaine comme dans

celui de I’histoire des idCes avait mauvaise presse, le rkgime de l’analogue [6]. Que faut-il entendre par 18 ?

* Alain Ducousso-Lacaze, make de confkrence, Laboratoire de psychologie clinique, universiti V. Segalen Bordeaux 2. 3 ter. olace de la Victoire. 33076 Bordeaux cedex ; TCI. : 05 56 89 32 36 : e-mud : ducousso- lacaze@w&adoo% ’ Les grands r&its de la modemite face anx thbrapies traditionnelles, article soumis.

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Alors que le regime intellectuel de la rupture in&e sur ce qui &pare, les therapies tradition- nelles des therapies psychanalytiques en I’occurrence, le regime de l’analogue, en tant que methode de recherche, actualise une q&e du semblable.

Pour plus de clarte now retiendrons trois de ses caractkistiques fondamentales. La quete du semblable maintient en tension deux poles de la pensde, celui de la ressemblance

et celui de la dissemblance. Elle Porte h la signification une relation de ressemblance dans la difference. La oti le discours de la rupture introduit une separation, la q&e du semblable produit un rapprochement apparaissant comme une transgression. La oi la logique de I’identite procede a une reduction, elle maintient une distance que n’annule pas le rapprochement.

Elle pro&de a une mise a jour d’analogies selon deux directions. La premiere aboutit a distin- guer (< un rapport de ressemblance )) fonde la plupart du temps sur une communaute de traits. La seconde aboutit a degager (< une ressemblance de rapports )) dont le prototype est a/b = c/d [7, 812.

Une exigence commune accompagne ces deux formes d’analogies, celle de se referer a une raison qui fonde leur Iegitimite. L’analogie n’a en effet pas a elle seule valeur de vtrite, elle est guidte par un point de vue [9].

Ce demier point est aussi essentiel que la notion de tension entre ressemblance et dissem- blance. En etfet, nous devons garder presente a l’esprit la critique de Foucault [lo] dirigte contre le grand r&it Cvolutionniste de l’histoire et liant la qdte d’analogies a une philosophie de l’histoire retive a la pensee de la Difference, une philosophie du MCme. Cette critique n’a plus lieu d’etre si, sous le regime de l’analogue, deux exigences sont respectees : celle de maintenir constante la tension entre ressemblance et dissemblance et celle d’exposer systematiquement le point de vue theorique fondant les analogies.

Nous analyserons, a la lumiere de cette mise au point sur le regime intellectuel de l’analogue, les conceptions d’Ellenberger et de Nathan a propos des relations entre therapies (( tradition- nelles H et psychanalytiques. Nous degagerons I’interet de cette m&ode pour la comprehension des mecanismes d’effkacite psychothtrapeutique. Mais nous montrerons aussi que ces auteurs ne tiennent pas jusqu’au bout les exigences du regime de l’analogue, faute de recourir a une conception de l’histoire permettant de penser la raison fondant les analogies construites. Nous proposerons alors une solution favorisant la sortie de cette impasse.

Continuite au plan des pratiques, discontinuitk

au plan thdorique : les travaux historiques d’Ellenberger

Deux voies d’hvolution

Dans Histoire de la dkouverte de la notion d’incomcient, Ellenberger [ 111 expose les principes de sa m&ode ainsi que sa theorie de I’tvolution des pratiques psychotherapeutiques. Rappelons- les rapidement.

La quete du semblable entre les differentes pratiques a caractere psychothtrapeutique aux differents ages de I’humanitk, conduit a distinguer deux voies d’evolution : celle des methodes et celle de la theorie de I’inconscient. Au plan des mtthodes, Ellenberger considtre que (< l’utili-

’ Voir aussi Laflaquitre A., Les destins de I’analogie, article soumis.

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sation therapeutique des forces psychiques inconscientes remonte ii la nuit des temps M ([11], p. 26). Apres avoir distingue deux types de methodes, celles qui consistent a provoquer l’emer- gence de forces inconscientes chez le patient et celles qui consistent a en provoquer l’emergence chez le therapeute, il degage des analogies. Par exemple, les crises dtclenchees par le (( guCrisseur H ressemblent a la n&rose de transfert induite par la situation psychanalytique. De m&me, sur l’autre versant, la longue initiation du psychanalyste est analogue a la maladie initia- tique du chaman. De plus les notions decrivant ces procedes, quelles que soient les cultures, contiennent toutes l’idee (( d’un ma1 qu’on peut expulser par des moyens psychiques, moyens qui impliquent tout autant que la participation du patient, l’effort du therapeute lui-m&me )>

([ill, P. 28). Pour la seconde voie d’tvolution, celle de la theorie de l’inconscient, la q&e d’analogies ne

permet pas, selon Ellenberger, de remonter a des origines aussi lointaines. Des conceptions analogues a la conception actuelle peuvent 6tre rep&es chez certains mystiques mais ce n’est qu’a partir des XVIIF et XIXe sitcles que commence son elaboration veritable.

Historicisation de la pratique psychanalytique

Substituant le regime intellectuel de l’analogue au r&it de la rupture radicale, la theorie d’Ellen- berger introduit deux idles cruciales. D’une part, elle autorise 21 penser une forme de pratique psychotherapeutique traditiomrelle sans rapporter son principe ni a une reduction des processus inconscients aux particularismes dune culture privee d’universalite, ni a une alienation aux leurres narcissiques d’une tradition obscurantiste. De la decoule une problematisation radicale de la reflexion sur les procedes d’action psychotherapeutique. Ainsi les analogies rep&&es au plan des m&bodes suggerent l’idee selon laquelle, d’un age a l’autre, dune culture a l’autre, certains prin- cipes de l’action psychotherapeutique ne changent pas. Ce qui porte un coup, dans le domaine de la theorisation des pratiques therapeutiques, a ce que nous avons appele ailleurs (( la volonte d’&tre modeme )). Ainsi l’efficacite psychotherapeutique reposerait sur des principes techniques et pratiques non specifiquement modemes. Dans le m&me temps, est contestee toute la conception modeme de la nouveaute. Pour Ellenberger, l’inventeur de la psychanalyse ne s’est jamais trouve dans la position d’innovateur absolu, au moins en ce qui conceme la pratique elle-m&me. Ce qui ne signilie pas, bien stir, qu’il n’a rien invent6 mais impose de penser son innovation sous les traits d’une reprise d’une pratique intemporelle de l’humanitd, a partir des cadres de pensee et des mceurs de son Bpoque. Vient alors la seconde idee cruciale. L’invention de la pratique psychana- lytique emprunte a une tradition m&me si elle lui fait subir une transformation. Les travaux d’Assoun [ 121 mais aussi de Swain [ 131 nous ont habitues a cette idee a propos de la metapsycho- logie, elle est en revanche beaucoup moins Cvidente pour la situation psychanalytique elle meme. I1 devient alors legitime de la penser dans un cadre historique. C’est-a-dire en tant qu’elle herite a la fois d’une tradition et des remodelages de celle-ci lies a une epoque specifique.

Penser la dissemblance

Sous le regime de l’analogue, mettre l’accent sur le pole de la ressemblance aide a penser la continuite. En revanche un deplacement vers le pole de la dissemblance, doit permettre de penser la discontinuite, l’innovation. Or, c’est sur le versant de la thematisation de ce pole qu’Ellenberger retombe dans une des omieres des grands r&its de la modemitt. Reprenant le scheme Cvolutionniste bien connu, le vis-a-vis du discours de la rupture, il place les pratiques

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traditionnelles sous le primat de l’intuition et les pratiques modemes sous le primat de la theori- sation. Aussi les conceptions traditionnelles ne peuvent-elles constituer que des (( intuitions remarquables )), la theorisation restant l’affaire de la modemite. Comme chez Levi-Strauss [ 141, et comme chez Roheim [2], l’idte d’une penste qui ne se sait pas elle-m&me, qui pro&de du bricolage (la pensee sauvage), opposee a une pen&e domestiquee par les concepts et l’epreuve du reel, a pour fonction de maintenir le pole de la dissemblance et de le caracteriser en termes de complexification et de pertinence croissante.

Mais, correlativement, la philosophie de l’histoire d’Ellenberger p&he en ceci qu’elle dissocie la ligne d’evolution des methodes de la ligne d’evolution de la thtorisation. Tout se passe comme si elle ne pouvait les penser conjointement au sein d’une conception thtorique globale qui permettrait de saisir tant la signification des permanences dans le temps que celle des changements. I1 lui manque un point de vue suffkamment abstrait (la raison sous le regime de l’analogue) susceptible d’operer la mise en tension du pole de la ressemblance (permanence) et du pole de la dissemblance (changement). MCme en adherant a la vision Cvolutionniste de I’his- toire, on ne peut gutre comprendre pourquoi des changements aussi nets au plan des theories voisinent avec de telles permanences au plan des methodes. Illustrons ce probleme a partir d’un exemple emprunte a l’auteur. Selon lui une pratique fort courante chez les chamans d’Ama- zonie, et consistant a feindre d’extraire la maladie par suction du corps du malade (le chaman retire de sa bouche un ver qu’il y avait place auparavant) est analogue aux processus d’analyse de la n&rose de transfert theorise par Freud. De mCme que, dans le premier cas, la maladie est materialisee puis expliquee et gdrie, dans le second cas (( la n&rose est remplacee par une n&rose de transfert dont on peut expliquer la nature et l’origine au malade et que I’on peut done guerir )) ([ll], p. 43). L’analogie ne manque pas d’audace. Entre autres parce qu’elle court- circuite une des analogies construites par Freud pour penser les principes du processus psycha- nalytique. Comme on le sait, selon lui la situation psychanalytique devait Ctre envisagee sur le modele de la situation experimentale en chimie, en ceci qu’avec la n&rose de transfert elle pro- duirait les conditions d’une purification par rapport aux situations de la vie reelle, et rendrait reproductible le travail d’analyse (au sens chimique) des conflits psychiques ainsi isoles. L’ana- logie d’Ellenberger, elle, soustrait les principes de l’effkacite psychotherapeutique a ceux de la science experimentale, elle les rapporte a des principes d’action bien anterieurs a son avene- ment. Mais son allure est celle d’un probleme plutot que d’une solution. Comment des theories aussi dissemblables (penetration par un corps Ctranger, conflits inconscients) peuvent-elles soutenir des pratiques presentant des similitudes ? Comme le dit bien Ellenberger, le psycho- therapeute (( modeme )) ne peut pas presenter a son patient une telle materialisation de sa maladie. Mais si, sur le fond, le principe d’action reste semblable, comment caracteriser la trans- formation accomplie ? Un point de vue a partir duquel penser ces analogies fait defaut.

Le point de vue de I’influence thbrapeutique :

les travaux de Nathan

L ‘ad&e plan thkorique

Chez cet auteur le regime intellectuel de I’analogue est a l’aeuvre chaque fois qu’il s’agit de comparer therapies traditionnelles et psychanalytiques. Notons d’emblte que Nathan s’interdit

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de recourir aussi bien au grand r&it issu de l’tvolutionnisme qu’a celui de la rupture. A tel point que se dtgage de l’ensemble de ses travaux une impression d’absence de toute n3f&ence a un scheme historique. Cela se comprend en pat-tie par le fait que les therapies dites traditiomrelles sont abordees en tant qu’elles appartiennent au present de toute une frange de la population non occidentale, notamment la population m&ante. Des nuances s’imposent toutefois car un article recent se rCf&e clairement a une certaine conception de l’histoire, assez problematique d’ailleurs.

Par ailleurs, Nathan ne se contente pas de construire des analogies, il pro&de de maniere systematique 1 la conceptualisation du point de vue qui les fonde. Ce demier est Wmatist sous la notion d’influence thtrapeutique se declinant, selon les tcrits, en contrainte a penser, contrainte logique, voire en processus d’initiation. Ainsi l’auteur peut-il aller plus loin qu’Ellen- berger (pas forcement jusqu’au bout, nous le verrons) dans le deploiement des principes du regime de l’analogue.

DiMrents niveaux de mise en e’vidence des analogies

Nous retiendrons trois niveaux auxquels les analogies entre psychotherapies traditionnelles et psychanalytiques sont d’abord mises en lumiere. Au niveau du dispositif therapeutique, Nathan [ 15, 161 met B jour, darts les situations psychanalytiques et traditionnelles, des processus cog&ifs semblables qui organisent logiquement le cadre. A leur sujet il parle de raisonnements en actes instituant des analogies dites formelles qui relient des univers disjoints. On peut done dire que les situations psychanalytique et traditionnelle prises en exemple sont analogues en ceci qu’elles sont toutes deux structurkes par des.. . analogies formelles. On aurait alors une ressemblance de rapports, rapports analogiques en l’occurrence. Ces analogies formelles Btablissent un lien logique entre univers spatial et symbolique, assurant ainsi le deploiement de la pens&e dans un monde sensible. De la decoule l’idee selon laquelle toute situation therapeutique induit la cons- truction de liens de pensee (analogiques) et, par l’emacinement dans l’espace sensible qu’elle en assure, crke les conditions pour emporter (< la conviction du patient B. Le processus d’influence se spkcitie en contrainte a penser.

A un second niveau, celui de la fonction des theories au sein des therapies traditionnelles et psychanalytiques, se d&gage une analogie genetale qui guide l’ensemble des travaux de Nathan. Nous la formulerons selon les principes de la proportion : la notion d’inconscient est B la situa- tion psychanalytique ce que les &es invisibles sont aux therapies traditionnelles. Darts un Ccrit recent, Nathan [17] va jusqu’a parler des invisibles de la psychanalyse. Ainsi toute situation therapeutique peut-elle etre envisagee comme un lieu oti le patient entre en relation avec un monde inconnu, par l’intermtdiaire d’un specialiste de celui-ci, qui se trouve en position de mediateur entre le monde connu et le monde incomru. La notion d’influence designe alors les mecanismes par lesquels la situation therapeutique conduit le patient B renoncer a ses theories personnelles, puis a s’en remettre au therapeute en tant qu’expert de l’inconnu et entin a entre- prendre un apprentissage theorique. Parce que la question de la pertinence heuristique des theories est secondaire par rapport a celle de leur pertinence pragmatique, cette analogie ne revtle son pouvoir de signification qu’au plan de la theorisation de l’effkacite psychothera- peutique. L’idte d’une contrainte a penser est articulee cette fois a celle d’une contrainte a entrer dans tm processus d’initiation. D’autres analogies ont pour fonction de confirmer cette cons- truction theorique : analogies au plan des methodes de formation des therapcutes, analogies au

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plan de leur affiliation a des groupes ou des rkseaux.. . Le point de vue de l’influence psycho- therapeutique legitime les ressemblances de rapport mises a jour tout autant qu’il en guide la recherche.

Une t( culturalisation )) de la pratique psychanalytique

Comme chez Ellenberger, le deploiement du pole de la ressemblance suggere des permanences, de I’immuable, la oh le grand r&it de la rupture discemait de la nouveaute radicale. A nouveau est battue en brbche l’idee d’une eficacite psychotherapeutique sptcifiquement modeme. Et sur ce point l’analogie avec les processus d’initiation en dit long. Ceux-ci existent dans toutes les cultures, ils constituent un pro&de, plus ou moins violent, visant a changer la personne, la rege- nerer, lui offrir les chances d’un nouveau commencement, d’une renaissance et lui proposent une nouvelle afftliation. Jusqu’a quel point le changement en vue duquel s’organise la prise en charge psychotherapeutique peut-il se passer d’une telle sequence symbolique ? Les travaux de Nathan, independamment des reponses qu’ils donnent, ont le mtrite de poser cette question. Ce faisant ils rompent avec la representation d’une pratique psychanalytique hors culture. Si les travaux d’Ellenberger I’historicisent, ceux de Nathan la (( culturalisent 1)). Elle apparait desor- mais, au m&me titre que les pratiques traditiomrelles, sous le jour d’une pratique therapeutique enracinee dans une conception culturelle de l’homme, ne pouvant par la m&me se departir de mecanismes symboliques consubstantiels a toute culture. Ce serait la un des effets de la relativi- sation des contraintes des grands rtcits de la modemiti.

Difficult&

Qu’en est-il cependant, dans cette systematisation du regime de l’analogue, du pole de la dissemblance ? C’est a nouveau la que le bat blesse, comme chez Ellenberger, mais pour d’autres raisons. Un retour sur les analogies dites formelles et supposees structurer le cadre de toute situation therapeutique precisera le probleme Notons que la demonstration de Nathan nous parait astucieuse et pertinente. I1 reste cependant que les univers mis en relation par l’analogie formelle propre a la situation traditionnelle du (( plomb fondu )) se rev&lent extremement differents de ceux mis en rapport par la situation psychanalytique. La premiere relie univers physique, univers psychique et systtmes d’alliance alors que la seconde relie univers physique, univers theorique et univers psychique. L’articulation dans chaque cas avec le cadre spatial soutient l’idte d’un enracinement de la pensee dans l’expkience sensible. Mais, justement, le statut de ce qui, par le procede, acquiert consistance sensible, differe d’une situation a l’autre. Avec le dispositif du (( plomb fondu )) l’ensemble des univers sollicites se trouve refer6 & une entite qui les affecte de son statut d’exteriorite transcendante (importance de l’acte de divina- tion). Le postulat de l’existence d’une inttriorite psychique ne participe ni a la structuration du cadre, ni a la transformation symbolique realisee. Dans la situation psychanalytique, en revanche, ce postulat fonde le dispositif et l’analogie formelle apparait alors comme une consequence logique et comme l’intermediaire necessaire a son (< optkationnalisation B. L’ensemble des univers mis en rapport s’articule done en reference a une entite dont le statut tient a la distinction entre interiorite et exteriorit& inexistante darts le cadre de la situation du (( plomb fondu )). Seule la reformulation du probltme dans ces termes peut maintenir le pouvoir de signification de la tension entre ressemblance et dissemblance. Darts la situation psychanalytique comme dans celle du plomb fondu intervient bien un rapport g l’invisible, g I’altCritC mais, pour chacune,

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selon des coordonnees logiques radicalement differentes. De l’une a l’autre s’opere un renverse- ment du rapport a l’invisible, a l’alterite.

Nathan ne theorise pas ce renversement. Son double refus, et du grand r&it de la rupture et celui de l’evolutionnisme, le conduit a relativiser l’idee d’une transformation historique. Seule est invoquee une laikisation des invisibles realiste par les fondateurs de la therapie modeme. Mais justement, qu’est-ce que ce phenomene de lakisation ? Se reduit-il a une simple reconduc- tion des pratiques et des contenus de pensee apres Cpuration de la relation au divin ? Ou bien suppose-t-i1 un jeu complexe de discontinuites et de continuites debouchant sur une recomposi- tion de l’ensemble ? Pour Nathan il s’agit d’un (( coup de force semantique, une sorte d’engage- ment politique, puisqu’il presuppose un choix de societe )) ([ 171, p. 45). Man&e d’opter, sans le dire vraiment, pour la premiere solution. Or, peut-on se prononcer sur la nature du processus historique de laicisation, a partir de la seule evolution des pratiques therapeutiques, c’est a dire en dehors d’une reflexion de fond sur l’histoire elle-m&me et partant sur la signification du processus de lakisation au sein de ce cadre general ?

M&me s’il ne repond pas a cette question Nathan recourt a une conception de l’histoire, histoire des sciences en l’occurrence : cc apres cent ans d’existence la psychotherapie psychana- lytique n’est pas parvenue a convaincre ses usagers du monopole qu’elle s’ttait arroge a priori. Car un tel monopole s’impose a tous par son effrcacite puis se constate, il ne se d&r&e pas )) ([ 171, p. 12). La reference aux conceptions de Stengers [ 18, 191 est explicite : faire histoire ce serait creer un Cvenement obligeant la communaute scientifique a se laisser interesser et rele- guant un ensemble de theories rivales au rang de fictions. Certes l’invention de la psychanalyse ne constitue pas un tel Cvtnement, et l’immodestie du discours de la rupture radicale reside justement dans le fait de vouloir imposer l’idee contraire. Doit-on pour autant considerer qu’il ne s’est rien passe et que la lakisation Cvoquee ci-dessus est un non Cvenement ? En adoptant la notion d’evenement de Stengers on ne peut que repondre positivement a cette question. Deux possibilites s’offrent alors. Soit on considere que, dans le domaine des psychotherapies, l’his- toire n’est pas a l’aeuvre. Mais il devient alors tres diffrcile d’expliquer pourquoi, en un premier temps, les therapies traditionnelles nous paraissent &ranges ainsi que de prendre en compte le renversement mis en evidence precedemment. Soit on estime que l’histoire des psychotherapies doit Ctre pensee avec des criteres differents de ceux de l’histoire des sciences. C’est ce que suggerent nos analyses des travaux d’Ellenberger. La notion d’evenement proposee par Stengers devient problematique, elle necessite une revision destinee a la rendre heuristique dans ce champ specifique.

Unit6 du genre humain, unit6 des pratiques

psychothkapeutiques

Le regime intellectuel de l’analogue en se substituant A une dialectique de la rupture fait surgir des liens 18 ou prevalaient les idees de separation et de rupture. Du coup les demarches psycho- thtrapeutiques, traditiomrelles et modemes, deviennent susceptibles de s’eclairer les unes par les autres. Mais cela ne va pas sans risque, c’est en quelque sorte la loi du genre : la dissemblance devient maintenant diffkile A penser.

Le temDs aui Dasse 523

Aussi explorerons nous une conception historique qui articule de facon originale continuite et discontinuite. Elle cherche a penser tant la permanence que le changement sur la voie qui a men6 l’occident du monde de la religion a un monde ldique et, c’est notre hypothtse, offre un cadre general dans lequel les analogies entre therapies N traditionnelles )) et therapie psychanalytique peuvent deployer pleinement leur signification.

La rkduction de I’aMrit6

L’evenement central autour duquel Gauchet [20] envisage la transformation de la pensee occi- dentale c’est la sortie de la religion. J&nement dont il convient de penser la specificite, a distance des schemes historiques simpliticateurs :

Sortie de la religion ce n’est pas disparition de toute experience du religieux, c’est le degagement de l’organisation de la realite collective selon le point de vue de l’autre, mais degagement qui fait apparaitre l’expbience subjective de l’autre comme un reste anthropologique peut-&tre irreductible ([20], p. 233).

Quelque chose a bien eu lieu qui nous a fait entrer dans un univers different mais qu’il serait presomptueux de concevoir comme une pure invention.

Aurait pris fin aux alentours de 1700 un mode d’organisation plusieurs fois millenaire, tant de la realite collective que de la pen&e humaine, celui qui trouvait son fondement ou sa legitimite dans un rapport oblige a une alter&C entendue comme une exterior&C radicale a l’experience humaine, une transcendance inatteignable dont la religion, le sac& et la magie assuraient la representation et fournissaient les rituels permettant d’entrer en relation avec elle. Jusque-la rien de tout a fait original, et le discours des Lumitres avait bien senti que le monde moderne qu’il appelait de ses vceux na’itrait d’une (( reduction de cette alter&C )). Mais Gauchet n’en reste pas la et ajoute a ce pole de discontinuite incontoumable un pole de continuite rejete par les grands kits de la modemite. Concevoir cette reduction de l’alterite comme une eradication pure et simple serait une erreur typiquement modeme. En fait le rapport a l’alttrite a subi (( une recom- position sur un mode purement profane de l’economie de la difference, de la separation et de l’opposition des hommes entre eux Y ([20], p. 233). D’ou cette idee tres interessante : l’evene- ment en question serait a penser en tant que transformation, au sens Ctymologique de ce terme, c’est-a-dire un changement effectif mais qui procede de telle sorte que N tous les elements du dispositif d’avant se retrouvent darts le dispositif d’aprts, autrement repartis et lies )> ([20], p. X). Une H discontinuite decisive )) et une identite qui nous lie au monde occidental d’avant 1700 comme a toutes les societts qui, aujourd’hui encore, fondent leur organisation collective sur N le point de vue de l’autre B. C’est bien l’idee d’une unite du genre humain qui guide ce travail de speculation sur l’histoire. En cela Gauchet partage les positions d’ethnopsychanalystes comme Devereux et Roheim mais en tire les consequences ultimes. Une discontinuite s’est produite, la naissance de l’etat puis sa laicisation, mais le genre humain est reste identique b lui-meme en ceci que ses elements constitutifs ont subi un nouveau mode de repartition.

Recomposition de l’alterite sur un mode purement profane ne signifie pas une disparition complete du religieux, mais plutot l’incontoumable manifestation de l’alterite en dehors de toute reference a un ordre non humain. Le rapport a l’alterite a connu un retoumement et l’on pense ici, bien stir, aux textes de Marx et de Freud a propos de la religion. Pour ces penseurs du

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XIXe siecle il s’agissait de situer (( dans D l’homme ce qu’il avait jusque la situ6 (( dans H les cieux. Retournement, renversement, (( deliaison de l’ici-bas et de l’au-de18 )), selon l’expression de Gauchet, et l’alterite cesse d’etre une qualite exclusive de l’au-deli, pour surgir dans l’ici-bas, dans le quotidien du monde humain Le rapport a l’alterite s’installe desonnais au cmur de la relation a la nature, de la relation a autrui et.. . de la relation a soi.

Le rapport A /‘a/t&it4 au fondement de I’efficacit4 psychothbrapeutique

Ce demier point dit tout a la fois la sptciflcite et l’emacinement culture1 et historique de la theo- rie de l’inconscient. En localisant l’inconscient au cceur du psychisme humain Freud est bien l’htkitier d’un moment culture1 typiquement modeme. Malgre la reduction imposee par l’evene- ment que nous avons dbcrit, il retrouve l’alttkite en tant que categoric indispensable pour penser l’identite humaine. A nouveau c’est a partir du regard de l’autre que celle-ci est fondle. L’illu- sion modeme d’une transparence de l’homme a lui-mCme prend tin au cours du XIXe siecle. Pour se convaincre de l’analogie qui lie cette forme de pensee a la pensee religieuse il sufftra de garder presents a l’esprit certains aspects de l’evolution des concepts, de Freud a Lacan par exemple. Initialement concu comme une alterite relative que la prise de conscience, m&me au prix de nombreuses diffkultes, peut parvenir a reduire, l’inconscient couple a la notion d’Autre acquerra les allures d’une alttritt irreductible, indissociable d’une forme d’expkience de la transcendance. Pourtant les efforts de Freud pour s’tloigner de la m&physique [21] comme de la religion n’auront pas et6 vains car, relative ou irreductible, l’alteritt ne quittera pas l’ordre humain du psychisme et de la culture ; une identite humaine fond&z a partir du regard de l’autre done, mais a la suite d’un retoumement qui pet-met de reconnaItre darts l’altkrite l’homme lui- meme, une altkite recomposee.

Nous tenons la un point de vue suffkamment general pour penser les analogies entre therapies traditionnelles et psychanalytique. Les petmanences mises a jour par Nathan et Ellenberger peuvent Ctre comprises en fonction de ce rapport a l’alterit6. Les theories, des therapeutes tradi- tionnels et psychanalytiques, le supposent en tant que necessite logique. 11 est, pour elles, une don&e incontournable de l’expkience humaine. En ce sens elles sont analogues et done non identiques car la transformation invoqde par Gauchet les rend irreductibles.

Le rapport a 1’altCrid occupe aussi une place centrale dans les pratiques. Selon nous tous les procedes therapeutiques evoqds supposent des artifices techniques assurant la manifestation de l’altkite. C’est-a-dire sa production sur un mode sensible, quasi perceptif. 11 s’agit en quelque sorte de creer, pour le sujet, les conditions d’une (( presence de l’autre 1). afin que l’altkit6 fasse irruption en tant qu’expkrience, au sens fort du terme. Ce qui semble ne pouvoir advenir sans la mise en branle de deux mouvements distincts, simultarks ou successifs : la mise entre paren- theses de l’univers quotidien et sa reinterpr&ation en fonction du regard de I’autre. Ces deux mouvements, le dispositif technique therapeutique les rkalise au sens Ctymologique de ce verbe, il les rend reels ou, tout au moins, est concu en fonction de cet objectif.

Ainsi la plupart des (( therapies traditiomrelles 1) utilisent des artifices techniques (( presenti- tiant H les Ctres invisibles. Les djinns, rabs, anci%res... absents bien que representes dans la realit quotidienne se manifestent sous forme de presence sensible dans le rituel therapeutique. Peuvent etre interpret& ainsi tant les actes de divination que les transes, du patient et du thera- peute.

Le temps qui passe 525

La situation psychanalytique dispose d’artifices techniques occupant une fonction analogue. Retenons-en deux : la technique des associations libres et la (( manipulation D du transfert. La premiere vise la mise entre parentheses des representations conscientes du patient pour permet- tre a une pens&e autre de se manifester et qui vaudra comme experience de I’alterite, l’incons- cient en l’occurrence. Pour ne pas perdre de vue la dimension sensible de cette experience on rappellera les commentaires de Freud [22] a propos du sentiment de reviviscence qui accom- pagne le retour du refoule ; mais cette technique ne garantit pas a elle seule que le patient, sous l’effet du transfert, ne s’enfetmera pas dans la repetition du m&me. Au psychanalyste de mettre alors en jeu cette part d’alterite qui le constitue en tant qu’autre. Par 11 doit pouvoir apparaitre au sujet cette presence de l’alterite dont la repetition interdit l’expkrience. Pas de rememoration, pour&t-on dire dans les termes de Freud [23], sans ce ou ces moments d’expkience sensible de l’alterite de l’autre. Selon une dialectique complexe, ce serait a partir de cette experience de I’altCritC de l’autre que devrait se manifester pour le sujet l’alttrite qui est en lui.

En guise de conclusion

Terminons par un certain nombre de questions afin d’ouvrir le debat. Existe-t-il une forrne de prise en charge therapeutique ne sollicitant pas, peu ou prou, un rapport a I’alt&-itt ? Nous pensons en particulier a celles qui se recommandent le plus de la science et done de la modemitt. Qu’en est il du rapport a l’alterite dans les therapies cognitive-comportementales ? Et darts la prescription de medicaments psychotropes [24] ? Ces pratiques participent-elles a ce mouve- ment historique que Gauchet appelle recomposition de l’alttrite ? Chacune, a sa manitre, repre- sente et presente au patient ce qui le determine a son insu et ainsi lui olTre un cadre pour penser son identite en reference a une alterite (distorsions cognitive% dysfonctionnement du systeme nerveux). Leurs theories de reference leur interdisent, au nom de la science, de se penser sous ce jour, mais qu’en est-il de l’experience subjective des patients ? Les rapprochements qu’autorise l’idee d’une recomposition de I’alteritt n’excluent pas, nous l’avons montre, l’eloignement. 11s le presupposent m&me. Les differentes formes de prise en charge therapeutique reposent sur des conceptions theoriques et Cthiques du psychisme et de l’alterite qui sont irreductibles. Ce rappel est essentiel atin d’tviter de sombrer dans des confusions aboutissant a I’idCe d’un (( tout se vaut )) bien pauvre sur le plan de la pensee et qui ne serait lui-meme rien d’autre qu’un grand r&it de plus.

H REFERENCES W

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